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Inspiration No 01 - 2024

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<strong>No</strong><strong>01</strong> | <strong>2024</strong><br />

Le magazine des sports de montagne<br />

<strong>Inspiration</strong><br />

Bon plan Expert Rencontre au sommet<br />

Sustenpass : au cœur de<br />

la « Suisse Bächli »<br />

Monter sans efforts ?<br />

Les limites de la légèreté<br />

Luke Smithwick : découvrir<br />

l’Himalaya à ski<br />

<strong>No</strong>tre revue de produits<br />

«Sélection» est en<br />

ligne dès maintenant.<br />

DE PU<br />

I S 197 4


Accès<br />

La montagne dans la peau<br />

Lorsque j'ai vu Felix Bächli pour la première fois, il portait une chemise blanche et une<br />

mallette. J'avais 17 ans et, en tant que cheffe scout, je m'enthousiasmais pour les activités<br />

dans la nature. J'ai donc supposé que ce jeune homme qui entrait dans notre salle<br />

de classe devait être un nouvel enseignant. L'apparence de Monsieur Bächli, qui s'est<br />

rapidement révélé être notre camarade de classe Felix, évitait toute référence au fait<br />

qu'il était issu d'une famille d'alpinistes. Il en va de même pour ses loisirs : on voyait Felix<br />

(je gardais un œil sur lui) à la salle de fitness et en discothèque. J'ai été d'autant plus<br />

surprise lorsqu'un peu plus d'un an plus tard, à l'occasion d’un camp de l’école, il portait<br />

des chaussures de montagne et des pantalons Mammut multicolores. Peut-être, me<br />

suis-je dit, y a-t-il quand même quelque chose à entreprendre avec cet homme ? Et c'est<br />

ce qui s'est passé : après ce camp, il m'a attirée pour la première fois en randonnée, et<br />

nous avons bientôt passé chaque minute de libre ensemble et en montagne.<br />

« Peut-être y a-t-il quand même quelque chose<br />

à entreprendre avec cet homme ? »<br />

THE ORANGE LEGEND.<br />

MAESTRALE, la légendaire chaussure de ski de randonnée, désormais plus légère<br />

et plus performante grâce à la technologie innovante Carbon Core, change une fois<br />

de plus les règles du jeu. L’utilisation de Pebax Rnew®, un matériau issu de sources<br />

renouvelables, confirme la vocation de SCARPA pour la durabilité.<br />

Felix m'a convaincue une deuxième fois. Au lieu de me lancer dans le métier d’enseignante,<br />

j'ai commencé à travailler chez Bächli Sports de Montagne en 1996. Aujourd'hui,<br />

je me réjouis de l'évolution de l'entreprise et je suis fière de participer à<br />

l'histoire d'une PME familiale suisse qui fête un demi-siècle d’existence en <strong>2024</strong>.<br />

Pour faire revivre cette histoire, nous avons rencontré, l'été dernier, d'anciens collaborateurs<br />

et collaboratrices et avons échangé des souvenirs. Vous pouvez lire<br />

quelques anecdotes dans la rubrique « Contrôle du partenaire » à partir de la page<br />

60. L’article dépeint les 25 premières années de Bächli Sports de Montagne. Et encore<br />

un petit coup d'œil vers l'avenir : dans chacune des quatre « éditions du jubilé »<br />

de <strong>2024</strong>, des collaboratrices et collaborateurs partiront en reportage, d'où ils raconteront<br />

– à ski, sur le rocher ou au sein d'une cordée – leur amour de la montagne. Je<br />

vous souhaite beaucoup de plaisir et d'inspiration à la lecture.<br />

Cordialement,<br />

Susanna Bächli<br />

Vice-présidente du CA de Bächli Sports de Montagne SA<br />

newrocksport.ch<br />

2<br />

1


<strong>No</strong><strong>01</strong> | <strong>2024</strong><br />

Bon plan Expert Rencontre au sommet<br />

Sustenpass : au cœur de<br />

la « Suisse Bächli »<br />

Le magazine des sports de montagne<br />

Monter sans efforts ?<br />

Les limites de la légèreté<br />

Luke Smithwick : découvrir<br />

l’Himalaya à ski<br />

DE PU<br />

I S 197 4<br />

Contenu<br />

Bon plan<br />

DESIGNED<br />

FOR THE DEEP<br />

N o <strong>01</strong><br />

<strong>2024</strong><br />

Point de vue<br />

Les plus belles facettes de la montagne ........................... 4<br />

3 x 3<br />

<strong>No</strong>uveaux produits et news des sports de montagne .... 10<br />

Bon plan<br />

Rando du jubilé au Sustenpass ........................................ 14<br />

Poudreuse, rando et bains à Loèche-les-Bains ...................... 24<br />

Randos à l'écart de Davos Klosters et Prättigau ........... 36<br />

Relais<br />

Sports de montagne et voyages lointains : compatible ? ............ 22<br />

36<br />

Symphonie en blanc<br />

au Prättigau<br />

Un rêve poudreux en plusieurs phases : de douces<br />

pentes et des descentes rapides assurent un<br />

plaisir certain aux randonneurs qui découvrent la<br />

région autour de Monstein, des Fideriser Heuberge<br />

et du Glattwang – bien à l’écart de l’agitation<br />

des stations de Davos et de Klosters.<br />

Expert<br />

Casques et masques de ski ............................................... 30<br />

La limite des constructions légères ............................... 44<br />

56<br />

1 x 1<br />

Rencontre au sommet<br />

Alpiniste à ski Luke Smithwick ....................................... 50<br />

1 x 1<br />

Maniement des peaux : astuces pour dépeauter ........... 56<br />

Contrôle du partenaire<br />

Bächli Sports de Montagne: l’époque des pionniers ...... 60<br />

HELIO CARBON<br />

Tobin Seagel, British Columbia<br />

Reuben Krabbe<br />

Final<br />

Formation chez Bächli Sports de Montagne .................. 64<br />

For dawn-to-dusk backcountry missions where<br />

slashing powder stashes is the name of the game.<br />

<strong>Inspiration</strong><br />

En route vers les deux Fiescherhörner,<br />

peu avant le dépôt des<br />

skis au Fieschersattel. Le ciel<br />

est coloré de jaune par le sable<br />

du Sahara.<br />

Photo Urs Nett<br />

Savoir-faire :<br />

dépeautage facile<br />

Lorsque les peaux des skis de randonnée flottent sauvagement<br />

dans le vent ou qu’elles se collent ensemble,<br />

le dépeautage peut ressembler à une bataille. Dans notre<br />

rubrique 1x1 sur le maniement des peaux nous livrons des<br />

astuces pour enlever facilement les peaux peu importe<br />

le type de peaux et les conditions météo. Les idées pour<br />

leur entretien et stockage complètent cet article.<br />

2<br />

3


Point de vue<br />

À la limite de<br />

la logique<br />

Quelqu’un se rappelle-t-il « Vertical Limit<br />

» ? Le film sur le K2 sorti en 2000, qui<br />

a coûté 75 millions de dollars, a certes<br />

rapporté beaucoup d'argent, mais il était<br />

tellement absurde du point de vue des<br />

techniques d’assurage qu’en comparaison<br />

« Free solo » d'Alex Honnold pourrait<br />

être projeté comme film d’instruction<br />

dans les salles d'escalade. Le summum<br />

a été atteint avec le pendule à un bras<br />

(par deux personnes !) par-dessus une<br />

corniche, la fusée de détresse fabriquée<br />

avec des poches de sang et des pétards<br />

chinois, et bien sûr la scène principale<br />

du film : un sauvetage en crevasse avec<br />

de la nitroglycérine. Le très fiable « Dictionnaire<br />

de la montagne au cinéma » cite<br />

Ed Viesturs et Barry Blanchard comme<br />

conseillers en matière de sports de montagne<br />

pour « Vertical Limit ». On peut<br />

néanmoins se demander si ces deux alpinistes<br />

hors pairs n’ont pas accompagné<br />

le tournage ligotés dans le coffre d’une<br />

voiture, bâillonnés et sous anesthésie générale.<br />

La deuxième question qui se pose<br />

est, comment, après ce film, le réalisateur<br />

Martin Campbell a-t-il reçu le mandat de<br />

diriger « James Bond : Casino Royale ». Si<br />

nous n’étions pas mieux renseignés, cette<br />

image pourrait être tirée de « Vertical Limit<br />

». La logique est limpide : tu es tombé<br />

dans une crevasse ? Ben, grimpe donc<br />

pour en sortir ! L'habileté avec laquelle<br />

le photographe David Herzig fait ici disparaître<br />

la corde de l'image le prédestine<br />

à un poste de caméraman sur « Vertical<br />

Limit 2 ». Divertissement garanti !<br />

Island<br />

David Herzig<br />

davidherzig.com<br />

4<br />

5


Point de vue<br />

Aussicht<br />

Trop<br />

réducteur<br />

« La paroi est presque lisse : tremblotant je<br />

me penche et je m’étire au maximum pour<br />

saisir une petite fissure avec l’extrémité<br />

d’un doigt. Je tiens bon, je rétablis mon<br />

équilibre puis je me faufile dans le dièdre.<br />

Puisant dans mes dernières réserves, je<br />

me jette sur une grande fissure. J’ai réussi<br />

! Quel soulagement ! » On pourrait croire<br />

que le récit d’Alistair McDowell provient<br />

d’un exploit réalisé dans une salle de bloc.<br />

Qui irait imaginer que la scène se déroule<br />

en fait au Cobra Pillar sur le Mount Barrill,<br />

situé en Alaka à proximité du Denali et bordant<br />

l’imposant Ruth Glacier. McDowell est<br />

Néozélandais. Accompagné de deux autres<br />

alpinistes du New Zealand Alpine Team et<br />

du photographe John Price, il s’est rendu<br />

d’un bout du monde à l’autre afin d’y trouver<br />

un granite vierge. Une fois le rocher tant<br />

convoité identifié, tout tourne visiblement<br />

à nouveau autour du prochain mouvement<br />

et du prochain mètre de rocher devant<br />

son nez. Mais que d’efforts pour y arriver :<br />

des vols annulés et un danger d'avalanche<br />

croissant obligent l'équipe à modifier ses<br />

plans à plusieurs reprises. Des sacs de<br />

hissage de 80 kg et des journées estivales<br />

interminables, malgré le cercle polaire<br />

tout proche, les épuisent. Un peu plus tard,<br />

une avalanche de neige mouillée géante<br />

manque de peu d’éjecter McDowell et Price<br />

de la paroi. Un membre de l’équipe doit<br />

être évacué, et pour couronner le tout, des<br />

corbeaux s’attaquent aux réserves de nourriture.<br />

Bref, ce projet mérite bien le terme<br />

« d’expédition » – et vouloir le réduire uniquement<br />

à quelques mémorables mouvements<br />

d’escalade serait décidemment trop<br />

réducteur.<br />

Cobra Pillar, Mount Barrill<br />

Alaska<br />

John Price<br />

johnpricephotography.ca<br />

6<br />

7


Point de vue<br />

Dernière<br />

descente<br />

Avec le Ränfenhorn (3255 m), ces trois<br />

randonneurs ont atteint le dernier<br />

sommet de la Haute Route bernoise.<br />

Jungfraujoch, Konkordiaplatz, Finsteraarhornhütte,<br />

Oberaarjoch, Scheuchzerhorn,<br />

Lauteraarhütte, Hubelhorn, Gaulihütte<br />

– ce voyage de plusieurs jours fait<br />

désormais partie du passé. Leur itinéraire<br />

passait également par la Grünhornlücke,<br />

qui, comme l'a très justement<br />

fait remarquer le lecteur Reinhard Jost à<br />

propos d'une photo similaire parue dans<br />

le numéro précédent, se trouve certes<br />

dans les Alpes bernoises, mais pas dans<br />

l'Oberland bernois (mais en Valais).<br />

<strong>No</strong>s trois compères sont donc<br />

presque arrivés. Il ne reste plus que la<br />

descente vers Rosenlaui. C'est encore<br />

l'aventure, mais déjà la joie et la nostalgie<br />

se mêlent en une inexplicable euphorie.<br />

Laisser le regard vagabonder une<br />

dernière fois : d’abord sur la première<br />

crête du Schlaflägersteck et du Ritzlihorn,<br />

puis sur la deuxième, où la pointe<br />

noire du Chilchlistock se dresse entre<br />

le Steinhüshorn et le Diechterhorn – et<br />

enfin jusqu'à l'horizon. Là, entre le Dammastock<br />

tout à droite et le Sustenhorn<br />

tout à gauche, le prochain voyage nous<br />

appelle déjà : la Haute Route uranaise.<br />

Ränfenhorn, 3255 m<br />

Haute route bernoise<br />

Dan Patitucci<br />

patitucciphoto.com<br />

8<br />

9


3 x 3<br />

D’attaque<br />

Des nouvelles de<br />

la montagne<br />

Produits actuellement dans notre assortiment, grands évènements<br />

et dernières nouvelles de la branche.<br />

Le Hummingbird est l'un des piolets les plus légers<br />

et les plus solides de sa catégorie. Homologué<br />

pour les courses de ski alpinisme, ce piolet<br />

est certifié conforme à la norme B. Cette dernière<br />

permet de l’utiliser comme piolet d'appui ou pour<br />

construire un ancrage type « boîte aux lettres »,<br />

mais pas pour grimper en glace raide (norme<br />

T) – pour cela, ce poids plume manque un peu<br />

d’inertie. En effet, l'objectif du Hummingbird est<br />

avant tout de vous accompagner lors de vos randonnées<br />

à ski (en haute montagne), où son poids<br />

est à peine perceptible grâce à une panne et une<br />

lame en titane. Le manche en aluminium est légèrement<br />

courbé et sa partie inférieure rugueuse<br />

assure une bonne prise en main. Une protection<br />

en plastique est fournie pour la lame et la panne,<br />

un ergo est disponible en option.<br />

Erratum édition 2023-04:<br />

La première femme<br />

Dans <strong>Inspiration</strong> 4/2023 (page 5) nous avons<br />

désigné à tort Mélissa Le Nevé comme étant<br />

la première femme à avoir escaladé des<br />

voies en 8c et 9a. La vérité : elle a bel et bien<br />

été la première femme à venir à bout des<br />

voies mythique « Wallstreet » (8c) et « Action<br />

directe » (9a). Par contre, c’est l’espagnole<br />

Josune Bereziartu qui a été la première<br />

femme à maîtriser un 8c (« Honky Tonky »<br />

1998) et un 9a (« Bain de Sang », 2002.)<br />

Atelier « skitourenguru » :<br />

meilleure planification<br />

Vous cherchez une randonnée à ski adaptée aux conditions<br />

avalancheuses et vous avez besoin d’aide à la<br />

planification ? Le site « skitourenguru » est à vos côtés<br />

et évalue chaque jour le risque d’avalanche pour 2600<br />

randonnées à ski dans toute la Suisse. Günter Schmudlach,<br />

randonneur passionné, développeur et exploitant<br />

de « skitourenguru » vous explique comment utiliser<br />

cette plateforme pour votre prochaine sortie. En janvier<br />

il répondra à toutes vos questions pendant 90 minutes<br />

dans six de nos magasins : St-Gall, Volketswil, Zürich-Oerlikon,<br />

Thoune, Berne et Pfäffikon. Ces ateliers<br />

sont gratuits. Retrouvez les dates et les inscriptions ici :<br />

baechli-bergsport.ch/fr/actualite/evenements/<br />

skitourenguru<br />

Le meilleur de nos<br />

marques dans<br />

« Sélection 1/<strong>2024</strong> » : en<br />

ligne dès maintenant<br />

La sélection d’articles phares pour chaque<br />

saison, qui paraissait quatre fois par année<br />

sous forme de revue imprimée, sortira dès<br />

lors en alternance sous forme imprimée et<br />

en ligne. Lors des « grands » changements<br />

de saison c’est-à-dire en avril pour le passage<br />

vers l’été et en octobre pour préparer<br />

l’hiver ce sera la version imprimée de<br />

« Sélection » qui vous informera sur les<br />

nouveautés. Les éditions de janvier et de juin ront dorénavant en ligne. Ceci est non seulement<br />

paraîtplus<br />

éco-responsable, mais aussi plus actuel<br />

puisque la disponibilité des produits présentés<br />

peut être continuellement actualisée.<br />

Retrouvez dès maintenant le meilleur de<br />

nos marques pour les randonnées à ski,<br />

les randos en haute montagne, la cascade<br />

de glace et les randonnées en raquettes dans<br />

Sélection 1/<strong>2024</strong> disponible sur notre site<br />

baechli-sportsdemontagne.ch<br />

HUMMINGBIRD<br />

BLUE ICE<br />

Poids : 200 g (45 cm)<br />

CHF 229.–<br />

Garder la ligne<br />

Le Pierra Ment EVO 20 a été conçu (et certifié)<br />

en premier lieu pour les courses de ski alpinisme,<br />

mais il devrait également plaire à de<br />

nombreux randonneurs à vocation sportive. Le<br />

concept d'utilisation prévoit un accès au plus<br />

grand nombre possible d’accessoires sans avoir<br />

à enlever le sac à dos. Il s'agit notamment du<br />

porte-bouteille sur la bretelle et de la fixation<br />

en diagonale pour les skis, munie de crochets<br />

de serrage. Le compartiment à crampons semi-rigide<br />

situé dans la partie inférieure du sac à<br />

dos est particulièrement novateur : il est équipé<br />

d'une fermeture magnétique et peut être retiré<br />

lorsqu'il n'est pas utilisé. Ce sac à dos est fabriqué<br />

en Dyneema et en nylon afin de le rendre<br />

particulièrement léger et robuste. L'intérieur<br />

dispose d'emplacements pour la sonde et la<br />

pelle. Un porte-piolet vient compléter l'équipement.<br />

Volume : 20 litres.<br />

PIERRA MENT EVO 20<br />

MILLET<br />

Poids : 550 g<br />

CHF 259.–<br />

10<br />

Bien au chaud<br />

Le Soloist Glove est un gant chaudement<br />

rembourré pour les randonnées à ski en<br />

moyenne ou haute montagne ou la cascade<br />

de glace. Un gant intérieur amovible avec<br />

un garnissage en fibres synthétiques (Primaloft<br />

Gold) assure une isolation performante.<br />

L'extérieur du gant (qui peut aussi<br />

être utilisé seul les jours plus chauds) résiste<br />

à l’humidité grâce à un insert imperméable<br />

BD.dry et à une imprégnation GTT<br />

Empel fortement déperlante. L’intérieur est<br />

doublé de cuir de chèvre souple et résistant<br />

à l'abrasion. Les manchettes extra-longues<br />

avec cordon de serrage empêchent la<br />

neige de s'infiltrer, même lorsque les bras<br />

sont plus hauts que la tête. Les petits détails<br />

comme la boucle sur le majeur pour<br />

retirer le gant, la garniture douce sur le<br />

pouce pour s'essuyer le nez ou le clip pour<br />

attacher les deux gants ensemble s’avèrent<br />

très utiles dans la pratique.<br />

SOLOIST GLOVE<br />

BLACK DIAMOND<br />

Poids : 261 g/paire<br />

CHF 135.–<br />

FIXATIONS PARAGLIDE <br />

Disponibles sur toutes les raquettes MSR de la série Trail<br />

CONFORTABLES.<br />

FACILES À MANIPULER.<br />

FAITES POUR TON PIED.<br />

Les fixations de raquettes que<br />

tu vas vraiment aimer porter.<br />

11<br />

PLUS D’INFORMAT ION SUR MSRGEAR. COM


3 x 3<br />

Advertorial<br />

Propre en ordre<br />

Le nouveau laminé ePE de Gore-Tex est<br />

déjà présent dans la collection hardshell<br />

de Patagonia. Les pionniers en matière<br />

de textiles fonctionnels ont réussi à fabriquer<br />

leurs membranes imperméables et<br />

coupe-vent en polyéthylène sans PFC. Le<br />

tissu extérieur en nylon recyclé est également<br />

équipé d’une imprégnation sans<br />

PFC et l'ensemble de la veste est certifié<br />

bluesign. Les accessoires ne laissent rien<br />

à désirer non plus : capuche compatible<br />

avec le casque avec rembourrage synthétique<br />

et insert Storm Seal, aérations sous<br />

les bras avec zip bidirectionnel, cordons<br />

de serrage Cohaesive à la taille et à la<br />

capuche pouvant être manipulés d'une<br />

seule main, deux poches extérieures<br />

accessibles même avec un baudrier et<br />

plusieurs poches.<br />

SUPER FREE ALPINE JKT W<br />

PATAGONIA<br />

Poids : 380 g<br />

CHF 539.–<br />

Légère et mordante<br />

La pelle est l'un des trois éléments obligatoires<br />

de l'équipement de sécurité et il<br />

faut toujours pouvoir compter sur elle. Si<br />

une pelle légère avec une lame en plastique<br />

peut encore faire l’affaire dans le<br />

jardin familial, c'est au plus tard dans<br />

la neige compactée par l'avalanche qu’il<br />

faut envisager un autre outil. Pour cette<br />

raison, la pelle Alugator est équipée d’une<br />

lame robuste (24 x 22 cm) en aluminium<br />

7075 soudé, trempé et anodisé et qu’elle<br />

est de plus pourvue de nervures de stabilisation.<br />

Malgré cela, le poids reste dans<br />

une zone acceptable. Le manche télescopique<br />

résistant à la torsion, avec sa section<br />

en double T, supporte sans broncher<br />

des contraintes élevées. Pour que tout se<br />

passe bien dans le stress que représente<br />

une situation d’urgence, il se bloque automatiquement.<br />

Le manche se rallonge de<br />

39 à 75 cm. La pelle est certifiée selon la<br />

norme UIAA 156.<br />

Le rando à ski dans les Grisons<br />

« juste<br />

patgific! »<br />

Vive la glace !<br />

Les 26 et 27 janvier <strong>2024</strong> approchent ! La<br />

24 e édition des championnats du monde<br />

d’escalade sur glace se déroulera à Saas-<br />

Fee. Plus de 100 athlètes de haut niveau<br />

se disputeront les titres dans le « Ice-<br />

Dome », une paroi de glace artificielle<br />

haute de 32 mètres. Ils seront encouragés<br />

par au moins 2500 spectateurs qui transformeront<br />

le parking en arène de compétition<br />

(vêtements chauds recommandés).<br />

En plus des compétitions, il y aura<br />

à nouveau une multitude d’événements<br />

annexes : des ateliers de cascade glace<br />

aux spécialités culinaires servies dans<br />

la tente de restauration chauffée avec<br />

LiveView, en passant par les légendaires<br />

after-show-party où l'on peut côtoyer les<br />

athlètes de près. En tant que sponsor,<br />

Bächli se réjouit particulièrement d'être<br />

à nouveau présent à ces championnats du<br />

monde en Valais !<br />

iceandsound.com<br />

ALUGATOR ULTRA<br />

MAMMUT<br />

Poids : 395 g<br />

CHF 125.–<br />

Analyse 3D de Sidas :<br />

pour trouver<br />

chaussure à son pied<br />

Dès maintenant tous les magasins Bächli<br />

Sports de Montagne sont équipés d’un<br />

scanner à pieds de chez Sidas. Ce scanner<br />

3D permet de mesurer facilement et<br />

précisément votre pointure, la hauteur du<br />

coup de pied, les points d’appui, la position<br />

des orteils, la largeur maximale du pied et<br />

d’autres données utiles. Ceci permet ensuite<br />

de sélectionner les chaussures de<br />

ski ou de marche qui vous conviendront le<br />

mieux. Ce service est gratuit.<br />

Photos : Nico Schärer, Oliver Kubitz, Adobe Stock<br />

Les randos dans les Grisons – juste « patgific » (signifiant « tranquille,<br />

décontracté » en romanche). Les régions de Davos Klosters,<br />

Prättigau et Disentis Sedrun offrent bien plus que des sommets.<br />

Celles et ceux qui choisissent d’y passer du temps, trouveront non<br />

seulement une poudreuse magnifique, mais aussi de nombreuses<br />

propositions de bien-être pour le corps et l’âme, des surprises<br />

culinaires et des instants inoubliables en montagne.<br />

Le canton des Grisons est une plaque<br />

tournante du randonnée à ski. Les régions<br />

de Davos Klosters, Prättigau et Disentis<br />

Sedrun vous attendent avec leurs sommets<br />

parfaitement adaptés à la randonnée<br />

à ski, des vues spectaculaires, des pentes<br />

de poudreuse vierges et des paysages hivernaux<br />

envoûtants. Et le meilleur dans<br />

tout ça : grâce aux possibilités quasiment<br />

infinies, les novices y trouvent autant leur<br />

compte que les plus expérimentés.<br />

Le risque de confusion est faible<br />

– alors que la station mondaine de St.<br />

Anton am Arlberg offre du champagne<br />

et beaucoup de blingbling, deux chaînes<br />

de montagnes plus au sud-ouest<br />

St. Antönien est surtout connu pour son<br />

enneigement abondant et la garantie de<br />

ralentir drastiquement. Le village le plus<br />

élevé du Prättigau (1459 m) est officiellement<br />

le premier village d’alpinistes de<br />

Suisse. Entouré d'une nature intacte, cet<br />

L'aspect inoubliable d'une randonnée à ski<br />

est rarement de nature sportive. Ce sont les<br />

rencontres avec les habitants, l'expérience authentique<br />

de la nature, l'arrêt dans une auberge<br />

de montagne, les découvertes culinaires des<br />

Grisons et toutes les autres choses qui complètent<br />

parfaitement chaque course. Ce<br />

n'est que lorsque tout ces ingrédients<br />

sont réunis que la rando est<br />

« juste patgific » !<br />

authentique habitat dispersé des Walser<br />

est parfait comme camp de base pour<br />

les randonnées à ski. Parmi les sommets<br />

aux multiples variantes, la Sulzfluh<br />

(2817 m) est le plus connu et le plus élevé.<br />

D’autres possibilités sont par exemple<br />

le Jägglisch Horn (2290 m) ou l'Eggberg<br />

(2202 m) que l’on gravit en environ deux<br />

heures et demie de montée et qui promettent<br />

tous deux une descente savoureuse.<br />

Le Chörbsch Horn (2651 m) est une autre<br />

« montagne magique » pour les randonneurs<br />

à ski. Il se trouve à un jet de boule<br />

de neige de la Schatzalp à Davos, qui est<br />

devenue mondialement célèbre grâce au<br />

roman de Thomas Mann « La montagne<br />

magique ». Le sommet peut être atteint<br />

en deux heures environ par le Strelapass.<br />

Des crêtes spectaculaires à perte de vue<br />

et des descentes peu fréquentées rendent<br />

cette randonnée particulièrement attrayante.<br />

Le Chrüzlistock (2709 m) près de Sedrun<br />

est un sommet majestueux. Il est assis<br />

sur la frontière entre le canton d’Uri et<br />

celui des Grisons et constitue un véritable<br />

« piège à neige ». Une montée raide et un<br />

passage exposé sur une arête en font un<br />

objectif qui vaut le détour, surtout pour les<br />

randonneurs expérimentés. Du sommet,<br />

le regard se porte sur les pics rocheux<br />

saupoudrés de neige délimitant le domaine<br />

skiable de Disentis. Les freeriders ont<br />

tracé leurs lignes comme des coups de<br />

pinceau sur leurs faces. Sur le Chrüzlistock,<br />

en revanche, le calme règne avant<br />

de s'adonner à l'ivresse de la descente.<br />

Voir les propositions de<br />

randonnées dans les Grisons :<br />

graubuenden.ch/ski-randonnee<br />

12<br />

13


Bon plan Sustenpass<br />

Wendesattel, ou :<br />

voyage au cœur<br />

de la<br />

« Suisse Bächli »<br />

Comment les collaboratrices et collaborateurs de Bächli<br />

Sports de Montagne fêtent-ils les 50 ans de leur employeur<br />

? En montagne, bien sûr ! Pour le début d’une<br />

série de quatre courses autour du jubilé, ils se rendent à<br />

ski au centre géographie de la « Suisse Bächli ».<br />

Texte & Photos Bernard van Dierendonck<br />

Ce n’est pas un sommet<br />

officiel, mais elle est tout de<br />

même bien proéminente : la<br />

tour rocheuse du Wendesattel<br />

marque l’objectif de notre<br />

randonnée à ski réalisée à<br />

l’occasion du jubilé de Bächli.


Bon plan Sustenpass<br />

Arbeitseinsatz Interferrera Wegweiser<br />

Au croisement : Jonas Fischle<br />

(magasin de Pfäffikon), Sonja<br />

Züger (magasin de Volketswil)<br />

et Ralph Strahberger (magasin<br />

de Kriens) profitent pleinement<br />

de la course du jubilé<br />

Bächli. L’objectif était une<br />

course de ski de randonnée<br />

à proximité de l’intersection<br />

des lignes reliant le magasin<br />

Bächli le plus au nord à celui<br />

le plus au sud, et le plus à<br />

l’ouest à celui le plus à l’est.<br />

withTommy<br />

Caldwell<br />

Ralph Strahberger<br />

52 ans, responsable du magasin Bächli<br />

Sports de Montagne à Kriens depuis 10 ans<br />

Pour la première des quatre courses du jubilé Bächli, le département<br />

marketing a imaginé quelque chose de particulier :<br />

relier le magasin le plus au nord de la Suisse, à Bâle, et celui<br />

le plus au sud, à Contone, ainsi que celui le plus à l’est, à Coire,<br />

avec celui le plus à l’ouest, à Lausanne. C’est à l’intersection<br />

de ces deux lignes, c’est-à-dire au centre géographique de la<br />

« Suisse Bächli », que cette série du jubilé doit commencer. En<br />

outre, cette petite expédition ne sera pas menée par n’importe<br />

qui : Sonja Züger, cheffe du rayon textile à Volketswil, Jonas<br />

Fischle, responsable du magasin de Pfäffikon et Ralph Strahberger,<br />

responsable du magasin de Kriens seront de la partie.<br />

Un bon choix, pourrait-on penser, car les tous les trois sont<br />

des passionnés de ski de randonnée. Pourtant, la course vers<br />

le « cœur de Bächli » a failli échouer à cause de la disponibilité<br />

des membres de l’équipe.<br />

Le passage clé se trouve dans l’agenda<br />

Les lignes reliant les magasins se croisent à un endroit parfait,<br />

à proximité du Sustenpass. Cette région de haute montagne<br />

est un eldorado pour le ski de randonnée. Au printemps,<br />

les sommets sauvages de la région sont très appréciés : Fünffingerstock,<br />

Giglistock, Gwächtenhorn ou encore le Sustenhorn,<br />

point culminant du massif. C’est ce dernier que visait la<br />

première course du jubilé. Lors de la planification, il devient<br />

vite évident que cette randonnée très prisée est devenue beaucoup<br />

plus sérieuse ces dernières années. En raison du recul<br />

effrayant du glacier, des séracs instables menacent la partie<br />

inférieure de la voie normale, d’autres passages deviennent<br />

de plus en plus raides et les crevasses du plateau glaciaire<br />

toujours plus béantes. Mais à peine le plan B est-il établi –<br />

une ascension moins connue et moins fréquentée par la Voralphütte<br />

et la Chelenalplücke – que nous sommes confrontés<br />

à un problème totalement inhabituel pour l’hiver 22/23 dans<br />

l’ensemble pauvre en neige. Les fronts froids se succèdent<br />

et un mètre et demi de neige fraîche tombe en haute montagne.<br />

Le danger d’avalanche est défavorable et il faut trouver<br />

un nouveau créneau. Trouver une période favorable devient le<br />

passage clé de la course, car lorsqu’on dirige des rayons ou<br />

même des magasins, on a naturellement un emploi du temps<br />

chargé, qui ne coïncide que très rarement avec les conditions<br />

en montagne. Plan C : la course de deux jours devient une<br />

randonnée d’un jour et le rayon d’action autour du « cœur de<br />

Bächli » est légèrement étendu vers le nord. De plus, Remo<br />

Balterima, guide de montagne de Bergpunkt, complète<br />

l’équipe. Cet habitant d’Engelberg nous fait part de conditions<br />

d’enneigement étonnamment bonnes au Titlis étant donné un<br />

hiver si pauvre en neige. De plus, ce sommet est à peine plus<br />

Carte : Swisstopo<br />

• Ce que je préfère c’est conseiller<br />

les clientes et clients en matière de<br />

hardware – tout l’équipement nécessaire<br />

à la progression en rocher ou<br />

en glace.<br />

• Une cordelette de huit mètres de long<br />

et un mousqueton à vis sont toujours<br />

dans mon sac à dos. Cet équipement<br />

minimaliste m'a déjà aidé dans de<br />

nombreuses situations délicates.<br />

• Ma discipline de prédilection est les<br />

randonnées à ski.<br />

• À intervalles réguliers je pars seul<br />

dans le <strong>No</strong>rd et je marche avec ma<br />

tente dans les contrées sauvage de<br />

Scandinavie.<br />

Rocher<br />

Single trail<br />

Bloc<br />

Compétition de<br />

ski alpinisme<br />

Fixation à<br />

inserts<br />

Freeride<br />

Skis larges<br />

Mérinos<br />

Pantalon<br />

hardshell<br />

Casque<br />

Porte bonheur<br />

Duvet<br />

Bivouac<br />

Saucisse sèche<br />

Barre<br />

énergétique<br />

Ceci ou cela ?<br />

Poudreuse<br />

Chemin de<br />

randonnée<br />

Alpinisme<br />

Semaine de ski<br />

de rando<br />

Fixation à cadre<br />

Randonnée à ski<br />

Skis légers<br />

Synthétique<br />

Pantalon<br />

softshell<br />

Bonnet en laine<br />

Appareil photo<br />

Fibres<br />

synthétiques<br />

Cabane<br />

Houmous<br />

Sandwich<br />

*(fait maison avec de la mayonnaise, de<br />

la viande séchée et des cornichons)<br />

*<br />

Le choix de Tommy pour<br />

l‘escalade sur glace :<br />

EDELRID RAGE<br />

Tommy Caldwell est passionné par l‘escalade de voies exigeantes,<br />

y compris l‘escalade sur glace et en mixte. Après avoir<br />

testé notre nouveau RAGE, il a été ravi de voir à quel point les<br />

prises tiennent bien dans sa main et offrent une prise exceptionnelle.<br />

Les pointes en acier du RAGE sont remarquablement<br />

robustes et peuvent supporter de charges lourdes (8 kN).<br />

Grimpez comme Tommy et préparez-vous à la prochaine<br />

saison d‘escalade sur glace !<br />

16<br />

www.edelrid.com<br />

17


Bon plan Sustenpass<br />

éloigné du Sustenpass que le Sustenhorn initialement visé. Il<br />

respecte donc totalement le concept initial.<br />

Titlis, que je t’applaudisse<br />

Sonja Züger<br />

Vendeuse spécialisée dans les articles<br />

de sports de montagne et chez<br />

Bächli Sports de Montagne depuis<br />

quatre ans. Cheffe du rayon textile au<br />

magasin de Volketswil.<br />

• Je suis particulièrement passionnée<br />

par conseiller nos clients en matière<br />

d’équipement de ski de randonnée et<br />

d’habits.<br />

• Mon sac est toujours minimaliste – mais<br />

comporte toujours une veste chaude.<br />

• Ma discipline préférée est la randonnée<br />

à ski. J'ai redécouvert ce sport depuis<br />

que je travaille chez Bächli.<br />

• J'adore être en montagne, peu importe<br />

que ce soit à ski ou à pied. Je suis souvent<br />

dans la région de la Surselva.<br />

Ce sera donc le Titlis. Depuis des décennies, ce sommet parsemé<br />

de glace et de roches fait partie des spots de freeride les<br />

plus connus au monde. Les freeriders ont les yeux qui brillent<br />

lorsqu’ils parlent du Galtiberg, du Laub, du Sulz, de Steintäli et<br />

de Steinberg – les « Big Five » du Titlis, cinq descentes de 2000<br />

mètres de dénivelé absolument incontournables dans la région.<br />

Par un samedi ensoleillé et exceptionnellement chaud pour une<br />

fin avril, nous nous préparons à descendre de la station supérieure<br />

du Titlis. Dans le ciel, de fins cirrus annoncent déjà la prochaine<br />

perturbation. Aujourd’hui, même le contrôle du DVA est<br />

positif : l’un d’entre nous avait apparemment déjà tiré un trait sur<br />

la saison et retiré les piles de son appareil pour la pause estivale.<br />

Heureusement, le guide de montagne prévoyant avait des piles<br />

de rechange avec lui.<br />

Les premiers mètres de la descente sur le glacier du Titlis<br />

ne sont pas aisés. Bien que la dernière neige fraîche ne remonte<br />

qu’à un jour, le manteau neigeux est déjà entièrement labouré et<br />

nous oblige à adopter un style de descente rock’n’roll. Au bout de<br />

deux cents mètres de dénivelé nous traversons vers des pentes<br />

plus isolées. La neige n’y est certes pas aussi meuble qu’en plein<br />

hiver, mais grâce à nos larges skis, nos virages sont rythmés et<br />

le plaisir nous gagne. Après sept cents mètres de dénivelé, nous<br />

freinons pour mettre un terme à cette première descente. Au<br />

‹1›<br />

‹1 › Never Sun fait partie<br />

du passé : après 700<br />

mètres de dénivelé, il faut<br />

remettre les peaux.<br />

‹2 › « La trace était-elle<br />

judicieuse ? », nous demandons-nous<br />

après coup.<br />

‹2 ›<br />

Ceci ou cela ?<br />

Rocher<br />

Single trail<br />

Poudreuse<br />

Chemin de<br />

randonnée<br />

Bloc<br />

Course de ski<br />

alpinisme<br />

Alpinisme<br />

Semaine de<br />

rando à ski<br />

Freeride<br />

Randonnée à ski<br />

Skis larges<br />

Skis légers<br />

Mérinos<br />

Pantalon<br />

hardshell<br />

Casque<br />

Synthétique<br />

Pantalon<br />

softshell<br />

Bonnet en laine<br />

COULOIR 30 | 40<br />

18<br />

Porte-bonheur<br />

Duvet<br />

Saucisse sèche<br />

Thé<br />

Appareil photo<br />

Fibres<br />

synthétiques<br />

Houmous<br />

Boissons<br />

isotonique<br />

« Aujourd’hui, même le contrôle<br />

DVA fut positif : l’un d’entre<br />

nous avait déjà retiré les batteries<br />

pour la pause estivale. »<br />

exped.com<br />

SAC À DOS DE RANDONNÉE HIVERNALE<br />

AVEC ACCÈS PAR L’ARRIÈRE<br />

Parfaitement équipé pour les randonnées<br />

hivernales! Chaque détail est optimisé pour<br />

une utilisation dans la neige.<br />

Pour que le système de portage du sac à<br />

dos reste sec lorsqu’on pose celui-ci dans<br />

la neige, l’accès se fait par l’arrière via la<br />

fermeture éclair à 270° de la partie dorsale<br />

ou par une ouverture à chargement par le<br />

haut raffinée située du côté du système de<br />

portage. On peut facilement y attacher des<br />

skis, un snowboard ou des raquettes à neige.<br />

Les deux volumes sont également disponibles<br />

en version «Wmns».<br />

Durable: tissus recyclés, certifiés bluesign et<br />

exempts de PAFS.<br />

19


Bon plan Sustenpass<br />

54 e-mails, 18 téléphones,<br />

8 options de sommets,<br />

6 dates de report,<br />

5 agendas pleins à craquer<br />

et un bulletin d’avalanche qui saute<br />

d’un extrême à l’autre au rythme<br />

de la journée – voici les ingrédients<br />

de cette rando du jubilé.<br />

‹2›<br />

‹1› Au Jochstock. Conversion<br />

après conversion,<br />

sans difficultés notables.<br />

‹2› Jonas Fischle s’élance<br />

dans la poudreuse du<br />

Jochgletscher.<br />

‹3›Le guide de montagne<br />

Remo a su trouver la ligne<br />

parfaite.<br />

‹1›<br />

pied du Reissend <strong>No</strong>llen, nous collons les peaux pour entamer la<br />

deuxième partie de notre course : la montée au Wendesattel qui<br />

culmine à 2777 mètres d’altitude.<br />

Pendant la saison, lorsque le télésiège du Jochstock fonctionne,<br />

cet itinéraire est très fréquenté. Ce n’est pas étonnant,<br />

car dans ce terrain exposé nord-ouest, les conditions sont souvent<br />

très bonnes et accessibles en une petite heure de montée<br />

depuis l’arrivée du télésiège. Il ne faut néanmoins pas sous-estimer<br />

cette petite rando. Comme l’itinéraire passe par un terrain<br />

escarpé et accidenté jusqu’à 35°, il est qualifié d’« assez difficile »<br />

(AD) sur le portail des courses du CAS.<br />

Fin avril, les remontées mécaniques ne fonctionnent plus<br />

et pour nous le dénivelé sera plus conséquent. <strong>No</strong>us suivons la<br />

trace en direction du Wendesattel dans une pente immaculée.<br />

Remo, le guide de montagne, raconte : « Juste au-dessus de<br />

l’arrivée du télésiège du Jochstock, il y a un passage que nous<br />

appelons ‘Hillary-Step’. » La plupart du temps, un ressaut rocheux<br />

entrave la progression et nécessite de le franchir à pied,<br />

comme le passage clé à l’Everest. Cela promet des positions<br />

photogéniques, mais il n’en est rien : l’abondante neige fraîche<br />

a complétement recouvert le passage clé et nous franchissons<br />

le « Hillary-Step » sans difficulté notable, les skis aux pieds. Plus<br />

rien ne s’oppose à la poursuite de l’ascension de notre « Everest »<br />

du jour. L’objectif n’est certes pas un sommet, mais un col d’environ<br />

300 mètres de large. La tour rocheuse marquante qui sert de<br />

point culminant n’en est ma foi que plus impressionnante. À l’est<br />

et à l’ouest, le Wendesattel est délimité par les imposants sommets<br />

du Reissend <strong>No</strong>llen et du Chly-Wendestock. Vers le sud, on<br />

jouit d’une vue plongeante sur Gadmen et sur le véritable « cœur<br />

de Bächli », l’univers dentelé des sommets et des glaciers entourant<br />

le Sustenpass.<br />

On se dit brièvement que, pour une course de jubilé, cette<br />

randonnée est un peu modeste par rapport au plan initial, l’ascension<br />

du Sustenhorn. Mais notre plan C est parfaitement adapté<br />

à la formule 3x3, c’est-à-dire « les conditions, le terrain et le<br />

facteur humain » et nous en tirons le meilleur parti possible en<br />

cet hiver difficile.<br />

Jonas Fischle<br />

34 ans, chez Bächli Sports de Montagne<br />

depuis plus de dix ans, actuellement<br />

chef de rayon au magasin de<br />

Pfäffikon SZ<br />

• Ce que je préfère c’est conseiller les<br />

clientes et clients en matière d’équipement<br />

de camping.<br />

• J’aime beaucoup être seul en montagne<br />

ou alors avec l’équipe Bächli de ski alpinisme.<br />

• Mes régions préférées : Engelberg et la<br />

région du Gothard.<br />

• L’appareil photo est toujours dans mon<br />

sac à dos.<br />

Rocher<br />

Single trail<br />

Bloc<br />

Course de ski<br />

alpinisme<br />

Fixation à inserts<br />

Freeride<br />

Skis larges<br />

Ceci ou cela ?<br />

Poudreuse<br />

Chemin de<br />

randonnée<br />

Alpinisme<br />

Semaine de ski<br />

de rando<br />

Fixation à cadre<br />

Randonnée à ski<br />

Skis légers<br />

large et léger bien sûr<br />

La descente gagnante<br />

Mérinos<br />

Synthétique<br />

« <strong>No</strong>us franchissons le<br />

‹Hillary Step› à pied. Plus<br />

aucun obstacle ne<br />

nous empêche d’atteindre<br />

l’‹Everest› du jour. »<br />

‹3›<br />

Après le pique-nique – Jonas préfère les gels énergétiques et<br />

Ralph ne sort jamais sans un sandwich avec de la mayonnaise<br />

et de la viande séchée – nous dépeautons les skis et calculons à<br />

nouveau les données de cette course. Il en résulte un excellent<br />

rapport descente/montée de presque 3:1. Les mètres de descente<br />

dépassent même ceux du Sustenhorn !<br />

Plus tard, alors que nous examinons, les cuisses brûlantes,<br />

nos belles traces de descente dans la partie parsemée<br />

de rochers, je dis à Remo : « C’est une trace intelligente ! » « Tu<br />

es sûr ? » grommelle le montagnard d’Engelberg dans sa barbe,<br />

« reste à discuter à quel point cette descente était intelligente par<br />

ces températures exceptionnellement chaudes ».<br />

quand il sʻagit dʻune<br />

sortie tranquille<br />

Pantalon<br />

hardshell<br />

Casque<br />

Porte-bonheur<br />

Duvet<br />

Bivouac<br />

quand cʻest la performance<br />

qui compte<br />

Pantalon<br />

softshell<br />

Bonnet en laine<br />

Appareil photo<br />

Fibres<br />

synthétiques<br />

Cabane<br />

20<br />

21


Voyages lointains et sports de montagne Relais<br />

Très haut – très loin<br />

Les sports de montagne et les voyages lointains sont-ils encore<br />

compatibles ? Pour cette rubrique, nous avons sollicité la contribution<br />

d’une guide de montagne et d’un grimpeur professionnel.<br />

Photo : Adobe Stock<br />

« En vacances, je reste les<br />

deux pieds sur terre »<br />

Sascha Lehmann<br />

Professionnel de l'escalade<br />

« En tant qu’athlète professionnel en coupe du monde,<br />

je voyage beaucoup et tout autour de la planète. Les<br />

voyages en avions sont inévitables si je veux pratiquer<br />

l’escalade à ce niveau. Je suis totalement conscient de<br />

l’impact sur l’environnement qui en résulte et la durabilité<br />

reste malgré tout un enjeu majeur pour moi.<br />

Pour les compétitions hors Europe je n’ai pas d’alternative<br />

à l’avion, les voyages dureraient simplement<br />

trop longtemps. Afin d’apaiser ma conscience je paie<br />

les compensations de CO 2<br />

, ce qui n’est évidemment<br />

pas une véritable solution au problème. Seul renoncer<br />

serait vraiment durable. Malgré mes voyages lointains<br />

je ne vois malheureusement que peu de choses des<br />

pays que je visite. L’attention est focalisée sur la compétition.<br />

Il m’arrive parfois de rester quelques jours –<br />

comme l’année passé à la coupe du monde de Jakarta<br />

où je suis resté deux jours de plus pour voir certains<br />

quartiers de la ville et de faire une sortie en bateau sur<br />

de magnifiques îles. La plupart du temps, le planning<br />

des compétitions et des entraînements ne permet pas<br />

de séjours prolongés. Pour les évènements en Europe<br />

j’essaie d’éviter les vols et de m’y rendre en train ou en<br />

voiture, à condition que mon calendrier des entraînements<br />

me le permette – c’est ainsi qu’en 2023 j’ai pris<br />

le train pour me rendre aux compétitions de Koper et<br />

Laval. Il est évident que la performance est toujours au<br />

premier plan et le choix du moyen de transport ne doit<br />

pas influencer mon aptitude à la compétition. Comme<br />

j’emprunte déjà passablement l’avion pour exercer mon<br />

sport, j’ai décidé de garder les pieds sur terre pendant<br />

mes vacances. L’année passée je suis par exemple parti<br />

surfer dans l’Algarve au Portugal en train et bus. Oui,<br />

les trajets au sol sont plus longs et plus onéreux – ce qui<br />

est un problème de notre système – mais ils sont aussi<br />

source de grandes aventures, ce qui est également<br />

précieux. Mais si l'on veut que nos habitudes de voyage<br />

soient vraiment respectueuses de l'environnement, le<br />

changement doit passer par la politique. Les voyages<br />

en train doivent être facilités et les passagers aériens<br />

devraient payer pour leur impact environnemental. »<br />

La guide de montagne Ariane Stäubli utilise, tant que<br />

possible, les transports publics. En plus de son métier de<br />

guide, elle s’intéresse à la question de l’ambivalence du<br />

comportement humain. Avec une histoire « fictive, mais qui<br />

pourrait être réelle », elle souhaite amorcer un changement<br />

de perspectives.<br />

À l’occasion d’un doux après-midi d’hiver, deux amies<br />

se retrouvent pour un café. L’une est guide de montagne,<br />

l’autre une conseillère d’entreprise à succès. Tandis que les<br />

deux attendent leur café, elles parlent de leurs vacances.<br />

La conseillère d’entreprise s’enthousiasme pour un trekking<br />

au Pérou : randonner sur les traces des Incas jusqu’au<br />

Machu Picchu. « En plus de ça, je reviens de quelques jours<br />

aux Lofoten pour des randonnées à skis magiques avec les<br />

aurores boréales. Curieusement, notre plan de vol a survolé<br />

la zone de stockage du CO 2<br />

‹<strong>No</strong>rthern Lignts›. Bientôt,<br />

le CO 2<br />

que nous émettons sera capturé et stocké au fond<br />

de la mer, près de la côte ouest de la <strong>No</strong>rvège. En mars, je<br />

m’envole dix jours au Canada pour faire de l'héliski exclusif<br />

dans de la poudreuse digne d’un champagne. » La guide<br />

de montagne fait le récit de ses vacances d’automne aux<br />

Balkans. « Le train et le ferry nous ont permis de rejoindre<br />

Durres. Pendant cinq semaines nous avons marché dans<br />

les montagnes albanaises, kosovares et monténégrines.<br />

Parfois, la description de l’itinéraire très vague nous amenait<br />

dans une autre vallée que prévu, parfois le sentier se<br />

perdait dans un paysage karstique chaotique. Parfois nous<br />

n’atteignions pas l’objectif de notre étape parce que nous<br />

avions oublié le temps en ramassant des myrtilles. Une<br />

fois nous avions pu nous réchauffer et nous sécher au coin<br />

du feu dans une cabane de berger. Afin de pouvoir communiquer<br />

avec les bergers nous avons dessiné des images<br />

dans le sable. » « Ouf, cela ressemble à beaucoup d'attente<br />

et à une progression inefficace », remarque la conseillère<br />

d’entreprise. « Je n’ai que quatre semaines de vacances<br />

par année. Mon salaire est bon et mon luxe est de vivre un<br />

maximum de choses pendant mes vacances, tu sais 'been<br />

there, done that'. » La guide de montagne touille son café<br />

et cligne des yeux au soleil. « Je crois que mon luxe, c’est<br />

d’avoir du temps.<br />

« Est-ce que plus est mieux ? »<br />

Ariane Stäubli<br />

Guide de haute montagne<br />

22<br />

23


Bon plan Loèche-les-Bains<br />

Toucher le ciel<br />

Un décor rocheux semblable aux Dolomites, des sommets<br />

de 3000 mètres offrant une vue imprenable et des sources<br />

chaudes : Loèche-les-Bains, en Valais, marque des points<br />

avec des randonnées à ski qui valent le détour et un aprèsski<br />

décontracté. Un week-end à renouveler.<br />

Texte & Photos Franz Thomas Balmer<br />

Dans la montée : situé<br />

sur la frontière du Valais<br />

et de l’Oberland bernois,<br />

le Wildstrubel (3244 m)<br />

fait partie des objectifs<br />

classiques.


Bon plan Loèche-les-Bains<br />

Ça sent le printemps lorsque nous mettons nos skis sur<br />

l'épaule et traversons Loèche-les-Bains. Je ne me lasse pas<br />

d'admirer l'imposante paroi de la Gemmi qui se dresse devant<br />

nous, derrière les maisons. Dès le début du Moyen-Âge, le col<br />

de la Gemmi constituait une liaison importante entre l'Oberland<br />

bernois et le Valais. Toutefois, la paroi rocheuse au-dessus<br />

de Loèche-les-Bains a longtemps été considérée comme<br />

infranchissable. Rien d'étonnant à cela : elle tombe presque à<br />

la verticale dans la vallée. Et ce sur plus de 600 mètres. Elle a<br />

déjà inspiré Goethe et le début de l'histoire de Sherlock Holmes<br />

« The Final Problem » d'Arthur Conan Doyle. Quel spectacle ! Un<br />

soupçon des Dolomites. <strong>No</strong>us continuons à flâner en passant<br />

devant le Geisstrog (un abreuvoir pour chèvres) – un sujet de<br />

photo très apprécié dans le vieux quartier de Loèche-les-Bains.<br />

La fontaine en bronze rappelle la vie simple d'autrefois. Jusque<br />

dans les années 50, un jeune berger gardait une centaine de<br />

chèvres. Il est peu avant neuf heures. <strong>No</strong>us sommes devant le<br />

téléphérique de la Gemmi et prenons la première benne de la<br />

journée. Depuis 1957, ce téléphérique mène directement au<br />

sommet du col ; il a été rénové en 2<strong>01</strong>2. La petite cabine nous<br />

catapulte du printemps à l'hiver à 2268 mètres d'altitude.<br />

Sur les traces de Thomas Hinchcliff<br />

Le col de la Gemmi est encore recouvert de brouillard. <strong>No</strong>tre<br />

aventure à ski commence. <strong>No</strong>us allumons nos DVA et chaussons<br />

nos skis pour une première petite descente jusqu'au Jägerboden.<br />

<strong>No</strong>us nous jetons à l'eau. De la neige fraîche est<br />

tombée pendant la nuit. Certes, seulement quelques centimètres,<br />

mais suffisamment pour que tout soit fraîchement<br />

saupoudré. Le soleil se fraie un chemin à travers la brume<br />

– et semble devenir de plus en plus fort. Il est déjà clair que ce<br />

sera une journée limpide. Heureusement que nous avons mis<br />

beaucoup de crème solaire. À un rythme tranquille nous traversons<br />

le Lämmerenboden vers l'ouest. <strong>No</strong>us arrivons bientôt<br />

à un premier petit passage clé : un ressaut raide où une<br />

bonne technique pour les conversions est importante. <strong>No</strong>tre<br />

itinéraire nous amène plus au fond de la vallée en direction du<br />

sommet central du Wildstrubel, l’objectif du jour. La première<br />

ascension de ce sommet a d'ailleurs été réalisée en 1857 par<br />

les Anglais Thomas W. Hinchcliff et Bradshaw Smith avec leur<br />

guide chamoniard Zacharie Cachat.<br />

‹1› Joie du sommet : « Seigneur,<br />

offre à chacun un peu de ciel sur<br />

la terre », peut-on lire sur la croix<br />

sommitale du sommet central du<br />

Wildstrubel.<br />

‹2› La randonnée à ski débute<br />

avec une première petite descente<br />

dans la poudreuse depuis l’arrivée<br />

de la télécabine de la Gemmi.<br />

Vue panoramique jusqu’au Mont Blanc<br />

Le premier tronçon jusqu'au Wildstrubelgletscher est plutôt<br />

plat, voire en légère montée. Loin derrière nous se trouve toujours<br />

le mur de brouillard. Je fredonne la mélodie du groupe<br />

suisse Taxi de 1977 parlant de Campari avec vue sur la mer<br />

de brouillard. Pas à pas, nous prenons de l'altitude. La civilisation<br />

semble très loin. Seul le clic-clac méditatif des fixations<br />

résonne à chaque pas. Le soleil printanier brûle sans pitié, la<br />

sueur coule à flots. À environ 2700 mètres d'altitude, nous foulons<br />

le glacier du Wildstrubel tout en longeant des crevasses<br />

aux reflets bleus. Les plus grandes crevasses sont bien visibles,<br />

les plus petites sont enneigées, c'est pourquoi nous renonçons<br />

à nous encorder. Il y a déjà une bonne trace faite par d'autres<br />

randonneurs. Plus nous montons, plus le paysage devient alpin.<br />

Sur les derniers mètres qui nous séparent du sommet un<br />

vent frais siffle à nos oreilles. L'air se raréfie, mais la vue est<br />

d'autant plus belle : un panorama à couper le souffle nous attend<br />

à la croix du sommet central du Wildstrubel. Même le Mont<br />

Blanc, avec ses 4808 mètres d'altitude, se montre à l’horizon.<br />

Respirer, reprendre son souffle, car le meilleur reste à venir.<br />

Le Wildstrubel tombe à pic sur deux côtés ; sur son versant<br />

sud-est s’écoule le Wildstrubelgletscher et sur son flanc sud le<br />

glacier de la Plaine Morte. <strong>No</strong>us enlevons les peaux remplaçons<br />

les lunettes de soleil par les masques de ski. Il est temps de passer<br />

à l'action ! Un véritable rêve récompensant tous les efforts de<br />

la montée s’offre à nous : les pentes soutenues en dessous de la<br />

rupture du glacier à environ 2850 mètres sont recouvertes d’une<br />

poudreuse incroyable. Quelle descente ! <strong>No</strong>us sommes bien dans<br />

‹1›<br />

« Le sommet central<br />

du Wildstrubel est<br />

un objectif plaisant à<br />

ski de randonnée.<br />

L’itinéraire évolue sur<br />

des glaciers sauvages,<br />

sans être pressé<br />

par le temps et baigné<br />

dans un paysage de<br />

haute montagne. »<br />

‹2›<br />

‹3›<br />

3<br />

sommets font partie du massif du<br />

Wildstrubel. De l’ouest à l’est : le Wildstrubel<br />

à proprement parler (3233 m),<br />

aussi appelé « Lenkerstrubel », le sommet<br />

central culminant à 3243.5 m ainsi<br />

que le Grossstrubel (3243 m).<br />

35+1<br />

personnes peuvent être transportées<br />

dans la cabine panoramique de<br />

la Gemmi. La télécabine les dépose<br />

directement au sommet du col et franchit<br />

900 mètres de dénivelé.<br />

65<br />

sources thermales avec de l’eau<br />

à 51 degrés Celsius jaillissent<br />

ici quotidiennement. Loèche-les-Bains<br />

est ainsi la plus grande station<br />

thermale et wellness de Suisse.<br />

‹3› Le vieux village de Loècheles-Bains<br />

avec sa fontaine<br />

en bronze est un sujet de photo<br />

très apprécié.<br />

26<br />

27


Bon plan Loèche-les-Bains<br />

KM<br />

A B C D E F<br />

‹1› Ivresse de la poudreuse<br />

combinée à un panorama de rêve :<br />

pas étonnant que la région de<br />

la Gemmi soit convoitée par les<br />

randonneurs à ski.<br />

28<br />

30<br />

TOURING<br />

BERNINA<br />

SWITZERLAND<br />

EUROPE<br />

<strong>01</strong> 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12<br />

‹2› En hiver 1990 la Lämmerenhütte<br />

bien appréciée fut détruite par une<br />

avalanche. Peu après, la nouvelle<br />

cabane fut construite à côté avec un<br />

mur massif en forme de coin pour<br />

se protéger des avalanches.<br />

‹3› Du temps pour se détendre : les<br />

thermes se trouvent à proximité de<br />

la place du village historique.<br />

‹3›<br />

24<br />

26<br />

• VALLEY<br />

• STARTING<br />

• POINT<br />

• PIZ PALÜ<br />

EAST SUMMIT<br />

Pontresina, 1805 meters<br />

Diavolezza cable car mountain<br />

station, 2973 meters<br />

3882 meters<br />

Whether only to the east summit or via the complete<br />

traverse, Piz Palü is a must for every passionate<br />

ski tourer. The almost four-thousand-meter peak<br />

delights with spectacular descents amidst a spectacular<br />

glacier backdrop.<br />

GUIDE LITE<br />

ONE CARBON<br />

les temps et faisons un détour par la Lämmerenhütte SAC. Elle<br />

trône sur un balcon naturel au-dessus de la région de la Gemmi.<br />

Les gardiens de la cabane, Barbara et Christian Wäfler,<br />

ouvrent la Lämmerenhütte au moins six mois par an. Côté gastronomie,<br />

ils misent sur les produits régionaux. Il est temps de<br />

déguster une tarte aux abricots du valais et un verre de Rivella.<br />

<strong>No</strong>tre regard se perd parmi les montagnes. Le temps semble<br />

s'être arrêté – c’est exactement cela qu’on vient chercher en<br />

montagne. Depuis la cabane, nous apercevons une destination<br />

envisageable pour le lendemain : le Daubenhorn. La large pente<br />

du sommet offre environ 600 mètres de descente, mais semble<br />

malheureusement déjà bien tracée. Soudain, un fracas. Un peu<br />

plus loin de la cabane, une petite avalanche gronde sur une paroi<br />

rocheuse. Heureusement, personne ne se trouve dans les<br />

environs. Il est un peu plus de 15 heures. <strong>No</strong>us reprenons le<br />

chemin du Gemmipass. L'origine du nom Gemmi est d'ailleurs<br />

controversée. Selon une interprétation, le nom dériverait probablement<br />

du latin gemini, en français jumeau, en raison de<br />

l'apparence similaire du Rinderhorn et du Altels. Quoi qu'il en<br />

soit, après une courte descente, rejoignons le plateau duquel<br />

nous avons commencé la course. <strong>No</strong>us nous mettons à faire du<br />

« Une descente de rêve avec<br />

un ressaut plus raide<br />

récompense tous les efforts<br />

de la montée. »<br />

skating comme à ski de fond pour nous approcher de la télécabine.<br />

Ouf ! Cela demande vraiment un gros effort.<br />

Mais soudain, tout se passe différemment. Là où il y avait<br />

encore du soleil, des nuages épais apparaissent et se rapprochent<br />

dangereusement. La rapidité avec laquelle le temps<br />

peut changer en montagne est toujours fascinante – et souvent<br />

sous-estimée. Pour la dernière montée vers la télécabine<br />

de la Gemmi, nous devons à nouveau mettre les peaux. Il ne<br />

faut surtout pas perdre de temps, car une tempête se prépare.<br />

Maintenant, tout va très vite. Le vent nous fouette le visage sans<br />

pitié. Je passe ma capuche sur la tête, la visibilité se réduit<br />

de minute en minute. J'ai un peu l'impression de patauger à<br />

l'aveugle dans l'Antarctique. Les 50 derniers mètres de dénivelé<br />

deviennent un véritable calvaire. Le vent est de plus en plus<br />

fort. Dans mes gants fins, qui étaient presque trop chauds toute<br />

la journée par ce temps de rêve, mes doigts sont de plus en<br />

‹2›<br />

‹1›<br />

Propositions de courses<br />

et accès :<br />

baechli-bergsport.ch/fr/<br />

leukerbad<br />

plus froids. Je pense à mes moufles au fond du sac à<br />

dos. Mais je ne veux pas m'arrêter maintenant pour les<br />

sortir. Au contraire. Cela me motive à monter encore<br />

plus vite. Chaque pas en avant nous fait prendre de l'altitude<br />

– et l'objectif se rapproche, même si nous ne le<br />

voyons pas encore. Enfin ! Les contours de l’installation<br />

de la Gemmi se dessinent comme un tableau flou. <strong>No</strong>us<br />

y sommes presque ! À l'abri dans la télécabine, nous<br />

enlevons nos capuches – et le sourire revient. Le téléphérique<br />

nous transfère en toute sécurité de la tempête<br />

hivernale à la vallée, où la partie conviviale nous attend.<br />

Le côté savoureux de Loèche-les-Bains<br />

Pas de karaoké, pas de tumulte : l'après-ski à Loècheles-Bains<br />

est discret et soigné. <strong>No</strong>us nous installons<br />

confortablement sur un canapé en cuir. Devant nous, sur<br />

la table, un plat valaisan avec de la viande séchée et du<br />

fromage. C'est le prélude au côté culinaire de Loècheles-Bains.<br />

Même plus tard dans la soirée, au souper, nous<br />

restons fidèles à la viande. Il ne faut pas toujours se limiter<br />

à une fondue et au fendant en Valais. Pour l'accompagner,<br />

nous choisissons un vin rouge de la célèbre cave<br />

Adrian et Diego Mathier – l'un des meilleurs grands crus<br />

du Valais. Pas étonnant : bonne acidité, peu de tanins. Par<br />

contre, fruité avec une belle note de vanille. La vie peut<br />

être si belle. Un vent froid balaie le village lorsque nous<br />

ouvrons la fenêtre de la chambre le lendemain matin. La<br />

tempête persiste. Ce n’est définitivement pas un temps à<br />

sortir en montagne. Le Daubenhorn devra attendre. Ce<br />

n'est pas grave. Avec les bains thermaux alpins du Valais,<br />

nous avons une alternative au mauvais temps sous la<br />

main. Il faut d'ailleurs 40 ans pour que l'eau de montagne<br />

infiltrée s'enrichisse en minéraux dans les profondeurs<br />

et jaillisse à nouveau sous forme d'eau thermale à 51<br />

degrés Celsius. <strong>No</strong>s muscles se détendent, nos pensées<br />

vagabondent. Ce qui reste, ce sont les impressions d'une<br />

savoureuse randonnée à ski sur des glaciers sauvages<br />

dans un décor alpin de haute montagne, sans stress<br />

ni précipitation. Et bien sûr, la sensation agréable des<br />

sources chaudes ainsi que le goût vanillé persistant du<br />

grand cru valaisan. Un week-end pour tous les sens.<br />

2<br />

4<br />

6<br />

8<br />

10<br />

12<br />

14<br />

16<br />

18<br />

20<br />

22<br />

PIZ<br />

BERNINA<br />

MORTERATSCH<br />

GLACIER<br />

BELLAVISTA<br />

PERS<br />

GLACIER<br />

PIZ PALÜ<br />

0<br />

28<br />

LEKI LENHART GMBH<br />

73230 KIRCHHEIM UNTER TECK<br />

LEKI.CH<br />

29<br />

48° 38‘ 11.274“ N 9° 28‘ 34.23“ E


Expert Casques et masques de ski<br />

Expert<br />

Protection<br />

totale<br />

Strap<br />

Le strap du masque est fabriqué<br />

avec un matériau élastique et<br />

peut être adapté à la circonférence<br />

de la tête ou du casque.<br />

Des points de fixation à l’arrière<br />

du casque évitent que le strap<br />

ne glisse.<br />

Casque<br />

En plus de l’aération et<br />

du confort, la forme du<br />

casque est décisive. Pour<br />

savoir si le casque est<br />

adapté à sa tête, le mieux<br />

est de l'essayer sur<br />

place, dans un magasin.<br />

Sur les pistes de ski, le casque s’est largement imposé. On le voit<br />

aussi de plus en plus souvent sur la tête des randonneurs à ski, et bien<br />

sûr aussi en combinaison avec des masques. Quelles sont les<br />

dernières nouveautés et à quoi faut-il faire attention lors de l'achat ?<br />

Texte Hanna Bär<br />

Quel changement ! Il y a encore 20 ans, seuls<br />

20 pour cent des skieurs et snowboardeurs<br />

portaient un casque sur les pistes de ski<br />

suisses. Aujourd'hui, selon le bureau de<br />

prévention des accidents, ce taux est supérieur<br />

à 90 pour cent. Il n'existe certes pas<br />

de chiffres comparables pour le ski de randonnée,<br />

mais le port du casque a certainement<br />

sensiblement augmenté ces dernières<br />

années. D'emblée, il faut savoir qu'il<br />

n'existe pas de casque idéal pour les deux<br />

disciplines. « Les casques de ski alpin sont,<br />

dans une certaine mesure, utilisables en<br />

randonnée. Il existe cependant de grandes<br />

différences en termes de poids, d'aération,<br />

de certification et d'encombrement », explique<br />

Päivi Litmanen, cheffe de produits<br />

et experte chez Bächli. Car contrairement<br />

au ski alpin, le casque de rando doit aussi<br />

être transporté à la force des mollets à la<br />

montée – d’où l’importance de son poids.<br />

Dans l'assortiment Bächli, on trouve donc<br />

des casques dans une fourchette de poids<br />

assez large, allant du casque de ski de<br />

randonnée DNA de Dynafit, qui pèse 300<br />

grammes, au casque de ski « classique »<br />

Igniteur 2VI MIPS de Sweet Protection, qui<br />

pèse 620 grammes.<br />

Conception : une protection efficace<br />

Les casques actuels sont conçus<br />

soit avec une coque rigide, soit selon la<br />

technologie « In-Mold ». Les premiers<br />

possèdent une coque extérieure rigide en<br />

plastique, souvent en ABS ou en polycarbonate,<br />

tandis qu'une couche intérieure<br />

séparée de la première assure l'absorption<br />

de l'énergie de choc. Dans le cas des<br />

casques In-Mold, la couche extérieure<br />

est généralement un peu plus fine et directement<br />

liée à une coque intérieure<br />

en mousse dure (polystyrène expansé ou<br />

EPS). À l'impact, la coque intérieure se<br />

déforme et absorbe les forces générées.<br />

Les casques dits hybrides constituent une<br />

troisième catégorie. Ils combinent les<br />

deux types de construction, bénéficiant<br />

à la fois de la solidité et des possibilités<br />

d'aération d’une coque rigide et du faible<br />

poids d’une construction In-Mold. « Souvent,<br />

la partie supérieure des casques<br />

hybrides est constituée d'une coque rigide<br />

tandis que les côtés s’inspirent des<br />

constructions In-Mold », explique Litmanen.<br />

Quelle que soit la manière dont ils<br />

sont conçus, tous les casques doivent<br />

répondre à la norme de sécurité EN 1077.<br />

L'une des nouveautés de ces dernières<br />

années dans le domaine des casques est<br />

ce que l'on appelle le MIPS – signifiant<br />

Multi-Directional Impact Protection System.<br />

En cas de chute, les forces de choc et<br />

d’impact exercées sur la tête ne sont pas<br />

uniquement linéaires mais aussi rotatives.<br />

Afin de contrer ces forces rotatives,<br />

une couche intermédiaire est intégrée<br />

dans les casques MIPS. Elle fonctionne<br />

comme un palier lisse et permet à la<br />

coque du casque de glisser de 10 à 15 millimètres<br />

dans toutes les directions, même<br />

sous charge maximale. « Cela permet de<br />

réduire les forces qui font pivoter la tête »,<br />

explique Litmanen. La technologie MIPS<br />

ne pèse que 25 à 45 grammes.<br />

Un casque bien adapté<br />

La taille d’un casque est déterminée à<br />

partir du tour de tête en centimètres. On<br />

peut facilement le déterminer soi-même<br />

à l'aide d'un mètre-ruban et d'un miroir –<br />

la mesure se fait environ 2,5 centimètres<br />

au-dessus des sourcils. La grande majorité<br />

des modèles sont disponibles en<br />

plusieurs tailles. C'est une bonne chose,<br />

car l'ajustement d'un casque est presque<br />

Illustration : Saija Sollberger<br />

Doublures des oreilles<br />

Elles protègent les<br />

oreilles en cas de chute<br />

et les tiennent au chaud<br />

par temps froid. Si les<br />

doublures sont amovibles,<br />

le casque s’adapte<br />

facilement aux températures<br />

printanières.<br />

Masque<br />

Il protège les yeux du<br />

soleil, de la neige et du<br />

vent. Pour garantir une<br />

vision optimale, il faut<br />

choisir le bon verre. Si le<br />

masque est porté avec un<br />

casque, il faut s’assurer<br />

de leur compatibilité.<br />

30<br />

31


Expert Casques et masques de ski<br />

POUR CELLES ET CEUX QUI CHOISISSENT<br />

32<br />

Lorsque le casque est porté<br />

sur la tête aussi à la montée,<br />

il faudrait que son aération<br />

soit suffisante.<br />

Hybride modulable<br />

Un bon choix pour les randonnées à<br />

ski, pour le freeride et la piste : le Tenet<br />

MIPS de Giro. Ce casque combine<br />

une coque dure sur le dessus avec<br />

une construction In-Mold légère sur<br />

les côtés et en bas. La technologie<br />

MIPS assure une protection supplémentaire<br />

en cas de chute. Peu importe<br />

que ce soit avec une cagoule<br />

ou avec un bandeau, la tenue du<br />

casque est réglée par le système In<br />

Form 2 Fit. Ce système est composé<br />

d’une molette à l’arrière de la tête,<br />

dont la position peut varier dans la<br />

hauteur grâce à un mécanisme de<br />

coulissement. L’aération est régulée<br />

au moyen d’ouvertures réglables. La<br />

doublure en polaire Ionic+ assure une<br />

belle réserve de chaleur. Si l’on devait<br />

quand même une fois transpirer, les<br />

ions d’argent évitent les odeurs désagréables.<br />

Disponibles dans les tailles<br />

S (52-55,5 cm), M (55,5-59 cm) et L<br />

(59-62,5 cm).<br />

TENET MIPS<br />

GIRO<br />

Poids : 494 g<br />

CHF 219.–<br />

aussi individuel que celui d'une chaussure<br />

de randonnée. « Le casque doit être<br />

suffisamment serré pour ne pas bouger<br />

– mais il ne doit faire mal nulle part »,<br />

explique Litmanen. Certains fabricants<br />

incluent dans leurs casques des tampons<br />

et des coussinets adhésifs pour améliorer<br />

le confort et l’assise du casque. Pour le<br />

réglage fin et la stabilisation du casque, la<br />

molette à l'arrière de la tête s'est imposée<br />

chez presque tous les fabricants. Malgré<br />

tout, le choix du bon modèle est décisif.<br />

« Tous les casques ne conviennent pas à<br />

toutes les têtes », constate Litmanen. Elle<br />

recommande donc de les essayer dans<br />

l’un des magasins Bächli.<br />

Il existe également des différences<br />

au niveau de l'équipement : des rembourrages<br />

amovibles sont pratiques pour pouvoir<br />

les laver ou les retirer lorsqu'il fait<br />

chaud. Pour qui porte son casque aussi à<br />

la montée – ce qui peut s'avérer tout à fait<br />

judicieux notamment sur des itinéraires<br />

exposés aux chutes de pierres ou de glace<br />

– une bonne aération est bien agréable.<br />

Sur certains modèles, les fentes d'aération<br />

peuvent être fermées au moyen de curseurs,<br />

ce qui améliore l’isolation par temps<br />

froid. Une fermeture magnétique de la jugulaire<br />

peut également éviter quelques<br />

jurons : « par rapport à une boucle standard,<br />

une fermeture magnétique présente<br />

l'avantage de se fermer plus facilement,<br />

ce qui est bienvenu lorsqu’on porte de gros<br />

gants », conclut Litmanen. Les personnes<br />

qui apprécient les fonctionnalités spéciales<br />

trouvent aujourd'hui leur bonheur :<br />

des supports pour caméra, des coussinets<br />

aux formes spéciales pour les oreilles<br />

permettant l'utilisation d’écouteurs sans<br />

fil ou même des systèmes de communication<br />

entièrement intégrés avec écouteurs,<br />

micro et couplage au smartphone<br />

ne sont plus de la musique d'avenir.<br />

Certification multiple pour la haute<br />

montagne<br />

« En randonnée à ski la totalité de l’équipement<br />

doit être transporté à la force des<br />

mollets. Le poids du casque joue donc un<br />

rôle important », constate Litmanen. Sa<br />

compacité sera aussi un avantage lorsqu’il<br />

faut le ranger dans le sac à dos. Les<br />

filets pour casque permettent de fixer la<br />

protection crânienne à l’extérieur du sac à<br />

dos et ont fait leurs preuves. Pour des rai-<br />

sons d’économie de poids, les casques de<br />

ski de rando spécifiques ne sont souvent<br />

pas dotés d’un rembourrage très épais.<br />

On choisira donc sa forme plutôt de sorte<br />

qu’il soit possible de le porter par-dessus<br />

un bandeau ou un bonnet fin. Tandis que<br />

les casques de ski alpin sont trop lourds<br />

pour la plupart des adeptes des sports de<br />

montagne, l’utilisation d’un casque spécifique<br />

pour la rando fait déjà plus sens. Si<br />

l’on souhaite utiliser le casque également<br />

pour l’alpinisme, il est judicieux d’acheter<br />

un casque binormé. Ce dernier satisfait la<br />

norme de sécurité pour les casques de ski<br />

alpin, mais aussi la norme EN 12492 pour<br />

l’alpinisme. « Ceux qui démarrent la course<br />

à l’aurore, avant le lever du soleil, sont tributaires<br />

d’une lampe frontale », explique<br />

Litmanen. Cette éventualité doit être prise<br />

en compte. Les casques multinormes, tels<br />

que par exemple le modèle Couloir Mountain<br />

de Scott ou le 3Tech Alpi Honeycomb de<br />

Movement, sont normalement équipés de<br />

fixations spéciales afin que la lampe frontale<br />

ne glisse pas sur le casque. Certains<br />

casques ont même encore la certification<br />

EN 1078 en tant que casque de vélo et disposent<br />

d’une visière bien utile en VTT (p. ex.<br />

« TLT » de Dynafit). Tous les vœux sont donc<br />

comblés par exemple au printemps à l’occasion<br />

d’une rando avec approche à vélo.<br />

Une vision juste<br />

Si l’on porte un casque de ski, on porte<br />

en général aussi un masque – car sans<br />

protéger les yeux, les descentes sont un<br />

Photo : Daniel Breuer<br />

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Expert Casques et masques de ski<br />

La tendance actuelle pour<br />

les masques se dirige vers<br />

cadres fins ou des verres sans<br />

cadres. En plus de leur design<br />

épuré, ces modèles offrent<br />

souvent un champ de vision<br />

plus large.<br />

calvaire même à faible vitesse. À cause<br />

de la multitude des modèles de casques<br />

et de masques, tous les produits ne sont<br />

pas compatibles entre eux. C’est même<br />

parfois le cas alors qu’ils proviennent du<br />

même fabricant. « Le masque ne doit être<br />

ni trop large, ni trop haut pour le casque.<br />

Ce dernier ne doit pas écraser le masque<br />

sur le nez ou, vice-versa, le masque ne<br />

doit pas faire glisser le casque vers la<br />

nuque », révèle Päivi Litmanen. Dans le<br />

cas idéal, il faudrait emporter son propre<br />

casque ou son propre masque au magasin<br />

lorsqu’on souhaite acheter un nouvel<br />

équipement. De plus, le masque doit bien<br />

sûr être adapté au visage – des tailles<br />

enfants aux variantes particulièrement<br />

« Ceux qui démarrent<br />

leur sortie avant le<br />

lever du soleil sont<br />

tributaires d’une<br />

lampe frontale. Cette<br />

éventualité doit être<br />

prise en compte à<br />

l’achat d’un casque. »<br />

Päivi Litmanen<br />

Gestionnaire de produits<br />

étroites ou larges, le choix est vaste. Pour<br />

les porteurs de lunettes il existe des modèles<br />

OTG (over the glasses) spéciaux qui<br />

ont un plus grand écart avec l’écran et<br />

peuvent ainsi être portés par-dessus des<br />

lunettes de vue. Un modèle bien adapté<br />

couvre entièrement les yeux et ne presse<br />

nulle part, même pas sur le nez. Contre la<br />

formation de buée et le « vol à l'aveugle »,<br />

autrefois si redouté, les fabricants ont développé<br />

des innovations telles que des revêtements<br />

antibuée ou des rembourrages<br />

en mousse particulièrement perméables<br />

à l'air. La courbure du verre joue aussi<br />

un rôle dans la formation de buée : les<br />

verres sphériques, c’est-à-dire convexes<br />

dans l’axe horizontal et vertical, offrent un<br />

plus grand espace intérieur, ce qui permet<br />

une meilleure circulation de l’air. Une<br />

meilleure vue panoramique est un autre<br />

avantage de ces verres. Les verres cylindriques,<br />

qui ne sont courbés que dans le<br />

sens horizontal, sont en revanche souvent<br />

moins onéreux.<br />

La perméabilité à la lumière est<br />

un critère important pour l’achat d’un<br />

masque de ski. Le degré de transmission<br />

lumineuse, ou valeur VLT, indique combien<br />

de lumière un verre laisse passer.<br />

Tout comme pour les lunettes de soleil,<br />

les masque de ski n’indiquent pas la valeur<br />

précise, mais une gradation en cinq<br />

catégories de 0 à 4. Dans la catégorie 0<br />

on trouve des lunettes/masques avec un<br />

verre transparent, par exemple pour les<br />

randos nocturnes. Les verres des catégories<br />

1 et 2 sont recommandées pour une<br />

météo mauvaise à changeante, la catégorie<br />

3 est adaptée à un ciel ensoleillé. Les<br />

verres de la catégorie 4, sont utilisés pour<br />

les conditions très lumineuses comme<br />

sur un glacier. Deux options s'offrent<br />

maintenant à celui qui veut couvrir différentes<br />

conditions lumineuses avec un<br />

seul masque : soit on choisit un modèle<br />

avec des verres interchangeables, soit<br />

on opte pour un verre photochromique.<br />

Ces derniers comprennent des molécules<br />

sensibles à la lumière et réagissent ainsi<br />

à différentes conditions lumineuses.<br />

En cas de temps ensoleillé, ces verres<br />

s’assombrissent et deviennent plus opaques.<br />

Lorsque la luminosité est faible, ils<br />

deviennent plus transparents. Les verres<br />

les plus courants couvrent les catégories<br />

1 à 3 ou 2 à 4.<br />

La couleur du verre n’a d’ailleurs<br />

rien à voir avec la perméabilité à la lumière.<br />

« Certaines teintes peuvent par<br />

exemple améliorer les contrastes en cas<br />

de mauvaise visibilité. Cela n’a cependant<br />

rien à voir avec l’aspect extérieur<br />

du verre », souligne Litmanen. Les verres<br />

polarisants réduisent les réflexions et reflets<br />

gênants, comme sur la glace ou sur<br />

l’eau. Ils accentuent aussi quelque peu le<br />

contraste, permettant ainsi une meilleure<br />

lecture du terrain. Tous les masques vendus<br />

chez Bächli protègent bien sûr contre<br />

le rayonnement UV.<br />

Tout comme le casque, le masque<br />

n’est pas porté du début à la fin d’une randonnée<br />

à ski. Lorsque les conditions ne<br />

sont pas exécrables, les lunettes de soleil<br />

sont un meilleur choix pour la montée.<br />

« En transportant le masque, il faudrait<br />

toujours protéger le verre, par exemple<br />

avec une housse en microfibre », conseille<br />

Litmanen. Pour nettoyer le masque, le<br />

mieux est d’utiliser un tissu en microfibre<br />

avec de l’eau ou une lingette humide spécifique.<br />

Si le verre est déjà fortement rayé<br />

ou si le revêtement antibuée a perdu de<br />

son efficacité, il convient de réfléchir à<br />

un nouvel achat. Les fabricants recommandent<br />

d'ailleurs une durée d'utilisation<br />

maximale d'environ cinq ans pour les<br />

casques – mais après une chute, ils devraient<br />

être remplacés sans attendre.<br />

TRAILBREAKING<br />

AVALANCHE SAFETY<br />

E L E C T R I F I E D<br />

PROTECTION<br />

Depuis 1980, notre objectif est de fournir aux passionnés de montagne la meilleure protection possible.<br />

Avec notre système d‘airbag électronique, nous posons un nouveau jalon en matière de sécurité avalanches.<br />

LÉGER | ÉLECTRONIQUE | POLYVALENT<br />

34<br />

35


Bon plan Randos plaisir à Davos et dans le Prättigau<br />

Symphonie<br />

en blanc<br />

Des arêtes sauvages et des bosses blanches et douces.<br />

Des montées épiques et des descentes fulgurantes dans la<br />

poudreuse. Davos Klosters et le Prättigau sont mondialement<br />

connus pour leurs domaines skiables. Mais ils offrent<br />

encore un potentiel incroyable à qui chaussera ses ski<br />

de randonnée.<br />

Texte & Photos Christian Penning<br />

Rêves de poudreuse<br />

ininterrompus : la longue<br />

descente du sommet<br />

de Glattwang dans les<br />

Fideriser Heuberge jusqu'à<br />

Fideris offre un joli de panorama<br />

et du plaisir à son<br />

état le plus pur.


Bon plan Randos plaisir à Davos et dans le Prättigau<br />

Thema Rubrik<br />

‹1› Le rêve des randonneurs<br />

: le village walser<br />

Monstein est un camp<br />

de base idéal, bien à<br />

l’écart de l’agitation de<br />

la station de Davos.<br />

‹2› Idyllique : les alpages<br />

authentiques ne<br />

manquent pas dans les<br />

Fideriser Heuberge.<br />

‹1›<br />

Une symphonie – des images devenues sonores, plusieurs<br />

mouvements, des scènes touchantes, des émotions qui jouent<br />

les montagnes russes. Comme ce week-end prolongé de randonnée<br />

dans les Grisons. Une symphonie en blanc. L'arrivée se<br />

fait par Davos, la ville la plus haute d'Europe – une station de ski<br />

animée, entourée de montagnes, de téléphériques et de gros<br />

spots de freeride. Monstein n'est qu'à un saut de puce. Juste<br />

après le hameau davosien de Glaris et le domaine skiable du<br />

Rinerhorn, une petite route de montagne serpente à travers la<br />

forêt jusqu'au village historique des Walser. Des maisons rustiques<br />

en bois, tannées par le soleil, une petite église trapue à<br />

l'orée de la forêt. Le temps semble s'être arrêté.<br />

Au bout de la rue du village, Anna et Jürg collent les peaux,<br />

chaussent leurs skis. La première montée commence par un andante<br />

modéré, ponctué d'un « Ccchhhrr, ccchhhhrr ! » éraillé. Le<br />

frottement des peaux sur le sol dur et gelé donne le rythme. Ce<br />

matin-là, il fait encore froid et on progresse à l’ombre. De petits<br />

nuages de vapeur s'échappent des poumons. Après trois cents<br />

mètres de dénivelé à peine, on atteint Oberalp – un ensemble de<br />

chalets d'alpage rustiques. En hiver, ils sont déserts. Les bonnets<br />

de neige sur leurs toits ressemblent à des couvertures sous<br />

lesquelles ils se sont mis à l'aise. Continuons ! Au-delà des 2000<br />

mètres, Jürg et Anna laissent les derniers mélèzes derrière eux.<br />

Un vaste haut vallon s'ouvre comme une salle de concert alpine.<br />

Journée de rêve et surprise désagréable<br />

Où que l’on regarde, on ne voit que des sommets. À droite,<br />

à gauche, tout droit. Le soleil brille. « Wow », s'enthousiasme<br />

Anna, « qui n'a pas le cœur à l'ouvrage en voyant ça ... ? »<br />

‹2›<br />

« Au cœur des Fideriser<br />

Heuberge, la<br />

symphonie en blanc résonne<br />

en douceur. »<br />

De la laine.<br />

Ou rien.<br />

Née dans la nature.<br />

Perfectionnée grâce à l’innovation.<br />

38<br />

39


Bon plan Randos plaisir à Davos et dans le Prättigau<br />

Thema Rubrik<br />

Depuis longtemps, elle a trouvé son rythme et savoure la montée.<br />

« Aller à son propre rythme est la clé pour des randonnées<br />

à ski agréables », sait-elle en tant que randonneuse expérimentée.<br />

« Ne te laisse pas presser, tu profiteras mieux de la<br />

course ». Jürg aussi avance à un rythme détendu. Pour économiser<br />

ses forces, il a opté pour des skis de randonnée légers.<br />

Près de l'Alp Fanezmeder, de douces bosses s'élancent<br />

comme des vagues sous les falaises du Chrachenhorn (2891 m).<br />

« De la poudreuse de meilleure qualité ... », sourit Jürg en balançant<br />

vivement son bâton de ski dans la neige, faisant virevolter<br />

Le monde en blanc :<br />

outre un terrain doux,<br />

les Fideriser Heuberge<br />

offrent quelques courts<br />

passages escarpés.<br />

0<br />

téléski dans le village de<br />

montagne Monstein à Davos<br />

270<br />

jours avec de la neige en<br />

moyenne par année au Weissfluhjoch<br />

(2693 m) situé entre<br />

Davos et le Prättigau<br />

1932<br />

construction de la première<br />

cabane de montagne<br />

« Berghaus Heuberge » et début<br />

du ski de randonnée<br />

comme activité touristique<br />

aux Fideriser Heuberge<br />

CONTRE<br />

TOUS<br />

VENTS<br />

LE SKI EST UNE PURE<br />

PASSION.<br />

Avec cette combinaison,<br />

tu es par tous les temps<br />

parfaitement équipé.<br />

1 |<br />

*Je suis sortie.<br />

*<br />

dans l'air un panache de cristaux scintillants. « ... Trop bonne pour<br />

manquer l'occasion ». Spontanément, Jürg et Anna décrivent une<br />

boucle pour gravir une bosse à côté de l'itinéraire de montée.<br />

Dépeauter, et c'est parti ! La neige se soulève et forme de<br />

gros nuages. Difficile d’imaginer des meilleures conditions. Jürg<br />

entame son dernier virage avant de retrouver l'itinéraire de montée.<br />

Bamm ! D'un seul coup, il disparaît dans un nuage de poussière.<br />

« Qu'est-ce que c'était ? » s'étonne-t-il en tentant de se relever<br />

de la neige. L'un de ses skis s'est subitement enfoncé dans<br />

un trou derrière un rocher à peine recouvert de neige. Ce n'est<br />

que maintenant que Jürg réalise la mauvaise surprise. Lorsqu'il<br />

parvient à extraire le ski de la neige, la moitié du ski pendouille,<br />

comme un drapeau. Rupture du ski ! Alors que Jürg s’élance dans<br />

la vallée sur un seul ski pour aller chercher une paire de skis de<br />

rechange dans la voiture, Anna et moi continuons la montée par<br />

le Bärentälli, côté sud. Ici, la neige s'est bien tassée et le danger<br />

d'avalanche est faible. <strong>No</strong>us avons l’intention de retrouver Jürg<br />

plus tard, en dessous du sommet de l'Älplihorn.<br />

Des sommets et de la poudreuse à perte de vue<br />

Presque aucun souffle n’est perceptible ce jour-là. Idéal pour<br />

savourer pleinement, deux heures plus tard, la pause au sommet<br />

avec vue sur une infinité de sommets autour de l'Albula,<br />

de Bergün et de la Silvretta. « La face ouest, plus raide, a de la<br />

bonne poudreuse", nous informe Jürg un peu plus tard. Pendant<br />

la montée, il a inspecté l'itinéraire de descente avec ses jumelles.<br />

Un peu en dessous du sommet, nous retrouvons Jürg. Il<br />

n'a pas besoin de convaincre Anna longuement de son plan. Le<br />

bulletin d’avalanche donne également le feu vert : degré deux.<br />

40<br />

Néanmoins, Jürg et Anna vérifient encore une fois la qualité de<br />

la neige à l'entrée de la première pente. C'est bon ! À la dernière<br />

chute de neige, il n'y avait pratiquement pas de vent. Le<br />

danger d’avalanche de plaque de neige est faible. Et c'est ainsi<br />

qu'avec un choix de ligne réfléchi, les virages deviennent un<br />

allegro enivrant dans une poudreuse tourbillonnante.<br />

Quelques virages en neige de printemps près du fond de<br />

vallée mettent fin à cette descente incroyable. Des raccards<br />

traditionnels bordent le village de Monstein. Comme dans les<br />

vallées de Saas Fee ou de Zermatt, ils reposent sur des piles<br />

surmontées d'imposantes pierres rondes en granit servant à<br />

protéger des rongeurs. Les premiers colons de Monstein étaient<br />

valaisans et ont apporté avec eux leurs astuces de construction<br />

alpine. Mais l'époque où l'économie alpestre et la mine du Silberberg<br />

assuraient la subsistance des habitants de Monstein est<br />

révolue depuis longtemps. Aujourd'hui, Monstein est un camp de<br />

base idyllique pour les adeptes de randonnées hivernales et randonnées<br />

à skis – sans remontées mécaniques. Et avec un type<br />

d'après-ski très particulier. La brasserie Biervision Monstein AG<br />

est installée dans l'ancienne fromagerie. Lors de son lancement<br />

en 20<strong>01</strong>, elle était considérée comme la brasserie la plus haute<br />

de Suisse, à 1620 mètres. À l'ère des micro-brasseries ce superlatif<br />

est certes vacillant, mais la brasserie du village vaut tout de<br />

même le détour. Avec leurs fines créations le maître brasseur Sebastian<br />

Degen et le brasseur Marcel Schneider s’opposent, tels<br />

deux irréductibles Gaulois, aux puissantes multinationales de<br />

la bière : la blonde « Huusbier », la blanche « Mungga », la brune<br />

« Gemsli » ou encore celle au blé « Schneehas ». Une conclusion<br />

en apothéose du premier mouvement de notre symphonie.<br />

3 |<br />

2 |<br />

1 | 3L Jacket Pizac<br />

2 | Down Jacket<br />

Silvretta<br />

3 | 3L Pants Pizac<br />

Fanny Smith, ambassadrice Schöffel<br />

championne du monde skicross,<br />

médaillée olympique 2<strong>01</strong>8 et 2022,<br />

3x gagnante du classement général de la coupe du monde<br />

41


Bon plan Randos plaisir à Davos et dans le Prättigau<br />

Par de bonnes conditions,<br />

les variantes de descente<br />

de l’Älplihorn à Monstein,<br />

sont un régal pour les<br />

adeptes de poudreuse.<br />

Des articles pour adoucir les<br />

plaisirs hivernaux<br />

Décrire de beaux virages dans la neige vierge procure un profond sentiment<br />

de bonheur. Un équipement adapté facilite l’accès au bonheur.<br />

Lattes larges<br />

Le juste milieu<br />

Propositions de courses et accès :<br />

baechli-bergsport.ch/<br />

praettigau<br />

Fideriser Heuberge – petit, mais exquis<br />

Deuxième jour, deuxième mouvement. La symphonie de la<br />

randonnée résonne aujourd'hui dans des tons doux. Les montagnes<br />

sont un peu moins hautes, les sommets moins abrupts.<br />

Une navette vrombit de Fideris, dans le Prättigau, vers les Fideriser<br />

Heuberge. Le chauffeur du bus s'arrête régulièrement en<br />

cours de route. Car la route d'accès est aussi la plus longue piste<br />

de luge de Suisse – douze kilomètres sur 1100 mètres de dénivelé.<br />

Le petit domaine skiable familial des Fideriser Heuberge se<br />

situe dans une vallée à l'enneigement sûr puisque le départ des<br />

installations est à presque 2000 mètres d'altitude. Un point de<br />

départ idéal pour des randonnées à ski plaisir. Dans le concert<br />

des innombrables raccards se trouvent ici trois auberges de<br />

montagne. Les adeptes des sports de neige ont le choix entre<br />

chalets et chambres à deux ou quatre lits. Une bonne chose si<br />

l'on n'a pas envie de partager les nuits avec des ronfleurs dans le<br />

dortoir d'une cabane.<br />

Mais le soleil est encore haut dans le ciel. Une arbalète réduit<br />

le temps de montée au Chistenstein (2474 m) à environ une<br />

heure. Avant le sommet, la charmante symphonie hivernale offre<br />

un bref intermède plus dramatique. Anna et Jürg accrochent les<br />

skis à leurs sacs à dos. « C'est plus facile comme ça », dit Jürg.<br />

Les derniers mètres de l'arête sommitale raide sont parcourus<br />

à pied, les skis sur le dos. C'est le moment de faire un interlude<br />

allegro : de vastes pentes de poudreuse, des couloirs pentus – la<br />

descente se transforme en un appassionato passionné. Le soir,<br />

autour d'un verre de Merlot, Anna et Jürg en parlent encore avec<br />

enthousiasme, tout comme de la descente poudreuse du versant<br />

nord de l'Arflinafurgga.<br />

Petite montée, et final en grande pompe<br />

Troisième mouvement – toutes les bonnes choses vont par<br />

trois ! Pour finir en beauté, Jürg a concocté une surprise particulière<br />

pour le dernier jour. Une descente accessible avec un<br />

minimum de montée pour un maximum de plaisir. Il n'y a que<br />

400 mètres de dénivelé entre l’auberge Arflina et le sommet<br />

du Glattwang. Bientôt, la vue sur les bâtiments du domaine<br />

skiable ressemble à celle d'un paysage de train miniature.<br />

D'une certaine manière, cette vision correspond assez à cette<br />

mini-station de ski de longue tradition. Le Berghaus Heuberge<br />

et le Skihaus Arflina ont vu le jour au début des années 1930.<br />

Les premières remontées mécaniques ne tardèrent pas à arriver.<br />

Pourtant, l’agitation n’a jamais envahi ce fond de vallée.<br />

Les Heuberge comptent parmi les derniers spécimens<br />

de téléskis à arbalètes, menacés d'extinction. Mais contrairement<br />

à l’apparence de la station actuelle, les responsables<br />

ne manquent pas d'idées visionnaires. D'ici 2030, ils veulent<br />

transformer le domaine en une éco-station (de ski). Une première<br />

étape : le sauna à énergie solaire qui a été mis en service<br />

en 2020.<br />

Du sommet du Glattwang (2376 m), le regard porte sur le<br />

versant nord de la vallée du Prättigau. L'eldorado des randonnées<br />

à ski de St. Antönien se trouve au pied de la Sulzfluh. Un<br />

peu plus à l'ouest, près de Fanas, un téléphérique raccourcit<br />

la montée vers les pentes sud dépourvues d'arbres du Sassauna<br />

(2307 m). Un rêve avec de la neige de printemps. Mais<br />

encore mieux, c’est de la poudreuse qui attend Jürg et Anna<br />

aujourd’hui. Un final magistral : 1600 mètres d'un seul coup.<br />

Seuls. Aucune autre personne en vue. Une ode à la joie. « C'est<br />

l'heure d’une bière panache ! » s'exclame Anna en mettant<br />

ses skis sur l'épaule une fois arrivée à Fideris. Anna et Jürg<br />

posent leurs sacs à dos sur la terrasse ensoleillée de l'auberge.<br />

« Santé, à trois jours de plaisir ! » rit Jürg. Une fois de plus, les<br />

regards se tournent vers les sommets. Quel accord final pour<br />

cette symphonie de randonnées !<br />

Pour un maximum de plaisir en descente,<br />

rien ne vaut un ski large. Avec une largeur<br />

de 106 mm au patin, le ski Agent 3X de Faction<br />

offre une bonne portance, tout en restant<br />

malgré tout assez léger pour pratiquer<br />

le freerando sans s’épuiser. L'Agent 3X est<br />

construit en sandwich : un noyau en bois de<br />

Karuba est associé à des carres en acier<br />

et à des chants droits. Les zones de compression<br />

et de traction sont renforcées par<br />

des inserts en fibre de verre et en carbone.<br />

Dans la zone de la fixation, une plaque en<br />

Titanal garantit une liaison solide entre la<br />

fixation et le ski. À haute vitesse et dans la<br />

neige profonde traffolée, l'Agent 3X est aussi<br />

performant qu'un modèle freeride. Dans<br />

les terrains techniques, ce ski séduit par un<br />

maniement précis grâce à sa ligne de cotes<br />

polyvalente avec géométrie rocker. Cotes<br />

134-106-124, longueurs : 164, 172, 178.<br />

1 AGENT 3X<br />

FACTION<br />

Poids : 3160 g/paire (172 cm), CHF 688.–<br />

Garnissage fin<br />

L'isolation est l'art d'emprisonner le plus<br />

d'air possible dans le plus petit espace<br />

possible. Dans le cas d’un garnissage en<br />

duvet, c'est le pouvoir gonflant, mesuré en<br />

cuin, qui en est responsable. Avec ses 150<br />

grammes de duvet finement sélectionné<br />

au pouvoir gonflant de 1000 cuin, la veste<br />

Supercouloir 1000 Down Jacket se situe à<br />

l'extrémité supérieure de ce qui est réalisable.<br />

Le duvet certifié RDS est enveloppé<br />

dans un tissu Pertex Quantum déperlant<br />

et coupe-vent, qui possède également des<br />

propriétés élastiques. Avec sa capuche<br />

compatible avec un casque, ses deux<br />

poches extérieures zippées et sa poche intérieure,<br />

c'est la veste idéale pour rester<br />

au chaud en cascade de glace ou pour l’alpinisme<br />

hivernal.<br />

2 SUPERCOULOIR 1000 DOWN JACKET<br />

LA SPORTIVA<br />

Poids : 440 g<br />

CHF 499.–<br />

1<br />

2<br />

3<br />

La chaussure Maestrale est un succès durable<br />

dans l’assortiment de Scarpa et occupe,<br />

dans la collection de ski de randonnée<br />

des Italiens, la place entre la F1, destinéea<br />

à la montée, et le modèle freeride Quattro.<br />

Cette chaussure à trois boucles polyvalente<br />

marque des points à la fois en termes de<br />

flexibilité et de stabilité : en montée, l'angle<br />

de rotation de 61 degrés offre une liberté<br />

de mouvement suffisante, tandis qu'en descente,<br />

le câble Wave-Closure ingénieusement<br />

guidé à l'avant du pied et le Powerstrap<br />

au niveau du tibia assurent une transmission<br />

directe des forces. La nouvelle Maestrale est<br />

fabriquée en grande partie en Pebax Rnew,<br />

qui est à base de matériaux renouvelables.<br />

L'angle d’inclinaison avant de 16 degrés peut<br />

être ajusté et un réflecteur Recco est intégré.<br />

La semelle Vibram Cayman LT est équipée<br />

de crampons Traction Lug afin d’offrir une<br />

excellente adhérence dans les passages de<br />

marche. Afin de s’adapter parfaitement au<br />

pied, le chausson est thermoformable.<br />

3 MAESTRALE<br />

SCARPA<br />

Poids : 2769 g/paire<br />

(pointure 27)<br />

CHF 699.–<br />

Conseiller de<br />

vente Bächli<br />

Vous souhaitez augmenter le plaisir<br />

de la descente lors de vos randonnées<br />

à ski et souhaitez obtenir des conseils<br />

personnalisés ? <strong>No</strong>us effectuons une<br />

présélection qui vous fait gagner du<br />

temps et vous conseillons dans une<br />

atmosphère détendue, sans aucune<br />

obligation d'achat.<br />

baechli-bergsport.ch/<br />

conseiller-personnel<br />

42<br />

43


Expert La limite de la légèreté<br />

Expert<br />

La limite de la<br />

légèreté<br />

L’équipement de sport de montagne actuel doit non seulement être<br />

léger, mais également respecter des exigences de sécurité et de<br />

solidité élevées. <strong>No</strong>us avons demandé à nos sélectionneurs de produits<br />

si le résultat est à la hauteur des promesses et quels sont les<br />

compromis que les clientes et clients sont prêts à accepter.<br />

Le bon vieux temps ?<br />

En matière d'équipement pour les sports de montagne,<br />

tout n'était certainement pas mieux avant. Il y a encore<br />

quelques décennies, un seul produit était proposé pour<br />

la plupart des équipements de montagne. Ce produit<br />

devait convenir au plus grand nombre d’alpinistes possible.<br />

Ce n'est qu'avec l’arrivée du façonnage moderne et<br />

des matières synthétiques que des produits aussi utiles<br />

que des cordes avec gaine et âme résistants à la déchirure,<br />

des vestes triple couches résistantes à l’eau et<br />

au vent ou encore des rembourrages en duvet hydrophobe<br />

ont pu voir le jour. Ces innovations nous<br />

facilitent grandement la vie en montagne.<br />

Texte Thomas Ebert<br />

Le salon international des articles de<br />

sport ne s’est pas encore complètement<br />

remis des conséquences du Corona, mais<br />

il continue à juste titre d’être considéré<br />

comme le « salon phare » dans les<br />

domaines de l’outdoor et des sports de<br />

montagne. Ceux qui n’étaient pas présents<br />

à Munich fin novembre – et c’était<br />

le cas de nombreux fabricants de renom –<br />

peuvent tout de même se rendre compte<br />

des innovations qui arrivent sur le marché<br />

grâce aux récompenses remises, les fameuses<br />

ISPO Awards. La presse « Outdoor<br />

& Hiking » en témoigne bien. On y<br />

lit par exemple à propos d’un sac de couchage<br />

qu’il serait « ultraléger et particulièrement<br />

robuste », à propos d’une veste<br />

qu’elle « se distingue des autres par son<br />

poids particulièrement bas et à son niveau<br />

de fonctionnalité très élevé », à propos<br />

d’une couche de base qu’elle « procure<br />

un maximum de chaleur pour un poids<br />

minimal tout en étant particulièrement<br />

agréable au toucher ». Faisant l’éloge d’un<br />

énième sac de couchage, le jury confirme<br />

l’impression déjà bien établie du lecteur<br />

que « des innovations extraordinaires<br />

sont nécessaire pour voir débarquer des<br />

nouveaux produits vraiment intéressants<br />

dans la catégorie lightweight ».<br />

À celles et ceux qui, un peu dubitatifs,<br />

pensent que les seuls progrès encore<br />

possibles sont des mousquetons gonflés à<br />

l’hélium, nous devons admettre que dans<br />

le domaine des sports de montagne, les<br />

publicités réunissant en un seul produit<br />

des caractéristiques à priori contradictoires<br />

sont une longue tradition. En 1930<br />

déjà, un magasin de sport de Dresde vantait<br />

un piolet tout ce qu’il y a de plus classique<br />

de « racé – léger – puissant ». Mais<br />

quiconque a déjà planté une pointe de métal<br />

dans la glace aura pu se faire sa propre<br />

opinion à propos de la compatibilité entre<br />

« léger » et « puissant ». Revenons un peu<br />

à Salon des articles de sport l’ISPO. Bien<br />

plus révélatrice que des promesses plus<br />

ou moins identiques renouvelées année<br />

après année, voici l’appréciation d’une<br />

autre veste primée : « cette veste vise les<br />

alpinistes modernes, qui souhaitent économiser<br />

quelques grammes sur leur équipement<br />

tout en se sentant bien protégés<br />

des éléments naturels. »<br />

Économiser avec une protection<br />

totale, ou : monter sans efforts, profiter<br />

sans regrets, gagner sans renoncer –<br />

telle est visiblement la ligne de conduite<br />

actuelle pour les constructions légères<br />

dans les sports de montagne. Mais le résultat<br />

est-il à la hauteur ? Quels sont les<br />

incidences positives et négatives engendrées<br />

par la tendance omniprésente du<br />

« lightweight » depuis des années, voir<br />

des décennies ? Profitant de 50 années<br />

d’expérience accumulées au sein de<br />

Bächli Sports de Montagne, nous avons<br />

interrogé à ce sujet deux de nos sélectionneurs<br />

de produits.<br />

Illustration : Saija Sollberger<br />

Plus léger = mieux ?<br />

La bonne nouvelle pour les adeptes des sports de<br />

montagne : grâce au kevlar, à l’aramide, au carbone, au<br />

Grilamid, au Dyneema & Cie les chaussures, les baudriers,<br />

les sacs à dos et plein d’autres pièces d’équipement<br />

perdent chaque année du poids. Mais : parfois, la robustesse<br />

et la polyvalence tendent à disparaître en même temps<br />

que les kilos. Le domaine d’utilisation des produits ultralégers<br />

devient de plus en plus spécifique et leur durée de vie<br />

de plus en plus courte. La course à la légèreté auraitelle<br />

atteint son apogée ?<br />

44<br />

45


Expert La limite de la légèreté<br />

« Le meilleur équipement<br />

de montagne pour une<br />

personne en particulier ne<br />

sera pas nécessairement<br />

le plus léger. »<br />

46<br />

Matthias Schmid<br />

Gestionnaire de produits<br />

Entre exagération et révolution<br />

Matthias Schmid sélectionne les produits<br />

du domaine hardware. Il confirme<br />

l’impression que, ces dernières années,<br />

les clients ont effectivement très bien<br />

intégré le principe que chaque gramme<br />

compte – peut-être même plus que tout.<br />

« Mais tout le monde a aussi déjà fait de<br />

mauvaises expériences à ce sujet », pense<br />

Schmid à propos d’attentes parfois surdimensionnées.<br />

« Un sac à dos qui n’est pas<br />

confortable n’est pas une bonne affaire,<br />

même s’il est léger. » Il en va de même<br />

dans le secteur des skis : « un ski ultraléger<br />

conçu pour la montée sera effectivement<br />

exceptionnellement agréable à la<br />

montée » continue Schmid, « mais pourra-t-il<br />

vraiment se montrer convainquant<br />

à la descente dans une mauvaise neige et<br />

avec un sac à dos lourd ? » Lors de l’entretien<br />

de vente, notre rôle est de raisonner<br />

quelque peu les attentes trop élevées et<br />

de trouver pour chaque client le produit<br />

qui finalement lui conviendra le mieux.<br />

Markus Liss, qui s’occupe quant à lui de<br />

l’achat des textiles, mais qui a également<br />

travaillé à la vente de plusieurs catégories<br />

de produits, est également d’avis que la<br />

course à la légèreté a été un élément moteur<br />

de l’innovation ces dernières années.<br />

Mais il souligne les exigences élevées<br />

en matière de sécurité, surtout pour les<br />

sports de montagne pratiqués à haute altitude<br />

: « <strong>No</strong>s clients attendent beaucoup<br />

de leur équipement et n'aiment pas faire<br />

trop de concessions sur la durabilité juste<br />

pour économiser quelques grammes. »<br />

Sur le fond, Schmid et Liss s'accordent<br />

à dire que d'immenses progrès<br />

ont été réalisés en matière de poids au<br />

cours des dernières décennies. « Une<br />

évolution impressionnante », dit Schmid,<br />

« concerne le développement des mousquetons.<br />

Ceux-ci sont toujours aussi<br />

fiables, mais nécessitent nettement<br />

moins de métal qu’autrefois ». Selon Schmid,<br />

le passage des cordes en chanvres<br />

aux cordes modernes constituées d’une<br />

gaine et d’une âme peu après la seconde<br />

guerre mondiale a profondément contribué<br />

à la démocratisation de l’escalade.<br />

Cette évolution fondamentale a été possible<br />

grâce aux matières synthétiques<br />

qui ont rendu le produit non seulement<br />

beaucoup plus sûr, mais aussi incroyablement<br />

plus léger. Quelques années<br />

plus tard, une autre révolution a eu<br />

lieu dans le domaine textile, lorsqu’on<br />

est passé du coton au polyester, puis<br />

aux membranes fonctionnelles. « Cela<br />

a constitué la naissance de l’industrie<br />

outdoor actuelle, qui coïncide presque<br />

parfaitement avec le cinquantième anniversaire<br />

de notre entreprise », fait remarquer<br />

Liss.<br />

Schmid souligne quant à lui<br />

l’énorme bond qui a été accompli dans le<br />

domaine du ski de randonnée. Les chaussures<br />

de ski de randonnée actuelles n’ont<br />

pratiquement plus rien à voir avec leurs<br />

ancêtres. Depuis une quinzaine d’années,<br />

des matériaux comme le grilamid ou le<br />

recours au carbone ont permis le développement<br />

d’un nouveau segment, celui<br />

des chaussures de ski de randonnée<br />

« orientées vers la montée ». Si l’on considère<br />

les fixations, c’est la même chose :<br />

il y a moins de dix ans que les ventes des<br />

fixations à inserts ont dépassé celles<br />

des fixations à cadre. Et aujourd’hui, on<br />

ne pourrait plus imaginer s’en passer ».<br />

Schmid souligne encore qu’au début, les<br />

fixations à inserts étaient exclusivement<br />

dédiées à la compétition et à quelques fanatiques<br />

de légèreté.<br />

Déjà au sommet ou encore en<br />

pleine ascension ?<br />

Dans le domaine du ski en particulier,<br />

certaines innovations comportent également<br />

des aspects moins reluisants, estime<br />

Marcus Liss, qui a lui-même travaillé<br />

dans la vente de skis. Il voit la chasse aux<br />

grammes à tout prix avec un peu de scepticisme<br />

: « les carres de plus en plus fines<br />

et les semelles de plus en plus minces<br />

font augmenter le nombre de réparations,<br />

c'est indéniable ! » constate Liss. « Certains<br />

fabricants flirtent plus avec la limite<br />

que d’autres. Mais au final, notre rôle<br />

consiste précisément à ce que le client<br />

opte pour un produit qui fonctionnera<br />

bien pour lui. ». D'autre part, il évoque la<br />

comptabilité des skis, des fixations et des<br />

chaussures. Selon lui, les commandes en<br />

ligne permettent des combinaisons qui<br />

peuvent de prime abord sembler attractives<br />

: un ski très large, une fixation de<br />

course hyper minimaliste et une chaussure<br />

de ski de randonnée légère. « C'est<br />

même une tendance assez claire de ces<br />

dernières années », estime Liss, « Mais le<br />

NO.<br />

NON.<br />

<strong>No</strong> to harmful chemicals<br />

The Fjällräven Chemical Guidelines help us navigate the complicated<br />

Aiko Bode et l’équipe CSR<br />

<strong>No</strong>us disons souvent non.<br />

world of hazardous and banned chemicals, which we are constantly<br />

updating and revising based on new information. One group of<br />

harmful <strong>No</strong>n aux chemicals produits that is chimiques getting a lot nocifs, of attention à la maltraitance<br />

are PFCs (perand<br />

polyfluorinated chemicals, also called PFAS).<br />

Legislation will begin banning them from the EU and US starting<br />

in 2025, but we started banning them in 2009. Read about how far<br />

we’ve come at fjallraven.com<br />

animale, aux matériaux gourmands en ressources et aux<br />

tendances à court terme. En savoir plus sur fjallraven.com<br />

47


Expert La limite de la légèreté<br />

résultat final en termes de skiabilité n'est<br />

souvent pas si extraordinaire que ça ! »<br />

Liss prédit pour ce domaine l’apparition<br />

de systèmes, c'est-à-dire des fixations,<br />

des chaussures et des skis conçus pour<br />

fonctionner parfaitement ensemble. Pour<br />

l'instant, chaque fabricant développe son<br />

propre univers au sein de sa marque « ce<br />

qui rend la combinaison de certains produits<br />

parfois laborieuse ».<br />

Schmid, Liss et leurs collègues du<br />

département des achats de Bächli Sports<br />

de Montagne effectuent une sélection en<br />

amont pour éliminer les moutons noirs,<br />

qui existent dans tous les segments de<br />

produits. « Il est plutôt rare de rencontrer<br />

des produits si légers que la sécurité s’en<br />

retrouve compromise » explique Schmid.<br />

« Mais nous fixerions ici une limite claire<br />

et ne proposerions un tel produit dans<br />

notre assortiment que sous certaines<br />

conditions ». Dans le domaine textile,<br />

Liss évoque la tendance de ces dernières<br />

années à renoncer aux laminés triple<br />

couches traditionnellement utilisés pour<br />

les vestes fonctionnelles. « <strong>No</strong>us avons<br />

même vu des laminés 1,5 couches avec<br />

une membrane directement apposée<br />

sur un textile porteur. Mais en raison de<br />

leur fragilité, ces produits ont plus ou<br />

moins disparu du marché », admet Liss.<br />

Son collègue Matthias Schmid prédit une<br />

évolution similaire dans le domaine des<br />

cordes : « pour les cordes d’alpinisme, la<br />

tendance est en train de s’inverser et les<br />

cordes plus épaisses de 9 ou 9,5 mm de<br />

diamètre regagnent du terrain en haute<br />

montagne. Les cordes ultra fines présentaient<br />

une usure trop élevée et une<br />

réserve de sécurité un peu trop limitée. »<br />

Les experts Liss et Schmid pensent tous<br />

deux que les limites de la construction<br />

légère sont doucement atteintes : dans<br />

le domaine de l’escalade il y a peu de<br />

chances qu’on puisse un jour planter un<br />

piton avec un marteau de 25 grammes.<br />

Il en va de même avec le duvet naturel :<br />

« avec les techniques d’imprégnation et la<br />

sélection de duvet ultrafin de 1000 cuin, le<br />

maximum est atteint », estime Liss, « et<br />

parallèlement, les duvets synthétiques<br />

s’en approchent de plus en plus ».<br />

Comment se poursuivra donc le<br />

voyage de la construction légère ? Le spécialiste<br />

des textiles Liss estime que la<br />

course à la légèreté va ralentir, également<br />

pour des raisons de durabilité. « Personne<br />

n’accepte d’avoir des trous dans sa veste<br />

après trois ou quatre jours d’utilisation<br />

en montagne juste parce qu’elle est 200<br />

grammes plus légère » continue Liss. Les<br />

alpinistes surveillent certes le poids de<br />

leur équipement, « mais les vestes triple<br />

couches traditionnelles représentent<br />

toujours nos meilleures ventes », décrit<br />

Liss, esquissant un portrait un peu plus<br />

contrasté et également plus rassurant de<br />

« l’alpiniste moderne » qui ne jurerait que<br />

par les grammes. Pour le spécialiste du<br />

matériel technique Schmid, le voyage n’est<br />

pas encore arrivé à son terme : « les sports<br />

de montagne ont toujours été en évolution.<br />

De nouveaux matériaux ou de nouvelles<br />

constructions peuvent offrir de nouvelles<br />

perspectives. » Mais lui aussi conseille une<br />

certaine retenue lorsqu’un produit particulièrement<br />

léger est censé exceller dans<br />

tous les domaines. « Le meilleur équipement<br />

pour une personne en particulier<br />

ne sera pas forcément le plus léger. » En<br />

définitive, c’est précisément ce qui constitue<br />

la limite la plus importante pour l’équipement<br />

de montagne ultra léger : ce que<br />

l’être humain est prêt à accepter.<br />

#ShowYourSkins<br />

FONDÉE EN 1933, POMOCA EST LE LEADER<br />

MONDIAL DE LA PEAU DE PHOQUE.<br />

La Scarpa Denali XT (à gauche) était une chaussure très appréciée au tournant du millénaire, en<br />

particulier par les adeptes du freerando appréciant particulièrement les descentes (on ne les<br />

aurait pas encore appelés ainsi à l'époque). Selon la pointure, la paire pesait entre trois kilos et<br />

demi et quatre kilos. Les inserts n'existaient pas. Deux générations plus tard, le 4-Quattro SL de<br />

Scarpa, pèse nettement moins de trois kilos en 2023 et devrait dépasser de loin le Denali en termes<br />

de rigidité et de plaisir à la descente.<br />

SCARPA DENALI XT<br />

20<strong>01</strong><br />

SCARPA 4-QUATTRO SL<br />

2023<br />

« Personne n’accepte<br />

d’avoir des trous dans sa<br />

veste après trois ou<br />

quatre jours d’utilisation<br />

en montagne juste<br />

parcequ’elle est 200<br />

grammes plus légère. »<br />

Marcus Liss<br />

Gestionnaire<br />

de produits<br />

48<br />

#AlwaysForward 49


Rencontre au sommet Luke Smithwick<br />

Thema Rubrik<br />

« Les zones blanches<br />

de la mappemonde<br />

du ski m’inspirent. »<br />

L’américain Luke Smithwick souhaite réaliser 500 descentes<br />

à ski dans l’Himalaya. Il en a déjà réussi plus de la moitié. Que<br />

peut bien pousser cet homme à entreprendre chaque année<br />

huit à neuf expéditions à des altitudes glaciales ?<br />

Interview Christian Penning<br />

Mr. Himalaya : le skieur,<br />

alpiniste et guide de montagne<br />

américain Luke Smithwich<br />

fêtera tout bientôt sa 100 e<br />

expédition en Himalaya.<br />

Été 2023, chaîne Teton, état du Wyoming.<br />

Luke Smithwick (43) prépare<br />

ses affaires pour sa prochaine expédition<br />

en Himalaya. Son objectif : le<br />

Manaslu (8163 m). Mais il n’est pas<br />

seulement intéressé par les 8000.<br />

Ces 13 dernières années, ce guide<br />

de montagne, alpiniste et fanatique<br />

de ski a entrepris presque 100 expéditions.<br />

Parmi elles, d’innombrables<br />

six mille et une descente à ski du<br />

Shishapangma (8027 m). Il est étonnant<br />

de constater que, lors de ses<br />

entreprises dans cette chaîne de<br />

montagnes regorgeant de records,<br />

il passe généralement sous le radar<br />

de la scène alpine mondiale.<br />

Luke n’a simplement pas le temps<br />

pour de grandes apparitions médiatiques.<br />

Pourtant, son projet Himalaya<br />

500 serait absolument digne de<br />

faire la une au moins au sein de la<br />

communauté du ski.<br />

Himalaya 500 – semble être un projet<br />

monstrueux. 500 descentes à ski dans<br />

l’Himalaya – quelle est l’idée se cachant<br />

derrière ce projet ?<br />

Au fond, ce n’est qu’un chiffre aléatoire.<br />

L’Himalaya est connu pour l’alpinisme à très<br />

haute altitude ainsi que pour les trekkings.<br />

Je veux montrer que le potentiel pour les<br />

skieurs est tout aussi gigantesque que pour<br />

les alpinistes. Du Pakistan à la frontière<br />

entre l’Inde et la Chine, l’Himalaya fait 2500<br />

kilomètres. Tant de kilomètres de formations<br />

géologiques diversifiées et fascinantes – il<br />

faut quand même quelques descentes pour<br />

rendre honneur à cette vaste chaîne de montagne.<br />

Skier en Himalaya n’est pas une invention.<br />

Il existe des documents qui attestent<br />

que déjà au 19 e siècle des skieurs s’attaquaient<br />

à ces sommets. Mais l’Himalaya n’est<br />

pas encore une destination de ski comme les<br />

Andes, les Rocheuses ou les Alpes.<br />

Qu’est-ce qui t’attire encore et toujours<br />

là-bas ?<br />

Ce qui m’inspire, ce sont les taches<br />

blanches sur la mappemonde du ski.<br />

Photo : màd<br />

50<br />

51


Rencontre au sommet Luke Smithwick<br />

« Une seule phrase dans un<br />

récit de voyage peut<br />

me donner envie d'explorer<br />

une région. »<br />

‹1›<br />

vallées que quiconque. Lorsque je parle<br />

de l’Himalaya en Europe ou en Amérique,<br />

beaucoup disent : « J’aimerais bien aller<br />

au Népal » ou « J’aimerais bien voir l’Everest<br />

». Mais la région du Khumbu (où se<br />

trouver l’Everest) n’est qu’une minuscule<br />

vallée de cet immense massif. Je voudrais<br />

en voir et en montrer plus.<br />

‹2›<br />

‹1› Infos de première main :<br />

discussion à propos de l’accès<br />

à une vallée isolée avec les<br />

indigènes à Agsho, région<br />

du Zanskar. Smithwick est<br />

aidé par ses connaissances<br />

linguistiques en ladakhi.<br />

‹ 2 › Toujours à la recherche<br />

de la neige : Smithwick dans<br />

les forêts de Baba Rishi,<br />

Cachemire.<br />

‹ 3 › Où trouver encore des<br />

zones blanches ? Course de<br />

reconnaissance dans la région<br />

de Hunza, Pakistan.<br />

La phase de planification, où j’explore<br />

une nouvelle région pour y faire du ski,<br />

est la plus intéressante. Je suis des petits<br />

indices qui, je pense, pourraient me<br />

faire avancer dans ma quête aventureuse<br />

de nouvelles montagnes à skier.<br />

Par exemple, lorsque j'entends parler de<br />

tempêtes de neige régulières dans une<br />

région. Quand je vois des arbres abattus<br />

par des avalanches lorsque je grimpe en<br />

été. Ou lorsque j'entends parler d'un accès<br />

par une gorge à des sommets blanc<br />

immaculé. Une seule phrase dans un récit<br />

de voyage peut me donner envie d'explorer<br />

une région.<br />

Une sacrée différence par rapport aux<br />

Alpes où il existe presque pour chaque<br />

vallée un topoguide de randonnées à ski.<br />

Il n’y a pratiquement pas d’experts en<br />

matière de ski dans l’Himalaya. Je tente<br />

alors d’engager la conversation avec les<br />

bergers, car ils connaissent mieux leurs<br />

Quel était l’élément déclencheur pour ta<br />

passion personnelle pour l’Himalaya ?<br />

Je m’y suis rendu pour la première fois<br />

en 20<strong>01</strong>. J’ai tout de suite été emballé. À<br />

cause des indigènes. Mais aussi à cause<br />

de la topographie, des immenses dénivelés.<br />

J’y suis resté six mois. Lorsque je<br />

suis rentré, j’ai déménagé en Alaska et j’y<br />

ai vécu dix ans. L’Alaska était exceptionnel,<br />

tout comme les Alpes. Mais j’ai toujours<br />

gardé à l’esprit que ce n’était pas<br />

l’Himalaya. Je devais y retourner. Depuis<br />

2<strong>01</strong>0 j’entreprends huit à neuf expéditions<br />

par année. J’ai un petit appartement<br />

à proximité du monastère de Kopan<br />

dans la banlieue de Katmandu, et aussi<br />

un logement au Ladakh, dans le nord de<br />

l’Inde, à Leh. C’est là que je stocke mon<br />

matériel et, selon la saison, je me rends<br />

dans différentes régions.<br />

Pour les alpinistes les huit mille de<br />

l’Himalaya sont en tête de classement.<br />

Quel rôle jouent-ils dans ton projet<br />

Himalaya 500 ?<br />

Pour l’instant j’ai skié un huit mille pour<br />

ce projet et j’en prévois d’autres dans<br />

le futur. Mais il y a tellement plus à explorer<br />

dans l'Himalaya entre 4000 et<br />

8000 mètres. Ce qui m'intéresse dans<br />

le fond, c'est de skier dans des régions<br />

inconnues. C’est là l’essence pour moi<br />

Photos : màd<br />

en tant que skieur big-mountain. Certaines<br />

de ces régions sont très sauvages.<br />

Comme avant l’ère de l’alpinisme commercial.<br />

Sans infrastructure touristique.<br />

Dans d’autres régions il y a des cabanes,<br />

comme à Hunza au nord du Pakistan.<br />

Pour de nombreux randonneurs à ski et<br />

freeriders, la poudreuse reste la cerise<br />

sur le gâteau. Quelles sont les chances<br />

d’avoir de la poudreuse en Himalaya ?<br />

Dans la vallée de Hunza et au Karakorum<br />

on a de bonnes chances d’avoir de<br />

la poudreuse. Et bien sûr aussi au Kashmir.<br />

Au Népal, Humla au nord, l'ouest et<br />

la région des Annapurnas comptent parmi<br />

mes préférés. En hiver, ce n'est pas<br />

si différent que dans les Alpes ou les Rocheuses.<br />

Il est possible de skier sur 3500<br />

mètres de dénivelé. Tu ne dois pas viser<br />

les six ou sept mille. La meilleure saison<br />

pour les pentes raides est le mois de mai.<br />

Là-bas il n’y a pas de bulletin d’avalanche.<br />

Comment t’y prends-tu en matière<br />

de sécurité ?<br />

Je procède de manière très conservatrice<br />

et défensive – avec la même mentalité<br />

qu’en Alaska. Tu n’as personne<br />

qui vient te sauver. Quand tu es blessé<br />

tu n’as que l’équipe avec laquelle tu es<br />

en route. Ma devise : ne jamais prendre<br />

de risque maximal. Je garde toujours à<br />

l'esprit la chance que j'ai de pouvoir vivre<br />

cette nature sauvage : les gens, la faune<br />

unique. C'est ce qui caractérise une expédition<br />

à ski.<br />

Combien de temps te faudra-t-il pour<br />

skier les 500 lignes ?<br />

J’en ai déjà fait plus de la moitié. J’aimerais<br />

bien terminer le projet en 2025.<br />

Et qu’est-ce qui vient après ?<br />

Je ne pense pas que j’arrêterai un jour de<br />

faire des expéditions à ski en Himalaya.<br />

Lorsque je n’y suis pas, j’ai l’impression<br />

de rater quelque chose.<br />

Avec ton agence d’expédition tu participes<br />

toi-même au développement touristique<br />

de l’Himalaya. Comment est-ce<br />

compatible avec ton affinité pour des régions<br />

sauvages, peu desservies ?<br />

Je vois régulièrement dans l'Himalaya à<br />

quel point la nature est fragile. Je veux<br />

donc faire de mon mieux pour la préserver.<br />

Ma philosophie est qu’en petits<br />

‹3›<br />

Afin de pouvoir vivre son rêve, Luke<br />

Smithwick a fondé une agence d’expédition.<br />

L’offre d’Himalaya Alpine<br />

Guides couvre un large de spectre<br />

entre des trekkings et des expéditions<br />

vers des 8000. Les projets à<br />

ski y figurent naturellement aussi<br />

– allant de l’héliski dans la région<br />

de l’Annapurna jusqu’aux aventures<br />

lointaines en compagnie de chevaux.<br />

Parallèlement, Luke travaille dans<br />

l'équipe de test et de développement<br />

pour la marque de ski américaine<br />

Moment Ski et pour d'autres fournisseurs<br />

d'équipements de ski et<br />

d’équipement outdoor.<br />

52<br />

53


Rencontre au sommet Luke Smithwick<br />

« Depuis 2<strong>01</strong>0 j’entreprends<br />

huit à neuf expéditions par<br />

année en Himalaya. Je ne pense<br />

pas que j’arrêterai un jour. »<br />

‹1› D’abord l’entraînement,<br />

après le plaisir : avec des<br />

entraînements de 15 à 20h de<br />

montée, Smithwick prépare<br />

ses expéditions dans la chaîne<br />

Teton (Wyoming, USA) …<br />

‹1›<br />

groupes et dans les régions sans infrastructure<br />

touristique l’approche de la<br />

montagne se fait à pied.<br />

Existe-t-il une sorte de tourisme de ski<br />

de rando en Himalaya ?<br />

Ce sont les prémisses. Des investisseurs<br />

singapouriens se montrent intéressés.<br />

Ils souhaitent devenir actifs au Pakistan,<br />

au Népal et en Inde. Traditionnellement,<br />

le tourisme dans l'Himalaya est dominé<br />

par les alpinistes d'Europe et du continent<br />

américain. Mais aujourd'hui, ce<br />

sont les couches sociales aisées d'Asie<br />

qui découvrent ces disciplines. On assiste<br />

à un véritable boom des voyages<br />

et du fitness. La pandémie de Covid en<br />

a été le catalyseur. Au cours des vingt<br />

derniers mois, quatre nouvelles compagnies<br />

aériennes ont été lancées en Inde.<br />

Les stations de ski pourraient donc bien<br />

fonctionner. Je pense que ce serait acceptable<br />

tant que les régions sauvages<br />

sont protégées efficacement contre les<br />

développements touristiques excessifs.<br />

Luke Smithwick<br />

Âge : 43 ans<br />

Formation : Bachelor of Arts anthropologie<br />

culturelle, Bachelor of Science<br />

biologie environnementale, guide de<br />

montagne de l’American Mountain<br />

Guides Association<br />

Sommets et expéditions :<br />

64 six mille sans nom, Mount Everest<br />

<strong>No</strong>rth Ridge (8848 m), Dhaulagiri <strong>No</strong>rtheast<br />

Ridge (8167 m), Gasherbrum II<br />

Southwest Ridge (8035 m), Shishapangma<br />

(8<strong>01</strong>3 m) expédition à ski ; plusieurs<br />

premières descentes de six mille<br />

Site : lukesmithwick.com<br />

himalaya-alpine.com<br />

Instagram : luke_smithwick<br />

Quels sont les véritables intentions<br />

de Luke Smithwick avec ses innombrables<br />

expéditions en Himalaya ?<br />

Dans l'interview en ligne, il n'a pas l'air<br />

de chercher à s'immortaliser dans le<br />

livre des records avec le plus grand<br />

nombre d'entrées possible. En plus<br />

de son brevet de guide de montagne,<br />

il a deux licences universitaires – une<br />

en anthropologie culturelle et l’autre<br />

en biologie environnementale. Parallèlement<br />

il parle six langues, parmi<br />

celles-ci l’Hindi, le Népali, le Tibétain<br />

et le Kashmiri. Il en revient toujours à<br />

son intérêt pour les habitants des villages<br />

himalayens et pour la faune.<br />

Tu passes énormément de temps en<br />

Himalaya. Pour la plupart des alpinistes,<br />

le contact avec les autochtones n’est<br />

qu’un épisode de la voie vers le sommet.<br />

Comment cela se passe-t-il pour toi ?<br />

C'est dans les cafés d'arrière-cour de<br />

Katmandou ou dans les échoppes de<br />

soupe aux nouilles de la vieille ville de Leh<br />

que j'ai les meilleures conversations. Je<br />

pense qu'en tant que skieur, nous cherchons<br />

généralement à entrer en contact<br />

avec d'autres skieurs pour obtenir des<br />

informations. Mais je ne passe pas mes<br />

journées à parler avec les autres du ski<br />

Photos : Leki, màd<br />

ou de la lame d’un piolet. Bien que le ski<br />

et l’escalade soient mes activités de prédilection,<br />

je préfère parler d’où et quand<br />

le léopard des neiges rôdait dans la vallée.<br />

Pourquoi le vent dans une vallée vient<br />

toujours du sud le soir et pourquoi plus<br />

d'une lampe à beurre est allumée à la<br />

tombée de la nuit le soir de pleine lune.<br />

Tu plonges donc véritablement dans la<br />

culture locale.<br />

Oui, le soir je vais souvent à la rencontre<br />

des bergers et je leur parle. Je<br />

veux apprendre où ils récoltent quelles<br />

plantes sauvages et pourquoi. Il y a tant<br />

à apprendre dans ces vallées. C’est tellement<br />

plus enrichissant que de regarder<br />

sa montre pour vérifier les battements<br />

cardiaques ou le chronomètre.<br />

Les locaux m’ont beaucoup appris sur<br />

l’acclimatation. En tant qu’anthropologue,<br />

les hommes m’intéressent autant<br />

que les montagnes.<br />

Luke organise également des projets<br />

d'aide humanitaire à petite<br />

échelle, dans la mesure de ses possibilités.<br />

Il s'occupe de l'aide médicale,<br />

mais aussi de l'amélioration<br />

des infrastructures dans certains<br />

villages. Luke semble en effet être<br />

arrivé en Himalaya. Pas dans le sens<br />

d'un touriste, mais d'un homme<br />

qui veut rendre quelque chose à la<br />

communauté qui lui donne tant.<br />

Comment se présentent concrètement<br />

tes projets d'aide humanitaire ?<br />

Je le fais volontairement à petite échelle.<br />

Parce que j'ai vu que les processus internes<br />

des grandes organisations humanitaires<br />

engloutissent beaucoup d'argent.<br />

Je préfère travailler directement, de personne<br />

à personne. Lorsque nous sommes<br />

en route et que nous rencontrons un enfant<br />

qui a besoin d'une opération, nous pouvons<br />

collecter des fonds pour l'emmener à l'hôpital<br />

de Katmandou. En d'autres termes,<br />

une aide de famille à famille. Ou lorsque<br />

nous sommes dans un village reculé de<br />

Hunza, que nous laissons les locaux essayer<br />

nos skis et que je vois qu'ils sont enthousiastes<br />

: nous leur procurons alors 20<br />

paires de skis, les montons et essayons de<br />

lancer des programmes soutenus par le<br />

gouvernement. Dans l'Himalaya, je pense<br />

que chaque projet doit être soutenu par le<br />

gouvernement. Ainsi, il sera préservé et<br />

ne sera pas noyé dans des intérêts privés.<br />

Et c'est ainsi que l’opération se développe.<br />

<strong>No</strong>us en avons fait une petite institution.<br />

"Himalaya Outreach", c'est son nom, une<br />

organisation à but non lucratif qui permet<br />

à des jeunes de l'Himalaya de suivre une<br />

formation approfondie aux sports de montagne<br />

et leur fournit l'équipement adéquat.<br />

‹2›<br />

‹ 2 › ... ce qui s’avère bien<br />

utile pour accéder à la pente<br />

convoitée à 6100 mètres<br />

d’altitude à Tingri, Tibet.<br />

Y a-t-il d’autres domaines dans lesquels<br />

tu t’engages ?<br />

J'ai fondé la Kashmir Avalanche Association<br />

dans l'Himalaya occidental. L’objectif<br />

du programme est de sensibiliser les<br />

communautés rurales à la sécurité dans<br />

la neige. Ces contrées sont balayées par<br />

de grosses tempêtes. <strong>No</strong>us enseignons<br />

comment éviter les avalanches et protéger<br />

les communautés rurales. Dans le<br />

cadre d'un autre projet, j'ai parlé à des<br />

classes de l'importance de l'eau potable<br />

et distribué des filtres à eau. Mon dernier<br />

projet : la collaboration avec l’organisation<br />

Leave <strong>No</strong> Trace. Ce faisant, je fais prendre<br />

conscience aux habitants de certaines<br />

communes de l'importance de garder la<br />

nature propre – pas seulement pour le<br />

tourisme, mais aussi pour eux-mêmes.<br />

En parlant de nature et d'environnement,<br />

vois-tu des effets concrets du changement<br />

climatique dans l'Himalaya ?<br />

Certaines régions deviennent une diaspora<br />

à cause des changements environnementaux.<br />

Les gens partent parce<br />

qu'il pleut trop ou pas assez. Le changement<br />

de climat engendre une multitude<br />

de bouleversements. L'Himalaya est<br />

l'une des régions les plus touchées par<br />

le changement climatique, tout simplement<br />

parce qu'elle abrite les plus hautes<br />

montagnes du monde. Un énorme défi<br />

pour l'avenir. Afin de pouvoir l’affronter,<br />

il faut des données. Pour cela, je contribue<br />

notamment à une base de données<br />

globale pour l'Himalaya.<br />

Cela ressemble à de grandes tâches<br />

pour lesquelles une vie ne suffit pas.<br />

Probablement, mais j'aimerais laisser<br />

mon travail comme une sorte d'héritage,<br />

comme quelque chose d'open source. Je<br />

ne me lasse pas de ce que je fais. Ce que<br />

je fais, n’a financièrement aucun sens.<br />

Mais je m’y attelle parce que j’en ai rêvé<br />

toute ma jeunesse. C'est maintenant le<br />

moment de le réaliser.<br />

54<br />

55


Enlever les peaux 1 x 1<br />

Enlever les peaux :<br />

facile !<br />

Des peaux qui flottent dans le vent ou des peaux inséparables, comme<br />

soudées entre elles : c’est lors du dépeautage que le véritable pro<br />

de la rando se révèle. Dans cet article, nous expliquons le maniement à<br />

adopter en fonction du type de peaux et des conditions de vent – et<br />

prodiguons des conseils pour leur entretien et leur stockage.<br />

Texte Rabea Zühlke Photos Urs Nett<br />

Dépeauter sans vent<br />

Sans vent, le dépeautage n’est pas sorcier. Poser<br />

les skis dans la neige, les peaux vers le ciel, ou<br />

tenir le ski depuis sa partie supérieure (photo de<br />

gauche). Ensuite, desserrer le tendeur au talon<br />

et retirer complètement la peau. Les peaux utilisées<br />

en compétition ont souvent un tendeur à la<br />

spatule et sont donc retirées vers l’arrière ; les<br />

coureurs ne doivent alors même pas déchausser<br />

les skis. Ceux qui ont plus de temps peuvent<br />

tout simplement retourner le ski. Poser le filet<br />

de protection jusqu’au milieu de la peau, puis<br />

rabattre simplement l’autre moitié de la peau<br />

dessus. Avant de dépeauter, il faut immédiatement<br />

activer les stoppeurs du ski.<br />

«Un filet de protection<br />

protège le revêtement<br />

des peaux en<br />

résine thermofusible<br />

et évite de devoir<br />

se mettre à deux<br />

pour les séparer.»<br />

‹2›<br />

Dépeauter et mettre le filet de protection<br />

Il est un peu plus rapide et efficace de poser le filet de<br />

protection directement au dépeautage. Pour ce faire,<br />

enfoncer la spatule du ski légèrement en biais dans la<br />

neige et coincer le bout du ski avec la hanche. Cette<br />

technique est également recommandée en cas de<br />

vent léger. La peau est ensuite retirée jusqu’au milieu<br />

et le filet est appliqué (1). Ensuite, placer le ski à la<br />

verticale, retirer complètement la peau jusqu’à la spatule<br />

et la retourner une fois pour que le côté adhésif<br />

se retrouve tourné vers l’avant. Rabattre maintenant<br />

la moitié déjà pourvue du filet vers le haut et plier la<br />

peau en deux pour la ranger (2).<br />

‹1›<br />

57


1x1 Enlever les peaux<br />

Sécher la semelle <br />

Après le dépeautage, c’est avant le peautage : pour que la<br />

peau adhère correctement, la semelle du ski doit être aussi<br />

propre et sèche que possible. Cela vaut aussi bien pour les<br />

peaux avec colle classique que pour les peaux adhésives et<br />

hybrides. La plupart des sacs à peaux ont une doublure en<br />

polaire. Elle sert à essuyer le ski. Les peaux elles-mêmes<br />

doivent être maintenues aussi sèches que possible, sinon<br />

elles risquent de former des sabots.<br />

‹1›<br />

‹2›<br />

Dépeauter avec beaucoup de vent<br />

En cas de vent fort et de températures négatives, le dépeautage peut être très désagréable.<br />

Une technique propre et bien maîtrisée est alors nécessaire. Appuyer les skis dans la neige<br />

avec la fixation en bas et la semelle vers le ciel. Retirer la peau jusqu’à la moitié (photo (1).<br />

Replier cette moitié par-dessus la main qui tient le ski au milieu et appliquer le filet (photo<br />

(2). Détacher la peau jusqu’à la spatule, mais ne pas encore la retirer complètement. Fixer<br />

le ski avec le genou. Rabattre maintenant la moitié de la peau déjà recouverte du filet sur le<br />

reste de la surface adhésive, et seulement maintenant détacher complètement la peau du<br />

ski (3). La peau flotte ainsi moins dans le vent et la manipulation est facilitée.<br />

Tous les détails aussi en vidéo :<br />

baechli-bergsport.ch/<br />

enlver-les-peaux<br />

‹3›<br />

‹1›<br />

«La plupart des vestes<br />

de ski de randonnée<br />

sont équipées de très<br />

grandes poches de<br />

poitrine pour les peaux.<br />

Les peaux sèchent<br />

plus rapidement sur le<br />

corps que dans le<br />

sac à dos.»<br />

Éviter les sabots<br />

Pour que les peaux glissent en souplesse<br />

et absorbent le moins d’humidité possible,<br />

le côté poil devrait être régulièrement traité<br />

avec un produit d’imprégnation. Un fart au<br />

format de poche est pratique pour une utilisation<br />

en randonnée. Colltex propose un<br />

fart universel en paraffine purement naturel<br />

et entièrement dégradable pour les peaux et<br />

les skis. Il est important d’appliquer le fart<br />

uniquement dans le sens de la marche, et<br />

pas dans le sens inverse du poil.<br />

Petites aides, grands effets<br />

Si, malgré des précautions minutieuses,<br />

les peaux n’adhèrent plus correctement<br />

au moment d’attaquer la montée, il est<br />

possible de s’en sortir grâce à des patch<br />

adhésifs spéciaux. Les Quicktex-Pads<br />

de l’entreprise suisse Colltex constituent<br />

par exemple une aide immédiate<br />

pratique : ces petits patchs légers<br />

conviennent aux peaux de toutes les<br />

marques, se glissent dans n’importe<br />

quelle trousse de premiers secours et<br />

adhèrent même par grand froid. Après la<br />

randonnée, les patchs adhésifs peuvent<br />

être retirés sans laisser de traces.<br />

Vous trouverez plus<br />

d’informations sur les peaux<br />

de rando dans <strong>Inspiration</strong><br />

4/2022<br />

Dépeauter sans filet de protection<br />

Les peaux adhésives ou hybrides, qui adhèrent<br />

au ski même sans que leur surface ne soit<br />

collante au toucher, n’ont pas besoin de filet<br />

de protection lors du dépeautage. Pour ces<br />

peaux, il est recommandé d’utiliser une méthode<br />

particulièrement élégante : détacher la<br />

peau au talon du ski et la décoller légèrement.<br />

Enfoncer ensuite le ski en biais dans la neige<br />

et le maintenir avec les hanches. Retirer la<br />

peau jusqu’à la moitié. Changer les mains de<br />

position et retirer la peau depuis le milieu de<br />

sorte que le milieu de la peau se trouve maintenant<br />

tout en haut. Le reste se fait presque<br />

tout seul : les deux quarts de la surface adhésive<br />

sont déjà l’un sur l’autre, les deux<br />

autres quarts s’assemblent automatiquement<br />

lorsque l’on retire le dernier quartier de peau<br />

du ski. Cela vous semble compliqué ? <strong>No</strong>tre vidéo<br />

en dit plus que mille mots.<br />

‹2›<br />

Stockage<br />

Une longue pause sous le soleil printanier<br />

– les randonneurs s’en réjouissent,<br />

mais pas forcément les<br />

peaux (et les skis). Les peaux ne<br />

doivent pas être exposées en plein soleil,<br />

par exemple contre le mur d’un<br />

refuge, car la couche de colle pourrait<br />

se décoller. Il vaut mieux suspendre les<br />

peaux dans un endroit aéré ou dans le<br />

local de séchage du refuge. La même<br />

règle s’applique à la maison : ne jamais<br />

faire sécher les peaux au-dessus du<br />

chauffage, mais les suspendre à température<br />

ambiante et remettre ensuite<br />

le filet de protection. Pendant la pause<br />

estivale, l’idéal est de stocker les peaux<br />

non pas pliées, mais étalées (p. ex. sur<br />

l’armoire ou sous le lit) afin d’éviter<br />

qu’elles aient des plis.<br />

58<br />

59


Bächli Sports de Montagne Contrôle du partenaire<br />

50 ans de Bächli<br />

Sports de montagne<br />

l’époque des pionniers<br />

Afin de préparer l'anniversaire de l’entreprise, des collaboratrices et<br />

collaborateurs de longue date se sont rencontrés au siège de Bächli<br />

à Nänikon afin d’échanger des anecdotes à propos de l'histoire de<br />

l'entreprise. Partie 1 : l’époque des pionniers<br />

Texte Thomas Ebert<br />

Photos : Archive Bächli<br />

Walter Locher se souvient encore très bien de l'ancienne caisse<br />

NCR. « Elle ne pouvait additionner que des montants à deux<br />

chiffres » se remémore le retraité aujourd'hui âgé de 76 ans. En<br />

1983, il a été un des premiers collaborateurs de Bächli Sports de<br />

Montagne. « À cause de cette caisse, Heinz Bächli comptait les<br />

billets de cent francs directement dans un porte-documents en<br />

cuir qu’il conservait dans le coffre-fort derrière l'établi. « <strong>No</strong>tre<br />

salaire provenait lui-aussi directement de ce classeur » se souvient<br />

Locher, qui a depuis travaillé dans presque tous les services<br />

de Bächli et qui a pris sa retraite il y a onze ans.<br />

Des anecdotes comme celle-ci suscitent naturellement<br />

l’amusement dans la salle de conférence de Nänikon. Aujourd'hui,<br />

le secteur des sports de montagne est mondialement interconnecté,<br />

les processus sont automatisés et hautement spécialisés de<br />

sorte qu’imaginer le salaire versé en mains propres par le directeur<br />

semble aussi dépassé qu'une corde de chanvre dans la face<br />

nord de l'Eiger. Une première belle étape a été de s’installer dans<br />

un local dédié avec ses propres collaborateurs. Quand au siège de<br />

l’entreprise Bächli Sports de Montagne il se cantonnait au salon<br />

d’un modeste appartement de 90 m 2 et dans lequel deux enfants<br />

se disputaient âprement l’espace avec des montagnes de matériel<br />

technique. « À part dans nos lits, il n’y avait de place nulle part » se<br />

rappelle Margit Bärchli. Elle et Heinz avaient fondé l'entreprise en<br />

1974 – sans aucun capital – mais avec la ferme intention de proposer<br />

aux alpinistes un meilleur équipement que celui du magasin<br />

Eiselin Sport, qui détenait alors le monopole. A l'époque, il était<br />

un peu hasardeux de penser que le marché suisse serait assez<br />

grand pour deux commerçants de sports de montagne. Ceci ne les<br />

a pas empêchés d'abandonner le métier d'enseignant, y compris<br />

les 13 semaines de vacances, et de piller leur caisse de pension<br />

pour acheter du matériel.<br />

La magie qui accompagne toute aventure naissante est<br />

palpable par cette après-midi à Nänikon. Aux débuts de Bächli<br />

Sports de Montagne, rien était écrit, rien n’était déterminé<br />

à l’avance et le « business plan » que chaque start-up doit aujourd’hui<br />

présenter pour obtenir le moindre micro-crédit, se<br />

résumait à une profonde passion et à la volonté de sortir des<br />

sentiers battus. À l’époque, la communauté des alpinistes constituait<br />

une petite troupe soudée. Chacun pratiquait toutes les « disciplines<br />

», un terme qu’on utilisait encore fort peu. Il a fallu attendre<br />

le milieu des années 1980 pour qu’une spécialisation voie<br />

le jour et que certains alpinistes se dévouent spécifiquement à la<br />

cascade de glace ou au bloc. Il s’est passé la même chose au sein<br />

du personnel de Bächli : « au début chacun faisait tout et s’adaptait<br />

en fonction des besoins du moment » se rappelle Christine<br />

Joss, laquelle fête cette année ses 40 ans chez Bächli et qui travaille<br />

encore une fois par semaine au département de logistique.<br />

Qu’il s’agisse de servir les clients dans le magasin, d'emballer<br />

les commandes issues de son propre catalogue ou de coller des<br />

étiquettes de prix orange sur les articles, aucune journée de travail<br />

ne ressemblait à l’autre.<br />

Import, export, sport de montagne<br />

En 1983, les premières « PA » débarquent à la Schwamendingerstrasse<br />

41 à Zürich-Oerlikon. Initialement imaginés par Pierre<br />

Allain, puis améliorés et commercialisés par Edmond Bourdon-<br />

61


Contrôle du partenaire Bächli Sports de Montagne<br />

neau sous la marque EB, ces premiers chaussons d’escalade sans<br />

profil connaissent un succès fulgurant sur le granite vertical de Yosemite<br />

et débarquent en Europe. Heinz Bächli décide alors de les<br />

importer lui-même de France vers la Suisse où, grâce au bouche à<br />

oreilles, ils se vendent comme des petits pains. Un autre produit a<br />

suivi le chemin inverse : à l'époque, Bächli Sports de Montagne ne<br />

faisait pas que vendre de l'équipement, mais en produisait aussi.<br />

Par exemple, la fonderie glaronnaise Schraner Oberurnen produisait<br />

des pitons Bächli et un descendeur Bächli selon les indications<br />

de Heinz Bächli. Plus tard, alors que son jeune fils Felix était occupé<br />

à essuyer le film d’huile des descendeurs fraîchement livrés, ce<br />

n’est ni plus ni moins Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia,<br />

qui décida d’importer aux USA un lot de 200 descendeurs Bächli.<br />

« <strong>No</strong>us n’étions pas le premier client de Patagonia, mais Patagonia<br />

a été notre premier client », se rappelle Walter Locher. Les bijoux<br />

en acier ont alors été expédiés dans des bidons en plastique.<br />

Celui qui est habitué à l’offre et à la qualité des vestes de<br />

protection multicouches actuelles ne croirait certainement pas<br />

ses yeux en découvrant ce qui était le dernier cri il y a un demi-siècle.<br />

Dans les années 1980, Margrit et Heinz Bächli faisaient<br />

fabriquer à Trun dans les Grisons des pantalons de montagne<br />

réalisés en « drap des Grisons », un tissu mixte constitué de coton,<br />

de polyester et de Lycra qui de nos jours coûterait une petite<br />

fortune. Quant à la coupe, c’est le chef lui-même qui s’en occupait<br />

: les poches latérales du pantalon devaient alors aussi bien<br />

accueillir les paluches de Heinz que la carte nationale. Ce n’est<br />

qu’en 1983 que la veste « Lightning » de marque Berghaus fut la<br />

première veste triple couche équipée d’une membrane Gore-Tex<br />

à débarquer dans les rayons du magasin.<br />

L’époque des fondateurs, où la tâche la plus difficile était<br />

celle de dégotter les produits et où la vente se faisait pratique-<br />

ment toute seule par manque d’alternatives arriva à son terme.<br />

Il a ensuite fallu sélectionner les meilleurs parmi une multitude<br />

de bons produits, reconnaître le plus tôt possible les nouvelles<br />

tendances, puis se montrer convainquant auprès des clientes et<br />

des clients du magasin. Bächli a su se montrer habile à ce jeu et a<br />

même été parfois en avance sur son temps : pendant longtemps,<br />

Bächli a été le seul à proposer des t-shirts en mérinos, à reconnaître<br />

l’excellente coupe des vêtements de la marque Arc’teryx<br />

ou à entrevoir le côté extrêmement pratique des fixations à cadre<br />

de Fritschi. Les bonnes relations développées au fil des ans avec<br />

les fournisseurs ont également été décisives.<br />

Période d’apprentissage et du « Bächli bon marché »<br />

Onze ans après la fondation de l’entreprise, le marché suisse démontre<br />

qu’il y a de la place non seulement pour l’ex numéro un<br />

Eiselin Sport, mais aussi pour une expansion de Bächli avec l’ouverture<br />

de nouveaux magasins. C’est ainsi que le premier outlet<br />

Bächli ouvre à Zurich Schwamendingen en 1985. La séparation du<br />

magasin principal et de l’outlet, dans lequel on ne vendait que des<br />

fins de série et des articles à prix réduit et qui a été affectueusement<br />

surnommé par les clients comme le « Bächli bon marché »,<br />

a fait sensation. C’est par ailleurs dans cet outlet que la carrière<br />

de Felix Bächli a commencé en 1989 en tant que vendeur à temps<br />

partiel. Il se rappelle encore le cliquetis de l’imprimante à aiguilles<br />

qui « mettait 20 secondes pour imprimer une seule facture ». Cinq<br />

ans plus tard, il changeait de poste pour un temps plein à Oerlikon :<br />

sa première journée de travail « entière » a consisté à se rendre<br />

à IKEA acheter de quoi rendre son poste de travail opérationnel.<br />

Dans les années qui ont suivi, il a développé une grande partie des<br />

processus de l’entreprise, tout en discutant pendant des heures<br />

avec son père Heinz Bächli pour parfaire leur stratégie.<br />

‹1›<br />

‹1› Le cours des choses :<br />

l’aspect du catalogue Bächli a<br />

bien évolué avec les années.<br />

Toujours avec l’idée de présenter<br />

les meilleurs produits<br />

pour les sports de montagne.<br />

‹2› Battre son propre fer :<br />

dans ses années pionnières,<br />

Bächli n’a pas seulement<br />

commercialisé des articles,<br />

mais en a aussi fait produire :<br />

comme par exemple les<br />

pitons Bächli ou le descendeur<br />

qu’Yvon Chouinard<br />

(Patagonia) a immédiatement<br />

importé aux USA.<br />

Photos : Archive Bächli<br />

Dans les années 1990 et 2000, toute la branche des sports de<br />

montagne et de l’outdoor s’est énormément professionnalisée.<br />

Chez Bächli Sports de Montagne de nouveaux processus se sont<br />

établis et ont été organisés en différents départements : la logistique,<br />

les achats et la vente. Au début le département marketing<br />

n’existait pas, ce qui n’empêchait pas d’envoyer aux clients un<br />

catalogue deux fois par année, se rappelle encore Lukas Imhof.<br />

Son premier job chez Bächli a été la digitalisation de toutes les<br />

adresses des clients. Presque tous les articles de montagne du<br />

moment étaient décrits et imprimés dans le catalogue. Chaque<br />

année, le catalogue devenait plus épais, signe indéniable de la<br />

croissance de l’entreprise. Le stock principal d’Oerlikon est rapidement<br />

devenu trop exigu et il a déménagé à Schwerzenbach<br />

avec l’administration. Dans le monte-charge, il y avait bien de<br />

la place pour deux palettes, se souvient Bruno Schuhmacher,<br />

le responsable actuel de la logistique, mais comme les articles<br />

étaient répartis sur quatre étages, la manutention pour l’expédition<br />

des marchandises aux clients et aux différents magasins<br />

représentait un travail titanesque.<br />

Suite à un poste qui s’est libéré de manière inattendue au<br />

changement de millénaire, Susanna Bächli a repris en urgence<br />

la fonction exigeante de responsable du service client, renforçant<br />

encore l’esprit familial de l’entreprise. Avec son fils de deux ans<br />

sur les genoux, l’actuelle vice-présidente du conseil d’administration<br />

n’a toutefois pas eu le temps d'intégrer les processus<br />

complexes dans un contexte d'informatisation en forte<br />

croissance. Bruno Hayoz a ensuite repris cette fonction,<br />

l'a développée par un travail exigeant et fastidieux,<br />

puis l'a finalement transmise plus loin afin de se<br />

consacrer à l’approvisionnement en chaussures au<br />

sein du nouveau département des achats.<br />

Les 25 années suivantes ont conduit à l’ouverture<br />

de 13 magasins répartis dans toute la<br />

Suisse. Ce deuxième volet de l’histoire de l’entreprise<br />

sera présenté dans la troisième édition<br />

<strong>2024</strong> d’<strong>Inspiration</strong>.<br />

‹2›<br />

« Autrefois, Bächli<br />

Sports de Montagne ne<br />

faisait pas que vendre<br />

de l’équipement, mais en<br />

produisait également.<br />

Les pitons et le descendeur<br />

Bächli en faisaient<br />

partie. »<br />

62<br />

63


Final<br />

Formation professionnelle chez<br />

Bächli Sports de Montagne SA<br />

Lorsqu’on demande aux jeunes apprenties et apprentis<br />

de nos 13 magasins comment ils se sentent dans les<br />

premières semaines de leur apprentissage, on obtient<br />

toujours la même réponse : « Je vais bien. L'équipe me<br />

soutient, mon nouveau travail est passionnant. Mais je<br />

dois encore m'habituer à rester debout et à bouger beaucoup.<br />

» Un apprentissage chez Bächli Sports de Montagne<br />

est sportif, à bien des égards.<br />

En tant qu'entreprise formatrice reconnue, nous essayons<br />

d'enthousiasmer les jeunes pour leur futur métier,<br />

pour l'univers de la montagne et pour les sports de montagne.<br />

Depuis une vingtaine d'années, nous formons des<br />

apprentis dans les domaines du commerce de détail, de la<br />

logistique et d’employé de commerce. Aujourd'hui, l'évolution<br />

démographique et le besoin élevé d'apprentis rend la tâche de pourvoir les places<br />

d'apprentissage compliquée. C'est pourquoi nous misons sur une formation<br />

professionnelle de grande qualité. De plus, nos formateurs prennent leur tâche<br />

très au sérieux. Le côté familial, notre culture du tutoiement, l'esprit d'équipe et<br />

les rencontres d'égal à égal à tous les niveaux constituent le cœur de notre culture<br />

d'entreprise. <strong>No</strong>us accompagnons les jeunes dans la phase délicate qu’est<br />

l'adolescence, accordons de l'importance à une excellente formation spécialisée<br />

et assumons une importante mission sociale. Les futurs spécialistes apprennent<br />

non seulement à conseiller les clients, mais aussi à utiliser correctement nos<br />

produits en montagne. Dans le cadre de notre formation alpine, des guides de<br />

montagne expérimentés aident les apprentis à évoluer sur le rocher et la glace.<br />

L’évènement phare est l'ascension de leur premier 4000 : ce rêve se réalise<br />

avant même la fin de l'apprentissage. Mais la diversité et surtout la compétence<br />

font aussi partie du travail quotidien et sont source de plaisir : rien d'étonnant à<br />

cela, puisque notre clientèle a souvent déjà le cœur à la prochaine aventure en<br />

montagne. Le sentiment d'avoir trouvé l’équipement qui correspond vraiment à la<br />

personne peut être aussi agréable que la joie d'atteindre un sommet.<br />

Comme en montagne, la formation comprend également quelques défis :<br />

par exemple, de longues heures de travail ou des entretiens de vente exigeants.<br />

Il faut alors faire preuve d'endurance. Ce qui nous aide, c'est la proximité avec les<br />

sports de montagne. <strong>No</strong>us recherchons de manière ciblée de jeunes adultes qui<br />

cultivent un lien avec les sports de montagne. Souvent, l'apprentissage renforce<br />

encore l'intérêt initial. La passion commune pour l'univers de la montagne crée<br />

des liens – et lie également à long terme les jeunes qui entrent dans la vie professionnelle<br />

à notre entreprise.<br />

Uta Jelitto, responsable de la formation professionnelle<br />

POSTULE<br />

MAINTENANT<br />

« J'ai été agréablement surpris<br />

par l'atmosphère conviviale<br />

et familiale qu'on retrouve<br />

habituellement plutôt dans les<br />

petites entreprises. »<br />

Tristan, apprenti à Lausanne<br />

Impressum<br />

« <strong>Inspiration</strong> », la revue des clients de Bächli Sports de<br />

Montagne SA paraît 4 x par an et est disponible gratuitement<br />

dans tous nos magasins. Tirage : 90 000 exemplaires.<br />

Éditeur<br />

Bächli Sports de Montagne SA<br />

Gewerbestrasse 12, 8606 Nänikon<br />

Tél : 044 826 76 76<br />

E-mail : info@baechli-bergsport.ch<br />

Abonnements et informations<br />

E-mail : info@baechli-bergsport.ch<br />

Rédaction, layout et concept<br />

Outdoor Publishing GmbH<br />

Kesselbachstrasse 4, 9450 Altstätten<br />

Tél : 071 755 66 55<br />

E-mail : redaktion@outdoor-publishing.com<br />

Copyright<br />

Toutes les contributions sont protégées par le droit<br />

d’auteur. Toute utilisation sans le consentement<br />

de l’éditeur est interdite et amendable. Ceci s’applique<br />

en particulier aux reproductions, traductions, stockage<br />

ou diffusion au moyen de systèmes électroniques<br />

et multimédia.<br />

Impression<br />

Stämpfli AG<br />

Wölflistrasse 1, 30<strong>01</strong> Bern<br />

Tél : 031 300 66 66<br />

E-mail : info@staempfli.com<br />

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