L’oppression des femmes hier et aujourd’hui pour en finir demain !
L'oppression des femmes, hier et aujourd'hui : pour en finir ... - Free
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Le mythe fondateur <strong>des</strong> Selk’nam était édifiant : il racontait<br />
que, jadis, c’étai<strong>en</strong>t les <strong>femmes</strong> qui dirigeai<strong>en</strong>t la société <strong>et</strong><br />
qu’un jour leur domination fut r<strong>en</strong>versée par un soulèvem<strong>en</strong>t <strong>des</strong><br />
hommes. Ceux-ci les assassinèr<strong>en</strong>t toutes, épargnant seulem<strong>en</strong>t<br />
les nourrissons, <strong>et</strong> fondèr<strong>en</strong>t une religion qui les ti<strong>en</strong>drait <strong>pour</strong><br />
toujours dans la subordination. Il va sans dire que, contrairem<strong>en</strong>t<br />
à ce que p<strong>en</strong>sait Bachof<strong>en</strong>, il serait bi<strong>en</strong> imprud<strong>en</strong>t de pr<strong>en</strong>dre de<br />
telles histoires <strong>pour</strong> arg<strong>en</strong>t comptant. De tels récits ne vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
nullem<strong>en</strong>t appuyer l’auth<strong>en</strong>ticité du « matriarcat primitif ». En<br />
revanche, ils jou<strong>en</strong>t de manière évid<strong>en</strong>te un rôle de justification<br />
de l’ordre existant, tant vis-à-vis <strong>des</strong> hommes dominants que <strong>des</strong><br />
<strong>femmes</strong> dominées.<br />
Les choses sont néanmoins pleines de subtilités. L’infériorité<br />
sociale <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> Selk’nam, proclamée <strong>et</strong> rev<strong>en</strong>diquée par les<br />
hommes, le fait qu’elles puiss<strong>en</strong>t légitimem<strong>en</strong>t être battues ou<br />
percées de flèches <strong>en</strong> cas d’infidélité ou de fuite, n’impliquait<br />
nullem<strong>en</strong>t que le comportem<strong>en</strong>t de la femme idéale fût celui<br />
d’une épouse <strong>en</strong> tout point soumise. Pour être réussie, la nuit<br />
de noces se devait même d’être mouvem<strong>en</strong>tée : « Il n’était pas<br />
considéré comme conv<strong>en</strong>able <strong>pour</strong> une nouvelle épouse, qu’il<br />
s’agisse d’une jeune fille ou d’une femme mûre, de se donner<br />
à trop bon compte. Au contraire, elle décl<strong>en</strong>chait souv<strong>en</strong>t une<br />
bonne bagarre <strong>et</strong>, à sa prochaine apparition, le marié pouvait<br />
arborer un visage gravem<strong>en</strong>t écorché, voire év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t un œil<br />
au beurre noir. Je me souvi<strong>en</strong>s d’un homme qui m’avait demandé<br />
de soigner une très mauvaise morsure qui lui avait été infligée<br />
à l’avant-bras par son épouse, une femme forte <strong>et</strong> déterminée,<br />
d’une grande expéri<strong>en</strong>ce 4 . »<br />
3. L’Australie<br />
Pour l’étude <strong>des</strong> rapports <strong>en</strong>tre les sexes dans les sociétés<br />
primitives, ce contin<strong>en</strong>t occupe une place toute particulière.<br />
Tout d’abord, parce que c<strong>et</strong> imm<strong>en</strong>se territoire, aussi vaste<br />
que les États-Unis, était le seul <strong>en</strong>droit de la planète peuplé<br />
4 Lucas Bridges, op. cit., p. 359--360<br />
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