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L A FEMME ES T L’AV ENIR DU SP O RT<br />

N°24 Avril - Mai - Juin 2022 4,90 €<br />

DOSSIER<br />

CES CHAMPIONNES<br />

QUI SURMONTENT LE<br />

BURN<br />

OUT<br />

L 12919 - - F: 4,90 € - RD<br />

www.womensports.fr<br />

TÉMOIGNAGE EXCLUSIF<br />

Maxine<br />

Eouzan<br />

Elle a craqué avant les<br />

JO, elle s’est relancée<br />

avec Koh-Lanta<br />

RETRAITE YOGA<br />

ET MÉDITATION...<br />

LE PARADIS<br />

POUR SOI<br />

SPORT BUSINESS<br />

WTA, LA FIN<br />

D’UN MODÈLE ?<br />

MARION<br />

ROUSSE<br />

« Le Tour de France femmes sera<br />

la plus belle course féminine au monde »<br />

© Thomas Symonds


DOSSIER<br />

La victoire ne fait<br />

pas le bonheur.<br />

Naomi Osaka<br />

en sait quelque<br />

chose...<br />

© Abaca / Icon Sport<br />

58 WOMEN SPORTS N°24 • Avril - Mai - Juin 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


L’ENQUÊTE<br />

Maxine Eouzan, Naomi Osaka, Simone Biles, Ayodele Ikuesan…<br />

Quand le sport de haut<br />

niveau mène au<br />

Le burn <strong>out</strong> est le mal du siècle. Il touche les actifs… et parfois les très actifs : les sportifs !<br />

Nombreuses sont les athlètes de tous horizons à être sorties du silence sur la pression qu’elles ont<br />

subi lors de grandes compétitions. La gymnaste Simone Biles, la tenniswoman Naomi Osaka,<br />

et plus récemment la snowboardeuse Chloe Kim, titrée à Pékin. Pour aller plus loin, nous avons<br />

interviewé la sprinteuse Ayodele Ikuesan et Maxine Eouzan, qui était en r<strong>out</strong>e pour les Jeux<br />

Olympiques avant de craquer mentalement… et de rebondir par un beau parcours dans l’émission<br />

Koh-Lanta. T<strong>out</strong>es lèvent le voile sur les difficultés mentales que le sport de haut-niveau peut<br />

revêtir. Témoignages et expertises. PAR VANESSA MAUREL<br />

La parole autour du<br />

burn <strong>out</strong> sportif se libère<br />

doucement<br />

Naomi Osaka a ouvert le bal des confessions<br />

en mai 2021. La joueuse de tennis<br />

japonaise avait d’abord décidé de boycotter<br />

les médias lors du tournoi pari-<br />

<br />

renoncé à la compétition pour, dit-elle,<br />

« préserver sa santé mentale », rouvrant<br />

le débat sur le psychique mis à mal des<br />

sportifs. Cette sortie remarquée, suivie<br />

d’un moment passé loin des courts et de<br />

<br />

par le monde du sport de haut niveau,<br />

dans lequel le burn <strong>out</strong> est encore tabou.<br />

Après elle, Simone Biles avait elle aussi<br />

montré des signes de mal-être psychologique,<br />

aux Jeux Olympiques de Tokyo<br />

2020, qui ont eu lieu à l’été 2021. La<br />

gymnaste américaine avait en effet décidé<br />

de renoncer au concours général,<br />

aux JO. « Dès que je monte sur le tapis,<br />

c’est juste ma tête et moi… Je dois traiter<br />

avec des démons dans ma tête (…)<br />

Je dois faire ce qui est bon pour moi et<br />

me concentrer sur ma santé mentale et<br />

ne pas compromettre ma santé et mon<br />

bien-être quement.<br />

Si Caroline Fanciullo, psychologue<br />

du sport, ne considère pas qu’elles<br />

soient arrivées jusqu’au burn <strong>out</strong>, elle<br />

estime qu’« elles ont eu la sagesse d’arrêter<br />

au bon moment. Leur mental était<br />

épuisé. Elles ont eu la bonne réaction en<br />

se disant que si elles voulaient concourir<br />

dans le futur, il ne fallait pas se cramer.<br />

<br />

<br />

d’en sortir. »<br />

Tous les sportifs peuvent-ils être touchés<br />

? Certainement, bien que les<br />

sports individuels soient en ligne de<br />

mire. C’est du moins ce que met en<br />

lumière Paul Pinto, préparateur mental.<br />

« Dans un sport collectif, on peut se<br />

-<br />

<br />

peut plus facilement voir quand l’un de<br />

nous va mal, alors on se réconforte, on se<br />

tire vers le haut. Seul, la pression est plus<br />

<br />

<br />

à l’erreur ». Cette sensation de devoir<br />

réussir coût que coût semble être le point<br />

de références des sportifs menés au burn<br />

<strong>out</strong>. La preuve avec ce qui suit.<br />

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°24 • Avril - Mai - Juin 2022 WOMEN SPORTS 59


DOSSIER<br />

TÉMOIGNAGE<br />

« Au bord du plongeoir, je<br />

commençais à avoir des pensées<br />

bizarres… »<br />

Maxine Eouzan<br />

« J’ai craqué. Je pleurais<br />

t<strong>out</strong> le temps. Ce n’était plus<br />

possible », nous explique<br />

Maxine Eouzan, gagnante de<br />

Koh-Lanta 2021. Ancienne<br />

gymnaste acrobatique, la<br />

jeune femme s’était investie<br />

dans la discipline olympique<br />

du plongeon, mais elle a<br />

abandonné juste avant les<br />

Jeux Olympiques de Rio de<br />

2016, n’arrivant plus à gérer<br />

ses peurs. En 2015, un an avant<br />

les JO, Maxine ne trouve plus<br />

aucun plaisir dans la pratique<br />

de son sport. Comment en<br />

est-elle arrivée là ? Pour le<br />

comprendre, remontons le fil<br />

de son histoire.<br />

Dès l’âge de 3 ans, Maxine foule les tapis.<br />

D’abord en gymnastique artistique, puis en<br />

gymnastique acrobatique. À 9 ans à peine, la<br />

<br />

de sa vie.<br />

D.R.<br />

« J’ai toujours baigné dans le sport. Mon<br />

père était double champion du monde<br />

de tumbling, ça annonce la couleur. Puis<br />

mon frère s’est inscrit au trampoline et<br />

moi qui passais mon temps dans les salles<br />

(…). J’étais vol-<br />

<br />

fait des acrobaties dans les airs. J’avais<br />

<br />

amoureuse de cette discipline ».<br />

Malheureusement, alors qu’elle vient<br />

d’intégrer l’INSEP, et après de belles performances,<br />

Maxine voit ses deux coéquipières<br />

arrêter la compétition et n’a jamais<br />

retrouvé de partenaire à son niveau…<br />

Le choix d’une nouvelle<br />

discipline comme par dépit<br />

Deux mois après la rentrée, la voilà plongée<br />

au cœur d’un dilemme : quitter l’Institut<br />

ou choisir un autre sport. Comme<br />

vous l’imaginez, la sportive a tenté le t<strong>out</strong><br />

pour le t<strong>out</strong> pour continuer son cursus.<br />

« Il y avait quelques disciplines qui s’offraient<br />

à moi en tant que gymnaste. J’ai<br />

pensé à faire du patinage artistique,<br />

mais je ne savais pas patiner. J’ai aussi<br />

songé à la natation synchronisée, mais<br />

<br />

Alors il restait le plongeon. Je n’aimais<br />

pas spécialement la piscine, mais j’y ai<br />

été poussée par mon frère. C’était une<br />

transition facile, car je connaissais mon<br />

<br />

avait qu’à maitriser l’entrée à l’eau. Ça<br />

m’a plu. Je trouvais ça marrant. Je progressais<br />

vite, ce qui était encourageant.<br />

Pour autant, je n’ai jamais ressenti ce<br />

petit ’’truc en plus’’ que j’avais pour la<br />

gymnastique ».<br />

De rapides progrès<br />

Être au bord, c’est<br />

comme ça que<br />

Maxine Eouzan<br />

s’est sentie...<br />

Les années passent, Maxine, en niveau<br />

junior, monte en niveau, en hauteur.<br />

« J’ai débuté avec les plongeons à 1 m, puis<br />

3 m. J’étais destinée à faire du haut vol (soit<br />

7/10 m). J’avais de bons résultats dans<br />

ma catégorie. Mais quand j’ai commencé<br />

à évoluer en senior après mes 18 ans, j’ai<br />

<br />

ne cessaient d’augmenter, comme la hau-<br />

<br />

à gérer. J’ai commencé à faire plus de gamelles,<br />

à me faire plus peur. Je me souviens<br />

être au bord du plongeoir, je commençais<br />

à avoir des pensées bizarres. Je me disais<br />

‘‘C’est sûr que je vais me rater, je vais me<br />

manger une pelle’’. Ça devenait hyper dan-<br />

<br />

me faire mal. Alors que la gym acrobatique<br />

<br />

j’étais projetée en l’air. Mais je ne me suis<br />

jamais inquiétée. Je n’avais jamais ressenti<br />

D.R.<br />

60 WOMEN SPORTS N°24 • Avril - Mai - Juin 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


© Paris 2024<br />

LE BURN OUT,<br />

C’EST QUOI<br />

FINALEMENT ?<br />

Nous pouvons tous, à un moment<br />

ou à un autre de notre vie y être<br />

confronté. Dans le milieu du<br />

sport haut niveau peut-être plus<br />

qu’ailleurs. « Le burn <strong>out</strong> survient<br />

lorsque le sportif ne ressent plus la<br />

même motivation et le même plaisir<br />

à pratiquer, nous explique Caroline<br />

Fanciullo, psychologue clinicienne<br />

et du sport, psychothérapeute à<br />

Aix. Il peut être la conséquence de<br />

surentraînement, quand le sportif est<br />

prêt à t<strong>out</strong> pour exceller, mais qui,<br />

dans cette quête à la performance,<br />

oublie leur équilibre. Il laisse souvent<br />

de côté récupération, physique et<br />

psychologique. L’autre cause peut<br />

être de ne plus trouver de sens à sa<br />

pratique, notamment à cause de la<br />

pression de l’entourage. »<br />

« LE SPORT DE HAUT NIVEAU EST<br />

DIFFICILE. LES MOMENTS HEUREUX SE<br />

FAISAIENT TROP RARES. »<br />

teuses.<br />

En fait, c’était un sport d’équipe, et<br />

ça, ça changeait t<strong>out</strong> ».<br />

À ce moment précis, Maxine ne maîtrise<br />

plus rien. En cette année 2015, sa dernière<br />

en sport de haut-niveau, Maxine enchaîne<br />

les faux pas.<br />

« C’était un calvaire. Je faisais des perditions<br />

(je m’étais perdue en l’air, ce qui m’a<br />

vraiment effrayée). Je me suis même pris<br />

le tremplin dans la tête. Je n’ai jamais eu<br />

autant peur qu’en compétition de plongeon.<br />

Mais je m’accrochais au fait que les<br />

<br />

avions les Championnats d’Europe, après<br />

<br />

»<br />

Le « dégoût » du plongeon<br />

Au-delà d’avoir peur, au-delà se perdre t<strong>out</strong>e<br />

motivation à se rendre à l’entraînement,<br />

Maxine Eouzan ne se reconnaissait plus.<br />

« J’en suis arrivée à un tel dég<strong>out</strong> pour ce<br />

sport, que je ne voulais même plus faire de<br />

musculation parce que ça me faisait prendre<br />

des cuisses. C’est bête, mais j’avais l’impression<br />

qu’il me faisait changer du t<strong>out</strong> au<br />

t<strong>out</strong>, même en tant que femme. Je demandais<br />

à mon coach de faire seulement du<br />

piques<br />

avaient beau être programmés dans<br />

quelques mois, il n’y avait plus rien à faire. Je<br />

voulais juste t<strong>out</strong> arrêter. Évidemment, j’étais<br />

de ces sportifs qui voulaient y aller. Même si<br />

je n’ai pas grandi avec cet objectif, car ma<br />

première discipline n’est pas une discipline<br />

olympique, le plongeon représentait l’opportunité<br />

d’y participer ».<br />

Mettre fin à sa carrière sportive<br />

Quitte à décevoir ses proches, elle ne voyait<br />

<br />

sportive de haut niveau. « Quand j’ai arrêté,<br />

la seule personne qui n’a pas compris t<strong>out</strong><br />

de suite, c’est mon papa. Le tumbling (sport<br />

dans lequel il a excellé NDLR) n’était pas<br />

une discipline olympique, mais il aurait tel-<br />

noncé<br />

ma décision, il m’a dit ‘‘Non Maxine<br />

tu peux pas arrêter alors que tu es à 7 mois<br />

des Jeux, que tu n’as pas encore t<strong>out</strong> tenté<br />

bilités<br />

que tu y ailles’’. Mais lorsqu’il a vu que<br />

je pleurais t<strong>out</strong> le temps, même en venant<br />

<br />

Et je n’ai jamais regretté. Pas une seconde.<br />

<br />

comprendre que l’on passe beaucoup de<br />

moments compliqués et les moments heu-<br />

<br />

de ma carrière. »<br />

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°24 • Avril - Mai - Juin 2022 WOMEN SPORTS 61


DOSSIER<br />

TÉMOIGNAGE<br />

« À courir derrière mon objectif<br />

des JO, je me suis oubliée »<br />

Ayodele Ikuesan<br />

« Quand le rêve olympique<br />

mène au burn <strong>out</strong>… ». Tels<br />

sont les premiers mots du<br />

post LinkedIn affiché par la<br />

sprinteuse Ayodele Ikuesan,<br />

36 ans. Elle revient pour nous<br />

sur un passage de sa vie plus<br />

que troublant.<br />

RACONTEZ-NOUS VOTRE ENTRÉE<br />

DANS LE SPORT DE HAUT NIVEAU.<br />

J’ai commencé l’athlétisme à 12 ans,<br />

en loisir, pour décompresser. C’est devenu<br />

plus sérieux en minime. Je commençais<br />

à remporter les Championnats<br />

de France, à être capitaine de l’équipe<br />

de Paris… Les objectifs sont arrivés. Je<br />

voulais grappiller les échelons, jusqu’aux<br />

compétitions internationales. Mais, à<br />

force de conjuguer études, travail, et<br />

sport, j’ai craqué. En 2017, alors que<br />

je concourais pour les Championnats<br />

du monde, je me levais tous les jours à<br />

6h du matin pour faire ma musculation,<br />

travaillais t<strong>out</strong>e la journée, rentrais à<br />

18h30, et retournais à l’entraînement.<br />

<br />

© Amandine Noel / Icon Sport<br />

À force de ne<br />

penser qu’à la<br />

ligne d’arrivée,<br />

Ayodele Ikuesan a<br />

fini par céder.<br />

«J’AI RESSENTI LE BESOIN D’AVOIR PLUS<br />

DE TEMPS. JE NE ME SENTAIS PLUS À MA<br />

PLACE DANS MON TRAVAIL. »<br />

QUELLE A ÉTÉ LA GOUTTE QUI A<br />

FAIT DÉBORDER LE VASE ?<br />

En 2018, les membres de l’équipe<br />

passent professionnels… sauf moi, sous<br />

prétexte que je travaille à côté. J’ai trou-<br />

si<br />

à rassembler t<strong>out</strong>es mes forces pour<br />

y parvenir aussi, je tombe malade. Une<br />

<br />

par être arrêtée deux mois avec 9 de ten-<br />

<br />

COMMENT CELA S’EST-IL<br />

TRADUIT ?<br />

J’ai ressenti le besoin d’avoir plus de<br />

temps. Je ne me sentais plus à ma place<br />

dans mon travail. Je n’arrivais pas à reprendre<br />

un rythme aussi dur. Physiquement,<br />

mentalement, je ne pouvais plus.<br />

En tant qu’employée nous avons des<br />

exigences de la part de notre supérieur.<br />

Quand on est athlète, on a des exigences<br />

de la part de notre entraîneur. L’arrivée<br />

des Jeux Olympiques représentent l’objectif<br />

de notre carrière. Mais la pression<br />

est d’autant plus grande parce que, pour<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

Je me disais que si j’arrivais à faire les<br />

Jeux en individuel, et mieux encore à<br />

remporter la médaille, ça débloquerait<br />

peut-être la situation. À courir derrière<br />

cet objectif, je me suis oubliée.<br />

62 WOMEN SPORTS N°24 • Avril - Mai - Juin 2022 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


D.R.<br />

[ BILLET ]<br />

Pourquoi les Jeux Olympiques<br />

sont-ils plus susceptibles<br />

de mener au burn <strong>out</strong><br />

qu’une autre compétition ?<br />

Par Caroline Fanciullo,<br />

Psychologue clinicienne et<br />

préparatrice mentale<br />

Les JO, c’est une compétition rare, qui n’a lieu<br />

que tous les quatre ans, contrairement aux<br />

Championnats du monde qui reviennent de<br />

manière plus régulière. Mais surt<strong>out</strong>, c’est un<br />

événement inscrit dans l’Histoire et la mythologie<br />

de la Grèce antique. Les Jeux de l’Olympe<br />

mettaient en scène des guerriers qui mouraient<br />

sur le stade. Mais avec les Jeux modernes, on<br />

souhaite aussi aller sur le toit de l’Olympe.<br />

Tendre à la recherche de la perfection dans la<br />

performance peut correspondre en psychologie<br />

à ce qu’on appelle « l’idéal du moi ». On a<br />

une pression extrême, avec l’objectif ultime de<br />

<br />

t<strong>out</strong> un public qui pousse à la réalisation de cet<br />

idéal au moment des Jeux Olympiques. Quand<br />

on est enfant, on voit les champions comme<br />

<br />

<br />

métier. Le sport de haut niveau est voué à une<br />

élite, et c’est aussi ça qui le rend si précieux.<br />

Il y a cette dimension de chance unique. Les<br />

sportifs ne sont pas sûrs de pouvoir disputer<br />

les JO plusieurs fois. Et c’est là que t<strong>out</strong> se<br />

joue. Il faut faire la différence entre un rêve,<br />

qui est de l’ordre de la fantaisie, et un objectif,<br />

qui correspond au domaine du réel. Pour éviter<br />

t<strong>out</strong> burn, le sportif doit, dans son quotidien,<br />

trouver des sources de plaisirs et d’équilibres<br />

au-delà de la sacralisation. Il doit avoir des repères,<br />

pour éviter d’aller dans l’excès, même<br />

Remerciements à :<br />

si la recherche de la performance tend au dépassement<br />

des limites. Il faut justement savoir<br />

<br />

correspond à une atteinte) et le déplacement<br />

de la limite (qui correspond à une progression).<br />

L’entourage à un grand rôle a joué dans cette<br />

compétition, notamment dans l’acceptation du<br />

résultat quel qu’il soit, pour ne pas engendrer<br />

une pression de réalisation narcissique et aider<br />

le sportif à se fonder lorsqu’il en a besoin. Si<br />

on prend les Jeux d’hiver, la piste de ski restera<br />

part<strong>out</strong> la même. En clair, il faut les aider à garder<br />

les pieds sur terre et leur rappeler que si on<br />

enlève le public, les banderoles, et t<strong>out</strong> ce qui<br />

s’en suit, la performance à réaliser restera la<br />

même que sur une autre compétition. Les compétences<br />

qu’ils avaient il y a deux semaines en<br />

Coupe du monde seront les mêmes aux Jeux.<br />

Généralement, ils le savent, mais la pression<br />

de la compétition peut leur faire oublier qu’ils<br />

ont t<strong>out</strong>es les capacités pour performer.<br />

Et à ce moment-là, si la pression externe et<br />

interne du sportif est trop importante et qu’il<br />

en perd le plaisir d’en pratiquer le sport, alors,<br />

étant donné le volume d’entraînement qu’il a<br />

du avoir pour en arriver, là il peut y avoir des<br />

facteurs favorisant un burn <strong>out</strong>. Sur le plan psychologique<br />

le burn <strong>out</strong> peut se manifester par<br />

un épuisement émotionnel, une perte de moti-<br />

<br />

de concentration. Le staff médical peut jouer<br />

un rôle préventif en complémentarité du suivi<br />

psychologique en étant notamment attentif aux<br />

facteurs physiologiques, hormonaux, etc.<br />

Maxine Eouzan, ex-sportive de haut niveau, gagnante de Koh-Lanta<br />

Ayodele Ikuesan, spécialiste du sprint<br />

Paul Pinto, préparateur mental business & sport, créateur de Rebootmylife<br />

Caroline Fanciullo, psychologue clinicienne et du sport, psychothérapeute, présidente<br />

de l’association ProPsy (www.assopropsy.org)<br />

Agence Crew Up<br />

ZOOM SUR LES<br />

RÉSEAUX SOCIAUX :<br />

SOURCE DE STRESS<br />

SUPPLÉMENTAIRE ?<br />

Paul Pinto, préparateur<br />

mental business & sport,<br />

créateur de Rebootmylife<br />

« Je recommande aux sportifs<br />

de ne pas être en contact avec<br />

les réseaux sociaux pendant les<br />

périodes charnières. Il faut ignorer<br />

les commentaires des ‘‘haters’’,<br />

voire même des fans, et rester<br />

concentré, dans sa bulle. Les<br />

réseaux sociaux peuvent avoir un<br />

effet dommageable sur le mental<br />

des sportifs de haut niveau, qui<br />

sont souvent très jeunes (20 ans<br />

en moyenne). Certes, ils ont un<br />

mental très fort par rapport à la<br />

moyenne, mais ils n’en restent pas<br />

moins des jeunes adultes. Comme<br />

t<strong>out</strong> le monde, les messages<br />

négatifs et de haine les atteignent<br />

et leur font du mal. »<br />

D.R.<br />

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°24 • Avril - Mai - Juin 2022 WOMEN SPORTS 63

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