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05 La pause culturelle CULTURE La place des femmes dans le monde du vin Vigneronnes, oenologues, sommelières, négociantes ou critiques : aujourd’hui les femmes font partie intégrante du monde du vin et de la vigne. Pourtant, les portes n’ont pas toujours été ouvertes à la gent féminine. Il y a moins de 20 ans, nous pouvions encore lire à l’entrée du chai du domaine de la Romanée-Conti un encart : interdit aux dames ! En quelques années, elles ont sû conquérir leur place avec talent et panache. Retour sur cette révolution féminine. Les femmes, les grandes oubliées de l’histoire du vin Dans l’Antiquité, les femmes avaient tout simplement l’interdiction de consommer du vin sous peine de mort, heureusement cela n’a pas duré. À partir du Moyen- Âge, elles obtiennent la permission de boire un petit verre, à condition de ne pas craindre les critiques de la bourgeoisie bien sûr ! Car si c’est autorisé, cela reste tout de même très mal vu. Durant le XIX ème siècle et la première partie du XX ème , la place des femmes dans le monde viticole est dévalorisée voire niée. À cette époque, et cela vaut pour beaucoup d’autres filières professionnelles, les femmes sont cantonnées au statut d’épouses, mères ou filles et n’ont pas le droit à celui de salariées ou de propriétaires. Limitées au rang de « petites mains », elles sont exclues des travaux de vinification, jugés trop stratégiques. Pourtant, sans la présence des femmes, beaucoup de domaines viticoles se seraient effondrés après la guerre. Pendant l’absence de leur mari, c’est bel et bien le travail des femmes qui a permis de maintenir la viabilité des vignobles. Malgré cela, il n’existait toujours pas de féminin à “vigneron” et si une femme héritait d’un domaine, elle devait se marier à un vigneron pour que celui-ci prenne les commandes. Heureusement, certaines vont tout de même réussir à casser les codes et à marquer l’univers du vin à l’instar des grandes dames champenoises, telles que Jeanne Alexandrine Pommery et Barbe Nicole Clicquot qui, suite au décès prématuré de leur mari, se sont retrouvées à la tête des domaines qu’elles ont gérés avec brio ! Mis à part ces quelques exceptions, c’est seulement à partir des années 1960-1970, que les femmes commencent à créer leur propre domaine par choix et non par obligation de filiation ! « Les femmes ne changent pas le monde du vin, elles changent le monde tout court ! » Laetitia Allemand, Vigneronne au Domaine Allemand La révolution féminine est en marche Selon le Ministère de l’Agriculture, en 2020, le pourcentage de femmes à la tête d’une exploitation viticole s’élève à 30%. Si ce chiffre est encore bas, on peut tout de même souligner l’évolution de la féminisation de la filière. Petit à petit, les femmes prennent leur place dans cet univers masculin, allant jusqu’à se hisser au rang des plus grands ! C’est le cas d’Anne-Claude Leflaive, célèbre vigneronne de Puligny- Montrachet. Décédée en 2005, elle fût pionnière de la biodynamie en Bourgogne dans les années 1990. On peut également citer Caroline Frey, qui a été classée 28ème des 200 personnalités du monde du vin de la Revue des Vins de France ou encore Laetitia Allemand, première femme vigneronne des Hautes-Alpes, très impliquée dans la biodiversité et la vinodiversité, qui s’est battue aux côtés de son père pour la préservation du Mollard, un cépage oublié des Hautes-Alpes. Lorsque l’on demande à cette vigneronne au parcours atypique si les femmes changent le monde du vin, elle nous répond : « les femmes changent le monde tout court ! ». Pour cette ancienne journaliste reconvertie à l’âge de 39 ans, l’arrivée des femmes à des postes importants apporte de nouvelles dynamiques d’entreprise. « Les femmes sont plus sensibles aux Responsabilités Sociales des Entreprise (RSE), elles se soucient davantage du bien-être au travail et sont moins dans la compétition que les hommes », souligne Laetitia qui précise que, pour elle, la seule différence entre les hommes et les femmes se situent dans la gestion du management et non dans la manière de faire le vin. Un point de vue qu’elle partage avec l’association internationale Women Do Wine. Créée en 2017 en réaction aux Trophées du Vin décernés par La Revue du vin de France, qui avaient sous-représenté la gent féminine, elle ne regroupe pas moins de 400 femmes partageant la même passion pour le vin et défend l’idée que le goût n’appartient ni aux hommes, ni aux femmes, mais à chaque individualité. Pour Laetitia, ces associations de femmes sont essentielles car elles permettent de s’entraider et d’échapper au sexisme ordinaire qui règne souvent dans le monde du vin. Encore aujourd’hui, on demande rarement à une femme de choisir le vin au restaurant ou d’ouvrir une bouteille, pour beaucoup cela reste une affaire d’homme, c’est pourquoi le combat pour la reconnaissance et l’égalité est loin d’être terminé ! Un sujet qui nous touche tout particulièrement chez Cuvée Privée, puisque les trois fondatrices ne sont autres que des femmes passionnées par le vin et qui apportent chaque jour leur pierre à l’édifice ! Margaux, vigneronne partenaire de Cuvée Privée au Domaine d’Henri
Dominique Millet L’artisan de l’ombre Depuis 38 ans, Dominique Millet est tonnelier, il fabrique les fûts en bois qui servent à l’élevage des vins et d’autres alcools. Il est à la tête de la tonnellerie Millet, fondée par son père en 1952 à Puisseguin, près de Saint-Émilion, et lorsqu’on lui demande s’il serait d’accord pour nous parler de sa profession, la réponse est immédiate, c’est un grand : OUI ! Portrait de la saison 06 LEUR HISTOIRE À 57 ans, Dominique Millet fait partie de ces hommes qui racontent leur métier avec une passion débordante et un désir de transmission incontestable. Depuis sa plus tendre enfance, il grandit dans le monde magique de la tonnellerie, où il voit son père, Guy Millet, taper du marteau au milieu des flammes pour fabriquer de ses mains de majestueux tonneaux. « Dans une tonnellerie, ce qu’il y a de magnifique, ce sont les effluves. Quand les barriques chauffent, ça sent le pain grillé, puis la vanille et le caramel, c’est complexe et magique, depuis tout petit j’adore ces odeurs !», se souvient Dominique. Dès la fin de la classe de seconde, il est convaincu que sa place est à la tonnellerie auprès de son père, alors dans le but de reprendre l’entreprise familiale, il passe un bac de comptabilité et de gestion et à 19 ans, il rejoint son père pour apprendre le métier. « C’est un métier très physique ! Dans les années 1980, on donnait entre 7 à 10 000 coups de marteau par jour !», se rappelle Dominique qui au fur et à mesure des années a vu le métier évoluer. « Aujourd’hui, on a modernisé et non des moindres, c’est la chauffe. « C’est la partie la plus délicate du métier, cela demande des années d’apprentissage ! », précise Dominique. La chauffe se déroule en deux temps et a plusieurs intérêts : « La tonnellerie c’est un monde à part, un monde lié à la fois au bois et à la vigne, c’est fabuleux ! » Dominique Millet, tonnelier de la tonnellerie Millet l’outil de travail, grâce aux presses hydrauliques on ne donne plus que 400 coups de marteaux ! », se réjouit-il. L’histoire raconte que la barrique fût inventée par les Celtes et adoptée par les Romains avant la naissance de Jésus-Christ, cela se vérifie grâce aux nombreuses gravures existantes qui illustrent des tonneaux sur les embarcations. De l’Antiquité au XX ème siècle, on utilise principalement les fûts pour les transports. C’est seulement à la fin des années 1970-1980, avec l’avènement de l’oenologie, que l’on s’intéresse aux apports aromatiques de la barrique et aux bienfaits de la porosité du bois qui permet une micro-oxygénation et favorise l’évolution du vin. À partir de cette époque, la tonnellerie devient un art à part entière dont la première étape est le choix du bois ! Il est sélectionné avec soin par le mérandier, l’artisan qui prépare les planches de bois appelées douelles, qui sont assemblées pour former le fût. Dans ce domaine, la grande star, c’est le chêne français issu de nos forêts domaniales, mais Dominique propose également du chêne blanc d’Amérique, du merisier ou de l’acacias. Une fois que les douelles sont formées, le bois est maturé. On le laisse pendant 24 mois minimum à l’air libre, au vent, à la pluie et au soleil. Cela permet de transformer les tanins du bois afin qu’ils soient souples et sans agressivité. La dernière étape La chauffe de cintrage, qui consiste à chauffer les douelles de manière à ce qu’elles s’assouplissent pour pouvoir les plier et ainsi former l’arrondi de la barrique. Le bousinage, qui a pour objectif de transformer les arômes du bois. « C’est là où on travaille à la demande du client. Selon le temps et l’intensité de la chauffe, on ne va pas développer les mêmes arômes. Par exemple, sur une chauffe moyenne on recherche des arômes de vanille, alors qu’avec une chauffe plus forte on ira vers des arômes de caramel ou de café », détaille Dominique. « Dans une tonnellerie, ce qu’il y a de magnifique, ce sont les effluves. » Comme toutes les disciplines, la tonnellerie a ses tendances ! Dans les années 1980, la mode lancée par Robert Parker, le père de la critique de vin, est au vin très boisé mais, depuis 10 ans, on préfère des barriques qui gardent les arômes du fruit. « Même si c’est un métier ancestral, il ne faut pas rester figé, il faut être à l’affût des tendances et des nouveautés », déclare Dominique. Et après 38 ans de métier, il avoue avoir toujours la même passion pour cet héritage qu’il prend plaisir à transmettre aux élèves de l’école de tonnellerie de Bordeaux.
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