Les modes de transmission des virus ... - Remy Froissart
Les modes de transmission des virus ... - Remy Froissart
Les modes de transmission des virus ... - Remy Froissart
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
vecteur (au niveau <strong>de</strong> l’intestin) se fait à l’ai<strong>de</strong> d’une protéine associée à la surface<br />
<strong>de</strong> la particule virale. <strong>Les</strong> <strong>de</strong>ux exemples les plus connus sont ceux du potato yellow<br />
dwarf nucleorhabdo<strong>virus</strong> (PYDV) et du wound tumor phytoreo<strong>virus</strong> (WTV). Pour le<br />
PYDV, la protéine G glycosylée faisant saillie hors <strong>de</strong> l’enveloppe virale est<br />
responsable <strong>de</strong> la reconnaissance du vecteur et donc <strong>de</strong> la spécificité <strong>de</strong> vection. La<br />
suppression <strong>de</strong> cette protéine G diminue fortement l’infectiosité du <strong>virus</strong> en culture<br />
<strong>de</strong> cellules d’insecte, alors qu’aucune modification n’est notable dans l’infectiosité<br />
du <strong>virus</strong> pour les cellules végétales [12]. Un mécanisme tout à fait similaire est connu<br />
pour les rhabdo<strong>virus</strong> d’animaux (voir [7] et références citées). Chez le WTV, la perte<br />
<strong>de</strong> la possibilité d’être transmis par insecte vecteur est associée à la perte <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s<br />
douze segments <strong>de</strong> l’ARN génomique, les segments S2 et S5. Le fait que les <strong>de</strong>ux<br />
protéines codées par ces segments d’ARN, P2 et P5, forment la capsi<strong>de</strong> externe du<br />
WTV suggère que cette structure pourrait être impliquée dans la reconnaissance du<br />
vecteur ou dans la pénétration du <strong>virus</strong> dans la cellule végétale hôte (voir [13] et<br />
références citées). Plus précisément, une mutation <strong>de</strong> la protéine P2 du rice dwarf<br />
phytoreo<strong>virus</strong> (RDV) est à elle seule suffisante pour abolir la possibilité d’infection<br />
du vecteur et donc la transmissibilité du <strong>virus</strong> [13].<br />
<strong>Les</strong> <strong>virus</strong> ayant adopté la stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> propagative présentent <strong>de</strong>s<br />
différences importantes avec les autres <strong>virus</strong> <strong>de</strong> plantes [7]. En effet, si les autres<br />
<strong>virus</strong> sont généralement considérés comme <strong>de</strong>s <strong>virus</strong> <strong>de</strong> végétaux à part entière, ceux<br />
qui sont transmis suivant la stratégie propagative sont plutôt considérés comme <strong>de</strong>s<br />
<strong>virus</strong> d’insectes phytophages ayant acquis au cours <strong>de</strong> l’évolution, la capacité <strong>de</strong><br />
s’établir dans les tissus végétaux, au départ <strong>de</strong> façon transitoire et locale. Ainsi, ces<br />
<strong>virus</strong> auraient pu se maintenir momentanément sous forme infectieuse pour l’insecte<br />
seulement, dans les plantes (au niveau du site d’alimentation d’un insecte) et<br />
constituer <strong>de</strong> la sorte un « réservoir » dans lequel un nouvel insecte pourrait<br />
s’infecter. Ce phénomène existe encore pour quelques <strong>virus</strong> d’insectes dont le<br />
Nilaparvata lugens reo<strong>virus</strong> (NLRV) [14] qui est un <strong>virus</strong> phylogénétiquement<br />
proche du genre Fiji<strong>virus</strong>, infectant <strong>de</strong>s insectes homoptères <strong>de</strong>lphaci<strong>de</strong>s. En plus <strong>de</strong><br />
sa capacité <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> verticale transovarienne à l’insecte, le NLRV peut être<br />
transmis <strong>de</strong> façon horizontale (d’un insecte à l’autre) quand ceux-ci se nourrissent<br />
sur la même plante, bien que ce <strong>virus</strong> soit incapable <strong>de</strong> se répliquer dans la plante.<br />
<strong>Les</strong> phyto<strong>virus</strong> transmis suivant la stratégie propagative ont tous acquis,<br />
probablement secondairement, les fonctions nécessaires à leur réplication et<br />
propagation dans les plantes. Ces <strong>de</strong>rnières sont, en quelque sorte, <strong>de</strong>venues <strong>de</strong>s<br />
hôtes alternatifs si bien qu’il est difficile <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r qui, <strong>de</strong> la plante ou <strong>de</strong> l’insecte,<br />
transmet le <strong>virus</strong> à l’autre.<br />
Stratégie <strong>de</strong> <strong>transmission</strong> circulante<br />
<strong>Les</strong> <strong>virus</strong> transmis selon ce mo<strong>de</strong> sont transportés <strong>de</strong> façon interne, mais<br />
jamais ils ne se répliquent durant leur passage dans le milieu intérieur du vecteur. Ils<br />
doivent traverser différentes barrières membranaires : au niveau du tube digestif pour<br />
entrer, et <strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s salivaires pour sortir <strong>de</strong> leur vecteur. Le <strong>virus</strong> ingéré avec la<br />
sève phloémique lors <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> nourriture du vecteur traverse les cellules<br />
épithéliales <strong>de</strong> l’intestin vers l’hémocèle (phase d’acquisition) et diffuse dans<br />
l’hémolymphe jusqu’aux glan<strong>de</strong>s salivaires. Il traverse les cellules <strong>de</strong> ces glan<strong>de</strong>s et<br />
est injecté dans la plante hôte avec la salive lors d’une nouvelle piqûre (phase<br />
d’inoculation) (voir figure 1).<br />
5