Haiti Liberte 5 Fevrier 2020
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ENTRETIEN AVEC L’EX-PRÉSIDENT<br />
BOLIVIEN EVO MORALES !<br />
Par Fabián Kovacic<br />
L’ancien président de Bolivie doute que<br />
le nouveau gouvernement reconnaisse<br />
une éventuelle victoire du MAS (Mouvement<br />
vers le socialisme) aux élections<br />
du 3 mai <strong>2020</strong>. Il insiste sur la<br />
légitimité de sa tentative de réélection<br />
et estime que la solution au problème<br />
de la direction de la gauche régionale<br />
réside dans un changement de mentalité<br />
chez les Latino-Américains. Dans<br />
un dialogue avec l’hebdomadaire<br />
Brecha [Uruguay], il s’est attaqué à<br />
ceux qui remettent en cause le modèle<br />
extractiviste [mines de fer, pétrole,<br />
gaz, lithium] dans son pays et a parlé<br />
de son lien avec le féminisme.<br />
Avec une chemise blanche à<br />
manches courtes, un pantalon noir et<br />
L’ex-président de la Bolivie exilé en<br />
Argentine, Evo Morales<br />
des chaussures assorties, Evo Morales<br />
se promène dans les bureaux de son<br />
«bunker» de Buenos Aires, sur la calle<br />
Chile, dans le quartier de San Telmo,<br />
son téléphone portable à la main. Nous<br />
sommes mercredi matin et la date limite<br />
du dépôt des candidatures en Bolivie<br />
L’ex-président bolivien Evo Morales, candidat au Sénat et le candidat présidentiel<br />
Luis Arce à Buenos Aires le 27 janvier. RONALDO SCHEMIDT / AFP<br />
se fait pressante: le dernier jour est le<br />
3 février. Dès le début de la matinée,<br />
il a rencontré plus de 20 représentants<br />
de différents départements de Bolivie.<br />
Dans une grande salle, ils choisissent<br />
les candidats en assemblée, l’un après<br />
l’autre. Derrière la porte fermée, les<br />
différentes voix se font entendre. Morales<br />
observe, écoute, donne son avis.<br />
Il quitte le bureau et accueille avec un<br />
sourire les journalistes qui attendaient,<br />
puis il s’éloigne, entre dans un autre<br />
bureau et parle avec une personne de<br />
Bolivie. L’équipe de Brecha avait été<br />
convoquée pour l’entretien avec l’ancien<br />
président à 8h30. L’attente se<br />
termine à 12h45, lorsque Evo Morales<br />
entre enfin dans la salle et se prépare à<br />
s’asseoir pour répondre aux questions.<br />
«Je m’excuse pour le retard», dit-il.<br />
La veille, Luis Arce, candidat à<br />
la présidence du Mouvement vers le<br />
socialisme (MAS) et ancien ministre<br />
de l’Economie de Morales, a débarqué<br />
sur le sol bolivien pour commencer la<br />
campagne électorale. Il était attendu<br />
par le gouvernement de Jeanine Áñez,<br />
sous la menace d’une arrestation pour<br />
des accusations de corruption. Une mesure<br />
judiciaire à la mode: il s’agit dans<br />
ce cas, selon le nouveau pouvoir, de ne<br />
pas avoir contrôlé l’utilisation du Fonds<br />
indigène [Fondo Indígena] dans les<br />
différents projets approuvés pour exécution.<br />
La procureure [Heidi Pamela<br />
Gil] dans cette affaire a elle-même nié<br />
l’existence d’un mandat d’arrêt contre<br />
Arce et n’a fait que prendre sa déposition,<br />
attendant que ses avocats aient<br />
accès au volumineux dossier relatif à<br />
cette affaire.<br />
Cette question fut l’objet d’un débat<br />
a eu lieu dans les bureaux du MAS<br />
de la rue Chile de Buenos Aires. On y<br />
dispose déjà des données issues des<br />
premiers sondages: 35% d’intentions<br />
de vote pour Luis Arce et un peu plus<br />
de 15% pour Carlos Mesa. La présidente<br />
Jeanine Áñez est classée un peu plus<br />
loin. Les leaders civiques Fernando<br />
Camacho [extrême droite chrétienne,<br />
Santa Cruz] et Jorge «Tuto» Quiroga<br />
[vice-président sous le deuxième mandat<br />
de 1997 à 2001 d’Hugo Banzer qui<br />
avait été le général dictateur de 1971<br />
à 1978, Quiroga exerça le mandat de<br />
président d’août 2001 à août 2002]<br />
n’obtiennent pas de pourcentages<br />
significatifs, du moins selon les résultats<br />
dont dispose l’équipe de presse<br />
de Morales. «Ils vont chercher à nous<br />
persécuter», dit l’ancien président. Et<br />
les membres de l’assemblée acquiescent.<br />
Lorsque Brecha s’enquiert de son<br />
éventuelle candidature, il préfère éviter<br />
le sujet. «Je suis ici pour soutenir mes<br />
camarades», dit-il en passant. Mercredi<br />
soir le 29 janvier, une déclaration<br />
du MAS a été publiée pour informer<br />
qu’Evo a accepté de s’inscrire comme<br />
candidat à l’Assemblée législative<br />
plurinationale. Toutefois, le document<br />
précise que l’inscription a pour seul but<br />
de permettre – au plan légal et dans les<br />
limites établies par le calendrier électoral<br />
– une éventuelle candidature au<br />
cas où les assemblées [Sénat et Chambre<br />
des députés] décideraient de l’élire<br />
comme représentant à l’Assemblée<br />
plurinationale. «Le débat portant sur<br />
les candidatures finales est toujours en<br />
cours», précise le communiqué de presse.<br />
[Cet entretien conduit par Fabián<br />
Kovacic met en lumière l’analyse et les<br />
orientations politiques propres à Evo<br />
Morales.].<br />
Fabián Kovacic: Après 14 ans<br />
au pouvoir et après le coup d’Etat déjà<br />
accompli, quelles leçons en tirez-vous<br />
et quelle autocritique faites-vous aujourd’hui?<br />
Evo Morales: D’abord, toujours<br />
avec le peuple, et tout pour le peuple.<br />
Il s’agit de la lutte historique des gens<br />
marginalisés. La lutte a ses origines<br />
dans la période coloniale, et s’est transférée<br />
durant la période de la république<br />
[dès 1880]. Et pour être avec le peuple,<br />
nous avons pensé qu’il était important<br />
de prendre en compte trois éléments:<br />
politiquement, la refondation de la Bolivie;<br />
économiquement, la nationalisation;<br />
et socialement, la redistribution<br />
des richesses. La chose la plus difficile<br />
pour mon administration a été la refondation,<br />
en quittant l’Etat colonial et<br />
Luis Arce, ancien ministre<br />
de l’Economie, candidat à la<br />
présidence du Mouvement vers le<br />
socialisme (MAS)<br />
en instaurant un Etat plurinational en<br />
Bolivie [en 2009], où tout le monde a<br />
les mêmes droits. En finir avec l’Etat<br />
imposteur, avec les autorités apparentes<br />
[camouflant la réalité du pouvoir<br />
sur la population indigène], avec l’Etat<br />
failli et les menaces de faire disparaître<br />
la Bolivie réelle. Sur la base de l’Etat<br />
plurinational furent stimulées les meilleures<br />
possibilités pour les plus exclus,<br />
qui se trouvent au sein du mouvement<br />
indigène, ainsi que pour les femmes.<br />
Et tout cela a été intégré dans la<br />
suite à la page(15)<br />
Li lè pou nou pran sa ki<br />
konsène nou an men.<br />
Resansman se yon inisyativ pou konte chak moun<br />
ki rete Ozetazini. Kominote nou bezwen chak<br />
grenn moun konte pou afekte plizyè milya dola<br />
gouvènman an ka bay pou lekòl, klinik, plas piblik,<br />
ak yon pil ak yon pakèt lòt resous ak sèvis nan<br />
kominote nou. Pa enkyete w, patisipasyon nan<br />
resansman an pa gen danje. Tout enfòmasyon<br />
pèsonèl ap rete prive e an sekirite.<br />
Aprann plis sou.<br />
<strong>2020</strong>CENSUS.GOV/ht<br />
Se Biwo Resansman Etazini ki peye pou piblisite sa a.<br />
10 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong><br />
Census_LoveYourCommunity_Newspaper_10_x7.indd 1<br />
1/28/20 1:21 PM