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Collections | Novembre 2015 | vol. 2, Numéro 6
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et d’une élégance rares qui démontrent qu’il a parfaitement
assimilé les thèmes chers à Luis Borges que sont le monde
conçu comme une bibliothèque, l’obsession encyclopédique
et les simulacres.
Au cours de la décennie suivante, sous l’impulsion de la
revue Solaris (dont le nom, à l’origine, était Requiem, ce qui
ne pouvait manquer d’attirer les « fantastiqueurs »), une
jeune génération d’auteurs a contribué à l’essor du genre
tout en affirmant leur personnalité d’écrivain. Dans Rue
Saint-Denis (1978), André Carpentier pratique un fantastique
urbain mâtiné de réalisme magique. Michel Bélil, à la
faveur d’un séjour d’un an à Terre-Neuve, s’inspire de
l’envi ronnement de l’île et s’abreuve aux légendes locales,
ce dont témoigne son recueil Le Mangeur de livres (1978).
Issu de la mouvance des poètes de La Nouvelle Barre du
jour et pratiquant une écriture portée par l’expérimentation,
Louis-Philippe Hébert livre un recueil exigeant et
déroutant en 1979, Manuscrit trouvé dans une valise, qui
rend compte de sa fascination pour les mécanismes de la
production du texte. Deux recueils de contes et nouvelles
de Daniel Sernine parus en 1979, Les contes de l’ombre et
Légendes du vieux manoir, marquent les premiers pas d’un
écrivain dont le fantastique, nourri par les classiques de la
littérature belge et anglo-saxonne, évoluera vers une forme
plus moderne une dizaine d’années plus tard. Mais surtout,
cet auteur écrit un cycle de dix romans pour jeunes qui
embrassent quatre siècles d’histoire, de la Nouvelle-France
au Québec contemporain, à travers le destin de quatre
familles. C’est au même moment que se développe la littérature
jeunesse au Québec et Daniel Sernine, comme
auteur et également à titre de directeur littéraire de la collection
Jeunesse-pop chez Médiaspaul depuis 1983, contribue
à former une génération de lecteurs et sert de modèle
à des auteurs qui sont maintenant au début de la trentaine.
À partir des années 1980 donc, la littérature fantastique se
dédouble en s’adressant à deux clientèles différentes : les
adultes et les jeunes. Nous nous en tiendrons à la production
pour adultes pour les fins de cet article. Puisqu’il surgit
dans un monde qui reflète le quotidien du lecteur, le fantastique
peut faire l’économie de descriptions détaillées,
contrairement à la science-fiction qui doit mettre en place
des informations et un système de références pour rendre
compréhensible un univers qui apparaît dès le départ
étranger au lecteur. Aussi le fantastique est fait sur mesure
pour la nouvelle, sa brièveté décuplant l’efficacité du