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Les modes de transmission des virus ... - Remy Froissart

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<strong>Les</strong> <strong>mo<strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> phytopathogènes par<br />

vecteurs<br />

Hébrard E, <strong>Froissart</strong> R, Louis C et S Blanc*.<br />

Équipe Vection, Laboratoire <strong>de</strong> Biologie Cellulaire et Moléculaire,<br />

Station <strong>de</strong> Pathologie Comparée, INRA-CNRS<br />

30380 Saint-Christol-lez-Alès<br />

* auteur pour correspondance<br />

e-mail : blanc@ensam.inra.fr<br />

RESUME<br />

<strong>Les</strong> <strong>virus</strong> phytopathogènes sont le plus souvent transmis d’une plante à<br />

l’autre par un organisme tiers dénommé vecteur. Il existe <strong>de</strong>s vecteurs chez les<br />

champignons, les némato<strong>de</strong>s, les acariens et les insectes. <strong>Les</strong> stratégies virales<br />

adoptées pour l’interaction <strong>virus</strong>/vecteur sont très diverses. Certains <strong>virus</strong><br />

s’adsorbent à la surface externe du vecteur alors que d’autres pénètrent le milieu<br />

intérieur où seuls certains se multiplieront. Quelle que soit la nature du vecteur,<br />

certaines stratégies <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> se ressemblent et peuvent être classées en trois<br />

gran<strong>de</strong>s catégories. Sur la base <strong>de</strong>s exemples <strong>de</strong>s relations <strong>virus</strong>/vecteur les mieux<br />

connus, les caractéristiques <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong> ces catégories sont décrites. Le choix <strong>de</strong><br />

caractères qualitatifs plutôt que quantitatifs, utilisés pour définir les différents <strong>mo<strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>transmission</strong>, est discuté dans cette synthèse dans l’optique d’établir une<br />

classification extrapolable à tous les <strong>virus</strong> <strong>de</strong> plantes.<br />

Mots-clé : Virus <strong>de</strong> plantes, <strong>transmission</strong>, vecteurs, classification.<br />

ABSTRACT<br />

Plants <strong>virus</strong>es are most often transmitted by vectors which can be fungi,<br />

nemato<strong>de</strong>s, mites or insects. Viruses have evolved a wi<strong>de</strong> range of strategies for<br />

interacting with their respective vectors. Some <strong>virus</strong>es are externally transported by<br />

the vector whereas others can penetrate insi<strong>de</strong> the vector body (and/or cells) where<br />

they will, in some cases only, replicate. Some mechanisms of <strong>virus</strong>/vector interaction<br />

are found to be rather alike and the overall diversity of the strategies encountered<br />

among plant <strong>virus</strong>es can be grouped in three major categories. Based upon the best<br />

known exemples, the <strong>virus</strong>-vector relationship corresponding to each category is<br />

<strong>de</strong>scribed herein. A few qualitative, rather than quantitative, parameters were chosen<br />

here to simplify the system classifying the different strategies used by <strong>virus</strong>es for<br />

vector <strong>transmission</strong>. The possibility to extrapolate this classification to all plant<br />

<strong>virus</strong>es, whatever the vector, is discussed.<br />

Keywords : plant <strong>virus</strong>es, <strong>transmission</strong>, vectors, classification<br />

1


INTRODUCTION<br />

<strong>Les</strong> <strong>virus</strong> sont <strong>de</strong>s parasites endocellulaires obligatoires dont la pérennité<br />

dépend bien sûr <strong>de</strong> leur capacité à se répliquer au sein d’une cellule hôte, mais pas<br />

uniquement. Avant la mort <strong>de</strong> cette cellule, le <strong>virus</strong> doit également être capable<br />

d’infecter d’autres cellules du même hôte en opérant <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> cellule à<br />

cellule, et <strong>de</strong>s mouvements systémiques en empruntant les tissus vasculaires <strong>de</strong> son<br />

hôte (pour revue [1]). Enfin avant ou peu après la mort <strong>de</strong> l’hôte, les <strong>virus</strong> <strong>de</strong>vront<br />

impérativement en infecter un autre. Cette étape <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> est indispensable et<br />

commune à tous les <strong>virus</strong> connus et elle implique le plus souvent un passage très<br />

délicat du <strong>virus</strong> dans le milieu extérieur. <strong>Les</strong> solutions adoptées par les <strong>virus</strong> pour<br />

accomplir cette étape avec succès (étape que nous considérons comme l’une <strong>de</strong>s plus<br />

problématiques du cycle viral), sont impressionnantes tant par leur nature que par<br />

leur diversité.<br />

<strong>Les</strong> <strong>virus</strong> <strong>de</strong> plantes sont confrontés aux difficultés <strong>de</strong> la <strong>transmission</strong><br />

accentuées par le fait que leurs hôtes sont immobiles. Ceci explique probablement<br />

pourquoi la majorité <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> adoptées par les phyto<strong>virus</strong> fait<br />

appel à un organisme tiers, bien que certains <strong>virus</strong> soient transmissibles par la graine,<br />

le pollen ou par contact (cas <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> non traités ici). De nombreux animaux,<br />

en particulier <strong>de</strong>s invertébrés, puisent leurs ressources dans les tissus <strong>de</strong> végétaux<br />

supérieurs. Ils sont le plus souvent très mobiles, capables <strong>de</strong> passer <strong>de</strong> manière<br />

autonome d’une plante à une autre et ne détruisent pas immédiatement la plante sur<br />

laquelle ils se nourrissent. Tous ces organismes sont susceptibles d’être utilisés<br />

comme véhicules <strong>de</strong> transport entre plantes hôtes, dans l’espace ou dans le temps,<br />

par <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> phytopathogènes et sont dans ce cas dénommés « vecteur ». Ainsi, pour<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> connus infectant <strong>de</strong>s plantes variées dans différentes régions du<br />

mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s vecteurs ont été décrits chez les champignons du sol, les némato<strong>de</strong>s du<br />

sol, les acariens et les insectes. <strong>Les</strong> étu<strong>de</strong>s sur la <strong>transmission</strong> par vecteurs (vection)<br />

ont débuté dès le début <strong>de</strong> ce siècle [2] et la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s données<br />

expérimentales accumulées <strong>de</strong>puis concernent principalement les <strong>virus</strong> transmis par<br />

insectes dont l’adaptation <strong>de</strong> l’appareil buccal est <strong>de</strong> type piqueur-suceur. Il s’agit là,<br />

en tout cas, du seul groupe <strong>de</strong> vecteur pour lequel la masse d’informations a permis<br />

l’établissement d’une classification <strong>de</strong>s différentes stratégies <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> virale.<br />

<strong>Les</strong> insectes <strong>de</strong> type piqueur-suceur se trouvent principalement dans trois<br />

ordres : Diptera, Heteroptera et Homoptera. Très peu <strong>de</strong> diptères se nourrissent sur<br />

plantes, ce qui est plus fréquent chez les hétéroptères et caractéristique chez les<br />

homoptères, où l’on trouve l’immense majorité <strong>de</strong>s vecteurs. L’ordre Homoptera<br />

regroupe les cochenilles, les cica<strong>de</strong>lles, les aleuro<strong>de</strong>s et surtout les aphi<strong>de</strong>s<br />

(pucerons). C’est pour la <strong>transmission</strong> <strong>de</strong> <strong>virus</strong> par pucerons que la classification<br />

<strong>de</strong>s différentes stratégies a été originellement élaborée. Ce n’est que par la suite<br />

qu’elle fut, par usage consensuel, extrapolée aux cas <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> transmis par les autres<br />

familles d’homoptères cités ci-<strong>de</strong>ssus.<br />

Nous présenterons ici cette classification <strong>de</strong> manière critique, notre objectif<br />

étant d’en proposer une actualisation et d’évaluer la possibilité d’élaborer un<br />

système simplifié (tout en restant informatif) qui soit extrapolable à tous les cas <strong>de</strong><br />

<strong>transmission</strong> <strong>de</strong> <strong>virus</strong> phytopathogènes, quel que soit le vecteur considéré.<br />

Cette démarche <strong>de</strong> réflexion sur les problèmes <strong>de</strong> classification nous parait<br />

particulièrement importante pour les <strong>de</strong>ux raisons suivantes. (i) Un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

classement (bien conçu) <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> <strong>de</strong>vrait, à terme, permettre <strong>de</strong><br />

confirmer <strong>de</strong>s liens évolutifs entre différents groupes viraux. (ii) <strong>Les</strong> cas où la<br />

phylogénie (établie sur d’autres caractères que la <strong>transmission</strong>) ne permet pas<br />

d’expliquer que <strong>de</strong>ux groupes viraux possè<strong>de</strong>nt la même stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong><br />

2


sont plus intéressants encore sur un plan fondamental et épidémiologique. En effet,<br />

ils permettront <strong>de</strong> poser <strong>de</strong> nouvelles hypothèses concernant l’évolution <strong>de</strong> la<br />

stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> correspondante.<br />

A l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> quelques exemples bien connus, nous décrirons les interactions<br />

moléculaires entre un <strong>virus</strong> et son vecteur pour chacune <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong><br />

<strong>transmission</strong> présentées. Dans cette optique, nous ne dresserons pas un inventaire<br />

exhaustif <strong>de</strong>s différents couples <strong>virus</strong>/vecteur dans chaque catégorie, un tel inventaire<br />

serait ici inutile et fastidieux.<br />

Historique <strong>de</strong> l’évolution du système <strong>de</strong> classification<br />

Le système <strong>de</strong> classification généralement admis résulte <strong>de</strong> la synthèse <strong>de</strong><br />

plusieurs systèmes revus et complétés au fil <strong>de</strong> l’approfondissement <strong>de</strong>s<br />

connaissances <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> cinquante années. Cette évolution est liée à l’apparition<br />

graduelle <strong>de</strong> nouvelles techniques telles que la microscopie optique,<br />

l’immunocytochimie, la microscopie électronique et enfin la biologie moléculaire.<br />

Une <strong>de</strong>s toutes premières tentatives <strong>de</strong> classification <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> <strong>transmission</strong><br />

fut proposée par Watson et Roberts [3] qui introduisent les notions <strong>de</strong> <strong>transmission</strong><br />

« persistante » et « non-persistante », complétée par Sylvester [4] avec les <strong>virus</strong> à<br />

stratégie intermédiaire, qualifiée <strong>de</strong> « semi-persistante ». Ces travaux étaient basés<br />

sur <strong>de</strong>s critères quantitatifs : la mesure du temps nécessaire à l’acquisition du <strong>virus</strong><br />

(le vecteur <strong>de</strong>vient ainsi infectant) et son inoculation par le vecteur, ainsi que la durée<br />

<strong>de</strong> rétention du <strong>virus</strong> infectieux et inoculable par le vecteur. Cette classification avait<br />

l’inconvénient <strong>de</strong> placer le vecteur comme une véritable « boîte noire » dans laquelle<br />

le <strong>virus</strong> peut entrer et d’où il peut sortir, mais dont les événements internes restaient<br />

totalement inconnus. Kennedy et al. [5] et plus tard Harris [6] proposent les termes<br />

qualitatifs <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> « circulante » (à la place <strong>de</strong> persistante) et « noncirculante<br />

» (à la place <strong>de</strong> non et semi-persistante) suivant que le <strong>virus</strong> effectue un<br />

cycle passant par l’hémolymphe du vecteur (i) ou pas (ii).<br />

(i) Un <strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong> dite circulante est ingéré par le vecteur lors d’un<br />

repas sur une plante infectée et atteint l’intestin. Il traverse alors la paroi intestinale<br />

puis diffuse dans l’hémolymphe jusqu’aux glan<strong>de</strong>s salivaires. C’est la salivation du<br />

vecteur lors <strong>de</strong> l’introduction <strong>de</strong>s stylets dans une nouvelle plante hôte qui sera<br />

responsable <strong>de</strong> l’inoculation du <strong>virus</strong>. Cette catégorie était divisée en <strong>de</strong>ux sousgroupes<br />

suivant que le <strong>virus</strong> se réplique dans le vecteur durant ce cycle (<strong>virus</strong> à<br />

<strong>transmission</strong> circulante propagative) ou ne s’y réplique pas (<strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong><br />

circulante non-propagative).<br />

(ii) Un <strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong> dite non-circulante est retenu au niveau <strong>de</strong>s<br />

stylets et/ou du tube digestif antérieur du vecteur à partir d’où il sera inoculé à une<br />

nouvelle plante saine. Cette catégorie est encore aujourd’hui divisée en <strong>de</strong>ux sousgroupes<br />

: <strong>transmission</strong> non-persistante et semi-persistante suivant les critères anciens<br />

définis par Watson et Roberts [3] et Sylvester [4].<br />

Le résultat <strong>de</strong> cette évolution terminologique reste somme toute assez<br />

complexe puisque toutes les notions suscitées, parfois même un cumul <strong>de</strong> ces<br />

notions, sont encore utilisées dans la littérature <strong>de</strong> façon plus ou moins sporadique et<br />

que la terminologie varie <strong>de</strong> manière importante suivant les auteurs. La synthèse la<br />

plus récente a été proposée par Nault [7], mais nous emploierons une terminologie<br />

simplifiée basée sur <strong>de</strong>s caractères qualitatifs. Lorsqu’un <strong>virus</strong> se réplique durant<br />

son passage dans le vecteur, nous parlerons <strong>de</strong> <strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong> propagative.<br />

Lorsque le <strong>virus</strong> passe par le milieu intérieur du vecteur sans s’y répliquer nous<br />

parlerons <strong>de</strong> <strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong> circulante. Enfin, si le <strong>virus</strong> ne pénètre jamais le<br />

milieu intérieur du vecteur, nous parlerons <strong>de</strong> <strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong> non-circulante.<br />

C’est sur cette base que nous essayerons <strong>de</strong> proposer et <strong>de</strong> justifier, au fil du texte,<br />

3


quelques actualisations qui nous paraissent plus satisfaisantes au vu <strong>de</strong>s résultats<br />

apportés par les outils <strong>de</strong> biologie moléculaire au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie.<br />

Stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> propagative<br />

<strong>Les</strong> <strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong> propagative appartiennent aux genres Cyto- et<br />

Nucleorhabdo<strong>virus</strong>, Phytoreo<strong>virus</strong>, Fiji<strong>virus</strong>, Oryza<strong>virus</strong>, Marafi<strong>virus</strong> et Tenui<strong>virus</strong><br />

qui sont tous apparentés à <strong>de</strong>s familles virales aussi inféodées aux animaux et<br />

notamment aux insectes ([7], pour revue sur la taxonomie voir [8]). La majorité <strong>de</strong><br />

ces <strong>virus</strong> est transmise à la <strong>de</strong>scendance, chez l’insecte, par passage transovarien et<br />

aucun d’entre eux ne l’est, chez la plante, par <strong>transmission</strong> par la graine.<br />

L’acquisition du <strong>virus</strong> par son vecteur lors d’un repas sur une plante infectée<br />

s’effectue en une pério<strong>de</strong> pouvant durer <strong>de</strong> quelques minutes à quelques heures. La<br />

variabilité <strong>de</strong> cette mesure dépend vraisemblablement <strong>de</strong> la répartition du <strong>virus</strong> dans<br />

la plante hôte et par conséquent, du temps nécessaire aux vecteurs pour atteindre lors<br />

du repas, les tissus infectés. Il existe une phase <strong>de</strong> latence, après le repas<br />

d’acquisition, durant laquelle le vecteur n’est pas infectant pour la plante. Ce<br />

phénomène correspond au temps nécessaire au <strong>virus</strong> pour s’accumuler sous forme<br />

infectieuse dans les glan<strong>de</strong>s salivaires et donc dans la salive. Bien évi<strong>de</strong>mment,<br />

puisque le <strong>virus</strong> se multiplie dans l’insecte durant son transfert, la durée <strong>de</strong> cette<br />

phase <strong>de</strong> latence est proportionnelle à la durée du cycle <strong>de</strong> multiplication virale. On<br />

peut donc s’attendre à ce que ce paramètre soit influencé par <strong>de</strong>s facteurs tels que: la<br />

nature et l’état physiologique <strong>de</strong> l’insecte (sta<strong>de</strong> du développement et âge), la<br />

température, la génétique du <strong>virus</strong> et celle du vecteur. En tout état <strong>de</strong> cause, cette<br />

phase <strong>de</strong> latence dure <strong>de</strong> quelques jours à plusieurs mois. Le vecteur restera alors<br />

infectant et infecté jusqu’à sa mort, bien que l’efficacité d’inoculation du <strong>virus</strong> à la<br />

plante diminue souvent à <strong>de</strong>s âges avancés du vecteur. La durée minimale du repas au<br />

cours <strong>de</strong> laquelle ces <strong>virus</strong> sont inoculés à la plante est relativement courte puisque<br />

quelques minutes suffisent le plus souvent. L’ensemble <strong>de</strong> ces informations est<br />

détaillé par Nault [7].<br />

<strong>Les</strong> arguments expérimentaux qui sont en général interprétés comme <strong>de</strong>s<br />

preuves <strong>de</strong> la multiplication virale dans le vecteur sont issus <strong>de</strong> différentes approches.<br />

Des observations en microscopie optique et électronique ont montré que les <strong>virus</strong><br />

transmis suivant la stratégie propagative sont présents dans les cellules <strong>de</strong> nombreux<br />

organes <strong>de</strong> leurs vecteurs : les ovaires, les corps gras, les muscles, les tissus du<br />

système nerveux, les tissus conjonctifs et les glan<strong>de</strong>s salivaires [9]. Des injections<br />

d’extraits d’insectes vecteurs virulifères dans l’hémolymphe d’autres insectes<br />

permissifs non porteurs du <strong>virus</strong> provoquent l’infection <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers. Cette<br />

<strong>transmission</strong> par injection peut être répétée (en chaîne) un nombre <strong>de</strong> fois supérieur à<br />

celui qui, si le <strong>virus</strong> ne se multipliait pas, aboutirait à sa perte par simple effet <strong>de</strong><br />

dilution limite [10]. La principale preuve <strong>de</strong> la multiplication du <strong>virus</strong> dans son<br />

vecteur a été la mesure quantitative du taux d’antigènes viraux dans le vecteur qui a<br />

démontré une augmentation du titre viral après que le vecteur ait été isolé <strong>de</strong> la plante<br />

infectée, source <strong>de</strong> l’inoculum [11]. Enfin, il a été possible dans quelques cas <strong>de</strong><br />

propager le <strong>virus</strong> sur <strong>de</strong>s cultures <strong>de</strong> cellules <strong>de</strong> l’insecte vecteur (pour revue voir<br />

[7]).<br />

<strong>Les</strong> mécanismes moléculaires régissant l’interaction <strong>virus</strong>/vecteur sont très<br />

complexes puisqu’ils correspon<strong>de</strong>nt à toutes les étapes du cycle <strong>de</strong> multiplication<br />

virale dans l’insecte. Dans le cadre <strong>de</strong> cette revue, nous nous limiterons aux étapes<br />

caractéristiques <strong>de</strong> la reconnaissance et donc <strong>de</strong>s premiers sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’infection du<br />

vecteur par le <strong>virus</strong>. Qu’il s’agisse <strong>de</strong> <strong>virus</strong> enveloppés comme les Rhabdoviridae ou<br />

non enveloppés comme les Reoviridae, la reconnaissance <strong>de</strong> récepteur(s) chez le<br />

4


vecteur (au niveau <strong>de</strong> l’intestin) se fait à l’ai<strong>de</strong> d’une protéine associée à la surface<br />

<strong>de</strong> la particule virale. <strong>Les</strong> <strong>de</strong>ux exemples les plus connus sont ceux du potato yellow<br />

dwarf nucleorhabdo<strong>virus</strong> (PYDV) et du wound tumor phytoreo<strong>virus</strong> (WTV). Pour le<br />

PYDV, la protéine G glycosylée faisant saillie hors <strong>de</strong> l’enveloppe virale est<br />

responsable <strong>de</strong> la reconnaissance du vecteur et donc <strong>de</strong> la spécificité <strong>de</strong> vection. La<br />

suppression <strong>de</strong> cette protéine G diminue fortement l’infectiosité du <strong>virus</strong> en culture<br />

<strong>de</strong> cellules d’insecte, alors qu’aucune modification n’est notable dans l’infectiosité<br />

du <strong>virus</strong> pour les cellules végétales [12]. Un mécanisme tout à fait similaire est connu<br />

pour les rhabdo<strong>virus</strong> d’animaux (voir [7] et références citées). Chez le WTV, la perte<br />

<strong>de</strong> la possibilité d’être transmis par insecte vecteur est associée à la perte <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s<br />

douze segments <strong>de</strong> l’ARN génomique, les segments S2 et S5. Le fait que les <strong>de</strong>ux<br />

protéines codées par ces segments d’ARN, P2 et P5, forment la capsi<strong>de</strong> externe du<br />

WTV suggère que cette structure pourrait être impliquée dans la reconnaissance du<br />

vecteur ou dans la pénétration du <strong>virus</strong> dans la cellule végétale hôte (voir [13] et<br />

références citées). Plus précisément, une mutation <strong>de</strong> la protéine P2 du rice dwarf<br />

phytoreo<strong>virus</strong> (RDV) est à elle seule suffisante pour abolir la possibilité d’infection<br />

du vecteur et donc la transmissibilité du <strong>virus</strong> [13].<br />

<strong>Les</strong> <strong>virus</strong> ayant adopté la stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> propagative présentent <strong>de</strong>s<br />

différences importantes avec les autres <strong>virus</strong> <strong>de</strong> plantes [7]. En effet, si les autres<br />

<strong>virus</strong> sont généralement considérés comme <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> <strong>de</strong> végétaux à part entière, ceux<br />

qui sont transmis suivant la stratégie propagative sont plutôt considérés comme <strong>de</strong>s<br />

<strong>virus</strong> d’insectes phytophages ayant acquis au cours <strong>de</strong> l’évolution, la capacité <strong>de</strong><br />

s’établir dans les tissus végétaux, au départ <strong>de</strong> façon transitoire et locale. Ainsi, ces<br />

<strong>virus</strong> auraient pu se maintenir momentanément sous forme infectieuse pour l’insecte<br />

seulement, dans les plantes (au niveau du site d’alimentation d’un insecte) et<br />

constituer <strong>de</strong> la sorte un « réservoir » dans lequel un nouvel insecte pourrait<br />

s’infecter. Ce phénomène existe encore pour quelques <strong>virus</strong> d’insectes dont le<br />

Nilaparvata lugens reo<strong>virus</strong> (NLRV) [14] qui est un <strong>virus</strong> phylogénétiquement<br />

proche du genre Fiji<strong>virus</strong>, infectant <strong>de</strong>s insectes homoptères <strong>de</strong>lphaci<strong>de</strong>s. En plus <strong>de</strong><br />

sa capacité <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> verticale transovarienne à l’insecte, le NLRV peut être<br />

transmis <strong>de</strong> façon horizontale (d’un insecte à l’autre) quand ceux-ci se nourrissent<br />

sur la même plante, bien que ce <strong>virus</strong> soit incapable <strong>de</strong> se répliquer dans la plante.<br />

<strong>Les</strong> phyto<strong>virus</strong> transmis suivant la stratégie propagative ont tous acquis,<br />

probablement secondairement, les fonctions nécessaires à leur réplication et<br />

propagation dans les plantes. Ces <strong>de</strong>rnières sont, en quelque sorte, <strong>de</strong>venues <strong>de</strong>s<br />

hôtes alternatifs si bien qu’il est difficile <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r qui, <strong>de</strong> la plante ou <strong>de</strong> l’insecte,<br />

transmet le <strong>virus</strong> à l’autre.<br />

Stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> circulante<br />

<strong>Les</strong> <strong>virus</strong> transmis selon ce mo<strong>de</strong> sont transportés <strong>de</strong> façon interne, mais<br />

jamais ils ne se répliquent durant leur passage dans le milieu intérieur du vecteur. Ils<br />

doivent traverser différentes barrières membranaires : au niveau du tube digestif pour<br />

entrer, et <strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s salivaires pour sortir <strong>de</strong> leur vecteur. Le <strong>virus</strong> ingéré avec la<br />

sève phloémique lors <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> nourriture du vecteur traverse les cellules<br />

épithéliales <strong>de</strong> l’intestin vers l’hémocèle (phase d’acquisition) et diffuse dans<br />

l’hémolymphe jusqu’aux glan<strong>de</strong>s salivaires. Il traverse les cellules <strong>de</strong> ces glan<strong>de</strong>s et<br />

est injecté dans la plante hôte avec la salive lors d’une nouvelle piqûre (phase<br />

d’inoculation) (voir figure 1).<br />

5


<strong>Les</strong> <strong>virus</strong> pour lesquels les mécanismes <strong>de</strong> la <strong>transmission</strong> circulante sont les<br />

plus connus sont membres <strong>de</strong> la famille Luteoviridae et surtout <strong>de</strong>s genres<br />

Luteo<strong>virus</strong> et Polero<strong>virus</strong> (pour détails <strong>de</strong> taxonomie voir [8]).<br />

<strong>Les</strong> voies <strong>de</strong> transport du <strong>virus</strong> dans son vecteur ont principalement été<br />

étudiées par microscopie sur le barley yellow dwarf luteo<strong>virus</strong> (BYDV) ainsi que sur<br />

le beet western yellows polero<strong>virus</strong> (BWYV) et le potato leafroll polero<strong>virus</strong> (PLRV)<br />

[15]. Le passage <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> au niveau <strong>de</strong> l’intestin nécessite une phase <strong>de</strong><br />

reconnaissance certainement prise en charge par un récepteur spécifique <strong>de</strong>s cellules<br />

épithéliales du tube digestif. Le <strong>virus</strong> est transporté activement par endocytose dans<br />

<strong>de</strong>s vésicules particulières pour être ensuite relargué par exocytose dans l’hémocèle<br />

du puceron [15]. Le passage du <strong>virus</strong> <strong>de</strong> l’hémolymphe vers les glan<strong>de</strong>s salivaires<br />

accessoires semble être la principale barrière déterminant la spécificité <strong>de</strong><br />

<strong>transmission</strong> (voir [16] et références citées). En effet, certaines souches nontransmises<br />

peuvent être détectées dans l’hémolymphe mais pas dans le canal<br />

salivaire. Des étu<strong>de</strong>s sur le passage in vitro du BYDV au travers <strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s<br />

salivaires accessoires laissent supposer que la lame basale et le plasmalemme <strong>de</strong> ces<br />

organes contiennent chacun <strong>de</strong>s composants spécifiques régulant activement et<br />

indépendammant la reconnaissance et l’endo-exocytose <strong>de</strong>s Luteo<strong>virus</strong> [16]. La<br />

lame basale constituerait une première barrière extracellulaire très spécifique, la<br />

variation <strong>de</strong> l’affinité <strong>de</strong> la liaison <strong>virus</strong>/vecteur correspondant à la variation <strong>de</strong><br />

l’efficacité <strong>de</strong> <strong>transmission</strong>. Le plasmalemme <strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s salivaires accessoires<br />

constituerait une autre barrière régulant la reconnaissance du <strong>virus</strong> et son transfert,<br />

par passage intracellulaire, vers le canal salivaire [16]. <strong>Les</strong> auteurs suggèrent qu’un<br />

récepteur du même type que celui associé à la <strong>transmission</strong> du <strong>virus</strong> Sindbis, qui<br />

passe à travers la lame basale <strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong> moustique, pourrait être impliqué.<br />

<strong>Les</strong> bactéries du genre Buchnera, endosymbiotiques <strong>de</strong>s pucerons, sécrètent<br />

la symbionine. Cette protéine est présente en très forte concentration dans<br />

l’hémolymphe <strong>de</strong>s pucerons. Sa séquence est à 85 % homologue à celle <strong>de</strong> la<br />

protéine GroEL d’E. coli qui est, elle, limitée au cytosol. GroEL appartient à la<br />

famille <strong>de</strong>s protéines chaperonnes qui lient et stabilisent les polypepti<strong>de</strong>s<br />

nouvellement synthétisées, et ai<strong>de</strong>nt à leur repliement fonctionnel et à leur<br />

assemblage (voir [17] et références citées). Van <strong>de</strong>n Heuvel et al. [18] remarquent<br />

que les pucerons traités par <strong>de</strong>s antibiotiques (dépourvus <strong>de</strong> bactéries<br />

endosymbiotiques et donc <strong>de</strong> symbionine) sont <strong>de</strong> mauvais vecteurs. En fait, ces<br />

auteurs suggèrent que la <strong>transmission</strong> <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la famille Luteoviridae<br />

implique probablement l’intervention <strong>de</strong> symbionine durant leur passage dans<br />

l’hémolymphe.<br />

L’implication <strong>de</strong> la capsi<strong>de</strong> dans la <strong>transmission</strong> <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> appartenant à la<br />

famille Luteoviridae a d’abord été démontré par <strong>de</strong>s expériences d’hétéroencapsidation<br />

(pour revue [19]). L’hétéro-encapsidation est un phénomène naturel<br />

qui consiste à envelopper le génome d’un <strong>virus</strong> avec <strong>de</strong>s protéines <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong><br />

provenant d’un autre <strong>virus</strong>. Or, une <strong>de</strong>s principales spécificités <strong>de</strong>s Luteoviridae est<br />

<strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r une capsi<strong>de</strong> virale constituée d’une protéine majeure, la protéine <strong>de</strong><br />

capsi<strong>de</strong> et d’une protéine mineure, qui ne semble pas nécessaire à l’encapsidation du<br />

<strong>virus</strong>, appelée protéine <strong>de</strong> translecture (readthrough = RT). Toutes les données<br />

suivantes non référencées concernant la protéine <strong>de</strong> translecture sont répertoriées<br />

dans la revue <strong>de</strong> Miller et al. [19]. La protéine <strong>de</strong> translecture est formée par la<br />

protéine <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> fusionnée avec un domaine dit <strong>de</strong> translecture (readthrough<br />

domain = RTD). En effet, le gène <strong>de</strong> la protéine <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> se termine par un codon<br />

<strong>de</strong> terminaison faible (UAG) et la traduction peut parfois continuer grâce à<br />

l’intervention d’un ARN <strong>de</strong> transfert dit suppresseur. <strong>Les</strong> expériences d’hétéro-<br />

6


encapsidation évoquées ci-<strong>de</strong>ssus ne permettent pas <strong>de</strong> déterminer laquelle <strong>de</strong> ces<br />

<strong>de</strong>ux protéines capsidaires est impliquée dans la <strong>transmission</strong> par pucerons.<br />

<strong>Les</strong> séquences du domaine <strong>de</strong> translecture <strong>de</strong> différents membres <strong>de</strong> la<br />

famille Luteoviridae sont très conservées dans la région N-terminale et plus variables<br />

dans la région C-terminale. Sachant que cette protéine est ancrée dans la particule<br />

virale par son domaine « protéine <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> », le RTD serait donc localisé à la<br />

surface externe <strong>de</strong> la particule virale. Dans cette <strong>de</strong>rnière, le RTD apparaît sous une<br />

forme tronquée dans sa partie C-terminale (pour revue [20]).<br />

Le RTD est multifonctionnel : il intervient (i) dans l’accumulation du <strong>virus</strong><br />

dans la plante, (ii) dans l’apparition <strong>de</strong>s symptômes par sa partie C-terminale et (iii)<br />

dans la <strong>transmission</strong> par vecteur par sa partie N-terminale. Le rôle <strong>de</strong> la protéine <strong>de</strong><br />

translecture dans la <strong>transmission</strong> par vecteur a été démontré par comparaison <strong>de</strong><br />

séquences <strong>de</strong> souches virales transmissibles ou non et par mutagenèse dirigée au<br />

niveau du RTD. Elle pourrait être impliquée dans la reconnaissance <strong>de</strong> récepteur au<br />

niveau <strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s salivaires accessoires du puceron. La protéine <strong>de</strong> translecture<br />

pourrait également permettre d’expliquer le rôle <strong>de</strong> la symbionine dans la<br />

<strong>transmission</strong>, évoqué précé<strong>de</strong>mment. En effet, la particule virale a une forte affinité in<br />

vitro pour la symbionine [18] et c’est le domaine N-terminal du RTD qui est<br />

responsable <strong>de</strong> cette interaction [21]. De plus, l’interaction RTD / symbionine est<br />

spécifique du couple <strong>virus</strong>/vecteur [17]. La symbionine, par sa liaison avec la<br />

protéine <strong>de</strong> translecture, pourrait protéger le virion contre sa dégradation par les<br />

enzymes présentes dans l’hémocèle et/ou par le système immunitaire <strong>de</strong> l’insecte. En<br />

effet, Van <strong>de</strong>n Heuvel et al. [18] [21] remarquent que la protéine <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> n’est<br />

plus détectable dans les pucerons traités par <strong>de</strong>s antibiotiques.<br />

L’interaction in vitro d’une protéine composant la capsi<strong>de</strong> (mineure ou<br />

majeure) avec une protéine <strong>de</strong> type symbionine a également été mise en évi<strong>de</strong>nce<br />

pour un membre <strong>de</strong> la famille Geminiviridae transmis par aleuro<strong>de</strong>s : le tomato<br />

yellow leaf curl begomo<strong>virus</strong> (TYLCV) [22]. L’intervention <strong>de</strong> symbionine (ou <strong>de</strong><br />

molécules similaires) semble donc être un phénomène généralisable à l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

cas <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> circulante.<br />

La principale autre famille <strong>de</strong> <strong>virus</strong> transmis selon le mo<strong>de</strong> circulant est celle<br />

<strong>de</strong>s Geminiviridae. Beaucoup moins d’informations sont disponibles sur leur<br />

mécanisme <strong>de</strong> <strong>transmission</strong>, mais il est encore à ce jour considéré comme<br />

globalement similaire à celui <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la famille Luteoviridae. La famille<br />

Geminiviridae est caractérisée par <strong>de</strong>s particules doubles (jumelles) quasiicosaédriques.<br />

Cette famille est divisée en 3 genres [8]. <strong>Les</strong> membres <strong>de</strong>s genres<br />

Mastre<strong>virus</strong> (ancien groupe I) et Curto<strong>virus</strong> (ancien sous-groupe II) possè<strong>de</strong>nt un<br />

génome à ADN simple brin circulaire monopartite et sont transmis par cica<strong>de</strong>lles, ils<br />

se distinguent par leurs plantes hôtes qui sont respectivement <strong>de</strong>s monocotylédones<br />

et <strong>de</strong>s dicotylédones. Enfin, le genre Begomo<strong>virus</strong> (ancien sous-groupe III)<br />

rassemble <strong>de</strong> nombreuses espèces virales qui possè<strong>de</strong>nt un génome mono ou, plus<br />

souvent, bipartite (molécules A et B) transmis par aleuro<strong>de</strong>s (principalement Bemisia<br />

tabaci) à <strong>de</strong>s dicotylédones. Le génome <strong>de</strong>s Curto<strong>virus</strong> présente une forte similarité<br />

avec la molécule A du génome <strong>de</strong>s Begomo<strong>virus</strong> [8].<br />

Il semble que la spécificité <strong>de</strong> la relation <strong>virus</strong>/vecteur soit régulée à différents<br />

niveaux suivant les genres considérés. En effet, les mastre<strong>virus</strong> et les curto<strong>virus</strong> sont<br />

normalement non-transmissibles par cica<strong>de</strong>lles, mais ils peuvent le <strong>de</strong>venir après<br />

injection <strong>de</strong>s particules virales dans l’hémolymphe <strong>de</strong> ces insectes [23, 24]. Pour ces<br />

<strong>virus</strong>, la barrière intestin/hémocèle semble donc être l’élément majeur <strong>de</strong> la spécificité<br />

<strong>de</strong> <strong>transmission</strong>. En revanche, Cohen et al. [25] ont montré que certaines espèces<br />

d’aleuro<strong>de</strong>s peuvent acquérir <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s quantités d’un bégomo<strong>virus</strong> dans<br />

l’hémocèle, bien qu’elles restent incapables <strong>de</strong> le transmettre. La spécificité <strong>de</strong><br />

7


<strong>transmission</strong>, pour ce troisième genre, semble donc rési<strong>de</strong>r au niveau <strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s<br />

salivaires. Néanmoins, une telle généralisation semble quelque peu hâtive et la<br />

spécificité <strong>de</strong>s barrières membranaires <strong>de</strong> différents couples <strong>virus</strong>/vecteur <strong>de</strong>vra<br />

vraisemblablement être étudiée au cas par cas.<br />

Contrairement aux Luteoviridae, les Geminiviridae ne possè<strong>de</strong>nt pas <strong>de</strong><br />

protéine <strong>de</strong> translecture, seule la protéine <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> semble impliquée dans la<br />

<strong>transmission</strong>. <strong>Les</strong> protéines <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> sont fortement similaires à l’intérieur <strong>de</strong><br />

chacun <strong>de</strong>s genres, alors qu’elles diffèrent d’un genre à l’autre. En conséquence, la<br />

spécificité <strong>de</strong> vection pourrait être due à <strong>de</strong>s différences à ce niveau. Des <strong>virus</strong><br />

chimériques ont été construits en remplaçant le gène <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la molécule<br />

d’ADN A <strong>de</strong> l’ACMV (african cassava mosaic begomo<strong>virus</strong>) par celui du BCTV<br />

(beet curly top curto<strong>virus</strong>). Après injection du <strong>virus</strong> chimérique dans <strong>de</strong>s cica<strong>de</strong>lles<br />

vectrices du BCTV, il a pu être transmis, alors que l’ACMV sauvage n’est<br />

normalement pas transmissible par cet insecte (voir [26] et références citées). Ces<br />

résultats montrent donc que les déterminants <strong>de</strong> la spécificité du passage du BCTV<br />

entre l’hémocèle et les glan<strong>de</strong>s salivaires <strong>de</strong> la cica<strong>de</strong>lle sont portés par la protéine <strong>de</strong><br />

capsi<strong>de</strong>. De même, le remplacement du gène codant pour la protéine <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> du<br />

AbMV (abutilon mosaic begomo<strong>virus</strong>, non transmissible par vecteur) par le gène<br />

correspondant du SiGMV-Co (sida gol<strong>de</strong>n mosaic begomo<strong>virus</strong> du Costa Rica,<br />

transmissible) permet l’acquisition et la <strong>transmission</strong> du <strong>virus</strong> par aleuro<strong>de</strong> [26].<br />

Plusieurs résultats obtenus récemment sur le tomato yellow leaf curl <strong>virus</strong><br />

(TYLCV) induisent un doute quant à la stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> adoptée par ce<br />

bégomo<strong>virus</strong>. En effet, l’ADN viral reste détectable dans les aleuro<strong>de</strong>s vectrices<br />

durant toute la vie adulte. De même, après un repas d’acquisition, ces aleuro<strong>de</strong>s<br />

restent vectrices jusqu’à leur mort et elles possè<strong>de</strong>nt une fécondité et une espérance<br />

<strong>de</strong> vie inférieures aux aleuro<strong>de</strong>s non-virulifères. Ces effets négatifs du TYLCV sur le<br />

vecteur semblent le rapprocher <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> pathogènes d’insectes [27]. Récemment, et<br />

pour la première fois dans la famille <strong>de</strong>s Geminiviridae, la <strong>transmission</strong> à la<br />

<strong>de</strong>scendance du vecteur, par passage transovarien, a été démontré pour le TYLCV<br />

[28]. Ces observations sont tout à fait atypiques pour un <strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong><br />

circulante et ressemblent plutôt à <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> <strong>virus</strong> se multipliant dans leur<br />

vecteur. Une démonstration directe <strong>de</strong> la réplication du TYLCV dans l’aleuro<strong>de</strong><br />

vectrice serait toutefois indispensable pour déterminer si les <strong>virus</strong> <strong>de</strong> la famille<br />

Geminiviridae (tout au moins les bégomo<strong>virus</strong>) doivent être considérés comme ayant<br />

adopté une stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> propagative.<br />

D’autres résultats plus surprenants encore concernant le TYLCV méritent<br />

d’être mentionnés ici. Contrairement à l’ADN viral, détectable durant toute la vie du<br />

vecteur, la protéine <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> n’est plus présente dans l’adulte à partir du douzième<br />

jour après l’acquisition [27], comme si l’ADN pouvait persister alors que les<br />

particules virales disparaissent. Cette observation, bien que très préliminaire, pourrait<br />

trahir une stratégie d’interaction <strong>virus</strong>/vecteur encore inconnue à ce jour.<br />

Stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> non-circulante<br />

Ce chapitre regroupe <strong>de</strong>s informations sur les stratégies <strong>de</strong> <strong>transmission</strong><br />

anciennement qualifiées <strong>de</strong> non- et semi-persistantes. <strong>Les</strong> premières étu<strong>de</strong>s ont été<br />

menées sur <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong> dite non-persistante transmis par pucerons. Le<br />

terme <strong>de</strong> non-persistance du <strong>virus</strong> dans son vecteur a été défini selon différents<br />

critères quantitatifs : (i) le temps minimal d’acquisition par leur vecteur est réduit<br />

(quelques secon<strong>de</strong>s à quelques minutes), (ii) il n’y a pas <strong>de</strong> phase <strong>de</strong> latence (c’està-dire<br />

que le vecteur peut transmettre le <strong>virus</strong> immédiatement après son acquisition),<br />

(iii) il n’y a pas <strong>de</strong> passage dans l’hémolymphe du vecteur, (iv) le <strong>virus</strong> est perdu<br />

8


lors <strong>de</strong> la mue <strong>de</strong> son vecteur et (v) la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> rétention du <strong>virus</strong> par son vecteur<br />

est courte (quelques minutes à quelques heures) (pour revue [6]). L’hypothèse la<br />

plus ancienne du mécanisme impliqué a été formulée par Doolittle et Walker [2] :<br />

l’acquisition serait un phénomène passif correspondant à une contamination externe<br />

<strong>de</strong>s stylets. Cette <strong>transmission</strong> mécanique pourrait être accentuée par le<br />

comportement du puceron qui lors <strong>de</strong> sa recherche <strong>de</strong> nourriture effectue <strong>de</strong><br />

nombreuses piqûres d’essais (pour « goûter ») dans les cellules épi<strong>de</strong>rmiques.<br />

Kennedy et al. [5] proposent donc le terme <strong>de</strong> « <strong>virus</strong> <strong>de</strong> stylets ». <strong>Les</strong> pucerons<br />

agiraient ainsi comme <strong>de</strong> simples « aiguilles volantes » [29]. L’incapacité <strong>de</strong><br />

<strong>transmission</strong> <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> après traitement <strong>de</strong>s stylets aux UV ou au formaldéhy<strong>de</strong><br />

semblait renforcer cette hypothèse.<br />

Cependant, Harris [6] conteste cette interprétation considérant ces traitements<br />

comme un facteur <strong>de</strong> stress pour les pucerons. La perte <strong>de</strong> transmissibilité du <strong>virus</strong><br />

serait, selon lui, plus due à une modification du comportement du vecteur qu’à<br />

l’inactivation du <strong>virus</strong> lui-même. Il formule donc une nouvelle hypothèse sur le<br />

mécanisme d’acquisition/inoculation <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong> non-persistante : il<br />

s’agirait d’un phénomène actif par « ingestion/égestion » <strong>de</strong> la part du vecteur. Ceci<br />

expliquerait notamment que l’introduction <strong>de</strong> stylets <strong>de</strong> pucerons anesthésiés dans<br />

<strong>de</strong>s feuilles ne permettent pas la <strong>transmission</strong>. Selon ce point <strong>de</strong> vue, les pucerons<br />

agissent plutôt comme <strong>de</strong>s « seringues volantes » (sur cette polémique voir [29] et<br />

références citées). En effet, pour sélectionner ses plantes hôtes, le puceron doit les<br />

« goûter » c’est-à-dire aspirer les flui<strong>de</strong>s présents dans les cellules épi<strong>de</strong>rmiques<br />

jusqu’à ce qu’ils atteignent les organes chimiorécepteurs localisés dans le<br />

précibarium (voir figure 2A). Si les liqui<strong>de</strong>s induisent une phagostimulation, ils<br />

passent dans le cibarium vers l’intestin. Si non, les flui<strong>de</strong>s sont expulsés par le canal<br />

alimentaire. <strong>Les</strong> <strong>virus</strong> acquis lors <strong>de</strong> l’ingestion au cours d’un repas préalable<br />

pourraient ainsi être inoculés lors <strong>de</strong> l’égestion, durant un repas ultérieur.<br />

La mise au point <strong>de</strong> l’électro-pénétrographie (EPG) a permis d’étudier plus<br />

précisement le comportement alimentaire du puceron. Cette technique est basée sur<br />

l’enregistrement <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> potentiel entre une électro<strong>de</strong> fixée sur le puceron,<br />

lui-même posé sur sa plante hôte, et une autre électro<strong>de</strong> en relation avec les vaisseaux<br />

<strong>de</strong> cette plante. Elle permet <strong>de</strong> déterminer les différentes phases d’alimentation du<br />

puceron : salivation/ingestion/égestion. De récentes étu<strong>de</strong>s ont ainsi montré que<br />

certains <strong>virus</strong> seraient inoculés à la plante lors <strong>de</strong> la salivation qui se produit avant<br />

même la phase d’ingestion/égestion sur une nouvelle plante [29]. Il faut noter que le<br />

canal salivaire est séparé, sur presque toute la longueur <strong>de</strong>s stylets, du canal<br />

alimentaire (qui est une <strong>de</strong>s principales zones d’acquisition <strong>de</strong>s <strong>virus</strong>) à l’exception<br />

<strong>de</strong> sa partie distale (à environ 8 µm) où ils sont communs. Le mécanisme <strong>de</strong><br />

salivation n’est donc effectif pour l’inoculation que pour les particules virales qui se<br />

fixent en aval <strong>de</strong> cette jonction.<br />

La <strong>transmission</strong> dite non-persistante serait donc un phénomène actif rapi<strong>de</strong><br />

qui pourrait se produire lors <strong>de</strong>s piqûres d’essai comprennant une phase<br />

d’acquisition par ingestion sur une plante infectée et une phase d’inoculation par<br />

égestion et/ou salivation sur une plante saine.<br />

Lorsque le sous-groupe <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong> dit semi-persistante a été<br />

défini par Sylvester [4] à partir <strong>de</strong> différences observées sur les critères quantitatifs<br />

définissant la persistance, on a cherché <strong>de</strong>s explications à ces variations. Ces <strong>virus</strong><br />

sont souvent localisés dans les vaisseaux du phloème, le vecteur <strong>de</strong>vrait donc<br />

effectuer une piqûre plus profon<strong>de</strong> pour les acquérir. Ce type <strong>de</strong> piqûre correspond à<br />

une phase d’alimentation plus longue que la phase <strong>de</strong> piqûre d’essai. Quoiqu’il en<br />

soit, ces critères <strong>de</strong> semi-persistance ne tiennent pas compte <strong>de</strong>s mécanismes utilisés<br />

par le <strong>virus</strong> dans le vecteur. Certains <strong>de</strong> ces <strong>virus</strong> (à <strong>transmission</strong> semi-persistante)<br />

ont été localisés dans le tube digestif antérieur et appelés « <strong>virus</strong> du tube digestif<br />

9


antérieur » par opposition aux « <strong>virus</strong> <strong>de</strong> stylets » (à <strong>transmission</strong> non-persistante)<br />

(pour revue [7]). Cependant, les <strong>virus</strong> se retrouvent parfois dans ces <strong>de</strong>ux organes<br />

sur un même individu vecteur ; <strong>de</strong> plus, d’un point <strong>de</strong> vue technique, la localisation<br />

dans les stylets est beaucoup plus difficile à déterminer. <strong>Les</strong> limites du groupe <strong>de</strong>s<br />

« <strong>virus</strong> du tube digestif antérieur » ne nous paraissent donc pas assez bien définies.<br />

De plus, la compréhension du mécanisme d’inoculation <strong>de</strong> ces <strong>virus</strong> reste<br />

problématique, puisque l’égestion a été définie comme partant du précibarium et non<br />

du tube digestif antérieur.<br />

<strong>Les</strong> stylets et le tube digestif antérieur sont <strong>de</strong>ux organes originaires <strong>de</strong> tissus<br />

ecto<strong>de</strong>rmiques, ils sont donc recouverts <strong>de</strong> cuticule. <strong>Les</strong> <strong>virus</strong> dits non-persistants et<br />

semi-persistants se fixent tous sur cette cuticule, ils ne traversent pas <strong>de</strong> barrières<br />

membranaires et sont perdus lors <strong>de</strong>s mues. Nous retiendrons donc que les <strong>virus</strong> qui<br />

se localisent sur ces organes sont associés <strong>de</strong> façon externe au vecteur.<br />

Concernant la distinction entre <strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong> non-persistante (ou <strong>de</strong><br />

stylets) et <strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong> semi-persistante (ou du tube digestif antérieur), nous<br />

pensons que les critères choisis (discutés ci-<strong>de</strong>ssus) ne sont pas suffisamment<br />

discriminants, alors que la localisation externe (sur la cuticule) <strong>de</strong> ces <strong>virus</strong> est un<br />

caractère satisfaisant puisqu’il est simple et exclusif (oui/non). Cette dichotomie a<br />

déjà était proposée par ailleurs par Hull [30]. Ces arguments nous paraissent<br />

suffisants pour abandonner ces <strong>de</strong>ux catégories au profit d’une seule : la<br />

<strong>transmission</strong> non-circulante.<br />

En revanche, les progrès <strong>de</strong>s connaissances moléculaires <strong>de</strong> l’interaction<br />

<strong>virus</strong>/vecteur ont mis à jour <strong>de</strong>ux mécanismes significativement différents. Nous<br />

pensons que ceux-ci permettent <strong>de</strong> distinguer <strong>de</strong>ux stratégies <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> noncirculante<br />

: la « stratégie capsi<strong>de</strong> » et la « stratégie FAT » (voir figure 2B). Cette<br />

dichotomie a été proposée dans une revue récente [31]. Toute les informations<br />

présentées ci-après sans références particulières sont détaillées dans cette revue qui<br />

contient la liste <strong>de</strong>s travaux correspondants.<br />

Stratégie capsi<strong>de</strong><br />

Si après alimentation artificielle avec <strong>de</strong>s particules virales purifiées, un<br />

vecteur transmet ces particules, cela prouve qu’elles sont capables d’interagir<br />

directement avec la cuticule <strong>de</strong>s vecteurs. Ceci est le cas par exemple pour le<br />

cucumber mosaic cucumo<strong>virus</strong> (CMV), l’alfafa mosaic alfamo<strong>virus</strong> (AlMV), le pea<br />

streak carla<strong>virus</strong> (PSV) et le red clover vein mosaic carla<strong>virus</strong> (RCVMV). Le ou les<br />

seuls déterminants viraux impliqués dans la <strong>transmission</strong> <strong>de</strong> ces <strong>virus</strong> ne peuvent<br />

donc être qu’une ou <strong>de</strong>s protéines <strong>de</strong> la capsi<strong>de</strong>. Dans ce sens, <strong>de</strong>s expériences<br />

d’hétéro-encapsidation in vitro ont permis <strong>de</strong> transmettre l’ARN du TMV (tobacco<br />

mosaic tobamo<strong>virus</strong>), naturellement non-transmissible par pucerons, en utilisant la<br />

protéine <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> du CMV pour former une particule virale chimérique. De même,<br />

l’efficacité <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> du CMV est différente selon que la capsi<strong>de</strong> provient <strong>de</strong><br />

souches hautement ou peu transmissibles. Certains domaines importants <strong>de</strong> cette<br />

protéine ont été i<strong>de</strong>ntifiées, notamment <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s aminés qui jouent un rôle dans la<br />

spécificité <strong>de</strong> vecteur [32].<br />

Nous définissons ici la « stratégie capsi<strong>de</strong> » comme une stratégie virale <strong>de</strong><br />

<strong>transmission</strong> non-circulante qui consiste à utiliser exclusivement la protéine <strong>de</strong><br />

capsi<strong>de</strong> ou plus largement toute protéine structurale constituant la particule virale,<br />

pour l’interaction avec le vecteur.<br />

Stratégie FAT<br />

Sur l’ensemble <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> actuellement connus transmis selon le mo<strong>de</strong> noncirculant,<br />

seul un faible nombre peut être transmis à partir <strong>de</strong> particules virales<br />

purifiées, comme ci-<strong>de</strong>ssus (<strong>virus</strong> à stratégie capsi<strong>de</strong>). En effet, la plupart <strong>de</strong>s autres<br />

10


<strong>virus</strong>, comme par exemple le turnip mosaic poty<strong>virus</strong> (TuMV) et le cauliflower<br />

mosaic caulimo<strong>virus</strong> (CaMV), ne sont pas transmis suivant cette stratégie. Dans ce<br />

cas, un composant additionnel nécessaire à la <strong>transmission</strong> pourrait être perdu lors <strong>de</strong><br />

la purification <strong>de</strong> ces <strong>virus</strong>. Le premier indice <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> composant<br />

a été obtenu par <strong>de</strong>s expériences d’acquisition séquentielle menées sur plantes<br />

infectées par le potato poty<strong>virus</strong> C (PVC), <strong>virus</strong> connu pour n’être transmissible par<br />

puceron que s’il est en présence du potato poty<strong>virus</strong> Y (PVY) lors d’une infection<br />

mixte. Le PVC peut également être acquis individuellement puis transmis par <strong>de</strong>s<br />

pucerons, lorsqu’ils ont préalablement été nourris sur <strong>de</strong>s plantes infectées par le<br />

PVY. La séquence inverse d’acquisition (PVC puis PVY) ne permet pas la<br />

<strong>transmission</strong> du PVC. Un composant, induit lors <strong>de</strong> l’infection <strong>de</strong> la plante par le<br />

PVY, semble donc nécessaire à la <strong>transmission</strong> <strong>de</strong>s particules <strong>de</strong> PVC, il est appelé<br />

« helper component » (HC). Par la suite, il a été démontré qu’il ne s’agit pas <strong>de</strong> la<br />

particule virale du PVY elle-même, mais plutôt d’un composant extra-capsidaire codé<br />

par ce <strong>de</strong>rnier.<br />

Chez les membres du genre Caulimo<strong>virus</strong>, le <strong>virus</strong> le plus étudié est le<br />

cauliflower mosaic caulimo<strong>virus</strong> (CaMV). La présence d’un facteur assistant appelé<br />

« Aphid Transmision Factor » (ATF) a été montré <strong>de</strong> la même manière par<br />

acquisitions séquentielles sur <strong>de</strong>s plantes infectées par <strong>de</strong>s souches transmissibles<br />

et/ou non transmissibles. Dans la suite <strong>de</strong> cette revue, le HC <strong>de</strong>s Poty<strong>virus</strong> et l’ATF<br />

<strong>de</strong>s Caulimo<strong>virus</strong> seront désignés sous le terme commun <strong>de</strong> « Facteur Assistant <strong>de</strong><br />

la Transmission » (FAT).<br />

Des fractions <strong>de</strong> nature protéique ayant une activité FAT ont été obtenues par<br />

différentes purifications à partir d’extraits <strong>de</strong> plantes infectées par le PVY ou le<br />

tobacco vein mottling poty<strong>virus</strong> (TVMV). Par l’analyse <strong>de</strong> ces fractions, les FAT <strong>de</strong>s<br />

poty<strong>virus</strong> ont été caractérisés comme <strong>de</strong>s protéines d’un poids moléculaire variant <strong>de</strong><br />

53-58 kDa dont la forme active serait apparemment dimérique. La comparaison <strong>de</strong>s<br />

séquences du FAT <strong>de</strong> souches transmissibles et non-transmissibles a révélé <strong>de</strong>s<br />

mutations dans <strong>de</strong>ux motifs très conservés : un domaine N-terminal centré sur le<br />

motif protéique KITC (lysine-isoleucine-thréonine-cystéine) et un autre C-terminal<br />

centré sur le motif PTK (proline-thréonine-cystéine). L’importance <strong>de</strong> ces domaines<br />

pour la fonction FAT a pu être confirmée par mutagenèse dirigée.<br />

De manière équivalente, la comparaison <strong>de</strong>s séquences <strong>de</strong> souches<br />

transmissibles et non transmissibles par pucerons du CaMV, indique que le FAT du<br />

CaMV correspond au produit <strong>de</strong> l’expression du gène II. Il s’agit d’un polypepti<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> 18 kDa n’ayant apparemment pas d’autre fonction dans le cycle viral. En effet,<br />

l’isolat CM4-184 dont le gène II est entièrement délété n’est pas transmissible par<br />

pucerons, mais il reste parfaitement infectieux pour la plante. Contrairement aux FAT<br />

<strong>de</strong>s Poty<strong>virus</strong>, celui du CaMV n’a pas encore pu être purifié à partir d’extraits <strong>de</strong><br />

plantes infectées. En revanche, il peut être produit sous forme active en système<br />

hétérologue « baculo<strong>virus</strong>/cellules d’insectes » .<br />

L’hypothèse du mécanisme d’action <strong>de</strong>s facteurs assistants <strong>de</strong> <strong>transmission</strong><br />

la plus communément admise est que ce type <strong>de</strong> molécules joue un rôle dans la<br />

rétention et le relarguage du <strong>virus</strong> par le vecteur par « pontage réversible » entre les<br />

<strong>de</strong>ux. Un domaine du FAT serait impliqué dans l’interaction avec la capsi<strong>de</strong> virale et<br />

un autre domaine avec un récepteur hypothétique sur la cuticule <strong>de</strong>s pièces buccales<br />

et/ou le tube digestif antérieur du vecteur. Ainsi, la non-transmissibilité d’un <strong>virus</strong> à<br />

stratégie FAT peut être due à un facteur assistant non fonctionnel (qui ne peut plus<br />

interagir avec le vecteur et/ou le virion) ou à une protéine <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> non<br />

fonctionnelle (qui ne peut plus interagir avec le FAT). Le FAT d’un <strong>virus</strong><br />

transmissible est capable d’assister la <strong>transmission</strong> <strong>de</strong> souches non-transmissibles (à<br />

cause d’une absence ou d’une non-fonctionnalité <strong>de</strong> son propre FAT) dans un<br />

11


phénomène défini comme « l’hétéro-assistance » [33], en permettant l’interaction <strong>de</strong><br />

ces <strong>de</strong>rniers avec le vecteur concerné. L’hétéro-assistance est logiquement possible<br />

entre <strong>de</strong>ux <strong>virus</strong> transmissibles et ce phénomène est soumis à une certaine spécificité.<br />

Pour preuve, les FAT <strong>de</strong>s poty<strong>virus</strong> et <strong>de</strong>s caulimo<strong>virus</strong> ne sont pas interchangeables.<br />

A l’intérieur du genre Poty<strong>virus</strong>, le FAT d’un <strong>virus</strong> donné peut « assister » la<br />

<strong>transmission</strong> d’un certain nombre d’autres <strong>virus</strong> mais pas tous; lors d’infection<br />

mixte ou d’expériences d’acquisition séquentielle in vitro, ce FAT assistera<br />

préférentiellement la <strong>transmission</strong> du <strong>virus</strong> homologue. Chez les Caulimo<strong>virus</strong>,<br />

l’hétéro-assistance d’isolats <strong>de</strong> CaMV non-transmissibles par puceron a pu être<br />

obtenue à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s FAT du carnation etch ring caulimo<strong>virus</strong> (CERV) et du figwort<br />

mosaic caulimo<strong>virus</strong> (FMV).<br />

Bien que le rôle <strong>de</strong> « pontage réversible » <strong>de</strong>s facteurs assistants <strong>de</strong><br />

<strong>transmission</strong>, présenté ci-<strong>de</strong>ssus soit hypothétique, les résultats récemment publiés<br />

semblent en accord avec cette explication. Chez les poty<strong>virus</strong>, l’utilisation <strong>de</strong> la<br />

mutagenèse dirigée couplée à <strong>de</strong>s expériences d’interaction protéine/protéine in vitro<br />

ont permis <strong>de</strong> montrer que la protéine <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> interagit avec le FAT [34]. Plus<br />

précisément, le domaine N-terminal <strong>de</strong> la protéine <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> centré sur le motif<br />

protéique très conservé DAG (aci<strong>de</strong> aspartique-alanine-glycine) [34] est<br />

spécifiquement reconnu par le domaine PTK du FAT, mentionné ci-<strong>de</strong>ssus [35].<br />

Pour le CaMV, le domaine C-terminal du FAT est responsable <strong>de</strong> l’association avec<br />

la particule virale en un site inconnu. Ces interactions FAT/virion démontrées pour<br />

les poty<strong>virus</strong> et les caulimo<strong>virus</strong> sont corrélées à l’efficacité <strong>de</strong> la <strong>transmission</strong> par<br />

pucerons.<br />

Pour ce qui est <strong>de</strong> l’interaction du FAT avec le vecteur, Wang et al. [36]<br />

montrent que le FAT <strong>de</strong>s poty<strong>virus</strong> peut réguler la spécificité et l’efficacité <strong>de</strong><br />

<strong>transmission</strong> en contrôlant l’accrochage <strong>de</strong>s virions dans les stylets et le tube digestif<br />

antérieur. C’est le domaine KITC (mentionné ci-<strong>de</strong>ssus) du FAT qui serait impliqué<br />

<strong>de</strong> manière directe ou indirecte dans la reconnaissance <strong>de</strong>s récepteurs, toujours<br />

hypothétiques, du vecteur [37]. Aucune information n’est actuellement disponible<br />

sur le domaine équivalent du FAT pour le CaMV.<br />

Nous avons vu que les poty<strong>virus</strong> et les caulimo<strong>virus</strong> pouvaient être considérés<br />

comme transmis par puceron suivant la stratégie FAT. Cependant, les facteurs<br />

assistants <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux genres viraux diffèrent en plusieurs points. (i) <strong>Les</strong> FAT <strong>de</strong>s<br />

poty<strong>virus</strong> sont multifonctionnels, alors que celui du CaMV n’est impliqué que dans<br />

la <strong>transmission</strong> par pucerons. (ii) Le FAT du CaMV interagit fortement avec les<br />

microtubules d’insectes, <strong>de</strong> mammifères et <strong>de</strong> plantes [38]. Le rôle <strong>de</strong> cette propriété<br />

est pour l’instant incompris et cela n’a jamais été décrit pour le FAT <strong>de</strong>s poty<strong>virus</strong>.<br />

(iii) Enfin, contrairement aux Poty<strong>virus</strong>, il semble qu’en plus du FAT et <strong>de</strong> la<br />

particule virale, l’intervention d’un facteur supplémentaire soit nécessaire à la<br />

<strong>transmission</strong> du CaMV par pucerons [39].<br />

Nous définissons donc la « stratégie FAT » comme une stratégie virale <strong>de</strong><br />

<strong>transmission</strong> non-circulante qui consiste à utiliser obligatoirement, en plus <strong>de</strong> la<br />

protéine <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong>, un ou plusieurs composants viraux extra-capsidaires. Une <strong>de</strong>s<br />

propriétés <strong>de</strong> cette stratégie, à nos yeux très importante, est qu’elle autorise le<br />

phénomène d’hétéro-assistance (tableau I).<br />

La stratégie FAT semble largement répandue aux sein <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> à<br />

<strong>transmission</strong> non-circulante. La liste <strong>de</strong>s genres <strong>de</strong> <strong>virus</strong> concernés est présentée<br />

dans le tableau II.<br />

<strong>Les</strong> cas <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> par <strong>de</strong>s vecteurs autres que les homoptères<br />

12


Ce chapitre ne vise pas à détailler précisément les interactions <strong>virus</strong>/vecteur<br />

pour chacun <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> vecteurs autres que les homoptères mais plutôt à<br />

résumer les caractéristiques principales <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> <strong>transmission</strong><br />

rencontrées. Lorsque cela est possible, les stratégies décrites seront assimilées à<br />

l’une ou l’autre <strong>de</strong>s catégories présentées ci-<strong>de</strong>ssus.<br />

Transmission par champignons<br />

<strong>Les</strong> données récentes sur la <strong>transmission</strong> <strong>de</strong> <strong>virus</strong> phytopathogènes par<br />

champignons sont rares. Toutefois, la synthèse bibliographique proposée par<br />

Campbell [40] indique que l’association <strong>virus</strong>/vecteur peut se faire suivant <strong>de</strong>ux<br />

stratégies bien différentes.<br />

<strong>Les</strong> <strong>virus</strong> <strong>de</strong>s genres Furo<strong>virus</strong> et Bymo<strong>virus</strong> par exemple colonisent le<br />

cytoplasme du champignon vecteur (genre Polymyxa) dès la formation <strong>de</strong> la spore et<br />

suivent l’ensemble du cycle fongique jusqu’à l’hôte végétal suivant. C’est lors du<br />

contact entre le cytoplasme du vecteur et celui <strong>de</strong> l’hôte que le <strong>virus</strong> est inoculé.<br />

<strong>Les</strong> membres d’autres genres viraux tels que Necro<strong>virus</strong> ou Tombus<strong>virus</strong> ne<br />

pénètrent jamais le cytoplasme du vecteur (genre Olpidium) mais opèrent une<br />

association spécifique avec la surface externe <strong>de</strong> la paroi <strong>de</strong> la zoospore.<br />

L’adsorption du <strong>virus</strong> sur la spore se fait dans le sol et c’est par la blessure,<br />

provoquée par le champignon lors <strong>de</strong> sa pénétration dans les tissus végétaux, que le<br />

<strong>virus</strong> est inoculé.<br />

Ces <strong>de</strong>ux mécanismes ont parfois été considérés comme une <strong>transmission</strong><br />

persistante dans le premier cas et non-persistante dans le second. Toutefois,<br />

Campbell [40] conteste l’application d’une telle terminologie aux <strong>virus</strong> transmis par<br />

champignons. Nous préfèrerons classer ces <strong>de</strong>ux stratégies <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> suivant<br />

le système proposé dans cette revue (tableau I et II) : (i) lorsque le <strong>virus</strong> est<br />

transporté <strong>de</strong> manière interne par le champignon, nous considérons qu’il s’agit là <strong>de</strong><br />

<strong>transmission</strong> circulante, puisque aucun cas <strong>de</strong> multiplication virale dans le<br />

champignon vecteur n’a été signalé à ce jour et (ii) lorsque l’association du <strong>virus</strong> se<br />

fait sur la surface externe <strong>de</strong> la spore <strong>de</strong> son vecteur, nous assimilons ce phénomène<br />

à la <strong>transmission</strong> non-circulante. Dans ce <strong>de</strong>rnier cas, trop peu <strong>de</strong> données sont<br />

disponibles au sujet <strong>de</strong>s déterminants viraux impliqués pour permettre <strong>de</strong> préciser<br />

s’il s’agit d’une stratégie capsi<strong>de</strong> ou FAT.<br />

Transmission par némato<strong>de</strong>s<br />

<strong>Les</strong> Népo<strong>virus</strong> sont transmis par <strong>de</strong>s némato<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s genres Xiphinema et<br />

Longidorus et les Tobra<strong>virus</strong> sont transmis par <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong>s genres<br />

Trichodorus et Paratrichodorus. Tous les némato<strong>de</strong>s vecteurs décrits sont<br />

ectoparasites <strong>de</strong> plantes, vivent dans le sol et se nourrissent sur les parties distales<br />

<strong>de</strong>s racines. Une espèce <strong>de</strong> némato<strong>de</strong> n’est vectrice que pour un nombre limité <strong>de</strong><br />

<strong>virus</strong> et un même <strong>virus</strong> est transmis avec une efficacité très variable suivant l’origine<br />

géographique <strong>de</strong> son némato<strong>de</strong> vecteur (pour revue voir [41]). De par ces<br />

observations, un processus <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> assimilé à un simple phénomène<br />

mécanique ne peut pas être invoqué.<br />

Lors <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> nourriture, le némato<strong>de</strong> projette ses stylets à travers la<br />

paroi et la membrane cellulaire jusqu’au contact direct avec le cytoplasme <strong>de</strong> la<br />

cellule racinaire. Il aspire alors la quasi-totalité du contenu cellulaire, y compris le<br />

<strong>virus</strong> quand la cellule est infectée. Lorsque <strong>virus</strong> et vecteur sont compatibles, le <strong>virus</strong><br />

s’adsorbe très soli<strong>de</strong>ment sur la cuticule <strong>de</strong>s stylets ou <strong>de</strong> la capsule buccale,<br />

probablement par <strong>de</strong>s interactions <strong>de</strong> type électrostatique. Le relarguage du <strong>virus</strong> est<br />

induit petit à petit par les sécrétions salivaires éjectées au cours <strong>de</strong> nouvelles piqûres.<br />

Après un repas d’acquisition, le <strong>virus</strong> peut être inoculé successivement à plusieurs<br />

plantes par le même vecteur, dans lequel il persiste <strong>de</strong> quelques mois à quelques<br />

années.<br />

13


Bien que le <strong>virus</strong> puisse persister aussi longtemps dans son vecteur, nous<br />

pensons que la stratégie utilisée est clairement la stratégie non-circulante. La<br />

persistance du <strong>virus</strong> dans le némato<strong>de</strong> résulte probablement d’une interaction très<br />

forte entre les <strong>de</strong>ux et <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> stabilité <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> considérés. Cette persistance<br />

n’est pas le reflet d’un mécanisme qualitativement différent et nous ne la prendrons<br />

donc pas en compte dans l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> la stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong>.<br />

Pour <strong>de</strong>s raisons liées à la biologie <strong>de</strong>s némato<strong>de</strong>s phytophages, il semble<br />

que la mise au point d’un protocole expérimental d’alimentation artificielle <strong>de</strong>s<br />

némato<strong>de</strong>s soit extrêmement difficile, voir impossible (G. Demangeat,<br />

communication personnelle). La <strong>transmission</strong> à partir <strong>de</strong> préparations <strong>de</strong> <strong>virus</strong><br />

purifiés n’a donc jamais pu être testée. Cependant, <strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong> mutagénèse<br />

dirigée sur l’ARN 2 <strong>de</strong>s tobra<strong>virus</strong> [42] montrent que, outre la protéine <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong>,<br />

au moins une protéine virale extracapsidaire est nécessaire à l’efficacité <strong>de</strong> la<br />

<strong>transmission</strong>. Bien qu’une preuve expérimentale directe fasse encore défaut, il<br />

semble cela soit aussi le cas <strong>de</strong>s népo<strong>virus</strong> (G. Demangeat, communication<br />

personnelle). Il nous apparaît raisonnable <strong>de</strong> suggérer que la <strong>transmission</strong> noncirculante<br />

<strong>de</strong>s Nepo<strong>virus</strong> et <strong>de</strong>s Tobra<strong>virus</strong> par némato<strong>de</strong>s suive <strong>de</strong>s modalités<br />

assimilables à ce que nous avons dénommé la stratégie FAT.<br />

Transmission par acariens<br />

<strong>Les</strong> vecteurs appartiennent aux familles Eriophyidae et Tetranychidae. Ces<br />

organismes se nourrissent par perforation <strong>de</strong> la cellule végétale puis aspiration <strong>de</strong><br />

son contenu. La plupart <strong>de</strong>s espèces ont une gamme <strong>de</strong> plantes hôtes restreinte et la<br />

spécificité <strong>de</strong> vection <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> phytopathogènes est stricte [43].<br />

Certains <strong>virus</strong> apparentés aux rhabdo<strong>virus</strong> sont probablement transmis<br />

suivant la stratégie propagative. En effet, bien que peu <strong>de</strong> données expérimentales<br />

soient disponibles, la <strong>transmission</strong> verticale d’un rhabdo<strong>virus</strong> « atypique » <strong>de</strong> l’orge<br />

chez le vecteur Petrobia latens, par passage transovarien, a pu être démontrée (pour<br />

revue [7]).<br />

<strong>Les</strong> acariens <strong>de</strong> la famille Eriophyidae transmettent <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> plus étudiés tels<br />

que les Rymo<strong>virus</strong> (Potyviridae). Le wheat streak mosaic rymo<strong>virus</strong> (WSMV)<br />

persiste dans son vecteur après une mue et a pu être détecté dans plusieurs <strong>de</strong> ses<br />

organes dont l’hémolymphe et les glan<strong>de</strong>s salivaires [43]. La question <strong>de</strong> la<br />

multiplication <strong>de</strong>s Rymo<strong>virus</strong> dans leur vecteur acarien reste obscure et aucune mise<br />

en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> ce type n’a été décrite à notre connaissance. De ce fait, il est encore<br />

impossible <strong>de</strong> déterminer si les Rymo<strong>virus</strong> sont transmis par acariens suivant une<br />

stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> circulante ou propagative.<br />

Transmission par coléoptères<br />

Un certain nombre d’insectes vecteurs ont été décrits dans l’ordre<br />

Coleoptera et plus précisemment dans la famille Chrysomelidae (pour revue voir<br />

[44]). Ils transmettent <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> appartenant aux genres Tymo<strong>virus</strong>, Como<strong>virus</strong>,<br />

Bromo<strong>virus</strong> et Sobemo<strong>virus</strong> qui ont <strong>de</strong>s particules isométriques, très stables et<br />

transmissibles mécaniquement.<br />

Ces insectes mâchent les tissus végétaux en broyant les cellules puis les<br />

absorbent avec le <strong>virus</strong>, si la plante est infectée. Le temps nécessaire à l’acquisition<br />

du <strong>virus</strong> par le vecteur est très bref, une seule morsure peut suffire. Lors du repas<br />

suivant sur une plante saine, le <strong>virus</strong> sera inoculé en un temps également très court.<br />

Longtemps un processus pûrement mécanique a été invoqué pour expliquer la<br />

<strong>transmission</strong> mais, <strong>de</strong>puis une vingtaine d’années, les données qui s’accumulent font<br />

apparaître <strong>de</strong>s interactions bien plus complexes et spécifiques entre <strong>virus</strong> et vecteurs<br />

[44]. Après acquisition, certains <strong>virus</strong> passent dans l’hémolymphe <strong>de</strong> l’insecte en<br />

quelques minutes, parfois même quelques secon<strong>de</strong>s seulement [45]. Bien qu’il ait été<br />

possible d’obtenir <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> après injection du <strong>virus</strong> purifié dans<br />

14


l’hémocèle du vecteur, le caractère obligatoire du passage du <strong>virus</strong> dans le milieu<br />

intérieur du coléoptère pour la <strong>transmission</strong> n’a pas pu être établi <strong>de</strong> manière<br />

certaine. En effet, Wang et al. [46] démontrent que la présence <strong>de</strong> virions dans<br />

l’hémolymphe dépend du couple <strong>virus</strong>/insecte considéré et que ceci n’est pas<br />

directement lié à l’efficacité <strong>de</strong> la <strong>transmission</strong>.<br />

<strong>Les</strong> éléments qui déterminent la spécificité <strong>de</strong> la relation <strong>virus</strong>/vecteur sont<br />

particulièrement intéressants puisqu’une partie au moins semble liée au<br />

comportement du <strong>virus</strong> dans la plante immédiatement après l’inoculation par le<br />

vecteur. <strong>Les</strong> <strong>virus</strong> non-transmissibles semblent initier leur cycle réplicatif aux<br />

alentours du site d’inoculation alors que les <strong>virus</strong> transmissibles, eux, sont capables<br />

<strong>de</strong> se déplacer via le xylème et <strong>de</strong> s’éloigner du site d’inoculation avant <strong>de</strong> se<br />

répliquer. <strong>Les</strong> coléoptères phytophages ne possè<strong>de</strong>nt pas <strong>de</strong> structures semblables<br />

aux glan<strong>de</strong>s salivaires <strong>de</strong>s homoptères et ils humectent ou lubrifient leur pièces<br />

buccales par régurgitation lors du repas. Le flui<strong>de</strong> <strong>de</strong> régurgitation contient une<br />

activité RNAsique très élevée qui pourrait dégra<strong>de</strong>r les <strong>virus</strong> initiant leur cycle aux<br />

abords du site d’inoculation. <strong>Les</strong> détails <strong>de</strong>s phénomènes pouvant expliquer la<br />

spécificité <strong>de</strong> vection ont récemment été compilés (pour revue [7]).<br />

Bien que Wang et al. [46] considèrent que les <strong>virus</strong> puissent avoir adopté<br />

<strong>de</strong>ux stratégies <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> (non-circulante et circulante) par coléoptères, nous<br />

pensons que <strong>de</strong> plus amples informations seront nécessaires avant <strong>de</strong> déterminer si la<br />

ou les stratégies <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> rencontrées pour ces <strong>virus</strong> seront assimilables à<br />

l’une ou l’autre <strong>de</strong> celles présentées ici, ou si une nouvelle catégorie <strong>de</strong>vra être crée.<br />

Transmission par thrips<br />

Des travaux relativement récents (pour revue voir [47]) indiquent que les<br />

thrips (ordre Thysanoptera) utilisent <strong>de</strong>s stylets pour perforer les tissus végétaux,<br />

injecter leur salive qui va lyser les cellules avoisinantes et enfin aspirer le lysat<br />

cellulaire. Une particularité notable <strong>de</strong> l’appareil buccal <strong>de</strong>s thrips rési<strong>de</strong> dans le fait<br />

que l’architecture interne <strong>de</strong>s stylets forme un canal unique, utilisé à la fois pour<br />

l’absorption <strong>de</strong> nourriture et pour l’excrétion <strong>de</strong> salive.<br />

Le seul groupe connu <strong>de</strong> <strong>virus</strong> transmis par thrips est le genre Tospo<strong>virus</strong> et<br />

plus particulièrement le tomato spotted wilt <strong>virus</strong> (TSWV). Ce genre appartient à la<br />

famille Bunyaviridae qui regroupe <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> essentiellement inféodé aux animaux.<br />

De manière comparable aux bunya<strong>virus</strong> d’animaux et aux <strong>virus</strong> <strong>de</strong> plantes à stratégie<br />

<strong>de</strong> <strong>transmission</strong> propagative, le TSWV reconnaît spécifiquement <strong>de</strong>s récepteurs<br />

membranaires au niveau <strong>de</strong> l’intestin <strong>de</strong> son vecteur via <strong>de</strong>s glycoprotéines <strong>de</strong><br />

l’enveloppe virale. La fusion <strong>de</strong> cette enveloppe avec la membrane cellulaire libère les<br />

nucléocapsi<strong>de</strong>s infectieuses dans le cytoplasme <strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong> l’insecte où le <strong>virus</strong><br />

se multipliera, ainsi que dans d’autres organes, avant <strong>de</strong> rejoindre les glan<strong>de</strong>s<br />

salivaires (voir [48] et références citées). Il est à noter qu’une protéine réceptrice du<br />

TSWV a été mise en évi<strong>de</strong>nce au niveau <strong>de</strong> l’intestin moyen du thrips vecteur,<br />

Frankliniella occi<strong>de</strong>ntalis [48].<br />

<strong>Les</strong> mécanismes moléculaires <strong>de</strong> l’interaction <strong>virus</strong>-vecteur permettent<br />

d’assimiler sans équivoque la <strong>transmission</strong> <strong>de</strong>s Tospo<strong>virus</strong> par thrips à une<br />

<strong>transmission</strong> propagative.<br />

CONCLUSION<br />

Selon les écosystèmes dans lesquels ils évoluent, les <strong>virus</strong> se trouvent soumis<br />

à <strong>de</strong>s contraintes et conditions extrêmements variées, mais tous sont, à un moment ou<br />

à un autre, confrontés à la <strong>transmission</strong>. Face à ce problème, la stratégie adoptée<br />

dépend <strong>de</strong> l’histoire évolutive du <strong>virus</strong> et d’un ensemble <strong>de</strong> paramètres liés à son<br />

cycle biologique, à celui du vecteur et à l’écologie et la biologie <strong>de</strong> la plante hôte. Il<br />

est possible d’imaginer que parfois, pour <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> très éloignés du point <strong>de</strong> vue<br />

15


taxonomique, la résultante globale <strong>de</strong> tous ces paramètres se ressemble. On<br />

observera alors <strong>de</strong>s convergences au niveau <strong>de</strong> la stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> virale<br />

adoptée. Le nombre <strong>de</strong> groupes <strong>de</strong> vecteurs, <strong>de</strong> plantes hôtes et <strong>de</strong> <strong>virus</strong> est très<br />

largement supérieur à celui <strong>de</strong>s <strong>mo<strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> connus. C’est ainsi que<br />

différents <strong>virus</strong>, infectant <strong>de</strong>s hôtes différents, sont transmis par <strong>de</strong>s vecteurs<br />

différents suivant <strong>de</strong>s mécanismes globalement similaires.<br />

Etablir une classification <strong>de</strong>s différentes stratégies <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> est un<br />

problème complexe, justement du fait <strong>de</strong> la multitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> la diversité <strong>de</strong>s tryptiques<br />

plante/<strong>virus</strong>/vecteur existants. La clef <strong>de</strong> l’établissement d’un système <strong>de</strong><br />

classification simple et extrapolable à tous les <strong>virus</strong> <strong>de</strong> plantes repose sur le choix<br />

<strong>de</strong>s critères définissant chaque catégorie. Ces critères doivent être simples et assez<br />

généraux et surtout, ils ne doivent pas tenir compte <strong>de</strong> variations quantitatives ou liées<br />

à la nature et au comportement du vecteur. C’est pour cela que nous proposons<br />

d’abandonner les termes <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> non-persistante, semi-persistante et<br />

persistante dans cette revue. Nous pensons que cette terminologie est <strong>de</strong> nature à<br />

limiter l’extrapolation <strong>de</strong> la classification à l’ensemble <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> <strong>de</strong> plantes, définie<br />

pour la <strong>transmission</strong> par pucerons (puis étendue aux autres homoptères), elle ne<br />

semble applicable sensu stricto qu’à ce type <strong>de</strong> vecteurs.<br />

<strong>Les</strong> critères <strong>de</strong> classification <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> virales que nous<br />

proposons dans le tableau I repose sur <strong>de</strong>s caractères qualitatifs discréminants. Nous<br />

avons essayer ici d’extrapoler la classification <strong>de</strong>s <strong>mo<strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> à tous les<br />

<strong>virus</strong> <strong>de</strong> plantes, quel que soit le vecteur (tableau II). <strong>Les</strong> tableaux I et II ne reflètent<br />

pas la taxonomie <strong>de</strong>s <strong>virus</strong>, ils visent simplement à i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s stratégies,<br />

globalement similaires, ayant été adoptées par <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> qui peuvent être très éloignés<br />

phylogénétiquement.<br />

<strong>Les</strong> <strong>transmission</strong>s propagative et circulante correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s catégories<br />

préexistantes (pour revue [7]). Rien n’est donc changé dans ces catégories pour les<br />

<strong>virus</strong> transmis par homoptères, mais les critères simples que nous utilisons<br />

permettent d’y adjoindre certains <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> par d’autres groupes <strong>de</strong><br />

vecteurs tels que les champignons et les acariens. La <strong>transmission</strong> non-circulante est<br />

généralement scindée en <strong>de</strong>ux catégories : non-persistante et semi-persistante. Pour<br />

les raisons discutées ci-<strong>de</strong>ssus, nous avons préféré à ces <strong>de</strong>ux catégories les<br />

stratégies <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> « capsi<strong>de</strong> » et « FAT ». <strong>Les</strong> mécanismes moléculaires mis<br />

en jeu par les <strong>virus</strong> concernés par chacune <strong>de</strong> ces stratégies sont significativement<br />

différents et seule la stratégie FAT permet le phénomène <strong>de</strong> l’hétéro-assistance. De<br />

cette modification résulte une redistribution <strong>de</strong> certains genres viraux à l’intérieur <strong>de</strong><br />

la <strong>transmission</strong> non-circulante ainsi que l’intégration <strong>de</strong> genres transmis par<br />

champignons et némato<strong>de</strong>s.<br />

La plupart <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> connus s’intègre d’ores et déjà à ce système <strong>de</strong><br />

classification (tableau II). Cependant, il est facile d’imaginer que <strong>de</strong>s stratégies<br />

originales puissent être découvertes. Il faudra alors probablement créer <strong>de</strong>s<br />

catégories, ou plus vraisemblablement <strong>de</strong>s sous-catégories, nouvelles.<br />

16


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19


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20


Figure 1 : Stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> circulante <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> phytopathogènes par insecte<br />

vecteur <strong>de</strong> type piqueur-suceur. A. Schéma anatomique du vecteur. CA canal<br />

alimentaire, CB cibarium, CS canal salivaire, E estomac, GS glan<strong>de</strong> salivaire, GSA<br />

glan<strong>de</strong> salivaire accessoire, H hémocèle, IM intestin moyen, IP intestin postérieur, OE<br />

oesophage, P pharynx, PCB précibarium, PS pompe salivaire, R rectum. B.<br />

Représentation schématique du mécanisme. (1) Le <strong>virus</strong> est transporté dans le CA <strong>de</strong>s<br />

stylets jusqu’au CB grâce à la succion générée par la décompression <strong>de</strong> celui-ci lors <strong>de</strong><br />

la prise <strong>de</strong> nourriture <strong>de</strong> l’insecte sur une plante infectée. (2) La fermeture <strong>de</strong> la vanne<br />

du PCB, l’ouverture <strong>de</strong> la vanne du P et la compression du CB chasse le <strong>virus</strong> avec les<br />

flui<strong>de</strong>s alimentaires vers le P et l’OE. (3) La vanne <strong>de</strong> l’OE s’ouvre et les flui<strong>de</strong>s<br />

passent dans l’E, l’IM et l’IP vers le R. (4) Le <strong>virus</strong> utilise la clé moléculaire<br />

correspondant à la serrure <strong>de</strong> la barrière intestinale et il passe dans l’H par endoexocytose.<br />

(5) Le <strong>virus</strong> possè<strong>de</strong> la pièce moléculaire du puzzle qui permet sa<br />

reconnaissance et sa protection par l’autre pièce du puzzle portée par la symbionine<br />

produite par les endosymbiontes <strong>de</strong> l’insecte. (6) Le <strong>virus</strong> circule dans l’hémolymphe<br />

jusqu’aux sites <strong>de</strong> production <strong>de</strong> la salive : les GS et GSA. Il utilise les <strong>de</strong>ux autres clés<br />

moléculaires qui permettent sa reconnaissance par les serrures <strong>de</strong>s barrières salivaires<br />

<strong>de</strong>s GSA et son passage par endo-exocytose vers le canal salivaire où il est relargué.<br />

(7) Le <strong>virus</strong> passe la PS avec le flux <strong>de</strong> salive et est inoculé dans la plante au moment<br />

<strong>de</strong> la salivation lors d’un nouveau repas <strong>de</strong> l’insecte.<br />

Le circuit emprunté par les <strong>virus</strong> ayant une stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> propagative est le<br />

même. L’intervention <strong>de</strong> symbionine n’a toutefois pas été démontrée et la localisation<br />

<strong>de</strong>s sites <strong>de</strong> multiplication du <strong>virus</strong> est multiple et variée.<br />

A<br />

P<br />

CB<br />

PCB<br />

CA<br />

GSA<br />

GS<br />

PS<br />

CS<br />

OE<br />

P<br />

I<br />

E<br />

IM<br />

I<br />

P<br />

H<br />

R<br />

21


Figure 2 : Stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> non-circulante <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> phytopathogènes par<br />

insecte vecteur <strong>de</strong> type piqueur-suceur A. Représentation schématique du mécanisme.<br />

(1) Le <strong>virus</strong> est aspiré dans le CA en direction du CB par sa décompression lors d’une<br />

piqûre par l’insecte dans une plante infectée. (2) Le <strong>virus</strong> utilise sa pièce moléculaire<br />

du puzzle pour s’accrocher à la pièce réceptrice dans les pièces buccales et/ou le tube<br />

digestif antérieur <strong>de</strong> l’insecte. L’inoculation se fera lors d’une autre piqûre. Le<br />

mécanisme <strong>de</strong> décrochage du <strong>virus</strong> <strong>de</strong> sa pièce réceptrice dans l’insecte n’est pas<br />

connu. Il pourrait avoir lieu lors <strong>de</strong> l’égestion et/ou <strong>de</strong> la salivation. <strong>Les</strong> zones <strong>de</strong><br />

l’insecte concernées par ces <strong>de</strong>ux mécanismes sont différentes. La salivation se produit<br />

juste avant l’ingestion et l’égestion a lieu lors d’une piqûre d’essai non satisfaisante.<br />

(3) Lors d’une piqûre d’essai, le PCB contrôle la composition <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s tests ingérés.<br />

Si le test <strong>de</strong> phagostimulation est positif, une piqûre d’alimentation est effectuée. Si le<br />

test est négatif, la compression du CB est déclenchée sans qu’il y ait ouverture <strong>de</strong> la<br />

vanne du P : il y a égestion <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s du CB vers le CA et l’extérieur. CA canal<br />

alimentaire, CB cibarium, CS canal salivaire, H hémocèle, PCB précibarium, PS pompe<br />

salivaire. B. Représentation schématique <strong>de</strong>s interactions moléculaires entre le <strong>virus</strong> (à<br />

stratégie capsi<strong>de</strong> ou FAT) et son vecteur. <strong>Les</strong> connaissances actuelles ne nous<br />

permettent pas <strong>de</strong> savoir si c’est le même récepteur hypothétique dans l’insecte qui<br />

portent les <strong>de</strong>ux sites d’interaction avec les déterminants <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> à stratégie capsi<strong>de</strong> et<br />

à stratégie FAT.<br />

22


A<br />

4<br />

zone <strong>de</strong><br />

reconnaissance<br />

soumise à<br />

l’égestion<br />

3<br />

2<br />

CB<br />

CA<br />

1<br />

PCB<br />

CS<br />

P<br />

I<br />

PS<br />

4<br />

zone <strong>de</strong><br />

reconnaissance<br />

soumise à la<br />

salivation<br />

23


B<br />

Stratégie<br />

capsi<strong>de</strong><br />

Stratégie<br />

FAT<br />

lumière du CA<br />

particule virale possédant<br />

la protéine <strong>de</strong> la capsi<strong>de</strong><br />

compatible avec le<br />

récepteur<br />

particule virale<br />

possédant<br />

la protéine <strong>de</strong> la capsi<strong>de</strong><br />

compatible avec le FAT<br />

Facteur Assistant <strong>de</strong><br />

Transmission<br />

protéine virale extra-capsidaire<br />

compatible avec le récepteur<br />

récepteur hypothétique qui<br />

permet<br />

la reconnaissance et l’accrochage<br />

sur la cuticule du vecteur<br />

24

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