Trafic roulier européen la concentration
Trafic roulier européen : la concentration - Isemar
Trafic roulier européen : la concentration - Isemar
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G R O<br />
P A N<br />
L E T R A N S P O R T R O U L I E R<br />
PHOTO : CAT<br />
PORT DE DUNKERQUE<br />
<strong>Trafic</strong> <strong>roulier</strong> <strong>européen</strong> :<br />
<strong>la</strong> <strong>concentration</strong><br />
Le transport maritime intra <strong>européen</strong> <strong>roulier</strong> est l'un des socles de l'économie continentale,<br />
qu'il s'agisse des liens de transbordement vers les îles, au travers des détroits et des mers<br />
intérieures ou des flux industriels utilisant <strong>la</strong> voie maritime.<br />
Le secteur <strong>roulier</strong> connaît des évolutions qui sont communes aux autres activités spécialisées<br />
du monde maritime puisque les opérateurs sont donc engagés dans les mêmes mouvements<br />
de <strong>concentration</strong>, de massification maritime et de maîtrise de <strong>la</strong> chaîne logistique.<br />
Cependant, le secteur <strong>roulier</strong> a un caractère<br />
qui lui est propre uniquement <strong>européen</strong> par<br />
nature. Il ne vit donc pas sous l'effet “dopant”<br />
des échanges chinois. Il repose sur <strong>la</strong> seule évolution<br />
de l'économie <strong>européen</strong>ne que l'on sait<br />
re<strong>la</strong>tivement atone depuis plusieurs années.<br />
Certes, trois décennies d'intégration <strong>européen</strong>ne<br />
ont <strong>la</strong>rgement stimulé le secteur<br />
puisque chaque vague de nouveaux<br />
membres a “communautarisé” les mers<br />
annexes du continent, <strong>la</strong> Baltique pour <strong>la</strong><br />
dernière vague. De plus en plus, il se dégage<br />
une certaine répartition continentale des<br />
activités économiques.<br />
Très grossièrement : tourisme et marché agricole<br />
au Sud, délocalisation à l'Est, industries à<br />
valeur ajoutée et économie financière au<br />
Nord. Dans les faits, on constate une croissance<br />
générale des flux de transbordement<br />
d'unités routières.<br />
Les économies britannique, ir<strong>la</strong>ndaise mais<br />
aussi suédoise sont de moins en moins industrielles<br />
et à contrario fortement demandeuses<br />
de produits manufacturés et alimentaires.<br />
Source ISEMAR, année 2005<br />
Plus de fret,<br />
moins de passagers<br />
Ainsi, tous les armements de Mer d'Ir<strong>la</strong>nde, de<br />
Manche, Mer du Nord et de Baltique connaissent<br />
une croissance des trafics de fret rou<strong>la</strong>nt.<br />
Cette évolution a permis de gommer les effets<br />
négatifs de <strong>la</strong> concurrence des liens fixes (tunnel<br />
sous <strong>la</strong> Manche, 1994 ; pont sur l'Öresund,<br />
2000). Ces armements subissent sur un autre<br />
segment de marché, en revanche, une concurrence<br />
longtemps inconnue. En effet, l'offre<br />
aérienne low cost assèche <strong>la</strong> clientèle de passagers<br />
de nombreux services ferry et mixtes<br />
(ropax) qui a accès à moindre coût à une offre<br />
touristique plus <strong>la</strong>rge. C'est le paradoxe de<br />
cette évolution économique <strong>européen</strong>ne : plus<br />
de fret <strong>roulier</strong> mais moins de passagers.<br />
Le marché du fret est donc le nouveau credo des<br />
armements de transbordement mais ce marché<br />
est très concurrentiel. Le développement du<br />
réseau autoroutier continental offre des solutions<br />
route - mer - route très variées aux transporteurs<br />
routiers et les armements n'hésitent<br />
pas à être agressifs sur les prix. D'où, de l'aveu<br />
général, des revenus qui ne sont pas en rapport<br />
avec <strong>la</strong> croissance des trafics, alors même que le<br />
coût du carburant pèse sur les comptes.<br />
Le croisement des activités <strong>roulier</strong>s - conteneurs<br />
est un élément de diversification pratiqué par<br />
les spécialistes des deux secteurs. Ainsi pour les<br />
armements <strong>roulier</strong>s, les services feeder de Team<br />
Line pour Finnlines, Lys Line pour DFDS, CSC<br />
Quelques liaisons <strong>européen</strong>nes<br />
Passagers<br />
Unités de fret<br />
Allemagne - Suède 2 279 000 (-1%) 868 000 (+3)<br />
Allemagne - Danemark 8 137 000 (+0.1%) 402 000 (+9.5%)<br />
Allemagne - Fin<strong>la</strong>nde 218 000 (-2.2%) 367 000 (+5%)<br />
GB - Ir<strong>la</strong>nde 3 380 000 (-10%) 878 000 (+4%)<br />
(Port de Dublin seul)<br />
Pas de Ca<strong>la</strong>is 13 568 000 (-10%) 2 181 000 (+3)<br />
(Ostende - Boulogne)<br />
France - Angleterre Manche 3 380 000 (-12%) 288 000 (-12%)<br />
Italie - Grèce 2 200 000 (+0.7%) 117 000 (+1%)<br />
Norfolkline, filiale de Maersk. Pour les géants de <strong>la</strong> conteneurisation,<br />
le <strong>roulier</strong> est un moyen sûr de couvrir les marchés de proximité<br />
pour Cobelfret ou le service transat<strong>la</strong>ntique<br />
ACL pour Grimaldi. Quelques armements<br />
conteneurs ont des filiales roulières comme<br />
Maersk avec Norfolkline, MSC avec SNAV<br />
(Italie), Ferryways (Grande-Bretagne) et CMA<br />
CGM avec Sudcargos depuis le rachat de<br />
Delmas en 2005.<br />
Une offre disparate<br />
Le vieillissement des flottes ferry et ropax est<br />
très fort en Europe du Nord alors-même que<br />
les navires purs frets sont eux re<strong>la</strong>tivement<br />
jeunes. Encore, faut-il faire pour ces navires <strong>la</strong><br />
distinction entre <strong>la</strong> flotte opérant pour des flux<br />
industriels structurels (à <strong>la</strong> fois jeune et de plus<br />
grosse capacité) et <strong>la</strong> flotte tous usages<br />
(vieillissante et de petite capacité) destinée aux<br />
petits trafics de transbordement qui manquent<br />
d'investissements.<br />
6100 véhicules voyagent à une allure de 21 nœuds.<br />
Les propriétaires fréteurs de navires hésitent à<br />
réinvestir dans ces unités polyvalentes même si<br />
beaucoup promettent de l'avenir au cabotage.<br />
Comme le soulignait en 2005 le rapport du<br />
courtier français BRS, personne n'ose en fait,<br />
investir dans les unités de petites et moyennes<br />
tailles destinées à l'affrètement dont le marché<br />
à court terme ne semble pas finalement porteur.<br />
D'où une faiblesse de disponibilité qui<br />
n'est pas sans liens avec le phénomène de<br />
<strong>concentration</strong> et les difficultés du cabotage.<br />
En Europe du Nord, beaucoup d'opérateurs<br />
fondent des espoirs sur <strong>la</strong> taxe kilométrique<br />
allemande qui renchérit le transit national.<br />
Cependant, l'absence de mesures globales de<br />
renchérissement de <strong>la</strong> route (taxes) ou de stimu<strong>la</strong>tion<br />
directe pour le transfert vers <strong>la</strong> mer<br />
(éco-bonus de type italien), le cabotage reste<br />
difficile à mettre en œuvre, pour ne pas parler<br />
des encore incertaines autoroutes de <strong>la</strong> mer (en<br />
l'absence de financement ferme dans le cadre<br />
des Réseaux Trans Européen - Transport).<br />
L'activité roulière industrielle repose, elle, sur<br />
quelques marchés continentaux plus solides,<br />
essentiellement l'automobile et le papier, à l'initiative<br />
d'une dizaine de constructeurs et<br />
quelques géants du secteur forestier. Là encore,<br />
l'évolution économique <strong>européen</strong>ne ne tire pas<br />
ces marchés vers le haut. Néanmoins, les opérateurs<br />
maritimes de ces activités poursuivent<br />
leurs investissements à l'exemple des commandes<br />
de navires géants de Finnlines (4 000<br />
mètres linéaires) ou de Cobelfret (5 000).<br />
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<strong>roulier</strong>s vers les cinq continents<br />
Avec sa flotte de 50 navires <strong>roulier</strong>s, Höegh Autoliners transporte 1,4 million de véhicules<br />
par an dans toutes les régions du monde : Afrique du Sud, Océan Indien, Antilles et Guyane<br />
Françaises, Sud-Est asiatique, Japon, Côte Est des Etats-Unis,<br />
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10 – TRANSPORTS INTERNATIONAUX & LOGISTIQUE – JUILLET / AOUT 2006<br />
JUILLET / AOUT 2006 – TRANSPORTS INTERNATIONAUX & LOGISTIQUE – 11
G R O<br />
P A N<br />
Depuis 2005, un certain mouvement de<br />
<strong>concentration</strong> se dégage autour d'une douzaine<br />
d'opérateurs souvent présents dans plusieurs<br />
sous-marchés <strong>européen</strong>s.<br />
En Baltique, les choses évoluent notablement.<br />
Sur <strong>la</strong> Fin<strong>la</strong>nde en matière de fret, Finnlines<br />
affronte Transfennica (désormais 100% Splithoff)<br />
et un nouveau venu grec : Attica Roro, présent<br />
depuis 2000 en Baltique et qui vient de vendre<br />
son service passagers Allemagne - Fin<strong>la</strong>nde à<br />
l'estonien Tallink qui dans un second temps<br />
s'est rendu acquéreur en juin 2006 du leader<br />
historique du lien passager fin<strong>la</strong>ndais, Sij<strong>la</strong><br />
Lines, jusqu'alors détenu par l'anglo-saxon Sea<br />
Containers).<br />
Et ce<strong>la</strong> devrait encore évoluer puisque les<br />
actionnaires publics de Scandlines (<strong>la</strong> DB allemande<br />
et le ministère danois des transports)<br />
souhaitent privatiser <strong>la</strong> société. Une quinzaine<br />
de sociétés se sont positionnées pour récupérer<br />
l'opérateur unique entre l'Allemagne et le<br />
Danemark et bien p<strong>la</strong>cé sur plusieurs marchés<br />
baltes. Parmi les candidats, Stena (Suède) déjà<br />
actif en Mer d'Ir<strong>la</strong>nde, en Mer du Nord et en<br />
Baltique. Son concurrent, DFDS (Dk) restant plutôt<br />
situé dans les marchés industriels et dans <strong>la</strong><br />
logistique (achat du transporteur routier hol<strong>la</strong>ndais<br />
Frans Maas par <strong>la</strong> maison mère DSV). Le<br />
marché russe commence à se développer, DFDS<br />
L E T R A N S P O R T R O U L I E R<br />
Moins d’acteurs mais plus grand<br />
en partenariat avec Sovcomflot a mis en p<strong>la</strong>ce<br />
un service sur St Petersbourg.<br />
Du côté du Bénélux, les opérateurs sont aussi<br />
actifs. La filiale hol<strong>la</strong>ndaise de Maersk,<br />
Norfolkline, a acquis Norse Merchant Ferries<br />
(Mer d'Ir<strong>la</strong>nde) et envisage toujours un service<br />
vers l'Espagne depuis Dunkerque. Le belgoluxembourgeois<br />
Cobelfret a racheté à son<br />
propriétaire sud africain le petit armement<br />
spécialiste du non-accompagné Dart Line.<br />
Enfin, <strong>la</strong> filiale britannique de MSC, Ferryway<br />
souhaite diversifier ses services vers Angleterre<br />
avec maintenant Tilbury.<br />
Sur le Détroit du Pas du Ca<strong>la</strong>is et en Manche, le<br />
marché du fret est totalement associé aux passagers.<br />
Le départ de P&O de Manche centrale a<br />
<strong>la</strong>issé les Français seuls face à un marché réduit<br />
et difficile : Brittany Ferries à Saint-Malo,<br />
Cherbourg et Caen, LD Line au Havre,<br />
Transmanche à Dieppe. Comme précédemment<br />
à Dunkerque avec Darline, <strong>la</strong> ligne non accompagnée<br />
Radicatel (Rouen) - Southampton a été<br />
fermée après deux ans d'activité, prouvant <strong>la</strong><br />
difficulté de cette offre en France. A Ca<strong>la</strong>is, P&O<br />
reste toujours présent face à Sea France, mais<br />
l'avenir de l'entité ferry au sein du groupe<br />
de manutention émirati DP World est difficile<br />
à déterminer.<br />
Les véhicules s’exportent au plus près des lieux de production<br />
Höegh Autoliners est l'un des grands noms du transport <strong>roulier</strong> mondial, à <strong>la</strong> tête<br />
d'une flotte constituée d'une cinquantaine de navires PCTC (pure car truck carriers)<br />
; <strong>la</strong> compagnie est présente depuis de nombreuses années sur le marché<br />
français. Questions à Thierry Col<strong>la</strong>rd, Directeur France.<br />
TIL : Quelle est <strong>la</strong> dimension du marché français<br />
du fret <strong>roulier</strong> pour des transporteurs comme<br />
Höegh ? En dehors du segment spécifique des<br />
voitures neuves, quels types de<br />
marchandises sont acheminés par<br />
vos navires ?<br />
Thierry Col<strong>la</strong>rd : Globalement, le<br />
marché <strong>européen</strong> des véhicules<br />
“long cours” se situe aux alentours<br />
de 2,1 millions d'unités.<br />
Depuis Le Havre, nous traitons à<br />
peu près 100 000 véhicules sur<br />
l'ensemble de nos liaisons vers<br />
l'Afrique du Sud, l'Océan Indien,<br />
le Moyen-Orient, l'Australie, <strong>la</strong><br />
Nouvelle-Calédonie ou encore les<br />
Caraïbes. En plus des voitures,<br />
nous acheminons tous types de<br />
matériels rou<strong>la</strong>nts, du matériel<br />
agricole ou encore des engins de travaux publics.<br />
On participe notamment à l'acheminement des<br />
matériels pour des chantiers en Afrique du Sud,<br />
dans l'Océan Indien ou encore<br />
vers Nouméa. Les navires<br />
embarquent aussi… ce<br />
qui ne roule pas : dans ce<br />
cas, on met le matériel sur<br />
des remorques mafis pour<br />
en assurer <strong>la</strong> manutention :<br />
c'est en particulier le cas<br />
pour le transport de matériels<br />
comme des yachts.<br />
Thierry Col<strong>la</strong>rd,<br />
Directeur France, Höegh Autoliners<br />
Les opérateurs baltes ont entrepris un vaste mouvement de <strong>concentration</strong><br />
TIL : Quelle évolution connaît<br />
ce type de transport ? Est-ce<br />
que vous ressentez de temps à<br />
autre <strong>la</strong> pression des lignes<br />
conteneurisées ?<br />
Thierry Col<strong>la</strong>rd : On observe aujourd'hui des évolutions.<br />
Les exportations de véhicules ont tendance à<br />
se réaliser au plus près des lieux de production. Ce<br />
phénomène est assez général. Les flux logistiques<br />
sont donc en évolution. Il y a quelques années, l'ensemble<br />
des exportations du groupe Renault se faisait<br />
depuis <strong>la</strong> France. Aujourd'hui, on charge des<br />
Renault à Anvers, en Espagne, en Roumanie, en<br />
Turquie... Tout ce<strong>la</strong> change <strong>la</strong> configuration des flux.<br />
En matière de conditionnement, on rencontre<br />
effectivement sur certains marchés <strong>la</strong> concurrence<br />
du conteneur. Les services conteneurisés proposent<br />
à <strong>la</strong> fois des fréquences et une multitude de<br />
dessertes portuaires. Aussi, sur les marchés un<br />
peu périphériques, il arrive que l'on soit confronté<br />
à ce type de concurrence : c'est en particulier le<br />
cas sur les micro-marchés (100 à 300 véhicules /<br />
an) sur lesquels le conteneur propose des fréquences<br />
que le <strong>roulier</strong> ne peut pas assurer. Peutêtre<br />
à l'avenir, s'orientera-t-on aussi dans le<br />
secteur du transport <strong>roulier</strong> vers des formules<br />
navires-mères / feeders, à l'instar de ce qui se fait<br />
dans le conteneur. ■<br />
propos recueillis par Jean-C<strong>la</strong>ude Cornier<br />
FINNLINES<br />
Armements Méditerranéens :<br />
les grandes manœuvres<br />
Le marché méditerranéen est quelque peu<br />
différent. Traditionnellement, il se divisait en<br />
diverses liaisons insu<strong>la</strong>ires, pré-carrés d'opérateurs<br />
nationaux. Seules les liaisons avec le<br />
Maghreb et <strong>la</strong> Grèce sont re<strong>la</strong>tivement concurrentielles.<br />
La libéralisation des services maritimes<br />
<strong>européen</strong>s a affaibli les compagnies<br />
nationales en faveur des groupes privés dynamiques.<br />
Cependant le marché est bon, l'Europe<br />
du Sud continue son développement économique<br />
et les armateurs ont en quelques années<br />
<strong>la</strong>rgement renouvelé leur flotte.<br />
Le groupe Grimaldi Napoli est le pionner d'un<br />
nouveau marché entre l'Italie et l'Espagne. Il<br />
affirme de plus en plus son leadership avec une<br />
diversification géographique notable.<br />
L'armement italien est ainsi le partenaire de<br />
LD Lines sur le nouveau Toulon - Civitavecchia<br />
et après l'échec de <strong>la</strong> reprise de Sea Malta, il a<br />
créé <strong>la</strong> filiale “Malta Motorways of the Sea<br />
Ltd”. En juin 2005, Grimaldi avec 15% est<br />
devenu aussi le premier actionnaire du fin<strong>la</strong>ndais<br />
Finnlines, avec pour projet des synergies<br />
Nord - Sud.<br />
De part et d'autre de <strong>la</strong> péninsule ibérique,<br />
Acciona Trasmediterranea souhaite devenir un<br />
acteur de référence. Présent sur tous les marchés<br />
espagnols (Baléares, Maroc, Canaries),<br />
l'ex-société publique a récupéré en 2005 le trafic<br />
industriel GEFCO Montoir - Vigo (que l'on<br />
annonce étendu sur <strong>la</strong> région de Bristol) et<br />
ouvert en 2006 une ligne mixte vers l'Angleterre.<br />
Acciona est aussi ambitieux en<br />
Méditerranée, où derrière Grimaldi et comme<br />
d'autres armements (Suardiaz, Med Seaways),<br />
il souhaite développer le prometteur marché<br />
avec l'Italie. Acciona avoue le manque d'unités<br />
disponibles pour se <strong>la</strong>ncer sur ce secteur.<br />
A noter, l'importance grandissante d'Acciona<br />
dans le transport routier en Espagne notamment<br />
pour les produits frais, un moyen de s'ouvrir<br />
vers <strong>la</strong> logistique et de remplir les navires.<br />
Le marché méditerranéen français a <strong>la</strong>rgement<br />
bougé en 2005. La SNCM privatisée doit se<br />
Grimaldi, acteur de référence du marché <strong>roulier</strong> méditerranéen<br />
mettre en course pour <strong>la</strong> prochaine délégation<br />
de service public sur <strong>la</strong> Corse qui comporte<br />
aussi un volet fret depuis Marseille.<br />
Lors de <strong>la</strong> précédente délégation, <strong>la</strong> SNCM<br />
avait décroché le contrat en tandem avec <strong>la</strong><br />
Compagnie Méridionale de Navigation dont<br />
elle est actionnaire. Loin de connaître les<br />
affres de l'ex-société publique, <strong>la</strong> CMN souhaite<br />
garder le plus d'indépendance possible<br />
alors que Corsica Ferries commence à s'intéresser<br />
au fret.<br />
À l'évidence, le secteur <strong>roulier</strong> <strong>européen</strong> devrait<br />
encore se concentrer. Comme pour les autres<br />
secteurs, il ne devrait à terme rester qu'une<br />
dizaine d'acteurs de référence dans les divers<br />
sous-marchés continentaux. Certains seront<br />
des groupes indépendants spécialisés, capables<br />
d'offrir des services logistiques de porte-à-porte<br />
d'un point à l'autre de l'Europe. D'autres seront<br />
les filiales des géants de <strong>la</strong> conteneurisation qui<br />
savent que le <strong>roulier</strong> reste encore un moyen<br />
essentiel à <strong>la</strong> couverture de tous les marchés de<br />
proximité. ■<br />
Paul Tourret, ISEMAR<br />
GRIMALDI<br />
12 – TRANSPORTS INTERNATIONAUX & LOGISTIQUE – JUILLET / AOUT 2006 JUILLET / AOUT 2006 – TRANSPORTS INTERNATIONAUX & LOGISTIQUE – 13
G R O<br />
P A N<br />
L E T R A N S P O R T R O U L I E R<br />
Autoroutes de <strong>la</strong> mer :<br />
plus de projets que de réalisations<br />
Les “Autoroutes de <strong>la</strong> mer” faisant appel aux<br />
ports français peinent un peu à se concrétiser.<br />
Côté positif, on peut citer une autoroute<br />
d'avant l'heure, <strong>la</strong> liaison Montoir / Vigo qui,<br />
avec plusieurs départs par semaine depuis<br />
Terminal <strong>roulier</strong> du port de Nantes.<br />
“La massification des flux de marchandises est une<br />
condition essentielle pour le succès des autoroutes de <strong>la</strong> mer”<br />
plus de trente ans, constitue un exemple<br />
vivant. Depuis l'an passé, une “autoroute de<br />
<strong>la</strong> mer” version aujourd'hui, a été mise en<br />
p<strong>la</strong>ce entre Toulon et Civitavecchia, avec trois<br />
départs hebdomadaires.<br />
Mais les autres projets de liaisons par roro à<br />
fréquence significative restent encore en<br />
devenir. Pourtant <strong>la</strong> volonté de Jacques<br />
Barrot, le Commissaire <strong>européen</strong> aux transports,<br />
est forte sur ce dossier : “La massification<br />
des flux de marchandises est une<br />
condition essentielle pour<br />
le succès de ces autoroutes<br />
de <strong>la</strong> mer, car seule<br />
cette massification permet<br />
des services intermodaux<br />
rentables et fréquents.<br />
Une condition incontournable<br />
nécessaire à <strong>la</strong> massification<br />
est le choix des<br />
corridors et des ports.<br />
L'initiative des autoroutes<br />
de <strong>la</strong> mer n'interpelle donc<br />
PORT AUTONOME DE NANTES ST-NAZAIRE / PHOTO ANDRÉ BOCQUEL<br />
pas seulement le secteur<br />
des transports, mais aussi<br />
<strong>la</strong> volonté politique”, expliquait-il<br />
en janvier dernier<br />
lors de <strong>la</strong> Conférence ministérielle<br />
sur les autoroutes<br />
de <strong>la</strong> mer, organisée à<br />
Ljubljana (Slovénie).<br />
Concrètement en France,<br />
on compte aujourd'hui<br />
plusieurs dossiers concernant<br />
ce type de services. Quatre ports français<br />
ont des projets structurés, Dunkerque, Boulogne,<br />
Cherbourg et Nantes/Saint Nazaire.<br />
Dans ce dernier port, il est proposé de mettre<br />
en p<strong>la</strong>ce une liaison entre Montoir et Bilbao<br />
(liaison “Transgascogne”), un projet qui a fait<br />
l'objet d'une présentation par les responsables<br />
portuaires lors de <strong>la</strong> réunion de<br />
Ljubljana, rapportée plus haut. Concernant<br />
Boulogne, le projet développé est novateur,<br />
puisqu'il s'appuie sur un type nouveau<br />
d'unités, des “BGV”, des unités de type<br />
“monocoque acier perce-vagues, dotés de<br />
stabilisateurs”, capables de filer 35 noeuds.<br />
En avril dernier, s'est déroulée à <strong>la</strong> CCI de<br />
Boulogne sur Mer, <strong>la</strong> signature d'un accord<br />
de partenariat associant les ports de Vigo et<br />
Sherness aux ports de Boulogne sur Mer,<br />
Drammen et Santander pour le <strong>la</strong>ncement du<br />
concept de “hub-port” au départ du port de<br />
Boulogne sur Mer.<br />
A Cherbourg, le projet est porté par un partenariat<br />
de ports (“Eurocoast Network<br />
Association”) comprenant outre le port du<br />
Cotentin, les ports de Ross<strong>la</strong>re, El Ferrol,<br />
Ostende, Cuxhaven et Portsmouth.<br />
Enfin, à Dunkerque, il existe un projet de liaison<br />
avec l'Espagne.<br />
Il faut rappeler qu'au niveau national, lors<br />
d'un séminaire gouvernemental francoespagnol,<br />
avait été réaffirmée par les<br />
ministres concernés <strong>la</strong> volonté de mettre en<br />
p<strong>la</strong>ce un service d'autoroutes de <strong>la</strong> mer en<br />
At<strong>la</strong>ntique en 2007.<br />
Dominique Perben pour <strong>la</strong> France et<br />
Magdalena Alvarez-Arza pour l'Espagne, tous<br />
deux en charge des transports dans leurs pays<br />
respectifs, avaient également convenu de<br />
“col<strong>la</strong>borer au développement d'une autoroute<br />
de <strong>la</strong> mer en Méditerranée”. ■<br />
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les lignes ro-ro courtes pèsent lourd<br />
Ca<strong>la</strong>is assure à lui tout seul près des deux tiers<br />
du trafic <strong>roulier</strong> court<br />
Le trafic <strong>roulier</strong> assuré par les ports français est<br />
tout à fait significatif. Globalement, il dépasse<br />
les 60 Mt et concerne principalement deux<br />
zones, <strong>la</strong> région Manche/Mer du Nord avec le<br />
transport transmanche, et <strong>la</strong> Méditerranée avec<br />
à <strong>la</strong> fois <strong>la</strong> desserte de <strong>la</strong> Corse et celle de<br />
l'Afrique du Nord. Sur ces 60 Mt, <strong>la</strong> première<br />
de ces deux zones pèse beaucoup plus lourd<br />
que <strong>la</strong> seconde. Entre Dunkerque et Roscoff,<br />
une dizaine de ports est concernée par ce type<br />
de trafic, <strong>la</strong> première p<strong>la</strong>ce revenant, et loin<br />
devant les autres, à Ca<strong>la</strong>is avec 37 Mt à lui seul.<br />
Dunkerque se positionne au deuxième rang,<br />
avec 8,8 Mt l'an dernier.<br />
Sur le front méridional, ce sont essentiellement<br />
les liaisons avec <strong>la</strong> Corse et l'Afrique du Nord qui<br />
génèrent les tonnages acheminés en <strong>roulier</strong>.<br />
Quatre ports de <strong>la</strong> façade méditerranéenne<br />
interviennent sur ce marché, Marseille, Toulon,<br />
Nice et Sète. Marseille mobilise <strong>la</strong> part <strong>la</strong> plus<br />
importante de <strong>la</strong> zone avec près de 3,8 Mt.<br />
Toulon a connu pour sa part une forte progression<br />
l'an dernier, grâce au développement de<br />
ses liaisons avec <strong>la</strong> Corse, passant de 615 000 en<br />
2004 à 958 000 t en 2005 (+ 56 %). Le port<br />
varois accueille en outre <strong>la</strong> première “Autoroute<br />
de <strong>la</strong> Mer” avec <strong>la</strong> liaison GLD Lines entre Toulon<br />
et Civitavecchia.<br />
Liaison Dunkerque-Ca<strong>la</strong>is depuis 2000<br />
<strong>Trafic</strong> en milliers d’unités de fret<br />
PORT DE CALAIS<br />
En dehors des trois trafics dominants, à savoir le<br />
fret transmanche au Nord, les liaisons avec <strong>la</strong><br />
Corse et l'Afrique du Nord au Sud, il faut savoir<br />
que les ports français traitent des volumes tout<br />
à fait significatifs de voitures neuves (Le Havre<br />
en particulier) ou encore des trafics <strong>roulier</strong>s de<br />
Si l'Union Européenne a fait de <strong>la</strong> promotion du<br />
cabotage et des “Autoroutes de <strong>la</strong> mer” l'une de<br />
ses priorités, on peut s'inquiéter de l'évolution de<br />
ce dossier. Ainsi, récemment, le BP2S (Bureau de<br />
promotion du Shortsea Shipping) évoquait <strong>la</strong><br />
réduction du budget dédié à “Marco Polo-II”,<br />
“programme <strong>européen</strong> qui vise à décongestionner<br />
les axes terrestres en promouvant l'intermodalité<br />
et le transport maritime à courte distance” : celuici,<br />
initialement doté de 740 millions d'euros, se<br />
réduit maintenant à 400 millions d'euros… avec<br />
un périmètre é<strong>la</strong>rgi. Dans le même temps, le budget<br />
des RTE-T (Réseaux Trans Européens de<br />
Transports) pourrait être réduit (les “Autoroutes de<br />
<strong>la</strong> Mer” en constituaient l'un des projets). Jean-<br />
Marie Millour, délégué général du BP2S pose <strong>la</strong><br />
question : “On fait quoi, et avec quels moyens ?”.<br />
Il y a pourtant beaucoup à faire, à commencer par<br />
de <strong>la</strong> recherche sur l'impact du coût des combustibles<br />
sur le dispositif des autoroutes de <strong>la</strong> mer.<br />
Sur un p<strong>la</strong>n plus pratique, <strong>la</strong> mise en œuvre des<br />
LD Lines<br />
La logistique<br />
citoyenne<br />
Face à <strong>la</strong> saturation des axes routiers, LD Lines<br />
propose à ses clients logisticiens et transporteurs<br />
routiers, des alternatives crédibles aux schémas<br />
logistiques “tout-route”, alliant compétitivité et<br />
développement durable. Cette logistique citoyenne<br />
est basée sur l’exploitation de services ro-ro<br />
combinant fréquence et fiabilité, dédiés aux<br />
ensembles routiers ainsi qu’aux remorques<br />
non-accompagnées.<br />
Plus d’informations sur :<br />
www.fretldlines.com<br />
cabotage, comme Nantes/ Saint Nazaire, le précurseur<br />
en <strong>la</strong> matière avec <strong>la</strong> liaison Montoir /<br />
Vigo qui compte plus de trente années d'existence,<br />
ou encore Rouen avec son service hebdomadaire<br />
de/vers <strong>la</strong> Fin<strong>la</strong>nde (Promarline). ■<br />
Jean-C<strong>la</strong>ude Cornier<br />
Cabotage <strong>roulier</strong> : quelles perspectives ?<br />
autoroutes de <strong>la</strong> mer réc<strong>la</strong>me des fréquences de<br />
départs soutenues. Il apparaît nécessaire pour<br />
garantir le succès de leur mise en p<strong>la</strong>ce de jouer<br />
sur l'ensemble des leviers du système de transport :<br />
harmoniser le poids total en charge des véhicules,<br />
voir <strong>la</strong> tarification des péages, etc. “Il faut une<br />
démarche collective”.<br />
Il est également souhaitable de lever certaines<br />
ambiguités. Il ne faut pas oublier en effet que le<br />
transport maritime p<strong>la</strong>fonne à douze le nombre de<br />
passagers admis sur un navire sans dispositif spécifique.<br />
Dès que ce niveau est franchi - et il peut l'être<br />
rapidement dès lors que l'on s'adresse à du fret<br />
accompagné - il est nécessaire de faire appel à des<br />
navires ro-pax qui ont des capacités d'accueil plus<br />
importantes… Le choix du système adopté, accompagné<br />
ou non-accompagné, est donc important.<br />
En faisant appel à du non-accompagné, il est nécessaire<br />
de s'inscrire dans le long terme. “Ce type de<br />
transport nécessite une autre organisation du<br />
schéma logistique”. ■ J.-C. C.<br />
MARKETCOM PARIS<br />
14 – TRANSPORTS INTERNATIONAUX & LOGISTIQUE – JUILLET / AOUT 2006 JUILLET / AOUT 2006 – TRANSPORTS INTERNATIONAUX & LOGISTIQUE – 15