Propriété par étages : derrière la façade - Credit Suisse eMagazine
Propriété par étages : derrière la façade - Credit Suisse eMagazine
Propriété par étages : derrière la façade - Credit Suisse eMagazine
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Visualisation : www.artpixar.ch, projet à Sissach : allreal Generalunternehmung, Bâle<br />
Propriétaire,<br />
jusqu’à quel point ?<br />
<strong>Propriété</strong> <strong>par</strong> <strong>étages</strong> Principes de base<br />
Abattre une cloison, peindre les murs en orange, installer une baignoire grand format<br />
ou transformer le balcon en jardin d’hiver : <strong>la</strong> copropriété et les libertés qu’elle offre<br />
font rêver bien des locataires. Mythe ou réalité ?<br />
Texte : Olivia Schiffmann<br />
Plus spacieux que les ap<strong>par</strong>tements locatifs, plus abordables<br />
que les maisons individuelles, les ap<strong>par</strong>tements en copropriété<br />
remportent un franc succès car ils sont en phase avec les besoins<br />
de mobilité qui sont les nôtres aujourd’hui. De fait, <strong>la</strong> durée d’occupation<br />
de ces ap<strong>par</strong>tements est en moyenne de huit ans (voir<br />
article page 34). Mais qu’est-ce au juste qu’un ap<strong>par</strong>tement en<br />
copropriété ? Le terme est si banal que <strong>la</strong> plu<strong>par</strong>t des gens croient<br />
savoir de quoi il retourne. Ainsi, le futur acquéreur s’attend à<br />
devenir propriétaire d’un ap<strong>par</strong>tement. Et ne s’aperçoit <strong>par</strong>fois qu’à<br />
<strong>la</strong> lecture du contrat qu’en réalité, l’achat porte sur tout autre<br />
chose. Qu’en est-il vraiment ?<br />
En droit suisse, <strong>la</strong> propriété d’un bâtiment est <strong>par</strong> principe liée<br />
à <strong>la</strong> possession d’un terrain. Les deux notions sont indissociables.<br />
Mais une exception existe : le droit de superficie, qui confère à<br />
quelqu’un le droit de construire sur un terrain ap<strong>par</strong>tenant à<br />
autrui.<br />
La copropriété est l’acquisition de <strong>par</strong>ts dans un immeuble,<br />
terrain compris, <strong>la</strong> « propriété <strong>par</strong> <strong>étages</strong> ». L’acheteur acquiert<br />
une <strong>par</strong>tie du bâtiment et du terrain et devient copropriétaire.<br />
Mais comme il souhaite vivre dans son propre ap<strong>par</strong>tement et non<br />
<strong>par</strong>tager un logement avec d’autres occupants, certains espaces<br />
doivent être exclus de <strong>la</strong> copropriété. Ce<strong>la</strong> s’opère automatiquement<br />
via le droit exclusif, le nouveau propriétaire se trouvant alors<br />
dans une position semb<strong>la</strong>ble à celle d’un propriétaire individuel. Le<br />
droit exclusif est intimement lié à <strong>la</strong> propriété <strong>par</strong> <strong>étages</strong>, dont il<br />
constitue même un attribut. Il donne au copropriétaire le pouvoir<br />
d’utiliser, d’administrer et d’aménager intérieurement ses locaux.<br />
Le droit exclusif ne porte toutefois que sur les espaces fermés et<br />
dotés d’un accès individuel.<br />
En pratique, le champ d’application est <strong>par</strong>fois flou. Face à <strong>la</strong><br />
question « Mon balcon m’ap<strong>par</strong>tient-il ? », <strong>par</strong> exemple, même le<br />
Tribunal fédéral n’apporte pas de réponse définitive. En général, un<br />
balcon influe sur l’aspect extérieur de l’immeuble et à ce titre ne<br />
constitue pas un espace fermé. Il ne peut donc pas être couvert<br />
<strong>par</strong> le droit exclusif. Cependant, pourquoi l’intérieur du balcon ne<br />
serait-il pas soumis au droit exclusif ? D’autant que le balcon n’est<br />
souvent accessible que <strong>par</strong> l’ap<strong>par</strong>tement auquel il est rattaché, et<br />
que le copropriétaire concerné est seul à en avoir <strong>la</strong> jouissance.<br />
Non seulement le copropriétaire ne dispose que de droits limités,<br />
mais il doit aussi se plier à certaines contraintes, car tout ce qui a<br />
trait aux <strong>par</strong>ties communes relève de <strong>la</strong> copropriété. Il existe ainsi<br />
un règlement à respecter. A cet égard, le copropriétaire s’ap<strong>par</strong>ente<br />
d’ailleurs davantage à un locataire qu’à un propriétaire.<br />
Le règlement décrit les droits exclusifs, définit les droits d’utilisation<br />
individuels, énumère les activités interdites en raison du<br />
bruit ou des autres nuisances qu’elles engendrent et présente<br />
<strong>la</strong> ré<strong>par</strong>tition des frais de copropriété, le cahier des charges de<br />
l’administrateur de même que les dispositions régissant l’assemblée<br />
des copropriétaires.<br />
Autant de considérations rappe<strong>la</strong>nt au copropriétaire qu’il n’est<br />
ni de droit ni de fait propriétaire individuel d’un bien immobilier :<br />
le sol aussi bien que toutes les <strong>par</strong>ties du bâtiment (y compris ><br />
Qu’est-ce qui est interdit ?<br />
Restreindre l’exercice des droits des autres copropriétaires.<br />
Cette règle repose sur l’impératif<br />
catégorique du philosophe Emmanuel Kant, qui<br />
considérait qu’un comportement était correct<br />
dans <strong>la</strong> mesure où il pouvait sans problème être<br />
reproduit <strong>par</strong> d’autres individus. Il est ainsi interdit<br />
d’exploiter un night-club dans un immeuble résidentiel.<br />
Endommager les <strong>par</strong>ties communes. Un<br />
copropriétaire ne peut pas abattre un mur porteur<br />
sous prétexte d’aménager différemment ses<br />
<strong>par</strong>ties privatives. Entraver l’utilisation des <strong>par</strong>ties<br />
communes. Ce point concerne <strong>par</strong> exemple le local<br />
à vélos, <strong>la</strong> buanderie et le hall d’entrée. Modifi er<br />
l’aspect extérieur de l’immeuble. Les aménagements<br />
qui affectent l’aspect extérieur de l’immeuble<br />
doivent être approuvés <strong>par</strong> <strong>la</strong> communauté.<br />
Il est notamment interdit d’ajouter un balcon, de<br />
transformer une véranda en jardin d’hiver ou de<br />
surélever des murs extérieurs. Le règlement défi nit<br />
dans quelles conditions de tels travaux peuvent<br />
être autorisés.<br />
<strong>Credit</strong> <strong>Suisse</strong> Bulletin spécial <strong>Propriété</strong> <strong>par</strong> <strong>étages</strong><br />
15