CP_GAZETTE_VIGNE_CHATEAU_TOURNEFEUILLE
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Des nouvelles de votre vigne<br />
04<br />
DOSSIER<br />
«Chaque année<br />
on doit adapter<br />
nos méthodes<br />
de vinification<br />
à la typicité<br />
du millésime,<br />
rien n’est jamais<br />
écrit à l’avance !»<br />
Émeric déguste les jus pour adapter les techniques d’extraction.<br />
Émeric, vigneron<br />
du Château Tournefeuille<br />
levures, le sucre se transforme en alcool. Certaines<br />
levures sont naturellement présentes dans le moût<br />
mais peuvent être ajoutées par le vigneron au début de<br />
la macération. Cette année, Émeric n’a ajouté aucune<br />
levure, il s’est uniquement servi des levures dites<br />
indigènes, présentes sur les baies et dans la cuverie. Le<br />
phénomène de fermentation alcoolique est très facile<br />
à observer, puisqu’on voit et entend le bouillonnement<br />
de la cuve dû au gaz carbonique qui se dégage du<br />
moût. Lorsque la fermentation ralentit, Émeric analyse<br />
la teneur en sucre et détermine la densité du moût, une<br />
mesure qui lui permet d’estimer le degré alcoolique.<br />
Si la densité est inférieure à 1000, cela signifie que la<br />
fermentation alcoolique est presque terminée.<br />
Étape numéro 4 : La macération et ses méthodes<br />
d’extraction<br />
Dès que la cuve est pleine, un amas de matières solides,<br />
appelé marc, remonte peu à peu en haut de la cuve<br />
et forme alors un chapeau en surface. Pour aider la<br />
macération, différentes techniques sont utilisées : le<br />
pigeage et le remontage. Le pigeage consiste à mettre<br />
en contact le marc et le jus, pour cela, Émeric grimpe<br />
en haut de la cuve et utilise une pige, un bâton muni<br />
d’une coupole à l’extrémité et enfonce manuellement<br />
le chapeau de marc. Émeric répète cette opération<br />
durant les trois premiers jours de macération. «Il faut<br />
faire très attention car au moment du pigeage, le moût<br />
est en pleine fermentation et dégage beaucoup de gaz<br />
carbonique, on risque de s’intoxiquer et de tomber !»,<br />
alerte Émeric. Après le pigeage, place au remontage !<br />
À l’aide d’une pompe, on extrait le jus par le bas de la<br />
cuve et on le remonte au-dessus, jusqu’à l’ouverture<br />
supérieure, pour arroser le marc. L’intérêt est d’asperger<br />
le chapeau de marc de façon à en extraire la couleur, les<br />
tanins et les arômes.<br />
Au Château Tournefeuille, le remontage se fait<br />
en moyenne une fois par jour jusqu’à la fin de la<br />
fermentation alcoolique, mais selon les cuvées, Émeric<br />
adapte la quantité de remontages. À chaque étape, il<br />
goûte le vin afin d’ajuster les techniques d’extraction.<br />
«La dégustation est vraiment notre curseur, c’est elle<br />
qui détermine la suite de la journée. Par exemple, si<br />
le moût manque de tanins, on décidera de faire plus<br />
de remontages. Il faut sans cesse s’adapter !», précise<br />
Émeric.<br />
Étape numéro 5 : le soutirage et le pressurage<br />
Le soutirage s’effectue en deux temps, d’abord on<br />
extrait le jus de goutte, c’est-à-dire le vin qui s’écoule<br />
par le robinet en bas de la cuve, puis le jus de presse.<br />
Pour cela, Émeric entre dans la cuve et à l’aide d’une<br />
fourche, y retire tout le marc pour le déposer dans le<br />
pressoir afin d’en extraire le jus présent et obtenir le<br />
vin de presse. Contrairement au vin de goutte, le vin de<br />
presse est épais, c’est un jus très concentré en arômes<br />
et tanins. Une fois que les deux sont réunis, on les<br />
laisse reposer pendant une semaine durant laquelle les<br />
résidus de levures mortes, appelées les lies, tombent au<br />
fond de la cuve. Émeric procède à un dernier soutirage<br />
pour enlever ces dernières lies grossières avant de<br />
passer à l’étape d’élevage de ses vins en barrique, en<br />
cuve ou en amphore. «C’est toujours la dégustation qui<br />
nous guide : pour les vins les plus tanniques on choisira<br />
un élevage en barrique de manière à ce que les tanins<br />
puissent s’affiner», illustre Émeric.<br />
L’heure du bilan<br />
Tous les amateurs de vin l’attendent avec impatience,<br />
le fameux bilan des vendanges peut enfin être dévoilé<br />
au grand jour ! Soyons honnêtes, l’année 2021 fût très<br />
compliquée. Entre le gel, l’humidité, le manque de soleil,<br />
la prolifération des champignons tels que le mildiou ou<br />
le botrytis, le Château Tournefeuille a subi des pertes<br />
extrêmement importantes. Malheureusement, votre<br />
parcelle de Lalande-de-Pomerol n’a pas échappé<br />
aux dégâts et la récolte a été très faible. En revanche,<br />
Émeric peut se réjouir d’avoir pris les bonnes décisions<br />
au bon moment. Pour éviter que la pourriture grise<br />
appelée botrytis n’abîme les raisins, votre vigneron à<br />
décidé de vendanger tôt. Résultat : il a vendangé des<br />
merlots légèrement en sous maturité mais très fruités<br />
et des cabernets avec une maturité parfaite. Pour<br />
contrebalancer le manque de maturité, Émeric a adapté<br />
la vinification en limitant le nombre de remontage et<br />
a évité d’extraire des tanins non mûrs. Bien que les<br />
volumes soient moins importants, le millésime 2021<br />
aura un profil élégant et fruité. Ce sera un vin que l’on<br />
pourra apprécier dans sa jeunesse avec une structure<br />
équilibrée.<br />
À ce stade, les vins ont terminé toutes les grandes<br />
étapes de transformation. En hiver, Émeric continuera<br />
de les sublimer grâce à un élevage minutieux et<br />
retrouvera également le chemin des vignes pour la<br />
taille : vous retrouverez cela dans votre prochaine<br />
rétrospective !