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<br />
Giacomo, notaire de Belgodere<br />
Ceppo n° 1<br />
1583-1585<br />
Projet cofinancé par la Collectivité de Corse.
Bibliothèque<br />
d’histoire de la Corse<br />
Collection fondée par Antoine Laurent Serpentini<br />
L’Église de Corse en révolutions<br />
(xvii e -xviii e siècles)<br />
A. Rovere, 2021<br />
Témoignages sur la seconde conquête<br />
française de la Corse (1739-1740)<br />
T. Giappiconi, 2021<br />
L’Accademia dei Vagabondi.<br />
Une académie des Belles Lettres en Corse<br />
A. Franzini, 2019<br />
De l’épopée vénitienne aux révolutions corses.<br />
Engagements militaires et combats politiques<br />
insulaires (xv e -xviii e siècle)<br />
T. Giappiconi, 2018<br />
Déjà parus<br />
Être instituteur en Corse<br />
sous le Second Empire<br />
Collectif, E. F.-X. Gherardi (dir.), 2012<br />
La distribution des prix.<br />
Tome I : Le temps de l’éloquence au lycée de<br />
Bastia (1846-1903)<br />
E. F.-X. Gherardi, 2011<br />
Théodore de Neuhoff, roi de Corse.<br />
Un aventurier européen du xviii e siècle<br />
A. L. Serpentini, 2011<br />
Les Lucciardi.<br />
Une famille corse de poètes et d’instituteurs<br />
E. F.-X. Gherardi, 2010<br />
Édition établie par<br />
Louis Belgodere de Bagnaja<br />
Giacomo, notaire de Belgodere<br />
Ceppo n° 1<br />
1583-1585<br />
Inventaire analytique des actes<br />
Transcription intégrale d’actes choisis<br />
Vocabulaire des pratiques juridiques et sociales en Corse<br />
à la fin du xvi e siècle<br />
Modernisation de la Corse au xix e siècle.<br />
Économie, politique et identité<br />
M. Cini, P. A. Scolca (trad.), 2016<br />
En semant ses bienfaits dans le cœur des<br />
enfants. Regards sur l’éducation en Corse.<br />
Fin xviii e -xix e siècle<br />
E. F.-X. Gherardi, 2016<br />
Ære perennius.<br />
Hommages à Antoine Laurent Serpentini<br />
Collectif, C. Luzi, E. F.-X. Gherardi<br />
et D. Rey (dir.), 2015<br />
Balagne rurale.<br />
Économie et société de l’époque moderne<br />
à la fin du xix e siècle<br />
L. Castellani, 2014<br />
Le grand dérangement.<br />
Configurations géopolitiques et culturelles en<br />
Corse – 1729-1871 – Anthologie<br />
D. Rey et E. F.-X. Gherardi, 2013<br />
L’Imprimerie en Corse des origines à 1914.<br />
Aspects idéologiques, économiques<br />
et culturels<br />
V. Alberti, 2009<br />
Esprit corse et romantisme.<br />
Notes et jalons pour une histoire culturelle<br />
E. F.-X. Gherardi, 2004<br />
Histoire de l’École en Corse<br />
Collectif, J. Fusina (dir.), 2003<br />
L’âme des pierres.<br />
Sculpture et architecture, deux composantes<br />
de l’art préhistorique de la Corse<br />
F. de Lanfranchi, 2002<br />
La coltivatione.<br />
Gênes et la mise en valeur agricole<br />
de la Corse au xvi e siècle<br />
A. L. Serpentini, 1999<br />
Préface de<br />
Jean-Yves Coppolani<br />
Bibliothèque<br />
d’histoire de la Corse
5<br />
PRÉFACE<br />
Les archives notariales sont une source privilégiée des historiens de l’économie<br />
et de la société, voire même des spécialistes de l’histoire du vêtement<br />
ou de l’ameublement. Paradoxalement, alors qu’il s’agit de la production d’une<br />
profession juridique, les ceppi des notaires de Corse ont été relativement peu<br />
exploités par des historiens du droit. À leur décharge, on peut avancer la faiblesse<br />
numérique de la profession. Heureusement, au cours des dernières décennies<br />
du siècle dernier et des premières de celui-ci, quelques magistrats érudits sont<br />
venus à leur secours. Louis Belgodere de Bagnaja est de ceux-là.<br />
Il nous présente un inventaire analytique d’un ceppo du notaire Giacomo<br />
de son village de Belgodere, couvrant les années 1583-1585. Cette édition fait<br />
écho, à plus d’un demi-siècle de distance, au vœu de Roger Aubenas que soient<br />
mieux exploités par les chercheurs les nombreux ceppi des notaires corses. Cet<br />
éminent universitaire qui enseigna dans les universités de Montpellier, Aix et<br />
Nice, fut, avant la deuxième guerre mondiale, un précurseur de l’utilisation des<br />
archives notariales comme sources de l’histoire du droit et de l’anthropologie<br />
juridique. Pour cet ardent promoteur de l’étude des institutions méridionales que<br />
j’ai eu l’honneur d’avoir pour patron de thèse, la Corse avait une place particulière.<br />
Ses caractéristiques d’île-montagne, ses siècles d’italianité, ces décennies<br />
de révoltes, en font à la fois, paradoxalement, un conservatoire d’archaïsmes<br />
et un pôle de modernité. Et les avancées ne sont pas limitées aux seuls textes<br />
constitutionnels du xviii e siècle…<br />
En effet, les Statuti criminali de 1571 sont parmi les premiers textes à<br />
établir la légalité des peines tandis que dans les Statuti civili, les apports de la<br />
seconde renaissance du droit romain se mêlent à des institutions médiévales. Et<br />
les notaires italiens du xvi e siècle dont font partie ceux de Corse illustrent diverses<br />
branches du droit et pas seulement le droit privé. En dehors des actes habituels<br />
relevant du droit de la famille, des obligations et des biens, ils enregistrent les
6 giacomo, notaire de belgodere<br />
7<br />
décisions des autorités piévanes ou communautaires, ils tiennent le plumitif de<br />
juridictions répressives. Cette diversité de leur activité sera reflétée au siècle<br />
suivant par le formulaire de Vignolo, La pratica del notaro, dont s’est inspiré<br />
Pietro Morati pour sa Prattica Manuale.<br />
La formule privilégiée par Louis Belgodere de Bagnaja d’un inventaire<br />
analytique et la transcription intégrale de textes choisis, permet de bien appréhender<br />
cet éclectisme du notaire de Belgodere, et aussi son vocabulaire, ses<br />
abréviations, sa technique et son style. Les actes, transcrits in extenso ou simplement<br />
cités, sont tous assortis d’un commentaire et ce n’est pas là le moindre<br />
apport de cette présentation reflétant une excellente connaissance des institutions<br />
de la Corse et une culture juridique nourrie d’une approche à la fois théorique<br />
et pratique dont seuls bénéficient les hauts magistrats émérites comme l’auteur<br />
de cet ouvrage.<br />
Ce livre est certainement d’un grand intérêt pour la connaissance de<br />
l’histoire du droit de la Corse, au premier siècle de l’époque moderne. Ce ne sera<br />
pas son seul mérite. Ayant enseigné pendant plus de trente ans l’histoire du droit<br />
de la Corse, je peux attester qu’il sera aussi un instrument pédagogique précieux<br />
pour cet enseignement dispensé en troisième année de licence en droit à l’Università<br />
di Corsica Pasquale Paoli.<br />
Jean-Yves Coppolani<br />
Professeur émérite d’histoire du droit<br />
Doyen honoraire<br />
PRÉSENTATION<br />
En Corse, à l’époque moderne, et probablement dès la fin du Moyen-Âge,<br />
chaque notaire écrivait les minutes de ses actes sur un registre, ceppo ou libro,<br />
préalablement coté et paraphé par le chancelier du tribunal, qui le lui remettait<br />
solennellement et par la suite y apposait périodiquement son visa. Il y avait dans<br />
la plupart des villages au moins un notaire, parfois deux ou trois, plus encore<br />
dans certains bourgs et dans les présides. Ils instrumentaient dans le voisinage,<br />
sans restriction réglementaire. Ainsi, le notaire Giacomo de Belgodere, a reçu<br />
le dimanche 12 août 1584 cinq actes : les trois premiers à Belgodere, la matina<br />
all’hora de messa (vers 8 heures), la mane all’uscir da messa (vers 8 h 30), hora<br />
terza (vers 9 heures), le suivant à Crùschini, hora mezo die in circa (vers midi),<br />
et le dernier à Palasca, hora passato mezo die in circa (après midi).<br />
Le premier ceppo du notaire Giacomo, fils de Lorenzo, de Belgodere, a été<br />
déposé en 2007 aux Archives départementales de la Haute-Corse, sous la cote<br />
3 E 31-1, par Vincent Orabona, héritier de familles de notaires de Novella et<br />
Palasca. Il comportait à l’origine trois cahiers de 24 folios chacun, soit 72 folios<br />
ou 144 pages. Manquent aujourd’hui les folios 1, 4, 12, 13, 21 et 71. Ce ceppo<br />
est accompagné de sa pandetta, index renvoyant à chaque acte par l’indication<br />
du numéro du folio, à partir du nom de l’une des parties, généralement celle qui<br />
était a priori la plus intéressée à la conservation de la minute et à la délivrance<br />
d’une copie de l’acte : par exemple l’acquéreur dans un contrat de vente.<br />
Le notaire Giacomo est né vers le milieu du xvi e siècle. Il ne porte aucun<br />
patronyme dans ce registre, mais nous savons qu’il est un descendant du fameux<br />
prêtre Abraham de Belgodere, prete Abrà, vivant au xv e siècle, et il appartient à<br />
la famille qui, vers 1600, prendra le nom de Malaspina. Il est le père du chanoine<br />
Antonfilippo Malaspina (1607-1670), vicaire général de l’évêque de Mariana<br />
et Accia. Il est également un parent de Tomasino, fils de Bernabò, qui apparaît<br />
très souvent dans les actes que nous publions, et qui est un des notables les plus
8 giacomo, notaire de belgodere<br />
présentation<br />
9<br />
importants de Belgodere à cette époque. Sa vie professionnelle débute avec ce<br />
premier registre, ouvert peu avant le 19 juin 1583, date du premier acte complet<br />
subsistant. Son neuvième ceppo (ADHC 3 E 542) est le dernier : incomplet, il<br />
ne comporte plus que deux cahiers, les autres ayant été sans doute récupérés.<br />
Le dernier acte daté (f° 55 v°, feuille volante détachée du second cahier) est du<br />
13 septembre 1627. Son écriture est encore nette et ferme. Il meurt en 1628.<br />
Le procès-verbal de remise du ceppo se trouvait sur le folio n° 1, qui a été<br />
perdu. Le paraphe figurant à la base de la page recto de chaque folio est celui de<br />
« Lorenzo ». Il pourrait s’agir de Lorenzo Raggio, lieutenant de Balagne, qui à<br />
titre exceptionnel aurait accompli cette formalité relevant de la compétence du<br />
chancelier. Le visa périodique du 22 août 1583 est de Giulio Morinello, notaro &<br />
cancelliere. Les visas périodiques des 27 février, 26 mai, 26 août, 26 novembre<br />
1584 et 26 février 1585 sont du chancelier Giovanni Battista. Il s’agit peut-être<br />
de Giovanni Battista Carbone, notaro pubblico genovese, qui agit comme<br />
chancelier du lieutenant de Balagne en 1596, 1600 et 1601. Les visas des 19 mai<br />
et 19 août 1585, et le procès-verbal de clôture du l er novembre 1585 sont de<br />
Simone Ravaschio, chancelier du lieutenant de Balagne.<br />
Pour donner une idée de la teneur d’un tel procès-verbal, nous donnons<br />
ci-après la copie de celui qui a été établi pour la remise de son deuxième ceppo<br />
(ADHC 3 E 535). Curieusement, il se trouve à la dernière page :<br />
+1585 adì primo di novembre in l’Argajola. Questo ceppo o sia libro<br />
è di Giacomo del q Lorenzo da Belgodere […] in lo quale doverà scrivere<br />
e annotare tutti l’instrumenti e scritture publiche che farà giornalmente,<br />
senza lassarli spatio l’una da l’altra, bene e fidelmenti, conforme al dovutto,<br />
e como ha fatto per li altri sui ceppi, essendo questo il secondo, quale è<br />
de quinterni cinque e carte cento vinti, scritto de carta in carta « per fide,<br />
Simone », e sottoscritto :<br />
Simon Ravaschio Notaro e Cancelliero<br />
DÉVELOPPEMENT DES MOTS ABRÉGÉS<br />
L’adverbe condam, déformation du latin classique quondam (autrefois,<br />
jadis), désigne lorsqu’il est placé devant un nom de personne, un défunt et correspond<br />
à l’italien fù et au français feu : il condam Antone ; donna Bianchinetta<br />
già moglia del condam Marsilio. Placé entre deux noms de personnes, Ritale<br />
condam Sansonetto, il indique que le premier est fils du second, et que celui-ci<br />
est décédé. Au xvi e siècle, et depuis longtemps déjà, les notaires utilisent la<br />
forme condam abrégée au moyen d’un C inversé, Ɔ, évoluant vers un 9 dont la<br />
queue est prolongée dans le sens des aiguilles d’une montre (ci-dessous).<br />
Au début d’un mot, le même signe représente la syllabe « con- », par<br />
exemple dans coniunto, ou dans contrafatto (ci-dessous, respectivement de<br />
gauche à droite) :<br />
Pour d’évidentes raisons de simplicité et d’économie, nous donnons<br />
condam en forme abrégée, avec la lettre q, conformément à l’usage actuel :<br />
Judice q Petrone, le figlole del q Antonetto.<br />
La locution latine et cætera, que nous rendons par l’abréviation classique<br />
etc., est indiquée dans les minutes par le signe suivant :<br />
Suit la mention : « 1628 a vint’uno agosto in Santa Reparata. Presentato.<br />
Geronimo Rampone sotto cancelliero… ». Après la mort de Giacomo, le ceppo<br />
a été présenté au sous-chancelier du lieutenant de Balagne, pour être confié à<br />
un autre notaire, chargé de le conserver et de délivrer des copies des actes qu’il<br />
contient.<br />
<br />
La restitution intégrale des mots abrégés ne peut pas toujours être faite de<br />
façon certaine. Il arrive que la même abréviation renvoie à deux mots distincts,<br />
par exemple rendendo et renuntiando, tous deux abrégés en rndo. Seul le<br />
contexte permet de choisir. Si le reste de la phrase est absent, remplacé par etc.,<br />
le problème est le plus souvent insoluble.<br />
Bien plus nombreuses, et moins lourdes de conséquences, sont les incertitudes<br />
liées à l’orthographe d’un mot identifié. Pour le transcrire, il convient<br />
d’abord de se référer à la pratique du notaire lorsqu’il écrit le même mot in<br />
extenso. L’abréviation d. to pourrait être rendue par detto, forme de l’italien
10 giacomo, notaire de belgodere<br />
présentation<br />
11<br />
standard, proche de la prononciation actuelle, dettu, dans les parlers du centre<br />
et du nord de la Corse. Pourtant, dans les très rares cas où Giacomo n’abrège<br />
pas, il écrit presque toujours ditto 1 , latinisme savant, ou plutôt survivance d’une<br />
forme ancienne 2 . C’est ainsi que nous transcrivons ce mot. Mais les notaires de<br />
cette époque, comme tous leurs contemporains, prenaient bien des libertés avec<br />
des règles qui n’étaient d’ailleurs pas encore figées, et souvent un même mot<br />
est écrit de trois ou quatre façons différentes, sans qu’une des formes prédomine.<br />
Lorsqu’un tel mot est abrégé et que l’abréviation laisse subsister un<br />
doute, nous choisissons l’orthographe qui nous paraît la plus pertinente, la plus<br />
cohérente par rapport à l’étymologie, la plus générale, ou au contraire la plus<br />
singulière lorsqu’elle révèle un trait significatif de la pratique du langage. Ainsi<br />
nous donnons Fran .co , Francesco ; Fran. ne , Franciscone. Bien sûr, la diversité<br />
orthographique est scrupuleusement respectée pour les mots écrits intégralement,<br />
ainsi que pour les mots abrégés dans la mesure où l’abréviation donne des<br />
indications sûres.<br />
Cette diversité est aussi la cause d’une sérieuse difficulté pour l’établissement<br />
des index alphabétiques. Adoptant dans ses grandes lignes la solution<br />
retenue par Geo Pistarino en 1944, nous avons créé, pour les noms propres<br />
apparaissant sous diverses formes, une entrée principale où il est écrit sous la<br />
forme la plus pertinente, avec renvoi aux variantes, et pour les variantes des<br />
entrées secondaires renvoyant à l’entrée principale.<br />
ensemble le contrat dans lequel elles étaient insérées inutilement ou mal à propos<br />
(Sinisi, p. 221, 222n, 231n, 233 à 241). Les formules sont parfois exprimées in<br />
extenso dans le premier ou le second ceppo de notre notaire, ce qui permet de les<br />
restituer dans les cas où elles sont abrégées :<br />
• « Rendendo etc. » : rendendo ogni cosa in contrario. La formule complète<br />
se trouve dans l’acte n° 308 : dans le cadre d’un partage, si l’une des parties allait<br />
à l’encontre de ce à quoi elle a consenti, elle devrait rendre tout ce qu’elle a reçu.<br />
• « Renuntiando etc. » : renuntiando ogni cosa che al contrario parlassi<br />
(316, 346), les parties renonçant à se prévaloir de tout ce qui serait contraire<br />
à leur convention : loi, statut, usage, convention antérieure etc. ; renuntiando<br />
qual si voglia legge che contra al presente parlassi (ceppo 2°, ADHC 3 E 535,<br />
19 v°), les parties renonçant à se prévaloir de toute loi contraire à la présente<br />
convention.<br />
• « Rogandone etc. » : rogandone me notaro, [les parties] en requérant moi<br />
notaire, [les parties] requérant moi notaire [d’]en [faire un acte], de faire un acte<br />
de ce qui a été dit. On trouve aussi la formule de le quale cose ne hano rogato<br />
a me notaro (495, 596). Le notaire, personne publique, détenteur par délégation<br />
de l’empereur, du pape ou de certaines autres autorités, d’une parcelle de<br />
la puissance publique, est tenu d’établir un acte lorsqu’il en est requis par tout<br />
intéressé (sous réserve de son appréciation de la légalité de l’acte). De même,<br />
les témoins chiamati e rogati, appelés et requis par lui, sont tenus de lui prêter<br />
leur concours.<br />
<br />
RESTITUTION DES CLAUSOLE CETERATE<br />
Dieu nous garde d’un et cætera de notaire 3 .<br />
Il s’agit de clauses fréquemment répétées dans les actes des notaires,<br />
exprimées dans des formules consacrées par l’usage, dont seul est écrit le premier<br />
mot (parfois un petit groupe de mots) suivi d’un et cætera. Elles entraînaient de<br />
nombreux procès, notamment les clauses visant à renforcer le rapport juridique<br />
créé par le contrat, une des parties renonçant à la protection de certaines dispositions<br />
du droit romain dont les notaires ignoraient souvent la portée et le champ<br />
d’application. De telles renonciations étaient susceptibles de vicier dans son<br />
1. Quelques exemples : dans le présent ceppo, n° 200, guardare il ditto loco del’Algajola ; sia esso<br />
obligato a fare ditta guardia ; la ditta balìa ; n° 361, per mirare ditte bestie. De même dans le<br />
deuxième ceppo de ce notaire (Giacomo notaire, ceppo 2°, ADHC 3 E 535, f° 1 v°, 2 e acte,<br />
17.11.1585), confinante con ditto sulaggio.<br />
2. Probablement généralisée dans toute la Corse jusqu’à la fin du Moyen Âge, et de nos jours seule<br />
usitée dans le Sud, dittu.<br />
3. Locution proverbiale (Robert, 1971).
13<br />
INVENTAIRE ANALYTIQUE<br />
ET TRANSCRIPTION <strong>INT</strong>ÉGRALE<br />
D’ACTES CHOISIS<br />
Sous titre<br />
L’inventaire analytique qui suit est divisé en articles dont chacun correspond<br />
à un acte. Au total, 602 articles, correspondant soit à des actes ou fragments<br />
d’actes reçus par le notaire (593), soit à des visas du chancelier du lieutenant de<br />
Balagne, qui vérifiait plusieurs fois par an les registres des notaires de sa juridiction<br />
(9). Nous avons donné un numéro d’ordre, de 001 à 602, à chaque article,<br />
acte du notaire ou visa du chancelier, y compris ceux dont une partie seulement<br />
subsiste sur les folios conservés. Ceux qui étaient écrits intégralement sur les<br />
folios manquants, pour la plupart connus par les mentions de la pandetta, ne sont<br />
pas numérotés.<br />
Chaque article est précédé d’un tableau divisé en deux lignes. La première<br />
comporte six cases (numéro d’ordre ; date ; jour de la semaine ; heure ; lieu ;<br />
numéro du folio ou des folios du registre et indication de la page, recto ou<br />
verso). La seconde comporte trois cases (classement de l’acte dans un domaine<br />
juridique : droit civil, procédure, droit communautaire, droit canonique etc. ;<br />
nature de l’acte : vente, testament, quittance, sentence arbitrale etc. ; mots-clés<br />
indiquant sommairement l’objet ou le contenu de l’acte). Au fil de mon travail,<br />
j’ai pu constater que les catégories retenues ne permettent pas un classement<br />
rigoureux et pertinent des actes. J’espère néanmoins qu’elles faciliteront la tâche<br />
de ceux qui voudront mener une étude systématique de ce corpus.<br />
Le développement des principales abréviations figurant dans le tableau est<br />
donné ci-après.
14 giacomo, notaire de belgodere<br />
15<br />
Entre crochets, les nombres renvoient aux numéros des actes liés à la même<br />
affaire ou aux mêmes personnes.<br />
PRINCIPALES NOTATIONS ET ABRÉVIATIONS<br />
Arb.<br />
Arbitrage<br />
A. compr. Arbitrage, compromis<br />
A. sent. Arbitrage, sentence<br />
Att.<br />
Avert.<br />
Attestation<br />
Avertissement, mise en garde<br />
B. ch. Bail à cheptel et contrat de garde de bétail<br />
Cit. comp.<br />
C<br />
Civ.<br />
Com.<br />
Div.<br />
Citation à comparaître<br />
Contrat<br />
Acte civil<br />
Acte de la communauté<br />
Divers ou indéterminé<br />
D. can. Acte de droit canonique<br />
Dom.<br />
Éch.<br />
Exp. concl.<br />
Exp. miss.<br />
Gard. mar.<br />
Judic.<br />
Jo.<br />
Lu.<br />
M<br />
Marc.<br />
Mart.<br />
Not.<br />
Domenica, dimanche<br />
Échange<br />
Expertise, conclusions de l’expert<br />
Expertise, mission<br />
Garde de la Marine<br />
Acte judiciaire ou parajudiciaire, fait à l’occasion<br />
d’un différend, dans le cours ou en prévision ou à<br />
la suite d’un procès, ou bien pour éviter<br />
un procès<br />
Jovi, jeudi<br />
Luni, lundi<br />
Contrat de mariage ; dot, constitution,<br />
renonciation ; biens dotaux, restitution.<br />
Marcori, mercredi<br />
Marti, mardi<br />
Notification d’un acte ou d’un fait<br />
O. adm. Organisation administrative<br />
Proc. Procuration<br />
Paix Traité de paix<br />
Publ. Publication, proclamation publique<br />
P. rur. Police rurale<br />
Part. Partage<br />
Pto, Pta Passato, passata<br />
Quit. Quittance<br />
R. dette Reconnaissance de dette<br />
Saisie Saisie<br />
Sab. Sabato, samedi<br />
S. décis. Serment décisoire<br />
Somm. Sommation, commandement, mise en demeure<br />
Test. Testament<br />
Ven. Vennari, venneri, vendredi<br />
V. imm. Vente immobilière<br />
V. mob. Vente mobilière<br />
Vo Voirie<br />
Visa Visa du chancelier de la cour de Balagne<br />
001 **/06/1583 ** ** ** 2 r°<br />
Com. P. rur. Circolo, orte, vigne, gardiens, élection, pouvoirs, rémunération<br />
Le folio 1, sur lequel était écrit le début de cet acte, manque. La panditta<br />
nous donne le titre de l’acte : « Carta delli giorati del cerculo ».<br />
[…] prendere una per volta delle capre che in quelle andarano, a la quale<br />
sempre la sua parolla sia creduta e da ogni altro che tal capre fussino accusate<br />
a ditti jurati, e quelli che accusassino con fendo però primo giuramento che tal<br />
capre quale accusassino habbino visto nelle vigne o orte o circolo che per lo<br />
accusatore sarà chiarito. Il quale ditti guardiani eletti e quelli che si havrano da<br />
elegger per l’avvenire debbino far gioramento su le scritture de non far alcuna<br />
partialità per tal causa, & questo ogni uno delli jurati che sono e havrano<br />
da venire, in conmincendo ogge presente, e passato che sarà l’anno presente<br />
habbino lo suditto Mariano e Andria nel fin del suo anno libertà e balia de<br />
elegger dui altri homini per guardiani de ditto circolo e vigne e orte, lo quale<br />
Mariano e Andria sono presenti et accettanti & hano giorato conforme al ditto<br />
stromento etc. & sotto questo modo si habbia da osservare et eleggere anno per<br />
anno, seguendo et eleg[...] sempre li jur[ati] che ne lo suo anno finisce lo anno<br />
seguente, e questo se intendi e sia per inteso che gli giurati che finiscerano la<br />
sua annata habbino libertà de eleggerne dui altri per l’annata da venire, per<br />
fino a tanto che sarano a compijre anni dece prossimi da venire, et quelli che<br />
la recusassino e non l’osservassino tal offitio siano condanati in lire cinquanta<br />
dal magistrato, atteso che così ordina ditta comunità, caduta ditta pena medità<br />
a la Corte e l’altra medità a li jurati che farano tale elettione. Item anchora tal<br />
jurati da ogni uno a quale vorano pigliare gioramento che le capre de quelli o
16 giacomo, notaire de belgodere<br />
inventaire analytique et transcription intégrale d’actes choisis<br />
17<br />
sia de che ne mirassi non sappino che siano andate in alcuni delli suditti lochi a<br />
far danno, e non giorendo a sua riquesta, tal jurati possino pigliare una capra<br />
de quelli, come si essi dentro la trovassino, e che la contenissi o la domandassi<br />
caschi nelle suditte pene etc. A la qual comunità ordina che la presente sia osservata.<br />
Pregando il molto magnifico signor locotenente de Balagna, e ogni altro<br />
giudice che vinarà, che la presente sia affermata e confermata et interpostoci<br />
la sua autorità et del Comuno di Genova, sopra de la qual confirmatione vagla<br />
tanto per l’eletione che si haverano da fare per l’avvenire como nella presente,<br />
non obstante qual si vogla cosa che contra la presente parlassi etc. E tanto etc.<br />
Rogandone etc. Presente testimoni el reverendo misser prete Filippo, Polomaria<br />
q Giudice e Tomasino q Bernabò, tutti del suditto loco, presenti, e altri.<br />
Giacomo notaro<br />
<br />
002 19/06/1583 Dom. Vespero Belgodere, église Santo Thomà 2 r°<br />
Judic. S. décis. Herbage, prix, estimation<br />
En exécution d’une sentence du lieutenant de Balagne, « in osservatione de<br />
una nota sive sententia escita quella dal magnifico signor locotenente de Balagna »,<br />
dans le procès qui l’oppose à Matteo q Oliveri de la Costa, Gioannandria q<br />
Mariano a juré sur l’autel, la croix et le missel, qu’il touche de ses mains, « a fatto<br />
joramento sopra l’altare, croce, missale de ditta jexia con le sue mani toccando »,<br />
que Orsattello d’Occhiatana, alors berger à son service, qui a fait une estimation du<br />
prix de certain herbage par acte de la main de Vincentello d’Occhiatana, notaire, l’a<br />
fait en vertu du mandat qui lui avait été donné par l’une et l’autre des parties, « che<br />
l’herba quale esti[mò] Orsattello de Occhiatana, già suo pastore, per mano de<br />
Vincentello notaro de ditto loco d’Occhiatana, esso Matteo e ditto Gioannandria<br />
li ne dedeno tale lipertà a lo ditto Orsattello ».<br />
<br />
003 20/06/1583 Lu. Terza Belgodere, devant la maison d’Antonetto 2 r°<br />
Judic. Not. Orge, dommages<br />
Antonorso q Polo notifie à Antonetto q maestro Divico, gardien de la presa,<br />
que les gerbiers, « manne », d’orge qu’il avait dans son champ, « Campo a lo<br />
Scudo », ont été mangées par des bêtes, qu’il a fait estimer le dommage par<br />
l’estimateur public, « lo luseri puplico », et qu’il entend poursuivre les « magnatori<br />
» [006].<br />
<br />
004 20/06/1583 Lu. P to vespero Belgodere, devant la maison d’Antonetto 2 r°<br />
Judic. Somm. Céréales, dommages<br />
Polomaria q Judice, pour lui et au nom de ses consorts, « consorti », fait<br />
sommation à Antonetto, gardien de la presa, d’assister le lendemain à l’estimation<br />
du dommage causé à ses gerbiers, « manne », dans son « chioso a le<br />
Fogatelle ».<br />
<br />
005 21/06/1583 Mart. Terza Belgodere 2 r°<br />
Judic. Somm. Orge, dommages<br />
Paulo q Fridinuccio fait sommation à Antonetto, gardien de la presa,<br />
d’assister le lendemain à l’estimation du dommage causé à ses gerbiers d’orge<br />
dans le chioso a le Cafachie. Parmi les témoins, maestro Gioannimaria de<br />
maestro Cesaro de Jovellina.<br />
<br />
006 24/06/1583 Ven. Vespero Belgodere 2 r°<br />
Judic. Exp. concl. Orge, dommages, chevaux<br />
Pierantone de Santa Lucia, « luseri puplico de ditto loco de Belgodere »,<br />
estime à 8 bacini d’orge le dommage subi par Antonorso, attribué à des bêtes<br />
chevalines, « cavalline » [003].<br />
Par la suite, et au moins jusqu’en 1585, la charge d’estimateur public sera<br />
vacante. Le 6 janvier 1584, à la demande d’un propriétaire victime de dommages<br />
causés par des bêtes, le podestà désignera deux « homini da bene » pour examiner<br />
l’état de ses clôtures [105]. Dorénavant on procédera ainsi, au coup par coup.<br />
Exceptionnellement, on aura recours à l’estimateur public d’un village voisin [069]<br />
ou à un expert choisi amiablement [106].<br />
<br />
007 24/06/1583 Ven. Vespero Belgodere, maison de Marcantea 2 v°<br />
Civ. Test. Messes de Saint-Grégoire, aricordio, cociule, légataire universelle<br />
Testament de Marcantea q Raffè, épouse d’Antongioanni q Agostino,<br />
« occupata in letto… quando a Dio Nostro Signore piacissi de darli gioditio de<br />
morte gli raccomanda l’anima sua che gli dia bon riposo, et vole e comanda che
18 giacomo, notaire de belgodere<br />
inventaire analytique et transcription intégrale d’actes choisis<br />
19<br />
lo suo corpo sia sepellito al cimiterio de Santo Gavino… Item judica e lascia<br />
che a rifricerio de l’anima sua gli siano ditte le sue messe de Santo Gregorio,<br />
le magiore e minore, & quelle per prete Giacobo curatore de ditto loco, e li sia<br />
dato lire cinque… Item… dui ceroni, e uno a Santo Thomà e l’altro al ditto Santo<br />
Gavino, de la valuta de soldi vinti l’uno… Item… li sia fatto lo suo aricordio de<br />
tutti li preti de la pieve de Tòvani al presente como si constuma. Item… li sia<br />
fatto le sue cociule como si constuma a le sue pare per lo pa[e]se ».<br />
Ces legs seront exécutés dans l’année à venir, sur sa dot et ses biens, par<br />
son mari, ou à défaut par son oncle germain, « zio carnale », Petromaria q<br />
Giapichetto. Celui-ci pourra recouvrer sur sa dot et ses biens les frais exposés<br />
à cette occasion, et sera cru sur parole. Elle institue sa fille Polonia légataire<br />
universelle, en deuxième rang ses sœurs germaines, Lucia et Nastasia, et en<br />
troisième rang le dit Petromaria [017, 030, 460].<br />
<br />
008 03/07/1583 Dom. Terza Belgodere 2 v°<br />
Judic. Not. Orge, dommages<br />
Antonetto q Arigo d’Occhiatana notifie à Antonetto q maestro Divico,<br />
gardien de la presa, qu’il a fait estimer le dommage causé à ses gerbes d’orge<br />
dans son « chioso a Liocho », acte de la main d’Orsolino de la Costa, notaire, et<br />
qu’il entend poursuivre les « magnatori ».<br />
<br />
009 03/07/1583 Dom. Mezo die Santo Francesco de Tòvani 2 v° - 3 r°<br />
Civ. M Dot, trousseau, cautions<br />
Contrat de mariage de Tomasino q Bernabò et Baronicha q Bainzo, de Calvi.<br />
Antone q Bainzo, frère, « fratello carnale », de Baronicha, comparaît pour celleci.<br />
Dot, 1 400 lires « de dinari ». Trousseau, « fornimenti… uno sacchone, una<br />
strapunta, uno coscino longo, dui coscini corti, con le sue veste lavorate, pare<br />
tre de linzole de lino pisanesco de teli quattro per ciascaduno linzolo, uno covartoggio<br />
fine, una cardata fine, asciovamani sedeci bambacini sottili, canne otto<br />
de de [sic] tovaglole, una tovaglia bambacina sottile, camisce linie da donna<br />
quattro, dui veste da donna de colore fine, overo per quelle lire ottanta de dinari<br />
nomerati, uno anello d’oro & una cassetta ».<br />
Antone accepte la compétence territoriale du tribunal de l’Algajola.<br />
Cautions solidaires d’Antone, « sigortà e principal pagatori… Pierandria<br />
q Christiano, Gioanlucha q Simonetto, ambi da Nescia, et Gioangilormo q<br />
Antoniotto da Foliceto ». Antone dédommagera le cas échéant les cautions<br />
qui auraient payé pour lui, avec franchise à hauteur de 100 lires pour ce qui<br />
concerne Pierandria, parent de Baronicha. Une pénalité, « guadia », de 100 lires<br />
est stipulée à la charge de la partie qui se soustraierait à ses obligations, « e<br />
pur l’amicitia resti ferma e valida », et à cet effet Pierandria se porte caution<br />
d’Antone et Pierbattista de son frère Tomasino. « Attum… a Santo Francesco de<br />
Tòvani, videlicet nel caruggio del giardino che resta attaccato cum la piazza del<br />
casamento de ditto loco ». La panditta indique au f° 4 (manquant) une quittance<br />
donnée à Antonio q Bainzo [107]. Remarquer « executione spedita, … executione<br />
spacchiata ».<br />
<br />
010 22/07/1583 Ven. Terza Belgodere, maison de Jorgio 3 r° - v°<br />
Civ. V. imm. Immeuble rural, servitude<br />
Donna Cinarchese, fille de Lucchino [peut-être Luciano] q Carlotto, épouse<br />
de Jorgio q Augustino, vend à Petromaria q Giapichetto, un « chioso a lo Vitalargo,<br />
… presa soprana de Belgodere ». Prix : 300 lires. Elle renonce au bénéfice de la<br />
loi interdisant la lésion de plus de la moitié, « l’ingannati de più che la medità del<br />
justo pretio ». Elle lui cède aussi une servitude de passage grevant un fonds voisin,<br />
« andate e tornate, videlicet assignandoli la strada de ditto chioso per dentro<br />
quello del suditto Vitanio a la Baccareccia, rente e verso lo chiosello de le figlole<br />
del ditto q Antonpaulo ». Elle agit avec le consentement de son mari et de son père,<br />
et aussi de Bernardino q Fraticello et Joansanto q Arigo, qui affirment être de ses<br />
plus proches parents, « delli sui più congiunti parenti ». La venderesse, son mari,<br />
son père et ses parents prient le lieutenant de Balagne de ratifier cet acte, bien qu’il<br />
ne soit pas passé en sa présence, « non obstante la presente non sia fatta coram<br />
Sua Signoria » ([011 ; di sotto si leva, 543]).<br />
In nomine Domini Amen. Donna Cinarchese mogla de Jorgio q Augustino<br />
e figlola de Lucchino [ou Luciano] q Carlotto de ditto loco, presente per se, e<br />
sue herede e successori, e per ogni persona de lo mondo, in perpetuo vende,<br />
cede e concede e per titulo de venditione ha dato e conceduto a Petromaria q<br />
Giapichetto del ditto loco, quale è presente e comperente per se e sue herede<br />
e successori in perpetuo, uno suo chioso quale essa donna dice ha nella presa<br />
soprana de Belgodere, loco ditto a lo Vitalargo, posto sotto le sue confine, che di<br />
sotto si leva dal chiosello de le figlole del q Antonpaulo e de Joannone q Antone<br />
osia de sue figlole, e di sopra confina cum chiose esia terre de Orsoiacomo e de<br />
Antonmarco q Vinciguerra e da una banda cum chiose de Vitanio q Orsattone,<br />
e da l’altra cum chioso de Guasparo q Antone, tutti del ditto loco, & si altre<br />
meglore e più verace fussino ditte confine, quelle se riservano ad havere e tenere<br />
etc. & quello per lo pretio e nome de finito justo pretio de lire trecento de dinari,
20 giacomo, notaire de belgodere<br />
inventaire analytique et transcription intégrale d’actes choisis<br />
21<br />
moneta de Genova, le quale lire trecento ditta donna venditrice confessa e<br />
contenta haverle havute e ricevute dal ditto compratore, e bene cheta e pagata<br />
si ne chiama, e promette mai più non dimandargleli etc. & se più valissi che<br />
lo ditto pretio, de quello più quantunque si sia gli ne face libbera pura vera<br />
donatione che mai revocare non si possa per alcuna raggione inter li vivi etc.<br />
Refiutandone quella legge cum la quale si difendeno l’ingannati de più che la<br />
medità del justo pretio et. La possessione, lo dominio e tenuta del ditto chioso e<br />
sue raggione e pertinentie che ha e haver potissi, la ditta donna venditrice l’ha<br />
dato e da al ditto compratore, che da fin’ del presente la possa pigliare e far<br />
pigliare a suo beneplacito, senza licentia o convio de alcun magistrato, overo<br />
fare 1 altre riqueste a nixuna persona etc. & che quello lo possa havere tenerlo<br />
goderlo e usofruttarlo, & in tutto e per tutto farne la sua volontà e piacere como<br />
dell’altre sue cose propie etc. Dandoli e concedandoli ditto chioso cum ogni<br />
sue raggione e pertinentie como sopra, terra e sopra terra, agro e manso, cum<br />
andate e tornate etc. Videlicet assignandoli la strada de ditto chioso per dentro<br />
quello del suditto Vitanio a la Baccareccia, rente e verso lo chiosello de le figlole<br />
del ditto q Antonpaulo, & così lo li da libbero e spedito & francho de ogni ublico<br />
e servitù, scluso della decima usata della Santa Jexia etc. Promettendo la ditta<br />
donna venditrice de lo ditto chioso no[n] darne mai impacchio al ditto compratore<br />
ne chi da ello l’haverà per alcun tempo etc. Anzi guarentarloli e disbregarloli<br />
da ogni imbregante persona etc. attutte [a tutte] sue propie spese e affanni<br />
all’ocho [a loco] de raggione etc. Cum refacimento de ogni danni etc. & questo<br />
sotto pena de periura, la quale ha jurato su le Scritture, in mano de me notaro,<br />
de non contravenire a lo presente stromento, anzi affermarlo e rattificarlo etc. Et<br />
de più ne ublica ogni sui beni che ha e haverà etc. Sub etc. R[enuntia]ns etc. Le<br />
quale cose sopra ditte la ditta donna le ha fatto e face cum lo consiglio e volontà<br />
del ditto Jorgio suo marito e de ditto Lucchino [ou Luciano] suo padre, & a<br />
cautella e robbore de la ditta vendia, cum lo consento e volontà de Bernardino q<br />
Fraticello e de Joansanto q Arigo, ambi de ditto loco, como diceno delli sui più<br />
congiunti parenti etc. Li quali Jorgio e Lucchino [ou Luciano] e parenti hano<br />
giorato su le Scritture cum le sue mani toccando in mano de me infrascritto<br />
notaro che le preditte cose li pare siano ad utile e benifitio de ditta donna e<br />
non a sua elettione 2 etc. Pregando la ditta donna e ditto Jorgio e Lucchino [ou<br />
Luciano] e parenti il molto magnifico signor Locotenente de Balagna la presente<br />
vogla affermare e confermare e interponerci la sua autorità, non obstante la<br />
presente non sia fatta coram sua signoria, o mancassi altre sollenità etc. De<br />
le quale cose ne hano rogato me ditto notaro etc. Attum a Belgodere, videlicet<br />
in casa del ditto Jorgio, die vinti dui de luglo, giorno de vennari, hora terza in<br />
circa, mille cinque cento ottanta tre, presente testimoni Tomasino q Bernabò,<br />
1. Overo senza (sous-entendu) fare.<br />
2. Elettione : lire lesione, préjudice, lésion, ici opposé à utile, benifitio. On trouve parfois, dans le<br />
même contexte, elesione.<br />
Andria q Antone e Antongioanni q Agustino, tutti del ditto loco de Belgodere,<br />
presenti e rogati etc.<br />
Giacomo notaro<br />
<br />
011 22/07/1583 Ven. Terza Belgodere, maison de Jorgio 3 v°<br />
Civ. Quit. Prix de vente<br />
Donna Cinarchese donne quittance à Petromaria de la somme de 120 lires,<br />
à valoir sur le prix du bien vendu par l’acte précédent [010].<br />
<br />
012 23/07/1583 Sab. Terza Belgodere, église Santo Tomà 3 v°<br />
Judic. S. décis. Veau<br />
Tomasino q Bernabò, en vertu d’une sentence rendue en sa faveur par le<br />
lieutenant de Balagne contre Giapico q Stefano à propos du veau d’une vache<br />
appartenant à lui, Tomasino, et à son frère Pierbattista, a juré « sul’altare, croce<br />
e missale » qu’il a su que Giapico a pris ce veau « la sera tardo alla pastura ».<br />
Requis par Tomasino, Giapico est présent.<br />
<br />
013 10/08/1583 Marc. Mezo die Belgodere, piazza puplica 5 r°<br />
Civ. V. imm. Immeuble rural<br />
Fin d’un acte de vente d’une lenza de terre entre personnes non identifiables.<br />
« … lire trenta… una somera de pelo bruna a compimento ». La panditta<br />
mentionne au f° 4 (manquant) un achat de Gioannone q Antone.<br />
<br />
014 22/08/1583 Lu. Argajola 5 r°<br />
Visa<br />
Visa du chancelier du lieutenant de Balagne<br />
« 1583 adi venti doi agosto in l’Argajola, visto. Giulio Morinello notaro<br />
& cancelliere ».