Un été en fêtes ! Des Alberts à Montgenèvre, des vacances colorées ...
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n a t u r e<br />
LE TEMPS<br />
DES FLEURS<br />
Dès le mois De juin <strong>en</strong> vallée, un peu plus tarD <strong>en</strong> altituDe, la plupart<br />
De ces Demoiselles se par<strong>en</strong>t De leurs plus beaux atours. une folle<br />
course contre la montre comm<strong>en</strong>ce. une lutte effroyable contre les<br />
élém<strong>en</strong>ts pour que ces beautés soi<strong>en</strong>t féconDées avant les premières<br />
gelées. car, jamais les fleurs n’oubli<strong>en</strong>t la mission première De leur<br />
courte vie : Dev<strong>en</strong>ir un fruit pour perpétuer l’espèce.<br />
/ Flor<strong>en</strong>ce Chalandon Annie Béné et Flor<strong>en</strong>ce Chalandon<br />
44 Montg<strong>en</strong>èvre mag<br />
T out l’<strong>été</strong>, les fleurs sont les compagnes privilégiées<br />
de nos randonnées pé<strong>des</strong>tres. La végétation<br />
<strong>des</strong> montagnes françaises <strong>en</strong> compte près de 4000,<br />
chacune ayant un nom et une id<strong>en</strong>tité uniques, un<br />
mode particulier de fécondation, une façon spécifique<br />
de s’adapter au milieu. Si certaines sont connues de<br />
tous, d’autres, plus discrètes, mérit<strong>en</strong>t qu’on s’y attarde<br />
si l’on veut qu’elles nous dévoil<strong>en</strong>t tous leurs secrets.<br />
L’histoire comm<strong>en</strong>ce avec la fée Soldanelle, inconsolable<br />
après la perte de ses nains protecteurs <strong>à</strong> la suite<br />
d’une lutte effroyable contre le terrible Hypophas. Arrivée<br />
sur les pelouses alpines où avait eu lieu le carnage,<br />
elle fit un vœu. Les prairies se couvrir<strong>en</strong>t alors de petites<br />
fleurs violettes dont le chapeau ressemblait étrangem<strong>en</strong>t<br />
<strong>à</strong> celui <strong>des</strong> nains. De leurs c<strong>en</strong>dres était née<br />
cette fleur gracile qui apparaît les pieds dans la neige<br />
aux premiers signes du printemps.<br />
C’est dès l’automne que le tussilage se prépare, cachant<br />
ses bourgeons florifères dans la terre, att<strong>en</strong>dant les premiers<br />
rayons du soleil pour les faire éclore. Les herboristes<br />
du Moy<strong>en</strong> Âge l’appelai<strong>en</strong>t Filius ante patrem, « le<br />
fils avant le père », car <strong>en</strong>core aujourd’hui on découvre<br />
ce petit soleil avant même l’apparition de ses feuilles.<br />
Au même instant dans les forêts, les jolies violettes et<br />
les ingénues hépatiques finiss<strong>en</strong>t leur floraison. Vi<strong>en</strong>t<br />
alors le joli mois de mai et, avec lui, la féérie <strong>des</strong> éclosions<br />
<strong>des</strong> fleurs de mélèze. <strong>Un</strong> mom<strong>en</strong>t unique, court,<br />
p<strong>en</strong>dant lequel les branches quasi mortes se par<strong>en</strong>t de<br />
jeunes pousses aux touches rose fuchsia.<br />
La température annuelle de l’air diminue de 0,55°C<br />
quand on s’élève de 100 mètres. Ainsi <strong>à</strong> l’étage<br />
subalpin, la période de végétation diminue de cinq<br />
mois par rapport au bord de mer. C’est pourtant sous<br />
la pelouse alpine que la saxifrage <strong>à</strong> feuilles opposées a<br />
élu domicile <strong>à</strong> la fonte <strong>des</strong> neiges. L’ingénieuse déesse<br />
Flore, aidée par son époux Zéphyr, dispersa <strong>des</strong> milliers<br />
de graines légères de saxifrage qui fleuriront sur les<br />
falaises et rochers.<br />
Sur le plancher <strong>des</strong> vaches, les prairies peuplées d’une<br />
multitude de trolles et de narcisses <strong>des</strong> poètes offr<strong>en</strong>t<br />
une vision féérique aux premiers randonneurs <strong>à</strong> l’affût<br />
du printemps.<br />
À lire<br />
À la découverte <strong>des</strong> fleurs <strong>des</strong> Alpes - le parc national <strong>des</strong> écrins<br />
Guide <strong>des</strong> fleurs de montagne - Delachaux et niestlé<br />
Fleurs de nos montagnes - Découverte séquoïa<br />
Bi<strong>en</strong>tôt, les champs de fleurs, riches de couleurs et<br />
d’odeurs feront une rude concurr<strong>en</strong>ce aux demoiselles<br />
trop discrètes ou trop narcissiques. Et si le dicton <strong>en</strong>courage<br />
le « fais ce qu’il te plaît », la plupart <strong>des</strong> fleurs<br />
d’altitude, prud<strong>en</strong>tes, att<strong>en</strong>dront les chau<strong>des</strong> journées<br />
de juin pour éclore <strong>en</strong> toute sérénité. Ainsi anémones<br />
et g<strong>en</strong>tianes printanières, soumises au rayonnem<strong>en</strong>t<br />
solaire int<strong>en</strong>se, vont développer pilosité, pigm<strong>en</strong>ts ou<br />
nanisme pour survivre.<br />
Toujours vivante jusqu’<strong>à</strong> près de 3 500 mètres d’altitude,<br />
le sempervivum ou barbe de Jupiter est doté de<br />
mécanismes de résistance étonnants. Supportant <strong>des</strong><br />
variations journalières de température avoisinant les<br />
60°C, elle (sur)vit pour ainsi dire de ri<strong>en</strong> ; quelques<br />
grammes de terre et quelques gouttes d’eau.<br />
Les amoureux <strong>des</strong> orchidées sauvages r<strong>en</strong>contreront<br />
sûrem<strong>en</strong>t les orchis sureau, les seules dactylorizes <strong>à</strong><br />
avoir <strong>des</strong> fleurs jaune pâle, toujours <strong>à</strong> côté de la même<br />
vari<strong>été</strong> <strong>à</strong> fleurs roses. Plus rares <strong>à</strong> trouver, les orchis<br />
brûlés et les orchis militaires, pourtant si gracieux,<br />
demanderont pati<strong>en</strong>ce et s<strong>en</strong>s de l’observation avant de<br />
dévoiler leurs adorables fleurs qui p<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t tels de petits<br />
pantins roses coiffés de casques couleur lilas. Très rares<br />
aussi, les étonnantes swerties, adeptes <strong>des</strong> marécages,<br />
jou<strong>en</strong>t <strong>à</strong> cache-cache avec les linaigrettes tandis que<br />
les pyrroles, confondus <strong>à</strong> tort avec le muguet de mai,<br />
préfèr<strong>en</strong>t la fraîcheur <strong>des</strong> forêts. Ces blanches <strong>des</strong> bois<br />
form<strong>en</strong>t de surpr<strong>en</strong>ants petits lampadaires <strong>à</strong> observer <strong>à</strong><br />
la loupe pour <strong>en</strong> apprécier l’ingéniosité.<br />
Fidèles amis de nos randonnées d’août, dans les clairières<br />
<strong>en</strong>soleillées, <strong>à</strong> la lisière <strong>des</strong> forêts de conifères ou<br />
au bord du s<strong>en</strong>tier, les <strong>en</strong>vahissants épilobes, colonis<strong>en</strong>t<br />
le sol dénudé <strong>des</strong> terrains remués, le garnissant d’opul<strong>en</strong>ts<br />
parterres roses.<br />
Enfin, quand vous verrez apparaître dans les prairies<br />
montagnar<strong>des</strong>, de frêles fleurs roses, semblables <strong>à</strong> <strong>des</strong><br />
crocus, un petit air vous vi<strong>en</strong>dra peut-être <strong>à</strong> l’oreille<br />
pour vous murmurer que chez les fleurs, c’est la fin de<br />
l’<strong>été</strong>. n<br />
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