WS23ok

L A FEMME ES T L’AV ENIR DU SP O RT
N°23 Janvier - Février - Mars 2022 4,90 €
RENCONTRE
NÂDIYA
DE LA PISTE
À LA SCÈNE
DOSSIER
VÉLO
LA PETITE REINE
POUR NOUS,
LES PRINCESSES !
BALADE
IRLANDAISE
LE SPORT AU FÉMININ
À LA SAUCE DUBLIN
INSPIRANTES
OPHÉLIE DAVID :
« FONCEZ
LES FILLES ! »
L 12919 - - F: 4,90 € - RD
www.womensports.fr
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ÉDITORIAL
63 % DES FRANÇAIS LES MOINS
SPORTIFS SONT DES FEMMES
Tel est le principal enseignement d’une étude de l’Institut
national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP),
menée en 2020 auprès de 12.000 personnes.
Cette enquête, réalisée entre janvier et novembre 2020, porte sur les
freins à la pratique de l’activité physique, au sens large, y compris une
balade en forêt. Elle fait le constat qu’un quart de Français n’ont pas
eu ou peu d’activité physique en 2020, 11 % pas eu d’activité du tout.
Parmi ces personnes, majoritairement féminines, le plus grand frein
à l’activité physique est l’état de santé, souvent associé à la pratique
d’un métier physique.
Mais les choses évoluent : dans une autre publication, l’INJEP précise
que malgré des statistiques souvent contradictoires, il semblerait bien
que la pratique sportive féminine soit en augmentation en France :
« le baromètre national des pratiques sportives nous donne un indicateur
fiable […]. On note que les femmes pratiquent une activité sportive un
peu moins souvent que les hommes, mais l’écart se réduit. »
Une chose est sûre : l’égalité Femmes-Hommes en matière de pratique
sportive reste à conquérir. Le combat continue !
Bruno Lalande
Président de Women Sports
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NOS PARTENAIRES DE DIFFUSION
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EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 3

N°23 Janvier - Février - Mars 2022 4,90 €
10
12
42
SOMMAIRE
WOMEN SPORTS N°23
L A FEMME ES T L’AV ENIR DU SP O RT
07CLUB WOMEN SPORTS
Women Sports sur les réseaux
08COUPS DE CŒUR /
COUPS DE GUEULE
10 INSPIRANTES
Ophélie David
23 CYCLISME AU FÉMININ,
LE COIN CULTURE
Parce que chaque sprinteuse a
besoin d’un poisson-pilote
24MATHILDE DOUDOUX
Une vie de BMX est parsemée
de bosses…
RENCONTRE
NÂDIYA
DE LA PISTE
À LA SCÈNE
DOSSIER
VÉLO
LA PETITE REINE
POUR NOUS,
LES PRINCESSES !
12 DOSSIER SPÉCIAL
VÉLO
26EN TÊTE À TÊTE AVEC
Marie Patouillet
28 CLUB WERIDE
Parcours croisé de deux Lyonnaises
férues de BMX
BALADE
IRLANDAISE
LE SPORT AU FÉMININ
À LA SAUCE DUBLIN
INSPIRANTES
OPHÉLIE DAVID :
« FONCEZ
LES FILLES ! »
L 12919 - - F: 4,90 € - RD
www.womensports.fr
14 LES BORNÉES
Pour que la communauté vélo ne
s’arrête plus à un genre
16 ESCAPADE VÉLO
Le tourisme, tout dans les mollets !
30BLANDINE COTTEREAU :
« Tout est bon pour rappeler qu’on
peut être féminine et faire du
BMX… »
31 LU SUR LA TOILE
18 CYCLOTOURISME
des pistes de rando-vélo
éblouissantes
32 CHRISTELLE REILLE :
« Si j’avais été un homme, je serais
certainement restée dans un coin »
20MYRIAM NICOLE :
« La descente en VTT, c’est
un peu comme le ski ou la
Formule 1 ! »
34CUISINE AVENTURIÈRE À VÉLO
Gnocchis express
36 SHOPPING EXPÉRIENCE
4 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

34
36 46
78
C’EST BON POUR MOI !
38 8 APPLICATIONS POUR FAIRE
DU SPORT À LA MAISON
42CHOUCHOUTER SA PEAU
APRÈS LE SPORT
ÉVÉNEMENT
44UN MARATHON À
SAINT-QUENTIN-EN-YVELINES
CHAMPIONNES
46CLAIRE BOVÉ
ET LAURA TARANTOLA
Une émotion olympique
50KARINE JOLY ET GREG CROZIER
Un duo qui s’envoie en l’air !
52 SAMANTHA STEWART
Le plus beau sourire de la lutte libre !
EGALITÉ FEMMES-HOMMES
545 FAITS QUI NOUS
RAPPELLENT QUE LE COMBAT
N’EST PAS TERMINÉ
BALADE IRLANDAISE
58AU CŒUR DU STADE
Rencontre de l’équipe d’Irlande
féminine de rugby
59MAEVE, CAPÉE POUR
LA PREMIÈRE FOIS
62FOOTBALL GAÉLIQUE
Anna Marie, quand la folie gaélique
s’empare de la France
64YVONNE CAROLAN
La danse irlandaise, une histoire
de famille
65CARNET PRATIQUE
Les pas de bases de la danse
irlandaise
DÉCOUVERTE
66J’AI TESTÉ POUR VOUS
Les équipements sportifs de
Lloret de Mar !
LE SAVIEZ-VOUS
705 CHOSES QUE VOUS
IGNOREZ SUR…
le Touch Rugby
SPORTIVES ET ARTISTES
72 NÂDIYA
De la piste à la scène
76 MARIA FERREIRA
78 ANAÏA HOARD
L’art est son exutoire
80MARIE-LAURENCE URVOY
« Lorsque j’ai repeint la Joconde
en noir, ça a fait un buzz
incroyable »
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GÂTE !
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BUZZ
LES
COUPS DE
CŒUR!
Ons Jabeur écrit l’histoire !
La Tunisienne Ons Jabeur, demi-finaliste du tournoi d’Indian Wells
en octobre dernier, est officiellement devenue la première joueuse
d’un pays arabe à intégrer le Top 10 du classement WTA.
⊲
D.R.
Marion Rousse
nommée directrice du
Tour de France Femmes
L’ancienne cycliste professionnelle
devenue consultante, déjà
directrice adjointe du Tour de
Provence et du Tour de Savoie
Mont-Blanc depuis 2019 et 2020,
a été nommée directrice du Tour de
France féminin par Amaury Sport
Organisation.
Cléopatre Darleux
occupe la Une de
L’Équipe magazine
La handballeuse française
a partagé la couverture du
magazine sportif l’Équipe avec sa
fille, Olympe. Dans une interview
exclusive, la championne parle du
handball, des femmes, et aussi
des sportives mamans.
D.R.
8 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

LES
DE!
COUPS
GUEULE
Affaire Peng Shuai :
la Chine montrée du doigt
La championne de tennis chinoise
Peng Shuai a accusé un ancien haut dirigeant
communiste de son pays de l’avoir contrainte
à une relation sexuelle avant d’en faire sa
maîtresse. Après ces révélations, censurées
par la Chine, Peng Shuai a disparu. La joueuse
chinoise n’a plus donné aucune nouvelle, ni
écrit quoi que ce soit sur les réseaux sociaux.
La WTA, pour obtenir des informations sur son
état, a décidé de boycotter la Chine jusqu’à
nouvel ordre. Le CIO, soucieux de protéger les
prochains Jeux Olympiques d’hiver, en février
à Pékin, tente de jouer les intermédiaires dans
ce dossier devenu diplomatique.
Paris-Roubaix : 12 fois
inférieure à celle des hommes,
la dotation de l’édition féminine
fait polémique
En clair, le vainqueur chez les hommes
touche près de 20 fois plus que la première
femme : 30 000 euros contre 1 535 euros.
La présidente de l’Association française
des coureures cyclistes, Marion Clignet, a
réagi : « Ce n’est clairement pas normal.
Évidemment, c’est super qu’il y ait un premier
Paris-Roubaix femmes mais on ne peut pas
accepter n’importe quoi. Comment peut-on en
être encore là en 2021 ? Il ne faut pas une
égalité complète mais 200 euros pour la 10e
alors que c’est une incroyable performance,
franchement, est-ce normal ? On dirait des
prix de kermesse. »
Agnes Tirop : La star montante
de l’athlétisme mondial a été
retrouvée morte
Deux fois médaillée de bronze sur
10 000 mètres aux Championnats du
monde et médaillée aux Championnats
du monde de cross-country en 2015, la
jeune Kényane aurait été poignardée. Son
mari, Ibrahim Rotich, connu sous le nom
d’Emmanuel, est le principal suspect dans
cette affaire. Il aurait en effet « passé un
appel aux parents de Tirop pour leur dire qu’il
avait fait quelque chose de mal ». Il a comparu
devant le tribunal en novembre et plaidé « non
coupable », avant d’être inculpé pour meurtre
par un tribunal de la ville d’Eldoret.
D.R. D.R. D.R.
D.R.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 9

INSPIRANTES BY
Portrait
Ophélie David
« Le ski et la montagne
sont des milieux
masculins, mais pas
machos ! »
Ophélie David a eu une carrière sportive bien remplie. Après
des débuts en ski alpin, la Savoyarde s’est lancée avec succès
dans le skicross. Elle est devenue l’une des plus grandes
athlètes de cette discipline appartenant au ski acrobatique.
Désormais loin des pistes mais toujours accro au sport,
la souriante Franco-Hongroise revient sur sa formidable
carrière, à l’approche des Jeux Olympiques d’hiver de Pékin
qu’elle commentera sur les antennes d’Eurosport.
PROPOS RECUEILLIS PAR KÉVIN CARRIERE
part
j’avais les crocs qui rayaient le parquet,
parce que je ne voulais pas l’avoir quittée
pour rien.
QUEL EST VOTRE MEILLEUR
SOUVENIR ?
© Matthias Hauer / Icon Sport
COMMENT ÊTES-VOUS DEVENUE UNE
CHAMPIONNE DE SKI ?
J’ai toujours été passionnée de ski. C’est
vraiment un sport qui m’a collé à la peau immédiatement,
même si lorsque j’étais petite
suis jamais projetée dans cette carrière que
j’ai eu la chance de vivre.
COMMENT AVEZ-VOUS VÉCU VOTRE
MATERNITÉ DURANT VOTRE CARRIÈRE
DE SKICROSSEUSE ?
Je pense que j’étais la seule du circuit. Cela
gnée
d’athlètes à être en compétition et
maman. On pense que c’est un problème
sur le plan physiologique mais ce n’est
pas vrai du tout, le corps est une machine
fantastique. Les maternités sont complètement
compatibles avec une carrière sportive.
Moi, j’y ai trouvé énormément de force
et de motivation. Quand je laissais ma petite
à la maison pour faire mes courses de
ski, pendant plusieurs semaines loin d’elle,
c’est quand Méryll Boulangeat et moi on
championnat du monde en Italie (2007).
est venue compléter le podium. Cette fois-ci
lement.
Franchement de partager un podium
avec vos équipières, c’est juste grandiose.
AVEZ-VOUS ÉTÉ TRAITÉE
DIFFÉREMMENT PARCE QUE VOUS
ÉTIEZ UNE FEMME ?
masculins, on ne va pas se mentir. Mais
machos. Je pense que lorsque l’on se frotte
à la nature, qui est forcément plus forte
que nous, on se fait tous remettre à notre
10 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

© Matthias Hauer / Icon Sport
confrontée à une différence de traitement
parce que j’étais une femme c’est au niveau
des contrats. Ces différences au niveau de
je les félicite, les femmes ont les mêmes
primes de course que les hommes.
AVEZ-VOUS UNE PHILOSOPHIE DE
VIE ?
Je suis une grosse rêveuse. Je rêve haut et
fort mais je me débrouille pour essayer de
j’adorais, c’est : « Il faut toujours viser la
lune, car même en cas d’échec, on atterrit
dans les étoiles ».
QUEL MESSAGE DONNERIEZ-VOUS
AUX PETITES FILLES QUI VOUDRAIENT
FAIRE COMME VOUS ?
pire ennemi est souvent soi-même parce
que l’on s’autocensure beaucoup. N’ayez
pas peur de ces grands rêves et faites ce
premier pas.
DE QUOI ÊTES-VOUS LA PLUS FIÈRE ?
Je pense que c’est ma longévité parce que
gagner n’est pas simple, mais durer ça l’est
encore moins. J’ai eu la chance pendant
toute ma carrière d’une durée de 15 ans de
tutoyer le sommet avec des podiums, des
VOUS CONSIDÉREZ-VOUS COMME
UNE SOURCE D’INSPIRATION POUR
LES JEUNES ?
« C’est en te voyant faire, ça m’a donné envie…
» Quand quelqu’un vient vous dire ça,
c’est un cadeau incroyable, c’est juste fou.
AVIEZ-VOUS DES SUPERSTITIONS
AVANT LES COMPÉTITIONS ?
Je suis assez tête de linotte. Il m’est arrivé
d’oublier mes skis en partant pour une
me disais que j’étais capable de les oublier.
Je ne pouvais pas m’attacher à un objet
puisqu’il m’arrivait souvent de les « paumer
» (rires). WS
Ophélie David
en bref
Née le 6 juillet 1976 à Cucq dans le
Nord Pas-de-Calais, Ophélie David
a eu un « parcours un peu bizarroïde
et tumultueux » selon ses mots. Une
première partie de carrière en ski alpin
avec les Jeux Olympiques de Lillehammer
en 1994 sous les couleurs de la Hongrie,
nation de son père basketteur. Puis une
immense seconde partie de carrière cette
fois-ci en skicross, avec la nationalité
française. Véritable pionnière de cette
nouvelle discipline à l’époque, elle
remporte sept fois la Coupe du monde
de la spécialité. Ophélie David devient
également championne du monde de
skicross en 2007.
La série « Inspirantes » est réalisée en
partenariat avec Eurosport. Retrouvez
les interviews vidéo sur Eurosport.fr
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 11

Spécial vélo
v
© Rocksweeper / Shutterstock
Sources :
• Le vélo, autre miroir des inégalités femmes-hommes, L’Express par l’AFP, mars 2021
• Tout sur le vélo et les femmes, Cyclable
• La libération des femmes par le vélo, Amélia Bloomer, suffragette et promotrice du vélo, cyclonordsud.org
12 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

élo
La petite reine pour
nous, les princesses !
Par le passé, les femmes ont dû lutter activement pour gagner le droit de rouler à bicyclette. C’est ce moyen de transport qui a permis
aux dames de se libérer de leur carcan vestimentaire. Ainsi, grâce aux suffragettes, les femmes ont pu porter des bloomers, leur
permettant d’enfourcher leur bicyclette. En gagnant le droit à pédaler, les femmes ont gagné le droit à la mobilité !
Si on se penche sur les chiffres actuels en France, la part des femmes roulant à vélo augmente, elle était même de près de 30 % à
l’édition 2019 de Lyon Free Bike*. Mais la parité est loin d’être atteinte. Pourquoi si peu de femmes ? Souvent est évoquée la peur de
l’accident et du problème technique. Les dangers, en ville, existent bel et bien. Le nouveau Plan vélo de la Ville de Paris 2021-2026
tente de les maîtriser. Pour le reste, il y a bien des évènements dédiés, comme « 200 nanas sur 200 km », une course 100 % féminine
à la Cité Fertile à Pantin (banlieue parisienne) en juin 2021 dans le cadre du Recyclotour. Mais les femmes restent encore frileuses sur
la petite reine. Pourtant, avec la crise sanitaire, le marché du vélo a fait un bond en avant, avec des ruptures de stock sans précédent.
L’engouement du vélo, avec le home trainer pendant le confinement, et le vélotaf après, est devenu un phénomène de société.
VTT de descente, BMX, vélo de route, cyclotourisme… Qu’est-ce qui plaît aux femmes qui pratiquent le vélo ? Qui sont celles qui
militent pour que davantage de femmes roulent sur les routes de France ? On fait le point avec un dossier complet, de la recette rando-vélo
système D à la sortie de la cyclotouriste très touriste, en passant par l’intervention de championnes et de femmes d’influence
du milieu. Prêt, ridez !
* Lyon Free Bike est organisé par l’agence Extra Sports
14 LES BORNÉES
Pour que la communauté vélo ne
s’arrête plus à un genre
16 ESCAPADE VÉLO
Le tourisme tout dans les mollets !
18 CYCLOTOURISME
Des pistes de rando-vélo
éblouissantes
20 MYRIAM NICOLE :
« La descente en VTT, c'est
un peu comme le ski ou la
Formule 1 ! »
23 CYCLISME AU FÉMININ,
LE COIN CULTURE
Parce que chaque sprinteuse a
besoin d’un poisson-pilote
24 MATHILDE DOUDOUX
Une vie de BMX est parsemée
de bosses…
26 EN TÊTE À TÊTE AVEC
Marie Patouillet
28 CLUB WERIDE
Parcours croisé de deux Lyonnaises
férues de BMX
30 BLANDINE COTTEREAU :
« Tout est bon pour rappeler aux
féminine et faire du BMX… »
31 LU SUR LA TOILE
32 CHRISTELLE REILLE :
« Si j’avais été un homme, je serais
certainement restée dans un coin »
34 CUISINE AVENTURIÈRE À VÉLO
Gnocchis express
36 SHOPPING EXPÉRIENCE
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 13

Spécial vélo
LES
BORNÉES
POUR QUE LA
COMMUNAUTÉ
VÉLO NE
S’ARRÊTE PLUS
À UN GENRE
En nous lançant dans la
réalisation d’un dossier sur
la féminisation du vélo,
il nous fallait trouver des
acteurs qui nous parlaient,
dont les actions et les
valeurs résonnaient avec la
ligne éditoriale de Women
Sports. On s’est souvenu
avoir entendu parler des
Bornées quelques mois
plus tôt. C’est ce qui nous
a mené à échanger avec
Maud Baudier, fondatrice
de cette start-up. Portrait
d’un concept pas comme les
autres. PAR LÉA BORIE
D.R.
GENÈSE D’UN PROJET GLOBAL
Il y a quelques années encore, Maud Baudier
travaillait dans le marketing, en tant
que business developer. Elle se met à courir
et complète sa pratique avec du vélo. La
machine est en route. Mais très vite désillusionnée,
elle reçoit des messages qui lui
à laquelle elle s’est inscrite, à cause de
son genre. L’idée des Bornées était née.
L’objectif premier de Maud Baudier au départ
: mettre plus de femmes sur les vélos
des routes de France. Un goal qui s’est
Aujourd’hui, des rides sont organisés
dans 26 villes, encadrés par 58 ambassadeurs
et ambassadrices passionnés, avec
l’envie de transmettre, d’accompagner et
de partager à chaque kilomètre. Désormais,
les membres peuvent aussi propo-
tés
ont été mis en place, pour constituer
des groupes homogènes lors des sorties
au sein de cette communauté si éclectique.
En matière d’homogénéité d’ailleurs,
hommes et femmes composent les
sorties. « Dès le début, il a été évident que
les hommes aient leur voix au chapitre.
Ce sont de futurs pères, des frères, des
amis… Ils sont un vecteur de motivation
des femmes. Certains pensaient ne pas
avoir le droit de venir au début, mais aujourd’hui,
ils sont 40 / 60 %. »
14 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

Vient l’environnement familial des
femmes, 2 e point de blocage évoqué par
la fondatrice des Bornées. « Leur éducation,
comment elles ont grandi. Un
père, un frère qui leur a rabâché, sans
forcément penser à mal, que c’est trop
lourd, qu’elles ne pourront pas le faire
seule... » Un protectionnisme qui est plus
rarement opéré chez le garçon. « Sur le
plan mécanique, bien souvent, un papa
montrera les rudiments d’une bonne ré-
-
pour être sexy mais pour se faire plaisir !
Il y a aussi, encore, des comportements
çà et là d’hommes qui ne supportent pas
d’être doublés par une femme, et seraient
capables de se mettre dans un rouge
pas possible face à une athlète bien plus
entraînée qu’eux. Agressions verbales et
mises en danger sont marginales mais
c’est la minorité visible et dangereuse. »
50, 60, 70 km, en
ville, en montagne,
les propositions de
sortie des Bornées
sont infinies !
D.R.
D.R.
OBSTACLES ET SEXISME
DU XXI E SIÈCLE
Maud nous explique que selon elle, les obstacles
auxquels les femmes se heurtent
encore aujourd’hui sont multiples. « Le
premier blocage n’est pas l’environnement
mais la femme elle-même, l’image qu’elle
a d’elle. Le modèle mis en place par la société
pose la femme comme étant moins
elle et l’amène à oser moins de choses.
C’est très révélateur sur les courses.
Nombre d’hommes s’inscrivent sans préparation
mais se sentent malgré tout capables.
Car dès la petite enfance, on leur a
dit qu’ils pouvaient le faire. Et les femmes,
elles, arrivent souvent sur-préparées, d’où
un très faible taux d’abandon. » Cette
construction demande donc aux femmes
« NON, ON NE FAIT PAS DU SPORT
POUR ÊTRE SEXY MAIS POUR SE FAIRE
PLAISIR ! » MAUD BAUDIER, FONDATRICE LES BORNÉES
plus débrouillard mais on lui a montré, ce
qui fait qu’en mécanique, un homme se
sentira plus ‘‘secure’’. Et la femme moins
à même de changer une roue crevée en
pleine pampa ».
Le tour à l’environnement indirect après
ça. « Des inconnus sur les réseaux sociaux
qui arrivent sournoisement à faire perdre
».
En matière de sexisme, la remarque
comme quoi une femme ne serait pas jolie
sur un vélo tend à s’estomper. Mais il est
encore important aux yeux de Maud de
rappeler que « Non, on ne fait pas du sport
HORIZON FUTUR POUR LES BORNÉES
Fort du constat que 80 % de la communauté
venait de la course à pied, le club Les Bor-
triathlon. Sur la plateforme, on peut aussi retrouver
des sorties run, natation… Mais aussi
une série d’expériences à la carte de sorties
à la journée, à la semaine… Une collection
partenance
communautaire. Les Bornées,
c’est aussi un podcast sur des sujets précis,
autour de la mécano. Et aujourd’hui, le projet
espère toucher différentes cultures, pour
que « lors d’un voyage, après un déménagement,
plus jamais tu ne fasses du sport tout
seul », espère Maud Baudier. WS
www.lesbornees.com
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 15

Spécial vélo
CYCLOTOURISME
J'AI TESTÉ POUR VOUS
ESCAPADE
VÉLO
LE TOURISME
TOUT DANS
LES MOLLETS !
Cyclo-voyageurs,
cramponnez-vous à
votre guidon, ça va
décoiffer !
© Léa Borie
Qui n’a jamais eu envie, en se levant un matin, de prendre, une barre de céréales, une
gourde, une culotte, son vélo, et de partir sur les routes de France ? C’est ce que j’ai
décidé de faire cet automne, pour voir ce dont j’étais capable. Voici mon récit, composé
au fil des kilomètres le long de la ViaRhôna, entre Isère, Ardèche, Rhône et Drôme.
PAR LÉA BORIE
PROGRAMMER SON
EXCURSION : REPÈRES DE
PARCOURS
Pour établir son itinéraire, on peut avoir
recours à des blogs ou des forums. Moi,
c’est une amie, férue de vélo tandem, qui
m’avait parlé de la ViaRhôna. Un samedi
matin d’automne, au saut du lit, je me dis,
« Tiens, et un week-end à suivre le Rhône
? » Ce faisant, je me suis mise à faire
quelques recherches rapides sur internet.
par tronçon. En prime, je m’étais saisie
d’un dépliant un peu plus tôt, dans l’été,
CYCLO-VOYAGEUR DÉBUTANT :
LES SURPRISES SUR LE
CHEMIN
Une leçon que je retiens : prendre en
compte tous les paramètres. J’ai expérimenté
un aspect de la rando-vélo auquel
je ne m’attendais pas vraiment :
les paramètres météo et géographie.
Il est bien beau de guetter la pluie, la
température, mais j’avais omis un détail
: les rafales de vent ! Descendre le
Rhône sur près de 60 km vent de face
avec des rafales qui avoisinent les
100 km/h, ça met les nerfs et les mollets
à rude épreuve !
Ne pas être trop gourmand aussi.
Quand on choisit à l’avance le point de
chute où dormir le soir, il faut être sûr
qu’on arrivera avant la nuit tombée. Il faut
prévoir un petit temps de pause, si on
crève (son pneu et sa motivation). Parce
qu’en cyclotourisme, on n’est jamais en
© Hugo Tapia
16 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

© wavebreakmedia / Shutterstock
© Léa Borie © Léa Borie © Hugo Tapia
panne d’essence, mais on a besoin de
carburant sous le capot pour avancer !
Ajuster la difficulté : attention au dénivelé.
Pour le point de chute du soir, le
long du Rhône, on a vite fait de devoir
grimper. Après une journée de vélo dans
les pattes, mieux vaut la jouer sécurité et
choisir un logement qui ne soit pas trop
haut perché.
LE DÉROULÉ DU PARCOURS
CHOISI
Depuis chez moi, j’ai glissé mon vélo dans
un TER, direction Vienne. En arrivant, après
avoir fait le plein de bonnes victuailles, un
samedi matin ensoleillé, au marché, je
m’en suis allée chercher le parcours. Il m’a
fallu traverser une passerelle côté Saint-
Romain-en-Gal, et c’était parti ! Bon. Pas
si vite. L’appel du ventre me pousse à faire
halte à Ampuis, où quelques food trucks
bonne ambiance régalent promeneurs et
cyclistes.
À peine repartie, je passe devant la splendide
bâtisse du Château d’Ampuis. À partir
de là, je quitte sérieusement la civilisation,
pour me plonger en pleine nature. Sur le
chemin, je parcours la mystérieuse Île au
Beurre. Sous ce nom poétique et alléchant
© Léa Borie
© Léa Borie
se loge LA représentation du Rhône sauvage.
Ce centre d’observation, jalonnant un sentier
de découverte, permet d’observer la nature,
d’écouter les oiseaux, à travers de petits
abris en bois sur pilotis.
nouveau mon vélo et poursuis ma traver-
pentes abruptes où le soleil poudroie.
J’atteins Sablons et me dirige doucement
entre Drôme et Ardèche. Le paysage se
transforme doucement, pour laisser place à
des terres agricoles.
C’est à Sarras que se passera la nuit. Le
lendemain, la pluie, de la partie, m’empêchera
de poursuivre pour gagner Tournons
et Tain-l’Hermitage. Il me faudra prendre un
train à Saint-Vallier, pour rentrer à la maison.
La suite du parcours, si vous la voulez, c’est
vous qui l’écrivez !
Conclusion : Cette escapade m’a tellement
plu que je ne suis pas prête de m’arrêter ! Le
virus de la rando-vélo s’est saisi de moi. WS
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 17

Spécial vélo
CYCLOTOURISME
Nous avons recherché un
moyen de profiter au mieux
des richesses de nos contrées
légendaires ou plus secrètes.
On s’est alors tourné
vers la rando-vélo. Un tourisme
durable qui fait légion.
Et ce n’est pas nous, chez
Women Sports, qui allons
dire le contraire ! Des vacances
qui bougent, pour
ceux qui en ont dans les mollets
et dans la tête. Voici de
quoi vous aider à réfléchir à
votre destination et son parcours,
grâce à quelques pistes
triées sur le volet par nos soins.
Preuves par 4 que le vélo est
bel et bien capable de nous
transporter. A l’aventure !
PAR LÉA BORIE
Voici quelques
pistes pour sortir
des sentiers vélos
battus, ou au
contraire, pour
suivre les repères
balisés.
CYCLOTOURISME :
DES PISTES DE RANDO-VÉLO
ÉBLOUISSANTES
18 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

ALLER RENCONTRER LA GROSSE BÊTE EN PETITE REINE
En nous plongeant dans l’ouvrage « À vélo, 50 itinéraires pour pédaler le nez au vent », d’Olivier Godin, on
découvre quelques pépites. On a voulu vous parler de l’une d’entre elles, qui nous a intrigué. Vous souvenez-vous
du film « Le Pacte des loups » ? Nous voici plongés dans l’excursion nommée « Qui a peur du
grand méchant loup ? Sur les traces de la bête du Gévaudan ». 284 km sur 5 jours pour cyclistes confirmés
afin de s’enfoncer dans l’ancien pays du Gévaudan, entre Haute-Loire et Lozère. Au départ du Puy-en-Velay,
en passant par Saint-Alban-sur-Limagnole et Saugues, avant de revenir au Puy, on y traverse un haut lieu
de la Résistance. Il y a même près de l’arrivée un musée consacré à la Bête… Alors, même pas peur ?
LONGER L’OCÉAN À VÉLO
Le Canal des 2 Mers à vélo® s’étale
sur 7 départements, de Royan à Sète,
sur 750 km. On a choisi de vous proposer
un viron au début du parcours,
le point le plus haut sur la carte, étendu
sur une centaine de kilomètres
entre Royan et Blaye, en passant par
Mortagne-sur-Gironde. Le départ se
fait après le port de Royan, avec une
première étape sur piste cyclable ombragée
qui borde la plage de la Grande
Conche de l’Atlantique. Le vélo se retrouve
en bord de falaise, et vous avec,
sur un itinéraire balisé qui l’emmène
sur de grandes étendues de marais
bordées par les collines. Le parcours
vous fait quitter la Charente-Maritime
pour rejoindre la Gironde, par une voie
verte aménagée qui vous permet de
traverser l’estuaire…
SUR LA ROUTE DES GRANDS LACS ENTRE
SEINE ET AUBE
Vous voici ici partis pour une cinquantaine de kilomètres à travers
champs, lacs et forêts, pour un parcours nature en voies
vertes. Les plus gourmands pourront se lancer sur un aller-retour
via un parcours tout à fait abordable. Départ depuis Saint-
Julien-les-Villas, au sud de Troyes, à Port-Dienville, au bord du
lac Amance, la Vélovoie c’est aussi des chemins en bord de
plages et des pontons en bois qui enjambent des mares forestières.
De quoi explorer l’Aube hors des sentiers battus et voir
le lac d’Orient sous toutes les coutures.
UNE BOUCLE À TRAVERS LES FRONTIÈRES
Les Itinéraires cyclables Alsace à vélo nous emmènent sur une
boucle 3 pays, pour 195 km riches entre France, Suisse et Allemagne.
L’histoire démarre à Mulhouse, du Rhône au Rhin, pour
arriver à la capitale du Sundgau, Altkirch. Puis, direction la Suisse
médiévale, canton de Bâle. La boucle monte ensuite direction
Rheinfelden. Avant de rentrer en France, à Bantzenheim, et de finir,
en quelques coups de pédales, par regagner le point de départ.
QUELQUES DERNIERS CONSEILS AVANT
D’ENFOURCHER VOTRE PETITE REINE
Alors bien sûr, on peut se laisser surprendre, comme nous le
lisons dans « Réenchantons le vélo, Pour une mobilité libre et
joyeuse », de Priscilla Parard, Editions Terre vivante, paru en
juin dernier.
« Tout se fait pendant le voyage : dans chaque ville ou étape,
Pierre prépare le trajet de l’étape suivante, en étudiant les cartes,
les reliefs, les vents. » On lit aussi l’avis de Pascale : « Pour un
grand voyage, l’itinéraire est défini de manière
très vague, car il change facilement au gré
des rencontres, des informations collectées en
route… (…) Pour Odette et Jean, la planification
s’effectue en amont, avec des cartes routières,
en privilégiant les petites routes peu fréquentées,
mais adaptées à leurs pneus fin de vélos de route,
avec des intérêts paysagers ».
À très vite sur les routes de France et d’ailleurs !
© Dudarev Mikhail / Shutterstock
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 19

Spécial vélo
CHAMPIONNE
MYRIAM
NICOLE :
« LA DESCENTE EN
VTT, C'EST UN PEU
COMME LE SKI
OU LA FORMULE 1 ! »
Si la Formule 1 n’a toujours pas déniché la femme talentueuse qui
pourra être son égérie sur les circuits, le VTT descente, qui lui est
souvent comparé, a trouvé sa pilote fétiche, une tricolore pétillante
et enjouée. Née en 1990 à Montpellier, la vététiste Myriam Nicole
fait vibrer l’Hérault de par ses exploits. Au sommet de son art, elle
dévale les pentes les plus ardues avec une adresse encore jamais
vue et permet à son sport peu répandu d’être enfin reconnu.
Détentrice d’un palmarès fourni, l’athlète française a réalisé l’une
des meilleures saisons de sa carrière, avec à la clé, un titre de
championne du monde. À 31 ans, elle a dans un coin de sa tête, un
rêve fou : participer aux JO de Los Angeles en 2028.
PROPOS RECUEILLIS PAR RAPHAËL MARCANT
yriam Nicole, championne
Mdu monde en titre de VTT
descente, vous emmène
dans son propre univers.
« Je compare souvent
la descente en VTT au ski et c’est vrai
que les deux pratiques se ressemblent.
La comparaison vaut aussi pour la Formule
1, c’est vraiment similaire. Ce n’est
évidemment pas les mêmes budgets ni
les mêmes véhicules mais pour le reste…
On teste tout, les mécaniciens ont un rôle
fondamental. Nos vélos sont à la pointe
de la technologie, tout est millimétré…
Le fonctionnement des écuries aussi. La
descente est la Formule 1 du VTT. »
Un sport qu’elle décrit avec minutie tant
elle le connaît. La tricolore s’y est plongée
dès l’âge de 5 ans. Un plongeon précoce
dans le grand bain soldé par un premier
trophée. Son destin était déjà tout tracé :
« Mes parents habitaient proche d’une
école de VTT dans laquelle mes frères
étaient inscrits. Je les regardais avec
admiration. Le lendemain, j’avais enlevé
mes roulettes et participais déjà à ma
toute première compétition : là où j’ai décroché
mon premier trophée. »
« Le VTT n’est pas un sport
réservé qu’aux garçons, loin
de là »
Un succès qui en a appelé de nombreux
autres. Après avoir franchi des étapes
qui lui faisaient face, « Mimi » peut se
targuer d’avoir une armoire à trophées
bien garnie, parmi lesquels deux victoires
résonnent avec intensité, ses
titres de championne du monde (2019,
2021) : « Je ne saurais pas dire quelle
est ma victoire la plus importante entre
mes deux titres de championne du
monde. Je ne saurais pas dire laquelle
a été la plus intense. En 2019, je me
blesse une semaine avant le début de
la Coupe du monde et reviens un mois
avant les Championnats. Malgré la douleur
et mon manque de préparation,
j’arrive à gagner la course. C’était vraiment
‘Wow’, inespéré. Je n’avais aucune
pression à ce moment-là, au contraire
de cette année où cela a été la concré-
20 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

Quand on s'adonne
à un sport extrême
depuis son plus
jeune âge, ça donne
quelque chose
d'explosif !
© Keno Derleyn
« IL NE FAUT PAS SE VOILER LA FACE.
UN CHAMPION VENDRA TOUJOURS PLUS
DE VÉLOS QU’UNE CHAMPIONNE... »
tisation de beaucoup de travail. J’étais
très attendue, mais j’ai réussi. C’était
aussi une sensation énormissime. »
Une marche qu’elle pourrait dépasser
en atteignant l’objectif de ses rêves.
Elle aussi a son propre « American
Dream », l’espoir peut-être fou de participer
aux Jeux Olympiques de Los
Angeles. Sa discipline n’a pas été retenue
pour Paris 2024, mais l’attrait de
la Californie pour les sports extrêmes
lui donne bon espoir qu’elle le soit en
2028. Un rêve parsemé de doutes mais,
elle ne redoute
jamais ». Un but sportif mais surtout
une aspiration qu’elle souhaiterait dédier
à sa pratique qui lui a tout donné
en inspirant une nouvelle génération :
« Un de mes buts : qu’il y ait de plus en
plus de femmes sur le circuit. J’essaye
créant une émulation autour de moi. En
Ce n’est pas un sport réservé qu’aux
garçons, loin de là. »
« Quand je suis sur mon vélo,
j’oublie que j’ai 31 ans et je
me revois à 5 ans, lors de ma
toute première course… »
Sur l’aspect parité, les choses ont bien
évolué depuis ses débuts et le VTT, tout
comme le cyclisme, s’ouvre de plus en
plus à un public féminin. Une tendance
positive qu’elle constate elle-même
sur le circuit alors que, pour
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 21

Spécial vélo
CHAMPIONNE
© Keno Derleyn
conquérir son titre de championne
du monde, elle a dû devancer
l’une de ses jeunes compatriotes, Marine
Cabirou, (24 ans). Et si ce monde
paraît brutal et parsemé de dangers, il
n’en est rien. En tant que femme, il n’a
dans ce sport à consonance masculine :
«
fait bichonner. Je n’ai jamais eu de remarques
déplacées. Il y a un vrai respect
entre nous dans notre discipline. Il
ne faut vraiment pas avoir peur de ça
parce qu’il y a vraiment une superbe atmosphère
et beaucoup de respect. De
toute ma carrière, je n’ai jamais vu de
problèmes liés à ça. Bien sûr, si on parle
d’argent, les budgets et rémunérations
des marques sont plus importants chez
les hommes, mais c’est parce qu’il y a
un business et que les retombées médiatiques
sont plus importantes. Il ne
faut pas se voiler la face : un champion
vendra toujours plus de vélos qu’une
championne... »
Il ne faut pas se le cacher, il y encore du
chemin à parcourir, mais le monde évolue
et les barrières se brisent. Myriam Nicole
fait partie de ses athlètes qui se battent
avec leurs valeurs pour leur sport. Une
mois. Si la Formule 1 a su redorer son bla-
le VTT peut suivre le même exemple. Une
idée qui plaît tout particulièrement à celle
qu’on surnomme Pompon : « Il y a déjà la
série « Fast Life » que fait Red Bull et qui
y ressemble un peu mais c’est vrai que ça
pourrait être vraiment chouette comme
idée. » Un appel lancé dans le vent qui pourrait
bien arriver jusqu’aux oreilles des plus
grands de ce monde, alors que les choses
changent et que le Tour de France aura
sur son vélo, Mimi oublie tous ces tracas
du quotidien et vibre, à nos côtés, lorsqu’il
s’agit de VTT : «
vélo, j’oublie que j’ai 31 ans. Je me revois à
5 ans, sur ma toute première course. J’ai la
banane et je m’éclate... » WS
© Keno Derleyn
Quiz tout
schuss
Un surnom préféré :
Eh bien ça va en surprendre plus d’un
mais ça serait plus Mimi que Pompon,
je vais peut-être décevoir des gens
mais je préfère (rires)
Le nombre de pays visités :
Je dirais entre 15 et 20
Une série préférée :
The Undoing
Un pêché mignon :
Le chocolat bien sûr
Ta destination de rêve :
La Patagonie
Ton choix de réincarnation :
En lion
Ta plus grande qualité :
Ma détermination
Ton plus grand défaut :
Très têtue (rires)
Une anecdote un peu honteuse ?
J’ai toujours la classe, je n’ai jamais
honte moi (rires)
Ton premier souvenir sur un vélo :
Le lendemain de Noël quand j’essaye
mon tout premier vélo chez mes
parents. J’allais déjà à fond
Ton meilleur souvenir sur un vélo :
Franchir la ligne d’arrivée et
remporter les Championnats du
monde cette année
Ta plus grande passion outre le
VTT :
La moto
LE PALMARÈS
DE MYRIAM
NICOLE
2021 : Championne du monde et une
manche à la Coupe du monde de VTT
2020 : 2 ème au classement général
de la Coupe du monde & Vicechampionne
du monde
2019 : Championne du monde
2018 : 3 ème des Championnats du
monde
2017 : 1 ère au classement général
Coupe du monde & Vice-championne
du monde
2016 : Vice-championne du monde
2012 : 3 ème du classement général de la
Coupe du monde
Au total : 5 victoires en Coupe
du monde et 49 podiums, sextuple
championne de France (2011,2014,
2016, 2017, 2020, 2021)
22 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

CYCLISME AU
FÉMININ, LE
COIN CULTURE
PARCE QUE CHAQUE
SPRINTEUSE A BESOIN
D’UN POISSON-PILOTE
Le cyclisme, un sport d’hommes ? Loin de là. L’équipe de Women Sports
vous présente une sélection de livres, podcast, documentaire, magazine,
qui militent pour la féminisation du vélo. Au menu des cinq étapes : des
portraits de championnes, des récits de femmes engagées, des témoignages
touchants… Alors installez-vous et roulez ! PAR KÉVIN CARRIERE
|Elles font du vélo
|Velocia
|À vos cycles !
Le guide du vélo
au féminin
|Vivons Vélo
Vivons vélo, c’est
le podcast pour les
amoureux du vélo.
Laissez-vous bercer
par cette série en sept
épisodes pédagogiques
sur la pratique du vélo.
Un épisode de 15 à
30 minutes qui aborde
une thématique spécifique
avec des témoignages
et de belles histoires.
podcast.ausha.co/
vivons-velo-le-podcast
|À tire d’elles
Femmes, vélo et
liberté
Passionnée de cyclisme,
Muriel Vandermeulen fonde
en 2014 Elles font du vélo.
Aujourd’hui, c’est le premier
magazine communautaire
francophone sur le vélo au
féminin. Les contributrices
partagent leurs expériences
et connaissances pour
montrer que toutes les
femmes sont capables de
faire du vélo et bien.
ellesfontduvelo.com
@ellesfontduvelo sur
Facebook et Instagram
Velocia est un documentaire
de 27 minutes sur le
cyclisme féminin. Il met en
avant, au travers d’histoires
touchantes, les combats des
championnes et des actrices
du vélo, que ce soit au
niveau de la médiatisation
ou de la rémunération. Le
documentaire est visible en
projection dans la tournée
nationale du festival Tous en
selle jusqu’à l’été 2022.
Velocia, réalisé par
Lucy Paltz
Ce livre croise le regard de
Lucie Roussel, amatrice de
vélo, qui part à la rencontre de
femmes cyclistes inspirantes.
Elle tente de convaincre les
femmes de sauter le pas pour
se mettre au vélo grâce à des
conseils, des portraits, des
témoignages et des récits.
À vos cycles ! - Le Guide
du vélo au Féminin,
Louise Roussel, Tana
Editions, mai 2021, 22€
« Et si la femme était
bel et bien l’avenir du
vélo ? » se questionne
Claude Marthaler. À tire
d’elles dresse le portrait de
32 femmes qui racontent
leur passion pour le vélo
et bien plus. Retrouvez les
confessions de l’ancienne
championne Jeannie Longo,
de la blogueuse Isabelle
Lesens, ou encore de la
mécanicienne vélo Denise
Belzil…
À tire d’elles – Femmes,
vélo et liberté, Claude
Marthaler, Slatkine, 2016,
29€
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 23

Spécial vélo
CHAMPIONNE
MATHILDE
DOUDOUX
UNE VIE DE BMX EST
PARSEMÉE
DE BOSSES…
Elle est l’une des meilleures rideuses françaises.
Mathilde Doudoux a consacré sa vie au BMX. Ce sport qu’elle
aime tant ne lui a pas toujours rendu son investissement. Une
blessure en avril 2021 l’a même privée de son rêve olympique.
Mais la bonne vivante a depuis repris la compétition avec Paris
2024 en ligne de mire et un nouveau « bon plan » pour financer
sa passion : intégrer la police nationale ! PROPOS RECUEILLIS PAR KÉVIN CARRIERE
« 15 ans que je fais
du BMX et que je
n’en retire pas de
salaire ! »
VOUS AVEZ QUITTÉ VOTRE FAMILLE
À 13 ANS POUR VOUS DONNER
À FOND DANS VOTRE SPORT.
COMMENT L’AVEZ-VOUS VÉCU ?
Super bien (rires) !! Je l’ai bien vécu parce
que pour moi, c’était une opportunité de
faire ce que j’aimais, même si j’étais loin
de la maison. Cela ne me faisait pas peur,
j’avais envie de faire du BMX et de faire
carrière là-dedans donc pour moi c’était
plus un plaisir qu’une contrainte. Et à ce
moment-là aussi, cela ne se passait pas
cela avait un peu un « double intérêt ».
UNE DIZAINE D’ANNÉES PLUS TARD,
COMMENT ANALYSEZ-VOUS CE
CHOIX ? REFERIEZ-VOUS LA MÊME
CHOSE ?
elle car j’ai loupé pas mal d’événements.
Il y a donc des choses que je rattrape
maintenant, à 25 ans. Mais je ne regrette
rien de ce que j’ai fait.
VOUS CONSACREZ VOTRE VIE
AU BMX : COMMENT AVEZ-
VOUS VÉCU VOTRE BLESSURE
EN AVRIL DERNIER, QUI VOUS A
EMPÊCHÉ DE ROULER SUR LES
CIRCUITS INTERNATIONAUX ET DE
PARTICIPER AUX JO ?
Ma blessure à la clavicule est ma première
blessure en BMX Race, au bout de
quinze ans de carrière, donc ce n’est pas
trop mal disons. Mais je l’ai très mal vécu.
Même à l’heure où je vous parle, c’est en-
parce que c’est une année olympique. Je
D.R.
jouais une potentielle place pour les JO
de Tokyo. Pendant les deux années de Covid,
j’ai vraiment bien travaillé, j’ai trouvé
plein de moyens pour continuer à m’entraîner…
J’ai beaucoup progressé mais je
me suis blessée juste avant les compéti-
-
Maintenant avec l’âge et le recul que j’ai,
je pense que je ne serais pas partie si tôt,
parce que chez moi, je pouvais m’entraî-
C’est vrai qu’il y a quelques années, j’ai
ressenti le besoin de me rapprocher de
ma famille et de passer du temps avec
« QUITTER MA FAMILLE À 13 ANS POUR
FAIRE DU BMX, C’ÉTAIT PLUS UN PLAISIR
QU’UNE CONTRAINTE ! »
24 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

Une vie
de passion
à la Doudoux
Mathilde Doudoux découvre le BMX
à 10 ans chez elle en Alsace, dans
le club de Cernay. Elle se spécialise
dans la catégorie du BMX Race,
dont le but est de parcourir le plus
rapidement possible une piste de
400 m où les riders enchaînent les
bosses et les virages. L’Alsacienne
vit aujourd’hui dans le Vaucluse et
pratique toujours sa passion au club
de Sarrians.
Dans son palmarès, on retrouve
notamment deux titres de
championne de France cadette
en 2011 et 2012 et deux médailles
d’argent aux Championnats d’Europe
junior en 2013 et 2014. En senior,
l’athlète de 24 ans a notamment
réalisé un Top 15 en Coupe du
Monde.
D.R.
D.R.
trer de tout le travail que j’avais fourni
pendant ces deux dernières années. À la
suite de cette chute, plein de problèmes
personnels m’ont entraînée dans une dépression,
au cours de l'été.
COMMENT S’EST PASSÉ VOTRE
RETOUR À LA COMPÉTITION
APRÈS ÇA ?
J’ai repris en septembre dernier, avec les
Coupes de France, sans préparation physique
à cause de ma formation de policière
mon équipe m’a demandé de rouler sans
prendre de risques parce qu’ils avaient
besoin de moi. Je m’étais donnée comme
chaque manche et c’est ce que j’ai fait.
Avec les conditions particulières et le peu
d’entraînement que j’ai eu, je suis satisfaite
de mon retour.
ARRIVEZ-VOUS À VIVRE DU BMX
AUJOURD’HUI ?
Cela fait quinze ans que je fais du BMX et que
je n’en retire pas de salaire ! Je me débrouille
pour vivre. Les seules collaborations que j’arrive
à avoir, hormis le Crédit Agricole avec qui
j’ai un important contrat d’image, cela reste
du matériel. J’espère qu’un jour, cela débou-
VOUS SUIVEZ ACTUELLEMENT UNE
FORMATION DE POLICIÈRE. ETAIT-CE
UNE VOCATION ?
À vrai dire non, je ne m’imaginais pas du tout
exercer ce métier. Pendant le Covid, ma fédération
m’a proposé cette formation. Je me
suis dit que c’était une opportunité de m’assurer
un avenir professionnel, alors j’ai sauté
sur l’occasion. Cela fait quelques mois que
j’y suis et pour le moment, cela me plait bien.
Cette formation me permet aussi de m’assurer
un petit salaire. Et peut-être qu’après
ma carrière sportive, je continuerai dans la
police !
ET MAINTENANT, DANS VOTRE TÊTE,
C’EST PARIS 2024 À FOND ?
Oui carrément, c’est un gros objectif ! J’essaie
d’y penser sans trop y penser pour ne
pas que cela me stresse. 2024, c’est proche,
mais c’est loin en même temps. Je prends
les choses les unes après les autres. Pour
l’instant, il y a beaucoup de choses que je
dois gérer avant de penser à Paris 2024. WS
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 25

Spécial vélo
CHAMPIONNE
EN TÊTE-À-TÊTE
AVEC
MARIE PATOUILLET
Marie Patouillet est l’une des belles histoires des Jeux Paralympiques de Tokyo. La
cycliste handisport a décroché deux fois le bronze, lors de la poursuite individuelle et
de l’épreuve sur route en C5. La jeune femme s’est prêtée au jeu de notre questionnaire
spécial Women Sports ! PAR VANESSA MAUREL
du présent. Je n’ai pas envie de me projeter
dans le futur, parce que je ne veux pas
aller trop vite. Et je n’ai pas envie non plus
de retourner dans le passé.
SI VOUS DEVIEZ PRENDRE TROIS
OBJETS POUR PARTIR SEULE SUR
UNE ÎLE DÉSERTE, LESQUELS
SERAIENT-ILS ?
D’abord mes lunettes, sinon je ne verrais
pas grand-chose ! Ensuite, je prendrais
ma vieille Game Boy avec le jeu Tetris, et
Je suis très rigoureuse. J’arrive facilement
à m’empêcher de manger n’importe
quoi. Quand je suis rentrée des
Jeux Olympiques, j’ai savouré un bon
burger, mais sinon, je reste focalisée
sur la performance et je me passe des
péchés culinaires.
SI VOUS ÉTIEZ UN PERSONNAGE
DE FILM OU DE DESSIN
ANIMÉ, LEQUEL SERAIT-IL
ET POURQUOI ?
© Matthieu Mirville/Icon Sport
« J’AIMERAIS BIEN AVOIR L’OCCASION
D’ÉCHANGER PLUS LONGUEMENT AVEC
MARIE-JOSÉ PEREC. »
QUELLES SONT LES PERSONNES QUI
VOUS INSPIRENT / MOTIVENT ?
Il y a particulièrement une personne qui
m’inspire, et en plus j’ai eu la chance
de la rencontrer, il s’agit de Marie-José
Perec. Elle m’a tellement mis des étoiles
plein les yeux… Pour celles qui me motivent,
je dirais Grégory Baugé et plus
SI VOUS POUVIEZ FAIRE
UN BOND DANS LE TEMPS,
OÙ VOUS PROJETTERIEZ-VOUS
ET POURQUOI ?
une boussole (même si je ne sais pas trop
m’en servir !).
SI VOUS DEVIEZ FAIRE UN RENDEZ-
VOUS EN TÊTE À TÊTE AVEC UNE
PERSONNE (CONNUE OU NON), QUI
SERAIT-CE ET POURQUOI ?
J’aimerais bien avoir l’occasion d’échanger
plus longuement avec Marie-José
Perec justement, sur sa carrière et comment
elle a vécu le haut niveau en tant
que femme à son époque.
LE PLAT PAS DIÉTÉTIQUE DU TOUT
MAIS QUE VOUS NE POUVEZ PAS
VOUS EMPÊCHER DE MANGER ?
Je serais Simba ou Nala, les personnages
du Roi Lion, parce que je suis
encore très jeune dans le vélo, que j’ai
beaucoup de choses à apprendre, mais
que j’ai une détermination à soulever
des montagnes. J’ai encore énormément
de choses à faire.
QUE DIRIEZ-VOUS
AUX JEUNES FILLES
QUI VEULENT SE LANCER
DANS LE SPORT ?
Si elles veulent, qu’elles y aillent. Si
elles en rêvent, qu’elles y aillent aussi.
Qu’elles prennent du plaisir et la suite
viendra à elles. WS
26 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

Marie Patrouillet,
une carrière
marquée par la
détermination, le
plaisir et les rêves.
© Icon Sport
D.R.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 27

Spécial vélo
ZOOM - LE BMX
REPORTAGE EN IMMERSION
CLUB
WERIDE
PARCOURS CROISÉ
DE DEUX LYONNAISES
FÉRUES DE BMX
À tout juste 21 ans, Maelys est technicienne d’atelier et encadrante
au club WeRide de Vaulx-en-Velin, à l’Est de Lyon (Rhône).
Sana, 12 ans, s’y entraîne sans relâche. Qu’est-ce que ces deux-là
partagent ? Qu’est-ce qui les anime, alors qu’elles ont près de 10
ans d’écart ? Comment évoluent-elles dans un milieu où très peu
de femmes s’osent ? Immersion en interview croisée.
PROPOS RECUEILLIS PAR LÉA BORIE
WOMEN SPORTS : COMMENT AVEZ-
VOUS DÉCOUVERT LE BMX ?
MAELYS : Depuis toute petite, j’ai pratiqué
plein de sports différents - gym, athlétisme,
basket, natation, etc. C’est à mes
11 ans que je m’essaye au vélo dans un
club chez moi, à Vienne (Isère). Le vélo de
route d’abord, pendant 4 ans. Je passe
un jour à côté d’un skatepark, et vois un
groupe de garçons faire du BMX. Plus
qu’intriguée, j’ai fait des jobs d’été pour
me payer un BMX. Et j’ai commencé à m’y
mettre sérieusement. Au départ, j’attendais
que le skate-park se vide pour pouvoir
y aller sans sentir le regard des autres se
poser sur moi. On m’a ensuite parlé d’un
parc à Lyon. Encore mineure à l’époque,
j’ai demandé à ma mère de m’y emmener.
Je suis revenue plusieurs fois seule, en
train depuis Vienne, les dimanches matins
pour m’entraîner. Puis, j’ai découvert le
club WeRide à Vaulx-en-Velin, en regardant
des vidéos de mon idole qui était venue
septembre dernier.
SANA : J’ai découvert le BMX un peu par
hasard, en regardant une vidéo sur YouTube.
C’est vraiment ça qui a été le moteur. Et si au
départ je louais un vélo au club, maintenant,
mes parents m’en ont acheté un.
QUE POUVEZ-VOUS NOUS DIRE SUR
LA PLACE DES FILLES DANS VOTRE
SPORT ?
MAELYS : Quand je m’entraînais, étant plus
timide, ce n’était pas toujours évident. Mais
cours en club étaient contents d’avoir un
peu de féminines dans leurs sessions. Alors
que dans ma tête, je me disais juste « C’est
Dans le travail aussi, aujourd’hui, en tant
que technicienne, j’ai toujours été la seule
femme. Lors d’une précédente expérience
au sein d’une boîte de e-commerce de
vélo, j’ai pu évoluer grâce au chef d’atelier.
Très ouvert et passionné par la mécanique,
il m’a tout appris. Alors que, pour
le manager, j’étais plus là pour des questions
de quota dans l’entreprise, mais tant
mieux pour moi…
Et en arrivant à WeRide, en tant que pratiquante,
c’est un « grand » qui m’a appris à
me faire aux rampes d’ici. Il faut dire que
j’ai découvert de gros modules pour lan-
l'atelier, certains sont surpris : « Ah c’est
vous qui allez réparer le vélo ? » Alors je
place quelques mots techniques pour tout
de suite asseoir le fait que je sais de quoi
je parle (Maelys est titulaire du titre de
conseiller technicienne cycle et d’un BP-
JEPS activité cyclisme, NDLR).
28 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

D.R.
SANA : Moi, ce serait de réussir un nouveau
truc, d’être dans cette ambiance où tout le
monde s’entraide. C’est tout ça qui m’a aidé
mille,
mes proches m’encouragent, me motivent.
Je vois encore le regard de mon papa
au loin sur la piste. Je lis dans ses yeux la
Maylis et Sana,
deux jeunes filles
que 10 ans séparent,
se retrouvent
pourtant sur le
"pumptrack".
QU’EST-CE QUE ÇA TE PROCURE LE
BMX ?
MAELYS : Une sensation de prendre de la
hauteur, mais aussi un haut le cœur quand
tu arrives en haut. Cette panique quand tu
toute cette bienveillance.
ET POUR ALLER PLUS LOIN, AVANT DE
SE QUITTER…
« AUJOURD’HUI, J’AIMERAIS FAIRE DE
LA COMPÉTITION PLUS SÉRIEUSEMENT,
AVEC DES SPONSORS. » MAELYS
SANA : Alors que moi, je ne suis pas timide
donc ça ne m’a jamais posé problème d’être
qu’avec des garçons pendant les sessions.
MAELYS : Quand je vois la différence
de perception entre Sana et moi, je me
dis qu’en la matière, ça a bien évolué en
quelques années !
SANA : Mais quand-même, entre garçons
tendance à être plus tête brûlée, quitte à
aller s’éclater au sol, quand nous, on sera
nos capacités, avant de se lancer.
QUELLE EST VOTRE RÉUSSITE ?
MAELYS : Faire preuve d’une détermination
sans faille, et être portée par une grande envie
de rouler, de lâcher le vélo et de prendre
de la hauteur ! D’ailleurs, mes amis me
lancent souvent « Ah ouais, c’est quandmême
lourd ce que tu lances ! »
donné qu’elle est enseignante, j’ai pu lui demander
conseil pour savoir comment tenir
un enfant de 5 ans et le faire progresser de
façon ludique. C’est surtout à partir de là
qu’elle a commencé à s’intéresser à ça.
D.R.
SANA : J’aimerais apprendre toujours plus
m’arrêter là !
MAELYS : J’ai longtemps eu du mal avec
les compétitions. Dans une compet’ de vélo
de route étant plus jeune, j’entends encore
la voix de l’entraîneur d’une compétitrice
lui hurler « Fais-la sortir de ta roue » et me
faire un crochet sous le nez. Je suis là pour
me dépasser, pas pour casser les autres.
J’ai refait une compétition, en BMX, un peu
plus tard. J’avais l’impression que les cinquante
participants (tous des garçons) me
jugeaient, jetant des « Pourquoi elle fait la
compet’ elle ? ». Je me suis donc laissée gagner
par l’émotion au premier tour, mais au
second tour, j’ai fait volte-face et me suis dit
Je leur
ai cloué le bec et j’avais réussi à passer sans
me faire mal ! Aujourd’hui, j’aimerais faire
de la compétition plus sérieusement, avec
des sponsors. J’espère aussi que la pratique
sera de plus en plus médiatisée. WS
www.weride.fr
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 29

Spécial vélo
ZOOM - LE BMX
BLANDINE
COTTEREAU :
« TOUT EST BON POUR RAPPELER
AUX JEUNES FILLES QU’ON PEUT
ÊTRE FÉMININE ET FAIRE DU BMX… »
Toujours dans le Rhône, direction l’Ouest de Lyon cette fois, au club BMX VTT Dardilly. C’est
là qu’on rencontre Blandine Cottereau, entraîneur bien décidé à faire grimper les filles très haut.
PROPOS RECUEILLIS PAR LÉA BORIE
WOMEN SPORTS : BLANDINE,
DITES-NOUS, COMMENT ON PREND
LE VIRUS DU BMX.
BLANDINE COTTEREAU : Mon histoire
avec le BMX a commencé à 10 ans, en
1995. C’est en voyant des cousins/cousines
pratiquer et étant moi-même déjà
casse-cou que j’ai eu envie d’essayer.
C’est comme ça que j’ai fait partie de
l’équipe de France durant 5 ans, à participer
aux Championnats du monde…
ET VOS ÉTUDES DANS TOUT ÇA ?
En parallèle, à la Fac, j’ai fait Staps, un
Master prépa physique et entraînement.
poste se libérait en 2011 au club de Dardilly
pour passer côté entraîneur.
VOTRE IDÉE DERRIÈRE LA TÊTE À CE
MOMENT-LÀ ?
Des choses ont été mises en place pour
à être plus performantes. Campagnes de
craliser
la pratique et rappeler aux jeunes
BMX, du freestyle, du rice, du VTT… On a
lancé des stages 100 % féminines gra-
journée sans le regard parfois pesant des
garçons. C’est aussi pour ça que depuis
2012, je m’investis aux côtés de la Fédération
française de cyclisme, comme en
portant une équipe féminine pour l’aider
à percer à l’international, sur les manches
du Championnat d’Europe.
CE REGARD, A-T-IL PESÉ SUR VOUS ?
Grâce à ma technique, j’ai été facilement
mence
peut faire l’objet de moquerie et
osera encore moins. Alors qu’il n’y a pas
de raison qu’elle y arrive moins qu’un
garçon ! Sur la technique en tout cas,
car l’aspect physique sera souvent plus
D.R.
fort chez un homme. Cela fait tellement
d’années qu’on lui rabâche que ce n’est
pas possible que ça s’ancre dans son cerveau.
Il nous faut casser ces codes ! J’ai
à vélo ! Et en tant que coach, je craignais
que les garçons ne m’écoutent pas mais
j’ai tout de suite trouvé ma place.
LES CHOSES ÉVOLUENT SELON
VOUS ?
Le BMX est plus médiatisé aujourd’hui.
Le sport féminin d’une manière devient
plus intéressant à regarder car le niveau
a augmenté, à l’image du foot féminin.
tage
prises au sérieux, les formations
pour les entraîner se développent. Ce qui
nous permet de proposer des exercices
bassin, ou de mieux gérer les périodes de
règles des pilotes.
VOUS N’AVEZ JAMAIS QUITTÉ CE
MONDE.
J’ai arrêté ma carrière sportive mais ai
tenu à rester dans ce milieu. Une façon de
transmettre ma vision, de rester connectée
au monde de la compétition avec un
autre regard. C’est ce qui me pousse à
m’investir pour les JO 2024 sur le BMX
race féminin. WS
30 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

lu sur
la toile
L’actualité du vélo, c’est par ici. Alors que le Tour de France féminin fait officiellement son retour
cette année, dans d’autres parties du globe, la petite reine permet aux femmes d’avancer.
Dans tous les sens du terme, notamment en Arabie saoudite. Un tour d’horizon qu’on terminera
sur le focus d’une cycliste artistique en NBA. PAR RUBEN DIAS
La Grande Boucle au féminin
remonte en selle
Comment évoquer le vélo féminin sans évoquer le retour du Tour de
France féminin ? Après douze longues années d’absence, la Grande
Boucle des femmes aura bien sa place en 2022. Présenté en octobre dernier,
celle-ci sera longue de huit étapes et débutera le 24 juillet de cette
année, soit le même jour que l’arrivée du Tour masculin. Enfin, cerise sur le
gâteau, chaque étape sera diffusée sur France Télévisions et même sur les
plus grandes chaînes généralistes européennes.
© Icon Sport
En Arabie saoudite, des femmes brisent
les tabous en pédalant
© Fayez Nureldine / AFP
« Impossible » avant 2017 pour les femmes, dans ce royaume ultraconservateur
qu’est l’Arabie saoudite, le vélo s’ouvre désormais à tous. En septembre
dernier, des Saoudiennes ont réalisé leur rêve en pédalant dans les
rues de Jeddah. Le tout grâce à l’association Courage, dirigée par Samar
Rahbini, 23 ans, qui comprend des centaines de cyclistes hommes et
femmes. Justement, et grâce au courage de Samar, des scènes de femmes
sur un vélo commencent à devenir de plus en plus fréquentes dans cette
région du Moyen-Orient.
Viola Brand, d’instagram à la NBA,
il n’y a qu’à pédaler
« Vous devez aimer le combat plus que la victoire », gravait-elle sûr sa
chaîne crantée. Si faire du vélo à une main vous paraît déjà compliqué,
ce que fait Viola Brand va vous époustoufler. À 27 ans, l’Allemande est
une spécialiste du cyclisme artistique. Avec deux championnats d’Europe
et trois médailles d’argent lors des mondiaux, on peut même dire qu’il
s’agit d’une superstar dans le domaine. Mais, après sa retraite en 2020, la
cycliste est devenue une star des réseaux sociaux. Si le fitness, la santé
et le lifestyle sont au programme de sa chaîne YouTube, ce sont bien les
cascades qui font sa réputation. L’influenceuse partage ainsi à ses près de
500 000 abonnés sur Instagram ses prouesses sur un vélo. Figures, acrobaties
et spectacle ne manquant pas à l’appel, Viola a fini par taper dans
l’œil de la NBA. L’année dernière, Brand a signé un contrat avec les Golden
State Warriors pour faire le show pendant la mi-temps des matchs. Une
nouvelle qu’elle a célébré en rentrant des paniers… sur son fidèle vélo.
© Instagram violalovescycling
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 31

Spécial vélo
FEMME D'INFLUENCE
CHRISTELLE
REILLE :
« SI J’AVAIS ÉTÉ UN
HOMME, JE SERAIS
CERTAINEMENT RESTÉE
DANS UN COIN »
Et si l'obstacle
majeur à une plus
grande place des
femmes dirigeantes
était... ellesmêmes
?
Présidente du comité Auvergne-Rhône-Alpes de la
Fédération française de cyclisme (FFC), Christelle Reille
nous donne sa vision de l’égalité femmes - hommes dans
le milieu du vélo. Elle analyse le chemin parcouru… et les
combats qu’il reste à mener.
PROPOS RECUEILLIS PAR LÉA BORIE
D.R.
WOMEN SPORTS : VOUS VOUS ÊTES
FAIT UNE PLACE DE CHOIX DANS
UN MONDE D’HOMMES, COMMENT
AVEZ-VOUS VÉCU ET PARLÉ DE
CELA ?
CHRISTELLE REILLE : J’avais choqué
lors de ma première assemblée en tant
que présidente du comité Auvergne Rhône-Alpes
de la FFC, en disant que j’en
n’avais rien à faire d’être la première
femme à présider ou la seule. J’avais précisé
que j’étais là pour travailler, que je
n’étais pas élue en tant que femme. Je ne
veux pas qu’on me présente comme un
extra-terrestre. L’anomalie, ce n’est pas
moi. C’est aux autres comités qu’il faut
poser la question pourquoi je suis la seule
c’est d’être la présidente du plus gros comité
de France comprenant 300 clubs !
ET DURANT VOTRE CARRIÈRE,
COMMENT S’EST FAITE VOTRE
PLACE EN TANT QUE FEMME ?
J’ai eu un parcours dans l’arbitrage, des
fonctions liées à l’organisation de courses
cyclistes, etc. Et je pense avoir été propulsée
parce que j’étais une femme. Au début
du XXI e
compris qu’il fallait se moderniser, passer
à autre chose. Quand on est venu me
chercher, à la fédération, c’était dans un
but de féminiser les équipes. Si j’avais été
un homme, je serais certainement restée
dans un coin.
QU’EST-CE QUI A FAIT QUE VOUS
AVEZ RÉUSSI D’APRÈS VOUS ?
Ma famille, mes amis, me disent que ma
force, c’est aussi de ne pas me poser trop
de questions et de foncer. Il me semble
que les autres femmes de mon milieu
s’en posent trop. Il faut accepter cette
part de risque. Mais les femmes à la recherche
d’excellence ne supportent pas
l’échec. Ce qui les empêchent de saisir
l’opportunité d’accéder à certaines fonctions
ou activités encore trop masculines.
Je n’ai pas vu autour de moi de femmes à
qui on aurait fermé la porte quand elle a
manifesté une volonté d’engagement en
tant que dirigeante. D’après moi, ce sont
plus des arguments de blocage que des
blocages réels, comme le fait de ne pas
d’aller au bout de son projet professionnel…
Alors qu’en politique, c’est l’inverse,
le plafond de verre existe encore.
D’UN ASPECT EXTÉRIEUR, LES
CHOSES ÉVOLUENT-ELLES DANS LE
BON SENS SELON VOUS ?
32 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

D.R.
« JE NE VEUX PAS QU’ON ME PRÉSENTE
COMME UN EXTRA-TERRESTRE.
L’ANOMALIE, CE N’EST PAS MOI. »
Avec Marie-Françoise Potereau, vice-présidente
de la FFC, du CNOSF, en charge
de Paris 2024 et de la mixité, nous avons
une génération d’écart. Elle a connu
de sexisme et de propos d’accueil. Aujourd’hui,
je ne vois aucun indicateur purement
négatif.
Dans le détail, côté sportives de haut niveau,
les genres sont considérés comme
à égalité, grâce aux fédérations et au ministère.
Quant aux écarts de salaire et de
cela tende à se lisser.
Côté femmes dirigeantes, dont je fais partie,
l’évolution est assez nette. Il y a de
plus en plus de présidentes de comités
départementaux et nationaux. À l’échelle
régionale, ça bloque encore mais il n’y
a pas d’obstacle majeur. Beaucoup de
femmes s’investissent, comme dans
l’arbitrage, mais elles sont encore trop
peu nombreuses à évoluer. Parce qu’une
fois encore, elles se disent que si elles
échouent, elles seront moquées, ou bien
qu’elles n’ont pas le temps avec leur vie
de famille. Parce qu’encore aujourd’hui,
l’organisation familiale repose beaucoup
sur les femmes. Reste à savoir quand estce
que les femmes accepteront qu’il n’y
a plus d’obstacles, ou n’en créeront pas
elles-mêmes ?
Côté pratique loisir ou compétitions régionales,
on progresse lentement. Les
clubs de vélo ne sont peut-être pas en-
-
chez les ados et pré-ados. Il y a des différences
physiques évidentes aux mêmes
âges, mais les clubs ont du mal à orga-
Mais il y a des structures très volontaires
motivées, et tout faire pour qu’elles ne
se sentent pas le boulet d’un groupe, à
l’image du nouveau club de la Tour du
Pin (Isère), qui compte pas moins de
50 adhérentes pour sa première année
d’existence.
OÙ EST-CE QUE LE BÂT BLESSE
ALORS ?
La formation d’éducateur sportif. Il n’y
a encore rien de concret pour entraîner
correctement les femmes. Je ne crois
pas à l’idée selon laquelle il faut que
des femmes entraînent des femmes, car
il faut une mixité d’approche et d’expérience
mais je parle là d’un problème de
manque de notions dans la formation de
tous les éducateurs. WS
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 33

Spécial vélo
RECETTE
Pour ce dossier spécial vélo, nous nous sommes tournés vers
des pros de la cuisine système D : un couple de cyclistes parti
faire le tour du monde à vélo avec un réchaud et des produits
secs de base dans leurs sacoches. Caroline Lopez, designeuse
culinaire et compagne d’Antony Laguerre, a choisi de nous
parler de sa confection de gnocchis en pleine campagne sous
la pluie en Corée du Sud. Une recette reproduite plusieurs
fois, comme au beau milieu du désert en Bolivie… PAR LÉA BORIE
Les ingrédients :
• 1 gobelet de farine
• 1/2 gobelet de purée en flocons
• 1 pincée de muscade
Préparation :
B Mettre de l’eau à bouillir dans la
popote.
C Dans le bol, mélanger à la spatule
la farine, la purée en flocons, la
muscade et une pincée de sel.
D Ajouter un gobelet d’eau puis bien
travailler à la spatule jusqu’à obtenir
une pâte homogène et élastique.
E Lorsque l’eau bout, prélever du bout
de la spatule une petite dose de pâte
de la taille d’un gnocchi classique et
la plonger dans l’eau : le gnocchi se
détache de la spatule.
F Sortir les gnocchis au fur et à
mesure qu’ils remontent à la surface.
G Servir avec la sauce de votre choix.
D.R.
D.R.
CUISINE
AVENTURIÈRE À VÉLO
GNOCCHIS
EXPRESS
34 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

Les gnocchis,
plat système D
par excellence,
simple à réaliser
et intéressant
en termes de
nutriments.
D.R.
LE RÉCIT
DE CAROLINE LOPEZ
« Cette recette est née d’une
situation critique de privation
et reflète le quotidien nomade
du voyage à vélo où il n’est pas
toujours facile de s’alimenter.
J’étais malade, il pleuvait,
nous étions donc coincés sur
place, avec comme seules
victuailles de la farine de blé
et de la purée, des ingrédients
secs longue conservation. Tout
pour se concocter un repas
réconfortant. De ce grand
périple, j’ai conservé une
nouvelle façon de cuisiner. Plein
d’horizons s’offrent à nous ! »
L’AVIS DE LÉA DE
WOMEN SPORTS :
Plat italien, les gnocchis sont
riches en glucides et ont des
effets antioxydants bénéfiques.
À base de pomme de terre, ils
permettent de faire le plein de
potassium, de vitamines (B6
et B9) et de minéraux. Et ça
change des pâtes !
POUR ALLER PLUS LOIN
Vous
souhaitez
savoir
comment
réaliser du
pain avec
une levée
optimale au
fond du sac
de couchage,
comment
entreprendre une tarte aux
pommes sans four, ou encore
savoir confectionner de la glace
dans la neige ? Allez donc piocher
toutes les astuces de la cuisine
débrouillarde dans l’ouvrage
« Cuisin’Situ, cuisine aventurière
sur les routes du tour du monde
à vélo », de Caroline Lopez et
Antony Laguerre, aux Éditions
Gallimard / Alternatives (14,90 €).
D.R.
D.R.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 35

Spécial vélo
SHOPPING
[
Shopping
expérience
[
En rentrant de mon petit périple le long de la ViaRhôna, avec mal partout
ou presque, je me suis fait la réflexion que je manquais un peu de matos de
pro. Forte de cette expérience, je suis alors partie en quête de ce qui m’aurait
fallu pour une rando-vélo idéale. PAR LÉA BORIE
1 /
PANOPLIE
IMPERMÉABLE ET
DÉPERLANTE
Soyons honnête, je suis
partie un peu juste côté
vêtements. De là à dire
que je ressemblais à une
touriste… Mes sensations :
en roulant, j’ai senti le
vent dans les voiles et je
manquais de rembourrage
pour mon fessier princier.
Craft, une marque de
vêtements techniques
fondée en Suède,
propose un coupe-vent
avec doublure brossée
renforcée poitrine, et un
collant thermique brossé
à l’arrière avec peau de
chamois coussin infinity
C3, ultra confort pour
pédaler !
Veste Adv Subz et collant
Core Subz wind, Craft,
140 et 100 €
2 / LES MAINS AU SEC
AU CHAUD
Avec la vitesse,
rapidement, les doigts se
raidissent. Alors j’avais
bien une paire de gants
d’appoint, mais pas
adaptée aux poignées
de vélo, je risquais de
glisser. Sans partir dans
du trop technique, des
gants fins antidérapants
peuvent faire le taf,
comme ceux de Verjari en
laine mérinos, leurs trois
couches imperméables
et respirantes, avec leur
touchscreen pour jeter un
œil au GPS en route.
Gants Ibris, Verjari, taille
S à XL, unisexe, 49,90 €
4 / BAISSE LES YEUX FOCUS SUR LA ROUTE
Sur le parcours, j’ai commencé à avoir la nuque
enraidie à force de casser le cou pour regarder
devant moi. Si seulement j’avais entendu parler
du miroir aérodynamique Vizzzz ! Conçu pour
soulager les douleurs cervicales sur de longues
distances, il s’installe sur les prolongateurs des
vélos de route, pour choper la bonne position en
voyant la route sans la regarder directement.
(Note à moi-même : me procurer un vélo de route
au passage !)
Miroir Vizzz, 39,90 €
3 / RÉFLÉCHIR DU SAC
J’avais avec moi mon sac à dos de surf, parce
que pratique, mais non visible de nuit, et pas très
adéquate pour la sortie vélo vous noterez. Des atouts
que j’ai trouvé chez Along, avec un sac de 30 litres de
contenance, et une sangle extérieure, pour accrocher
les objets imposants, comme mon casque à vélo lors
de stop boisson dans un troquet par exemple.
Sac à dos modulaire réfléchissant, Along, 148 €
5 / METS TOUT DANS TA VÉLOCHE !
OK, j’avais mes doubles sacoches sur mon portebagage
et mon porte-téléphone au guidon, mais j’ai
quand-même été ennuyée lors des stops pour mettre
la main sur ma clé de cadenas, mon argent liquide…
Une petite sacoche compacte accrochée au guidon
ou à la potence m’aurait bien simplifié la vie. La «
véloche » Rainette apporte en prime résistance et
étanchéité.
Véloche, Rainette, 4 coloris (noir, vert canard,
bordeaux, orange), 39 €
36 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

6 / RÉFLÉCHIR
HIGH LEVEL
Je ne prévoyais pas
forcément de rouler
de nuit et n’avais
pas nécessairement
envie de porter ce
magnifique gilet
jaune routier qu’on
connaît bien. Il
m’aurait bien fallu un
par-dessus coupevent
visible adapté.
Go Fluo propose un
gilet cycliste visibilité
360° à 150 mètres
aux couleurs vives et
attrayantes. Un pari
audacieux qui matche !
Veste réfléchissante
Darkflow, Go Fluo,
XS à L, 44,95 € en
vente sur lecyclo.com
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 37

C’EST BON POUR MOI !
POUR FAIRE
DU SPORT
À LA MAISON
© Dragana Gordic / Shutterstock
Alors oui, nous avons vécu des périodes de confinement assez
compliquées, et avons été contraints de pratiquer chez nous. Mais
même si on n’est plus enfermés, avec le froid, on peut avoir des envies
de home-training. Women Sports vous a donc concocté un Top 8
des applications qui vous permettront de continuer à faire du sport
dans vos moments casaniers. Pour retrouver la forme, la garder, ou
simplement compenser les litres de chocolat chauds consommés. Mais
surtout, histoire d’éviter la pluie et les – 6°C. PAR RUBEN DIAS
38 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

TOP 1
FREELEICS ⊲
Nous commençons sans doute avec la
plus complète de toutes, Freeletics. Après
avoir mentionné votre sexe, l’application
vous demande de lui faire part de vos
trois objectifs principaux : « augmenter
votre endurance », « réduire le stress »,
« brûler les graisses », « vous muscler »,
« mieux manger »… il y en a pour tous les
goûts. Une fois sur l’application, le travail
peut commencer. Freeletics prépare pour
vous des entraînements sur mesure de
d’effectuer ces exercices dans un espace
limité et surtout « sans faire de bruit »…
votre parcours », c’est à vous de jouer !
TOP 3
NIKE TRAINING CLUB
⊲
Nike Training club, la valeur sûre que l’on ne présente plus.
Mais on va vous la présenter quand-même. Sur l’application du
géant américain, plus de 185 entraînements sont disponibles
être en forme en moins de 20 minutes aux séances de yoga, Nike
a tout prévu. Tout, même des entraînements inspirés par les plus
la mentalité du Mamba et « essayez chaque jour d’être meilleur
que vous ne l’étiez hier
TOP 2
ASANA REBEL
⊲
passant certains exercices ou y ajouter de la musique. Cerise
sur le gâteau (sans matière grasse, évidemment), des conseils
nutrition et des recettes sont là pour vous accompagner
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 39

C’EST BON POUR MOI !
TOP 4
FIZZUP
⊲
200 entraînements sont au programme. Sans oublier le fameux plan
Wellness avant de vous lancer à 100 %. Et si les programmes sont déjà
prêts, les plus débrouillards d’entre vous apprécieront sans doute la
TOP 5 - 30 JOURS
FITNESS CHALLENGE ⊲
Si 6 semaines vous semblent une éternité, cette application pourrait
30 jours pour perdre du poids et renforcer les muscles. Le tout sans
on ne l’avait pas vu venir celle-là tiens.
TOP 6
PSYCHONAUTE
⊲
Parce que pour être bien dans votre
corps, il faut être bien dans votre tête,
être et le développement personnel.
vos émotions avec cette forme de mé-
« Ressentir du plaisir lors de l’entraînement
mais aussi après l’exercice.
Comprendre les mécanismes de
motivation et de récompenses seront
des outils clefs pour augmenter vos
performances actuelles ».
40 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

TOP 7
KALON MOVEMENT
⊲
d’une danseuse professionnelle ». Au programme : les cours exclusifs des danseuses pro
© Fresh Stock / Shutterstock
TOP 8
LIFESUN
⊲
tifs
plus rapidement, il n’y a qu’une
seule solution en plus du sport, faire
attention à ce qui se trouve dans votre
assiette. Pour cela, si Marmiton vous
donnera plus d’envie d’une crêpe au
la meilleure Mercotte qui est en vous.
par des goûts d’ailleurs : scandinave,
méditerranéenne… Faire attention
au nombre de calories n’a jamais été
aussi simple qu’avec Lifesun !
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 41

C’EST BON POUR MOI !
Conseils
CHOUCHOUTER
SA PEAU APRÈS
LE SPORT
On prend soin
de son corps et
de son esprit en
s'adonnant à une
bonne séance de
sport. Et notre peau
dans tout ça ?
Les peaux sportives se trouvent
souvent malmenées, rosies
par l’effort, les frottements, le
froid… On a demandé à plusieurs
experts de marques françaises
leur avis, afin de vous aider
à trouver le rituel de soin qui
vous convient, pour calmer les
inflammations et rougeurs de la
peau, et prolonger les bienfaits
d’une séance qui décrasse sans
décaper ! PAR LÉA BORIE
A LA DOUCHE !
[SOIN DU CORPS]
La mousse : point trop n’en faut
Combo perdant : non au tout en un visage/
corps/cheveux. On dissociera visage et
corps, parce que oui, les pH sont différents !
Alors si vous êtes en déplacement pour des
compétitions à l’hôtel, pensez à prendre le
nécessaire. Attention aux produits très odorants,
doux au toucher mais agressifs dans
D.R.
leur composition. C’est sur le pouvoir moussant
des produits de grande distribution que
Claire Laborde, chimiste cosmétologue fondatrice
de À la Claire Fontaine, cosmétiques
naturels, attire notre attention. En cause
d’après elle, un agent nettoyant moussant
agressif car le moins cher du marché. « Or,
le film hydrolipidique présent naturellement
sur la peau, qui assure un rôle barrière, risque
d’être détérioré par ces produits. Utilisés souvent,
ils peuvent créer rougeurs, intolérances,
sensations de dessèchement, voire allergies. »
La serviette douce tu prendras
Une fois sortie de la douche, on s’enveloppe
dans une serviette au toucher caresse.
« Pour se sécher, on viendra tapoter au lieu
de frotter, pour éviter les frottements de
contact », détaille la fondatrice lyonnaise
d’À la Claire Fontaine, qui préconise d’utiliser
un linge avec de la fibre d’eucalyptus,
ou a minima de donner sa vieille serviette
en coton pour qu’elle soit valorisée et s’en
offrir une nouvelle.
On soulage
On peut venir hydrater, avec une huile ou un
lait corps, en fonction de ses préférences
de texture. Claire Laborde conseille de s’en
référer aux origines naturelles. « S’il y a une
grande partie des composants dérivés de la
pétrochimie, avec base en silicone, les produits
n’auront pas d’affinité avec la peau,
celle-ci privilégiant le naturel ». En ce qui
concerne l'application, Yann Maurel Loré,
fondateur nantais d’Estime et Sens, préconise
un massage du bas vers le haut des
jambes pour une meilleure décontraction
musculaire, avec des accessoires type
brosse et gua sha.
DIRECTION LE LAVABO !
[SOIN DU VISAGE]
Passons par la case
ressourcement
Pour ressourcer sa peau,
on peut avoir recours à des
masques. À la Claire Fontaine,
il est à base d’huitre
marine blanche. De quoi
faire le plein de minéraux et
d’oligoéléments pour reminéraliser
et rebooster sa peau. Ce même
masque à l’argile marine peut être utilisé
sur le corps en cataplasme à l’endroit de
douleurs. Le responsable d’Estime et Sens
ajoute la nécessité d’attendre un peu
après sa séance avant d’appliquer
son masque réconfortant
: « Il faut avoir arrêté de
transpirer, sinon les actifs
ne pénètreront pas efficacement
».
Coupez-moi
cette eau !
Avis aux peaux
irritées de base,
42 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

enseignez-vous sur la qualité de l’eau
et la quantité de calcaire présente dans
vos tuyaux (les taux varient localement).
Si le calcaire est très présent, Claire
Laborde conseille un produit non rincé,
une eau micellaire appliquée
avec un coton lavable en fibre
d’eucalyptus. S'il est trop
dur de se passer d’eau,
le matin notamment
pour son rituel de réveil,
on peut opter
pour un nettoyage
à l’eau et terminer
avec l’eau micellaire.
Victoria Zon,
© Krakenimages.com / Shutterstock
D.R.
directrice marketing d’Isispharma préconise
même de placer sa lotion au frigo.
« L’eau toute seule ne calme pas durablement
les inflammations. Elle vient juste
éteindre le feu de façon courte, mais la
sensibilité est toujours là. »
Mollo sur les
gommages pierreponce
Claire Laborde déconseille vivement
de gommer sa peau
avec de gros grains. « La
peau ressort écarlate. On a
l’impression de l’avoir nettoyé
en profondeur mais elle est
aussi agressée. » Elle recommande
des soins exfoliants à
la texture onctueuse comme le
« Grains de beauté », enrichi
en pépin de raisin. Pour le geste, « on insistera
sur la zone T et on massera en douceur
sur les joues. On peut même l’utiliser
sur peau sèche, sur des pieds sur-sollicités
par sa séance par exemple, avant de venir
les nourrir ».
L’hydratation, essentielle
« Après un footing dans le froid, on a besoin
d’une crème doudoune, entame Yann Maurel
Loré. Pendant sa séance, on s’hydrate
par voie interne. Il est important de le faire
aussi par voie externe. »
En cas de rougeurs persistantes, il existe
des soins spécialisés pour traiter la rosacée,
que nous détaille Victoria Zon, « capables
d’agir sur l’hypervascularisation et
la couperose grâce à leurs propriétés apaisantes
».
Prendre le temps…
Se masser, se regarder dans le miroir,
pour vivre ce moment en conscience. « Ce
moment à soi, avec soi, peut aussi être vu
comme une sorte de récompense et non
comme une corvée », explique Yann Maurel
Loré, en évoquant le caractère bienveillant
de l’automassage : « plus on se masse,
meilleure est notre estime de nous ». Claire
Laborde propose même d’opérer des mouvements
de yoga du visage, des sourcils
vers les cheveux. WS
Les personnes
ressources
Claire Laborde,
À la Claire Fontaine,
première gamme de
cosmétiques en France à
proposer tous ses produits
en recharges zéro déchet
Yann Maurel Loré,
Estime & Sens, marque
française bio et écocertifiée
Victoria Zon,
Isispharma, laboratoire
français de soins
dermatologiques
spécialisés dans la
dépigmentation, l’acné
et la rosacée
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 43
D.R.
D.R.
D.R.
© Krakenimages.com / Shutterstock

ÉVÉNEMENT
JO 2024
Un marathon
à Saint-Quentin-en-Yvelines
De plus en plus de femmes s’inscrivent à des marathons,
preuve en est à New York et Paris ! C’est dans cette idée
du sport pour tous, hommes et femmes confondus, que
Saint-Quentin-en-Yvelines devrait organiser son premier
marathon à l’automne prochain. Un projet sportif et
convivial, à deux ans des JO.
PAR LÉA BORIE
d’une épreuve de cette envergure.
L’objectif étant de traverser le plus de
communes du territoire.
Une belle occasion de faire découvrir
aux Saint-Quentinois, et de manière
élargie, aux Franciliens, ce territoire
riche. De plus, étant l’une des zones
géographiques les plus hautes de
l’Île-de-France, et dotée d’une belle
végétalisation, SQY souffre moins de la
pollution et de la circulation automobile.
© Wirestock Creators / Shutterstock
es Jeux Olympiques de
LParis 2024 approchent
à grands pas. Deux ans
avant ce grand événement
du sport mondial, la
communauté de communes de Saint-
Quentin-en-Yvelines (SQY) lance la
première édition de son marathon. Et
pas des moindres, puisque la course
traversera quatre sites olympiques :
la colline d’Elancourt, le vélodrome
national ainsi que le golf national et
l’île de loisirs avec son stade de BMX.
Un territoire sans trop de dénivelé dans
son ensemble, ce qui permet la tenue
D.R.
Événement pour toutes et
tous, qui traversera quatre
sites olympiques
Loin d’être un sport élitiste, au contraire,
la course à pied se veut à la portée
D.R.
D.R.
de tous. « Des baskets de running, un
t-shirt, et c’est parti, qu’on soit sportif du
dimanche ou coureur aguerri, introduit
Arnaud Couturier, conseiller spécial
pour les Jeux Olympiques & l’héritage,
44 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

Pour la première fois,
Saint-Quantin-en-
Yvelines va accueillir
un marathon, avec un
parcours spécial JO !
directeur des Sports. Les marathons et
leurs épreuves associées sont ouverts
à un maximum de gens, l’idée étant de
faire passer à tous une journée sport
bien-être et santé ».
D.R.
3 000 participants sont attendus
pour fouler les pavés des communes
environnantes. La place sera faite à
tous, de tous âges, tous sexes. « S’il
y a de plus en plus de femmes qui
s’inscrivent, le but de cette journée est
d’arriver à une parité, et deviser ce que
les Américains appellent le fairness,
avec notamment les courses en équipes
de quatre », espère Laurent Mazaury,
vice-président SQY délégué aux sports.
Son ambition avouée ? Faire tomber le
plus de barrières possibles, dont celle
des femmes sportives qui seraient
limitées. « Tout le monde peut courir
ensemble, hommes et femmes, sans
distinction. Dans ce sport, on peut
allègrement faire les épreuves en
mélangeant les genres. Et c’est bien là
un fait d’égalité de plus. »
D.R.
Pour rassembler et fédérer davantage
autour de cet événement convivial,
le marathon de SQY proposera aussi
deux distances intermédiaires, ainsi
qu’une marche nordique. WS
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 45

CHAMPIONNES
Aviron
Claire Bové et Laura
Tarantola nous racontent
leur émotion olympique
« Cette médaille
d’argent, on n’y
croyait pas ! »
Laura Tarantola et Claire Bové ont participé à leurs premiers
Jeux Olympiques l’été dernier à Tokyo. Au Japon, les deux
coéquipières dans le bateau, parties outsiders parce que
nouvelles, ont décroché la médaille d’argent en deux de couple
poids légers. Un moment unique sur lequel toutes deux sont
revenues pour Women Sports. Interview croisée.
PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL
© Icon Sport
WS : LES JO DE TOKYO ÉTAIENT
UNE GRANDE PREMIÈRE POUR
VOUS, QUELLES ONT ÉTÉ VOS
IMPRESSIONS EN ARRIVANT AU
VILLAGE OLYMPIQUE ?
LAURA TARANTOLA : Malgré les
conditions sanitaires qui ne nous permettaient
pas de nous déplacer comme
on le voulait, c’était impressionnant. Voir
tous les sportifs, français et étrangers,
regroupés au même endroit… C’est sensationnel
! Il y avait une super ambiance
dans le village, de quoi faire baisser un
peu la pression.
CLAIRE BOVÉ : J’ai trouvé ça géant ! On
c’était un rêve éveillé. C’est comparable
à la sensation d’un enfant qui ouvre ses
cadeaux de Noël. Quand on a découvert
le bassin sur lequel nous allions ramer,
ça a également été un moment unique.
Il faisait bien plus chaud que d’habitude,
il y avait le décalage horaire… Toutes ces
petites choses ont rendu l’expérience
QUEL EST VOTRE OBJECTIF EN
VOUS ENVOLANT À TOKYO ?
L.T :
2019 était déjà incroyable. Sur les derniers
mois avant la compétition tant attendue,
nous avons enchaîné les épreuves
de Coupe du monde, et nous avons à
chaque fois été médaillées. Alors nous
rêvions du podium. Cet objectif trottait
dans notre tête. Mais nous savions également
que la concurrence y serait rude,
donc nous n’avions aucune certitude.
46 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

Médaillée d’argent
en deux de couple
poids légers au
bout du suspense,
les équipières ont
vécu un moment
intense !
© Icon Sport
«ON EST ARRIVÉ DE NUIT, C’ÉTAIT
UN PEU FLOU, MAIS C’ÉTAIT UN RÊVE
ÉVEILLÉ. » CLAIRE BOVÉ
c’était seulement nos lignes d’eau, que
ce n’était pas nous. Je n’arrivais pas à
réaliser. Mais lorsque j’ai vu tous les bateaux
partir, et seulement deux d’entre
eux se rendre au ponton d’honneur, j’ai
réalisé que la seconde place du podium
était bien la nôtre !
LORSQUE VOUS REMPORTEZ LA
MÉDAILLE, ET QUE VOUS VOYEZ
VOTRE NOM SUR LE PANNEAU,
VOUS N’AVEZ PAS L’AIR DE RÉALIS-
ER…
C.B : Je n’y croyais pas une seconde !
Je me rappelle avoir passé la ligne d’arrivée,
et que Laura m’ait dit « Dans tous
les cas, il faut qu’on soit heureuses.
On a fait une super course ». On faisait
cœur qui palpitait, c’était génial. Mais
d’un autre côté, on ne savait pas vraiment
ce qui était en train de se passer.
Les douze concurrentes, nous étions en
train de nous regarder, à se demander à
s’est pas exclamées tout de suite. On a
fait trop de fois l’erreur de lever les bras
alors que nous n’avions pas gagné. Laura
m’a lancé : « Je crois qu’on est deuxièmes
». Je lui ai répondu que non, que
L.T : Quand on passe la ligne d’arrivée
après un tel effort, on est clairement
sur une autre planète. On ne comprend
pas trop ce qui se passe, d’autant plus
que cette course-là était très serrée. Ma
place dans le bateau fait que c’est moi
qui suis chargée de dire à Claire combien
nous nous sommes classées. Mais là, je
ne pouvais pas lui dire, c’était trop ser-
sur le grand panneau en face de nous,
nous n’avons pas compris
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 47

CHAMPIONNES
tout de suite. On pensait qu’ils
s’étaient trompés, que cela correspondait
à notre couloir… On a cherché des
yeux le clan français. Ils étaient tous en
train de crier, de se faire des accolades,
et là on s’est dit : « C’est peut-être donc
vrai, on a peut-être fait deuxièmes ! ».
Alors on a crié à notre tour, on a levé les
bras. Lorsqu’on est descendues du bateau,
on s’est serrées dans les bras.
VIVRE UN TEL MOMENT, ÇA
RAPPROCHE ?
L.T : Avec Claire, on est déjà très soudées.
Nous sommes deux personnes
très différentes et très complémentaires
à la fois, ce qui fait notre force. Mais vivre
ce genre de moments indescriptibles ensemble,
et avec des émotions inimaginables,
ça rapproche, forcément. Je me
rappellerai toute ma vie de ce moment.
CETTE MÉDAILLE VOUS A-T-
ELLE DONNÉ ENVIE D’ALLER EN
CHERCHER D’AUTRES ? QUELS SONT
VOS PROCHAINS OBJECTIFS ?
L.T : Le plus gros d’entre eux est Paris
2024, dans moins de trois ans. Mais
pour nous, tout est remis à zéro. Nous
n’avons pas nos noms sur le bateau,
nous nous devons d’être les deux meilleures
françaises pour représenter le
olympiques de 2023, nous aurons déjà
plusieurs objectifs. Nous allons faire
deux épreuves de Coupe du monde, un
Championnat d’Europe, un Championnat
du monde… Ça s’annonce intense. Mais
j’ai trop envie de revivre cette émotion à
Paris !
C.B :
on va se remettre au charbon ! Il ne
faut pas se laisser aller trop longtemps,
même si c’est important de laisser au
corps le temps de se reposer. On se
dit forcément que Paris 2024 est atteignable.
Quand on voit tous les efforts
qu’on a fournis pour arriver là où on
était à Tokyo, ça fait peur de se dire qu’il
faut tout recommencer depuis le début
(rires). Mais on va le faire ! On en a
encore plus envie et on sait désormais
qu’on en est capable. C’est une nouvelle
aventure qui commence… WS
48 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

L’émotion de
Laura (à gauche)
et Claire (à droite)
était palpable sur le
podium, après cet
exploit olympique !
© Icon Sport
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 49

CHAMPIONNES
Freefly
Karine Joly
et Greg Crozier,
un duo qui s’envoie
en l’air !
Karine Joly et Greg Crozier, partenaires dans les airs comme
dans la vie, comptent plus de 6 000 sauts et un palmarès à
couper le souffle. Véritable star de Freefly (« chute libre »),
le couple a mis du temps avant de se faire une place au sein
de cette communauté. Rencontre avec Karine Joly, auteure
du livre « La liberté de gagner ». Cette femme qui a cassé les
préjugés pour devenir incontournable dans son sport...
PROPOS RECUEILLIS PAR ARIS DJENNADI
WOMEN SPORTS : C’EST UN MILIEU
ASSEZ MASCULIN, D’AILLEURS VOUS
ÊTES LA 3 E FEMME À REMPORTER LE
TITRE MONDIAL. COMMENT VOUS
ÊTES-VOUS FAIT VOTRE PLACE ?
KARINE JOLY : Je dirais « C’était un milieu
très masculin », puisqu’il a évolué ces
dernières années. Aujourd’hui, nous avons
30 % de femmes adhérentes et pratiquantes
régulières. Selon les disciplines, il est possible
d’avoir une majorité d’hommes. Si
de femmes car ça demande énormément
d’efforts avant d’arriver à un niveau de
maîtrise et certaines n’ont pas l’envie nécessaire
pour l’atteindre. En 2004, lorsque
j’ai commencé, j’ai été la cible de quelques
remarques sexistes mais je ne pense pas
que le but était de me blesser. Ils étaient
plutôt mal à l’aise de voir des femmes faire
mieux qu’eux. J’ai pris ça comme de la maladresse.
Heureusement, aujourd’hui, je n’en
n’entends plus.
QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE UN
DUO MIX ET 100 % MASCULIN ?
réalise des mouvements avec de la force en
utilisant physique et puissance, tandis que
les femmes apportent plus de la poésie, de
douceur à la discipline.
© Ewan Cowie
LORSQUE VOUS AVEZ DÉMARRÉ, IL
N’Y AVAIT PAS DE MODÈLE FÉMININ.
AUJOURD’HUI, SERIEZ-VOUS PRÊTE À
ASSUMER CE RÔLE POUR CELLES QUI
SOUHAITENT SE LANCER ?
Je pense que cela m’aurait bien aidé au
démarrage d’avoir des conseils de femmes,
notamment lorsque j’ai pris des cours de techniques
car notre musculature est différente
des hommes. Aujourd’hui, je suis prête à assumer
ce rôle. Je commence déjà en donnant des
cours avec Greg dans des simulateurs de vols.
VOUS AVEZ REMPORTÉ DE NOMBREUSES
COMPÉTITIONS AVEC GREG CROZIER.
POURQUOI EST-CE UN DUO QUI MARCHE
SELON VOUS ?
Nous avons transformé notre faiblesse en
force. Pour la chute libre, lorsque deux personnes
ont le même gabarit, il est beaucoup
plus facile de se retrouver au même niveau
dans le ciel. Cela demande moins d’adaptation.
Or, nous sommes un duo mixte avec 20 kg
d’écart ! Il a notamment fallu que j’apprenne
à accélérer, Greg à freiner. Nous avons utilisé
qui sont devenues des signatures.
VOUS ÊTES EN BINÔME AVEC LA
PERSONNE QUI PARTAGE VOTRE VIE.
PAS TROP DIFFICILE À GÉRER AU
QUOTIDIEN LA VIE SPORTIVE ET LA VIE
PERSO ?
50 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

© Ewan Cowie
A la ville comme
dans les airs,
Karine et Greg font
équipe. Leur secret
pour s’harmoniser
à très haute vitesse
n’est pas commun...
© Ewan Cowie
Dans trois ans, la ville
de Paris accueillera les
JO. Avez-vous une envie de
voir le CIO intégrer votre
discipline pour, pourquoi
pas, remporter un jour
l’or olympique ?
« Ce serait génial (rires) !
Effectivement, nous avons déjà
essayé de présenter la soufflerie
mais la discipline ne peut pas entrer
dans le cadre olympique. On essaie
de pousser pour le windtunnel.
Nous allons à nouveau déposer des
dossiers pour que cela se réalise, un
jour... »
Nous nous connaissons par cœur Greg et
moi. On sait reconnaître lorsque l’un de nous
a besoin de respirer. Tout se passe pour le
mieux. Cependant, je comprends que, pour
notre analyste vidéo, la situation soit compliquée
par moment.
DANS LES AIRS, COMMENT AVEZ-VOUS
RÉUSSI À TROUVER UNE ALCHIMIE ?
Nous avons effectué de nombreux sauts pour
répéter. Nous avons la chance de pouvoir utiliser
des simulateurs de chute libre (« windtunnel
»). Il y en a un peu partout en France
mais ça ne remplace jamais les sauts à partir
d’un avion.
QUEL EST LE SECRET DE VOTRE
LONGÉVITÉ ?
L’envie et le mental. Nous avons eu un parcours
compliqué car nous sommes arrivés
dans les compétitions en ne connaissant
faire notre place dans cette communauté.
On a vécu quelques injustices comme de
nous avoir empêché de participer à des
compétitions pendant cinq ans.
VOUS N’AVEZ JAMAIS DOUTÉ, EU ENVIE
DE TOUT ARRÊTER ?
L’avantage d’être en binôme, c’est l’entraide.
On s’encourage lorsque l’un faiblit
sur le plan mental. Plusieurs fois, je me suis
dit que ça ne servait à rien, que ce n’était
pas l’idée que j’avais du parachutisme, mais
Greg a toujours trouvé les mots pour me motiver,
jusqu’au moment où nous avons remporté
le championnat du monde…
LE FREEFLY EST UNE DISCIPLINE
DANGEREUSE. VOUS PENSEZ AUX
RISQUES AVANT LES COMPÉTITIONS ?
Il y a différentes phases. Lorsque l’on débute,
on se demande si l’on va survivre
mais avec l’expérience, on estime que les
À partir de ce moment-là, on gagne un peu
en sérénité. On a pleinement conscience du
danger, ce qui nous permet de pouvoir réagir
en cas de problème. Aujourd’hui, la discipline
est extrêmement encadrée, surtout
en France.
APRÈS TANT D’ANNÉES DE VOL
ENSEMBLE, QU’EST-CE QUI VOUS
PLAÎT TOUJOURS AUTANT ?
On ne se lasse pas de se jeter d’un avion.
C’est la magie du parachutisme, chaque
saut est différent car les conditions ne
sont pas identiques. C’est palpitant car une
fois que l’on ouvre la porte de l’avion nous
sommes sur un coussin d’air et c’est à nous
de jouer.
VOUS COMPTABILISEZ PLUS DE
6 000 SAUTS, CERTAINS SONT
INOUBLIABLES ?
Nous avons eu la chance de faire des sauts
comme au-dessus de la Grande Barrière
de corail en Australie, sur les pyramides en
Égypte. Ces moments restent gravés dans la
tête, les yeux et le cœur.
QUELS SONT LES PROJETS POUR 2022 ?
2022 est une année riche en records du
monde et de France. Au mois d’août à
Chicago, on tentera de battre le record du
monde de nombres de personnes en Free-
de France où nous seront plus de 50 parachutistes,
une excellente nouvelle pour la
un record du monde féminin en Arizona à
l’automne, où nous serons 102. WS
UN PALMARÈS
DE CHOIX
- Champions du monde
- 16 médailles d’Or
- 4x record du monde
- 4x Champions de France
- Vainqueurs de Coupe du monde
et 6x de la Coupe de France
- Médailles d’honneur Jeunesse
et Sports
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 51

CHAMPIONNES FRANCOPHONES
Samantha
Stewart,
le plus beau sourire
de la lutte libre !
Révélée lors des Jeux de la Francophonie, la Canadienne
Samantha Stewart est devenue l’une des plus grandes stars
de la lutte libre dans son pays. Elle est aussi très active sur les
réseaux sociaux. Portrait d’une athlète charismatique.
PAR LA RÉDACTION DE WOMEN SPORTS EN COLLABORATION AVEC LES ÉQUIPES DE L’OIF
Samantha Stewart
porte fièrement
les couleurs
de la province
canadienne
du Nouveau-
Brunswick.
Médaillée d’argent dans la
compétition de lutte libre
féminine (-55kg) des VIIes
Jeux de la Francophonie,
France/Nice 2013 et
médaillée de bronze dans la compétition
de Lutte libre féminine (-53kg) des VIII es
Jeux de la Francophonie, Abidjan 2017,
avant le connaître le sommet de sa
carrière aux Championnats du monde
de lutte 2021 à Oslo, avec encore une
médaille de bronze, Samantha Stewart est
une athlète néo-brunswickoise de 32 ans
née à Londres.
Tout commence pour elle en 2009,
lorsqu’elle s’installe à Fredericton
pour connaître de nouvelles méthodes
de coaching et entre à l’université du
Nouveau-Brunswick. Dès lors, la lutteuse
a connu de nombreux succès sur la scène
nationale et internationale. 2013 fut
une très bonne année pour la lutteuse.
Elle se classe 2 ème dans la compétition
de Lutte libre féminine (-55kg) des VII es
Jeux de la Francophonie, France/Nice
2013 et est couronnée, dans la foulée
athlète féminine de l’année au Sport
Interuniversitaire Canadienne (CIS).
En Janvier 2017, elle se classe 2 ème du
Tournoi international de Paris - style libre
53 kg puis remporte le bronze au Grand
Prix d’Allemagne -53 kg style libre, en
juin 2017 à Dormagen. La suite, ce sont
ces deux superbes médailles de bronze
aux Jeux de la Francophonie de 2017 à
Abidjan puis aux Mondiaux 2021 à Oslo.
Samantha Stewart est très active sur les
réseaux sociaux. Vous pouvez retrouver
son large sourire chaque jour sur son
compte Instagram : @sam_stewart53 ! WS
© Justin Hoch
52 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

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© Jeux de la Francophonie

SOCIÉTÉ
Egalité Femmes-Hommes
dans le sport
5 FAITS
QUI NOUS
RAPPELLENT
QUE LE COMBAT
N’EST PAS
Le sport féminin et les
inégalités : un combat qui
traverse les âges. Depuis
les années 90, ce sujet est
même devenu politique.
Les progrès sont réels,
mais le chemin à parcourir
est presque aussi long que
celui déjà parcouru. Top 5
des raisons qui montrent
qu’il y a du mieux, mais que
la bataille est loin d’être
gagnée.
PAR RUBEN DIAS
TERMINÉ
1 2
JO : LA PARITÉ… EN 2024
Paris 2024 : les Jeux de la parité. En 2020,
le CIO l’a annoncé, pour la première fois de
l’histoire des JO, il y aura autant d’hommes
que de femmes parmi les engagés. Une
première certes, mais une première qui fait
aussi réfléchir. Parce que si elle est dans l’air
du temps, cette parité a mis plus de 125 ans
à arriver ! Cependant, on notera le joli clin
d’œil historique : c’était déjà à Paris, en 1900,
que les femmes ont fait leur première
(furtive) apparition aux Jeux
Olympiques.
© Icon Sport
LES JOUEUSES DE BEACH
HANDBALL NE SONT PLUS
OBLIGÉES DE JOUER EN
BIKINI, MAIS…
Enfin. Contraintes jusqu’en octobre 2021 de
jouer en bikini, les joueuses de handball de
plage ont désormais le choix. La Fédération
internationale (IHF) a modifié son règlement.
Ce dernier impose tout de même aux femmes
de jouer avec des « shorts courts et
serrés ». Contrairement… aux hommes. La
seule bonne nouvelle est que pour le haut
du corps, l’accoutrement exigé est le même,
peu importe le genre. Quand on en vient à se
réjouir de cela… c’est que la route est encore
longue et sinueuse.
© Icon Sport
Pour rappel, la commission de discipline de
la EHF avait infligé une amende de 1 500 € à
l’équipe norvégienne en juillet dernier, alors
que les joueuses portaient une tenue similaire
à celle qui est désormais autorisée.
54 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

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3 4 5
© Icon Sport
© Icon Sport
© Icon Sport
36 FÉDÉRATIONS
OLYMPIQUES, DEUX
FEMMES DIRIGEANTES…
Elles ne sont que deux femmes à la tête d’une
fédération olympique en 2022, sur trentesix
instances. Seuls les sports de glace et
le hockey sur gazon sont présidés par des
femmes : Nathalie Péchalat et Isabelle
Jouin. Un paradoxe, alors que certains sports
comme la gymnastique ou l’équitation sont
majoritairement pratiqués par des femmes.
Pas question ici d’affirmer qu’un sport plus
pratiqué par les femmes doit être dirigé par
une femme et inversement. Mais simplement
une illustration de la faible représentation
féminine dans les instances dirigeantes
sportives.
Gageons que l’élection de Brigitte Henriques
à la présidence du CNOSF (Comité national
olympique et sportif français) inspirera les
électeurs de chaque fédération…
LA MÉDIATISATION DU
SPORT FÉMININ ENCORE
À LA TRAÎNE…
Comme chaque année depuis 2014, le CSA
a organisé la journée internationale du sport
féminin, en 2021. Une opération pour rendre
visible la place des femmes dans le sport.
Et malheureusement, les chiffres rappellent
que la progression est lente, voire à l’arrêt.
En 2012 il n’y avait que 7 % des diffusions
sportives consacrées au sport féminin. Ce
chiffre a progressé jusqu’en 2016… avant de
stagner…. et régresser ! Selon les chiffres du
CSA, cette part est passée de 20 % de 2016
à 18,5 % en 2020…
La Coupe du monde de football féminine
organisée en France en 2019 et diffusée
en prime time sur TF1 avait signé des pics
d'audience qui laissaient beaucoup d'espoir.
Hélas, ces espoirs sont déçus.
AGRESSIONS SEXUELLES :
LE FOOTBALL N'ÉCHAPPE
PAS À LA TOURMENTE...
L’Australienne Lisa de Vanna, attaquante
vedette des Matildas, a avoué au Sydney
Daily Telegraph avoir subi des propositions
déplacées dans les douches des vestiaires de
la part de ses propres équipières. L’attaquante
vénézuélienne de l’Atlético Madrid, Denya
Castellanos, a diffusé sur ses réseaux sociaux
un texte cosigné par 23 compatriotes
footballeuses : « Nous avons décidé de rompre
le silence pour éviter que les situations d’abus
et harcèlement physiques, psychologiques et
sexuels commis par l’entraîneur de football
Kenneth Zseremeta (sélectionneur national)
ne fassent d’autres victimes. » Au sein de la
Ligue féminine nord-américaine, Paul Riley
a été licencié des North Carolina Courage à
la suite d’accusations de violences sexuelles
émises par des joueuses de son ancien club,
les Portland Thorns...
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 55

DÉCOUVERTE
EN IMMERSION
La pluie, le soleil, le vent, les falaises, l’odeur de la Guinness dans les rues. Pas de doute
nous y sommes ! L’Irlande s’offre à nous. Gonflez votre meilleur ballon de rugby, branchez
votre chaîne stéréo sur Rocky Road to Dublin de The High Kings, et laissez-vous emporter
par les côtes qui ont vu naître la série Vikings, des scènes de Game of Thrones et même…
d’Harry Potter. On vous emmène dans notre sac à dos, à la découverte de cette île coup de
coeur. Alors, prêts au décollage ? PAR NOS ENVOYÉS SPÉCIAUX, VANESSA MAUREL ET RUBEN DIAS
56 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 57
© Sina Ettmer Photography / Shutterstock

DÉCOUVERTE
Depuis les gradins...
C'est ce qu'on
appelle une véritable
immersion sportive !
D.R.
AU CŒUR DU STADE
AUX PREMIÈRES LOGES
D'UNE RENCONTRE DE
L’ÉQUIPE D’IRLANDE
FÉMININE DE RUGBY
de venir régulièrement. C’est important
des gens vont plutôt voir les hommes »,
gouement
se fait ressentir dès le début du
match. Les joueuses entrent sur le terrain
sous les tonnerres d’applaudissements.
Mr Murphy, endormi devant sa télé après
une énième Guinness. « Ireland, Ireland,
together standing tall… », les hymnes résonnent.
L’ambiance dans le stade situé
en plein Dublin est surprenante pour un
lon
touché, chaque impact, chaque point
supporter (y compris nous) retient son
s’empare de la balle ovale. On ne respire
à nouveau que lorsque la défense irlandaise
s’occupe de son cas. Quand l’arbitre
renvoie les joueuses au vestiaire, le XV du
pleuré, ma soeur honore sa première sé-
»,
entre sur le terrain. Alors, jouer pour la première
fois sous les couleurs de l’Irlande, ça
fait quoi ?
Le vent pointe le bout de son
nez, l’odeur de la Guinness
est bien présente. Il est
19h30 heure locale, l’équipe
féminine d’Irlande de rug-
ment
sous tension, ma chère Vanessa.
Dans les tribunes, les supportrices sont venues
en nombre. Parmi elles, deux jeunes
joueuses, qui rêvent de rejoindre leurs
aînées sur la pelouse, ou encore une mère
qu’elles sont derrière l’équipe. « On essaie
D.R.
58 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

INTERVIEW
MAEVE, CAPÉE POUR
LA PREMIÈRE FOIS :
« JE NE PENSAIS PAS QUE CELA
ARRIVERAIT UN JOUR »
À 21 ans, Maeve Og O’Leary honore
la tradition familiale. Après son
grand-père, puis son père et enfin
son frère, joueur professionnel de
rugby qui évolue à Rouen, c’est à
la jeune Irlandaise de faire le grand
saut. Ce 12 novembre 2021, Maeve a
joué ses premières minutes sous les
couleurs du XV Féminin irlandais.
Rencontre.
WOMEN SPORTS : VOUS AVEZ
HONORÉ VOTRE PREMIÈRE
SÉLECTION AVEC L’IRLANDE, QUEL
EST VOTRE RESSENTI ?
MAEVE :
et une opportunité à saisir. Je suppose que
c'était toujours quelque chose dont j'avais
rêvé, mais je ne pensais pas que cela arriverait
un jour. J'ai regardé cette équipe
pendant des années et je les ai tellement
du groupe.
PARLEZ-NOUS DE CETTE PREMIÈRE !
Tout le monde était très excité de se retrouver
à nouveau et de jouer ensemble, surtout
à la RDS Arena. Avant le match, j’étais
concentrée mais je me permettais de pro-
autour de moi. Quand je suis arrivée sur le
terrain, j'étais juste concentrée sur ce qu’on
devait faire. Ensuite, c'était le summum absolu,
ce sentiment de marcher sur le terrain
en saluant la foule, et bien sûr de voir ma
ment
incroyable. Je ne me suis pas mis la
que nous avions mis en place, je savais que
COMMENT AVEZ-VOUS TROUVÉ
L'AMBIANCE AU STADE ?
L'ambiance était incroyable. Nous avons
joué à la RDS Arena pour la première
fois, un stade bien plus grand que d’habitude.
La foule était formidable et nous
pouvions entendre les supporters tout au
long du match. Vous savez ce qu'on dit,
il n'y a pas de meilleurs fans au monde
que les Irlandais ! Quand j'ai couru sur le
terrain, j'ai pu entendre le rugissement
de ma famille et de mes amis derrière
moi.
QUELLE A ÉTÉ VOTRE SENSATION
EN ARRIVANT SUR LE TERRAIN ?
« »,
c'est fou. Mais je savais qu'il y avait un
gros travail à faire, donc je suis restée
concentrée sur le rugby et je voulais aider
mon équipe à faire le travail.
VOTRE FAMILLE ÉTAIT LÀ, EST-CE QUE
CELA VOUS A BOOSTÉE ?
Absolument. Ma famille a été mon plus
une journée pour laquelle ils étaient si exci-
exprès par avion et un de mes autres frères,
qui est en Australie, a pris une journée de
congé pour me regarder !
LE RUGBY EN IRLANDE, C’EST
VRAIMENT SPÉCIAL ?
Bien sûr ! Le rugby est joué depuis des dé-
sion
et de plaisir. Il donne aux jeunes garçons
faire partie d'une équipe et de la famille du
rugby. Il rassemble les gens et fait de nous un
peuple uni. Je me sens tellement chanceuse
de jouer au rugby en Irlande et de faire partie
de cette grande famille. WS
D.R.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 59

DÉCOUVERTE
L'Irlande, c'est aussi
ce genre de paysage
à couper le souffle,
qui vous envoûte,
vous motive, vous
embarque...
© Peter Krocka / Shutterstock
pour être plus fortes que l’Irlande et sont
à un rang bien plus élevé que nous sur le
ont été brillantes ».
On fait chauffer les cuissots à
Howth
D.R.
« CETTE PÉNINSULE AUX COURBES
SURVEILLÉES PAR DES PHARES
MAJESTUEUX ENTOURÉS DE FALAISES À
COUPER LE SOUFFLE »
Le match terminé, nous quittons le stade
pour déambuler dans les rues de Dublin,
que nous connaissons désormais comme
notre poche. Depuis plusieurs mois maintenant,
nous avons élu domicile dans la
capitale irlandaise. De balade en balade,
(de centaines de kilomètres en centaines
de kilomètres surtout), un endroit nous a
péninsule aux courbes surveillées par des
phares majestueux entourés de falaises à
deur
nature. On y murmurait même que
trouvé refuge. Et on comprend pourquoi !
Après une halte dans le pub le plus répu-
balade le long des falaises. Des pentes, de
la terre, des chemins escarpés, avec nos
jeans et nos baskets de ville, pas sûr qu’on
ait choisi les bonnes tenues... Seulement
quelques mètres parcourus, et on entend
quoi, nous ne sommes pas les seuls à
avoir fait le choix de l’Irlande. Au cours
de la balade, tout le monde ne parle que
the famous lighthouse ».
On se demande ce que c'est, et on comprend
vite que quelque chose d’extraordinaire
nous attend à l’arrivée. Quelques
heures de marche plus tard, et après avoir
contemplé la mer sous tous les angles, on
tombe nez à nez avec ce fabuleux phare
« Baily ». ‘Ruben met ses lunettes’, construit
bâtiment était à la base un simple chalet
à charbon. Il a fallu plus de 100 ans à ce
dernier rempart entre le monde marin et le
monde terrestre pour devenir ce qu’il est
encore aujourd’hui, un phare. Merci pour
pour dire que le monument de 41 m est
impressionnant, mais la vue qu’il offre l’est
encore plus.
60 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

APRÈS
L’EFFORT,
LE RÉCONFORT
Trêve de bavardage ! Plus le temps de vous
faire découvrir le reste de l’Irlande, de
son pub traditionnel à Dublin Temple Bar,
Blacks va commencer ! On court au pub,
toujours à pied bien sûr ! Depuis qu’on est
ici, on oublie le bus et on fait chauffer les
cuissots avec nos centaines de kilomètres
ler
une Guinness histoire de ne pas zapper
-
avant le coup d’envoi, tout est plein à craquer,
impossible de se frayer un chemin.
D.R.
oui), les locaux s’imposent à l’Aviva Sta-
rique
puisque jusque-là, les joueurs irlandais
n’ont remporté que deux fois leurs
»,
nous assure Aurélie, serveuse française.
D.R.
Autour de nous, il n’y a que du vert. Deux
bonnets vikings titillent notre attention.
À notre grande surprise, il s’agit d’un
couple français ! « Nous sommes venus
»,
leur avoir souhaité un bon match, il est
temps pour nous de trouver une place
-
-
nous fondons dans la masse ! Ici, tout
le monde se lève à l’heure de l’hymne
match est palpitant. Les deux équipes
sont au coude-à-coude. L’Irlande mène,
et au milieu de tous ces barbus, c’est
D.R.
seulement la voix d’une femme que nous
sionnée
vit le match à fond. Peut-être
parfois trop. « » s’excuse-t-elle après
un cri trop aigu. « Je suis une grande fan !
». On ne sait pas si le XV du
nous
« Le jour de mon arrivée en Irlande, ils
le pub est plein, et on est même obligés
de refuser du monde. »
pas que du rugby en Irlande. D’ailleurs,
selon vous, quel est le sport préféré N°1
des Irlandais ? Ne cherchez pas, vous
avez faux. Le sport national ici est ce
qu’on appelle le GAA, et notamment le
appelée hurley, et il partage un certain
nombre de caractéristiques avec le football
gaélique. D’ailleurs, c’est à ce deuxième
qu’on va s’intéresser de bien plus
près maintenant.
« ICI, TOUT LE MONDE SE LÈVE À L’HEURE
DE L’HYMNE POUR REPRENDRE EN
CHOEUR L’IRELAND'S CALL, ET TOUT LE
MONDE SE TAIT LORS DU HAKA. »
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 61

DÉCOUVERTE
FOOTBALL GAÉLIQUE
ANNA MARIE,
QUAND LA FOLIE GAÉLIQUE S’EMPARE
DE LA FRANCE
Le football gaélique : quésaco ? Ce sport au nom barbare, est en fait un
simple mélange entre le football, le rugby, le hand… Mais sans gros contact
physique. Et si vous pensiez qu’il se pratique exclusivement sur la petite île
d’Irlande, détrompez-vous ! Celui-ci se joue aussi très près de chez vous.
© Seanna Photographie
«
passionné de sport l’a convaincue de venir
parler du football gaélique dans les
établissements scolaires de la région.
Moi,
ça m’a permis d’apprendre le Français
et de m’intégrer, tout en partageant mes
». Mais le
plus dur reste à faire. « C’était assez dif-
»,
avoue Anna Marie. Mais elle avait des
une grande famille. On s’entend tous bien,
tout le monde est bienveillant. » La culture
irlandaise a triomphé. «
l’équipe ». L’aventure était lancée.
Angers, Rennes, Nantes,
Lyon, Paris… Nombreuses
sont les villes à l’avoir adopté.
Et Anna Marie, Vice-présidente
de Europe Gaelic Ga-
19 ans a ressenti à son arrivée un petit
manque, même si son adaptation au pays
s’est faite rapidement, malgré la barrière
de la langue. « Lorsque j’ai assisté à un fes-
ai été. Les dirigeants et les joueurs étaient
Irlandaise dans leur groupe. Mais malheu-
féminine... » Il n’en fallait pas plus. Anna
Marie décide de monter sa propre bande.
D.R.
de nouvelles adversaires arriver sur les
terrains. Aujourd’hui, une vingtaine de
clubs féminins existent en métropole. À
Angers par exemple, les Anjous Gaels rencontrent
un grand succès. « C’est un sport
le monde part de zéro, on progresse très
pense
bien dans la bonne humeur ! Le
du gaélique
Présidente du club de football gaélique à
Angers. Et pour faire grandir la discipline,
Elodie et ses coéquipières invitent les plus
curieuses à venir s’y frotter. Le mieux, c’est
d’en juger par soi-même. WS
62 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

D.R.
« DE RENCONTRES EN RENCONTRES,
NOUS AVONS BEAUCOUP APPRIS
DE LA CULTURE SPORTIVE DE CE
MAGNIFIQUE PAYS. »
D.R.
D.R.
De la bonne humeur, beaucoup
de marche et quelques Guinness, l’Irlande
nous a plus que souri pendant ce séjour.
De rencontres en rencontres, nous avons
beaucoup appris de la culture sportive de
aussi ! Mais vous ne croyez quand même
pas qu’on allait vous laisser comme ça ?
On vous sait fêtards, et pour que vous
puissiez épater vos convives au rythme
des musiques celtiques et de Dance
dernière surprise pour vous. On est allé…
assister à un cours de « danse irlandaise ».
Et devinez quoi ? On vous a même concocté
un petit carnet pratique du pas de base.
Enjoy ! Et à très vite, pour une nouvelle excursion
! WS
D.R.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 63

DÉCOUVERTE
DANSE IRLANDAISE
© Sonja Filitz / Shutterstock
YVONNE CAROLAN
LA DANSE IRLANDAISE,
UNE HISTOIRE
DE FAMILLE
Pratiquée depuis des décennies,
la danse irlandaise est toujours
aussi populaire dans le pays.
À Dublin, dans le quartier de
Balgriffin, la musique résonne
trois fois par semaine. Mais dans
la petite école Carolan, Jennifer,
Yvonne et Nicole Carolan
forment des championnes.
roites comme un I, les dan-
martèlent le parquet Dseuses
à peine majeures mais leur
palmarès en ferait pâlir plus
d’une. La championne du monde Rebecca
Duggan nous offre ce soir un spectacle
hypnotisant. Attention ça va vite et… ça fait
mal aux oreilles. « On garde les traditions »
atteindre ce haut niveau de performance,
il n’est pas question de faire les choses à
moitié.
«
Même très jeunes, il faut qu’elles aient
de très bonnes protéines dans leur diète.
C’est primordial. Faut aussi faire attention
C’est important qu’elles soient aussi en
forme à l’extérieur qu’à l’intérieur de leur
» Règles strictes qu’elle applique
Une histoire de famille
Elle-même ancienne championne de danse
cet univers. Après sa grand-mère et sa
mère, elle a atteint le plus haut niveau du
sport. «
hier. J’avais travaillé très très dur pour en
arriver là, se remémore-t-elle. Mes jambes
tremblaient, même lorsque je suis arrivée
venir me voir. Je n’avais pas le droit à l’er-
solo, je suis devenue « dance masters » (le
graal de la danse irlandaise, NDLR). C’était
fantastique ». Après avoir raccroché les ghillies
(chausson de danse, NDLR), sa relève
lement
la danse à Dublin, a été pas moins
Rien que ça ! WS
D.R.
D.R.
LA DANSE IRLANDAISE
EN BREF
La discipline a traversé les années.
Ultra populaire, cette danse qui se
pratique sur une musique entraînante,
est très technique. Les danseurs et
danseuses doivent se tenir torse et bras
tendus, tout en bougeant uniquement
leurs jambes et leurs pieds. D’abord
très populaire seulement sur l’île, la
pratique dépasse désormais largement
les frontières irlandaises. « Il y a
énormément de nationalités différentes
qui vivent ici. Alors, forcément, la danse
s’est expatriée. Elle est désormais très
réputée aux États-Unis, et même en
Grande-Bretagne ou en Australie »,
explique Yvonne.
64 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

CARNET
PRATIQUE
LES PAS DE
BASES
DE LA DANSE
IRLANDAISE
BY YVONNE
1
Posture de base, gardez les pieds
écartés, talons collés.
4Sautez jambe droite en l’air, et
changez de jambe d’appui. D’abord
appuyé sur les orteils puis sur le
talon gauche.
3
Pointez les orteils vers le sol et
levez le talon.
2
Posez le pied droit à plat par terre,
devant vous.
5
Levez la jambe droite pliée en
arrière.
6
Reposez le pied droit à terre.
7
Refaites dans l’autre sens, pour
retrouver la jambe droite devant.
Retrouvez la vidéo complète du cours de danse irlandaise d’Yvonne sur notre chaîne Youtube :
www.womensports.fr/video
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 65

Sant Pere
del Bosc
del Bosc
Condado
Creu de Terme del Jaruco
Papalús
Fenals
Lloret
de Mar
GI - 682
C-63
GI - 682
* Centro running · Running center er · Running center · Running-Center
** Pistas de atletismo · Pistes d'athlétisme · Athletics tracks · Leichtathletikbahnen
TOURISME SPORTIF EN CATALOGNE
DÉCOUVERTE
J’AI TESTÉ POUR VOUS
LES ÉQUIPEMENTS
SPORTIFS DE
LLORET DE MAR
Cet hiver,
rendez-vous
était donné
à Women
Sports à
Lloret de Mar, en Espagne,
pour assister au Word
Sports Tourism Congress.
L’occasion pour nous, non
seulement d’en apprendre
davantage sur le concept
de tourisme sportif, mais
aussi de découvrir les
infrastructures sportives
et de tester un échantillon
du large panel d’activités à
disposition sur cette belle cité
catalane. On vous embarque
avec nous dans un séjour
sportif haletant ! PAR LÉA BORIE
© Léa Borie
Organisé par l'Agence catalane
du tourisme et l'Organisation
mondiale du
tourisme (OMT), le congrès
mondial du tourisme spor-
entre mer et montagne. Women Sports
-
-
-
-
CATA L UNYA
F R A N ÇA
P I R I NEU
D E G I R O N A
Aeroport Girona
- Costa Brava
AP-7
Barcelona
Girona
C-32
TAV
TAV
TAV
LLORET
DE MAR
Perpinyà
TAV
Figueres
Museu de Dalí
Costa Brava
Mar Mediterrani
Santuari de
Sant Pere del Bosc
Poblat Ibèric
de Montbarbat
Santuari
de Sant Pere
Creu de Terme
Monument
a l’Àngel
Santuari de
Sant Quirze
Barcelona
Monument
a l’Àngel
-
Immersion au cœur de
l'impressionnant dispositif
sportif de Lloret de Mar
nation
populaire du Sud de l’Europe, est
-
-
Papalús
Condado
del Jaruco
Fenals
Platja de Fenals
Jardins de Santa Clotilde
Ermita Cala Sa Boadella
de Santa Cristina
Platja de Santa Cristina
Cala Treumal
Girona
Santuari de
Sant Quirze
Ermita de la Mare
de Déu de les Alegries
OFICINA CENTRAL
LLORET TURISME
Castell
de Sant Joan
CENTRE
RUNNING*
Piscina Lloret
Pistes
d’atletisme *
Cala Banys
Lloret
de Mar
Zona Centre
Monument
a la Dona Marinera
Museu del Mar
Platja de Lloret
Costa Brava
Turó Rodó
La Montgoda
Mar Mediterrani
Platja de Canyelles
66 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

© Office du tourisme Lloret de Mar
lui plaire. Mais pour cela, encore fallait-il
Visite guidée au pays des
sports outdoor et indoor
ont emmené faire un parcours historique
-
omnisports municipal, spécialisé dans le
roller, où notre guide Elisenda Blanch nous
inauguré. On passe par le Centre omnis-
-
-
-
Les terrains de
football, tennis, padel
et piste d'athlétisme
sont proches de la
mer et offrent une
agréable vue sur les
collines alentour.
en reste. À commencer par les pistes
d’athlétisme, où la gardienne, en quittant
ce sol.
-
-
© Office du tourisme Lloret de Mar
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 67

TOURISME SPORTIF EN CATALOGNE
© Office du tourisme Lloret de Mar
Le principal terrain
de football jouxte un
gymnase multisports
abritant pistes de
basket, handball,
volley et futsal.
-
port
et 6 pistes de padel.
Et clou du spectacle, la piscine municipale,
© Office du tourisme Lloret de Mar
-
« Le monde est rond parce que le ballon de
foot est rond.
© Office du tourisme Lloret de Mar
Inhalar, exhalar
on nous a proposé de tester une classe
-
-
-
68 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

les rudiments de la marche nordique. On
-
souplesse et une présence saisissantes.
son cardio sur les machines, et terminer
Sport de bord de mer :
la marche nordique, entre
histoire et sport
© Léa Borie D.R.
-
n’a de cesse de nous faire monter, des-
-
-
dans les terres en direction de Tossa de
-
PAUSE GOURMANDE
Dans votre séjour sportif,
prenez le temps de savourer
les délices de la région. Bien
que très sucrés (damned !), on
raffole des polvorones - des
sablés espagnols aromatisés -
ainsi que des turrónes à toutes
les sauces (même à la pistache
ou à la crème brûlée !)
© wavebreakmedia / Shutterstock
© Léa Borie
Côté adresses pour se
restaurer, nos papilles ont
particulièrement apprécié
La Rambla, Carrer d'Enric
Prat de la Riba pour ses poké
balls sains et méditerranéens,
ainsi que Can Tarradas, Plaça
Espanya, pour sa fideuà de la
mer et ses petits légumes : à
tomber !
Ce qu’on
aimerait
tester aussi
un jour à
Lloret de
Mar
Le cyclotourisme (parce que non, on
n’en fait jamais trop du vélo !) avec
cyclisme de route (et ses itinéraires
vallonnés sur 600 km) ou bien les six
lignes de VTT à travers la montagne.
On irait bien aussi se tremper l’orteil
à Water World, faire une balade en
catamaran en pleine mer, ou encore
tester le fly-board. Il nous en reste
des choses à tester à Lloret de Mar
finalement… On y retourne !
et lunettes de soleil. Il faut dire que ce
climat méditerranéen est séduisant pour
WS
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 69
D.R.
D.R.

LE SAVIEZ-VOUS ?
ON VOUS EXPLIQUE
5 CHOSES QUE VOUS
IGNOREZ SUR…
LE TOUCH RUGBYPAR RUBEN DIAS
Tâter la balle ovale sans la casse occasionnée par les contacts, c’est possible. Le Touch Rugby,
aussi appelé Touch, est une variante de l’ovalie. Très proche du rugby à XIII, il se démarque
pourtant à bien des égards de ses frangins. Né en Australie, ce sport est avant tout adapté à tous
les âges et à tous les genres. Nadia Quemener, joueuse internationale tricolore, nous en dit plus.
FAIT 1
RUGBY SANS LES CONTACTS
Amateurs d’hématomes en tout genre vous allez être déçus.
« Au Touch, il n’y a pas de contacts ». Pas de plaquages, pas de
mêlées, pas de jeu au pied non plus, ce sport met surtout en avant
les vertus « d’endurance, d’agilité, des passes et des stratégies en
tout genre ».
FAIT 2
UN SPORT POUR TOUS LES ÂGES
Cette absence de contact permet donc une pluralité des âges.
Très jeunes adolescents ? Très vieux retraités ?
Aucun problème, chacun y trouvera son compte. « Il y a des
catégories allant des moins de 15 ans, à plus de 65 ans, même si la
catégorie ‘reine’ reste la Open (18-27 ans). »
FAIT 3
UN SPORT MIXTE
Jouer seulement entre filles, se mesurer aux garçon. Le choix s’offre à
vous. Le Touch est donc l’un des seuls sports à pouvoir être pratiqué en
mixte jusqu’aux compétitions internationales. Par exemple, la fédération
française de la discipline compte 30 % de licenciées femmes.
FAIT 4
UN SPORT INTERNATIONAL
Attention Quiz : Selon vous, quel sport est le plus pratiqué en Australie
et en Nouvelle Zélande ? Le rugby à XV ? Mauvaise réponse. C’est
le Touch, la star de l’Océanie ! Le rugby sans contact est un sport à
échelle mondiale. « Il y a des coupes du Monde, des championnats
d’Europe, des fédérations internationales… On joue aux quatre coins du
monde avec l’équipe de France. »
FAIT 5 FRISE CHRONOLOGIQUE
1965
1978
1981
1985
1986
1999
Naissance
du Touch rugby
Création de
la fédération
australienne
Rédaction et
officialisation des
règles
Premier match
officiel Australie-
Nouvelle Zélande à
Melbourne
Création de
la fédération
internationale de
Touch
Première Coupe du
Monde à Sydney
2022
2019
2011
2007
2002
2001
Du 2 au 6 août 2022
- Prochaine Coupe
d’Europe de Touch
Rugby
Neuvième Coupe
du Monde à Kuala
Lumpur (remportée
par l’Australie)
Médaille de Bronze
tricolore à la
Coupe du Monde à
Edinbourg
Première participation
de la France à une
Coupe d’Europe en
Afrique du Sud
Première
participation de la
France à une Coupe
d’Europe à Cardif
Création de Touch
Rugby France
70 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

© Nadia Quemener
© Icon Sport
NADIA
QUEMENER,
LA PASSION
SANS
CONTACT
Capitaine de l’équipe de
France de Touch rugby
pendant près de 10 ans
et parallèlement kiné du
sport, Nadia Quemener
est une passionnée.
Tombée dans l’ovalie
très jeune, elle s’essaye
d’abord à la branche
majeure pendant 10 ans,
avant de changer. « À 18
ans, quand j’ai obtenu
mon diplôme de kiné.
Déjà je ne pouvais pas
risquer une blessure et en
vieillissant les contacts
étaient plus difficiles à
assumer. » C’est alors
qu’une rencontre va tout
changer, ou presque. « Un
de mes patients m’a parlé
du Touch rugby. Puis deux,
puis trois… Jouer au
rugby en risquant moins
d’être blessée gravement,
je ne pouvais plus passer
à côté. » Plus de course,
beaucoup de tactique, de
l’endurance, une forme
physique maintenue, et
surtout aucun contact,
c’est ça le Touch. Mais
attention. Parce qu’«il y a
beaucoup moins de strap
à faire avant les matchs,
c’est le même nombre de
bières consommées en
3 e mi-temps (rires) », a
confié la rugbywoman de
42 ans.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 71

SPORTIVES ET ARTISTES
Rencontre
Nâdiya
De la piste à la scène
Avant d’être artiste, elle était
athlète de haut niveau !
« Roc », « Et c’est parti », « Parle-moi ». Ces titres vous sont forcément familiers et, rien qu’à
la lecture de ces mots, vous êtes sûrement en train de chantonner l’un des tubes de Nâdiya.
Mais savez-vous qu’avant cette grande carrière artistique, elle était une sportive de haut
niveau ? Rencontre. PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL
«J
e m’élance de la
ligne de départ,
comme si c’était un
entraînement. Le
400 m n’était pas ma
distance de prédilection. Mon entraîneur
m’a seulement dit d’y aller tranquille. Je
n’avais pas de pression, j’étais complètement
dénuée. Mais j’ai survolé la piste.
Comme on dit en athlétisme, j’étais vraiment
facile. Et à la ligne d’arrivée, je pète
le record. » Ce jour-là, Nadia Zighem, plus
connue sous son nom de scène Nâdiya,
décroche le record départemental du 400
mètres cadette d’Indre-et-Loire (37) en
58 s 66. Un exploit qui reste pour l’heure
inégalé. « J’y suis allée sans aucune prétention
et c’est sans doute cela qui m’a
libérée et m’a conduit à me surpasser
sans en avoir pleinement conscience. »
Cette sensation, Nâdiya a pu la ressentir
à de nombreuses reprises. Car oui, l’activité
sportive et le sport de haut niveau ont
marqué une grande partie de sa vie.
« J’ai été championne de France du
800 m indoor en 1990. Alors cadette à
l’époque, j’ai remporté ces Championnats
dans la discipline junior. J’étais à seulement
2 centièmes du record de France
UNSS ! Mais quand j’ai gagné, beaucoup
disaient que j’avais eu de la chance, qu’il
n’y avait pas les plus grandes compétitrices
sur la piste. » Il n’en faut pas plus
pour motiver la jeune femme. « Je me suis
promis d’y retourner l’année suivante et
cette fois-ci, j’ai vraiment tout donné. Un
quart d’heure après avoir remporté le
titre, j’ai été vomir ! »
Cette détermination à toute épreuve,
Nâdiya en a fait une force, sa force.
« Quand j’arrivais sur la piste, certaines
concurrentes me disaient qu’elle perdait
tous leurs moyens », car au-delà du travail
acharné aux entraînements, Nâdiya
avait une chose que les autres n’avaient
pas forcément : « J’ai toujours été habitée
d’une foi profonde. Et très jeune, j’ai
compris que la vertu du travail était ma
colonne vertébrale ».
Avant d’en arriver là, Nâdiya a dû franchir
de nombreux obstacles, à commencer
par celui de ses parents. « Je faisais
d’abord de la natation, mais ma professeur
d’EPS, Jeanine Maieu, m’a repérée.
Pour mes parents, la scolarité était la
priorité. Alors, quand j’ai voulu faire de la
course à pied, des cross par-ci par-là, ils
n’étaient pas d’accord. » Sa professeure
était déterminée à contourner cet interdit
et l’a accompagnée pour faire du soutien
« L’ATHLÉTISME M’A FORGÉ UN
MENTAL DE CHAMPIONNE. »
scolaire et rassurer ses parents « Madame
Maieu m’a inscrite à l’UNSS (Union
nationale du sport scolaire, NDLR), pour
que je puisse participer aux compétitions
au sein même de l’école. » Jusqu’au jour
où la professeure l’a prise sous son aile.
« Elle est allée voir mes parents
72 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

« Habitée par
une foi ineffable,
très jeune, j’ai
compris que la
vertu du travail
était ma colonne
vertébrale .»
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 73
© Karim Ramzi

SPORTIVES ET ARTISTES
et leur a demandé de lui faire
insistant sur sa responsabilité (rires). »
À 12 ans, Nâdiya est donc propulsée
dans le monde de l’athlétisme.
« La première année où Mme Maieu m’a
accompagnée, j’ai commencé à gagner
de nombreuses courses, à apparaître
dans les journaux locaux, régionaux. Et
cette même première année, alors que
j’étais capitaine d’équipe, nous avons
Lorsqu’on lui a dit
qu’elle n’était pas
capable d’y aller, ça
a titillé
son âme de
compétitrice !
D.R.
© Sputnik / Icon Sport
été sacrées championnes de France sur
4 x 800 m. Jusqu’à l’année de ma 4e,
je m’entraînais donc seulement avec
l’UNSS. Mais après, tout s’est décanté. »
Le club de Tours, l’un des plus grands de
la région, tente de la faire signer. Mais
Nâdiya s’engage d’abord avec celui de
Joué-lès-Tours. « Après deux ans d’entraînements
ici, j’ai rejoint Tours parce
que c’était le processus d’évolution.
C’était important de pouvoir m’entraîner
en Sport Étude. J’ai adoré cette période.
Chaque semaine, on avait des entraînements
très rudes. Mais avec mon binôme
de l’époque, on était passionné. Et
dès qu’on recevait le planning, on se motivait
entre nous. On était tellement excitées
par ce qui nous attendait qu’on n’en
dormait pas. On se préparait psychologiquement
à passer des caps d’entraînements
en sachant que ce serait dur. »
Un style de vie que de nombreuses personnes
n’arrivent pas à comprendre.
« Souvent on me dit que c’était un sa-
© Laetitia Pelletier
74 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

« DANS UNE CARRIÈRE DE
CHANTEUSE, VOUS VIVEZ DES
TRAVERSÉES DU DÉSERT. SI
JE N’AVAIS PAS EU LE MENTAL
CONSTRUIT VIA L’ATHLÉTISME,
J’AURAIS PU BAISSER LES BRAS. »
© Karim Ramzi
ça ne l’était pas. C’était ma passion, le
sens pour lequel je me levais le matin. Je
n’avais pas de place pour autre chose, et
ça m’a servi d’apprentissage. »
Son âme de compétitrice
l’incite à s’inscrire à
« Graines de Star »
Un apprentissage qu’elle a su mettre à
de chanteuse. « L’athlétisme m’a appris
l’esprit de la gagne. » Du jour au lendemain,
ou presque, Nâdiya quitte sa province
natale pour s’expatrier à Paris. «
J’avais besoin d’assouvir mon rêve de
devenir chanteuse. » Finis les dortoirs,
les entraînements, les performances
sur la piste. « On me parlait souvent de
l’émission Graines de Star. Mais je ne
voulais pas passer à la télé pour passer
à la télé. Pour moi, être chanteuse, ça
se travaille. Toutefois, le jour où mon
amie m’a balancé : « Tu n’es pas capable
d’y aller », ça a titillé mon âme de
compétitrice ! »
Alors forcément, quand on lui lance un
Je lui ai répondu
: ‘Ok, donne-moi l’adresse de ton
casting et je vais y aller’ ». Ce jour-là,
Nâdiya perd un peu de sa superbe,
mais ne se démonte pas. « Il n’y avait
que des chanteurs professionnels autour
de moi. J’avoue que l’assurance
que j’avais durant les courses d’athlé
était moins au rendez-vous. Mais
j’étais déterminée. » Nâdiya interprète
à sa façon un titre de France Gall. « Les
résultats étaient censés arriver une
semaine plus tard. Mais le soir même
je reçois un appel. C’était Thierry Ardisson
en personne, qui m’annonçait que
j’étais prise. »
Un grand pas dans l’inconnu qu’elle
maîtrise, presque autant que pointes
aux pieds. « J’ai aimé ce programme
car il y avait une notion de compétition
et de partage. J’ai remporté la
première émission, puis la seconde
lorsque j’ai remis mon titre en jeu. En
clair, j’ai passé trois mois à la télé. »
Un chamboulement conséquent. « Je
ne pouvais plus sortir, plus prendre le
métro. Du jour au lendemain, j’étais reconnue
dans la rue ! » Un changement
qu’il a fallu encaisser. « Si je n’avais pas
fait du sport de haut niveau, j’aurais
peut-être abandonné car c’était loin
d’être facile. » Les productions musicales
s’enchaînent, Nâdiya ne s’arrête
plus. « Dans une carrière de chanteuse,
vous vivez des traversées du désert. À
l’époque, certains de mes professeurs
me disaient que que je n’y arriverais
pas, qu’il fallait que j’arrête de rêver.
Si je n’avais pas eu le mental construit
via l’athlétisme, j’aurais pu baisser les
bras bon nombre de fois. »
Sa vie d’athlète de haut niveau ne lui a
jamais manqué. « Je savais que c’était
le moment. Je sentais simplement qu’il
fallait que je passe à autre chose, que
j’étais allée au bout du processus dans
l’athlé. » Mais le sport n’a jamais été
très loin. « Le sport a toujours fait partie
de moi. Même aujourd’hui, je cours
10 km par jour, je fais un peu de boxe...
C’est très important car mon métier
demande beaucoup d’énergie. Si je ne
faisais pas de sport, je ne serais pas en
phase avec ma voix, derrière mon micro.
» D’ailleurs, cette passion, Nâdiya
la fait vivre dans ses musiques. « Ça fait
partie de mon ADN. Même quand vous
écoutez mes chansons ça se sent. Soit
vous avez besoin de bouger, soit vous
avez besoin de patate ! » WS
CLIN D’ŒIL À
SES RACINES
ALGÉRIENNES
Après avoir monté son propre
label, N4Z Records, Nâdiya a
sorti un nouvel album intitulé
« Odyssée », avec son titre phare :
Unity. Un titre qu’elle a également
enregistré en arabe, en Algérie.
« Pour une fois, je me dis que mes
parents vont absolument tout
comprendre dans l’une de mes
chansons. J’avais l’envie et le
besoin de partager quelque chose
du début à la fin avec eux ». Une
chanson spéciale à son cœur,
qui n’a pourtant pas été facile à
enregistrer. « C’était dur parce
que le réalisateur en Algérie était
très pointilleux sur l’accent. J’ai
l’arabe maternel mais il ne voulait
absolument pas de fautes. » Ce
pays lui est d’ailleurs très cher.
Issue d’une famille algérienne
arrivée en France dans les années
1960, Nâdiya reste attachée à ses
racines. « J’ai passé toutes mes
vacances d’enfance là-bas. J’y ai
des souvenirs légers de chansons,
de partage, de dîners à la plage en
famille... »
Nâdiya a dû repousser son retour
sur scène en raison du coronavirus,
mais fera prochainement le show
dans les plus grandes salles. « Je
n’ai pas encore de date précise à
donner, nous a-t-elle confié. Ce
sera pour 2022 ! »
Retrouvez Nâdiya sur instagram.com/
nadiyaofficiel et sur nadiyamusic.com
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 75

SPORTIVES ET ARTISTES
Portrait
Maria Ferreira
La vie sur un film
Devant et derrière la caméra. À 30 ans Maria Ferreira, défenseure à l’AS Monaco féminin, est
passionnée de football. Née au Cap-Vert, elle court derrière un ballon depuis l’âge de 12 ans.
Une activité que la jeune femme tente de concilier avec son travail de réceptionniste dans un
hôtel 4 étoiles, et son dernier amour : YouTube ! PAR RUBEN DIAS
Les bagages pliés, les papiers
remplis, Maria se prépare
pour l’aventure d’une
vie. Après un dernier au
revoir à ses coéquipières
de l’AS Monaco, la jeune Capverdienne
s’envole en janvier 2018, pour un an,
en direction du Canada, grâce à un PVT
(Permis Vacances Travail) qu’elle a obtenu
sur tirage au sort.. « J’attendais ça
depuis tellement longtemps
D.R.
telle. Mais pas question de garder tout
ça pour elle. Généreuse dans la vie, la
jeune footballeuse décide de passer son
séjour... en compagnie de ses fans. Et
ce même à des milliers de kilomètres.
« C’était un besoin, j’avais envie de m’expatrier
loin de la France. Et partager mon
aventure était un réel plaisir. Alors j’ai pris
au pays des caribous. » C’est ainsi que début
2018, des vidéos de Tichaonel sont
publiées sur YouTube : « Les démarches
pour partir au Canada », « Vlog Shopping à
Toronto », « Cap sur les chutes du Niagara
», « Dégustation au Canada », jusqu’au
« », retracent l’aventure
de la défenseure Monégasque. Des vlogs
qui constituent une trace, une carte postale,
un moment de partage et tellement
de souvenirs pour Maria.
Du Canada au Cap-Vert
Après le Canada, quel pays faire découvrir
aux désormais nombreuses personnes
qui la suivent ? Facile. La jeune femme
s’arme de sa caméra, direction le Cap-
Vert, son pays natal. Une fois dans l’avion,
« j’ai pleuré ». Mais à son arrivée, le dépaysement
est total, et pour cause :
« depuis que ne nous sommes arrivés
en France avec mes parents, je n’y étais
jamais retournée. » Pourtant, le lien avec
est fort avec son pays d’origine. « J’avais
oublié beaucoup de choses sans les
oublier. Certaines odeurs te rappellent
tellement de souvenirs d’enfance. » Et
s’il était primordial d’utiliser sa notoriété
pour faire découvrir ce si bel archipel,
Maria a préféré garder un petit jardin secret.
« Les retrouvailles avec ma famille,
mes grands-parents, le retour dans ma
maison d’enfance... Il y à des moments
émouvants qu’il est important de garder
pour soi, et ça les internautes le savent et
le comprennent. » WS
LA GÉNÉROSITÉ
EN HÉRITAGE
Capverdienne devenue footballeuse
en France, Maria Ferreira n’oublie
pas d’où elle vient. Elle n’y avait
plus remis les pieds depuis ses
8 ans, mais la jeune femme est
retombée amoureuse de son pays
d’enfance. La footballeuse de l’ASM
FF compte bien y retourner courant
2022, pour continuer à faire des
vidéos, mais pas que. « Mon club m’a
gracieusement donné l’intégralité
des équipements de match, lorsque
je leur ai expliqué mon projet. J’ai
également récupéré de nombreuses
tenues, maillots, crampons auprès
de mes coéquipières. Mon objectif
désormais est de retourner au Cap-
Vert et d’en faire un don aux clubs
féminins locaux. Il est difficile pour
les joueuses d’avoir l’équipement
nécessaire pour pratiquer leur
passion. Pouvoir les aider sera l’une
de mes plus belles réussites. »
D.R.
76 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

D.R.
D.R.
Capverdienne
devenue
footballeuse
française, Maria
Ferreira compose
des vlogs cartes
postales...
EN SAVOIR EN PLUS SAVOIR SUR PLUS WWW.WOMENSPORTS.FR SUR N°22 • Octobre N°23 •- Janvier Novembre - Février - Décembre - Mars 2022 2021 WOMEN SPORTS 77
D.R.

SPORTIVES ET ARTISTES
Rencontre
Anaïa Hoard
L’art est son exutoire
Anaïa Hoard baigne dans le basket depuis toujours. Son frère Jaylen, drafté en NBA, ses
parents, sa soeur... Dans la famille, tout le monde a foulé les parquets. Mais le petit plus
d’Anaïa, c’est son autre passion : le dessin. La basketteuse française ne peut pas vivre sans ces
deux piliers. PAR VANESSA MAUREL
Aujourd’hui artiste reconnue
sur les réseaux sociaux et
au-delà, Anaïa Hoard a toujours
dessiné. « Avant de
me lancer dans le basket,
je restais à la maison, je dessinais, je faisais
de la danse... J’avais déjà une attirance pour
tout ce qui était artistique ». Plus encore, ce
moment qu’elle s’appropriait et s’approprie
encore aujourd’hui devant sa feuille blanche
lui sert d’exutoire. « C’est quelque chose qui
m’aide à décompresser en dehors des parquets
comme « bilingue art et sport ».
« Le basket permet de se vider la tête, de
lâcher prise. Mais arrivée à un niveau professionnel,
les attentes sont différentes, et
j’avais besoin de cet équilibre ». Un équilibre,
dosé à la minute près. « Je me lève à 6h du
matin pour avoir le temps de dessiner avant
l’entraînement. Puis, je pars sur les parquets
3h à 3h30 par jour, ma dose de basket-ball
journalière. »
De 400 followers à 11 000 du jour
au lendemain
D.R.
Puis vient ce jour, où Anaïa, à court de stockage
sur son téléphone, décide d’utiliser les
réseaux sociaux et en particulier Instagram
en guise de portfolio. « J’envisageais juste
de poster sur mon compte mes œuvres pour
avoir des archives, ou montrer mes dessins à
des tierces-personnes plus facilement qu’en
fouillant dans ma galerie de téléphone », raconte-t-elle.
Mais lorsque Chris Paul, joueur
américain de basket-ball des Suns de Phoenix
(NBA) partage son portrait en noir et blanc
sur son compte personnel, tout s’accélère.
« Je suis passée de 400 followers à 11 000
du jour au lendemain. C’est à partir de ce moment-là
que je me suis dit que c’était sérieux
et qu’il fallait continuer ».
Un travail qui a payé, puisque aujourd’hui,
nombreuses sont les organisations (ATP,
rena
Williams, partagent les œuvres ultraréalistes
au fusain de l’artiste. « Je dessine par
pur plaisir. Je ne l’ai jamais fait dans le but
d’attirer l’attention ou quoi que ce soit. Alors
quand je vois que je peux toucher les athlètes
chaque fois, je suis énormément touchée. »
de « jouer pro quelques années », Anaïa
ne ferme pas du tout la porte à une vie
pro’ artistique en parallèle. « Ce serait
génial de pouvoir vivre de mes passions.
J’adorerais exposer mes œuvres, mais je
sais qu’il y a énormément de manières
différentes d’exploiter ce que je fais artistiquement.
Alors si je peux travailler
directement avec le sport et de grandes
institutions comme la NBA et la WNBA, ce
serait extraordinaire ».
On ne sait pas vraiment pourquoi, mais
chez Women Sports, quelque chose nous
dit que le destin devrait lui sourire. WS
78 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

D.R. D.R. © Aurélia Blanc @aureliablanc_photographe
D.R. D.R. D.R.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 79

SPORTIVES ET ARTISTES
DU FOOTBALL AMÉRICAIN À LA PEINTURE
Marie-Laurence Urvoy :
« Lorsque j’ai repeint la Joconde
en noir, ça a fait un buzz
incroyable »
Marie-Laurence pratique le football américain dans le club de Valence. Mais sa vie est aussi
composée en grande partie d’art. Une double vie sportive-artiste qu’elle mène d’une main de
maître pour faire parler ses maux à travers ses œuvres singulières… PAR VANESSA MAUREL
Un trop-plein d’énergie et le
besoin de parler sans jamais
y parvenir poussent rapidement
Marie-Laurence, 37 ans,
à consulter des spécialistes.
Ces derniers sont catégoriques : la footballeuse
américaine doit faire sortir ce qu’il y a
au fond d’elle. « La thérapeute m’a dit de me
mettre à la peinture. Ma première réaction
a été de rigoler. Je lui ai répondu : ‘J’avais
8/20 de moyenne en art plastique, alors le
dessin… Je pense que ce n’est vraiment pas
fait pour moi’ ».
Mais à force de persuasion, Marie-Laurence
se laisse guider. « Elle m’a dit que ça pouvait
un magasin d’art. Après avoir expliqué au
vendeur que je voulais ‘peindre un truc’, celui-ci
a chargé mes bras de matériel. »
Le déclic se fait instantanément. « J’ai mis
de la musique et je me suis lâchée. J’ai peint
des choses que j’avais dans la tête, tout simplement
». Car si exprimer ses sentiments
n’est pas chose aisée, extérioriser ce qu’elle
ressent via les pinceaux et les couleurs est
beaucoup plus simple pour elle. « Les artistes
sont très souvent des personnes écorchées.
On nous force aujourd’hui à être dans des
D.R.
cases, et ça empêche souvent l’être humain
d’être ce qu’il voudrait être et de s’exprimer. »
C’est d’ailleurs ça qui la pousse à dessiner
sur tout ce qu’elle trouve. Sur des toiles, des
vinyles, des portefeuilles, sur des chaussures,
Marie-Laurence ne manque pas
d’imagination. « Notre société est tellement
un signe de liberté. »
Portraits afro : la diversité sans
offenser
Si sa spécialité semble être les portraits de
femmes et d’hommes afro, Marie-Laurence
assure ne pas avoir fait exprès. « Je suis d’origine
africaine, donc c’est logiquement ce
que je connais le mieux. Mais si je fais ça,
c’est aussi pour la représentation. Sur Terre,
nous sommes 7 milliards, avec 7 milliards de
traits de visage différents. »
Mais attention, Marie-Laurence prend soin
de ne froisser aucune communauté. « Je
n’ai absolument aucun problème avec l’art
en général, au contraire, j’adore ! Je réalise
aussi des dessins de personnes blanches,
asiatiques, etc. Mais je trouve ça cool qu’une
d’origine africaine, se dise que mes tableaux
lui ressemblent. On a tous notre place dans
l’art, et j’adorerais qu’il y ait de la couleur
partout ! » WS
D.R.
80 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

D.R.
POURQUOI
INSTA, MARIE-
LAURENCE ?
« Lorsque j’ai repeint la Joconde en
noir, ça a fait un buzz incroyable sur
les réseaux sociaux, avec un nombre
de commandes de mes tableaux qui
a quadruplé en à peine un mois. Alors
j’ai commencé à peindre tous les
jours pendant 2 ans, pour un total de
400 toiles. J’en vendais tout le temps
! C’était génial car ça m’a permis de
rencontrer plein de gens et grâce à
ça, j’ai même eu l’occasion de faire
des ateliers de peinture à l’hôpital
avec les enfants !
Mais j’ai beaucoup de mal avec
le rapport à l’argent. Quand on
me demande combien ça vaut, je
suis toujours très embêtée. Alors
maintenant je privilégie le partage,
pour que les gens se retrouvent dans
mes œuvres. Parfois, j’ai de jolis
retours, on me dit « Oh, cette femme
ressemble à ma mère » ou « L’histoire
que tu racontes me fait penser à celle
de ma grand-mère ».
Mais un jour, alors que j’avais de
nombreuses commandes sur les
bras, j’ai arrêté de peindre par
manque d’inspiration. Encore une
fois, j’ai besoin de liberté, de faire
ce que je voulais. Je ne veux pas
avoir de règles dans ce que je fais.
J’ai décidé d’arrêter les commandes
personnalisées. Mon but est
seulement d’apporter une touche de
douceur sur les réseaux ! »
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 WOMEN SPORTS 81

LES BONS PLANS
Page réalisée par le service commercial de Women Sports
CLEAN HUGS,
L’ENTREPRISE FRANÇAISE AUX SOINS
NATURELS ET ÉCO-RESPONSABLES
Engagée envers les sportifs(ves) et la planète, Clean
Hugs est une marque de cosmétique française
spécialisée dans la propreté tant du consommateur
que dans la formulation et le packaging de ses
produits.
Clean Hugs propose des produits bio, naturels et
efficaces, respectant la peau et l’environnement.
Avec une fabrication française de façon artisanale,
les produits sont à base d’huiles essentielles à l’action
antifongique et antibactérienne, sans huile de palme
ni conservateurs. Avec des emballages recyclables
et biodégradables, ne contenant aucun plastique,
teintées à l’encre biologique et des étiquettes
biodégradables, Clean Hugs s’engage dans une
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82 WOMEN SPORTS N°23 • Janvier - Février - Mars 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

GLOBAL SPORTS WEEK PARIS
DU 7 AU 11 MARS 2022 /
Alors que le plus grand rendez-vous de l’année pour l’écosystème du sport s'apprête à faire son retour pour une
troisième édition, nous parlons avec Noémie Claret, la Directrice Générale de l'événement. Classée 8e au
classement Choiseul Sport & Business en 2021, Noémie nous explique pourquoi la Global Sports Week devient un
rendez-vous incontournable pour les dirigeants internationaux du sport, des affaires et de la société - et
comment l'inclusion des femmes fait partie intégrante du forum annuel.
A quoi peut-on s’attendre lors de la
prochaine édition de la Global Sports
Week en 2022?
Nous avons eu la chance de pouvoir
organiser le premier forum international en
France dédié au sport en Février 2020, juste
avant l’apparition de la Covid-19.
Néanmoins, en marge de la situation
sanitaire en 2021, nous avons dû nous
adapter. Nous avons ainsi imaginé un format
d'événement hybride: Avec à la fois des
évènements en présentiel quand on a pu les
tenir, à Paris, et dans les cinq autres futures
villes olympiques (Tokyo, Pekin, Milan, Los
Angeles, Dakar).
Mais également avec une offre de contenu
entierement accesible en ligne via une
plateforme digitale créée spécialement
pour l'événement. Celle-ci nous a ainsi
permis de connecter l'ensemble de ces lieux
et toutes les personnes qui ne pouvaient pas
se rendre sur place.
Nous sommes ainsi devenus le premier
forum hybride multi-pays pour le sport au
monde.
Pour le forum 2022, l’idée est donc de
conserver ce format hybride, en proposant
un évènement physique plus important à
Paris qui on l’espère réunira un public
international pendant deux jours à l’Accor
Arena le 8 et le 9 Mars.
Mais au-delà de ces deux jours, nous
proposerons également des contenus
digitaux (débats interactifs, des discussions
inspirantes, des pitchs et démonstrations
percutantes) à l’ensemble des participants
de la Global Sports Week sur notre
plateforme digitale.
La thématique de cette année servira à
réfléchir à comment créer de la valeur tout
en étant responsable.
Je pense que c’est une réflexion et un
challenge que les organisations sportives,
les marques et les médias se posent en
permanence. Et on espère que la Global
Sports Week pourra continuer de servir de
plateforme pour l’écosystème du sport
mondial, pour débattre, trouver, et partager
des solutions impactantes et multilatérales
pour le futur du sport.
Global Sports Week sera de retour en Mars et la première journée du forum coïncide
avec la journée internationale des femmes. Est-ce que la GSW cherchera à marquer
cette date symbolique au cours du forum annuel ?
Les sujets d’inclusion et notamment la place
des femmes dans le secteur du sport sont au
cœur des thématiques abordées pendant la
Global Sports Week. Nous cherchons donc à
continuer dans ce sens-là.
En effet, le 8 Mars reste une journée
symbolique et il est important de la marquer.
Mais notre objectif est plutôt de transformer
les modèles et accompagner ce changement
tout au long de l’année plutôt que de façon
symbolique une journée par an.
Depuis la première édition de la Global
Sports Week nous travaillons pour que
l’évènement soit le plus paritaire possible
aussi bien sur scène avec les intervenants,
que dans l’audience ou auprès de nos
Young Sports Makers - notre programme
original rassemblant des jeunes du monde
entier engagés dans le sport et mobilisés
pour porter la voix de la nouvelle
génération auprès de la communauté GSW.
Suivez #GSWParis
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