COLLECT Belgique Mai 2024
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collect<br />
Mensuel ne paraît pas en janvier, en juillet ni en août - 7,95 € - P608061<br />
N° 534 / MAI <strong>2024</strong><br />
Jan Davidsz. de Heem<br />
Théâtrales natures mortes<br />
Roger Capron<br />
Céramiste éclectique<br />
Peinture africaine<br />
contemporaine<br />
Une ode à la diversité
Francis Picabia, Silene, env. 1930 – 31, € 200.000 – 300.000, vente le 22 mai <strong>2024</strong><br />
ART MODERNE ET CONTEMPORAIN<br />
JOAILLERIE, MONTRES<br />
Ventes de prestige<br />
á Vienne<br />
22 – 28 mai <strong>2024</strong><br />
Dorotheum Bruxelles<br />
Honorine d’Ursel, T. +32-2-514 00 34<br />
honorine.dursel@dorotheum.be<br />
www.dorotheum.com
EMILE CLAUS<br />
Peintre du pays de la Lys<br />
4 mai - 9 juin <strong>2024</strong><br />
La galerie est ouverte tous les samedis et<br />
dimanches de 14h à 18h<br />
Latemstraat 20<br />
9830 Sint-Martens-Latem<br />
+32 9 281 11 70 | www.oscardevos.be
Max Ernst Les antipodes du paysage. 1954. Huile sur panneau. 26,7 x 35,4 cm. Estimation 200.000-250.000 €. Vente le 4 juin<br />
1798<br />
VENTES À COLOGNE<br />
14 mai Bijoux et Montres précieuses 15 mai Arts Décoratifs 16 mai Maîtres Anciens et 19e siècle<br />
4/5 juin Art Moderne et Art Contemporain 4 juin Photographie 27 mai–7 juin Contemporary Art Online<br />
18 juin Art Asiatique 3–25 juin Asian Arts Online<br />
Cologne, Neumarkt 3 T +49-221-92 57 290 info@lempertz.com www.lempertz.com<br />
Bruxelles, 6 rue du Grand Cerf T 02-514 05 86 bruxelles@lempertz.com
<strong>COLLECT</strong><br />
Est. 1971 – mai <strong>2024</strong> n°534<br />
Édito<br />
Rédacteur en Chef<br />
Christophe Dosogne<br />
Rédaction<br />
Els Bracke<br />
Christophe Dosogne<br />
Trice Hofkens<br />
Collaborateurs<br />
Gilles Bechet, Tamara Beheydt,<br />
Jean-Marc Bodson, Thijs Demeulemeester,<br />
Gwenaëlle de Spa, Gwennaëlle<br />
Gribaumont, Elien Haentjens, Diane<br />
Hennebert, Ben Herremans, Anne<br />
Hustache, Ewoud Mijnlief, Bernard Roisin,<br />
Christine Vuegen<br />
Vers un appauvrissement<br />
patrimonial de l’Europe ?<br />
Mise en pages<br />
Renaldo Candreva<br />
Ellis De Vuyst<br />
Administration, Rédaction, Agenda<br />
Begijnhoflaan 464 G<br />
9000 Gand<br />
Tél. : 09/216.20.20<br />
collect@ips.be<br />
www.collectaaa.be<br />
Publicité<br />
Secteur Art : Joris van Glabbeek<br />
Tél. : 09/216.20.24<br />
collect.net@ips.be<br />
Tout autre secteur :<br />
MAC-Strat SRL /<br />
Yves de Schaetzen<br />
Tél. : 0475/82.96.00<br />
yves@macstrat.be<br />
Distribution<br />
Librairies<br />
AMP<br />
La Poste<br />
Abonnements<br />
Pays d’Abonnements, Ambachtenlaan 21,<br />
Unit 2A - 3001 Heverlee<br />
Tél. 02/808.55.23<br />
serviceclient@paysdabonnements.be<br />
<strong>Belgique</strong> 49,5 €, Europe 70 €<br />
Les abonnements sont à reconduction<br />
automatique, sauf avis contraire envoyé<br />
au minimum deux mois avant la date<br />
d’échéance. Un abonnement offert en<br />
cadeau se termine automatiquement<br />
au bout d’un an. Pour un changement<br />
d’adresse, une résiliation, un numéro<br />
manquant, ou toute autre question,<br />
surfez sur : www.paysdabo.be<br />
Membre de l’Union des Editeurs<br />
de la Presse Périodique<br />
Pour les auteurs d’art visuel et les photographes<br />
: © CISAC / SABAM Belgium <strong>2024</strong><br />
Portrait : © Guy Kokken<br />
Editeur responsable :<br />
Patrick Snoeck<br />
En couverture<br />
Roger Capron, grand pied de lampe, ca.<br />
1950, grès émaillé, 51 x 51 cm. Sotheby’s,<br />
Paris, 17-12-2020. © Sotheby’s Art Digital<br />
Studio – 7.560 € (frais inclus)<br />
Nulle partie de cette publication ne peut être reproduite<br />
et/ou publiée par impression, photocopie ou<br />
de toute autre manière que soit, sans l’autorisation<br />
écrite de l’éditeur. Ni la rédaction ni l’éditeur ne<br />
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et faits contenus dans les articles signés ou les<br />
contributions de ce magazine, lesquels n’engagent<br />
que leurs auteurs. <strong>COLLECT</strong> ne peut être tenu pour<br />
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publiées, la responsabilité en incombant uniquement<br />
à l’annonceur. © Arts Antiques Auctions, Gand<br />
Le 26 mars dernier, au cercle TheMerode à<br />
Bruxelles, lors de la soirée organisée par<br />
Art Brussels à l’occasion de sa 40e édition,<br />
le Premier Ministre Alexander De Croo,<br />
grand amateur d’art contemporain, répondait<br />
aux inquiétudes du secteur quant à la modification<br />
possible du régime de la TVA (lire à ce propos<br />
notre édition d’avril, n°533). Sans ambiguïté,<br />
il s’exprimait en ces termes : « Il est souhaitable<br />
que les règles, inhérentes à l’application de la<br />
TVA au secteur de l’art, notamment contemporain,<br />
en <strong>Belgique</strong>, demeurent inchangées afin de<br />
conforter la position du marché belge en Europe.<br />
J’ai d’ailleurs eu une discussion dans ce sens avec<br />
le Ministre Van Peteghem, en charge des Finances.<br />
» Certes, si on a entendu un grand « Ouf ! »<br />
de soulagement parmi les convives présents et<br />
si le secteur semble avoir été entendu et paraît<br />
soutenu dans sa requête, il n’est pas certain<br />
que le gouvernement qui sera aux manettes à<br />
l’issue des élections du 9 juin prochain l’entende<br />
de cette oreille. Pour rappel, la directive européenne<br />
UE2022/542, relative à l’harmonisation<br />
de la TVA, doit être transposée par chaque Etat<br />
membre, dans sa propre législation, au plus<br />
tard le 1er janvier 2025… Pour l’heure, c’est une<br />
autre directive européenne qui agite le landerneau,<br />
notamment français. Portant le numéro<br />
UE2019/880, ce texte qui tend à restreindre la<br />
marge de manœuvre des marchands d’art et des<br />
commissaires-priseurs quant à l’importation de<br />
biens culturels extra-européens, en subordonnant<br />
l’entrée de ces nouvelles richesses à des<br />
obligations déclaratives et autres demandes de<br />
licence, briderait les transactions commerciales<br />
en promettant, à plus ou moins court terme,<br />
un appauvrissement patrimonial inéluctable.<br />
Car, si les objectifs du texte, qui vise à protéger<br />
le patrimoine culturel universel et à intensifier<br />
la lutte contre le financement du terrorisme,<br />
semblent louables, les moyens pour y parvenir<br />
s’apparentent à un parcours du combattant pour<br />
les acteurs du marché de l’art. Ce qui inquiète<br />
plus particulièrement, ce sont les modalités qui<br />
doivent entrer en application, au sein de l’Union,<br />
à compter du 28 juin 2025. Celles-ci comportent<br />
des contraintes administratives lourdes,<br />
telle que la subordination à l’obtention d’une<br />
licence de l’importation des produits de fouilles<br />
archéologiques ou d’éléments provenant de<br />
démembrement de monuments de plus de 250<br />
ans. Une demande qui devra se faire obligatoirement<br />
via un système informatique, centralisé à<br />
l’échelle européenne, l’Import of Cultural Goods<br />
(ICG). Chaque Etat-membre disposant ensuite<br />
d’un délai légal (pouvant aller jusqu’à 151 jours<br />
en France, par exemple) pour y répondre, pas<br />
forcément favorablement… De même, précisait<br />
La Gazette Drouot dans son édition du 15<br />
mars dernier, « l’importation de biens culturels<br />
de plus de 200 ans, ayant une valeur minimale<br />
de 18.000 euros, sera soumise à une déclaration<br />
de l’importateur. Celle-ci comprend une<br />
description détaillée de l’objet et une attestation<br />
standardisée de toutes les diligences menées<br />
pour s’assurer que la sortie du pays s’est faite<br />
conformément à sa législation interne ( factures,<br />
documents de transport…). » Un carcan ubuesque<br />
et déraisonnable, selon les observateurs, eu<br />
égard à la menace réelle d’un financement du<br />
terrorisme par le trafic d’œuvres d’art, jugé anecdotique<br />
par différents organes d’Etat, notamment<br />
en France et aux Etats-Unis. Outre qu’elles<br />
semblent exagérément tatillonnes, ces règles<br />
comportent le risque de voir des pans entiers du<br />
marché de l’art européen se délocaliser vers des<br />
villes comme Londres ou Genève, non concernées<br />
par ces dispositions. Dans son édition du<br />
10 avril, Le Figaro pointait d’ailleurs déjà la disparition<br />
probable, à court terme, du marché de<br />
l’archéologie au sein de l’Union. <strong>Mai</strong>s, in fine, au<br />
profit de quoi et surtout de qui ?<br />
Christophe Dosogne<br />
5
34<br />
76<br />
Le marché de l’art<br />
après le Covid…<br />
48<br />
Au fil du temps :<br />
le portefeuille<br />
Les artistes africains<br />
sont à l’origine d’un<br />
changement de<br />
paradigme important<br />
Maja Wismer<br />
Un impact durable<br />
sur ses acteurs ?<br />
52<br />
La cote d’Eugeen<br />
van Mieghem<br />
24<br />
Rombout Verhulst, grand<br />
sculpteur méconnu<br />
Van Mieghem a observé<br />
tous les travailleurs du port<br />
d’Anvers, de même que les<br />
innombrables migrants en<br />
route vers une vie meilleure.<br />
6
14<br />
La Biennale : momentum<br />
artistique ou champ<br />
de bataille politique ?<br />
Sommaire<br />
<strong>Mai</strong> <strong>2024</strong><br />
Dossiers<br />
Ventes<br />
70<br />
L’héritage d’Emiel<br />
Veranneman<br />
14 La Biennale : momentum<br />
artistique ou champ de<br />
bataille politique ?<br />
24 Rombout Verhulst, ce<br />
grand sculpteur méconnu<br />
28 Jan Davidsz. De Heem,<br />
somptueuses natures<br />
mortes<br />
32 Marisa Merz, écouter<br />
l’espace<br />
34 54 nuances de Black Joy<br />
40 IPARC : “Restaurer c’est<br />
innover”<br />
44 La céramique éclectique<br />
de Roger Capron<br />
48 Au fil du temps :<br />
le portefeuille<br />
52 La cote d’Eugeen<br />
Van Mieghem<br />
70 L’héritage d’Emiel<br />
Veranneman<br />
76 Le marché de l’art après<br />
le Covid…<br />
78 L’avis de l’experte<br />
82 Focus International<br />
86 Vente en <strong>Belgique</strong><br />
Agendas<br />
60 Musées<br />
68 Galeries<br />
102 Ventes<br />
103 Foires<br />
Rubriques<br />
8 Up to date<br />
12 Personalia<br />
20 L’artiste du mois :<br />
Nicolas Verschaeve<br />
22 Zoom : Annie Ernaux<br />
56 Musées<br />
62 Parole de galeriste :<br />
UPPERCUT<br />
63 Galeries<br />
67 Parole de galeriste :<br />
Annie Gentils Gallery<br />
104 Salles de ventes<br />
105 Bonnes adresses<br />
& Sites Web<br />
105 Petites annonces<br />
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7
Up to date<br />
-><br />
L’espace bruxellois de la nouvelle Galerie Lodovico Corsini<br />
(ex-CLEARING). © D. R.<br />
-><br />
Stephan Goldrajch, Urban Folly II – Emilie Louise Flöge, <strong>2024</strong>, technique mixte. © de l’artiste<br />
/ photo : D. R.<br />
Signa temporum, ars temporis…<br />
Fin mars, un an après le décès de l’ancien<br />
président de la Chapelle musicale Reine<br />
Elisabeth, était lancée la Fondation Bernard<br />
de Launoit qui tient à privilégier les projets<br />
audacieux, originaux et courageux dans<br />
les domaines de la musique, du cinéma,<br />
des arts plastiques, de la montagne et de<br />
l’aventure. www.fondationbdl.com S Les<br />
passionnés d’Art nouveau peuvent désormais<br />
plonger dans un trésor architectural à<br />
travers toute la <strong>Belgique</strong> grâce au lancement<br />
de la plateforme www.admirable-artnouveau.be<br />
S Dans le cadre de l’Année Art<br />
nouveau, Urban.Brussels a commandé à<br />
l’artiste Stephan Goldrajch (1986), l’œuvre<br />
Urban Folly II – Emilie Louise Flöge (<strong>2024</strong>).<br />
Inaugurée le 19 avril dernier, à proximité du<br />
Palais Stoclet, sur l’avenue de Tervuren, elle<br />
rend hommage à la muse et compagne de<br />
Gustav Klimt, qui figure notamment dans<br />
son Etreinte de la fresque en mosaïque installée<br />
dans la salle à manger de la demeure<br />
bruxelloise de la famille Stoclet. S Nouveauté<br />
au musées Art et Histoire, à Bruxelles :<br />
une nouvelle cantine chic, intitulée Gédéon,<br />
vient d’y ouvrir ses portes, sous la houlette<br />
du groupe Chou de Bruxelles. Au cœur du<br />
Cinquantenaire, Gédéon (qui rend hommage<br />
au premier architecte attaché à la<br />
construction du site, Gédéon Bordiau) met<br />
en avant une cuisine généreuse et moderne,<br />
inspirée de la tradition bourgeoise.<br />
www.gedeon-restaurant.be S L’Antwerp<br />
Art Weekend fête ses dix ans d’existence.<br />
En plus de 70 galeries, musées et autres<br />
organisations artistiques, cet événement<br />
promeut la scène artistique contemporaine<br />
anversoise. Un vaste programme d’expositions,<br />
événements, fêtes et autres activités,<br />
vous attend du 16 au 19-05. www.antwerpartweekend.be<br />
S Les rumeurs se confirment<br />
: CLEARING, enseigne née à New<br />
York, présente à Bruxelles et Los Angeles,<br />
a définitivement scindé ses activités. Selon<br />
le communiqué officiel, « après douze ans<br />
de relations transatlantiques,… les entités<br />
américaine et européenne de la galerie se<br />
séparent ». La galerie bruxelloise passe ainsi<br />
sous la houlette de son ancien directeur,<br />
Lodovico Corsini, et opérera en son nom<br />
propre, tout en demeurant dans le même<br />
espace bruxellois. Tandis qu’aux Etats-<br />
Unis, l’enseigne demeure sous la direction<br />
de son fondateur, Olivier Babin. www.cl-e-a-r-i-n-g.com<br />
S La foire bruxelloise<br />
<strong>COLLECT</strong>IBLE annonce pour septembre,<br />
pendant la semaine de l’Armory Show, une<br />
première édition new-yorkaise produite en<br />
partenariat avec Water Street Projects et qui<br />
se tiendra dans le WSA Building, bâtiment<br />
historique (au 161 Water Street) réhabilité<br />
en espace de coworking, d’art, d’excellence,<br />
de production et de divertissement. www.<br />
collectible.design S Egalement prévu pour<br />
septembre, Constantin Chariot, ex-directeur<br />
de La Patinoire Royale / Galerie Valérie<br />
Bach, à Bruxelles, annonçait dernièrement<br />
l’ouverture d’un espace d’exposition dans<br />
les environs du WIELS, à Forest. Situé sur<br />
1000 m², au 110 de la rue Pierre Decoster,<br />
l’Espace Constantin Chariot sera dédié<br />
à l’art moderne et contemporain, plus<br />
particulièrement en lien avec l’abstraction.<br />
8
UP TO DATE<br />
-><br />
Vue de l’atelier de Nancy Taelman, lors de l’édition 2022 d’Atelier in beeld. © Evenbeeld<br />
www.espaceconstantinchariot.art S Fin<br />
avril, Zishan Ansari, propriétaire du service<br />
de conciergerie privée Quintessentially,<br />
ouvrait une galerie à Bruxelles, dans l’ancien<br />
bâtiment de la banque ING (avenue Louise<br />
205-207). Intitulé The Vault Gallery, l’espace<br />
devrait se concentrer sur des artistes internationaux<br />
et contemporains ainsi que sur la<br />
location d’œuvres d’art. www.thevaultgallery.com<br />
S De son côté, la Marlborough<br />
Gallery, honorable enseigne de près de 80<br />
ans renommée pour l’art d’après-guerre,<br />
cesse ses activités dans le monde et, à partir<br />
de juin, l’ensemble de sa programmation.<br />
La galerie exploite actuellement des<br />
espaces à New York, Londres, Madrid et<br />
Barcelone, et aurait quelque 250 millions de<br />
dollars d’œuvres à vendre en stock. Selon<br />
des sources bien informées, une partie des<br />
bénéfices de cette liquidation est destinée à<br />
être reversée à des institutions culturelles à<br />
but non lucratif qui soutiennent les artistes<br />
contemporains. Cette triste issue conclut<br />
une période dramatiques pour la galerie,<br />
dont une querelle familiale et un procès<br />
intenté par son président, Max Levai, contre<br />
deux membres du conseil d’administration.<br />
www.marlboroughgallery.com S Retour à<br />
Bruxelles, où l’agente immobilière Charlotte<br />
André s’associe au galeriste et expert en art<br />
Stéphane Cauchies pour former Sérénité,<br />
société d’expertises au service de la gestion<br />
du patrimoine tant mobilier qu’immobilier.<br />
www.serenite-expertises.be S Le weekend<br />
des 4 et 5 mai, la troisième édition<br />
d’Atelier in beeld renoue avec son principe<br />
d’ouverture d’ateliers, tant en Flandre qu’à<br />
Bruxelles, parmi plusieurs milliers d’artistes<br />
participants, sculpteurs, peintres, artistes<br />
3D, céramistes et autres calligraphes. www.<br />
atelierinbeeld.be S Pour sa 5e édition, la<br />
Biennale d’art contemporain WAW ! (jusq.<br />
23-06) réunit trois communes bruxelloises<br />
(Auderghem, Woluwe-Saint-Pierre et Woluwe-Saint-Lambert)<br />
accueillant les œuvres<br />
de quatorze artistes, dont Elodie Antoine,<br />
Emmanuel Bayon, Maëlle Dufour, Caroline<br />
Le Méhauté et Léopoldine Roux. www.<br />
wolubilis.be S Du 10-05 au 01-06, c’est le<br />
retour du Kunstenfestivaldesarts qui célèbre<br />
la création artistique contemporaine à<br />
travers le théâtre, la danse, les performances<br />
et les arts visuels. www.kfda.be S Du 27-05<br />
au 02-06, partout en France, le SYMEV<br />
(Syndicat National des <strong>Mai</strong>sons de Ventes<br />
Volontaires) organise la XVIIIe édition des<br />
fameuses Journées Marteau qui permettent<br />
aux néophytes et aux connaisseurs de faire<br />
gracieusement expertiser et estimer leurs<br />
objets, bijoux ou encore œuvres d’art. Ce<br />
rendez-vous incontournable fait également<br />
découvrir au plus grand nombre les<br />
rouages des enchères sous forme d’ateliers,<br />
conférences ou encore jeux. www.symev.<br />
org S A l’issue de ses ventes de ce mois,<br />
l’auctioneer Sotheby’s a décidé de diminuer<br />
sa commission acheteur de 26 à 20 % pour<br />
les œuvres dont la valeur d’enchère est inférieure<br />
à 6 millions de dollars. Au-delà, cette<br />
commission redescend à 10 %. Selon les<br />
observateurs, il s’agirait d’une stratégie de<br />
séduction visant à inciter les acteurs du haut<br />
du marché à poursuivre chez elle leurs acquisitions<br />
mais aussi à recourir à ses services<br />
en cas de (re)vente. www.sothebys.com S<br />
Villa Zonneschijn<br />
-><br />
Emile Claus, Villa Zonneschijn au printemps, 1910, huile<br />
sur toile, 140 x 202 cm. © Galerie Oscar De Vos<br />
La Galerie Oscar De Vos est spécialisée depuis 1968 dans l’art des<br />
artistes de Laethem-Saint-Martin (ca. 1880-1940), le village des<br />
artistes sur la Lys où elle est également située. A l’occasion du 100e<br />
anniversaire de la mort du peintre Emile Claus (1849-1924), la galerie<br />
lui rend hommage avec l’exposition Emile Claus, peintre du pays de<br />
la Lys. À partir de 1882, Claus et sa future épouse Charlotte Dufaux,<br />
s’installaient dans une maison de la région, plus tard renommée Villa<br />
Zonneschijn, devenue lieu de rencontre pour leurs amis artistes. Le<br />
milieu rural, la Lys et les habitants des campagnes offrirent au peintre<br />
une source d’inspiration inépuisable. En une vingtaine de tableaux,<br />
dont certains inédits, l’exposition propose un aperçu de son œuvre<br />
(du 04-05 au 09-06). www.oscardevos.be<br />
9
UP TO DATE<br />
Promenades printanières<br />
-><br />
Terry Davies, œuvre récente exposée lors du Marché de la Céramique d’Andenne. © de l’artiste<br />
Le mois de mai est l’occasion de se rendre<br />
dans quantité de salons organisés dans des<br />
endroits singulier. À partir du dimanche<br />
05-05, se déroule ainsi la 8e édition du<br />
Marché de l’Argenterie du Château de<br />
Laarne, forteresse médiévale entourée de<br />
douves près de Gand. Les organisateurs,<br />
Herita Foundation et l’antiquaire Emil<br />
Fonfoneata, y invitent des exposants de<br />
renom à exposer leurs plus belles pièces.<br />
A cette occasion, il est également possible<br />
d’admirer l’exceptionnelle collection<br />
d’argenterie de Claude D’Allemagne (1917-<br />
1986), abritée dans le château. Nouveau :<br />
un journée d’expertise gratuite des objets<br />
des visiteurs. www.herita.be S Traditionnellement,<br />
le Marché de la Céramique<br />
d’Andenne se déroule à la Pentecôte, qui<br />
réunit de nombreux céramistes nationaux<br />
et étrangers. Le jury a ainsi sélectionné 70<br />
artistes et l’invité d’honneur est l’An-<br />
glo-italien Terry Davies, qui expose à l’EMA<br />
ses œuvres récentes et animera un atelier.<br />
Cet événement revêt une importance<br />
culturelle et historique pour cette ville,<br />
connue pour son derle et son argile rouge<br />
que l’on retrouve également dans les rues<br />
(du 19 au 20-05 sur la Place des Tilleuls,<br />
la Promenade des Ours et l’Esplanade<br />
du Phare. www.ceramicarterenne.be) S<br />
Comme à son habitude, le Château de<br />
Deulin organise une agréable brocante<br />
d’antiquités, objets de décoration et<br />
mobilier de jardin, lors du week-end de la<br />
Pentecôte. Des dizaines de stands répartis<br />
à travers le domaine forment un parcours<br />
invitant à une promenade exploratoire.<br />
En outre, 70 participants, sélectionnés<br />
par Simon de Harlez, exposeront dans les<br />
dépendances, dans la chapelle, dans les<br />
greniers à foin et dans l’orangerie (du 18 au<br />
20-05). www.espacedeulin.be<br />
-><br />
Doublé<br />
Hanneke<br />
Beaumont<br />
Sur le site de la ferme du château<br />
d’Ooidonk, dont les origines se situent<br />
au XVe siècle, la Galerie Francis<br />
Maere organise la troisième édition<br />
de l’Ooidonk Art Festival. Le festival<br />
démarre avec un focus sur l’artiste<br />
d’origine néerlandaise Hanneke<br />
Beaumont (1947) (du 18-05 au 30-06).<br />
Elle montrera plusieurs sculptures<br />
monumentales en bronze, fonte et<br />
terre cuite, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur<br />
de la ferme, aux côtés d’une<br />
vingtaine d’artistes contemporain<br />
belges et étrangers ayant reçu carte<br />
blanche pour exposer leurs œuvres<br />
dans l’espace qui leur a été désigné :<br />
entre autres, Guillaume Bijl, Willem<br />
Boel, Pierre Clerk, Johan De Wit,<br />
Randoald Sabbe, Kris Martin, Johan<br />
Tahon, Conrad Willems et Sylvie<br />
Martens. Les œuvres de Hanneke<br />
Beaumont seront ensuite transférées,<br />
durant tout l’été (du 08-07 au 30-09),<br />
dans le somptueux cadre du château<br />
d’Annevoie, à Anhee, connu pour<br />
ses spectaculaires jardins d’eau. Le<br />
second volet du festival d’Ooidonk<br />
(du 20-07 au 15-09) accueillera, quant<br />
à lui, une nouvelle sélection d’artistes,<br />
parmi lesquels Stief Desmet,<br />
Jan Fabre, Thomas Renwart, Roeland<br />
Tweelinckx, Koen Van Mechelen, Tim<br />
Volckaert ou Lieven Lefere.<br />
www.ooidonkartfestival.be<br />
www.chateaudannevoie.be<br />
SCRAP, la récup’ solidaire<br />
Entreprise de travail adapté, dont l’objet social consiste à permettre aux personnes<br />
en situation de handicap de trouver un environnement de travail personnalisé et<br />
valorisant, Metalgroup, situé à Marcinelle, lance la marque SCRAP. Ce projet de récup’<br />
solidaire est né de l’envie de réutiliser les chutes générées par les nombreuses<br />
activités de la société, lesquelles consistent à usiner et mettre en œuvre des matériaux<br />
tels que l’acier, l’aluminium, le bois ou le plexiglass, tout en leur donnant<br />
la plus-value apportée par le regard et l’expertise plastique de deux designers<br />
belges, Sylvain Busine et Patrick Everaert, qui partagent ses valeurs. Cette collaboration<br />
vient d’aboutir sur la production d’une première série de six objets, parmi<br />
lesquels une lampe modulable, un tabouret et un porte-manteaux, ensemble qui<br />
sera étoffé au fil du temps et des collaborations futures. www.scrapdesign.be<br />
-><br />
Chaque tabouret de la marque SCRAP est une pièce unique, moderne et écologique, fabriquée<br />
à partir de chutes de bois. © SCRAP<br />
10
UP TO DATE<br />
Quelques classiques printaniers<br />
-><br />
Rudy Loewe, Anansi #2, 2020, acrylique sur toile, bois, 70 x 170 cm. © de l’artiste / VITRINE /<br />
photo : Eleni Parousi<br />
-><br />
Daniel Jack Lyons, Wendell in Drag, 2019.<br />
© de l’artiste / Courtesy Fondation Deutsche<br />
Börse Photography<br />
La foire Independent New York fête cette<br />
année sa 15e édition (du 09 au 12-05), aux<br />
Spring Studios de Tribeca. Les 85 participants<br />
sont sélectionnés sur invitation et<br />
les expositions commandées pour cette<br />
édition se concentrent sur les artistes<br />
émergents faisant leurs débuts à New York,<br />
les noms établis dont les carrières ont besoin<br />
d’une réévaluation critique et orientée<br />
vers le marché et les pratiques multidisciplinaires<br />
qui se concentrent sur les enjeux<br />
sociétaux actuels. www.independenthq.<br />
com S Presque simultanément, la TEFAF<br />
New York investit l’emblématique Park Avenue<br />
Armory, en présentant une sélection<br />
exceptionnelle en art moderne et contemporain,<br />
bijoux, design et antiquités des XXe<br />
et XXIe siècles. L’événement accueille près<br />
de 90 galeries internationales de premier<br />
plan, en provenance de quinze pays et de<br />
quatre continents. Les participants belges<br />
sont Axel Vervoordt et Yves Macaux. (du<br />
10 au 14-05, www.tefaf.com) S À Londres,<br />
Photo London célèbre le 25e anniversaire<br />
de la Deutsche Börse Photography<br />
Foundation avec l’exposition See/Change<br />
– Art Collection Deutsches Börse @25. Les<br />
œuvres sélectionnées mettent en valeur la<br />
diversité de cette collection renommée et<br />
ses positions artistiques sur des thèmes tels<br />
que le changement climatique, l’activisme,<br />
la migration et la société. Mis à l’honneur<br />
cette année, le travail de Valérie Belin avec<br />
l’exposition rétrospective Silent Stories (du<br />
16 au 19-05). www.photolondon.org<br />
-><br />
Bouke de Vries, Guan Yin au nuage diagonal,<br />
2023, fragments de porcelaine chinoise<br />
des XVIIIe et XIXe siècles, 100 x 65 x 28 cm.<br />
© de l’artiste / Courtesy TEFAF New York /<br />
Adrian Sassoon<br />
Hommage à Guy Vandenbranden<br />
La Galerie Callewaert Vanlangendonck, à Anvers, propose l’exposition Nuove tendenze<br />
degli Artisti Belgi (jusq. 05-05). Cette exposition rend hommage à Jef Verheyen, qui a mis<br />
en contact de nombreux artistes belges avec son réseau international d’avant-garde et a<br />
ainsi promu les « Belges en Italie », dont Guy Vandenbranden (1926-2014). La galerie, qui<br />
gère son Estate, s’apprête aussi à commémorer le dixième anniversaire de sa mort, à l’occasion<br />
d’une exposition monographique, qui s’ouvre le 12-05. Cette rétrospective présente<br />
peintures, sculptures et œuvres sur papier, de la période 1950 jusqu’à sa mort, et rend<br />
hommage à l’un des plus importants artistes belges d’après-guerre, reconnu internationalement<br />
pour son art abstrait géométrique.<br />
www.callewaert-vanlangendonck.com<br />
-><br />
Guy Vandenbranden, Composition, 1967, laque cellulosique sur panneau, 72 x 61 cm. © Galerie Callewaert<br />
Vanlangendonck – Prix : 14.500 €<br />
11
Têtes de l’Art<br />
Frédéric Mitterrand<br />
Gaetano Pesce<br />
In memoriam : Gaetano Pesce<br />
(1939), considéré comme le «plus<br />
radical des radicaux», un visionnaire<br />
révolutionnaire en matière<br />
de design, décédait le 3 avril à<br />
New York. Son approche singulière,<br />
brouillant les frontières entre art<br />
et design, il la mena en réaction face<br />
au rationalisme et au fonctionnalisme<br />
du courant moderniste. Il s’est<br />
ainsi lancé dans l’expérimentation<br />
de matériaux et de processus de production<br />
afin de créer des objets qui,<br />
outre leur valeur esthétique, recèlent<br />
une signification profonde, souvent<br />
politique ou religieuse. L’une de ses<br />
créations les plus emblématiques est<br />
la chaise UP5, symbolisant la rondeur<br />
des formes féminines.<br />
© photo : Mark O’Flaherty<br />
Richard Serra<br />
In memoriam : Le sculpteur américain<br />
Richard Serra, connu pour ses<br />
structures monumentales en acier,<br />
décédait le 26 mars à son domicile<br />
de Long Island, à New York, à l’âge<br />
de 85 ans. D’abord peintre, il devint<br />
à partir des années 1960 un sculpteur<br />
de premier plan, jouissant d’une<br />
renommée internationale. Son art,<br />
caractérisé par d’immenses couloirs<br />
inclinés et autres spirales d’acier,<br />
allie grandeur abstraite et intimité<br />
physique. Ses sculptures, composées<br />
d’acier laminé à froid, sont<br />
parfois si lourdes que leur installation<br />
a nécessité la construction de<br />
structures d’accueil spécifiques.<br />
© photo : Oliver Mark<br />
Pierre Cordier<br />
In memoriam : L’ancien ministre de<br />
la Culture et homme de télévision<br />
français Frédéric Mitterrand décédait<br />
le 21 mars, à Paris, à l'âge de 76<br />
ans, des suites d’un cancer agressif.<br />
Neveu de l’ancien président François<br />
Mitterrand, Frédéric Mitterrand<br />
fut d’abord un exploitant de cinéma.<br />
Il développera son goût du cinéma,<br />
des images et des célébrités à la<br />
télévision comme présentateur, pro-<br />
ducteur et réalisateur. Pendant les<br />
années 1980, avec sa voix au rythme<br />
si particulier, faussement monocorde,<br />
il va présenter Étoiles et Toiles<br />
sur TF1, Acteur Studio ou Permission<br />
de minuit. Sur France 2, il anime<br />
Du côté de chez Fred et Étoile-Palace.<br />
Son bonsoir nonchalant et appuyé<br />
est resté dans les mémoires.<br />
© photo : PJB/SIPA<br />
In memoriam : Pierre Cordier,<br />
l’inventeur belge du ‘‘chimigramme’’,<br />
né en 1933, décédait le 21 mars.<br />
Avant d’être peintre, Pierre Cordier<br />
eut une brève carrière de photographe.<br />
En combinant du papier photosensible<br />
et en peignant au vernis à<br />
ongles, il avait créé le premier «chimigramme»,<br />
un procédé qui connut<br />
un fort succès, savant mélange<br />
entre peinture et photographie, permettant<br />
de larges expérimentations.<br />
© Wikipedia / D. R.<br />
12
Bonaventure Soh Bejeng Ndikung<br />
Nicolas Cullinan<br />
Nomination : Ancien directeur de<br />
la National Portrait Gallery, Nicholas<br />
Cullinan (1977) a été nommé<br />
directeur du British Museum. Cette<br />
nomination fait suite à une période<br />
trouble, notamment le scandale des<br />
vols et la nécessité d’une rénovation<br />
à grande échelle. Fort de son expérience<br />
en la matière comme dans<br />
le commissariat d’expositions, il<br />
est considéré comme la personne<br />
la mieux placée pour relancer cette<br />
prestigieuse institution, empêtrée<br />
dans les demandes de restitutions<br />
à répétition des marbres du Parthénon<br />
ou de la Pierre de Rosette et<br />
dont l’étoile tend à pâlir.<br />
© photo : Zoë Law<br />
Nomination : À la fois écrivain, commissaire<br />
d’exposition et docteur en<br />
biotechnologie médicale et en biophysique,<br />
le Camerounais Bonaventure<br />
Soh Bejeng Ndikung (1977)<br />
prenait, début 2023, les rênes de la<br />
Haus der Kulturen der Welt (HKW)<br />
de Berlin. Son travail à la tête de cette<br />
institution, qui a pour vocation de<br />
présenter la diversité de la création<br />
contemporaine avec un focus extraeuropéen,<br />
de même que ses expériences<br />
à la Documenta 14 (2017) et à<br />
la Biennale de Dakar (2018) lui ont<br />
servi de tremplin pour sa désignation<br />
comme commissaire en chef de<br />
la 36e Biennale d’art de Sao Paulo,<br />
qui se déroulera en 2025.<br />
© photo : Jana Edisonga<br />
Amir Nave<br />
Marie Sordat<br />
Lauréate : Née en France mais vivant<br />
à Bruxelles depuis de nombreuses<br />
années, Marie Sordat (1976) remportait<br />
fin mars le premier Prix Germaine<br />
Van Parys, concours destiné<br />
aux femmes photographes. Sa série<br />
intitulée Looks at Brussels a été distinguée<br />
par sa simplicité conceptuelle<br />
et la sincérité de son imagerie.<br />
L’artiste regarde la ville d’un œil neuf,<br />
du centre à la banlieue, capturant sa<br />
versatilité et sa joie de vivre.<br />
© D. R.<br />
Lauréat : Le 21 mars, le jury de la<br />
17e édition du Prix du dessin de<br />
la Fondation d’art contemporain<br />
Daniel et Florence Guerlain récompensait<br />
l’artiste israélien Amir Nave<br />
(1974) qui, à travers ses explorations<br />
de la matérialité du corps<br />
humain, traite de la relation entre<br />
le passé et le déclin actuel de notre<br />
société. Le lauréat a reçu une dotation<br />
de 15.000 euros, tandis qu’une<br />
de ses œuvres rejoindra prochainement<br />
le cabinet d’art graphique du<br />
Musée national d’art moderne Centre<br />
Pompidou, à Paris.<br />
© de l’artiste<br />
13
14<br />
La Biennale<br />
Momentum artistique ou champ de bataille politique ?
Denicolai & Provoost, Picnic party at Lago di<br />
Resia, Petticoat Government, visible dans le<br />
Pavillon belge. © Courtesy Petticoat Government<br />
(Denicolai & Provoost)<br />
15
Ced’art Tamasala (CATPC), Matthieu Kasiama (CATPC), Renzo Martens, Hicham Khalidi, Mbuku Kimpala (CATPC). © photo : Koos Breukel<br />
En <strong>2024</strong>, la Biennale de Venise<br />
célèbre sa soixantième édition. Avec<br />
une grande exposition centrale et<br />
des présentations individuelles par<br />
pays, dans les pavillons installés<br />
dans les Giardini, à l’Arsenale et<br />
dans toute la ville, c’est l’une des<br />
plus grandes manifestations d’art<br />
contemporain au monde. Créée en<br />
1895, en quoi une représentation<br />
nationale a-t-elle encore du sens<br />
dans un monde globalisé ? Dans<br />
quelle mesure cet événement<br />
est-il novateur et donne-t-il le<br />
ton, d’autres facteurs sous-jacents<br />
entrent-ils en ligne de compte ?<br />
TEXTE : TAMARA BEHEYDT<br />
La <strong>Belgique</strong> fut le premier pays à<br />
installer, dans les Giardini, son<br />
pavillon national conçu par l’architecte<br />
Léon Sneyers pour la Biennale<br />
de 1907. Le pavillon néerlandais l’a<br />
rejoint seulement en 1954. Avant cette<br />
date, les Pays-Bas étaient présents dans<br />
l’ancien pavillon suédois. La représentation<br />
traditionnelle nationale est toujours<br />
d’actualité, chaque Etat sélectionnant un<br />
commissaire et un ou plusieurs artistes,<br />
en lice pour remporter le Lion d’Or qui<br />
récompense le meilleur pavillon, et dont<br />
l’impact potentiel est encore plus perceptible<br />
en dehors de Venise. Une participation<br />
à la Biennale constitue une sorte<br />
de consécration et de reconnaissance.<br />
Pour notre pays, elle garantit un certain<br />
prestige, à condition que le projet soit<br />
bien accueilli par les acteurs nationaux et<br />
internationaux. Sa participation, en 2001,<br />
avec une série de tableaux sur les malversations<br />
belges au Congo, marquait ainsi<br />
un tournant dans la carrière de Luc Tuymans.<br />
En 2003, elle a, en revanche engen-<br />
En dépit de<br />
l’agitation, une<br />
participation à la<br />
Biennale garantit<br />
un certain prestige.<br />
dré un autre type de tempête : l’exposition<br />
de Valérie Mannaerts et Sylvie Eyberg,<br />
organisée par Thierry de Duve, ne reçut<br />
guère un accueil favorable. Ces ‘‘papes<br />
de l’art’’ qu’étaient Jan Hoet et Harald<br />
Szeemann, en particulier, exprimèrent<br />
en public de sévères critiques. En 2022,<br />
la <strong>Belgique</strong> était représentée par Francis<br />
Alÿs, artiste né à Anvers, mais qui vit et<br />
travaille depuis quarante ans au Mexique.<br />
À quoi bon le propulser sur le devant de<br />
la scène comme artiste ‘‘belge’’ ? Est-ce<br />
important ? La délégation de cette année<br />
examine le tissu géopolitique sous-<br />
16
La Biennale, pierre<br />
de touche des<br />
valeurs morales<br />
internationales,<br />
illustre clairement que<br />
le monde artistique<br />
n’échappe pas aux<br />
préoccupations (géo)<br />
politiques.<br />
jacent à la Biennale. Les artistes bruxellois<br />
Denicolai et Provoost ont décidé de<br />
créer un collectif, Petticoat Government,<br />
une collaboration horizontale entre les<br />
artistes, la commissaire Antoinette Jattiot<br />
et les studios NORD et Speculoos. Ils ont<br />
sélectionné sept géants, figures traditionnelles<br />
folkloriques, dans toute la <strong>Belgique</strong><br />
pour entreprendre le voyage par voie de<br />
terre et d’eau, « donc pas abstraitement<br />
dans l’air », jusqu’à Venise où la procession<br />
a terminé sa route dans le pavillon belge.<br />
Et comme il sied à une présentation marquante<br />
à la Biennale, le projet poursuivra<br />
sa route dans certains musées de Charleroi<br />
et Dunkerque, en 2025. Depuis 1995, le<br />
Fonds Mondrian sélectionne les artistes<br />
et commissaires du pavillon néerlandais.<br />
Lors de l’édition précédente, Melania<br />
Bonajo fit un passage très remarqué. Elle<br />
avait investi la Chiesetta della Misericordia,<br />
dans le centre-ville, car le pavillon<br />
Rietveld avait été affecté à l’Estonie. Cette<br />
année, les Pays-Bas sont représentés par<br />
le Cercle d’Art des Travailleurs de Plantation<br />
Congolaise (CATPC), fondé et géré<br />
par Renzo Martens. Ce dernier est certes<br />
néerlandais, mais les artistes qui exposent<br />
dans le pavillon sont congolais. Les Pays-<br />
Bas affichent ainsi leur position et une<br />
volonté de corriger, du moins symboliquement,<br />
les hiérarchies dans le monde<br />
de l’art occidental. Aux yeux de beaucoup,<br />
Renzo Martens demeure un personnage<br />
ambigu, même s’il s’efforce de rester en<br />
retrait. Une controverse qui ne manque<br />
bien sûr pas d’attirer, en amont, l’attention<br />
sur la présence néerlandaise. Car une visibilité<br />
internationale est indéniablement<br />
l’un des objectifs majeurs d’une participation<br />
à la Biennale.<br />
CHAMP DE BATAILLE POLITIQUE<br />
Dans le monde de l’art, s’il faut pouvoir<br />
parler de la Biennale et dire qu’on y est<br />
allé, c’est surtout un lieu où le cénacle<br />
n’échappe pas aux préoccupations (géo)<br />
Instituto de Artivismo Hannah Arendt (INSTAR), INSTAR Archive, List of censored Artists, 2022, vue de<br />
l’installation à la Documenta Halle, Cassel, 12 juin 2022. © photo : Nicolas Wefers<br />
17
La couverture<br />
médiatique et les<br />
nombreux visiteurs<br />
illustrent, cette année<br />
encore, que la fin<br />
de la Biennale de<br />
Venise n’est pas pour<br />
demain. D’autres<br />
biennales émergent<br />
parallèlement dans<br />
d’autres pays.<br />
politiques du moment. La Biennale de<br />
1974 fut, par exemple, annulée en raison<br />
de manifestations contre le coup<br />
d’État au Chili. Le pavillon russe, dans les<br />
Giardini, est resté fermé en 2022, suite au<br />
désistement du commissaire lituanien<br />
Raimundas Malašauskas et des artistes<br />
Alexandra Sukhareva et Kirill Savchenkov.<br />
En réaction à l’invasion de l’Ukraine, une<br />
exposition fut organisée par Björn Geldhof,<br />
directeur du Pinchuk Art Centre de Kiev,<br />
dans la Scuola Grande della Misericordia,<br />
avec essentiellement des œuvres ukrainiennes,<br />
mais aussi des contributions<br />
de Marina Abramović, Ólafur Elíasson<br />
et Damien Hirst. Cette année, faute de<br />
représentation nationale, le pavillon russe<br />
a été loué à la Bolivie, tandis que des<br />
pressions internationales se sont exercée<br />
afin d’exclure Israël de la Biennale. « L’art<br />
ne se crée pas en vase clos, encore moins<br />
dans une ‘‘bulle’’, et il ne peut transcender<br />
la réalité. Les euphémismes ne peuvent<br />
effacer les vérités violentes. Toute œuvre<br />
qui représente officiellement l’État d’Israël<br />
approuve la politique génocidaire de ce<br />
dernier », tels sont les mots contenus dans<br />
la pétition d’un mouvement spécialement<br />
constitué, Art Not Genocide Alliance,<br />
ayant recueilli 23.175 signatures. L’organisation<br />
de la Biennale a refusé de répondre<br />
à cette pétition et d’exclure Israël. A l'heure<br />
de boucler cette édition, les commissaires<br />
de ce pavillon, de même que l'artiste Ruth<br />
Patir, avaient décidé d'en interdire l'accès<br />
jusqu'à l'obtention d'un cessez-le-feu entre<br />
belligérants et la libération de l'ensemble<br />
des otages retenus prisonniers par le<br />
Hamas ! La Biennale, sur laquelle le monde<br />
entier a les yeux braqués tous les deux ans,<br />
n’apparaît donc pas seulement comme un<br />
champ de bataille pour les artistes et leur<br />
carrière, mais aussi comme une pierre de<br />
touche des valeurs morales internationales.<br />
La politique étend ainsi ses tentacules<br />
en coulisses puisque, comme de<br />
nombreux pays, l’Italie assiste aussi à une<br />
montée de l’extrême droite. Le nouveau<br />
président de La Biennale, Pietrangelo Buttafuoco,<br />
dont le mandat a débuté en mars<br />
dernir, est l’ancien chef de la section jeunesse<br />
d’un mouvement néofasciste, mais<br />
il n’a aucune expérience du domaine culturel.<br />
Comme journaliste, il est connu pour<br />
ses idées de droite et comme soutient à la<br />
première ministre Giorgia Meloni.<br />
Big Spoon, image du film de Melanie Bonajo, When the body says Yes, 2022, commande du Mondriaan Fund. © de l’artiste<br />
18
Sanam Khatibi, Ik ken je al jaren, 2023, olieverf en pastel op paneel, 23 x 30,5 cm. © de kunstenaar. Met<br />
toestemming van Rodolphe Janssen. Foto: Hugard & Vanoverschelde.<br />
Asia Art Archive, The Black Archives, 2022, vue de l’installation à la Documenta Halle, Kassel, 11 juin 2022. © photo : Frank Sperling<br />
DES BIENNALES,<br />
EN VEUX-TU, EN VOILÀ<br />
Si la Biennale de Venise est l’événement<br />
par excellence où il convient de ‘‘voir et<br />
d’être vu’’, il en existe d’autres où cela est<br />
moins le cas. C’est peut-être la raison pour<br />
laquelle un bilan dressé tous les cinq ans,<br />
où tous les événements sont considérés<br />
comme une seule exposition avec un seul<br />
commissaire ou organisateur central,<br />
au lieu d’une arène où des artistes de<br />
différents pays se disputent la vedette, se<br />
déroule lors de la documenta de Cassel.<br />
Celle-ci offre un regard neuf et des visions<br />
inédites sur le monde de l’art. La dernière<br />
édition, organisée par le collectif ruangrupa,<br />
a mis le monde de l’art occidental<br />
au défi de reconsidérer ses conventions et<br />
hiérarchies. L’impact en est encore perceptible,<br />
entre autres dans la visibilité des collectifs<br />
artistiques, existants et nouveaux.<br />
Manifesta se déroulait en 2022 à Pristina<br />
et se déroule, cette année, à Barcelone.<br />
Cette biennale nomade d’art contemporain<br />
collabore activement avec la ville qui<br />
l’accueille, laquelle est elle-même requérante<br />
et empêche ainsi le déroulé de certains<br />
scénarios, comme à Venise ou Cassel,<br />
où un tourisme en hausse exponentielle<br />
engendre de nombreux désagréments. Sa<br />
couverture médiatique et ses nombreux<br />
visiteurs témoignent cette année encore<br />
que la fin de la Biennale de Venise n’est pas<br />
pour demain. D’autres biennales émergent<br />
parallèlement dans d’autres pays. Les<br />
éditions, de plus en plus spectaculaires,<br />
de Berlin, de Lyon et de São Paulo ont été<br />
rejointes par celle de Malte, organisée pour<br />
la première fois cette année. Après celle<br />
de Bruxelles, qui fit long feu, un projet de<br />
biennale ou d’événement analogue serait<br />
également dans l’air à Anvers, à l’initiative<br />
de la ville, mais il semble abandonné<br />
pour l’instant. Une grande manifestation<br />
artistique, organisée tous les deux ans ou<br />
plus, est apparemment considérée comme<br />
un excellent moyen de dynamiser le tourisme<br />
et l’économie. Il se passe toujours<br />
quelque chose ailleurs, par exemple à Oslo,<br />
Liverpool, Lubumbashi ou Gwangju. <strong>Mai</strong>s<br />
la question se pose de savoir s’il s’agit du<br />
bon endroit et du bon contexte pour que<br />
l’art puisse s’épanouir pleinement, avec<br />
tous ces agendas et motivations politiques<br />
sous-jacents ?<br />
La documenta<br />
de Cassel offre<br />
en général un<br />
regard plus neuf et<br />
des perspectives<br />
inédites sur le<br />
monde de l’art.<br />
VISITER<br />
60e Exposition Internationale d’Art / La<br />
Biennale de Venise<br />
jusq. 24-11<br />
www.labiennale.org<br />
19
L’ARTISTE DU MOIS<br />
Nicolas Verschaeve<br />
Dans cette série, <strong>COLLECT</strong> s’intéresse à la place occupée par les jeunes<br />
artistes dans le monde contemporain. Pourquoi ont-ils choisi cette voie,<br />
d’où leur vient leur inspiration et comment se positionnent-ils ? Voici<br />
venu le tour du Bruxellois Nicolas Verschaeve (1995).<br />
TEXTE : ELIEN HAENTJENS<br />
PORTRAIT : GUY KOKKEN<br />
Grâce à son atelier mobile<br />
Escales, ces dernières années,<br />
Nicolas Verschaeve a exploré<br />
diverses régions de France et<br />
leurs savoir-faire souvent oubliés. Il s’est<br />
intéressé, entre autres, à l’artisanat du<br />
bois, du liège et du verre. Pour ce dernier<br />
matériau, il s’est établi dans le nord des<br />
Vosges où il a étudié de près le métier de<br />
souffleur de verre au CIAV Meisenthal :<br />
« Les rencontres jouent un rôle crucial<br />
dans mon processus. C’est la raison pour<br />
laquelle je désire prendre le temps de<br />
découvrir l’endroit, mais aussi toutes les<br />
personnes qui y vivent ou travaillent. C’est<br />
en tentant de comprendre le contexte que<br />
je peux créer quelque chose qui saisisse<br />
pleinement l’âme du lieu et son artisanat.<br />
Comme l’Europe mise, depuis des siècles,<br />
sur la culture, chaque région possède sa<br />
propre spécificité. Mon rôle consiste à<br />
mettre en valeur l’unicité de chaque atelier.<br />
» Pour son projet de verre, le designer<br />
a contacté des menuisiers, sociologues,<br />
historiens, mais aussi des gardes-forestiers.<br />
Il a conçu un moule modulaire au<br />
départ d’essences locales : « J’ai choisi des<br />
planches dépareillées, faciles à associer,<br />
qui peuvent donner naissance à des objets<br />
très divers. Cet outil flexible offre donc<br />
une multitude de possibilités et permet de<br />
se montrer original avec peu de moyens.<br />
Le titre Sillages fait allusion à une sorte de<br />
prolongement ou de continuité, mais aussi<br />
aux traces laissées par le moule sur l’objet<br />
et au sciage du bois. Mon geste artistique<br />
consiste à traduire cette recherche en<br />
objet. J’utilise le savoir-faire, le terrain et<br />
les moyens sur place et je rends souvent<br />
l’invisible à nouveau visible. » Alors que<br />
nous nous interrogeons sur l’origine de<br />
nos aliments et comprenons que des légumes<br />
cultivés localement sont meilleurs<br />
pour tous, c’est un peu moins le cas pour<br />
les objets : « Nous avons besoin d’objets<br />
locaux pour un monde plus durable et<br />
pour mettre fin aux inégalités et injustices.<br />
Mes objets encouragent le dialogue. En<br />
2022, j’ai par exemple conçu une boule de<br />
Noël dans la série élaborée par Meisenthal<br />
en m’inspirant de bouteilles en verre. Au<br />
Moyen Âge, on a eu l’idée de renforcer les<br />
fonds de bouteille, lors du soufflage, en<br />
les repoussant avec une boule de papier.<br />
J’ai fait reproduire à la main ce processus,<br />
industrialisé plus tard. Par ce geste simple,<br />
je souhaite faire découvrir au public<br />
l’histoire culturelle qui se trouve derrière<br />
l’objet et l’identité de celui-ci. » Enzo Mari<br />
lui a appris qu’un geste va au-delà de la<br />
20
L’ARTISTE DU MOIS<br />
« Les rencontres<br />
jouent un rôle crucial<br />
dans mon processus. »<br />
simple pression sur un bouton, il s’agit<br />
aussi de prêter attention aux ouvriers qui<br />
fabriquent les pièces : « Son autoprogettazione<br />
incitait les gens à se mettre au<br />
travail. J’admire aussi Andrea Branzi pour<br />
ses créations qui se situent à mi-chemin<br />
entre art et industrie, naturel et artificiel. »<br />
RACONTER L’HISTOIRE<br />
Nicolas Verschaeve ne se considère pas<br />
comme l’auteur unique de ses créations.<br />
Le savoir-faire des artisans, avec lesquels il<br />
collabore étroitement, ou la réaction aléatoire<br />
du matériau influent tout autant sur<br />
le résultat final : « Je ne vois pas d’inconvénient<br />
à m’écarter en partie du processus<br />
et à ne pas le contrôler totalement. Mon<br />
objectif est d’apporter des changements<br />
à long terme et d’encourager les gens<br />
à poursuivre ma tâche. Si j’aspire aussi<br />
à la production en série, les premiers<br />
objets d’un projet portent en eux cette<br />
recherche artistique. Ces pièces, souvent<br />
uniques, aident à raconter l’histoire. Je<br />
traduis parfois la réflexion philosophique<br />
sous-jacente dans un catalogue. » Nicolas<br />
Verschaeve présente le résultat de son<br />
projet Substrat en la galerie A1043 de<br />
Avec son Atelier Escales, Nicolas Verschaeve parcourt différentes régions, afin de s’imprégner de<br />
l’environnement, des matériaux, des savoir-faire et des personnes rencontrées. © de l’artiste<br />
Paris : « J’ai, pour ce faire, étudié la fabrication<br />
artisanale de briques en Alsace.<br />
Le matériau sorti des moules réagit à<br />
chaque fois autrement. Nous empruntons<br />
les couleurs à la tradition régionale. Ce<br />
projet questionne la manière de rendre<br />
les matériaux plus expressifs et confère<br />
des qualités naturelles à la surface. Il<br />
examine aussi l’intégration de l’unicité<br />
dans la production en série. » Le designer<br />
fait désormais la navette entre Bruxelles,<br />
Paris et les régions françaises. Après ses<br />
études à l’Ensad de Paris et un stage chez<br />
Formafantasma, entre autres, son réseau<br />
s’est étendu en France. En septembre<br />
2023, le salon <strong>Mai</strong>son & Objet le designait<br />
comme talent émergent. Alors qu’il devait<br />
auparavant lancer lui-même ses projets,<br />
les clients le contactent désormais directement<br />
: « Je me concentre sur les projets au<br />
long cours. Dans les prochaines années, je<br />
vais, par exemple, me consacrer au bois,<br />
dans le nord des Vosges. J’étudierai toute<br />
la chaîne, de la forêt à l’objet, mais aussi<br />
les artefacts culturels et l’héritage correspondant.<br />
J’aimerais, à terme, fonder une<br />
école qui puisse transmettre ce savoir-faire<br />
sur un plan local. »<br />
objets permettent de poser des questions<br />
et d’exercer un impact plus grand, mais<br />
ils sont aussi les témoins d’un contexte<br />
géographique et culturel. Du fait de ce<br />
lien avec leur environnement immédiat,<br />
ils recèlent aussi l’identité culturelle d’un<br />
endroit. Ce qui va à l’encontre de la mondialisation<br />
et d’une tendance à tout niveler<br />
partout. À l’instar des paysans, nous<br />
devons réapprendre à collaborer avec la<br />
nature. Comme Jasper Morrison, je souhaite<br />
créer de discrets objets quotidiens<br />
au service de la société. La proximité nous<br />
aide à mieux constater leur impact, par<br />
exemple, sur le paysage. C’est pourquoi<br />
je soutiens un projet qui explore l’importance<br />
du design à la campagne. »<br />
Vases Sillages (small), 2022, verre soufflé, 17,5 x 13 cm.<br />
© de l’artiste / photo : Victor Cornec – Prix : 192 €<br />
DU DESIGN D’IMPACT<br />
Les modernistes ont, selon lui, donné<br />
le ton en terme de fusion harmonieuse<br />
entre esthétique et fonctionnalité : « Nous<br />
devons apprendre à gérer les incertitudes,<br />
par exemple à propos du climat, et nous<br />
préparer à évoluer à tout moment. Les<br />
VISITER<br />
Substrat<br />
du 05-05 au 14-09<br />
Galerie A1043<br />
Paris<br />
www.artland.com/galleries/a1043<br />
21
ZOOM<br />
Annie Ernaux<br />
Cadrage littéraire et écriture photographique<br />
Dans son exposition, la <strong>Mai</strong>son<br />
Européenne de la Photographie<br />
(MEP) de Paris confronte dans<br />
un face-à-face passionnant la<br />
philosophie d’écriture du prix Nobel<br />
de Littérature Annie Ernaux à celle<br />
des photographes de rue.<br />
TEXTE : JEAN-MARC BODSON<br />
La photographie de rue, que ce soit<br />
la street photography américaine<br />
de Leon Levinstein à Bruce Gilden<br />
ou la vision poétique française des<br />
Willy Ronis et autres Jean-Philippe Charbonnier,<br />
s’est toujours démarquée des cadres<br />
et des codes artistiques de son temps.<br />
Cela, sans doute parce que son seul cadre<br />
est le réel et que ses seuls codes sont ceux,<br />
très spécifiques, de l’instantané. Au point<br />
que l’on pourrait avancer que lorsqu’il<br />
tente de faire de l’art le street photographer<br />
n’en est plus tout à fait un. Un postulat qui<br />
se vérifie dans la passionnante exposition<br />
que propose actuellement la MEP, à<br />
Ces images<br />
répondent moins à<br />
des préoccupations<br />
artistiques qu’à une<br />
volonté de saisir le<br />
réalité perçue dans<br />
l’instant.<br />
Dolorès Marat, La femme aux gants, 1987. © de l’artiste<br />
22
ZOOM<br />
Paris. Tous les tirages, sortis des réserves<br />
de l’institution par la commissaire Lou<br />
Stoppard pour une confrontation avec<br />
des extraits du Journal du dehors d’Annie<br />
Ernaux, répondent, tout comme ceux-ci,<br />
manifestement beaucoup moins à des<br />
préoccupations artistiques qu’à une volonté<br />
de saisir le réalité perçue dans l’instant.<br />
On citera, pour exemple, les images prises<br />
dans les années 1970 par l’excellent<br />
Claude Dityvon, dont les cadrages au cordeau<br />
subliment la banalité du non-lieu et<br />
du non-événement. Présentés en début<br />
d’exposition, ils sensibilisent d’emblée le<br />
visiteur à cette idée d’Henry Wessel, dont<br />
on peut également voir une série d’images<br />
ici, « qu’une photographie parle de choses<br />
qui n’existeraient pas sans elle ».<br />
DES MOTS EN IMAGES<br />
Dans son discours lors de la remise de son<br />
prix Nobel de littérature, à Stockholm le 7<br />
décembre 2022, Annie Ernaux déclarait:<br />
« Trouver les mots qui contiennent à la<br />
fois la réalité et la sensation procurée par<br />
la réalité, allait devenir, jusqu’à aujourd’hui,<br />
mon souci constant en écrivant. »<br />
Ce dont témoignent les extraits de son<br />
Journal du dehors, qui rendent compte des<br />
menus événements quotidiens observés<br />
dans la ville nouvelle de Cergy-Pontoise,<br />
entre 1985 et 1992, et que Lou Stoppard a<br />
eu la bonne idée d’exposer aux murs de la<br />
MEP, au même titre que les photographies.<br />
Des perles que l’on n’inventerait pas, comme<br />
celle-ci : « À la boucherie du village, au<br />
bas de la Ville Nouvelle, on attendait d'être<br />
servi. Quand son tour est arrivé une femme<br />
a dit : « Je voudrais un bifteck pour un<br />
homme. » Ensuite, le boucher a demandé :<br />
« Et avec ça ? – C'est tout », a-t-elle dit en<br />
sortant son porte-monnaie. » De telles<br />
observations du quotidien ‐ qui sont en<br />
fait des images en mots – correspondent<br />
aux cadrages ‘‘ethnographiques’’ de réalités<br />
semblables, réalisés par Jean-Christophe<br />
Béchet en Italie dans les années 2000, par<br />
Bernard Pierre Wolf à New-York, vingtcinq<br />
ans plus tôt, ou par Janine Niépce, en<br />
Garry Winogrand, New York, 1970. © The Estate of Garry Winogrand / Courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco<br />
« Déchiffrer le monde réel en le dépouillant<br />
des visions et des valeurs que le langage,<br />
quel qu'il soit, véhicule, c'est bouleverser<br />
l'ordre établi, renverser les hiérarchies »<br />
ANNIE ERNAUX<br />
France vers 1950. Ceci pour ne citer qu’eux<br />
parmi la petite trentaine de photographes<br />
que l’on retrouve tout au long des cimaises.<br />
De la même façon, les photographies<br />
chaloupées d’un Garry Winogrand ou celles,<br />
quelque peu chaotiques, d’un Daido<br />
Moryiama, si déconcertantes en leur<br />
temps, semblent avoir inspiré l’écrivaine<br />
lorsqu’elle précisait que « déchiffrer le<br />
monde réel en le dépouillant des visions et<br />
des valeurs dont la langue, toute langue,<br />
est porteuse, c’est en déranger l’ordre institué,<br />
en bouleverser les hiérarchie.» « Est-il<br />
possible de voir un texte ? Ou de lire des<br />
photographies ? », se demandait Lou Stoppard<br />
au début de son entreprise. C’est bien<br />
la réussite de son exposition d’avoir rendu<br />
évidentes, par l’écriture, les similitudes<br />
d’approche du réel d’Annie Ernaux et des<br />
photographes de la rue. Une écriture que<br />
celle-ci veut qu’elle soit, « au-dessous de la<br />
littérature », et dont eux se soucient peu<br />
qu’elle réponde aux critères de l’Art.<br />
VISITER<br />
Extérieurs – Annie Ernaux<br />
& la Photographie<br />
MEP / <strong>Mai</strong>son Européenne de la Photographie<br />
Paris<br />
www.mep-fr.org<br />
jusq. 26-05<br />
23
Rombout Verhulst<br />
Grand sculpteur méconnu<br />
Portrait de Maria van Reygersbergh (1632-1674), Dame des deux Katwijk, ca. 1662, terre cuite, 45 x 46 x 30 cm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. BK-NM-11957-B.<br />
24
Cela fera 400 ans, cette année,<br />
que Rombout Verhulst est né à<br />
Malines. Le grand public a peutêtre<br />
aujourd’hui oublié cet artiste,<br />
mais il fut le plus important<br />
sculpteur de la République des<br />
Provinces-Unies, dans la seconde<br />
moitié du XVIIe siècle.<br />
TEXTE : STEFAN GLASBERGEN<br />
Les Provinces-Unies connurent, au<br />
XVIIe siècle, une période de prospérité<br />
économique, sciences et arts<br />
alors également à leur apogée, en<br />
dépit des conflits politiques, d’esclavage<br />
et de guerre. Lorsque Rombout Verhulst<br />
naît, en 1624 à Malines, la Révolte néerlandaise<br />
bat encore son plein. La Trêve de<br />
douze ans (1609-1621) vient de s’achever,<br />
tandis que le sud des Pays-Bas est, dans sa<br />
jeunesse, le théâtre de combats acharnés<br />
entre les troupes de la République rebelle<br />
et celles de l’Empire espagnol. Il vivait déjà<br />
à Amsterdam lorsque le traité de Münster<br />
a mis fin à ce conflit, en 1648. Il vit alors<br />
la ville se développer de manière inédite.<br />
Verhulst est demeuré dans les Provinces-<br />
Unies jusqu’à la fin de ses jours et participa<br />
à trois des quatre guerres anglo-néerlandaises.<br />
La troisième (1672-1674), qui<br />
débuta durant l’année dite ''désastreuse'',<br />
est la plus frappante. Verhulst vivait alors<br />
à La Haye et assista très probablement<br />
au lynchage et à l’assassinat des frères De<br />
Witt. Les mausolées qu’il a réalisés pour<br />
toutes sortes de héros navals morts au<br />
combat sont ainsi les témoins silencieux<br />
des guerres auxquelles l’artiste avait luimême<br />
participé. Par le truchement de ses<br />
œuvres, il se trouvait souvent, de toute<br />
évidence, à proximité de la ligne de front. Il<br />
a conçu le monument funéraire d’Adriaan<br />
Modèle pour le mausolée de Maarten Harpertsz. Tromp (1598-1653), 1654, terre cuite, chêne,<br />
dim. 125 × 104 × 40 cm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. BK-NM-4352.<br />
Clant, l’un des négociateurs néerlandais<br />
de la paix de Münster, et fut le principal<br />
créateur et réalisateur de monuments<br />
funéraires pour les militaires de haut rang<br />
comme Tromp et De Ruyter et se trouva,<br />
en cette qualité, en contact étroit avec les<br />
membres des États généraux qui commandaient<br />
souvent ce genre de monuments<br />
et avec les proches de ces amirautés. Il<br />
réalisa des œuvres pour le nouvel hôtel<br />
de ville du Dam, aujourd’hui Palais sur le<br />
Dam, mais aussi pour les palais du gouverneur<br />
comme le Huis ten Bosch et le<br />
palais de Soestdijk. L’histoire de Rombout<br />
Verhulst dépasse donc le cadre de ses prestations<br />
purement artistiques. C’est aussi<br />
l’histoire d’un migrant qui, dans une jeune<br />
nation déchirée par les conflits internes et<br />
externes, parvint à se hisser au plus haut<br />
sommet de son art et à s’immiscer dans les<br />
Ses mausolées,<br />
réalisés pour toutes<br />
sortes de héros navals<br />
morts au combat,<br />
sont les témoins<br />
silencieux des guerres<br />
auxquelles Verhulst a<br />
lui-même participé.<br />
sphères les plus élevées de la République.<br />
Son parcours débute dans sa ville natale<br />
de Malines, où il fit ses études, et nous<br />
conduit vers d’autres lieux de résidence,<br />
Amsterdam, Leyde et La Haye.<br />
25
La Vierge et le Christ, 1655, signature gravée sur le pied : ‘‘R, VERHVLST’’, ivoire, H. 29,3 cm. Amsterdam,<br />
Rijksmuseum, inv. BK-2002-28.<br />
Il serait juste que<br />
Verhulst ressorte de<br />
l’ombre, dans l’intérêt<br />
du grand public, 400<br />
ans après sa naissance.<br />
UN SCULPTEUR OUBLIÉ<br />
Il est frappant de constater que Rombout<br />
Verhulst fut très apprécié à son époque,<br />
mais qu’on le perdit ensuite un peu de<br />
vue. Le peintre Pieter Terwesten fut, de<br />
1751 à sa mort en 1798, membre de la<br />
Confrérie Pictura à La Haye, de même que<br />
Verhulst durant son séjour dans la ville.<br />
Terwesten fut le secrétaire de la guilde, de<br />
1762 à 1796. Il écrivit en cette qualité, en<br />
1776, une série de biographies d’artistes<br />
morts qui, par le passé, en avaient été<br />
membres. Verhulst figurait parmi ceuxci.<br />
Terwesten fut ainsi le premier à écrire<br />
une courte biographie à son sujet, près<br />
de quatre-vingts ans après sa disparition.<br />
Les biographes ultérieurs ont souvent pris<br />
ce texte pour argent comptant, hélas de<br />
manière injustifiée. Terwesten écrivait,<br />
par exemple, à tort que Verhulst était né<br />
vers 1630 à Breda et ‘‘séjourna très longtemps<br />
en Italie’’. Au XIXe siècle, nombre<br />
d’ouvrages encyclopédiques furent publiés<br />
sur les artistes du XVIIe. Par nationalisme,<br />
d’aucuns tentèrent d’en opérer le classement,<br />
lequel devait clairement déterminer<br />
ceux à qualifier ou non de néerlandais.<br />
Ces ouvrages reproduisent cette confusion<br />
sur la vie de Verhulst. D’où était-il originaire<br />
? Avait-il ou non séjourné pendant<br />
un temps en Italie ? La comparaison entre<br />
ces biographies révèle le peu d’éléments<br />
connus à l’époque sur sa vie. Il s’ensuivit<br />
une véritable guerre de plumes entre<br />
historiens de l’art belges et néerlandais<br />
s’efforçant, dans toute une série d’articles,<br />
de prouver que l’artiste était originaire de<br />
leur pays respectif. En 1863, le Flamand<br />
Seffen, écrivait par exemple ce qui suit à<br />
son propos: « Cet artiste a trop de mérite<br />
pour que nous l’éliminions catégoriquement<br />
de la liste de l’école flamande. »<br />
Seffen voyait comme un avantage le fait de<br />
venir lui-même de Flandre. Contrairement<br />
à nombre de ses collègues néerlandais, il<br />
est manifestement allé fouiller dans les<br />
archives malinoises. Il fut ainsi le premier à<br />
retrouver la date de baptême de Rombout<br />
Verhulst, dans les registres de la cathédrale<br />
Saint-Rombaut. Ce texte, en latin, y figure<br />
en regard de l’année 1624 : « 15 janvier.<br />
Rombout Verhulst, fils légitime né d’un<br />
mariage conclu à l’église entre Philippe et<br />
Catharina de Hondt. » La polémique sur<br />
le lieu et l’année de naissance de l’artiste<br />
était ainsi définitivement close. Rombout<br />
Verhulst était un Flamand de Malines.<br />
Seffen put donc conclure son article avec<br />
satisfaction : « Nous avons en tout cas<br />
prouvé que Rombaut Verhulst n’est pas un<br />
Hollandais, mais un Belge. »<br />
PRISÉ DES <strong>COLLECT</strong>IONNEURS<br />
En 1907, Marinus van Notten écrivait le<br />
premier ouvrage de référence, et le dernier<br />
à ce jour, sur la vie et l’œuvre de Rombout<br />
Verhulst. Si le nombre de publications<br />
scientifiques a peut-être légèrement<br />
diminué depuis, surtout par rapport aux<br />
grands noms de la peinture, son œuvre<br />
n’en est pas moins prisée. De prestigieux<br />
musées, comme le Mauritshuis et le<br />
musée d’art de La Haye, mais surtout le<br />
Rijksmuseum d’ Amsterdam, possèdent<br />
plusieurs de ses œuvres, qu’ils exposent<br />
26
Dès qu’une pièce apparaît sur le marché, ce<br />
qui est très rare, des musées internationaux<br />
cherchent à l’acquérir.<br />
souvent dans leurs salles. Ses réalisations<br />
plus massives, à savoir les monuments<br />
funéraires réalistes, se trouvent toutefois<br />
encore dans les églises pour lesquelles<br />
elles furent conçues il y a plusieurs siècles.<br />
Autrement dit, ses meilleures œuvres<br />
sont dispersées et visibles dans tout le<br />
pays, de Groningue à la Zélande. Celles<br />
qui se trouvent à l’heure actuelle dans<br />
des collections privées se comptent sur<br />
les doigts d'une main. Dès qu’une pièce<br />
apparaît sur le marché, ce qui est très rare,<br />
les musées internationaux cherchent à<br />
l’acquérir. Lorsque, en 1984, surgit le buste<br />
en marbre de Jacob van Reigersberg, le<br />
J. Paul Getty Museum de Los Angeles<br />
tentait sa chance et finit par l’acquérir.<br />
Le Rijksmuseum, qui aurait volontiers<br />
conservé la sculpture aux Pays-Bas, ne<br />
faisait hélas pas le poids face aux Américains.<br />
En 2018, un buste en marbre<br />
représentant sans doute Artus Quellinus<br />
fut proposé au Rijksmuseum. La sculpture<br />
faisait, à l’époque, partie de la collection<br />
de l’ancienne église catholique Sainte-Gertrude<br />
d’Utrecht et s’était longtemps trouvée<br />
à l’extérieur. Usé, le marbre avait subi<br />
les aléas de la pluie et du vent, ce qui devenait<br />
encore plus évident en comparant le<br />
marbre avec son modello en terre cuite.<br />
Cette sculpture se trouve aujourd’hui<br />
dans la collection Frits Lugt, à Paris.<br />
Lorsqu’elle fut proposée au Rijksmuseum,<br />
son état et le doute relatif à l’identité du<br />
personnage représenté furent les principales<br />
raisons qui poussèrent l’institution<br />
à renoncer à son acquisition. En 2021, un<br />
collectionneur privé néerlandais tentait<br />
donc sa chance et en devenait le propriétaire.<br />
Un cas heureusement exceptionnel,<br />
l’œuvre de Verhulst pouvant compter sur<br />
l’appréciation des connaisseurs. Il serait<br />
juste que, dans l’intérêt du grand public,<br />
l’artiste puisse ressortir de l’ombre, 400<br />
ans après sa naissance. Car ses œuvres<br />
font sans conteste partie des plus belles<br />
sculptures jamais produites aux Pays-Bas.<br />
LIRE<br />
Stefan Glasbergen, Rombout Verhulst 1624-<br />
1698, W BOOKS, ISBN 978-9-46258-621-5,<br />
49,95 €<br />
Tombeau de Michiel de Ruyter dans la Nieuwe Kerk d’Amsterdam. © photo : Pauline van Till<br />
27
Composition de fruits et de quelques fleurs, signée, huile sur toile, 74 x 60 cm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. nr. SK-A-138 (FGM nr. 251). © Rijksmuseum<br />
28
Jan Davidsz.<br />
de Heem<br />
Somptueuses natures mortes<br />
On pensera peut-être d’ emblée à<br />
de l’ excès, voire à la gêne qui lui est<br />
associée et que l’ historien anglais<br />
Simon Schama prit comme point<br />
de départ pour son ouvrage paru<br />
en français sous le titre L’ Embarras<br />
de richesses (1991). Quel cadre pour<br />
ce tableau, véritable archétype de<br />
la nature morte néerlandaise du<br />
XVIIe siècle !<br />
TEXTE : EWOUD MIJNLIEFF<br />
Jan Davidsz de Heem (1606-1684) a<br />
vécu et travaillé dans plusieurs villes,<br />
où il séjourna longuement. Il fut l’ un<br />
des nombreux artistes à ne pas avoir<br />
établi de liens avec son environnement<br />
local. Né la même année que Rembrandt,<br />
il a également travaillé quelques années<br />
dans la ville natale de ce dernier. Il est<br />
venu au monde à Utrecht, où il fut probablement<br />
apprenti chez le célèbre peintre<br />
de natures mortes florales Balthasar van<br />
der Ast. Lorsqu’ il déménage à Leyde, en<br />
1626, il y fait la connaissance d’ Aletta van<br />
Weede qu’ il épouse. À Leyde, il se consacre<br />
aux natures mortes monochromes, sobres<br />
variations en une ou deux teintes, représentant<br />
des livres et des instruments de<br />
musique, apparentées à maints égards aux<br />
œuvres de peintres locaux comme David<br />
Bailly (1584-1657) et Harmen Steenwijck<br />
(1612-après 1656). Environ dix ans plus<br />
tard, De Heem vient s’ installer à Anvers où<br />
il devient membre de la guilde de Saint-<br />
Luc, une appartenance obligatoire pour<br />
pouvoir exercer son métier. La raison de<br />
ce déménagement demeure floue. Un an<br />
après le décès de son épouse, il se remarie<br />
avec Anna Ruckers, héritière d’ une célèbre<br />
famille de facteurs d’ instruments de<br />
musique. Sous l’ influence de traditions locales,<br />
comme les natures mortes de Daniël<br />
Seghers ou de Frans Snyders, sa thématique<br />
se fait plus baroque et son style plus<br />
Bien que protestant,<br />
il sut parfaitement<br />
s’ intégrer dans<br />
la communauté<br />
catholique d’ Anvers.<br />
élégant. Si l’ artiste a vécu essentiellement<br />
à Anvers, il se rendait régulièrement en sa<br />
ville natale d’ Utrecht, par exemple entre<br />
1667 et 1672. Après l’ invasion des Français,<br />
en 1672, il s’ enfuit à nouveau à Anvers<br />
où il devait vivre et continuer à travailler<br />
jusqu’ à sa mort. Bien que protestant, il<br />
sut parfaitement s’ intégrer dans la communauté<br />
catholique d’ Anvers, ce qui ne<br />
l’ empêcha pas de continuer à travailler<br />
pour des clients orangistes protestants.<br />
NATURES MORTES MONUMENTALES<br />
La somptueuse nature morte illustrée<br />
ici, où l’ influence anversoise est nettement<br />
perceptible, possède un important<br />
pedigree, qui remonte probablement à la<br />
collection de Clemens Augustus van Beieren<br />
(1700-1761), archevêque de Cologne.<br />
Le catalogue d’ enchères de cette collection,<br />
à Bonn, le 22 mai 1764, fait ainsi état<br />
29
Cette nature morte<br />
monumentale<br />
représente<br />
d’ innombrables<br />
objets de luxe qu’ un<br />
ménage moyen,<br />
citadin, du XVIIe<br />
siècle ne possédait<br />
certainement pas.<br />
‘‘d’ un grand tableau à fruits de quatre<br />
pieds six pouces de hauteur et trois pieds<br />
neuf pouces de largeur, peint par Jean de<br />
Heem’ ’ . L’ origine constitue une donnée<br />
cruciale pour déterminer l’ authenticité<br />
d’ une œuvre et, partant, sa valeur. Au début<br />
du XXe siècle, la toile devint la propriété<br />
d’ un collectionneur néerlandais. Durant<br />
la Seconde Guerre mondiale, elle fut<br />
dérobée par l’ occupant allemand, pour ne<br />
réapparaître qu’ après la Libération, dans<br />
les collections royales néerlandaises, et se<br />
voir prêtée au Centraal Museum d’ Utrecht.<br />
Elle occupa, entre autres, une place de<br />
choix dans une grande exposition consacrée<br />
à De Heem, en 1991. Dans le cadre du<br />
programme de restitution entreprise par<br />
l’ État néerlandais, elle fut enfin restituée<br />
à la famille de son dernier propriétaire<br />
avant les confiscations allemandes, l’ héritier<br />
de Jacob Lieren (1877-1949). Ensuite,<br />
elle fut mise aux enchères et changea de<br />
mains pour environ trois millions de livres<br />
sterling. Depuis lors, elle fait partie de la<br />
collection Klesch et sert d’ œuvre emblématique<br />
au site Internet du musée. Cette<br />
nature morte monumentale représente<br />
d’ innombrables objets de luxe qu’ un<br />
ménage moyen d’ une ville du XVIIe siècle<br />
ne possédait certainement pas. <strong>Mai</strong>s, en<br />
dehors de ce rayonnement de richesses,<br />
de ses formes, de son rythme, de sa palette<br />
de couleurs et de son rendu virtuose des<br />
textures, le spectateur ne manquera pas<br />
de remarquer la signification du tableau,<br />
l’ iconographie y étant trop prononcée. Si<br />
l’ absence de références spécifiques rend<br />
parfois la tâche ardue, ce n’ est pas le cas<br />
ici : l’ orange, placée au premier plan, est<br />
ainsi un symbole orangiste. Les références<br />
religieuses, qui rendent peu probable un<br />
commanditaire catholique, sont plus<br />
subtiles, voire carrément absentes. Plus<br />
généralement, l’ excès semble plutôt ici un<br />
appel à la modération.<br />
HÉRITAGE<br />
En sus de cette nature morte monumentale,<br />
Jan Davidsz. de Heem léguait<br />
environ 270 tableaux lorsqu’ il fut mis en<br />
terre, à Anvers, le 10 février 1684. En fin de<br />
compte, il fut surtout admiré pour le rendu<br />
réaliste de divers matériaux, à la fois dans<br />
des tableaux de petite taille et dans de<br />
grandes et somptueuses natures mortes<br />
représentant une abondance d’ objets de<br />
luxe. Les nombreux documents laissés<br />
par les différents propriétaires révèlent<br />
le degré d’ appréciation de ses œuvres,<br />
qui rapportaient souvent des sommes<br />
élevées au point de le faire passer pour<br />
l’ un des peintres les plus chers de son<br />
temps. Un acheteur déboursait ainsi deux<br />
mille florins pour une nature morte de sa<br />
main, contre mille deux cent florins pour<br />
la Ronde de nuit de son contemporain<br />
Rembrandt. La théorie de l’ art eut beau<br />
Somptueuse nature morte, ca. 1665-1670, huile sur toile, 139,2 x 115,1 cm, signé ‘‘J.D. de Heem’ ’ , en bas à<br />
droite sur la partition. © The Klesch Collection<br />
Dans ce somptueux<br />
tableau, l’ excès semble<br />
plutôt appeler à la<br />
modération.<br />
30
Riche nature morte avec perroquet et vue de paysage, signée, huile sur toile, 115,5 x 169,5 cm. Vienne, Gemäldegalerie der Akademie der bildenden Künste in Wien, inv. Nr.<br />
612 (FGM nr. 192). © photo : Carla van de Puttelaar<br />
Un acheteur déboursait deux mille florins pour<br />
une nature morte de Heem, contre à peine<br />
mille deux cent florins pour la Ronde de nuit de<br />
son contemporain Rembrandt.<br />
reconnaître une plus grande valeur aux<br />
scènes historiques qu’ aux natures mortes,<br />
ces dernières se vendaient souvent à des<br />
prix élevés, le public ne s’ étant pas toujours<br />
conformé à la théorie. Et ce pour une<br />
bonne raison : il s’ agit d’ un motif récurrent<br />
dans la documentation artistique de<br />
l’ époque et il ne faut pas oublier l’ éloge<br />
que son concitoyen anversois Cornelis<br />
de Bie fit de lui en 1662 dans son Gulden<br />
Cabinet van de Edel Vry Schilderconst : « la<br />
peinture qui parle ici impose le silence à la<br />
nature elle-même. »<br />
VISITER<br />
L’ opulence imaginée. Joyaux de l’ œuvre de<br />
Jan Davidsz. de Heem<br />
jusq. 01-10<br />
Snyders&Rockoxhuis<br />
Anvers<br />
www.snijdersrockoxhuis.be<br />
31
Marisa Merz<br />
Ecouter l’espace<br />
BEA, 1968, fil de nylon, aiguilles d’acier, 40 x 90 x 5 cm. Collection Merz. © Courtesy Museum der Moderne, Salzbourg / Adagp, Paris, <strong>2024</strong> / photo : Rainer Iglar<br />
Epouse du célèbre artiste Mario<br />
Merz, Marisa Merz fut la seule<br />
femme membre de l’Arte Povera.<br />
Son œuvre fut récompensée à<br />
plusieurs reprises et jouit d’une<br />
reconnaissance internationale. Le<br />
LaM, à Villeneuve d’Ascq, présente<br />
sa première rétrospective en France<br />
depuis 30 ans.<br />
TEKST: CHRISTINE VUEGEN<br />
Marisa Merz eut un atelier dans<br />
l’appartement turinois où<br />
elle vivait aux côtés de son<br />
célèbre époux, y modelant de<br />
petites têtes, peignant des visages et tricotant<br />
des chaussures et autres œuvres d’art,<br />
en fils de nylon et de cuivre, sur la table de<br />
la cuisine. L’une de ses premières œuvres,<br />
BEA, date de 1968. Il s’agit d’une sculpture<br />
tricotée dans laquelle les aiguilles sont<br />
encore plantées. Si ses nombreuses têtes<br />
et autres visages peints constituent la partie<br />
la plus connue de l’œuvre protéiforme<br />
de Marisa Merz (1926-2019), BEA revêt<br />
une certaine importante, en ce qu’elle<br />
témoigne magnifiquement d’une pratique<br />
Si son travail fut<br />
rapidement adoubé<br />
par les féministes,<br />
elle ne le concevait<br />
pas elle-même<br />
comme tel.<br />
artistique pionnière, expérimentale, issue<br />
de sa vie d’épouse et de mère. Imaginonsla<br />
assise dans sa cuisine, tricotant des<br />
chaussettes avec du fil de nylon et trois aiguilles.<br />
Probablement en compagnie de sa<br />
32
fille Beatrice, âgée de huit ans et surnommée<br />
Bea. Les trois lettres de son prénom<br />
sont réalisées au tricot, dans des couleurs<br />
qui fusionnent, entre bleuâtre, marron et<br />
vert d’eau. Le tout un peu irrégulier, les<br />
aiguilles encore plantées dans le tricot,<br />
portant même encore des points. Si on les<br />
retire, l’œuvre se détricote. Il est presque<br />
incroyable que cette pièce tendre, ludique,<br />
intime, fragile et vulnérable, ait survécu à<br />
son exposition sur la plage de Fregene, en<br />
1970. Les œuvres tricotées qui y étaient<br />
présentées étaient submergées d’eau et<br />
menaçaient de disparaître dans la mer. Il<br />
s’agissait du prolongement d’une importante<br />
exposition personnelle, en la galerie<br />
L’Attica de Rome, associée à une action : à<br />
bord d’un avion, l’artiste transmettait les<br />
altitudes de vol, notées au sol et traduites<br />
en œuvre d’art.<br />
UN ART ORGANIQUE<br />
Marisa Merz rejetait l’idée d’un art pour<br />
l’éternité. Elle a mis l’accent sur la temporalité<br />
et défié l’impermanence. BEA est<br />
une icône de la fragilité, même si la pointe<br />
des aiguilles à tricoter peut être une arme<br />
redoutable, comme cela fut souvent souligné.<br />
Elles confèrent à l'œuvre une dose<br />
d’agressivité et de combativité, rappelant<br />
un peu les flèches criblant le corps torturé<br />
d’un Saint Sébastien. D’ailleurs, dans cette<br />
œuvre, l’artiste dénonce peut-être le martyre<br />
des femmes. À sa manière, avec douceur<br />
et discrétion, mais non sans vigueur.<br />
« Il n’y a jamais eu de séparation entre<br />
mon travail et ma vie » est l’une des rares<br />
déclarations de celle qui n’a quasiment jamais<br />
donné d’interviews ni d’explications.<br />
En outre, elle ne datait presque jamais ses<br />
œuvres et ne leur donnait pas de titre ou<br />
alors, le modifiait par la suite. Elle a également<br />
peu parlé de sa vie, avant sa rencontre<br />
avec Mario Merz (1925-2003) dans<br />
sa ville natale de Turin, après avoir entamé<br />
des études d'architecture dans les années<br />
1950. Le couple s’est marié en 1960, année<br />
de naissance de leur fille Beatrice, qui a<br />
dirigé la Fondazione Merz, centre d’art<br />
fondé à Turin en 2005. C’est en 1967 que<br />
Marisa Merz a exposé pour la première<br />
fois. Il s’agissait de sculptures faites de<br />
feuilles d’aluminium découpées en bandes,<br />
agrafées et suspendues au plafond. Ainsi<br />
transformées en environments et intitulées<br />
Living Sculptures, chacune était capable<br />
de s’adapter à l'espace. Pour l’artiste, l’art<br />
se doit d’être organique, non figé dans le<br />
temps et l’espace, mais vivant. En fait, BEA<br />
est aussi une sculpture vivante, ressemblant<br />
à une créature organique. Marisa<br />
Merz a commencé à tricoter en 1968, une<br />
activité typiquement féminine, certes,<br />
mais avec du fil de nylon et du fil de cuivre,<br />
des matériaux industriels et ‘‘masculins’’.<br />
Sans surprise, son travail fut rapidement<br />
adoubé par les féministes, même si,<br />
comme de nombreuses femmes artistes de<br />
sa génération, elle ne le concevait pas ellemême<br />
comme tel.<br />
Pour Marisa<br />
Merz, l’art doit<br />
être organique,<br />
non figé dans le<br />
temps et l’espace,<br />
mais vivant.<br />
CONTRE VENTS ET MARÉES<br />
Vers 1975, la figure humaine commence<br />
à émerger dans son travail. Elle modèle<br />
de petites têtes rudimentaires, ses testini,<br />
dans de l’argile crue ou de la cire, peignant<br />
aussi de nombreux visages, souvent sur<br />
papier et, à partir des années 2000, principalement<br />
de grand format. Il s’agit parfois<br />
de figures angéliques. Cubisme, futurisme,<br />
icônes byzantines, Fra Angelico, par son<br />
travail, Marisa Merz s’est positionnée<br />
dans l’histoire de l’art, dialoguant avec<br />
l’art, même s’il lui importait peu d’occuper<br />
elle-même une place importante dans l’art<br />
contemporain. Pourtant, si elle n’aspirait<br />
guère au succès, la reconnaissance vint<br />
et ne cessa de grandir. À partir de 1969,<br />
elle expose à l'étranger, notamment en<br />
<strong>Belgique</strong> et aux Pays-Bas. En 1982, elle est<br />
sélectionnée pour la documenta 7 de Kassel,<br />
sous la direction de Rudi Fuchs, et, en<br />
1992, pour la documenta 9, sous la direction<br />
de Jan Hoet, qui lui propose d’installer<br />
une petite fontaine murmurante avec<br />
un violon de cire dans l’eau. En 1994, la<br />
galerie Gladstone de New York présente<br />
sa première exposition personnelle aux<br />
États-Unis et, à partir de 1995, plusieurs<br />
expositions rétrospectives sont organisées.<br />
En 2013, l’œuvre de Marisa Merz recevait<br />
un Lion d’or à la Biennale de Venise. La<br />
dernière rétrospective de son vivant eut<br />
lieu au Metropolitan Museum de New York<br />
et au Hammer Museum de Los Angeles, en<br />
2017. Marisa Merz ne fut pas une artiste<br />
féminine qui aurait été longtemps négligée<br />
et que l’on redécouvrirait seulement<br />
maintenant. <strong>Mai</strong>s, elle est tout de même<br />
moins célèbre que son époux et d’autres<br />
artistes masculins de l’Arte Povera, comme<br />
Giuseppe Penone et Angelo Pistoletto,<br />
dont les œuvres se vendent cher. L’art de<br />
Marisa Merz est moins coté car il s’agit<br />
souvent de petites œuvres, qui atteignent<br />
toutefois des sommes élevées. Une tête en<br />
argile crue, avec maillage de cuivre tricoté,<br />
provenant de la succession de Jan Hoet,<br />
était ainsi adjugée chez Phillips à Londres,<br />
en 2017, 126.500 livres sterling, nettement<br />
plus que l’estimation. Moins chère, mais<br />
peut-être plus pour longtemps…<br />
VISITER<br />
Marisa Merz, Ascoltare lo spazio –<br />
Écouter l’espace<br />
du 03-05 au 22-09<br />
LaM<br />
Villeneuve d’Ascq<br />
www.musee-lam.fr<br />
LIRE<br />
Marisa Merz, LaM / Fonds Mercator,<br />
Villeneuve d’Ascq / Bruxelles, <strong>2024</strong>, ISBN<br />
9789462303744, 37 €<br />
33
54 nuances<br />
de Black Joy<br />
Un siècle de peinture figurative panafricaine<br />
34
Zandile Tshabalala, Two Reclining Women, 2020, acrylique sur toile,<br />
91,5 x 122 cm. © Zandile Tshabalala Studio / Courtesy Maduna Collection<br />
35
L'exposition réunit un<br />
ensemble exhaustif<br />
de peintres figuratifs<br />
africains ou afrodescendants,<br />
à travers<br />
une sélection qui<br />
célèbre la joie.<br />
Zéh Palito, Que Se Chama Amor, 2022, acrylique sur toile, 162 x 125 cm. © de l’artiste / Courtesy Simões de<br />
Assis et Luce Gallery<br />
Entre phénomène de mode et<br />
grand rattrapage bien mérité,<br />
il aura fallu attendre le XXIe<br />
siècle pour que la peinture<br />
africaine gagne ses lettres de<br />
noblesse. Surfant sur cette vague<br />
d’enthousiasme, les expositions<br />
se multiplient. Accrochage de<br />
première importance, la sélection<br />
composée par Koyo Kouoh et<br />
Tandazani Dhlakama raconte, sous<br />
le prisme de la joie, un siècle de<br />
peinture figurative noire.<br />
TEXTE : GWENNAËLLE GRIBAUMONT<br />
Présentée en avant-première au<br />
Zeitz MOCAA (Le Cap), l’ exposition<br />
When We See Us fait escale au<br />
Kunstmuseum de Bâle. Assurant<br />
le commissariat de l’ étape suisse, Maja<br />
Wismer, responsable de l’ art contemporain<br />
au sein de l’ institution, résume l’ idée<br />
centrale : « Le concept curatorial a été<br />
pensé après des recherches approfondies<br />
et de longues conversations menées par<br />
Koyo Kouoh et son équipe. Il s’ agissait de<br />
réunir un ensemble exhaustif de peintres<br />
figuratifs, à travers une sélection qui<br />
célèbre la joie et le caractère positif de ces<br />
autoreprésentations. La plus ancienne<br />
œuvre datant de 1920, le parcours couvre<br />
plus d’ un siècle de peinture, offrant dès<br />
lors une perspective historique. » Reproduisant<br />
fidèlement la scénographie<br />
imaginée par Wolff Architects, l’ exposition<br />
réunit plus de 200 œuvres, signées<br />
par quelque 120 artistes et issues de 74<br />
collections privées ou publiques situées<br />
dans 26 pays. C’ est dire si son contenu est<br />
kaléidoscopique. Directement inspiré de la<br />
mini-série Netflix When They See Us (2019),<br />
dans laquelle la réalisatrice Ana DuVernay<br />
accusait, le regard inondé, d’ injustices<br />
les Blancs percevant continuellement les<br />
jeunes Noirs comme de potentiels criminels,<br />
le titre de cette exposition opère un<br />
changement de perspective. Koyo Kouoh :<br />
« Le ‘‘We’ ’ , ce sont les Africains et les Afrodescendants.<br />
Cette exposition questionne<br />
comment l’ expérience noire fut représentée<br />
par les Africains. » De fait, il est urgent<br />
et indispensable de montrer comment<br />
ces artistes perçoivent leur condition,<br />
mettant au centre leur perception. Et pour<br />
cause, pendant des siècles, l’ homme noir<br />
fut représenté de façon singulière par les<br />
artistes occidentaux, le plaçant dans un<br />
contexte très esthétisé, violent ou servile.<br />
À présent, les artistes africains marquent<br />
une véritable rupture : après de si longues<br />
années de domination, ils écrivent enfin<br />
leur propre histoire de l’ art, offrant une<br />
lecture anti-exotique. À mille lieues des<br />
traumatismes, liés notamment au colonia-<br />
36
lisme, les artistes ici réunis célèbrent avec<br />
bonheur la résilience, la puissance et la<br />
dimension politique de la ‘‘Black Joy’ ’ .<br />
CONVERGENCES ICONOGRAPHIQUES<br />
Dicté par des rapprochements iconographiques,<br />
le parcours s’ articule en six chapitres.<br />
Triomphe et émancipation explore<br />
le sentiment de fierté envers sa propre<br />
histoire et ses réussites, malgré l’ adversité<br />
et l’ oppression. Des icônes mondialement<br />
renommées, à l’ instar de Chéri Chérin<br />
(Obama Revolution, 2009), s’ y mêlent à<br />
des artistes encore anonymes. Sur la toile,<br />
des hommes et des femmes politiques<br />
engagés, mais aussi des inconnus ayant<br />
obtenu le succès et la reconnaissance<br />
sociale. La suite, sous le signe de la Sensualité,<br />
présente des corps noirs de manière<br />
intime. Le modèle noir, d’ après Félix Vallotton<br />
(2019), signé Roméo Mivekannin, fait<br />
directement écho à ce canon occidental<br />
déchu. La Spiritualité figure au cœur du<br />
chapitre suivant. Selon les commissaires,<br />
il est difficile d’ imaginer un quotidien noir<br />
sans spiritualité. Les œuvres représentent<br />
le ‘‘triple héritage’ ’ , mélange de traditions<br />
locales, de religion islamique et de christianisme,<br />
décrit par l’ écrivain Ali Mazrui<br />
(1933-2014), avec comme pièce-phare, The<br />
Dumb Oracle (2019) de Michael Armitage.<br />
Autre constante iconographique, Le<br />
quotidien montre la beauté de la vie. Sous<br />
nos yeux, des scènes de la vie publique<br />
et privée avec des moments de joie ou de<br />
contemplation, que ce soit au sein de la<br />
famille ou de la communauté, à l’ occasion<br />
de jeux, à l’ école, lors du portage de l’ eau<br />
ou de la réalisation de tresses. Boy with<br />
a Toy Plane (1938) d’ Aaron Douglas, The<br />
Reader (1939) de William H. Johnson, Gisting<br />
in the Kitchen (2018) de Joy Labinjo ou<br />
encore l’ affiche publicitaire de Johnny Arts<br />
pour Ozor International Barber also Specialist<br />
in Hair Dying and Shamporing (1962)<br />
figurent autant d’ aspects de cette vie<br />
quotidienne, multiple et colorée. L’ Afrique<br />
est aussi un continent débordant de Joie et<br />
allégresse. Il reste toujours du temps pour<br />
une chanson ou une danse. Dans The Birthday<br />
Party (2021) d’ Esiri Erheriene-Essi,<br />
on chante pour Steve Biko, dans Un mardi<br />
À l’image du continent, cette exposition<br />
d’une diversité stimulante permet de<br />
comprendre que l’Afrique est composée<br />
de 54 pays révélant une variété infinie de<br />
particularités stylistiques.<br />
Cassi Namoda, To Live Long Is To See Much (Ritual Bathers III), 2020, huile sur toile, 152,4 x 233,6 cm. © de l’artiste / Courtesy Jorge M. Pérez Collection, Miami<br />
37
Après de longues<br />
années de domination<br />
occidentale, les<br />
artistes africains<br />
marquent une vraie<br />
rupture, écrivant<br />
enfin leur propre<br />
histoire de l’art.<br />
de Carnaval (1960) de Philomé Obin, on<br />
participe aux célébrations au sein d’ un défilé,<br />
dans Jazz Rhapsody (1982) de Romare<br />
Bearden, on écoute les rythmes musicaux.<br />
Enfin, la dernière section se concentre sur<br />
les moments de Repos : on s’ étire dans un<br />
canapé, on se promène dans la campagne,<br />
on savoure simplement le calme assis sur<br />
une chaise comme dans An evening in Mazowe<br />
(2019) de Kudzanai-Violet Hwami.<br />
AFRICA-MANIA !<br />
Constat évident, l’ art contemporain africain<br />
est largement dominé par la figuration<br />
du corps noir. Dès lors, il est légitime<br />
de se demander si cette exposition ne<br />
renforce pas l’ idée, stéréotypée, que la<br />
peinture africaine se résume grossièrement<br />
à des portraits noirs, de préférence<br />
dans des intérieurs ? Maja Wismer le<br />
conteste : « Même si cette figuration –<br />
des protagonistes noirs dans des scènes<br />
d’ intérieurs – est une production que l’ on<br />
voit beaucoup, notamment parce que le<br />
marché international de l’ art s’ y intéresse,<br />
il faut replacer cela dans une perspective<br />
historique. Les œuvres ici présentées ne<br />
doivent pas être observées comme l’ image<br />
stéréotypée de la production picturale<br />
africaine, mais plutôt comme une tradition<br />
iconographique ancrée, et cette tradition<br />
est ici abordée sous un angle positif. »<br />
L’ événement confirme la fascination généralisée<br />
pour l’ art africain. Maja Wismer<br />
explique cet enthousiasme multifactoriel<br />
: « C’ est tout d’ abord une production qui<br />
profite d’ un certain engouement, car elle<br />
a été invisibilisée pendant de longues<br />
années, et comme tout ce qui n’ a jamais<br />
ou peu été montré, elle suscite naturellement<br />
la curiosité et l’ enthousiasme de<br />
la découverte. Un deuxième facteur est<br />
l’ essor des réseaux sociaux. Aujourd’ hui,<br />
les musées et galeries ne sont plus indispensables<br />
pour augmenter sa visibilité et<br />
l’ on observe des artistes qui gagnent en<br />
notoriété grâce à leurs communautés de<br />
followers. » La scène africaine est arrivée<br />
au bon moment et a bénéficié de cet<br />
emballement, notamment numérique, qui<br />
permet d’ abolir les frontières. Le succès<br />
de la peinture figurative africaine est aussi<br />
lié à la discipline, ce segment séduisant le<br />
marché de l’ art. La commissaire complète<br />
sa démonstration : « Enfin, je dirais que<br />
la peinture figurative africaine est portée<br />
par des personnalités qui révèlent l’ art<br />
d’ artistes africains ou afro-descendants<br />
au monde entier. Je pense notamment à<br />
Michael Armitage qui a fait l’ objet d’ une<br />
exposition personnelle d’ envergure à<br />
Mickalene Thomas, Never Change Lovers in the Middle of the Night, 2006, strass, acrylique et émail sur panneau<br />
de bois, 182,8 x 182, 8 cm. © de l’artiste / ProLitteris, Zurich, <strong>2024</strong> / Courtesy Jorge M. Pérez Collection, Miami<br />
« Les œuvres<br />
figuratives présentées<br />
ici ne doivent pas être<br />
observées comme<br />
l’image stéréotypée de<br />
la production picturale<br />
africaine, mais plutôt<br />
comme une tradition<br />
iconographique<br />
ancrée »<br />
MAJA WISMER<br />
38
Roméo Mivekannin, Le modèle noir, d’après Félix Vallotton, 2019, acrylique sur nappe, 251 x 254 cm. © de l’artiste / ProLitteris, Zurich, <strong>2024</strong> / Courtesy Jochen Zeitz Collection<br />
/ photo : Laurent Belet<br />
Munich (Haus der Kunst). L’ artiste kenyan<br />
y invitait également une série d’ artistes<br />
qui l’ ont inspiré. Cela crée des liens avec<br />
des artistes, qui deviennent des références<br />
historiques. Un autre porte-voix est<br />
Kehinde Wiley. La commande de portrait<br />
faite par Barack et Michelle Obama a<br />
propulsé l’ artiste au rang de star, avec une<br />
médiatisation retentissante. » À l’ image<br />
du continent, cette exposition d’ une diversité<br />
stimulante permet aux Européens<br />
de comprendre que l’ Afrique est composée<br />
de 54 pays révélant une variété infinie<br />
de particularités stylistiques.<br />
VISITER<br />
When We See Us.Un siècle de peinture<br />
figurative panafricaine<br />
du 25-05 au 27-10<br />
Kunstmuseum<br />
Bâle<br />
www.kunstmuseumbasel.ch<br />
39
IPARC<br />
« Restaurer c'est innover »<br />
D’un Dirk Bouts aux Wall Drawings<br />
de Sol LeWitt ou au magasin<br />
Wolfers de Victor Horta, l’IPARC<br />
restaure au plus haut niveau des<br />
œuvres d’art issues de collections<br />
publiques et privées, notamment<br />
celles de la Phoebus Fondation.<br />
Désormais, l’entreprise envisage<br />
de se développer au Moyen-<br />
Orient. Entetien avec Leen Gysen,<br />
fondatrice et directrice générale.<br />
TEXTE : THIJS DEMEULEMEESTER<br />
« Il y a peu de défis<br />
que nous refusons<br />
de relever. Même<br />
pour la taxidermie,<br />
nous disposons<br />
d’une installation<br />
spécifique »<br />
LEEN GYSEN<br />
On n’entre pas facilement dans<br />
l’International Platform for<br />
Art Research and Conservation<br />
(IPARC) : étant donné la<br />
grande valeur des œuvres et objets d’art<br />
qui y sont traités, cette société de restauration<br />
d’œuvres d’art, sise à Kampenhout,<br />
préfère garder portes closes et rester à<br />
l’abri des regards indiscrets. Lorsque nous<br />
nous y rendons, un transport d’œuvres<br />
d’art, avec les peintures restaurées des<br />
thermes historiques de Spa, est en cours<br />
de préparation. Leen Gysen : « Cela fait<br />
tout de même bizarre de les voir partir. Ils<br />
ont passé des mois ici, à l’atelier. Il paraît<br />
un peu vide aujourd’hui, car les portraits<br />
de gouverneurs de la maison provinciale<br />
de Bruges, ainsi que deux œuvres<br />
monumentales du musée de Tournai<br />
viennent également de quitter les lieux. »<br />
Leen Gysen n’est pas restauratrice, mais<br />
cofondatrice et directrice générale de la<br />
plus grande entreprise privée de restauration<br />
d’œuvres d’art, en Flandre. L’IPARC<br />
travaille pour des musées et des autorités<br />
publiques, ainsi que pour des fabriques<br />
d’église, des galeries comme Xavier Hufkens<br />
et des collectionneurs privés, dont<br />
Fernand Huts et bien d’autres : « Nous<br />
employons aujourd’hui treize personnes<br />
en <strong>Belgique</strong>, contre vingt avant la crise<br />
sanitaire. <strong>Mai</strong>s, avec le contenu prévisionnel<br />
de notre carnet de commandes, nous<br />
devrions retrouver les mêmes chiffres d’ici<br />
à 2025. » En nous promenant ensemble<br />
dans l’atelier, on reconnaît un tableau de<br />
Suzanne Valadon, un Michaelina Wautier<br />
et quelques œuvres textiles répertoriées<br />
comme chefs-d’œuvre flamands :<br />
« Pour l’instant, nous travaillons aussi sur<br />
un ensemble d’œuvres du musée M de<br />
Louvain. Cette année, ils organisent une<br />
nouvelle présentation de leur collection<br />
permanente. »<br />
<strong>COLLECT</strong> : L’histoire se répète : l’IPARC<br />
voyait le jour en 2011, dans le giron du<br />
musée M…<br />
Leen Gysen : « Notamment grâce à feu Véronique<br />
Vandekerckhove, la directrice qui a<br />
encadré la mue du musée Vander Kelen-<br />
Mertens en musée M. Nombre d’œuvres de<br />
la collection permanente étant, à l’époque,<br />
sorties des réserves, une campagne de<br />
restauration à grande échelle s’imposait. Le<br />
musée fit donc appel à plusieurs spécialistes,<br />
dont mon époux, David Lainé, alors<br />
restaurateur de tableaux indépendant qui<br />
avait expérimenté les avantages d’une collaboration<br />
multidisciplinaire avec d’autres<br />
spécialistes. C’est la raison pour laquelle,<br />
après l’ouverture du musée M, en 2009,<br />
nous avons établi un business plan afin de<br />
fonder l’IPARC, une coopérative incluant<br />
mon mari, trois restaurateurs d’autres disciplines<br />
et moi-même en tant qu’associés<br />
fondateurs. Presque immédiatement, nous<br />
avons obtenu le contrat de restauration de<br />
trois autels baroques monumentaux de<br />
l’église Notre-Dame d’Aarschot. Ce projet,<br />
qui a duré trois ans, fut d’emblée une mission<br />
pluridisciplinaire : restauration de bois,<br />
polychromie, pierre, textiles et peintures.<br />
Cela nous a permis de nous faire un nom. »<br />
L’IPARC travaille toujours de façon<br />
multidisciplinaire. Y a-t-il des types<br />
d’œuvres ou de matériaux que vous<br />
refusez de traiter ?<br />
« Nous ne traitons ni les vitraux ni les<br />
fresques. Il y a d’autres spécialistes pour<br />
cela. En outre, ils relèvent du patrimoine<br />
immobilier. <strong>Mai</strong>s il y a peu de défis que<br />
nous refusons de relever. Même pour la<br />
taxidermie, nous disposons d’une installation<br />
spécifique. Par le passé, nous avons<br />
déjà traité des œuvres en coléoptères de<br />
Jan Fabre, des installations de Damien<br />
Hirst ou les sculptures équestres In Flan-<br />
40
« Quand je suis au Moyen-Orient, pour des<br />
projets de restauration ou de conservation,<br />
j’ai de plus en plus la sensation que nous<br />
sommes bel et bien devenu le vieux continent »<br />
ders Fields de Berlinde De Bruyckere.<br />
Quand les œuvres sont exposées ou transportées,<br />
il est normal que la vermine s’y<br />
installe. Il est moins coûteux de traiter que<br />
de laisser infester toute une réserve. »<br />
Certaines œuvres sont-elles en trop piteux<br />
état pour pouvoir les sauver ?<br />
« Il faut parfois se résoudre au fait que<br />
les œuvres ne sont pas éternelles. Les<br />
peintures au sang passent du rouge au<br />
gris. Un processus qui ne peut être arrêté.<br />
Il arrive que les matériaux utilisés soient<br />
involontairement non durables. Prenons<br />
les œuvres de Pol Mara, réalisées avec de la<br />
peinture à la bombe photosensible, complètement<br />
détachée de leur support. Il n’y<br />
a vraiment plus rien à y faire. Le plus grand<br />
défi pour nous, ce sont les œuvres modernes<br />
ou contemporaines, réalisées dans<br />
des matériaux souvent expérimentaux.<br />
Des matières plastiques, par exemple,<br />
mais aussi de la peinture de mauvaise<br />
qualité. Après la Seconde Guerre mondiale,<br />
pour ses premiers tableaux, Karel<br />
Appel a utilisé de la peinture bon marché.<br />
Il l’a appliquée en couches épaisses sur<br />
des toiles non traitées. Aujourd’hui, cette<br />
peinture se ‘‘saponifie’’ car elle n’a jamais<br />
séché correctement. La saponification<br />
provoque le décollement de la peinture de<br />
son support. S’il est possible de ralentir ce<br />
processus et de l’arrêter provisoirement,<br />
on ne peut pas le faire définitivement. A<br />
intervalle régulier, ces œuvres devront à<br />
nouveau être traitées. »<br />
Karel Appel est l’exemple-type d’un<br />
artiste dont les faussaires affirment<br />
eux-mêmes que des faux sont exposés<br />
dans les musées. Disposez-vous d’une<br />
technologie permettant de détecter les<br />
faux avec une certitude de 100 % ?<br />
« Nous sommes parfois sollicités par des<br />
collectionneurs privés ou des salles de<br />
vente pour analyser l’authenticité d’une<br />
œuvre, en cas de soupçon de fraude ou de<br />
doute quant à la datation. Nous dressons<br />
alors un rapport scientifique circonstancié<br />
incluant des relevés, des images multispectrales<br />
et une conclusion. Nous ne<br />
délivrons pas de certificat d’authenticité,<br />
mais nous pouvons confirmer ou infirmer<br />
l’authenticité d’une œuvre grâce aux<br />
données scientifiques. Les ordinateurs et<br />
la technologie permettent de distinguer<br />
plus rapidement le vrai du faux. Avec le<br />
41
« De nombreux<br />
collectionneurs se<br />
concentrent sur<br />
l’acquisition plutôt que<br />
sur la conservation à<br />
long terme »<br />
42<br />
temps, l’œil aguerri du spécialiste se fait<br />
moins pertinent. Le dossier que nous<br />
réalisons est envoyé au client, mais il en<br />
fait ce qu’il veut. Ces informations ne sont<br />
pas centralisées dans une base de donnée<br />
consultable depuis l’extérieur. Dès lors, si<br />
une œuvre falsifiée est à nouveau mise en<br />
vente, elle continuera à circuler si son dossier<br />
n’est pas communiqué au vendeur ou<br />
par celui-ci. Voilà pourquoi nous plaidons<br />
pour une base de données centrale reprenant<br />
l’ensemble de ces dossiers. Protégée,<br />
bien sûr, mais consultable par les professionnels.<br />
Selon moi, il s’agit d’une véritable<br />
lacune dans le marché de l’art. »<br />
Comment abordez-vous ce type d’enquête ?<br />
« Une restauration débute toujours par<br />
un examen préliminaire approfondi. Nous<br />
disposons pour cela d’un équipement<br />
scientifique. Nous utilisons notamment<br />
des caméras infrarouges, des UV et des<br />
appareils de radiographie mobiles. Nous<br />
effectuons également des analyses macro-<br />
XRF, technique non invasive qui permet de<br />
cartographier la répartition des éléments<br />
chimiques constitutifs d’une œuvre. La<br />
technologie évolue à très grande vitesse.<br />
Nous nous formons donc en continu, lors<br />
de symposiums, afin de pouvoir rapidement<br />
appliquer les techniques les plus<br />
récentes. Restaurer, c’est innover. Nous<br />
n’utilisons plus d’anciens liants et uniquement<br />
des pigments résistants aux UV. La<br />
détrempe n’est ainsi plus utilisée dans les<br />
restaurations, car elle n’est pas réversible.<br />
Nous utilisons de plus en plus de gels et de<br />
nettoyants à base d’eau, des produits qui<br />
préservent davantage l’œuvre comme la<br />
santé de nos collaborateurs. »<br />
Quelle est votre attitude vis à vis d’objets<br />
fabriqués dans des matériaux désormais<br />
controversés, notamment le bois exotique<br />
ou l’ivoire ?<br />
« Nous avons été confrontés à ce cas, de<br />
2013 à 2017, lorsque nous avons restauré<br />
les 160 vitrines d’exposition originales<br />
du musée de l’Afrique, à Tervuren. Ces<br />
armoires étaient fabriquées en acajou<br />
africain. Cet arbre est désormais protégé<br />
et nous avons donc dû trouver un matériau<br />
de substitution. Nous avons opté pour<br />
l’acajou d’Amérique du Sud, essence qui<br />
porte le label FSC. Il existe aujourd’hui un<br />
substitut synthétique à l’écaille de tortue,<br />
utilisable en marqueterie, par exemple. Une<br />
variante artificielle à l’ivoire est également<br />
disponible. Je trouve cette situation un peu<br />
ambiguë. De nombreux objets circulent,<br />
qui comportent de l’ivoire, des pianos aux<br />
sculptures. Les collectionneurs privés ne<br />
savent qu’en faire, car il règne aujourd’hui<br />
une ambiance délétère autour de l’ivoire.<br />
Attention, je ne suis absolument pas favorable<br />
à la chasse et encore moins à celle des<br />
éléphants. <strong>Mai</strong>s cet ivoire s’est bien souvent<br />
retrouvé ici il y a plusieurs siècles. Peut-on<br />
appeler cela de la clandestinité ? On peut<br />
difficilement le rendre à son propriétaire<br />
d’origine… Je proposerais l’instauration<br />
d’un système similaire à celui en vigueur<br />
pour l’argent noir : offrir aux citoyens l’occasion<br />
de régulariser leur ivoire. »<br />
En tant que restaurateurs, vous êtes
« Le plus grand défi pour nous, ce sont<br />
les œuvres modernes ou contemporaines<br />
réalisées dans des matériaux souvent<br />
expérimentaux, comme des matières plastiques<br />
ou de la peinture de mauvaise qualité »<br />
naturellement en contact avec les musées<br />
et les collectionneurs. Avez-vous déjà<br />
rencontré des œuvres en très piteux état ?<br />
« Je dois dire que de grands progrès ont<br />
été réalisés en Flandre et aux Pays-Bas. Les<br />
grands musées se sont professionnalisés et<br />
de nouvelles réserves ont été construites.<br />
Il y a clairement une évolution vers la<br />
conservation préventive : éviter les dommages<br />
plutôt que les réparer. »<br />
Les vitrines de Victor Horta pour le<br />
magasin Wolfers à Bruxelles, conservées<br />
pendant des années dans une pièce<br />
humide des musées d’Art et d’Histoire : de<br />
telles tragédies ne se reproduiront plus ?<br />
« Malheureusement, cela ne peut être<br />
exclu. Nous nous sommes chargés de<br />
la restauration de ces vitrines et nous<br />
connaissons donc très bien le dossier. Chez<br />
les privés, on trouve aussi régulièrement<br />
des œuvres conservées dans des caves humides,<br />
dans des greniers chauds, au-dessus<br />
d’un chauffage ou en plein soleil. Nombre<br />
de collectionneurs se concentrent sur l’acquisition<br />
plutôt que sur la conservation à<br />
long terme. J’ai visité une villa de Baltimore<br />
appartenant à une importante collectionneuse<br />
privée, qui avait accroché un Warhol<br />
en plein soleil, qui plus est, dans une pièce<br />
dépourvue de vitrage anti-UV. Quand je lui<br />
en ai parlé, elle m’a littéralement répondu :<br />
« Cela ne m’a jamais traversé l’esprit. » Bien<br />
sûr, on ne peut exiger des collectionneurs<br />
privés qu’ils conservent leurs œuvres dans<br />
des conditions muséales. <strong>Mai</strong>s on peut en<br />
attendre un minimum de soins, surtout<br />
lorsqu’on débourse de gros montants.<br />
Lorsqu’on achète une voiture de collection,<br />
on ne la sort qu’exceptionnellement. »<br />
Fin de l’année dernière, certains experts<br />
ont ouvertement remis en question la<br />
restauration de l’Agneau mystique,<br />
parlant purement et simplement de<br />
‘‘gâchis’’ sur le joyau des frères Van<br />
Eyck. Même si vous n’avez pas participé<br />
à la restauration, ces critiques sont-elles<br />
fondées ?<br />
« La restauration est effectuée par nos<br />
collègues de l’IRPA (Institut royal du<br />
Patrimoine artistique). Il s’agit d’un institut<br />
scientifique composé d’experts de haut<br />
niveau qui prennent leur travail très au<br />
sérieux. Leur professionnalisme et leur<br />
expertise ne font aucun doute. En outre,<br />
chaque étape de la restauration est supervisée<br />
par une équipe d’experts nationaux<br />
et internationaux qui ne prennent aucun<br />
risque. Tout fait l’objet d’un examen approfondi<br />
avant que la moindre intervention<br />
ne soit entreprise sur les panneaux. Toutes<br />
les techniques de recherche possibles ont<br />
été appliquées pour garantir le plus haut<br />
niveau de précision possible. La moindre<br />
erreur est absolument exclue sur ce type<br />
de chef-d’œuvre. »<br />
Comment vous positionnez-vous par<br />
rapport à l’IRPA, votre principal concurrent<br />
en <strong>Belgique</strong> ?<br />
« L’IRPA est une institution publique<br />
subventionnée, nous sommes une entreprise<br />
privée. <strong>Mai</strong>s après treize ans, nous<br />
pouvons être fiers de nos références. Nous<br />
travaillons pour pratiquement tous les<br />
grands musées et institutions, le Hof Van<br />
Busleyden, le musée M, le Victoria and<br />
Albert Museum, le Centre Pompidou,<br />
pour ne citer qu’eux. <strong>Mai</strong>s même avec ces<br />
références et ce savoir-faire, nous avons en<br />
<strong>Belgique</strong> des difficultés à développer un<br />
modèle économique viable. Nous avons<br />
atteint notre vitesse de croisière, mais les<br />
marges demeurent très faibles. Nos collaborateurs<br />
sont tous titulaires d’un Master<br />
en restauration et connaissent leur métier<br />
à fond. Pourtant, leur tarif horaire est bien<br />
inférieur à celui d’un plombier. Ce n’est<br />
pas normal. Si nous conservons l’essentiel<br />
de nos activités en <strong>Belgique</strong>, il nous sera<br />
impossible de nous développer. »<br />
En d’autres termes, l’IPARC doit quitter<br />
le pays ?<br />
« Je vois deux scénarios possibles : soit<br />
nous nous ancrons davantage dans le<br />
monde anglo-saxon, grâce à notre installation<br />
à Londres, où travaillent deux<br />
personnes, ce qui pourrait constituer une<br />
passerelle vers l’Amérique, soit nous nous<br />
concentrons sur le Moyen-Orient. Je pense<br />
qu’il y a là des opportunités plus importantes<br />
à court terme. Nous y sommes déjà<br />
actifs, mais nous souhaitons y asseoir<br />
davantage notre présence. Les Émirats<br />
et l’Arabie saoudite regorgent de musées<br />
en cours de construction ou de reconstruction.<br />
Ils sont très actifs sur le marché<br />
de l’art et font l’acquisition d’œuvres<br />
extraordinaires pour leurs collections.<br />
Cela implique un savoir-faire en matière<br />
de conservation et de restauration. <strong>Mai</strong>s<br />
ils doivent l’importer, car ils ne disposent<br />
pas encore de formations en histoire de<br />
l’art ou en restauration. Des historiens de<br />
l’art et des experts en collections américains,<br />
anglais et français y travaillent<br />
en masse et nous y faisons nos premiers<br />
pas. Au Moyen-Orient, il y a davantage de<br />
moyens privés pour valoriser nos connaissances.<br />
Surtout par rapport à l’Europe,<br />
où le secteur de la culture dispose d'un<br />
modèle financier tout autre. Quand je suis<br />
au Moyen-Orient, pour des projets de restauration<br />
ou de conservation, j’ai de plus<br />
en plus la sensation que nous sommes bel<br />
et bien le vieux continent. Nous, Occidentaux,<br />
devons réfléchir à ce que nous souhaitons<br />
encore signifier à l’avenir. »<br />
SURFER<br />
www.iparc.eu<br />
43
Roger Capron<br />
La céramique pour tous<br />
Table d’appoint, ca. 1960, céramique vernissée, noyer, fer, 49,8 x 100,7 x 43,6 cm, signée. Christie’s, New York, 15-03-2023. © Christie’s Images Ltd. - Invendue (est. 2.000-3.000 $)<br />
44
A la faveur d’émissions d’enchères<br />
télévisées, mais aussi surtout<br />
suite au retour en grâce, dans la<br />
décoration d’intérieur, du mobilier<br />
des décennies 1960-1970, ces<br />
dernières années, le travail du<br />
céramiste français Roger Capron a vu<br />
sa cote s’envoler. Sa devise : « Faire<br />
du beau à la portée de tous ».<br />
TEXTE : CHRISTOPHE DOSOGNE<br />
En 1980, la carrière productive de<br />
Roger Capron, tout comme sa<br />
grande créativité, étaient récompensées<br />
par l’obtention du Grand<br />
Prix International de Céramique, lors de la<br />
Biennale de la céramique d’Art de Vallauris,<br />
en France. Toutefois, ses dernières<br />
œuvres furent, jusqu’à son décès, qualifiées<br />
de «ringardes» par une grande partie<br />
de la critique de l’époque, raison parmi<br />
d’autres qui vit les amateurs comme le<br />
grand public se détourner d’un travail qui<br />
tomba peu à peu dans l’oubli. Ainsi, tout<br />
au plus qualifiée de «cliché», voire même<br />
de «belle brocante» dans les années 1990,<br />
il fallut attendre l’an 2000 et la parution<br />
d’un article du New York Times pour voir<br />
évoluer la perception de sa production<br />
emblématique des Trente Glorieuses.<br />
Dithyrambique, le texte qualifiait la<br />
démarche de Roger Capron (1922-2006)<br />
de « celle de l’un des artisans les plus prolifiques<br />
et les plus importants du design<br />
européen d’après-guerre ». Selon l’agrégateur<br />
d’enchères Artprice, depuis 2010,<br />
son œuvre n’a cessé de s’apprécier, ainsi<br />
qu’en témoigne encore le record obtenu,<br />
en avril 2022, pour un très grand claustra,<br />
adjugé 42.000 euros par Piasa à Paris.<br />
Aujourd’hui, les créations de ce designer<br />
prolifique s’envolent généralement<br />
pour plusieurs milliers d’euros. Les vases<br />
comptent parmi les pièces particulièrement<br />
recherchées par les collectionneurs,<br />
car ils combinent à la fois une approche<br />
décorative et sculpturale, témoignant<br />
de la diversité des techniques mises en<br />
œuvre par le céramiste. Nombreuses sont<br />
également les pièces de vaisselle peinte<br />
Vase à oreilles, ca. 1960, céramique vernissée, H. 34,3 cm, signé. Christie’s, New York, 10-06-2021.<br />
© Christie’s Images Ltd. 7.500 $ (7.100 €)<br />
En 2000, le New York Times le désignait<br />
comme « l’un des artisans les plus prolifiques<br />
et les plus importants du design européen<br />
d’après-guerre. »<br />
(coupes, plats, assiettes, tasses), tandis<br />
que son mobilier, notamment ses tables,<br />
trouvent à nouveau leur place dans des<br />
intérieurs à l’esthétique Sixties et Seventies<br />
revisitée. Généralement dotées de pieds<br />
en acier, en métal laqué noir ou parfois en<br />
bois (tous étant amovibles), elles s’ornent<br />
de plaques de céramique décorée, qu’il<br />
est donc possible d’accrocher au mur, et<br />
peuvent s’adjuger jusqu’à 15.000 euros aux<br />
enchères, pour une table de salle à manger<br />
créée vers 1950. Les luminaires et autres<br />
pieds de lampe s’arrachent également en<br />
raison de leur originalité et de leur grande<br />
valeur décorative. Un exemplaire était<br />
ainsi adjugé 7.560 euros ( frais inclus) par<br />
Sotheby’s Paris, en décembre 2020. Plus<br />
rares, tardives et singulières, ses sculptures<br />
d’inspiration africaines n’en sont pas<br />
moins recherchées, s’adjugeant le plus souvent<br />
pour quelques milliers d’euros.<br />
CÉRAMIQUE INDUSTRIELLE<br />
Né à Vincennes, Roger Capron s’intéresse<br />
d’abord au dessin, décidant d’étudier<br />
cette discipline à l’Ecole des Arts appliqués<br />
de Paris, entre 1938 et 1943, avant de<br />
l’enseigner à l’issue de la guerre dans le<br />
même établissement. La même année, il<br />
découvre la céramique qui le passionne.<br />
Après diverses tentatives de décor pour le<br />
théâtre et des créations d’affiches publicitaires,<br />
il décide d’abandonner ce travail<br />
et l’enseignement pour, en février 1946,<br />
45
de petits objets domestiques, à l’origine<br />
pensés pour une utilisation quotidienne.<br />
Fervent partisan des formes libres, leur<br />
esthétique est caractérisée par des lignes<br />
ondulantes et des motifs expressionnistes<br />
que l’artiste conservera longtemps. La<br />
production de l’atelier Callis s’achève fin<br />
1949, suite au départ de Robert Picault.<br />
En 1952, Roger Capron rachète l’ancienne<br />
fabrique de poterie culinaire du Font<br />
des Horts, où il ouvre une petite usine<br />
de création céramique. Au départ, sept<br />
ouvriers l’aident dans la réalisation d’objets<br />
destinés aux boutiques de cadeaux ainsi<br />
que de panneaux décoratifs, ou claustras.<br />
La production est diffusée dans les salons<br />
professionnels de céramique, comme le<br />
salon des Ateliers d’Art de Paris (SAA), le<br />
salon du Meuble et le salon Batimat. Roger<br />
Capron renouvelle annuellement le décor<br />
de ses modèles.<br />
Claustra, ca. 1975, céramique et acier laqué, 280 x 290 x 4 cm. Piasa, Paris, 27-04-2022. © Piasa – 54.600 €<br />
L’après-guerre fut<br />
une période propice<br />
au renouveau des<br />
expérimentations<br />
céramiques.<br />
s’installer dans le sud de la France, à Vallauris.<br />
Dès 1948, il fonde, aux côtés de<br />
son camarade d’école Robert Picault et<br />
du céramiste Jean Derval, l’Atelier Callis.<br />
Ce faisant, il participe à la renaissance<br />
de la céramique à Vallauris, qui accueille<br />
alors de nombreux artistes désireux de<br />
travailler les matériaux et techniques<br />
traditionnels. L’après-guerre est ainsi<br />
une période propice au renouveau des<br />
expérimentations céramiques. Roger<br />
Capron met alors en œuvre la devise<br />
de son maître, le designer René Gabriel<br />
(1899-1950) : « Faire du beau à la portée<br />
de tous ». Au début, il s’initie dans différents<br />
ateliers, réalisant principalement<br />
RENOUVEAU STYLISTIQUE<br />
Les vases dits ‘‘à oreilles’’ sont emblématiques<br />
de son style et de celui des années<br />
1950. A partir de 1955, il entame la production<br />
de carreaux de faïence et de table. La<br />
même année, il épouse Jacqueline Hubin,<br />
dite ‘‘Jacotte’’, qui devient sa plus proche<br />
collaboratrice. Ses créations acquièrent peu<br />
à peu une renommée internationale et sont<br />
primées, notamment à la Xe Triennale de<br />
Milan (1954) et à Bruxelles (1959). Dès 1950,<br />
il côtoie Pablo Picasso, installé à Vallauris<br />
dans l’atelier Madoura depuis 1948, qui<br />
l’estime et apprécie sa démarche accessible<br />
au plus grand nombre. Le bestiaire, le coq et<br />
le taureau, si cher à Picasso, la fascination<br />
du soleil, le corps féminin, les êtres hybrides<br />
( femme-oiseau ou sirène) composent alors<br />
les thématiques de son travail, tandis que la<br />
mythologie et l’art africain, avec des séries<br />
de masques, complètent l’iconographie<br />
de sa production. Développant peu à peu<br />
celle-ci, il parvient à constituer une équipe<br />
d’une cinquantaine d’ouvriers, qui utilisent<br />
notamment comme support des carreaux<br />
industriels. L’artiste privilégie la conception<br />
de pièces aux formes coulées typique des<br />
années 1950. Pour renouveler le graphisme<br />
de ses modèles, il utilise des rayures verticales<br />
et quadrillées, des séries en pavés ou<br />
damiers, imposant ainsi un style identitaire<br />
qui lui est propre, plaisant au public, et<br />
qui sera même copié en Italie par la firme<br />
Bitossi. Proposant une œuvre en constante<br />
évolution, Roger Capron se tourne, dès les<br />
années 1960, vers un style plus moderniste<br />
et géométrique, privilégiant l'utilisation de<br />
46
La devise de<br />
Roger Capron :<br />
« Faire du beau à la<br />
portée de tous. »<br />
couleurs vives qu’il applique à la conception<br />
de céramiques intégrant l’architecture, en<br />
conjuguant support industriel et recherche<br />
artistique. Afin de diversifier la production<br />
de l’usine, il réalise en outre du petit<br />
mobilier d’appoint et des panneaux muraux<br />
(table basse, ensemble de jardin, ...), composés<br />
de carreaux émaillés de même motif :<br />
carreaux Navettes en 1961, Planètes en 1965,<br />
Herbiers de Provence en 1969, Herbiers de<br />
Garrigue en 1971. Cette période voit ainsi<br />
la création de nombreuses tables basses<br />
et d’appoint, ainsi que de carafes et de<br />
vases, en grande partie signés. L’architecte<br />
Philippe Sicardon lui confie, en outre, la<br />
réalisation de décorations céramiques pour<br />
orner l’hôtel Byblos à Saint-Tropez, inauguré<br />
en 1967. Ce qui l’oblige à s’intéresser à<br />
une nouvelle matière, le grès grand feu, apte<br />
à résister notamment aux sollicitations de<br />
la piste de danse.<br />
PIÈCES UNIQUES<br />
En 1980, sa manufacture emploie jusqu’à<br />
120 personnes mais, à la suite de la crise<br />
économique, Roger Capron doit, en 1982,<br />
déposer le bilan, contraint en outre de<br />
céder les modèles, les brevets, les procédés<br />
de fabrication ainsi que son nom, qui<br />
est sa marque. Son entreprise est rachetée<br />
par la société des établissements Carré<br />
à Paris, laquelle poursuit encore de nos<br />
jours quelques-unes de ses réalisations,<br />
notamment les grès Herbiers des Garrigues.<br />
Dès 1984, Roger Capron rebondit et se<br />
lance, au sein de l’atelier qu’il a conservé à<br />
Vallauris, dans la réalisation de pièces en<br />
série limitée dont la production va s’arrêter<br />
au tournant des années 1990. Il aborde<br />
alors un travail totalement neuf, réalisant<br />
des exemplaires uniques, proches de la<br />
sculpture, à l’univers caractéristique de<br />
son style, revisitant ses thèmes emblématiques<br />
que sont le bestiaire, le corps<br />
féminin et les êtres hybrides. Aidé de son<br />
épouse Jacotte et de Jean-Paul Bonnet,<br />
collaborateur depuis les premiers jours, il<br />
crée des pièces utilisant la technique de la<br />
terre enfumée, à destination des galeries<br />
et des collectionneurs. Dans les années<br />
2000, il se consacre ainsi à la sculpture en<br />
ronde-bosse et expose dans les galeries<br />
Brocéliande et Neotu à Paris, Hammer et<br />
Gueridon à New York, Züblin-Haus à Stuttgart<br />
ou Schachen et Horizon, en Suisse,<br />
avant qu’un hommage rétrospectif ne lui<br />
soit finalement rendu, en 2003, au musée<br />
national de la céramique de Sèvres.<br />
SURFER<br />
Important pied de lampe, ca. 1950, grès émaillé, 51 x 51 cm. Sotheby’s, Paris, 17-12-2020. © Sotheby’s Art<br />
Digital Studio – 7.560 € (frais inclus)<br />
www.rogercapron.com<br />
47
Le portefeuille<br />
Sujet à toutes les mutations<br />
De quoi est fait le vôtre, de cuir<br />
ou de plastique ? Il contient<br />
certainement des compartiments<br />
pour vos cartes mais aussi une<br />
pochette pour la monnaie. Le fait<br />
est établi, tous nous possédons<br />
un portefeuille. Cet accessoire,<br />
aujourd’hui indispensable, a<br />
construit son histoire et son<br />
évolution parallèlement à ce qu’il<br />
contient, de l’argent, ou plus<br />
largement, diverses formes de<br />
paiement.<br />
TEXTE : ANNE HUSTACHE<br />
Le terme ‘‘portefeuille’’<br />
désigne ce qu’il<br />
signifie littéralement :<br />
une chemise destinée<br />
à transporter des<br />
‘‘feuilles’’, soit des<br />
documents.<br />
Lorsqu’il commence à être utilisé,<br />
vers le XVIe siècle, le terme ‘‘portefeuille’’<br />
désigne ce qu’il signifie<br />
littéralement : une chemise, plus<br />
ou moins grande, destinée à transporter<br />
des ‘‘feuilles’’, soit des documents. Il se<br />
spécialisera parallèlement au développement<br />
du billet de banque, qui apparaît en<br />
Europe au mitan du XVIIe siècle. <strong>Mai</strong>s le<br />
portefeuille, soit un objet destiné à transporter<br />
des choses précieuses, dispose<br />
bien sûr de lointains ancêtres, tels ces<br />
petits sacs en peaux de bête, ou en toile,<br />
que l’on porte à la ceinture ou au cou et<br />
qui contiennent de petits objets utiles<br />
et aussi des pièces de monnaie. De telles<br />
bourses existaient déjà dans la Grèce<br />
antique. Témoignant de l’évolution et de<br />
la multiplication des moyens de paiement,<br />
le portefeuille a évolué au fil du<br />
temps pour devenir un symbole de style<br />
et de statut social. Aujourd’hui, toutes les<br />
marques de maroquinerie ou d’accessoires<br />
en fabriquent, des plus basiques<br />
aux plus luxueux.<br />
Bien tenu à la taille<br />
1400<br />
Le propriétaire de cette bourse de cuir<br />
repoussé devait passer une gaine ou une<br />
ceinture entre les deux passants du haut<br />
afin de la fixer à sa taille. Il se prémunissait<br />
ainsi d’un vol éventuel, tout en arborant<br />
un objet considéré comme luxueux, et<br />
donc marqueur social à une époque où<br />
tout le monde n’avait pas les moyens de<br />
se l’offrir. Preuve du soin accordé à l’objet,<br />
l’inscription en français, qui se déploie en<br />
trois lignes, sur toute la hauteur : «L’amour<br />
me tient : me tient dans cette prison :<br />
l’amour me tient ». Les passants sont chacun<br />
orné d’un aigle aux ailes déployées.<br />
Sac de ceinture, France, cuir, 17 x 18,9 x 1,9 cm.<br />
New York, The Metropolitan Museum of Art, inv.<br />
2005.426.<br />
48
Architecturé<br />
fin du XVe siècle<br />
Le fermoir en métal de cette escarcelle fait d’emblée référence à<br />
l’art gothique, toujours bien présent dans nos régions, en cette fin<br />
de XVe siècle. Les bourses, attachées à la ceinture, connurent un<br />
certain raffinement avec l’invention de ces fermoirs significativement<br />
ouvragés qui, tout en étant plus pratiques (on ouvre sa bourse<br />
sans la détacher de la ceinture), se révélaient aussi plus sécurisés. A<br />
l’arrière, un lien permet de fixer l’escarcelle à la ceinture. Le fermoir a<br />
sans doute été perfectionné pour assurer une plus grande sécurité à<br />
l’argent et autres objets de valeur lorsque le propriétaire déambulait<br />
dans les rues bondées de la cité. Le velours, délicatement décoré,<br />
et le fermoir, très ouvragé, transforment cet accessoire en un objet<br />
dont le luxe devait impressionner.<br />
Escarcelle, Europe du Nord, velours, fer, 31,2 x 22,8 x 2,5 cm. New York, The Metropolitan<br />
Museum of Art, inv. 52.121.3.<br />
Eclat satiné<br />
1686<br />
Au XVIIe siècle, se développe la forme oblongue des portefeuilles<br />
telle que nous la connaissons aujourd’hui. Un<br />
exemplaire tel que celui-ci demeurait toutefois réservé à<br />
une clientèle ayant les moyens de s’offrir un travail délicat.<br />
Divisé en trois sections de rangement et pourvu d’un<br />
rabat de forme incurvée, ce portefeuille est entièrement<br />
recouvert de soie satinée de couleur rouge et brodé de fils<br />
d’argent et de satin de soie, des motifs de feuilles et de rinceaux<br />
se déployant harmonieusement sur toute sa surface.<br />
A l’arrière, un monogramme daté de 1686 est brodé, encadré<br />
de rosettes et de branchages.<br />
Portefeuille, Italie, soie brodée de fils de métal et de soie, 17 x 9,6 cm. Londres, The<br />
Victoria and Albert Museum, inv. T.48-1962.<br />
Fils d’or<br />
1750<br />
Comme aujourd’hui, les portefeuilles furent utilisés tant par les<br />
femmes que par les hommes et ne contenaient pas seulement<br />
de l’argent, mais des lettres, de menus objets, de même que du<br />
tabac. La forme assez haute de cet exemplaire suggère cette<br />
multiplicité de fonctions. A-t-il plutôt appartenu à une femme<br />
ou à un homme ? On penche pour la gent féminine en raison de<br />
l’extrême délicatesse du fermoir fixant le rabat trilobé, formé<br />
d’un nœud de satin rose et d’une bague de fil doré. Le satin<br />
couleur crème se marie parfaitement avec les motifs de feuilles<br />
brodés de fils dorés.<br />
Portefeuille, France, satin, fil doré, 11 x 13,5 cm. Paris, Musée des Arts Décoratifs,<br />
inv. 1913.0701.<br />
49
Sérieux<br />
ca. 1780-1790<br />
Dès la fin du XVIIIe siècle, et durant tout le XIXe, les grands<br />
portefeuilles à soufflet de maroquin rouge furent fabriqués afin<br />
de transporter toutes sortes de documents, actes de propriétés,<br />
cartes militaires, ordonnances, lettres diverses et billets<br />
de banque. Ils disposent de plusieurs compartiments et d’une<br />
serrure qui, ici, est en métal argenté. Au-delà de son aspect<br />
général conventionnel, ce portefeuille s’avère original car sa<br />
partie inférieure est en forme de dos de livre. Il dispose d’un<br />
décor rectangulaire de vignettes dorées sur tous les bords et de<br />
fleurons légers aux angles. Il est également signé du nom de son<br />
fabriquant : ‘‘Garnier/ Au Palais Royal’’.<br />
Garnier, Portefeuille à soufflet, Paris, maroquin doré, laiton, métal argenté,<br />
33 x 26 x 3,5 cm. Paris, Musée du Louvre, inv. OAR 320.<br />
Rocaille<br />
ca. 1740<br />
Ces deux portefeuilles témoignent combien les motifs de style<br />
rocaille envahirent avec bonheur l’univers des portefeuilles,<br />
ponctuant ainsi le costume d’un accessoire assorti. Leur<br />
décor est brodé à la canetille ( fil de métal très fin et tortillé),<br />
avec des lames d’argent au couché. Le portefeuille couleur<br />
crème accueille aussi des motifs floraux, à la soie de Chine<br />
polychrome, au passé empiétant, point de tige et point fendu.<br />
L’autre portefeuille, plus petit, est cousu dans un damas vert<br />
bouteille, la broderie est d’or et d’argent au couché, composant<br />
un vase fleuri au revers, et des branches fleuries à l’avant. Ces<br />
deux modèles sont en forme d’enveloppe avec un rabat festonné,<br />
qui se ferme par un petit ruban en fil d’argent formant<br />
une boucle et un bouton.<br />
Deux portefeuilles, satin de soie blanc doublé de soie de même sur fond de carton.<br />
Bruxelles, Musée Mode & Dentelle. © photo : Y. Peeters-A<br />
Vert tendre<br />
ca. 1804-1814<br />
Le maroquin est un cuir de chèvre, de chevreau ou de mouton, tanné au<br />
sumac ou à la noix de galle. Il est particulièrement apprécié dans la reliure<br />
de luxe pour sa résistance et parce qu’il met en valeur la dorure. Ces<br />
mêmes caractéristiques en ont fait une matière de choix pour la réalisation<br />
de portefeuilles, qu’ils soient teintés de rouge ou, comme ici, de vert.<br />
Les bordures de ce portefeuille sont dorées aux fers. Il dispose d’une très<br />
jolie serrure en forme d’écu, en vermeil, découpée et gravée, avec sa clef. A<br />
l’arrière, sur le second plat, une plaque en métal doré, découpée et gravée,<br />
porte la dédicace : ‘‘Hommage de la plus tendre reconnaissance’’. Fait rare,<br />
cet élégant portefeuille a conservé sa housse de protection en maroquin<br />
vert. Il était estimé entre 400 et 500 euros.<br />
Portefeuille, maroquin vert, bordures dorées aux fers, 28 x 38 cm. Boulogne Enchères,<br />
Boulogne-Billancourt, 05-06-2021. © Boulogne Enchères – 2.728 € (frais inclus)<br />
50
Scène classique<br />
ca. 1860-1880<br />
Ce portefeuille est composé de deux plaques d’ivoire de forme<br />
rectangulaire, aux coins arrondis, serties dans une bordure de<br />
cuivre. Au recto, selon un curieux et assez mystérieux procédé<br />
d’impression photographique, apparaît une image réunissant<br />
trois personnages : un homme debout avec un bâton sur l’épaule,<br />
accompagné d’un chien, s’adressant à une femme assise avec<br />
un enfant sur les genoux. Les personnages portent des robes<br />
classiques. Le dos n’est pas décoré. Ce portefeuille est doté d’une<br />
doublure de soie moirée rouge et divisé en trois compartiments.<br />
Le double pli extensible (soufflet) est en cuir rouge.<br />
Portefeuille, Italie (?), ivoire, métal, 7,5 × 6 × 1,7 cm. Amsterdam, Rijksmuseum,<br />
inv. BK-1978-402.<br />
Douce texture<br />
1900-1925<br />
Par son utilisation constante, un portefeuille peut séduire<br />
toute personne sensible au toucher : quoi de plus agréable<br />
qu’un objet d’une douce texture. Ce portefeuille en daim<br />
marbré répond parfaitement à cette demande. Gris-blanc, il<br />
est agrémenté d’un intérieur en cuir de porc gris et doublé de<br />
coton vert-marron avec, d’un côté, un compartiment à billets<br />
fermé par un rebord et une boucle plate, de l’autre, deux compartiments<br />
coulissants, celui du haut pour les cartes de visite.<br />
Une poche profonde et ouverte pour le papier-monnaie, sur<br />
toute la longueur et la largeur. Côté décoration, il s’orne d’une<br />
large bande diagonale à décor d’oiseaux et de fleurs et d’une<br />
étroite bande diagonale à décor de fleurs et de papillons<br />
parcourent le daim marbré. Ces deux bandes déclinent les<br />
couleurs bleu, rouge, marron et gris. Voilà bien une pièce qui<br />
conjugue douceur du toucher et délicatesse du décor.<br />
Portefeuille, Indes orientales néerlandaises / Amsterdam, daim, cuir de porc,<br />
coton, 13,6 × 8 × 2 cm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. BK-1995-35.<br />
Kelly<br />
2015<br />
Depuis le XXe siècle, toutes les grandes marques multiplient les<br />
versions de leur portefeuille, souvent fabriqué, pour les dames,<br />
de façon à s’harmoniser avec son grand frère, le sac à main. Cet<br />
exemplaire de 2015 est le petit frère du Kelly, l’indémodable modèle<br />
inventé dans les années 1930 mais devenu mondialement<br />
célèbre grâce à une photographie de Grâce Kelly l’arborant pour<br />
cacher sa potentielle grossesse. Ce portefeuille est décliné dans<br />
toutes les couleurs, des plus classiques aux plus flashy, comme<br />
ce beau bleu électrique.<br />
Portefeuille Kelly, Hermès, Paris, cuir Epsom (veau), 12 x 20 x 3 cm. Sotheby’s,<br />
New York, mars <strong>2024</strong>. © Sotheby’s Art Digital Studio<br />
4.000 $ (3.727 €)<br />
51
Le débardeur, ca 1898, pastel et craie noire, 35,1 x 26 cm. Anvers, musée Plantin Moretus, Cabinet des Estampes.<br />
52
Eugeen<br />
van Mieghem<br />
Une cote plutôt terne<br />
L'artiste réaliste anversois Eugeen<br />
van Mieghem est, aujourd'hui<br />
encore, une vedette incontestée<br />
de la métropole belge. Sont style<br />
sombre et terre à terre, qui met<br />
pourtant en scène, à un siècle de<br />
distance, une actualité toujours<br />
brûlante, ne semble plus guère<br />
plaire. Analyse de sa cote, à<br />
l'occasion de la rétrospective que lui<br />
consacre le musée de Pontoise.<br />
TEXTE : CHRISTOPHE DOSOGNE<br />
Van Mieghem a<br />
observé tous ceux<br />
qui travaillaient dans<br />
le port d'Anvers,<br />
de même que<br />
d'innombrables<br />
migrants en quête<br />
d'une vie meilleure.<br />
Voici un nom bien connu des<br />
amateurs d’enchères, notamment<br />
de ceux qui fréquentent<br />
les salles anversoises comme<br />
Campo et Bernaerts. Né quasiment dans le<br />
port d’Anvers, où il a grandi et auquel il resta<br />
attaché sa vie durant, Eugeen van Mieghem<br />
(1875-1930) peut être comparé à ses<br />
contemporains Pierre Paulus de Châtelet<br />
(1881-1959) ou Constantin Meunier (1831-<br />
1905) qui, tout comme lui, firent partie d’un<br />
courant réaliste œuvrant dans une veine<br />
sociale qui n’a malheureusement plus guère<br />
la cote aujourd’hui. Très tôt, l’enfant né dans<br />
l’auberge familiale In Het Hert, sur le quai<br />
Van Meteren, développe un talent artistique<br />
exceptionnel, nourrit de l’observation des<br />
activités portuaires et du pittoresque de<br />
leurs acteurs, mariniers, matelots, quartiers-maîtres,<br />
porteurs et autres raccommodeuses<br />
de sacs, mais aussi passagers en<br />
transit. Le port et l’homme de la rue vont<br />
donc tout naturellement devenir la source<br />
d’inspiration et le modèle d’un artiste qui a<br />
très tôt regardé les œuvres de Vincent van<br />
Gogh, Georges Seurat, Constantin Meunier<br />
et Henri de Toulouse-Lautrec. En 1892, il est<br />
inscrit à l’Académie royale des beaux-arts<br />
d’Anvers, mais en est renvoyé. Il se tourne<br />
dès lors vers les mouvements politiques<br />
et culturels progressistes, ayant à cœur de<br />
s’intéresser au sort des plus démunis. Van<br />
Mieghem se concentre ainsi sur la vie des<br />
humbles, dans cette ville portuaire cosmopolite<br />
où il est considéré, à juste titre,<br />
comme l’artiste du peuple. Grâce à la proximité<br />
des embarcadères de la Red Star Line<br />
qui, dès 1873, transbordent des migrants<br />
vers le Nouveau Monde (les Etats-Unis<br />
d’abord, puis le Canada après la Première<br />
Guerre mondiale), l’artiste réalise quantité<br />
de croquis et de pastels de ces déracinés,<br />
qui défilent devant lui en quête d’un avenir<br />
meilleur. Avec un grand sens du détail, mais<br />
dans un style qui demeure brut et nerveux,<br />
il croque ainsi les tenues vestimentaires et<br />
l’attitude pathétique des migrants, rendant<br />
compte de manière saisissante du dénuement<br />
de ces candidats à l’exil. Il poursuivra<br />
dans cette veine jusqu’à son décès.<br />
DE L’IMPORTANCE DU DESSIN<br />
Désormais brûlante d’actualité, cette problématique<br />
de la migration, qu’elle soit liée<br />
à une croissance économique faible, à une<br />
répartition inégale des revenus, à la surpopulation<br />
liée à une forte démographie, à un<br />
taux élevé de chômage, à des conflits armés<br />
53
Migrants au port d’Anvers, ca. 1912, gouache, 49 x 63 cm. Collection privée.<br />
Il était connu comme<br />
l'artiste du peuple, en<br />
raison de l'attention<br />
qu'il portait à la vie<br />
des gens simples, dans<br />
cette ville portuaire<br />
cosmopolite.<br />
et autres épurations ethniques, voire à une<br />
violation des droits de l’homme, a donc été<br />
au cœur de l’œuvre d’Eugeen van Mieghem.<br />
Or, ce n’est pas pour autant, loin s’en faut,<br />
qu’elle séduit aujourd’hui plus qu’hier, que<br />
du contraire, ainsi qu’en témoignent les<br />
résultats qui suivent. Fort d’une production<br />
abondante, notamment grâce à une<br />
pratique sur le vif, on l’a dit, son travail<br />
trouve régulièrement le chemin des salles<br />
de ventes, essentiellement en <strong>Belgique</strong> où<br />
se concentre 99,8 % de son marché, selon<br />
Artprice. La majorité des œuvres proposées<br />
(56,2 %) appartiennent à la catégorie des<br />
dessins. Ceux-ci s’échangent généralement,<br />
sur le second marché, entre 200 et 12.000<br />
euros, parfois plus, notamment chez Campo<br />
Vlaamsekaai qui, en avril 1999, obtenait<br />
un record d’enchères dans cette catégorie,<br />
en adjugeant 2,6 millions de francs belges<br />
(l’équivalent de 64.450 euros d’aujourd’hui)<br />
ses Gamins (1919), à l’aquarelle sur papier.<br />
Plus récemment, en mars 2016, la salle Bernaerts<br />
obtenait 40.000 euros au marteau des<br />
Trois raccommodeuses de sacs au port, fusain<br />
et craie de couleur sur papier. Si la cote de<br />
l’artiste, en ce compris le nombre de lots<br />
vendus, est demeurée relativement stable<br />
sur la dernière décennie, Artprice, dont les<br />
analyses reposent sur 1 952 adjudications,<br />
indique toutefois que la valeur de ses œuvres<br />
était en baisse de 27,7 % en 2023, un tiers des<br />
lots proposés, y compris les peintures, s’adjugeant<br />
alors dans une fourchette comprise<br />
entre 1.000 et 5.000 euros. Le taux d’invendus<br />
est aussi en nette progression depuis 2022.<br />
Quant à elle, la valeur moyenne des peintures<br />
de Van Mieghem aux enchères oscille<br />
désormais entre 2.000 et 40.000 euros, le record<br />
pour une huile de l’artiste étant détenu<br />
par la salle Campo qui, en avril 2003, obtenait<br />
78.000 euros de l’œuvre sur carton (72 x 82<br />
cm) intitulée Au bord de l’Escaut (1926).<br />
L’artiste fut également l’auteur de gravures,<br />
notamment des eaux fortes qui s’échangent<br />
entre 50 et 500 euros, les lithographies étant<br />
54
estimées entre 30 et 100 euros, tandis que<br />
les œuvres à la pointe sèche peuvent voir<br />
leur estimations monter jusqu’à 1.600 euros.<br />
Enfin, plus rares, les monotypes vaudraient<br />
entre 1.500 et 3.000 euros.<br />
VISITER<br />
Rétrospective Eugeen Van Mieghem<br />
(1875-1930), entre Millet et Lautrec<br />
Musée d’Art et d’Histoire Pissarro-Pontoise<br />
Pontoise<br />
www.ville-pontoise.fr<br />
du 04-05 au 07-07<br />
www.vanmieghemmuseum.com<br />
LIRE<br />
Erwin Joos, Eugeen van Mieghem entre<br />
Millet et Lautrec, Pandora Publishers, Anvers,<br />
<strong>2024</strong>, ISBN 978-9-05325-491-2<br />
Fille du port à côté d’une charrette à bras, ca. 1900, pastel, 45 x 31,5 cm.<br />
Anvers, musée Eugeen Van Mieghem.<br />
Le long de l’escaut pastel, ca. 1898, pastel, 34 x 52,5 cm. Anvers, musée Eugeen Van Mieghem.<br />
55
Sélection Musées<br />
Désir quand tu nous tiens…<br />
du 26-05 au 13-10<br />
Kasteel d’Ursel<br />
Bornem<br />
www.kasteeldursel.be<br />
Actualité de<br />
l’abstraction<br />
du 31-05 au 18-08<br />
La Boverie<br />
Liège<br />
www.laboverie.com<br />
Le désir, l’érotisme, la<br />
pornographie, depuis des<br />
siècles, l’art a inventé mille<br />
stratagèmes pour exalter<br />
la sensualité du corps et<br />
naviguer allègrement entre<br />
ces différentes notions. Ce<br />
thème de l’érotisme est de fait<br />
l’un des plus féconds, surtout<br />
depuis les temps modernes :<br />
les tableaux regorgent de<br />
déesses antiques se prélassant<br />
au bain ou de vierges<br />
chrétiennes vouées aux pires<br />
martyres. Tantôt subtiles et<br />
sensuelles, tantôt explicites ou<br />
obscènes, les œuvres représentent<br />
le corps comme objet<br />
de désir ou source de plaisir.<br />
Cette exposition se concentre<br />
surtout sur les XVIIIe et XIXe<br />
siècles, en réunissant objets<br />
et tableaux érotiques issus de<br />
musées et de collectionneurs<br />
belges. L’accrochage débute avec des illustrations des fameuses Liaisons Dangereuses,<br />
roman épistolaire français publié par Pierre Choderlos de Laclos en 1782. (ah)<br />
Frieke Janssens, Nudes by Night 14, PhotoRag métallique, 160 x 120 cm. © de l’artiste<br />
Née dans les années 1910, l’abstraction constitue<br />
la grande révolution picturale du XXe<br />
siècle. <strong>Mai</strong>s, est-elle toujours d’actualité ? L’art<br />
d’aujourd’hui l’a-t-elle détrônée ? Voilà deux<br />
des questions auxquelles cette exposition souhaite<br />
répondre. Réunissant des œuvres historiques<br />
aux plus récentes, elle entend démontrer<br />
toute la pertinence et la richesse d’un art qui<br />
se passe de toute imitation de la réalité pour<br />
œuvrer uniquement avec ses propres composantes<br />
: matière, couleur et forme. Selon<br />
les commissaires, il semble clair que « nous<br />
n’avons pas encore tiré toutes les clés de l’art<br />
abstrait ». Avec, entre autres, des œuvres de<br />
Malevitch, Vasarely, Léger, De Staël, Poliakoff,<br />
Estève, Arp, Nicholson, Degottex, Jacobsen,<br />
Herbin, Magnelli, Moreni, Viola, Pijuan, Csaky,<br />
Chauvin, Schneider, Tapies, Debré, Viallat,<br />
Hantai, Bonnefoy, Lewitt, Venet, Schöffer, Van<br />
Anderlecht, Lacasse, Closon ou Marthe Wéry.<br />
(ah)<br />
Marthe Wéry, Montréal, 1984. Liège, Musée des Beaux-<br />
Arts. © La Boverie<br />
Paysages sonores<br />
jusq. 28-08<br />
SMAK<br />
Gand<br />
www.smak.be<br />
Tarek Atoui, Waters’ Witness, 2023, vue<br />
de l’exposition au MCA Sydney. © de<br />
l’artiste / photo : Zan Wimberley<br />
Voici la première exposition monographique en <strong>Belgique</strong> de Tarek Atoui (1980), artiste libanais<br />
vivant à Paris. Compositeur électro-acoustique, il crée des paysages sculpturaux et sonores à partir<br />
du son, de l’image, de la matière, de l’espace, du temps, de l’activité humaine et organique. Instruments<br />
de musique, dispositifs d’écoute, sculptures, objets ordinaires et matériels, minutieusement<br />
conçus, constituent des environnements d’écoute inventifs, qui ne font pas seulement appel à<br />
l’ouïe, mais font vivre au public toutes sortes d’expériences. Réunissant des œuvres anciennes mais<br />
aussi récentes, spécialement conçues pour cette exposition, l’artiste crée au SMAK deux univers<br />
différents, qui se rencontrent et stimulent la participation des visiteurs. Un programme de performances,<br />
composé par Tarek Atoui et ses musiciens, est prévu pendant l’exposition. (ah)<br />
56
Un artiste atypique<br />
jusq. 08-09<br />
Musée de Flandre<br />
Cassel<br />
www.museedeflandre.fr<br />
Un ‘‘nabi très<br />
japonard’’<br />
du 03-05 au 06-10<br />
Hôtel de Caumont<br />
Aix-en-Provence<br />
www.caumont-centredart.com<br />
Décédé en 1973, Nicolas Eekman est né à Bruxelles en 1889. S’il est largement oublié<br />
aujourd’hui, c’est certainement car son travail se situait aux antipodes des avantgardes.<br />
Après avoir vogué en terres expressionnistes puis cubistes, il s’est mis à créer<br />
des univers oniriques, fabuleux et fantastiques. Le peintre s’orienta dès lors clairement<br />
vers la réinterprétation des chefs-d’œuvre des maîtres anciens tels Jérôme<br />
Bosch et Pierre Breughel l’Ancien, ainsi que de son contemporain James Ensor.<br />
Quelques 80 œuvres, essentiellement issues de collections particulières, permettent<br />
de découvrir cet univers singulier, d’une imagination foisonnante, qui emmène bien<br />
au-delà des simples références. (ah)<br />
Nicolas Eekman, Mascarade, 1969, huile sur toile marouflée sur panneau, 65 x 81 cm. Collection<br />
particulière.<br />
La manière dont ses amis<br />
surnommaient Pierre<br />
Bonnard, à savoir le ‘‘nabi<br />
très japonard’’, témoigne<br />
de la fascination exercée<br />
sur lui par l’art de<br />
l’Empire du Soleil levant.<br />
Si un engouement pour<br />
tout ce qui vient du Japon<br />
se manifeste en France<br />
dès les années 1860, et<br />
ce pendant près d’un<br />
demi-siècle, Bonnard<br />
s’intéresse avant tout<br />
aux caractéristiques des<br />
estampes de l’Ukiyo-e,<br />
dont la découverte lors<br />
d’une exposition à l’École<br />
des Beaux-Arts, au printemps<br />
1890, est une véritable<br />
révélation pour lui.<br />
Le peintre adopte alors<br />
de nouveaux principes esthétiques comme la<br />
souplesse des mouvements, le contraste des<br />
couleurs, les lignes en arabesques, le goût<br />
prononcé du décor et des éléments stylisés, et<br />
le recours aux aplats. L’exposition réunit des<br />
œuvres qui témoignent de cette évolution et,<br />
évidemment, présente aussi des estampes<br />
japonaises. (ah)<br />
Pierre Bonnard, Femmes au jardin : Femme à la robe<br />
à pois blancs, 1890-1891, détrempe à la colle sur toile,<br />
panneaux décoratifs, 160,5 x 48 cm (chaque panneau),<br />
Paris, musée d’Orsay. © RMN-Grand Palais (musée<br />
d’Orsay) / photo : Hervé Lewandowski<br />
Au cœur de l’humanisme<br />
jusq. 16-06-<strong>2024</strong><br />
BNF site Richelieu<br />
Paris<br />
www.bnf.fr<br />
L’humanisme est à l’origine de la Renaissance. Né dans l’Italie du XIVe siècle, caractérisé par le<br />
retour aux textes antiques et par la restauration des valeurs de civilisation dont ils étaient porteurs,<br />
le mouvement humaniste a produit un nouveau modèle de culture, qui a modifié en profondeur<br />
les formes de la pensée comme celles de l’art. Les princes et les puissants s’en sont emparés pour<br />
fonder sur lui une image renouvelée d’eux-mêmes. Composée de quelques deux cents œuvres,<br />
manuscrits, livres imprimés, estampes, dessins, peintures, sculptures, objets d’art, monnaies et<br />
médailles, cette exposition plonge le visiteur dans l’univers de la Renaissance. Cinq sections le<br />
conduisent du XIVe au XVIe siècle : Le studiolo ; Pétrarque et la naissance de l’humanisme ; De<br />
l’étude de l’Antiquité au goût de l’antique ; Le savoir et la gloire ; De la bibliothèque humaniste à la<br />
bibliothèque princière. (ah)<br />
Juste de Gand et Pedro Berruguete, Portrait de Platon, Urbino, ca. 1472-1478, huile sur bois. Paris, musée du Louvre.<br />
57
Sélection Musées<br />
Le design du futur<br />
du 25-05 au 11-05-2025<br />
Vitra Design Museum<br />
Weil-am-Rhein<br />
www.design-museum.de<br />
Les objets<br />
d’un roman<br />
du 17-05 au 13-10<br />
Lembachhaus<br />
Munich<br />
www.lenbachhaus.de<br />
Comment le futur a-t-il été et est-il encore imaginé dans le design ? Cette exposition<br />
se penche sur cette question qui concerne la vision d’un monde à venir, en<br />
réunissant l’ameublement des premiers films de science-fiction et le design actuel<br />
surgissant dans des espaces virtuels. Des objets, au design considéré comme<br />
révolutionnaire à leur époque, voisinent avec les projets d’aujourd’hui. On voyage<br />
ainsi depuis les premiers récits de science-fiction au Metavers. L’exposition montre<br />
aussi comment les innovations techniques et les utopies du design ont trouvé<br />
leur place dans la vie quotidienne et combien ils façonnent directement le monde<br />
actuel. (ah)<br />
Lloyd Schwan, Statuette, 1995. © de l’artiste / Courtesy Vitra Design Museum / photo : Jürgen Hans<br />
Orhan Pamuk (1952) est, avant tout, connu<br />
pour ses romans, qui lui ont d’ailleurs valu un<br />
Prix Nobel. L’écrivain turc propose ici une autre<br />
perception de ses écrits, en présentant une<br />
quarantaine d’armoires venues du musée de<br />
l’Innocence d’Istanbul. Ce musée a été créé<br />
par l’auteur, en même temps que le roman<br />
éponyme qui met en lumière l’histoire d’amour<br />
entre Kemal, fils d’un propriétaire d’usine, et<br />
sa belle cousine pauvre Füsun. Lorsque leur<br />
relation se termine par un désastre, Kemal crée<br />
un musée rempli des milliers d’objets qui lui<br />
rappellent Füsun. Dans le même temps, ces objets<br />
reflètent la vie quotidienne à Istanbul, des<br />
années 1950 aux années 2000, et donc aussi<br />
les événements majeurs de la même période,<br />
les rôles de genre, le cinéma contemporain,<br />
etc. Orhan Pamuk transpose ainsi la littérature<br />
dans l’espace du musée, créant des fictions<br />
dans lesquelles les visiteurs peuvent entrer et<br />
s’immerger. (ah)<br />
Orhan Pamuk, de la série In Paul Klee’s Garden, 2023.<br />
© de l’artiste<br />
Design et<br />
communication engagée<br />
du 03-05 au 30-06<br />
MK&G<br />
Hambourg<br />
www.mkg-hamburg.de<br />
Sandra Mawuto Dotou, Look at us, Galerie der<br />
Schwarzen Vorbilder & Heldinnen in Deutschland,<br />
2022, couverture de livre. © de l’artiste /<br />
illustration : Tabea Erhart<br />
Designer en communication, Sandra Mawuto Dotou (1997) aime mêler la culture pop et<br />
l’activisme politique au design. Préoccupée de questions existentielles telles que le racisme,<br />
le post-colonialisme et la xénophobie, ses interventions protéiformes explorent<br />
comment le design peut contribuer à l’éducation, à la motivation, à la mobilisation, à la<br />
réflexion et à la dé-stigmatisation. Son travail fait appel à tous les outils de la communication,<br />
de la conception éditoriale aux concepts des réseaux sociaux, du design<br />
graphique au motion design. Cette exposition clôt la résidence dont elle a bénéficié<br />
cette année au MK&G. (ah)<br />
58
Ana Lupas.<br />
On this Side of the River Elbe<br />
du 09-05 au 15-09<br />
Stedelijk Museum<br />
Amsterdam<br />
www.stedelijk.nl<br />
Toujours<br />
génial<br />
du 02-05 au 28-07<br />
The British Museum<br />
Londres<br />
www.britishmuseum.org<br />
Elle a plus de quatre-vingts ans et, pour la première fois, une exposition majeure<br />
de son œuvre est présentée aux Pays-Bas. La collection permanente du Stedelijk<br />
Museum inclut bien son installation Coats to Borrow depuis 2022, mais en dehors de<br />
cette œuvre conceptuelle, beaucoup ne connaissent pas grand-chose à l’art roumain<br />
sous le régime communiste (1945-1989). Il était normal qu’au cours de cette période,<br />
la plupart des jeunes artistes ne participent pas à la création d’État édictée par<br />
Nicolae Ceauşecu et évitent de se faire remarquer. Suivant leur propre voie, à l’instar<br />
d’Ana Lupas, celle-ci organisa pour eux, depuis sa ville natale de Cluj, une collaboration<br />
appelée Ateliers 35. L’œuvre de cette grande dame est protéiforme et revêt un<br />
caractère très contemporain. (er)<br />
Ana Lupas, Coats to Borrow, 1989. Amsterdam, Stedelijk Museum. © photo : Carlo Favero<br />
Michel-Ange (1475-1564) figure parmi les<br />
génies artistiques ayant joui d’une très longue<br />
carrière. Non seulement, il impose déjà son<br />
immense talent à 26 ans, avec son formidable<br />
David, mais il relèvera par deux fois le défi<br />
de s’attaquer, lui le sculpteur, à des fresques<br />
immenses, le plafond de la chapelle Sixtine et,<br />
plus tard, le mur derrière l’autel, dans le même<br />
lieu. Il s’éteint à 88 ans sans avoir jamais cessé<br />
de créer. Cette exposition se concentre sur<br />
les trois dernières décennies de cette carrière<br />
féconde, alors qu’il s’installe définitivement à<br />
Rome. L’accrochage souhaite montrer à quel<br />
point Michel-Ange a exercé son influence, en<br />
renouvelant quelques thèmes comme ‘‘La<br />
Crucifixion’’, en cette époque où l’Eglise doit se<br />
redéfinir face à la Réforme. L’exposition dévoile<br />
aussi d’autres facettes du maître, qui fut poète<br />
et un analyste pertinent de l’art. (ah)<br />
Michel-Ange, étude pour Le jugement dernier,<br />
ca. 1534-1536, craie noire sur papier. © The Trustees of<br />
the British Museum<br />
Retour au musée<br />
du 17-05 au 29-09<br />
The Guggenheim Museum<br />
New York<br />
www.guggenheim.org<br />
Jenny Holzer, Untitled (Selections from Truisms,<br />
Inflammatory Essays, The Living Series, The Survival<br />
Series, Under a Rock, Laments, and Child Text),<br />
1989, installation L.E.D tricolore. © de l’artiste /<br />
Courtesy The Guggenheim Museum<br />
Il y a près de trente-cinq ans, Jenny Holzer (1950) créait un écran LED sous la forme d’une<br />
spirale pour une exposition au Guggenheim. Le panneau, clignotant de couleurs changeantes<br />
et arborant diverses polices, était alors le plus long du monde et aujourd’hui considéré<br />
comme un chef-d’œuvre de l’art textuel. Cette exposition personnelle constitue une<br />
sorte de retour au musée pour l’artiste qui ré-imaginera l’installation de 1989. Elle transformera<br />
le bâtiment avec un affichage mis à jour et élargi de textes défilants, présentant des<br />
sélections de ses séries emblématiques. Alors qu’elle ne reprenait que trois révolutions de<br />
la rotonde de Frank Lloyd Wright, lors de l’exposition de 1989, la nouvelle installation gravira<br />
les six rampes jusqu’à l’oculus du bâtiment. L’œuvre mettra ainsi en lumière l’utilisation de<br />
l’écrit à travers le temps et les médias dans la pratique de l’artiste. (ah)<br />
59
Agenda Musées<br />
△ Va te faire Maître<br />
till 20-07<br />
Musée Juif<br />
△ Passage. Textiles &<br />
Rituels<br />
till 01-09<br />
Musée Magritte<br />
△ Magritte·Folon. La<br />
fabrique poétique<br />
till 21-07<br />
Musée Mode &<br />
Dentelle<br />
△ Jules François Crahay.<br />
Back in the spotlight<br />
till 10-11<br />
ULB Culture<br />
△ Belgica Biladi Een<br />
Belgisch-Marokkaans<br />
verhaal<br />
16-05 till 22-07<br />
Villa Empain<br />
Une oeuvre d’Alain Bornain. © de l’artiste / Courtesy BPS22, Charleroi<br />
Aalst<br />
NW<br />
△ Maya Deren. Ritual<br />
in Transfigured Time<br />
- Lucile Desamory.<br />
Untitledment<br />
till 26-05<br />
Antwerpen<br />
Red Star Line<br />
museum<br />
△ Einstein, een gewilde<br />
vlucheling<br />
till 08-09<br />
FOMU<br />
△ Re/sisters - A lens on<br />
gender and ecology<br />
till 18-08<br />
△ Dirk Braeckmann.<br />
Echtzeit<br />
till 19-01-2025<br />
M HKA<br />
△ Jim Shaw. The Ties That<br />
Bind<br />
till 19-05<br />
MoMu<br />
△ Baloji - Augurism<br />
till 16-06<br />
Museum De Reede<br />
△ Paul Harbutt -<br />
ODYSSEY<br />
till 20-05<br />
RockxHuis<br />
△ Jan Davidsz. De Heem<br />
till 01-10<br />
Ath<br />
<strong>Mai</strong>son Culturelle<br />
D’Ath<br />
△ Léopoldine Roux. À Ciel<br />
Ouvert<br />
till 29-06<br />
Binche<br />
Musée international du<br />
Carnaval et du Masqu<br />
△ Binche Intime. Une<br />
exploration sonore<br />
till 15-09<br />
Brugge<br />
Adornes Domein<br />
△ Gloire et infortune d’un<br />
voyageur du XVe siècle<br />
till 31-12<br />
Brussels<br />
Africa museum<br />
△ ReThinking Collections<br />
till 29-09<br />
Argos centre for<br />
audiovisual arts<br />
△ Herman Asselberghs.<br />
Time wasted<br />
till 30-06<br />
Belfius Art Collection<br />
△ Inspired by Love<br />
till 22-06<br />
Botanique<br />
△ Possibles I Probables<br />
30-05 till 04-08<br />
BOZAR<br />
△ Histoire de ne pas rire.<br />
Het surrealisme in België<br />
till 16-06<br />
△ James Ensor<br />
till 23-06<br />
Broodhuis<br />
△ Spelen maar!<br />
till 25-08<br />
Centrale<br />
△ Maren Dubnick.<br />
Accumulator<br />
till 01-09<br />
CIVA<br />
△ Simone guillissen-Hoa<br />
till 22-09<br />
Fondation Blan<br />
△ Jacques Vilet & Gérald<br />
Dederen. U monde<br />
habité<br />
till 11.05<br />
Design Museum<br />
△ Olivetti Folon<br />
till 15-09<br />
Fondation Thalie<br />
△ Regenerative Futures<br />
till 28-09<br />
Fondation A<br />
△ Contacts<br />
till 30-06<br />
Hangar<br />
△ Unique. Beyond<br />
Photography<br />
till 09-06<br />
ISELP<br />
△ c’est le ,om de cette<br />
pierre qui fait paysage<br />
till 29-06<br />
KBR<br />
△ James Ensor - Inspired<br />
by Brussels<br />
till 02-06<br />
KMSK<br />
△ MAGINE!100 Years of<br />
International Surrealism<br />
till 21-07<br />
MAD Brussels<br />
△ Fashion Moves<br />
07-06 till 31-08<br />
<strong>Mai</strong>son De L’Histoire<br />
Européenne<br />
△ Bellum et Artes. L’Europe<br />
et la guerre de Trente Ans<br />
till 12-01-2025<br />
<strong>Mai</strong>son des arts<br />
△ Encore & encore.<br />
Rituels d’artistes<br />
till 05-05<br />
MEM<br />
△ Seb Baumgartner<br />
till 13-05<br />
MIMA<br />
△ Popcorn<br />
till 26-05<br />
Musée belge de la<br />
France-Maconnerie<br />
△ Josef et Anni Albers.<br />
Un couple mythique du<br />
modernisme<br />
till 08-09<br />
WIELS<br />
△ Jef Geys. Je ziet niet wat<br />
je denkt te zien<br />
till 19-05<br />
Wittockiana<br />
△ Chris Delville et<br />
Francois Emmanuel. Le<br />
dit de la renarde<br />
till 16-06<br />
Charleroi<br />
BPS22<br />
△ Banks Violette. Celine<br />
Art project<br />
till 05-05<br />
△ Alain Bornain.<br />
Amourable<br />
01-06 till 01-09<br />
△ Éric Fourez. Sur les<br />
traces de la Mer du<br />
Nord…<br />
01-06 till 01-09<br />
Musée de la<br />
Photographie<br />
△ Peter Knapp. Mon<br />
temps - Thomas Chable.<br />
Au-dessus des nuages<br />
- Elliot Ross. Seeing<br />
animals<br />
till 26-05<br />
60
Deinze<br />
Museum van Deinze<br />
en de Leiestreek<br />
△ Claus inspireert!<br />
till 09-06<br />
Drogenbos<br />
FeliX Art & Eco<br />
Museum<br />
△ Futuromarennia,<br />
Oekraïne & avant-garde<br />
till 09-09<br />
Gaasbeek<br />
Kasteel van Gaasek<br />
△ Echos Rebelles<br />
till 03-11<br />
Geel<br />
De Halle<br />
△ Mosa Mystica<br />
till 16-06<br />
Gent<br />
Dr. Guislain Museum<br />
△ Off-Comics<br />
till 23-06<br />
△ CARBON Annick, mei<br />
2022, Bierbeek<br />
till 01-09<br />
Het Arsenaal<br />
△ Do the Right Ding<br />
till 11-05<br />
Industriemuseum<br />
△ FERRO NON FERRO<br />
till 01-09<br />
KiOSK<br />
△ Arnaud Rogard. Ik met<br />
twee<br />
till 09-06<br />
Kunsthal Gent<br />
△ Lysandre Begijn.<br />
Archaïc Asylum<br />
till 05-05<br />
SMAK<br />
△ Sirah Foighel Brutmann<br />
& Eitan Efrat Là<br />
till 25-08<br />
△ Tarek Atoui<br />
till 25-08<br />
Grimbergen<br />
Cultuurcentrum<br />
Strombeek<br />
△ Myrthe Van Der Mark.<br />
Girl lives in the village.<br />
Sculptress. If you must<br />
know<br />
till 18-05<br />
Hasselt<br />
C-Mine<br />
△ Expo Aanwinst. De<br />
kunstcollectie van<br />
iedereen<br />
till 26-05<br />
Hornu<br />
CID<br />
△ Super Power Design<br />
till 25-08<br />
MACS<br />
△ Lionel Estève. Au fil<br />
du saisons - Jochen<br />
Lempert: Honeyguides<br />
and Milk Teeth<br />
till 12-05<br />
Ittre<br />
MIMDo<br />
△ Claudine Péters-Ropsy.<br />
La nature recomposée<br />
till 02-06<br />
Knokke-Heist<br />
Cultuurcentrum<br />
Scharpoord<br />
△ Unknown Masterpieces<br />
till 12-05<br />
La Louvière<br />
Centre Daily-Bul & C°<br />
△ Dominique Lacoudre.<br />
Je ne sais faire preuve<br />
de discipline que dans<br />
l’indiscipline<br />
till 16-06<br />
Centre de la Gravure<br />
△ Nos géantes<br />
till 02-06<br />
Keramis<br />
△ Les bucoliques.<br />
Allégories du vivant<br />
till 25-08<br />
MILL<br />
△ Temps de pause<br />
till 15-09<br />
Leuven<br />
M Leuven<br />
△ Alias<br />
till 01-09<br />
Liège<br />
Parktuin<br />
△ Het Unieke Universum/<br />
L’Univers Unique<br />
till 26-05<br />
Mons<br />
CAP<br />
△ Rodin. Une<br />
Renaissance moderne<br />
till 18-08<br />
Morlanwelz<br />
Musée royal de<br />
Mariemont<br />
△ Les Amis de<br />
Mariemont. Histoire<br />
d’une passion<br />
till 02-06<br />
Namur<br />
Le Delta<br />
△ Poste restante<br />
till 18-08<br />
△ La carte postale, objet<br />
de collection, oeuvre<br />
d’art<br />
till 18-08<br />
Musée Félicien Rops<br />
△ Le Cercle des Femmes<br />
peintres (1888-1893) &<br />
Kikie Crêvecoeur<br />
till 08-09<br />
nature<br />
till 01-06<br />
Sint-Niklaas<br />
Coup de Ville<br />
△ Artists & Athletes: The<br />
Hill They Climb<br />
till 19-05<br />
Cultuurhuis de Bijl<br />
△ External Brain. Luk Van<br />
Soom & Toon Teeken<br />
till 19-05<br />
Mercatormuseum<br />
△ Hachmi Azza<br />
02-05 till 08-09<br />
Tongeren<br />
Gallo-romeins<br />
museum<br />
△ De oudheid in kleur<br />
till 02-06<br />
Tournai<br />
Musée des Beaux-<br />
Arts<br />
△ Rémy Hans<br />
till 13-05<br />
TAMAT<br />
△ Abstract<br />
till 21-07<br />
Europa Expo<br />
△ Da Vinci - L’artiste,<br />
l’ingénieur, le<br />
gastronome<br />
till 30-06<br />
Les Drapiers Centre<br />
d’art contemporain<br />
△ Intagibles. Claire<br />
Williams & Les Aethers<br />
till 11-05<br />
Trinkall Museum<br />
△ Dan Miller. À l’oeuvre<br />
till 09-03-2025<br />
△ Modesties d’Andre<br />
Wostijn<br />
till 09-03-2025<br />
Mechelen<br />
Museum Hof van<br />
Busleyden<br />
△ Ridders van het Gulden<br />
Vlies: een schitterende<br />
mythe ontrafeld<br />
till 02-06<br />
Oudenaarde<br />
Koninklijke Academie<br />
Beeldende Kunst<br />
Oudenaarde<br />
△ Yvonne De Grazia. Of<br />
Mice And Men<br />
till 18-05<br />
Puurs-Sint-<br />
Amands<br />
Emile<br />
Verhaerenmuseum<br />
△ Bal (dé)masqué. James<br />
Ensor en het masker in<br />
de kunst<br />
till 02-06<br />
Raversijde<br />
Atlantikwall<br />
Raversyde<br />
△ Getekende oorlog:<br />
De atlantikwall Gestript<br />
- Ensor 1940 - James<br />
Baron Ensor<br />
till 11-11<br />
Waregem<br />
Be-Part<br />
△ Nick Hannes. New<br />
Capital<br />
till 18-05<br />
Zulte<br />
Roger Raveel<br />
Museum<br />
△ Zulma. Muse en<br />
manager<br />
till 05-05<br />
L’Homme qui marche (1907) d’Auguste Rodin au CAP de Mons. Paris, musée<br />
d’Orsay, inv. RF. 4094<br />
Kunsthal Mechelen.<br />
De Garage<br />
△ The fountain Show<br />
12-05 till 25-08<br />
Menen<br />
cultuurcentrum &<br />
Stadsmuseum Menen<br />
△ Het Unieke Universum/<br />
L’Univers Unique<br />
till 14-07<br />
Seneffe<br />
Chateau de Seneffe<br />
△ Monsieur Plant. Think<br />
Envoyez vos informations pour les<br />
mois de juin à août à collect@ips.be<br />
avant le 5 mai !<br />
61
Parole de galeriste<br />
UPPERCUT – #062<br />
Nouvelle venue,<br />
grandes ambitions<br />
Un monde neuf s’ouvrait à Scott Lippens (1993) lorsqu’il<br />
se rendait, il y a sept ans, à Collectible, salon bruxellois<br />
consacré au design contemporain. Il en fut subjugué et<br />
décida de s’y intéresser de plus près. En 2023, il fondait<br />
UPPERCUT, galerie nomade qu’il dirige seul, se fiant à<br />
sa seule intuition et se basant sur des connaissances<br />
historiques artistiques et techniques des matériaux. Il<br />
participait en mars dernier à la foire.<br />
Comment avez-vous lancé<br />
UPPERCUT ?<br />
« UPPERCUT résulte d’une passion<br />
pour le design de collection.<br />
Je vendais auparavant du<br />
design vintage français et italien,<br />
mais un univers tout neuf<br />
s’est ouvert à moi lorsque j’ai<br />
visité Collectible, il y a quelques<br />
années. J’ai été très impressionné<br />
par le talent de la scène<br />
belge et européenne contemporaine<br />
en design. Après avoir<br />
étudié ce domaine pendant plusieurs<br />
années, j’ai décidé de me<br />
lancer. UPPERCUT demeure une<br />
galerie ‘‘nomade’’, qui présente<br />
de temps à autre une exposition<br />
de groupe, dans divers endroits,<br />
souvent en combinaison avec<br />
d’autres off-spaces. J’essaie<br />
toujours de trouver un endroit<br />
doté d’une certaine valeur<br />
architecturale parce qu’il me<br />
paraît important d’exposer dans<br />
un contexte plus résidentiel.<br />
Nous organisons, par exemple,<br />
pendant l’Antwerp Art Weekend,<br />
une exposition de groupe dans<br />
un bâtiment Art déco situé dans<br />
la Turnhoutsebaan à Deurne,<br />
avec comme thème central la<br />
chaise. Des pièces de designers<br />
sont, en outre, exposées dans<br />
L’Appartemento, appartement<br />
sis au cinquième étage d’un<br />
bâtiment Art déco des années<br />
1930, au sud d’Anvers. Cet<br />
endroit sert provisoirement<br />
de showroom que l’on peut<br />
visiter sur rendez-vous, mais<br />
aussi de lieu de rencontre pour<br />
nos clients, collectionneurs et<br />
artistes/designers. »<br />
Comment garantir la visibilité<br />
d’une jeune galerie et se<br />
positionner sur le marché<br />
de l’art ?<br />
« En mars dernier, notre participation<br />
à Collectible fut le tremplin<br />
qui a permis à UPPERCUT<br />
de se faire connaître du public.<br />
Elle a généré d’innombrables<br />
contacts et nouveaux clients. J’ai<br />
obtenu le soutien de diverses<br />
personnes du monde du design<br />
et de l’art pour une sélection<br />
spécifique, essentiellement<br />
axée sur le design artistique<br />
contemporain. »<br />
Selon quels critères<br />
sélectionnez-vous ces artistes<br />
et designers ?<br />
« Je souhaite avant tout collaborer<br />
avec des designers et<br />
artistes qui expérimentent des<br />
techniques et matériaux neufs<br />
ou qui créent une suite à des<br />
œuvres plus historiques. En tant<br />
que galeriste, j’ai choisi de ne<br />
proposer que du design ou de<br />
l’art fonctionnel et, en ce sens,<br />
il ne s’agit jamais uniquement<br />
d’esthétique ou de forme. Les<br />
pièces que je présente doivent<br />
faire passer un certain message<br />
dans un intérieur. Les collaborations<br />
avec des designers<br />
concernent aussi, en général,<br />
des œuvres commandées où<br />
© photo : Tom Delaisse<br />
« J’estime important d’exposer<br />
des pièces dans un contexte<br />
plus résidentiel »<br />
cette vision se conjugue avec la<br />
liberté artistique du créateur. Le<br />
processus créatif débute parfois<br />
avec un matériau donné, mais<br />
il nous arrive aussi de souhaiter<br />
un objet spécifique et le<br />
choix du matériau s’en ressent.<br />
Nous préparons ainsi pour l’été<br />
un duo avec Yoon Shun et LS<br />
Gomma, au Château de Spycker<br />
à Sint-Kruis (Bruges). Shun<br />
n’utilise qu’un seul matériau<br />
et opte pour une approche<br />
poétique comme dans sa série<br />
waves, dans laquelle la forme<br />
l’emporte sur la fonction. LS<br />
Gomma utilise du caoutchouc<br />
et laisse beaucoup intervenir<br />
le hasard en le transformant,<br />
tandis que Yoon Shun se livre<br />
à des calculs très précis pour<br />
obtenir des mesures et des<br />
formes exactes. Deux artistes,<br />
à la méthode de travail très<br />
différente, qui se complètent<br />
parfaitement. »<br />
Comment voyez-vous l’avenir<br />
de votre jeune galerie ? De quoi<br />
rêvez-vous ?<br />
« J’aimerais avoir un jour mon<br />
propre espace afin d’y organiser<br />
des expositions régulières et<br />
d’inviter aussi les passants à découvrir<br />
les œuvres. Je souhaite<br />
aussi collaborer avec d’autres<br />
galeries, musées ou fondations<br />
artistiques pour susciter des<br />
dialogues entre divers artistes et<br />
designers, ou avec des espaces<br />
architecturaux. À terme, je<br />
voudrais aussi me développer à<br />
l’international. »<br />
Exposition collective<br />
Antwerp Art Weekend<br />
du 17 au 20-05<br />
Turnhoutsebaan 277,<br />
Deurne (Anvers)<br />
Exposition collective<br />
Yoon Shun et LS Gomma<br />
du 02 au 18-08<br />
Château de Spycker,<br />
Spijkerwegel 13,<br />
Sint-Kruis (Bruges)<br />
www.uppercut.space<br />
62
Sélection Galeries<br />
Rétro Mania<br />
#2. Malmezat / Gosti<br />
jusq. 18-05<br />
Bruno Matthys Gallery<br />
Bruxelles<br />
www.brunomatthys.art<br />
Romana<br />
Londi<br />
jusq. 25-05<br />
Galerie Nathalie Obadia<br />
Bruxelles<br />
www.nathalieobadia.com<br />
Ensemble, Isabelle Malmezat<br />
et Jean Yves Gosti<br />
offrent une double vision<br />
du monde, de ses failles<br />
et de ses efforts pour les<br />
camoufler. Très différentes,<br />
leurs pratiques nous<br />
emmènent dans des univers<br />
improbables... Isabelle<br />
Malmezat (1958) utilise la<br />
peinture pour appréhender<br />
le monde. Dans ses<br />
toiles sombres et délicates,<br />
des créatures semblent<br />
errer, se chercher les unes<br />
les autres et se rencontrer<br />
parfois. À la fois désincarnées<br />
et terriblement sensuelles,<br />
elles évoquent des<br />
âmes, détachées de leurs<br />
corps mais parées d’une<br />
peau d’un velouté spectral.<br />
De son côté, c’est en trois<br />
dimensions que Jean Yves<br />
Gosti (1960) travaille la matière. Et la bonhomie apparente de ses personnages<br />
cache une fracture aussi sombre. Reconstitués, cicatrisés et faits d’assemblages<br />
improbables, ils sont les fruits de tous les drames qui les ont balafrés. Ces personnages<br />
cachent toute la douleur du monde dans leurs corps meurtris, alors même<br />
que l’étonnement de leur regard les rend profondément touchants. (gg)<br />
Isabelle Malmezat, Sans titre, n. d., 65 x 50 cm. © de l’artiste / Courtesy Bruno Matthys Gallery –<br />
Prix : entre 400 et 8.000 €<br />
La première exposition de Romana Londi (1985)<br />
en l’espace bruxellois réunit un ensemble de<br />
peintures récentes. Toutes s’inscrivent dans la<br />
continuité de la série Jetlag, terme d’origine<br />
anglaise utilisé pour désigner l’ensemble des<br />
troubles liés à la désynchronisation des horloges<br />
biologiques lors d’un voyage rapide. Ce<br />
néologisme symbolise à merveille notre époque<br />
contemporaine soumise à des mutations spatiotemporelles<br />
majeures. Avec l’émergence des<br />
nouvelles technologies, les corps traversent des<br />
lieux et des mondes en permanence, jusqu’à se<br />
dématérialiser entièrement par la prolifération du<br />
numérique. Partant de cette constatation, Romana<br />
Londi élabore des œuvres où s’entrelacent différentes<br />
temporalités. Les formes suggèrent des<br />
images en pleine transformation, en état transitoire,<br />
mobiles et instables sur la surface peinte.<br />
Certaines de ces variations optiques résultent de<br />
l’application de films photochromiques, sensibles<br />
à la lumière UV, sur ses peintures. (gg)<br />
Romana Londi, Thoughts, 2023-<strong>2024</strong>,huile, acrylique,<br />
peinture en aérosol, huile solide, film photochromique<br />
peint sur toile de lin et cadre en aluminium, 180 x 180 cm.<br />
© de l’artiste / Courtesy Galerie Nathalie Obadia – Prix :<br />
entre 5.000 et 25.000 €<br />
Christian Hidaka – Godo<br />
jusq. 19-05<br />
Galerie Michel Rein<br />
Bruxelles<br />
www.michelrein.com<br />
Christian Hidaka, Niche with Magic Rhombi,<br />
<strong>2024</strong>, huile sur panneau de bois, 74,5 x 46,2 cm.<br />
© de l’artiste / Courtesy Michel Rein –<br />
Prix : entre 2.000 et 13.500 €<br />
Le peintre Christian Hidaka (1977) renouvelle le genre du paysage. Son travail est irrigué d’une<br />
multitude de sources : des paysages japonais, de la science-fiction, du psychédélisme, du<br />
surréalisme, de la peinture de la Renaissance… De son travail naît une poésie, une invitation<br />
à voyager à travers des univers irrationnels et fantaisistes. L’accrochage est intitulé Godo, en<br />
référence au village près de Ravenne où se trouve le museo dell’Arredo Contemporaneo. Ettore<br />
Sottsass et Johanna Grawunder y ont conçu un pavillon d’entrée, composé d’une grande mosaïque<br />
dans un espace et d’un cloître fermé, peint en bleu cobalt et en blanc. L’artiste : « Attiré<br />
par cet endroit, en partie à cause de ma fascination pour les arches, j’ai escaladé la clôture de<br />
ce site abandonné pour voir l’œuvre architecturale de Sottsass. Les arcs hauts et minces des<br />
cloîtres perpétuent les arcs byzantins trouvés dans les églises de Ravenne. » (gg)<br />
63
Sélection Galeries<br />
IN CARNE<br />
jusq. 26-05<br />
POELP<br />
Bruxelles<br />
www.poelp.be<br />
Nadine Fiévet<br />
jusq. 26-05<br />
Galerie Koma<br />
Mons<br />
www.asblkoma.be<br />
Dans un même mouvement,<br />
les œuvres de<br />
Tatiana Bohm (1979) et<br />
de Manon Bara (1985)<br />
abordent une certaine<br />
fureur à dire la fragilité<br />
du vivant, l’animalité<br />
intérieure, le derme de<br />
la réalité. Narrer la peau<br />
humaine des choses<br />
engage une certaine<br />
forme de cruauté au<br />
sens qu’Artaud pouvait<br />
donner au concept<br />
du Théâtre de la<br />
Cruauté : « Un théâtre<br />
qui nous réveille nerfs<br />
et cœur, cependant,<br />
cette cruauté n’est pas<br />
celle du sang et de la<br />
barbarie. Il ne s’agit<br />
pas de celle que nous<br />
pouvons exercer les uns<br />
contre les autres, mais<br />
celle beaucoup plus<br />
terrible que les choses<br />
peuvent exercer contre<br />
nous. » (Le Théâtre et<br />
son double) ‘‘Pulsion de<br />
vie’’ versus ‘‘Pulsion de mort’’, la représentation du schème est assurément reliée<br />
à la décomposition des cellules. De quoi engager les deux artistes en territoire<br />
sépulcral comme une trajectoire inéluctable mais sur laquelle il est toujours envisageable<br />
de ne pas chercher à estomper la couleur. (gg)<br />
Manon Bara, Still alive (grande huître), <strong>2024</strong>, peinture laquée sur toile, 150 x 100 cm. © de l’artiste<br />
Quatre expositions accompagnent la sortie du<br />
livre Entre les strates, matières et pigments,<br />
témoignage du travail de Nadine Fiévet. La<br />
publication couvrant cinq décennies de pratique<br />
artistique, chaque accrochage est dédié<br />
à une période identifiée dans la production de<br />
l’artiste, par rapport à un thème expérimenté<br />
ou une technique spécifique. Le Magasin de<br />
Papier (Mons) présente des œuvres réalisées<br />
sur film-calque, avec pour thème ‘‘l’envol’’,<br />
incarné par un oiseau mythique, le faucon. La<br />
Galerie des Capucins présente des acryliques<br />
récentes. La Galerie Koma éclaire une période<br />
ayant marqué l’artiste : Au-delà des signes<br />
se construit autour du souvenir d’un voyage<br />
en Amérique du Sud et de la découverte de<br />
tombes précolombiennes dans le désert de<br />
NASCA. Des momies, des poteries, des tissus<br />
en charpie inspirent l’artiste. Enfin, le dernier<br />
opus, au centre culturel de Colfontaine, intitulé<br />
Le retour du pigeon voyageur, explore la<br />
colombophilie. (gg)<br />
Nadine Fiévet, Dérive de l’anamorphose, 2022,<br />
70 x 85 cm. © de l’artiste – Prix : entre 400 et 4.000 €<br />
Treize de Flandres<br />
du 08 au 24-05<br />
SOFACQ Gallery<br />
Merelbeke<br />
www.sofacqgallery.com<br />
Ilse Monkerhey, Love is in the house, 2023,<br />
techniques mixtes sur toile, 195 x 145 cm.<br />
© Courtesy Collection R., SOFACQ Gallery,<br />
Merelbeke / photo : Phaedra Cremmery –<br />
Prix : œuvres de Monkerhey : de 1.500 à<br />
4.500 €<br />
Peu de gens savent que l’ancienne manufacture de chaussures SOFACQ, à Merelbeke, est<br />
devenue un lieu destiné aux amateurs d’art, où se côtoient brasserie, pâtisserie, café artistique<br />
et galerie d’art présentant la collection de Peter Rodrigues. On y rencontre parfois de jeunes<br />
artistes belges, même si la place manque pour des installations comme le crash d’avion de<br />
Rinus Van de Velde et la tribune de Kelly Schacht. Treize de Flandres en est la première grande<br />
exposition temporaire. Le collectionneur a invité treize artistes féminines, parmi ses ‘‘coups<br />
de cœur’’. Il a ainsi acquis les œuvres de dix d’entre elles. Ces dernières, qui présentent de<br />
nouvelles créations en dialogue avec celles de la collection, sont Nel Aerts, Leyla Aydoslu, Elke<br />
Andreas Boon, Rut Buelens, Silke Catteeuw-De Smul, Louise Delanghe, Liza François, Karin<br />
Hanssen, Ilse Monkerhey, Kelly Schacht, Griet Troch, Sharon Van Overmeiren et Ada Van<br />
Hoorebeke. (cv)<br />
64
Sélection Galeries<br />
Léon Devos.<br />
Peintre de la joie<br />
jusq. 02-06<br />
Lancz Gallery<br />
Bruxelles<br />
www.lanczgallery.be<br />
Herman Asselberghs.<br />
Time Wasted<br />
jusq. 30-06<br />
Argos<br />
Bruxelles<br />
www.argosarts.org<br />
Léon Devos (1897–1974) place son activité créatrice sous le signe d’une forme particulière<br />
de bonheur qui consiste à ressentir des impulsions intuitives et à les traduire<br />
plastiquement, sans littérature, sans rejet des matériaux traditionnels et sans<br />
remise en question du monde. En lui, s’impose une volonté quasi obsessionnelle<br />
de manifester son enthousiasme pour les épidermes humains accrochant bien la<br />
lumière ou encore pour la matité ou la brillance de surfaces végétales et minérales.<br />
Par l’utilisation d’une technique éprouvée, brillante et sensuelle, par un sens<br />
inné de la composition et des rythmes, Léon Devos offre à ses contemporains un<br />
modèle permanent de peinture pure et généreuse. D’un coup d’œil, le peintre voit<br />
comment ordonner un ensemble. Et comme il ordonne ses objets, il ordonne ses<br />
couleurs, faisant se confronter des teintes saines, franches et appétissantes. (gg)<br />
Léon Devos, Nu endormi, 1935, huile sur toile, 60 x 100 cm. © Lancz Gallery – Prix : entre 3.000 et<br />
25.000 €<br />
Au cours des dernières décennies, Herman<br />
Asselberghs (1962) a méticuleusement construit<br />
une œuvre audiovisuelle internationalement<br />
diffusée, dont le travail se concentre sur le<br />
questionnement des relations complexes entre<br />
son et image, monde et médias, poétique et<br />
politique. Avec cette exposition monographique,<br />
l’artiste bruxellois présente quatre<br />
nouvelles œuvres : Time Wasted s’inspire de la<br />
formation en cinéma sur le campus bruxellois<br />
de LUCA, où l’artiste travaille depuis un quart<br />
de siècle. La proposition de réaliser un documentaire<br />
de format cinéma, dans et autour de<br />
l’école, s’est transformée, au bout de quatre<br />
ans, en trois œuvres cinématographiques sous<br />
forme d’installation, réalisées avec des jeunes<br />
diplômés, et une publication qui peut être<br />
emmenée par le visiteur. La question initiale<br />
des différences et des similarités, entre la salle<br />
de classe et le cinéma, a graduellement laissé la<br />
place à la question de l’attention, qu’il n’est pas<br />
évident de susciter ou de maintenir. (gg)<br />
Herman Asselberghs, Leçon d’objet - Object Lesson 11,<br />
image tirée du documentaire. © de l’artiste<br />
Nouvel espace pour Ibasho<br />
du 16-05 au 16-06<br />
IN-DEPENDANCE<br />
Anvers<br />
www.in-dependancegallery.com<br />
A Anvers, Ibasho continue de miser sur la photographie japonaise, ou inspirée du Japon, avec une<br />
exposition monographique de Naohiro Ninomiya. Une autre aventure débute, en même temps,<br />
avec le nouvel espace IN-DEPENDANCE. L’inauguration officielle, en septembre, est précédée<br />
d’une ouverture pendant l’Antwerp Art Weekend afin de faire découvrir l’espace et l’exposition<br />
Where Silence Meets Me d’Elizabeth Alderliesten (1972) et Vera van Almen (1986), deux talents<br />
néerlandais. La première vit à Anvers et expose des images en noir et blanc de la série Remember<br />
Who You Once Were. Plantes, paysages, corps, souvent fragmentaires : il s’agit d’une quête<br />
de l’identité originelle. La seconde explore également le potentiel de la photographie, mais sans<br />
appareil photo. Une façon pour les deux artistes d’étreindre le silence. (cv)<br />
Elizabeth Alderliesten, Viola, 2021. © de l’artiste / Courtesy IN-DEPENDANCE – Prix : œuvres d’Alderliesten :<br />
de 925 à 5.000 €, œuvres de Van Almen : de 700 à 11.000 €<br />
65
Sélection Galeries<br />
Premier solo belge pour<br />
Kevin Osepa<br />
du 16-05 au 29-06<br />
Stieglitz 19<br />
Anvers<br />
www.stieglitz19.be<br />
Denis<br />
De Gloire<br />
jusq. 09-06<br />
Galerie Azur<br />
Spa<br />
www.galerieazur.be<br />
Photographie,<br />
film<br />
et installations,<br />
Kevin<br />
Osepa (1994)<br />
connaît une<br />
ascension<br />
fulgurante<br />
avec ses<br />
images<br />
lourdes de<br />
sens qui<br />
montrent<br />
souvent de<br />
jeunes Afroantillais<br />
dans<br />
le présent<br />
postcolonial :<br />
« Mon œuvre<br />
jongle en<br />
continu avec<br />
le présent et<br />
le passé. ».<br />
Il est né et<br />
a grandi sur l’île de Curaçao, qui appartenait jusqu’en 2010 aux Antilles néerlandaises.<br />
En 2017, il terminait ses études de photographie aux Pays-Bas, où il<br />
réside aujourd’hui. En 2022, son premier court-métrage La Última Ascensión était<br />
récompensé par un Veau d’Or et acquis par le musée Boijmans Van Beuningen.<br />
En 2023, il remportait deux prestigieux prix néerlandais. Selon le texte de<br />
l’exposition, il ambitionne de transformer la galerie Stieglitz 19 en maison remplie<br />
d’histoires afro-spirituelles. Par le biais de récits populaires, d’histoires de<br />
fantômes et de rituels, il étudie l’identité actuelle de l’île. Les histoires recueillies<br />
sur place sont nourries d’expériences et d’interprétations personnelles. Il tente<br />
ainsi d’établir un lien entre son existence actuelle et un passé collectif souvent<br />
douloureux. (cv)<br />
La puissance<br />
des<br />
œuvres<br />
de Denis<br />
De Gloire<br />
(1959)<br />
réside dans<br />
cette énergie<br />
folle,<br />
qui happe<br />
notre<br />
regard et<br />
nous propulse<br />
dans<br />
un expressionnisme abstrait moins chaotique<br />
qu’il n’y paraît. Sous l’influence assumée de<br />
l’héritage de Jackson Pollock, l’étonnante profusion<br />
de couleurs, orchestrée autour de projections<br />
incroyablement méthodiques, captive<br />
et déroute. On se laisse prendre sans retenue<br />
au jeu d’une profondeur infinie, laissant notre<br />
imaginaire plonger dans une abondance<br />
de couleurs qui révèle, selon la lumière, des<br />
univers fascinants débordant d’énergie, de vie<br />
et de générosité. À propos de ses peintures, la<br />
critique d’art Stéphanie Grilli écrit : « Elles sont<br />
le résultat de vingt ans de peinture, mais aussi<br />
de vingt ans d’évolution. En commençant là où<br />
Jackson Pollock s’est arrêté, Denis De Gloire a<br />
donné à l’action painting un cachet qui lui est<br />
propre, une allure toute personnelle. » (gg)<br />
Denis De Gloire, All Over Sunday, 130 x 160 cm. © de<br />
l’artiste / Courtesy Galerie Azur – Prix : entre 1.000 et<br />
5.000 €<br />
Kevin Osepa, Untitled. © de l’artiste / Courtesy Stieglitz 19 - Prix : de 2.000 à 3.000 €<br />
Fearful Symmetry.<br />
Stefan Peters<br />
du 05-05 au 30-06<br />
Galerie Zwart Huis<br />
Bruxelles<br />
www.galeriezwarthuis.be<br />
Stefan Peters, Sans titre, 2023, huile et<br />
acrylique sur panneaux, 80 x 160 cm chaque.<br />
© de l’artiste / Courtesy Galerie Zwart Huis –<br />
Prix : de 2.500 à 15.000 €<br />
Le titre fait référence au poème The Tyger de William Blake dans lequel ‘‘Fearful Symmetry’’ fait<br />
allusion à la nature paradoxale du tigre, magnifique et effrayant. De même, ces paysages imaginaires<br />
sont à la fois vastes, terrifiants et d’une beauté écrasante. Tout comme le poème incite<br />
le lecteur à réfléchir à la dualité de la beauté et du mal dans le monde, les peintures de Stefan<br />
Peters obligent le spectateur à réfléchir aux résultats de l’activité humaine sur cette planète.<br />
Ces conséquences sont parfois magnifiques, avec des avancées technologiques et des réalisations<br />
architecturales stupéfiantes, parfois terrifiantes avec la destruction de la nature. L’artiste<br />
présente ici de nouvelles œuvres, dont une série de diptyques qui peuvent être exposés, à la<br />
fois horizontalement et verticalement. Autre particularité de ces œuvres, les deux panneaux<br />
ont toujours été peints simultanément, dans une symétrie apparemment parfaite de la main<br />
gauche et de la main droite. (gg)<br />
66
Parole de galeriste<br />
Annie Gentils Gallery – #063<br />
« La qualité prime<br />
pour moi, pas les<br />
tendances »<br />
Annie Gentils Gallery, fondée en 1985, est gérée par<br />
une femme, initiative pionnière dans le monde de<br />
l’art belge. Sa fondatrice suit sa propre voie depuis<br />
plus de 35 ans, une référence pour les collectionneurs<br />
soucieux de qualité.<br />
Durant votre carrière, vous avez<br />
travaillé avec un grand nombre<br />
d’artistes. Que recherchiez-vous<br />
chez eux ?<br />
« J’ai toujours recherché et<br />
exposé des artistes dont l’œuvre<br />
recèle une certaine dimension<br />
intellectuelle ou interculturelle.<br />
Nous privilégions les artistes<br />
conceptuels : autrefois Jacques<br />
Vieille (F), Pistoletto (I), Van<br />
Snick, Luc Deleu, Leo Copers ;<br />
plus tard, Marc Rossignol, Marc<br />
De Blieck, Marie Cloquet, Lise<br />
Duclaux, Wesley Meuris, Herman<br />
Van Ingelgem, Stefaan Dheedene<br />
ou Andrew Webb. Les<br />
œuvres spatiales, installations et<br />
réalisations tridimensionnelles<br />
ont d’emblée eu ma préférence.<br />
Je me suis ensuite intéressée<br />
davantage à la peinture, même<br />
si j’ai exposé très tôt Guy Van<br />
Bossche avec lequel nous avons<br />
repris une collaboration après<br />
trente ans d’interruption. Nous<br />
collaborons avec Marc Vanderleenen<br />
depuis 2009. Jacqueline<br />
Peeters est la dernière arrivée<br />
parmi les peintres de notre écurie.<br />
Kati Heck faisait partie aussi<br />
de ‘‘nos’’ artistes lorsque nous<br />
l’avons lancée en 2006. »<br />
Pouvez-vous nous en<br />
dire plus sur le processus<br />
organisationnel ?<br />
« Nous suivons évidemment<br />
les artistes de près, mais le<br />
devenir de leur évolution et<br />
la décision d’organiser une<br />
exposition dépend entièrement<br />
d’eux. Ils choisissent en général<br />
eux-mêmes les œuvres qu’ils<br />
souhaitent présenter au public.<br />
L’exposition constitue souvent<br />
l’étape finale d’une évolution<br />
à laquelle nous aspirons aussi.<br />
Dans la galerie, il s’agit d’un<br />
point final et, en même temps,<br />
d’un point de départ vers<br />
l’étape suivante de la carrière<br />
d’un artiste. »<br />
Quelle est la force d’une galerie<br />
établie ?<br />
« Mon expérience dans le<br />
monde de l’art remonte en fait à<br />
ma prime jeunesse : j’ai suivi de<br />
près la carrière de mon père, Vic<br />
Gentils. Je connais parfaitement<br />
cet ‘‘esprit artistique’’, la vie<br />
d’artiste et les éventuels caprices<br />
inhérents à cette expérience. J’ai<br />
trouvé, par exemple, regrettable<br />
que certains artistes choisissent<br />
de quitter la galerie. Ce n’est<br />
plus le cas aujourd’hui, mais<br />
cela signifie que mon travail<br />
n’était pas assez apprécié et la<br />
collaboration s’est donc arrêtée.<br />
La porte demeure ouverte à<br />
d’autres relations, et c’est très<br />
bien ainsi. Cela permet à la galerie<br />
de se renouveler et sa spécificité<br />
s’en trouve renforcée. Il n’y a<br />
pas, selon moi, d’inconvénients à<br />
exister ensemble dans la durée,<br />
sauf quand les artistes troquent<br />
le temporaire contre l’éternel.<br />
Si c’est déplorable sur un plan<br />
personnel, la gestion d’une succession<br />
signifie que la mort n’est<br />
parfois pas une fin, comme dans<br />
le cas d’Andrew Webb, décédé<br />
en février 2019. Nous avons ainsi<br />
Annie Gentils en 1986, dans les premières années de la galerie. © D. R.<br />
pu organiser une petite rétrospective<br />
au M HKA, ce qui n’avait<br />
pas pu avoir lieu de son vivant. »<br />
Estimez-vous qu’il soit<br />
nécessaire de regarder au-delà<br />
des frontières nationales ?<br />
« Il est crucial qu’un artiste avec<br />
lequel je travaille, à condition<br />
que son œuvre s’y prête, ait aussi<br />
une galerie à l’étranger, comme<br />
Marie Cloquet (Jason Haam à<br />
Séoul) et Wesley Meuris (Poggi à<br />
Paris). J’ai, dès le début, travaillé<br />
avec des artistes étrangers, mais<br />
le problème est, parce que je suis<br />
une galerie de promotion, le peu<br />
ou le manque d’intérêt de la part<br />
des commissaires, des musées<br />
ou du grand public lorsque<br />
j’invite ou expose des artistes de<br />
l’étranger. Ces expositions sont<br />
également très coûteuses. »<br />
Comment vous positionnezvous<br />
sur cette scène artistique<br />
en évolution constante ?<br />
« Nous nous sommes toujours<br />
situés à la ‘‘marge’’, car nous<br />
étions et sommes encore une<br />
galerie de premier marché. L’art<br />
que nous défendons n’est pas<br />
directement populaire et facile<br />
à assimiler. Lorsqu’un artiste<br />
gagne bien sa vie et qu’il est<br />
acquis par de nombreux collectionneurs,<br />
il se tourne parfois<br />
vers une galerie au rayonnement<br />
plus large. Suivant notre<br />
expérience, ce n’est pas toujours<br />
au profit de la qualité. Celle-ci<br />
est primordiale pour moi, pas les<br />
tendances, tout comme pour de<br />
nombreux collectionneurs. Je ne<br />
fais pas partie des coteries anversoises,<br />
ni hier, ni aujourd’hui.<br />
Je tiens trop à mon indépendance<br />
et ne souhaite pas trop<br />
dépendre de prétendus ‘‘papes’’<br />
de l’art. Comme Frank Demaegd<br />
de Zeno X l’a déclaré en mettant<br />
la clé sous la porte : une galerie<br />
est un projet très personnel.<br />
Je désire que ma galerie vive<br />
encore un certain temps, car<br />
c’est l’œuvre de ma vie et je<br />
pense que je m’en sors bien. Je<br />
ne souhaite toutefois pas que<br />
mes enfants suivent mes traces<br />
parce que ce n’est pas possible.<br />
Ils choisiront eux-mêmes la voie<br />
qu’ils souhaitent emprunter. La<br />
mienne, entamée dans les années<br />
1980, n’a pas été aisée et ne<br />
l’est d’ailleurs toujours pas. Je me<br />
réjouis de l’intérêt grandissant<br />
pour les contributions d’artistes<br />
féminines. Il serait agréable que<br />
le travail de galeristes féminines<br />
(qui n’ont pas de gros capitaux)<br />
soit davantage apprécié. »<br />
Bow A Head, exhibition<br />
curated by Tamara Beheydt<br />
& Guy Van Bossche<br />
du 16-05 au 14-07<br />
Annie Gentils Gallery<br />
Anvers<br />
www.anniegentilsgallery.com<br />
67
Agenda Galeries<br />
Une oeuvre d'Emmanuelle Castellan. © de l'artiste / Courtesy La Verrière Hermès, Bruxelles<br />
Antwerpen<br />
Annie Gentils Gallery<br />
△ Bow A Head<br />
16-05 till 14-07<br />
△ Wesley Meuris.<br />
Preferability<br />
til 05-05<br />
Art Partout<br />
△ Mathieu V; Staelen.<br />
Sustainable Love 4 Life<br />
till 21-05<br />
Fred&Ferry<br />
△ Leyla Aydoslu. Helene<br />
Müllers Balcony<br />
till 04-05<br />
Galerie Art Forum<br />
△ Ena Lindenbaur en<br />
Bruno Guihéneuf<br />
till 28-06<br />
Galerie De Zwarte<br />
Panter<br />
△ Michael Bastow -<br />
Mugo - Fres Bervoets<br />
till 23-06<br />
Mia-Art Gallery<br />
△ Beyond The Lines<br />
till 04-05<br />
Nadya Kotova Gallery<br />
Antwerpen<br />
△ Jean Philippe Duboscq.<br />
Taras yoom. Jolie Alien<br />
till 31-05<br />
PONTI<br />
△ Ellen Meers & Maxim<br />
Renard<br />
till 04-05<br />
Ronny Van De Velde<br />
△ J.J. Grandville (1803-<br />
1847)<br />
till 14-07<br />
Tim Van Laere Gallery<br />
△ Marcel Dzama. Wild<br />
Kindness<br />
till 11-05<br />
FOMU<br />
△ Dirk Braeckman.<br />
Echtseit<br />
till 19-01-2025<br />
Newchild Gallery<br />
△ The Salt of Two Seas<br />
till 08-05<br />
Stieglitz 19<br />
△ From The Back. Vue<br />
de Dos<br />
till 11-05<br />
Baardegem<br />
De Loereman<br />
△ Fragiel & Solido<br />
till 11-05<br />
Brugge<br />
Galerie Pinsart<br />
△ Mieke Teirlinck. Where<br />
are we now?<br />
till 19-05<br />
Brussels<br />
Almine Rech<br />
△ Ryoji Ikeda<br />
06-06 till 27-07<br />
△ Chloe Wise. Torn Clean<br />
till 25-05<br />
Atelier Triphasé<br />
△ ORA<br />
till 05-05<br />
Ballon Rouge<br />
△ Lucie Mercier. I'm Just<br />
A Girl<br />
till 18-05<br />
Baronian / Isidore<br />
Verheyden<br />
△ Seyni Awa Camara.<br />
Shaping Spirits<br />
till 01-06<br />
Baronian/ Concorde<br />
△ Baronian invites<br />
Parliament Gallery<br />
till 01-06<br />
Belfius Art Gallery<br />
△ inspired by Love<br />
till 22-06<br />
Bernier Eliades<br />
△ Martin Margiela<br />
till 11-05<br />
Bruno Matthys Gallery<br />
△ Rétro Mania<br />
till 18-05<br />
Centre D'Art De<br />
Rouge-Cloître<br />
△ Bara prend le large, du<br />
comic strip à la peinture<br />
till 26-05<br />
Chez Olivia<br />
△ Elodie Antoine.<br />
Souplesses<br />
16-05 till 06-07<br />
Contretype<br />
△ Kryztal. Sébastien<br />
Reuzé & Sybren<br />
Vonoverberghe<br />
till 07-07<br />
Damien & the Love<br />
Guru<br />
△ Melanie Kitti & Mickael<br />
Marman<br />
till 29-06<br />
dépendance<br />
△ Haegue Yang<br />
till 25-05<br />
Elevensteens<br />
△ Alchemist<br />
till 26-05<br />
Esther Verhaeghe<br />
△ Sabine Tress. JIGGY<br />
till 30-05<br />
Galeria Jaqueline<br />
Martins<br />
△ Jota Mombaca.<br />
Saberà/The Daughters of<br />
The Driest Rain<br />
till 11-05<br />
△ Suzanne Themlitz.<br />
Boiler Room with Galeria<br />
Vera Cortês<br />
till 25-05<br />
Galerie de la<br />
Béraudière<br />
△ A private collection of<br />
photographs. human<br />
beings by ann Ray<br />
till 28-06<br />
Galerie La Patinoire<br />
Royale Bach<br />
△ Hell'O. Icons<br />
till 18-05<br />
△ Casper Brindle.<br />
California Light<br />
till 08-06<br />
△ Thomas Devaux. Cet<br />
Obscur Objet du Désir<br />
till 27-07<br />
Galerie Martine<br />
Ehmer<br />
△ Jef Aérosol. Au bord<br />
des mots<br />
till 05-05<br />
Galerie Nathalie<br />
Obadia<br />
△ Romana Londi<br />
till 25-05<br />
Galerie Partage<br />
△ Marie-Christine Penelle<br />
& Stéphanie Penelle<br />
till 26-05<br />
Galerie Templon<br />
△ Abdoulaye Konaté.<br />
L'âme des signes<br />
till 15-06<br />
Galerie Zwart Huis<br />
△ Stefan Peters. Fearful<br />
Symmetry<br />
05-05 till 30-06<br />
Gallery Nosco<br />
△ Magdalena Fernández.<br />
Pintura Móvile<br />
til 15-06<br />
Gallery Sofie Van den<br />
Bussche<br />
△ Griet Dobbels. On a<br />
zéro en histoire<br />
till 19-05<br />
Gauli Zitter<br />
△ Josefine Reisch.<br />
Pseudo<br />
till 01-06<br />
Hangar<br />
△ Unique. Beyond<br />
photography<br />
till 08-06<br />
Harlan Levey Projects<br />
△ Emmanuel Van der<br />
Auwera. Studio II: Nine<br />
Florida Stories<br />
till 15-06<br />
68
△ Ella Littwitz. The day<br />
the Sky Hung Low<br />
till 15-06<br />
Hubert & Breyne<br />
Gallery<br />
△ Bastien Vivès. Héritage<br />
till 11-05<br />
△ BXL<br />
17-05 till 15-06<br />
Irène Laub Gallery<br />
△ Nina Tomàs Candy<br />
Floss Planet<br />
till 01-06<br />
△ Tatiana Wolska<br />
till 02-06<br />
Jan Mot<br />
△ Philippe Thomas<br />
till 18-05<br />
KIN<br />
△ Michaël Van den<br />
Abeele<br />
till 25-05<br />
La Galerie Esther<br />
Verhaeghe<br />
△ Sabine Tress. Jiggy<br />
till 30-05<br />
La Peau De l'ours<br />
△ Francois Bauer. Le<br />
jardin extraordinaire<br />
05-05 till 06-07<br />
La Verrière<br />
△ Emmanuelle Castellan.<br />
Spektrum<br />
16-05 till 27-07<br />
Lancz Gallery<br />
△ Leon Devos. Peintre<br />
de la joie<br />
till 02-07<br />
L'Enfant Sauvage<br />
△ Isabelle Vaillant<br />
till 19-05<br />
LMNO<br />
△ Pep Vidal<br />
till 18-05<br />
Marc Minjauw Gallery<br />
△ Eric luc Maquet. Envol<br />
Onirique<br />
till 04-05<br />
Maruani Mercier<br />
△ Hermann Nitsch.<br />
Das Orgien Mysterien<br />
Theater<br />
till 01-06<br />
Meessen<br />
△ Benoit <strong>Mai</strong>re. Pierrots<br />
till 01-06<br />
Mendes Wood DM<br />
△ Paulo Monteiro. The<br />
color of distance<br />
till 18-05<br />
Michèle Schoonjans<br />
Gallery<br />
△ Amélie Scotta. End<br />
Paper<br />
05-05 till 29-06<br />
Nausbaum Reding<br />
Bruxelles<br />
△ Stefaan De Croock. In<br />
Limbo<br />
till 13-07<br />
Nino Mier<br />
△ André Butzer & Adrian<br />
Altintas<br />
till 08-06<br />
△ Mònica Subidé<br />
till 08-06<br />
Pierre Marie Giraud<br />
△ Masaomi Yasunaga<br />
till 01-06<br />
Rodolphe Janssen<br />
△ Genesis Belanger. One<br />
more good day<br />
till 18-05<br />
Spazio Nobile<br />
△ Asa Jungnelius, solo<br />
show - Desire Utensil<br />
Container<br />
till 16-06<br />
Stems Gallery<br />
△ Pharaoh Kakudji. Amor<br />
a mor<br />
till 01-06<br />
Studio 84<br />
△ Ferran Sanchez Castillo<br />
till 19-05<br />
Wouters<br />
△ Guardians<br />
till 01-06<br />
Wouters Sablon<br />
△ Anna Zemánková<br />
till 04-05<br />
Xavier Hufkens<br />
△ Nick Cave. The Devil<br />
A Life - Zhang Enli. A<br />
Traveller<br />
till 11.05<br />
△ Joan Semmel. An<br />
Other View<br />
till 15-06<br />
Galerie Albert Ier<br />
△ Jivko. Bronzes<br />
till 05-05<br />
Galerie Emilie Dujat<br />
△ Marc Vandewalle.<br />
Urbex<br />
till 11-05<br />
Gallerie La Forest<br />
Divonne<br />
△ Jean-Bernard Metais.<br />
Résonnance<br />
till 11-05<br />
Michel Rein<br />
△ Christian Hidaka.<br />
Godo<br />
till 18-05<br />
Stieglitz 19<br />
△ Chad Moore. Oh, You<br />
till 18-05<br />
Charleroi<br />
Galerie Jaques<br />
Cerami<br />
△ Vincen. Beeckman.<br />
Vincen Notre Histoire<br />
till 15-06<br />
Diest<br />
Putttenaers Gallery<br />
Bar Antik<br />
△ Elien Jansen. Feminine<br />
essence<br />
till 26-05<br />
Durbuy<br />
Galerie Brachot<br />
△ Poker Face<br />
till 30-06<br />
Gent<br />
Francis Maere Fine<br />
Arts Gallery<br />
△ Isidoor Goddeeris. BUZZ<br />
till 12-05<br />
galerie s. & h. de buck<br />
△ Frozen reality<br />
05-05 till 31-05<br />
Galerie St-John<br />
△ Kabinet 2.Elex Michels.<br />
Ladscapes/Mindscapes.<br />
Works 1999-2023<br />
till 19-05<br />
Rufus Gallery<br />
△ Stien Bekaert<br />
till 12-05<br />
Zebrastraat<br />
△ Belvédère. Marie Cloquet<br />
till 08-06<br />
Grand-Leez<br />
Centre d'Art Exit11<br />
△ Fragile<br />
09-06 till 04-08<br />
△ Impressions#3<br />
till 02-06<br />
Kalmthout<br />
Kloser Contemporary<br />
Art<br />
△ Kiro Urdin<br />
till 12-05<br />
Knokke<br />
Maruani Mercier<br />
△ Arne Quinze. The<br />
forbidden paradise<br />
till 21-05<br />
QG Knokke<br />
△ L'art et son concept ıı<br />
till 30-06<br />
Stephane Simoens<br />
△ David Murphy. Never<br />
Even<br />
till 13-05<br />
Knokke-Heist<br />
De Brock Gallery<br />
△ David Ostrowski<br />
till 30-05<br />
Guy Pieters Gallery<br />
△ Koen Vanmechelen<br />
- Bernar Venet - Karel<br />
Appel. Paintings 1958-<br />
1983 - Paul Delvaux.<br />
Early watercolours and<br />
drawings from a private<br />
collection<br />
till 13-05<br />
Kortrijk<br />
rhizome_<br />
△ Francis Vanhoonacker.<br />
The nearest exit may be<br />
behind you<br />
till 05-05<br />
Liège<br />
Galerie Christine<br />
Colon<br />
△ Mutantx<br />
till 05-05<br />
Galerie Les Drapiers<br />
△ Intangibles. Les<br />
Aethers & Claire Williams<br />
till 11-05<br />
Louvain-la-<br />
Neuve<br />
Escpace 001<br />
△ Matière Grise<br />
till 05-05<br />
Meerhout<br />
Tarmac<br />
△ Bow A Head<br />
04-05 till 26-05<br />
Merelbeke<br />
Sofacq Gallery<br />
△ Treize de Flandres<br />
08-05 till 26-05<br />
Mons<br />
Espace Culturel<br />
△ Nadine Fiévet<br />
till 19-05<br />
Galerie de l'Atelier<br />
des capucins<br />
△ Nadine Fiévet<br />
till 12-05<br />
Oosteeklo<br />
William Wauters<br />
Galerie<br />
△ Nico De<br />
Guchtenaere<br />
till 05-05<br />
Oostende<br />
Galerie du Rat Mort<br />
△ Tekeningen van<br />
Roland Devolder<br />
till 30-08<br />
Sint-<br />
Martens-<br />
Latem<br />
Gallery Ysebaert<br />
△ Steven Peters<br />
Caraballo. The Vorce<br />
23-05 till 30-06<br />
Spa<br />
Galerie Azur<br />
△ Denis De Gloire<br />
till 09-07<br />
Wijnegem<br />
Axel Vervoordt<br />
Gallery<br />
△ Layered<br />
Realities, Group<br />
Exhibition - Inspired<br />
by the work of Mario<br />
Schifano<br />
till 25-05<br />
Terrace Gallery<br />
△ Angel Vergara. What<br />
happens<br />
till 31-08<br />
Une oeuvre de Masaomi Yasunaga, à voir chez Pierre Marie Giraud, Bruxelles. © de<br />
l'artiste<br />
△ Que reste-t-il<br />
11-08 till 22-09<br />
△ Bioscope<br />
29-09 till 27-10<br />
Envoyez vos informations, pour les<br />
mois de juin à août, à collect@ips.be<br />
avant le 5 mai !<br />
69
Emiel<br />
Veranneman<br />
Coloré, poétique et robuste<br />
Avec ses créations colorées, Emiel<br />
Veranneman a offert un nouveau<br />
souffle à la création mobilière<br />
flamande. Ses meubles, en édition<br />
limitée, se sont retrouvés dans les<br />
intérieurs d’amis artistes, ministres<br />
et industriels. Alors que de rares<br />
pièces trouvent acquéreur pour des<br />
sommes considérables, l’œuvre<br />
n’en demeure pas moins sousévaluée,<br />
comme celle de nombreux<br />
Belges.<br />
TEXTE : ELIEN HAENTJENS<br />
La vie d’Emiel Veranneman (1924-<br />
2004) ne fut guère ordinaire. Il travaillait<br />
comme architecte d’intérieur<br />
pour le compte de riches clients<br />
dans le monde entier, dirigeait une galerie<br />
d’art et concevait ses propres meubles. S’il<br />
caressa d’abord l’ambition, après ses études,<br />
de créer des meubles en série, il se heurta à<br />
une industrie rétrograde. En étroite collaboration<br />
avec un menuisier, il lançait donc<br />
des armoires en édition limitée. Pieterjan<br />
Deblauwe, collectionneur et architecte<br />
d’intérieur : « Comme il travaillait sur commande,<br />
chaque exemplaire n’a pas été véritablement<br />
produit. Il ne reste que quatre<br />
exemplaires connus à l’heure actuelle de<br />
l’armoire jaune citron, notamment dans la<br />
collection du musée du Design de Gand ».<br />
Après sa formation d’architecte à Gand,<br />
Emiel Veranneman part étudier à La<br />
Cambre à Bruxelles. Si Henry van de Velde<br />
n’y enseigne déjà plus, sa vision artistique<br />
y est toujours vivace et il y revient régulièrement<br />
pour y examiner, entre autres,<br />
les œuvres de Veranneman. S’inspirant du<br />
célèbre adage ‘‘la forme suit la fonction’’, ce<br />
dernier invente des meubles originaux, robustes<br />
et colorés, se qualifiant d’« apprenti<br />
spirituel de Van de Velde ». En dépit de<br />
leur asymétrie apparente, ses tiroirs sont<br />
parfaitement fonctionnels. Dries Vanlandschoote,<br />
marchand de mobilier vintage :<br />
« Pour produire ces armoires ingénieuses, il<br />
travaillait avec les maîtres menuisiers d’un<br />
atelier de Courtrai. Ces meubles réalisés<br />
Les meubles solides<br />
de Veranneman,<br />
aux lignes épurées,<br />
s'inscrivent dans la<br />
tradition artistique<br />
flamande<br />
en chêne ou frêne massif sont donc très<br />
difficiles à contrefaire. » Ces constructions<br />
robustes, aux lignes épurées, s’inscrivent<br />
dans la tradition artistique flamande. La<br />
robustesse évoque, non seulement, les traditionnels<br />
meubles malinois, mais aussi les<br />
expressionnistes flamands, tel son oncle<br />
Constant Permeke. Le critique d’art Ludo<br />
Bekkers a un jour écrit : « les meubles du<br />
même paysage primitif que celui glorifié<br />
par Permeke semblent avoir grandi » et<br />
« présentent les même traits puissants,<br />
durs et authentiques ». Veranneman<br />
parvint toujours à conférer à ses meubles<br />
une certaine légèreté, grâce à l’assemblage<br />
ingénieux des divers éléments.<br />
70
Armoire haute bleue (détail), 1972, pièce unique,<br />
bois laqué, 143 x 68 cm. © Courtesy Dries<br />
Vanlandschoote / photo : Jana Pollet<br />
71
Si ses tiroirs<br />
paraissent<br />
asymétriques, ils<br />
sont pourtant<br />
parfaitement<br />
fonctionnels.<br />
NOUVELLES FORMES<br />
L’œuvre d’Emiel Veranneman se compose<br />
en substance de trois périodes. Au<br />
début des années 1950, il remporte divers<br />
concours qui, dans le cadre du Plan Marshall,<br />
doivent encourager la mise en place<br />
d’une société de consommation moderne.<br />
En dépit de ses succès, il atteint très vite<br />
les limites des modèles à standardiser et<br />
de l’ouverture d’esprit de l’industrie du<br />
meuble. En 1952, il déclarait à ce propos :<br />
« Des groupes comme Nieuwe Vormen<br />
ont, par bonheur, déjà produit aujourd’hui<br />
pareilles œuvres et déploient des efforts<br />
infatigables pour obtenir, avec des moyens<br />
simples et donc à des conditions avantageuses,<br />
un effet susceptible de satisfaire les<br />
personnes les plus difficiles : pourtant, ils<br />
ne reçoivent pas d’encouragement suffisants<br />
de la part des fabricants de meubles<br />
qui s’obstinent à conserver les modèles<br />
anciens, traditionnels, et refusent de faire<br />
le moindre sacrifice en faveur de nouvelles<br />
formes contemporaines. » Entretemps,<br />
Veranneman s’est plongé dans la philosophie<br />
zen et la dynastie chinoise des Ming,<br />
concevant pour le maître zen japonais<br />
Oshawa diverses salles de sport en Europe.<br />
Il se rend aussi célèbre par l’aménagement<br />
de salons de coiffure pour Ciné Coiffure<br />
et de quinze magasins pour les Filatures<br />
des 3 Suisses. Après avoir créé une série<br />
d’armoires uniques, en bois massif, mais<br />
aussi la célèbre chaise Osaka, il s’aventure<br />
dans une ligne plus commerciale. En 1958,<br />
ses œuvres sont exposées au palais des<br />
Beaux-Arts de Bruxelles, aux côtés des<br />
tableaux de son ami Octave Landuyt. A<br />
partir des années 1960, il crée pour ce dernier,<br />
mais aussi pour des artistes comme<br />
Bram Bogart, Roger Raveel et Emile Gilioli,<br />
des intérieurs complets. Alain Hens, galeriste<br />
: « Pour une exposition, j’ai associé<br />
les pièces de la collection d’un baron du<br />
textile de Renaix à une table de salon en<br />
bronze et à des lampes qui appartenaient<br />
jadis à Gilioli, à un tableau de Vic Gentils<br />
et à de l’art africain. Les lampes trouvèrent<br />
acquéreur, contrairement à la table de<br />
salon. Ce qui est un peu incompréhensible,<br />
car il s’agit d’une pièce unique en bronze<br />
pour laquelle Veranneman a collaboré<br />
avec Octave Landuyt. Alors que les œuvres<br />
de qualité égale de créateurs français se<br />
vendent très bien et pour des montants<br />
beaucoup plus élevés, celles des designers<br />
Armoire jaune citron, 1979, bois laqué. © Courtesy Dries Vanlandschoote / photo : Jana Pollet<br />
« Dans les catalogues<br />
qu'il publiait avec sa<br />
galerie, il associait<br />
volontiers ses<br />
meubles à des œuvres<br />
de Picasso, Miró ou<br />
Vasarely »<br />
PIETERJAN DEBLAUWE<br />
72
Table basse, 1964, de la collection d’Emile Giolioli, bronze, 109 x 47 cm. Courtesy Alain Hens<br />
belges demeurent sous-évaluées. En ce<br />
sens, j’estime qu’il n’y a pas de marché<br />
pour elles. Comme Veranneman travaillait<br />
exclusivement sur la base de projets, peu<br />
de ses œuvres atterrissent sur le marché.<br />
<strong>Mai</strong>s lorsque cela se produit, les maisons<br />
de vente fixent parfois des prix démesurément<br />
élevés, ce qui empêche ces pièces<br />
de se vendre et décourage les collectionneurs<br />
potentiels. De plus, aucune galerie<br />
ne représente pleinement ses œuvres, il n’y<br />
a eu aucune grande exposition rétrospective<br />
ni de catalogue raisonné de ses pièces.<br />
On ne sait pas toujours très bien ce qu’il a<br />
réalisé et son œuvre, qui recèle pourtant<br />
bien des qualités, demeure surtout connue<br />
des initiés. »<br />
TRANQUILLITÉ SENSUELLE<br />
S’il a dirigé une galerie à succès, avec des<br />
antennes avenue Louise à Bruxelles et à<br />
Kruishoutem, Verraneman a continué à se<br />
consacrer à sa propre création. Au début<br />
des années 1970, il évolue ainsi vers une<br />
forme plus ludique, avec des éléments<br />
colorés et graphiques qui irradient d’une<br />
sensuelle tranquillité. Ses meubles sur mesure<br />
accrochent le regard, mais peuvent<br />
Suivant l'adage "la forme suit la fonction",<br />
Veranneman a conçu des meubles originaux,<br />
robustes et colorés. Il se définisait lui-même<br />
comme "élève spirituel de Van de Velde"<br />
s’inscrire dans de nombreux intérieurs.<br />
Dries Vanlandschoote : « Lorsqu’une pièce<br />
se vend, elle atterrit chez des collectionneurs<br />
belges qui connaissent toute<br />
son histoire ou chez des Américains qui<br />
s’intéressent uniquement à la couleur et à<br />
la forme parce que cela convient parfaitement<br />
dans leur nouvel intérieur. » Compte<br />
tenu de la rareté de ses œuvres sur le marché,<br />
il n’est pas toujours facile de prévoir<br />
d’évolution de prix : « Fort de vingt ans<br />
d’expérience, j’ose affirmer que les pièces<br />
conservent leur valeur, à condition que<br />
vous les ayez payées au juste prix. Pour<br />
les œuvres précoces, des années 1950,<br />
en bois massif, fabriquées en édition très<br />
limitée, on débourse entre 5.000 et 30.000<br />
euros. Les modèles les plus embléma-<br />
73
Siège de la série Osaka, 1970, bois et cuir. © Courtesy Dries Vanlandschoote / photo : Jana Pollet<br />
« Alors que ds pièces équivalentes de designers<br />
français se vendent à des prix plus élevés, le<br />
travail des designers belges demeure sousévalué<br />
»<br />
ALAIN HENS<br />
tiques de cette période, de couleur unie,<br />
se vendent entre 10.000 et 30.000 euros.<br />
La valeur d’une œuvre exceptionnelle, à<br />
la provenance prestigieuse, dans un état<br />
irréprochable et reprise dans différentes<br />
publications peut atteindre 50.000 euros.<br />
Les pièces de mobilier des années 1960 et<br />
1970, à motifs géométriques, s’adjugent<br />
à des montants inférieurs. Les premiers<br />
sièges baquets, en bois exotique wenge<br />
et cuir, réalisée dans les années 1950,<br />
rapportent bien entendu davantage que<br />
leur version ultérieure, en cuir et acier. Le<br />
prix des fauteuils et sièges varient de 2.000<br />
à 6.000 euros. Le caractère vivant du bois<br />
influe sur la laque. Son état détermine sa<br />
valeur. Il est hors de question de restauration.<br />
Dans ses derniers meubles, Veranneman<br />
utilisait du plastique. Ces pièces ont<br />
aussi une valeur inférieure. » Pour Pieterjan<br />
Deblauwe, « le coût de la production<br />
elle-même, due entre autres à De Coene,<br />
était élevé, ce qui se répercute sur l’évolution<br />
de la cote. Veranneman réalisait en<br />
fait du design de collection avant la lettre.<br />
Dans les catalogues, publiés par sa galerie,<br />
il plaçait ses meubles aux côtés d’œuvres<br />
de Picasso, Miró ou Vasarely, pour la<br />
fondation duquel il a créé, dans le sud de<br />
la France, des chaises et un intérieur. La<br />
Galerie Patrick Fourtin, à Paris, s’intéresse<br />
aux œuvres de Veranneman et aussi à<br />
celles de son ami Pieter De Bruyne. <strong>Mai</strong>s<br />
leurs œuvres de grande qualité demeurent<br />
un secret belge. »<br />
74
« Pour une pièce d'une<br />
qualité exceptionnelle,<br />
de bonne provenance<br />
et sans dommage,<br />
incluse dans des<br />
publications, le prix de<br />
vente peut atteindre<br />
50.000 euros »<br />
DRIES VANLANDSCHOOTE<br />
Armoire bleu foncé, 1979, bois laqué, 150 x 63 cm. © Courtesy Dries Vanlandschoote / photo : Jana Pollet<br />
Dressoir, ca. 1960, chêne, 315 x 55 x 76 cm. Courtesy Alain Hens<br />
75
Après le Covid…<br />
Alberto Giacometti, Oiseau, dit communément Albatros (ca. 1937), sculpture d’applique, plâtre. Coutau-Bégarie, Paris, 30-10-2023. © Coutau-Bégarie – 3.965.000 €<br />
L'épisode du confinement lié<br />
à la pandémie a poussé les<br />
maisons de vente à réinventer le<br />
mode opératoire des enchères<br />
et à adapter leurs liens avec les<br />
acheteurs. Si le tout numérique n'a<br />
eu qu'un temps, il a eu un impact<br />
majeur sur la marché de l'art et sur<br />
tous ses acteurs.<br />
TEXTE : GILLES BECHET<br />
C'était il y a quatre ans. Cela semble<br />
déjà une éternité. Début 2020, le<br />
monde était balayé par la pandémie<br />
de Covid-19 et contraint<br />
au confinement. Dans l'incapacité d'organiser<br />
des enchères en salle, les maisons de<br />
vente se tournaient alors vers des ventes<br />
exclusivement en ligne. Dès le milieu des<br />
années 1990, le marché de l'art avait entamé<br />
sa transition vers le digital et beaucoup<br />
de maisons de ventes avaient adopté un<br />
système hybride qui leur a permis de passer<br />
au full digital sans trop de problèmes.<br />
Dans le dernier rapport d'Artprice, Thierry<br />
Erhmann, CEO d'Artmarket.com notait<br />
que cette migration vers le digital a été<br />
spectaculaire : « On a constaté un accroissement<br />
de 2700 % des annonces d'enchères<br />
sur Internet, et dans le même temps une<br />
augmentation de 810 % des ventes en live<br />
stream, entre 2019 et 2022. On n'attendait<br />
pas de tels chiffres avant 2025-2027 » Après<br />
l'euphorie, il y a eu l'inévitable descente.<br />
Comme le note le dernier rapport Art Basel<br />
UBS, après le peak de 2020, la proportion<br />
de ventes live-only était en 2022 de 16 % du<br />
marché total, soit une diminution de 4 %<br />
par rapport à 2021 et de 9 % par rapport à<br />
2020. Il n'en reste pas moins qu'aujourd'hui,<br />
on peut dire qu'il y a eu un marché de l'art<br />
avant et un après le Covid. Contraints de<br />
faire les premiers pas, les acheteurs en ont<br />
très vite fait une habitude qui, chez certains,<br />
s'est muée en addiction.<br />
RÉVOLUTION<br />
De nouveaux acheteurs ont été séduits,<br />
notamment parmi les digital natives. « On a<br />
eu des progressions de 200 % par an sur les<br />
ventes online. Dès 2023, on a eu neuf fois plus<br />
de comptes comparé à 2019. Aujourd'hui,<br />
on a 1,5 million de comptes sur Drouot.com.<br />
76
« Si on faisait 60 à 70<br />
lots par heure avant la<br />
pandémie, on en fait<br />
aujourd'hui 40 à 50 »<br />
ALEXANDRE GIQUELLO<br />
Mary Cassatt, Portrait de jeune femme au chapeau<br />
blanc, 1879, huile sur toile. Ader, Paris, 24-11-2023. © Ader<br />
1.216.000 €<br />
Atelier de Joseph Deschamps, Deux groupes de jeunes filles portant des cornes d’abondance, groupes en<br />
plâtre patiné et rechampi d’or. Coutau-Bégarie, Paris, 19 & 20 02-<strong>2024</strong>. © Coutau-Bégarie – 205.400 €<br />
Ce n'est plus une petite évolution, c'est une<br />
révolution », précise Alexandre Giquello,<br />
commissaire-priseur habilité et président de<br />
Drouot.com. Si la plateforme a enregistré des<br />
connexions depuis des lieux aussi éloignés<br />
que la Nouvelle-Zélande ou l'Alaska, 58 % des<br />
acheteurs sont encore originaires de France,<br />
suivi par les acheteurs localisés aux USA, au<br />
Royaume Uni et en <strong>Belgique</strong>. Le mix entre les<br />
ventes physiques et les enchères online s'est<br />
largement généralisé : « On peut désormais<br />
enchérir depuis son canapé dans des conditions<br />
de fluidité et de rapidité qui n'ont rien à<br />
envier à celles de la salle. Quand vous arrivez<br />
à la tribune chez Drouot aujourd'hui, vous<br />
avez 80 personnes en salle et 800 derrière<br />
leur écran. » Si l'outil informatique a changé<br />
les habitudes des acheteurs, il a aussi demandé<br />
une adaptation du côté des commissaires-priseurs<br />
: « Sans contact visuel avec<br />
l'acheteur en ligne, on n'a pas de retour. Du<br />
coup, quand les gens réfléchissent, les ventes<br />
sont considérablement ralenties. Si on faisait<br />
60 à 70 lots par heure avant la pandémie, on<br />
en fait aujourd'hui 40 à 50. »<br />
RÉFLEXE ‘‘AMAZON’’<br />
Avec la dispersion géographique des<br />
acheteurs, de moins en moins enclins<br />
à se déplacer, la question du transport<br />
est devenue fondamentale : « Certains<br />
nouveaux clients ont une sorte de réflexe<br />
‘‘Amazon’’ : j'achète, je paie et je suis livré<br />
tout de suite. <strong>Mai</strong>s, en vente publique, ça<br />
ne fonctionne pas comme cela, puisqu'on<br />
ne peut pas délivrer de lot sans avoir la<br />
garantie absolue du paiement, ce qui peut<br />
parfois ralentir les choses. Derrière, il faut<br />
avoir un système de logistique très efficace,<br />
que l'on développe énormément via notre<br />
filiale Drouot Logistic, en tenant compte<br />
de l'inflation des tarifs des transporteurs,<br />
devenus incontournables. » Avec la mondialisation<br />
des échanges et transactions,<br />
Drouot.com est devenu un acteur global.<br />
En 2023, la plateforme a ainsi rassemblé 785<br />
maisons de vente, dont un tiers ne sont pas<br />
françaises et 56 originaires d'une dizaine de<br />
pays hors Union Européenne. Ceci étant,<br />
la plateforme est peu présente dans le<br />
monde anglo-saxon : « Nous sommes très<br />
forts en Europe, tandis qu’Invaluable est<br />
très forte aux Etats-Unis et en Angleterre.<br />
Ce sont deux marchés qui ont du mal à<br />
s'interconnecter. Et il reste très compliqué<br />
d’inverser la tendance. » Pour l'année en<br />
cours, Alexandre Giquello s'attend à une<br />
grande stabilité du marché : « Ce qui m'a<br />
marqué dans les mois qui ont précédé,<br />
c'est la grande résilience du marché, dans<br />
un contexte international très tendu. <strong>Mai</strong>s<br />
tout dépend de ce que l'on propose. Si une<br />
collection extraordinaire est mise en vente,<br />
elle trouvera preneur et cela va pousser les<br />
chiffres à la hausse. »<br />
SURFER<br />
www.drouot.com<br />
77
L’avis de l’experte<br />
Nathalie Van de Wiele, à propos du Neptune françois<br />
Carte Nouvelle de la Mer Méditerranée où sont Exactement Remarqués tous les Ports, Golfes, Rochers, Bancs de Sable & c à l’usage des Armées du Roy de la Grande<br />
Bretagne – Dressé sur les Mémoires les Plus Nouveaux par Romain de Hooge. – A Amsterdam chez Pierre Mortier Avec Privilège 1694 – Avec 38 vues de ports, 58,5 x 139 cm –<br />
échelle : 1 :5 mill. © Van de Wiele - Est. 40.000 €<br />
Le 25 mai, la salle brugeoise Van<br />
de Wiele Auctions mettra en vente<br />
Le Neptune françois, le plus bel et<br />
exceptionnel atlas des mers qui ait<br />
été édité au XVIIe siècle,<br />
à Amsterdam.<br />
TEXTE : BEN HERREMANS<br />
Pieter Mortier (1661-1711) était le<br />
fils d’un réfugié politique français.<br />
Dans le dernier quart du XVIIe<br />
siècle, il devint l’un des plus riches<br />
libraires d’Amsterdam et fit, avant tout,<br />
florès avec ses ouvrages géographiques. En<br />
1690, il eut le privilège d’éditer les cartes et<br />
atlas d’éditeurs français aux Pays-Bas. Le<br />
Neptune françois en est un parfait exemple.<br />
À la fin du XVIIe siècle, le ministre des<br />
finances de Louis XIV Jean-Baptiste Colbert<br />
(1619-1683) chargeait les Ingénieurs du Roi<br />
de dresser la carte des côtes européennes,<br />
de la Norvège au Finisterre portugais. Un<br />
groupe de mathématiciens et d’astronomes<br />
de l’Académie Royale des Sciences unit<br />
donc ses forces à celles d’hydrographes de<br />
la marine française. En résultait un atlas<br />
gravé de 29 pages, sorti des presses de<br />
l’Imprimerie Royale à Paris, en 1693. Le Neptune<br />
françois, sous-titré Atlas nouveau des<br />
cartes marines, levées et gravées par ordre<br />
exprés du roy, pour l’usage de ses armées<br />
de mer, reproduisant avec une précision<br />
extrême les hauts-fonds, bancs de sable,<br />
anses, états des marées, balises, mouillages<br />
et points d’amarrage. Lui était adjointe,<br />
une carte en trois parties, avec indication<br />
de l’échelle, fournissant une aide précieuse<br />
à la navigation. La rose des vents inscrite<br />
sur celle-ci renseigne que le Nord ne se<br />
trouve pas en haut, les côtes se déployant<br />
suivant la manière dont un bateau en suit<br />
les contours. « La cartographie française<br />
était le nec plus ultra de l’époque », souligne<br />
l’antiquaire et directeur Marc Van de Wiele.<br />
« Au XVIIe siècle, si les Pays-Bas donnaient<br />
le ton, les Français reprirent le flambeau au<br />
XVIIIe siècle et modernisèrent la cartographie.<br />
Louis XIV attira nombre de savants,<br />
ce qui suscita un formidable renouveau. »<br />
Le Neptune françois fut édité par Charles<br />
78
Pené, mais réalisé sous la responsabilité du<br />
géographe royal Alexis-Hubert Jaillot (1632-<br />
1712), coéditeur parisien de Pieter Mortier.<br />
CONTREFAÇON<br />
Entre 1693 et 1700, Pieter Mortier publiait,<br />
sous le même titre, une contrefaçon (pastiche).<br />
Son Neptune françois se compose<br />
de deux parties. La première imite les<br />
cartes françaises, mais comme il n’avait<br />
pas accès aux plaques de cuivre originales,<br />
il les fit graver à nouveau et adapter pour<br />
camoufler son plagiat. La partie française<br />
commence par une introduction et une<br />
table des matières avec le récapitulatif<br />
des 29 cartes reprises dans l’atlas, exhaustivité<br />
garantie. Dans la seconde partie,<br />
Atlas Maritime, Cartes Marines à l’usage<br />
du Roy de la Grande Bretagne, Mortier a<br />
ajouté neuf cartes des côtes françaises et<br />
néerlandaises, deux des côtes anglaises et<br />
la célèbre carte dépliante de la mer Méditerranée.<br />
Cette seconde partie constitue<br />
davantage un ornement décoratif qu’un<br />
instrument maritime. Une troisième partie,<br />
Suite du Neptune françois de 1700, fut exclue<br />
de la composition du Neptune françois.<br />
Elle contient des cartes d’eaux non-européennes<br />
que N.P. d’Ablancourt a copiées<br />
au départ d’originaux conservés dans les<br />
archives portugaises. Le Neptune françois<br />
paraît en juin 1693, à la fois en français,<br />
anglais et néerlandais. Les 38 cartes sont<br />
superbement colorisées à la main. Il s’agit<br />
de l’édition la plus coûteuse d’un atlas<br />
maritime à Amsterdam, au XVIIe siècle. Si<br />
Mortier réalisa son Neptune françois à Amsterdam,<br />
il conserva l’impressum de Jaillot et<br />
la page de titre mentionne Paris, argument<br />
de vente visiblement imparable.<br />
GLORIEUSE RÉVOLUTION<br />
Pieter Mortier a dédié Le Neptune françois<br />
à Guillaume III d’Orange. En 1688, lors de<br />
la Glorieuse Révolution, ce dernier montait<br />
avec son épouse (et nièce), Mary II Stuart,<br />
sur le trône d’Angleterre. En qualité de protestant,<br />
il prit part à diverses guerres contre<br />
le catholique Louis XIV, jusqu’à son décès en<br />
1702, des suites d’une chute de cheval. Il n’a<br />
laissé aucune descendance. Cet Atlas Maritime<br />
doit son exceptionnelle valeur avant<br />
tout à Romeyn de Hooghe (1645-1708), graveur<br />
baroque, caricaturiste majeur et prolixe<br />
(3.500 gravures à son actif). De père gantois,<br />
il employa jusqu’à trente-six assistants dans<br />
son atelier et s’est rendu célèbre par ses caricatures<br />
politiques de Louis XIV et son soutien<br />
propagandiste à Guillaume d’Orange.<br />
« Il est de<br />
notoriété publique<br />
que Le Neptune<br />
françois contenait<br />
les plus belles<br />
cartes de la mer<br />
Méditerranée de<br />
son temps. »<br />
NATHALIE VAN DE WIELE<br />
DOUBLE SUMMUM<br />
Fin mai, Van de Wiele Auctions mettra<br />
donc en ventes Le Neptune françois. Si<br />
l’identité du vendeur n’a pas été révélée, il<br />
s’agirait d’un industriel français et navigateur<br />
passionné qui a décidé de mettre<br />
de l’ordre dans ses affaires, car il estime<br />
plus aisé de partager une somme d’argent<br />
entre des héritiers qu’une œuvre de grande<br />
valeur. Nathalie Van de Wiele : « Cet atlas<br />
est mondialement connu. Il est de notoriété<br />
publique qu’il contenait les plus belles<br />
cartes de son temps relatives à la mer Méditerranée.<br />
Tout, à son époque, était colorisé à<br />
l’aquarelle. Une tache d’oxydation apparaît<br />
ici et là au revers de la page, due à une sorte<br />
d’acide inclus dans le papier confectionné à<br />
la main. Dans ce cas précis, on ne peut parler<br />
de détérioration. Ces taches témoignent<br />
plutôt de l’authenticité de l’atlas. Il arrive<br />
aussi de s’apercevoir que certaines cartes<br />
ont été colorisées à un stade ultérieur. Ici, le<br />
dépôt d’oxydation prouve que ce ne fut pas<br />
le cas, même si le risque de falsifications<br />
de ce type d’atlas est minime, les faux étant<br />
si coûteux à fabriquer que cela n’en vaut<br />
guère la peine. Ces cartes conservent aussi<br />
l’empreinte de la plaque de cuivre ayant occasionné<br />
une ligne aveugle. Dans le cas d’un<br />
fac-similé, c’est toujours mentionné. Les<br />
fac-similés n’ont du reste pas la profondeur<br />
de l’original. Dans le cas d’un atlas, il vaut<br />
mieux vérifier qu’il ne s’agit pas d’un pastiche.<br />
Le seul faux serait l’atlas en lui-même.<br />
Car une contrefaçon est comme un faux<br />
déguisé. Mortier n’a pas copié servilement<br />
des cartes, même pour éviter un plagiat. Il<br />
en a sensiblement amélioré la qualité : des<br />
cartouches plus beaux, mieux gravés, des<br />
vignettes avec des ornements baroques, des<br />
illustrations allégoriques et des blasons, des<br />
images d’anges ; des instruments de mesure,<br />
des panoramas... Pour la seconde partie,<br />
Pieter Mortier a travaillé avec l’éditeur<br />
Covens & Mortier, duo fondé par son deuxième<br />
fils Cornelis (1699-1783) et Johannes<br />
Covens (1697-1774). Covens & Mortier<br />
était, au XVIIIe siècle, le plus célèbre éditeur<br />
de cartes européen. Le format royal<br />
représente un atout supplémentaire. Pour<br />
obtenir ce type de format, il fallait disposer<br />
plusieurs feuilles l’une sur l’autre. <strong>Mai</strong>s sa<br />
valeur réside bien entendu dans ses cartes<br />
illustrées. Celles-ci constituent le summum<br />
de la cartographie néerlandaise, adaptation<br />
d’un joyau de la cartographie française. Les<br />
deux fusionnant ici en un double summum.<br />
» Qui sera le futur propriétaire de ce<br />
Neptune françois ? Nathalie Van de Wiele :<br />
« Un riche collectionneur de cartes et d’atlas,<br />
un amateur fasciné par la cartographie<br />
historique, de ce qui avait été découvert<br />
et pas encore à une époque déterminée.<br />
L’estimation basse est fixée à 40.000 euros.<br />
Soit un prix déjà conséquent. Peut-être cet<br />
atlas restera-t-il en <strong>Belgique</strong> ou aux Pays-<br />
Bas ? <strong>Mai</strong>s il pourrait aussi s’envoler pour<br />
l’Amérique, où il y a beaucoup de connaisseurs<br />
fortunés. Il y a également de riches<br />
collectionneurs en Chine, même si l’absence<br />
de la troisième partie – contenant les cartes<br />
du reste du monde – peut, en l’occurrence,<br />
constituer un handicap. À noter que les<br />
côtes de ce pays n’y figurent pas, mais peutêtre<br />
les Chinois y ont-ils moins intérêt qu’à<br />
celles de nos contrées ? »<br />
VENTE<br />
Van de Wiele Auctions<br />
Bruges<br />
le 25-05<br />
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79
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porcelaine de Meissen.<br />
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Sculpture en bronze à patine<br />
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Prix marteau : 4.400 €<br />
Groupe de sculptures<br />
en bronze patiné de José<br />
Vermeersch (1922-1997).<br />
Est. 1.200-1.500 €<br />
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Vase chinois en porcelaine<br />
polychrome Qianjiang cai.<br />
Est. 1.500-2.000 €<br />
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Fine paire de vases chinois<br />
en porcelaine Qianjiang et<br />
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Magnifique groupe, Chine,<br />
représentant un Immortel et<br />
des jeunes, corail rouge.<br />
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Rare collier de perles<br />
égyptiennes en argent par<br />
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Lambert.<br />
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Calice en argent et vermeil.<br />
Est. 400-500 €<br />
Prix marteau : 3.600 €<br />
Statue en bronze de<br />
Thésée et Bienor par<br />
Antoine-Louis Barye.<br />
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Salon serpent par Cassina, modèle DS 600, en cuir.<br />
Est. 3.000-4.000 €<br />
Prix marteau : 9.500 €<br />
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Focus<br />
International<br />
266.500 € (avec frais)<br />
Gustave Van de Woestyne,<br />
Adrienne De Zutter au violon,<br />
1920, huile sur toile, 208 x 110 cm.<br />
Aguttes OVV, Neuilly-sur-Seine,<br />
13-03. © Aguttes<br />
98.403 € (frais inclus)<br />
Isaak Soreau, Corbeille de raisins, fleurs dans un verre, noisettes, abricots et<br />
grenades sur un entablement, XVIIe siècle, huile sur panneau, 54,5 x 75 cm.<br />
Nantes Enchères Talma OVV, Nantes, 14-03. © Nantes Enchères<br />
123.500 € (frais inclus)<br />
Ecole flamande, Portrait d’une<br />
fillette de six mois, première moitié<br />
du XVIIe siècle, huile sur panneau,<br />
62,5 x 49 cm. Neumeister, Munich,<br />
20-03. © Neumeister<br />
ON A VENDU<br />
Belle enchère pour<br />
un portrait chez<br />
Aguttes<br />
Le 13 mars, chez Aguttes à Neuillysur-Seine,<br />
la vente Art impressionniste<br />
et moderne, qui mettait<br />
entre autres à l’honneur la scène<br />
belge, totalisait plus d’1 million<br />
d’euros (frais inclus). Dans leur<br />
ensemble, les amateurs ont<br />
apprécié le caractère inédit des<br />
œuvres et le travail de valorisation<br />
qui fut fait avant la vente. Un<br />
éclairage tout particulier avait été<br />
mis sur Adrienne De Zutter au<br />
violon, tableau de Gustave Van de<br />
Woestyne, exposé en avant-première<br />
à Bruxelles en contrepoint<br />
de la BRAFA. Son estimation de<br />
80.000-120.000 euros a été pulvérisée<br />
avec un résultat de près de<br />
267.000 euros (frais inclus). Cette<br />
huile sur toile, qui représente la<br />
fille de Marguerite Taelman et<br />
de Charles De Zutter, industriel<br />
du textile de la région de Gand,<br />
aura suscité une longue bataille<br />
d’enchères entre trois téléphones<br />
français et étrangers. Inspiré par<br />
les préraphaélites, Gustave Van<br />
de Woestyne (1881-1947) réalisa ce<br />
portrait de l’adolescente accompagnée<br />
de son violon. Adrienne<br />
épousera quelques années plus<br />
tard le neveu de l’artiste. Parmi les<br />
portraitistes belges les plus brillants,<br />
Gustave Van de Woestyne<br />
délivrait, ici, une œuvre à la fois<br />
majestueuse et irréelle.<br />
Une nature morte<br />
du XVIIe siècle<br />
double la mise à<br />
Nantes<br />
Isaak Soreau (1604-1644), né à<br />
Hanau, en Allemagne, et mort<br />
dans la même ville, appartenait au<br />
style artistique baroque et fut principalement<br />
actif durant la période<br />
classique au XVIIe siècle. Son<br />
travail, plutôt rare aux enchères et<br />
qui invite à la lecture d’un monde<br />
silencieux dans lequel la beauté de<br />
la vie éclot au rythme des détails<br />
qu’elle dévoile, ne fut redécouvert<br />
qu’au XXe siècle. Expertisée par le<br />
cabinet Turquin, et estimée entre<br />
40.000 et 60.000 euros, une nature<br />
morte de cet artiste protestant<br />
d’origine wallonne, qui fut actif<br />
à Anvers dans l’atelier de Jacob<br />
Van Hulsdonck, était proposée à<br />
Nantes, le 14 mars. Cette Corbeille<br />
de raisins, fleurs dans un verre,<br />
noisettes, abricots et grenades sur<br />
un entablement qui fleure bon<br />
les quatre saisons, avec ses fleurs<br />
printanières, ses fruits d’été et<br />
d’automne, ses libellules et ses<br />
papillons, était emportée 98.403<br />
euros avec les frais.<br />
Une fillette<br />
flamande<br />
enflamme<br />
Neumeister<br />
Deux amateurs faisaient preuve<br />
d’opiniâtreté, lors de la vente<br />
cataloguée organisée le 20 mars<br />
dernier à Munich en la salle<br />
Neumeister. De fait, ils se sont<br />
acharnés à enchérir sur le portrait<br />
anonyme d’une fillette de six<br />
mois, une école flamande de la<br />
première moitié du XVIIe siècle,<br />
estimée modestement entre<br />
3.000 et 5.000 euros, mais emportée<br />
finalement par un Belge à<br />
123.500 euros, soit plus de 40 fois<br />
l’estimation, contre un enchérisseur<br />
londonien. Il semblerait que<br />
l’acheteur final soit un marchand<br />
qui a peut-être reconnu la signature<br />
d’un grand atelier anversois.<br />
D’aucuns penchent pour le<br />
prestigieux cercle d’Antoine van<br />
Dyck, eu égard à l’habit et à la<br />
parure de la fillette, arborant un<br />
riche collier de corail rouge et qui<br />
agite un hochet d’argent sommé<br />
d’une dent de loup, privilège des<br />
hautes sphères aristocratiques<br />
de l’époque. Ce qui expliquerait<br />
le prix déboursé. Un allégement<br />
des vernis devrait percer à jour le<br />
mystère de cette œuvre.<br />
Un dessin de Van<br />
Dyck chez Christie’s<br />
A l’occasion de la semaine<br />
parisienne du dessin, Christie’s<br />
France présentait, le 20 mars, sa<br />
vente annuelle de Dessins anciens<br />
et du XIXe siècle. Cette année,<br />
aux côtés des œuvres sur papier<br />
du XVIe au XIXe siècles, la vente<br />
offrait également une sélection<br />
de terres cuites. La section des<br />
dessins comportait des œuvres<br />
des artistes les plus célèbres des<br />
écoles flamandes, néerlandaises,<br />
italiennes et françaises, tels<br />
Antoine van Dyck, Lambert Doomer,<br />
Giovanni Domenico Tiepolo,<br />
Georges Lallemand, Gustave<br />
Moreau ou Rosa Bonheur. Parmi<br />
les sculpteurs, on mentionnera<br />
Clodion, Bernard Lange et Christophe-Gabriel<br />
Allegrain. Au total,<br />
la vente générait 2,13 millions<br />
d’euros (frais inclus). Estimé<br />
entre 100.000 et 150.000 euros, un<br />
dessin à la pierre noire, rehaussé<br />
de blanc, sur papier gris (anciennement<br />
bleu), représentant Un<br />
moine franciscain, assis, levant<br />
les yeux, œuvre de l’Anversois<br />
Antoine van Dyck (1599-1641) était<br />
82
189.900 € (frais inclus)<br />
Antoine van Dyck, Un moine franciscain,<br />
assis, levant les yeux, pierre noire,<br />
rehaussé de blanc, sur papier gris,<br />
35,5 x 25 cm. Christie’s, Paris, 20-03.<br />
© Christie’s Images Ltd.<br />
181.183 $ (167.799 €)<br />
Une carte de visite signée de Steve Jobs, alors président<br />
d’Apple. RR Auction, Boston, 21-03. © RR Auction<br />
62.500 CHF (63.900 €)<br />
Cornelis van Cleve (atelier), Marie et l’Enfant<br />
Jésus, saint Jean-Baptiste et les anges, huile<br />
sur panneau, 63,7 x 51,2 cm. Koller, Zurich,<br />
22-03. © Koller<br />
finalement adjugé 189.900 euros.<br />
Une signature en<br />
or chez RR Auction<br />
Le gouvernement américain a<br />
beau avoir intenté, le jour même,<br />
une vaste action antitrust contre<br />
Apple, la réputation de l’entreprise<br />
reste quasiment irréprochable<br />
dans l’esprit des aficionados.<br />
Le 21 mars, la salle spécialisée<br />
de Boston, RR Auction, proposait<br />
ainsi une vente intitulée Steve<br />
Jobs and the Apple Computer<br />
Revolution. Six lots portaient la<br />
signature du fondateur de la<br />
firme à la pomme, décédé en<br />
2011. Deux d’entre eux partaient<br />
pour un montant à six chiffres.<br />
Le premier, une carte de visite de<br />
1983 avec la version arc-en-ciel<br />
du logo de l’octet d’Apple, était<br />
adjugé 181.183 dollars (frais inclus),<br />
pulvérisant sa modeste estimation<br />
de 10.000 dollars. Outre des<br />
memorabilia liés à son fondateur,<br />
figurait une carte Apple-1<br />
entièrement fonctionnelle, signée<br />
par le cofondateur Steve Wozniak.<br />
Connu sous le nom de numéro<br />
100, cet ordinateur personnel<br />
était l’un des premiers à ne pas<br />
nécessiter de soudure de la part<br />
de l’utilisateur final. Il était adjugé<br />
323.789 dollars.<br />
‘‘Sotte Cleef’’ fait<br />
florès chez Koller<br />
Les scènes bibliques suscitaient<br />
les plus âpres batailles d’enchères<br />
lors de la vente du 22 mars, à<br />
Zurich, chez Köller. Ainsi, une<br />
composition à l’huile de l’atelier<br />
de Cornelis van Cleve (1520-<br />
1567), intitulée Marie et l’Enfant<br />
Jésus, saint Jean-Baptiste et les<br />
anges, composition fréquemment<br />
produite par le peintre<br />
anversois, obtenait pas moins<br />
de 62.500 francs suisses (63.900<br />
euros), contre une estimation<br />
basse de 7.000 francs. Stylistiquement<br />
proche de son père, Joos<br />
van Cleve (1485-1540), auprès<br />
duquel il fut apprenti, Cornelis<br />
se laissa volontiers influencé par<br />
les maîtres italiens, notamment<br />
Andrea del Sarto (1486-1531), dont<br />
la présente composition s’inspire<br />
largement de la Madonna<br />
Corsini, très populaire au XVIe<br />
siècle. L’Anversois, qui finit sa vie<br />
dément, leur emprunta dégradés<br />
chromatiques et expressivité des<br />
visages. Emigré en Angleterre,<br />
sa production y fut abondante<br />
durant 14 ans, avant un retour<br />
forcé dans la métropole flamande<br />
pour cause de folie. D’où son<br />
surnom de ‘‘Sotte Cleef’’…<br />
Beau résultat pour<br />
Rops à Drouot<br />
Dans le cadre de la semaine<br />
parisienne du dessin, l’étude Ader<br />
proposait, le 22 mars à Drouot,<br />
une vente consacrée aux dessins<br />
de la Renaissance au XXe siècle.<br />
La vedette en était une œuvre de<br />
notre compatriote Félicien Rops<br />
(1833-1898). Inspirée du monde<br />
circassien, cette aquarelle intitulée<br />
Le Cirque : répétition était estimée<br />
entre 15.000 et 20.000 euros. Arrivé<br />
à Paris en 1874, Rops est attiré par<br />
l’atmosphère de liberté qui émane<br />
du cirque de Paris, dont il commence<br />
à fréquenter les coulisses.<br />
Plutôt que le point de vue du<br />
public, l’artiste a préféré immortaliser<br />
les équilibres précaires et les<br />
jolis corps dévêtus des circassiennes.<br />
Sa ‘‘répétition’’, dont une<br />
version est conservée au musée<br />
Rops de Namur, se hissait jusqu’à<br />
44.200 euros.<br />
Le surréalisme a la<br />
cote chez Bonhams<br />
Une importante huile sur panneau<br />
de l’artiste polonais Zdzislaw Beksinski<br />
atteignait 91.840 euros lors<br />
de la vente surréaliste organisée<br />
par Bonhams Cornette de Saint<br />
Cyr, le 27 mars à Paris. Cette vente<br />
de 90 lots réalisait un total de plus<br />
d’un million d’euros avec 85 %<br />
de lots vendus et 95 % de lots<br />
vendus en valeur. Emilie Millon,<br />
responsable du département d’art<br />
impressionniste et moderne de<br />
Bonhams à Paris : « Les acheteurs<br />
du monde entier, en ligne, au téléphone<br />
et dans la salle, ont reconnu<br />
la qualité de chaque pièce de<br />
cette vente. (…) Nous sommes<br />
absolument ravis des résultats,<br />
en particulier des prix fantastiques<br />
atteints par des œuvres de<br />
femmes artistes telles que Jane<br />
Graverol, Leonor Fini et Dorothea<br />
Tanning. » Comme la loi française<br />
l’y autorise, le musée d’Arts de<br />
Nantes (France), exerçant son droit<br />
de préemption, est intervenu pour<br />
devancer l’enchère finale sur trois<br />
tableaux : Le bon bout de la raison<br />
de Jane Graverol, adjugé 71.250<br />
euros, Le tombeau de Mallarmé<br />
de la même artiste emporté 8.320<br />
euros et Sans titre (série Aurelia)<br />
de Leonor Fini, vendu 12.000 euros.<br />
Magnifique<br />
enchère pour BVRB<br />
à Drouot<br />
Provenant du château de Sassy,<br />
demeure ducale perchée sur<br />
les collines de l’Orne, qui fut<br />
occasionnellement le séjour de<br />
83
Focus<br />
International<br />
44.200 € (frais inclus)<br />
Félicien Rops, Le Cirque : répétition,<br />
aquarelle sur trait de crayon noir et<br />
rehauts de gouache, 23,5 x 16,5 cm.<br />
Ader OVV, Paris, 22-03. © Ader<br />
71.520 € (frais inclus)<br />
Jane Graverol, Le bon bout de la raison, 1962, huile sur<br />
toile. Bonhams, Paris, 27-03. © Bonhams<br />
787.199 € (frais inclus)<br />
Bernard II Van Risen Burgh, armoire d’époque Louis<br />
XV, ca. 1750, bois de placage marqueté, bronzes dorés,<br />
estampillés deux fois ‘‘BVRB’’, 162 x 197 x 54 cm. Baron<br />
Ribeyre & Associés, Paris, 29-03. © Baron Ribeyre &<br />
Associés<br />
la reine d’Angleterre Elizabeth<br />
II, un ensemble de pièces de<br />
mobilier de grande qualité était<br />
dispersé, le 29 mars, à Drouot<br />
par l’étude Baron Ribeyre &<br />
Associés. Outre une commode<br />
tombeau d’époque Louis XV aux<br />
bronzes remarquables, estampillée<br />
Mathieu Criaerd, l’un des<br />
ébénistes les plus prolifiques du<br />
XVIIIe siècle (lire <strong>COLLECT</strong> n°533,<br />
avril <strong>2024</strong>), estimée entre 12.000<br />
et 18.000 euros, on proposait une<br />
importante armoire d’époque<br />
Louis XV, vers 1750, estampillée<br />
de l’ébéniste d’origine hollandaise<br />
Bernard II Van Risen Burgh<br />
(1705-1766), dont l’estimation<br />
plus élevée (50.000 à 100.000<br />
euros) fut pourtant pulvérisée,<br />
l’étonnant meuble s’adjugeant au<br />
montant astronomique de 787.199<br />
euros (frais inclus). Le meuble de<br />
Criaerd était, quant à lui, adjugé<br />
33.919 euros (frais inclus).<br />
ON VENDRA<br />
Un exceptionnel<br />
Bacon chez<br />
Sotheby’s<br />
Lors de sa vente du soir en art<br />
contemporain, à la mi-mai,<br />
Sotheby’s New York met aux<br />
enchères un grand portrait de<br />
son amant George Dyer, réalisé<br />
par Francis Bacon (1909-1992).<br />
L’œuvre de 1966, Portrait of George<br />
Dyer Crouching, est décrite par la<br />
maison de vente comme « le tout<br />
premier portrait de Dyer à l’échelle<br />
réelle, et le premier portrait monumental<br />
de Dyer à être vendu aux<br />
enchères depuis une dizaine d’années<br />
». Le tableau, estimé entre 30<br />
et 50 millions de dollars, montre<br />
un Dyer nu, accroupi comme un<br />
prédateur au-dessus de sa chemise<br />
élimée. Sa tête est montrée<br />
trois fois alors qu’elle se tourne<br />
vers le spectateur ; notamment<br />
en une combinaison du visage de<br />
Dyer avec celui de Bacon, ce que<br />
Sotheby’s décrit comme « un clin<br />
d’œil à leur indivisibilité ». Alors<br />
que Dyer servit de muse à l’artiste<br />
dans plus de quarante peintures,<br />
ce dernier deviendra également<br />
« progressivement allergique » aux<br />
« épisodes volatiles de manque de<br />
but, d’alcoolisme et de comportement<br />
erratique » de son amant. Le<br />
Portrait of George Dyer Crouching<br />
fut le premier d’une série de dix<br />
portraits grandeur nature, réalisés<br />
entre 1966 et 1968, dont il ne reste<br />
que neuf, l’un d’entre eux ayant été<br />
détruit lors d’un incendie en 1979.<br />
Ce tableau fut présenté pour la<br />
première fois lors de l’importante<br />
exposition personnelle de Bacon<br />
en la Galerie Maeght de Paris, en<br />
1966, et fut également exposé lors<br />
de la rétrospective de l’artiste au<br />
Grand Palais, en 1971-1972. George<br />
Dyer décédait deux jours avant<br />
l’inauguration de cette rétrospective.<br />
L’œuvre a été acquise par son<br />
propriétaire actuel directement<br />
auprès de la Marlborough Gallery,<br />
en 1970, et restée dans la même<br />
collection familiale depuis plus de<br />
cinq décennies, n’a jamais été vue<br />
sur le second marché.<br />
Le monde de<br />
Basquiat chez<br />
Phillips<br />
Témoignant de l’engagement indéfectible<br />
de la maison de vente aux<br />
enchères envers l’héritage de Jean-<br />
Michel Basquiat, Phillips propose,<br />
ce printemps, trois magnifiques<br />
tableaux de l’artiste, tous issus de<br />
la collection de Francesco Pellizzi<br />
et de la famille Pellizzi. Le professeur<br />
Pellizzi était le cofondateur et<br />
l’éditeur de la revue Res, Anthropology<br />
and Aesthetics, publiée par<br />
Peabody à Harvard et aux Chicago<br />
University Press. Chacune de ces<br />
œuvres fut acquise par Pellizzi<br />
auprès d’Annina Nosei, au début<br />
des années 1980, à un moment<br />
charnière de la carrière de l’artiste,<br />
et demeurée dans sa collection<br />
durant des décennies. La première<br />
vente, qui verra les deux premières<br />
œuvres dispersées, se déroule<br />
à New York le 14 mai, la seconde<br />
proposera la troisième œuvre, à<br />
Hong Kong le 31 mai. En tête du<br />
groupe d’œuvres proposées figure<br />
Untitled (ELMAR), créée en 1982 et<br />
acquise par la famille Pellizzi deux<br />
ans plus tard. Avec ses près de<br />
deux mètres de large, cette œuvre<br />
monumentale (estimée entre 40<br />
et 60 millions de dollars) constitue<br />
l’une des pierres angulaires de<br />
l’année où Basquiat est passé de<br />
l’art de la rue au succès commercial.<br />
Emblématique des meilleures<br />
œuvres de Basquiat, Untitled<br />
(ELMAR) est riche en iconographie<br />
et en images autoréférentielles,<br />
reflètant l’exploration par l’artiste<br />
de sa double identité et résumant<br />
l’essence de son pouvoir créatif.<br />
Cette œuvre fut récemment incluse<br />
dans la rétrospective historique de<br />
l’artiste, présentée en 2018 par la<br />
Fondation Louis Vuitton, à Paris.<br />
Depuis que Phillips est devenu<br />
un opérateur-clé en Asie, en 2015,<br />
l’auctioneer s’est attaché à présenter<br />
les meilleures œuvres d›art<br />
occidentales aux collectionneurs<br />
et amateurs de la région. Sa croissance<br />
significative en Asie souligne<br />
l’activité des collectionneurs asiatiques<br />
qui acquièrent des œuvres<br />
des artistes internationaux les plus<br />
importants. Jean-Michel Basquiat<br />
84
EST. 30.000.000-<br />
50.000.000 $<br />
(27.600.000-46.000.000 €)<br />
Francis Bacon, Portrait of George<br />
Dyer Crouching, 1966, huile sur toile.<br />
Sotheby’s, New York, mi-mai.<br />
© Sotheby’s Art Digital Studio<br />
EST. 40.000.000-60.000.000 $<br />
(36.900.000-55.300.000 €)<br />
Jean-Michel Basquiat, Untitled (ELMAR), 1982, huile<br />
sur toile, 172,7 x 236,5 cm. Phillips, New York, 14-05.<br />
© Phillips<br />
EST. 30.000-50.000 £ (38.000-63.000 €)<br />
Robe impériale ‘‘aux douze symboles’’, Chine, dynastie<br />
Qing, début du XIXe siècle, soie bleue et or. Dreweatts,<br />
Newbury, 21-05. © Dreweatts<br />
en constitue un parfait exemple,<br />
les collectionneurs asiatiques étant<br />
attirés par son œuvre qui résonne<br />
profondément avec les riches<br />
traditions artistiques de la région.<br />
C’est pourquoi l’œuvre intitulée<br />
Native Carrying Some Guns, Bibles,<br />
Amorites on Safari (1982) sera<br />
proposée à la vente à Hong Kong,<br />
le 31 mai. Dans cette œuvre, une<br />
figure noire domine la toile, les bras<br />
levés, face à un braconnier colonial.<br />
L’œuvre fusionne un dessin<br />
complexe à la gestuelle de la rue et<br />
aborde des sujets aussi importants<br />
que l’esclavage et l’impérialisme.<br />
Par une représentation directe et<br />
l’incorporation de texte, Basquiat<br />
critique le colonialisme et son<br />
rapport à l’histoire afro-américaine.<br />
Réduits à l’état de caricatures, ses<br />
personnages symbolisent l’indigène<br />
et le colonisateur, évoquant<br />
des critiques explicites de l’impérialisme<br />
blanc. L’œuvre reflète ainsi<br />
sa conscience aiguë des questions<br />
sociétales et capture l’intensité de<br />
sa vision artistique. On l’estime<br />
entre 12 et 18 millions de dollars.<br />
Un trésor impérial<br />
chinois retrouvé par<br />
Dreweatts<br />
Tel l’habit de la Belle au Bois<br />
Dormant, une rare robe impériale<br />
de dragon, en soie bleue à douze<br />
symboles, datant du début du<br />
XIXe siècle, était récemment découverte<br />
rangée dans une boîte<br />
en carton dormant au fond d’un<br />
tiroir depuis 100 ans. Cette tenue<br />
d’apparat, créé spécialement pour<br />
l’empereur de Chine, qui ne la<br />
portait que deux jours par an, à<br />
l’occasion des festivals organisés<br />
au Temple du Ciel, à l’extérieur<br />
de la Cité interdite de Pékin,<br />
provient de la famille Villiers, l’une<br />
des familles aristocratiques les<br />
plus distinguées d’Angleterre,<br />
dont les liens historiques avec<br />
la royauté remontent au XVIIe<br />
siècle. Cette robe fut acquise en<br />
Chine en 1913 par Eric Hyde Villiers<br />
(1881-1964), petit-fils de George<br />
Villiers, quatrième comte de<br />
Clarendon (1800-1870), au cours<br />
d’un voyage commercial dans<br />
l’Empire du Milieu pour le cognac<br />
Martell. Ce vêtement dormait<br />
dans une boîte jamais ouverte,<br />
poussée au fond d’un tiroir... Dans<br />
la culture chinoise, l’Empereur<br />
était considéré comme le ‘‘fils<br />
du ciel’’ et, durant deux jours<br />
précis de l’année, installé sur une<br />
chaise à porteurs, il conduisait<br />
une procession de musiciens, de<br />
nobles et de fonctionnaires de la<br />
Cour, accompagnés d’éléphants<br />
et de chars jusqu’au Temple du<br />
Ciel, où il offrait des sacrifices<br />
et vénérait le Dieu du Ciel, les<br />
dieux du soleil, de la lune, des<br />
étoiles, des nuages, de la pluie,<br />
du vent et du tonnerre. A cette<br />
occasion, il portait une robe<br />
spéciale, brodée de symboles<br />
et motifs spécifiques représentant<br />
les dieux et les symboles<br />
de sa fonction. A fond bleu, ce<br />
vêtement s’orne ainsi des douze<br />
symboles de l’autorité impériale<br />
disposés en trois groupes de<br />
quatre autour du cou : le soleil, la<br />
lune, la constellation et le rocher.<br />
Elle est brodée de fils d’or de trois<br />
couleurs selon la technique du<br />
Kesi, utilisée pour sa légèreté et la<br />
clarté de ses motifs. Neuf dragons<br />
impériaux à cinq griffes enserrent<br />
des perles de sagesse enflammées,<br />
métaphore visuelle du bon<br />
souverain qui agit avec sagesse<br />
pour le bien-être de ses sujets.<br />
Des herbes aquatiques, des<br />
grains de millet et des flammes<br />
se nichent sur l’écume des vagues<br />
roulantes, appelées Lishui ruyi,<br />
tandis qu’un faisan doré s’enroule<br />
autour du corps principal de la<br />
robe. Elle comporte également<br />
une paire de bonnets de temple<br />
et des extensions de manches<br />
rayées bleu foncé et or. Protégée<br />
dans une boîte en carton, à l’abri<br />
de la lumière, elle a conservé ses<br />
couleurs d’origine et est donc en<br />
très bon état. Son estimation, de<br />
30.000 à 50.000 livres sterling,<br />
devrait attirer les amateurs<br />
chinois, férus de souvenirs<br />
impériaux, lors de sa vente chez<br />
Dreweatts, le 21 mai.<br />
Design chez<br />
Christie’s<br />
Le 23 mai, Christie’s Paris proposera<br />
quelque deux cents lots<br />
mettant en lumière des pièces remarquables<br />
et emblématiques de<br />
plusieurs grands noms du design.<br />
Au cœur de cet événement, une<br />
sélection de pièces proviendra<br />
de collections privées de renom.<br />
Un accent particulier sera mis sur<br />
les femmes designers françaises,<br />
telles Charlotte Perriand, avec<br />
son projet novateur réalisé pour<br />
la famille Borot, Maria Pergay et<br />
ses créations audacieuses des<br />
années 1970 jusqu’à ses œuvres<br />
les plus récentes, mais également<br />
l’incontournable Line Vautrin,<br />
représentée dans la vente par<br />
une dizaine de miroirs et la<br />
créativité contemporaine d’Ingrid<br />
Donat. Parmi les autres temps<br />
forts de la vente, une sélection<br />
d’œuvres rares d’André Arbus des<br />
années 1940 à 1960, provenant<br />
d’une famille proche de l’artiste,<br />
sera mise en avant, ajoutant une<br />
dimension historique à l’événement.<br />
85
On a vendu<br />
<strong>Belgique</strong><br />
08-03 Ladies first chez MJV Soudant<br />
14.000 €<br />
Jenny Montigny, Nature morte<br />
aux fleurs, 1909, huile sur<br />
toile, 44 x 40 cm. Est. 1.500-<br />
2.000 €. © MJV Soudant<br />
6.800 €<br />
Elvire Coisne, Champs<br />
de fleurs, huile sur toile,<br />
avec dossier réalisé par<br />
l’historien Laurent Stevens,<br />
35,5 x 55 cm. Est. 4.000-<br />
6.000 €. © MJV Soudant<br />
6.000 €<br />
Alfredo Morelli, sculpture<br />
Art déco, représentant une<br />
danseuse égyptienne, XXe<br />
siècle, marbre, H. 92 cm.<br />
Est. 6.000-8.000 €. © MJV<br />
Soudant<br />
5.500 €<br />
Anna Boch, L’entrée de la ferme<br />
animée, huile sur panneau, 43 x 37 cm.<br />
Est. 2.000-3.000 €. © MJV Soudant<br />
4.200 €<br />
Théo Van Doesburg, Buste<br />
de femme nue, 1904, huile<br />
sur papier épais plaqué<br />
sur carton, 43 x 27 cm.<br />
Est. 3.000-4.000 €. © MJV<br />
Soudant<br />
15 & 16-03 Belles illustrations chez Damien Voglaire<br />
9.000 €<br />
Ivan Tovar, Le Soleil Noir,<br />
1974, illustration intégrée<br />
dans un livre-objet, édition<br />
originale, 1/99 ex. Est. 1.000-<br />
1.500 €. © Damien Voglaire<br />
7.000 €<br />
Willy Maltaite (dit Will),<br />
Isabelle. Le Tableau enchanté,<br />
Dupuis, 1972, encre de Chine<br />
sur papier, grande planche originale,<br />
46 x 37 cm. Est. 5.000-<br />
7.500 €. © Damien Voglaire<br />
3.200 €<br />
Edgar Tytgat, Quelques images de<br />
la vie d’un artiste, Londres, 1916-<br />
1917, quelques gravures en hommage<br />
à son ami Rik Wouters. Est.<br />
850-1.000 €. © Damien Voglaire<br />
2.800 €<br />
Claude Viallat, deux aquarelles originales de l’ouvrage de<br />
poésie L’Homo Sapiens de Jean-Pierre Verheggen, 2002.<br />
Est. 1.200-1.500 €. © Damien Voglaire<br />
16-03 Singulières affiches chez Lhomme<br />
10.500 €<br />
Léon Wuidar, Abstraction, 1986, huile<br />
sur toile marouflée sur panneau, 55 x<br />
55 cm. Est. 6.000-8.000 €. © Lhomme<br />
8.500 €<br />
Marius Rossilon dit O’Galop,<br />
Nunc est bibendum ''à votre<br />
santé''. Le pneu Michelin boit<br />
l’obstacle, ca. 1896, grande affiche<br />
couleur, 161 x 121 cm. Est.<br />
800-1.000 €. © Lhomme<br />
8.500 €<br />
Armand Rassenfosse, Portrait<br />
de femme, 1928-1930,<br />
huile sur panneau, 52 x 37<br />
cm. Est. 2.500-3.000 €.<br />
© Lhomme<br />
7.500 €<br />
Marius Rossilon dit<br />
O’Galop, Le coup de la<br />
semelle Michelin, Paris,<br />
1914, Affiches-Camis. Est.<br />
700-800 €. © Lhomme<br />
3.900 €<br />
Marcello Dudovich, Fabrique<br />
Nationale d’armes<br />
de guerre. Herstal-Liège,<br />
1913, affiche couleur, 145 x<br />
105 cm. Est. 400-600 €.<br />
© Lhomme<br />
86
17-03 Tintin en forme chez Dagoty Auction<br />
3.200 €<br />
Hergé/Tintin, album<br />
T3 Tintin en Amérique,<br />
édition originale Casterman<br />
P6 bis de 1935,<br />
belle et très rare pièce<br />
de collection ayant subi<br />
des restaurations. Est.<br />
2.000-2.500 €. © Dagoty<br />
Auction<br />
2.600 €<br />
Hergé/Tintin, sculpture C’est vraiment<br />
dommage ! illustrant la scène de l’escalier<br />
tiré de l’album Les bijoux de la Castafiore,<br />
Atelier Fariboles, édition de 2006 n°/400,<br />
résine, plomb et ciment peint, état neuf,<br />
jamais exposé, emballage d’origine et<br />
certificat, 30 x 30 x 20 cm. Est. 1.500-2.000 €.<br />
© Dagoty Auction<br />
2.200 €<br />
Hergé/Tintin, modèle réduit du wagon Loch<br />
Lomond whiskey avec Tintin et Milou, tiré de<br />
l’album L’île noire, Atelier Aroutcheff daté<br />
04-10-95, numérotation 50, édition limitée à<br />
environs 125 ex., bois laqué, métal et résine<br />
peint, 50 x 20 x 22 cm. Est. 1.500-2.000 €.<br />
© Dagoty Auction.<br />
1.900 €<br />
Hergé/Tintin, album T16 Objectif lune,<br />
EO belge de 1953 qui contient un dessin<br />
signé et dédicacé par le maître. Est.<br />
1.000-1.500 €. © Dagoty Auction<br />
18 & 19-03 Les bijoux ont la cote chez Horta<br />
33.000 €<br />
Bracelet, Art déco, style ''retour d’Egypte'', ca. 1915, platine<br />
agrémenté de diamants taille ancienne pour ca. 14 carats au<br />
motif de fleurs de papyrus, poinçons français, L. 17,5 cm. Est.<br />
9.000-10.000 €. © Horta<br />
28.000 €<br />
Cartier, parure se composant d’une<br />
paire de boucles d’oreilles, d’un<br />
collier et d’un bracelet en or jaune,<br />
agrémentés de petits diamants taille<br />
brillant dans les boucles d’oreilles,<br />
avec certificats et écrins d’origine,<br />
poids brut ca. 149 gr. Est. 8.000-<br />
9.000€. © Horta<br />
20.000 €<br />
Cartier, parure se composant<br />
d’un collier, d’un bracelet et<br />
d’une bague panthère en or<br />
jaune, avec certificats et écrins<br />
d’origine, poids brut ca. 159 gr.<br />
Est. 8.000-9.000 €. © Horta<br />
14.500 €<br />
Vase à col étranglé,<br />
Chine, porcelaine blanche<br />
au décor en bleu de<br />
paysage, H. 36 cm. Est.<br />
300-400 €. © Horta<br />
19-03 La porcelaine de Sèvres crée la surprise chez Loeckx<br />
8.500 €<br />
Statue bouddhiste Yamantaka,<br />
XVIIe/XVIIIe siècle,<br />
bronze doré. Est. 1.500-<br />
1.700 €. © Loeckx<br />
8.000 €<br />
Paire d’assiettes, Sèvres, XIXe siècle, porcelaine à décor<br />
‘‘fleurs’’. Est. 150-200 €. © Loeckx<br />
6.500 €<br />
Théière paestum, Sèvres, 1809, porcelaine à ‘‘décor de camées’’.<br />
Est. 200-300 €. © Loeckx<br />
87
On a vendu<br />
<strong>Belgique</strong><br />
19 & 20-03 La peinture s’envole chez Vanderkindere<br />
25.000 €<br />
Oscar Dominguez, Composition au chat,<br />
au crabe et au cheval, gouache sur papier,<br />
dédicacé «Pour ma très chère Madeleine.<br />
Très amicalement», 49 x 64 cm. Est. 18.000-<br />
24.000 €. © Vanderkindere<br />
.<br />
21.000 €<br />
Grand plat rond profond, Chine,<br />
XVIe siècle, porcelaine bleue et<br />
blanche à décor floral, voir sous<br />
la base plusieurs anciennes étiquettes<br />
dont de la collection A.<br />
de Curte à Anvers et de Eug. van<br />
Herck à Anvers, D. 40,4 cm. Est.<br />
5.000-7.000 €. © Vanderkindere<br />
20.500 €<br />
Théo Van Rysselberghe, La rade des<br />
Bormes (Nuages rouges), 1917, huile sur<br />
carton entoilé, 32,8 x 41 cm. Est. 15.000-<br />
20.000 €. © Vanderkindere<br />
12.000 €<br />
Travail italien, Ephèbe en pied,<br />
Florence, XVIe siècle, d’après<br />
l’Antique, comporte des similitudes<br />
stylistiques avec l’Idolino de<br />
Pesaro, bronze à patine brune,<br />
base en marbre vert et rouge<br />
postérieure, on y joint un document<br />
de l’expert Vincent Laloux<br />
(1977) le nommant Antinoüs et le<br />
reliant aux ateliers de Padouans,<br />
H. 27,5 cm (hors base). Est.<br />
6.000-8.000 €. © Vanderkindere<br />
19 & 26-03<br />
Monnaies anglaises au Mont-de-Piété<br />
20-03<br />
Joli résultat chez Flanders Auctions<br />
80.500 €<br />
Lot de 210 pièces de monnaie, Angleterre, or jaune 916/1000 (anglaises<br />
souveraines), ca. 1678 gr, avec farde. Est. 73.000 €. © Mont-de-Piété<br />
9.500 €<br />
Georges De Sloovere, Les Baigneuses, huile sur toile, 120 x<br />
130 cm. Est. 2.400-3.400 €. © Flanders Auctions<br />
1.500 €<br />
Antoine Barye, sculpture en bronze,<br />
cachet du fondeur Colin Paris, 14 x 25<br />
cm. Est. 400 €. © Mont-de-Piété<br />
1.200 €<br />
Damien Hirst, Forever, impression<br />
sur aluminium, 39 x 39 cm. Est.<br />
400€. © Mont-de-Piété<br />
88
Collect-1/2pQ - mai FR+NL.qxp_320 10/04/24 10:53 Page1<br />
PROCHAINES VENTES<br />
Lundi 13 mai<br />
14h Arts d’Asie<br />
16h Collections<br />
Mardi 14 mai<br />
15h Bijoux & Montres<br />
VENTE PUBLIQUE<br />
14 & 15 MAI à18h30<br />
France - Ordre du Saint-Esprit<br />
CONTACT<br />
EXPOSITION<br />
Rodolphe de Maleingreau d’Hembise<br />
rdm@haynault.be<br />
Edouard Wyngaard<br />
ew@haynault.be<br />
02 842 42 43 - www.haynault.be<br />
Vendredi<br />
Samedi<br />
Dimanche<br />
10.05<br />
11.05<br />
12.05<br />
9 rue de Stalle<br />
1180 Uccle<br />
10 à 18h<br />
10 à 18h<br />
10 à 18h<br />
"Divinité" en grès polychromé<br />
Travail chinois. Epoque: XIXème<br />
Huile sur panneau de chêne<br />
"Vierge à l'enfant”<br />
Atelier de Jan Brueghel Le Jeune<br />
"Chien" en terre cuite. Travail chinois<br />
Epoque: circa 206 - 220 avant JC. Période Han<br />
H.V. Wolvens. Huile sur toile "Nu féminin allongé"<br />
Signé en bas à droite et daté en bas à gauche 1951<br />
EXPOSITION<br />
VENDREDI 10, SAMEDI 11 ET DIMANCHE 12<br />
MAI DE 10 À 18H<br />
HOTEL DE VENTES VANDERKINDERE S.A.<br />
CHAUSSÉE D’ALSEMBERG 685-687-1180 BRUXELLES<br />
PARKING PRIVÉ • TÉL. 02 344 54 46<br />
info@vanderkindere.com<br />
w w w . v a n d e r k i n d e r e . c o m
On a vendu<br />
<strong>Belgique</strong><br />
23-03 Monnaies belges chez Elsen<br />
48.000 €<br />
<strong>Belgique</strong>, Léopold Ier, module de 100 francs, 1853,<br />
commémorant le mariage du Duc de Brabant.<br />
Est. 25.000 €. © Elsen<br />
34.000 €<br />
Liège, Everard de la Marck, protecteur (1488-<br />
1489), florin d’or. Est. 15.000 €. © Elsen<br />
13.000 €<br />
Tournai, Les Etats en révolte, demi-écu Philippe,<br />
1581, au nom de Philippe II. Est. 2.500 €.<br />
© Elsen<br />
24-03 Deux-roues d’époque chez Bernaerts<br />
La fin du Sprangers Museum de Minderhout fut<br />
scellée par la vente de 74 motos. Ces enchères<br />
de deux-roues anciens se déroulaient sur le site<br />
même, l’après-midi du 24 mars, et portaient sur<br />
la seconde partie de la collection de l’industriel<br />
Marcel Sprangers. 74 deux-roues rutilants (et moins<br />
rutilants) datant du début du XXe siècle jusqu’aux<br />
années 1990 étaient le point d’orgue de cette vente.<br />
Quelques rares motos belges (Minerva, Flandria,<br />
FN, Gillet) étaient proposées, mais des marques<br />
allemandes, italiennes et britanniques l’étaient<br />
également (NSU, DKW, Ducati, MV Agusta, Moto<br />
Guzzi, New Hudson). Les modèles Indian Scout<br />
(18.000 euros) et, bien sûr, Harley Davidson (30.000<br />
euros), parmi les plus chers, consolidaient leur<br />
statut de favoris. Les marques belges suscitaient<br />
également plus d’intérêt qu’escompté. Ainsi, les<br />
huit motos Flandria s’adjugeaient en un clin d’œil,<br />
tandis que la Minerva de 1903 trouvait preneur à<br />
16.000 euros.<br />
30.000 €<br />
Harley Davidson J/D Series, 1912. Est. 22.000-<br />
26.000 €. © Bernaerts<br />
16.000 €<br />
Motocyclette Minerva, 1903. Est. 15.000-<br />
20.000 €. © Bernaerts<br />
25-03 Un Vaccaro chez Haynault<br />
6.500 €<br />
Attribué à Andrea Vaccaro, Artémise,<br />
huile sur toile. Est. 3.000-5.000 €.<br />
© Haynault<br />
6.000 €<br />
Gilles Lambert Godecharle, Putti jouant aux cartes sous une tente,<br />
1770, bas-relief en terre cuite. Est. 2.000-3.000 €. © Haynault<br />
1.900 €<br />
Présentoir à fruits confits ou sucre, Maastricht,<br />
XVIIIe siècle, argent, piètement tripode, plateau<br />
à bord mouvementé, tige soutenant la coupe<br />
ajourée, bordure ouvragée formant porte-cuillers.<br />
Est. 800-1.200 €. © Haynault<br />
90
Paul Delvaux<br />
Frits Van den Berghe<br />
VENTE AUX<br />
ENCHÈRES<br />
ART CONTEMPORAIN,<br />
MODERNE & MAÎTRES ANCIENS<br />
Samedi 18 mai <strong>2024</strong> - 13 h & 19 h 30<br />
Exposition : 8 au 15 mai - 10 h - 19 h<br />
Désirez-vous vendre ?<br />
Contactez Christophe Fedele : +32 9 348 54 40<br />
ou christophe.fedele@de-vuyst.com.<br />
Rendez-vous à domicile.<br />
Robert Indiana<br />
Hôtel de Ventes De Vuyst - Kerkstraat 22-54 - 9160 Lokeren (<strong>Belgique</strong>) - +32 9 348 54 40 - info@de-vuyst.com - www.de-vuyst.com
On a vendu<br />
<strong>Belgique</strong><br />
25-03 Des pièces d’horlogerie chez Millon <strong>Belgique</strong><br />
640 €<br />
Oméga, Seamaster, ca. 1960, montre d’homme,<br />
métal doré sur cuir et boucle ardillon, mouvement<br />
mécanique à remontage automatique.<br />
Est. 150-200 €. © Millon <strong>Belgique</strong><br />
540 €<br />
Cartier, Must, ca. 1990/2000, montre de<br />
type Tank, argent 925 plaqué or, montre mécanique<br />
à remontage manuel, bracelet cuir<br />
et boucle ardillon Cartier en métal doré. Est.<br />
50-150 €. © Millon <strong>Belgique</strong><br />
500 €<br />
Pendentif en forme d’hippocampe, or<br />
jaune 14 carats et opale reconstituée,<br />
présentant de très beaux flashs, L. 4,7 cm.<br />
Est. 100-200 €. © Millon <strong>Belgique</strong><br />
27 & 28-03 La porcelaine au sommet chez Coronari Auctions<br />
La vente d’art et d’antiquités<br />
asiatiques, européennes et islamiques<br />
organisée en mars par la<br />
maison Coronari Auctions surprenait<br />
une fois de plus positivement.<br />
Dans la section asiatique,<br />
les prix de la porcelaine chinoise<br />
de Canton étaient remarquables<br />
: les collections de tasses et de<br />
soucoupes s’envolaient ainsi plusieurs<br />
fois l’estimation maximale,<br />
tandis qu’un singulier bol de<br />
Canton du XIXe siècle surprenait<br />
en s’adjugeant au prix marteau<br />
de 9.000 euros. Plusieurs pièces<br />
de collection atteignaient également<br />
des prix élevés : un modèle<br />
Tang, en faïence peinte polychrome,<br />
représentant un cheval<br />
et un petit bol en klapmuts de<br />
style Imari avec pagodes, provenant<br />
de la collection d’Auguste le<br />
Fort, atteignaient respectivement<br />
6.000 et 2.800 euros. Les arts<br />
traditionnels européens n’étaient<br />
pas en reste. Citons, entre autres,<br />
un portrait de noble du XVIIe<br />
siècle et une œuvre de David<br />
Vinckboons représentant la lutte<br />
de l’homme et de la bête contre<br />
la mort et le temps, séduisaient<br />
de nombreux collectionneurs<br />
(adjugés 17.000 et 16.500 euros).<br />
16.500 €<br />
David Vinckboons (entourage), L’homme et l’animal luttent contre la mort et<br />
le temps, 1624, huile sur toile. Est. 15.000-25.000 €. © Coronari Auctions<br />
La peinture plus récente obtenait<br />
également de bons résultats,<br />
notamment pour Albrecht De<br />
Vriendt, Constant Permeke et<br />
Albert Saverys. Enfin, il convient<br />
de mentionner une tapisserie de<br />
Marie Dambiermont, qui changeait<br />
de mains après une bataille<br />
acharnée contre 5.500 euros.<br />
15.000 €<br />
Albrecht De Vriendt, Othello et Desdémone,<br />
huile sur toile. Est. 12.000-<br />
18.000€. © Coronari Auctions<br />
92
DESIGN, KUNST & ANTIEK<br />
VEILINGEN<br />
Geoffrey Harcourt (1935)<br />
Een rood gestoffeerde<br />
‘Cleopatra’ chaise longue,<br />
uitvoering Artifort, model<br />
C248, ontwerp 1970.<br />
DESIGN<br />
VEILING<br />
27 MEI<br />
KUNST<br />
& ANTIEK<br />
VEILING<br />
28 MEI<br />
Een fragment van een muurreliëf<br />
afkomstig van een graftombe,<br />
omgeving Asyut, 11e dynastie,<br />
Egypte, na ca. 2134 v. Chr.<br />
Start 3 mei<br />
Kijkdagen zijn op 24, 25 en 26 mei<br />
Exposition des lots du 23 au 25 mai.<br />
Vente le samedi 25 mai à 13h.<br />
Enchérissez en salle, par téléphone,<br />
par ordre d’achat ou en LIVE sur Drouot.<br />
ACCÈS AU CATALOGUE<br />
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25.05<br />
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V.Introini<br />
Chéri Samba<br />
L.Sabattini<br />
Dim : 80 x 100 cm<br />
Sam Francis<br />
Saporitti<br />
W.Platner / Knoll<br />
Mont-de-Piété 19 Rue Saint-Ghislain,1000 BXL
On vendra<br />
<strong>Belgique</strong><br />
04 & 05-05 Vente d’un intérieur chez DVC Anvers<br />
Un mélange d’art classique,<br />
d’antiquités, d’art moderne et<br />
contemporain est proposé chez<br />
DVC Anvers, lors de la vente de<br />
début mai. Un magnifique intérieur<br />
louvaniste des années 1960 et<br />
1970, incluant du design intemporel<br />
de Charles et Ray Eames, Florence<br />
Knoll, Eero Saarinen, Gae<br />
Aulenti et des œuvres commandées<br />
par le notaire Coppieters, en<br />
fait partie. On y trouve également<br />
des bijoux, de l’argenterie et<br />
d’autres arts décoratifs, des pièces<br />
archéologiques (asiatiques) et<br />
une collection de sculptures et de<br />
boucliers de Papouasie-Nouvelle-<br />
Guinée.<br />
EST. 24.000-28.000 €<br />
Karel Appel, une composition de 1991, huile sur papier marouflé sur toile,<br />
avec certificat, 63 x 103 cm. © DVC<br />
08-05 Des grandes oeuvres pour Flanders Auctions<br />
Lors de sa vente d’art et<br />
d’antiquités du 8 mai, Flanders<br />
Auctions annonce deux grandes<br />
œuvres : un triptyque de taille<br />
exceptionnelle intitulé Hélas Avril,<br />
I, II et III, peint par Michel Buylen,<br />
auteur de peintures incroyablement<br />
photo-réalistes. Ces trois<br />
œuvres, qui mettent en scène sa<br />
fille Binou, sont d’une très grande<br />
qualité. Ce triptyque a fait partie<br />
de l’exposition Making my past au<br />
Mudel, en 2021. La seconde œuvre<br />
est une peinture monumentale<br />
réalisée par Luis Caballero<br />
(Colombie), A Astride Leaning<br />
Torso, technique mixte sur toile<br />
datée de 1974. Un grand nombre<br />
de ses œuvres campent la beauté<br />
du corps masculin.<br />
EST. 5.000-7.000 €<br />
Michel Buylen, Hélas Avril, I, II en III, 2001, triptyque, acrylique sur panneau, 35 x<br />
60 cm chaque. © Flanders Auctions<br />
13 & 14-05 Des billets de banque chez Haynault<br />
EST. 1.200-1.800 €<br />
Billet de 1.000 francs du Congo belge. © Haynault<br />
Haynault propose, les 13 et 14<br />
mai, pas moins de trois ventes à<br />
thématiques diverses. La vente<br />
Collections est constituée en<br />
grande partie d’une impressionnante<br />
sélection de billets de<br />
banque du monde entier, dont<br />
un beau billet de 1.000 francs du<br />
Congo belge, estimé 1.200-1.800<br />
euros, un rare billet de 20 francs,<br />
daté du 1er septembre 1914,<br />
estimé entre 1.000 et 1.500 euros,<br />
ainsi qu’un billet anglais de 100<br />
livres, datant de 1937 proposé à<br />
300 euros. Dans la section phaléristique,<br />
l’attention porte sur une<br />
jolie plaque brodée de l’Ordre du<br />
Saint-Esprit français pour laquelle<br />
les enchères débuteront à 2.500<br />
euros ; on y trouvera un important<br />
ensemble de décorations<br />
anciennes d’Europe. Le second<br />
jour, on mettra en vente un large<br />
choix de bijoux et montres, dont<br />
un important bracelet Napoléon<br />
III richement décoré, estimé très<br />
raisonnablement 2.000 à 3.000<br />
euros, une montre d’homme<br />
automatique signée Audemars<br />
Piguet, estimée 8.000 à 10.000<br />
euros, une sélection de bagues<br />
serties de diamants, dont un très<br />
beau toi et moi, des broches Belle<br />
Époque aux élégantes volutes,<br />
ainsi que des bagues anciennes<br />
et contemporaines.<br />
94
Fine Jewels<br />
Watches<br />
Works of Art<br />
& Art Nouveau<br />
Fine Art<br />
Vente:<br />
15–17 mai <strong>2024</strong><br />
Exposition publique:<br />
10 –13 mai <strong>2024</strong><br />
BAGUE SOLITAIRE<br />
1 brillant | 6,50 carat | D/VVS2<br />
Estimation : 60,000 – 90,000 €<br />
Catalogues gratuits | Catalogues en ligne | Dates: www.van-ham.com<br />
VAN HAM | Hitzelerstr. 2 | 50968 Cologne/Allemagne | +49 (221) 925862-0 | info@van-ham.com
On vendra<br />
<strong>Belgique</strong><br />
18-05 De l’art ancien au Pop art chez De Vuyst<br />
Plus de 600 œuvres seront mises en vente<br />
à Lokeren, le 18 mai. L’offre ira des maîtres<br />
anciens à l’art contemporain, des peintures et<br />
sculptures à la photographie et aux installations.<br />
Avec des artistes tels que Guillermo<br />
Kuitca, Fernando Botero, Lin Fengmian et<br />
Yoshimoto Nara, la crème du marché de l’art<br />
international sera proposée. Le catalogue<br />
comprend des sculptures remarquables.<br />
L’impressionnante Colonna I (1989) d’Arnaldo<br />
Pomodoro s’élève ainsi jusqu’à 240 cm. De<br />
Pol Bury, on verra une fontaine mobile de<br />
1994, qui fit partie d’une exposition dans les<br />
jardins du musée Van Buuren, en 2009. Le plaisir<br />
de l’eau se poursuit avec la sculpture ludique<br />
La pluie (1999) de Jean-Michel Folon. Les objets<br />
emblématiques du Pop art devraient également<br />
attirer un large public : Robert Indiana<br />
présente LOVE (1966-1998), sculpture en acier<br />
inoxydable poli et brossé ; Study for bedroom<br />
blonde (1995) est une œuvre originale de Tom<br />
Wesselmann dans son iconographie typique.<br />
Une sélection pointue de grands maîtres<br />
flamands complète l’offre, dont une importante<br />
aquarelle de Paul Delvaux et une remarquable<br />
gouache expressionniste-surréaliste de Frits<br />
Van den Berghe.<br />
EST. 380.000-500.000 €<br />
Fernando Botero, Still life with bananas, 1981, huile<br />
sur toile, 106,7 x 91,4 cm. © De Vuyst<br />
25-05 Récits de voyage et atlas maritime chez Van de Wiele Auctions<br />
Plusieurs récits de voyage<br />
mémorables seront mis sous le<br />
marteau lors de cette vente. Par<br />
exemple, le récit du voyage de<br />
Jules Dumont d’Urville, explorateur<br />
français parti en 1826 avec<br />
la corvette l’Astrolabe vers le<br />
Pacifique Sud-Ouest. Il a ainsi<br />
cartographié les côtes de la Nouvelle-Guinée,<br />
de la Nouvelle-Zélande<br />
et d’autres îles, y menant<br />
d’importantes recherches ethnographiques,<br />
comme avec les<br />
Maoris, créant un dictionnaire de<br />
traduction, sans négliger sa tâche<br />
de biologiste : aucune plante,<br />
aucun mollusque, aucun insecte<br />
n’échappait à son attention. Il<br />
fut, bien sûr, épaulé par toute<br />
une équipe, dont le dessinateur<br />
Louis Auguste de Sainson, qui<br />
croqua de beaux paysages et<br />
mit en scène les habitants. Ce<br />
carnet de voyage se compose<br />
de 12 volumes de texte et de<br />
cinq grands atlas avec cartes et<br />
planches, magnifiquement reliés<br />
en demi-maroquin rouge. Si<br />
Jules Dumont d’Urville survécut<br />
à ce voyage aventureux à travers<br />
les océans, il périt tout de même<br />
dans un accident de train à l’âge<br />
de 51 ans. Le volume 1 de la<br />
bibliothèque du professeur Jean-<br />
Marie Duvosquel (1946-2023)<br />
est également attendu, avec un<br />
accent particulier sur la période<br />
bourguignonne.<br />
EST. 45.000-50.000 €<br />
Natai, chef Maori in Dumont<br />
d’Urville, Voyage de la Corvette<br />
l’Astrolabe, carnet de voyage composé<br />
de 12 sections de texte et de<br />
cinq grands atlas. © Van de Wiele<br />
Auctions<br />
26-05 Un intérieur de collectionneur chez MJV Soudant<br />
Johan Bretschneider, Un intérieur de collectionneur, n. d., huile<br />
sur toile, 87 x 121 cm. © Soudant<br />
Parmi l’offre annoncée par Soudant dans sa vente cataloguée d’antiquités,<br />
tableaux, mobilier et objets d’art du 26 mai, on annonce une très importante<br />
toile de Johann Bretschneider (1680-1729), intitulée Un intérieur de collectionneur.<br />
Situé au croisement des XVIIe et XVIIIe siècles, ce peintre allemand est<br />
connu pour ses nombreuses représentations d’intérieur, notamment des lieux<br />
savants, caractérisés par de spacieux espaces d’exposition, dans lesquels se<br />
regroupent objets astronomiques, mobilier et toiles. La composition annoncée,<br />
expertisée par le Cabinet Turquin à Paris, peut être rapprochée de celle de<br />
la Gemäldegalerie, possession de l’Etat de Bavière et actuellement exposée<br />
dans la résidence de Bamberg. Ces œuvres démontrent une omniprésence<br />
de tableaux, mis en valeur par un parfait agencement des décors permis par<br />
une parfaite symétrie des sujets. Natures mortes, portraits, scènes de genre et<br />
d’Histoire y sont alors exposés. La présence récurrente de personnages dans les<br />
productions de Bretschneider est notable et contribue à ancrer les décors dans<br />
un certain dynamisme, traduisant la curiosité suscitée chez les spectateurs dans<br />
ces lieux de richesse.<br />
96
collect<br />
49,50 €<br />
pour 9 numéros<br />
ou 20 € en version<br />
digitale<br />
www.collectaaa.be<br />
Grotesteenweg<br />
Anno 1897<br />
Vente classique 28 mai à 14h<br />
Exposition du 23 jusqu’au 26 mai de 10h à 18h<br />
Catalogue en ligne à partir du 14.05 : www.campocampo.be<br />
Grotesteenweg 19 / 21 - B-2600 Anvers-Berchem - Tél +32(0)3 218 47 77 - guy@campocampo.be<br />
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On vendra<br />
<strong>Belgique</strong><br />
27-05 Art belge chez Bonhams Cornette<br />
EST. 6.000-8.000 €<br />
Léon Spilliaert, Paysage de rivière, 1931, aquarelle sur papier. © Bonhams Cornette<br />
Bonhams Cornette de Saint Cyr<br />
rendra à nouveau hommage aux<br />
artistes belges avec une nouvelle<br />
vente d’Art belge moderne et<br />
contemporain, le 27 mai, proposant<br />
des tableaux signés Emile<br />
Claus, Jo Delahaut, Paul Delvaux,<br />
Jean-Michel Folon et bien sûr<br />
Jane Graverol. Une très belle<br />
sculpture élancée de Jean-Michel<br />
Folon ne manquera pas de<br />
piquer l’intérêt des collectionneurs.<br />
Haut de 268 centimètres,<br />
ce bronze de L’oiseau (1990) est<br />
estimé entre 80.000 et 120.000<br />
euros. On poursuivra avec une<br />
très belle aquarelle de Paul<br />
Delvaux. Intitulée Camping dans<br />
les dunes (1937), elle est annoncée<br />
entre 20.000 et 30.000 euros.<br />
Côté classique, on pointera<br />
aussi deux petites aquarelles sur<br />
papier signées Léon Spilliaert,<br />
dont un Paysage de Rivière (1931),<br />
estimé 6.000 à 8.000 euros, un<br />
magnifique dessin ‘‘pointilliste’’<br />
d’Emile Claus, datant de 1915,<br />
un ‘‘effet de nuit à Londres’’, qui<br />
date de sa période en Angleterre,<br />
durant la Première Guerre mondiale.<br />
Il faut également pointer<br />
quatre superbes émaux sur<br />
plaque de cuivre de Kurt Lewy.<br />
Ces petites œuvres sont des trésors<br />
de raffinement qui brillent<br />
par leur rareté sur le marché de<br />
l’art. L’héroïne du Surréalisme,<br />
Jane Graverol, sera elle aussi<br />
bien représentée, entre autres<br />
par une œuvre intitulée Judith et<br />
Holopherne, montrée en 2002 au<br />
musée des Beaux-Arts d’Anvers<br />
dans une exposition qui faisait<br />
dialoguer son œuvre avec celle<br />
de Rachel Baes (est. 8.000-12.000<br />
euros).<br />
27 & 28-05 Varia chez Horta<br />
Annoncée pour les 27 et 28 mai (une vente de vins fins<br />
est également prévue le 29 mai), la vente cataloguée<br />
d’art et d'antiquités en la salle Horta comportera,<br />
comme c’est souvent le cas, quelques beaux bijoux<br />
dont un important bracelet Art déco, en platine agrémenté<br />
de cinq rubis Birman non chauffés (origine Mogok)<br />
pour +/- 10,38 carats, de diamants taille ancienne<br />
pour +/- 10 carats et de calibrés d’onyx. (est. 44.000-<br />
46.000 euros). On annonce aussi quelque œuvres<br />
d’artistes modernes et contemporains, notamment<br />
Hongyi Zhuang, Gilbert Decock, Victor Servranckx,<br />
Henri Michaux, Bernard Lorjou et Sha Qi ‘‘Sadji’’. Les<br />
maîtres anciens ne seront pas en reste, notamment ce<br />
tryptique anversois du XVIe siècle attribué à Marcellus<br />
Coffermans (1520-1575), estimé entre 8.000 et 12.000<br />
euros. Ancrée dans la tradition brugeoise, la manière<br />
archaïque de cet artiste est inspirée de celle des primitifs<br />
flamands. Il utilisa aussi fréquemment les modèles<br />
classiques d’Albrecht Dürer et Martin Schongauer, tout<br />
en leur restant très fidèle. Parmi les caractéristiques<br />
de son style, on reconnaît son idéal féminin, avec un<br />
visage ovale et des yeux mi-clos ainsi que l’utilisation<br />
de couleurs émail où dominent les tons bleus.<br />
EST. 8.000-12.000 €<br />
Marcellus Coffermans (att.), Ecole anversoise, XVIe siècle, La crucifixion flanquée de La bénédiction<br />
de la Vierge sur le volet gauche et du Noli me Tangere sur le volet droit, 22,5 x 35 cm.<br />
© Horta<br />
98
Week-end de Pentecôte<br />
au Château de Deulin<br />
Brocante de charme<br />
antiquités - décoration -<br />
mobilier de jardin (intérieur et extérieur)<br />
18, 19 et 20 mai <strong>2024</strong><br />
de 10 h à 19 h<br />
Entrée : 5 € (libre pour les moins de 12 ans)<br />
Possibilité de restauration sur place.<br />
70 exposants dans un lieu classé patrimoine exceptionnel<br />
de Wallonie, dont les extérieurs ont été entièrement restaurés en 2016.<br />
www.terborg.com<br />
Pièces Exclusives, Tableaux Indonésiens et Art d’Asie<br />
14 - 15 mai <strong>2024</strong><br />
Exposition:<br />
Vendredi 10 mai 11 à 15 h.<br />
Samedi 11 mai 11 à 15 h.<br />
Lundi 13 mai 11 à 15 h.<br />
Mardi 14 mai 11 à 12 h.<br />
Celso Léon Le Van De (1906-1966)<br />
Collection d’armes anciennes<br />
Chine, marqué Jiaqing<br />
M.C. Escher (1898-1972)<br />
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Reimond Kimpe (1885-1970) le pape Cornelius, 17 ème siècle Jan Daniel Beynon (1830-1877)<br />
Pierre Grognart,1640 Cornelis Springer (1817-1891)<br />
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On vendra<br />
<strong>Belgique</strong><br />
28-05 Un tondo italien chez Campo & Campo<br />
EST. 50.000-70.000 €<br />
Suiveur de Lorenzo di Credi, Italie, Tondo.<br />
© Campo & Campo<br />
EST. 5.000-7.000 €<br />
Rare tunique précolombienne<br />
du début de la<br />
période intermédiaire<br />
900-1000. © Campo &<br />
Campo<br />
La vente d’art classique que<br />
proposera Campo & Campo, le<br />
28 mai, comprendra une belle<br />
collection d’objets d’art et de<br />
peintures anciennes et du XIXe<br />
siècle. Le clou en sera un magnifique<br />
tondo d’un maître italien,<br />
disciple de Lorenzo di Credi,<br />
estimé entre 50.000 et 70.000<br />
euros. Il convient également<br />
de mentionner une œuvre sur<br />
toile de Jacobus Seldenslach,<br />
une grisaille représentant Marie<br />
entourée de guirlandes florales.<br />
Pour le pendant de cette œuvre,<br />
la salle avait obtenu un résultat<br />
record de 21.000 euros, en 2017.<br />
Une rare tunique précolombienne<br />
du début de la période<br />
intermédiaire 900-1000 sera proposée<br />
contre une estimation de<br />
5.000 à 7.000 euros. Les artistes<br />
du XIXe siècle sont également<br />
bien représentés b : la famille<br />
Portielje (Jan, Edward et Gérard)<br />
avec la Lettre (est. 2.000-4.000<br />
euros), Jan Kruseman, Constant<br />
Cap, Henry Leys, Jef Lambeaux<br />
ou Ignace Van Bree. Comme<br />
toujours, cette vente sera complétée<br />
d’une belle collection<br />
de verrerie et d’argenterie, de<br />
tapis orientaux, de bijoux et de<br />
quelques beaux objets Art déco<br />
et Art nouveau, dont une figurine<br />
de Chiparus, Danseur du Gange<br />
(est. 4.000-6.000 euros).<br />
28-05 Beaux bijoux chez Millon <strong>Belgique</strong><br />
EST. 1.500-1.800 €<br />
Broche, or jaune 18 carats, platine, diamants, émeraude. © Millon<br />
EST.<br />
1.500-2.500 €<br />
Montre dissimulée en<br />
forme de coléoptère,<br />
or jaune 18 carats,<br />
émail, diamants, rubis.<br />
© Millon<br />
La vente cataloguée du 28 mai,<br />
organisée par Millon <strong>Belgique</strong>,<br />
sera constituée de quatre parties:<br />
perles fines et de qualité, horlogerie<br />
(collection de montres des<br />
XVIIIe et XIXe siècles), bijoux de<br />
créateurs et joaillerie. Le lot le<br />
plus important en est une perle<br />
fine d’eau de mer, en forme de<br />
goutte, sans traitement, de couleur<br />
gris clair au lustre bon, demi-percée<br />
pour être montée sur<br />
un pendentif des années 1880, en<br />
platine surmonté d’un diamant<br />
de taille old mine d’environ 1,10<br />
carats. La perle provient d’une<br />
famille de la noblesse belge et<br />
date très probablement du XVIIIe<br />
siècle, alors montée en boucle<br />
d’oreille (est. 15.000-30.000<br />
euros). Amusante est cette<br />
montre dissimulée, en or jaune<br />
18 carats, en forme de coléoptère<br />
aux élytres en émail vert intense<br />
transparent sur guilloché et<br />
soulignés de diamants de taille<br />
rose, principalement de Brabant,<br />
quelques touches d’émail noir<br />
sur le pronotum et la tête. Les<br />
élytres s’ouvrent en poussant sur<br />
la queue ce qui laisse apparaître<br />
le cadran de la montre et la<br />
partie supérieure de l’abdomen<br />
qui est gravée à la pointe. Les<br />
yeux sont en rubis naturels (est.<br />
1500-2.500 euros). Signalons<br />
encore cette broche en or jaune<br />
18 carats et platine figurant les<br />
ailes d’un aviateur pavées de<br />
diamants taille rose et d’éclats de<br />
diamants facettés, dans un serti<br />
aux lignes perlées très finement<br />
réalisé. Au centre, une émeraude<br />
naturelle ovale d’un vert intense<br />
présentant de belles inclusions<br />
bi-phasées laisse supposer une<br />
origine sud-américaine (est.<br />
1.500-1.800 euros).<br />
100
du 28 au 30-05<br />
Offre variée chez Carlo Bonte Auctions<br />
EST. 30.000-40.000 €<br />
Willem De Kooning, Sans titre, 1964,<br />
huile sur papier journal, 56 x 37 cm.<br />
© Carlo Bonte<br />
EST. 8.000-12.000 €<br />
George Minne, Baigneuse I, bois, H.<br />
40 cm. © Carlo Bonte<br />
La vente de mai présentera une<br />
intéressante collection d’œuvres<br />
modernes et contemporaines.<br />
Willem De Kooning est représenté<br />
avec une figuration de 1964,<br />
caractéristique de l’artiste. De<br />
Karel Appel, on propose Head,<br />
sculpture en céramique colorée.<br />
Jim Dine fera une apparition avec<br />
Nancy’s car, gouache de 1960.<br />
Les maîtres de Laethem seront<br />
présents avec, entre autres,<br />
Splendide journée d’automne<br />
de Modest Huys, des Valerius<br />
de Saedeleer, Albert Saverys,<br />
Constant Permeke et, enfin, les<br />
dames Anna De Weert et Jenny<br />
Montigny. De la main de George<br />
Minne, une sculpture en bois<br />
intitulée Baigneuse I, ainsi qu’une<br />
version en plâtre de Les saintes<br />
femmes au tombeau. La vente<br />
se poursuivra avec une œuvre<br />
de jeunesse de Floris Jespers,<br />
des dessins de James Ensor et,<br />
enfin, d’Henri Victor Wolvens. Elle<br />
inclura également une intéressante<br />
collection de bronzes de<br />
Jan Desmarets. La salle propose,<br />
étalé sur les années <strong>2024</strong>-2025, le<br />
fond d’atelier de l’artiste brugeois<br />
Pol Spilliaert (1935-1923). Une<br />
première série sera proposée lors<br />
de cette vente. On annonce aussi<br />
des maîtres anciens : Roelant<br />
Savery (att.) avec un paysage<br />
paradisiaque avec animaux, peint<br />
sur cuivre. Du XVIIIe siècle, on<br />
verra un magistral portrait du<br />
prince de Condé Louis Joseph de<br />
Bourbon, attribué à Carle Van Loo<br />
et d’après l’œuvre de J.-M. Nattier<br />
au Louvre. Dans le domaine des<br />
arts appliqués, sera à prendre<br />
une impressionnante commode<br />
à vantaux, inspirée du modèle<br />
original de Stöckel & Benneman<br />
pour Marie-Antoinette, actuellement<br />
au château de Fontainebleau.<br />
Les objets asiatiques<br />
comprennent une assiette dite<br />
‘‘aux neuf pêches’’, une impressionnante<br />
figurine de Guandi de<br />
Famille Rose et une paire de vases<br />
Hu à facettes bleues et blanches,<br />
avec décor floral.<br />
VENTE XXXIII : BELLE VENTE CATALOGUÉE DE PRINTEMPS.<br />
Arts décoratifs allant du moyen-âge au design du XXè. Dimanche 26 mai à 13 heures.<br />
Exposition : du 23 au 25 mai de 10 à 17 heures.<br />
Johann BRETSCHNEIDER (1680-1729)<br />
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101
Auction calendar may—june <strong>2024</strong><br />
Belgium<br />
MAY<br />
3 <strong>Mai</strong>son des Huissiers de<br />
Justice<br />
Vente aux enchères judiciaire<br />
BRUXELLES<br />
4 ABS Veilingen Mechelen<br />
Deurwaarderstukken<br />
MECHELEN<br />
4-5 DVC Antwerpen<br />
Kunst en antiek ANTWERPEN<br />
6 Amberes<br />
Burgerveiling ANTWERPEN<br />
6 Salle de ventes Uccle<br />
Saint-Job<br />
Design ONLINE<br />
8 Flanders Auctions<br />
Kunst, antiek en design<br />
WINGENE<br />
10 <strong>Mai</strong>son des Huissiers de<br />
Justice<br />
Vente aux enchères judiciaire<br />
BRUXELLES<br />
11 ABS Veilingen Mechelen<br />
Deurwaarderstukken<br />
MECHELEN<br />
13 Amberes<br />
Burgerveiling ANTWERPEN<br />
13 Haynault<br />
Arts d'Asie BRUXELLES<br />
13 Haynault<br />
Monnaies et collections<br />
BRUXELLES<br />
13-21 Antenor Auction<br />
The World of René &<br />
Barbara Stoetie ONLINE<br />
14 Haynault<br />
Bijoux et Montres BRUXELLES<br />
14 Berg van Barmhartigheid<br />
Juwelen en numismatiek<br />
BRUSSEL<br />
14-15 Vanderkindere<br />
Art et antiquités BRUXELLES<br />
23 Hôtel des ventes Legros<br />
Art et antiquités VERVIERS<br />
24 <strong>Mai</strong>son des Huissiers de<br />
Justice<br />
Vente aux enchères judiciaire<br />
BRUXELLES<br />
25 Berg van Barmhartigheid<br />
Speciale verkoop BRUSSEL<br />
25 Van de Wiele Veilingen<br />
Boeken, reisverhalen en zeeatlassen<br />
BRUGGE<br />
25 ABS Veilingen Mechelen<br />
Deurwaarderstukken<br />
MECHELEN<br />
26 MJV Soudant<br />
Antiquités, tableaux, mobilier<br />
et objets d'art, art nouveau &<br />
art déco GERPINNES<br />
26 Galerie La Régence<br />
Art et antiquités CHARLEROI<br />
27 Amberes<br />
Burgerveiling ANTWERPEN<br />
27 Bonhams Cornette<br />
de Saint Cyr<br />
Art belge BRUXELLES<br />
27 Ventes Elysée<br />
Vente spéciale: Tableaux et<br />
mobilier GRIVEGNÉE-LIÈGE<br />
27-28 Horta<br />
Art et antiquités BRUXELLES<br />
27-2 Salle de ventes Rops<br />
Art et antiquités ONLINE<br />
28 Campo & Campo<br />
Klassieke kunstveiling<br />
ANTWERPEN<br />
28 Berg van Barmhartigheid<br />
Muziekinstrumenten,<br />
stripverhalen en juwelen<br />
BRUSSEL<br />
28 Ventes Elysée<br />
Art et antiquités ONLINE<br />
28 Millon <strong>Belgique</strong><br />
Joaillerie & Horlogerie<br />
BRUXELLES<br />
10 Haynault<br />
Tableaux, Mobilier et Objets<br />
d'art BRUXELLES<br />
10 Antenor Auction<br />
Luxe II: Jewels, watches and<br />
bags BRUXELLES<br />
10 Amberes<br />
Kunst en antiek ANTWERPEN<br />
11 Berg van Barmhartigheid<br />
Fietsen, meubilair,<br />
verzamelobjecten en juwelen<br />
BRUSSEL<br />
Netherlands<br />
APRIL<br />
29-6 Venduehuis Den Haag<br />
Vendue Next Door I ONLINE<br />
29-7 Venduehuis Den Haag<br />
Vendue Next Door II ONLINE<br />
MAY<br />
1-2 Ald Fryslân<br />
Kunst en antiek ONLINE<br />
1-17 Veilinggebouw De Zwaan<br />
Kunst en antiek ONLINE<br />
3-20 Venduehuis Den Haag<br />
Collectie Caroline van der<br />
Vegt ONLINE<br />
6-7 Van Zadelhoff<br />
Themaveiling Ex Libris<br />
HILVERSUM<br />
6-9 Van Spengen<br />
Kunst en antiek ONLINE<br />
7-8 Burgersdijk & Niermans<br />
Boeken, prenten, tekeningen<br />
etc LEIDEN<br />
8-29 Venduehuis Den Haag<br />
Old Masters, 19th Century &<br />
Early Modern Art II ONLINE<br />
8-30 Venduehuis Den Haag<br />
Old Masters, 19th Century &<br />
Early Modern Art III ONLINE<br />
28 Venduehuis Den Haag<br />
Old Masters, 19th Century &<br />
Early Modern Art DEN HAAG<br />
28 Vendu Rotterdam<br />
Kunst en antiek ROTTERDAM<br />
30 Richard Terborg<br />
Voorjaarsveiling GRONINGEN<br />
JUNE<br />
3 Veilinghuis Bouwman<br />
Speelgoed ONLINE<br />
3-10 Veilinghuis Korendijk<br />
Kunst en antiek ONLINE<br />
4-6 Veilinghuis De Jager<br />
Kunst, antiek, juwelen en<br />
aziatica GOES<br />
10 ADAMS Amsterdam<br />
Auctions<br />
Kunst en antiek AMSTERDAM<br />
11 ADAMS Amsterdam<br />
Auctions<br />
Kunst en antiek ONLINE<br />
Luxembourg<br />
MAY<br />
25 Goldfield Auctions<br />
Online auction ONLINE<br />
15 Morel de Westgraver<br />
Livres ONLINE<br />
17 Phoenix Auctions<br />
Antiquités WAVRE<br />
17 <strong>Mai</strong>son des Huissiers de<br />
Justice<br />
Vente aux enchères judiciaire<br />
BRUXELLES<br />
18 De Vuyst<br />
Hedendaagse, moderne en<br />
oude meesters LOKEREN<br />
18 ABS Veilingen Mechelen<br />
Deurwaarderstukken<br />
MECHELEN<br />
20 Salle de ventes Uccle<br />
Saint-Job<br />
Brocante ONLINE<br />
20-21 Galerie Moderne<br />
Art et antiquités BRUXELLES<br />
21 Amberes<br />
Burgerveiling ANTWERPEN<br />
21 Berg van Barmhartigheid<br />
Juwelen en numismatiek<br />
BRUSSEL<br />
21-22 Jordaens<br />
Kunst en antiek MORTSEL<br />
22 Hôtel des ventes Legros<br />
Vente spéciale: Tableaux et<br />
mobilier VERVIERS<br />
28-30 Carlo Bonte Auctions<br />
Kunst en antiek BRUGGE<br />
29 Horta<br />
Vins fins BRUXELLES<br />
JUNE<br />
1 ABS Veilingen Mechelen<br />
Deurwaarderstukken<br />
MECHELEN<br />
1 <strong>Mai</strong>son des Huissiers de<br />
Justice<br />
Vente aux enchères judiciaire<br />
BRUXELLES<br />
2 Millon <strong>Belgique</strong><br />
Bandes dessinées BRUXELLES<br />
3 Amberes<br />
Burgerveiling ANTWERPEN<br />
4 Berg van Barmhartigheid<br />
Juwelen en numismatiek<br />
BRUSSEL<br />
8 ABS Veilingen Mechelen<br />
Deurwaarderstukken<br />
MECHELEN<br />
8 <strong>Mai</strong>son des Huissiers de<br />
Justice<br />
Vente aux enchères judiciaire<br />
BRUXELLES<br />
9 Antenor Auction<br />
Paintings, furniture and<br />
works of art from Antiquity to<br />
contemporary BRUXELLES<br />
13-18 Heritage Auctions<br />
Europe<br />
Coins, Currency and Medals<br />
IJSSELSTEIN<br />
14 Zeeuws Veilinghuis<br />
Exclusive Items MIDDELBURG<br />
14-17 Bubb Kuyper<br />
Boeken, prenten, tekeningen<br />
en schilderijen HAARLEM<br />
15 Zeeuws Veilinghuis<br />
Aziatica ONLINE<br />
15 Zeeuws Veilinghuis<br />
Indonesian Art ONLINE<br />
15 Veilinghuis De Ruiter<br />
Diamanten en horloges<br />
KLAASWAAL<br />
16 Veilinghuis De Ruiter<br />
Juwelen KLAASWAAL<br />
20 Veilinghuis Bouwman<br />
Speelgoed ONLINE<br />
27 Vendu Rotterdam<br />
Design ROTTERDAM<br />
27-3 Venduehuis Den Haag<br />
Vendue Next Door I ONLINE<br />
27-4 Venduehuis Den Haag<br />
Vendue Next Door II ONLINE<br />
27-5 Venduehuis Den Haag<br />
Vendue Next Door IIImodelbouw<br />
en miniaturen<br />
ONLINE<br />
102
Fair calendar may—june <strong>2024</strong><br />
Belgium<br />
Portugal<br />
The Netherlands<br />
United Kingdom<br />
United states<br />
MAY<br />
MAY<br />
MAY<br />
MAY<br />
MAY<br />
5 Zilvermarkt<br />
Laarne<br />
16-19 Antwerp Art Weekend<br />
Antwerpen<br />
18-20 Brocante Deulin<br />
Deulin<br />
19-20 Marché Céramique<br />
Andenne<br />
Andenne<br />
24-26 ART3F<br />
Kortrijk<br />
France<br />
MAY<br />
23-26 ARCO Lisboa<br />
Lisboa<br />
Scotland<br />
JUNE<br />
7-23 Glasgow Contemporary<br />
Art Fair<br />
Glasgow<br />
Switzerland<br />
JUNE<br />
10-16 VOLTA Basel<br />
Basel<br />
9 Art on Paper<br />
Amsterdam<br />
17-20 Pinkstereditie: Kunst en<br />
Antiek Weekend<br />
Zeist<br />
24-26 Huntenkunst<br />
Ulft<br />
29-2/6 Amsterdam Art Week<br />
Amsterdam<br />
JUNE<br />
7-9 Het Juweel<br />
Driebergen<br />
7-12 The Decorative Fair<br />
Spring<br />
London<br />
9-14 The Decorative Antiques<br />
& Textiles Fair<br />
London<br />
16-19 Photo London<br />
London<br />
16-19 London’s Rare Book Fair<br />
London<br />
16-19 Firsts London <strong>2024</strong><br />
London<br />
1-5 Frieze New York<br />
New York<br />
2-5 NADA New York<br />
New York<br />
2-12 AKAA<br />
Los Angeles<br />
9-12 Independent New York<br />
New York<br />
9-14 TEFAF New York<br />
New York<br />
9-12 Focus Art Fair New York<br />
London<br />
31-2/6 BAD+ Art Fair<br />
Bordeaux<br />
10-16 Photo Basel<br />
Basel<br />
JUNE<br />
6-13 Printemps Asiatique<br />
Paris<br />
Paris<br />
10-23 Liste Art Basel<br />
Basel<br />
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Un an de plaisir<br />
de lecture !<br />
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103
Chambre Royale Belgo-<br />
Luxembourgeoise des salles de ventes<br />
aux enchères, commissaires-priseurs, courtiers et experts mobiliers<br />
asbl fondée en 1936<br />
Avenue Louise 500,<br />
1000 Bruxelles<br />
Tél. 0475-62 71 85<br />
Fax 02-741 60 70<br />
www.auctions-in-belgium.be info@auctions-in-belgium.be<br />
Extrait de la liste des membres (Liste complète disponible au sécretariat ci-dessus)<br />
ANVERS<br />
Amberes sprl<br />
(Dir. Rik Dupain - Marc<br />
Royer)<br />
Terninckstraat 6-8-10, 2000<br />
Antwerpen<br />
T.03/226.99.69 -<br />
F.03/227.03.89<br />
www.amberes.be.<br />
Ventes aux enchères d’œuvres<br />
d’art cataloguées, estimations<br />
pour successions<br />
et assurances. Catalogues<br />
illustrés. Ventes bourgeoises<br />
hebdomadaires. Plus de 35<br />
000 lots attribués par an.<br />
Bernaerts<br />
(Dir. Ch. & P. Bernaerts)<br />
Verlatstraat 16-22, Antwerpen<br />
T.03/248.19.21<br />
info@bernaerts.be<br />
www.bernaerts.be<br />
Live & online.<br />
Maîtres anciens, romantiques<br />
et modernes.<br />
Antiquités, arts appliqués,<br />
design, œuvres sur papier.<br />
Expertises pour succession et<br />
assurance.<br />
Campo & Campo<br />
(Dir. Guy Campo)<br />
Grote Steenweg 19-21 - 2600<br />
Berchem<br />
T.03/218.47.77<br />
F.03/218.53.63<br />
guy@campocampo.be<br />
www.campocampo.be - 5<br />
Ventes aux enchères cataloguées<br />
d’art et d’antiquités,<br />
de peintures, d’estampes, de<br />
sculptures, de meubles, de<br />
porcelaine, d’argenterie, de<br />
tapis, de vins, etc.<br />
DVC<br />
(Dir. D. Van Cappel)<br />
Ellermanstraat 36-38 - 2060<br />
Antwerpen<br />
T.03/232.36.64<br />
F.03/234.22.14<br />
Ventes aux enchères d’art<br />
et d’antiquités cataloguées,<br />
estimations et évaluations<br />
pour successions et assurances.<br />
dvc@dvc.be<br />
www.dvc.be<br />
Jordaens SA<br />
Drabstraat 74 - 2640 Mortsel<br />
T.03/449.44.30<br />
info@jordaens.eu<br />
www.jordaens.eu<br />
Ventes publiques d’œuvres<br />
d’art, d’antiquités, de bijoux,<br />
de vins, de collections et<br />
mobilier. Évaluations pour<br />
succession et assurance.<br />
BRABANT-WALLON<br />
Salle de Ventes du<br />
Beguinage s.p.r.l.<br />
(Olivier Bolens - David Libotte)<br />
Avenue Vésale 11, 1300 Wavre<br />
T.02/218.17.42<br />
F.02/218.86.50<br />
www.salledeventesdubeguinage.be<br />
info@svbeguinage.com<br />
Online via Drouot digital<br />
BRUXELLES<br />
Arenberg Auctions<br />
(Dir. Henri Godts)<br />
Rue aux Laines 19 bte 2 -<br />
1000 Bruxelles<br />
T. 02-5441055<br />
info@arenbergauctions.com<br />
www.arenbergauctions.com<br />
Vente aux enchères d’atlas,<br />
de livres, d’estampes et de<br />
dessins rares. Également<br />
bibliothèques entières,<br />
archives et manuscrits rares.<br />
Ventes Haynault<br />
(Dir. Rodolphe de<br />
Maleingreau d’Hembise)<br />
Rue de Stalle 9 - 1180 Uccle<br />
T.02/842.42.43<br />
www.haynault.be<br />
info@haynault.be<br />
Neuf ventes aux enchères<br />
spécialisées par an : bijoux,<br />
orfèvrerie, pièces de monnaie,<br />
collections et souvenirs<br />
historiques, peintures,<br />
œuvres d’art d’Europe et<br />
d’Asie.<br />
Lempertz 1798<br />
(Dir. Emily Jolly)<br />
Rue du Grand Cerf 6, 1000<br />
Bruxelles<br />
T. 02 514 05 86<br />
brussel@lempertz.com<br />
jolly@lempertz.com<br />
www.lempertz.com<br />
Estimations et évaluations du<br />
lundi au vendredi de 9h à 13h<br />
et de 14h à 17h.<br />
Hôtel de Ventes Horta<br />
(Dir. Dominique de Villegas)<br />
70/74 Avenue de<br />
Roodebeek, 1030 Schaerbeek<br />
T.02/741.60.60<br />
F.02/741.60.70<br />
www.horta.be<br />
info@horta.be<br />
Ventes mensuelles cataloguées<br />
d’antiquitées, oeuvres<br />
d’art, bijoux et vins.<br />
BA Auctions<br />
(Dir. Ph Serck)<br />
Rue Ernest Allardstraat 7-9 /<br />
Sablon, 1000 Bruxelles<br />
T.02/511.53.24<br />
F. 02/503.62.10<br />
www.ba-auctions.com<br />
info@ba-auctions.com<br />
Vente d’art et antiquités.<br />
Spécialiste en art belge classique<br />
et moderne.<br />
Galerie Moderne<br />
(Dir. David & Jérôme Devadder)<br />
Rue du Parnasse 3, 1050<br />
Ixelles<br />
T.02/511.54.15 - F.02/511.99.40<br />
www.galeriemoderne.be -<br />
info@galeriemoderne.be<br />
11 Ventes mensuelles cataloguées.<br />
FLANDRE ORIENTALE<br />
Coronari<br />
(Dir. Tim De Doncker)<br />
Steenweg 144/A, 9810<br />
Nazareth<br />
T. 09/3123240<br />
info@coronariauctions.com<br />
www.coronariauctions.com<br />
Coronari Auctions organise<br />
quatre ventes aux enchères<br />
internationales d’art et d’antiquités<br />
par an. Spécialisée<br />
dans l’art européen, asiatique<br />
et islamique, avec un accent<br />
particulier sur la porcelaine<br />
chinoise, les maîtres anciens<br />
et les peintures des XIXe<br />
et XXe siècles. Audience<br />
internationale. Expertise<br />
scientifique. Estimations,<br />
recherches, conseils.<br />
DVC<br />
(Dir. D. Van Cappel)<br />
Zandlopersstraat 10 - 9030<br />
Mariakerke<br />
T.09/224.14.40<br />
F.09/225.04.14<br />
dvc@dvc.be<br />
www.dvc.be<br />
Ventes aux enchères d’œuvres<br />
d’art et d’antiquités<br />
cataloguées. Successions et<br />
évaluations pour successions<br />
et assurances.<br />
Galerie et Salle de Ventes<br />
Pictura sprl<br />
Brusselsesteenweg 656<br />
9050 Gentbrugge<br />
T.0475/74.49.25<br />
henk.vervondel@telenet.be<br />
www.pictura.be<br />
Loeckx Auctioneers<br />
(Dir. Cécile La Pipe,<br />
Peter en Natan Loeckx)<br />
Ingelandgat 4, 9000 Gand<br />
T.09/223.37.93<br />
F.09/233.76.71<br />
www.loeckx.be<br />
info@loeckx.be<br />
International art & antiques<br />
auctions. Expertises.<br />
De Vuyst<br />
(Dir. Guy De Vuyst &<br />
Pascale Philips)<br />
Kerkstraat 22-54, 9160<br />
Lokeren<br />
T.09/348.54.40<br />
F.09/348.92.18<br />
www.de-vuyst.com<br />
info@de-vuyst.com<br />
Vente aux enchères et<br />
expositions internationales,<br />
du XVIIe siècle à l’art contemporain.<br />
Successions et<br />
évaluations de successions<br />
et assurances.<br />
FLANDRE OCCIDENTALE<br />
Carlo Bonte Auctions<br />
Kardinaal Mercierstraat 20,<br />
8000 Brugge<br />
www.carlobonte.be<br />
info@carlobonte.be<br />
T. 050 33 23 55<br />
Ventes aux enchères internationales<br />
en ligne, art et<br />
antiquités, art asiatique,<br />
art occidental, antiquités,<br />
design. Conseils de ventes -<br />
expertises - estimations.<br />
Van de Wiele Auctions<br />
Groeninge 34, 8000 Bruges<br />
T.050 49 07 69<br />
auctions.vandewiele@proximus.be<br />
www.vdw-auctions.com<br />
Imprimés et manuscrits<br />
rares, cartes anciennes,<br />
atlas, gravures et peintures.<br />
Estimations pour assurances<br />
et successions.<br />
HAINAUT<br />
Monsantic<br />
(Dir: Daniel Otten)<br />
Rue Grande 193b, 7020 Mons<br />
T.065/73.94.00<br />
F.065/73.94.09<br />
otten@monsantic.com<br />
www.monsantic.com<br />
Ventes publiques cataloguées.<br />
Expertises le<br />
mercredi, le samedi ou sur<br />
rendez vous - déplacement<br />
gratuit à domicile.<br />
LIEGE<br />
Hôtel des Ventes Elysée<br />
(Dir. José & Ch. Fairon)<br />
Boulevard Cuivre et Zinc 28,<br />
4000 Liège<br />
T.04/221.09.09<br />
F. 04/221.15.05<br />
www.ventes-elysee.be<br />
info@ventes-elysee.be<br />
Ventes publiques mensuelles<br />
d’antiquités et objets<br />
d’art, Vintage, Maroquinerie,<br />
Bijoux. Expertises et accueil<br />
du lundi au vendredi. Fermé<br />
le mercredi.<br />
Légia Auction<br />
Rue de Cras-Avernas 12,<br />
4280 Hannut<br />
Tél. : 019/63.55.59<br />
0495/87.99.01 (Bruno de<br />
Wasseige) 0475/27.73.87<br />
(Vincent de Lange)<br />
www.legia-auction.com<br />
contact@legia-auction.com<br />
Ventes publiques d’Arts et<br />
d’Antiquités, tapis, mobiliers,<br />
bijoux, tableaux, Art d’Asie,…<br />
Expertises gratuites sur rendez-vous.<br />
Librairie Lhomme<br />
(Dir. David Lhomme)<br />
Rue des Carmes 9, 4000<br />
Liège<br />
T.04/223.24.63<br />
F.04/222.24.19<br />
www.michel-lhomme.com<br />
librairie@michel-lhomme.<br />
com<br />
Livres anciens et modernes<br />
de qualité, gravures, tableaux,<br />
curiosités.<br />
Hôtel des Ventes Legros<br />
(Dir. Benoît Legros)<br />
Rue Peltzer de Clermont 41,<br />
4800 Verviers<br />
T. 087/33.01.00<br />
www.venteslegros.com<br />
benoit.legros@euronet.be.<br />
Ventes régulières d’antiquités<br />
et objets d’art.<br />
Hôtel des Ventes Mosan<br />
(Dir. Maxence Nagant de<br />
Deuxchaisnes)<br />
Rue du Nord belge 9, 4020<br />
Liège<br />
T.04/344.91.70 - F.04/341.39.19<br />
www.hvm.be<br />
Expertises gratuites tous les<br />
vendredi de 9h à 12h30 et de<br />
14h à 18h<br />
NAMUR<br />
Salle de Ventes Rops<br />
(Dir. Paul & Benoît de<br />
Sauvage)<br />
Avenue d’Ecolys 2, 5020<br />
Namur<br />
T.081/74.99.88<br />
F.081/74.99.86<br />
www.rops.be<br />
www.rops-online.be<br />
Ventes publiques mensuelles<br />
d’antiquités et ventes bourgeoises.<br />
Expertises gratuites<br />
à domicile sur rendez-vous<br />
ou à la salle tous les jours<br />
de 9h à 12h, sauf les lundis<br />
et jeudis.<br />
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offre un aperçu historique de l’art<br />
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Recherche<br />
Collectionneur de bouteilles<br />
recherche des bouteilles de vin en<br />
verre des XVIIe et XIXe siècles, de<br />
préférence avec une estampille /<br />
sceau dans le verre.<br />
Willy Van den Bossche, wvdbossche@<br />
telenet.be ou T. +32/(0)473/37.24.94<br />
www.facebook.com/profile.<br />
php?id=100080201273036<br />
Recherche : En collaboration avec<br />
Richard Overstreet, ayant-droit de<br />
Leonor Fini et co-auteur du Catalogue<br />
Raisonné des peintures à l’huile de<br />
l’artiste, paru en 2021, nous recherchons<br />
activement les tableaux qui<br />
n’auraient pas été repris dans la première<br />
version de cet ouvrage pour<br />
une actualisation de celui-ci. Nous<br />
sommes également à la recherche<br />
de toute oeuvre originale (dessin ou<br />
aquarelle) ayant été réalisée entre 1940<br />
et 1955, car plusieurs des séries réalisées<br />
à cette époque figureront également<br />
dans le Supplément actuellement<br />
en cours de rédaction. Les<br />
propriétaires de ces oeuvres peuvent<br />
prendre contact avec nous à l’adresse<br />
e-mail : cedric.crlf@gmail.com<br />
Collectionneur cherche à acquérir<br />
des dessins ou peintures des XVIIe<br />
et XVIIIe siècle : marines, batailles,<br />
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