Les modes de transmission des virus ... - Remy Froissart
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<strong>transmission</strong>, pour ce troisième genre, semble donc rési<strong>de</strong>r au niveau <strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s<br />
salivaires. Néanmoins, une telle généralisation semble quelque peu hâtive et la<br />
spécificité <strong>de</strong>s barrières membranaires <strong>de</strong> différents couples <strong>virus</strong>/vecteur <strong>de</strong>vra<br />
vraisemblablement être étudiée au cas par cas.<br />
Contrairement aux Luteoviridae, les Geminiviridae ne possè<strong>de</strong>nt pas <strong>de</strong><br />
protéine <strong>de</strong> translecture, seule la protéine <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> semble impliquée dans la<br />
<strong>transmission</strong>. <strong>Les</strong> protéines <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> sont fortement similaires à l’intérieur <strong>de</strong><br />
chacun <strong>de</strong>s genres, alors qu’elles diffèrent d’un genre à l’autre. En conséquence, la<br />
spécificité <strong>de</strong> vection pourrait être due à <strong>de</strong>s différences à ce niveau. Des <strong>virus</strong><br />
chimériques ont été construits en remplaçant le gène <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la molécule<br />
d’ADN A <strong>de</strong> l’ACMV (african cassava mosaic begomo<strong>virus</strong>) par celui du BCTV<br />
(beet curly top curto<strong>virus</strong>). Après injection du <strong>virus</strong> chimérique dans <strong>de</strong>s cica<strong>de</strong>lles<br />
vectrices du BCTV, il a pu être transmis, alors que l’ACMV sauvage n’est<br />
normalement pas transmissible par cet insecte (voir [26] et références citées). Ces<br />
résultats montrent donc que les déterminants <strong>de</strong> la spécificité du passage du BCTV<br />
entre l’hémocèle et les glan<strong>de</strong>s salivaires <strong>de</strong> la cica<strong>de</strong>lle sont portés par la protéine <strong>de</strong><br />
capsi<strong>de</strong>. De même, le remplacement du gène codant pour la protéine <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> du<br />
AbMV (abutilon mosaic begomo<strong>virus</strong>, non transmissible par vecteur) par le gène<br />
correspondant du SiGMV-Co (sida gol<strong>de</strong>n mosaic begomo<strong>virus</strong> du Costa Rica,<br />
transmissible) permet l’acquisition et la <strong>transmission</strong> du <strong>virus</strong> par aleuro<strong>de</strong> [26].<br />
Plusieurs résultats obtenus récemment sur le tomato yellow leaf curl <strong>virus</strong><br />
(TYLCV) induisent un doute quant à la stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> adoptée par ce<br />
bégomo<strong>virus</strong>. En effet, l’ADN viral reste détectable dans les aleuro<strong>de</strong>s vectrices<br />
durant toute la vie adulte. De même, après un repas d’acquisition, ces aleuro<strong>de</strong>s<br />
restent vectrices jusqu’à leur mort et elles possè<strong>de</strong>nt une fécondité et une espérance<br />
<strong>de</strong> vie inférieures aux aleuro<strong>de</strong>s non-virulifères. Ces effets négatifs du TYLCV sur le<br />
vecteur semblent le rapprocher <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> pathogènes d’insectes [27]. Récemment, et<br />
pour la première fois dans la famille <strong>de</strong>s Geminiviridae, la <strong>transmission</strong> à la<br />
<strong>de</strong>scendance du vecteur, par passage transovarien, a été démontré pour le TYLCV<br />
[28]. Ces observations sont tout à fait atypiques pour un <strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong><br />
circulante et ressemblent plutôt à <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> <strong>virus</strong> se multipliant dans leur<br />
vecteur. Une démonstration directe <strong>de</strong> la réplication du TYLCV dans l’aleuro<strong>de</strong><br />
vectrice serait toutefois indispensable pour déterminer si les <strong>virus</strong> <strong>de</strong> la famille<br />
Geminiviridae (tout au moins les bégomo<strong>virus</strong>) doivent être considérés comme ayant<br />
adopté une stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> propagative.<br />
D’autres résultats plus surprenants encore concernant le TYLCV méritent<br />
d’être mentionnés ici. Contrairement à l’ADN viral, détectable durant toute la vie du<br />
vecteur, la protéine <strong>de</strong> capsi<strong>de</strong> n’est plus présente dans l’adulte à partir du douzième<br />
jour après l’acquisition [27], comme si l’ADN pouvait persister alors que les<br />
particules virales disparaissent. Cette observation, bien que très préliminaire, pourrait<br />
trahir une stratégie d’interaction <strong>virus</strong>/vecteur encore inconnue à ce jour.<br />
Stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> non-circulante<br />
Ce chapitre regroupe <strong>de</strong>s informations sur les stratégies <strong>de</strong> <strong>transmission</strong><br />
anciennement qualifiées <strong>de</strong> non- et semi-persistantes. <strong>Les</strong> premières étu<strong>de</strong>s ont été<br />
menées sur <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong> dite non-persistante transmis par pucerons. Le<br />
terme <strong>de</strong> non-persistance du <strong>virus</strong> dans son vecteur a été défini selon différents<br />
critères quantitatifs : (i) le temps minimal d’acquisition par leur vecteur est réduit<br />
(quelques secon<strong>de</strong>s à quelques minutes), (ii) il n’y a pas <strong>de</strong> phase <strong>de</strong> latence (c’està-dire<br />
que le vecteur peut transmettre le <strong>virus</strong> immédiatement après son acquisition),<br />
(iii) il n’y a pas <strong>de</strong> passage dans l’hémolymphe du vecteur, (iv) le <strong>virus</strong> est perdu<br />
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