Les modes de transmission des virus ... - Remy Froissart
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lors <strong>de</strong> la mue <strong>de</strong> son vecteur et (v) la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> rétention du <strong>virus</strong> par son vecteur<br />
est courte (quelques minutes à quelques heures) (pour revue [6]). L’hypothèse la<br />
plus ancienne du mécanisme impliqué a été formulée par Doolittle et Walker [2] :<br />
l’acquisition serait un phénomène passif correspondant à une contamination externe<br />
<strong>de</strong>s stylets. Cette <strong>transmission</strong> mécanique pourrait être accentuée par le<br />
comportement du puceron qui lors <strong>de</strong> sa recherche <strong>de</strong> nourriture effectue <strong>de</strong><br />
nombreuses piqûres d’essais (pour « goûter ») dans les cellules épi<strong>de</strong>rmiques.<br />
Kennedy et al. [5] proposent donc le terme <strong>de</strong> « <strong>virus</strong> <strong>de</strong> stylets ». <strong>Les</strong> pucerons<br />
agiraient ainsi comme <strong>de</strong> simples « aiguilles volantes » [29]. L’incapacité <strong>de</strong><br />
<strong>transmission</strong> <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> après traitement <strong>de</strong>s stylets aux UV ou au formaldéhy<strong>de</strong><br />
semblait renforcer cette hypothèse.<br />
Cependant, Harris [6] conteste cette interprétation considérant ces traitements<br />
comme un facteur <strong>de</strong> stress pour les pucerons. La perte <strong>de</strong> transmissibilité du <strong>virus</strong><br />
serait, selon lui, plus due à une modification du comportement du vecteur qu’à<br />
l’inactivation du <strong>virus</strong> lui-même. Il formule donc une nouvelle hypothèse sur le<br />
mécanisme d’acquisition/inoculation <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong> non-persistante : il<br />
s’agirait d’un phénomène actif par « ingestion/égestion » <strong>de</strong> la part du vecteur. Ceci<br />
expliquerait notamment que l’introduction <strong>de</strong> stylets <strong>de</strong> pucerons anesthésiés dans<br />
<strong>de</strong>s feuilles ne permettent pas la <strong>transmission</strong>. Selon ce point <strong>de</strong> vue, les pucerons<br />
agissent plutôt comme <strong>de</strong>s « seringues volantes » (sur cette polémique voir [29] et<br />
références citées). En effet, pour sélectionner ses plantes hôtes, le puceron doit les<br />
« goûter » c’est-à-dire aspirer les flui<strong>de</strong>s présents dans les cellules épi<strong>de</strong>rmiques<br />
jusqu’à ce qu’ils atteignent les organes chimiorécepteurs localisés dans le<br />
précibarium (voir figure 2A). Si les liqui<strong>de</strong>s induisent une phagostimulation, ils<br />
passent dans le cibarium vers l’intestin. Si non, les flui<strong>de</strong>s sont expulsés par le canal<br />
alimentaire. <strong>Les</strong> <strong>virus</strong> acquis lors <strong>de</strong> l’ingestion au cours d’un repas préalable<br />
pourraient ainsi être inoculés lors <strong>de</strong> l’égestion, durant un repas ultérieur.<br />
La mise au point <strong>de</strong> l’électro-pénétrographie (EPG) a permis d’étudier plus<br />
précisement le comportement alimentaire du puceron. Cette technique est basée sur<br />
l’enregistrement <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> potentiel entre une électro<strong>de</strong> fixée sur le puceron,<br />
lui-même posé sur sa plante hôte, et une autre électro<strong>de</strong> en relation avec les vaisseaux<br />
<strong>de</strong> cette plante. Elle permet <strong>de</strong> déterminer les différentes phases d’alimentation du<br />
puceron : salivation/ingestion/égestion. De récentes étu<strong>de</strong>s ont ainsi montré que<br />
certains <strong>virus</strong> seraient inoculés à la plante lors <strong>de</strong> la salivation qui se produit avant<br />
même la phase d’ingestion/égestion sur une nouvelle plante [29]. Il faut noter que le<br />
canal salivaire est séparé, sur presque toute la longueur <strong>de</strong>s stylets, du canal<br />
alimentaire (qui est une <strong>de</strong>s principales zones d’acquisition <strong>de</strong>s <strong>virus</strong>) à l’exception<br />
<strong>de</strong> sa partie distale (à environ 8 µm) où ils sont communs. Le mécanisme <strong>de</strong><br />
salivation n’est donc effectif pour l’inoculation que pour les particules virales qui se<br />
fixent en aval <strong>de</strong> cette jonction.<br />
La <strong>transmission</strong> dite non-persistante serait donc un phénomène actif rapi<strong>de</strong><br />
qui pourrait se produire lors <strong>de</strong>s piqûres d’essai comprennant une phase<br />
d’acquisition par ingestion sur une plante infectée et une phase d’inoculation par<br />
égestion et/ou salivation sur une plante saine.<br />
Lorsque le sous-groupe <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> à <strong>transmission</strong> dit semi-persistante a été<br />
défini par Sylvester [4] à partir <strong>de</strong> différences observées sur les critères quantitatifs<br />
définissant la persistance, on a cherché <strong>de</strong>s explications à ces variations. Ces <strong>virus</strong><br />
sont souvent localisés dans les vaisseaux du phloème, le vecteur <strong>de</strong>vrait donc<br />
effectuer une piqûre plus profon<strong>de</strong> pour les acquérir. Ce type <strong>de</strong> piqûre correspond à<br />
une phase d’alimentation plus longue que la phase <strong>de</strong> piqûre d’essai. Quoiqu’il en<br />
soit, ces critères <strong>de</strong> semi-persistance ne tiennent pas compte <strong>de</strong>s mécanismes utilisés<br />
par le <strong>virus</strong> dans le vecteur. Certains <strong>de</strong> ces <strong>virus</strong> (à <strong>transmission</strong> semi-persistante)<br />
ont été localisés dans le tube digestif antérieur et appelés « <strong>virus</strong> du tube digestif<br />
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