03.09.2015 Views

N 1 / 2 0 1 2 f é v r i e r / m a r s

CACP Actualités 1/2012 - AVC

CACP Actualités 1/2012 - AVC

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

v i e t n a m<br />

<br />

a v e c j <strong>é</strong> s u s<br />

regarder vers l’avenir…<br />

Je m’appelle Ai, j’ai 22 ans et je vis en<br />

Thaïlande. Mais ce pays n’est pas ma<br />

patrie d’origine.<br />

Scènes de brutalit<strong>é</strong>s policières<br />

J’ai grandi au Vietnam dans une famille<br />

chr<strong>é</strong>tienne. Petite fille, j’accompagnais<br />

mes parents à l’<strong>é</strong>glise. Mais<br />

comme elle n’<strong>é</strong>tait pas reconnue par<br />

l’Etat, la police nous harcelait sans<br />

cesse. Des scènes terribles, maintes<br />

fois r<strong>é</strong>p<strong>é</strong>t<strong>é</strong>es, se sont grav<strong>é</strong>es<br />

dans ma m<strong>é</strong>moire : la police fait<br />

irruption dans la pièce principale.<br />

Ils confisquent toutes les Bibles. Ils<br />

saisissent mon père et le traînent<br />

jusqu’au poste de police pour<br />

l’interroger. A son retour, il saigne<br />

de partout parce qu’il a <strong>é</strong>t<strong>é</strong> sauvagement<br />

battu.<br />

Pourchass<strong>é</strong>s par la police<br />

Chez nous au Vietnam, ce sont surtout<br />

les chr<strong>é</strong>tiens issus des minorit<strong>é</strong>s ethniques<br />

qui sont s<strong>é</strong>vèrement pers<strong>é</strong>cut<strong>é</strong>s.<br />

Mes parents ont toujours recueilli<br />

des pasteurs qui <strong>é</strong>taient pourchass<strong>é</strong>s<br />

par la police. Nous avions une cache<br />

secrète où l’on mettait en sûret<strong>é</strong> les<br />

Bibles que mon père distribuait dans<br />

tout le pays. Je devais faire très attention<br />

à ce que je racontais à mes amies.<br />

Un mot de travers, et les cons<strong>é</strong>quences<br />

pouvaient être d<strong>é</strong>vastatrices pour<br />

chacun de nous.<br />

Une situation critique<br />

Quelques ann<strong>é</strong>es plus tard, j’ai commenc<strong>é</strong><br />

à travailler parmi les enfants.<br />

Sur les Hauts-Plateaux du centre<br />

du pays, on trouve diff<strong>é</strong>rentes tribus<br />

s<strong>é</strong>dentaires, notamment les Hroi,<br />

qui pratiquent le culte des ancêtres.<br />

Ils vivent d’agriculture, cultivent le<br />

ver à soie, <strong>é</strong>lèvent le b<strong>é</strong>tail et font de<br />

la vannerie et de la poterie. Un <strong>é</strong>t<strong>é</strong>,<br />

nous organisons sans autorisation<br />

l<strong>é</strong>gale un camp pour parler de J<strong>é</strong>sus<br />

aux enfants de cette tribu. Tout se<br />

passe bien jusqu’à la dernière nuit.<br />

Alors que les enfants avaient heureusement<br />

d<strong>é</strong>jà quitt<strong>é</strong> l’endroit, voilà<br />

que la police d<strong>é</strong>barque. Ils entourent<br />

la maison où toute l’<strong>é</strong>quipe logeait,<br />

et demandent à voir le responsable.<br />

Je sens que je dois leur parler. C’est<br />

le Saint-Esprit qui me pousse à le<br />

faire. Ils me posent beaucoup de<br />

questions auxquelles je r<strong>é</strong>ponds,<br />

puis sortent de la maison et s’en vont.<br />

Sur le chemin de retour, nous sommes<br />

contrôl<strong>é</strong>s à plusieurs reprises<br />

»Mais ce ne sont pas des<br />

larmes de colère ou de frustration.<br />

Ce sont des larmes<br />

de joie, parce que Dieu nous a<br />

aid<strong>é</strong>s à traverser ces ann<strong>é</strong>es<br />

si difficiles .«<br />

par des patrouilles de police. Leurs<br />

interrogatoires m’ins<strong>é</strong>curisent, car<br />

on ne sait jamais comment cela peut<br />

s’achever. Finalement nous arrivons<br />

sains et saufs à la maison.<br />

Mon père est arrêt<strong>é</strong><br />

La pire p<strong>é</strong>riode de ma vie a <strong>é</strong>t<strong>é</strong> celle<br />

de mes 14 et 15 ans. Un jour, en<br />

rentrant de l’<strong>é</strong>cole, mon père avait<br />

disparu. Au d<strong>é</strong>but, je pensais qu’il<br />

s’<strong>é</strong>tait rendu dans un autre village<br />

pour <strong>é</strong>vang<strong>é</strong>liser. Ma mère en <strong>é</strong>tait<br />

très affect<strong>é</strong>e, mais ne disait rien.<br />

Bientôt je d<strong>é</strong>couvre qu’en fait mon<br />

père a <strong>é</strong>t<strong>é</strong> arrêt<strong>é</strong>. Il y avait dans ma<br />

tête une foule de questions que<br />

j’aurais tant voulu lui poser.<br />

Et d’abord, allais-je le revoir un jour ?<br />

Il est rest<strong>é</strong> deux longues ann<strong>é</strong>es en<br />

prison où il a <strong>é</strong>t<strong>é</strong> molest<strong>é</strong> et s<strong>é</strong>vèrement<br />

tortur<strong>é</strong>. Mais il est rest<strong>é</strong><br />

in<strong>é</strong>branlable dans sa foi en J<strong>é</strong>sus-<br />

Christ.<br />

Regarder vers l’avenir<br />

Notre père nous avait beaucoup<br />

manqu<strong>é</strong>, et pourtant je n’<strong>é</strong>tais pas<br />

d<strong>é</strong>courag<strong>é</strong>e. Je ressentais très fortement<br />

la consolation de Dieu. Malgr<strong>é</strong><br />

cette situation difficile, je travaillais<br />

dur et obtins mon admission à l’<strong>é</strong>cole<br />

secondaire. Maintenant je suis en<br />

Thaïlande où je continue mes <strong>é</strong>tudes.<br />

Je travaille aussi dans le cadre du<br />

CACP et j’en suis très reconnaissante<br />

à Dieu. Mon but est de retourner un<br />

jour au Vietnam et de prendre soin<br />

des pauvres gens, particulièrement<br />

les plus âg<strong>é</strong>s qui ont consacr<strong>é</strong> toute<br />

leur vie au service de Dieu. Cela me<br />

fait pleurer d’<strong>é</strong>crire cela… mais ce<br />

ne sont pas des larmes de colère ou<br />

de frustration. Ce sont des larmes<br />

de joie, parce que Dieu nous a aid<strong>é</strong>s<br />

à traverser ces ann<strong>é</strong>es si difficiles.<br />

Une sœur de notre <strong>é</strong>glise m’a une<br />

fois parl<strong>é</strong>, et ce qu’elle m’a dit est<br />

devenu le mot d’ordre de ma vie :<br />

« Regarde en arrière pour remercier<br />

Dieu. Regarde autour de toi pour servir<br />

le Seigneur. Regarde vers l’avenir<br />

et fais confiance à Dieu ».<br />

T<strong>é</strong>moignage recueilli par<br />

Daniel Hofer Responsable<br />

du CACP Suisse

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!