CB-Carta Magna (fr) - Casa Balthasar

Association Lubac-Balthasar-Speyr 4
pu acquérir comme connaissances intellectuelles et culturelles. Le régime alimentaire de la
maison est sobre mais de qualité. Chacun veille à ce que la simplicité de sa chambre s'allie au
bon goût et autant que possible à la beauté.
16. Celui qui est appelé à la virginité “à cause du Royaume des cieux” (Mt 19,12) est inséré
dans la relation intime du Christ et de l'Église (cf. Ep 5,25ss) et reçoit par là “une plus grande
fécondité” (CIC, can. 599) qui n'est pas purement spirituelle mais, comme la pauvreté et
l'obéissance, participe du mystère de l'Incarnation et de la fécondité eucharistique du Corps
de Jésus. Mettant notre confiance dans la grâce divine plus que dans nos propres forces, nous
essayons de comprendre et de vivre toujours plus profondément cette appartenance réciproque
du Seigneur et du corps (cf. 1 Co 6,13s). Nous profitons du séjour dans la maison pour nous
ouvrir à notre “don” propre, ce qui implique éventuellement un effort pour nous dépouiller
d'habitudes antérieures. Dans nos rapports avec les femmes, nous tâchons d'imiter le naturel
et la noblesse dont témoigne le comportement de Jésus dans l'Évangile; dans nos rapports,
eux aussi simples et objectifs, avec nos compagnons, nous nous abstenons de démonstrations
physiques de familiarité et d'affection (regula tactus), à part bien sûr dans les salutations de
bienvenue et d'adieu. Nous assumons sans nous plaindre la solitude liée à notre condition,
et nous ne cherchons pas de compensations, à l'intérieur ou l'extérieur de la maison, dans
des relations d'amitié qui seraient plus ou moins teintées de sensualité ou même seulement
purement mondaines.
17. En cherchant à ne rien retenir pour soi mais à tout donner sans réserve - ses biens
(pauvreté), son corps (célibat) - au service de Dieu et des hommes, celui qui est appelé à
suivre Jésus et à partager son genre de vie (cf. Mt 8,20-22) s'exerce progressivement au
sacrifice plus grand qui en constitue le centre: l'offrande de la volonté et de l'esprit propres (cf.
Jn 21,18). L'obéissance joue ici un rôle primordial, parce qu'elle est l'attitude fondamentale
qui inspire les deux autres conseils évangéliques. Chez le Fils, elle se manifeste dans une
pauvreté concrète qui trouve à son tour dans la virginité sa forme tout à fait corporelle. Tout en
respectant la croissance et l'itinéraire personnels d'un chacun, nous nous aidons mutuellement
à apprendre, à la suite du Christ (cf. He 5,8-9) et dans l'esprit du fiat marial (cf. Lc 1,38),
cette obéissance inconditionnelle au Père. Nous nous proposons par là d'imiter les disciples
auxquels le Seigneur donnait, lorsqu'il les envoyait en mission, des prescriptions concrètes,
parfois très minutieuses (cf. Mc 6,7-13), et demandait compte à leur retour (cf. 6,30). Comme
Marie de Magdala (cf. Jn 20,17-18), nous sommes prêts, quand l'occasion s'en présente, à
observer des directives particulières, même difficiles. Nous trouvons notre joie à respecter
l'ordre du jour qui nous est fixé, ayant toujours à l'esprit, à l'instar de Marie de Béthanie,
“l'unique nécessaire” (Lc 10,42). Dans ceux qui nous commandent selon leur office - le recteur
de la maison ou tel collaborateur, un compagnon chargé d'une fonction, le cuisinier… -, nous
acceptons de voir des représentants de Dieu (cf. Lc 10,16). Et s'il nous est confié à nousmêmes
une tâche d'autorité, nous nous souvenons de l'avertissement du Seigneur: “si quelqu'un
veut être le premier parmi vous, qu'il soit votre esclave” (Mt 20,27), toujours désireux de nous
laisser corriger avec amour par nos frères, même très jeunes (cf. Mt 18,15; Lc 9,46-48).
18. A celui qui entreprend et vit avec esprit de sérieux ses études, ne manquent pas les
occasions de faire pénitence pour ses propres péchés et aux intentions de l'Église dans le
monde. Plus encore que les exercices de mortification dont on prend soi-même l'initiative,