Journal wiwsport n366 - 08 mars 2024

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Dossier SPORTIVES ET RÈGLES DOULOUREUSES Douleurs atroces, peur de la tache… le cycle menstruel, l’autre adversaire des sportives Nous sommes en 2024 et la problématique des règles douloureuses chez les sportives de haut niveau est toujours un sujet tabou que les athlètes notamment sénégalaises n’abordent pas avec la plus grande aise. Pourtant, avoir ses règles en pleine compétition est un réel obstacle à la performance pour les femmes qui ne trouvent pas toujours remède à leur mal. Souvent ignorés, minimisés, voire passés sous silence, les effets du cycle menstruel se font pourtant ressentir chez un grand nombre de sportives de haut niveau, pas moins qu’au Sénégal. Troubles de l’humeur et du sommeil, maux de tête, crampes et douleurs dans le ventre, bouffées de chaleur, vomissements, flux abondants, prise de poids… Autant de symptômes ou de répercussions qui sont susceptibles de gêner la performance et la récupération des femmes athlètes de haut niveau. « Il n'a pas été démontré que les règles induisaient une baisse de la performance chez l'athlète, sauf si elle a des troubles du cycle, c'est-à-dire des règles très douloureuses. Et si elle a des règles très abondantes, cela peut être source d'anémie, donc de fatigue », précise pour autant Carole Maître, gynécologue à l’Insep de Paris. On se rappelle notamment de l’épisode des footballeuses anglaises, lors du dernier Euro Féminin. Celles-ci avaient demandé à leur équipementier de ne plus leur fournir de shorts blancs. « C'est très sympa d'avoir une tenue (short blanc), mais parfois ce n'est pas pratique cette période dans le mois », avait précisé Beth Mead, l'attaquante d'Arsenal, dans les colonnes de The Telegraph. Pourtant, les Anglaises seront sacrées quelques jours plus tard au-delà des aléas naturels que leurs corps leur infligent. La même appréhension a rongé l’ancienne judoka Frédérique Jossinet durant toute sa carrière. « J’ai eu plein de fois mes règles en compétition. Quand on est en kimono blanc, psychologiquement, on a peur de la tache, on va tout de suite être moins attentive à la compétition. visitez wiwsport.com Les partenaires doivent aussi comprendre qu’il y a peut-être des changements à faire de ce côté-là », estime la Française de 46 ans, vice-présidente chargée du haut niveau à la Fédération française de judo. Pour certaines sportives, la solution magique n’a pas été trouvée et elles souffrent encore des symptômes de la menstruation dans leur carrière. Car au-delà même des douleurs, il y a cette gêne qui freine la performance de beaucoup d’athlètes lorsqu’elles ont leurs règles. « Mentalement, au lieu d'être à 100 % sur ta compétition, tu as toujours cette crainte en tête que, quand tu mets un coup puissant, tu sens que ça coule. Et si je me fais une tache, je suis exposée, car sur le ring, tout le monde me regarde. Cela te parasite », témoigne pour France Info, l'ancienne boxeuse Sarah Ourahmoune, vice-championne olympique aux Jeux de Rio 2016, et championne du monde en 2008. Pour d’autres, les techniques et les secrets ne manquent pas pour garder son niveau de performance et passer outre ces obstacles qui freinent leur compétition. Il y a par exemple les pilules qui se trouvent être la solution privilégiée des sportives de haut niveau. En outre, la pilule n'empêche pas l'arrivée des règles, et donc des douleurs, même si elles sont moins intenses, mais elle permet de retarder les menstruations. D’ailleurs, certaines athlètes ont fait l’option de planifier leurs compétitions et de traquer leurs cycles afin de mieux préparer leurs corps. Face à cette problématique noyée par le tabou, les athlètes sont encore trop souvent livrées à elles-mêmes au moment d’autant plus que les encadrements souvent très masculins constituent un frein, selon des athlètes. Mais, la présence de plus en plus remarquée des femmes dans les attelages techniques des formations sportives au Sénégal, laisse croire qu’il existe une meilleure prise en charge. La présence des entraîneuses sur les bancs offre une écoute et compréhension beaucoup plus réalistes aux athlètes gênées par les menstruations. Jean Joseph
Dossier SPORTIVES ET GROSSESSE « Je ne veux absolument pas être enceinte à nouveau en tant qu'athlète » Serena Williams Dans sa carrière longue de plus de 25 ans, Serena Williams a tout gagné. Elle, la native de Compton en Californie, modeste quartier de la banlieue de Los Angeles, a brisé bien des barrières dans ce sport longtemps réservé aux Blancs. Malgré son expérience couronnée de 73 titres dont 23 du Grand Chelem, soit le deuxième meilleur total de l’histoire du tennis, il y a pourtant des défis qui ont semblé trop hauts pour celle qui n’a fait que franchir des obstacles dans sa vie. Parmi ces derniers, figure celui d’être à la fois mère et athlète professionnelle. Alors que la venue de son deuxième enfant était à l’horizon, l’ex-numéro un mondiale du tennis a décidé en août 2022 de mettre définitivement un terme à sa carrière professionnelle à l’issue de l’US Open. « Je ne veux absolument pas être enceinte à nouveau en tant qu'athlète », indiquait-elle. L’Américaine avait peur de son corps après une deuxième grossesse. Sa première fois fut une expérience traumatisante et a bien failli lui coûter la vie. En effet, La championne du tennis avait fait les frais lors de son premier accouchement. visitez wiwsport.com En 2017, elle avait accouché par césarienne en raison d’une embolie pulmonaire pendant le travail, puis une autre après l’accouchement, la laissant alitée pendant six semaines, ce qui avait retardé son retour à l’entraînement, confiait-elle en février 2018 au Vogue États-Unis. Celle qui se considère comme une miraculée n’avait certainement plus envie de revivre un tel épisode. D’autant qu’elle avait joué étant enceinte et avait remporté notamment l’Open d’Australie, son dernier trophée du Grand Chelem, à ce jour. Elle avait huit semaines de grossesse. « J'ai joué pendant l'allaitement. J'ai joué pendant la dépression post-partum », avait-elle fait savoir 5 ans avant la conception de son deuxième enfant. D’ailleurs, son titre à l’Open d’Australie en 2017 restera le dernier qu’elle remportera dans sa glorieuse carrière. La maternité a-t-elle mis un coup à ses objectifs de 24 Grands Chelems ? L’athlète vigoureuse que le circuit a connue n’était plus que l’ombre d’elle-même et les choix de son couple ont fini par précipiter sa retraite qu’elle a avoué avoir préparée. Jean Joseph
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