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Le FORUM - University of Maine

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<strong>Le</strong> Forum<br />

(La langue et l’indentité suite de page 21)<br />

çais. Il y a une question centrale dans Maria Chapdelaine : que se passe-t-il quand un<br />

francophone déménage aux États-Unis? Dans le roman, la voix du pays est symbolisée<br />

par une cloche sage qui conseille aux francophones de rester au Québec. Ce conseil est<br />

intéressant, spécialement dans le contexte d’une identité franco-américaine en évolution.<br />

[On] a pensé à aller dans l’Ouest, un temps, dit la mère Chapdelaine, mais je n’aurais jamais<br />

voulu. Au milieu de monde qui ne parle que l’anglais, j’aurais été malheureuse tout mon règne.<br />

Je lui ai toujours dit :“[...] c’est encore parmi les Canadiens que les Canadiens sont le mieux”. 12<br />

La popularité de Maria Chapdelaine s’explique peut-être par sa morale forte : restez<br />

au Québec et maintenez le « culte » canadien, la religion, la langue et ne partez pas pour<br />

les États-Unis ou vous perdrez votre langue, votre culture et vos racines canadiennes.<br />

Toutefois, il y a un paradoxe envahissant : Maria Chapdelaine a été écrit dans<br />

un français parisien, pour les Français parisiens et par un auteur parisien. Louis<br />

Hémon a écrit le roman dix ans après son arrivée à Montréal, mais le roman est<br />

considéré comme une juste représentation des Canadiens Français et montre comment<br />

sauvegarder la culture et la langue canadiennes françaises. Pourtant, il y a une<br />

autre facette de ce paradoxe qui s’applique aux Franco-Américains. Si un écrivain<br />

peut se déplacer du Québec à la France et écrire ce qui est considéré comme le premier<br />

roman québécois qui représente à juste titre une identité canadienne française<br />

et qui explique comment maintenir cette identité, être né dans un région ne peut<br />

pas restreindre l’ascension à une autre identité nationale. Cela montre aussi qu’un<br />

langage peut très bien être transféré et adapté. Hémon a écrit son roman en français<br />

parisien et les Franco-Américains écrivent leurs romans en français parisien, dans un<br />

mélange de français et d’anglais, en français canadien ou en anglais. Pourtant, toutes<br />

ces littératures, quelle que soit la langue utilisée, représentent toujours une identité<br />

francophone. Bien sûr, Hémon parlait français, mais ce n’était pas un français canadien.<br />

De façon similaire, de nombreux Franco-Américains ne parlent pas le français,<br />

mais ils articulent et représentent une identité francophone comme Hémon l’a fait.<br />

Cet essai propose la théorie que la conception de la race et de l’ethnicité peut changer<br />

dans le temps et dans l’espace, comme c’est le cas actuellement au Canada et aux États-<br />

Unis, et que la conception des francophones peut également changer. Nancy Huston écrit<br />

que « la fonction primordiale des histoires humaines, c’est l’inclusion et l’exclusion 13 ».<br />

Cela a certainement fait sa preuve dans le cas des communautés francophones en France,<br />

au Québec et aux États-Unis. Huston affirme également que notre sens de l’identité est<br />

une «fiction» basée sur des constructions sociales. Il est clair que la conception du terme<br />

«francophone» est une construction sociale, car il est perçu différemment par les divers<br />

groupes sociaux séparés géographiquement. Alors, la langue ne doit pas être le seul facteur<br />

qui détermine qui est francophone et qui ne l’est pas. Une société peut choisir quels éléments<br />

sont inclus et exclus de la définition d’une identité francophone, ce qui montre<br />

que ce concept peut évoluer et que lui aussi peut être basé sur des éléments « fictifs ».<br />

Il y a une barrière linguistique entre le français parisien, le français canadien et le<br />

français franco-américain. Indépendamment de ces différences, chacune de ces langues<br />

pointent vers une identité et une culture francophones. Si les cultures commencent à se<br />

diviser sur une base uniquement linguistique, le cœur d’une culture pourrait vraiment se<br />

perdre dans une dimension superficielle. Si les Canadiens Français pouvaient reconnaître<br />

leur culture et leur identité dans la littérature d’origine parisienne et se l’approprier,<br />

peut-être que les Franco-Américains peuvent aussi contribuer à une identité francophone.<br />

12 L. Hémon éon Maria Maia Chapdelaine hapdelaine p. 0. 40.<br />

13 N. . Huston uston n n route oute pour pou l’arché-texte l’achétete p. . 65.<br />

22<br />

(Suite page 23)

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