22.04.2024 Views

COLLECT Belgique Mai 2024

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

collect<br />

Mensuel ne paraît pas en janvier, en juillet ni en août - 7,95 € - P608061<br />

N° 534 / MAI <strong>2024</strong><br />

Jan Davidsz. de Heem<br />

Théâtrales natures mortes<br />

Roger Capron<br />

Céramiste éclectique<br />

Peinture africaine<br />

contemporaine<br />

Une ode à la diversité


Francis Picabia, Silene, env. 1930 – 31, € 200.000 – 300.000, vente le 22 mai <strong>2024</strong><br />

ART MODERNE ET CONTEMPORAIN<br />

JOAILLERIE, MONTRES<br />

Ventes de prestige<br />

á Vienne<br />

22 – 28 mai <strong>2024</strong><br />

Dorotheum Bruxelles<br />

Honorine d’Ursel, T. +32-2-514 00 34<br />

honorine.dursel@dorotheum.be<br />

www.dorotheum.com


EMILE CLAUS<br />

Peintre du pays de la Lys<br />

4 mai - 9 juin <strong>2024</strong><br />

La galerie est ouverte tous les samedis et<br />

dimanches de 14h à 18h<br />

Latemstraat 20<br />

9830 Sint-Martens-Latem<br />

+32 9 281 11 70 | www.oscardevos.be


Max Ernst Les antipodes du paysage. 1954. Huile sur panneau. 26,7 x 35,4 cm. Estimation 200.000-250.000 €. Vente le 4 juin<br />

1798<br />

VENTES À COLOGNE<br />

14 mai Bijoux et Montres précieuses 15 mai Arts Décoratifs 16 mai Maîtres Anciens et 19e siècle<br />

4/5 juin Art Moderne et Art Contemporain 4 juin Photographie 27 mai–7 juin Contemporary Art Online<br />

18 juin Art Asiatique 3–25 juin Asian Arts Online<br />

Cologne, Neumarkt 3 T +49-221-92 57 290 info@lempertz.com www.lempertz.com<br />

Bruxelles, 6 rue du Grand Cerf T 02-514 05 86 bruxelles@lempertz.com


<strong>COLLECT</strong><br />

Est. 1971 – mai <strong>2024</strong> n°534<br />

Édito<br />

Rédacteur en Chef<br />

Christophe Dosogne<br />

Rédaction<br />

Els Bracke<br />

Christophe Dosogne<br />

Trice Hofkens<br />

Collaborateurs<br />

Gilles Bechet, Tamara Beheydt,<br />

Jean-Marc Bodson, Thijs Demeulemeester,<br />

Gwenaëlle de Spa, Gwennaëlle<br />

Gribaumont, Elien Haentjens, Diane<br />

Hennebert, Ben Herremans, Anne<br />

Hustache, Ewoud Mijnlief, Bernard Roisin,<br />

Christine Vuegen<br />

Vers un appauvrissement<br />

patrimonial de l’Europe ?<br />

Mise en pages<br />

Renaldo Candreva<br />

Ellis De Vuyst<br />

Administration, Rédaction, Agenda<br />

Begijnhoflaan 464 G<br />

9000 Gand<br />

Tél. : 09/216.20.20<br />

collect@ips.be<br />

www.collectaaa.be<br />

Publicité<br />

Secteur Art : Joris van Glabbeek<br />

Tél. : 09/216.20.24<br />

collect.net@ips.be<br />

Tout autre secteur :<br />

MAC-Strat SRL /<br />

Yves de Schaetzen<br />

Tél. : 0475/82.96.00<br />

yves@macstrat.be<br />

Distribution<br />

Librairies<br />

AMP<br />

La Poste<br />

Abonnements<br />

Pays d’Abonnements, Ambachtenlaan 21,<br />

Unit 2A - 3001 Heverlee<br />

Tél. 02/808.55.23<br />

serviceclient@paysdabonnements.be<br />

<strong>Belgique</strong> 49,5 €, Europe 70 €<br />

Les abonnements sont à reconduction<br />

automatique, sauf avis contraire envoyé<br />

au minimum deux mois avant la date<br />

d’échéance. Un abonnement offert en<br />

cadeau se termine automatiquement<br />

au bout d’un an. Pour un changement<br />

d’adresse, une résiliation, un numéro<br />

manquant, ou toute autre question,<br />

surfez sur : www.paysdabo.be<br />

Membre de l’Union des Editeurs<br />

de la Presse Périodique<br />

Pour les auteurs d’art visuel et les photographes<br />

: © CISAC / SABAM Belgium <strong>2024</strong><br />

Portrait : © Guy Kokken<br />

Editeur responsable :<br />

Patrick Snoeck<br />

En couverture<br />

Roger Capron, grand pied de lampe, ca.<br />

1950, grès émaillé, 51 x 51 cm. Sotheby’s,<br />

Paris, 17-12-2020. © Sotheby’s Art Digital<br />

Studio – 7.560 € (frais inclus)<br />

Nulle partie de cette publication ne peut être reproduite<br />

et/ou publiée par impression, photocopie ou<br />

de toute autre manière que soit, sans l’autorisation<br />

écrite de l’éditeur. Ni la rédaction ni l’éditeur ne<br />

peuvent être tenus pour responsables des opinions<br />

et faits contenus dans les articles signés ou les<br />

contributions de ce magazine, lesquels n’engagent<br />

que leurs auteurs. <strong>COLLECT</strong> ne peut être tenu pour<br />

responsable du contenu des annonces publicitaires<br />

publiées, la responsabilité en incombant uniquement<br />

à l’annonceur. © Arts Antiques Auctions, Gand<br />

Le 26 mars dernier, au cercle TheMerode à<br />

Bruxelles, lors de la soirée organisée par<br />

Art Brussels à l’occasion de sa 40e édition,<br />

le Premier Ministre Alexander De Croo,<br />

grand amateur d’art contemporain, répondait<br />

aux inquiétudes du secteur quant à la modification<br />

possible du régime de la TVA (lire à ce propos<br />

notre édition d’avril, n°533). Sans ambiguïté,<br />

il s’exprimait en ces termes : « Il est souhaitable<br />

que les règles, inhérentes à l’application de la<br />

TVA au secteur de l’art, notamment contemporain,<br />

en <strong>Belgique</strong>, demeurent inchangées afin de<br />

conforter la position du marché belge en Europe.<br />

J’ai d’ailleurs eu une discussion dans ce sens avec<br />

le Ministre Van Peteghem, en charge des Finances.<br />

» Certes, si on a entendu un grand « Ouf ! »<br />

de soulagement parmi les convives présents et<br />

si le secteur semble avoir été entendu et paraît<br />

soutenu dans sa requête, il n’est pas certain<br />

que le gouvernement qui sera aux manettes à<br />

l’issue des élections du 9 juin prochain l’entende<br />

de cette oreille. Pour rappel, la directive européenne<br />

UE2022/542, relative à l’harmonisation<br />

de la TVA, doit être transposée par chaque Etat<br />

membre, dans sa propre législation, au plus<br />

tard le 1er janvier 2025… Pour l’heure, c’est une<br />

autre directive européenne qui agite le landerneau,<br />

notamment français. Portant le numéro<br />

UE2019/880, ce texte qui tend à restreindre la<br />

marge de manœuvre des marchands d’art et des<br />

commissaires-priseurs quant à l’importation de<br />

biens culturels extra-européens, en subordonnant<br />

l’entrée de ces nouvelles richesses à des<br />

obligations déclaratives et autres demandes de<br />

licence, briderait les transactions commerciales<br />

en promettant, à plus ou moins court terme,<br />

un appauvrissement patrimonial inéluctable.<br />

Car, si les objectifs du texte, qui vise à protéger<br />

le patrimoine culturel universel et à intensifier<br />

la lutte contre le financement du terrorisme,<br />

semblent louables, les moyens pour y parvenir<br />

s’apparentent à un parcours du combattant pour<br />

les acteurs du marché de l’art. Ce qui inquiète<br />

plus particulièrement, ce sont les modalités qui<br />

doivent entrer en application, au sein de l’Union,<br />

à compter du 28 juin 2025. Celles-ci comportent<br />

des contraintes administratives lourdes,<br />

telle que la subordination à l’obtention d’une<br />

licence de l’importation des produits de fouilles<br />

archéologiques ou d’éléments provenant de<br />

démembrement de monuments de plus de 250<br />

ans. Une demande qui devra se faire obligatoirement<br />

via un système informatique, centralisé à<br />

l’échelle européenne, l’Import of Cultural Goods<br />

(ICG). Chaque Etat-membre disposant ensuite<br />

d’un délai légal (pouvant aller jusqu’à 151 jours<br />

en France, par exemple) pour y répondre, pas<br />

forcément favorablement… De même, précisait<br />

La Gazette Drouot dans son édition du 15<br />

mars dernier, « l’importation de biens culturels<br />

de plus de 200 ans, ayant une valeur minimale<br />

de 18.000 euros, sera soumise à une déclaration<br />

de l’importateur. Celle-ci comprend une<br />

description détaillée de l’objet et une attestation<br />

standardisée de toutes les diligences menées<br />

pour s’assurer que la sortie du pays s’est faite<br />

conformément à sa législation interne ( factures,<br />

documents de transport…). » Un carcan ubuesque<br />

et déraisonnable, selon les observateurs, eu<br />

égard à la menace réelle d’un financement du<br />

terrorisme par le trafic d’œuvres d’art, jugé anecdotique<br />

par différents organes d’Etat, notamment<br />

en France et aux Etats-Unis. Outre qu’elles<br />

semblent exagérément tatillonnes, ces règles<br />

comportent le risque de voir des pans entiers du<br />

marché de l’art européen se délocaliser vers des<br />

villes comme Londres ou Genève, non concernées<br />

par ces dispositions. Dans son édition du<br />

10 avril, Le Figaro pointait d’ailleurs déjà la disparition<br />

probable, à court terme, du marché de<br />

l’archéologie au sein de l’Union. <strong>Mai</strong>s, in fine, au<br />

profit de quoi et surtout de qui ?<br />

Christophe Dosogne<br />

5


34<br />

76<br />

Le marché de l’art<br />

après le Covid…<br />

48<br />

Au fil du temps :<br />

le portefeuille<br />

Les artistes africains<br />

sont à l’origine d’un<br />

changement de<br />

paradigme important<br />

Maja Wismer<br />

Un impact durable<br />

sur ses acteurs ?<br />

52<br />

La cote d’Eugeen<br />

van Mieghem<br />

24<br />

Rombout Verhulst, grand<br />

sculpteur méconnu<br />

Van Mieghem a observé<br />

tous les travailleurs du port<br />

d’Anvers, de même que les<br />

innombrables migrants en<br />

route vers une vie meilleure.<br />

6


14<br />

La Biennale : momentum<br />

artistique ou champ<br />

de bataille politique ?<br />

Sommaire<br />

<strong>Mai</strong> <strong>2024</strong><br />

Dossiers<br />

Ventes<br />

70<br />

L’héritage d’Emiel<br />

Veranneman<br />

14 La Biennale : momentum<br />

artistique ou champ de<br />

bataille politique ?<br />

24 Rombout Verhulst, ce<br />

grand sculpteur méconnu<br />

28 Jan Davidsz. De Heem,<br />

somptueuses natures<br />

mortes<br />

32 Marisa Merz, écouter<br />

l’espace<br />

34 54 nuances de Black Joy<br />

40 IPARC : “Restaurer c’est<br />

innover”<br />

44 La céramique éclectique<br />

de Roger Capron<br />

48 Au fil du temps :<br />

le portefeuille<br />

52 La cote d’Eugeen<br />

Van Mieghem<br />

70 L’héritage d’Emiel<br />

Veranneman<br />

76 Le marché de l’art après<br />

le Covid…<br />

78 L’avis de l’experte<br />

82 Focus International<br />

86 Vente en <strong>Belgique</strong><br />

Agendas<br />

60 Musées<br />

68 Galeries<br />

102 Ventes<br />

103 Foires<br />

Rubriques<br />

8 Up to date<br />

12 Personalia<br />

20 L’artiste du mois :<br />

Nicolas Verschaeve<br />

22 Zoom : Annie Ernaux<br />

56 Musées<br />

62 Parole de galeriste :<br />

UPPERCUT<br />

63 Galeries<br />

67 Parole de galeriste :<br />

Annie Gentils Gallery<br />

104 Salles de ventes<br />

105 Bonnes adresses<br />

& Sites Web<br />

105 Petites annonces<br />

La rédaction de <strong>COLLECT</strong><br />

envoie régulièrement une<br />

newsletter d’actualité des<br />

ventes, foires et salons...<br />

Inscrivez-vous y directement via<br />

notre site internet ci-dessous.<br />

SUIVEZ-NOUS ÉGALEMENT<br />

@ARTMAGAZINE<strong>COLLECT</strong><br />

www.collectaaa.be<br />

7


Up to date<br />

-><br />

L’espace bruxellois de la nouvelle Galerie Lodovico Corsini<br />

(ex-CLEARING). © D. R.<br />

-><br />

Stephan Goldrajch, Urban Folly II – Emilie Louise Flöge, <strong>2024</strong>, technique mixte. © de l’artiste<br />

/ photo : D. R.<br />

Signa temporum, ars temporis…<br />

Fin mars, un an après le décès de l’ancien<br />

président de la Chapelle musicale Reine<br />

Elisabeth, était lancée la Fondation Bernard<br />

de Launoit qui tient à privilégier les projets<br />

audacieux, originaux et courageux dans<br />

les domaines de la musique, du cinéma,<br />

des arts plastiques, de la montagne et de<br />

l’aventure. www.fondationbdl.com S Les<br />

passionnés d’Art nouveau peuvent désormais<br />

plonger dans un trésor architectural à<br />

travers toute la <strong>Belgique</strong> grâce au lancement<br />

de la plateforme www.admirable-artnouveau.be<br />

S Dans le cadre de l’Année Art<br />

nouveau, Urban.Brussels a commandé à<br />

l’artiste Stephan Goldrajch (1986), l’œuvre<br />

Urban Folly II – Emilie Louise Flöge (<strong>2024</strong>).<br />

Inaugurée le 19 avril dernier, à proximité du<br />

Palais Stoclet, sur l’avenue de Tervuren, elle<br />

rend hommage à la muse et compagne de<br />

Gustav Klimt, qui figure notamment dans<br />

son Etreinte de la fresque en mosaïque installée<br />

dans la salle à manger de la demeure<br />

bruxelloise de la famille Stoclet. S Nouveauté<br />

au musées Art et Histoire, à Bruxelles :<br />

une nouvelle cantine chic, intitulée Gédéon,<br />

vient d’y ouvrir ses portes, sous la houlette<br />

du groupe Chou de Bruxelles. Au cœur du<br />

Cinquantenaire, Gédéon (qui rend hommage<br />

au premier architecte attaché à la<br />

construction du site, Gédéon Bordiau) met<br />

en avant une cuisine généreuse et moderne,<br />

inspirée de la tradition bourgeoise.<br />

www.gedeon-restaurant.be S L’Antwerp<br />

Art Weekend fête ses dix ans d’existence.<br />

En plus de 70 galeries, musées et autres<br />

organisations artistiques, cet événement<br />

promeut la scène artistique contemporaine<br />

anversoise. Un vaste programme d’expositions,<br />

événements, fêtes et autres activités,<br />

vous attend du 16 au 19-05. www.antwerpartweekend.be<br />

S Les rumeurs se confirment<br />

: CLEARING, enseigne née à New<br />

York, présente à Bruxelles et Los Angeles,<br />

a définitivement scindé ses activités. Selon<br />

le communiqué officiel, « après douze ans<br />

de relations transatlantiques,… les entités<br />

américaine et européenne de la galerie se<br />

séparent ». La galerie bruxelloise passe ainsi<br />

sous la houlette de son ancien directeur,<br />

Lodovico Corsini, et opérera en son nom<br />

propre, tout en demeurant dans le même<br />

espace bruxellois. Tandis qu’aux Etats-<br />

Unis, l’enseigne demeure sous la direction<br />

de son fondateur, Olivier Babin. www.cl-e-a-r-i-n-g.com<br />

S La foire bruxelloise<br />

<strong>COLLECT</strong>IBLE annonce pour septembre,<br />

pendant la semaine de l’Armory Show, une<br />

première édition new-yorkaise produite en<br />

partenariat avec Water Street Projects et qui<br />

se tiendra dans le WSA Building, bâtiment<br />

historique (au 161 Water Street) réhabilité<br />

en espace de coworking, d’art, d’excellence,<br />

de production et de divertissement. www.<br />

collectible.design S Egalement prévu pour<br />

septembre, Constantin Chariot, ex-directeur<br />

de La Patinoire Royale / Galerie Valérie<br />

Bach, à Bruxelles, annonçait dernièrement<br />

l’ouverture d’un espace d’exposition dans<br />

les environs du WIELS, à Forest. Situé sur<br />

1000 m², au 110 de la rue Pierre Decoster,<br />

l’Espace Constantin Chariot sera dédié<br />

à l’art moderne et contemporain, plus<br />

particulièrement en lien avec l’abstraction.<br />

8


UP TO DATE<br />

-><br />

Vue de l’atelier de Nancy Taelman, lors de l’édition 2022 d’Atelier in beeld. © Evenbeeld<br />

www.espaceconstantinchariot.art S Fin<br />

avril, Zishan Ansari, propriétaire du service<br />

de conciergerie privée Quintessentially,<br />

ouvrait une galerie à Bruxelles, dans l’ancien<br />

bâtiment de la banque ING (avenue Louise<br />

205-207). Intitulé The Vault Gallery, l’espace<br />

devrait se concentrer sur des artistes internationaux<br />

et contemporains ainsi que sur la<br />

location d’œuvres d’art. www.thevaultgallery.com<br />

S De son côté, la Marlborough<br />

Gallery, honorable enseigne de près de 80<br />

ans renommée pour l’art d’après-guerre,<br />

cesse ses activités dans le monde et, à partir<br />

de juin, l’ensemble de sa programmation.<br />

La galerie exploite actuellement des<br />

espaces à New York, Londres, Madrid et<br />

Barcelone, et aurait quelque 250 millions de<br />

dollars d’œuvres à vendre en stock. Selon<br />

des sources bien informées, une partie des<br />

bénéfices de cette liquidation est destinée à<br />

être reversée à des institutions culturelles à<br />

but non lucratif qui soutiennent les artistes<br />

contemporains. Cette triste issue conclut<br />

une période dramatiques pour la galerie,<br />

dont une querelle familiale et un procès<br />

intenté par son président, Max Levai, contre<br />

deux membres du conseil d’administration.<br />

www.marlboroughgallery.com S Retour à<br />

Bruxelles, où l’agente immobilière Charlotte<br />

André s’associe au galeriste et expert en art<br />

Stéphane Cauchies pour former Sérénité,<br />

société d’expertises au service de la gestion<br />

du patrimoine tant mobilier qu’immobilier.<br />

www.serenite-expertises.be S Le weekend<br />

des 4 et 5 mai, la troisième édition<br />

d’Atelier in beeld renoue avec son principe<br />

d’ouverture d’ateliers, tant en Flandre qu’à<br />

Bruxelles, parmi plusieurs milliers d’artistes<br />

participants, sculpteurs, peintres, artistes<br />

3D, céramistes et autres calligraphes. www.<br />

atelierinbeeld.be S Pour sa 5e édition, la<br />

Biennale d’art contemporain WAW ! (jusq.<br />

23-06) réunit trois communes bruxelloises<br />

(Auderghem, Woluwe-Saint-Pierre et Woluwe-Saint-Lambert)<br />

accueillant les œuvres<br />

de quatorze artistes, dont Elodie Antoine,<br />

Emmanuel Bayon, Maëlle Dufour, Caroline<br />

Le Méhauté et Léopoldine Roux. www.<br />

wolubilis.be S Du 10-05 au 01-06, c’est le<br />

retour du Kunstenfestivaldesarts qui célèbre<br />

la création artistique contemporaine à<br />

travers le théâtre, la danse, les performances<br />

et les arts visuels. www.kfda.be S Du 27-05<br />

au 02-06, partout en France, le SYMEV<br />

(Syndicat National des <strong>Mai</strong>sons de Ventes<br />

Volontaires) organise la XVIIIe édition des<br />

fameuses Journées Marteau qui permettent<br />

aux néophytes et aux connaisseurs de faire<br />

gracieusement expertiser et estimer leurs<br />

objets, bijoux ou encore œuvres d’art. Ce<br />

rendez-vous incontournable fait également<br />

découvrir au plus grand nombre les<br />

rouages des enchères sous forme d’ateliers,<br />

conférences ou encore jeux. www.symev.<br />

org S A l’issue de ses ventes de ce mois,<br />

l’auctioneer Sotheby’s a décidé de diminuer<br />

sa commission acheteur de 26 à 20 % pour<br />

les œuvres dont la valeur d’enchère est inférieure<br />

à 6 millions de dollars. Au-delà, cette<br />

commission redescend à 10 %. Selon les<br />

observateurs, il s’agirait d’une stratégie de<br />

séduction visant à inciter les acteurs du haut<br />

du marché à poursuivre chez elle leurs acquisitions<br />

mais aussi à recourir à ses services<br />

en cas de (re)vente. www.sothebys.com S<br />

Villa Zonneschijn<br />

-><br />

Emile Claus, Villa Zonneschijn au printemps, 1910, huile<br />

sur toile, 140 x 202 cm. © Galerie Oscar De Vos<br />

La Galerie Oscar De Vos est spécialisée depuis 1968 dans l’art des<br />

artistes de Laethem-Saint-Martin (ca. 1880-1940), le village des<br />

artistes sur la Lys où elle est également située. A l’occasion du 100e<br />

anniversaire de la mort du peintre Emile Claus (1849-1924), la galerie<br />

lui rend hommage avec l’exposition Emile Claus, peintre du pays de<br />

la Lys. À partir de 1882, Claus et sa future épouse Charlotte Dufaux,<br />

s’installaient dans une maison de la région, plus tard renommée Villa<br />

Zonneschijn, devenue lieu de rencontre pour leurs amis artistes. Le<br />

milieu rural, la Lys et les habitants des campagnes offrirent au peintre<br />

une source d’inspiration inépuisable. En une vingtaine de tableaux,<br />

dont certains inédits, l’exposition propose un aperçu de son œuvre<br />

(du 04-05 au 09-06). www.oscardevos.be<br />

9


UP TO DATE<br />

Promenades printanières<br />

-><br />

Terry Davies, œuvre récente exposée lors du Marché de la Céramique d’Andenne. © de l’artiste<br />

Le mois de mai est l’occasion de se rendre<br />

dans quantité de salons organisés dans des<br />

endroits singulier. À partir du dimanche<br />

05-05, se déroule ainsi la 8e édition du<br />

Marché de l’Argenterie du Château de<br />

Laarne, forteresse médiévale entourée de<br />

douves près de Gand. Les organisateurs,<br />

Herita Foundation et l’antiquaire Emil<br />

Fonfoneata, y invitent des exposants de<br />

renom à exposer leurs plus belles pièces.<br />

A cette occasion, il est également possible<br />

d’admirer l’exceptionnelle collection<br />

d’argenterie de Claude D’Allemagne (1917-<br />

1986), abritée dans le château. Nouveau :<br />

un journée d’expertise gratuite des objets<br />

des visiteurs. www.herita.be S Traditionnellement,<br />

le Marché de la Céramique<br />

d’Andenne se déroule à la Pentecôte, qui<br />

réunit de nombreux céramistes nationaux<br />

et étrangers. Le jury a ainsi sélectionné 70<br />

artistes et l’invité d’honneur est l’An-<br />

glo-italien Terry Davies, qui expose à l’EMA<br />

ses œuvres récentes et animera un atelier.<br />

Cet événement revêt une importance<br />

culturelle et historique pour cette ville,<br />

connue pour son derle et son argile rouge<br />

que l’on retrouve également dans les rues<br />

(du 19 au 20-05 sur la Place des Tilleuls,<br />

la Promenade des Ours et l’Esplanade<br />

du Phare. www.ceramicarterenne.be) S<br />

Comme à son habitude, le Château de<br />

Deulin organise une agréable brocante<br />

d’antiquités, objets de décoration et<br />

mobilier de jardin, lors du week-end de la<br />

Pentecôte. Des dizaines de stands répartis<br />

à travers le domaine forment un parcours<br />

invitant à une promenade exploratoire.<br />

En outre, 70 participants, sélectionnés<br />

par Simon de Harlez, exposeront dans les<br />

dépendances, dans la chapelle, dans les<br />

greniers à foin et dans l’orangerie (du 18 au<br />

20-05). www.espacedeulin.be<br />

-><br />

Doublé<br />

Hanneke<br />

Beaumont<br />

Sur le site de la ferme du château<br />

d’Ooidonk, dont les origines se situent<br />

au XVe siècle, la Galerie Francis<br />

Maere organise la troisième édition<br />

de l’Ooidonk Art Festival. Le festival<br />

démarre avec un focus sur l’artiste<br />

d’origine néerlandaise Hanneke<br />

Beaumont (1947) (du 18-05 au 30-06).<br />

Elle montrera plusieurs sculptures<br />

monumentales en bronze, fonte et<br />

terre cuite, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur<br />

de la ferme, aux côtés d’une<br />

vingtaine d’artistes contemporain<br />

belges et étrangers ayant reçu carte<br />

blanche pour exposer leurs œuvres<br />

dans l’espace qui leur a été désigné :<br />

entre autres, Guillaume Bijl, Willem<br />

Boel, Pierre Clerk, Johan De Wit,<br />

Randoald Sabbe, Kris Martin, Johan<br />

Tahon, Conrad Willems et Sylvie<br />

Martens. Les œuvres de Hanneke<br />

Beaumont seront ensuite transférées,<br />

durant tout l’été (du 08-07 au 30-09),<br />

dans le somptueux cadre du château<br />

d’Annevoie, à Anhee, connu pour<br />

ses spectaculaires jardins d’eau. Le<br />

second volet du festival d’Ooidonk<br />

(du 20-07 au 15-09) accueillera, quant<br />

à lui, une nouvelle sélection d’artistes,<br />

parmi lesquels Stief Desmet,<br />

Jan Fabre, Thomas Renwart, Roeland<br />

Tweelinckx, Koen Van Mechelen, Tim<br />

Volckaert ou Lieven Lefere.<br />

www.ooidonkartfestival.be<br />

www.chateaudannevoie.be<br />

SCRAP, la récup’ solidaire<br />

Entreprise de travail adapté, dont l’objet social consiste à permettre aux personnes<br />

en situation de handicap de trouver un environnement de travail personnalisé et<br />

valorisant, Metalgroup, situé à Marcinelle, lance la marque SCRAP. Ce projet de récup’<br />

solidaire est né de l’envie de réutiliser les chutes générées par les nombreuses<br />

activités de la société, lesquelles consistent à usiner et mettre en œuvre des matériaux<br />

tels que l’acier, l’aluminium, le bois ou le plexiglass, tout en leur donnant<br />

la plus-value apportée par le regard et l’expertise plastique de deux designers<br />

belges, Sylvain Busine et Patrick Everaert, qui partagent ses valeurs. Cette collaboration<br />

vient d’aboutir sur la production d’une première série de six objets, parmi<br />

lesquels une lampe modulable, un tabouret et un porte-manteaux, ensemble qui<br />

sera étoffé au fil du temps et des collaborations futures. www.scrapdesign.be<br />

-><br />

Chaque tabouret de la marque SCRAP est une pièce unique, moderne et écologique, fabriquée<br />

à partir de chutes de bois. © SCRAP<br />

10


UP TO DATE<br />

Quelques classiques printaniers<br />

-><br />

Rudy Loewe, Anansi #2, 2020, acrylique sur toile, bois, 70 x 170 cm. © de l’artiste / VITRINE /<br />

photo : Eleni Parousi<br />

-><br />

Daniel Jack Lyons, Wendell in Drag, 2019.<br />

© de l’artiste / Courtesy Fondation Deutsche<br />

Börse Photography<br />

La foire Independent New York fête cette<br />

année sa 15e édition (du 09 au 12-05), aux<br />

Spring Studios de Tribeca. Les 85 participants<br />

sont sélectionnés sur invitation et<br />

les expositions commandées pour cette<br />

édition se concentrent sur les artistes<br />

émergents faisant leurs débuts à New York,<br />

les noms établis dont les carrières ont besoin<br />

d’une réévaluation critique et orientée<br />

vers le marché et les pratiques multidisciplinaires<br />

qui se concentrent sur les enjeux<br />

sociétaux actuels. www.independenthq.<br />

com S Presque simultanément, la TEFAF<br />

New York investit l’emblématique Park Avenue<br />

Armory, en présentant une sélection<br />

exceptionnelle en art moderne et contemporain,<br />

bijoux, design et antiquités des XXe<br />

et XXIe siècles. L’événement accueille près<br />

de 90 galeries internationales de premier<br />

plan, en provenance de quinze pays et de<br />

quatre continents. Les participants belges<br />

sont Axel Vervoordt et Yves Macaux. (du<br />

10 au 14-05, www.tefaf.com) S À Londres,<br />

Photo London célèbre le 25e anniversaire<br />

de la Deutsche Börse Photography<br />

Foundation avec l’exposition See/Change<br />

– Art Collection Deutsches Börse @25. Les<br />

œuvres sélectionnées mettent en valeur la<br />

diversité de cette collection renommée et<br />

ses positions artistiques sur des thèmes tels<br />

que le changement climatique, l’activisme,<br />

la migration et la société. Mis à l’honneur<br />

cette année, le travail de Valérie Belin avec<br />

l’exposition rétrospective Silent Stories (du<br />

16 au 19-05). www.photolondon.org<br />

-><br />

Bouke de Vries, Guan Yin au nuage diagonal,<br />

2023, fragments de porcelaine chinoise<br />

des XVIIIe et XIXe siècles, 100 x 65 x 28 cm.<br />

© de l’artiste / Courtesy TEFAF New York /<br />

Adrian Sassoon<br />

Hommage à Guy Vandenbranden<br />

La Galerie Callewaert Vanlangendonck, à Anvers, propose l’exposition Nuove tendenze<br />

degli Artisti Belgi (jusq. 05-05). Cette exposition rend hommage à Jef Verheyen, qui a mis<br />

en contact de nombreux artistes belges avec son réseau international d’avant-garde et a<br />

ainsi promu les « Belges en Italie », dont Guy Vandenbranden (1926-2014). La galerie, qui<br />

gère son Estate, s’apprête aussi à commémorer le dixième anniversaire de sa mort, à l’occasion<br />

d’une exposition monographique, qui s’ouvre le 12-05. Cette rétrospective présente<br />

peintures, sculptures et œuvres sur papier, de la période 1950 jusqu’à sa mort, et rend<br />

hommage à l’un des plus importants artistes belges d’après-guerre, reconnu internationalement<br />

pour son art abstrait géométrique.<br />

www.callewaert-vanlangendonck.com<br />

-><br />

Guy Vandenbranden, Composition, 1967, laque cellulosique sur panneau, 72 x 61 cm. © Galerie Callewaert<br />

Vanlangendonck – Prix : 14.500 €<br />

11


Têtes de l’Art<br />

Frédéric Mitterrand<br />

Gaetano Pesce<br />

In memoriam : Gaetano Pesce<br />

(1939), considéré comme le «plus<br />

radical des radicaux», un visionnaire<br />

révolutionnaire en matière<br />

de design, décédait le 3 avril à<br />

New York. Son approche singulière,<br />

brouillant les frontières entre art<br />

et design, il la mena en réaction face<br />

au rationalisme et au fonctionnalisme<br />

du courant moderniste. Il s’est<br />

ainsi lancé dans l’expérimentation<br />

de matériaux et de processus de production<br />

afin de créer des objets qui,<br />

outre leur valeur esthétique, recèlent<br />

une signification profonde, souvent<br />

politique ou religieuse. L’une de ses<br />

créations les plus emblématiques est<br />

la chaise UP5, symbolisant la rondeur<br />

des formes féminines.<br />

© photo : Mark O’Flaherty<br />

Richard Serra<br />

In memoriam : Le sculpteur américain<br />

Richard Serra, connu pour ses<br />

structures monumentales en acier,<br />

décédait le 26 mars à son domicile<br />

de Long Island, à New York, à l’âge<br />

de 85 ans. D’abord peintre, il devint<br />

à partir des années 1960 un sculpteur<br />

de premier plan, jouissant d’une<br />

renommée internationale. Son art,<br />

caractérisé par d’immenses couloirs<br />

inclinés et autres spirales d’acier,<br />

allie grandeur abstraite et intimité<br />

physique. Ses sculptures, composées<br />

d’acier laminé à froid, sont<br />

parfois si lourdes que leur installation<br />

a nécessité la construction de<br />

structures d’accueil spécifiques.<br />

© photo : Oliver Mark<br />

Pierre Cordier<br />

In memoriam : L’ancien ministre de<br />

la Culture et homme de télévision<br />

français Frédéric Mitterrand décédait<br />

le 21 mars, à Paris, à l'âge de 76<br />

ans, des suites d’un cancer agressif.<br />

Neveu de l’ancien président François<br />

Mitterrand, Frédéric Mitterrand<br />

fut d’abord un exploitant de cinéma.<br />

Il développera son goût du cinéma,<br />

des images et des célébrités à la<br />

télévision comme présentateur, pro-<br />

ducteur et réalisateur. Pendant les<br />

années 1980, avec sa voix au rythme<br />

si particulier, faussement monocorde,<br />

il va présenter Étoiles et Toiles<br />

sur TF1, Acteur Studio ou Permission<br />

de minuit. Sur France 2, il anime<br />

Du côté de chez Fred et Étoile-Palace.<br />

Son bonsoir nonchalant et appuyé<br />

est resté dans les mémoires.<br />

© photo : PJB/SIPA<br />

In memoriam : Pierre Cordier,<br />

l’inventeur belge du ‘‘chimigramme’’,<br />

né en 1933, décédait le 21 mars.<br />

Avant d’être peintre, Pierre Cordier<br />

eut une brève carrière de photographe.<br />

En combinant du papier photosensible<br />

et en peignant au vernis à<br />

ongles, il avait créé le premier «chimigramme»,<br />

un procédé qui connut<br />

un fort succès, savant mélange<br />

entre peinture et photographie, permettant<br />

de larges expérimentations.<br />

© Wikipedia / D. R.<br />

12


Bonaventure Soh Bejeng Ndikung<br />

Nicolas Cullinan<br />

Nomination : Ancien directeur de<br />

la National Portrait Gallery, Nicholas<br />

Cullinan (1977) a été nommé<br />

directeur du British Museum. Cette<br />

nomination fait suite à une période<br />

trouble, notamment le scandale des<br />

vols et la nécessité d’une rénovation<br />

à grande échelle. Fort de son expérience<br />

en la matière comme dans<br />

le commissariat d’expositions, il<br />

est considéré comme la personne<br />

la mieux placée pour relancer cette<br />

prestigieuse institution, empêtrée<br />

dans les demandes de restitutions<br />

à répétition des marbres du Parthénon<br />

ou de la Pierre de Rosette et<br />

dont l’étoile tend à pâlir.<br />

© photo : Zoë Law<br />

Nomination : À la fois écrivain, commissaire<br />

d’exposition et docteur en<br />

biotechnologie médicale et en biophysique,<br />

le Camerounais Bonaventure<br />

Soh Bejeng Ndikung (1977)<br />

prenait, début 2023, les rênes de la<br />

Haus der Kulturen der Welt (HKW)<br />

de Berlin. Son travail à la tête de cette<br />

institution, qui a pour vocation de<br />

présenter la diversité de la création<br />

contemporaine avec un focus extraeuropéen,<br />

de même que ses expériences<br />

à la Documenta 14 (2017) et à<br />

la Biennale de Dakar (2018) lui ont<br />

servi de tremplin pour sa désignation<br />

comme commissaire en chef de<br />

la 36e Biennale d’art de Sao Paulo,<br />

qui se déroulera en 2025.<br />

© photo : Jana Edisonga<br />

Amir Nave<br />

Marie Sordat<br />

Lauréate : Née en France mais vivant<br />

à Bruxelles depuis de nombreuses<br />

années, Marie Sordat (1976) remportait<br />

fin mars le premier Prix Germaine<br />

Van Parys, concours destiné<br />

aux femmes photographes. Sa série<br />

intitulée Looks at Brussels a été distinguée<br />

par sa simplicité conceptuelle<br />

et la sincérité de son imagerie.<br />

L’artiste regarde la ville d’un œil neuf,<br />

du centre à la banlieue, capturant sa<br />

versatilité et sa joie de vivre.<br />

© D. R.<br />

Lauréat : Le 21 mars, le jury de la<br />

17e édition du Prix du dessin de<br />

la Fondation d’art contemporain<br />

Daniel et Florence Guerlain récompensait<br />

l’artiste israélien Amir Nave<br />

(1974) qui, à travers ses explorations<br />

de la matérialité du corps<br />

humain, traite de la relation entre<br />

le passé et le déclin actuel de notre<br />

société. Le lauréat a reçu une dotation<br />

de 15.000 euros, tandis qu’une<br />

de ses œuvres rejoindra prochainement<br />

le cabinet d’art graphique du<br />

Musée national d’art moderne Centre<br />

Pompidou, à Paris.<br />

© de l’artiste<br />

13


14<br />

La Biennale<br />

Momentum artistique ou champ de bataille politique ?


Denicolai & Provoost, Picnic party at Lago di<br />

Resia, Petticoat Government, visible dans le<br />

Pavillon belge. © Courtesy Petticoat Government<br />

(Denicolai & Provoost)<br />

15


Ced’art Tamasala (CATPC), Matthieu Kasiama (CATPC), Renzo Martens, Hicham Khalidi, Mbuku Kimpala (CATPC). © photo : Koos Breukel<br />

En <strong>2024</strong>, la Biennale de Venise<br />

célèbre sa soixantième édition. Avec<br />

une grande exposition centrale et<br />

des présentations individuelles par<br />

pays, dans les pavillons installés<br />

dans les Giardini, à l’Arsenale et<br />

dans toute la ville, c’est l’une des<br />

plus grandes manifestations d’art<br />

contemporain au monde. Créée en<br />

1895, en quoi une représentation<br />

nationale a-t-elle encore du sens<br />

dans un monde globalisé ? Dans<br />

quelle mesure cet événement<br />

est-il novateur et donne-t-il le<br />

ton, d’autres facteurs sous-jacents<br />

entrent-ils en ligne de compte ?<br />

TEXTE : TAMARA BEHEYDT<br />

La <strong>Belgique</strong> fut le premier pays à<br />

installer, dans les Giardini, son<br />

pavillon national conçu par l’architecte<br />

Léon Sneyers pour la Biennale<br />

de 1907. Le pavillon néerlandais l’a<br />

rejoint seulement en 1954. Avant cette<br />

date, les Pays-Bas étaient présents dans<br />

l’ancien pavillon suédois. La représentation<br />

traditionnelle nationale est toujours<br />

d’actualité, chaque Etat sélectionnant un<br />

commissaire et un ou plusieurs artistes,<br />

en lice pour remporter le Lion d’Or qui<br />

récompense le meilleur pavillon, et dont<br />

l’impact potentiel est encore plus perceptible<br />

en dehors de Venise. Une participation<br />

à la Biennale constitue une sorte<br />

de consécration et de reconnaissance.<br />

Pour notre pays, elle garantit un certain<br />

prestige, à condition que le projet soit<br />

bien accueilli par les acteurs nationaux et<br />

internationaux. Sa participation, en 2001,<br />

avec une série de tableaux sur les malversations<br />

belges au Congo, marquait ainsi<br />

un tournant dans la carrière de Luc Tuymans.<br />

En 2003, elle a, en revanche engen-<br />

En dépit de<br />

l’agitation, une<br />

participation à la<br />

Biennale garantit<br />

un certain prestige.<br />

dré un autre type de tempête : l’exposition<br />

de Valérie Mannaerts et Sylvie Eyberg,<br />

organisée par Thierry de Duve, ne reçut<br />

guère un accueil favorable. Ces ‘‘papes<br />

de l’art’’ qu’étaient Jan Hoet et Harald<br />

Szeemann, en particulier, exprimèrent<br />

en public de sévères critiques. En 2022,<br />

la <strong>Belgique</strong> était représentée par Francis<br />

Alÿs, artiste né à Anvers, mais qui vit et<br />

travaille depuis quarante ans au Mexique.<br />

À quoi bon le propulser sur le devant de<br />

la scène comme artiste ‘‘belge’’ ? Est-ce<br />

important ? La délégation de cette année<br />

examine le tissu géopolitique sous-<br />

16


La Biennale, pierre<br />

de touche des<br />

valeurs morales<br />

internationales,<br />

illustre clairement que<br />

le monde artistique<br />

n’échappe pas aux<br />

préoccupations (géo)<br />

politiques.<br />

jacent à la Biennale. Les artistes bruxellois<br />

Denicolai et Provoost ont décidé de<br />

créer un collectif, Petticoat Government,<br />

une collaboration horizontale entre les<br />

artistes, la commissaire Antoinette Jattiot<br />

et les studios NORD et Speculoos. Ils ont<br />

sélectionné sept géants, figures traditionnelles<br />

folkloriques, dans toute la <strong>Belgique</strong><br />

pour entreprendre le voyage par voie de<br />

terre et d’eau, « donc pas abstraitement<br />

dans l’air », jusqu’à Venise où la procession<br />

a terminé sa route dans le pavillon belge.<br />

Et comme il sied à une présentation marquante<br />

à la Biennale, le projet poursuivra<br />

sa route dans certains musées de Charleroi<br />

et Dunkerque, en 2025. Depuis 1995, le<br />

Fonds Mondrian sélectionne les artistes<br />

et commissaires du pavillon néerlandais.<br />

Lors de l’édition précédente, Melania<br />

Bonajo fit un passage très remarqué. Elle<br />

avait investi la Chiesetta della Misericordia,<br />

dans le centre-ville, car le pavillon<br />

Rietveld avait été affecté à l’Estonie. Cette<br />

année, les Pays-Bas sont représentés par<br />

le Cercle d’Art des Travailleurs de Plantation<br />

Congolaise (CATPC), fondé et géré<br />

par Renzo Martens. Ce dernier est certes<br />

néerlandais, mais les artistes qui exposent<br />

dans le pavillon sont congolais. Les Pays-<br />

Bas affichent ainsi leur position et une<br />

volonté de corriger, du moins symboliquement,<br />

les hiérarchies dans le monde<br />

de l’art occidental. Aux yeux de beaucoup,<br />

Renzo Martens demeure un personnage<br />

ambigu, même s’il s’efforce de rester en<br />

retrait. Une controverse qui ne manque<br />

bien sûr pas d’attirer, en amont, l’attention<br />

sur la présence néerlandaise. Car une visibilité<br />

internationale est indéniablement<br />

l’un des objectifs majeurs d’une participation<br />

à la Biennale.<br />

CHAMP DE BATAILLE POLITIQUE<br />

Dans le monde de l’art, s’il faut pouvoir<br />

parler de la Biennale et dire qu’on y est<br />

allé, c’est surtout un lieu où le cénacle<br />

n’échappe pas aux préoccupations (géo)<br />

Instituto de Artivismo Hannah Arendt (INSTAR), INSTAR Archive, List of censored Artists, 2022, vue de<br />

l’installation à la Documenta Halle, Cassel, 12 juin 2022. © photo : Nicolas Wefers<br />

17


La couverture<br />

médiatique et les<br />

nombreux visiteurs<br />

illustrent, cette année<br />

encore, que la fin<br />

de la Biennale de<br />

Venise n’est pas pour<br />

demain. D’autres<br />

biennales émergent<br />

parallèlement dans<br />

d’autres pays.<br />

politiques du moment. La Biennale de<br />

1974 fut, par exemple, annulée en raison<br />

de manifestations contre le coup<br />

d’État au Chili. Le pavillon russe, dans les<br />

Giardini, est resté fermé en 2022, suite au<br />

désistement du commissaire lituanien<br />

Raimundas Malašauskas et des artistes<br />

Alexandra Sukhareva et Kirill Savchenkov.<br />

En réaction à l’invasion de l’Ukraine, une<br />

exposition fut organisée par Björn Geldhof,<br />

directeur du Pinchuk Art Centre de Kiev,<br />

dans la Scuola Grande della Misericordia,<br />

avec essentiellement des œuvres ukrainiennes,<br />

mais aussi des contributions<br />

de Marina Abramović, Ólafur Elíasson<br />

et Damien Hirst. Cette année, faute de<br />

représentation nationale, le pavillon russe<br />

a été loué à la Bolivie, tandis que des<br />

pressions internationales se sont exercée<br />

afin d’exclure Israël de la Biennale. « L’art<br />

ne se crée pas en vase clos, encore moins<br />

dans une ‘‘bulle’’, et il ne peut transcender<br />

la réalité. Les euphémismes ne peuvent<br />

effacer les vérités violentes. Toute œuvre<br />

qui représente officiellement l’État d’Israël<br />

approuve la politique génocidaire de ce<br />

dernier », tels sont les mots contenus dans<br />

la pétition d’un mouvement spécialement<br />

constitué, Art Not Genocide Alliance,<br />

ayant recueilli 23.175 signatures. L’organisation<br />

de la Biennale a refusé de répondre<br />

à cette pétition et d’exclure Israël. A l'heure<br />

de boucler cette édition, les commissaires<br />

de ce pavillon, de même que l'artiste Ruth<br />

Patir, avaient décidé d'en interdire l'accès<br />

jusqu'à l'obtention d'un cessez-le-feu entre<br />

belligérants et la libération de l'ensemble<br />

des otages retenus prisonniers par le<br />

Hamas ! La Biennale, sur laquelle le monde<br />

entier a les yeux braqués tous les deux ans,<br />

n’apparaît donc pas seulement comme un<br />

champ de bataille pour les artistes et leur<br />

carrière, mais aussi comme une pierre de<br />

touche des valeurs morales internationales.<br />

La politique étend ainsi ses tentacules<br />

en coulisses puisque, comme de<br />

nombreux pays, l’Italie assiste aussi à une<br />

montée de l’extrême droite. Le nouveau<br />

président de La Biennale, Pietrangelo Buttafuoco,<br />

dont le mandat a débuté en mars<br />

dernir, est l’ancien chef de la section jeunesse<br />

d’un mouvement néofasciste, mais<br />

il n’a aucune expérience du domaine culturel.<br />

Comme journaliste, il est connu pour<br />

ses idées de droite et comme soutient à la<br />

première ministre Giorgia Meloni.<br />

Big Spoon, image du film de Melanie Bonajo, When the body says Yes, 2022, commande du Mondriaan Fund. © de l’artiste<br />

18


Sanam Khatibi, Ik ken je al jaren, 2023, olieverf en pastel op paneel, 23 x 30,5 cm. © de kunstenaar. Met<br />

toestemming van Rodolphe Janssen. Foto: Hugard & Vanoverschelde.<br />

Asia Art Archive, The Black Archives, 2022, vue de l’installation à la Documenta Halle, Kassel, 11 juin 2022. © photo : Frank Sperling<br />

DES BIENNALES,<br />

EN VEUX-TU, EN VOILÀ<br />

Si la Biennale de Venise est l’événement<br />

par excellence où il convient de ‘‘voir et<br />

d’être vu’’, il en existe d’autres où cela est<br />

moins le cas. C’est peut-être la raison pour<br />

laquelle un bilan dressé tous les cinq ans,<br />

où tous les événements sont considérés<br />

comme une seule exposition avec un seul<br />

commissaire ou organisateur central,<br />

au lieu d’une arène où des artistes de<br />

différents pays se disputent la vedette, se<br />

déroule lors de la documenta de Cassel.<br />

Celle-ci offre un regard neuf et des visions<br />

inédites sur le monde de l’art. La dernière<br />

édition, organisée par le collectif ruangrupa,<br />

a mis le monde de l’art occidental<br />

au défi de reconsidérer ses conventions et<br />

hiérarchies. L’impact en est encore perceptible,<br />

entre autres dans la visibilité des collectifs<br />

artistiques, existants et nouveaux.<br />

Manifesta se déroulait en 2022 à Pristina<br />

et se déroule, cette année, à Barcelone.<br />

Cette biennale nomade d’art contemporain<br />

collabore activement avec la ville qui<br />

l’accueille, laquelle est elle-même requérante<br />

et empêche ainsi le déroulé de certains<br />

scénarios, comme à Venise ou Cassel,<br />

où un tourisme en hausse exponentielle<br />

engendre de nombreux désagréments. Sa<br />

couverture médiatique et ses nombreux<br />

visiteurs témoignent cette année encore<br />

que la fin de la Biennale de Venise n’est pas<br />

pour demain. D’autres biennales émergent<br />

parallèlement dans d’autres pays. Les<br />

éditions, de plus en plus spectaculaires,<br />

de Berlin, de Lyon et de São Paulo ont été<br />

rejointes par celle de Malte, organisée pour<br />

la première fois cette année. Après celle<br />

de Bruxelles, qui fit long feu, un projet de<br />

biennale ou d’événement analogue serait<br />

également dans l’air à Anvers, à l’initiative<br />

de la ville, mais il semble abandonné<br />

pour l’instant. Une grande manifestation<br />

artistique, organisée tous les deux ans ou<br />

plus, est apparemment considérée comme<br />

un excellent moyen de dynamiser le tourisme<br />

et l’économie. Il se passe toujours<br />

quelque chose ailleurs, par exemple à Oslo,<br />

Liverpool, Lubumbashi ou Gwangju. <strong>Mai</strong>s<br />

la question se pose de savoir s’il s’agit du<br />

bon endroit et du bon contexte pour que<br />

l’art puisse s’épanouir pleinement, avec<br />

tous ces agendas et motivations politiques<br />

sous-jacents ?<br />

La documenta<br />

de Cassel offre<br />

en général un<br />

regard plus neuf et<br />

des perspectives<br />

inédites sur le<br />

monde de l’art.<br />

VISITER<br />

60e Exposition Internationale d’Art / La<br />

Biennale de Venise<br />

jusq. 24-11<br />

www.labiennale.org<br />

19


L’ARTISTE DU MOIS<br />

Nicolas Verschaeve<br />

Dans cette série, <strong>COLLECT</strong> s’intéresse à la place occupée par les jeunes<br />

artistes dans le monde contemporain. Pourquoi ont-ils choisi cette voie,<br />

d’où leur vient leur inspiration et comment se positionnent-ils ? Voici<br />

venu le tour du Bruxellois Nicolas Verschaeve (1995).<br />

TEXTE : ELIEN HAENTJENS<br />

PORTRAIT : GUY KOKKEN<br />

Grâce à son atelier mobile<br />

Escales, ces dernières années,<br />

Nicolas Verschaeve a exploré<br />

diverses régions de France et<br />

leurs savoir-faire souvent oubliés. Il s’est<br />

intéressé, entre autres, à l’artisanat du<br />

bois, du liège et du verre. Pour ce dernier<br />

matériau, il s’est établi dans le nord des<br />

Vosges où il a étudié de près le métier de<br />

souffleur de verre au CIAV Meisenthal :<br />

« Les rencontres jouent un rôle crucial<br />

dans mon processus. C’est la raison pour<br />

laquelle je désire prendre le temps de<br />

découvrir l’endroit, mais aussi toutes les<br />

personnes qui y vivent ou travaillent. C’est<br />

en tentant de comprendre le contexte que<br />

je peux créer quelque chose qui saisisse<br />

pleinement l’âme du lieu et son artisanat.<br />

Comme l’Europe mise, depuis des siècles,<br />

sur la culture, chaque région possède sa<br />

propre spécificité. Mon rôle consiste à<br />

mettre en valeur l’unicité de chaque atelier.<br />

» Pour son projet de verre, le designer<br />

a contacté des menuisiers, sociologues,<br />

historiens, mais aussi des gardes-forestiers.<br />

Il a conçu un moule modulaire au<br />

départ d’essences locales : « J’ai choisi des<br />

planches dépareillées, faciles à associer,<br />

qui peuvent donner naissance à des objets<br />

très divers. Cet outil flexible offre donc<br />

une multitude de possibilités et permet de<br />

se montrer original avec peu de moyens.<br />

Le titre Sillages fait allusion à une sorte de<br />

prolongement ou de continuité, mais aussi<br />

aux traces laissées par le moule sur l’objet<br />

et au sciage du bois. Mon geste artistique<br />

consiste à traduire cette recherche en<br />

objet. J’utilise le savoir-faire, le terrain et<br />

les moyens sur place et je rends souvent<br />

l’invisible à nouveau visible. » Alors que<br />

nous nous interrogeons sur l’origine de<br />

nos aliments et comprenons que des légumes<br />

cultivés localement sont meilleurs<br />

pour tous, c’est un peu moins le cas pour<br />

les objets : « Nous avons besoin d’objets<br />

locaux pour un monde plus durable et<br />

pour mettre fin aux inégalités et injustices.<br />

Mes objets encouragent le dialogue. En<br />

2022, j’ai par exemple conçu une boule de<br />

Noël dans la série élaborée par Meisenthal<br />

en m’inspirant de bouteilles en verre. Au<br />

Moyen Âge, on a eu l’idée de renforcer les<br />

fonds de bouteille, lors du soufflage, en<br />

les repoussant avec une boule de papier.<br />

J’ai fait reproduire à la main ce processus,<br />

industrialisé plus tard. Par ce geste simple,<br />

je souhaite faire découvrir au public<br />

l’histoire culturelle qui se trouve derrière<br />

l’objet et l’identité de celui-ci. » Enzo Mari<br />

lui a appris qu’un geste va au-delà de la<br />

20


L’ARTISTE DU MOIS<br />

« Les rencontres<br />

jouent un rôle crucial<br />

dans mon processus. »<br />

simple pression sur un bouton, il s’agit<br />

aussi de prêter attention aux ouvriers qui<br />

fabriquent les pièces : « Son autoprogettazione<br />

incitait les gens à se mettre au<br />

travail. J’admire aussi Andrea Branzi pour<br />

ses créations qui se situent à mi-chemin<br />

entre art et industrie, naturel et artificiel. »<br />

RACONTER L’HISTOIRE<br />

Nicolas Verschaeve ne se considère pas<br />

comme l’auteur unique de ses créations.<br />

Le savoir-faire des artisans, avec lesquels il<br />

collabore étroitement, ou la réaction aléatoire<br />

du matériau influent tout autant sur<br />

le résultat final : « Je ne vois pas d’inconvénient<br />

à m’écarter en partie du processus<br />

et à ne pas le contrôler totalement. Mon<br />

objectif est d’apporter des changements<br />

à long terme et d’encourager les gens<br />

à poursuivre ma tâche. Si j’aspire aussi<br />

à la production en série, les premiers<br />

objets d’un projet portent en eux cette<br />

recherche artistique. Ces pièces, souvent<br />

uniques, aident à raconter l’histoire. Je<br />

traduis parfois la réflexion philosophique<br />

sous-jacente dans un catalogue. » Nicolas<br />

Verschaeve présente le résultat de son<br />

projet Substrat en la galerie A1043 de<br />

Avec son Atelier Escales, Nicolas Verschaeve parcourt différentes régions, afin de s’imprégner de<br />

l’environnement, des matériaux, des savoir-faire et des personnes rencontrées. © de l’artiste<br />

Paris : « J’ai, pour ce faire, étudié la fabrication<br />

artisanale de briques en Alsace.<br />

Le matériau sorti des moules réagit à<br />

chaque fois autrement. Nous empruntons<br />

les couleurs à la tradition régionale. Ce<br />

projet questionne la manière de rendre<br />

les matériaux plus expressifs et confère<br />

des qualités naturelles à la surface. Il<br />

examine aussi l’intégration de l’unicité<br />

dans la production en série. » Le designer<br />

fait désormais la navette entre Bruxelles,<br />

Paris et les régions françaises. Après ses<br />

études à l’Ensad de Paris et un stage chez<br />

Formafantasma, entre autres, son réseau<br />

s’est étendu en France. En septembre<br />

2023, le salon <strong>Mai</strong>son & Objet le designait<br />

comme talent émergent. Alors qu’il devait<br />

auparavant lancer lui-même ses projets,<br />

les clients le contactent désormais directement<br />

: « Je me concentre sur les projets au<br />

long cours. Dans les prochaines années, je<br />

vais, par exemple, me consacrer au bois,<br />

dans le nord des Vosges. J’étudierai toute<br />

la chaîne, de la forêt à l’objet, mais aussi<br />

les artefacts culturels et l’héritage correspondant.<br />

J’aimerais, à terme, fonder une<br />

école qui puisse transmettre ce savoir-faire<br />

sur un plan local. »<br />

objets permettent de poser des questions<br />

et d’exercer un impact plus grand, mais<br />

ils sont aussi les témoins d’un contexte<br />

géographique et culturel. Du fait de ce<br />

lien avec leur environnement immédiat,<br />

ils recèlent aussi l’identité culturelle d’un<br />

endroit. Ce qui va à l’encontre de la mondialisation<br />

et d’une tendance à tout niveler<br />

partout. À l’instar des paysans, nous<br />

devons réapprendre à collaborer avec la<br />

nature. Comme Jasper Morrison, je souhaite<br />

créer de discrets objets quotidiens<br />

au service de la société. La proximité nous<br />

aide à mieux constater leur impact, par<br />

exemple, sur le paysage. C’est pourquoi<br />

je soutiens un projet qui explore l’importance<br />

du design à la campagne. »<br />

Vases Sillages (small), 2022, verre soufflé, 17,5 x 13 cm.<br />

© de l’artiste / photo : Victor Cornec – Prix : 192 €<br />

DU DESIGN D’IMPACT<br />

Les modernistes ont, selon lui, donné<br />

le ton en terme de fusion harmonieuse<br />

entre esthétique et fonctionnalité : « Nous<br />

devons apprendre à gérer les incertitudes,<br />

par exemple à propos du climat, et nous<br />

préparer à évoluer à tout moment. Les<br />

VISITER<br />

Substrat<br />

du 05-05 au 14-09<br />

Galerie A1043<br />

Paris<br />

www.artland.com/galleries/a1043<br />

21


ZOOM<br />

Annie Ernaux<br />

Cadrage littéraire et écriture photographique<br />

Dans son exposition, la <strong>Mai</strong>son<br />

Européenne de la Photographie<br />

(MEP) de Paris confronte dans<br />

un face-à-face passionnant la<br />

philosophie d’écriture du prix Nobel<br />

de Littérature Annie Ernaux à celle<br />

des photographes de rue.<br />

TEXTE : JEAN-MARC BODSON<br />

La photographie de rue, que ce soit<br />

la street photography américaine<br />

de Leon Levinstein à Bruce Gilden<br />

ou la vision poétique française des<br />

Willy Ronis et autres Jean-Philippe Charbonnier,<br />

s’est toujours démarquée des cadres<br />

et des codes artistiques de son temps.<br />

Cela, sans doute parce que son seul cadre<br />

est le réel et que ses seuls codes sont ceux,<br />

très spécifiques, de l’instantané. Au point<br />

que l’on pourrait avancer que lorsqu’il<br />

tente de faire de l’art le street photographer<br />

n’en est plus tout à fait un. Un postulat qui<br />

se vérifie dans la passionnante exposition<br />

que propose actuellement la MEP, à<br />

Ces images<br />

répondent moins à<br />

des préoccupations<br />

artistiques qu’à une<br />

volonté de saisir le<br />

réalité perçue dans<br />

l’instant.<br />

Dolorès Marat, La femme aux gants, 1987. © de l’artiste<br />

22


ZOOM<br />

Paris. Tous les tirages, sortis des réserves<br />

de l’institution par la commissaire Lou<br />

Stoppard pour une confrontation avec<br />

des extraits du Journal du dehors d’Annie<br />

Ernaux, répondent, tout comme ceux-ci,<br />

manifestement beaucoup moins à des<br />

préoccupations artistiques qu’à une volonté<br />

de saisir le réalité perçue dans l’instant.<br />

On citera, pour exemple, les images prises<br />

dans les années 1970 par l’excellent<br />

Claude Dityvon, dont les cadrages au cordeau<br />

subliment la banalité du non-lieu et<br />

du non-événement. Présentés en début<br />

d’exposition, ils sensibilisent d’emblée le<br />

visiteur à cette idée d’Henry Wessel, dont<br />

on peut également voir une série d’images<br />

ici, « qu’une photographie parle de choses<br />

qui n’existeraient pas sans elle ».<br />

DES MOTS EN IMAGES<br />

Dans son discours lors de la remise de son<br />

prix Nobel de littérature, à Stockholm le 7<br />

décembre 2022, Annie Ernaux déclarait:<br />

« Trouver les mots qui contiennent à la<br />

fois la réalité et la sensation procurée par<br />

la réalité, allait devenir, jusqu’à aujourd’hui,<br />

mon souci constant en écrivant. »<br />

Ce dont témoignent les extraits de son<br />

Journal du dehors, qui rendent compte des<br />

menus événements quotidiens observés<br />

dans la ville nouvelle de Cergy-Pontoise,<br />

entre 1985 et 1992, et que Lou Stoppard a<br />

eu la bonne idée d’exposer aux murs de la<br />

MEP, au même titre que les photographies.<br />

Des perles que l’on n’inventerait pas, comme<br />

celle-ci : « À la boucherie du village, au<br />

bas de la Ville Nouvelle, on attendait d'être<br />

servi. Quand son tour est arrivé une femme<br />

a dit : « Je voudrais un bifteck pour un<br />

homme. » Ensuite, le boucher a demandé :<br />

« Et avec ça ? – C'est tout », a-t-elle dit en<br />

sortant son porte-monnaie. » De telles<br />

observations du quotidien ‐ qui sont en<br />

fait des images en mots – correspondent<br />

aux cadrages ‘‘ethnographiques’’ de réalités<br />

semblables, réalisés par Jean-Christophe<br />

Béchet en Italie dans les années 2000, par<br />

Bernard Pierre Wolf à New-York, vingtcinq<br />

ans plus tôt, ou par Janine Niépce, en<br />

Garry Winogrand, New York, 1970. © The Estate of Garry Winogrand / Courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco<br />

« Déchiffrer le monde réel en le dépouillant<br />

des visions et des valeurs que le langage,<br />

quel qu'il soit, véhicule, c'est bouleverser<br />

l'ordre établi, renverser les hiérarchies »<br />

ANNIE ERNAUX<br />

France vers 1950. Ceci pour ne citer qu’eux<br />

parmi la petite trentaine de photographes<br />

que l’on retrouve tout au long des cimaises.<br />

De la même façon, les photographies<br />

chaloupées d’un Garry Winogrand ou celles,<br />

quelque peu chaotiques, d’un Daido<br />

Moryiama, si déconcertantes en leur<br />

temps, semblent avoir inspiré l’écrivaine<br />

lorsqu’elle précisait que « déchiffrer le<br />

monde réel en le dépouillant des visions et<br />

des valeurs dont la langue, toute langue,<br />

est porteuse, c’est en déranger l’ordre institué,<br />

en bouleverser les hiérarchie.» « Est-il<br />

possible de voir un texte ? Ou de lire des<br />

photographies ? », se demandait Lou Stoppard<br />

au début de son entreprise. C’est bien<br />

la réussite de son exposition d’avoir rendu<br />

évidentes, par l’écriture, les similitudes<br />

d’approche du réel d’Annie Ernaux et des<br />

photographes de la rue. Une écriture que<br />

celle-ci veut qu’elle soit, « au-dessous de la<br />

littérature », et dont eux se soucient peu<br />

qu’elle réponde aux critères de l’Art.<br />

VISITER<br />

Extérieurs – Annie Ernaux<br />

& la Photographie<br />

MEP / <strong>Mai</strong>son Européenne de la Photographie<br />

Paris<br />

www.mep-fr.org<br />

jusq. 26-05<br />

23


Rombout Verhulst<br />

Grand sculpteur méconnu<br />

Portrait de Maria van Reygersbergh (1632-1674), Dame des deux Katwijk, ca. 1662, terre cuite, 45 x 46 x 30 cm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. BK-NM-11957-B.<br />

24


Cela fera 400 ans, cette année,<br />

que Rombout Verhulst est né à<br />

Malines. Le grand public a peutêtre<br />

aujourd’hui oublié cet artiste,<br />

mais il fut le plus important<br />

sculpteur de la République des<br />

Provinces-Unies, dans la seconde<br />

moitié du XVIIe siècle.<br />

TEXTE : STEFAN GLASBERGEN<br />

Les Provinces-Unies connurent, au<br />

XVIIe siècle, une période de prospérité<br />

économique, sciences et arts<br />

alors également à leur apogée, en<br />

dépit des conflits politiques, d’esclavage<br />

et de guerre. Lorsque Rombout Verhulst<br />

naît, en 1624 à Malines, la Révolte néerlandaise<br />

bat encore son plein. La Trêve de<br />

douze ans (1609-1621) vient de s’achever,<br />

tandis que le sud des Pays-Bas est, dans sa<br />

jeunesse, le théâtre de combats acharnés<br />

entre les troupes de la République rebelle<br />

et celles de l’Empire espagnol. Il vivait déjà<br />

à Amsterdam lorsque le traité de Münster<br />

a mis fin à ce conflit, en 1648. Il vit alors<br />

la ville se développer de manière inédite.<br />

Verhulst est demeuré dans les Provinces-<br />

Unies jusqu’à la fin de ses jours et participa<br />

à trois des quatre guerres anglo-néerlandaises.<br />

La troisième (1672-1674), qui<br />

débuta durant l’année dite ''désastreuse'',<br />

est la plus frappante. Verhulst vivait alors<br />

à La Haye et assista très probablement<br />

au lynchage et à l’assassinat des frères De<br />

Witt. Les mausolées qu’il a réalisés pour<br />

toutes sortes de héros navals morts au<br />

combat sont ainsi les témoins silencieux<br />

des guerres auxquelles l’artiste avait luimême<br />

participé. Par le truchement de ses<br />

œuvres, il se trouvait souvent, de toute<br />

évidence, à proximité de la ligne de front. Il<br />

a conçu le monument funéraire d’Adriaan<br />

Modèle pour le mausolée de Maarten Harpertsz. Tromp (1598-1653), 1654, terre cuite, chêne,<br />

dim. 125 × 104 × 40 cm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. BK-NM-4352.<br />

Clant, l’un des négociateurs néerlandais<br />

de la paix de Münster, et fut le principal<br />

créateur et réalisateur de monuments<br />

funéraires pour les militaires de haut rang<br />

comme Tromp et De Ruyter et se trouva,<br />

en cette qualité, en contact étroit avec les<br />

membres des États généraux qui commandaient<br />

souvent ce genre de monuments<br />

et avec les proches de ces amirautés. Il<br />

réalisa des œuvres pour le nouvel hôtel<br />

de ville du Dam, aujourd’hui Palais sur le<br />

Dam, mais aussi pour les palais du gouverneur<br />

comme le Huis ten Bosch et le<br />

palais de Soestdijk. L’histoire de Rombout<br />

Verhulst dépasse donc le cadre de ses prestations<br />

purement artistiques. C’est aussi<br />

l’histoire d’un migrant qui, dans une jeune<br />

nation déchirée par les conflits internes et<br />

externes, parvint à se hisser au plus haut<br />

sommet de son art et à s’immiscer dans les<br />

Ses mausolées,<br />

réalisés pour toutes<br />

sortes de héros navals<br />

morts au combat,<br />

sont les témoins<br />

silencieux des guerres<br />

auxquelles Verhulst a<br />

lui-même participé.<br />

sphères les plus élevées de la République.<br />

Son parcours débute dans sa ville natale<br />

de Malines, où il fit ses études, et nous<br />

conduit vers d’autres lieux de résidence,<br />

Amsterdam, Leyde et La Haye.<br />

25


La Vierge et le Christ, 1655, signature gravée sur le pied : ‘‘R, VERHVLST’’, ivoire, H. 29,3 cm. Amsterdam,<br />

Rijksmuseum, inv. BK-2002-28.<br />

Il serait juste que<br />

Verhulst ressorte de<br />

l’ombre, dans l’intérêt<br />

du grand public, 400<br />

ans après sa naissance.<br />

UN SCULPTEUR OUBLIÉ<br />

Il est frappant de constater que Rombout<br />

Verhulst fut très apprécié à son époque,<br />

mais qu’on le perdit ensuite un peu de<br />

vue. Le peintre Pieter Terwesten fut, de<br />

1751 à sa mort en 1798, membre de la<br />

Confrérie Pictura à La Haye, de même que<br />

Verhulst durant son séjour dans la ville.<br />

Terwesten fut le secrétaire de la guilde, de<br />

1762 à 1796. Il écrivit en cette qualité, en<br />

1776, une série de biographies d’artistes<br />

morts qui, par le passé, en avaient été<br />

membres. Verhulst figurait parmi ceuxci.<br />

Terwesten fut ainsi le premier à écrire<br />

une courte biographie à son sujet, près<br />

de quatre-vingts ans après sa disparition.<br />

Les biographes ultérieurs ont souvent pris<br />

ce texte pour argent comptant, hélas de<br />

manière injustifiée. Terwesten écrivait,<br />

par exemple, à tort que Verhulst était né<br />

vers 1630 à Breda et ‘‘séjourna très longtemps<br />

en Italie’’. Au XIXe siècle, nombre<br />

d’ouvrages encyclopédiques furent publiés<br />

sur les artistes du XVIIe. Par nationalisme,<br />

d’aucuns tentèrent d’en opérer le classement,<br />

lequel devait clairement déterminer<br />

ceux à qualifier ou non de néerlandais.<br />

Ces ouvrages reproduisent cette confusion<br />

sur la vie de Verhulst. D’où était-il originaire<br />

? Avait-il ou non séjourné pendant<br />

un temps en Italie ? La comparaison entre<br />

ces biographies révèle le peu d’éléments<br />

connus à l’époque sur sa vie. Il s’ensuivit<br />

une véritable guerre de plumes entre<br />

historiens de l’art belges et néerlandais<br />

s’efforçant, dans toute une série d’articles,<br />

de prouver que l’artiste était originaire de<br />

leur pays respectif. En 1863, le Flamand<br />

Seffen, écrivait par exemple ce qui suit à<br />

son propos: « Cet artiste a trop de mérite<br />

pour que nous l’éliminions catégoriquement<br />

de la liste de l’école flamande. »<br />

Seffen voyait comme un avantage le fait de<br />

venir lui-même de Flandre. Contrairement<br />

à nombre de ses collègues néerlandais, il<br />

est manifestement allé fouiller dans les<br />

archives malinoises. Il fut ainsi le premier à<br />

retrouver la date de baptême de Rombout<br />

Verhulst, dans les registres de la cathédrale<br />

Saint-Rombaut. Ce texte, en latin, y figure<br />

en regard de l’année 1624 : « 15 janvier.<br />

Rombout Verhulst, fils légitime né d’un<br />

mariage conclu à l’église entre Philippe et<br />

Catharina de Hondt. » La polémique sur<br />

le lieu et l’année de naissance de l’artiste<br />

était ainsi définitivement close. Rombout<br />

Verhulst était un Flamand de Malines.<br />

Seffen put donc conclure son article avec<br />

satisfaction : « Nous avons en tout cas<br />

prouvé que Rombaut Verhulst n’est pas un<br />

Hollandais, mais un Belge. »<br />

PRISÉ DES <strong>COLLECT</strong>IONNEURS<br />

En 1907, Marinus van Notten écrivait le<br />

premier ouvrage de référence, et le dernier<br />

à ce jour, sur la vie et l’œuvre de Rombout<br />

Verhulst. Si le nombre de publications<br />

scientifiques a peut-être légèrement<br />

diminué depuis, surtout par rapport aux<br />

grands noms de la peinture, son œuvre<br />

n’en est pas moins prisée. De prestigieux<br />

musées, comme le Mauritshuis et le<br />

musée d’art de La Haye, mais surtout le<br />

Rijksmuseum d’ Amsterdam, possèdent<br />

plusieurs de ses œuvres, qu’ils exposent<br />

26


Dès qu’une pièce apparaît sur le marché, ce<br />

qui est très rare, des musées internationaux<br />

cherchent à l’acquérir.<br />

souvent dans leurs salles. Ses réalisations<br />

plus massives, à savoir les monuments<br />

funéraires réalistes, se trouvent toutefois<br />

encore dans les églises pour lesquelles<br />

elles furent conçues il y a plusieurs siècles.<br />

Autrement dit, ses meilleures œuvres<br />

sont dispersées et visibles dans tout le<br />

pays, de Groningue à la Zélande. Celles<br />

qui se trouvent à l’heure actuelle dans<br />

des collections privées se comptent sur<br />

les doigts d'une main. Dès qu’une pièce<br />

apparaît sur le marché, ce qui est très rare,<br />

les musées internationaux cherchent à<br />

l’acquérir. Lorsque, en 1984, surgit le buste<br />

en marbre de Jacob van Reigersberg, le<br />

J. Paul Getty Museum de Los Angeles<br />

tentait sa chance et finit par l’acquérir.<br />

Le Rijksmuseum, qui aurait volontiers<br />

conservé la sculpture aux Pays-Bas, ne<br />

faisait hélas pas le poids face aux Américains.<br />

En 2018, un buste en marbre<br />

représentant sans doute Artus Quellinus<br />

fut proposé au Rijksmuseum. La sculpture<br />

faisait, à l’époque, partie de la collection<br />

de l’ancienne église catholique Sainte-Gertrude<br />

d’Utrecht et s’était longtemps trouvée<br />

à l’extérieur. Usé, le marbre avait subi<br />

les aléas de la pluie et du vent, ce qui devenait<br />

encore plus évident en comparant le<br />

marbre avec son modello en terre cuite.<br />

Cette sculpture se trouve aujourd’hui<br />

dans la collection Frits Lugt, à Paris.<br />

Lorsqu’elle fut proposée au Rijksmuseum,<br />

son état et le doute relatif à l’identité du<br />

personnage représenté furent les principales<br />

raisons qui poussèrent l’institution<br />

à renoncer à son acquisition. En 2021, un<br />

collectionneur privé néerlandais tentait<br />

donc sa chance et en devenait le propriétaire.<br />

Un cas heureusement exceptionnel,<br />

l’œuvre de Verhulst pouvant compter sur<br />

l’appréciation des connaisseurs. Il serait<br />

juste que, dans l’intérêt du grand public,<br />

l’artiste puisse ressortir de l’ombre, 400<br />

ans après sa naissance. Car ses œuvres<br />

font sans conteste partie des plus belles<br />

sculptures jamais produites aux Pays-Bas.<br />

LIRE<br />

Stefan Glasbergen, Rombout Verhulst 1624-<br />

1698, W BOOKS, ISBN 978-9-46258-621-5,<br />

49,95 €<br />

Tombeau de Michiel de Ruyter dans la Nieuwe Kerk d’Amsterdam. © photo : Pauline van Till<br />

27


Composition de fruits et de quelques fleurs, signée, huile sur toile, 74 x 60 cm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. nr. SK-A-138 (FGM nr. 251). © Rijksmuseum<br />

28


Jan Davidsz.<br />

de Heem<br />

Somptueuses natures mortes<br />

On pensera peut-être d’ emblée à<br />

de l’ excès, voire à la gêne qui lui est<br />

associée et que l’ historien anglais<br />

Simon Schama prit comme point<br />

de départ pour son ouvrage paru<br />

en français sous le titre L’ Embarras<br />

de richesses (1991). Quel cadre pour<br />

ce tableau, véritable archétype de<br />

la nature morte néerlandaise du<br />

XVIIe siècle !<br />

TEXTE : EWOUD MIJNLIEFF<br />

Jan Davidsz de Heem (1606-1684) a<br />

vécu et travaillé dans plusieurs villes,<br />

où il séjourna longuement. Il fut l’ un<br />

des nombreux artistes à ne pas avoir<br />

établi de liens avec son environnement<br />

local. Né la même année que Rembrandt,<br />

il a également travaillé quelques années<br />

dans la ville natale de ce dernier. Il est<br />

venu au monde à Utrecht, où il fut probablement<br />

apprenti chez le célèbre peintre<br />

de natures mortes florales Balthasar van<br />

der Ast. Lorsqu’ il déménage à Leyde, en<br />

1626, il y fait la connaissance d’ Aletta van<br />

Weede qu’ il épouse. À Leyde, il se consacre<br />

aux natures mortes monochromes, sobres<br />

variations en une ou deux teintes, représentant<br />

des livres et des instruments de<br />

musique, apparentées à maints égards aux<br />

œuvres de peintres locaux comme David<br />

Bailly (1584-1657) et Harmen Steenwijck<br />

(1612-après 1656). Environ dix ans plus<br />

tard, De Heem vient s’ installer à Anvers où<br />

il devient membre de la guilde de Saint-<br />

Luc, une appartenance obligatoire pour<br />

pouvoir exercer son métier. La raison de<br />

ce déménagement demeure floue. Un an<br />

après le décès de son épouse, il se remarie<br />

avec Anna Ruckers, héritière d’ une célèbre<br />

famille de facteurs d’ instruments de<br />

musique. Sous l’ influence de traditions locales,<br />

comme les natures mortes de Daniël<br />

Seghers ou de Frans Snyders, sa thématique<br />

se fait plus baroque et son style plus<br />

Bien que protestant,<br />

il sut parfaitement<br />

s’ intégrer dans<br />

la communauté<br />

catholique d’ Anvers.<br />

élégant. Si l’ artiste a vécu essentiellement<br />

à Anvers, il se rendait régulièrement en sa<br />

ville natale d’ Utrecht, par exemple entre<br />

1667 et 1672. Après l’ invasion des Français,<br />

en 1672, il s’ enfuit à nouveau à Anvers<br />

où il devait vivre et continuer à travailler<br />

jusqu’ à sa mort. Bien que protestant, il<br />

sut parfaitement s’ intégrer dans la communauté<br />

catholique d’ Anvers, ce qui ne<br />

l’ empêcha pas de continuer à travailler<br />

pour des clients orangistes protestants.<br />

NATURES MORTES MONUMENTALES<br />

La somptueuse nature morte illustrée<br />

ici, où l’ influence anversoise est nettement<br />

perceptible, possède un important<br />

pedigree, qui remonte probablement à la<br />

collection de Clemens Augustus van Beieren<br />

(1700-1761), archevêque de Cologne.<br />

Le catalogue d’ enchères de cette collection,<br />

à Bonn, le 22 mai 1764, fait ainsi état<br />

29


Cette nature morte<br />

monumentale<br />

représente<br />

d’ innombrables<br />

objets de luxe qu’ un<br />

ménage moyen,<br />

citadin, du XVIIe<br />

siècle ne possédait<br />

certainement pas.<br />

‘‘d’ un grand tableau à fruits de quatre<br />

pieds six pouces de hauteur et trois pieds<br />

neuf pouces de largeur, peint par Jean de<br />

Heem’ ’ . L’ origine constitue une donnée<br />

cruciale pour déterminer l’ authenticité<br />

d’ une œuvre et, partant, sa valeur. Au début<br />

du XXe siècle, la toile devint la propriété<br />

d’ un collectionneur néerlandais. Durant<br />

la Seconde Guerre mondiale, elle fut<br />

dérobée par l’ occupant allemand, pour ne<br />

réapparaître qu’ après la Libération, dans<br />

les collections royales néerlandaises, et se<br />

voir prêtée au Centraal Museum d’ Utrecht.<br />

Elle occupa, entre autres, une place de<br />

choix dans une grande exposition consacrée<br />

à De Heem, en 1991. Dans le cadre du<br />

programme de restitution entreprise par<br />

l’ État néerlandais, elle fut enfin restituée<br />

à la famille de son dernier propriétaire<br />

avant les confiscations allemandes, l’ héritier<br />

de Jacob Lieren (1877-1949). Ensuite,<br />

elle fut mise aux enchères et changea de<br />

mains pour environ trois millions de livres<br />

sterling. Depuis lors, elle fait partie de la<br />

collection Klesch et sert d’ œuvre emblématique<br />

au site Internet du musée. Cette<br />

nature morte monumentale représente<br />

d’ innombrables objets de luxe qu’ un<br />

ménage moyen d’ une ville du XVIIe siècle<br />

ne possédait certainement pas. <strong>Mai</strong>s, en<br />

dehors de ce rayonnement de richesses,<br />

de ses formes, de son rythme, de sa palette<br />

de couleurs et de son rendu virtuose des<br />

textures, le spectateur ne manquera pas<br />

de remarquer la signification du tableau,<br />

l’ iconographie y étant trop prononcée. Si<br />

l’ absence de références spécifiques rend<br />

parfois la tâche ardue, ce n’ est pas le cas<br />

ici : l’ orange, placée au premier plan, est<br />

ainsi un symbole orangiste. Les références<br />

religieuses, qui rendent peu probable un<br />

commanditaire catholique, sont plus<br />

subtiles, voire carrément absentes. Plus<br />

généralement, l’ excès semble plutôt ici un<br />

appel à la modération.<br />

HÉRITAGE<br />

En sus de cette nature morte monumentale,<br />

Jan Davidsz. de Heem léguait<br />

environ 270 tableaux lorsqu’ il fut mis en<br />

terre, à Anvers, le 10 février 1684. En fin de<br />

compte, il fut surtout admiré pour le rendu<br />

réaliste de divers matériaux, à la fois dans<br />

des tableaux de petite taille et dans de<br />

grandes et somptueuses natures mortes<br />

représentant une abondance d’ objets de<br />

luxe. Les nombreux documents laissés<br />

par les différents propriétaires révèlent<br />

le degré d’ appréciation de ses œuvres,<br />

qui rapportaient souvent des sommes<br />

élevées au point de le faire passer pour<br />

l’ un des peintres les plus chers de son<br />

temps. Un acheteur déboursait ainsi deux<br />

mille florins pour une nature morte de sa<br />

main, contre mille deux cent florins pour<br />

la Ronde de nuit de son contemporain<br />

Rembrandt. La théorie de l’ art eut beau<br />

Somptueuse nature morte, ca. 1665-1670, huile sur toile, 139,2 x 115,1 cm, signé ‘‘J.D. de Heem’ ’ , en bas à<br />

droite sur la partition. © The Klesch Collection<br />

Dans ce somptueux<br />

tableau, l’ excès semble<br />

plutôt appeler à la<br />

modération.<br />

30


Riche nature morte avec perroquet et vue de paysage, signée, huile sur toile, 115,5 x 169,5 cm. Vienne, Gemäldegalerie der Akademie der bildenden Künste in Wien, inv. Nr.<br />

612 (FGM nr. 192). © photo : Carla van de Puttelaar<br />

Un acheteur déboursait deux mille florins pour<br />

une nature morte de Heem, contre à peine<br />

mille deux cent florins pour la Ronde de nuit de<br />

son contemporain Rembrandt.<br />

reconnaître une plus grande valeur aux<br />

scènes historiques qu’ aux natures mortes,<br />

ces dernières se vendaient souvent à des<br />

prix élevés, le public ne s’ étant pas toujours<br />

conformé à la théorie. Et ce pour une<br />

bonne raison : il s’ agit d’ un motif récurrent<br />

dans la documentation artistique de<br />

l’ époque et il ne faut pas oublier l’ éloge<br />

que son concitoyen anversois Cornelis<br />

de Bie fit de lui en 1662 dans son Gulden<br />

Cabinet van de Edel Vry Schilderconst : « la<br />

peinture qui parle ici impose le silence à la<br />

nature elle-même. »<br />

VISITER<br />

L’ opulence imaginée. Joyaux de l’ œuvre de<br />

Jan Davidsz. de Heem<br />

jusq. 01-10<br />

Snyders&Rockoxhuis<br />

Anvers<br />

www.snijdersrockoxhuis.be<br />

31


Marisa Merz<br />

Ecouter l’espace<br />

BEA, 1968, fil de nylon, aiguilles d’acier, 40 x 90 x 5 cm. Collection Merz. © Courtesy Museum der Moderne, Salzbourg / Adagp, Paris, <strong>2024</strong> / photo : Rainer Iglar<br />

Epouse du célèbre artiste Mario<br />

Merz, Marisa Merz fut la seule<br />

femme membre de l’Arte Povera.<br />

Son œuvre fut récompensée à<br />

plusieurs reprises et jouit d’une<br />

reconnaissance internationale. Le<br />

LaM, à Villeneuve d’Ascq, présente<br />

sa première rétrospective en France<br />

depuis 30 ans.<br />

TEKST: CHRISTINE VUEGEN<br />

Marisa Merz eut un atelier dans<br />

l’appartement turinois où<br />

elle vivait aux côtés de son<br />

célèbre époux, y modelant de<br />

petites têtes, peignant des visages et tricotant<br />

des chaussures et autres œuvres d’art,<br />

en fils de nylon et de cuivre, sur la table de<br />

la cuisine. L’une de ses premières œuvres,<br />

BEA, date de 1968. Il s’agit d’une sculpture<br />

tricotée dans laquelle les aiguilles sont<br />

encore plantées. Si ses nombreuses têtes<br />

et autres visages peints constituent la partie<br />

la plus connue de l’œuvre protéiforme<br />

de Marisa Merz (1926-2019), BEA revêt<br />

une certaine importante, en ce qu’elle<br />

témoigne magnifiquement d’une pratique<br />

Si son travail fut<br />

rapidement adoubé<br />

par les féministes,<br />

elle ne le concevait<br />

pas elle-même<br />

comme tel.<br />

artistique pionnière, expérimentale, issue<br />

de sa vie d’épouse et de mère. Imaginonsla<br />

assise dans sa cuisine, tricotant des<br />

chaussettes avec du fil de nylon et trois aiguilles.<br />

Probablement en compagnie de sa<br />

32


fille Beatrice, âgée de huit ans et surnommée<br />

Bea. Les trois lettres de son prénom<br />

sont réalisées au tricot, dans des couleurs<br />

qui fusionnent, entre bleuâtre, marron et<br />

vert d’eau. Le tout un peu irrégulier, les<br />

aiguilles encore plantées dans le tricot,<br />

portant même encore des points. Si on les<br />

retire, l’œuvre se détricote. Il est presque<br />

incroyable que cette pièce tendre, ludique,<br />

intime, fragile et vulnérable, ait survécu à<br />

son exposition sur la plage de Fregene, en<br />

1970. Les œuvres tricotées qui y étaient<br />

présentées étaient submergées d’eau et<br />

menaçaient de disparaître dans la mer. Il<br />

s’agissait du prolongement d’une importante<br />

exposition personnelle, en la galerie<br />

L’Attica de Rome, associée à une action : à<br />

bord d’un avion, l’artiste transmettait les<br />

altitudes de vol, notées au sol et traduites<br />

en œuvre d’art.<br />

UN ART ORGANIQUE<br />

Marisa Merz rejetait l’idée d’un art pour<br />

l’éternité. Elle a mis l’accent sur la temporalité<br />

et défié l’impermanence. BEA est<br />

une icône de la fragilité, même si la pointe<br />

des aiguilles à tricoter peut être une arme<br />

redoutable, comme cela fut souvent souligné.<br />

Elles confèrent à l'œuvre une dose<br />

d’agressivité et de combativité, rappelant<br />

un peu les flèches criblant le corps torturé<br />

d’un Saint Sébastien. D’ailleurs, dans cette<br />

œuvre, l’artiste dénonce peut-être le martyre<br />

des femmes. À sa manière, avec douceur<br />

et discrétion, mais non sans vigueur.<br />

« Il n’y a jamais eu de séparation entre<br />

mon travail et ma vie » est l’une des rares<br />

déclarations de celle qui n’a quasiment jamais<br />

donné d’interviews ni d’explications.<br />

En outre, elle ne datait presque jamais ses<br />

œuvres et ne leur donnait pas de titre ou<br />

alors, le modifiait par la suite. Elle a également<br />

peu parlé de sa vie, avant sa rencontre<br />

avec Mario Merz (1925-2003) dans<br />

sa ville natale de Turin, après avoir entamé<br />

des études d'architecture dans les années<br />

1950. Le couple s’est marié en 1960, année<br />

de naissance de leur fille Beatrice, qui a<br />

dirigé la Fondazione Merz, centre d’art<br />

fondé à Turin en 2005. C’est en 1967 que<br />

Marisa Merz a exposé pour la première<br />

fois. Il s’agissait de sculptures faites de<br />

feuilles d’aluminium découpées en bandes,<br />

agrafées et suspendues au plafond. Ainsi<br />

transformées en environments et intitulées<br />

Living Sculptures, chacune était capable<br />

de s’adapter à l'espace. Pour l’artiste, l’art<br />

se doit d’être organique, non figé dans le<br />

temps et l’espace, mais vivant. En fait, BEA<br />

est aussi une sculpture vivante, ressemblant<br />

à une créature organique. Marisa<br />

Merz a commencé à tricoter en 1968, une<br />

activité typiquement féminine, certes,<br />

mais avec du fil de nylon et du fil de cuivre,<br />

des matériaux industriels et ‘‘masculins’’.<br />

Sans surprise, son travail fut rapidement<br />

adoubé par les féministes, même si,<br />

comme de nombreuses femmes artistes de<br />

sa génération, elle ne le concevait pas ellemême<br />

comme tel.<br />

Pour Marisa<br />

Merz, l’art doit<br />

être organique,<br />

non figé dans le<br />

temps et l’espace,<br />

mais vivant.<br />

CONTRE VENTS ET MARÉES<br />

Vers 1975, la figure humaine commence<br />

à émerger dans son travail. Elle modèle<br />

de petites têtes rudimentaires, ses testini,<br />

dans de l’argile crue ou de la cire, peignant<br />

aussi de nombreux visages, souvent sur<br />

papier et, à partir des années 2000, principalement<br />

de grand format. Il s’agit parfois<br />

de figures angéliques. Cubisme, futurisme,<br />

icônes byzantines, Fra Angelico, par son<br />

travail, Marisa Merz s’est positionnée<br />

dans l’histoire de l’art, dialoguant avec<br />

l’art, même s’il lui importait peu d’occuper<br />

elle-même une place importante dans l’art<br />

contemporain. Pourtant, si elle n’aspirait<br />

guère au succès, la reconnaissance vint<br />

et ne cessa de grandir. À partir de 1969,<br />

elle expose à l'étranger, notamment en<br />

<strong>Belgique</strong> et aux Pays-Bas. En 1982, elle est<br />

sélectionnée pour la documenta 7 de Kassel,<br />

sous la direction de Rudi Fuchs, et, en<br />

1992, pour la documenta 9, sous la direction<br />

de Jan Hoet, qui lui propose d’installer<br />

une petite fontaine murmurante avec<br />

un violon de cire dans l’eau. En 1994, la<br />

galerie Gladstone de New York présente<br />

sa première exposition personnelle aux<br />

États-Unis et, à partir de 1995, plusieurs<br />

expositions rétrospectives sont organisées.<br />

En 2013, l’œuvre de Marisa Merz recevait<br />

un Lion d’or à la Biennale de Venise. La<br />

dernière rétrospective de son vivant eut<br />

lieu au Metropolitan Museum de New York<br />

et au Hammer Museum de Los Angeles, en<br />

2017. Marisa Merz ne fut pas une artiste<br />

féminine qui aurait été longtemps négligée<br />

et que l’on redécouvrirait seulement<br />

maintenant. <strong>Mai</strong>s, elle est tout de même<br />

moins célèbre que son époux et d’autres<br />

artistes masculins de l’Arte Povera, comme<br />

Giuseppe Penone et Angelo Pistoletto,<br />

dont les œuvres se vendent cher. L’art de<br />

Marisa Merz est moins coté car il s’agit<br />

souvent de petites œuvres, qui atteignent<br />

toutefois des sommes élevées. Une tête en<br />

argile crue, avec maillage de cuivre tricoté,<br />

provenant de la succession de Jan Hoet,<br />

était ainsi adjugée chez Phillips à Londres,<br />

en 2017, 126.500 livres sterling, nettement<br />

plus que l’estimation. Moins chère, mais<br />

peut-être plus pour longtemps…<br />

VISITER<br />

Marisa Merz, Ascoltare lo spazio –<br />

Écouter l’espace<br />

du 03-05 au 22-09<br />

LaM<br />

Villeneuve d’Ascq<br />

www.musee-lam.fr<br />

LIRE<br />

Marisa Merz, LaM / Fonds Mercator,<br />

Villeneuve d’Ascq / Bruxelles, <strong>2024</strong>, ISBN<br />

9789462303744, 37 €<br />

33


54 nuances<br />

de Black Joy<br />

Un siècle de peinture figurative panafricaine<br />

34


Zandile Tshabalala, Two Reclining Women, 2020, acrylique sur toile,<br />

91,5 x 122 cm. © Zandile Tshabalala Studio / Courtesy Maduna Collection<br />

35


L'exposition réunit un<br />

ensemble exhaustif<br />

de peintres figuratifs<br />

africains ou afrodescendants,<br />

à travers<br />

une sélection qui<br />

célèbre la joie.<br />

Zéh Palito, Que Se Chama Amor, 2022, acrylique sur toile, 162 x 125 cm. © de l’artiste / Courtesy Simões de<br />

Assis et Luce Gallery<br />

Entre phénomène de mode et<br />

grand rattrapage bien mérité,<br />

il aura fallu attendre le XXIe<br />

siècle pour que la peinture<br />

africaine gagne ses lettres de<br />

noblesse. Surfant sur cette vague<br />

d’enthousiasme, les expositions<br />

se multiplient. Accrochage de<br />

première importance, la sélection<br />

composée par Koyo Kouoh et<br />

Tandazani Dhlakama raconte, sous<br />

le prisme de la joie, un siècle de<br />

peinture figurative noire.<br />

TEXTE : GWENNAËLLE GRIBAUMONT<br />

Présentée en avant-première au<br />

Zeitz MOCAA (Le Cap), l’ exposition<br />

When We See Us fait escale au<br />

Kunstmuseum de Bâle. Assurant<br />

le commissariat de l’ étape suisse, Maja<br />

Wismer, responsable de l’ art contemporain<br />

au sein de l’ institution, résume l’ idée<br />

centrale : « Le concept curatorial a été<br />

pensé après des recherches approfondies<br />

et de longues conversations menées par<br />

Koyo Kouoh et son équipe. Il s’ agissait de<br />

réunir un ensemble exhaustif de peintres<br />

figuratifs, à travers une sélection qui<br />

célèbre la joie et le caractère positif de ces<br />

autoreprésentations. La plus ancienne<br />

œuvre datant de 1920, le parcours couvre<br />

plus d’ un siècle de peinture, offrant dès<br />

lors une perspective historique. » Reproduisant<br />

fidèlement la scénographie<br />

imaginée par Wolff Architects, l’ exposition<br />

réunit plus de 200 œuvres, signées<br />

par quelque 120 artistes et issues de 74<br />

collections privées ou publiques situées<br />

dans 26 pays. C’ est dire si son contenu est<br />

kaléidoscopique. Directement inspiré de la<br />

mini-série Netflix When They See Us (2019),<br />

dans laquelle la réalisatrice Ana DuVernay<br />

accusait, le regard inondé, d’ injustices<br />

les Blancs percevant continuellement les<br />

jeunes Noirs comme de potentiels criminels,<br />

le titre de cette exposition opère un<br />

changement de perspective. Koyo Kouoh :<br />

« Le ‘‘We’ ’ , ce sont les Africains et les Afrodescendants.<br />

Cette exposition questionne<br />

comment l’ expérience noire fut représentée<br />

par les Africains. » De fait, il est urgent<br />

et indispensable de montrer comment<br />

ces artistes perçoivent leur condition,<br />

mettant au centre leur perception. Et pour<br />

cause, pendant des siècles, l’ homme noir<br />

fut représenté de façon singulière par les<br />

artistes occidentaux, le plaçant dans un<br />

contexte très esthétisé, violent ou servile.<br />

À présent, les artistes africains marquent<br />

une véritable rupture : après de si longues<br />

années de domination, ils écrivent enfin<br />

leur propre histoire de l’ art, offrant une<br />

lecture anti-exotique. À mille lieues des<br />

traumatismes, liés notamment au colonia-<br />

36


lisme, les artistes ici réunis célèbrent avec<br />

bonheur la résilience, la puissance et la<br />

dimension politique de la ‘‘Black Joy’ ’ .<br />

CONVERGENCES ICONOGRAPHIQUES<br />

Dicté par des rapprochements iconographiques,<br />

le parcours s’ articule en six chapitres.<br />

Triomphe et émancipation explore<br />

le sentiment de fierté envers sa propre<br />

histoire et ses réussites, malgré l’ adversité<br />

et l’ oppression. Des icônes mondialement<br />

renommées, à l’ instar de Chéri Chérin<br />

(Obama Revolution, 2009), s’ y mêlent à<br />

des artistes encore anonymes. Sur la toile,<br />

des hommes et des femmes politiques<br />

engagés, mais aussi des inconnus ayant<br />

obtenu le succès et la reconnaissance<br />

sociale. La suite, sous le signe de la Sensualité,<br />

présente des corps noirs de manière<br />

intime. Le modèle noir, d’ après Félix Vallotton<br />

(2019), signé Roméo Mivekannin, fait<br />

directement écho à ce canon occidental<br />

déchu. La Spiritualité figure au cœur du<br />

chapitre suivant. Selon les commissaires,<br />

il est difficile d’ imaginer un quotidien noir<br />

sans spiritualité. Les œuvres représentent<br />

le ‘‘triple héritage’ ’ , mélange de traditions<br />

locales, de religion islamique et de christianisme,<br />

décrit par l’ écrivain Ali Mazrui<br />

(1933-2014), avec comme pièce-phare, The<br />

Dumb Oracle (2019) de Michael Armitage.<br />

Autre constante iconographique, Le<br />

quotidien montre la beauté de la vie. Sous<br />

nos yeux, des scènes de la vie publique<br />

et privée avec des moments de joie ou de<br />

contemplation, que ce soit au sein de la<br />

famille ou de la communauté, à l’ occasion<br />

de jeux, à l’ école, lors du portage de l’ eau<br />

ou de la réalisation de tresses. Boy with<br />

a Toy Plane (1938) d’ Aaron Douglas, The<br />

Reader (1939) de William H. Johnson, Gisting<br />

in the Kitchen (2018) de Joy Labinjo ou<br />

encore l’ affiche publicitaire de Johnny Arts<br />

pour Ozor International Barber also Specialist<br />

in Hair Dying and Shamporing (1962)<br />

figurent autant d’ aspects de cette vie<br />

quotidienne, multiple et colorée. L’ Afrique<br />

est aussi un continent débordant de Joie et<br />

allégresse. Il reste toujours du temps pour<br />

une chanson ou une danse. Dans The Birthday<br />

Party (2021) d’ Esiri Erheriene-Essi,<br />

on chante pour Steve Biko, dans Un mardi<br />

À l’image du continent, cette exposition<br />

d’une diversité stimulante permet de<br />

comprendre que l’Afrique est composée<br />

de 54 pays révélant une variété infinie de<br />

particularités stylistiques.<br />

Cassi Namoda, To Live Long Is To See Much (Ritual Bathers III), 2020, huile sur toile, 152,4 x 233,6 cm. © de l’artiste / Courtesy Jorge M. Pérez Collection, Miami<br />

37


Après de longues<br />

années de domination<br />

occidentale, les<br />

artistes africains<br />

marquent une vraie<br />

rupture, écrivant<br />

enfin leur propre<br />

histoire de l’art.<br />

de Carnaval (1960) de Philomé Obin, on<br />

participe aux célébrations au sein d’ un défilé,<br />

dans Jazz Rhapsody (1982) de Romare<br />

Bearden, on écoute les rythmes musicaux.<br />

Enfin, la dernière section se concentre sur<br />

les moments de Repos : on s’ étire dans un<br />

canapé, on se promène dans la campagne,<br />

on savoure simplement le calme assis sur<br />

une chaise comme dans An evening in Mazowe<br />

(2019) de Kudzanai-Violet Hwami.<br />

AFRICA-MANIA !<br />

Constat évident, l’ art contemporain africain<br />

est largement dominé par la figuration<br />

du corps noir. Dès lors, il est légitime<br />

de se demander si cette exposition ne<br />

renforce pas l’ idée, stéréotypée, que la<br />

peinture africaine se résume grossièrement<br />

à des portraits noirs, de préférence<br />

dans des intérieurs ? Maja Wismer le<br />

conteste : « Même si cette figuration –<br />

des protagonistes noirs dans des scènes<br />

d’ intérieurs – est une production que l’ on<br />

voit beaucoup, notamment parce que le<br />

marché international de l’ art s’ y intéresse,<br />

il faut replacer cela dans une perspective<br />

historique. Les œuvres ici présentées ne<br />

doivent pas être observées comme l’ image<br />

stéréotypée de la production picturale<br />

africaine, mais plutôt comme une tradition<br />

iconographique ancrée, et cette tradition<br />

est ici abordée sous un angle positif. »<br />

L’ événement confirme la fascination généralisée<br />

pour l’ art africain. Maja Wismer<br />

explique cet enthousiasme multifactoriel<br />

: « C’ est tout d’ abord une production qui<br />

profite d’ un certain engouement, car elle<br />

a été invisibilisée pendant de longues<br />

années, et comme tout ce qui n’ a jamais<br />

ou peu été montré, elle suscite naturellement<br />

la curiosité et l’ enthousiasme de<br />

la découverte. Un deuxième facteur est<br />

l’ essor des réseaux sociaux. Aujourd’ hui,<br />

les musées et galeries ne sont plus indispensables<br />

pour augmenter sa visibilité et<br />

l’ on observe des artistes qui gagnent en<br />

notoriété grâce à leurs communautés de<br />

followers. » La scène africaine est arrivée<br />

au bon moment et a bénéficié de cet<br />

emballement, notamment numérique, qui<br />

permet d’ abolir les frontières. Le succès<br />

de la peinture figurative africaine est aussi<br />

lié à la discipline, ce segment séduisant le<br />

marché de l’ art. La commissaire complète<br />

sa démonstration : « Enfin, je dirais que<br />

la peinture figurative africaine est portée<br />

par des personnalités qui révèlent l’ art<br />

d’ artistes africains ou afro-descendants<br />

au monde entier. Je pense notamment à<br />

Michael Armitage qui a fait l’ objet d’ une<br />

exposition personnelle d’ envergure à<br />

Mickalene Thomas, Never Change Lovers in the Middle of the Night, 2006, strass, acrylique et émail sur panneau<br />

de bois, 182,8 x 182, 8 cm. © de l’artiste / ProLitteris, Zurich, <strong>2024</strong> / Courtesy Jorge M. Pérez Collection, Miami<br />

« Les œuvres<br />

figuratives présentées<br />

ici ne doivent pas être<br />

observées comme<br />

l’image stéréotypée de<br />

la production picturale<br />

africaine, mais plutôt<br />

comme une tradition<br />

iconographique<br />

ancrée »<br />

MAJA WISMER<br />

38


Roméo Mivekannin, Le modèle noir, d’après Félix Vallotton, 2019, acrylique sur nappe, 251 x 254 cm. © de l’artiste / ProLitteris, Zurich, <strong>2024</strong> / Courtesy Jochen Zeitz Collection<br />

/ photo : Laurent Belet<br />

Munich (Haus der Kunst). L’ artiste kenyan<br />

y invitait également une série d’ artistes<br />

qui l’ ont inspiré. Cela crée des liens avec<br />

des artistes, qui deviennent des références<br />

historiques. Un autre porte-voix est<br />

Kehinde Wiley. La commande de portrait<br />

faite par Barack et Michelle Obama a<br />

propulsé l’ artiste au rang de star, avec une<br />

médiatisation retentissante. » À l’ image<br />

du continent, cette exposition d’ une diversité<br />

stimulante permet aux Européens<br />

de comprendre que l’ Afrique est composée<br />

de 54 pays révélant une variété infinie<br />

de particularités stylistiques.<br />

VISITER<br />

When We See Us.Un siècle de peinture<br />

figurative panafricaine<br />

du 25-05 au 27-10<br />

Kunstmuseum<br />

Bâle<br />

www.kunstmuseumbasel.ch<br />

39


IPARC<br />

« Restaurer c'est innover »<br />

D’un Dirk Bouts aux Wall Drawings<br />

de Sol LeWitt ou au magasin<br />

Wolfers de Victor Horta, l’IPARC<br />

restaure au plus haut niveau des<br />

œuvres d’art issues de collections<br />

publiques et privées, notamment<br />

celles de la Phoebus Fondation.<br />

Désormais, l’entreprise envisage<br />

de se développer au Moyen-<br />

Orient. Entetien avec Leen Gysen,<br />

fondatrice et directrice générale.<br />

TEXTE : THIJS DEMEULEMEESTER<br />

« Il y a peu de défis<br />

que nous refusons<br />

de relever. Même<br />

pour la taxidermie,<br />

nous disposons<br />

d’une installation<br />

spécifique »<br />

LEEN GYSEN<br />

On n’entre pas facilement dans<br />

l’International Platform for<br />

Art Research and Conservation<br />

(IPARC) : étant donné la<br />

grande valeur des œuvres et objets d’art<br />

qui y sont traités, cette société de restauration<br />

d’œuvres d’art, sise à Kampenhout,<br />

préfère garder portes closes et rester à<br />

l’abri des regards indiscrets. Lorsque nous<br />

nous y rendons, un transport d’œuvres<br />

d’art, avec les peintures restaurées des<br />

thermes historiques de Spa, est en cours<br />

de préparation. Leen Gysen : « Cela fait<br />

tout de même bizarre de les voir partir. Ils<br />

ont passé des mois ici, à l’atelier. Il paraît<br />

un peu vide aujourd’hui, car les portraits<br />

de gouverneurs de la maison provinciale<br />

de Bruges, ainsi que deux œuvres<br />

monumentales du musée de Tournai<br />

viennent également de quitter les lieux. »<br />

Leen Gysen n’est pas restauratrice, mais<br />

cofondatrice et directrice générale de la<br />

plus grande entreprise privée de restauration<br />

d’œuvres d’art, en Flandre. L’IPARC<br />

travaille pour des musées et des autorités<br />

publiques, ainsi que pour des fabriques<br />

d’église, des galeries comme Xavier Hufkens<br />

et des collectionneurs privés, dont<br />

Fernand Huts et bien d’autres : « Nous<br />

employons aujourd’hui treize personnes<br />

en <strong>Belgique</strong>, contre vingt avant la crise<br />

sanitaire. <strong>Mai</strong>s, avec le contenu prévisionnel<br />

de notre carnet de commandes, nous<br />

devrions retrouver les mêmes chiffres d’ici<br />

à 2025. » En nous promenant ensemble<br />

dans l’atelier, on reconnaît un tableau de<br />

Suzanne Valadon, un Michaelina Wautier<br />

et quelques œuvres textiles répertoriées<br />

comme chefs-d’œuvre flamands :<br />

« Pour l’instant, nous travaillons aussi sur<br />

un ensemble d’œuvres du musée M de<br />

Louvain. Cette année, ils organisent une<br />

nouvelle présentation de leur collection<br />

permanente. »<br />

<strong>COLLECT</strong> : L’histoire se répète : l’IPARC<br />

voyait le jour en 2011, dans le giron du<br />

musée M…<br />

Leen Gysen : « Notamment grâce à feu Véronique<br />

Vandekerckhove, la directrice qui a<br />

encadré la mue du musée Vander Kelen-<br />

Mertens en musée M. Nombre d’œuvres de<br />

la collection permanente étant, à l’époque,<br />

sorties des réserves, une campagne de<br />

restauration à grande échelle s’imposait. Le<br />

musée fit donc appel à plusieurs spécialistes,<br />

dont mon époux, David Lainé, alors<br />

restaurateur de tableaux indépendant qui<br />

avait expérimenté les avantages d’une collaboration<br />

multidisciplinaire avec d’autres<br />

spécialistes. C’est la raison pour laquelle,<br />

après l’ouverture du musée M, en 2009,<br />

nous avons établi un business plan afin de<br />

fonder l’IPARC, une coopérative incluant<br />

mon mari, trois restaurateurs d’autres disciplines<br />

et moi-même en tant qu’associés<br />

fondateurs. Presque immédiatement, nous<br />

avons obtenu le contrat de restauration de<br />

trois autels baroques monumentaux de<br />

l’église Notre-Dame d’Aarschot. Ce projet,<br />

qui a duré trois ans, fut d’emblée une mission<br />

pluridisciplinaire : restauration de bois,<br />

polychromie, pierre, textiles et peintures.<br />

Cela nous a permis de nous faire un nom. »<br />

L’IPARC travaille toujours de façon<br />

multidisciplinaire. Y a-t-il des types<br />

d’œuvres ou de matériaux que vous<br />

refusez de traiter ?<br />

« Nous ne traitons ni les vitraux ni les<br />

fresques. Il y a d’autres spécialistes pour<br />

cela. En outre, ils relèvent du patrimoine<br />

immobilier. <strong>Mai</strong>s il y a peu de défis que<br />

nous refusons de relever. Même pour la<br />

taxidermie, nous disposons d’une installation<br />

spécifique. Par le passé, nous avons<br />

déjà traité des œuvres en coléoptères de<br />

Jan Fabre, des installations de Damien<br />

Hirst ou les sculptures équestres In Flan-<br />

40


« Quand je suis au Moyen-Orient, pour des<br />

projets de restauration ou de conservation,<br />

j’ai de plus en plus la sensation que nous<br />

sommes bel et bien devenu le vieux continent »<br />

ders Fields de Berlinde De Bruyckere.<br />

Quand les œuvres sont exposées ou transportées,<br />

il est normal que la vermine s’y<br />

installe. Il est moins coûteux de traiter que<br />

de laisser infester toute une réserve. »<br />

Certaines œuvres sont-elles en trop piteux<br />

état pour pouvoir les sauver ?<br />

« Il faut parfois se résoudre au fait que<br />

les œuvres ne sont pas éternelles. Les<br />

peintures au sang passent du rouge au<br />

gris. Un processus qui ne peut être arrêté.<br />

Il arrive que les matériaux utilisés soient<br />

involontairement non durables. Prenons<br />

les œuvres de Pol Mara, réalisées avec de la<br />

peinture à la bombe photosensible, complètement<br />

détachée de leur support. Il n’y<br />

a vraiment plus rien à y faire. Le plus grand<br />

défi pour nous, ce sont les œuvres modernes<br />

ou contemporaines, réalisées dans<br />

des matériaux souvent expérimentaux.<br />

Des matières plastiques, par exemple,<br />

mais aussi de la peinture de mauvaise<br />

qualité. Après la Seconde Guerre mondiale,<br />

pour ses premiers tableaux, Karel<br />

Appel a utilisé de la peinture bon marché.<br />

Il l’a appliquée en couches épaisses sur<br />

des toiles non traitées. Aujourd’hui, cette<br />

peinture se ‘‘saponifie’’ car elle n’a jamais<br />

séché correctement. La saponification<br />

provoque le décollement de la peinture de<br />

son support. S’il est possible de ralentir ce<br />

processus et de l’arrêter provisoirement,<br />

on ne peut pas le faire définitivement. A<br />

intervalle régulier, ces œuvres devront à<br />

nouveau être traitées. »<br />

Karel Appel est l’exemple-type d’un<br />

artiste dont les faussaires affirment<br />

eux-mêmes que des faux sont exposés<br />

dans les musées. Disposez-vous d’une<br />

technologie permettant de détecter les<br />

faux avec une certitude de 100 % ?<br />

« Nous sommes parfois sollicités par des<br />

collectionneurs privés ou des salles de<br />

vente pour analyser l’authenticité d’une<br />

œuvre, en cas de soupçon de fraude ou de<br />

doute quant à la datation. Nous dressons<br />

alors un rapport scientifique circonstancié<br />

incluant des relevés, des images multispectrales<br />

et une conclusion. Nous ne<br />

délivrons pas de certificat d’authenticité,<br />

mais nous pouvons confirmer ou infirmer<br />

l’authenticité d’une œuvre grâce aux<br />

données scientifiques. Les ordinateurs et<br />

la technologie permettent de distinguer<br />

plus rapidement le vrai du faux. Avec le<br />

41


« De nombreux<br />

collectionneurs se<br />

concentrent sur<br />

l’acquisition plutôt que<br />

sur la conservation à<br />

long terme »<br />

42<br />

temps, l’œil aguerri du spécialiste se fait<br />

moins pertinent. Le dossier que nous<br />

réalisons est envoyé au client, mais il en<br />

fait ce qu’il veut. Ces informations ne sont<br />

pas centralisées dans une base de donnée<br />

consultable depuis l’extérieur. Dès lors, si<br />

une œuvre falsifiée est à nouveau mise en<br />

vente, elle continuera à circuler si son dossier<br />

n’est pas communiqué au vendeur ou<br />

par celui-ci. Voilà pourquoi nous plaidons<br />

pour une base de données centrale reprenant<br />

l’ensemble de ces dossiers. Protégée,<br />

bien sûr, mais consultable par les professionnels.<br />

Selon moi, il s’agit d’une véritable<br />

lacune dans le marché de l’art. »<br />

Comment abordez-vous ce type d’enquête ?<br />

« Une restauration débute toujours par<br />

un examen préliminaire approfondi. Nous<br />

disposons pour cela d’un équipement<br />

scientifique. Nous utilisons notamment<br />

des caméras infrarouges, des UV et des<br />

appareils de radiographie mobiles. Nous<br />

effectuons également des analyses macro-<br />

XRF, technique non invasive qui permet de<br />

cartographier la répartition des éléments<br />

chimiques constitutifs d’une œuvre. La<br />

technologie évolue à très grande vitesse.<br />

Nous nous formons donc en continu, lors<br />

de symposiums, afin de pouvoir rapidement<br />

appliquer les techniques les plus<br />

récentes. Restaurer, c’est innover. Nous<br />

n’utilisons plus d’anciens liants et uniquement<br />

des pigments résistants aux UV. La<br />

détrempe n’est ainsi plus utilisée dans les<br />

restaurations, car elle n’est pas réversible.<br />

Nous utilisons de plus en plus de gels et de<br />

nettoyants à base d’eau, des produits qui<br />

préservent davantage l’œuvre comme la<br />

santé de nos collaborateurs. »<br />

Quelle est votre attitude vis à vis d’objets<br />

fabriqués dans des matériaux désormais<br />

controversés, notamment le bois exotique<br />

ou l’ivoire ?<br />

« Nous avons été confrontés à ce cas, de<br />

2013 à 2017, lorsque nous avons restauré<br />

les 160 vitrines d’exposition originales<br />

du musée de l’Afrique, à Tervuren. Ces<br />

armoires étaient fabriquées en acajou<br />

africain. Cet arbre est désormais protégé<br />

et nous avons donc dû trouver un matériau<br />

de substitution. Nous avons opté pour<br />

l’acajou d’Amérique du Sud, essence qui<br />

porte le label FSC. Il existe aujourd’hui un<br />

substitut synthétique à l’écaille de tortue,<br />

utilisable en marqueterie, par exemple. Une<br />

variante artificielle à l’ivoire est également<br />

disponible. Je trouve cette situation un peu<br />

ambiguë. De nombreux objets circulent,<br />

qui comportent de l’ivoire, des pianos aux<br />

sculptures. Les collectionneurs privés ne<br />

savent qu’en faire, car il règne aujourd’hui<br />

une ambiance délétère autour de l’ivoire.<br />

Attention, je ne suis absolument pas favorable<br />

à la chasse et encore moins à celle des<br />

éléphants. <strong>Mai</strong>s cet ivoire s’est bien souvent<br />

retrouvé ici il y a plusieurs siècles. Peut-on<br />

appeler cela de la clandestinité ? On peut<br />

difficilement le rendre à son propriétaire<br />

d’origine… Je proposerais l’instauration<br />

d’un système similaire à celui en vigueur<br />

pour l’argent noir : offrir aux citoyens l’occasion<br />

de régulariser leur ivoire. »<br />

En tant que restaurateurs, vous êtes


« Le plus grand défi pour nous, ce sont<br />

les œuvres modernes ou contemporaines<br />

réalisées dans des matériaux souvent<br />

expérimentaux, comme des matières plastiques<br />

ou de la peinture de mauvaise qualité »<br />

naturellement en contact avec les musées<br />

et les collectionneurs. Avez-vous déjà<br />

rencontré des œuvres en très piteux état ?<br />

« Je dois dire que de grands progrès ont<br />

été réalisés en Flandre et aux Pays-Bas. Les<br />

grands musées se sont professionnalisés et<br />

de nouvelles réserves ont été construites.<br />

Il y a clairement une évolution vers la<br />

conservation préventive : éviter les dommages<br />

plutôt que les réparer. »<br />

Les vitrines de Victor Horta pour le<br />

magasin Wolfers à Bruxelles, conservées<br />

pendant des années dans une pièce<br />

humide des musées d’Art et d’Histoire : de<br />

telles tragédies ne se reproduiront plus ?<br />

« Malheureusement, cela ne peut être<br />

exclu. Nous nous sommes chargés de<br />

la restauration de ces vitrines et nous<br />

connaissons donc très bien le dossier. Chez<br />

les privés, on trouve aussi régulièrement<br />

des œuvres conservées dans des caves humides,<br />

dans des greniers chauds, au-dessus<br />

d’un chauffage ou en plein soleil. Nombre<br />

de collectionneurs se concentrent sur l’acquisition<br />

plutôt que sur la conservation à<br />

long terme. J’ai visité une villa de Baltimore<br />

appartenant à une importante collectionneuse<br />

privée, qui avait accroché un Warhol<br />

en plein soleil, qui plus est, dans une pièce<br />

dépourvue de vitrage anti-UV. Quand je lui<br />

en ai parlé, elle m’a littéralement répondu :<br />

« Cela ne m’a jamais traversé l’esprit. » Bien<br />

sûr, on ne peut exiger des collectionneurs<br />

privés qu’ils conservent leurs œuvres dans<br />

des conditions muséales. <strong>Mai</strong>s on peut en<br />

attendre un minimum de soins, surtout<br />

lorsqu’on débourse de gros montants.<br />

Lorsqu’on achète une voiture de collection,<br />

on ne la sort qu’exceptionnellement. »<br />

Fin de l’année dernière, certains experts<br />

ont ouvertement remis en question la<br />

restauration de l’Agneau mystique,<br />

parlant purement et simplement de<br />

‘‘gâchis’’ sur le joyau des frères Van<br />

Eyck. Même si vous n’avez pas participé<br />

à la restauration, ces critiques sont-elles<br />

fondées ?<br />

« La restauration est effectuée par nos<br />

collègues de l’IRPA (Institut royal du<br />

Patrimoine artistique). Il s’agit d’un institut<br />

scientifique composé d’experts de haut<br />

niveau qui prennent leur travail très au<br />

sérieux. Leur professionnalisme et leur<br />

expertise ne font aucun doute. En outre,<br />

chaque étape de la restauration est supervisée<br />

par une équipe d’experts nationaux<br />

et internationaux qui ne prennent aucun<br />

risque. Tout fait l’objet d’un examen approfondi<br />

avant que la moindre intervention<br />

ne soit entreprise sur les panneaux. Toutes<br />

les techniques de recherche possibles ont<br />

été appliquées pour garantir le plus haut<br />

niveau de précision possible. La moindre<br />

erreur est absolument exclue sur ce type<br />

de chef-d’œuvre. »<br />

Comment vous positionnez-vous par<br />

rapport à l’IRPA, votre principal concurrent<br />

en <strong>Belgique</strong> ?<br />

« L’IRPA est une institution publique<br />

subventionnée, nous sommes une entreprise<br />

privée. <strong>Mai</strong>s après treize ans, nous<br />

pouvons être fiers de nos références. Nous<br />

travaillons pour pratiquement tous les<br />

grands musées et institutions, le Hof Van<br />

Busleyden, le musée M, le Victoria and<br />

Albert Museum, le Centre Pompidou,<br />

pour ne citer qu’eux. <strong>Mai</strong>s même avec ces<br />

références et ce savoir-faire, nous avons en<br />

<strong>Belgique</strong> des difficultés à développer un<br />

modèle économique viable. Nous avons<br />

atteint notre vitesse de croisière, mais les<br />

marges demeurent très faibles. Nos collaborateurs<br />

sont tous titulaires d’un Master<br />

en restauration et connaissent leur métier<br />

à fond. Pourtant, leur tarif horaire est bien<br />

inférieur à celui d’un plombier. Ce n’est<br />

pas normal. Si nous conservons l’essentiel<br />

de nos activités en <strong>Belgique</strong>, il nous sera<br />

impossible de nous développer. »<br />

En d’autres termes, l’IPARC doit quitter<br />

le pays ?<br />

« Je vois deux scénarios possibles : soit<br />

nous nous ancrons davantage dans le<br />

monde anglo-saxon, grâce à notre installation<br />

à Londres, où travaillent deux<br />

personnes, ce qui pourrait constituer une<br />

passerelle vers l’Amérique, soit nous nous<br />

concentrons sur le Moyen-Orient. Je pense<br />

qu’il y a là des opportunités plus importantes<br />

à court terme. Nous y sommes déjà<br />

actifs, mais nous souhaitons y asseoir<br />

davantage notre présence. Les Émirats<br />

et l’Arabie saoudite regorgent de musées<br />

en cours de construction ou de reconstruction.<br />

Ils sont très actifs sur le marché<br />

de l’art et font l’acquisition d’œuvres<br />

extraordinaires pour leurs collections.<br />

Cela implique un savoir-faire en matière<br />

de conservation et de restauration. <strong>Mai</strong>s<br />

ils doivent l’importer, car ils ne disposent<br />

pas encore de formations en histoire de<br />

l’art ou en restauration. Des historiens de<br />

l’art et des experts en collections américains,<br />

anglais et français y travaillent<br />

en masse et nous y faisons nos premiers<br />

pas. Au Moyen-Orient, il y a davantage de<br />

moyens privés pour valoriser nos connaissances.<br />

Surtout par rapport à l’Europe,<br />

où le secteur de la culture dispose d'un<br />

modèle financier tout autre. Quand je suis<br />

au Moyen-Orient, pour des projets de restauration<br />

ou de conservation, j’ai de plus<br />

en plus la sensation que nous sommes bel<br />

et bien le vieux continent. Nous, Occidentaux,<br />

devons réfléchir à ce que nous souhaitons<br />

encore signifier à l’avenir. »<br />

SURFER<br />

www.iparc.eu<br />

43


Roger Capron<br />

La céramique pour tous<br />

Table d’appoint, ca. 1960, céramique vernissée, noyer, fer, 49,8 x 100,7 x 43,6 cm, signée. Christie’s, New York, 15-03-2023. © Christie’s Images Ltd. - Invendue (est. 2.000-3.000 $)<br />

44


A la faveur d’émissions d’enchères<br />

télévisées, mais aussi surtout<br />

suite au retour en grâce, dans la<br />

décoration d’intérieur, du mobilier<br />

des décennies 1960-1970, ces<br />

dernières années, le travail du<br />

céramiste français Roger Capron a vu<br />

sa cote s’envoler. Sa devise : « Faire<br />

du beau à la portée de tous ».<br />

TEXTE : CHRISTOPHE DOSOGNE<br />

En 1980, la carrière productive de<br />

Roger Capron, tout comme sa<br />

grande créativité, étaient récompensées<br />

par l’obtention du Grand<br />

Prix International de Céramique, lors de la<br />

Biennale de la céramique d’Art de Vallauris,<br />

en France. Toutefois, ses dernières<br />

œuvres furent, jusqu’à son décès, qualifiées<br />

de «ringardes» par une grande partie<br />

de la critique de l’époque, raison parmi<br />

d’autres qui vit les amateurs comme le<br />

grand public se détourner d’un travail qui<br />

tomba peu à peu dans l’oubli. Ainsi, tout<br />

au plus qualifiée de «cliché», voire même<br />

de «belle brocante» dans les années 1990,<br />

il fallut attendre l’an 2000 et la parution<br />

d’un article du New York Times pour voir<br />

évoluer la perception de sa production<br />

emblématique des Trente Glorieuses.<br />

Dithyrambique, le texte qualifiait la<br />

démarche de Roger Capron (1922-2006)<br />

de « celle de l’un des artisans les plus prolifiques<br />

et les plus importants du design<br />

européen d’après-guerre ». Selon l’agrégateur<br />

d’enchères Artprice, depuis 2010,<br />

son œuvre n’a cessé de s’apprécier, ainsi<br />

qu’en témoigne encore le record obtenu,<br />

en avril 2022, pour un très grand claustra,<br />

adjugé 42.000 euros par Piasa à Paris.<br />

Aujourd’hui, les créations de ce designer<br />

prolifique s’envolent généralement<br />

pour plusieurs milliers d’euros. Les vases<br />

comptent parmi les pièces particulièrement<br />

recherchées par les collectionneurs,<br />

car ils combinent à la fois une approche<br />

décorative et sculpturale, témoignant<br />

de la diversité des techniques mises en<br />

œuvre par le céramiste. Nombreuses sont<br />

également les pièces de vaisselle peinte<br />

Vase à oreilles, ca. 1960, céramique vernissée, H. 34,3 cm, signé. Christie’s, New York, 10-06-2021.<br />

© Christie’s Images Ltd. 7.500 $ (7.100 €)<br />

En 2000, le New York Times le désignait<br />

comme « l’un des artisans les plus prolifiques<br />

et les plus importants du design européen<br />

d’après-guerre. »<br />

(coupes, plats, assiettes, tasses), tandis<br />

que son mobilier, notamment ses tables,<br />

trouvent à nouveau leur place dans des<br />

intérieurs à l’esthétique Sixties et Seventies<br />

revisitée. Généralement dotées de pieds<br />

en acier, en métal laqué noir ou parfois en<br />

bois (tous étant amovibles), elles s’ornent<br />

de plaques de céramique décorée, qu’il<br />

est donc possible d’accrocher au mur, et<br />

peuvent s’adjuger jusqu’à 15.000 euros aux<br />

enchères, pour une table de salle à manger<br />

créée vers 1950. Les luminaires et autres<br />

pieds de lampe s’arrachent également en<br />

raison de leur originalité et de leur grande<br />

valeur décorative. Un exemplaire était<br />

ainsi adjugé 7.560 euros ( frais inclus) par<br />

Sotheby’s Paris, en décembre 2020. Plus<br />

rares, tardives et singulières, ses sculptures<br />

d’inspiration africaines n’en sont pas<br />

moins recherchées, s’adjugeant le plus souvent<br />

pour quelques milliers d’euros.<br />

CÉRAMIQUE INDUSTRIELLE<br />

Né à Vincennes, Roger Capron s’intéresse<br />

d’abord au dessin, décidant d’étudier<br />

cette discipline à l’Ecole des Arts appliqués<br />

de Paris, entre 1938 et 1943, avant de<br />

l’enseigner à l’issue de la guerre dans le<br />

même établissement. La même année, il<br />

découvre la céramique qui le passionne.<br />

Après diverses tentatives de décor pour le<br />

théâtre et des créations d’affiches publicitaires,<br />

il décide d’abandonner ce travail<br />

et l’enseignement pour, en février 1946,<br />

45


de petits objets domestiques, à l’origine<br />

pensés pour une utilisation quotidienne.<br />

Fervent partisan des formes libres, leur<br />

esthétique est caractérisée par des lignes<br />

ondulantes et des motifs expressionnistes<br />

que l’artiste conservera longtemps. La<br />

production de l’atelier Callis s’achève fin<br />

1949, suite au départ de Robert Picault.<br />

En 1952, Roger Capron rachète l’ancienne<br />

fabrique de poterie culinaire du Font<br />

des Horts, où il ouvre une petite usine<br />

de création céramique. Au départ, sept<br />

ouvriers l’aident dans la réalisation d’objets<br />

destinés aux boutiques de cadeaux ainsi<br />

que de panneaux décoratifs, ou claustras.<br />

La production est diffusée dans les salons<br />

professionnels de céramique, comme le<br />

salon des Ateliers d’Art de Paris (SAA), le<br />

salon du Meuble et le salon Batimat. Roger<br />

Capron renouvelle annuellement le décor<br />

de ses modèles.<br />

Claustra, ca. 1975, céramique et acier laqué, 280 x 290 x 4 cm. Piasa, Paris, 27-04-2022. © Piasa – 54.600 €<br />

L’après-guerre fut<br />

une période propice<br />

au renouveau des<br />

expérimentations<br />

céramiques.<br />

s’installer dans le sud de la France, à Vallauris.<br />

Dès 1948, il fonde, aux côtés de<br />

son camarade d’école Robert Picault et<br />

du céramiste Jean Derval, l’Atelier Callis.<br />

Ce faisant, il participe à la renaissance<br />

de la céramique à Vallauris, qui accueille<br />

alors de nombreux artistes désireux de<br />

travailler les matériaux et techniques<br />

traditionnels. L’après-guerre est ainsi<br />

une période propice au renouveau des<br />

expérimentations céramiques. Roger<br />

Capron met alors en œuvre la devise<br />

de son maître, le designer René Gabriel<br />

(1899-1950) : « Faire du beau à la portée<br />

de tous ». Au début, il s’initie dans différents<br />

ateliers, réalisant principalement<br />

RENOUVEAU STYLISTIQUE<br />

Les vases dits ‘‘à oreilles’’ sont emblématiques<br />

de son style et de celui des années<br />

1950. A partir de 1955, il entame la production<br />

de carreaux de faïence et de table. La<br />

même année, il épouse Jacqueline Hubin,<br />

dite ‘‘Jacotte’’, qui devient sa plus proche<br />

collaboratrice. Ses créations acquièrent peu<br />

à peu une renommée internationale et sont<br />

primées, notamment à la Xe Triennale de<br />

Milan (1954) et à Bruxelles (1959). Dès 1950,<br />

il côtoie Pablo Picasso, installé à Vallauris<br />

dans l’atelier Madoura depuis 1948, qui<br />

l’estime et apprécie sa démarche accessible<br />

au plus grand nombre. Le bestiaire, le coq et<br />

le taureau, si cher à Picasso, la fascination<br />

du soleil, le corps féminin, les êtres hybrides<br />

( femme-oiseau ou sirène) composent alors<br />

les thématiques de son travail, tandis que la<br />

mythologie et l’art africain, avec des séries<br />

de masques, complètent l’iconographie<br />

de sa production. Développant peu à peu<br />

celle-ci, il parvient à constituer une équipe<br />

d’une cinquantaine d’ouvriers, qui utilisent<br />

notamment comme support des carreaux<br />

industriels. L’artiste privilégie la conception<br />

de pièces aux formes coulées typique des<br />

années 1950. Pour renouveler le graphisme<br />

de ses modèles, il utilise des rayures verticales<br />

et quadrillées, des séries en pavés ou<br />

damiers, imposant ainsi un style identitaire<br />

qui lui est propre, plaisant au public, et<br />

qui sera même copié en Italie par la firme<br />

Bitossi. Proposant une œuvre en constante<br />

évolution, Roger Capron se tourne, dès les<br />

années 1960, vers un style plus moderniste<br />

et géométrique, privilégiant l'utilisation de<br />

46


La devise de<br />

Roger Capron :<br />

« Faire du beau à la<br />

portée de tous. »<br />

couleurs vives qu’il applique à la conception<br />

de céramiques intégrant l’architecture, en<br />

conjuguant support industriel et recherche<br />

artistique. Afin de diversifier la production<br />

de l’usine, il réalise en outre du petit<br />

mobilier d’appoint et des panneaux muraux<br />

(table basse, ensemble de jardin, ...), composés<br />

de carreaux émaillés de même motif :<br />

carreaux Navettes en 1961, Planètes en 1965,<br />

Herbiers de Provence en 1969, Herbiers de<br />

Garrigue en 1971. Cette période voit ainsi<br />

la création de nombreuses tables basses<br />

et d’appoint, ainsi que de carafes et de<br />

vases, en grande partie signés. L’architecte<br />

Philippe Sicardon lui confie, en outre, la<br />

réalisation de décorations céramiques pour<br />

orner l’hôtel Byblos à Saint-Tropez, inauguré<br />

en 1967. Ce qui l’oblige à s’intéresser à<br />

une nouvelle matière, le grès grand feu, apte<br />

à résister notamment aux sollicitations de<br />

la piste de danse.<br />

PIÈCES UNIQUES<br />

En 1980, sa manufacture emploie jusqu’à<br />

120 personnes mais, à la suite de la crise<br />

économique, Roger Capron doit, en 1982,<br />

déposer le bilan, contraint en outre de<br />

céder les modèles, les brevets, les procédés<br />

de fabrication ainsi que son nom, qui<br />

est sa marque. Son entreprise est rachetée<br />

par la société des établissements Carré<br />

à Paris, laquelle poursuit encore de nos<br />

jours quelques-unes de ses réalisations,<br />

notamment les grès Herbiers des Garrigues.<br />

Dès 1984, Roger Capron rebondit et se<br />

lance, au sein de l’atelier qu’il a conservé à<br />

Vallauris, dans la réalisation de pièces en<br />

série limitée dont la production va s’arrêter<br />

au tournant des années 1990. Il aborde<br />

alors un travail totalement neuf, réalisant<br />

des exemplaires uniques, proches de la<br />

sculpture, à l’univers caractéristique de<br />

son style, revisitant ses thèmes emblématiques<br />

que sont le bestiaire, le corps<br />

féminin et les êtres hybrides. Aidé de son<br />

épouse Jacotte et de Jean-Paul Bonnet,<br />

collaborateur depuis les premiers jours, il<br />

crée des pièces utilisant la technique de la<br />

terre enfumée, à destination des galeries<br />

et des collectionneurs. Dans les années<br />

2000, il se consacre ainsi à la sculpture en<br />

ronde-bosse et expose dans les galeries<br />

Brocéliande et Neotu à Paris, Hammer et<br />

Gueridon à New York, Züblin-Haus à Stuttgart<br />

ou Schachen et Horizon, en Suisse,<br />

avant qu’un hommage rétrospectif ne lui<br />

soit finalement rendu, en 2003, au musée<br />

national de la céramique de Sèvres.<br />

SURFER<br />

Important pied de lampe, ca. 1950, grès émaillé, 51 x 51 cm. Sotheby’s, Paris, 17-12-2020. © Sotheby’s Art<br />

Digital Studio – 7.560 € (frais inclus)<br />

www.rogercapron.com<br />

47


Le portefeuille<br />

Sujet à toutes les mutations<br />

De quoi est fait le vôtre, de cuir<br />

ou de plastique ? Il contient<br />

certainement des compartiments<br />

pour vos cartes mais aussi une<br />

pochette pour la monnaie. Le fait<br />

est établi, tous nous possédons<br />

un portefeuille. Cet accessoire,<br />

aujourd’hui indispensable, a<br />

construit son histoire et son<br />

évolution parallèlement à ce qu’il<br />

contient, de l’argent, ou plus<br />

largement, diverses formes de<br />

paiement.<br />

TEXTE : ANNE HUSTACHE<br />

Le terme ‘‘portefeuille’’<br />

désigne ce qu’il<br />

signifie littéralement :<br />

une chemise destinée<br />

à transporter des<br />

‘‘feuilles’’, soit des<br />

documents.<br />

Lorsqu’il commence à être utilisé,<br />

vers le XVIe siècle, le terme ‘‘portefeuille’’<br />

désigne ce qu’il signifie<br />

littéralement : une chemise, plus<br />

ou moins grande, destinée à transporter<br />

des ‘‘feuilles’’, soit des documents. Il se<br />

spécialisera parallèlement au développement<br />

du billet de banque, qui apparaît en<br />

Europe au mitan du XVIIe siècle. <strong>Mai</strong>s le<br />

portefeuille, soit un objet destiné à transporter<br />

des choses précieuses, dispose<br />

bien sûr de lointains ancêtres, tels ces<br />

petits sacs en peaux de bête, ou en toile,<br />

que l’on porte à la ceinture ou au cou et<br />

qui contiennent de petits objets utiles<br />

et aussi des pièces de monnaie. De telles<br />

bourses existaient déjà dans la Grèce<br />

antique. Témoignant de l’évolution et de<br />

la multiplication des moyens de paiement,<br />

le portefeuille a évolué au fil du<br />

temps pour devenir un symbole de style<br />

et de statut social. Aujourd’hui, toutes les<br />

marques de maroquinerie ou d’accessoires<br />

en fabriquent, des plus basiques<br />

aux plus luxueux.<br />

Bien tenu à la taille<br />

1400<br />

Le propriétaire de cette bourse de cuir<br />

repoussé devait passer une gaine ou une<br />

ceinture entre les deux passants du haut<br />

afin de la fixer à sa taille. Il se prémunissait<br />

ainsi d’un vol éventuel, tout en arborant<br />

un objet considéré comme luxueux, et<br />

donc marqueur social à une époque où<br />

tout le monde n’avait pas les moyens de<br />

se l’offrir. Preuve du soin accordé à l’objet,<br />

l’inscription en français, qui se déploie en<br />

trois lignes, sur toute la hauteur : «L’amour<br />

me tient : me tient dans cette prison :<br />

l’amour me tient ». Les passants sont chacun<br />

orné d’un aigle aux ailes déployées.<br />

Sac de ceinture, France, cuir, 17 x 18,9 x 1,9 cm.<br />

New York, The Metropolitan Museum of Art, inv.<br />

2005.426.<br />

48


Architecturé<br />

fin du XVe siècle<br />

Le fermoir en métal de cette escarcelle fait d’emblée référence à<br />

l’art gothique, toujours bien présent dans nos régions, en cette fin<br />

de XVe siècle. Les bourses, attachées à la ceinture, connurent un<br />

certain raffinement avec l’invention de ces fermoirs significativement<br />

ouvragés qui, tout en étant plus pratiques (on ouvre sa bourse<br />

sans la détacher de la ceinture), se révélaient aussi plus sécurisés. A<br />

l’arrière, un lien permet de fixer l’escarcelle à la ceinture. Le fermoir a<br />

sans doute été perfectionné pour assurer une plus grande sécurité à<br />

l’argent et autres objets de valeur lorsque le propriétaire déambulait<br />

dans les rues bondées de la cité. Le velours, délicatement décoré,<br />

et le fermoir, très ouvragé, transforment cet accessoire en un objet<br />

dont le luxe devait impressionner.<br />

Escarcelle, Europe du Nord, velours, fer, 31,2 x 22,8 x 2,5 cm. New York, The Metropolitan<br />

Museum of Art, inv. 52.121.3.<br />

Eclat satiné<br />

1686<br />

Au XVIIe siècle, se développe la forme oblongue des portefeuilles<br />

telle que nous la connaissons aujourd’hui. Un<br />

exemplaire tel que celui-ci demeurait toutefois réservé à<br />

une clientèle ayant les moyens de s’offrir un travail délicat.<br />

Divisé en trois sections de rangement et pourvu d’un<br />

rabat de forme incurvée, ce portefeuille est entièrement<br />

recouvert de soie satinée de couleur rouge et brodé de fils<br />

d’argent et de satin de soie, des motifs de feuilles et de rinceaux<br />

se déployant harmonieusement sur toute sa surface.<br />

A l’arrière, un monogramme daté de 1686 est brodé, encadré<br />

de rosettes et de branchages.<br />

Portefeuille, Italie, soie brodée de fils de métal et de soie, 17 x 9,6 cm. Londres, The<br />

Victoria and Albert Museum, inv. T.48-1962.<br />

Fils d’or<br />

1750<br />

Comme aujourd’hui, les portefeuilles furent utilisés tant par les<br />

femmes que par les hommes et ne contenaient pas seulement<br />

de l’argent, mais des lettres, de menus objets, de même que du<br />

tabac. La forme assez haute de cet exemplaire suggère cette<br />

multiplicité de fonctions. A-t-il plutôt appartenu à une femme<br />

ou à un homme ? On penche pour la gent féminine en raison de<br />

l’extrême délicatesse du fermoir fixant le rabat trilobé, formé<br />

d’un nœud de satin rose et d’une bague de fil doré. Le satin<br />

couleur crème se marie parfaitement avec les motifs de feuilles<br />

brodés de fils dorés.<br />

Portefeuille, France, satin, fil doré, 11 x 13,5 cm. Paris, Musée des Arts Décoratifs,<br />

inv. 1913.0701.<br />

49


Sérieux<br />

ca. 1780-1790<br />

Dès la fin du XVIIIe siècle, et durant tout le XIXe, les grands<br />

portefeuilles à soufflet de maroquin rouge furent fabriqués afin<br />

de transporter toutes sortes de documents, actes de propriétés,<br />

cartes militaires, ordonnances, lettres diverses et billets<br />

de banque. Ils disposent de plusieurs compartiments et d’une<br />

serrure qui, ici, est en métal argenté. Au-delà de son aspect<br />

général conventionnel, ce portefeuille s’avère original car sa<br />

partie inférieure est en forme de dos de livre. Il dispose d’un<br />

décor rectangulaire de vignettes dorées sur tous les bords et de<br />

fleurons légers aux angles. Il est également signé du nom de son<br />

fabriquant : ‘‘Garnier/ Au Palais Royal’’.<br />

Garnier, Portefeuille à soufflet, Paris, maroquin doré, laiton, métal argenté,<br />

33 x 26 x 3,5 cm. Paris, Musée du Louvre, inv. OAR 320.<br />

Rocaille<br />

ca. 1740<br />

Ces deux portefeuilles témoignent combien les motifs de style<br />

rocaille envahirent avec bonheur l’univers des portefeuilles,<br />

ponctuant ainsi le costume d’un accessoire assorti. Leur<br />

décor est brodé à la canetille ( fil de métal très fin et tortillé),<br />

avec des lames d’argent au couché. Le portefeuille couleur<br />

crème accueille aussi des motifs floraux, à la soie de Chine<br />

polychrome, au passé empiétant, point de tige et point fendu.<br />

L’autre portefeuille, plus petit, est cousu dans un damas vert<br />

bouteille, la broderie est d’or et d’argent au couché, composant<br />

un vase fleuri au revers, et des branches fleuries à l’avant. Ces<br />

deux modèles sont en forme d’enveloppe avec un rabat festonné,<br />

qui se ferme par un petit ruban en fil d’argent formant<br />

une boucle et un bouton.<br />

Deux portefeuilles, satin de soie blanc doublé de soie de même sur fond de carton.<br />

Bruxelles, Musée Mode & Dentelle. © photo : Y. Peeters-A<br />

Vert tendre<br />

ca. 1804-1814<br />

Le maroquin est un cuir de chèvre, de chevreau ou de mouton, tanné au<br />

sumac ou à la noix de galle. Il est particulièrement apprécié dans la reliure<br />

de luxe pour sa résistance et parce qu’il met en valeur la dorure. Ces<br />

mêmes caractéristiques en ont fait une matière de choix pour la réalisation<br />

de portefeuilles, qu’ils soient teintés de rouge ou, comme ici, de vert.<br />

Les bordures de ce portefeuille sont dorées aux fers. Il dispose d’une très<br />

jolie serrure en forme d’écu, en vermeil, découpée et gravée, avec sa clef. A<br />

l’arrière, sur le second plat, une plaque en métal doré, découpée et gravée,<br />

porte la dédicace : ‘‘Hommage de la plus tendre reconnaissance’’. Fait rare,<br />

cet élégant portefeuille a conservé sa housse de protection en maroquin<br />

vert. Il était estimé entre 400 et 500 euros.<br />

Portefeuille, maroquin vert, bordures dorées aux fers, 28 x 38 cm. Boulogne Enchères,<br />

Boulogne-Billancourt, 05-06-2021. © Boulogne Enchères – 2.728 € (frais inclus)<br />

50


Scène classique<br />

ca. 1860-1880<br />

Ce portefeuille est composé de deux plaques d’ivoire de forme<br />

rectangulaire, aux coins arrondis, serties dans une bordure de<br />

cuivre. Au recto, selon un curieux et assez mystérieux procédé<br />

d’impression photographique, apparaît une image réunissant<br />

trois personnages : un homme debout avec un bâton sur l’épaule,<br />

accompagné d’un chien, s’adressant à une femme assise avec<br />

un enfant sur les genoux. Les personnages portent des robes<br />

classiques. Le dos n’est pas décoré. Ce portefeuille est doté d’une<br />

doublure de soie moirée rouge et divisé en trois compartiments.<br />

Le double pli extensible (soufflet) est en cuir rouge.<br />

Portefeuille, Italie (?), ivoire, métal, 7,5 × 6 × 1,7 cm. Amsterdam, Rijksmuseum,<br />

inv. BK-1978-402.<br />

Douce texture<br />

1900-1925<br />

Par son utilisation constante, un portefeuille peut séduire<br />

toute personne sensible au toucher : quoi de plus agréable<br />

qu’un objet d’une douce texture. Ce portefeuille en daim<br />

marbré répond parfaitement à cette demande. Gris-blanc, il<br />

est agrémenté d’un intérieur en cuir de porc gris et doublé de<br />

coton vert-marron avec, d’un côté, un compartiment à billets<br />

fermé par un rebord et une boucle plate, de l’autre, deux compartiments<br />

coulissants, celui du haut pour les cartes de visite.<br />

Une poche profonde et ouverte pour le papier-monnaie, sur<br />

toute la longueur et la largeur. Côté décoration, il s’orne d’une<br />

large bande diagonale à décor d’oiseaux et de fleurs et d’une<br />

étroite bande diagonale à décor de fleurs et de papillons<br />

parcourent le daim marbré. Ces deux bandes déclinent les<br />

couleurs bleu, rouge, marron et gris. Voilà bien une pièce qui<br />

conjugue douceur du toucher et délicatesse du décor.<br />

Portefeuille, Indes orientales néerlandaises / Amsterdam, daim, cuir de porc,<br />

coton, 13,6 × 8 × 2 cm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. BK-1995-35.<br />

Kelly<br />

2015<br />

Depuis le XXe siècle, toutes les grandes marques multiplient les<br />

versions de leur portefeuille, souvent fabriqué, pour les dames,<br />

de façon à s’harmoniser avec son grand frère, le sac à main. Cet<br />

exemplaire de 2015 est le petit frère du Kelly, l’indémodable modèle<br />

inventé dans les années 1930 mais devenu mondialement<br />

célèbre grâce à une photographie de Grâce Kelly l’arborant pour<br />

cacher sa potentielle grossesse. Ce portefeuille est décliné dans<br />

toutes les couleurs, des plus classiques aux plus flashy, comme<br />

ce beau bleu électrique.<br />

Portefeuille Kelly, Hermès, Paris, cuir Epsom (veau), 12 x 20 x 3 cm. Sotheby’s,<br />

New York, mars <strong>2024</strong>. © Sotheby’s Art Digital Studio<br />

4.000 $ (3.727 €)<br />

51


Le débardeur, ca 1898, pastel et craie noire, 35,1 x 26 cm. Anvers, musée Plantin Moretus, Cabinet des Estampes.<br />

52


Eugeen<br />

van Mieghem<br />

Une cote plutôt terne<br />

L'artiste réaliste anversois Eugeen<br />

van Mieghem est, aujourd'hui<br />

encore, une vedette incontestée<br />

de la métropole belge. Sont style<br />

sombre et terre à terre, qui met<br />

pourtant en scène, à un siècle de<br />

distance, une actualité toujours<br />

brûlante, ne semble plus guère<br />

plaire. Analyse de sa cote, à<br />

l'occasion de la rétrospective que lui<br />

consacre le musée de Pontoise.<br />

TEXTE : CHRISTOPHE DOSOGNE<br />

Van Mieghem a<br />

observé tous ceux<br />

qui travaillaient dans<br />

le port d'Anvers,<br />

de même que<br />

d'innombrables<br />

migrants en quête<br />

d'une vie meilleure.<br />

Voici un nom bien connu des<br />

amateurs d’enchères, notamment<br />

de ceux qui fréquentent<br />

les salles anversoises comme<br />

Campo et Bernaerts. Né quasiment dans le<br />

port d’Anvers, où il a grandi et auquel il resta<br />

attaché sa vie durant, Eugeen van Mieghem<br />

(1875-1930) peut être comparé à ses<br />

contemporains Pierre Paulus de Châtelet<br />

(1881-1959) ou Constantin Meunier (1831-<br />

1905) qui, tout comme lui, firent partie d’un<br />

courant réaliste œuvrant dans une veine<br />

sociale qui n’a malheureusement plus guère<br />

la cote aujourd’hui. Très tôt, l’enfant né dans<br />

l’auberge familiale In Het Hert, sur le quai<br />

Van Meteren, développe un talent artistique<br />

exceptionnel, nourrit de l’observation des<br />

activités portuaires et du pittoresque de<br />

leurs acteurs, mariniers, matelots, quartiers-maîtres,<br />

porteurs et autres raccommodeuses<br />

de sacs, mais aussi passagers en<br />

transit. Le port et l’homme de la rue vont<br />

donc tout naturellement devenir la source<br />

d’inspiration et le modèle d’un artiste qui a<br />

très tôt regardé les œuvres de Vincent van<br />

Gogh, Georges Seurat, Constantin Meunier<br />

et Henri de Toulouse-Lautrec. En 1892, il est<br />

inscrit à l’Académie royale des beaux-arts<br />

d’Anvers, mais en est renvoyé. Il se tourne<br />

dès lors vers les mouvements politiques<br />

et culturels progressistes, ayant à cœur de<br />

s’intéresser au sort des plus démunis. Van<br />

Mieghem se concentre ainsi sur la vie des<br />

humbles, dans cette ville portuaire cosmopolite<br />

où il est considéré, à juste titre,<br />

comme l’artiste du peuple. Grâce à la proximité<br />

des embarcadères de la Red Star Line<br />

qui, dès 1873, transbordent des migrants<br />

vers le Nouveau Monde (les Etats-Unis<br />

d’abord, puis le Canada après la Première<br />

Guerre mondiale), l’artiste réalise quantité<br />

de croquis et de pastels de ces déracinés,<br />

qui défilent devant lui en quête d’un avenir<br />

meilleur. Avec un grand sens du détail, mais<br />

dans un style qui demeure brut et nerveux,<br />

il croque ainsi les tenues vestimentaires et<br />

l’attitude pathétique des migrants, rendant<br />

compte de manière saisissante du dénuement<br />

de ces candidats à l’exil. Il poursuivra<br />

dans cette veine jusqu’à son décès.<br />

DE L’IMPORTANCE DU DESSIN<br />

Désormais brûlante d’actualité, cette problématique<br />

de la migration, qu’elle soit liée<br />

à une croissance économique faible, à une<br />

répartition inégale des revenus, à la surpopulation<br />

liée à une forte démographie, à un<br />

taux élevé de chômage, à des conflits armés<br />

53


Migrants au port d’Anvers, ca. 1912, gouache, 49 x 63 cm. Collection privée.<br />

Il était connu comme<br />

l'artiste du peuple, en<br />

raison de l'attention<br />

qu'il portait à la vie<br />

des gens simples, dans<br />

cette ville portuaire<br />

cosmopolite.<br />

et autres épurations ethniques, voire à une<br />

violation des droits de l’homme, a donc été<br />

au cœur de l’œuvre d’Eugeen van Mieghem.<br />

Or, ce n’est pas pour autant, loin s’en faut,<br />

qu’elle séduit aujourd’hui plus qu’hier, que<br />

du contraire, ainsi qu’en témoignent les<br />

résultats qui suivent. Fort d’une production<br />

abondante, notamment grâce à une<br />

pratique sur le vif, on l’a dit, son travail<br />

trouve régulièrement le chemin des salles<br />

de ventes, essentiellement en <strong>Belgique</strong> où<br />

se concentre 99,8 % de son marché, selon<br />

Artprice. La majorité des œuvres proposées<br />

(56,2 %) appartiennent à la catégorie des<br />

dessins. Ceux-ci s’échangent généralement,<br />

sur le second marché, entre 200 et 12.000<br />

euros, parfois plus, notamment chez Campo<br />

Vlaamsekaai qui, en avril 1999, obtenait<br />

un record d’enchères dans cette catégorie,<br />

en adjugeant 2,6 millions de francs belges<br />

(l’équivalent de 64.450 euros d’aujourd’hui)<br />

ses Gamins (1919), à l’aquarelle sur papier.<br />

Plus récemment, en mars 2016, la salle Bernaerts<br />

obtenait 40.000 euros au marteau des<br />

Trois raccommodeuses de sacs au port, fusain<br />

et craie de couleur sur papier. Si la cote de<br />

l’artiste, en ce compris le nombre de lots<br />

vendus, est demeurée relativement stable<br />

sur la dernière décennie, Artprice, dont les<br />

analyses reposent sur 1 952 adjudications,<br />

indique toutefois que la valeur de ses œuvres<br />

était en baisse de 27,7 % en 2023, un tiers des<br />

lots proposés, y compris les peintures, s’adjugeant<br />

alors dans une fourchette comprise<br />

entre 1.000 et 5.000 euros. Le taux d’invendus<br />

est aussi en nette progression depuis 2022.<br />

Quant à elle, la valeur moyenne des peintures<br />

de Van Mieghem aux enchères oscille<br />

désormais entre 2.000 et 40.000 euros, le record<br />

pour une huile de l’artiste étant détenu<br />

par la salle Campo qui, en avril 2003, obtenait<br />

78.000 euros de l’œuvre sur carton (72 x 82<br />

cm) intitulée Au bord de l’Escaut (1926).<br />

L’artiste fut également l’auteur de gravures,<br />

notamment des eaux fortes qui s’échangent<br />

entre 50 et 500 euros, les lithographies étant<br />

54


estimées entre 30 et 100 euros, tandis que<br />

les œuvres à la pointe sèche peuvent voir<br />

leur estimations monter jusqu’à 1.600 euros.<br />

Enfin, plus rares, les monotypes vaudraient<br />

entre 1.500 et 3.000 euros.<br />

VISITER<br />

Rétrospective Eugeen Van Mieghem<br />

(1875-1930), entre Millet et Lautrec<br />

Musée d’Art et d’Histoire Pissarro-Pontoise<br />

Pontoise<br />

www.ville-pontoise.fr<br />

du 04-05 au 07-07<br />

www.vanmieghemmuseum.com<br />

LIRE<br />

Erwin Joos, Eugeen van Mieghem entre<br />

Millet et Lautrec, Pandora Publishers, Anvers,<br />

<strong>2024</strong>, ISBN 978-9-05325-491-2<br />

Fille du port à côté d’une charrette à bras, ca. 1900, pastel, 45 x 31,5 cm.<br />

Anvers, musée Eugeen Van Mieghem.<br />

Le long de l’escaut pastel, ca. 1898, pastel, 34 x 52,5 cm. Anvers, musée Eugeen Van Mieghem.<br />

55


Sélection Musées<br />

Désir quand tu nous tiens…<br />

du 26-05 au 13-10<br />

Kasteel d’Ursel<br />

Bornem<br />

www.kasteeldursel.be<br />

Actualité de<br />

l’abstraction<br />

du 31-05 au 18-08<br />

La Boverie<br />

Liège<br />

www.laboverie.com<br />

Le désir, l’érotisme, la<br />

pornographie, depuis des<br />

siècles, l’art a inventé mille<br />

stratagèmes pour exalter<br />

la sensualité du corps et<br />

naviguer allègrement entre<br />

ces différentes notions. Ce<br />

thème de l’érotisme est de fait<br />

l’un des plus féconds, surtout<br />

depuis les temps modernes :<br />

les tableaux regorgent de<br />

déesses antiques se prélassant<br />

au bain ou de vierges<br />

chrétiennes vouées aux pires<br />

martyres. Tantôt subtiles et<br />

sensuelles, tantôt explicites ou<br />

obscènes, les œuvres représentent<br />

le corps comme objet<br />

de désir ou source de plaisir.<br />

Cette exposition se concentre<br />

surtout sur les XVIIIe et XIXe<br />

siècles, en réunissant objets<br />

et tableaux érotiques issus de<br />

musées et de collectionneurs<br />

belges. L’accrochage débute avec des illustrations des fameuses Liaisons Dangereuses,<br />

roman épistolaire français publié par Pierre Choderlos de Laclos en 1782. (ah)<br />

Frieke Janssens, Nudes by Night 14, PhotoRag métallique, 160 x 120 cm. © de l’artiste<br />

Née dans les années 1910, l’abstraction constitue<br />

la grande révolution picturale du XXe<br />

siècle. <strong>Mai</strong>s, est-elle toujours d’actualité ? L’art<br />

d’aujourd’hui l’a-t-elle détrônée ? Voilà deux<br />

des questions auxquelles cette exposition souhaite<br />

répondre. Réunissant des œuvres historiques<br />

aux plus récentes, elle entend démontrer<br />

toute la pertinence et la richesse d’un art qui<br />

se passe de toute imitation de la réalité pour<br />

œuvrer uniquement avec ses propres composantes<br />

: matière, couleur et forme. Selon<br />

les commissaires, il semble clair que « nous<br />

n’avons pas encore tiré toutes les clés de l’art<br />

abstrait ». Avec, entre autres, des œuvres de<br />

Malevitch, Vasarely, Léger, De Staël, Poliakoff,<br />

Estève, Arp, Nicholson, Degottex, Jacobsen,<br />

Herbin, Magnelli, Moreni, Viola, Pijuan, Csaky,<br />

Chauvin, Schneider, Tapies, Debré, Viallat,<br />

Hantai, Bonnefoy, Lewitt, Venet, Schöffer, Van<br />

Anderlecht, Lacasse, Closon ou Marthe Wéry.<br />

(ah)<br />

Marthe Wéry, Montréal, 1984. Liège, Musée des Beaux-<br />

Arts. © La Boverie<br />

Paysages sonores<br />

jusq. 28-08<br />

SMAK<br />

Gand<br />

www.smak.be<br />

Tarek Atoui, Waters’ Witness, 2023, vue<br />

de l’exposition au MCA Sydney. © de<br />

l’artiste / photo : Zan Wimberley<br />

Voici la première exposition monographique en <strong>Belgique</strong> de Tarek Atoui (1980), artiste libanais<br />

vivant à Paris. Compositeur électro-acoustique, il crée des paysages sculpturaux et sonores à partir<br />

du son, de l’image, de la matière, de l’espace, du temps, de l’activité humaine et organique. Instruments<br />

de musique, dispositifs d’écoute, sculptures, objets ordinaires et matériels, minutieusement<br />

conçus, constituent des environnements d’écoute inventifs, qui ne font pas seulement appel à<br />

l’ouïe, mais font vivre au public toutes sortes d’expériences. Réunissant des œuvres anciennes mais<br />

aussi récentes, spécialement conçues pour cette exposition, l’artiste crée au SMAK deux univers<br />

différents, qui se rencontrent et stimulent la participation des visiteurs. Un programme de performances,<br />

composé par Tarek Atoui et ses musiciens, est prévu pendant l’exposition. (ah)<br />

56


Un artiste atypique<br />

jusq. 08-09<br />

Musée de Flandre<br />

Cassel<br />

www.museedeflandre.fr<br />

Un ‘‘nabi très<br />

japonard’’<br />

du 03-05 au 06-10<br />

Hôtel de Caumont<br />

Aix-en-Provence<br />

www.caumont-centredart.com<br />

Décédé en 1973, Nicolas Eekman est né à Bruxelles en 1889. S’il est largement oublié<br />

aujourd’hui, c’est certainement car son travail se situait aux antipodes des avantgardes.<br />

Après avoir vogué en terres expressionnistes puis cubistes, il s’est mis à créer<br />

des univers oniriques, fabuleux et fantastiques. Le peintre s’orienta dès lors clairement<br />

vers la réinterprétation des chefs-d’œuvre des maîtres anciens tels Jérôme<br />

Bosch et Pierre Breughel l’Ancien, ainsi que de son contemporain James Ensor.<br />

Quelques 80 œuvres, essentiellement issues de collections particulières, permettent<br />

de découvrir cet univers singulier, d’une imagination foisonnante, qui emmène bien<br />

au-delà des simples références. (ah)<br />

Nicolas Eekman, Mascarade, 1969, huile sur toile marouflée sur panneau, 65 x 81 cm. Collection<br />

particulière.<br />

La manière dont ses amis<br />

surnommaient Pierre<br />

Bonnard, à savoir le ‘‘nabi<br />

très japonard’’, témoigne<br />

de la fascination exercée<br />

sur lui par l’art de<br />

l’Empire du Soleil levant.<br />

Si un engouement pour<br />

tout ce qui vient du Japon<br />

se manifeste en France<br />

dès les années 1860, et<br />

ce pendant près d’un<br />

demi-siècle, Bonnard<br />

s’intéresse avant tout<br />

aux caractéristiques des<br />

estampes de l’Ukiyo-e,<br />

dont la découverte lors<br />

d’une exposition à l’École<br />

des Beaux-Arts, au printemps<br />

1890, est une véritable<br />

révélation pour lui.<br />

Le peintre adopte alors<br />

de nouveaux principes esthétiques comme la<br />

souplesse des mouvements, le contraste des<br />

couleurs, les lignes en arabesques, le goût<br />

prononcé du décor et des éléments stylisés, et<br />

le recours aux aplats. L’exposition réunit des<br />

œuvres qui témoignent de cette évolution et,<br />

évidemment, présente aussi des estampes<br />

japonaises. (ah)<br />

Pierre Bonnard, Femmes au jardin : Femme à la robe<br />

à pois blancs, 1890-1891, détrempe à la colle sur toile,<br />

panneaux décoratifs, 160,5 x 48 cm (chaque panneau),<br />

Paris, musée d’Orsay. © RMN-Grand Palais (musée<br />

d’Orsay) / photo : Hervé Lewandowski<br />

Au cœur de l’humanisme<br />

jusq. 16-06-<strong>2024</strong><br />

BNF site Richelieu<br />

Paris<br />

www.bnf.fr<br />

L’humanisme est à l’origine de la Renaissance. Né dans l’Italie du XIVe siècle, caractérisé par le<br />

retour aux textes antiques et par la restauration des valeurs de civilisation dont ils étaient porteurs,<br />

le mouvement humaniste a produit un nouveau modèle de culture, qui a modifié en profondeur<br />

les formes de la pensée comme celles de l’art. Les princes et les puissants s’en sont emparés pour<br />

fonder sur lui une image renouvelée d’eux-mêmes. Composée de quelques deux cents œuvres,<br />

manuscrits, livres imprimés, estampes, dessins, peintures, sculptures, objets d’art, monnaies et<br />

médailles, cette exposition plonge le visiteur dans l’univers de la Renaissance. Cinq sections le<br />

conduisent du XIVe au XVIe siècle : Le studiolo ; Pétrarque et la naissance de l’humanisme ; De<br />

l’étude de l’Antiquité au goût de l’antique ; Le savoir et la gloire ; De la bibliothèque humaniste à la<br />

bibliothèque princière. (ah)<br />

Juste de Gand et Pedro Berruguete, Portrait de Platon, Urbino, ca. 1472-1478, huile sur bois. Paris, musée du Louvre.<br />

57


Sélection Musées<br />

Le design du futur<br />

du 25-05 au 11-05-2025<br />

Vitra Design Museum<br />

Weil-am-Rhein<br />

www.design-museum.de<br />

Les objets<br />

d’un roman<br />

du 17-05 au 13-10<br />

Lembachhaus<br />

Munich<br />

www.lenbachhaus.de<br />

Comment le futur a-t-il été et est-il encore imaginé dans le design ? Cette exposition<br />

se penche sur cette question qui concerne la vision d’un monde à venir, en<br />

réunissant l’ameublement des premiers films de science-fiction et le design actuel<br />

surgissant dans des espaces virtuels. Des objets, au design considéré comme<br />

révolutionnaire à leur époque, voisinent avec les projets d’aujourd’hui. On voyage<br />

ainsi depuis les premiers récits de science-fiction au Metavers. L’exposition montre<br />

aussi comment les innovations techniques et les utopies du design ont trouvé<br />

leur place dans la vie quotidienne et combien ils façonnent directement le monde<br />

actuel. (ah)<br />

Lloyd Schwan, Statuette, 1995. © de l’artiste / Courtesy Vitra Design Museum / photo : Jürgen Hans<br />

Orhan Pamuk (1952) est, avant tout, connu<br />

pour ses romans, qui lui ont d’ailleurs valu un<br />

Prix Nobel. L’écrivain turc propose ici une autre<br />

perception de ses écrits, en présentant une<br />

quarantaine d’armoires venues du musée de<br />

l’Innocence d’Istanbul. Ce musée a été créé<br />

par l’auteur, en même temps que le roman<br />

éponyme qui met en lumière l’histoire d’amour<br />

entre Kemal, fils d’un propriétaire d’usine, et<br />

sa belle cousine pauvre Füsun. Lorsque leur<br />

relation se termine par un désastre, Kemal crée<br />

un musée rempli des milliers d’objets qui lui<br />

rappellent Füsun. Dans le même temps, ces objets<br />

reflètent la vie quotidienne à Istanbul, des<br />

années 1950 aux années 2000, et donc aussi<br />

les événements majeurs de la même période,<br />

les rôles de genre, le cinéma contemporain,<br />

etc. Orhan Pamuk transpose ainsi la littérature<br />

dans l’espace du musée, créant des fictions<br />

dans lesquelles les visiteurs peuvent entrer et<br />

s’immerger. (ah)<br />

Orhan Pamuk, de la série In Paul Klee’s Garden, 2023.<br />

© de l’artiste<br />

Design et<br />

communication engagée<br />

du 03-05 au 30-06<br />

MK&G<br />

Hambourg<br />

www.mkg-hamburg.de<br />

Sandra Mawuto Dotou, Look at us, Galerie der<br />

Schwarzen Vorbilder & Heldinnen in Deutschland,<br />

2022, couverture de livre. © de l’artiste /<br />

illustration : Tabea Erhart<br />

Designer en communication, Sandra Mawuto Dotou (1997) aime mêler la culture pop et<br />

l’activisme politique au design. Préoccupée de questions existentielles telles que le racisme,<br />

le post-colonialisme et la xénophobie, ses interventions protéiformes explorent<br />

comment le design peut contribuer à l’éducation, à la motivation, à la mobilisation, à la<br />

réflexion et à la dé-stigmatisation. Son travail fait appel à tous les outils de la communication,<br />

de la conception éditoriale aux concepts des réseaux sociaux, du design<br />

graphique au motion design. Cette exposition clôt la résidence dont elle a bénéficié<br />

cette année au MK&G. (ah)<br />

58


Ana Lupas.<br />

On this Side of the River Elbe<br />

du 09-05 au 15-09<br />

Stedelijk Museum<br />

Amsterdam<br />

www.stedelijk.nl<br />

Toujours<br />

génial<br />

du 02-05 au 28-07<br />

The British Museum<br />

Londres<br />

www.britishmuseum.org<br />

Elle a plus de quatre-vingts ans et, pour la première fois, une exposition majeure<br />

de son œuvre est présentée aux Pays-Bas. La collection permanente du Stedelijk<br />

Museum inclut bien son installation Coats to Borrow depuis 2022, mais en dehors de<br />

cette œuvre conceptuelle, beaucoup ne connaissent pas grand-chose à l’art roumain<br />

sous le régime communiste (1945-1989). Il était normal qu’au cours de cette période,<br />

la plupart des jeunes artistes ne participent pas à la création d’État édictée par<br />

Nicolae Ceauşecu et évitent de se faire remarquer. Suivant leur propre voie, à l’instar<br />

d’Ana Lupas, celle-ci organisa pour eux, depuis sa ville natale de Cluj, une collaboration<br />

appelée Ateliers 35. L’œuvre de cette grande dame est protéiforme et revêt un<br />

caractère très contemporain. (er)<br />

Ana Lupas, Coats to Borrow, 1989. Amsterdam, Stedelijk Museum. © photo : Carlo Favero<br />

Michel-Ange (1475-1564) figure parmi les<br />

génies artistiques ayant joui d’une très longue<br />

carrière. Non seulement, il impose déjà son<br />

immense talent à 26 ans, avec son formidable<br />

David, mais il relèvera par deux fois le défi<br />

de s’attaquer, lui le sculpteur, à des fresques<br />

immenses, le plafond de la chapelle Sixtine et,<br />

plus tard, le mur derrière l’autel, dans le même<br />

lieu. Il s’éteint à 88 ans sans avoir jamais cessé<br />

de créer. Cette exposition se concentre sur<br />

les trois dernières décennies de cette carrière<br />

féconde, alors qu’il s’installe définitivement à<br />

Rome. L’accrochage souhaite montrer à quel<br />

point Michel-Ange a exercé son influence, en<br />

renouvelant quelques thèmes comme ‘‘La<br />

Crucifixion’’, en cette époque où l’Eglise doit se<br />

redéfinir face à la Réforme. L’exposition dévoile<br />

aussi d’autres facettes du maître, qui fut poète<br />

et un analyste pertinent de l’art. (ah)<br />

Michel-Ange, étude pour Le jugement dernier,<br />

ca. 1534-1536, craie noire sur papier. © The Trustees of<br />

the British Museum<br />

Retour au musée<br />

du 17-05 au 29-09<br />

The Guggenheim Museum<br />

New York<br />

www.guggenheim.org<br />

Jenny Holzer, Untitled (Selections from Truisms,<br />

Inflammatory Essays, The Living Series, The Survival<br />

Series, Under a Rock, Laments, and Child Text),<br />

1989, installation L.E.D tricolore. © de l’artiste /<br />

Courtesy The Guggenheim Museum<br />

Il y a près de trente-cinq ans, Jenny Holzer (1950) créait un écran LED sous la forme d’une<br />

spirale pour une exposition au Guggenheim. Le panneau, clignotant de couleurs changeantes<br />

et arborant diverses polices, était alors le plus long du monde et aujourd’hui considéré<br />

comme un chef-d’œuvre de l’art textuel. Cette exposition personnelle constitue une<br />

sorte de retour au musée pour l’artiste qui ré-imaginera l’installation de 1989. Elle transformera<br />

le bâtiment avec un affichage mis à jour et élargi de textes défilants, présentant des<br />

sélections de ses séries emblématiques. Alors qu’elle ne reprenait que trois révolutions de<br />

la rotonde de Frank Lloyd Wright, lors de l’exposition de 1989, la nouvelle installation gravira<br />

les six rampes jusqu’à l’oculus du bâtiment. L’œuvre mettra ainsi en lumière l’utilisation de<br />

l’écrit à travers le temps et les médias dans la pratique de l’artiste. (ah)<br />

59


Agenda Musées<br />

△ Va te faire Maître<br />

till 20-07<br />

Musée Juif<br />

△ Passage. Textiles &<br />

Rituels<br />

till 01-09<br />

Musée Magritte<br />

△ Magritte·Folon. La<br />

fabrique poétique<br />

till 21-07<br />

Musée Mode &<br />

Dentelle<br />

△ Jules François Crahay.<br />

Back in the spotlight<br />

till 10-11<br />

ULB Culture<br />

△ Belgica Biladi Een<br />

Belgisch-Marokkaans<br />

verhaal<br />

16-05 till 22-07<br />

Villa Empain<br />

Une oeuvre d’Alain Bornain. © de l’artiste / Courtesy BPS22, Charleroi<br />

Aalst<br />

NW<br />

△ Maya Deren. Ritual<br />

in Transfigured Time<br />

- Lucile Desamory.<br />

Untitledment<br />

till 26-05<br />

Antwerpen<br />

Red Star Line<br />

museum<br />

△ Einstein, een gewilde<br />

vlucheling<br />

till 08-09<br />

FOMU<br />

△ Re/sisters - A lens on<br />

gender and ecology<br />

till 18-08<br />

△ Dirk Braeckmann.<br />

Echtzeit<br />

till 19-01-2025<br />

M HKA<br />

△ Jim Shaw. The Ties That<br />

Bind<br />

till 19-05<br />

MoMu<br />

△ Baloji - Augurism<br />

till 16-06<br />

Museum De Reede<br />

△ Paul Harbutt -<br />

ODYSSEY<br />

till 20-05<br />

RockxHuis<br />

△ Jan Davidsz. De Heem<br />

till 01-10<br />

Ath<br />

<strong>Mai</strong>son Culturelle<br />

D’Ath<br />

△ Léopoldine Roux. À Ciel<br />

Ouvert<br />

till 29-06<br />

Binche<br />

Musée international du<br />

Carnaval et du Masqu<br />

△ Binche Intime. Une<br />

exploration sonore<br />

till 15-09<br />

Brugge<br />

Adornes Domein<br />

△ Gloire et infortune d’un<br />

voyageur du XVe siècle<br />

till 31-12<br />

Brussels<br />

Africa museum<br />

△ ReThinking Collections<br />

till 29-09<br />

Argos centre for<br />

audiovisual arts<br />

△ Herman Asselberghs.<br />

Time wasted<br />

till 30-06<br />

Belfius Art Collection<br />

△ Inspired by Love<br />

till 22-06<br />

Botanique<br />

△ Possibles I Probables<br />

30-05 till 04-08<br />

BOZAR<br />

△ Histoire de ne pas rire.<br />

Het surrealisme in België<br />

till 16-06<br />

△ James Ensor<br />

till 23-06<br />

Broodhuis<br />

△ Spelen maar!<br />

till 25-08<br />

Centrale<br />

△ Maren Dubnick.<br />

Accumulator<br />

till 01-09<br />

CIVA<br />

△ Simone guillissen-Hoa<br />

till 22-09<br />

Fondation Blan<br />

△ Jacques Vilet & Gérald<br />

Dederen. U monde<br />

habité<br />

till 11.05<br />

Design Museum<br />

△ Olivetti Folon<br />

till 15-09<br />

Fondation Thalie<br />

△ Regenerative Futures<br />

till 28-09<br />

Fondation A<br />

△ Contacts<br />

till 30-06<br />

Hangar<br />

△ Unique. Beyond<br />

Photography<br />

till 09-06<br />

ISELP<br />

△ c’est le ,om de cette<br />

pierre qui fait paysage<br />

till 29-06<br />

KBR<br />

△ James Ensor - Inspired<br />

by Brussels<br />

till 02-06<br />

KMSK<br />

△ MAGINE!100 Years of<br />

International Surrealism<br />

till 21-07<br />

MAD Brussels<br />

△ Fashion Moves<br />

07-06 till 31-08<br />

<strong>Mai</strong>son De L’Histoire<br />

Européenne<br />

△ Bellum et Artes. L’Europe<br />

et la guerre de Trente Ans<br />

till 12-01-2025<br />

<strong>Mai</strong>son des arts<br />

△ Encore & encore.<br />

Rituels d’artistes<br />

till 05-05<br />

MEM<br />

△ Seb Baumgartner<br />

till 13-05<br />

MIMA<br />

△ Popcorn<br />

till 26-05<br />

Musée belge de la<br />

France-Maconnerie<br />

△ Josef et Anni Albers.<br />

Un couple mythique du<br />

modernisme<br />

till 08-09<br />

WIELS<br />

△ Jef Geys. Je ziet niet wat<br />

je denkt te zien<br />

till 19-05<br />

Wittockiana<br />

△ Chris Delville et<br />

Francois Emmanuel. Le<br />

dit de la renarde<br />

till 16-06<br />

Charleroi<br />

BPS22<br />

△ Banks Violette. Celine<br />

Art project<br />

till 05-05<br />

△ Alain Bornain.<br />

Amourable<br />

01-06 till 01-09<br />

△ Éric Fourez. Sur les<br />

traces de la Mer du<br />

Nord…<br />

01-06 till 01-09<br />

Musée de la<br />

Photographie<br />

△ Peter Knapp. Mon<br />

temps - Thomas Chable.<br />

Au-dessus des nuages<br />

- Elliot Ross. Seeing<br />

animals<br />

till 26-05<br />

60


Deinze<br />

Museum van Deinze<br />

en de Leiestreek<br />

△ Claus inspireert!<br />

till 09-06<br />

Drogenbos<br />

FeliX Art & Eco<br />

Museum<br />

△ Futuromarennia,<br />

Oekraïne & avant-garde<br />

till 09-09<br />

Gaasbeek<br />

Kasteel van Gaasek<br />

△ Echos Rebelles<br />

till 03-11<br />

Geel<br />

De Halle<br />

△ Mosa Mystica<br />

till 16-06<br />

Gent<br />

Dr. Guislain Museum<br />

△ Off-Comics<br />

till 23-06<br />

△ CARBON Annick, mei<br />

2022, Bierbeek<br />

till 01-09<br />

Het Arsenaal<br />

△ Do the Right Ding<br />

till 11-05<br />

Industriemuseum<br />

△ FERRO NON FERRO<br />

till 01-09<br />

KiOSK<br />

△ Arnaud Rogard. Ik met<br />

twee<br />

till 09-06<br />

Kunsthal Gent<br />

△ Lysandre Begijn.<br />

Archaïc Asylum<br />

till 05-05<br />

SMAK<br />

△ Sirah Foighel Brutmann<br />

& Eitan Efrat Là<br />

till 25-08<br />

△ Tarek Atoui<br />

till 25-08<br />

Grimbergen<br />

Cultuurcentrum<br />

Strombeek<br />

△ Myrthe Van Der Mark.<br />

Girl lives in the village.<br />

Sculptress. If you must<br />

know<br />

till 18-05<br />

Hasselt<br />

C-Mine<br />

△ Expo Aanwinst. De<br />

kunstcollectie van<br />

iedereen<br />

till 26-05<br />

Hornu<br />

CID<br />

△ Super Power Design<br />

till 25-08<br />

MACS<br />

△ Lionel Estève. Au fil<br />

du saisons - Jochen<br />

Lempert: Honeyguides<br />

and Milk Teeth<br />

till 12-05<br />

Ittre<br />

MIMDo<br />

△ Claudine Péters-Ropsy.<br />

La nature recomposée<br />

till 02-06<br />

Knokke-Heist<br />

Cultuurcentrum<br />

Scharpoord<br />

△ Unknown Masterpieces<br />

till 12-05<br />

La Louvière<br />

Centre Daily-Bul & C°<br />

△ Dominique Lacoudre.<br />

Je ne sais faire preuve<br />

de discipline que dans<br />

l’indiscipline<br />

till 16-06<br />

Centre de la Gravure<br />

△ Nos géantes<br />

till 02-06<br />

Keramis<br />

△ Les bucoliques.<br />

Allégories du vivant<br />

till 25-08<br />

MILL<br />

△ Temps de pause<br />

till 15-09<br />

Leuven<br />

M Leuven<br />

△ Alias<br />

till 01-09<br />

Liège<br />

Parktuin<br />

△ Het Unieke Universum/<br />

L’Univers Unique<br />

till 26-05<br />

Mons<br />

CAP<br />

△ Rodin. Une<br />

Renaissance moderne<br />

till 18-08<br />

Morlanwelz<br />

Musée royal de<br />

Mariemont<br />

△ Les Amis de<br />

Mariemont. Histoire<br />

d’une passion<br />

till 02-06<br />

Namur<br />

Le Delta<br />

△ Poste restante<br />

till 18-08<br />

△ La carte postale, objet<br />

de collection, oeuvre<br />

d’art<br />

till 18-08<br />

Musée Félicien Rops<br />

△ Le Cercle des Femmes<br />

peintres (1888-1893) &<br />

Kikie Crêvecoeur<br />

till 08-09<br />

nature<br />

till 01-06<br />

Sint-Niklaas<br />

Coup de Ville<br />

△ Artists & Athletes: The<br />

Hill They Climb<br />

till 19-05<br />

Cultuurhuis de Bijl<br />

△ External Brain. Luk Van<br />

Soom & Toon Teeken<br />

till 19-05<br />

Mercatormuseum<br />

△ Hachmi Azza<br />

02-05 till 08-09<br />

Tongeren<br />

Gallo-romeins<br />

museum<br />

△ De oudheid in kleur<br />

till 02-06<br />

Tournai<br />

Musée des Beaux-<br />

Arts<br />

△ Rémy Hans<br />

till 13-05<br />

TAMAT<br />

△ Abstract<br />

till 21-07<br />

Europa Expo<br />

△ Da Vinci - L’artiste,<br />

l’ingénieur, le<br />

gastronome<br />

till 30-06<br />

Les Drapiers Centre<br />

d’art contemporain<br />

△ Intagibles. Claire<br />

Williams & Les Aethers<br />

till 11-05<br />

Trinkall Museum<br />

△ Dan Miller. À l’oeuvre<br />

till 09-03-2025<br />

△ Modesties d’Andre<br />

Wostijn<br />

till 09-03-2025<br />

Mechelen<br />

Museum Hof van<br />

Busleyden<br />

△ Ridders van het Gulden<br />

Vlies: een schitterende<br />

mythe ontrafeld<br />

till 02-06<br />

Oudenaarde<br />

Koninklijke Academie<br />

Beeldende Kunst<br />

Oudenaarde<br />

△ Yvonne De Grazia. Of<br />

Mice And Men<br />

till 18-05<br />

Puurs-Sint-<br />

Amands<br />

Emile<br />

Verhaerenmuseum<br />

△ Bal (dé)masqué. James<br />

Ensor en het masker in<br />

de kunst<br />

till 02-06<br />

Raversijde<br />

Atlantikwall<br />

Raversyde<br />

△ Getekende oorlog:<br />

De atlantikwall Gestript<br />

- Ensor 1940 - James<br />

Baron Ensor<br />

till 11-11<br />

Waregem<br />

Be-Part<br />

△ Nick Hannes. New<br />

Capital<br />

till 18-05<br />

Zulte<br />

Roger Raveel<br />

Museum<br />

△ Zulma. Muse en<br />

manager<br />

till 05-05<br />

L’Homme qui marche (1907) d’Auguste Rodin au CAP de Mons. Paris, musée<br />

d’Orsay, inv. RF. 4094<br />

Kunsthal Mechelen.<br />

De Garage<br />

△ The fountain Show<br />

12-05 till 25-08<br />

Menen<br />

cultuurcentrum &<br />

Stadsmuseum Menen<br />

△ Het Unieke Universum/<br />

L’Univers Unique<br />

till 14-07<br />

Seneffe<br />

Chateau de Seneffe<br />

△ Monsieur Plant. Think<br />

Envoyez vos informations pour les<br />

mois de juin à août à collect@ips.be<br />

avant le 5 mai !<br />

61


Parole de galeriste<br />

UPPERCUT – #062<br />

Nouvelle venue,<br />

grandes ambitions<br />

Un monde neuf s’ouvrait à Scott Lippens (1993) lorsqu’il<br />

se rendait, il y a sept ans, à Collectible, salon bruxellois<br />

consacré au design contemporain. Il en fut subjugué et<br />

décida de s’y intéresser de plus près. En 2023, il fondait<br />

UPPERCUT, galerie nomade qu’il dirige seul, se fiant à<br />

sa seule intuition et se basant sur des connaissances<br />

historiques artistiques et techniques des matériaux. Il<br />

participait en mars dernier à la foire.<br />

Comment avez-vous lancé<br />

UPPERCUT ?<br />

« UPPERCUT résulte d’une passion<br />

pour le design de collection.<br />

Je vendais auparavant du<br />

design vintage français et italien,<br />

mais un univers tout neuf<br />

s’est ouvert à moi lorsque j’ai<br />

visité Collectible, il y a quelques<br />

années. J’ai été très impressionné<br />

par le talent de la scène<br />

belge et européenne contemporaine<br />

en design. Après avoir<br />

étudié ce domaine pendant plusieurs<br />

années, j’ai décidé de me<br />

lancer. UPPERCUT demeure une<br />

galerie ‘‘nomade’’, qui présente<br />

de temps à autre une exposition<br />

de groupe, dans divers endroits,<br />

souvent en combinaison avec<br />

d’autres off-spaces. J’essaie<br />

toujours de trouver un endroit<br />

doté d’une certaine valeur<br />

architecturale parce qu’il me<br />

paraît important d’exposer dans<br />

un contexte plus résidentiel.<br />

Nous organisons, par exemple,<br />

pendant l’Antwerp Art Weekend,<br />

une exposition de groupe dans<br />

un bâtiment Art déco situé dans<br />

la Turnhoutsebaan à Deurne,<br />

avec comme thème central la<br />

chaise. Des pièces de designers<br />

sont, en outre, exposées dans<br />

L’Appartemento, appartement<br />

sis au cinquième étage d’un<br />

bâtiment Art déco des années<br />

1930, au sud d’Anvers. Cet<br />

endroit sert provisoirement<br />

de showroom que l’on peut<br />

visiter sur rendez-vous, mais<br />

aussi de lieu de rencontre pour<br />

nos clients, collectionneurs et<br />

artistes/designers. »<br />

Comment garantir la visibilité<br />

d’une jeune galerie et se<br />

positionner sur le marché<br />

de l’art ?<br />

« En mars dernier, notre participation<br />

à Collectible fut le tremplin<br />

qui a permis à UPPERCUT<br />

de se faire connaître du public.<br />

Elle a généré d’innombrables<br />

contacts et nouveaux clients. J’ai<br />

obtenu le soutien de diverses<br />

personnes du monde du design<br />

et de l’art pour une sélection<br />

spécifique, essentiellement<br />

axée sur le design artistique<br />

contemporain. »<br />

Selon quels critères<br />

sélectionnez-vous ces artistes<br />

et designers ?<br />

« Je souhaite avant tout collaborer<br />

avec des designers et<br />

artistes qui expérimentent des<br />

techniques et matériaux neufs<br />

ou qui créent une suite à des<br />

œuvres plus historiques. En tant<br />

que galeriste, j’ai choisi de ne<br />

proposer que du design ou de<br />

l’art fonctionnel et, en ce sens,<br />

il ne s’agit jamais uniquement<br />

d’esthétique ou de forme. Les<br />

pièces que je présente doivent<br />

faire passer un certain message<br />

dans un intérieur. Les collaborations<br />

avec des designers<br />

concernent aussi, en général,<br />

des œuvres commandées où<br />

© photo : Tom Delaisse<br />

« J’estime important d’exposer<br />

des pièces dans un contexte<br />

plus résidentiel »<br />

cette vision se conjugue avec la<br />

liberté artistique du créateur. Le<br />

processus créatif débute parfois<br />

avec un matériau donné, mais<br />

il nous arrive aussi de souhaiter<br />

un objet spécifique et le<br />

choix du matériau s’en ressent.<br />

Nous préparons ainsi pour l’été<br />

un duo avec Yoon Shun et LS<br />

Gomma, au Château de Spycker<br />

à Sint-Kruis (Bruges). Shun<br />

n’utilise qu’un seul matériau<br />

et opte pour une approche<br />

poétique comme dans sa série<br />

waves, dans laquelle la forme<br />

l’emporte sur la fonction. LS<br />

Gomma utilise du caoutchouc<br />

et laisse beaucoup intervenir<br />

le hasard en le transformant,<br />

tandis que Yoon Shun se livre<br />

à des calculs très précis pour<br />

obtenir des mesures et des<br />

formes exactes. Deux artistes,<br />

à la méthode de travail très<br />

différente, qui se complètent<br />

parfaitement. »<br />

Comment voyez-vous l’avenir<br />

de votre jeune galerie ? De quoi<br />

rêvez-vous ?<br />

« J’aimerais avoir un jour mon<br />

propre espace afin d’y organiser<br />

des expositions régulières et<br />

d’inviter aussi les passants à découvrir<br />

les œuvres. Je souhaite<br />

aussi collaborer avec d’autres<br />

galeries, musées ou fondations<br />

artistiques pour susciter des<br />

dialogues entre divers artistes et<br />

designers, ou avec des espaces<br />

architecturaux. À terme, je<br />

voudrais aussi me développer à<br />

l’international. »<br />

Exposition collective<br />

Antwerp Art Weekend<br />

du 17 au 20-05<br />

Turnhoutsebaan 277,<br />

Deurne (Anvers)<br />

Exposition collective<br />

Yoon Shun et LS Gomma<br />

du 02 au 18-08<br />

Château de Spycker,<br />

Spijkerwegel 13,<br />

Sint-Kruis (Bruges)<br />

www.uppercut.space<br />

62


Sélection Galeries<br />

Rétro Mania<br />

#2. Malmezat / Gosti<br />

jusq. 18-05<br />

Bruno Matthys Gallery<br />

Bruxelles<br />

www.brunomatthys.art<br />

Romana<br />

Londi<br />

jusq. 25-05<br />

Galerie Nathalie Obadia<br />

Bruxelles<br />

www.nathalieobadia.com<br />

Ensemble, Isabelle Malmezat<br />

et Jean Yves Gosti<br />

offrent une double vision<br />

du monde, de ses failles<br />

et de ses efforts pour les<br />

camoufler. Très différentes,<br />

leurs pratiques nous<br />

emmènent dans des univers<br />

improbables... Isabelle<br />

Malmezat (1958) utilise la<br />

peinture pour appréhender<br />

le monde. Dans ses<br />

toiles sombres et délicates,<br />

des créatures semblent<br />

errer, se chercher les unes<br />

les autres et se rencontrer<br />

parfois. À la fois désincarnées<br />

et terriblement sensuelles,<br />

elles évoquent des<br />

âmes, détachées de leurs<br />

corps mais parées d’une<br />

peau d’un velouté spectral.<br />

De son côté, c’est en trois<br />

dimensions que Jean Yves<br />

Gosti (1960) travaille la matière. Et la bonhomie apparente de ses personnages<br />

cache une fracture aussi sombre. Reconstitués, cicatrisés et faits d’assemblages<br />

improbables, ils sont les fruits de tous les drames qui les ont balafrés. Ces personnages<br />

cachent toute la douleur du monde dans leurs corps meurtris, alors même<br />

que l’étonnement de leur regard les rend profondément touchants. (gg)<br />

Isabelle Malmezat, Sans titre, n. d., 65 x 50 cm. © de l’artiste / Courtesy Bruno Matthys Gallery –<br />

Prix : entre 400 et 8.000 €<br />

La première exposition de Romana Londi (1985)<br />

en l’espace bruxellois réunit un ensemble de<br />

peintures récentes. Toutes s’inscrivent dans la<br />

continuité de la série Jetlag, terme d’origine<br />

anglaise utilisé pour désigner l’ensemble des<br />

troubles liés à la désynchronisation des horloges<br />

biologiques lors d’un voyage rapide. Ce<br />

néologisme symbolise à merveille notre époque<br />

contemporaine soumise à des mutations spatiotemporelles<br />

majeures. Avec l’émergence des<br />

nouvelles technologies, les corps traversent des<br />

lieux et des mondes en permanence, jusqu’à se<br />

dématérialiser entièrement par la prolifération du<br />

numérique. Partant de cette constatation, Romana<br />

Londi élabore des œuvres où s’entrelacent différentes<br />

temporalités. Les formes suggèrent des<br />

images en pleine transformation, en état transitoire,<br />

mobiles et instables sur la surface peinte.<br />

Certaines de ces variations optiques résultent de<br />

l’application de films photochromiques, sensibles<br />

à la lumière UV, sur ses peintures. (gg)<br />

Romana Londi, Thoughts, 2023-<strong>2024</strong>,huile, acrylique,<br />

peinture en aérosol, huile solide, film photochromique<br />

peint sur toile de lin et cadre en aluminium, 180 x 180 cm.<br />

© de l’artiste / Courtesy Galerie Nathalie Obadia – Prix :<br />

entre 5.000 et 25.000 €<br />

Christian Hidaka – Godo<br />

jusq. 19-05<br />

Galerie Michel Rein<br />

Bruxelles<br />

www.michelrein.com<br />

Christian Hidaka, Niche with Magic Rhombi,<br />

<strong>2024</strong>, huile sur panneau de bois, 74,5 x 46,2 cm.<br />

© de l’artiste / Courtesy Michel Rein –<br />

Prix : entre 2.000 et 13.500 €<br />

Le peintre Christian Hidaka (1977) renouvelle le genre du paysage. Son travail est irrigué d’une<br />

multitude de sources : des paysages japonais, de la science-fiction, du psychédélisme, du<br />

surréalisme, de la peinture de la Renaissance… De son travail naît une poésie, une invitation<br />

à voyager à travers des univers irrationnels et fantaisistes. L’accrochage est intitulé Godo, en<br />

référence au village près de Ravenne où se trouve le museo dell’Arredo Contemporaneo. Ettore<br />

Sottsass et Johanna Grawunder y ont conçu un pavillon d’entrée, composé d’une grande mosaïque<br />

dans un espace et d’un cloître fermé, peint en bleu cobalt et en blanc. L’artiste : « Attiré<br />

par cet endroit, en partie à cause de ma fascination pour les arches, j’ai escaladé la clôture de<br />

ce site abandonné pour voir l’œuvre architecturale de Sottsass. Les arcs hauts et minces des<br />

cloîtres perpétuent les arcs byzantins trouvés dans les églises de Ravenne. » (gg)<br />

63


Sélection Galeries<br />

IN CARNE<br />

jusq. 26-05<br />

POELP<br />

Bruxelles<br />

www.poelp.be<br />

Nadine Fiévet<br />

jusq. 26-05<br />

Galerie Koma<br />

Mons<br />

www.asblkoma.be<br />

Dans un même mouvement,<br />

les œuvres de<br />

Tatiana Bohm (1979) et<br />

de Manon Bara (1985)<br />

abordent une certaine<br />

fureur à dire la fragilité<br />

du vivant, l’animalité<br />

intérieure, le derme de<br />

la réalité. Narrer la peau<br />

humaine des choses<br />

engage une certaine<br />

forme de cruauté au<br />

sens qu’Artaud pouvait<br />

donner au concept<br />

du Théâtre de la<br />

Cruauté : « Un théâtre<br />

qui nous réveille nerfs<br />

et cœur, cependant,<br />

cette cruauté n’est pas<br />

celle du sang et de la<br />

barbarie. Il ne s’agit<br />

pas de celle que nous<br />

pouvons exercer les uns<br />

contre les autres, mais<br />

celle beaucoup plus<br />

terrible que les choses<br />

peuvent exercer contre<br />

nous. » (Le Théâtre et<br />

son double) ‘‘Pulsion de<br />

vie’’ versus ‘‘Pulsion de mort’’, la représentation du schème est assurément reliée<br />

à la décomposition des cellules. De quoi engager les deux artistes en territoire<br />

sépulcral comme une trajectoire inéluctable mais sur laquelle il est toujours envisageable<br />

de ne pas chercher à estomper la couleur. (gg)<br />

Manon Bara, Still alive (grande huître), <strong>2024</strong>, peinture laquée sur toile, 150 x 100 cm. © de l’artiste<br />

Quatre expositions accompagnent la sortie du<br />

livre Entre les strates, matières et pigments,<br />

témoignage du travail de Nadine Fiévet. La<br />

publication couvrant cinq décennies de pratique<br />

artistique, chaque accrochage est dédié<br />

à une période identifiée dans la production de<br />

l’artiste, par rapport à un thème expérimenté<br />

ou une technique spécifique. Le Magasin de<br />

Papier (Mons) présente des œuvres réalisées<br />

sur film-calque, avec pour thème ‘‘l’envol’’,<br />

incarné par un oiseau mythique, le faucon. La<br />

Galerie des Capucins présente des acryliques<br />

récentes. La Galerie Koma éclaire une période<br />

ayant marqué l’artiste : Au-delà des signes<br />

se construit autour du souvenir d’un voyage<br />

en Amérique du Sud et de la découverte de<br />

tombes précolombiennes dans le désert de<br />

NASCA. Des momies, des poteries, des tissus<br />

en charpie inspirent l’artiste. Enfin, le dernier<br />

opus, au centre culturel de Colfontaine, intitulé<br />

Le retour du pigeon voyageur, explore la<br />

colombophilie. (gg)<br />

Nadine Fiévet, Dérive de l’anamorphose, 2022,<br />

70 x 85 cm. © de l’artiste – Prix : entre 400 et 4.000 €<br />

Treize de Flandres<br />

du 08 au 24-05<br />

SOFACQ Gallery<br />

Merelbeke<br />

www.sofacqgallery.com<br />

Ilse Monkerhey, Love is in the house, 2023,<br />

techniques mixtes sur toile, 195 x 145 cm.<br />

© Courtesy Collection R., SOFACQ Gallery,<br />

Merelbeke / photo : Phaedra Cremmery –<br />

Prix : œuvres de Monkerhey : de 1.500 à<br />

4.500 €<br />

Peu de gens savent que l’ancienne manufacture de chaussures SOFACQ, à Merelbeke, est<br />

devenue un lieu destiné aux amateurs d’art, où se côtoient brasserie, pâtisserie, café artistique<br />

et galerie d’art présentant la collection de Peter Rodrigues. On y rencontre parfois de jeunes<br />

artistes belges, même si la place manque pour des installations comme le crash d’avion de<br />

Rinus Van de Velde et la tribune de Kelly Schacht. Treize de Flandres en est la première grande<br />

exposition temporaire. Le collectionneur a invité treize artistes féminines, parmi ses ‘‘coups<br />

de cœur’’. Il a ainsi acquis les œuvres de dix d’entre elles. Ces dernières, qui présentent de<br />

nouvelles créations en dialogue avec celles de la collection, sont Nel Aerts, Leyla Aydoslu, Elke<br />

Andreas Boon, Rut Buelens, Silke Catteeuw-De Smul, Louise Delanghe, Liza François, Karin<br />

Hanssen, Ilse Monkerhey, Kelly Schacht, Griet Troch, Sharon Van Overmeiren et Ada Van<br />

Hoorebeke. (cv)<br />

64


Sélection Galeries<br />

Léon Devos.<br />

Peintre de la joie<br />

jusq. 02-06<br />

Lancz Gallery<br />

Bruxelles<br />

www.lanczgallery.be<br />

Herman Asselberghs.<br />

Time Wasted<br />

jusq. 30-06<br />

Argos<br />

Bruxelles<br />

www.argosarts.org<br />

Léon Devos (1897–1974) place son activité créatrice sous le signe d’une forme particulière<br />

de bonheur qui consiste à ressentir des impulsions intuitives et à les traduire<br />

plastiquement, sans littérature, sans rejet des matériaux traditionnels et sans<br />

remise en question du monde. En lui, s’impose une volonté quasi obsessionnelle<br />

de manifester son enthousiasme pour les épidermes humains accrochant bien la<br />

lumière ou encore pour la matité ou la brillance de surfaces végétales et minérales.<br />

Par l’utilisation d’une technique éprouvée, brillante et sensuelle, par un sens<br />

inné de la composition et des rythmes, Léon Devos offre à ses contemporains un<br />

modèle permanent de peinture pure et généreuse. D’un coup d’œil, le peintre voit<br />

comment ordonner un ensemble. Et comme il ordonne ses objets, il ordonne ses<br />

couleurs, faisant se confronter des teintes saines, franches et appétissantes. (gg)<br />

Léon Devos, Nu endormi, 1935, huile sur toile, 60 x 100 cm. © Lancz Gallery – Prix : entre 3.000 et<br />

25.000 €<br />

Au cours des dernières décennies, Herman<br />

Asselberghs (1962) a méticuleusement construit<br />

une œuvre audiovisuelle internationalement<br />

diffusée, dont le travail se concentre sur le<br />

questionnement des relations complexes entre<br />

son et image, monde et médias, poétique et<br />

politique. Avec cette exposition monographique,<br />

l’artiste bruxellois présente quatre<br />

nouvelles œuvres : Time Wasted s’inspire de la<br />

formation en cinéma sur le campus bruxellois<br />

de LUCA, où l’artiste travaille depuis un quart<br />

de siècle. La proposition de réaliser un documentaire<br />

de format cinéma, dans et autour de<br />

l’école, s’est transformée, au bout de quatre<br />

ans, en trois œuvres cinématographiques sous<br />

forme d’installation, réalisées avec des jeunes<br />

diplômés, et une publication qui peut être<br />

emmenée par le visiteur. La question initiale<br />

des différences et des similarités, entre la salle<br />

de classe et le cinéma, a graduellement laissé la<br />

place à la question de l’attention, qu’il n’est pas<br />

évident de susciter ou de maintenir. (gg)<br />

Herman Asselberghs, Leçon d’objet - Object Lesson 11,<br />

image tirée du documentaire. © de l’artiste<br />

Nouvel espace pour Ibasho<br />

du 16-05 au 16-06<br />

IN-DEPENDANCE<br />

Anvers<br />

www.in-dependancegallery.com<br />

A Anvers, Ibasho continue de miser sur la photographie japonaise, ou inspirée du Japon, avec une<br />

exposition monographique de Naohiro Ninomiya. Une autre aventure débute, en même temps,<br />

avec le nouvel espace IN-DEPENDANCE. L’inauguration officielle, en septembre, est précédée<br />

d’une ouverture pendant l’Antwerp Art Weekend afin de faire découvrir l’espace et l’exposition<br />

Where Silence Meets Me d’Elizabeth Alderliesten (1972) et Vera van Almen (1986), deux talents<br />

néerlandais. La première vit à Anvers et expose des images en noir et blanc de la série Remember<br />

Who You Once Were. Plantes, paysages, corps, souvent fragmentaires : il s’agit d’une quête<br />

de l’identité originelle. La seconde explore également le potentiel de la photographie, mais sans<br />

appareil photo. Une façon pour les deux artistes d’étreindre le silence. (cv)<br />

Elizabeth Alderliesten, Viola, 2021. © de l’artiste / Courtesy IN-DEPENDANCE – Prix : œuvres d’Alderliesten :<br />

de 925 à 5.000 €, œuvres de Van Almen : de 700 à 11.000 €<br />

65


Sélection Galeries<br />

Premier solo belge pour<br />

Kevin Osepa<br />

du 16-05 au 29-06<br />

Stieglitz 19<br />

Anvers<br />

www.stieglitz19.be<br />

Denis<br />

De Gloire<br />

jusq. 09-06<br />

Galerie Azur<br />

Spa<br />

www.galerieazur.be<br />

Photographie,<br />

film<br />

et installations,<br />

Kevin<br />

Osepa (1994)<br />

connaît une<br />

ascension<br />

fulgurante<br />

avec ses<br />

images<br />

lourdes de<br />

sens qui<br />

montrent<br />

souvent de<br />

jeunes Afroantillais<br />

dans<br />

le présent<br />

postcolonial :<br />

« Mon œuvre<br />

jongle en<br />

continu avec<br />

le présent et<br />

le passé. ».<br />

Il est né et<br />

a grandi sur l’île de Curaçao, qui appartenait jusqu’en 2010 aux Antilles néerlandaises.<br />

En 2017, il terminait ses études de photographie aux Pays-Bas, où il<br />

réside aujourd’hui. En 2022, son premier court-métrage La Última Ascensión était<br />

récompensé par un Veau d’Or et acquis par le musée Boijmans Van Beuningen.<br />

En 2023, il remportait deux prestigieux prix néerlandais. Selon le texte de<br />

l’exposition, il ambitionne de transformer la galerie Stieglitz 19 en maison remplie<br />

d’histoires afro-spirituelles. Par le biais de récits populaires, d’histoires de<br />

fantômes et de rituels, il étudie l’identité actuelle de l’île. Les histoires recueillies<br />

sur place sont nourries d’expériences et d’interprétations personnelles. Il tente<br />

ainsi d’établir un lien entre son existence actuelle et un passé collectif souvent<br />

douloureux. (cv)<br />

La puissance<br />

des<br />

œuvres<br />

de Denis<br />

De Gloire<br />

(1959)<br />

réside dans<br />

cette énergie<br />

folle,<br />

qui happe<br />

notre<br />

regard et<br />

nous propulse<br />

dans<br />

un expressionnisme abstrait moins chaotique<br />

qu’il n’y paraît. Sous l’influence assumée de<br />

l’héritage de Jackson Pollock, l’étonnante profusion<br />

de couleurs, orchestrée autour de projections<br />

incroyablement méthodiques, captive<br />

et déroute. On se laisse prendre sans retenue<br />

au jeu d’une profondeur infinie, laissant notre<br />

imaginaire plonger dans une abondance<br />

de couleurs qui révèle, selon la lumière, des<br />

univers fascinants débordant d’énergie, de vie<br />

et de générosité. À propos de ses peintures, la<br />

critique d’art Stéphanie Grilli écrit : « Elles sont<br />

le résultat de vingt ans de peinture, mais aussi<br />

de vingt ans d’évolution. En commençant là où<br />

Jackson Pollock s’est arrêté, Denis De Gloire a<br />

donné à l’action painting un cachet qui lui est<br />

propre, une allure toute personnelle. » (gg)<br />

Denis De Gloire, All Over Sunday, 130 x 160 cm. © de<br />

l’artiste / Courtesy Galerie Azur – Prix : entre 1.000 et<br />

5.000 €<br />

Kevin Osepa, Untitled. © de l’artiste / Courtesy Stieglitz 19 - Prix : de 2.000 à 3.000 €<br />

Fearful Symmetry.<br />

Stefan Peters<br />

du 05-05 au 30-06<br />

Galerie Zwart Huis<br />

Bruxelles<br />

www.galeriezwarthuis.be<br />

Stefan Peters, Sans titre, 2023, huile et<br />

acrylique sur panneaux, 80 x 160 cm chaque.<br />

© de l’artiste / Courtesy Galerie Zwart Huis –<br />

Prix : de 2.500 à 15.000 €<br />

Le titre fait référence au poème The Tyger de William Blake dans lequel ‘‘Fearful Symmetry’’ fait<br />

allusion à la nature paradoxale du tigre, magnifique et effrayant. De même, ces paysages imaginaires<br />

sont à la fois vastes, terrifiants et d’une beauté écrasante. Tout comme le poème incite<br />

le lecteur à réfléchir à la dualité de la beauté et du mal dans le monde, les peintures de Stefan<br />

Peters obligent le spectateur à réfléchir aux résultats de l’activité humaine sur cette planète.<br />

Ces conséquences sont parfois magnifiques, avec des avancées technologiques et des réalisations<br />

architecturales stupéfiantes, parfois terrifiantes avec la destruction de la nature. L’artiste<br />

présente ici de nouvelles œuvres, dont une série de diptyques qui peuvent être exposés, à la<br />

fois horizontalement et verticalement. Autre particularité de ces œuvres, les deux panneaux<br />

ont toujours été peints simultanément, dans une symétrie apparemment parfaite de la main<br />

gauche et de la main droite. (gg)<br />

66


Parole de galeriste<br />

Annie Gentils Gallery – #063<br />

« La qualité prime<br />

pour moi, pas les<br />

tendances »<br />

Annie Gentils Gallery, fondée en 1985, est gérée par<br />

une femme, initiative pionnière dans le monde de<br />

l’art belge. Sa fondatrice suit sa propre voie depuis<br />

plus de 35 ans, une référence pour les collectionneurs<br />

soucieux de qualité.<br />

Durant votre carrière, vous avez<br />

travaillé avec un grand nombre<br />

d’artistes. Que recherchiez-vous<br />

chez eux ?<br />

« J’ai toujours recherché et<br />

exposé des artistes dont l’œuvre<br />

recèle une certaine dimension<br />

intellectuelle ou interculturelle.<br />

Nous privilégions les artistes<br />

conceptuels : autrefois Jacques<br />

Vieille (F), Pistoletto (I), Van<br />

Snick, Luc Deleu, Leo Copers ;<br />

plus tard, Marc Rossignol, Marc<br />

De Blieck, Marie Cloquet, Lise<br />

Duclaux, Wesley Meuris, Herman<br />

Van Ingelgem, Stefaan Dheedene<br />

ou Andrew Webb. Les<br />

œuvres spatiales, installations et<br />

réalisations tridimensionnelles<br />

ont d’emblée eu ma préférence.<br />

Je me suis ensuite intéressée<br />

davantage à la peinture, même<br />

si j’ai exposé très tôt Guy Van<br />

Bossche avec lequel nous avons<br />

repris une collaboration après<br />

trente ans d’interruption. Nous<br />

collaborons avec Marc Vanderleenen<br />

depuis 2009. Jacqueline<br />

Peeters est la dernière arrivée<br />

parmi les peintres de notre écurie.<br />

Kati Heck faisait partie aussi<br />

de ‘‘nos’’ artistes lorsque nous<br />

l’avons lancée en 2006. »<br />

Pouvez-vous nous en<br />

dire plus sur le processus<br />

organisationnel ?<br />

« Nous suivons évidemment<br />

les artistes de près, mais le<br />

devenir de leur évolution et<br />

la décision d’organiser une<br />

exposition dépend entièrement<br />

d’eux. Ils choisissent en général<br />

eux-mêmes les œuvres qu’ils<br />

souhaitent présenter au public.<br />

L’exposition constitue souvent<br />

l’étape finale d’une évolution<br />

à laquelle nous aspirons aussi.<br />

Dans la galerie, il s’agit d’un<br />

point final et, en même temps,<br />

d’un point de départ vers<br />

l’étape suivante de la carrière<br />

d’un artiste. »<br />

Quelle est la force d’une galerie<br />

établie ?<br />

« Mon expérience dans le<br />

monde de l’art remonte en fait à<br />

ma prime jeunesse : j’ai suivi de<br />

près la carrière de mon père, Vic<br />

Gentils. Je connais parfaitement<br />

cet ‘‘esprit artistique’’, la vie<br />

d’artiste et les éventuels caprices<br />

inhérents à cette expérience. J’ai<br />

trouvé, par exemple, regrettable<br />

que certains artistes choisissent<br />

de quitter la galerie. Ce n’est<br />

plus le cas aujourd’hui, mais<br />

cela signifie que mon travail<br />

n’était pas assez apprécié et la<br />

collaboration s’est donc arrêtée.<br />

La porte demeure ouverte à<br />

d’autres relations, et c’est très<br />

bien ainsi. Cela permet à la galerie<br />

de se renouveler et sa spécificité<br />

s’en trouve renforcée. Il n’y a<br />

pas, selon moi, d’inconvénients à<br />

exister ensemble dans la durée,<br />

sauf quand les artistes troquent<br />

le temporaire contre l’éternel.<br />

Si c’est déplorable sur un plan<br />

personnel, la gestion d’une succession<br />

signifie que la mort n’est<br />

parfois pas une fin, comme dans<br />

le cas d’Andrew Webb, décédé<br />

en février 2019. Nous avons ainsi<br />

Annie Gentils en 1986, dans les premières années de la galerie. © D. R.<br />

pu organiser une petite rétrospective<br />

au M HKA, ce qui n’avait<br />

pas pu avoir lieu de son vivant. »<br />

Estimez-vous qu’il soit<br />

nécessaire de regarder au-delà<br />

des frontières nationales ?<br />

« Il est crucial qu’un artiste avec<br />

lequel je travaille, à condition<br />

que son œuvre s’y prête, ait aussi<br />

une galerie à l’étranger, comme<br />

Marie Cloquet (Jason Haam à<br />

Séoul) et Wesley Meuris (Poggi à<br />

Paris). J’ai, dès le début, travaillé<br />

avec des artistes étrangers, mais<br />

le problème est, parce que je suis<br />

une galerie de promotion, le peu<br />

ou le manque d’intérêt de la part<br />

des commissaires, des musées<br />

ou du grand public lorsque<br />

j’invite ou expose des artistes de<br />

l’étranger. Ces expositions sont<br />

également très coûteuses. »<br />

Comment vous positionnezvous<br />

sur cette scène artistique<br />

en évolution constante ?<br />

« Nous nous sommes toujours<br />

situés à la ‘‘marge’’, car nous<br />

étions et sommes encore une<br />

galerie de premier marché. L’art<br />

que nous défendons n’est pas<br />

directement populaire et facile<br />

à assimiler. Lorsqu’un artiste<br />

gagne bien sa vie et qu’il est<br />

acquis par de nombreux collectionneurs,<br />

il se tourne parfois<br />

vers une galerie au rayonnement<br />

plus large. Suivant notre<br />

expérience, ce n’est pas toujours<br />

au profit de la qualité. Celle-ci<br />

est primordiale pour moi, pas les<br />

tendances, tout comme pour de<br />

nombreux collectionneurs. Je ne<br />

fais pas partie des coteries anversoises,<br />

ni hier, ni aujourd’hui.<br />

Je tiens trop à mon indépendance<br />

et ne souhaite pas trop<br />

dépendre de prétendus ‘‘papes’’<br />

de l’art. Comme Frank Demaegd<br />

de Zeno X l’a déclaré en mettant<br />

la clé sous la porte : une galerie<br />

est un projet très personnel.<br />

Je désire que ma galerie vive<br />

encore un certain temps, car<br />

c’est l’œuvre de ma vie et je<br />

pense que je m’en sors bien. Je<br />

ne souhaite toutefois pas que<br />

mes enfants suivent mes traces<br />

parce que ce n’est pas possible.<br />

Ils choisiront eux-mêmes la voie<br />

qu’ils souhaitent emprunter. La<br />

mienne, entamée dans les années<br />

1980, n’a pas été aisée et ne<br />

l’est d’ailleurs toujours pas. Je me<br />

réjouis de l’intérêt grandissant<br />

pour les contributions d’artistes<br />

féminines. Il serait agréable que<br />

le travail de galeristes féminines<br />

(qui n’ont pas de gros capitaux)<br />

soit davantage apprécié. »<br />

Bow A Head, exhibition<br />

curated by Tamara Beheydt<br />

& Guy Van Bossche<br />

du 16-05 au 14-07<br />

Annie Gentils Gallery<br />

Anvers<br />

www.anniegentilsgallery.com<br />

67


Agenda Galeries<br />

Une oeuvre d'Emmanuelle Castellan. © de l'artiste / Courtesy La Verrière Hermès, Bruxelles<br />

Antwerpen<br />

Annie Gentils Gallery<br />

△ Bow A Head<br />

16-05 till 14-07<br />

△ Wesley Meuris.<br />

Preferability<br />

til 05-05<br />

Art Partout<br />

△ Mathieu V; Staelen.<br />

Sustainable Love 4 Life<br />

till 21-05<br />

Fred&Ferry<br />

△ Leyla Aydoslu. Helene<br />

Müllers Balcony<br />

till 04-05<br />

Galerie Art Forum<br />

△ Ena Lindenbaur en<br />

Bruno Guihéneuf<br />

till 28-06<br />

Galerie De Zwarte<br />

Panter<br />

△ Michael Bastow -<br />

Mugo - Fres Bervoets<br />

till 23-06<br />

Mia-Art Gallery<br />

△ Beyond The Lines<br />

till 04-05<br />

Nadya Kotova Gallery<br />

Antwerpen<br />

△ Jean Philippe Duboscq.<br />

Taras yoom. Jolie Alien<br />

till 31-05<br />

PONTI<br />

△ Ellen Meers & Maxim<br />

Renard<br />

till 04-05<br />

Ronny Van De Velde<br />

△ J.J. Grandville (1803-<br />

1847)<br />

till 14-07<br />

Tim Van Laere Gallery<br />

△ Marcel Dzama. Wild<br />

Kindness<br />

till 11-05<br />

FOMU<br />

△ Dirk Braeckman.<br />

Echtseit<br />

till 19-01-2025<br />

Newchild Gallery<br />

△ The Salt of Two Seas<br />

till 08-05<br />

Stieglitz 19<br />

△ From The Back. Vue<br />

de Dos<br />

till 11-05<br />

Baardegem<br />

De Loereman<br />

△ Fragiel & Solido<br />

till 11-05<br />

Brugge<br />

Galerie Pinsart<br />

△ Mieke Teirlinck. Where<br />

are we now?<br />

till 19-05<br />

Brussels<br />

Almine Rech<br />

△ Ryoji Ikeda<br />

06-06 till 27-07<br />

△ Chloe Wise. Torn Clean<br />

till 25-05<br />

Atelier Triphasé<br />

△ ORA<br />

till 05-05<br />

Ballon Rouge<br />

△ Lucie Mercier. I'm Just<br />

A Girl<br />

till 18-05<br />

Baronian / Isidore<br />

Verheyden<br />

△ Seyni Awa Camara.<br />

Shaping Spirits<br />

till 01-06<br />

Baronian/ Concorde<br />

△ Baronian invites<br />

Parliament Gallery<br />

till 01-06<br />

Belfius Art Gallery<br />

△ inspired by Love<br />

till 22-06<br />

Bernier Eliades<br />

△ Martin Margiela<br />

till 11-05<br />

Bruno Matthys Gallery<br />

△ Rétro Mania<br />

till 18-05<br />

Centre D'Art De<br />

Rouge-Cloître<br />

△ Bara prend le large, du<br />

comic strip à la peinture<br />

till 26-05<br />

Chez Olivia<br />

△ Elodie Antoine.<br />

Souplesses<br />

16-05 till 06-07<br />

Contretype<br />

△ Kryztal. Sébastien<br />

Reuzé & Sybren<br />

Vonoverberghe<br />

till 07-07<br />

Damien & the Love<br />

Guru<br />

△ Melanie Kitti & Mickael<br />

Marman<br />

till 29-06<br />

dépendance<br />

△ Haegue Yang<br />

till 25-05<br />

Elevensteens<br />

△ Alchemist<br />

till 26-05<br />

Esther Verhaeghe<br />

△ Sabine Tress. JIGGY<br />

till 30-05<br />

Galeria Jaqueline<br />

Martins<br />

△ Jota Mombaca.<br />

Saberà/The Daughters of<br />

The Driest Rain<br />

till 11-05<br />

△ Suzanne Themlitz.<br />

Boiler Room with Galeria<br />

Vera Cortês<br />

till 25-05<br />

Galerie de la<br />

Béraudière<br />

△ A private collection of<br />

photographs. human<br />

beings by ann Ray<br />

till 28-06<br />

Galerie La Patinoire<br />

Royale Bach<br />

△ Hell'O. Icons<br />

till 18-05<br />

△ Casper Brindle.<br />

California Light<br />

till 08-06<br />

△ Thomas Devaux. Cet<br />

Obscur Objet du Désir<br />

till 27-07<br />

Galerie Martine<br />

Ehmer<br />

△ Jef Aérosol. Au bord<br />

des mots<br />

till 05-05<br />

Galerie Nathalie<br />

Obadia<br />

△ Romana Londi<br />

till 25-05<br />

Galerie Partage<br />

△ Marie-Christine Penelle<br />

& Stéphanie Penelle<br />

till 26-05<br />

Galerie Templon<br />

△ Abdoulaye Konaté.<br />

L'âme des signes<br />

till 15-06<br />

Galerie Zwart Huis<br />

△ Stefan Peters. Fearful<br />

Symmetry<br />

05-05 till 30-06<br />

Gallery Nosco<br />

△ Magdalena Fernández.<br />

Pintura Móvile<br />

til 15-06<br />

Gallery Sofie Van den<br />

Bussche<br />

△ Griet Dobbels. On a<br />

zéro en histoire<br />

till 19-05<br />

Gauli Zitter<br />

△ Josefine Reisch.<br />

Pseudo<br />

till 01-06<br />

Hangar<br />

△ Unique. Beyond<br />

photography<br />

till 08-06<br />

Harlan Levey Projects<br />

△ Emmanuel Van der<br />

Auwera. Studio II: Nine<br />

Florida Stories<br />

till 15-06<br />

68


△ Ella Littwitz. The day<br />

the Sky Hung Low<br />

till 15-06<br />

Hubert & Breyne<br />

Gallery<br />

△ Bastien Vivès. Héritage<br />

till 11-05<br />

△ BXL<br />

17-05 till 15-06<br />

Irène Laub Gallery<br />

△ Nina Tomàs Candy<br />

Floss Planet<br />

till 01-06<br />

△ Tatiana Wolska<br />

till 02-06<br />

Jan Mot<br />

△ Philippe Thomas<br />

till 18-05<br />

KIN<br />

△ Michaël Van den<br />

Abeele<br />

till 25-05<br />

La Galerie Esther<br />

Verhaeghe<br />

△ Sabine Tress. Jiggy<br />

till 30-05<br />

La Peau De l'ours<br />

△ Francois Bauer. Le<br />

jardin extraordinaire<br />

05-05 till 06-07<br />

La Verrière<br />

△ Emmanuelle Castellan.<br />

Spektrum<br />

16-05 till 27-07<br />

Lancz Gallery<br />

△ Leon Devos. Peintre<br />

de la joie<br />

till 02-07<br />

L'Enfant Sauvage<br />

△ Isabelle Vaillant<br />

till 19-05<br />

LMNO<br />

△ Pep Vidal<br />

till 18-05<br />

Marc Minjauw Gallery<br />

△ Eric luc Maquet. Envol<br />

Onirique<br />

till 04-05<br />

Maruani Mercier<br />

△ Hermann Nitsch.<br />

Das Orgien Mysterien<br />

Theater<br />

till 01-06<br />

Meessen<br />

△ Benoit <strong>Mai</strong>re. Pierrots<br />

till 01-06<br />

Mendes Wood DM<br />

△ Paulo Monteiro. The<br />

color of distance<br />

till 18-05<br />

Michèle Schoonjans<br />

Gallery<br />

△ Amélie Scotta. End<br />

Paper<br />

05-05 till 29-06<br />

Nausbaum Reding<br />

Bruxelles<br />

△ Stefaan De Croock. In<br />

Limbo<br />

till 13-07<br />

Nino Mier<br />

△ André Butzer & Adrian<br />

Altintas<br />

till 08-06<br />

△ Mònica Subidé<br />

till 08-06<br />

Pierre Marie Giraud<br />

△ Masaomi Yasunaga<br />

till 01-06<br />

Rodolphe Janssen<br />

△ Genesis Belanger. One<br />

more good day<br />

till 18-05<br />

Spazio Nobile<br />

△ Asa Jungnelius, solo<br />

show - Desire Utensil<br />

Container<br />

till 16-06<br />

Stems Gallery<br />

△ Pharaoh Kakudji. Amor<br />

a mor<br />

till 01-06<br />

Studio 84<br />

△ Ferran Sanchez Castillo<br />

till 19-05<br />

Wouters<br />

△ Guardians<br />

till 01-06<br />

Wouters Sablon<br />

△ Anna Zemánková<br />

till 04-05<br />

Xavier Hufkens<br />

△ Nick Cave. The Devil<br />

A Life - Zhang Enli. A<br />

Traveller<br />

till 11.05<br />

△ Joan Semmel. An<br />

Other View<br />

till 15-06<br />

Galerie Albert Ier<br />

△ Jivko. Bronzes<br />

till 05-05<br />

Galerie Emilie Dujat<br />

△ Marc Vandewalle.<br />

Urbex<br />

till 11-05<br />

Gallerie La Forest<br />

Divonne<br />

△ Jean-Bernard Metais.<br />

Résonnance<br />

till 11-05<br />

Michel Rein<br />

△ Christian Hidaka.<br />

Godo<br />

till 18-05<br />

Stieglitz 19<br />

△ Chad Moore. Oh, You<br />

till 18-05<br />

Charleroi<br />

Galerie Jaques<br />

Cerami<br />

△ Vincen. Beeckman.<br />

Vincen Notre Histoire<br />

till 15-06<br />

Diest<br />

Putttenaers Gallery<br />

Bar Antik<br />

△ Elien Jansen. Feminine<br />

essence<br />

till 26-05<br />

Durbuy<br />

Galerie Brachot<br />

△ Poker Face<br />

till 30-06<br />

Gent<br />

Francis Maere Fine<br />

Arts Gallery<br />

△ Isidoor Goddeeris. BUZZ<br />

till 12-05<br />

galerie s. & h. de buck<br />

△ Frozen reality<br />

05-05 till 31-05<br />

Galerie St-John<br />

△ Kabinet 2.Elex Michels.<br />

Ladscapes/Mindscapes.<br />

Works 1999-2023<br />

till 19-05<br />

Rufus Gallery<br />

△ Stien Bekaert<br />

till 12-05<br />

Zebrastraat<br />

△ Belvédère. Marie Cloquet<br />

till 08-06<br />

Grand-Leez<br />

Centre d'Art Exit11<br />

△ Fragile<br />

09-06 till 04-08<br />

△ Impressions#3<br />

till 02-06<br />

Kalmthout<br />

Kloser Contemporary<br />

Art<br />

△ Kiro Urdin<br />

till 12-05<br />

Knokke<br />

Maruani Mercier<br />

△ Arne Quinze. The<br />

forbidden paradise<br />

till 21-05<br />

QG Knokke<br />

△ L'art et son concept ıı<br />

till 30-06<br />

Stephane Simoens<br />

△ David Murphy. Never<br />

Even<br />

till 13-05<br />

Knokke-Heist<br />

De Brock Gallery<br />

△ David Ostrowski<br />

till 30-05<br />

Guy Pieters Gallery<br />

△ Koen Vanmechelen<br />

- Bernar Venet - Karel<br />

Appel. Paintings 1958-<br />

1983 - Paul Delvaux.<br />

Early watercolours and<br />

drawings from a private<br />

collection<br />

till 13-05<br />

Kortrijk<br />

rhizome_<br />

△ Francis Vanhoonacker.<br />

The nearest exit may be<br />

behind you<br />

till 05-05<br />

Liège<br />

Galerie Christine<br />

Colon<br />

△ Mutantx<br />

till 05-05<br />

Galerie Les Drapiers<br />

△ Intangibles. Les<br />

Aethers & Claire Williams<br />

till 11-05<br />

Louvain-la-<br />

Neuve<br />

Escpace 001<br />

△ Matière Grise<br />

till 05-05<br />

Meerhout<br />

Tarmac<br />

△ Bow A Head<br />

04-05 till 26-05<br />

Merelbeke<br />

Sofacq Gallery<br />

△ Treize de Flandres<br />

08-05 till 26-05<br />

Mons<br />

Espace Culturel<br />

△ Nadine Fiévet<br />

till 19-05<br />

Galerie de l'Atelier<br />

des capucins<br />

△ Nadine Fiévet<br />

till 12-05<br />

Oosteeklo<br />

William Wauters<br />

Galerie<br />

△ Nico De<br />

Guchtenaere<br />

till 05-05<br />

Oostende<br />

Galerie du Rat Mort<br />

△ Tekeningen van<br />

Roland Devolder<br />

till 30-08<br />

Sint-<br />

Martens-<br />

Latem<br />

Gallery Ysebaert<br />

△ Steven Peters<br />

Caraballo. The Vorce<br />

23-05 till 30-06<br />

Spa<br />

Galerie Azur<br />

△ Denis De Gloire<br />

till 09-07<br />

Wijnegem<br />

Axel Vervoordt<br />

Gallery<br />

△ Layered<br />

Realities, Group<br />

Exhibition - Inspired<br />

by the work of Mario<br />

Schifano<br />

till 25-05<br />

Terrace Gallery<br />

△ Angel Vergara. What<br />

happens<br />

till 31-08<br />

Une oeuvre de Masaomi Yasunaga, à voir chez Pierre Marie Giraud, Bruxelles. © de<br />

l'artiste<br />

△ Que reste-t-il<br />

11-08 till 22-09<br />

△ Bioscope<br />

29-09 till 27-10<br />

Envoyez vos informations, pour les<br />

mois de juin à août, à collect@ips.be<br />

avant le 5 mai !<br />

69


Emiel<br />

Veranneman<br />

Coloré, poétique et robuste<br />

Avec ses créations colorées, Emiel<br />

Veranneman a offert un nouveau<br />

souffle à la création mobilière<br />

flamande. Ses meubles, en édition<br />

limitée, se sont retrouvés dans les<br />

intérieurs d’amis artistes, ministres<br />

et industriels. Alors que de rares<br />

pièces trouvent acquéreur pour des<br />

sommes considérables, l’œuvre<br />

n’en demeure pas moins sousévaluée,<br />

comme celle de nombreux<br />

Belges.<br />

TEXTE : ELIEN HAENTJENS<br />

La vie d’Emiel Veranneman (1924-<br />

2004) ne fut guère ordinaire. Il travaillait<br />

comme architecte d’intérieur<br />

pour le compte de riches clients<br />

dans le monde entier, dirigeait une galerie<br />

d’art et concevait ses propres meubles. S’il<br />

caressa d’abord l’ambition, après ses études,<br />

de créer des meubles en série, il se heurta à<br />

une industrie rétrograde. En étroite collaboration<br />

avec un menuisier, il lançait donc<br />

des armoires en édition limitée. Pieterjan<br />

Deblauwe, collectionneur et architecte<br />

d’intérieur : « Comme il travaillait sur commande,<br />

chaque exemplaire n’a pas été véritablement<br />

produit. Il ne reste que quatre<br />

exemplaires connus à l’heure actuelle de<br />

l’armoire jaune citron, notamment dans la<br />

collection du musée du Design de Gand ».<br />

Après sa formation d’architecte à Gand,<br />

Emiel Veranneman part étudier à La<br />

Cambre à Bruxelles. Si Henry van de Velde<br />

n’y enseigne déjà plus, sa vision artistique<br />

y est toujours vivace et il y revient régulièrement<br />

pour y examiner, entre autres,<br />

les œuvres de Veranneman. S’inspirant du<br />

célèbre adage ‘‘la forme suit la fonction’’, ce<br />

dernier invente des meubles originaux, robustes<br />

et colorés, se qualifiant d’« apprenti<br />

spirituel de Van de Velde ». En dépit de<br />

leur asymétrie apparente, ses tiroirs sont<br />

parfaitement fonctionnels. Dries Vanlandschoote,<br />

marchand de mobilier vintage :<br />

« Pour produire ces armoires ingénieuses, il<br />

travaillait avec les maîtres menuisiers d’un<br />

atelier de Courtrai. Ces meubles réalisés<br />

Les meubles solides<br />

de Veranneman,<br />

aux lignes épurées,<br />

s'inscrivent dans la<br />

tradition artistique<br />

flamande<br />

en chêne ou frêne massif sont donc très<br />

difficiles à contrefaire. » Ces constructions<br />

robustes, aux lignes épurées, s’inscrivent<br />

dans la tradition artistique flamande. La<br />

robustesse évoque, non seulement, les traditionnels<br />

meubles malinois, mais aussi les<br />

expressionnistes flamands, tel son oncle<br />

Constant Permeke. Le critique d’art Ludo<br />

Bekkers a un jour écrit : « les meubles du<br />

même paysage primitif que celui glorifié<br />

par Permeke semblent avoir grandi » et<br />

« présentent les même traits puissants,<br />

durs et authentiques ». Veranneman<br />

parvint toujours à conférer à ses meubles<br />

une certaine légèreté, grâce à l’assemblage<br />

ingénieux des divers éléments.<br />

70


Armoire haute bleue (détail), 1972, pièce unique,<br />

bois laqué, 143 x 68 cm. © Courtesy Dries<br />

Vanlandschoote / photo : Jana Pollet<br />

71


Si ses tiroirs<br />

paraissent<br />

asymétriques, ils<br />

sont pourtant<br />

parfaitement<br />

fonctionnels.<br />

NOUVELLES FORMES<br />

L’œuvre d’Emiel Veranneman se compose<br />

en substance de trois périodes. Au<br />

début des années 1950, il remporte divers<br />

concours qui, dans le cadre du Plan Marshall,<br />

doivent encourager la mise en place<br />

d’une société de consommation moderne.<br />

En dépit de ses succès, il atteint très vite<br />

les limites des modèles à standardiser et<br />

de l’ouverture d’esprit de l’industrie du<br />

meuble. En 1952, il déclarait à ce propos :<br />

« Des groupes comme Nieuwe Vormen<br />

ont, par bonheur, déjà produit aujourd’hui<br />

pareilles œuvres et déploient des efforts<br />

infatigables pour obtenir, avec des moyens<br />

simples et donc à des conditions avantageuses,<br />

un effet susceptible de satisfaire les<br />

personnes les plus difficiles : pourtant, ils<br />

ne reçoivent pas d’encouragement suffisants<br />

de la part des fabricants de meubles<br />

qui s’obstinent à conserver les modèles<br />

anciens, traditionnels, et refusent de faire<br />

le moindre sacrifice en faveur de nouvelles<br />

formes contemporaines. » Entretemps,<br />

Veranneman s’est plongé dans la philosophie<br />

zen et la dynastie chinoise des Ming,<br />

concevant pour le maître zen japonais<br />

Oshawa diverses salles de sport en Europe.<br />

Il se rend aussi célèbre par l’aménagement<br />

de salons de coiffure pour Ciné Coiffure<br />

et de quinze magasins pour les Filatures<br />

des 3 Suisses. Après avoir créé une série<br />

d’armoires uniques, en bois massif, mais<br />

aussi la célèbre chaise Osaka, il s’aventure<br />

dans une ligne plus commerciale. En 1958,<br />

ses œuvres sont exposées au palais des<br />

Beaux-Arts de Bruxelles, aux côtés des<br />

tableaux de son ami Octave Landuyt. A<br />

partir des années 1960, il crée pour ce dernier,<br />

mais aussi pour des artistes comme<br />

Bram Bogart, Roger Raveel et Emile Gilioli,<br />

des intérieurs complets. Alain Hens, galeriste<br />

: « Pour une exposition, j’ai associé<br />

les pièces de la collection d’un baron du<br />

textile de Renaix à une table de salon en<br />

bronze et à des lampes qui appartenaient<br />

jadis à Gilioli, à un tableau de Vic Gentils<br />

et à de l’art africain. Les lampes trouvèrent<br />

acquéreur, contrairement à la table de<br />

salon. Ce qui est un peu incompréhensible,<br />

car il s’agit d’une pièce unique en bronze<br />

pour laquelle Veranneman a collaboré<br />

avec Octave Landuyt. Alors que les œuvres<br />

de qualité égale de créateurs français se<br />

vendent très bien et pour des montants<br />

beaucoup plus élevés, celles des designers<br />

Armoire jaune citron, 1979, bois laqué. © Courtesy Dries Vanlandschoote / photo : Jana Pollet<br />

« Dans les catalogues<br />

qu'il publiait avec sa<br />

galerie, il associait<br />

volontiers ses<br />

meubles à des œuvres<br />

de Picasso, Miró ou<br />

Vasarely »<br />

PIETERJAN DEBLAUWE<br />

72


Table basse, 1964, de la collection d’Emile Giolioli, bronze, 109 x 47 cm. Courtesy Alain Hens<br />

belges demeurent sous-évaluées. En ce<br />

sens, j’estime qu’il n’y a pas de marché<br />

pour elles. Comme Veranneman travaillait<br />

exclusivement sur la base de projets, peu<br />

de ses œuvres atterrissent sur le marché.<br />

<strong>Mai</strong>s lorsque cela se produit, les maisons<br />

de vente fixent parfois des prix démesurément<br />

élevés, ce qui empêche ces pièces<br />

de se vendre et décourage les collectionneurs<br />

potentiels. De plus, aucune galerie<br />

ne représente pleinement ses œuvres, il n’y<br />

a eu aucune grande exposition rétrospective<br />

ni de catalogue raisonné de ses pièces.<br />

On ne sait pas toujours très bien ce qu’il a<br />

réalisé et son œuvre, qui recèle pourtant<br />

bien des qualités, demeure surtout connue<br />

des initiés. »<br />

TRANQUILLITÉ SENSUELLE<br />

S’il a dirigé une galerie à succès, avec des<br />

antennes avenue Louise à Bruxelles et à<br />

Kruishoutem, Verraneman a continué à se<br />

consacrer à sa propre création. Au début<br />

des années 1970, il évolue ainsi vers une<br />

forme plus ludique, avec des éléments<br />

colorés et graphiques qui irradient d’une<br />

sensuelle tranquillité. Ses meubles sur mesure<br />

accrochent le regard, mais peuvent<br />

Suivant l'adage "la forme suit la fonction",<br />

Veranneman a conçu des meubles originaux,<br />

robustes et colorés. Il se définisait lui-même<br />

comme "élève spirituel de Van de Velde"<br />

s’inscrire dans de nombreux intérieurs.<br />

Dries Vanlandschoote : « Lorsqu’une pièce<br />

se vend, elle atterrit chez des collectionneurs<br />

belges qui connaissent toute<br />

son histoire ou chez des Américains qui<br />

s’intéressent uniquement à la couleur et à<br />

la forme parce que cela convient parfaitement<br />

dans leur nouvel intérieur. » Compte<br />

tenu de la rareté de ses œuvres sur le marché,<br />

il n’est pas toujours facile de prévoir<br />

d’évolution de prix : « Fort de vingt ans<br />

d’expérience, j’ose affirmer que les pièces<br />

conservent leur valeur, à condition que<br />

vous les ayez payées au juste prix. Pour<br />

les œuvres précoces, des années 1950,<br />

en bois massif, fabriquées en édition très<br />

limitée, on débourse entre 5.000 et 30.000<br />

euros. Les modèles les plus embléma-<br />

73


Siège de la série Osaka, 1970, bois et cuir. © Courtesy Dries Vanlandschoote / photo : Jana Pollet<br />

« Alors que ds pièces équivalentes de designers<br />

français se vendent à des prix plus élevés, le<br />

travail des designers belges demeure sousévalué<br />

»<br />

ALAIN HENS<br />

tiques de cette période, de couleur unie,<br />

se vendent entre 10.000 et 30.000 euros.<br />

La valeur d’une œuvre exceptionnelle, à<br />

la provenance prestigieuse, dans un état<br />

irréprochable et reprise dans différentes<br />

publications peut atteindre 50.000 euros.<br />

Les pièces de mobilier des années 1960 et<br />

1970, à motifs géométriques, s’adjugent<br />

à des montants inférieurs. Les premiers<br />

sièges baquets, en bois exotique wenge<br />

et cuir, réalisée dans les années 1950,<br />

rapportent bien entendu davantage que<br />

leur version ultérieure, en cuir et acier. Le<br />

prix des fauteuils et sièges varient de 2.000<br />

à 6.000 euros. Le caractère vivant du bois<br />

influe sur la laque. Son état détermine sa<br />

valeur. Il est hors de question de restauration.<br />

Dans ses derniers meubles, Veranneman<br />

utilisait du plastique. Ces pièces ont<br />

aussi une valeur inférieure. » Pour Pieterjan<br />

Deblauwe, « le coût de la production<br />

elle-même, due entre autres à De Coene,<br />

était élevé, ce qui se répercute sur l’évolution<br />

de la cote. Veranneman réalisait en<br />

fait du design de collection avant la lettre.<br />

Dans les catalogues, publiés par sa galerie,<br />

il plaçait ses meubles aux côtés d’œuvres<br />

de Picasso, Miró ou Vasarely, pour la<br />

fondation duquel il a créé, dans le sud de<br />

la France, des chaises et un intérieur. La<br />

Galerie Patrick Fourtin, à Paris, s’intéresse<br />

aux œuvres de Veranneman et aussi à<br />

celles de son ami Pieter De Bruyne. <strong>Mai</strong>s<br />

leurs œuvres de grande qualité demeurent<br />

un secret belge. »<br />

74


« Pour une pièce d'une<br />

qualité exceptionnelle,<br />

de bonne provenance<br />

et sans dommage,<br />

incluse dans des<br />

publications, le prix de<br />

vente peut atteindre<br />

50.000 euros »<br />

DRIES VANLANDSCHOOTE<br />

Armoire bleu foncé, 1979, bois laqué, 150 x 63 cm. © Courtesy Dries Vanlandschoote / photo : Jana Pollet<br />

Dressoir, ca. 1960, chêne, 315 x 55 x 76 cm. Courtesy Alain Hens<br />

75


Après le Covid…<br />

Alberto Giacometti, Oiseau, dit communément Albatros (ca. 1937), sculpture d’applique, plâtre. Coutau-Bégarie, Paris, 30-10-2023. © Coutau-Bégarie – 3.965.000 €<br />

L'épisode du confinement lié<br />

à la pandémie a poussé les<br />

maisons de vente à réinventer le<br />

mode opératoire des enchères<br />

et à adapter leurs liens avec les<br />

acheteurs. Si le tout numérique n'a<br />

eu qu'un temps, il a eu un impact<br />

majeur sur la marché de l'art et sur<br />

tous ses acteurs.<br />

TEXTE : GILLES BECHET<br />

C'était il y a quatre ans. Cela semble<br />

déjà une éternité. Début 2020, le<br />

monde était balayé par la pandémie<br />

de Covid-19 et contraint<br />

au confinement. Dans l'incapacité d'organiser<br />

des enchères en salle, les maisons de<br />

vente se tournaient alors vers des ventes<br />

exclusivement en ligne. Dès le milieu des<br />

années 1990, le marché de l'art avait entamé<br />

sa transition vers le digital et beaucoup<br />

de maisons de ventes avaient adopté un<br />

système hybride qui leur a permis de passer<br />

au full digital sans trop de problèmes.<br />

Dans le dernier rapport d'Artprice, Thierry<br />

Erhmann, CEO d'Artmarket.com notait<br />

que cette migration vers le digital a été<br />

spectaculaire : « On a constaté un accroissement<br />

de 2700 % des annonces d'enchères<br />

sur Internet, et dans le même temps une<br />

augmentation de 810 % des ventes en live<br />

stream, entre 2019 et 2022. On n'attendait<br />

pas de tels chiffres avant 2025-2027 » Après<br />

l'euphorie, il y a eu l'inévitable descente.<br />

Comme le note le dernier rapport Art Basel<br />

UBS, après le peak de 2020, la proportion<br />

de ventes live-only était en 2022 de 16 % du<br />

marché total, soit une diminution de 4 %<br />

par rapport à 2021 et de 9 % par rapport à<br />

2020. Il n'en reste pas moins qu'aujourd'hui,<br />

on peut dire qu'il y a eu un marché de l'art<br />

avant et un après le Covid. Contraints de<br />

faire les premiers pas, les acheteurs en ont<br />

très vite fait une habitude qui, chez certains,<br />

s'est muée en addiction.<br />

RÉVOLUTION<br />

De nouveaux acheteurs ont été séduits,<br />

notamment parmi les digital natives. « On a<br />

eu des progressions de 200 % par an sur les<br />

ventes online. Dès 2023, on a eu neuf fois plus<br />

de comptes comparé à 2019. Aujourd'hui,<br />

on a 1,5 million de comptes sur Drouot.com.<br />

76


« Si on faisait 60 à 70<br />

lots par heure avant la<br />

pandémie, on en fait<br />

aujourd'hui 40 à 50 »<br />

ALEXANDRE GIQUELLO<br />

Mary Cassatt, Portrait de jeune femme au chapeau<br />

blanc, 1879, huile sur toile. Ader, Paris, 24-11-2023. © Ader<br />

1.216.000 €<br />

Atelier de Joseph Deschamps, Deux groupes de jeunes filles portant des cornes d’abondance, groupes en<br />

plâtre patiné et rechampi d’or. Coutau-Bégarie, Paris, 19 & 20 02-<strong>2024</strong>. © Coutau-Bégarie – 205.400 €<br />

Ce n'est plus une petite évolution, c'est une<br />

révolution », précise Alexandre Giquello,<br />

commissaire-priseur habilité et président de<br />

Drouot.com. Si la plateforme a enregistré des<br />

connexions depuis des lieux aussi éloignés<br />

que la Nouvelle-Zélande ou l'Alaska, 58 % des<br />

acheteurs sont encore originaires de France,<br />

suivi par les acheteurs localisés aux USA, au<br />

Royaume Uni et en <strong>Belgique</strong>. Le mix entre les<br />

ventes physiques et les enchères online s'est<br />

largement généralisé : « On peut désormais<br />

enchérir depuis son canapé dans des conditions<br />

de fluidité et de rapidité qui n'ont rien à<br />

envier à celles de la salle. Quand vous arrivez<br />

à la tribune chez Drouot aujourd'hui, vous<br />

avez 80 personnes en salle et 800 derrière<br />

leur écran. » Si l'outil informatique a changé<br />

les habitudes des acheteurs, il a aussi demandé<br />

une adaptation du côté des commissaires-priseurs<br />

: « Sans contact visuel avec<br />

l'acheteur en ligne, on n'a pas de retour. Du<br />

coup, quand les gens réfléchissent, les ventes<br />

sont considérablement ralenties. Si on faisait<br />

60 à 70 lots par heure avant la pandémie, on<br />

en fait aujourd'hui 40 à 50. »<br />

RÉFLEXE ‘‘AMAZON’’<br />

Avec la dispersion géographique des<br />

acheteurs, de moins en moins enclins<br />

à se déplacer, la question du transport<br />

est devenue fondamentale : « Certains<br />

nouveaux clients ont une sorte de réflexe<br />

‘‘Amazon’’ : j'achète, je paie et je suis livré<br />

tout de suite. <strong>Mai</strong>s, en vente publique, ça<br />

ne fonctionne pas comme cela, puisqu'on<br />

ne peut pas délivrer de lot sans avoir la<br />

garantie absolue du paiement, ce qui peut<br />

parfois ralentir les choses. Derrière, il faut<br />

avoir un système de logistique très efficace,<br />

que l'on développe énormément via notre<br />

filiale Drouot Logistic, en tenant compte<br />

de l'inflation des tarifs des transporteurs,<br />

devenus incontournables. » Avec la mondialisation<br />

des échanges et transactions,<br />

Drouot.com est devenu un acteur global.<br />

En 2023, la plateforme a ainsi rassemblé 785<br />

maisons de vente, dont un tiers ne sont pas<br />

françaises et 56 originaires d'une dizaine de<br />

pays hors Union Européenne. Ceci étant,<br />

la plateforme est peu présente dans le<br />

monde anglo-saxon : « Nous sommes très<br />

forts en Europe, tandis qu’Invaluable est<br />

très forte aux Etats-Unis et en Angleterre.<br />

Ce sont deux marchés qui ont du mal à<br />

s'interconnecter. Et il reste très compliqué<br />

d’inverser la tendance. » Pour l'année en<br />

cours, Alexandre Giquello s'attend à une<br />

grande stabilité du marché : « Ce qui m'a<br />

marqué dans les mois qui ont précédé,<br />

c'est la grande résilience du marché, dans<br />

un contexte international très tendu. <strong>Mai</strong>s<br />

tout dépend de ce que l'on propose. Si une<br />

collection extraordinaire est mise en vente,<br />

elle trouvera preneur et cela va pousser les<br />

chiffres à la hausse. »<br />

SURFER<br />

www.drouot.com<br />

77


L’avis de l’experte<br />

Nathalie Van de Wiele, à propos du Neptune françois<br />

Carte Nouvelle de la Mer Méditerranée où sont Exactement Remarqués tous les Ports, Golfes, Rochers, Bancs de Sable & c à l’usage des Armées du Roy de la Grande<br />

Bretagne – Dressé sur les Mémoires les Plus Nouveaux par Romain de Hooge. – A Amsterdam chez Pierre Mortier Avec Privilège 1694 – Avec 38 vues de ports, 58,5 x 139 cm –<br />

échelle : 1 :5 mill. © Van de Wiele - Est. 40.000 €<br />

Le 25 mai, la salle brugeoise Van<br />

de Wiele Auctions mettra en vente<br />

Le Neptune françois, le plus bel et<br />

exceptionnel atlas des mers qui ait<br />

été édité au XVIIe siècle,<br />

à Amsterdam.<br />

TEXTE : BEN HERREMANS<br />

Pieter Mortier (1661-1711) était le<br />

fils d’un réfugié politique français.<br />

Dans le dernier quart du XVIIe<br />

siècle, il devint l’un des plus riches<br />

libraires d’Amsterdam et fit, avant tout,<br />

florès avec ses ouvrages géographiques. En<br />

1690, il eut le privilège d’éditer les cartes et<br />

atlas d’éditeurs français aux Pays-Bas. Le<br />

Neptune françois en est un parfait exemple.<br />

À la fin du XVIIe siècle, le ministre des<br />

finances de Louis XIV Jean-Baptiste Colbert<br />

(1619-1683) chargeait les Ingénieurs du Roi<br />

de dresser la carte des côtes européennes,<br />

de la Norvège au Finisterre portugais. Un<br />

groupe de mathématiciens et d’astronomes<br />

de l’Académie Royale des Sciences unit<br />

donc ses forces à celles d’hydrographes de<br />

la marine française. En résultait un atlas<br />

gravé de 29 pages, sorti des presses de<br />

l’Imprimerie Royale à Paris, en 1693. Le Neptune<br />

françois, sous-titré Atlas nouveau des<br />

cartes marines, levées et gravées par ordre<br />

exprés du roy, pour l’usage de ses armées<br />

de mer, reproduisant avec une précision<br />

extrême les hauts-fonds, bancs de sable,<br />

anses, états des marées, balises, mouillages<br />

et points d’amarrage. Lui était adjointe,<br />

une carte en trois parties, avec indication<br />

de l’échelle, fournissant une aide précieuse<br />

à la navigation. La rose des vents inscrite<br />

sur celle-ci renseigne que le Nord ne se<br />

trouve pas en haut, les côtes se déployant<br />

suivant la manière dont un bateau en suit<br />

les contours. « La cartographie française<br />

était le nec plus ultra de l’époque », souligne<br />

l’antiquaire et directeur Marc Van de Wiele.<br />

« Au XVIIe siècle, si les Pays-Bas donnaient<br />

le ton, les Français reprirent le flambeau au<br />

XVIIIe siècle et modernisèrent la cartographie.<br />

Louis XIV attira nombre de savants,<br />

ce qui suscita un formidable renouveau. »<br />

Le Neptune françois fut édité par Charles<br />

78


Pené, mais réalisé sous la responsabilité du<br />

géographe royal Alexis-Hubert Jaillot (1632-<br />

1712), coéditeur parisien de Pieter Mortier.<br />

CONTREFAÇON<br />

Entre 1693 et 1700, Pieter Mortier publiait,<br />

sous le même titre, une contrefaçon (pastiche).<br />

Son Neptune françois se compose<br />

de deux parties. La première imite les<br />

cartes françaises, mais comme il n’avait<br />

pas accès aux plaques de cuivre originales,<br />

il les fit graver à nouveau et adapter pour<br />

camoufler son plagiat. La partie française<br />

commence par une introduction et une<br />

table des matières avec le récapitulatif<br />

des 29 cartes reprises dans l’atlas, exhaustivité<br />

garantie. Dans la seconde partie,<br />

Atlas Maritime, Cartes Marines à l’usage<br />

du Roy de la Grande Bretagne, Mortier a<br />

ajouté neuf cartes des côtes françaises et<br />

néerlandaises, deux des côtes anglaises et<br />

la célèbre carte dépliante de la mer Méditerranée.<br />

Cette seconde partie constitue<br />

davantage un ornement décoratif qu’un<br />

instrument maritime. Une troisième partie,<br />

Suite du Neptune françois de 1700, fut exclue<br />

de la composition du Neptune françois.<br />

Elle contient des cartes d’eaux non-européennes<br />

que N.P. d’Ablancourt a copiées<br />

au départ d’originaux conservés dans les<br />

archives portugaises. Le Neptune françois<br />

paraît en juin 1693, à la fois en français,<br />

anglais et néerlandais. Les 38 cartes sont<br />

superbement colorisées à la main. Il s’agit<br />

de l’édition la plus coûteuse d’un atlas<br />

maritime à Amsterdam, au XVIIe siècle. Si<br />

Mortier réalisa son Neptune françois à Amsterdam,<br />

il conserva l’impressum de Jaillot et<br />

la page de titre mentionne Paris, argument<br />

de vente visiblement imparable.<br />

GLORIEUSE RÉVOLUTION<br />

Pieter Mortier a dédié Le Neptune françois<br />

à Guillaume III d’Orange. En 1688, lors de<br />

la Glorieuse Révolution, ce dernier montait<br />

avec son épouse (et nièce), Mary II Stuart,<br />

sur le trône d’Angleterre. En qualité de protestant,<br />

il prit part à diverses guerres contre<br />

le catholique Louis XIV, jusqu’à son décès en<br />

1702, des suites d’une chute de cheval. Il n’a<br />

laissé aucune descendance. Cet Atlas Maritime<br />

doit son exceptionnelle valeur avant<br />

tout à Romeyn de Hooghe (1645-1708), graveur<br />

baroque, caricaturiste majeur et prolixe<br />

(3.500 gravures à son actif). De père gantois,<br />

il employa jusqu’à trente-six assistants dans<br />

son atelier et s’est rendu célèbre par ses caricatures<br />

politiques de Louis XIV et son soutien<br />

propagandiste à Guillaume d’Orange.<br />

« Il est de<br />

notoriété publique<br />

que Le Neptune<br />

françois contenait<br />

les plus belles<br />

cartes de la mer<br />

Méditerranée de<br />

son temps. »<br />

NATHALIE VAN DE WIELE<br />

DOUBLE SUMMUM<br />

Fin mai, Van de Wiele Auctions mettra<br />

donc en ventes Le Neptune françois. Si<br />

l’identité du vendeur n’a pas été révélée, il<br />

s’agirait d’un industriel français et navigateur<br />

passionné qui a décidé de mettre<br />

de l’ordre dans ses affaires, car il estime<br />

plus aisé de partager une somme d’argent<br />

entre des héritiers qu’une œuvre de grande<br />

valeur. Nathalie Van de Wiele : « Cet atlas<br />

est mondialement connu. Il est de notoriété<br />

publique qu’il contenait les plus belles<br />

cartes de son temps relatives à la mer Méditerranée.<br />

Tout, à son époque, était colorisé à<br />

l’aquarelle. Une tache d’oxydation apparaît<br />

ici et là au revers de la page, due à une sorte<br />

d’acide inclus dans le papier confectionné à<br />

la main. Dans ce cas précis, on ne peut parler<br />

de détérioration. Ces taches témoignent<br />

plutôt de l’authenticité de l’atlas. Il arrive<br />

aussi de s’apercevoir que certaines cartes<br />

ont été colorisées à un stade ultérieur. Ici, le<br />

dépôt d’oxydation prouve que ce ne fut pas<br />

le cas, même si le risque de falsifications<br />

de ce type d’atlas est minime, les faux étant<br />

si coûteux à fabriquer que cela n’en vaut<br />

guère la peine. Ces cartes conservent aussi<br />

l’empreinte de la plaque de cuivre ayant occasionné<br />

une ligne aveugle. Dans le cas d’un<br />

fac-similé, c’est toujours mentionné. Les<br />

fac-similés n’ont du reste pas la profondeur<br />

de l’original. Dans le cas d’un atlas, il vaut<br />

mieux vérifier qu’il ne s’agit pas d’un pastiche.<br />

Le seul faux serait l’atlas en lui-même.<br />

Car une contrefaçon est comme un faux<br />

déguisé. Mortier n’a pas copié servilement<br />

des cartes, même pour éviter un plagiat. Il<br />

en a sensiblement amélioré la qualité : des<br />

cartouches plus beaux, mieux gravés, des<br />

vignettes avec des ornements baroques, des<br />

illustrations allégoriques et des blasons, des<br />

images d’anges ; des instruments de mesure,<br />

des panoramas... Pour la seconde partie,<br />

Pieter Mortier a travaillé avec l’éditeur<br />

Covens & Mortier, duo fondé par son deuxième<br />

fils Cornelis (1699-1783) et Johannes<br />

Covens (1697-1774). Covens & Mortier<br />

était, au XVIIIe siècle, le plus célèbre éditeur<br />

de cartes européen. Le format royal<br />

représente un atout supplémentaire. Pour<br />

obtenir ce type de format, il fallait disposer<br />

plusieurs feuilles l’une sur l’autre. <strong>Mai</strong>s sa<br />

valeur réside bien entendu dans ses cartes<br />

illustrées. Celles-ci constituent le summum<br />

de la cartographie néerlandaise, adaptation<br />

d’un joyau de la cartographie française. Les<br />

deux fusionnant ici en un double summum.<br />

» Qui sera le futur propriétaire de ce<br />

Neptune françois ? Nathalie Van de Wiele :<br />

« Un riche collectionneur de cartes et d’atlas,<br />

un amateur fasciné par la cartographie<br />

historique, de ce qui avait été découvert<br />

et pas encore à une époque déterminée.<br />

L’estimation basse est fixée à 40.000 euros.<br />

Soit un prix déjà conséquent. Peut-être cet<br />

atlas restera-t-il en <strong>Belgique</strong> ou aux Pays-<br />

Bas ? <strong>Mai</strong>s il pourrait aussi s’envoler pour<br />

l’Amérique, où il y a beaucoup de connaisseurs<br />

fortunés. Il y a également de riches<br />

collectionneurs en Chine, même si l’absence<br />

de la troisième partie – contenant les cartes<br />

du reste du monde – peut, en l’occurrence,<br />

constituer un handicap. À noter que les<br />

côtes de ce pays n’y figurent pas, mais peutêtre<br />

les Chinois y ont-ils moins intérêt qu’à<br />

celles de nos contrées ? »<br />

VENTE<br />

Van de Wiele Auctions<br />

Bruges<br />

le 25-05<br />

www.vdw-auctions.com<br />

79


Vente : les 12-13 juin <strong>2024</strong><br />

Exposition : les 6 – 7 – 8 – 9 juin <strong>2024</strong><br />

Tous les jours de 10h à 17h<br />

Horloge de table Art déco Cartier, avec<br />

quartz rose, émail guilloché et aiguilles en<br />

diamant. Est. 2.000-3.000 €<br />

Collection de 600 pièces d’horlogerie dont<br />

une montre de poche en or Audermars<br />

Fréres répétition. Est. 1.500-2.000 €<br />

Collection de sacs à main et de bagagerie<br />

de marque : Louis Vuitton, Delvaux, ...<br />

Collection de bijoux<br />

dont un bijou flamand<br />

en or et argent.<br />

Est. 2.000-3.000 €<br />

Vous avez jusqu’au 10 mai pour déposer vos bijoux / horloges à inclure dans notre vente aux enchères internationale de juin <strong>2024</strong>.<br />

Vente aux enchères en septembre <strong>2024</strong><br />

Huile sur toile<br />

Fernand Toussaint<br />

Est. 6000-8000 €<br />

Francois Musin “Tempête en mer” Est. 6.000-8.000 €<br />

Horloge en bronze Napoléon III Est. 6.000 - 8.000 €<br />

Vases Empire parisiens Est. 1.500-2.000 €<br />

Buffet en pietra dura Napoléon III Est. 5.000-7.000 €<br />

Bronze Diana Aizelin Est. 3.000-4.000 €<br />

Vases Canton de Famille rose Est. 2.000-3.000 €<br />

Cage à oiseaux Bontemps Est. 1.000-1.500 €<br />

Coupe impériale Sevres Est. 3.000-4.000 €<br />

Cat Quimper Nam Est. 200-300 €<br />

Bronze Art-Deco T. Lemoyne Est. 600-800 €<br />

Vous avez jusqu’au 30 juin pour déposer vos antiquités, objets vintage et asiatiques à inclure dans notre vente<br />

aux enchères internationale de septembre <strong>2024</strong>.<br />

Estimation gratuite<br />

Ostantix Auctions BV | Torhoutsesteenweg 553 | Belgie – Oostende 8400<br />

info@ostantix-auctions.com | www.ostantix-auctions.com


Résultats de Février <strong>2024</strong><br />

Importante et grande<br />

sculpture chryséléphantine et<br />

bronze patiné.<br />

Est. 12.000-15.000 €<br />

Prix marteau : 29.000 €<br />

Pièce en porcelaine<br />

néoclassique, France,<br />

XIXe siècle.<br />

Est. 1.500-2.000 €<br />

Prix marteau : 9.000 €<br />

Figure de Dame Fortune en<br />

porcelaine de Meissen.<br />

Est. 3.000-5.000 €<br />

Prix marteau : 5.750 €<br />

Sculpture en bronze à patine<br />

brune de George Minne<br />

(1866-1941).<br />

Est. 1.500-2.000 €<br />

Prix marteau : 4.400 €<br />

Groupe de sculptures<br />

en bronze patiné de José<br />

Vermeersch (1922-1997).<br />

Est. 1.200-1.500 €<br />

Prix marteau : 3.200 €<br />

Vase chinois en porcelaine<br />

polychrome Qianjiang cai.<br />

Est. 1.500-2.000 €<br />

Prix marteau : 9.000 €<br />

Fine paire de vases chinois<br />

en porcelaine Qianjiang et<br />

de famille rose.<br />

Est. 2.000-3.000 €<br />

Prix marteau : 4.600 €<br />

Magnifique groupe, Chine,<br />

représentant un Immortel et<br />

des jeunes, corail rouge.<br />

Est. 1.500-2.000 €<br />

Prix marteau : 5.100 €<br />

Rare collier de perles<br />

égyptiennes en argent par<br />

Vivianna Torun.<br />

Est. 1.500-2.000 €<br />

Prix marteau : 3.500 €<br />

Vase Art déco du Val Saint<br />

Lambert.<br />

Est. 600-800 €<br />

Prix marteau : 2.600 €<br />

Résultats d’Octobre 2023<br />

Importante boussole<br />

allemande en argent et laiton<br />

plaqué or de Johan Hillebrand<br />

(1658 - 1723).<br />

Est. 1.200-1.500 €<br />

Prix marteau : 4.000 €<br />

Calice en argent et vermeil.<br />

Est. 400-500 €<br />

Prix marteau : 3.600 €<br />

Statue en bronze de<br />

Thésée et Bienor par<br />

Antoine-Louis Barye.<br />

Est. 3.000-4.000 €<br />

Prix marteau : 4.400 €<br />

Salon serpent par Cassina, modèle DS 600, en cuir.<br />

Est. 3.000-4.000 €<br />

Prix marteau : 9.500 €<br />

Ostantix Auctions BV | Torhoutsesteenweg 553 | Belgie – Oostende 8400<br />

info@ostantix-auctions.com | www.ostantix-auctions.com


Focus<br />

International<br />

266.500 € (avec frais)<br />

Gustave Van de Woestyne,<br />

Adrienne De Zutter au violon,<br />

1920, huile sur toile, 208 x 110 cm.<br />

Aguttes OVV, Neuilly-sur-Seine,<br />

13-03. © Aguttes<br />

98.403 € (frais inclus)<br />

Isaak Soreau, Corbeille de raisins, fleurs dans un verre, noisettes, abricots et<br />

grenades sur un entablement, XVIIe siècle, huile sur panneau, 54,5 x 75 cm.<br />

Nantes Enchères Talma OVV, Nantes, 14-03. © Nantes Enchères<br />

123.500 € (frais inclus)<br />

Ecole flamande, Portrait d’une<br />

fillette de six mois, première moitié<br />

du XVIIe siècle, huile sur panneau,<br />

62,5 x 49 cm. Neumeister, Munich,<br />

20-03. © Neumeister<br />

ON A VENDU<br />

Belle enchère pour<br />

un portrait chez<br />

Aguttes<br />

Le 13 mars, chez Aguttes à Neuillysur-Seine,<br />

la vente Art impressionniste<br />

et moderne, qui mettait<br />

entre autres à l’honneur la scène<br />

belge, totalisait plus d’1 million<br />

d’euros (frais inclus). Dans leur<br />

ensemble, les amateurs ont<br />

apprécié le caractère inédit des<br />

œuvres et le travail de valorisation<br />

qui fut fait avant la vente. Un<br />

éclairage tout particulier avait été<br />

mis sur Adrienne De Zutter au<br />

violon, tableau de Gustave Van de<br />

Woestyne, exposé en avant-première<br />

à Bruxelles en contrepoint<br />

de la BRAFA. Son estimation de<br />

80.000-120.000 euros a été pulvérisée<br />

avec un résultat de près de<br />

267.000 euros (frais inclus). Cette<br />

huile sur toile, qui représente la<br />

fille de Marguerite Taelman et<br />

de Charles De Zutter, industriel<br />

du textile de la région de Gand,<br />

aura suscité une longue bataille<br />

d’enchères entre trois téléphones<br />

français et étrangers. Inspiré par<br />

les préraphaélites, Gustave Van<br />

de Woestyne (1881-1947) réalisa ce<br />

portrait de l’adolescente accompagnée<br />

de son violon. Adrienne<br />

épousera quelques années plus<br />

tard le neveu de l’artiste. Parmi les<br />

portraitistes belges les plus brillants,<br />

Gustave Van de Woestyne<br />

délivrait, ici, une œuvre à la fois<br />

majestueuse et irréelle.<br />

Une nature morte<br />

du XVIIe siècle<br />

double la mise à<br />

Nantes<br />

Isaak Soreau (1604-1644), né à<br />

Hanau, en Allemagne, et mort<br />

dans la même ville, appartenait au<br />

style artistique baroque et fut principalement<br />

actif durant la période<br />

classique au XVIIe siècle. Son<br />

travail, plutôt rare aux enchères et<br />

qui invite à la lecture d’un monde<br />

silencieux dans lequel la beauté de<br />

la vie éclot au rythme des détails<br />

qu’elle dévoile, ne fut redécouvert<br />

qu’au XXe siècle. Expertisée par le<br />

cabinet Turquin, et estimée entre<br />

40.000 et 60.000 euros, une nature<br />

morte de cet artiste protestant<br />

d’origine wallonne, qui fut actif<br />

à Anvers dans l’atelier de Jacob<br />

Van Hulsdonck, était proposée à<br />

Nantes, le 14 mars. Cette Corbeille<br />

de raisins, fleurs dans un verre,<br />

noisettes, abricots et grenades sur<br />

un entablement qui fleure bon<br />

les quatre saisons, avec ses fleurs<br />

printanières, ses fruits d’été et<br />

d’automne, ses libellules et ses<br />

papillons, était emportée 98.403<br />

euros avec les frais.<br />

Une fillette<br />

flamande<br />

enflamme<br />

Neumeister<br />

Deux amateurs faisaient preuve<br />

d’opiniâtreté, lors de la vente<br />

cataloguée organisée le 20 mars<br />

dernier à Munich en la salle<br />

Neumeister. De fait, ils se sont<br />

acharnés à enchérir sur le portrait<br />

anonyme d’une fillette de six<br />

mois, une école flamande de la<br />

première moitié du XVIIe siècle,<br />

estimée modestement entre<br />

3.000 et 5.000 euros, mais emportée<br />

finalement par un Belge à<br />

123.500 euros, soit plus de 40 fois<br />

l’estimation, contre un enchérisseur<br />

londonien. Il semblerait que<br />

l’acheteur final soit un marchand<br />

qui a peut-être reconnu la signature<br />

d’un grand atelier anversois.<br />

D’aucuns penchent pour le<br />

prestigieux cercle d’Antoine van<br />

Dyck, eu égard à l’habit et à la<br />

parure de la fillette, arborant un<br />

riche collier de corail rouge et qui<br />

agite un hochet d’argent sommé<br />

d’une dent de loup, privilège des<br />

hautes sphères aristocratiques<br />

de l’époque. Ce qui expliquerait<br />

le prix déboursé. Un allégement<br />

des vernis devrait percer à jour le<br />

mystère de cette œuvre.<br />

Un dessin de Van<br />

Dyck chez Christie’s<br />

A l’occasion de la semaine<br />

parisienne du dessin, Christie’s<br />

France présentait, le 20 mars, sa<br />

vente annuelle de Dessins anciens<br />

et du XIXe siècle. Cette année,<br />

aux côtés des œuvres sur papier<br />

du XVIe au XIXe siècles, la vente<br />

offrait également une sélection<br />

de terres cuites. La section des<br />

dessins comportait des œuvres<br />

des artistes les plus célèbres des<br />

écoles flamandes, néerlandaises,<br />

italiennes et françaises, tels<br />

Antoine van Dyck, Lambert Doomer,<br />

Giovanni Domenico Tiepolo,<br />

Georges Lallemand, Gustave<br />

Moreau ou Rosa Bonheur. Parmi<br />

les sculpteurs, on mentionnera<br />

Clodion, Bernard Lange et Christophe-Gabriel<br />

Allegrain. Au total,<br />

la vente générait 2,13 millions<br />

d’euros (frais inclus). Estimé<br />

entre 100.000 et 150.000 euros, un<br />

dessin à la pierre noire, rehaussé<br />

de blanc, sur papier gris (anciennement<br />

bleu), représentant Un<br />

moine franciscain, assis, levant<br />

les yeux, œuvre de l’Anversois<br />

Antoine van Dyck (1599-1641) était<br />

82


189.900 € (frais inclus)<br />

Antoine van Dyck, Un moine franciscain,<br />

assis, levant les yeux, pierre noire,<br />

rehaussé de blanc, sur papier gris,<br />

35,5 x 25 cm. Christie’s, Paris, 20-03.<br />

© Christie’s Images Ltd.<br />

181.183 $ (167.799 €)<br />

Une carte de visite signée de Steve Jobs, alors président<br />

d’Apple. RR Auction, Boston, 21-03. © RR Auction<br />

62.500 CHF (63.900 €)<br />

Cornelis van Cleve (atelier), Marie et l’Enfant<br />

Jésus, saint Jean-Baptiste et les anges, huile<br />

sur panneau, 63,7 x 51,2 cm. Koller, Zurich,<br />

22-03. © Koller<br />

finalement adjugé 189.900 euros.<br />

Une signature en<br />

or chez RR Auction<br />

Le gouvernement américain a<br />

beau avoir intenté, le jour même,<br />

une vaste action antitrust contre<br />

Apple, la réputation de l’entreprise<br />

reste quasiment irréprochable<br />

dans l’esprit des aficionados.<br />

Le 21 mars, la salle spécialisée<br />

de Boston, RR Auction, proposait<br />

ainsi une vente intitulée Steve<br />

Jobs and the Apple Computer<br />

Revolution. Six lots portaient la<br />

signature du fondateur de la<br />

firme à la pomme, décédé en<br />

2011. Deux d’entre eux partaient<br />

pour un montant à six chiffres.<br />

Le premier, une carte de visite de<br />

1983 avec la version arc-en-ciel<br />

du logo de l’octet d’Apple, était<br />

adjugé 181.183 dollars (frais inclus),<br />

pulvérisant sa modeste estimation<br />

de 10.000 dollars. Outre des<br />

memorabilia liés à son fondateur,<br />

figurait une carte Apple-1<br />

entièrement fonctionnelle, signée<br />

par le cofondateur Steve Wozniak.<br />

Connu sous le nom de numéro<br />

100, cet ordinateur personnel<br />

était l’un des premiers à ne pas<br />

nécessiter de soudure de la part<br />

de l’utilisateur final. Il était adjugé<br />

323.789 dollars.<br />

‘‘Sotte Cleef’’ fait<br />

florès chez Koller<br />

Les scènes bibliques suscitaient<br />

les plus âpres batailles d’enchères<br />

lors de la vente du 22 mars, à<br />

Zurich, chez Köller. Ainsi, une<br />

composition à l’huile de l’atelier<br />

de Cornelis van Cleve (1520-<br />

1567), intitulée Marie et l’Enfant<br />

Jésus, saint Jean-Baptiste et les<br />

anges, composition fréquemment<br />

produite par le peintre<br />

anversois, obtenait pas moins<br />

de 62.500 francs suisses (63.900<br />

euros), contre une estimation<br />

basse de 7.000 francs. Stylistiquement<br />

proche de son père, Joos<br />

van Cleve (1485-1540), auprès<br />

duquel il fut apprenti, Cornelis<br />

se laissa volontiers influencé par<br />

les maîtres italiens, notamment<br />

Andrea del Sarto (1486-1531), dont<br />

la présente composition s’inspire<br />

largement de la Madonna<br />

Corsini, très populaire au XVIe<br />

siècle. L’Anversois, qui finit sa vie<br />

dément, leur emprunta dégradés<br />

chromatiques et expressivité des<br />

visages. Emigré en Angleterre,<br />

sa production y fut abondante<br />

durant 14 ans, avant un retour<br />

forcé dans la métropole flamande<br />

pour cause de folie. D’où son<br />

surnom de ‘‘Sotte Cleef’’…<br />

Beau résultat pour<br />

Rops à Drouot<br />

Dans le cadre de la semaine<br />

parisienne du dessin, l’étude Ader<br />

proposait, le 22 mars à Drouot,<br />

une vente consacrée aux dessins<br />

de la Renaissance au XXe siècle.<br />

La vedette en était une œuvre de<br />

notre compatriote Félicien Rops<br />

(1833-1898). Inspirée du monde<br />

circassien, cette aquarelle intitulée<br />

Le Cirque : répétition était estimée<br />

entre 15.000 et 20.000 euros. Arrivé<br />

à Paris en 1874, Rops est attiré par<br />

l’atmosphère de liberté qui émane<br />

du cirque de Paris, dont il commence<br />

à fréquenter les coulisses.<br />

Plutôt que le point de vue du<br />

public, l’artiste a préféré immortaliser<br />

les équilibres précaires et les<br />

jolis corps dévêtus des circassiennes.<br />

Sa ‘‘répétition’’, dont une<br />

version est conservée au musée<br />

Rops de Namur, se hissait jusqu’à<br />

44.200 euros.<br />

Le surréalisme a la<br />

cote chez Bonhams<br />

Une importante huile sur panneau<br />

de l’artiste polonais Zdzislaw Beksinski<br />

atteignait 91.840 euros lors<br />

de la vente surréaliste organisée<br />

par Bonhams Cornette de Saint<br />

Cyr, le 27 mars à Paris. Cette vente<br />

de 90 lots réalisait un total de plus<br />

d’un million d’euros avec 85 %<br />

de lots vendus et 95 % de lots<br />

vendus en valeur. Emilie Millon,<br />

responsable du département d’art<br />

impressionniste et moderne de<br />

Bonhams à Paris : « Les acheteurs<br />

du monde entier, en ligne, au téléphone<br />

et dans la salle, ont reconnu<br />

la qualité de chaque pièce de<br />

cette vente. (…) Nous sommes<br />

absolument ravis des résultats,<br />

en particulier des prix fantastiques<br />

atteints par des œuvres de<br />

femmes artistes telles que Jane<br />

Graverol, Leonor Fini et Dorothea<br />

Tanning. » Comme la loi française<br />

l’y autorise, le musée d’Arts de<br />

Nantes (France), exerçant son droit<br />

de préemption, est intervenu pour<br />

devancer l’enchère finale sur trois<br />

tableaux : Le bon bout de la raison<br />

de Jane Graverol, adjugé 71.250<br />

euros, Le tombeau de Mallarmé<br />

de la même artiste emporté 8.320<br />

euros et Sans titre (série Aurelia)<br />

de Leonor Fini, vendu 12.000 euros.<br />

Magnifique<br />

enchère pour BVRB<br />

à Drouot<br />

Provenant du château de Sassy,<br />

demeure ducale perchée sur<br />

les collines de l’Orne, qui fut<br />

occasionnellement le séjour de<br />

83


Focus<br />

International<br />

44.200 € (frais inclus)<br />

Félicien Rops, Le Cirque : répétition,<br />

aquarelle sur trait de crayon noir et<br />

rehauts de gouache, 23,5 x 16,5 cm.<br />

Ader OVV, Paris, 22-03. © Ader<br />

71.520 € (frais inclus)<br />

Jane Graverol, Le bon bout de la raison, 1962, huile sur<br />

toile. Bonhams, Paris, 27-03. © Bonhams<br />

787.199 € (frais inclus)<br />

Bernard II Van Risen Burgh, armoire d’époque Louis<br />

XV, ca. 1750, bois de placage marqueté, bronzes dorés,<br />

estampillés deux fois ‘‘BVRB’’, 162 x 197 x 54 cm. Baron<br />

Ribeyre & Associés, Paris, 29-03. © Baron Ribeyre &<br />

Associés<br />

la reine d’Angleterre Elizabeth<br />

II, un ensemble de pièces de<br />

mobilier de grande qualité était<br />

dispersé, le 29 mars, à Drouot<br />

par l’étude Baron Ribeyre &<br />

Associés. Outre une commode<br />

tombeau d’époque Louis XV aux<br />

bronzes remarquables, estampillée<br />

Mathieu Criaerd, l’un des<br />

ébénistes les plus prolifiques du<br />

XVIIIe siècle (lire <strong>COLLECT</strong> n°533,<br />

avril <strong>2024</strong>), estimée entre 12.000<br />

et 18.000 euros, on proposait une<br />

importante armoire d’époque<br />

Louis XV, vers 1750, estampillée<br />

de l’ébéniste d’origine hollandaise<br />

Bernard II Van Risen Burgh<br />

(1705-1766), dont l’estimation<br />

plus élevée (50.000 à 100.000<br />

euros) fut pourtant pulvérisée,<br />

l’étonnant meuble s’adjugeant au<br />

montant astronomique de 787.199<br />

euros (frais inclus). Le meuble de<br />

Criaerd était, quant à lui, adjugé<br />

33.919 euros (frais inclus).<br />

ON VENDRA<br />

Un exceptionnel<br />

Bacon chez<br />

Sotheby’s<br />

Lors de sa vente du soir en art<br />

contemporain, à la mi-mai,<br />

Sotheby’s New York met aux<br />

enchères un grand portrait de<br />

son amant George Dyer, réalisé<br />

par Francis Bacon (1909-1992).<br />

L’œuvre de 1966, Portrait of George<br />

Dyer Crouching, est décrite par la<br />

maison de vente comme « le tout<br />

premier portrait de Dyer à l’échelle<br />

réelle, et le premier portrait monumental<br />

de Dyer à être vendu aux<br />

enchères depuis une dizaine d’années<br />

». Le tableau, estimé entre 30<br />

et 50 millions de dollars, montre<br />

un Dyer nu, accroupi comme un<br />

prédateur au-dessus de sa chemise<br />

élimée. Sa tête est montrée<br />

trois fois alors qu’elle se tourne<br />

vers le spectateur ; notamment<br />

en une combinaison du visage de<br />

Dyer avec celui de Bacon, ce que<br />

Sotheby’s décrit comme « un clin<br />

d’œil à leur indivisibilité ». Alors<br />

que Dyer servit de muse à l’artiste<br />

dans plus de quarante peintures,<br />

ce dernier deviendra également<br />

« progressivement allergique » aux<br />

« épisodes volatiles de manque de<br />

but, d’alcoolisme et de comportement<br />

erratique » de son amant. Le<br />

Portrait of George Dyer Crouching<br />

fut le premier d’une série de dix<br />

portraits grandeur nature, réalisés<br />

entre 1966 et 1968, dont il ne reste<br />

que neuf, l’un d’entre eux ayant été<br />

détruit lors d’un incendie en 1979.<br />

Ce tableau fut présenté pour la<br />

première fois lors de l’importante<br />

exposition personnelle de Bacon<br />

en la Galerie Maeght de Paris, en<br />

1966, et fut également exposé lors<br />

de la rétrospective de l’artiste au<br />

Grand Palais, en 1971-1972. George<br />

Dyer décédait deux jours avant<br />

l’inauguration de cette rétrospective.<br />

L’œuvre a été acquise par son<br />

propriétaire actuel directement<br />

auprès de la Marlborough Gallery,<br />

en 1970, et restée dans la même<br />

collection familiale depuis plus de<br />

cinq décennies, n’a jamais été vue<br />

sur le second marché.<br />

Le monde de<br />

Basquiat chez<br />

Phillips<br />

Témoignant de l’engagement indéfectible<br />

de la maison de vente aux<br />

enchères envers l’héritage de Jean-<br />

Michel Basquiat, Phillips propose,<br />

ce printemps, trois magnifiques<br />

tableaux de l’artiste, tous issus de<br />

la collection de Francesco Pellizzi<br />

et de la famille Pellizzi. Le professeur<br />

Pellizzi était le cofondateur et<br />

l’éditeur de la revue Res, Anthropology<br />

and Aesthetics, publiée par<br />

Peabody à Harvard et aux Chicago<br />

University Press. Chacune de ces<br />

œuvres fut acquise par Pellizzi<br />

auprès d’Annina Nosei, au début<br />

des années 1980, à un moment<br />

charnière de la carrière de l’artiste,<br />

et demeurée dans sa collection<br />

durant des décennies. La première<br />

vente, qui verra les deux premières<br />

œuvres dispersées, se déroule<br />

à New York le 14 mai, la seconde<br />

proposera la troisième œuvre, à<br />

Hong Kong le 31 mai. En tête du<br />

groupe d’œuvres proposées figure<br />

Untitled (ELMAR), créée en 1982 et<br />

acquise par la famille Pellizzi deux<br />

ans plus tard. Avec ses près de<br />

deux mètres de large, cette œuvre<br />

monumentale (estimée entre 40<br />

et 60 millions de dollars) constitue<br />

l’une des pierres angulaires de<br />

l’année où Basquiat est passé de<br />

l’art de la rue au succès commercial.<br />

Emblématique des meilleures<br />

œuvres de Basquiat, Untitled<br />

(ELMAR) est riche en iconographie<br />

et en images autoréférentielles,<br />

reflètant l’exploration par l’artiste<br />

de sa double identité et résumant<br />

l’essence de son pouvoir créatif.<br />

Cette œuvre fut récemment incluse<br />

dans la rétrospective historique de<br />

l’artiste, présentée en 2018 par la<br />

Fondation Louis Vuitton, à Paris.<br />

Depuis que Phillips est devenu<br />

un opérateur-clé en Asie, en 2015,<br />

l’auctioneer s’est attaché à présenter<br />

les meilleures œuvres d›art<br />

occidentales aux collectionneurs<br />

et amateurs de la région. Sa croissance<br />

significative en Asie souligne<br />

l’activité des collectionneurs asiatiques<br />

qui acquièrent des œuvres<br />

des artistes internationaux les plus<br />

importants. Jean-Michel Basquiat<br />

84


EST. 30.000.000-<br />

50.000.000 $<br />

(27.600.000-46.000.000 €)<br />

Francis Bacon, Portrait of George<br />

Dyer Crouching, 1966, huile sur toile.<br />

Sotheby’s, New York, mi-mai.<br />

© Sotheby’s Art Digital Studio<br />

EST. 40.000.000-60.000.000 $<br />

(36.900.000-55.300.000 €)<br />

Jean-Michel Basquiat, Untitled (ELMAR), 1982, huile<br />

sur toile, 172,7 x 236,5 cm. Phillips, New York, 14-05.<br />

© Phillips<br />

EST. 30.000-50.000 £ (38.000-63.000 €)<br />

Robe impériale ‘‘aux douze symboles’’, Chine, dynastie<br />

Qing, début du XIXe siècle, soie bleue et or. Dreweatts,<br />

Newbury, 21-05. © Dreweatts<br />

en constitue un parfait exemple,<br />

les collectionneurs asiatiques étant<br />

attirés par son œuvre qui résonne<br />

profondément avec les riches<br />

traditions artistiques de la région.<br />

C’est pourquoi l’œuvre intitulée<br />

Native Carrying Some Guns, Bibles,<br />

Amorites on Safari (1982) sera<br />

proposée à la vente à Hong Kong,<br />

le 31 mai. Dans cette œuvre, une<br />

figure noire domine la toile, les bras<br />

levés, face à un braconnier colonial.<br />

L’œuvre fusionne un dessin<br />

complexe à la gestuelle de la rue et<br />

aborde des sujets aussi importants<br />

que l’esclavage et l’impérialisme.<br />

Par une représentation directe et<br />

l’incorporation de texte, Basquiat<br />

critique le colonialisme et son<br />

rapport à l’histoire afro-américaine.<br />

Réduits à l’état de caricatures, ses<br />

personnages symbolisent l’indigène<br />

et le colonisateur, évoquant<br />

des critiques explicites de l’impérialisme<br />

blanc. L’œuvre reflète ainsi<br />

sa conscience aiguë des questions<br />

sociétales et capture l’intensité de<br />

sa vision artistique. On l’estime<br />

entre 12 et 18 millions de dollars.<br />

Un trésor impérial<br />

chinois retrouvé par<br />

Dreweatts<br />

Tel l’habit de la Belle au Bois<br />

Dormant, une rare robe impériale<br />

de dragon, en soie bleue à douze<br />

symboles, datant du début du<br />

XIXe siècle, était récemment découverte<br />

rangée dans une boîte<br />

en carton dormant au fond d’un<br />

tiroir depuis 100 ans. Cette tenue<br />

d’apparat, créé spécialement pour<br />

l’empereur de Chine, qui ne la<br />

portait que deux jours par an, à<br />

l’occasion des festivals organisés<br />

au Temple du Ciel, à l’extérieur<br />

de la Cité interdite de Pékin,<br />

provient de la famille Villiers, l’une<br />

des familles aristocratiques les<br />

plus distinguées d’Angleterre,<br />

dont les liens historiques avec<br />

la royauté remontent au XVIIe<br />

siècle. Cette robe fut acquise en<br />

Chine en 1913 par Eric Hyde Villiers<br />

(1881-1964), petit-fils de George<br />

Villiers, quatrième comte de<br />

Clarendon (1800-1870), au cours<br />

d’un voyage commercial dans<br />

l’Empire du Milieu pour le cognac<br />

Martell. Ce vêtement dormait<br />

dans une boîte jamais ouverte,<br />

poussée au fond d’un tiroir... Dans<br />

la culture chinoise, l’Empereur<br />

était considéré comme le ‘‘fils<br />

du ciel’’ et, durant deux jours<br />

précis de l’année, installé sur une<br />

chaise à porteurs, il conduisait<br />

une procession de musiciens, de<br />

nobles et de fonctionnaires de la<br />

Cour, accompagnés d’éléphants<br />

et de chars jusqu’au Temple du<br />

Ciel, où il offrait des sacrifices<br />

et vénérait le Dieu du Ciel, les<br />

dieux du soleil, de la lune, des<br />

étoiles, des nuages, de la pluie,<br />

du vent et du tonnerre. A cette<br />

occasion, il portait une robe<br />

spéciale, brodée de symboles<br />

et motifs spécifiques représentant<br />

les dieux et les symboles<br />

de sa fonction. A fond bleu, ce<br />

vêtement s’orne ainsi des douze<br />

symboles de l’autorité impériale<br />

disposés en trois groupes de<br />

quatre autour du cou : le soleil, la<br />

lune, la constellation et le rocher.<br />

Elle est brodée de fils d’or de trois<br />

couleurs selon la technique du<br />

Kesi, utilisée pour sa légèreté et la<br />

clarté de ses motifs. Neuf dragons<br />

impériaux à cinq griffes enserrent<br />

des perles de sagesse enflammées,<br />

métaphore visuelle du bon<br />

souverain qui agit avec sagesse<br />

pour le bien-être de ses sujets.<br />

Des herbes aquatiques, des<br />

grains de millet et des flammes<br />

se nichent sur l’écume des vagues<br />

roulantes, appelées Lishui ruyi,<br />

tandis qu’un faisan doré s’enroule<br />

autour du corps principal de la<br />

robe. Elle comporte également<br />

une paire de bonnets de temple<br />

et des extensions de manches<br />

rayées bleu foncé et or. Protégée<br />

dans une boîte en carton, à l’abri<br />

de la lumière, elle a conservé ses<br />

couleurs d’origine et est donc en<br />

très bon état. Son estimation, de<br />

30.000 à 50.000 livres sterling,<br />

devrait attirer les amateurs<br />

chinois, férus de souvenirs<br />

impériaux, lors de sa vente chez<br />

Dreweatts, le 21 mai.<br />

Design chez<br />

Christie’s<br />

Le 23 mai, Christie’s Paris proposera<br />

quelque deux cents lots<br />

mettant en lumière des pièces remarquables<br />

et emblématiques de<br />

plusieurs grands noms du design.<br />

Au cœur de cet événement, une<br />

sélection de pièces proviendra<br />

de collections privées de renom.<br />

Un accent particulier sera mis sur<br />

les femmes designers françaises,<br />

telles Charlotte Perriand, avec<br />

son projet novateur réalisé pour<br />

la famille Borot, Maria Pergay et<br />

ses créations audacieuses des<br />

années 1970 jusqu’à ses œuvres<br />

les plus récentes, mais également<br />

l’incontournable Line Vautrin,<br />

représentée dans la vente par<br />

une dizaine de miroirs et la<br />

créativité contemporaine d’Ingrid<br />

Donat. Parmi les autres temps<br />

forts de la vente, une sélection<br />

d’œuvres rares d’André Arbus des<br />

années 1940 à 1960, provenant<br />

d’une famille proche de l’artiste,<br />

sera mise en avant, ajoutant une<br />

dimension historique à l’événement.<br />

85


On a vendu<br />

<strong>Belgique</strong><br />

08-03 Ladies first chez MJV Soudant<br />

14.000 €<br />

Jenny Montigny, Nature morte<br />

aux fleurs, 1909, huile sur<br />

toile, 44 x 40 cm. Est. 1.500-<br />

2.000 €. © MJV Soudant<br />

6.800 €<br />

Elvire Coisne, Champs<br />

de fleurs, huile sur toile,<br />

avec dossier réalisé par<br />

l’historien Laurent Stevens,<br />

35,5 x 55 cm. Est. 4.000-<br />

6.000 €. © MJV Soudant<br />

6.000 €<br />

Alfredo Morelli, sculpture<br />

Art déco, représentant une<br />

danseuse égyptienne, XXe<br />

siècle, marbre, H. 92 cm.<br />

Est. 6.000-8.000 €. © MJV<br />

Soudant<br />

5.500 €<br />

Anna Boch, L’entrée de la ferme<br />

animée, huile sur panneau, 43 x 37 cm.<br />

Est. 2.000-3.000 €. © MJV Soudant<br />

4.200 €<br />

Théo Van Doesburg, Buste<br />

de femme nue, 1904, huile<br />

sur papier épais plaqué<br />

sur carton, 43 x 27 cm.<br />

Est. 3.000-4.000 €. © MJV<br />

Soudant<br />

15 & 16-03 Belles illustrations chez Damien Voglaire<br />

9.000 €<br />

Ivan Tovar, Le Soleil Noir,<br />

1974, illustration intégrée<br />

dans un livre-objet, édition<br />

originale, 1/99 ex. Est. 1.000-<br />

1.500 €. © Damien Voglaire<br />

7.000 €<br />

Willy Maltaite (dit Will),<br />

Isabelle. Le Tableau enchanté,<br />

Dupuis, 1972, encre de Chine<br />

sur papier, grande planche originale,<br />

46 x 37 cm. Est. 5.000-<br />

7.500 €. © Damien Voglaire<br />

3.200 €<br />

Edgar Tytgat, Quelques images de<br />

la vie d’un artiste, Londres, 1916-<br />

1917, quelques gravures en hommage<br />

à son ami Rik Wouters. Est.<br />

850-1.000 €. © Damien Voglaire<br />

2.800 €<br />

Claude Viallat, deux aquarelles originales de l’ouvrage de<br />

poésie L’Homo Sapiens de Jean-Pierre Verheggen, 2002.<br />

Est. 1.200-1.500 €. © Damien Voglaire<br />

16-03 Singulières affiches chez Lhomme<br />

10.500 €<br />

Léon Wuidar, Abstraction, 1986, huile<br />

sur toile marouflée sur panneau, 55 x<br />

55 cm. Est. 6.000-8.000 €. © Lhomme<br />

8.500 €<br />

Marius Rossilon dit O’Galop,<br />

Nunc est bibendum ''à votre<br />

santé''. Le pneu Michelin boit<br />

l’obstacle, ca. 1896, grande affiche<br />

couleur, 161 x 121 cm. Est.<br />

800-1.000 €. © Lhomme<br />

8.500 €<br />

Armand Rassenfosse, Portrait<br />

de femme, 1928-1930,<br />

huile sur panneau, 52 x 37<br />

cm. Est. 2.500-3.000 €.<br />

© Lhomme<br />

7.500 €<br />

Marius Rossilon dit<br />

O’Galop, Le coup de la<br />

semelle Michelin, Paris,<br />

1914, Affiches-Camis. Est.<br />

700-800 €. © Lhomme<br />

3.900 €<br />

Marcello Dudovich, Fabrique<br />

Nationale d’armes<br />

de guerre. Herstal-Liège,<br />

1913, affiche couleur, 145 x<br />

105 cm. Est. 400-600 €.<br />

© Lhomme<br />

86


17-03 Tintin en forme chez Dagoty Auction<br />

3.200 €<br />

Hergé/Tintin, album<br />

T3 Tintin en Amérique,<br />

édition originale Casterman<br />

P6 bis de 1935,<br />

belle et très rare pièce<br />

de collection ayant subi<br />

des restaurations. Est.<br />

2.000-2.500 €. © Dagoty<br />

Auction<br />

2.600 €<br />

Hergé/Tintin, sculpture C’est vraiment<br />

dommage ! illustrant la scène de l’escalier<br />

tiré de l’album Les bijoux de la Castafiore,<br />

Atelier Fariboles, édition de 2006 n°/400,<br />

résine, plomb et ciment peint, état neuf,<br />

jamais exposé, emballage d’origine et<br />

certificat, 30 x 30 x 20 cm. Est. 1.500-2.000 €.<br />

© Dagoty Auction<br />

2.200 €<br />

Hergé/Tintin, modèle réduit du wagon Loch<br />

Lomond whiskey avec Tintin et Milou, tiré de<br />

l’album L’île noire, Atelier Aroutcheff daté<br />

04-10-95, numérotation 50, édition limitée à<br />

environs 125 ex., bois laqué, métal et résine<br />

peint, 50 x 20 x 22 cm. Est. 1.500-2.000 €.<br />

© Dagoty Auction.<br />

1.900 €<br />

Hergé/Tintin, album T16 Objectif lune,<br />

EO belge de 1953 qui contient un dessin<br />

signé et dédicacé par le maître. Est.<br />

1.000-1.500 €. © Dagoty Auction<br />

18 & 19-03 Les bijoux ont la cote chez Horta<br />

33.000 €<br />

Bracelet, Art déco, style ''retour d’Egypte'', ca. 1915, platine<br />

agrémenté de diamants taille ancienne pour ca. 14 carats au<br />

motif de fleurs de papyrus, poinçons français, L. 17,5 cm. Est.<br />

9.000-10.000 €. © Horta<br />

28.000 €<br />

Cartier, parure se composant d’une<br />

paire de boucles d’oreilles, d’un<br />

collier et d’un bracelet en or jaune,<br />

agrémentés de petits diamants taille<br />

brillant dans les boucles d’oreilles,<br />

avec certificats et écrins d’origine,<br />

poids brut ca. 149 gr. Est. 8.000-<br />

9.000€. © Horta<br />

20.000 €<br />

Cartier, parure se composant<br />

d’un collier, d’un bracelet et<br />

d’une bague panthère en or<br />

jaune, avec certificats et écrins<br />

d’origine, poids brut ca. 159 gr.<br />

Est. 8.000-9.000 €. © Horta<br />

14.500 €<br />

Vase à col étranglé,<br />

Chine, porcelaine blanche<br />

au décor en bleu de<br />

paysage, H. 36 cm. Est.<br />

300-400 €. © Horta<br />

19-03 La porcelaine de Sèvres crée la surprise chez Loeckx<br />

8.500 €<br />

Statue bouddhiste Yamantaka,<br />

XVIIe/XVIIIe siècle,<br />

bronze doré. Est. 1.500-<br />

1.700 €. © Loeckx<br />

8.000 €<br />

Paire d’assiettes, Sèvres, XIXe siècle, porcelaine à décor<br />

‘‘fleurs’’. Est. 150-200 €. © Loeckx<br />

6.500 €<br />

Théière paestum, Sèvres, 1809, porcelaine à ‘‘décor de camées’’.<br />

Est. 200-300 €. © Loeckx<br />

87


On a vendu<br />

<strong>Belgique</strong><br />

19 & 20-03 La peinture s’envole chez Vanderkindere<br />

25.000 €<br />

Oscar Dominguez, Composition au chat,<br />

au crabe et au cheval, gouache sur papier,<br />

dédicacé «Pour ma très chère Madeleine.<br />

Très amicalement», 49 x 64 cm. Est. 18.000-<br />

24.000 €. © Vanderkindere<br />

.<br />

21.000 €<br />

Grand plat rond profond, Chine,<br />

XVIe siècle, porcelaine bleue et<br />

blanche à décor floral, voir sous<br />

la base plusieurs anciennes étiquettes<br />

dont de la collection A.<br />

de Curte à Anvers et de Eug. van<br />

Herck à Anvers, D. 40,4 cm. Est.<br />

5.000-7.000 €. © Vanderkindere<br />

20.500 €<br />

Théo Van Rysselberghe, La rade des<br />

Bormes (Nuages rouges), 1917, huile sur<br />

carton entoilé, 32,8 x 41 cm. Est. 15.000-<br />

20.000 €. © Vanderkindere<br />

12.000 €<br />

Travail italien, Ephèbe en pied,<br />

Florence, XVIe siècle, d’après<br />

l’Antique, comporte des similitudes<br />

stylistiques avec l’Idolino de<br />

Pesaro, bronze à patine brune,<br />

base en marbre vert et rouge<br />

postérieure, on y joint un document<br />

de l’expert Vincent Laloux<br />

(1977) le nommant Antinoüs et le<br />

reliant aux ateliers de Padouans,<br />

H. 27,5 cm (hors base). Est.<br />

6.000-8.000 €. © Vanderkindere<br />

19 & 26-03<br />

Monnaies anglaises au Mont-de-Piété<br />

20-03<br />

Joli résultat chez Flanders Auctions<br />

80.500 €<br />

Lot de 210 pièces de monnaie, Angleterre, or jaune 916/1000 (anglaises<br />

souveraines), ca. 1678 gr, avec farde. Est. 73.000 €. © Mont-de-Piété<br />

9.500 €<br />

Georges De Sloovere, Les Baigneuses, huile sur toile, 120 x<br />

130 cm. Est. 2.400-3.400 €. © Flanders Auctions<br />

1.500 €<br />

Antoine Barye, sculpture en bronze,<br />

cachet du fondeur Colin Paris, 14 x 25<br />

cm. Est. 400 €. © Mont-de-Piété<br />

1.200 €<br />

Damien Hirst, Forever, impression<br />

sur aluminium, 39 x 39 cm. Est.<br />

400€. © Mont-de-Piété<br />

88


Collect-1/2pQ - mai FR+NL.qxp_320 10/04/24 10:53 Page1<br />

PROCHAINES VENTES<br />

Lundi 13 mai<br />

14h Arts d’Asie<br />

16h Collections<br />

Mardi 14 mai<br />

15h Bijoux & Montres<br />

VENTE PUBLIQUE<br />

14 & 15 MAI à18h30<br />

France - Ordre du Saint-Esprit<br />

CONTACT<br />

EXPOSITION<br />

Rodolphe de Maleingreau d’Hembise<br />

rdm@haynault.be<br />

Edouard Wyngaard<br />

ew@haynault.be<br />

02 842 42 43 - www.haynault.be<br />

Vendredi<br />

Samedi<br />

Dimanche<br />

10.05<br />

11.05<br />

12.05<br />

9 rue de Stalle<br />

1180 Uccle<br />

10 à 18h<br />

10 à 18h<br />

10 à 18h<br />

"Divinité" en grès polychromé<br />

Travail chinois. Epoque: XIXème<br />

Huile sur panneau de chêne<br />

"Vierge à l'enfant”<br />

Atelier de Jan Brueghel Le Jeune<br />

"Chien" en terre cuite. Travail chinois<br />

Epoque: circa 206 - 220 avant JC. Période Han<br />

H.V. Wolvens. Huile sur toile "Nu féminin allongé"<br />

Signé en bas à droite et daté en bas à gauche 1951<br />

EXPOSITION<br />

VENDREDI 10, SAMEDI 11 ET DIMANCHE 12<br />

MAI DE 10 À 18H<br />

HOTEL DE VENTES VANDERKINDERE S.A.<br />

CHAUSSÉE D’ALSEMBERG 685-687-1180 BRUXELLES<br />

PARKING PRIVÉ • TÉL. 02 344 54 46<br />

info@vanderkindere.com<br />

w w w . v a n d e r k i n d e r e . c o m


On a vendu<br />

<strong>Belgique</strong><br />

23-03 Monnaies belges chez Elsen<br />

48.000 €<br />

<strong>Belgique</strong>, Léopold Ier, module de 100 francs, 1853,<br />

commémorant le mariage du Duc de Brabant.<br />

Est. 25.000 €. © Elsen<br />

34.000 €<br />

Liège, Everard de la Marck, protecteur (1488-<br />

1489), florin d’or. Est. 15.000 €. © Elsen<br />

13.000 €<br />

Tournai, Les Etats en révolte, demi-écu Philippe,<br />

1581, au nom de Philippe II. Est. 2.500 €.<br />

© Elsen<br />

24-03 Deux-roues d’époque chez Bernaerts<br />

La fin du Sprangers Museum de Minderhout fut<br />

scellée par la vente de 74 motos. Ces enchères<br />

de deux-roues anciens se déroulaient sur le site<br />

même, l’après-midi du 24 mars, et portaient sur<br />

la seconde partie de la collection de l’industriel<br />

Marcel Sprangers. 74 deux-roues rutilants (et moins<br />

rutilants) datant du début du XXe siècle jusqu’aux<br />

années 1990 étaient le point d’orgue de cette vente.<br />

Quelques rares motos belges (Minerva, Flandria,<br />

FN, Gillet) étaient proposées, mais des marques<br />

allemandes, italiennes et britanniques l’étaient<br />

également (NSU, DKW, Ducati, MV Agusta, Moto<br />

Guzzi, New Hudson). Les modèles Indian Scout<br />

(18.000 euros) et, bien sûr, Harley Davidson (30.000<br />

euros), parmi les plus chers, consolidaient leur<br />

statut de favoris. Les marques belges suscitaient<br />

également plus d’intérêt qu’escompté. Ainsi, les<br />

huit motos Flandria s’adjugeaient en un clin d’œil,<br />

tandis que la Minerva de 1903 trouvait preneur à<br />

16.000 euros.<br />

30.000 €<br />

Harley Davidson J/D Series, 1912. Est. 22.000-<br />

26.000 €. © Bernaerts<br />

16.000 €<br />

Motocyclette Minerva, 1903. Est. 15.000-<br />

20.000 €. © Bernaerts<br />

25-03 Un Vaccaro chez Haynault<br />

6.500 €<br />

Attribué à Andrea Vaccaro, Artémise,<br />

huile sur toile. Est. 3.000-5.000 €.<br />

© Haynault<br />

6.000 €<br />

Gilles Lambert Godecharle, Putti jouant aux cartes sous une tente,<br />

1770, bas-relief en terre cuite. Est. 2.000-3.000 €. © Haynault<br />

1.900 €<br />

Présentoir à fruits confits ou sucre, Maastricht,<br />

XVIIIe siècle, argent, piètement tripode, plateau<br />

à bord mouvementé, tige soutenant la coupe<br />

ajourée, bordure ouvragée formant porte-cuillers.<br />

Est. 800-1.200 €. © Haynault<br />

90


Paul Delvaux<br />

Frits Van den Berghe<br />

VENTE AUX<br />

ENCHÈRES<br />

ART CONTEMPORAIN,<br />

MODERNE & MAÎTRES ANCIENS<br />

Samedi 18 mai <strong>2024</strong> - 13 h & 19 h 30<br />

Exposition : 8 au 15 mai - 10 h - 19 h<br />

Désirez-vous vendre ?<br />

Contactez Christophe Fedele : +32 9 348 54 40<br />

ou christophe.fedele@de-vuyst.com.<br />

Rendez-vous à domicile.<br />

Robert Indiana<br />

Hôtel de Ventes De Vuyst - Kerkstraat 22-54 - 9160 Lokeren (<strong>Belgique</strong>) - +32 9 348 54 40 - info@de-vuyst.com - www.de-vuyst.com


On a vendu<br />

<strong>Belgique</strong><br />

25-03 Des pièces d’horlogerie chez Millon <strong>Belgique</strong><br />

640 €<br />

Oméga, Seamaster, ca. 1960, montre d’homme,<br />

métal doré sur cuir et boucle ardillon, mouvement<br />

mécanique à remontage automatique.<br />

Est. 150-200 €. © Millon <strong>Belgique</strong><br />

540 €<br />

Cartier, Must, ca. 1990/2000, montre de<br />

type Tank, argent 925 plaqué or, montre mécanique<br />

à remontage manuel, bracelet cuir<br />

et boucle ardillon Cartier en métal doré. Est.<br />

50-150 €. © Millon <strong>Belgique</strong><br />

500 €<br />

Pendentif en forme d’hippocampe, or<br />

jaune 14 carats et opale reconstituée,<br />

présentant de très beaux flashs, L. 4,7 cm.<br />

Est. 100-200 €. © Millon <strong>Belgique</strong><br />

27 & 28-03 La porcelaine au sommet chez Coronari Auctions<br />

La vente d’art et d’antiquités<br />

asiatiques, européennes et islamiques<br />

organisée en mars par la<br />

maison Coronari Auctions surprenait<br />

une fois de plus positivement.<br />

Dans la section asiatique,<br />

les prix de la porcelaine chinoise<br />

de Canton étaient remarquables<br />

: les collections de tasses et de<br />

soucoupes s’envolaient ainsi plusieurs<br />

fois l’estimation maximale,<br />

tandis qu’un singulier bol de<br />

Canton du XIXe siècle surprenait<br />

en s’adjugeant au prix marteau<br />

de 9.000 euros. Plusieurs pièces<br />

de collection atteignaient également<br />

des prix élevés : un modèle<br />

Tang, en faïence peinte polychrome,<br />

représentant un cheval<br />

et un petit bol en klapmuts de<br />

style Imari avec pagodes, provenant<br />

de la collection d’Auguste le<br />

Fort, atteignaient respectivement<br />

6.000 et 2.800 euros. Les arts<br />

traditionnels européens n’étaient<br />

pas en reste. Citons, entre autres,<br />

un portrait de noble du XVIIe<br />

siècle et une œuvre de David<br />

Vinckboons représentant la lutte<br />

de l’homme et de la bête contre<br />

la mort et le temps, séduisaient<br />

de nombreux collectionneurs<br />

(adjugés 17.000 et 16.500 euros).<br />

16.500 €<br />

David Vinckboons (entourage), L’homme et l’animal luttent contre la mort et<br />

le temps, 1624, huile sur toile. Est. 15.000-25.000 €. © Coronari Auctions<br />

La peinture plus récente obtenait<br />

également de bons résultats,<br />

notamment pour Albrecht De<br />

Vriendt, Constant Permeke et<br />

Albert Saverys. Enfin, il convient<br />

de mentionner une tapisserie de<br />

Marie Dambiermont, qui changeait<br />

de mains après une bataille<br />

acharnée contre 5.500 euros.<br />

15.000 €<br />

Albrecht De Vriendt, Othello et Desdémone,<br />

huile sur toile. Est. 12.000-<br />

18.000€. © Coronari Auctions<br />

92


DESIGN, KUNST & ANTIEK<br />

VEILINGEN<br />

Geoffrey Harcourt (1935)<br />

Een rood gestoffeerde<br />

‘Cleopatra’ chaise longue,<br />

uitvoering Artifort, model<br />

C248, ontwerp 1970.<br />

DESIGN<br />

VEILING<br />

27 MEI<br />

KUNST<br />

& ANTIEK<br />

VEILING<br />

28 MEI<br />

Een fragment van een muurreliëf<br />

afkomstig van een graftombe,<br />

omgeving Asyut, 11e dynastie,<br />

Egypte, na ca. 2134 v. Chr.<br />

Start 3 mei<br />

Kijkdagen zijn op 24, 25 en 26 mei<br />

Exposition des lots du 23 au 25 mai.<br />

Vente le samedi 25 mai à 13h.<br />

Enchérissez en salle, par téléphone,<br />

par ordre d’achat ou en LIVE sur Drouot.<br />

ACCÈS AU CATALOGUE<br />

montdepiete.be<br />

25.05<br />

VENTE PUBLIQUE de bijoux, tableaux, ...<br />

010 - 411 85 44<br />

WWW.VENDUROTTERDAM.NL<br />

Chsée de St-Job n° 638 - 1180 Bxl Tel : 02/372 92 19 - info@sdvu.be<br />

V.Introini<br />

Chéri Samba<br />

L.Sabattini<br />

Dim : 80 x 100 cm<br />

Sam Francis<br />

Saporitti<br />

W.Platner / Knoll<br />

Mont-de-Piété 19 Rue Saint-Ghislain,1000 BXL


On vendra<br />

<strong>Belgique</strong><br />

04 & 05-05 Vente d’un intérieur chez DVC Anvers<br />

Un mélange d’art classique,<br />

d’antiquités, d’art moderne et<br />

contemporain est proposé chez<br />

DVC Anvers, lors de la vente de<br />

début mai. Un magnifique intérieur<br />

louvaniste des années 1960 et<br />

1970, incluant du design intemporel<br />

de Charles et Ray Eames, Florence<br />

Knoll, Eero Saarinen, Gae<br />

Aulenti et des œuvres commandées<br />

par le notaire Coppieters, en<br />

fait partie. On y trouve également<br />

des bijoux, de l’argenterie et<br />

d’autres arts décoratifs, des pièces<br />

archéologiques (asiatiques) et<br />

une collection de sculptures et de<br />

boucliers de Papouasie-Nouvelle-<br />

Guinée.<br />

EST. 24.000-28.000 €<br />

Karel Appel, une composition de 1991, huile sur papier marouflé sur toile,<br />

avec certificat, 63 x 103 cm. © DVC<br />

08-05 Des grandes oeuvres pour Flanders Auctions<br />

Lors de sa vente d’art et<br />

d’antiquités du 8 mai, Flanders<br />

Auctions annonce deux grandes<br />

œuvres : un triptyque de taille<br />

exceptionnelle intitulé Hélas Avril,<br />

I, II et III, peint par Michel Buylen,<br />

auteur de peintures incroyablement<br />

photo-réalistes. Ces trois<br />

œuvres, qui mettent en scène sa<br />

fille Binou, sont d’une très grande<br />

qualité. Ce triptyque a fait partie<br />

de l’exposition Making my past au<br />

Mudel, en 2021. La seconde œuvre<br />

est une peinture monumentale<br />

réalisée par Luis Caballero<br />

(Colombie), A Astride Leaning<br />

Torso, technique mixte sur toile<br />

datée de 1974. Un grand nombre<br />

de ses œuvres campent la beauté<br />

du corps masculin.<br />

EST. 5.000-7.000 €<br />

Michel Buylen, Hélas Avril, I, II en III, 2001, triptyque, acrylique sur panneau, 35 x<br />

60 cm chaque. © Flanders Auctions<br />

13 & 14-05 Des billets de banque chez Haynault<br />

EST. 1.200-1.800 €<br />

Billet de 1.000 francs du Congo belge. © Haynault<br />

Haynault propose, les 13 et 14<br />

mai, pas moins de trois ventes à<br />

thématiques diverses. La vente<br />

Collections est constituée en<br />

grande partie d’une impressionnante<br />

sélection de billets de<br />

banque du monde entier, dont<br />

un beau billet de 1.000 francs du<br />

Congo belge, estimé 1.200-1.800<br />

euros, un rare billet de 20 francs,<br />

daté du 1er septembre 1914,<br />

estimé entre 1.000 et 1.500 euros,<br />

ainsi qu’un billet anglais de 100<br />

livres, datant de 1937 proposé à<br />

300 euros. Dans la section phaléristique,<br />

l’attention porte sur une<br />

jolie plaque brodée de l’Ordre du<br />

Saint-Esprit français pour laquelle<br />

les enchères débuteront à 2.500<br />

euros ; on y trouvera un important<br />

ensemble de décorations<br />

anciennes d’Europe. Le second<br />

jour, on mettra en vente un large<br />

choix de bijoux et montres, dont<br />

un important bracelet Napoléon<br />

III richement décoré, estimé très<br />

raisonnablement 2.000 à 3.000<br />

euros, une montre d’homme<br />

automatique signée Audemars<br />

Piguet, estimée 8.000 à 10.000<br />

euros, une sélection de bagues<br />

serties de diamants, dont un très<br />

beau toi et moi, des broches Belle<br />

Époque aux élégantes volutes,<br />

ainsi que des bagues anciennes<br />

et contemporaines.<br />

94


Fine Jewels<br />

Watches<br />

Works of Art<br />

& Art Nouveau<br />

Fine Art<br />

Vente:<br />

15–17 mai <strong>2024</strong><br />

Exposition publique:<br />

10 –13 mai <strong>2024</strong><br />

BAGUE SOLITAIRE<br />

1 brillant | 6,50 carat | D/VVS2<br />

Estimation : 60,000 – 90,000 €<br />

Catalogues gratuits | Catalogues en ligne | Dates: www.van-ham.com<br />

VAN HAM | Hitzelerstr. 2 | 50968 Cologne/Allemagne | +49 (221) 925862-0 | info@van-ham.com


On vendra<br />

<strong>Belgique</strong><br />

18-05 De l’art ancien au Pop art chez De Vuyst<br />

Plus de 600 œuvres seront mises en vente<br />

à Lokeren, le 18 mai. L’offre ira des maîtres<br />

anciens à l’art contemporain, des peintures et<br />

sculptures à la photographie et aux installations.<br />

Avec des artistes tels que Guillermo<br />

Kuitca, Fernando Botero, Lin Fengmian et<br />

Yoshimoto Nara, la crème du marché de l’art<br />

international sera proposée. Le catalogue<br />

comprend des sculptures remarquables.<br />

L’impressionnante Colonna I (1989) d’Arnaldo<br />

Pomodoro s’élève ainsi jusqu’à 240 cm. De<br />

Pol Bury, on verra une fontaine mobile de<br />

1994, qui fit partie d’une exposition dans les<br />

jardins du musée Van Buuren, en 2009. Le plaisir<br />

de l’eau se poursuit avec la sculpture ludique<br />

La pluie (1999) de Jean-Michel Folon. Les objets<br />

emblématiques du Pop art devraient également<br />

attirer un large public : Robert Indiana<br />

présente LOVE (1966-1998), sculpture en acier<br />

inoxydable poli et brossé ; Study for bedroom<br />

blonde (1995) est une œuvre originale de Tom<br />

Wesselmann dans son iconographie typique.<br />

Une sélection pointue de grands maîtres<br />

flamands complète l’offre, dont une importante<br />

aquarelle de Paul Delvaux et une remarquable<br />

gouache expressionniste-surréaliste de Frits<br />

Van den Berghe.<br />

EST. 380.000-500.000 €<br />

Fernando Botero, Still life with bananas, 1981, huile<br />

sur toile, 106,7 x 91,4 cm. © De Vuyst<br />

25-05 Récits de voyage et atlas maritime chez Van de Wiele Auctions<br />

Plusieurs récits de voyage<br />

mémorables seront mis sous le<br />

marteau lors de cette vente. Par<br />

exemple, le récit du voyage de<br />

Jules Dumont d’Urville, explorateur<br />

français parti en 1826 avec<br />

la corvette l’Astrolabe vers le<br />

Pacifique Sud-Ouest. Il a ainsi<br />

cartographié les côtes de la Nouvelle-Guinée,<br />

de la Nouvelle-Zélande<br />

et d’autres îles, y menant<br />

d’importantes recherches ethnographiques,<br />

comme avec les<br />

Maoris, créant un dictionnaire de<br />

traduction, sans négliger sa tâche<br />

de biologiste : aucune plante,<br />

aucun mollusque, aucun insecte<br />

n’échappait à son attention. Il<br />

fut, bien sûr, épaulé par toute<br />

une équipe, dont le dessinateur<br />

Louis Auguste de Sainson, qui<br />

croqua de beaux paysages et<br />

mit en scène les habitants. Ce<br />

carnet de voyage se compose<br />

de 12 volumes de texte et de<br />

cinq grands atlas avec cartes et<br />

planches, magnifiquement reliés<br />

en demi-maroquin rouge. Si<br />

Jules Dumont d’Urville survécut<br />

à ce voyage aventureux à travers<br />

les océans, il périt tout de même<br />

dans un accident de train à l’âge<br />

de 51 ans. Le volume 1 de la<br />

bibliothèque du professeur Jean-<br />

Marie Duvosquel (1946-2023)<br />

est également attendu, avec un<br />

accent particulier sur la période<br />

bourguignonne.<br />

EST. 45.000-50.000 €<br />

Natai, chef Maori in Dumont<br />

d’Urville, Voyage de la Corvette<br />

l’Astrolabe, carnet de voyage composé<br />

de 12 sections de texte et de<br />

cinq grands atlas. © Van de Wiele<br />

Auctions<br />

26-05 Un intérieur de collectionneur chez MJV Soudant<br />

Johan Bretschneider, Un intérieur de collectionneur, n. d., huile<br />

sur toile, 87 x 121 cm. © Soudant<br />

Parmi l’offre annoncée par Soudant dans sa vente cataloguée d’antiquités,<br />

tableaux, mobilier et objets d’art du 26 mai, on annonce une très importante<br />

toile de Johann Bretschneider (1680-1729), intitulée Un intérieur de collectionneur.<br />

Situé au croisement des XVIIe et XVIIIe siècles, ce peintre allemand est<br />

connu pour ses nombreuses représentations d’intérieur, notamment des lieux<br />

savants, caractérisés par de spacieux espaces d’exposition, dans lesquels se<br />

regroupent objets astronomiques, mobilier et toiles. La composition annoncée,<br />

expertisée par le Cabinet Turquin à Paris, peut être rapprochée de celle de<br />

la Gemäldegalerie, possession de l’Etat de Bavière et actuellement exposée<br />

dans la résidence de Bamberg. Ces œuvres démontrent une omniprésence<br />

de tableaux, mis en valeur par un parfait agencement des décors permis par<br />

une parfaite symétrie des sujets. Natures mortes, portraits, scènes de genre et<br />

d’Histoire y sont alors exposés. La présence récurrente de personnages dans les<br />

productions de Bretschneider est notable et contribue à ancrer les décors dans<br />

un certain dynamisme, traduisant la curiosité suscitée chez les spectateurs dans<br />

ces lieux de richesse.<br />

96


collect<br />

49,50 €<br />

pour 9 numéros<br />

ou 20 € en version<br />

digitale<br />

www.collectaaa.be<br />

Grotesteenweg<br />

Anno 1897<br />

Vente classique 28 mai à 14h<br />

Exposition du 23 jusqu’au 26 mai de 10h à 18h<br />

Catalogue en ligne à partir du 14.05 : www.campocampo.be<br />

Grotesteenweg 19 / 21 - B-2600 Anvers-Berchem - Tél +32(0)3 218 47 77 - guy@campocampo.be<br />

Collect 200x132.indd 2 12/04/<strong>2024</strong> 11:21


On vendra<br />

<strong>Belgique</strong><br />

27-05 Art belge chez Bonhams Cornette<br />

EST. 6.000-8.000 €<br />

Léon Spilliaert, Paysage de rivière, 1931, aquarelle sur papier. © Bonhams Cornette<br />

Bonhams Cornette de Saint Cyr<br />

rendra à nouveau hommage aux<br />

artistes belges avec une nouvelle<br />

vente d’Art belge moderne et<br />

contemporain, le 27 mai, proposant<br />

des tableaux signés Emile<br />

Claus, Jo Delahaut, Paul Delvaux,<br />

Jean-Michel Folon et bien sûr<br />

Jane Graverol. Une très belle<br />

sculpture élancée de Jean-Michel<br />

Folon ne manquera pas de<br />

piquer l’intérêt des collectionneurs.<br />

Haut de 268 centimètres,<br />

ce bronze de L’oiseau (1990) est<br />

estimé entre 80.000 et 120.000<br />

euros. On poursuivra avec une<br />

très belle aquarelle de Paul<br />

Delvaux. Intitulée Camping dans<br />

les dunes (1937), elle est annoncée<br />

entre 20.000 et 30.000 euros.<br />

Côté classique, on pointera<br />

aussi deux petites aquarelles sur<br />

papier signées Léon Spilliaert,<br />

dont un Paysage de Rivière (1931),<br />

estimé 6.000 à 8.000 euros, un<br />

magnifique dessin ‘‘pointilliste’’<br />

d’Emile Claus, datant de 1915,<br />

un ‘‘effet de nuit à Londres’’, qui<br />

date de sa période en Angleterre,<br />

durant la Première Guerre mondiale.<br />

Il faut également pointer<br />

quatre superbes émaux sur<br />

plaque de cuivre de Kurt Lewy.<br />

Ces petites œuvres sont des trésors<br />

de raffinement qui brillent<br />

par leur rareté sur le marché de<br />

l’art. L’héroïne du Surréalisme,<br />

Jane Graverol, sera elle aussi<br />

bien représentée, entre autres<br />

par une œuvre intitulée Judith et<br />

Holopherne, montrée en 2002 au<br />

musée des Beaux-Arts d’Anvers<br />

dans une exposition qui faisait<br />

dialoguer son œuvre avec celle<br />

de Rachel Baes (est. 8.000-12.000<br />

euros).<br />

27 & 28-05 Varia chez Horta<br />

Annoncée pour les 27 et 28 mai (une vente de vins fins<br />

est également prévue le 29 mai), la vente cataloguée<br />

d’art et d'antiquités en la salle Horta comportera,<br />

comme c’est souvent le cas, quelques beaux bijoux<br />

dont un important bracelet Art déco, en platine agrémenté<br />

de cinq rubis Birman non chauffés (origine Mogok)<br />

pour +/- 10,38 carats, de diamants taille ancienne<br />

pour +/- 10 carats et de calibrés d’onyx. (est. 44.000-<br />

46.000 euros). On annonce aussi quelque œuvres<br />

d’artistes modernes et contemporains, notamment<br />

Hongyi Zhuang, Gilbert Decock, Victor Servranckx,<br />

Henri Michaux, Bernard Lorjou et Sha Qi ‘‘Sadji’’. Les<br />

maîtres anciens ne seront pas en reste, notamment ce<br />

tryptique anversois du XVIe siècle attribué à Marcellus<br />

Coffermans (1520-1575), estimé entre 8.000 et 12.000<br />

euros. Ancrée dans la tradition brugeoise, la manière<br />

archaïque de cet artiste est inspirée de celle des primitifs<br />

flamands. Il utilisa aussi fréquemment les modèles<br />

classiques d’Albrecht Dürer et Martin Schongauer, tout<br />

en leur restant très fidèle. Parmi les caractéristiques<br />

de son style, on reconnaît son idéal féminin, avec un<br />

visage ovale et des yeux mi-clos ainsi que l’utilisation<br />

de couleurs émail où dominent les tons bleus.<br />

EST. 8.000-12.000 €<br />

Marcellus Coffermans (att.), Ecole anversoise, XVIe siècle, La crucifixion flanquée de La bénédiction<br />

de la Vierge sur le volet gauche et du Noli me Tangere sur le volet droit, 22,5 x 35 cm.<br />

© Horta<br />

98


Week-end de Pentecôte<br />

au Château de Deulin<br />

Brocante de charme<br />

antiquités - décoration -<br />

mobilier de jardin (intérieur et extérieur)<br />

18, 19 et 20 mai <strong>2024</strong><br />

de 10 h à 19 h<br />

Entrée : 5 € (libre pour les moins de 12 ans)<br />

Possibilité de restauration sur place.<br />

70 exposants dans un lieu classé patrimoine exceptionnel<br />

de Wallonie, dont les extérieurs ont été entièrement restaurés en 2016.<br />

www.terborg.com<br />

Pièces Exclusives, Tableaux Indonésiens et Art d’Asie<br />

14 - 15 mai <strong>2024</strong><br />

Exposition:<br />

Vendredi 10 mai 11 à 15 h.<br />

Samedi 11 mai 11 à 15 h.<br />

Lundi 13 mai 11 à 15 h.<br />

Mardi 14 mai 11 à 12 h.<br />

Celso Léon Le Van De (1906-1966)<br />

Collection d’armes anciennes<br />

Chine, marqué Jiaqing<br />

M.C. Escher (1898-1972)<br />

IWC Da Vinci<br />

Reimond Kimpe (1885-1970) le pape Cornelius, 17 ème siècle Jan Daniel Beynon (1830-1877)<br />

Pierre Grognart,1640 Cornelis Springer (1817-1891)<br />

middelburg amsterdam +31(0) 118 - 650 680 info@zeeuwsveilinghuis.nl www.zeeuwsveilinghuis.nl


On vendra<br />

<strong>Belgique</strong><br />

28-05 Un tondo italien chez Campo & Campo<br />

EST. 50.000-70.000 €<br />

Suiveur de Lorenzo di Credi, Italie, Tondo.<br />

© Campo & Campo<br />

EST. 5.000-7.000 €<br />

Rare tunique précolombienne<br />

du début de la<br />

période intermédiaire<br />

900-1000. © Campo &<br />

Campo<br />

La vente d’art classique que<br />

proposera Campo & Campo, le<br />

28 mai, comprendra une belle<br />

collection d’objets d’art et de<br />

peintures anciennes et du XIXe<br />

siècle. Le clou en sera un magnifique<br />

tondo d’un maître italien,<br />

disciple de Lorenzo di Credi,<br />

estimé entre 50.000 et 70.000<br />

euros. Il convient également<br />

de mentionner une œuvre sur<br />

toile de Jacobus Seldenslach,<br />

une grisaille représentant Marie<br />

entourée de guirlandes florales.<br />

Pour le pendant de cette œuvre,<br />

la salle avait obtenu un résultat<br />

record de 21.000 euros, en 2017.<br />

Une rare tunique précolombienne<br />

du début de la période<br />

intermédiaire 900-1000 sera proposée<br />

contre une estimation de<br />

5.000 à 7.000 euros. Les artistes<br />

du XIXe siècle sont également<br />

bien représentés b : la famille<br />

Portielje (Jan, Edward et Gérard)<br />

avec la Lettre (est. 2.000-4.000<br />

euros), Jan Kruseman, Constant<br />

Cap, Henry Leys, Jef Lambeaux<br />

ou Ignace Van Bree. Comme<br />

toujours, cette vente sera complétée<br />

d’une belle collection<br />

de verrerie et d’argenterie, de<br />

tapis orientaux, de bijoux et de<br />

quelques beaux objets Art déco<br />

et Art nouveau, dont une figurine<br />

de Chiparus, Danseur du Gange<br />

(est. 4.000-6.000 euros).<br />

28-05 Beaux bijoux chez Millon <strong>Belgique</strong><br />

EST. 1.500-1.800 €<br />

Broche, or jaune 18 carats, platine, diamants, émeraude. © Millon<br />

EST.<br />

1.500-2.500 €<br />

Montre dissimulée en<br />

forme de coléoptère,<br />

or jaune 18 carats,<br />

émail, diamants, rubis.<br />

© Millon<br />

La vente cataloguée du 28 mai,<br />

organisée par Millon <strong>Belgique</strong>,<br />

sera constituée de quatre parties:<br />

perles fines et de qualité, horlogerie<br />

(collection de montres des<br />

XVIIIe et XIXe siècles), bijoux de<br />

créateurs et joaillerie. Le lot le<br />

plus important en est une perle<br />

fine d’eau de mer, en forme de<br />

goutte, sans traitement, de couleur<br />

gris clair au lustre bon, demi-percée<br />

pour être montée sur<br />

un pendentif des années 1880, en<br />

platine surmonté d’un diamant<br />

de taille old mine d’environ 1,10<br />

carats. La perle provient d’une<br />

famille de la noblesse belge et<br />

date très probablement du XVIIIe<br />

siècle, alors montée en boucle<br />

d’oreille (est. 15.000-30.000<br />

euros). Amusante est cette<br />

montre dissimulée, en or jaune<br />

18 carats, en forme de coléoptère<br />

aux élytres en émail vert intense<br />

transparent sur guilloché et<br />

soulignés de diamants de taille<br />

rose, principalement de Brabant,<br />

quelques touches d’émail noir<br />

sur le pronotum et la tête. Les<br />

élytres s’ouvrent en poussant sur<br />

la queue ce qui laisse apparaître<br />

le cadran de la montre et la<br />

partie supérieure de l’abdomen<br />

qui est gravée à la pointe. Les<br />

yeux sont en rubis naturels (est.<br />

1500-2.500 euros). Signalons<br />

encore cette broche en or jaune<br />

18 carats et platine figurant les<br />

ailes d’un aviateur pavées de<br />

diamants taille rose et d’éclats de<br />

diamants facettés, dans un serti<br />

aux lignes perlées très finement<br />

réalisé. Au centre, une émeraude<br />

naturelle ovale d’un vert intense<br />

présentant de belles inclusions<br />

bi-phasées laisse supposer une<br />

origine sud-américaine (est.<br />

1.500-1.800 euros).<br />

100


du 28 au 30-05<br />

Offre variée chez Carlo Bonte Auctions<br />

EST. 30.000-40.000 €<br />

Willem De Kooning, Sans titre, 1964,<br />

huile sur papier journal, 56 x 37 cm.<br />

© Carlo Bonte<br />

EST. 8.000-12.000 €<br />

George Minne, Baigneuse I, bois, H.<br />

40 cm. © Carlo Bonte<br />

La vente de mai présentera une<br />

intéressante collection d’œuvres<br />

modernes et contemporaines.<br />

Willem De Kooning est représenté<br />

avec une figuration de 1964,<br />

caractéristique de l’artiste. De<br />

Karel Appel, on propose Head,<br />

sculpture en céramique colorée.<br />

Jim Dine fera une apparition avec<br />

Nancy’s car, gouache de 1960.<br />

Les maîtres de Laethem seront<br />

présents avec, entre autres,<br />

Splendide journée d’automne<br />

de Modest Huys, des Valerius<br />

de Saedeleer, Albert Saverys,<br />

Constant Permeke et, enfin, les<br />

dames Anna De Weert et Jenny<br />

Montigny. De la main de George<br />

Minne, une sculpture en bois<br />

intitulée Baigneuse I, ainsi qu’une<br />

version en plâtre de Les saintes<br />

femmes au tombeau. La vente<br />

se poursuivra avec une œuvre<br />

de jeunesse de Floris Jespers,<br />

des dessins de James Ensor et,<br />

enfin, d’Henri Victor Wolvens. Elle<br />

inclura également une intéressante<br />

collection de bronzes de<br />

Jan Desmarets. La salle propose,<br />

étalé sur les années <strong>2024</strong>-2025, le<br />

fond d’atelier de l’artiste brugeois<br />

Pol Spilliaert (1935-1923). Une<br />

première série sera proposée lors<br />

de cette vente. On annonce aussi<br />

des maîtres anciens : Roelant<br />

Savery (att.) avec un paysage<br />

paradisiaque avec animaux, peint<br />

sur cuivre. Du XVIIIe siècle, on<br />

verra un magistral portrait du<br />

prince de Condé Louis Joseph de<br />

Bourbon, attribué à Carle Van Loo<br />

et d’après l’œuvre de J.-M. Nattier<br />

au Louvre. Dans le domaine des<br />

arts appliqués, sera à prendre<br />

une impressionnante commode<br />

à vantaux, inspirée du modèle<br />

original de Stöckel & Benneman<br />

pour Marie-Antoinette, actuellement<br />

au château de Fontainebleau.<br />

Les objets asiatiques<br />

comprennent une assiette dite<br />

‘‘aux neuf pêches’’, une impressionnante<br />

figurine de Guandi de<br />

Famille Rose et une paire de vases<br />

Hu à facettes bleues et blanches,<br />

avec décor floral.<br />

VENTE XXXIII : BELLE VENTE CATALOGUÉE DE PRINTEMPS.<br />

Arts décoratifs allant du moyen-âge au design du XXè. Dimanche 26 mai à 13 heures.<br />

Exposition : du 23 au 25 mai de 10 à 17 heures.<br />

Johann BRETSCHNEIDER (1680-1729)<br />

Un intérieur de collectionneur, 87 x 121 cm.<br />

Expert Cabinet Turquin Paris.<br />

Gino SARFATTI<br />

Grande collection<br />

de design et arts du XXè<br />

Grande sélection<br />

d’antiquités asiatiques.<br />

Expert : Cabinet Ansas-Papillon-Léry.<br />

Retable en bois sculpté et polychromé<br />

Italie XVIème. Ht : 90 cm.<br />

Belle sélection d’antiquités<br />

Haute Epoque.<br />

Expert : Cabinet Fligny.<br />

Salle de vente Gerpinnes : 52 rue de Bertransart | Bureau de Woluwe Saint Pierre : 177 rue au bois | Bureau de Nivelles : 31 rue de Saintes<br />

Tel. +32 71 50 59 95 | +32 495 25 16 20 | info@mjvsoudant.be | www.mjvsoudant.be<br />

101


Auction calendar may—june <strong>2024</strong><br />

Belgium<br />

MAY<br />

3 <strong>Mai</strong>son des Huissiers de<br />

Justice<br />

Vente aux enchères judiciaire<br />

BRUXELLES<br />

4 ABS Veilingen Mechelen<br />

Deurwaarderstukken<br />

MECHELEN<br />

4-5 DVC Antwerpen<br />

Kunst en antiek ANTWERPEN<br />

6 Amberes<br />

Burgerveiling ANTWERPEN<br />

6 Salle de ventes Uccle<br />

Saint-Job<br />

Design ONLINE<br />

8 Flanders Auctions<br />

Kunst, antiek en design<br />

WINGENE<br />

10 <strong>Mai</strong>son des Huissiers de<br />

Justice<br />

Vente aux enchères judiciaire<br />

BRUXELLES<br />

11 ABS Veilingen Mechelen<br />

Deurwaarderstukken<br />

MECHELEN<br />

13 Amberes<br />

Burgerveiling ANTWERPEN<br />

13 Haynault<br />

Arts d'Asie BRUXELLES<br />

13 Haynault<br />

Monnaies et collections<br />

BRUXELLES<br />

13-21 Antenor Auction<br />

The World of René &<br />

Barbara Stoetie ONLINE<br />

14 Haynault<br />

Bijoux et Montres BRUXELLES<br />

14 Berg van Barmhartigheid<br />

Juwelen en numismatiek<br />

BRUSSEL<br />

14-15 Vanderkindere<br />

Art et antiquités BRUXELLES<br />

23 Hôtel des ventes Legros<br />

Art et antiquités VERVIERS<br />

24 <strong>Mai</strong>son des Huissiers de<br />

Justice<br />

Vente aux enchères judiciaire<br />

BRUXELLES<br />

25 Berg van Barmhartigheid<br />

Speciale verkoop BRUSSEL<br />

25 Van de Wiele Veilingen<br />

Boeken, reisverhalen en zeeatlassen<br />

BRUGGE<br />

25 ABS Veilingen Mechelen<br />

Deurwaarderstukken<br />

MECHELEN<br />

26 MJV Soudant<br />

Antiquités, tableaux, mobilier<br />

et objets d'art, art nouveau &<br />

art déco GERPINNES<br />

26 Galerie La Régence<br />

Art et antiquités CHARLEROI<br />

27 Amberes<br />

Burgerveiling ANTWERPEN<br />

27 Bonhams Cornette<br />

de Saint Cyr<br />

Art belge BRUXELLES<br />

27 Ventes Elysée<br />

Vente spéciale: Tableaux et<br />

mobilier GRIVEGNÉE-LIÈGE<br />

27-28 Horta<br />

Art et antiquités BRUXELLES<br />

27-2 Salle de ventes Rops<br />

Art et antiquités ONLINE<br />

28 Campo & Campo<br />

Klassieke kunstveiling<br />

ANTWERPEN<br />

28 Berg van Barmhartigheid<br />

Muziekinstrumenten,<br />

stripverhalen en juwelen<br />

BRUSSEL<br />

28 Ventes Elysée<br />

Art et antiquités ONLINE<br />

28 Millon <strong>Belgique</strong><br />

Joaillerie & Horlogerie<br />

BRUXELLES<br />

10 Haynault<br />

Tableaux, Mobilier et Objets<br />

d'art BRUXELLES<br />

10 Antenor Auction<br />

Luxe II: Jewels, watches and<br />

bags BRUXELLES<br />

10 Amberes<br />

Kunst en antiek ANTWERPEN<br />

11 Berg van Barmhartigheid<br />

Fietsen, meubilair,<br />

verzamelobjecten en juwelen<br />

BRUSSEL<br />

Netherlands<br />

APRIL<br />

29-6 Venduehuis Den Haag<br />

Vendue Next Door I ONLINE<br />

29-7 Venduehuis Den Haag<br />

Vendue Next Door II ONLINE<br />

MAY<br />

1-2 Ald Fryslân<br />

Kunst en antiek ONLINE<br />

1-17 Veilinggebouw De Zwaan<br />

Kunst en antiek ONLINE<br />

3-20 Venduehuis Den Haag<br />

Collectie Caroline van der<br />

Vegt ONLINE<br />

6-7 Van Zadelhoff<br />

Themaveiling Ex Libris<br />

HILVERSUM<br />

6-9 Van Spengen<br />

Kunst en antiek ONLINE<br />

7-8 Burgersdijk & Niermans<br />

Boeken, prenten, tekeningen<br />

etc LEIDEN<br />

8-29 Venduehuis Den Haag<br />

Old Masters, 19th Century &<br />

Early Modern Art II ONLINE<br />

8-30 Venduehuis Den Haag<br />

Old Masters, 19th Century &<br />

Early Modern Art III ONLINE<br />

28 Venduehuis Den Haag<br />

Old Masters, 19th Century &<br />

Early Modern Art DEN HAAG<br />

28 Vendu Rotterdam<br />

Kunst en antiek ROTTERDAM<br />

30 Richard Terborg<br />

Voorjaarsveiling GRONINGEN<br />

JUNE<br />

3 Veilinghuis Bouwman<br />

Speelgoed ONLINE<br />

3-10 Veilinghuis Korendijk<br />

Kunst en antiek ONLINE<br />

4-6 Veilinghuis De Jager<br />

Kunst, antiek, juwelen en<br />

aziatica GOES<br />

10 ADAMS Amsterdam<br />

Auctions<br />

Kunst en antiek AMSTERDAM<br />

11 ADAMS Amsterdam<br />

Auctions<br />

Kunst en antiek ONLINE<br />

Luxembourg<br />

MAY<br />

25 Goldfield Auctions<br />

Online auction ONLINE<br />

15 Morel de Westgraver<br />

Livres ONLINE<br />

17 Phoenix Auctions<br />

Antiquités WAVRE<br />

17 <strong>Mai</strong>son des Huissiers de<br />

Justice<br />

Vente aux enchères judiciaire<br />

BRUXELLES<br />

18 De Vuyst<br />

Hedendaagse, moderne en<br />

oude meesters LOKEREN<br />

18 ABS Veilingen Mechelen<br />

Deurwaarderstukken<br />

MECHELEN<br />

20 Salle de ventes Uccle<br />

Saint-Job<br />

Brocante ONLINE<br />

20-21 Galerie Moderne<br />

Art et antiquités BRUXELLES<br />

21 Amberes<br />

Burgerveiling ANTWERPEN<br />

21 Berg van Barmhartigheid<br />

Juwelen en numismatiek<br />

BRUSSEL<br />

21-22 Jordaens<br />

Kunst en antiek MORTSEL<br />

22 Hôtel des ventes Legros<br />

Vente spéciale: Tableaux et<br />

mobilier VERVIERS<br />

28-30 Carlo Bonte Auctions<br />

Kunst en antiek BRUGGE<br />

29 Horta<br />

Vins fins BRUXELLES<br />

JUNE<br />

1 ABS Veilingen Mechelen<br />

Deurwaarderstukken<br />

MECHELEN<br />

1 <strong>Mai</strong>son des Huissiers de<br />

Justice<br />

Vente aux enchères judiciaire<br />

BRUXELLES<br />

2 Millon <strong>Belgique</strong><br />

Bandes dessinées BRUXELLES<br />

3 Amberes<br />

Burgerveiling ANTWERPEN<br />

4 Berg van Barmhartigheid<br />

Juwelen en numismatiek<br />

BRUSSEL<br />

8 ABS Veilingen Mechelen<br />

Deurwaarderstukken<br />

MECHELEN<br />

8 <strong>Mai</strong>son des Huissiers de<br />

Justice<br />

Vente aux enchères judiciaire<br />

BRUXELLES<br />

9 Antenor Auction<br />

Paintings, furniture and<br />

works of art from Antiquity to<br />

contemporary BRUXELLES<br />

13-18 Heritage Auctions<br />

Europe<br />

Coins, Currency and Medals<br />

IJSSELSTEIN<br />

14 Zeeuws Veilinghuis<br />

Exclusive Items MIDDELBURG<br />

14-17 Bubb Kuyper<br />

Boeken, prenten, tekeningen<br />

en schilderijen HAARLEM<br />

15 Zeeuws Veilinghuis<br />

Aziatica ONLINE<br />

15 Zeeuws Veilinghuis<br />

Indonesian Art ONLINE<br />

15 Veilinghuis De Ruiter<br />

Diamanten en horloges<br />

KLAASWAAL<br />

16 Veilinghuis De Ruiter<br />

Juwelen KLAASWAAL<br />

20 Veilinghuis Bouwman<br />

Speelgoed ONLINE<br />

27 Vendu Rotterdam<br />

Design ROTTERDAM<br />

27-3 Venduehuis Den Haag<br />

Vendue Next Door I ONLINE<br />

27-4 Venduehuis Den Haag<br />

Vendue Next Door II ONLINE<br />

27-5 Venduehuis Den Haag<br />

Vendue Next Door IIImodelbouw<br />

en miniaturen<br />

ONLINE<br />

102


Fair calendar may—june <strong>2024</strong><br />

Belgium<br />

Portugal<br />

The Netherlands<br />

United Kingdom<br />

United states<br />

MAY<br />

MAY<br />

MAY<br />

MAY<br />

MAY<br />

5 Zilvermarkt<br />

Laarne<br />

16-19 Antwerp Art Weekend<br />

Antwerpen<br />

18-20 Brocante Deulin<br />

Deulin<br />

19-20 Marché Céramique<br />

Andenne<br />

Andenne<br />

24-26 ART3F<br />

Kortrijk<br />

France<br />

MAY<br />

23-26 ARCO Lisboa<br />

Lisboa<br />

Scotland<br />

JUNE<br />

7-23 Glasgow Contemporary<br />

Art Fair<br />

Glasgow<br />

Switzerland<br />

JUNE<br />

10-16 VOLTA Basel<br />

Basel<br />

9 Art on Paper<br />

Amsterdam<br />

17-20 Pinkstereditie: Kunst en<br />

Antiek Weekend<br />

Zeist<br />

24-26 Huntenkunst<br />

Ulft<br />

29-2/6 Amsterdam Art Week<br />

Amsterdam<br />

JUNE<br />

7-9 Het Juweel<br />

Driebergen<br />

7-12 The Decorative Fair<br />

Spring<br />

London<br />

9-14 The Decorative Antiques<br />

& Textiles Fair<br />

London<br />

16-19 Photo London<br />

London<br />

16-19 London’s Rare Book Fair<br />

London<br />

16-19 Firsts London <strong>2024</strong><br />

London<br />

1-5 Frieze New York<br />

New York<br />

2-5 NADA New York<br />

New York<br />

2-12 AKAA<br />

Los Angeles<br />

9-12 Independent New York<br />

New York<br />

9-14 TEFAF New York<br />

New York<br />

9-12 Focus Art Fair New York<br />

London<br />

31-2/6 BAD+ Art Fair<br />

Bordeaux<br />

10-16 Photo Basel<br />

Basel<br />

JUNE<br />

6-13 Printemps Asiatique<br />

Paris<br />

Paris<br />

10-23 Liste Art Basel<br />

Basel<br />

collect<br />

20 €<br />

pour 9 numéros<br />

sur tablette<br />

Un an de plaisir<br />

de lecture !<br />

www.collectaaa.be<br />

103


Chambre Royale Belgo-<br />

Luxembourgeoise des salles de ventes<br />

aux enchères, commissaires-priseurs, courtiers et experts mobiliers<br />

asbl fondée en 1936<br />

Avenue Louise 500,<br />

1000 Bruxelles<br />

Tél. 0475-62 71 85<br />

Fax 02-741 60 70<br />

www.auctions-in-belgium.be info@auctions-in-belgium.be<br />

Extrait de la liste des membres (Liste complète disponible au sécretariat ci-dessus)<br />

ANVERS<br />

Amberes sprl<br />

(Dir. Rik Dupain - Marc<br />

Royer)<br />

Terninckstraat 6-8-10, 2000<br />

Antwerpen<br />

T.03/226.99.69 -<br />

F.03/227.03.89<br />

www.amberes.be.<br />

Ventes aux enchères d’œuvres<br />

d’art cataloguées, estimations<br />

pour successions<br />

et assurances. Catalogues<br />

illustrés. Ventes bourgeoises<br />

hebdomadaires. Plus de 35<br />

000 lots attribués par an.<br />

Bernaerts<br />

(Dir. Ch. & P. Bernaerts)<br />

Verlatstraat 16-22, Antwerpen<br />

T.03/248.19.21<br />

info@bernaerts.be<br />

www.bernaerts.be<br />

Live & online.<br />

Maîtres anciens, romantiques<br />

et modernes.<br />

Antiquités, arts appliqués,<br />

design, œuvres sur papier.<br />

Expertises pour succession et<br />

assurance.<br />

Campo & Campo<br />

(Dir. Guy Campo)<br />

Grote Steenweg 19-21 - 2600<br />

Berchem<br />

T.03/218.47.77<br />

F.03/218.53.63<br />

guy@campocampo.be<br />

www.campocampo.be - 5<br />

Ventes aux enchères cataloguées<br />

d’art et d’antiquités,<br />

de peintures, d’estampes, de<br />

sculptures, de meubles, de<br />

porcelaine, d’argenterie, de<br />

tapis, de vins, etc.<br />

DVC<br />

(Dir. D. Van Cappel)<br />

Ellermanstraat 36-38 - 2060<br />

Antwerpen<br />

T.03/232.36.64<br />

F.03/234.22.14<br />

Ventes aux enchères d’art<br />

et d’antiquités cataloguées,<br />

estimations et évaluations<br />

pour successions et assurances.<br />

dvc@dvc.be<br />

www.dvc.be<br />

Jordaens SA<br />

Drabstraat 74 - 2640 Mortsel<br />

T.03/449.44.30<br />

info@jordaens.eu<br />

www.jordaens.eu<br />

Ventes publiques d’œuvres<br />

d’art, d’antiquités, de bijoux,<br />

de vins, de collections et<br />

mobilier. Évaluations pour<br />

succession et assurance.<br />

BRABANT-WALLON<br />

Salle de Ventes du<br />

Beguinage s.p.r.l.<br />

(Olivier Bolens - David Libotte)<br />

Avenue Vésale 11, 1300 Wavre<br />

T.02/218.17.42<br />

F.02/218.86.50<br />

www.salledeventesdubeguinage.be<br />

info@svbeguinage.com<br />

Online via Drouot digital<br />

BRUXELLES<br />

Arenberg Auctions<br />

(Dir. Henri Godts)<br />

Rue aux Laines 19 bte 2 -<br />

1000 Bruxelles<br />

T. 02-5441055<br />

info@arenbergauctions.com<br />

www.arenbergauctions.com<br />

Vente aux enchères d’atlas,<br />

de livres, d’estampes et de<br />

dessins rares. Également<br />

bibliothèques entières,<br />

archives et manuscrits rares.<br />

Ventes Haynault<br />

(Dir. Rodolphe de<br />

Maleingreau d’Hembise)<br />

Rue de Stalle 9 - 1180 Uccle<br />

T.02/842.42.43<br />

www.haynault.be<br />

info@haynault.be<br />

Neuf ventes aux enchères<br />

spécialisées par an : bijoux,<br />

orfèvrerie, pièces de monnaie,<br />

collections et souvenirs<br />

historiques, peintures,<br />

œuvres d’art d’Europe et<br />

d’Asie.<br />

Lempertz 1798<br />

(Dir. Emily Jolly)<br />

Rue du Grand Cerf 6, 1000<br />

Bruxelles<br />

T. 02 514 05 86<br />

brussel@lempertz.com<br />

jolly@lempertz.com<br />

www.lempertz.com<br />

Estimations et évaluations du<br />

lundi au vendredi de 9h à 13h<br />

et de 14h à 17h.<br />

Hôtel de Ventes Horta<br />

(Dir. Dominique de Villegas)<br />

70/74 Avenue de<br />

Roodebeek, 1030 Schaerbeek<br />

T.02/741.60.60<br />

F.02/741.60.70<br />

www.horta.be<br />

info@horta.be<br />

Ventes mensuelles cataloguées<br />

d’antiquitées, oeuvres<br />

d’art, bijoux et vins.<br />

BA Auctions<br />

(Dir. Ph Serck)<br />

Rue Ernest Allardstraat 7-9 /<br />

Sablon, 1000 Bruxelles<br />

T.02/511.53.24<br />

F. 02/503.62.10<br />

www.ba-auctions.com<br />

info@ba-auctions.com<br />

Vente d’art et antiquités.<br />

Spécialiste en art belge classique<br />

et moderne.<br />

Galerie Moderne<br />

(Dir. David & Jérôme Devadder)<br />

Rue du Parnasse 3, 1050<br />

Ixelles<br />

T.02/511.54.15 - F.02/511.99.40<br />

www.galeriemoderne.be -<br />

info@galeriemoderne.be<br />

11 Ventes mensuelles cataloguées.<br />

FLANDRE ORIENTALE<br />

Coronari<br />

(Dir. Tim De Doncker)<br />

Steenweg 144/A, 9810<br />

Nazareth<br />

T. 09/3123240<br />

info@coronariauctions.com<br />

www.coronariauctions.com<br />

Coronari Auctions organise<br />

quatre ventes aux enchères<br />

internationales d’art et d’antiquités<br />

par an. Spécialisée<br />

dans l’art européen, asiatique<br />

et islamique, avec un accent<br />

particulier sur la porcelaine<br />

chinoise, les maîtres anciens<br />

et les peintures des XIXe<br />

et XXe siècles. Audience<br />

internationale. Expertise<br />

scientifique. Estimations,<br />

recherches, conseils.<br />

DVC<br />

(Dir. D. Van Cappel)<br />

Zandlopersstraat 10 - 9030<br />

Mariakerke<br />

T.09/224.14.40<br />

F.09/225.04.14<br />

dvc@dvc.be<br />

www.dvc.be<br />

Ventes aux enchères d’œuvres<br />

d’art et d’antiquités<br />

cataloguées. Successions et<br />

évaluations pour successions<br />

et assurances.<br />

Galerie et Salle de Ventes<br />

Pictura sprl<br />

Brusselsesteenweg 656<br />

9050 Gentbrugge<br />

T.0475/74.49.25<br />

henk.vervondel@telenet.be<br />

www.pictura.be<br />

Loeckx Auctioneers<br />

(Dir. Cécile La Pipe,<br />

Peter en Natan Loeckx)<br />

Ingelandgat 4, 9000 Gand<br />

T.09/223.37.93<br />

F.09/233.76.71<br />

www.loeckx.be<br />

info@loeckx.be<br />

International art & antiques<br />

auctions. Expertises.<br />

De Vuyst<br />

(Dir. Guy De Vuyst &<br />

Pascale Philips)<br />

Kerkstraat 22-54, 9160<br />

Lokeren<br />

T.09/348.54.40<br />

F.09/348.92.18<br />

www.de-vuyst.com<br />

info@de-vuyst.com<br />

Vente aux enchères et<br />

expositions internationales,<br />

du XVIIe siècle à l’art contemporain.<br />

Successions et<br />

évaluations de successions<br />

et assurances.<br />

FLANDRE OCCIDENTALE<br />

Carlo Bonte Auctions<br />

Kardinaal Mercierstraat 20,<br />

8000 Brugge<br />

www.carlobonte.be<br />

info@carlobonte.be<br />

T. 050 33 23 55<br />

Ventes aux enchères internationales<br />

en ligne, art et<br />

antiquités, art asiatique,<br />

art occidental, antiquités,<br />

design. Conseils de ventes -<br />

expertises - estimations.<br />

Van de Wiele Auctions<br />

Groeninge 34, 8000 Bruges<br />

T.050 49 07 69<br />

auctions.vandewiele@proximus.be<br />

www.vdw-auctions.com<br />

Imprimés et manuscrits<br />

rares, cartes anciennes,<br />

atlas, gravures et peintures.<br />

Estimations pour assurances<br />

et successions.<br />

HAINAUT<br />

Monsantic<br />

(Dir: Daniel Otten)<br />

Rue Grande 193b, 7020 Mons<br />

T.065/73.94.00<br />

F.065/73.94.09<br />

otten@monsantic.com<br />

www.monsantic.com<br />

Ventes publiques cataloguées.<br />

Expertises le<br />

mercredi, le samedi ou sur<br />

rendez vous - déplacement<br />

gratuit à domicile.<br />

LIEGE<br />

Hôtel des Ventes Elysée<br />

(Dir. José & Ch. Fairon)<br />

Boulevard Cuivre et Zinc 28,<br />

4000 Liège<br />

T.04/221.09.09<br />

F. 04/221.15.05<br />

www.ventes-elysee.be<br />

info@ventes-elysee.be<br />

Ventes publiques mensuelles<br />

d’antiquités et objets<br />

d’art, Vintage, Maroquinerie,<br />

Bijoux. Expertises et accueil<br />

du lundi au vendredi. Fermé<br />

le mercredi.<br />

Légia Auction<br />

Rue de Cras-Avernas 12,<br />

4280 Hannut<br />

Tél. : 019/63.55.59<br />

0495/87.99.01 (Bruno de<br />

Wasseige) 0475/27.73.87<br />

(Vincent de Lange)<br />

www.legia-auction.com<br />

contact@legia-auction.com<br />

Ventes publiques d’Arts et<br />

d’Antiquités, tapis, mobiliers,<br />

bijoux, tableaux, Art d’Asie,…<br />

Expertises gratuites sur rendez-vous.<br />

Librairie Lhomme<br />

(Dir. David Lhomme)<br />

Rue des Carmes 9, 4000<br />

Liège<br />

T.04/223.24.63<br />

F.04/222.24.19<br />

www.michel-lhomme.com<br />

librairie@michel-lhomme.<br />

com<br />

Livres anciens et modernes<br />

de qualité, gravures, tableaux,<br />

curiosités.<br />

Hôtel des Ventes Legros<br />

(Dir. Benoît Legros)<br />

Rue Peltzer de Clermont 41,<br />

4800 Verviers<br />

T. 087/33.01.00<br />

www.venteslegros.com<br />

benoit.legros@euronet.be.<br />

Ventes régulières d’antiquités<br />

et objets d’art.<br />

Hôtel des Ventes Mosan<br />

(Dir. Maxence Nagant de<br />

Deuxchaisnes)<br />

Rue du Nord belge 9, 4020<br />

Liège<br />

T.04/344.91.70 - F.04/341.39.19<br />

www.hvm.be<br />

Expertises gratuites tous les<br />

vendredi de 9h à 12h30 et de<br />

14h à 18h<br />

NAMUR<br />

Salle de Ventes Rops<br />

(Dir. Paul & Benoît de<br />

Sauvage)<br />

Avenue d’Ecolys 2, 5020<br />

Namur<br />

T.081/74.99.88<br />

F.081/74.99.86<br />

www.rops.be<br />

www.rops-online.be<br />

Ventes publiques mensuelles<br />

d’antiquités et ventes bourgeoises.<br />

Expertises gratuites<br />

à domicile sur rendez-vous<br />

ou à la salle tous les jours<br />

de 9h à 12h, sauf les lundis<br />

et jeudis.<br />

104


Bonnes<br />

adresses<br />

Petites annonces<br />

Assurance<br />

INVICTA ART INSURANCE<br />

L’assurance au service de l’art<br />

Eeckman Jean-Pierre &<br />

Eeckman Isabelle<br />

67-69 Bd. Reyerslaan<br />

1030 Bruxelles<br />

Tel : 02/735 55 92<br />

info@invicta-insurance.be<br />

Musées. Collections privées.<br />

Expositions. Fondations particuliers/<br />

professionnels. Séjours - Transports<br />

www.invicta-insurance.be<br />

Art Handling<br />

ART ON THE MOVE<br />

Rue Henri-Joseph Genesse 1,<br />

1070 Bruxelles<br />

Tél. : 02 333 2411,<br />

georges.merz@art-onthemove.be &<br />

stephane.merz@art-onthemove.be<br />

Un service spécialisé et complet :<br />

avant, pendant et après le transport.<br />

Décrochage/accrochage, protection<br />

& emballage,entreposage sécurisé,<br />

assurance, transport/expédition<br />

nationale et internationale, formalités<br />

douanières, etc….<br />

www.art-onthemove.be<br />

Musée<br />

MUSÉE DE L’EROTISME ET<br />

DE LA MYTHOLOGIE<br />

Musée de l’Erotisme et de la<br />

Mythologie . Le musée, situé dans<br />

une maison ancienne du Sablon,<br />

offre un aperçu historique de l’art<br />

érotique de l’antiquité à nos jours.<br />

Cette collection privée, parmi les<br />

plus belles d’Europe, présente des<br />

pièces rares et uniques : ivoires,<br />

peintures, sculptures, antiquités greco-romaines,<br />

estampes japonaises,<br />

œuvres d’artistes belges et autres<br />

curiosités. Rue Sainte-Anne, 32<br />

Bruxelles T : +32(0) 2/514.03.53<br />

E-<strong>Mai</strong>l : info@m-e-m.be<br />

www.m-e-m.be<br />

Restauration<br />

ATELIER DE RESTAURATION<br />

TEMPERA<br />

Tempera sprl, Alost - Aäron<br />

Uytterhaegen. Restauration d’oeuvres<br />

d’art - toiles - panneaux - statues<br />

polychromes. Devis & expertise (sans<br />

engagement):<br />

tempera@telenet.be<br />

0494 47 60 32<br />

www.temperarestauratie.be<br />

Offre<br />

Services avec titre !<br />

Nous sommes une équipe à la<br />

généalogie irréprochable, à votre<br />

disposition pour vous offrir divers<br />

services : nettoyage et mise en ordre<br />

de votre argenterie, organisation de<br />

vos plans de table, époussetage de<br />

vos objets précieux, conseil en achat<br />

d’oeuvres d’art, accompagnement<br />

distingué lors de vos sorties culturelles<br />

(théâtre, opéra, exposition, ...).<br />

Soit tout ce que votre personnel de<br />

maison ne peut ou ne veut pas faire.<br />

<strong>Mai</strong>l : servicesavectitre@hotmail.com<br />

Recherche<br />

Collectionneur de bouteilles<br />

recherche des bouteilles de vin en<br />

verre des XVIIe et XIXe siècles, de<br />

préférence avec une estampille /<br />

sceau dans le verre.<br />

Willy Van den Bossche, wvdbossche@<br />

telenet.be ou T. +32/(0)473/37.24.94<br />

www.facebook.com/profile.<br />

php?id=100080201273036<br />

Recherche : En collaboration avec<br />

Richard Overstreet, ayant-droit de<br />

Leonor Fini et co-auteur du Catalogue<br />

Raisonné des peintures à l’huile de<br />

l’artiste, paru en 2021, nous recherchons<br />

activement les tableaux qui<br />

n’auraient pas été repris dans la première<br />

version de cet ouvrage pour<br />

une actualisation de celui-ci. Nous<br />

sommes également à la recherche<br />

de toute oeuvre originale (dessin ou<br />

aquarelle) ayant été réalisée entre 1940<br />

et 1955, car plusieurs des séries réalisées<br />

à cette époque figureront également<br />

dans le Supplément actuellement<br />

en cours de rédaction. Les<br />

propriétaires de ces oeuvres peuvent<br />

prendre contact avec nous à l’adresse<br />

e-mail : cedric.crlf@gmail.com<br />

Collectionneur cherche à acquérir<br />

des dessins ou peintures des XVIIe<br />

et XVIIIe siècle : marines, batailles,<br />

fleurs et natures mortes. Jean Pierre<br />

Moerman, Tél. : 0472/30 81 06<br />

VOTRE PUBLICITÉ ICI !<br />

Votre publicité paraîtra pendant un an<br />

(9 numéros) pour 340 €. Une insertion<br />

mensuelle coûte 45 € (prix htva).<br />

Infos : Joris van Glabbeek<br />

09/216 20 24 ou collect.net@ips.be<br />

105


I Vasi di<br />

MICHELE DE LUCCHI<br />

&<br />

Les Cabanes de<br />

DAVID MANSOT<br />

SPAZIO MINIMI<br />

16 May - 30 June <strong>2024</strong><br />

31, RUE DES MINIMES, BRUXELLES<br />

MINIEMENSTRAAT 31, BRUSSEL<br />

Thu, Fri & Sat from 11 - 18h<br />

QUATTRO-BENELUX.COM


© Studio Louis Delbaere

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!