Otaku Manga - n°4 - Extrait - Le magazine manga pour les ados

Shamisen
Plongée dans la culture japonaise
Interro surprise ! Quel pays accueille le plus
de Japonais en dehors du Japon ? Le Brésil !
C’est là qu’a été créé Shamisen,
magnifique bande dessinée qui nous plonge
avec poésie au plein cœur de la culture nippone.
Un hommage au Japon…
Dessinateur de 32 ans « passionné
depuis toujours par la culture
japonaise », Guilherme Petreca a
découvert en 2018 le shamisen, et
commencé à jouer de cet instrument
à trois cordes qui s’est développé
au Japon il y a quatre siècles.
Sur les conseils de son professeur
de shamisen, il se lance dans la
conception d’une bande dessinée,
en compagnie de son ami Tiago Minamisawa,
avec qui il avait travaillé
sur un court métrage animé.
Durant quatre à cinq mois, les
deux complices multiplient les recherches
et la documentation pour
concevoir leur scénario. En s’inspirant
de la vie de Haru Kobayashi,
dernière représentante des goze,
chanteuses itinérantes aveugles,
ils imaginent le parcours de leur héroïne.
Ponctuée de rencontres avec
des divinités et des yokai, créatures
folkloriques, et avec des grands artistes
tels que le peintre Hokusai,
la vie de Haru nous immerge dans
la culture nippone. Une immersion
renforcée par le style graphique de
Guilherme.
« Chaque page doit rappeler une
estampe japonaise. Pour cela, il
faut un dessin qui soit simple, mais
atteindre cette simplicité est très
compliqué, car on ne peut pas rajouter
des traits supplémentaires
pour masquer ses erreurs ! ». Shamisen
évoque ainsi les travaux
de Hiroshige, autre grand nom de
l’estampe, mais avec une touche
de modernité grâce à sa palette
de couleurs. La BD oscille en effet
entre des planches aux teintes
uniformes, et d’autres resplendissantes
et chatoyantes selon l’état
d’esprit de son héroïne.
… comme si tu y étais !
Shamisen invoque les arts traditionnels
nippons (conte, poésie, musique,
chant, peinture…) pour mieux
proposer au lecteur un voyage à
portée philosophique, et à s’interroger
sur sa propre existence. « J’ai
réalisé ce livre pendant la période
du covid, et le choix de certains
yokai en découle. Le shinigami renvoie
à notre perception de la mort,
qui peut être traumatisante ou sereine.
De même, le kappa est une
créature à la fois sympathique et
mesquine. J’espérais qu’en sortant
de la pandémie, les gens seraient
plus gentils. Le kappa, qui était devenu
méchant à cause des humains
et qui devient meilleur suite à sa
rencontre avec Haru, symbolise ce
souhait ».
Pour mieux savourer ce voyage, le
livre offre une quarantaine de pages
bonus, avec un glossaire, des explications
sur la musique japonaise
traditionnelle et les estampes, des
croquis et recherches des auteurs,
ou encore la traduction des chansons.
Via un QR Code, il est d’ailleurs
possible de les écouter en lisant la
BD, ce qui renforce encore plus l’immersion
! Par cet aspect multimédia,
Shamisen rappelle un peu plus le
Japon, entre tradition et modernité !
Pourquoi le lire ?
• La démarche graphique,
mi-estampe mi-BD
• Un conte poétique, onirique
et philosophique
• Les suppléments pédagogiques
et multimédia
Matthieu Pinon
N o 4 I OTAKU MANGA 7