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JS>- ^ V - - 7?7 CaJaZene, }

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JS> - ^V- - 7?7 <strong>CaJaZene</strong>, }


LIVR E^I. CHAP. TR.' Jff<br />

tnais quant I la pofition de fa cavalerie,- j#ne vois rien de ptu% abfurde & demoins<br />

•fenf&J LesdeuxarmeesetoifcntenbatailledanS iine plaine rafe & decouverte, &par confijjnuent<br />

les ailes de pait ? & d'autre- fe trouvoient en Plir. VbHl fcegalite a 1'egard dft<br />

terrain, elle ^toit affez la meme a 1'egara du nombre; mais iltfy en avoit point dans<br />

lariaturedesarmes, Regulus n*aiantque troiscens chevaux, & Xantippe quatre mille.<br />

H recompenfe le premier a trois mille hommes d'infanterie de plus. II n*V a queles<br />

eMphans qui puiflent rendreles CarthagmoisfapeVietlrt?- c'eft ici Tavantage d^Aritio^<br />

dhus, auquel les Carthaginois eufTent du dreifer un trophele, Laiflant les elephans, jfc<br />

fuis perfuad£qu'en ce fcems-ciuri Glnlral foible envcavalerie, ou fans le fecours de cet^<br />

te arme, iroit avec un peu plus de menagement 8c de circonfpection que ne fit R6gulfcs:<br />

il n'auroit garde de fe jetter dans k$ plaines avec fa feule irifanterie, qui ne<br />

cohnoit pas fa force, & qui Ja connoitroit bientot, fi nous n'ignorions Tartde nous<br />

ranger par colonnes*',' contre leftjuelles la cavalerie ne peut & ne pourra jamais rieri. II<br />

ft'eft etoft pas ainfi de linfcntane Romaine, elte cdnnoiflbit tre>bien fonpouvoir. Jamais<br />

cavalerie n'ofa fattaquer de droit front, elle n'y eut pas trouve fotvcbmpte. H<br />

s'en falloit bien que celle-ci eut des anhes aufli • ayaritageufes que la notre, & cepenr<br />

dant la notre n*oferoit s'abandonner fur nos bataillons minces d'aujourd*hui, aufquels<br />

elle paflcrbit aifement fur le Ventre, fi les Officiers de cavalerie connoiflbient bico<br />

leufs avansages: taht eft grandc la foiblefle de nos bataillons ranges fur trois ou quatre<br />

de hauteur.<br />

Regulus avoit (i bien ordonne fes legions, qu'il etoit i'mpbfljble de les entamer &<br />

de les rompre, quelque effort determine quelacavaleriedesCarthaginois eut pu faire*<br />

Leur force etoit egale partout, par monprincipe des cbldnnes, & quelques debprd&s<br />

q-u*el-les puflent etre, fe trouvant rangees d'une maniere fl admirable, elles n'avoient rien<br />

a traindre, puifque la defaite de la phahmge Carthagirioife entrainoit neceflairemeht cefc<br />

le de fa cavalerie, ou du moins 1'obligeoit a quitterpartie, & a s'en aller, fans qu'iHui<br />

fut poflible de favorifer&retraite '&*les debris de rinranterie*, dont la defaite etoit d ? auw<br />

tant plus affufce, qu'elle ne valloit pas ^ beaucoup pres celle des Romains. Si Regu.W<br />

lus, comme je Tai r^pet? fi fouvent, avoit laifTe de bonnes diftances entre fes : cblonne^,'<br />

tout au moirfs trijHes 1 leurs ftohts, comme il le pouvoit fahs rien fcraindre, a" caufd<br />

de 1'avantage de ces corps qui attaquent 8c fe defendent indepeiidamment les-uns des au-i<br />

tres, & dont toute laforce eft dans eui-memes, il donnoit par ces grands efpaces une<br />

^tendue dbuble a -fbn ordre. Qui peut douter qu'en fiiivant cette methode, la defaite<br />

de*Xaii^ifcpe ne ffit complette & certaine? Qiiellejeflburcei quel azile pouvo?t-4i trpu*<br />

ver daris faphalange outre-paffe^e a fes ailes, & rangee pliis imparfaitement ?' Quels avantages<br />

potir Regulus, slleut pu les connoitre ? Rieh pourtant de plusaife': lebonfens<br />

&t l , e5tpe / rie.nce dontf il' etoW aflez bien pourvfi'j' lui echaperent en cette oecafion. II<br />

faudrdit que nbus eufTioris peu de l'un . & que nbus mahquaflibns totalement de Taiitre,<br />

pour ne pas remarquer tous ces ayantages. II laifle fa cavalerie depouillee de tout ce<br />

qu*i podvfeit Rippleer a fa foiblefTe. Quelle conduitel Rien ne 1'empechoit de la<br />

fortmS? & de la faire fouteWr de fes Triairesf e*richalfles dms fes : efcadrbris. !<br />

Mais remarquez. je vous prie, a quoi iT tenbit que cehiiqui vient d'etrebattu 9t<br />

terralWne le fiit pas, & rie 5 fft tomber fur le VicTorietix toute la honte de cette journee.<br />

XJnet>a|fatelle, un fidri pouvoit faire le coup, fans qti flfut bcfoiri de tant d'art ni d'utie<br />

difpofitiori fi rafinee: & ce rien, lorfqu'on ne 1'ignore, ou qu'on ne le negligepas,<br />

•icft capable de renverfer les eritreprifes les mieiix concertees. Seize elephans de 1 armee<br />

d'Antiochus Soter, furpIefquels on comptoit atifli peu que far rien, vfennent a boilt<br />

d r im ennemi fernlidable que ce Roi deMacecloine croioit invincible , commeditLurien;<br />

en VcAci cent^qui-ne font gueVes moins fiers de la defaite des Romakto, qne les<br />

V i : v^ : feize


tff HISTOUE ;PE POLYBE,<br />

fcize de celle des Galates. A quoitenoit-il, encoreune fois, que ceux-ci de leurcfil6<br />

& les Romains de Tautre, ne fiflent voir par une rufe & un fecret ignore jufquV<br />

lors & qui n'a ete connu que quelque tenas apres, que cesanimaux n^etpient qued/js<br />

grofles betes, & qu'elles avoient certains foibles, comme certains hommes, qui aflrontent<br />

les plus'grands dangers, & qui s^pouvantent a la vue d'une fouris ,. 4'un chat,<br />

d'une aqgifille, &c. Si Regulus & le Ge^neral Galate avoient fu que le cri d'un cochort<br />

&oi>capable de porter la terreur & 1'epouvante dans le cceur de ces animaijx, & de les<br />

mettre en fuite, il n'eut eu garde de manquer d'oppofer une ligne de centcochonsa.<br />

celle des cent elephans de Xantipp«s & en. ce cas cejui-ci ne perdok-jjpas la bataille*<br />

Car ces cent elephans fuflent tombes furleurs propres gens, & les euflent mis endefor-<br />

Idre; & les Romaius donaant la-deflus, je laifle a penfer cequ'ilen feroitaniv^. R&gulus<br />

jufle & equitable j comme il etoit^ eut fans doute imite AntiaqhUs , il eut fait<br />

le meme compliment a fes foldats, & fait eleverpour trophee un cochon. J'ai trouve<br />

cefecretdans Procope. Ce feroit furieufement negligerles regles des aiTortimens, |i j@<br />

ne rapportois pas le paflage.<br />

„ Quand Cofroes affiegea Edefle, il y avoit dans fon armee UH prodigieftg ele*i,<br />

phant» qui portoit une tour femblable a la machine que Ton appelle Helepole, & dans<br />

u cette tour un grand nombrede vaillans hommes, qui faifoient pleuvoir une grele de<br />

„ traits dans la yille: de force que ceux qui gardoient le tour des murailles, furent o-<br />

„ bliges de feretirer; mais \ 1'inftant meme ils eViterent ledanger, par le moiend'u*<br />

„ porc qu'ils attacherent au haut de la tour, & dont le cri un peu plus per^ant que de<br />

„ coutume, eflaroucha Telephant & le fit reculer. Cen'eft que depuis cc fiege que<br />

les Romains apprirent, dit 1'Auteur, cette rufe de rendre les elephans inutiles.<br />

A la guerre les fautes ne font jamais petites, k Lecteur fe le tiendra pour plit, une<br />

feule peut tout perdre, & Regulus en fait deux. S'il eut fii profiter de 1'avantage *m%<br />

remporta a h droitede fon infanterie, car celle-ci aiant enfonce & mis en fuite les etrangers<br />

foudoies, paflerent outre & fe mirent i leurs troufles; fans s'embarafler ni fans<br />

prendre garde a ce qui fe paffoit, ou alloit arriver si leur gauche, & que cette aile victorieufe<br />

eut tourne fur 1'aile de la phalange, les afraires euflent peut-etre change de face.<br />

Xantippe , profitant habilement de cette etourderie, & de Tavantage de 6<br />

cavalerie & de ks ^lephans, attaque ies Romains de toutes parts, & les taille en<br />

pieces. M<br />

II y a peu de batailles ou les Generaux d'armees puiiTent trouverde plus belles le-<br />

|ons de tadique que dans celle-ci Attilius Regulus eft le premier apresles Grecs, a<br />

qui nous fommes redevables du fyfteme des colonnes, dc le feul devant les Grecsqui<br />

ait combattu fur une ligne de colonnes parfaites. Ceft donc ^ lui que nous devons<br />

cet ordre, & non a Scipion. Varron avant celui-ci, ou fon Collegue, s*en etok<br />

fervi a Cannes, quoique cela ne paroifle pas dans la tradudion de Cafaubon, qui<br />

faute de termes propres pour expliquer cette evolution, n'a pu debrouiller ce mift^re.<br />

II faut plus que favoir Je Grec, pour bien traduire ces endroits d'un Auteur mi-<br />

Jitaire. Si Dom Thuijlier n'avott fu ce que c^toit que cette evolution, rordredebar<br />

'taille de Cannes nous feroit encore inconnu.<br />

Lprfque l'on combat par coloynnes contre un ennemi plus fort, & qui ne re^pond pas<br />

dans le meme ordre, fa fuperiorite ne lui fert de rien. Le nombre d'un«( armc fur u*<br />

ne autre, n'eft d'aucune confideration pour un General habile, & experiment£ dans<br />

Tinfanterie: j'entens habile dans Tinfanterie celui qui en connoit la force: or ceux-ci<br />

font tres-rares en tout tems & en tous lieux,<br />

Apr^s tant de reflexions 8c de remarques, finiflbns par cfruitres, qui ne font pas<br />

moins lmportantes pour rinftruftioa des gens dc guerre. Notre raettiode de ranger


LIVREI. CHAP. VII t„<br />

rinfanterie eft imparfaite & foible, d$s qu'on la met en regard avcc celle que je propofe.<br />

Tel penei


i


I LIVREI. CH * P. Vm.f, xtt<br />

i .Ce nc fot pas tant la iortune que les Chefs /pji eq furent rgggfo^A Let<br />

Pilotea avoienc fouvent afli qu'il ne falloit pas voguer le longdecette<br />

j6te ext£rieurc de la Sicile, qui regardejarmer d^Airique, parce qu'dal le g&iie des Romains. • fls .nfagiflent jamais qu'i<br />

force ouyerte. Us s'jmaginent que tout ce qu^ilsjpjpropofenr doit £trc<br />

conduit I fa fin, comme par une efpece de .n&reflite, & qqe rien de cc<br />

qui leur plait.ji'eft impoffible. -Souvent a la verit^ cettc pcAitique leur<br />

reuflit: mais ils ont auffi quelquefois de ficheux revers a efliiier, principalement<br />

fiir mer. Ailleurs comme ils n'ont aftaire que contre des<br />

Jbommes , & des ouvrages dliommes,; & qu'ils -Q^fcnt ce ieurs Jbr§es<br />

que contre des forces de m&ne nature, ils le font pour Pordinaire avee<br />

fucces , & il eft rare que Pex^cution ne reponde pas au projet: mai«<br />

quand ils veulent, pour ainfi dire, forcer les demens a leur ob£ir, H$<br />

portent la peine de leur t£m£rite. C'eft ce qui leur arriva pour lors, ce<br />

qui leur eft arrive plufieurs fois, & ce qui lefcr arrivera, tant qu*ils nc<br />

mettront pas un frein a cet efprit audacieux , qui leur perfuade que fjur<br />

terre & fiir mer tout tems doit leur itre favorafbie. H<br />

Le naufrage de la flotce des Romains , & Ia vi&oire gagflfe par tdjrre<br />

fiir eux quelque tems auparavant, aiant faic croire aux Carthaginois<br />

qu a Ss etoient en £tat de faire t&te a leurs ennemis fur mer & fiir terre,<br />

ils fe port^rent avec plus d^ardeur a mettre deux arm£es fur pied. Ils<br />

envoient Afdrubal en Sicile, & grofliflent fbn arm^e des troupes quietoient<br />

ven^es de Heraclee, & de cent quarante elephans. Enfuite lls €quipent<br />

deux cens vaifleaux, & les fourniflent de tout ce qui leur etoit<br />

ii&eflaire. Afdrubal arrive a Lilybde fans trotiver d^obftacle;, ily^xerce<br />

mi^rc guerre Puniqile, lorfque les C3rthaginois, voir en fbn lfeci, que ce qui parbit au-ddTus db<br />

qui les eprou^oicnt eii mgme tems, nepe^ifibient toutc creance n'ert pas faux, St que les cxpediertt<br />

pas. La hardiefie doit itrt fbndee £MX k fcience, que les Romains emploierent pour dreflier de noiir<br />

pour fe garantir du ifeproche de temerite & d'in- velies flottes font tout ce qu'on peut imaginer dfc<br />

confid^ration. Mcns voici ce qui furprendra da- pJus fage, de plus fenie, & de moins a chargc a<br />

vantage, & qu'on auroit de I4 peinea con^evoir, U Republique, Si quelqu'un & ftitavu3depropo-<br />

I fi nqjre Auteur & les autres Grecs plus anciens ne £er cette methode en Frauce dans la derniere guer-<br />

nous avoienf tires d*embarras. On demande comre de 1701, il nous eut epargne bien des maur,<br />

ment, par quels moiens, 8c par quelle puiflance & nous euilions coule bas, & renverfe tous les<br />

Rome a pii relever || ibuvent.la marine,rujnee& projets des Allies contre nous 5 car qui eft maitrn^<br />

r^duite I rien par


tfci HIWOHE DEPOLYBE,<br />

les 616phaiis & les ibWa»^& fe difpofe ouvertement £ tenir k campj^ j<br />

gne Cefiit avee beaucoup de douleur que lesRomainsapprirentlenaufraeede<br />

leuitf-taifleaiix, par eeux qui s[eh eeoient&hapes. Maifrcem#yl<br />

heur ne teur abattk pas le courage* ik firent oonftruu^* de nouveau*<br />

deux ecns vingt bfoimens, & ce que l'oa Wn peinc ft\croire, eh trois<br />

upis cette grande flotte fiit prSte a mettre a la voile. Elley mit&ieffiit<br />

fbus k tominandemeiit des deux nouveaux Confub A. iprilius Sc C.<br />

•Cornelius. Le d&roit traveivK , ils reptennent k Meflind leS reftes tih<br />

naufrage, cingtent vers Palerme, & metrent le fi6ge devaht cett^ ville^.<br />

la plus importante qu'aient les Carthaginois dans la Sicile. On attachfe<br />

des travailleursra deux


t I V R E L CH A'R IX x^j<br />

5' s^toiejirfait des etephans une id£e SB tffraiantd, que pendant<br />

tes deuxrton^es fiiivantes qtfils camp6reatfbuycitt'dans Ies can>t<br />

i;tw . pagoes<br />

p) lls s y ett'ient fatt des SUphtns um Uee fi_ ef pofte,, parcequVn ne crok past 1'eonemiaflcxiur*<br />

fr*i


jfy H I S T a i R I DE P O I Y B I ,<br />

pagnes de Mybtie I de Selinonte, H B tinrent toujours | cinq ou-fisc<br />

ftades des ennemisr ians ofer fe pr^fenter a un combat, ^fans ofer m£me<br />

defcendre dans les pfeines. II eft vrai que pendantcetems-lgilsaffi^g6rent<br />

Therme & Lipare 3 mais ce ne fut qu'en fe poftant fur des hauteurs<br />

prefque itiaccefllbles. Cette fraieur fit changer de refoliljion aux<br />

Romains, & les fit revenir en faveur des armees navales. Apr£s r6Jpc-<br />

Romains ont raremear manque de ces fortes de<br />

Jftratag£mes, & de coups de maitres : les Moderjies<br />

jious eniburniflentq4iieiques-uns, maisxleloin<br />

a Iofn, parce q u'ils font moins habiles & moins<br />

profonds dans la fcicnce des armes. L'on peut dire<br />

qu'a cct e^gard les arbres etojent plus gros 8c<br />

plus grands il y a deux millf ans atijjls nele fout<br />

aujourd'hui, contre le fentiment des devots de k<br />

fe&e de Pefrauj^ 8c de 1'un de ies Pre^dicants k<br />

plus redoutable , dans fa Digrtffion fur ks Anciens<br />

& for les Modernjes, qui fait uh. iujet de compar<br />

raiion des? arbres de rantiquite avec Ies n6tres,<br />

Jorsqu'iI yeut donner la preference aux dernicrs<br />

fur Jes preuaiers, ou du moinsles faire courir fur<br />

]A,m£me parallele.-<br />

Notre Auteux,^Joujt concis 8c ferre qu/itefj:,<br />

n'etrangle point lanarration du ftratage^me du Conjfiil<br />

Romain. Tout y ejr. digne d'un Capitaine tresenteniu,<br />

8c nullement hazardeux. Il prevoit, tout<br />

ee qui doit arriver .par la juftefle de qes mefures,<br />

& ces mefures le conauiient ou il faut aller: S.M<br />

peut fe delivrer des elephans, 8c. les rejetter fur<br />

fcs ennemis, par le moien dc fon armure le^jere,<br />

& de quelques pefamment avsnes qu'il mettra a<br />

teurs troufles ,• if feraune fbrtie geuerale, 8c ton><br />

bera furla gauche de 1'armee Carthaginaxfe, pehf<br />

dant que les relephans commeunemafledefuiards,<br />

porteroat le troUble & Ia confufion fhV tout B<br />

front de 1'infanterie ennemie. Cela arriva comme<br />

il 1'avoit tres-fagement prevu. U borde les murs<br />

de la ville de toutes fes armes de jet,,fiit fbrtk<br />

tous'fes gensde tfaits(a), & les range le longdu<br />

bord du fofle. // ordonnt tn memt ttms aux.gtns<br />

dt tnetier de lk> pl#& de porter des traits , & dt fe<br />

ttnir en bovordreiui p>ed du mur tn dehors. Uveut<br />

quetout le mon^e prcnne pvt audanger comme<br />

a la gloire. Le fofle.qui devoit ^tre fec,eft rempli<br />

de ces gens-Ui LesCarthtginois(3), quivoient<br />

cette infanterie en dehors , s'avancent en lofeille<br />

rcrs la vijle', apres avoir traverfe la rivierev Les<br />

elephans (4) s'en approcheat de plus pres. Auffi*<br />

tot Cfoilius range deu*nt U mur & devmt le foffe<br />

quelques folJtts ttrmes legerement, Mvec ordre fi les<br />

tieph&ns approchoient, de faire tomber fitf^$ux une<br />

griU de trnits, & s'i?s fe voient prejfes de ft fnu*ver<br />

dans It foffe. Ce paflage de notre Auteur me<br />

fuggere une conje£fcure que je m^eii vats ha^arder.<br />

Je iuis presque pcrfuade que les Ancienspra*<br />

tiquoient des retraites dans les fofles fecs', pour<br />

ie retirei*' •lopsqu-on. fe voioit prerTe de rennenv<br />

dans unc fortie, par le moien d'un double cfcalicr<br />

tion<br />

(f)pratique defpace en efpace dans la contreicarpe,<br />

comme nous Ies faiibns'ffljburd'hui dans nos<br />

places de guerrcj car le molen que ccux qui £—<br />

toieht dehors puflent ie rctirer dans le fofle ? let<br />

Anciens Ies faiibient a tbnd de cuve, 8c d'une<br />

tres-grande profonieur.<br />

Polybe diicube Afdrubal du bldme d*avoir feit<br />

avancer les elephans 1 pres des murs de la yillc,<br />

& des gens de traits poftes fur le bord du fofle |<br />

il f rejette toqte la faute fur les condu&eurs de ces<br />

animaux, qui furent li caufe de 1'infoitancde ce<br />

G^neral. A peine fbrent-ils a hc portee du traif 2Sc<br />

des dards Ianjes par les machines, qu*fls en furent<br />

accables & perces de tootCs parts: les b^tes, quoi-qu<br />

en" dife Dcfcartes I connoiffent' les dangers, 8e<br />

(ont tres-capables de faiifela difference d*un grand<br />

a un moindrC: deux ou trois hommes qui prennent<br />

1'epouvante 8c qui s'enfuient, en amenent<br />

•une multitude: il cn eft ainfi desb^tes.' Rienn^eft<br />

plus fujet a la propagation que la pcar, c'eft She<br />

traihee de poudre qui^fe porte rapidement d'une<br />

extremite^a 1 autre, ou du centre aux deuxbouts.<br />

Les elejphatts, blefles 8c forcenes de douleur, rcbrouflent<br />

8c s*enfuient, 8c fe jettentfiirlearspropres<br />

gelis. Ceft U comme le fignal de la fbrtie.<br />

Cecilius, qui s^appersoit que fon ftratagfime reuf-fitau-deli<br />

de fes~eip€rances, 8c cruivoittouterinfanterie<br />

rompue 8c dans uneconfufion epouvJta-tabjc,<br />

fbrt de toutes parts, St tombe avec toates<br />

fes tbrces unies 8c en bon ordre fur la gauche des<br />

Carthagiiiois, 8c les taille en J>ieces.<br />

Frontin-rapporte eette adtioii, mais un pea diffe^remmetit:<br />

j^tcmarque rne^rne certainCs cifcorfftances<br />

qae mon. Auteur pourroit bfen avoir<br />

negligees pour eviter p^ilrxil^.',- puifque fis deux<br />

premiers Livres ne fbnt qu'une mtrodudtion a fa<br />

graikfe Hiftoiret car ce que nous appreni Frontin<br />

feroit *voir que les Romains s'etoient retranches ;<br />

fbus les murs de la place S c'eft co ju'on ne voit<br />

pas dans rAuteur Grcc. Citons le pafBge du premiet<br />

«jh^Ablancourt a tres-bicn tradniti<br />

Hneilus faifant U guerre contri Afdrubal e&H-<br />

^H (i cttmpafous les murs Je-Paltrmt, ftignant<br />

d*spprehendtr h grand nombre des tnntrmM^ tjpUurs<br />

cent trtntt eUphans'$ (£» fit tjrer un grand tttrttn*<br />

chetnent devant lui. Mzis voiant paroitre farmee<br />

d*Afdrubal nmtc Its Mipham h la tett X il tnvoi*<br />

fitbe une dechargt fur eux I ttvtc orjr+dfft retirer<br />

auffi-tot dans I retranchtment. Ctux quifonduifoient<br />

cts animavx I irrith di ctttt bravade , poujfertnt<br />

jufatks-lk , 8? s'y et/mt engagfa fimerairemtnt,


"**<br />

8 • ^Pkalanae Cariafinoise.<br />

p. *^bvnee 'jELomazne' .


i l V R E L CHAP.IX idf.<br />

tioif


tion de<br />

m HI»..OlR-.,DE POLYBE, | J<br />

bl& & les met en d^route. tAi : grand nombre refta for la place, le* I<br />

autres echaperenfc p*r unb^-Wte precipit6fc- D prit dix£16phans, avecles I<br />

Indiens qui les conduifbient. . Le refte qui avoit jette bas fes condup- I<br />

teurs envelop6 apres le combat, tomba aufli lous la puiflance du con- I<br />

jfiiL Apres cet exploity il pafla pour conftaflt que c'£toit i C6cilius qud I<br />

r


I I V JE 1 CHAP.X 1*7<br />

11 Skile, s'appelle Pachyn* (Jffe Pelore eft celui qui, fitng au Sep-<br />

I borne^ dftroit au couchant, & eft tfbign* tfltalie den-<br />

^fiion<br />

(a) Le Pelore..... efi eloigne d'ltalie d y entiron<br />

ifittze fiadgsi} Le ftade eft une mefure Grecque,<br />

voila dequoi Too peut etre afTure; inais a Fiegard<br />

de fa longueur^ les Antiquaires ne fbnt pas aaceord<br />

entreux. Par la fupputation de la Guilleriere<br />

, le ftade a fix cens pieds Atheniens: c'eft<br />

peut-etre un pcu plus de ciriq cehs ibixante-fix<br />

pieds de R.oi mefurc de Francc, ou cent trerze<br />

pas geometriques:jScore ne fommes-nous pas<br />

affures de la longueur du pied Grec , encore<br />

moins du picd RomaiO. Le celebre Auteur de<br />

1'Antiqiute' expliquee , dit dans le chapitre des<br />

Colonnes millialre** qtte ce fiii C> Gracchus, felon<br />

Mittan aui fit mettrefur les grands chemins<br />

de ces colonnes de millt-en mille , pouir marquer les<br />

ii des lieux. Z.e tpitte , felon le rn&ne Autfeur,<br />

faifoit ftn pet molns de huit fiades. La plupart<br />

donnent aux milles huit fiades , d'atttres n'en<br />

donnent que fept & demi. Ces millesfe commenfoient<br />

en Ttalie par la colonne milliaire, qui etoit au marphe<br />

de Rome: de Ik on comptoit les difiances par<br />

mille. A chaaue mille il y ttvoit une pierre plantee,<br />

iM- Von marquoit If. IV. VIII.<br />

M : Pline, de Juffcin, & de quelques autrcs.<br />

Qui faiit fi le Sund . fi l<br />

, Dacier compte que yingt ftades font une<br />

lieue de France. 1] y a eu , dit-on , des ftades<br />

de differentes mefures, fuivant les tems & les<br />

lieux. Si cela eft , je n'ai pas le mot a direj<br />

Jriais fi les Auteurs, qui ont ecrit devant, ou<br />

jpeu apres Polybe , ne font pas les milles d'une<br />

plus grande etendue que de huit ftades , le n6tre<br />

fe feroit furieufement trompe*, ou il y auroit<br />

faute au texte: car il ne met qu'environ douze<br />

ftadei du cap du Pelorc a 1'Italie: il y a pourtant<br />

trois es aujourd'hui, c'eft a-dire vingt<br />

ftades, a moins que ce detroit ne fe foit elargi<br />

par xuielque tremblenient de terrej ce qui ne feroij:<br />

pas incroiable. Je m'4-tpnne que notre Auteur<br />

ne ie fbit pas un peu egaie fur ceci, comijiCj<br />

il a fait fur le Pont-Euxin: cette digreffion<br />

n'auroit peut-^tre pas dcplu dans fbn Hiftoire.<br />

Qui, fait ii le Peloponefe n'a pas ete un cap?<br />

C'eft aujourd'hui uhe Prefqu'Ifle: une fecoufle<br />

de la terre peut avoir fait fe coup , une autre<br />

furvjendra peut-^tre qui le feparera tQut a fait<br />

du continent: peu s'en fallut que Neron , plus<br />

prodige 8c plus redoutable qu un tremblement<br />

jd terre , n'cn fit une Ifle. Plufieurs bons Auteurs<br />

pretendent que la Sieile avoit forme un<br />

meme continent avcc 1'Italie. Si je cite le Pere<br />

Kirker dans fon Mundo fubtertaneo , on me<br />

L4ira que je prens un Auteur trop credule pour<br />

garant tit cette opinion , comme fi les Anciens<br />

ne s%o etoient pas coi£fes tout comme Iui. Kl-<br />

Je n'eft pas fi ridicule qu'on diroi^: bien , & ce<br />

Jefuite fi vifionnaire que Ton penfc. je fcrois<br />

a: de fbn avis . fans poufler la credulite aude-<br />

J| des bornes raltonnablfiS} c'eft le leutiment de<br />

J Angleterre , fi PEfpagne<br />

n*ont pas ete" uAieul contment ? Qur peut a^lurer<br />

que la mer MediteiTane*n'a pas ete uqc<br />

grande etendue de terre , qu'aucune mer ne feparoij<br />

de TArrique que par de tres-grands fleuves ?<br />

Quelques Auteurs ^pretendent que l'Amefique n'4toit<br />

pas fi ojoi^nee de» nous qu'elle 1'cft aujourd?hui.<br />

Ce qui etoit autrefois continent eft devehu<br />

mer , gc ce qui eft nier aujourd'hui peut devenir<br />

|i ^rre: c«r ce quc la mer gagne d'un c6te , elle ]e<br />

pe,rd de 1'autre. Cela fe prouve par les cpqujllages<br />

que l'on trottve dans les rochers & les picrrcs quc<br />

Pon taille dans les endroits les plus eloignes de la<br />

| mer. II ne faut pas autre mifterc pour produiroce<br />

changement, qu'urie violente fecouiTe de Ja<br />

tcrre , caufee par le feu central qui aura communique<br />

a quelque immenfc magafin de matieres<br />

combuftibles 8c inflammables , dont Ja terre eft<br />

toute remplie, comme des cavernes d'une profon^<br />

deur 8c d'une etendue etonnante. Sans aVdir m|me<br />

recours a ces fbrtes de phenomenes ignees.'<br />

tin petit ecart de la terre hors de fa fphere d'acli^"<br />

Vite , quelque mouvement hors de lbn axc ou :<br />

quelque mauvaife rencontre , peuvcnt avoir prouuit<br />

certains changemens confidefables.<br />

Qui m'aflurera que le Roiaume de Naples, ou^<br />

du moins.une bonne partie , ne croulera pas , 8c<br />

ne difparoitra pas un jour , & qu*il n'en arrivera<br />

pas de m^me a la Sicfle? Gardons-nous bien d'eo<br />

douter: on feitque la ville de Naples eft toute'<br />

creufe par defTous, ot batie furuntres-grahdnombre<br />

d'immenfes cavernes , ou il y a des abimesd'eau<br />

ou de matieres combuftibles, comme lepaik'<br />

aux environs du Vefuve. I| ne faut pas douter que<br />

celui-ci , comme le refte , ne fonde 8c ne difpa-"<br />

roiile dans la fuite des tems dans ces abJmesepou-'<br />

Vantables? L'Hiftoire rapporte uoe infinite de ces<br />

fbrtes de phenomenes , de Villes 8c de pais entiers'<br />

nretamorphofeK en lacs, du en toute autre chofe:<br />

ce qui etbit montagnc eft devenu plaine , 8c ce :<br />

qui etoit plainc , peuple de villes 8c de villages,<br />

s'eft change en deferts tout a fait affreux. '<br />

Ce que je dis ici eft-il plus prodige que de voir-"<br />

des Ifl.es fbrtir tout d'une coup delamer, comme"<br />

des Tritons? Ces fortes de phe^omenes font-iIs :<br />

bien rarcs'? Les Anciens en parlent; notts en a-~<br />

vons vu deiix ou trois de nbs jours, 8c le dernifepdans<br />

rOcean % bien autrement abime que la mef<br />

Mediterranee. Ces nouvelles rfees fubflftcnt enco-~<br />

re aujourd'hui, il viendra un tems ou Pon jettera*<br />

1'ancre tout au milieu de la Sicile. » •<br />

Je crois tres-fermement la Sicile en Tair, 8c<br />

poiee fur ces prodigieufes 8c afFreufes cavernes qui *<br />

fondront un jour. Dans la derniere guerre en Efcpagne<br />

, & pendant le fiege de Saint Sebaftien, je-'<br />

me mls en tete, dans mes heures dc delaflcmcntr; ><br />

_^h_ d^


W H I S T«> I I E DE.POLYB E, |<br />

-vintardouze ftades. Enfin le troifieme fc nomme Lilybee. II fegardc<br />

1'Afriquei fa fituarion eft commode pour pafler de U a ces Prpmontol*<br />

res de Carthage, dont nous avons parle plus haut. II en eft flpignl de<br />

mille ftades ou eimron, & tourne au couchant d'hiver,il fepare la m&<br />

d'Afiique de celk de Sardai^e^^<br />

P*&M — ^ o — ~ • |" Sur ce dernier cap eft la ville de meme nom, & dont les Romains<br />

Lilybec.<br />

A*ent le fi£ge. Elle eft bien fermee de murailles, & entouree d'un &£•<br />

{6 profond que la mer remplit,& qu'on ne peut traverfer pouraller fur<br />

le porc, fans beaucoup d'uiage & cPexperience, Les Romains aiant '6tabli<br />

ieurs quartiers devant la ville de l'un & de 1'autre c6te, & aiant<br />

fortifi^ Tefpace, qui etoit entre les deux camps, d'un fofle, d\m retranchement,<br />

& aun mur, ils commencerent Tattaque par la tour la<br />

plus prochq de la mer, & qui regardoit la mcr d'Afrique. (a) De<br />

ALa_ JIQU-<br />

,de m'eriger en Createur d\m monde: je le corn- Tortone en 1706. Le Gouverneur, qui etott Et<br />

pofai dans mon imagination, inoitie Kirker, moi- pagnol, foutint bravement l*anaut, 8c fe fit tuer<br />

tie Defcartes , comme on dit de Varillas , qu 'il a iur la breche du corps de fa place.<br />

^crit moitie Roman & moitie Hiftoirej cet ou- Imilcon, apres avoir foutenu da/ers afiauts, dc<br />

yrage cft demeure par les chemins., fort pres d'ar- defendu fes breches, fe retranche encore dans VlA»<br />

river au gite. Ceft un compofe de vifions, dira- terieur de Ia yille , 8c s'y maintient fans pouvoir<br />

t-on , d'accord; pouvons-nous donner autre cho- 6tre emporte. Ces fortcs^le defenfes fbnt tre^sie<br />

que des vifions ? Tout eii mcomprehenfible# communes chez lcs Anciens.' Nos ancdtres les<br />

tout eft inexplicable dans la nature , & nous-m&- ont imites', finon avec autant d liitelligence , du<br />

mes qui en raifbnrions: ceux qui croient 1'incom- moins avec autaut de valeur; j'entcns ici par nos<br />

prehenfibilite de toutes chofes ne fbnt peut-6tre (ahcetres les nations de toute Fifiiirope , & un e£»<br />

pas les moins raifbnnables.<br />

pace de trois fiecles entr^ellis & nous.<br />

(a) De nofivemx ouvrages fttcceJant tokjotm $mx Nous coupons nos baftions lorfque Jes affiegeans<br />

pretnierj.l Le fiege de LUybee eft lans contredit commencent de battre en breche le corps de la<br />

je chef-oceuvre de Tart &c de la capacite Rornai- place: qui ne crpiroit, a voir une garniibn occune.<br />

Tpus les autres doot THiiloire fait mention pee a ces fortes d'ouvrages , qu'elle vcut foutenir<br />

,avant la premiere guerre Punique, meritent a pei- Paffaut, & cependarir c'e(t a quoi l'on penft l'e<br />

,ne notre attention , ou fbnt peu dignes de remar- moins. Nos plus belles defcnies ne uotis ofrrenc<br />

que. Dans celui de Lilybee le courage & rintelli- aucun exemple de Ces fortes d'acHons vigoureugence<br />

paroiffent tout a decouyert, 8c le plus hajfs. llj<br />

bile des deux Antagoniftes y rcc,oit une CQuronnp Les tours baftionnees du Marechal d? Vauban<br />

digne du zele ayec lequel il defendit cette place: fbnt tres-bohnesij' Ynais julbu^i nous n'avons pas<br />

JI e.{t plus grand homme que celui qui la lui vou- vu qu'aucun de ccux qui ont defendu Landau, en<br />

Joit enjever , mais celui-ci n'elt pas moins digne ait fait le moindre ufage. Qn diroit qu'ellcs n'ont<br />

des elogcs de la polterite, La portion du hazard, .ete faites que pour la montre.<br />

qui eft prefque en tput la plus grofle a 3a guerre,<br />

Un fiege , pour ^tre digne dc Padmiration des<br />

eft ici reduite a. rien. Nous voions, dans ce fiege<br />

experts , ou de leurs eloges , ne confifte pas dans<br />

celebre, toutes les pratiques dont les Modernes ie<br />

/ont honneur tres-fauflement, c^eft-a-dire, les<br />

]a grande^ur des preparatifs, ni dans la duree: tout<br />

tranchees & les grandes paralleles 5 les galleries fbu-<br />

ceja ne ftgnine rien. Qn me demandera eh quoi<br />

terraines , &c. & tout ce que nous pratiquons<br />

donc je fais confifter le merite d'un iiege. Je re-<br />

dans la defenfe , ou ce que nos peres ont pratique pondrai que c'eft en 1'habilete: deux antagoniftes<br />

avec beaucoup plus d'intelligence & de valeurj ne peuvent-ils pas Stre deux hommes tres-bomes,<br />

car<br />

r<br />

depuis plus d'un fiecle, nous n'avbns vu nfoui dcux manceuvres , Vun pourtant un peu moins<br />

manoeuvre que Tautre ? Ils ne laifieront pas pour-<br />

rler d'aucun auaut general 5>utenu au corps de tant que de Petre tous les deux , au jugement des<br />

place , & une garnifbii qui aime mieux miile connoifleurs , qui ne verroht rien que de medio-<br />

fois perir que* de fe renire , & qui eprouve les cre dans ce qu'ils feronf, fbit dans 1'attaque > ibit<br />

plus affreufes miferes. Nous ne connoifSbns qu'un dans la defenfe. Cela n'emp^che'pas que le fiege<br />

ieul ho ume de nos jours qui ait rempli fon de- ne tire en longueur, & n<br />

yoir fur ce point dans toute fon etendue. Ce vh£-<br />

^r^ene d'intre'pidite fcjrouve dans k defqnie de<br />

r aille fbn train, parce que<br />

l'im -fera un geme tres-mediocre , & 1'autre tout<br />

a^fait lourd ^quj rattaquera tr^s-mal. Si celui-ci


1 f, I V R E L C H A P.iXE 169<br />

txouveaux ouvrages fucc6dant toujours aux premicj® ? & s^avan^ant de<br />

plus en plus , enfin ils culbut&entfix tours qyi ^toient du m6me c6t£ *:•**<br />

que la pr6c£dente , & entreprireitf: de jetter bas tes autres a coups de<br />

j Comme ce fi£ge fe pouflbit avec beaucoup de chaleur, que des I<br />

tours il y en avoit chaque jonr qui menacoient ruine, & d'autres qui6jtoient<br />

renverfees, que Wa ouvrages a^avancoient de pius en plus, & ju£<br />

qu'au dedans de la ville, les affieges 6toient dans une epouvante &une<br />

.confternation extr&ne, quoique la gamifen fixt de plus de dix millefol- I<br />

dats etrangers, fans compter les habitans, & qtflmilcon qui afonmandoit<br />

fit tout et.qui 6toxt poflible pour fe bien deTendre , & arreter les<br />

progres des afliegeans. II relevoit les breches , il faifoit des contremi-<br />

| Chaque j/pur il »ypltigeoit:de c6te & d'autre, il gudtoit le moment<br />

ou il pourfoit mettre lc feu aux machines: & pour lepouvcar, illivroit<br />

jour & nuit des combats plus fanglans quelquefbis, & plus meurtriers*<br />

que ne *fant ordinairement les batailles rangees.<br />

I Pendant cette genireufe deTenfe , quelques uns des principaux OfBhJ^j:<br />

len que la place fe f«nr<br />

•de. Le Voila tre$-glorieux de, fa cqnqu£te, rautre j<br />

•ne le fera pas rfioins de fa deTenfe: rous* les deuX<br />

eblouiront les fbts , mais les gens eclaires qui ont<br />

la y(ie moins foiple , en penieront tout dijferemment.<br />

S*il faut lc dire en paflant , 't«us les fieges font<br />

prefque les memes dans 1'attaque comme dans h.<br />

defenie. Celle;-ci pasoit une icience dans les Anciens<br />

, & meme tres-profonde: c*eft aujourd'hui<br />

une routine» Paurre- l'eft encoFe plusj on ne va<br />

pas plus loin que certaiQes regles deja futannees,<br />

au Heu que les habiles gens fuivent aes methode$<br />

dinS^rentes dans leur tagon d^aiTieger


*7* HISTOIRE DE POLYBE,<br />

iffiirmer le Cdmmandaar des Carthaginoia Celui^i auffi-f6r WM<br />

ble les autres Officiers, il les exhorte , il emploieles Dri


%tV R £ JT CHAP.X. 171<br />

por£t&e fev£e , & y ctebarque fes foldats, fens que les Romaintf ofafient<br />

& ptf6fenter 5 ce qui fit pius de plaifir aux Lilybeens que le fecours<br />

mfyryBf quelqite capable qu'il filt d'augmenter, tc kurs forces & leurs<br />

eip&ances. Imilcon , dans le deflein qu'ii avoit de mettre fe ifeu aux<br />

machine6 des affiegeana , Sc voulant faireufage des bonnes difoofition$<br />

i parqifloient £tre les habitans & les foldats fraicheme&t d$barqu6$j<br />

ceux-ia parce qrfils fe voioient fecourus., ceux-ci parce qtfik n*avoient<br />

encore «en fouffert, convoque une aflemblee des uris 4p des autres: &<br />

parmidiftours ou il promett&it a ceux qui fe fignaleroient, & 4 tous<br />

en g6n£ral 3 des pr&fens & des graces de la part de la Republique des<br />

Car-<br />

•Jn*l 3e leurs voiles, encore moins de leurs avi- dant rien ne branle Sc rien he remue, je n*en vois<br />

tons, & denagor «"ilJeAnehli, commeondit, de- pas 1% raiion: eft-rce faute de courage« ou d^expehout<br />

a. la hfiHCf r)ojn ieulc,mcnt. ils n'eu£fent pft l'a- J^nce ? Je ne deciderai pas la-^kflus: &'il me f'eborder<br />

, mais ils s'expofoient encore d'etre emportes toit permis, je dirois que le courage ne leur ma%<br />

dans le fort avec les mmrms far rimpetuojuf du quoitpas, mais que leur ignorance dans la marine<br />

weat ce qui fit quilsnoferent Uur m emfyecher Ven- les diipenioit de bien de manceuvres hardies, quf<br />

tregl p?rtte mance^yi-J n'etpit pas ce qu*il y avoit les autres pcuples plus exerces dans cet art n'euf-<br />

le plus I redbuter , rtolybe ne dit-H pas une ou fent pas laifle echaper. H efl hors. He doute que les<br />

dcux pages plus bas , que h pafle etoit tres-diffi- Hornains n/y ex,cellerent jamais ; car quand ics<br />

cile. & tresdangcreufe , exitre des bfin.cs de fable. Hiftoricns ne nous rapprendroient pas , fexemple<br />

ff rfctpit aonc pas pomble aux Romains de s'op- dcs faits que Polybe rapporte, nous meneroit a M<br />

pofer *a JlentEee du leeours qui venoit de Cartlia^ convictiori. 11 eft vifible que leurs vaifleaux JA<br />

gp , fans fe precipiter dans un peril manifefre , le toient tres-lourds 6c tres-grafTferqment cprurruits,<br />

vent 8cles flots leur etant tout a rait contrai- leurs pilotes & leur chiourme fans expprience.<br />

Jtes', au lieii que tout etoit favorablc aux enne- 1'exemple dc tant de naufrages achevc de nous en.<br />

mis: rentree du port, qupique difticile , etoit convaincre $ on ne les reconnok pas ieulement a<br />

diipofge de tejje fbrj^ ojie Jes vaifleaux y en- ccs marques dans la premiere guerre Punique,<br />

fnoaent a Ja file , les uns tierriere les autres , 8c mais encore dans cellc d^Antiocnus Fan f6%. de grains , dont la<br />

France manquoit, apprit Tur fa routc que la rlotte<br />

Angloiie bloqudit le port de Dunkerque, ou il a-<br />

-voit ordre de debarquer. L^entree en etoit difficilp'j<br />

il ral]oit pafler artravers .cette fjptte , 2c lurmonter<br />

pne infinite d'obftacks tres-perilleux: il<br />

iie laifla pas que de tentcr ravantute, & dela mcttre<br />

a rin par les manceuvres les plus hardies , les<br />

plus Mes £c les plus xpGxs dont on ait jamais pui<br />

parler.<br />

J4 fle iiiis nullement furpris qu'Annibal ioit^itte<br />

dans le port^c Lilybee avec ibn coiiyoi, rjCn<br />

n'etoit plus aife que cette entrepriie: mais celle<br />

d'en fortir quelques joiars apres , ^vofla ce qui me<br />

Cirprcnd | car bien que le vent lui fut favorablc,<br />

u ne pouvoit j^y^ter ee iemble d'etre attaque par<br />

1'armec Romame, ou d'en ^tre iuivi. En efiet le<br />

m£roe vent c|u| le pouflbit hors du port, n'etoit<br />

pas moins avantageux 8c moins favorable auxRomains<br />

pour 4e joindre 8c pour le combattre , &<br />

•cependant ils le laiflcnt pafTer; cela me fembledifficile<br />

a comprendre. Je m'imagine aflez que les<br />

premiers navires pouvotent aiiement s'echaper,<br />

parce il falloit du tems pour appareiller., mais<br />

les autres qui fuivoient a la file , pouvoient-ils efiter<br />

d'ctre abordes debout au corps? £t cepen*<br />

k etoient gueres plus<br />

ayances dans la conflruclrion que la premiere fois<br />

qu'ils monterent fur mer. Qui le croiroit? Ils ne<br />

Tetoient gueres davantage du tems meme de Cefar.<br />

Quoiqu'on pretende que les Tyriens §c les<br />

Carthaginois etoicnt les plus habiles hommes de<br />

mer dont 1'Hiftoire fafle mention, nous nevoions<br />

pas qu-ils aient furpafle les Rhodiens en adrefle,<br />

eri experience, 8c meme dans laconftru&ion. Ceiar<br />

nous fait tres-bien connoitre 1'ignorance des<br />

Romains dans la marine: s'ils ont tait qaelques<br />

bons coups dans les a6lions navales, Jes Rhodiens.<br />

en ont eu eux feuls la gloire , autant par leur adrefle<br />

que par leur couragc j c'efl: a 1'cxperipnce,<br />

& a la hardiefle d'£uphranor, qui comm^ndoit les<br />

galeres de Rhodes, qu'il dut la vi£toire quHlremporta<br />

iur les Egyptiens aupres d^Alexandrie. C6far<br />

en fek un eloge tres-hpnorable j il afllire qu'ii<br />

lui dut le gain de cettc batailtel II y avoit, dit-iiy<br />

dies bancs-de fable^entre les cleux armees: or comme<br />

la pafle etoit etroite , chacun attendoit que<br />

1'autre paflat pour le charger endefbrdre •. Euphranor<br />

voiant Ceiar dans l'incertitude, fe chargea de<br />

pafler le premier avec quatre galeres*; elles fbnt<br />

tout a rinftant invefties par les eimemis: mais elles<br />

fe demelerent fi bien par leur adrefle 8c par leur<br />

expeiience , qu'on ne put jamais leur gagner le<br />

flanc , 8c les joindre debout au corps: de foite<br />

qu'ori eut le tems de les fecourir,


*7§;v HIST.OIRE DE POLYBE;<br />

Carthaginoitf^ il fut tdlcment enflamer leur z£le & leur courage, qu*ils<br />

cri£rent tous qtriLfl'avQit qna faire d'eux fans delai, tout ce qu'il jugeroifa<br />

propoft Le Commandant, apres leur avoir t&noignd qu'il leur<br />

favoit gr6 de leur bonne volontd, conggdia raflembl^e, & leur dit tle<br />

prendre m plut6t quelque repos, & du refte d'attendr€ les ordres de<br />

leurs Oflkiersr<br />

Cbmbat Peu de tems apres il aflembla les principaux d^entr^eux il leur afllfu^ml<br />

gna te poftes qu'ils devoienfc occuper , leur marqua le fignal & le tems<br />

chines. de rattaque, & ordonna aux Chefs de s'y trouver de grand matin avec<br />

ieurs fbldats. Ils* s'y rendirent a point nomme. Au point du jour on<br />

fe jeite fur les ouvrages , par plufieurs cotes. Les Romains qui avoient<br />

pr£vd la chofe , & qui fe tenoient fur leurs gardes., courent par tout<br />

ou leur fecours £toit neceflaire , & font une vigoureufe r&iftance. La<br />

mglee devient bientot generale , & le combat fanglant. Car de laville<br />

il vint au moins vingt mille hommes, & dehors if y en avoit encoreun<br />

plus grand nombre. L^aftion 6toit d'autant plus vive , que les fbldats<br />

fans garder de rang fe battoient p£le-m£le, & ne fuivoient que leur impetuofitd<br />

On edt dit, que dans cette multitude, homme cont*e homme<br />

, ran^ contre rang y s^toient defi£s i'un 1'autre 4 un combat fingu-<br />

Iier. Mais les cris & le fort du combat &oient aux machines. C&oit<br />

ce que les deux partis s'etoient propof6 des lccommencement, en prenant<br />

leurs poftes. Ils ne fe battoient avec tant d'emulation & d ardeur<br />

Ies uns que pour renverfer ceux qui gardoient les machines , les autres<br />


flESROMAINS,<br />

^ •*****. 26m.J. paf.jtfz.<br />

4.. 2brt dc JLy&iee-.<br />

4 . Czrccrn>auatzan, Jes HRoznazns .<br />

6. *.4ttaoue a*es ILomazns •


L I V R E X CHAP. XI ; I7*<br />

grf $C HJA P I T R E Xt>i<br />

1 etonnante d'tm Rhodien 9 qui eji enfin pris par les Romaind!<br />

Incendie des Owvrage^ Bataille de 'Drefane,<br />

Alparthage gpi attendok avec impatience des nouvelles de ce qui fe<br />

Sftaflbit a lilyb^e. Mais les affieges 6toient trop reflen^s , & les<br />

aflitSgeans gardoient trop 6xa£tement 1'entrcSe du, port, pour que pe*y<br />

lbnne put en fbrtir. ^Cependant certain Annibal, furnomm6 le Rhodien<br />

, homme diftingue * .& qui avoit 6t6 t£moin oculaire de tout ce<br />

qui s'etoit fait au fi£ge, ofa fe charger de cette commiflion. Ccs offres<br />

iurent acceptees, quoique Ton fe d^filt qu'il en viot a fbn honneur.<br />

(a) II dquipe un.galt5re particuli&e, met a la voile3 pafle dans une de<br />

ces<br />

• «& l\ Squipe une galere particuliere , tnet M ty\ etoit ouvett pour foftir de la mtr Mediterranee patf"<br />

ijSteiZfe.y Siles Anciens font au deflbus des Moder*- le detroit de Cadix , & faire le tour de YAfriaue i<br />

nes dans certains arts 86 certaines fciences , c'eft jufqu*a la mer Rouge. ' Ce qtie Tline a ecrit fur ce<br />

fans doute dans la marine. Ils y etoient tres-igno- fujet, enerhe me gmnde attentio». Ii rapportt * fift I<br />

rans#, 8c prefque au-dela de tout ce qtiVra peut /* foi dt Cdius-Antipater , celebre Hiftorien 9 qui<br />

knaginer. Le plus mauvals de nos matelots eri. fait vecttt du tems de la fedition des Gracques) que dh* \<br />

infiniment plus que Ie plus habile de leurs pilotes. Iprs les vaijfeaux partrs des ctstes d'Bftagne alloienf-<br />

L'4nvention de Ia bouflble ne fait rien a la confr trafiquer en Ethiopie. Ce fut lat voie que finrent ces<br />

trucrion: & malgre to\it ce mie les Antiquaires 1/aijfeaux Efpagndls, , dont Pline dtt que Caiuj Cefar,<br />

en difentr | ils ,y etoient tres-malhabiles $ lgurs Tbi- | Jks d*Agripp*, adepte par Augufte , Mt les debtfa<br />

les leur fervoidnt peu , ils les abattoient pour peu. dans le goLphe Arahique,- ll ajoute que HannonCar-<br />

que Ie vent leur fut contraire, 8c tout vent.Ieleur thaginois , pendant que les affairei defa nation £•*•<br />

etoit, a moins qu*ils ne fcufletit en poupe. On toient fioriffantes , navigea depUis-ie deirott de Gar\<br />

H£ voit aucun exemple quils louvoiaifent , ou dix. jufqu'* 1'extrimke de 1'Arabie , $» laijfa un»<br />

qu'ils" pingaflent le vent, c# fbrtcs de manceuvjes relatfon exa&e de Jon voiage: comme Himiicon Jon<br />

leur etoient tout a fait inconnues. Voici pourtant eompatrhte,- fttt-envoie en memtterhsfourreconnot''^<br />

un Rhodien qui met eri ufage toutes les mandbu- •ifejes cotes de l'E'*rope. Pline\ajpute encore , Jous<br />

vres & les remumens.des voiles de nos pliis habi- Vautorite de Cornelius , ^Hiftorie» tressejiimable ^p;<br />

les Marins , avec un petit batiment qui ne peut' trtts-jideHe , que de fon tems un ctrtain Eudoxus»<br />

&re qu'une maiiiere de tartane ou de barque, dont fitiant la pourfuite de Ytolomee Lathurus Roi d*JE^-<br />

on te fert en Provence j car je ne vois cpint de gypte, s*embarqua fur le golfe. Arabique, & aborda*<br />

batiment qui foii plus propre a prendte le vent, a Cadix: d'ou il paroit clairement que les Portugais.<br />

dca faire rottrf de* queique cdt^^u^ fouffle,'c|iie s'en font Bien fiit accroire , tfuand ils Je font attrW*<br />

cetpc de cette eipece. Cependant ces Anciens, fi i la gloire d'avoir decouvert les .premiers. U capt<br />

ignorans dans la' donftnlctidn 8c dans l*art de na- de EbnneEfperance.<br />

vigert, ont fait des voiages fi longs 8c fi perilleux, On pretend qu'Herodote a romanife fbn KtP-<br />

qu*il femble moralementt impoflible que Ia conf* toire , je ne le vols pas:ne met-il pas un' cor-'<br />

truction de leufs^ vaifleaux ne fut femblable a ,Ia ^ re6bj£ dans


tf4 H l S t OXRHESp & PJOV. Ym E,<br />

ces Ifles qui font devant Lilybde. & le lendemain un vent frais .^ftaitj<br />

$cv6> il paflfe '»trtwM ira^ftn^rttts qtfe^ri'&idace dtoime, iferiSfii<br />

dans le port a la quatrieme heure du jour , & fe difppfe des le len4s><br />

main a revenir Jurfes pas. Ik dthfiiT, jJAur Ari c^pofer une gardeplus<br />

ftire, tient pr&s penaant la nuit dix de fes meilleurs vaifleaux , & c|u j<br />

poitp&& & ta®tib im arin^e obffefpent les -d&iiaifches du Rhodi&i. Gct<br />

dix vaifleaux &oient pladjs -MK deu* cdtes de ¥eritr6e; autant pres du<br />

iable que Fon pouvoit en app/ocherj. les rames levees, ils ^tpienj: comme<br />

prets & voler & i fcnd&e i^/Ariftibs^X^ui-cJ > matgre toute$x3es<br />

pr£cautions, vient effront^ment, hifirite a fes ertnenM&5 & fel j|<br />

ecice par fe hardiefle & la l£geret£ defagal&t^Non feufement il •<br />

I feau triwrs fens en rien fbuffrir IvA ; rii"*fcri monde i rfeata il approtrhe<br />

dfeax , fl courne akhtour , i\ fait tever les rames & tfarrSte , comme<br />

I pour les attirer au combat: perfonne n'ofant fe pr&faiter, ffreprend fj<br />

route, &brave ainfi avec une feule galere toute la fiotfe des Romains,<br />

Cette manoeuvre , -qtfil fit fouvent dans la &ite ,• *4ut d"une grande y,<br />

litd pour les Carthaginois & pour les afli£g£s> car par li on fut inftruifc<br />

a Carthage de tout ce qifil etoit important de favoir, a Lilybee pn<br />

c**mmen$a a bien feQ^r^i* dtf fi£ge, & la terreiir fe r£panditparmiie$sa£<br />

ii^geans. Cette hardiefle du Rhodien venoit de ce qutf- avok m<br />

par exp^rience quelle route il falloit tenir entre les bancs de faHe qui<br />

Jbnt a Pcntr6e du port. Pour cela il gagnoit d'abord la hautemer: ptiis<br />

approchant comme ^il revenoit d'ltalie , il tcrtrrnoif teHement ia proi^.<br />

OT c6t6 de la tour qui efl! &r le bord de la mer, qu'il ne voioit pascet-les<br />

qui >anegardent 1'Afriquc. Ceft. ^«ffi le feul caoien qu'il y ait pour<br />

prendre avec un bon vent Tentred du port. H<br />

L^xemple du Rhodien fiit fiiivi par d*autres qiii favoi^nt les m^mes<br />

routes. LesRomaiits, que cela n*actommodpit pas, fe mirent en t6te<br />

de combler cette entr6e: mais la chofe etoit au-defliis de leurs forces.<br />

La mer avokla trop de profbndetff. Rieji de ce quCils y jettoient nc J<br />

demeuroit oii il etoit ncceflair^. Les flots, la rapidlte du courant emportoient<br />

& diflipoientles mat6riaux avant mdme qu*ils arrivaflent au<br />

fond. Seulement dans un endroif, ou il y avoit des bancs de feble/<br />

ils firent a grand-peine une levee. Une gal^re a quatre xangs vcJtigeant<br />

pendant la miit ^ y fut arrfet^e , & tomba entre leors pains. Commc<br />

eUe<br />

Theniciens s*etant imc embnraues fur la tner Rou- rapporterent qu*en voiateant a Veittonr £<br />

£*, entrirent dans la mer Aultrdki .& quandVAu- f ~ ils avoient eu le Soieil % droite. O fut par ct moien<br />

tOmne etoh verm, ils defcendoient a terre, femoient que la Lybie fut premierement comtie Je ne doute<br />

dts bledi tn totts Its endrftts de PAfriqae ou ilspaf point $ue ce^paflTage


dle d'4Mie fa6ur gagnertes devalhSiJpr^t d'6cre atteint, il fut oblig6<br />

de fekfc face &c d'6ti venit 1 au^ mains. Mais les Romains 6toicnt mp6tytat&ffiBc<br />

en nombre, & jdli forces. »Miitfefe^ cette belle ga!6re<br />

fls P6quip6f6nt de tout p6faitV*& ! d£pt*isip*i^fe| plus qtte les matjfiincs r *ks enneiHil, dont conjon&ure ^aiant paru &<br />

quelques foldaite Grecs fort avantageufe pourcruiner( tcfcit Tattimil des<br />

afli6geanS J , ils decouVrirent leur penfee au Commandantyt^ui la trouva<br />

excellente. 8 Ht aufli-tdrdifj^fer toa^<br />

tt&mtioflM* C feu qtfi ft comMftiiqua avec d'autant plus de ratpidittf<br />

que ctefi duVrages etofeht drefl?s depuiSr l&ngtem$Jfy & que le vent fouN<br />

nant ave£ Vioferifce, Sc pouflant d'une piace Mtautmles tours &: lesmachinieg,<br />

poftoitVtitedftdi^de tous c6t6$ avec nfte vicefle extr6me. D'ail-<br />

Ifcurs le$ Romains ne favoierit* (quel parti ( ^Jrendre p6ur nem6dier a ce<br />

d£fordre^#ii$ &ok?nt fi effiteietf, qrfite ne pouvdi^il? kiivcrirfjrtfrcofti-<br />

^ptertdre '&* qui ife paflbit. tk ftie, le$ Aincelles ardeht^i#6paifle fi|-<br />

*tfi6e qiiCte veflfcfc&t pouflbit dans-les yefchc, le#aveiigloiewt. II en p6~<br />

lit grftnd nombre, avartt qufe de pouVoir m^eme approcher des endroM?<br />

qrfll feUoit fecourir: Pfu^ rembarras des Rofttains 6t»it gtand, plus lesafli6g6s<br />

avoienll 'd'avantagoi p i Pendaat que le vent fouffloit for ceux-H.<br />

tout ce qui pouvoft lettr nuii£* J If feeutf^&Wiaiikt clair , ne jettoient rien<br />

niftrfe* Romttih^i ni 1 fitt'lWmachiAcs J ] 4jui port4l?il"fauK: oirxoa-traiife<br />

le feu foifok a autant phte de ravage,^que fe ven«'feu dotmokptu&<br />

de force &c d*aflaVittf. Ci^fol Tk Hrhofe alla (PteiAj que les bafes destoursftirent<br />

reduites en cendres , &'!eti y tfites de beliers fondues. Apres ced*.<br />

* 3 : fattdc re«oncer aux ouvrages : ,^-8c fe o^tenter d a entourer la viife d'un<br />

^feffilftfijfi ret?taftchemen¥^ 3c de fHpiMe^ cantp d^m^ muraille dx<br />

' attendant que le vent flt naitre quelque ocfcafion de faire phis. Dans-<br />

Lilyb6e on releva ce qui etoit tomb6 des murailles, & Yon ne slnqui£*ta<br />

pli|^ tixtfkigc.<br />

Quand on eut appris a Rome que la plus grande partie de l^rme-Batailfi?<br />

menr avoit p6ri, ou dans la defenfe des ouvrager' oudans les autres^ 1 ^ 1 **<br />

operations au fiege ^i^e fi# ^ qui p^endroit ks.aphes^^jOh y leVa unparmee<br />

de dix mille hommes , & on renvoia cn Sk3ti ^Le d6troit traver^-


Z76 H I Syr.O I|t $ D E POLlfBE,<br />

verfS. elle gagtia le cairip a pied. Et alors le Confid PutyUus Cla\idius Jp<br />

^iant-convoque les, TofeMfis;, II eft tems, leur dit-il, d^aller avec toyte/<br />

Ja flotte a Dr


HIVREL: CHAP. XI Ifj<br />

c6ti d£U pkine mdr, \ourna fa proue vers eux,& envoia ordre a tous<br />

|i ceux qtii venant apres;lui 6'^Jpngeoient fur la m&ng,ligne, de jEaire la<br />

^^^P»p jTous s^etanttranges en froflt y le mot donn4>.<br />

I s'avance dans cet ordre ver$ les E.orriains, qui ranges prochoac la<br />

tcrre, attendoient les vaifleaux qui fbrtoient du portr: difpofition qul<br />

fcur fut tres-pernicieufer^Les deux armees proqhe Tune de i'autre, 5ft<br />

le fignal lev6 des deuX Amiraux, pn commeflja ^tiharger. Tout fiit<br />

d'abord aflez«£gal de part &,


t;« HISTOIRE DE POIYBE,<br />

qu'e!lfc coimit de hontc & d*ignomihk k Cdhiid Jtomain, 6ont h<br />

coadtrite en cctte occafion 6fcdSt inexcu&hle: car il ne tijit pas a lui que<br />

fa patrie ne toflib£t dans de fort grands embarras. Aufli fiit^il txadjjo*<br />

devant dcs Juges, & condamn^ a une grofle amande.<br />

& toute la gravit* antique. II n'y a point d'Auteurs,<br />

oion^me de Predicateurs, qui ne la £QUyent<br />

dans leurs Sernions., 8c encOre aujourdTiui<br />

il tity a tjerfbnne qui ne reconnoifle & .qui ne<br />

fedoutre fa puiilanee. Ceft la Deeife coniolatrice<br />

des Gencraux qui perdent rane bataille -, car ceux<br />

dui la gagnent n'ont garde de hli en attribuer<br />

tout l ? n©nneur», comme iaifoitjSvJb; jfcffc font<br />

pas fi modefles ,8c de ii bonne foi , quoique ce<br />

feit Je tout que la fortune.<br />

Jefuis bien iur que Claudius nemanquapas de<br />

$'en plaindre, &C de dire qu'il navoit rienneglige<br />

des moiens qui pouvoient le condufre a la vicxoi-<br />

K , fi la fortune nt? lui eut ete eontraire j mais les<br />

ConnoiiTeurs n^etoient pas jj. fcetes ^ue d'en convenir:<br />

ils n'attribuerent une defaite fi honteuie<br />

qu*a fa mauvaife condufre, qu'a ibn manque de<br />

prevoiaucej enfin a tout cequi caraCterife lesGenerau*<br />

imprudens & malhabiles, & non a la fortune,<br />

qui eft un mot qui ne iignifie rien.<br />

Voila quant a 1'opinion des Officiers habiles &<br />

eclaires. Je n'ai aucun garant de cela, je Pavouej<br />

mais pouvoient-ils penier autrement, puifqu'iis<br />

e'toient les te*moins ocukires de cette fouiedefautes<br />

8c de fottiies de leur General? Pouvonsnous<br />

penier autrement nous, en Iifant ce que notre Auteur<br />

rapporte de cette bataille, dans le commcncement,<br />

comme dans les fuites, & dans la fin? |<br />

Cela ne nous fuffit-il pas pour en faire ie meme<br />

jugement ? Les devots mperftiti^ux de Parmee<br />

Romaine, car le Paganifme avoit les iiens comme<br />

nous avons les notres, &. peut-£tre les Pretres,<br />

qui etoient a la fuite de cette armee pour examineries<br />

aufpices & pour les autres mifteres de Re-<br />

Jigion , fe trouvant diipenfes de raire fanalyie<br />

de cette bataille, comme le fbnt aufft nos Aumdniers,<br />

ne rejetterent cette ihfortune du ConfuJ<br />

fur rien moins que fur fa mauvaife conduite.<br />

Q'e& Ciceron qui nous apprend ce fecret hiilorique<br />

dans fbn Traife de la nature des Dieux,<br />

qu'il n'ecrivoit pas fans rire, rant ils etoient ridicules.<br />

II dit donc que 1'armee lice5 hii fuflent<br />

contraires^. rnais s e|ojt encare moque: ear i/oignt<br />

q$te les facres foulett ne vouloient pas manger, ;'/<br />

avoit tout auffi tbt eommamie de ves jttter dans la<br />

meKi afin qst'fa fidjfertt tfiet iewfaoul»{pmfqti'ils nt<br />

, voulount pas mangtr. Su^tone. pretcnd que c,eicni*<br />

pule, de conicieiice, 8c limpieVe de CJaud^us l<br />

^ favoit leUement xiecourage les. fildats, & dimj**<br />

'nue leurs eiperances pour la yic^o^e, que ik<br />

fut caufe de Ja perte de Ja bataijJe. Je fe' crois<br />

bien, on en perd tous les jours pour de bieii<br />

moindres que pour des poulets qui ne ||<br />

pas manger*- C^?elqu/un de' mes Lec^eurs n^.ieroit-if<br />

pront -cuneUx de iavoir ce que «^et^k que<br />

ces iacres poujets ? |e cfoi^qu'^ sfen troave4»<br />

beaucoup qui deitreront d'en £tre inftruits,<br />

'II y avoit de djux fortes d'augutes, k&cefefte^<br />

qui embrailbiedt outre le tonneriSj l^s eclairjl» &<br />

foudre, tous les autres phenomenes extraordinaires:<br />

ceux de la ieconde regardoient le fol des "oiieaux,<br />

8c generaiement prefqui toute la voiatflle^<br />

mais Jes au^pice^ qu'oA>^4ir0it des poulets etoient<br />

'les plus graves: lpriqu on avolt beioin de recourir<br />

a cette ibrte de devinarion, on les JaifTait un certain<br />

tems dans une cage ians rnanger; .apres cela<br />

hs Pretres, puvroienf Ja cage , & leur jettoient<br />

leur mangeaiUe, sJils k bequettolent de bon appetit,<br />

8c de leur propremouvement, c'etoituntresbon<br />

augure, & un tres-mauvais s'ils la xefufoient.<br />

Cette ceremome fe faifbit des le point Qu jodr,<br />

oc dans un tr^s^gtand iilence. Valere Maxime,<br />

PJine, 5c uiie infinite d^Auteurs., o^iienf que les<br />

Rornains n'entreprenoient ricn, ni dans le Senat,<br />

Irii dans Jesarmees ,'A^qfon n'e4t auparavant<br />

ufte infimt^ d'ecuieife %*»' hordent<br />

Ja cdte de Orepane, les foldats perdiKnt<br />

foute eiperance de & tirer de ce mauvais pas;<br />

1 eon^<br />

£u}b9 fcs facres poulets^.queJIe folie: ne dkc aj<br />

pas, a voir ces iortes d,e. iiiperilitions» que c


LIVRRffci CHAP.XL<br />

:I 1 ; • , I % - ; . .iffOUi : ; . . . • • • ;<br />

>^»^S*«0SSOMO5§OMO^*)S^^8


"V<br />

V 1<br />

Tl. XXXVTZ gfrm, i.ify, JS*.<br />

/rmek 2to7nazne Jvuilee var les ' S.Vaisseaux 2tomazns yia &or6en£ dicJrort<br />

asseaux Cartnaaznois e . pour aSerausearurs des autres, y.usrepane •


| ^ L ly R"E I, ' C H A P. Ttm i H ttt<br />

fle*xions fur le bon & fur le mauvais de la condirite des detjfc GeneYatix. Je me bor-<br />

^snerai Lun petit nombre, le fai.t portan_t"affez frir inftruitioh." •<br />

T^jfeJ General Carthaginois fe conduifit dans cette cdion avec toute Fadrefle &. tout<br />

Yirt d'un Capitaine habile & expeVimente. II attendoit le moriient qifuhe partie de k<br />

flotteenriemie entrat dans le port, pour»tomber alors furfa gauche, penfant bien que<br />

P la droi^e, avertie que Ja gauche etoit attaquee , fortoit du port pour courir^l felours,<br />

elle.ne pourroit arriver a tems, ni rhanceuvrer fans quelque dcfofdre \'i\ pre*-<br />

•oioit que ^eutree en etant fort etrbite, IeS Romains ne pourroieilt fortir qu'a lanle,<br />

& quetanf trop preffes leurs galeVes s*entretifoqu&oieitt infailliblement par la htte de<br />

gagner le large; qu'il fallbttprornptement' attaquer & doiibler leur gauche (5), &lui<br />

8ter 'par 1 i le poliv&ir de Tetendre & de 1'tflohger vers la pleine rher , en la fortifiant<br />

des galeVes (


x8s HISTOIRE DE POl^BE, I<br />

Oa « v6 pourtant de ees efprjts loards, en mati&e deguerre, reoiflir qudquefoisi (\<br />

mais ii Ton yprend garde , le fucc£s de leiirs affaires vient bien moins de la juftefle -.<br />

des moiens du'ils prennent, que de fimprudence ou de Tignorance, ou de la lichet^/<br />

de ceuxiq»* il» Q*t aflaire. Finiflbns ceci par une maxime d'un de nos Mafrajy<br />

Celui 4*i fcnfi * tottt nc fait rien: cekti qm fenfi a trof pen de chofes , efl feuvent<br />

trorxpe. >W*- V jj i,<br />

Autr$ faute du RofHaio. Lorfque Claudius s appergut qu'il avoft manque rheure J *<br />

il ppuvoit virer ds bord, Sc s'en retouraer d'ou ll froii venu}$ c*etoit tout ce au*il<br />

pouvoit feire de plus fage & de.pfrs judkieux : Tautre parti etoit incettain & dou><br />

teux. Ses faldats ne manquoient ni cte courage ni de reTolution ,• matf ceh ne fuffit<br />

~ renf<br />

trop<br />

J*l<br />

«ReSjr^a batailte , & £ fe pr^cautionner en dehors ; il fijTpIus^ll negligea de faire<br />

Ifcconnoftre.iion feul^ment Tentree du port, ou il nfauroit vu perfonne , ftiais encore<br />

les whers & les ecueila qui Aoient pres de 1'endroit oti Adherbal. V6oit cache avec<br />

toute fa flotte. $ le Conful eut pris cette precaution., il ife degageoit d r unpiege, qui<br />

(•Vtoif pa? autrement fort fubtil, & qui #e pouvoit re^iflir que,contre unG^neral<br />

jtfiprudent ^ fans expetrience & fans precautfons. Po.ur peu qu*il en eut ptifL renneiui<br />

fe fut trouve cr&-embarafl4?, f & fut tombe Iui-meme dans le pi£ge qu'il avoittendu:<br />

j'€n peut dire qu'il etoit furpris lui-meme > attaque , environne & accule contre cet<br />

rochers fans auaune efp£rance de fe fawver, qu'en donnant tout au travers, & en faifcnt<br />

perir les batimens pour faijyer.les hommes. Difons la verite: le Gerilral Carthaginoil<br />

donna beaucoup I la fortune , c etofe une neceffite : que fai-je s'il ne fut pas<br />

plus heureux qu'il ne fut habile ? II<br />

L'entreprife de Telutias, Geaeral de la flotte de Lacedemone, fiir leportd'Athenes,<br />

fut bien autremenf. conduite que celle de Claudius* Elle iflerite d'avoir placg<br />

ki, c'eft Thucydide qui nous 1'apprend :f jnous nous fervlrons de k traducStioo d'Ab-<br />

Jancoart^ C9C lorfq^on pe^t,|pindre l!jiilite des exeniples aux charmes de la didion,<br />

il faut bien fe garder de negliger le§ Ai^teurs qui en foht les mieux fournis.<br />

• J^Lacedemonien® aiant dona^ le^cqniniandement deleur arm& navale a Telutias,<br />

ayec rapplaudiflement de toute Ia flotjp,, il voulut faire voir a fes foldats qu'il etoh<br />

digne d'etre l leur tcte, par uap ent^eprife des plus hardies dont THiftoire fafle mention,<br />

8c d,'une ^PlJdu^e' fi admii*able, qup je ne vois rien de plus beau & de mieiuc<br />

^nage f tout d^pe^doit du fecfet & de la diljgence. Jfl debuta par une harangue pour<br />

^Mlcourager fc$ibldats, & ces haranguts, font d'uq grand effet./Quoiquecene foitplus<br />

k ntode d'en faya,. ceHp-ci pafTera jciavec le reftf , pour nous exciter a la fobriete.<br />

$c k feien d'autres v^rtus.<br />

„ Quojjjue je ne vous apportepoint d^rgeat^Co^lpagnonSji^efpereavec^aidedes<br />

„ Dieux, teur^-dit-il, de vous faire fubfifterparvotrevaleur&parmaconduite,Vous<br />

At/a\Wtque tandis que.jf\u commande', vous n*gv& point et^ traites plus mal qiiermoj|<br />

* & que i^ai toujours mieux aime^ manquer de quelque choft, que de ybus ep"ypj?<br />

„ ^nanquer. En un mot, je me paiTerois plutot deux jours de pdin, que de yousen<br />

*> laifler paffer un jour., Auffi ne m'avez-vous jamais vii faire"bonne chere^, qu'a1or$<br />

5> que ivous avez eu de tout abondamment; & comme ma portepeff toiycrurs ouverte'<br />

yy & que tous ceux qui ont affaire l moi me peuvent parler ,a. toufte henie, Jerievous<br />

„ puis tromper ni furprendre: quand ypus me voiez cjonc foujfrir, vousaedevlz.pas<br />

j*i trouver etrange de fouflrrir avec moi , puifque c'eft M\y vottc int&^rCe u'eft<br />

„ que par fes travaux & les dangers que nos ^tra,^'^^} ^eji^t feffe.dfe<br />

I , >9 g««-


«^<br />

LftV R E t CHAP.Kl J'- igj<br />

f^ IJ grandeiir; & P continuafit comme vous avex commence', vous couronnerez les v6-<br />

C^ +f tres d'urie fin heureufe. II i»*y ajrien de plus glorieux que de ne dependre de per-<br />

^^fonne, & de vivi-e aux depens des ennemis, fans avoir befoin de iairc la cour ni<br />

^, jRif precs ni aux Barbares. Les foldats s'£grie1ient-jqu'illesin£n$t ou UJuipJairoit*<br />

' I aprjs avoir facrifie', il leur ordonna de repaftre, & de s/embarquer auffi-rqtitec<br />

„ aes vivres pour un jour, afin de pouvoir arriver a tcms ou Dieu les vbudroif con-<br />

\ duire. II patfit incontinent apr£s, & cinglant de nuir. vers^le port d^AtheVies faipf<br />

foit repofer de tems e,n tems les rameuii , s approchafi* friielquefbis d'eux pour les<br />

I, entretenir; que fi quelqu'iift croioit que ce jut une temerite a lui, avec douzo<br />

„ galeres, d'en attaquer un plus grand nombre )ufques dans ,e portj qu^ilconfideVe,<br />

3, qu'apies la defcke de Gorgopas, les Athcniens-setoient relaches comme~s'ilriy<br />

%9 eut eu plus rien a craindie , & qu'il etoit plus lacile de let deiaire dans le port<br />

„ qu'ai(feurss car il favo$ qu'a Ath^ncs chacup croiant etre en f^ret^,irokcouchar<br />

„ dans k>n lijc, & qu'il ne demeureroit perfonne fur les ga^eres. Comme il fnt i fix<br />

S ou fept cens pas du*port, il fe halte pour donner haleine a fes gens, & attendre<br />

ii la vemie chi jour. II ri'eut pas plut6t paru , qu'it vogua a toutes rames droit au<br />

„ Piree, fans fouffrir en arrivant qu*on coulark fond, m qu'on brifat aucun vaiffeau,<br />

», ifi ce n'ertoit des galere*, qu.'il faifoit mettre auffi-t6t hors de combat. On remor-<br />

„ quoit les moindres yaifTeaux de charge , & 1'on fe con r entoit de faire des prifon-<br />

„ niers dans les grandes, jufqu'a en arrerer quelques-uns qui ctoient couches dans Ip<br />

„ magazin. Cependant on court du Piree donner 1'alarme dans la ville , chacun fort<br />

« pour voir Ce que cAetoit, & tout le monde prend les armes & fe rend au port.<br />

Aloi? Teltttias renvoia a Egine les vaiffeaux qu'il avoit pris, avec trois QU quatrc<br />

galeres, & rafant la cote gagna quantite de barques de pecheurs dc de paflage: puis<br />

»1 &ant irfive I Suhium , s'empara de plufieurs vaiffeaux roarchands, apr^s quoi U<br />

^ retourna vendre fon butin a Egine, & donna un mojs d'avance a fes (oldats. En-<br />

„ fuite il courut libremeut par tout, & prit tout ce qu'il put attraper; ce qui en-<br />

„ tretenoit le courage §c robeiflancc du loldat, & fournifToit a fa fubfiftance.<br />

SSOMO6SO»«OSSO»«OS80»«O5SO» «OSSO»«OSSO»<br />

C H A P I T RyE XII.<br />

Jmius pajfe en Sicile. NouvelU dijgrace des Romains a Lilybee. IIs<br />

evitent keureujemtnt deux batailless 'Perte entiire de leurs vaifi<br />

Jeaux. Junius entre dans Eryee, dejcription de cette ville.<br />

CEt echec \ quelque confiderable qu'il fut, ne ralentit pas chez les<br />

hRomains la paffion qu'ils avoient de tout jfbumettre a leur domination.<br />

On ne negligea jien de ce qui fc pouvoit faire pour cela, &c<br />

Ton ne s^occupa que aes mefiires qu'il faUdw: ^rendre pour continuer la<br />

guerre. Des deux Confuls qui avoient 6t6 cr66s cette annee, on choiiit<br />

Lucius Junius pour eonduire a Iilybfe des vivres & d'autres muni 4 '<br />

tions°pour Parmfe qui afli^geoit cette ville, & on lui donna fbixante<br />

vaifleaux pour-les efcorter. Junius etant arrive a Mefline, & y aiant<br />

groffi fa flotte de tous les b&timens qui lui ^toient venus du camp & du<br />

refle de la Sicile , il partit en diligence pour Syracufe. Sa flotce etoit<br />

de


,84 HiaaroiRE DE poaYIBE; 1<br />

de ilx vingt vaifleaux Jongs, •& d'emriron huit tens de charge. II donna.la<br />

moiti^ de' ceux


LIVREI. CHAP. XIL xff<br />

\ jour, bruk une paytie


i8tf HISlfOIRE DE POLYBB, I<br />

Carthalon aiant pris quelques vaifleaux, Sc en aiant brifS quefat»autres,<br />

jtfeloigna un peu de Ldybee, & alla /e pofter fiir la routedCH^/<br />

racl£e pour obferver fa nowelle flotte des Romains, & femp&heijjd*;^<br />

border au camp. Infbrm£ enfliite par ofcux qtrtl avoit emroife a Ja Qartfealon n'en u& pas ainfi, .ii etoit<br />

venu a def&in dc iurprendre dc de bruler k riocte<br />

Ramaiac, & fbn deileia raafTrt comme ji i'avoit<br />

premedite, pJutot que- de- £ure une vaine<br />

montre de fes fbrces, & de retarder ieuJement Je<br />

ficgc 'de LiJybee. Le Caithaginois etoit maitre<br />

d'agir felon Je tems , 2os lieux & J'occafton: 11prk<br />

fiur lui toute cettc affaimt oa admira k fartune<br />

du Francais, qui lui atfroit un boa caup 3<br />

faire fans avoifruie Je moias damonde, zu cru<br />

meme qu'iJ put ^iirprcndre fbaeanemi: ceJui^s»'<br />

^endit graces a cette meme fortuac, qui lioit s<br />

doutc k bonne fortune de ibn favori par Jes ordres<br />

de la Cour. Heureux les Generaux dont k valeur<br />

& i experience ne fbnt point retcaues & *<br />

tes par dcs ordres fuperieurs.<br />

Par tout ee que je viens de ctire-pJtis haut, il<br />

n'etoit pas difficile au Commandant de Ja flotte<br />

Romainc de .s'cmpechcr d'etre fuEpri 0c InruJc, &<br />

de ie garaatir du pifige. Jc Krouve fort peu d'e»<br />

xemples de ces ibatcs dc fnits dans Jes Aacieas.<br />

Je vois pourtant une notte bnuJee dans Homere j<br />

He&or fit Je coup , JJ mit Je feu a*k flotte des<br />

Grecs qui e'toit a J'ancre: & ians Je fecours de<br />

1'imaginatian du Paete, qui a toujours 1 Dieu<br />

ou unc Deeifc de refervc pour ics grands befi)ins,<br />

il eut coafurae 5c detmit ie tout. #<br />

fe fcavu:' de flambeoux pour cetre entreprhe , c<br />

Homerc n'cut beibin que de fcs machiiies ordinaires,<br />

de fes Dieux & de fcs Deeiies, pour e*<br />

teindrc cet iucendie. L'exemple que je vais citer,<br />

n'eil rieu moias que poetiquc.<br />

Ceiai" etaat arrive ea Afrique avec une partie<br />

de fes farces de mer , donaa ordre au refii ii<br />

venoit de SiciJc de le venir ^oandre. Commc im<br />

Lieutenans ignoroieat lc parage ou il avoit


L cjmw R*E i CH A p. TOL t8r<br />

p 1 gH^t qu'apres fon premier exploit il n'avoit qu'l paroirre<br />

P^ pour taincre. D'un autre c6t£ les Corretes, qui prennent les devans^<br />

^gjMppent £ rdcadre qui venoit de Syracufe que Ies ennemii n'6-<br />

I tqfteat pas loin. Les Romains ne fe croiant pas en etat de hazarder<br />

§ bat^ille, allerent rendre le bord a une petite ville de leur domina-<br />

$ion, ou il tfy avoi£ pas a la v£rit6 de po*t, mais.ojk des rochei» s'&*<br />

levant de.terre formoieijt tojtt autour un abri fert commode. Hs y d£barqu^rent,<br />

& y aiant diipofe tout ce qye la •ille putlcur fournir de<br />

cafapulfces J$ de baliftes* jls:«tftendirent les Carthaginois. Ceux-ci ne<br />

fiirent pas plut6t arriy^s qu'ils penfercnt a les attaquer. Hs s*imagixxaxqpt<br />

aue daijs la fraieqr ouetoient les Romains, ils ne manqueroient<br />

pas dc Jf retirer dans cettc bicoque, & de leur abandonner leurs vatf-*<br />

feaux. ^daisifaflaire ne tournant pas comme ils avofent efp£r6, & les<br />

Romains fe d^fendant avec vigueur, ils fe retir6rent decelieu, oitd^ail»<br />

leurs ils etoieitf fort mal a leur aife, & emmenant avec eux quelquet<br />

vaifleaux de charge qu'ils avoient piris, ils all&ent gagner je ne iai qud<br />

ileuve, oui ils demeur&ent, pour obferver quelle route* prendroient les<br />

Romains.<br />

Junius aiant fini a Syracufe tout ce qu'il y avoit a faire, doublalecap<br />

Pachynu*, & cingk* vers lilybee, ne fachant rien de ce qui 6toit arn-<br />

\6 a ceuxj <br />

pour foutenir un combat, & trop proche de renneml pour prendre h<br />

' fuite, il pr# le»parti d^ller jetcef 1'ancre dans des lieux e(carp&, &ablplumcnt<br />

inabordables, refoluatout fouffrir phitot que de livrer fon armee<br />

a Heiy>emi.i& Cartfcalp&ie garda bien de donner bataifle aux Ro-'<br />

mains dans des lieux fi difficiles* il fe iaifit d'un Promontoire, ymoqilla<br />

1'ancre: & ainfi plac£ entre les deux flottes des Romains, il ^xami-<br />

. noit ce qui fe paflbit dans l'une & dans 1'autre.<br />

Une temp£te affreufe commen§ant a menacer, les Pilotes Carthaginois,<br />

gens habiles dans le$ rovrtesi>& experts fur cgs fortes de cas, pr6virent<br />

ce qui alloit arriver. Ils en avertirent Carthalon, & lui confeillerent<br />

de doubler au plut6t le cap Pachynus, & de fe mettre |^ ^i^bri<br />

dc Porage. Le Cointnandant fe rendit pruaemment a cet avis, II fallj#<br />

beaucoup de peine & de travail poup fpafler jufqu^iirdela 4i cap,<br />

mais enfin on y pafla, & on y rait la flotte a couvert j La temp£te ^r<br />

fiM« cla~!<br />

galerts *i wi^tangs qni etoient fans Jefinfi. Je h&> grande partie de l*equipage de f& navire» etoif V<br />

zarde ici une con;^«ure que je tiens tre*-proba- terre, ou au camp; ce qui cauia fbn malheur, &«<br />

ble, & qui va meme au-(fcla de Ia probabilitej je produifit ynebonne fbrtiede ceux de ^lpkce; ces»<br />

iftis periuad^ que le Commandant de la flotte de- momens fbnt trop favorables, & un hapjle C^U^<br />

vant t.ilybee, tombadans lee memes d^fauts que vejneur ne les laifTe pas echaper.<br />

cclui qui etoit a la rade de Leptis, & que la plu«<br />

Aa 2


i88 HISTOIRg Dt POLYBE,<br />

date.enfin. :^Lcs deux Aottes Romaines fr fi'„r#. A J ' i .<br />

expofes & decouverts e„ ftrent fi S S t a S S & ^ S ? " ^<br />

refta pas meme une planche dont on pdt faire ufSrw?* I * I °?<br />

idetoit les affaires des Carthaginois, & aLSiiM? ""feMP<br />

s<br />

acheva d/abattre les Romains, ^ d 0 ^ f ^ ° ^ ^ c \<br />

JTqmtterent la mer & tinrent la campagne


Ibn feitiblablC) avoit adopte cette maxime, & s'entrouvatoujoursbien;carthaIon k<br />

pratique dans toute fon Itendue danscette affaire. II vientjde bruler une partie de k flotte<br />

Rontfine devant Lilybee. Un autre, qui ignoreroit la maxime, feelorifieroit d'unestetfe<br />

a&ion, s'en contenteroit; il n*iroit pas p.lus Join. Le Carthaginois habile &'*<br />

garde d'en demeurer II, il eft averti que 1'ennemi eft en mer, qu*il amlne un grani eonvoi<br />

de huit cens vaiffeaux de charge, fous Tefcorte de fix vingt navires de guerres<br />

il remercie la fortune qui hii oflre Poccafion de remplir la maxime. 11 va au-devant<br />

de cette flotte fur la route d'Heraclee, il la joint & Fattaque promptement. de peur<br />

de laiffer entte les mains de cette fortune une occafion de defaire ce qu^onn^auroitpas<br />

acheve. II mcrite que nous lui appliquions en Latin, apres l'avoiir dit en Francois<br />

ce que Lucain attribue au Capitaine Romain: •<br />

Nil attum credcns, dttm qttid fttferejftt agendttm,<br />

Vdifo le ca;ra&ere d'un veritable Chef dVmle, 1'huineur d'un vrai ConqueYant qui<br />

ne veut pomt laifler de queue* aux guerres, ou.du moins a une campagne. Les Ge^ne^<br />

raux d'une humeur toute difierente fe contenterit dil moins lor(qu'ils peuvent le plus,<br />

fiippofe qu'ils le connoiflent, ils cherchent r&lat, & non te folide. II ne faut pas<br />

douter qu'ils ne frapaflent de grands coups, s'ils croioicnt etre auffi heureux aujourd'hui<br />

qu'ils l'ont Ae le jour prece^dent. Car on cherche naturellement 'iVilluftier, &<br />

une vi&oire ne fuflfit pas pour cela. La vi&oire, dit Tite-Live, n'eft pas toujour*<br />

une marque de la yaleur & de rintelligence. Qtii fait s'ib ae craignent pas qu'un fecond<br />

combat ne leur fafle perdre la gloire du premier? Qui fait fine fe defiant de rien<br />

de ce c6te-U , ils n'ont pas un deffcin fecret d*allonger la guerre de quelques campagnes*^<br />

pouf fk rendrejphs ne^ceflaires ? Il y a telte campagne qui acheveroit une guerre,<br />

fi lesGcneraux, pour leur profit particulier, au prejpdice de cehii du Prince, ne fourniflbient<br />

adroitement des reflburces a 1'enncmi pour la continuation de la guerre. Gabiniusprenoita<br />

toutesmains, pilhnt indifleremment amis" & ennemis. Ces fortes de fupercheries<br />

faites aux Souverains font fans nombre dans 1'Hiftoire ancienne & modcrne.<br />

Les GetieYaux, qui font la guerre commeunmetier uniquement pour amafler de Vugent<br />

, ^leshonorent les armes. Ccla me fait fouvenir d'un pafTage d* Aulugele, qui vaut<br />

la peine d'etre rapporte. Cornelius Rufinus Aoitbrave & grand Capitaine, mais d'une<br />

avarice & d'une rapacite* prodigieufe. II choifit un tems oii les affaires des Romains<br />

Itoient en danger, pour demander le Confulat. Ses Compe^titcurt ^oient des gens qui<br />

fe trouvoient aufli peu charges demeriteque de capacite' pour la guerre. Fabricius le<br />

haifToit extremement. II ne laifTa pasquedebriguerpourhii, & tre>fortement. On<br />

lui en demanda laraifbn: c'eft,repondit-il,quej'aimemieuxetre pillequevendu.Revenons<br />

aux Ge^neraux qui ne fbnt pas femblables a ceux-ci, & qui font le moins lorf*<br />

qu'ils pourroienf fort bien poufler au plus: je croirois volontiers qu.'ils font capables<br />

d'une bonne aflaire, &delagagner pleinement & fans e^quivoque; mais leur perp&uelle<br />

de^fiance & leur incertitude naturelle ne leur permettent pas de tenter une feconde fois<br />

la fortune, & encore moins une troifi^me, qui peut terminer & ffnir la guerre.<br />

II eft pourtant furprenant que les plusgrands Capitaines aient 6t6(ujets 1 cfctte fprte<br />

de defaut avec les qualites du monde les plus rares, & cridV fembloient les plusoppofifcs.<br />

Nous en connoiflbns un bonnombre, anciens & mocfernei; ijs peuvent fe confcler<br />

de ce deTaut, puifque tant d*autres plus grands qu'cux y ont £teTujets. On croirdit,<br />

en lifant leurs ftits & leurs geftes, qu'ikneftvoient que fe battre; ils fbnt i I*abride* Aa j fc


%fi* H I $£• O I $fJ$) DJB ^P O L £B BL I<br />

ferepof^r &.^dpcQt^s?F 0 ^ 0 / 1 ^^^ P°9£I9 W ? % refte4c la^ampagric^-fiol<br />

rten faire & fans tirir le moinarc friut aVleurs vicfcoues; & cette a&ivite, qu'oa it—<br />

marque ffabord[cfleux dansufte afitioq.dcciCve, n'eftqu'ua feude peu de doreie qiii<br />

sVteiot 8c qui /'epuife. &&qit le de&ut du grand AnnitaJ. On fe fouvkndra ,<br />

rbmpliment qui lui fut fait apres la bataille de Cannes, il nVtoir pas fans fondemenc<br />

Piftctrefiis jimibal, fed viUoriaHtinefcis* Riea,.ne rempeciu4t de tirej dro& s\Ro-f<br />

ijie, comme Adherbjal, atiteur du corriglinient,, lui canfeiUoit apres uu fi bon coups<br />

/il y eut rnarcM, ne s'en rendoiViJ pas le maitr©? En prenantcfl partii//* f»l 4*fv<br />

penfe dc dorinar jfor la fuite tant dg combats & tant de ba^ijjss^cjui n$ detiderenf<br />

jamais ritti. '<br />

Guftave-Adolpne, un vrai AVinibal, ne,fe rendit pas moins digne du compJwnent %<br />

pr£s la bataiile de Lipfick: en allant droit a Vienne, il chaflbit 1'Empereur, eflraie 8c<br />

confterne de la deroute de fbn armeC prefque e%t£rjrujj&. Ferdinand A^v^it pas plus<br />

detroupesa" luioppofer, queles RoraairtS nenavoient a Rome. II ne^gligea de le faire.<br />

S; il eut coaru k cette cqnquete, ii fe fut ^pargnc une grande j|ourneef tjncs-bdle<br />

8c trSs-glorieu/eV % ty v^*ite, qui^iit celle de Luuen; mais il y peritf .c£.quiae,luj|%<br />

/Bt pas arfive, s'il eut prof&e de la pricedente. H<br />

M. de Tiifenne difbnj quil eftimok plu^ Mn JGeneiral qui xoufervojt un pai'sf o*<br />

pres une bataille perdue \ que celuj qui 1'avoit gagnee, & n'avoit pas fu en profiter*<br />

II avoit raifbn. Ceu^ de cette demiere efpec^ nejont pas rares.. Apparnit nefcire tvi<br />

viftoria uti, dit Tite-Live; mais ceux qui poulTent les avantages d'une vi&oireaulii<br />

loin qu'Js peuvent alferl comme M. tePrincc 8c rVl, de Tujrenrje^ ne fe trouvent pas<br />

par tbut. D'oij vient cela? Ceft quc ceu^c dont la hardiefjen'a pointdebarnes,ont<br />

i efprit borne a cet egard-la, 8c que les autres, qui ont alTez de genie, de capacite<br />

6c aexperience, manquent dc couraee. II s'entrouve beaucoupencorequivoudroienc<br />

entreprendre les chofes hardies, mais tres-peu qui ofent les commencer, plutot par<br />

ignorance que par timidite: car la Iiardiefle, qUelquegrandeqtfelle puifle etrejn^efl<br />

jamais depourvue de cette capacite qui nous fait voir la poflibilite de la chofe qu'on<br />

entreprend.<br />

II me femblc pourtant qu*une vicl:oire complette&decifive, qui laiflelacampagnei<br />

toutenue, dc fans une amc ennemie qui y paroifTe, devroit nous faire courir au Joia<br />

& au Iarge, & produirc.un deborderaent cf'un bout a rauirf 4'WP^ff flwf^ trouve<br />

fgns aucijne defenfe, ou nous mener k d r autr^s vif'^ e terrei ^ & d^onrierncn^aiVainqj^ & cette opjnioc applani^ les d5fi«ilftefcf &<br />

leve tous les obftaclesu •<br />

Carthalon etoit un de ce$ hornmesnfcs dont j'ai parle plus hai^^llfifrprcnd la<br />

flotte Rqcnainc, enleve quelquc^vaili^u^.cn brulc jw npmbrea au|res(:^utbr^<br />

1$}$ touty fi.rarme^e de terre ne fu^venu^ au fecom**^pM^raffai^jn4^cife, par^f<br />

cequ*jj ne put la poufler plus loin,H.^.cpur^b uap,autffi quft lafyrtuaolui qflrf^ &;<br />

cprJCAPPt a bput: vpila qui eft d'unr,Qpitaine quia,le geoic, la capacate8c k COUJJ»ge<br />

de fai(jr fes' occafions qui, £ prefentjent, H<br />

Se fervir de Poccafion eft une marque infailljbje cje rhabileti & du courage d'uri<br />

Ge^neral d^aiTn^ /L*occafion, dit Tacite^, eft la rncre des grands ^veneraens. Qppo**M<br />

tuny magnis conatibm tranfitus remm. En effet une viftoire decifive & cornplei;t%<br />

nous cpnduilji u^ f^ftfc d'cnjreprifcs & de grands de#fjo|, qu^ r^Jccn? tw* dc la


| jrT 11 tmKWWK llllLJIHKiu<br />

\J 'dnmUrt n «*en preferitera dans kcoursde cctouvrage. Ltf-'<br />

quifle, que j^ua donne ici, n'eft que pour ^ire voir*ux gens du metie^que h perte<br />

de la plupart des batailles eft plus dans Topinion que dansla chofe meme; leshommes<br />

braves, audaciexix & Qntendus, s'elevenc ^ns "ks plus grandes'krfbitunes4 biin<br />

loin a y fiiccomber: rkn ne manaue ou. Jlv f du courage.<br />

Si le Marechal de* BoufSers eut e'te de 1'huHieur cji" Duc de Wrimar, apj^s la P?rte<br />

de la bataille de M^lplacmet, fi tarit eft q*f une bataiUe obftineme»t fcutenue, c^dee?<br />

enfinfans perte, & qui ne firfifqtie par la bleffureduljcneral, & la lichete dc quejques<br />

corps qui abandonnent leurs poftes, peut*€tte rnrfe a-urang des bataitteSque Ton<br />

ne peui revendiquer: f\9 dis-je,le MarechaldeBoufflers, undesplusbraveshommes,<br />

& le meilleur Citoien que la France aif jaipai^ oii* jfan^dcoutf^les confeili-de c^raines<br />

perfonnesl dont 1'exc^s de prudence .etoit un effet de nos infortunes pafloes, eut marcli^<br />

quclques jours aprfcs c^tpe batailk daoit- auxtnnemi* qui affiegeoient Mons, il le*<br />

eut


l9% HipftlREDE POLYBE, |<br />

cut furpris, & leur cfit fait boirc le merae vin que les Bavarrois burent 1 Rhin^<br />

felt.<br />

Unebataiflen'efl: complette & decifive qu'autant qu'on en fait profiter des Pinftanr.<br />

que la vi&oire s*eft declarce, fans nulle equivoque, qu'aucun corps ne refte encsntier<br />

que tout s'enfuit, que tout court a\Ja debandade. Le General vi&orieux doit<br />

bicn fe garder alors de faire un lieu de repos du champ de bataille; mais imiter cfct<br />

qne fit Cefar dans toutes fes vi&oires, & particuli&ement dans celle de Pharfak^, II<br />

n'z pas plut6t vaincu Pomp&,' que tout fur ]& champ il marche a 1'infulte de fcn<br />

camp, qu'il emporte; ce n'eft pa^ encore aflez , iJ le fuitfans reMche, 8c a marches<br />

fbrc&s. II Toblige de monter iur mer; il y monte auffi, & avec la meme promptitude,<br />

de peur qu'il ne lui echape: belle le^on pour les vi&orieuxf qui nc ie font<br />

jamais qu'£ demi.<br />

On doit laifTer 14 tous Ies bleffes, les gros bagages, la grofle artillerie, enfin tout<br />

ce qui peut retarder la marche d'un feul momcnt, camper fur les traces des vaincus,'<br />

afin qu'ils n'aient pas le tems de fe reconnoftre, & de recourir aux reflburces.<br />

I Ordinairement une armle battue cherche fon falut par differentes routes & diverfe*<br />

retraites: on doit partager ibn armee en plufieurs corps dans un tr£s-grand ordre, les<br />

envoier aux troufles des fuiards, tacher de les atteindre pour les accabler, & ruiner<br />

le tout. Si les vaincus fe reuniffent & fe raflemblent fous le canon de la place la plus<br />

voifine, Tattaquer brufquement a la faveur de la nuit, ou dans le plein jour: on effuic<br />

un feu de paflage, mais des qn'on en eft aux mains ce feu n'a plus lieu. Combien<br />

PHiftoire nous fournit elle d*6cemples de ces fortes d'entreprifes ? Sans epuifer<br />

cette matieVe, fur laquelle nous ne taririons pas, on doit fculement confiderer qu'il<br />

y a certaines bornes d'oii Pon ne fauroit s'ecarter apres une vidoire: c'eft en quoi<br />

confifte 1'habilete' du General. II y a un certain point jufqu'ou il eft permis de<br />

pourfuivre fes avantages. Ce n'eft pas connoftre fcs fbrces, ni memc celles de fts<br />

ennemis, que de n^pfer aller jufques-l^, ou de vouloir alfcr plusloia, lorfque ladefaite<br />

n'eft pas entiere. Bien des Generaux ont ete battus apres une vi&oire, faute<br />

de connoitre la jufte etendue qu'ils auroient pu lui donner. E<br />

C H A P I T R E XIII.<br />

tPrife dErCte par Amilcar. *Differentis tentatives des deux Gene-<br />

1 raux l*un contre l 9 autn. Amilcar afiiege Eryce. Nouvelle fiotte des<br />

I Romains commandee par C. Luffatius. Bataille d'Egufi.<br />

LA dix-huitienie ann& de cette guerre, les Carthaginois aiant fait<br />

G&ieral de leurs arm&s Amilcar, fiirnomm^ Barcas, ils lui donnerent<br />

le commandement de la flotte. Celui-ci partit auffi-t6t pour aller<br />

ravager Tltalie, il fit le d^git dans le pais des Locriens & des Bretiens:<br />

de la il prit avec towje /a fiotte la route de Palenne, (a) &c s^em-<br />

I ^Q tf para<br />

(a) Zt s'emp*r* fEyce, fUee fituh fitr U iori aflures : c*etoit une fille ^e Sicilc. La deici»de<br />

U mer.j Nous ignorons aujourd'hui fim e'xif- tion que Polybe en fait ne fcnt point la negligentancc,<br />

ou du moins n'cn fommcs-nous pas trop cc dcs Ancicns Autcurs. U etwt ^une cxtrlme<br />

im-


• L I lOBJETT^ C H A P. XIII.<br />

para d E*&e, Iplace fitu^e fiir le' bord de la mer entre Eryce & Palerlfes-c©nfcode<br />

pour y loger une armee m£me pour 4ong^ems.<br />

Gar pft une montagne qui s J 6levant de la plaine jufqtfa une affez grande<br />

hauteur eft efcarpee de tous c6t£s, & dont le fommet a du moina<br />

cent ftades de circonference. Ati deflbus de ce fbmmet tout autour, eft<br />

kin terrain tres-fertile, oii les vents de mer ne fe font pas fentir, & ou<br />

les bjti venimeufes font tout a fait inconnues. Du cot6 de la mer, 8c<br />

du cot6 de la tgrre, ce fbnt des pr6cipices affreux, entre lefquels cc<br />

qu'il refte d'efpace eft facile a garder. i Sur la montagne s'61eVe encore<br />

une butte qui peut fervir comme de donjon, & d'ou il eft aife d'obferver<br />

ce qui fe pafle dans la plaine. Le port a beaucoup de fond, & fem-<br />

Me fait expres pour la commodit^ de ceux qui vont de Dr^pane & dc<br />

Lilyb^e en Italie. On ne peut approcher de cette montagne que par<br />

trois endroits, dont deux font du cote de la terre, & un du c6te de la<br />

tner, & tous trois fort difficiles. Cfc fut dans ce dernier qtfAmilcar<br />

vint<br />

imjportance pour l'inftruc*tton de fes Lecteurs,<br />

qu ll nous la dopnat dans toute l'^xa&itude, non<br />

feulement d'un Oeographe » m|is encore d'un<br />

nomme de guerre. Cette defcftptiOn n'a aucun<br />

rapport k celle de Baudiand dans fon Di&ionnaiyp<br />

Geographique. 11 dit qu'a deux millesde Drepane,<br />

ou r^pani, il y a un bpurg appelle Trapani-veechio,<br />

ou l*onpretcnd


HISTOIRE DE^POLYBE,<br />

vint campcr. *(a) ** ^ loit ^ il ^ *"*? **^pfcfe qrfftlP6«to^our i<br />

jettcr ainfi iu miiieu de fes cimemi^jp^aiant ni ville ailidP<br />

ce<br />

19+<br />

/a) JlfaUoit qttAmilcar fit twjji intrepik qteil<br />

fiioit, pour fijetter ainfi 4» miiiete defisennemU.^<br />

fohht sexprime d'un faeon qai ftroit fbupc,onuer<br />

dkbord; quelque a&e draprudence heureufc<br />

dans la conduite d'Amilcar, ou quelque chofe qui<br />

en apprdcke extremement. On fent biec qu'fl<br />

vcut louer ce grand Capitaine de fa hardiefle a<br />

cntreprendre les chofes les plus difriciles, les plus<br />

embarafTantes dans Tejcecution, & qui femblent<br />

meme au deirus ctes fbrces humames. On fcnt<br />

bien, dis-je, & peafcej ma» le tprmc neimepatyh<br />

nullement propre a exprirner ce quij veutdiifc:<br />

il f cft m£me tout oppofe, 8c par-la irYen<br />

feut beaucoup- qu'ii le loue* En efrct fon entre- |<br />

prife femhjfe d'afcjord jufte au fens vecitable da tejrme,<br />

par I'a cbnfideration des fbrces de Barcas,'fr<br />

difproportionnees en nombre a ceiies dcs Romains,<br />

8c queft-ce que ces Romains? Sont-ce des Barbaies,<br />

contre lefquejs le petit nombre fuffife pour<br />

Jes vaincre ? U s'en faut bien: car outre qu.MIs fbnt<br />

fupeVieurs en nombre aux Carthaginois, us Ie fbnt<br />

encore par Ja iituation des Iieux 6c du pofte qui<br />

tout parfeme de chicanes, peut-etre defendu par<br />

peu de monde, 8c cependant il y en a au-delade<br />

ce qu'Ueo.faut> 6c ceux contre lefquels Barcas va<br />

combattre iont les plus braves hommcs du mon*<br />

de, Jes mieux difcrpfines Sc les plus aguerris. Ce-<br />

U ferpit d'abprd croire par tant de dirBcaltes, que-<br />

Je terme d^intrepide dont notre Auteur fe- fert j<br />

«Tqnvient parfaitement au Genei alCarthaginois, 5c<br />

pourroit Ie faire pafler pour un homme qui s'expoie<br />

imprudemment, & ><br />

dans une guerre tres-dangereuie, • & meme tresfpUe.<br />

Car ceft ce qu'infinuent ces parolesde Po^d<br />

lybe, naiant ni viflaalliee, ni efperance d'auwnfieours.<br />

Encore une fois, ne diroit-on pas que 5<br />

tcrme d'intrepide luified a merveille? A une dcnaie<br />

page de la L'on fe trouve tout etonne de voir<br />

un homme qui n'cntreprend rien que par dcs moicns<br />

& des meiures tresrfages, tres-prudentes & tresf<br />

puofbndcs, qui donnc toyt a cela, & rien a Ia fortune:<br />

iJ y a bien Join de ridee d'un Geheral intrepide<br />

8c temeraire , a ceJJe d'un homme iage &<br />

concerte dans ies deileins. Je ne voudrois iamais<br />

me fervir du terme, d^ntrepide pour reprefenter<br />

un grand Capitaine, fans 1'accompagner d'un bon<br />

corrcMftif pour arreter l'imagination du Lccreur<br />

dans fa cout/jfe, & remn^cher dtaller trop loin: cat<br />

dc l'intrepidite. a la temerite, quoique Pune fbic<br />

moins vice-que Tautre, iln'y a qu'un tpur, dema*<br />

niwelle a, donner pour les joindre cnfemble. Ce<br />

tpur de. manivella ne gate rien-de la reputation<br />

^' >u prudenc.e, & noi d'ua coup de temeiiterOud^iaA<br />

trepidite.<br />

M. de k Rochefoocaut, dans fes maximes,defmit<br />

1'mtrepidite fans aucune exceptiofi du coup<br />

de manivelle. U 1'appelJe une Wdiefle, une affuraace<br />

, une forte extfaordinaire


HVRBft<br />

4fc d'a\zfcun fecourt. Malgre cela<br />

taillcs aux Romains, & deleur<br />

I ^fjm<br />

chacun tombe en admiration. 11 faut voir, dirpflt<br />

les experts, ilrr quoi cetteadmirationeil fondee.<br />

]1 o6 ftut pas juger d'un Generai £ur 1'eVl*<br />

'iifementij 4 raut examiner les nioiens ausil a choins<br />

pour vaincre. Si l'on ne remarque nen que de<br />

mediocfe Hf II rbit commun dans la conduite, fi<br />

i'on a'y voit Cc font deux vt&oiies ou la prudence n'a<br />

aucune part, & ou 1'ignorance du vaincu fetrouvc<br />

dans toute fbn etendue*» wm<br />

Si l'on voit un General a la t&e d'une petite armee<br />

conrre uri autre, qui lui oppofe le riombre<br />

S la force ea tout, & que le premier par des mouvemen#<br />

bien concertes fe ferve de 1'avantage des<br />

poftes, 8c rende tous fes defleins inutiles, dans le<br />

£< qu*$ri autre n'ofen>!t paroitre en campagne,<br />

c'cft la conduite d*uft grand Capitaine, 8c non pas<br />

d'un homme intrepidcj parce que fbnhabilet^applanit<br />

les plus grands obftacles, & les rend trespraticables,<br />

S'il-#e trouve dans un avantage egal<br />

de terrain, ou #i| fe vott dans la neceflite de bazarder<br />

une afraire, il ira hardiment au-devant de<br />

ibn enncmi, fonde' fur fbn habilete, & la bonte<br />

de fbn ordre de bataille fin, rufe 8c profond ; il<br />

1'attaquera & remportera la vi&oire, non par un<br />

plus grand courage contre un moindre 5 ni par un<br />

cffet du hafcardj mais par la icience, ^par l'adre£<br />

fe, Sc par un plus grand art dansiata&ique: peut-<br />

®n dire qu'un General ne fauroit fe conduire de la<br />

forte faris uric tr£s-grande iritrepidite? Ce feroit<br />

tres-mal le louer, c*eft plut6t un homme tr£seourageux,<br />

qui ne hazarde rien ctmtre les lumieres<br />

de fa prudence, quoiqu'il le femble en apparencc,<br />

8c en ne confiderant que fcs Ibrces 5 c eft<br />

un grand homme, uri grand Gapitaine, que les<br />

difficultes eneouragent loin de le rebuter, 8c dont<br />

1'etendue 8c la penetration lui fourniflent une in-<br />

€i de rufes & de refTources pour executer ce<br />

cjue ks autres croient impofiible, parce cjufils forit<br />

deriues de cet eQ>rit 8c de ces connoiilances, 8c<br />

qu'ils n'agiflent que par la maxiroe que la fortune,<br />

Kivoriie les intrepides 8c les audacieux. Cette ma><br />

xime ne fait pas toujours fortune, c\k tire ibuvent<br />

fa.force des avantages precedens, 8c d*une<br />

plus grande ignbrance dans lemiemi, ou du hazard.<br />

IlnV a point de hazard, dira quelqu*un: rien<br />

ne fc tait fans caufej j'j confens: cette caufe fe<br />

trouve donc dans 1'infumfance du vatncu. Saint-<br />

CHAPrXIlJ. ±H<br />

m laifla pas d# livrer dc grofles bar<br />

nner de grandes alarmes» Car d'abord<br />

Evremont cjlt quelque part , que le courage du<br />

Marechal de Chitillon etoit une ifttrepidit<br />

reflechi 8c deiibere a loiiir iur ce qu'ilvouloiC<br />

entreprendre. 11 eft certain que fa raifon reftoit<br />

toujours libre 8c entierej cela fe reconnoit aflez<br />

dans \ts combats qu'il a donnes, dans le commencement<br />

comme dans les fuiies. Ceux qui imputcnt<br />

fes fuccea a la fortune, font ou injufles, ou<br />

peu eapables d'en juger. il rendit toujours 609<br />

compte de fes ttmerit&s, dit je penie ibn Hiftorieri,<br />

il moit etabli parmi,les gens du metier les fltts ewtendus,<br />

que la ffectdfttion etoit merieilleufe dans 1$<br />

cabimt, mais cjuil f&iloit neceffairement de iaudace<br />

& de 1'acJion m la guerre. Cette maxime, que<br />

ibn Hiftorien lui fait debiter, eft vraiecn un fens,<br />

Sc abfurde en 1'autre, 8c ces gens du^metier les<br />

plus entendus qui 1'avoient embraffee fans reftrio<br />

tion, n'y entendoient rieri: a moins que par h<br />

ipeculation qn'il louoit dans le cabinet, il n'eo»<br />

tendit 1'etude 8c la recherche des moiens 8c des<br />

mefures dont on fe iervira en campagne. Je cor»><br />

fefle, 8c c'eft un axiome, qu'ilfaut del*audace&<br />

de 1'aAion a la guerre: mais cela ne veut pas dire<br />

qu'il faille en 6ter le confeil, la deliberation 8c la<br />

meditation, ou la fpeculation. La guerre eftune<br />

fcience corame la plupart des autre», quiibnr fp^*<br />

eulatives 8c pratiques. Par cette maxime ce Ca><br />

pitaine veut nous oter la liberte de penfer, de mediter,<br />

8c de railbnner iur ce qii*il faut faireavant<br />

que d'en venir a l'execution 8c a la prataque. H<br />

faut donc agir machinalement, 8c ne reflechir iur<br />

rien a la guerre. L'a6tion 8c 1'execution d'une entrepriie<br />

ne peuvent etre qu'une iuite de la meditation<br />

8c du raifbnnement: l'on juge par les actions<br />

de ce General, que k ipeculatura ki etoit<br />

Vn 4'ua<br />

Bb»


i5 H I W O I R S DE P OLfB Ef<br />

bord fe mettant 14 en mery il alla d6folant toute la o6ce d'Itali4, &p6netra<br />

jufqu^au pais des Cumeerts: enfuite les aitis 6tant venus par<br />

terre fe camper a environ cinq ftades de fon armee devaat la ville de<br />

Palerme, pendant pres de trois ans il leur donna une infinitd de difESrens<br />

combats.<br />

(a) Les d6crire en d&ail, ces combats, c'eft ce qui n'eft pas poflible.<br />

On doit juger 4 peu pres de cette guerre comme d'un combat de<br />

forts & de vigoureux athlitqs. Quand Ds en viennent aux main/pour<br />

emporter une couronne, & que fans cefle ils fe font plaiefiir plaie ni<br />

eux-m&nes, ni les ipeftateurs ne peuvfent raifonner furxhaquecoupqiri<br />

fe porte ou qiu fe re§oit 5 quoique fur la vigwwr^ l'6mulation, Texperience,<br />

d'un grand ufage 8c d'un grandiecours; qu'il me- pikges* des fi/rprifes, des ttpprpekes, des atta^st<br />

ditoit fans cefle pour de nouveaux defleius, 8c tnais m Hiliorien qui voudroit expliquerpourauoi &<br />

qu'il agiflbit de merne.<br />

comment tout cela fe faifoU-i ontreroit Uarn un de-<br />

M. de Turenne etoit 1'homme du monde leplus tail q%i feroit fort a charge au LecTeur, tjr $mi m<br />

medrtatif, joignant ians cefle k fpecuktion a la lui feroit d**ucune utilite. Ce raiibnnement ejft-il<br />

pratique, & c'eft a cette fpecuktionqu'iladutou- bien judicieuX ? Ceft dans les guerres dirficiles<br />

tes ies vififcoires 6c tant de raanceuvres favantes 8c qu'on trouve rinftru


g' L4 VRE I#C Hitfp. xifs j|:'. t97<br />

fience, M forffe & fa. bonne conftitution des* coinbattans jj on puifle atifement<br />

& ; former une jtifte idee du combat, II fiwt dire la m£me chofe<br />

de Junius &c d'Amilcar. C'6toienc totis les jours de part & d'autre I<br />

despi£ges, des furprifes, des approches, des attaques. Mais un Hifr<br />

torien qui voudroit expliquer pourquoi &C comment tout cela fc faifbit,<br />

cntrerott dans un detail qui feroit foit & charge au Lefteur , 8c ne lui<br />

feroit d'aucune u£ilit6: ^jtfon lui donne une id6e g6n£rale de toutcequi<br />

fe fit alors, &c du fucces de cette guerre,*ea voila autant _qu'il en faut<br />

pour Juger de rhabilete* des G6n6raux. En deux mots, on mit desdeux<br />

c6t6s tout eri ufage \ ftratag&nes qu'on avoit appris par THiftoire , ru*<br />

fe de gueirre que leccafioft & les circonftances pr£fentes fuggeroient, H<br />

hardieffe, impetuofite*, rien ne fut oublie'. Mafe il ne fe &t nen de d6cifif,<br />

& cela pour bien des raiibns. Les forces de part & d'autre 6toient<br />

Igpes; les camps bien fortifies & inacceflibles -, l'intervalle quiles<br />

feparok, fort petit: d'o&il arriva qu'ii fe donnoit bien tous les jours<br />

des combats particuliers, mais jamais un general: toutes les fois qu'on S<br />

«n venoit atnc mains, on perdoit du mondey maii des que Pon fentoit<br />

Pennemi fuperieur, on fe j^ttoit dans ks retranchemens pour fe mettre<br />

a couvejt, & enfiute on retournoit ih charge. Enfin la fortune,<br />

qui pr6fiddit 4 cette efp6ce de lute, tranfporta nos Athl6tes dans une<br />

autre arene: & pour les engager dans un combat plus perilleux, les reCferra<br />

dans un lieu plus 6troii. I<br />

Malgr6'la garde que faifbient les Romains fiir le fbmmet, &c au piedsiege<br />

du monc Eryce, Amilcar trouva moien dentrer dans lauTille qui-t 6t»it d ' Er j[ c *<br />

entre les deuX camps. II eft 6tonnant avec quelle r6fblution & quelle^iicar"<br />

conftance les Romains qui 6toient au-deflus foutinrent ce fiege,' & a<br />

combieij de dangers ils furent expofes&UtMais on n'a pas moins de peine<br />

a cohcevoir commentTles Caithaginois pilirent fe d6fendre, attaques<br />

comme ils 6toient par defliis & par deflbus, & ne poiivant recevoir de<br />

convois que par uiri J 'feul endroit de mer dont ils pouvoient difpofer.<br />

Toutes ces difficultes jointes a la difette de toutes chofes , jtfemp£ch6ttnt<br />

pas qu'on n^emploiat au fiege de part & d'autre toutPart&toutela<br />

•igueur dont on etoit capable, & qu'on ne fit touce fbrte d'attaques & 1<br />

de coihbad: *Erifin ce f!6ge finit, non par r^puifement des deux partis,<br />

caufe par les peines qu'ils y fouffroient, comme Taffure Fabius ; carils<br />

fbutinrent ces j peines avec wne conftance fi grande , qu'il ne paroiflbit- I<br />

pas qu'ils ks fentiflent: mais apres deux ans de fiege, on mit fin d'une<br />

autre mani6re a cette guerre, & avant qu'un des deux peuples Pemport4t<br />

fur Tautre. Q'eft tout ce qui fe paffa a Eryce, & ce que fir^nt les 1<br />

arn^6es de terre.<br />

[*' A confid6rer Rome Sc Carthage ainfi acharn6es Pune contre rautre,Naaveine<br />

croiroit-on pas voir deux de ces traves & vaillins oifeaux , qui af-j^ flotte<br />

foibKs par un long combat, & ne pouvant plus faire ufage de leurs ain^u^<br />

les,'fe foutiehnent parleur feul couiagc, & ne ceflent de fe battret<br />

Bb j » K"

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