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13 CULTURE & SOCIÉTÉ<br />
Jeudi 19 janvier 2006 L’Impartial<br />
Un air de conteur de notes<br />
MUSIQUE C<strong>LA</strong>SSIQUE Gilles Landini propose un cours d’histoire de la musique pour tous<br />
au Conservatoire de Neu<strong>ch</strong>âtel. Il plaide pour un partagesensueldesœuvresdesplusgrands<br />
Par<br />
Alexandre Caldara<br />
Le pianiste Gilles Landini<br />
anime depuis<br />
douze ans un cours<br />
d’histoire de la musique, destiné<br />
à tous, au Conservatoire<br />
de Neu<strong>ch</strong>âtel. De 1996 à<br />
2001, il a même tenu une<br />
<strong>ch</strong>ronique hebdomadaire de<br />
vulgarisation de la musique<br />
dans «Zig Zag Café», sur la<br />
TSR. Un poste idéal pour celui<br />
qui ne craint pas les formules<br />
rapides: «La musique,<br />
c’est la vie.» Mais pour mieux<br />
ensuite argumenter avec des<br />
histoires complexes narrées<br />
comme des voyages. Il commence<br />
par «L’Ode à la joie»,<br />
de Beethoven, qui ne s’appelle<br />
ainsi que pour contrecarrer<br />
la censure, «le titre du<br />
poèmedeS<strong>ch</strong>illerétait«L’Odeàla<br />
liberté»». Il poursuit sur Chopin<br />
qui, derrière ses titres banals,<br />
déclarait: «pas de musique<br />
sans arrière-pensée.» Il part à<br />
Prague, «la seule ville qui a vraiment<br />
aimé Mozart: les gens sifflaientsesœuvresdanslaruede<br />
son vivant.»<br />
«Comme de bons amis»<br />
Le concertiste pense qu’il<br />
faut désacraliser le rapport à la<br />
musique classique: «Je viens<br />
d’un milieu ouvrier, mes parents<br />
n’étaient pas musiciens. Alors,<br />
lorsqu’àl’écoleprimairejedisais<br />
quejevoulaisfaire de la musique<br />
professionnellement, personne ne<br />
me comprenait.» Aujourd’hui, la<br />
situation n’a guère <strong>ch</strong>angé: «Il<br />
ne faut pas se leurrer. Peu de gens<br />
écoutent de la musique classique.<br />
On dit que 10% de la population<br />
écoutent autre <strong>ch</strong>ose que les musiques<br />
dites actuelles.»<br />
ÀVOIRDANS UN BUS,<br />
RUE DU COQ-D’IN<strong>DE</strong><br />
Le blues du<br />
p’tit loup<br />
e Luigi» raconte<br />
la rencontre<br />
«Lupo<br />
inattendue entre<br />
un petit garçon et un petit<br />
loup. A l’enseigne des spectacles<br />
jeune public du Centre<br />
culturel neu<strong>ch</strong>âtelois, la<br />
troupe française du Théâtre<br />
du Risorius installera son bussalle<br />
de spectacle à la rue du<br />
Coq-d’Inde, à Neu<strong>ch</strong>âtel, ce<br />
week-end. Des marionnettes,<br />
du blues et des films d’animations<br />
pour narrer les heurs et<br />
malheurs d’un petit loup qui<br />
rêve de rencontrer d’autres<br />
animaux et part seul découvrir<br />
le monde.<br />
Avec ce spectacle, il s’agit<br />
d’aborder l’univers des loups,<br />
de la forêt, mais aussi les questions<br />
de l’image et de l’identité,<br />
ou comment appréhender ce<br />
que l’on est face au monde qui<br />
nous entoure. Cela se décline<br />
dèslorsdansdesréflexionssur<br />
la solitude ou la peur de l’autre.<br />
A savourer dès 3 ans.<br />
/comm-réd<br />
Neu<strong>ch</strong>âtel, rue du Coqd’Inde,<br />
samedi 21 et diman<strong>ch</strong>e<br />
22 janvier à 11h, 14h, 15h et<br />
16h; réservations au tél. 032<br />
725 05 05<br />
Gilles Landini, ici avec une partition de Rafaele d’Alessandro, qui vécut un temps à Saint-Aubin. PHOTO LEUENBERGER<br />
Pour le pianiste, le monde<br />
de la musique classique doit se<br />
réformer: «L’habit, le cérémonial<br />
froid et le manque de communication<br />
de certains interprètes ne contribuentpasàallerdanslebon<br />
sens. Le musicien doit sortir de sa<br />
tour d’ivoire, il est le dépositaire<br />
d’un des messages les plus complexes<br />
que l’Occident ait porté. Il<br />
faut redonnerau public cette musiquecomposéepourlui.Beethoven<br />
n’écrivait pas pour un petit cercle<br />
privé.»<br />
Les cours de Gilles Landini<br />
ne comprennent pas que de la<br />
théorie, il juge l’écoute des<br />
œuvres primordiale et de-<br />
Le palmarès des Prix du<br />
cinéma suisse a souri aux<br />
Romands, notamment à<br />
Fernand Melgar, honoré pour<br />
son documentaire «Exit».<br />
Parmi les gagnants figurent<br />
Carlos Leal et Marthe Keller.<br />
Une comédie alémanique à<br />
succès remporte le prix de la<br />
fiction.<br />
Il s’agit de «Mein Name ist<br />
Eugen», de Mi<strong>ch</strong>ael Steiner,<br />
une adaptation d’un livre dont<br />
l’action se déroule en Suisse<br />
alémanique dans les années<br />
1960. Quatre galopins partent à<br />
mande souvent à des musiciens<br />
de venir jouer. «Pour moi, les<br />
compositeurs sont comme de bons<br />
amis, on croit les connaître, puis on<br />
tombe sur une indication qui nous<br />
dérange et, finalement, on trouve<br />
un apaisement qui nous dépasse.»<br />
Le professeur dénonce cette<br />
société qui colle des étiquettes:<br />
«Uncoupledepersonnagesâgés<br />
suivait mon cours sur «Le Château<br />
de Barbe bleue», de Bartok.<br />
Lorsqu’ils sont allés a<strong>ch</strong>eter l’enregistrement,<br />
le disquaire leur a déconseillé<br />
en disant que cela ne leur<br />
plairait pas. C’est aberrant!»<br />
L’an dernier, Gilles Landini<br />
parlait de la musique espa-<br />
Les Romands paradent à Soleure<br />
PRIX DU CINÉMA SUISSE «Exit» est sacré meilleur<br />
documentaire et Carlos Leal meilleur acteur<br />
la re<strong>ch</strong>er<strong>ch</strong>e d’un trésor, quête<br />
qui les amène à découvrir leur<br />
pays. Outre-Sarine, ce film totalise<br />
déjà plus de 530.000 entrées,<br />
ce qui en fait l’un des<br />
films suisses les plus populaires<br />
de l’histoire. Il sortira au printemps<br />
en Suisse romande. Le<br />
prix de la meilleure fiction s’accompagne<br />
de 60.000 francs.<br />
Le prix du meilleur documentaire,<br />
doté de la même<br />
somme, distingue «Exit, le droit<br />
de mourir», du Vaudois d’adoption<br />
Fernand Melgar. Il suit<br />
avec tact des bénévoles accom-<br />
Carlos Leal a été récompensé hier à Soleure. PHOTO KEYSTONE<br />
gnole, il a tout de suite associé<br />
au groupe le concierge du<br />
Conservatoire, Bartolomeo<br />
Maya: «Un formidable musicien<br />
de flamenco, on ne pouvait pas<br />
faire l’impasse sur cette musiquelà.»<br />
Du XVIIIe à nos jours<br />
Pour ce nouveau semestre<br />
qui débute le 28 janvier, Gilles<br />
Landini évoquera un thème<br />
que les Suisses peinent à aborder:<br />
les compositeurs suisses<br />
du XVIIIe à aujourd’hui. Une<br />
idée qui lui est venue l’an dernier<br />
en préparant un panel<br />
des musiques de ce pays pour<br />
pagnant ceux qui, en fin de vie,<br />
décident de mettre fin à leurs<br />
jours. Le prix du «meilleur<br />
court métrage», doté de 30.000<br />
francs, salue «Terra incognita»,<br />
de Peter Volkart. Cette fiction<br />
de 18 minutes se déroule dans<br />
les années 1920.<br />
Acteur-rappeur<br />
Le prix du meilleur rôle<br />
principal, doté de 15.000<br />
francs, honore Carlos Leal dans<br />
«Snow White», de Samir, film<br />
exploité brièvement en Suisse<br />
romande l’automne passé. Né à<br />
Genève en 1969, le lauréat est<br />
connu depuis près de quinze<br />
ans comme <strong>ch</strong>anteur du<br />
groupe de hip-hop vaudois<br />
Sens Unik.<br />
Le prix du meilleur rôle secondaire,<br />
doté aussi de 15.000<br />
francs, récompense Marthe<br />
Keller qui joue une mère malade<br />
dans «Fragile», du Genevois<br />
Laurent Nègre, sur les<br />
écrans romands dès le 8 février.<br />
Un prix spécial du jury assorti<br />
de 20.000 francs a été remis<br />
au Filmkollektiv Züri<strong>ch</strong><br />
pour le concept et le montage<br />
du documentaire «Klingenhof»,<br />
de Beatrice Mi<strong>ch</strong>el. /ats<br />
la <strong>ch</strong>aîne de télévision Mezzo.<br />
Au XIXe, il recense soixante<br />
compositeurs qu’il trouve importants,<br />
dont une femme,<br />
Fanny Hünerwandel. Pour le<br />
XXe siècle, il tient énormément<br />
à la figure de Raffaele<br />
d’Allesandro, mort en 1959,<br />
après avoir vécu un temps à<br />
Saint-Aubin: «Sa musique est si<br />
puissante. Il n’acceptait d’argent<br />
quepourlescommandes,nemangeait<br />
pas pendant plusieurs<br />
jours». /ACA<br />
Renseignements et inscriptions<br />
auprès du Conservatoire,<br />
tél. 032 725 20 53<br />
ÀVOIRÀ L’HEURE BLEUE<br />
Traquer la bête en soi<br />
Lorsque la danse mêle humour et poésie. PHOTO SP<br />
La compagnie genevoise<br />
Alias, menée par le <strong>ch</strong>orégraphe<br />
Guilherme<br />
Botelho, présente son nouveau<br />
spectacle samedi soir au<br />
théâtre de L’Heure bleue, à La<br />
Chaux-de-Fonds. Cette création<br />
trouve son point de départ<br />
dans une nouvelle de<br />
Dino Buzzati: «Le K». L’auteur<br />
<strong>ch</strong>oisit un requin pour incarner<br />
K, objet de la phobie des<br />
hommes vis-à-vis de l’inconnu.<br />
Dans ce nouveau projet, des<br />
personnages occupent un univers<br />
clinique: pions d’une société<br />
sans pouls, ils veulent le<br />
FESTIVAL<br />
Le Jazz refait<br />
la cour à Cully<br />
Le bourg de Cully accueillera<br />
la 24e cuvée<br />
du Cully Jazz Festival,<br />
du 24 mars au 1er avril. Révélé<br />
hier, le programme s’annonce<br />
audacieux et diversifié, inspiré<br />
de toutes les tendances du<br />
jazz. Plus de 25 concerts et<br />
spectacles sont proposés sous<br />
le <strong>ch</strong>apiteau, dans la salle Davel<br />
rebaptisée «Next Step»<br />
ainsi qu’au temple de Cully,<br />
tandis que le festival off offre<br />
gratuitement plus de 70 concerts<br />
dans 12 caveaux et cafés<br />
du village. Petit aperçu, non<br />
exhaustif, des réjouissances.<br />
Musique tzigane<br />
Le Koçani Orkestar invite le<br />
trompettiste Paolo Fresu et le<br />
pianiste et accordéoniste Antonello<br />
Salis. Au programme<br />
aussi, les Gypsy Guitar Masters.<br />
Place ensuite à d’exceptionnels<br />
jazzmen cubains, avec le pianiste<br />
et compositeur Omar Sosa<br />
et le percussionniste Anga Diaz.<br />
Seront présents aussi, entre<br />
autres: le souffleur et compositeur<br />
Yusef Lateef et les frères<br />
Lionel et Stéphane Belmondo;<br />
Popa Chubby pour une soirée<br />
blues; le fameux guitariste John<br />
Scofield pour un hommage à<br />
Ray Charles; la <strong>ch</strong>anteuse et<br />
compositrice géorgienne Lizz<br />
Wright. Au rendez-vous encore:<br />
le très créatif Art Ensemble of<br />
Chicago et le jeune, mais désormais<br />
célèbre, saxophoniste<br />
Chris Potter; la <strong>ch</strong>anteuse Péruvienne<br />
Susana Baca.<br />
Vingt ans de Label bleu<br />
Enfin, pour clore le Festival,<br />
une soirée célébrant les 20 ans<br />
de Label Bleu et regroupant<br />
trois artistes phares de ce fameux<br />
label, l’exceptionnel flûtiste<br />
Magic Malik, le clarinettiste<br />
virtuose des célèbres Klezmatics<br />
David Krakauer et l’or<strong>ch</strong>estre<br />
iconoclaste de Fred Pallem,<br />
le Sacre du Tympan.<br />
/comm-réd<br />
www.cullyjazz.<strong>ch</strong><br />
bonheur, une tranquillité de vie<br />
étalée. Le mouvement interne<br />
de l’œuvre sera donc de noircir<br />
le tableau. Et pour renverser<br />
ainsi le cours prozac des <strong>ch</strong>oses,<br />
le <strong>ch</strong>orégraphe lance sur le plateau<br />
six danseurs magnifiques,<br />
qui trouvent les moyens physiques<br />
de manifester le fond de<br />
l’âme. Fond obscur, mais pas<br />
seulement, car il y a aussi de la<br />
jubilation à regarder la bête<br />
dans les yeux. /comm-réd<br />
La Chaux-de-Fonds, L’Heure<br />
bleue – théâtre, samedi 21 janvier<br />
à 20h30