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Terriers illustrés - Cndp

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La fin du XVIIIe siècle à travers les<br />

<strong>Terriers</strong> <strong>illustrés</strong><br />

de Sadournin et d’Esparros<br />

III Le travail à la campagne


AVERTISSEMENT<br />

Ces diapositives sont les reproductions fidèles des très belles illustrations de<br />

deux livres terriers (anciens cadastres) conservés aux Archives départementales<br />

des Hautes-Pyrénées, celui de SADOURNIN (1772) et celui d’ESPARROS<br />

(1773). L’auteur de ces dessins pourrait bien être le sieur Arnaud Marin<br />

d’Espouey, abonnateur (rédacteur) des deux cadastres.<br />

Parlant du livre terrier de SADOURNIN, un auteur (*) de la fin du XJXème<br />

siècle pouvait écrire : «comme exécution c’est absolument naïf et d’un dessin<br />

fort incorrect, presque enfantin. Cependant il y a dans cette incorrection même<br />

de la vie et du mouvement, les attitudes sont vives et pleines de vérité ; les<br />

physionomies sont naturelles malgré le trait défectueux : le bourgeois<br />

orgueilleux porte bien la marque de sa vanité, le paysan est humble et simple,<br />

comme il convient, les dévotes ont l’air extatiques, la veuve paraît chagrine, la<br />

matrone est sévère et rogue, le travailleur appliqué, l’ouvrier y est avec ses<br />

outils et sa besogne.<br />

Si les illustrations ne sont pas très rares dans ce genre de documents, la qualité<br />

des dessins (tous en couleur ), leur nombre (près de cent cinquante) et leur<br />

diversité en font un ensemble unique pour le XVIIIème siècle.<br />

(*) BRUN (Ch.) , MAUMUS (J.). - Histoire du canton de Trie et particulièrement<br />

de la ville de Trie. - Limoges : Paris : Guillemot et de Lamotte, 1927.


2. SITUATION DES PAYS HAUTS-PYRÉNÉENS<br />

A LA FIN DU XVIII ème SIÈCLE<br />

Sous l’ancien régime, les régions qui formeront plus tard les<br />

Hautes-Pyrénées constituent une mosaïque complexe de pays<br />

différents. Trois des principales pièces de ce puzzle sont des pays<br />

d’États provinciaux (Bigorre, Nebouzan, Quatre vallées), lesquels<br />

avait pour tache essentielle de répartir les impôts entre les diverses<br />

communautés. La Bigorre à l’Ouest avait pour capitale Tarbes où<br />

se réunissaient les États de Bigorre. C’est à Saint-Gaudens que se<br />

concertaient les députés des trois ordres du Nébouzan dont deux<br />

des enclaves étaient situées à l’intérieur des limites départementales<br />

actuelles. Les députés des Quatre-vallées (Aure, Barousse,<br />

Magnoac, Neste) siégeaient à Garaison.<br />

Les autres tronçons sont des pays d’élection (*) placés sous<br />

l’autorité directe de l’intendant de la généralité d’Auch, sorte de<br />

préfet régional, chargé de la police, de la justice, de la voirie, des<br />

milices… et surtout des finances.<br />

La rivière basse, au nord, faisait partie du pays d’Armagnac.<br />

L’élection de Rivière-Verdun comportait plusieurs morceaux<br />

dispersés à l’est de nos régions (Louron, partie de la vallée de la<br />

Neste, coteaux de Galan et de Trie) de même que le Comminges<br />

dont les territoires sont plus groupés autour de la basse Neste). La<br />

baronie d’Esparros et de la région de Sadournin ressortissaient à<br />

l’élection d’Astarac mais étaient situées dans des régions<br />

(*) Ce nom vient de la nomination dans ces pays de responsables de la levée<br />

des impôts, les élus.


géographiquement très différentes. (Voir extraits de la carte de<br />

Cassini publiée en 1769, pages 6 et 7).<br />

La baronnie d’Esparros appartient à la bordure pyrénéenne comme<br />

le montre Laboulinière(*)<br />

«la transition de la région montagneuse à celle de la plaine, n’a<br />

pas lieu d’une manière brusque, et il existe des gradations dans<br />

l’abaissement successif du sol... Les points où les vallées<br />

débouchent, présentent encore des montagnes qui s’étendent plus<br />

ou moins loin, comme autant de racines ou de prolongements des<br />

versans latéraux qui continuent à limiter le cours des torrens ou<br />

des rivières».<br />

Mais la vallée de l’Arros est très encaissée et par conséquent les<br />

pentes sont fortes ce qui donne à la région un aspect de montagne<br />

malgré l’altitude faible du fond de la vallée (autour de 450 m. «Ce<br />

sont ces vallons (**) que l’agriculture a le plus enrichis» dit<br />

Laboulinièrequi ajoute que les hommes y ont de préférence placé<br />

habitations et vergers. La présence de ces derniers met en valeur<br />

l’importance des microclimats d’abri régnant sur de véritables<br />

soulanes (***) de basse altitude dont témoigne le site du village<br />

de Laborde, par exemple. Les pentes sont moins favorables : «les<br />

cotes, moins fertiles, moins agréables à habiter, sont moins soignées<br />

par la main de l’homme, excepté celles qui, par leur exposition et<br />

leur peu d’élévation, sont propres à la culture de la vigne. Les<br />

plus hautes, celles qui sont par trop arides, restent incultes, ou<br />

sont couvertes d’arbres forestiers». La carte montre parfaitement<br />

la présence au sud de forêts et de pâturages d’altitude utilisés par<br />

les quatre communautés de la baronnie.<br />

(*) Laboulinière(P.) . Annuaire statistique du département des Hautes-Pyrénées. Tarbes<br />

Lavigne, 1807.<br />

(**) Beaucoup de dépressions sont typiques des reliefs calcaires sotchs, dolines... On y<br />

trouve aussi gouffres et grottes célèbres.<br />

(***) Équivalent des adrets des Alpes : versant exposé au sud et bien ensoleillé<br />

même en hiver (contraire : ombrée, ubac dans les Alpes).


Tout autre apparaît le pays des coteaux et des vallées dissymétriques<br />

ou se trouve la paroisse de Sadournin. L’abbé Duco (*) qui y vécut<br />

décrit ainsi cette contrée «Ce quartier est montueux et argilleux,<br />

composé d’une soixantaine de parroisses, dont il n’y en a que sept<br />

ou huit qui avoisinent la rivière de l’Arros qui soient fertiles en<br />

grain et en vin ; les cinquante restantes placées dans des pays<br />

remplis de ravins, de creux et de fossés sont en partie ruinées et<br />

hors d’état de recevoir aucune culture. » Ouragans, inondations,<br />

glissements de terrains sont les principaux fléaux de l’agriculture<br />

et rendent aléatoires les tentatives d’amélioration qui consistent à<br />

« refaire le sol, combler les ravins et remplacer les terres »<br />

emportées par les flots tumultueux (de même que les ponts et<br />

maisons) « au temps des ouragans de l’été ». Les rebords les plus<br />

abrupts des vallées sont couverts de forêts particulièrement le flanc<br />

du coteau dominant la «Baïse Derrière » et la plaine de Trie. On<br />

remarquera cependant, la grande étendue de la forêt de Campuzan<br />

à l’est. La dispersion de l’habitat est une autre caractéristique de<br />

Sadournin.<br />

(*) DUFFO (abbé). – Histoire de Bigorre par l’abbé DUCO. In : Le Semeur 14-<br />

1-1924 au 28-5-1925. – publié avec annotations de l’auteur.


Les pays<br />

Hauts-Pyrénéens<br />

à la fin<br />

du XVIIIe siècle


3. LE TRAVAIL A LA CAMPAGNE<br />

Théophile Gautier a montré un aubergiste de roman voulant servir<br />

sous Louis XIII une « bonne garbure » et l’inventaire de ce plat de<br />

prestige, l’activité humaine dans l’ancienne Société, n’ayant guère<br />

d’autre finalité possible que la subsistance, nourriture et protection,<br />

indiquerait donc les ressources nutritives et par là une bonne partie<br />

du travail. Au temps du terrier d’Esparros, l’agriculture bigourdane<br />

s’est distinguée dans ses productions de celle de l’époque Louis<br />

XIII la garbure est devenue possible au Siècle des Lumières.<br />

L’examen de l’Enquête épiscopale de 1786 en Comminges (le tiers<br />

du département des Hautes-Pyrénées appartenait à cet ancien<br />

diocèse) permet de distinguer, par les réponses des curés les pays<br />

du labour et ceux de la bêche. Le curé d’Ilhan a représenté sa<br />

paroisse comme le «Louvre des bêtes sauvages». Les pentes y<br />

étaient raides et le travail par traction animale difficile. L’agriculture<br />

se faisait par accumulation du travail humain. Saint-Amans, en<br />

1788, a montré l’entour de ces terroirs de montagne « …Nous<br />

entrons dans une forêt de sapins. Grâces aux habitants de la<br />

montagne qui précipitent les bois dans l’unique sentier qui se<br />

présent au milieu de la forêt, ce sentier luisant et poli comme une<br />

glace, n’est seulement pas praticable par les isards…» Il fallait<br />

donc pour les champs et les prés ce vasselage de « brassiers ». A<br />

Germ, le «sieur» Lafforgue possédait le quart des terres du village :<br />

le reste des habitants, les lopins de chacun cultivés, fournissait la<br />

main d’œuvre au service du coq de village. La faux servait à couper<br />

herbe et regain et la faucille était indispensable pour les moissons<br />

plus méticuleuses.<br />

Les bons pays des «ribères», les vallées larges et plates qu’évoquerait<br />

mal le terme de «rivière» labouraient plus facilement et<br />

substituaient les chars aux traîneaux. Si les pays, surtout à l’est,


pouvaient être complémentaires pour la transhumance de l’élevage<br />

avec l’alternance plaine - montagne, les meilleurs s’enorgueillissaient<br />

de leurs vignes « ... nous retrouvons les vignes, non<br />

pas huchées sur des érables comme avant Saint-Gaudens, mais<br />

sur des arbres fruitiers… Nous dînons à Tournaï… »<br />

(Saint-Amans).<br />

La garbure naquit du maïs qui fait les oies ou les dindes grasses et<br />

de son compère le haricot, en gascon la «monjette», gloire de la<br />

plaine de Tarbes autant que les coursiers. Le premier servait de<br />

tuteur à l’autre, comme l’arbre à la vigne. Le haricot détràna la<br />

fève qui ne resta guère, en survivance, que pour fêter les rois. Les<br />

haricots servirent pour compter les points aux jeux. Il ne resta à la<br />

fève que sa galette. Le maïs qui aurait été prôné au début du<br />

XVIIème siècle par l’évêque M. de Poudenx, le haricot, et plus<br />

tard, la pomme de terre distancèrent dans l’affection populaire<br />

fèves, lentilles et choux. Dans la partie commingeoise du futur<br />

département, le maïs s’implanta bien, mais fit cependant figure<br />

minoritaire et sa dîme fut contestée, révolution précédant l’autre.<br />

La polyculture de subsistance s’alliait à l’artisanat fournisseur de<br />

techniques et, aux temps morts, de main d’œuvre. Le « brassier »<br />

travaillait au champ, au pré, aux murailles et aux bois. Le tisserand<br />

de lin ou de chanvre arrondissait son salaire en prenant la bêche<br />

ou la faucille. Le laboureur ayant accompli les rites agraires pouvait,<br />

à Ossun par exemple, devenir marchand et se servir de son char<br />

pour transporter les produits du négoce. A la fin du XVIIIème<br />

siècle, l’ouverture des routes nouvelles rendait l’économie plus<br />

mobile et la balance, comme le jeu d’argent, prenait plus<br />

d’importance.


DIAPOSITIVE 1<br />

4. COMMENTAIRES DES DIAPOSITIVES<br />

Jean Duran Bezoüat laboure son champ avec une paire de bœufs et un araire de type<br />

chambige à reille, c’est-à-dire à timon brisé, relié par anneau de fer avec mancheron<br />

à ergot. Le laboureur porte un bonnet qui, en bien des cas, semble être la coiffure de<br />

travail des paysans de Sadournin et d’Esparros, une courte veste bleue, des culottes<br />

jaunes et des sabots. L’attelage est précédé de l’épouse qui est en train de filer avec<br />

sa quenouille.<br />

Jean Duran Bezoüat fait partie des «laboureurs», ces «coqs de village» qui possèdent<br />

une propriété importante (ici 20 hectares), un attelage, des réserves... Ces paysans<br />

aisés prêtent des grains au moment difficile de la soudure ou pour la semence et<br />

emploient des salariés agricoles. Ils exercent donc une grande influence dans les<br />

campagnes.<br />

Tel n’est pas le cas du plus grand nombre, comme Jean Dastugue Patatet de Sadournin<br />

qui, ne possédant que trois hectares et demi de terre, est représenté avec une sorte de<br />

houe, instrument déjà en usage au moyen âge. Laboulinière (*) le confirme sous<br />

l’empire : «les petits particuliers labourent leurs héritages à la main et se servent de<br />

la pelle et de la pioche, du pic et du foussoir nommé houssé, en langage du pays.<br />

C’est une pioche triangulaire longuement emmanchée sous un angle de 45 degrés.<br />

On appelle ce mode de cultivation, houtyà, en terme vulgaire. Il est le plus productif<br />

mais lent et dispendieux. Un ouvrier ne peut travailler ainsi qu’un are de terre par<br />

jour... Les terres reçoivent quatre ou cinq labours avant d’être ensemencées. Le<br />

premier se nomme rompre, et se donne communément à la fin de l’hiver. Le second<br />

a lieu au mois de mai et s’appelle dessoucher. Le troisième, que l’on appelle tiercer,<br />

(*) Laboulinière(P.).- Annuaire statistique du département des Hautes-Pyrénées, Tarbes Lavigne,<br />

1807.


a lieu au mois d’août. Un autre labour qui a lieu après celui-ci dans la plaine,<br />

s’appelle tabailloua. C’est au mois de septembre qu’on laboure pour la quatrième<br />

ou cinquième fois, selon les lieux, c’est ce qu’on appelle traverser. On choisit un<br />

temps convenable pour faire ces labours, quand on le peut. Souvent on en omet un<br />

ou deux, faute de bras...»


DIAPOSITIVE 2<br />

Ce dessin illustre le compte de Jean Ferran Checot de Sadournin. Ce paysan qui<br />

semble partir au travail est coiffé d’un bonnet bleu à retroussis, d’un justaucorps<br />

safran et de chausses violines. Il est chaussé de sabots et porte sur l’épaule un élagueur,<br />

sorte de serpe à long manche munie d’un croc.<br />

On l’appelle parfois volant, haut volant ou même cerf volant, chartigadé ou chartigot<br />

(du verbe chartigà ou eschartigà, défricher, essarter). Le manche grossier est ici<br />

rendu avec réalisme. Lors des «émotions» paysannes, ce fut parfois une arme<br />

redoutable. Au XVIIIème siècle comme de nos jours encore c’est l’instrument le<br />

plus commode pour débroussailler, défricher, tailler les haies... Laboulinière (*) nous<br />

décrit ainsi les clôtures que les paysans aisés souhaitaient établir là où elles n’existaient<br />

pas.<br />

«HAIES ET CLOTURES.<br />

On a dévasté les haies comme les bois. Dans plusieurs cantons de la plaine, il n’y a<br />

ni haie, ni fossés, ni murs entre les possessions. On prétexte le besoin de ménager le<br />

terrein. Dans quelques communes cependant, on emploie les haies et les fossés pour<br />

clore les terres. L’aubépine vient fort bien dans la plaine. L’épine noire, la ronce,<br />

l’églantier, le houx, le troène, le chèvrefeuille et le sureau, se mêlent dans la plupart<br />

des haies. On les taille au printemps. Beaucoup de jardins et de hautins en sont<br />

entourés. Dans les coteaux, les haies sont moins belles. On emploie aussi les fossés.<br />

Dans les montagnes, il n’y a presque pas de clôtures. En quelques endroits seulement,<br />

on trouve des fossés, rarement des haies vives.»<br />

«Peu de terres sont encloses dans l’arrondissement (**) il en est cependant dans la<br />

plaine qui sont entourées de haies vives d’aubépine dont on laisse le soin à la nature.<br />

Sur les coteaux il est encore des terres encloses avec des fossés ou avec des murs<br />

secs.<br />

On est dans l’usage d’entourer les prés d’une plantation d’aunes, de saules ou de<br />

peupliers.» (***)<br />

(*) Laboulinière(P.). - Opus cité, p. 338.<br />

(**) arrondissement de Tarbes.<br />

(***) Statistique agricole de 1814. - Paris : Reider, 1914.


DIAPOSITIVE 3<br />

Le faucheur au travail : il est coiffé d’un béret noir, vêtu d’un habit brun et utilise la<br />

faux pour le regain ou le trèfle la couleur rouge des fleurs qui parsèment l’herbe<br />

permet de penser qu’il s’agit de trèfle ou de farouche). Quelques mentions, assez<br />

rares, dans l’état actuel des recherches, signalent la présence de prairies artificielles<br />

dans nos régions à la fin du XVIIIème. C’est un des progrès essentiels de ce qu’on<br />

appelait autrefois la révolution agricole. Ces fourrages artificiels enrichissent le sol<br />

en azote grâce aux nodosités de leurs racines, permettent d’élever des troupeaux<br />

plus nombreux donc d’avoir plus de fumier ; ils s’intercalent dans l’assolement et<br />

permettent d’éviter la jachère (repos du sol un an sur deux ou trois).<br />

«DES PRAIRIES ARTIFICIELLES. (*)<br />

L’usage en est très-borné dans ce département. On n’y cultive guère que le farouche<br />

ou trèfle rouge du Roussillon. C’est une ressource pour ceux qui manquent de<br />

fourrage, surtout dans la plaine. Cette plante se sème, après un premier labour, vers<br />

la fin d’août, et elle naît au bout de quelques jours. L’herbe reste très-petite jusqu’au<br />

printemps. Elle acquiert alors un développement extrêmement rapide. On évalue<br />

son produit à la moitié de celui que donnerait une prairie. La culture du sainfoin et<br />

de la luzerne est presqu’inconnue. Elle pourrait réussir dans certains cantons. La<br />

luzerne veut un terrein gras, frais et profond. Le sainfoin, au contraire, vient bien<br />

dans une terre maigre, graveleuse, sablonneuse, ou même pierreuse, pourvu qu’elle<br />

ne soit ni froide ni aquatique. La première donne trois coupes chaque année, et<br />

produit trois fois autant de foin qu’un pré de médiocre qualité. L’autre, semé dans<br />

des fonds peu propres au bled, donnerait plus de foin que les prés ordinaires. La<br />

culture de la luzerne et du sainfoin améliore les terres. Le trèfle de Hollande pourrait<br />

aussi être cultivé avec succès dans certaines terres. Il faut trois décalitres de graine<br />

de sainfoin par décare, 17 litres de graine de luzerne, et à peu près autant pour les<br />

trèfles. On ne saurait douter de l’importance de ces prairies artificielles. Les grands<br />

propriétaires devraient les mettre en usage.»<br />

(*) Laboulinière(P.). - Opus cité, p.330 à 331.


DIAPOSITIVE 4<br />

Pierre Tourné Sourdet de Sadournin est en train de «scier» les blés à la faucille.<br />

Comme au moyen âge, il convient, en effet, d’agir avec précaution car les grains<br />

bien mûrs pourraient tomber de l’épi et être perdus. D’après Laboulinière, en effet,<br />

en 1807, le rendement serait dans le meilleur des cas de cinq pour un en ce qui<br />

concerne le blé, à peine plus pour l’avoine (cinq ou six pour un) et l’orge (sept ou<br />

huit pour un). Une autre interprétation concernerait les précautions à prendre pour<br />

conserver le chaume intact en vue d’en garnir les toitures des granges et des maisons.<br />

(*) Statistique agricole de 1814.- Paris Reider, 1914.


DIAPOSITIVE 5<br />

Le village de Labastide se profile au loin. Le dessinateur, sur le compoix d’Esparros,<br />

utilise toujours des cercles pour figurer collines et mamelons. L’église de Labastide<br />

et les maisons environnantes, couvertes d’ardoises, figurent ainsi sur des cercles<br />

garnis de verdure.<br />

La bergère, en capulet rouge, file tout en gardant ses moutons, aidée d’un chien<br />

situé à l’extrême droite. L’importance de l’élevage est plus grande dans la baronnie<br />

d’Esparros qu’à Sadournin : là deux dessins symbolisent l’élevage ovin et bovin, ici<br />

un seul représente une chèvre.<br />

LE DROIT DE VAINE PATURE en 1814. (*)<br />

«Le droit de vaine pâture accompagné de la servitude du parcours et autorisé par<br />

un usage immémorial a lieu pour quelques communes qui avoisinent le plus les<br />

montagnes où ce droit est très ancien. Ces communes sont dans les environs de<br />

Tarbes, d’Ossun et de Tournay Les titres remontent presque tous au temps du régime<br />

féodal, lorsque des communes qui n’étaient pas suffisamment protégées par une<br />

force publique étaient obligées d’en appeler d’autres à leur secours et en recevaient<br />

quelque service notable. Les pacages communs sont plus bornés dans la plaine, où<br />

la culture des terres a tant d’extension et où la grande quantité de nourriture sèche<br />

permet les nourrissages ; d’ailleurs, les propriétés territoriales n’étant point encloses,<br />

on a sur ces terres la faculté du meilleur parcours pendant au moins trois mois de<br />

l‘an.<br />

Les landes et terres incultes de la partie orientale où sont les cantons de Tournay, de<br />

Trie, Pouyastruc et Galan offrent un assez vaste champ à la dépaissance commune<br />

pour que la vaine pâture n’y ait point de bornes, ni par rapport aux saisons, ni par<br />

rapport au sol : les communes les plus stériles de ces cantons nourrissent de grands<br />

troupeaux de moutons dont la chair est très bonne, mais la laine grossière.<br />

Tels sont le parcours et la vaine pâture dans ces deux parties principales de<br />

l’arrondissement de Tarbes. »


DIAPOSITIVE 6<br />

Benoît Vidou, en bonnet et chemise, met son pain au four à l’aide d’une longue<br />

pelle. A sa droite, sur une table, sont alignés les pains non cuits, prêts à mettre au<br />

four. Est-il boulanger ou est-ce un simple particulier qui, à l’image de nombreux<br />

paysans, faisait son pain lui-même?<br />

Malgré cela, Laboulinière dénombre 163 boulangers en 1806 dont 42 dans<br />

l’arrondissement de Tarbes, 96 dans celui de Bagnères (ce qui parait beaucoup), 25<br />

dans celui d’Argelès. Cela fait une moyenne de un boulanger pour trois villages. Le<br />

pain n’est pas le pain blanc d’aujourd’hui puisque selon Laboulinière (*) : « Le pain<br />

est tait avec du seigle dans son tout, ou du méteil (**). On tait aussi du pain de<br />

millet avec ou sans pomme de terre. » A défaut de qualités nutritives bien certaines,<br />

on comprend qu’il devait rassasier.<br />

(*) Laboulinière(P.).- opus cité, p. 360.<br />

(**) méteil : appellation locale d’un mélange de blé et d’avoine.


DIAPOSITIVE 7<br />

Bernard Fouqué Massicot de Sadournin parait être un spécialiste de l’abattage du<br />

bétail. Il semble doté d’une grande force pour manier une énorme massue. De nos<br />

jours encore, c’est une spécialité même lorsqu’il s’agit de tuer le cochon(*). C’est<br />

probablement, le type même du métier d’appoint puisqu’il possède moins de trois<br />

hectares de terres. La double activité est donc indispensable pour pouvoir survivre.<br />

Laboulinière dans son annuaire statistique dénombre 92 bouchers dans le<br />

département en 1806 dont la moitié dans l’arrondissement de Tarbes, le reste étant<br />

également réparti dans les deux autres arrondissements.<br />

L’ELEVAGE des COCHONS. (**)<br />

« Il n’est presque pas de famille dans le département qui n’élève un cochon pour sa<br />

provision. Plusieurs en tuent deux, et même trois, chaque année. Le plus grand nombre<br />

(*) BOVE (J-P) ; PARROU (Ch.). – Introduction à l’étude du pèle-porc. In Lavedan et pays Toy 5.<br />

1978-79 p. 36 à 41.<br />

(*) Laboulinière(P.) .- Opus cité p. 349 à 350.


n’en élève plus d’un que par spéculation, et pour revendre en nature. On les achète<br />

jeunes. On les fait paccager jusqu’à l’entrée de l’hiver. Alors on les enferme pour<br />

les engraisser avec du son, du mais, du gland et de la pomme de terre. On les tue en<br />

janvier et février. Ils sont généralement blancs, ou noirs tachetés de blanc. Leur<br />

espèce est commune, mais de bonne qualité. Quand ils sont gras, ils pèsent<br />

communément 10 myriagrammes.<br />

Outre les cochons superflus qui s’élèvent dans les ménages, il en est un grand nombre<br />

dans les fermes, dans les domaines, chez les particuliers, qui sont destinés au<br />

commerce. On les vend tous en vie, et ils passent dans les départements voisins. On<br />

en expédie beaucoup sur Bayonne où on les sale, et où ils fournissent ces jambons si<br />

renommés, dont le prix tient en partie à la bonne qualité des cochons, et en partie au<br />

procédé que l’on emploie pour les préparer.<br />

Presque tous les particuliers tiennent leurs porcs sur leurs propriétés. Ceux des<br />

pauvres, des malheureux, paccagent dans les communaux. Dans certains cantons, il<br />

y a un porcher commun qui garantit les propriétés individuelles de tout dégât ; et, ce<br />

qui doit être remarqué il rassemble tout son troupeau au son d’un cornet, lorsque<br />

l’heure de la retraite est arrivée ; alors chaque animal court à son étable, où il<br />

trouve sa nourriture prête. Le lendemain, dès qu’on lui ouvre la porte, il se rend au<br />

lieu commun du paccage, sous la garde du porcher. »<br />

DIAPOSITIVE 8<br />

Il s’agit d’un sabotier d’Esparros, en bonnet et veste rouge qui dégrossit la pièce de<br />

bois sur le « banc » ou établi à l’aide d’une hache spéciale à façonner. La fabrication<br />

des sabots tenait une grande place dans l’activité des habitants d’Esparros. Un acte<br />

du 7 avril 1769 nous apprend que Baptiste Claverie, sabotier, devra fournir à Simon<br />

Bidau, marchand d’Esparros, « 36 douzaines de sabots, modèle de Tarbes, bons et<br />

marchands » et, par testament du 19 février 1765, Pierre Duthu, brassier d’Esparros,<br />

lègue à Anthonie de Saint-Avron, « 60 douzaines de sabots, vulguèrement appelés<br />

escloupètes à la façon de Tarbes. » (*)<br />

L’herminette (représentée sur le râtelier), la scie, le rabot et la rouannette (qui sert à<br />

évider le sabot avec son extrémité recourbée) complètent l’outillage du sabotier.<br />

(*) Minutier du notaire Forcade d’Esparros. A.D.H.P.


Les sabots représentés sur les différents dessins ont leur bout relevé tandis qu’une<br />

large bride de cuir couvrait le haut du pied. Pour les rendre plus résistants, les sabots<br />

étaient passés au feu. Le travail du bois était la grande spécialité des habitants de la<br />

baronnie, comme nous l’indique une transaction de 1664 entre le seigneur et les<br />

habitants qui étaient autorisés à prendre du bois pour « faire arnais aratoires, soit<br />

pour faire tous ouvrages comme pelle, sabots, vaisselle au tour, cercles... » En 1806,<br />

176 fabricants d’ustensiles et meubles en bois sont relevés par Laboulinière, la plus<br />

grande partie (135) dans l’arrondissement de Bagnères.


DIAPOSITIVE 9<br />

Bertrand Duran Terou exerce le métier de charpentier à Sadournin où il possède plus<br />

de 14 ha de terres. L’illustration montre bien les deux principaux outils dont se sert<br />

cet artisan, la scie et la grande cognée ou « hache à abattre». Les charpentiers sont<br />

les artisans les plus nombreux ou presque parmi ceux relevés par Laboulinière en<br />

1806 : 553 dont plus de la moitié dans l’arrondissement de Tarbes.<br />

Baronnie d’Esparros Sadournin<br />

LES ARTISANS à SADOURNIN et ESPARROS (*)<br />

Moins de 1 ha 1 à 5 ha 5 à 10 ha 10 à 20 ha<br />

Domiciliés 1 tailleur d’habits 1 boulanger 2 charpentiers<br />

1 garçon tailleur 2 tailleurs 1 forgeron<br />

2 tisserands 1 charpentier<br />

1 charpentier<br />

Forains 2 tailleurs 1 forgeron<br />

1 forgeron<br />

Domiciliés 5 tourneurs sur bois 2 cabaretiers 1 charpentier<br />

1 cabaretier 1 forgeron<br />

1 charpentier 3 tailleurs<br />

2 sabotiers 1 charpentier<br />

1 perruquier<br />

1 cordonnier<br />

1 maçon<br />

3 sabotiers<br />

1 tisserand<br />

1 forgeron 2 forgerons<br />

Forains 2 tourneurs 1 cabaretier<br />

DIAPOSITIVE 10<br />

Sur une enclume posée sur un billot, le forgeron Dominique Cazes maintient un fer<br />

rouge qu’il martèle avec un apprenti. Ils sont tous les deux coiffés d’un bonnet et<br />

vêtus d’une veste brune avec des chausses safran.<br />

(*) PAILHÉ (P.). Opus cité, p. 48 bis.


Dominique Cazes de Sadournin possède une douzaine d’hectares de terre. Le forgeron<br />

est indispensable à la vie d’une communauté rurale. En 1806 il y en a un dans chaque<br />

communauté importante (350). Cinquante-quatre artisans sont à la même époque<br />

qualifiés de maréchaux-ferrants.<br />

LE TRAVAIL DES METAUX VERS 1806 (**)<br />

«Il n’y a, dans ce département, que le nombre d’ouvriers absolument indispensables<br />

pour les travaux les plus grossiers auxquels on soumet les métaux dans l’usage<br />

habituel de la vie, ainsi qu’on l’a vu dans le tableau des professions. La seule commune<br />

ou’ il y ait une industrie productive à cet égard, est celle de Saint-Pé, 3ème<br />

arrondissement. Cent cinquante cloutiers et douze forgerons ou taillandiers travaillent<br />

constamment et mettent en œuvre, chaque année, plus de 10,000 myriagrammes de<br />

fer ; on estime plus de cent cinquante mille francs les clous qui sortent annuellement<br />

de cette fabrique. Les forgerons, outre les instruments aratoires, les garnitures de<br />

portes, de fenêtres, d’armoires qu’ils font pour le pays, envoient aux marchés de<br />

(**) Laboulinière(P.) .- Opus cité p 380.


Tarbes et aux foires de Vic et de Maubourguet, une grande quantité d’ustensiles de<br />

cuisine.<br />

Il y a, pour la préparation du fer, à Saint-Pé, plusieurs martinets mis en mouvement<br />

par des courans d’eau dérivés du Gave. Ces martinets sont susceptibles de<br />

perfectionnement.<br />

Il existe à Tarbes et dans le voisinage, quelques martinets à cuivre, dont le produit<br />

est très-peu de chose.<br />

La coutellerie de Tarbes est très-renommée depuis longtemps, et elle mérite encore<br />

la réputation que lui ont fait les ouvrages d’un artiste fort estimable et très distingué,<br />

nommé Pouzaux, qui vivait encore il y a peu d’années ; un de ses neveux lui a succédé<br />

dans son atelier, où il a laissé de très-bons ouvriers. Les rasoirs, les couteaux et<br />

autres instruments qui sortent de leurs mains, joignent à la bonne trempe de l’acier,<br />

l’élégance et le fini du travail qui caractérisent les ouvrages bien faits.<br />

Il y a dans cette ville deux bons orfèvres et graveurs... Tarbes a plusieurs armuriers.»<br />

DIAPOSITIVE 11<br />

La paysanne qui porte une coiffe à volants, un châle blanc sur les épaules, un corsage<br />

ou casabe vert pâle ainsi que la jupe et un tablier à carreaux rouge et blanc, est en<br />

train de manœuvrer un dévidoir servant à constituer l’écheveau de laine ou de lin.<br />

Elle semble assise sur un fauteuil de bois. A droite, une de ses mains tourne la<br />

manivelle tandis que l’autre non visible sur l’illustration doit servir à guider le travail.<br />

Le fuseau d’où partait le fil pouvait être sur les genoux de la paysanne. L’écheveau<br />

constitué de cette manière était envoyé à la teinturerie. L’importance de l’activité<br />

textile est symbolisée par le fait que sept dessins illustrent ce thème, particulièrement<br />

le filage à la quenouille qui pouvait se faire à l’extérieur de la maison comme le<br />

montrent les diapositives 1 et 5 de la présente série.


DIAPOSITIVE 12<br />

Jean Lacaze Vioulon qui possède près de sept hectares de terres à Sadournin est<br />

habillé d’une veste marron et chaussé de sabots. Il procède à l’opération du retordage<br />

du fil qui consiste à le doubler, ce que l’on aperçoit après que celui-ci soit passé<br />

dans la fourche. Le fil est tordu et enroulé autour d’un fuseau spécial. Pour faciliter<br />

l’opération, les deux fils ont dû être enroulés sur le même peloton (situé à droite).<br />

La fourche qui sert de guide possède à sa base une partie en saillie qui servait<br />

probablement à fixer l’instrument. Laboulinière (*) nous indique que les laines de la<br />

meilleure qualité sont fournies par les régions de Campan et les «Baronnies» (région<br />

montagneuse, située entre Bagnères et la vallée d’Aure). De plus, il nous précise :<br />

« il est très peu d’individus qui soient seulement fabricans ; plus des trois quarts<br />

travaillent aussi à l’agriculture, et il faut compenser le temps qu’enlèvent les travaux<br />

agricoles, par le nombre des manufacturiers. »<br />

(*) Laboulinière (P.) Opus cité, p. 390 et suivantes.


DOCUMENT N° 1 (*)<br />

5 ANNEXES<br />

Les outils des agriculteurs vers la fin du XVIIIème siècle :<br />

INSTRUMENS RURAUX.<br />

Ils se fabriquent sur les lieux, excepté les faulx et faucilles. La plupart sont communs<br />

aux contrées voisines.<br />

1°) Outils pour labourer et ensemencer les terres.<br />

De la charrue à ses annexes : La charrue a trois pièces principales : le soc, le<br />

coutre, le versoir. Les pièces qui servent de monture à ces trois instrumens, sont<br />

l’aye, la flèche, le cep et les tenailles. Les parties qui servent à diriger la charrue,<br />

sont le levier et le marchepied. La charrue est légère. Elle n’est traînée que par une<br />

paire d’animaux. Il y a le joug ordinaire et le joug long pour les bœufs et les vaches ;<br />

le collier ordinaire et le grand collier pour les chevaux.<br />

Du Marquoir : C’est une espèce de charrue en bois. Elle sert à tracer des sillons<br />

pour semer le mais. Elle se compose d’une flèche, d’une pièce transversale, et de<br />

trois petites pelles de bois fixées au bas de cette pièce. Elles tracent les sillons où<br />

l’on doit mettre la semence. Il y a deux manches recourbés fixés à la partie supérieure<br />

de la pièce transversale. Des cordes ou courroies servent à diriger les animaux.<br />

De la Sarcloire (lou Razerot) C’est encore un instrument propre à ce pays-ci. Il se<br />

compose d’une demi-lune en fer tranchante par son limbe. Elle sert à fendre la terre.<br />

Il y a une flèche et un manche bifurqué. Cet outil ne sert qu’à sarcler et chausser le<br />

maïs.<br />

De la Herse : Elle est généralement connue. On s’en sert pour briser les mottes et<br />

niveler le terrein après les semailles.<br />

2°) Outils à main-d’œuvre pour travailler la terre.<br />

Ce sont la houe, la houe à deux branches, le râteau, le maillet, la faulx, la fourche en<br />

bois, le râteau en bois.<br />

(*) Laboulinière (P.).- Opus cité, p. 351-352.


3°) Outils employés à la récolte des Grains.<br />

Ce sont la faucille, la cheville, le fléau, le gros crible, le petit crible, les fourches, le<br />

râteau plein, les râteaux, les grands balais, les barres, les petits balais, les pelles de<br />

bois.<br />

4°) Outils pour la récolte du Foin.<br />

Ce sont la faulx, la fourche en bois, le râteau en bois, l’aye. Cette machine en bois,<br />

est formée, à sa base, de trois pièces réunies en triangle isocèle. Quand la charge du<br />

foin se trouve sur cette base, une quatrième pièce qui est fixée à l’angle le plus aigu,<br />

vient se joindre à une cinquième qui entre au milieu du plus petit càté. Cette jonction<br />

se fait par le moyen de cordes qu’on lâche plus ou moins, selon la quantité de foin.<br />

Les hommes portent cet instrument sur leurs épaules, plus ou moins chargé, en<br />

raison de leur force.<br />

5°) Outils pour la Vigne.<br />

Ce sont la serpette, les paniers, les comportes, les fouloirs, la cuve, la petite cuve,<br />

l’entonnoir de bois.<br />

6°) Outils pour le bois et pour le recepage des Vignes.<br />

Ce sont la hache ordinaire, la serpe, la scie, le haut-volant.<br />

7°) Voitures.<br />

Ce sont la charrette, le tombereau, la brouette, la civière. Une voiture particulière à<br />

cette région, et qui sert à l’usage personnel des familles, est celle appelée char-àbanc<br />

ou trouski ; elle a quatre roues, et six places dans les quatre sens ; point de<br />

couverture.<br />

DIAPOSITIVE N° 2 (*)<br />

La force motrice pour l’artisanat : LES MOULINS<br />

L’exemple des possessions du baron de Cardeilhac à BIZE et NISTOS.<br />

(*) Manuscrit - ADHP : Série Q, biens nationaux Bize Nistos


DOCUMENT N° 3 (*)<br />

Les professions de la Baronnie d’Esparros d’après l’enquête épiscopale de 1783.<br />

« Quelles sont les Professions ou les Métiers auxquels ils s’attachent le plus<br />

communément ? »<br />

ESPARROS et LABASTIDE<br />

«Ce sont presque tous des bûcherons et des sabotiers, leur commerce sort des bois<br />

et des montagnes.»<br />

LES ARRODETS<br />

«Les habitants travaillent sur les montagnes à faire des cuillères.»<br />

LABORDE et LOMNE<br />

«à cultiver la terre, et à travailler sur le bois.»<br />

DOCUMENT N° 4<br />

UNE ACTIVITÉ ARTISANALE TRADITIONNELLE<br />

LE TRAVAIL DU BOIS DANS LA BARONNIE D’ESPARROS<br />

Achat de ffuste(**) p(ou)r Guilhaume Pages, m(archan)d thornier de Th(o)l(os)e,<br />

B(erna)rd Rey dit Hérété et Guilhem Rey de Laborde (1).<br />

L’an mil cinq cens huictante sept et le dix-neuf aoust avant midi, maison de Jean<br />

Rey, au lieu de Laborde Desparros, par devant m(o)y not(air)e royal bas signé et<br />

présens les tesmoings soubz escriptz establis en leurs p(er)sonnes Jehan Rey dit<br />

Hérété, et Guilhem Rey, de Laborde habitans, lesquels illec présents, qui, de leur<br />

(*) Questionnaire relatif à l’état des paroisses du diocèse de Tarbes, 1763.- B.M. de Tarbes tome<br />

1, manuscrit 59 a 63.<br />

(**) ffuste : bois de construction, poutre, fût, futaille... (Alibert dict. occitan-français)


on gré et agréables voulontés, tant en leur nom propre et de Je(h)an Rey, Domenjon<br />

Peyregua et Jean Dupla(n) dud(it) lieu de Laborde, habitans, illec absents, ont vendu<br />

et vendent aud(it) Pages illec présent et acceptant, sçavoir est cent grosses de mortiers<br />

de fay, faisant chescune grosse doutze doutzenes ; plus cent grosses de tauhadous<br />

(2) et escuelles ; plus d’escuelles pastégeres (3), servidos (4), aygaderes (5) cent<br />

grosses ; plus grasalles (6), trente grosses ; plus vingt deux grosses de grasalles<br />

avec deux oreilhes (7) ; plus cinquante grosses (de) cassettes ; laquelle vente ont<br />

fait lesd(its) Rey, tant en leur nom que des aultres absentz, audit Pagês moyennant la<br />

some de huict scutz th(ournois) pour chescune doutzene de mortiers, plus les<br />

tauhadous, escue îles, troys scutz th(ournois) par doutzene tant ung que au(lt)re ;<br />

plus la doutzene des (e)scue îles pastégeres et aygaderes et servi-dos, quatre scutz<br />

(la) doutzene ; plus les grasalles à doutze scutz chescune doutzène ; plus la doutzène<br />

de cassettes à huict scutz thournois ; laquelle merchandise lesd(it) Rey prometent<br />

aud(it) Pagès en Th(o)l(os)e de jour en jour à leur première comodité franque et<br />

quite, réservé le péatge de Th(o)l(os)e que led(it) Pagès promet les en relever, en<br />

outre leur promet payer lad(ite) merchandise lorsque la recevra ausdits Rey, et faulte<br />

de la leur payer passé le jour qui y arriveront demeurera aux despens dud(it) Pagès,<br />

et ainsin les parties l’ont promis leur vie y conformer et soubz obligation des biens<br />

dud(it) Pagès po(u)r le payement de la merchandise tant meubles qu’immeubles<br />

présents et advenir d’un chescun d’eulxs seuls et le tout les soubzmettant à toutes<br />

rigueurs de justice. Présens Jean de Thouyas, de Mèches, signé, Jean Deutheu<br />

Desparros, Jean Forgue dit Lagetat de Laborde, par son nom et son merque.<br />

Dellan, not (aire).<br />

(i) Registre, Etude de M. Hidien, notaire d’Arreau.<br />

(2) Alias taihados, hachoirs, tresor deu Felibrige, Fr. Mistral.<br />

(3) Ecuelles à pâte.<br />

(4) Terme, mis malencontreusement à cette place, désignerait de grandes cuillers ou louches.<br />

(5) Ecuelles à eau.<br />

(6) Plats ordinaires.<br />

(7) Plats de plus grandes dimensions munis d’anses ou oreilles.<br />

Achat de Guilhaume Pagès et Pierre Salvan, marchans de Thol(ose), et Bernard Rey<br />

et Jehan Duplan, de Laborde (1).


Le 7e avril mil cinq cens nonante un, environ huit heures du matin, au lieu de Mèches<br />

et maison de moy not(aire) bas nomme, establis en leurs personnes Jehan Dupla(n)<br />

et Bernard Rey dit Hérété, du lieu de Laborde Desparros, habitans, lesquels ont<br />

vendu et vendent aux sires Guilhaume Pagès et Pierre Salvan, marchans et metres<br />

tourniers de Th(o)l(os)e illec touts deux présens et acceptans, sçavoir est six charrettes<br />

de fuste ouvrée et de fay consistant en grasalles pasteihères et aygaderes, tajîhados,<br />

cujîhères, escuelles, mortiers, les tous fuste de fay, laquelle marchandise les-d(its)<br />

Rey et Duplan prometent rendre en Th(o)l(os)e de jour en jour à leur première<br />

comodité, et ce moyenant le pris et some de quatre scutz tourn(ois) pour doutzene<br />

d’escuelles, tauhados, grasalles aygaderes, pastelheres (2), pour doutzene de<br />

grasalles quatorze scutz tourn(ois) et po(u)r chescune doutzene de cuilhères, huict<br />

scutz tourn(ois) et pour chescune doutzene de mortiers neuf scutz tourn(ois), laquelle<br />

somme lesd(its) Pagès et Salvan, telle que pourroit monter lad(ite) marchandise,<br />

prometent payer ausd(its) Rey et Duplan (au) prorata en portant lad(ite) marchandise<br />

et tout incontinent qu’ils auront deschargé en leur bouticque avec tous despens, que<br />

à faulte de payement lesd(its) ensuivront, et il lec lesd(its) Rey et Duplan confessent<br />

avoir receu tant moins de lad(ite) marchandise setze livres touché, lesquelles<br />

prometent leur tenir en compte, quand ils apporteront lad(ite) marchandise et ainsin<br />

prometent tenir, garder et observer le présant instrument, et ne y contrevenir à<br />

l’advenir et soubz obligation et ypotheque. Présents Jehan Forgue, Arnaud Come<br />

Laguau, Piere Vignec dud(it) Mèches et Labastide, led(it) Salvan a signé et les aultres<br />

ont dit ne sçavoir. P. Salvan. De Corna.<br />

DELLAN, not (aire)<br />

(1) Registre, même étude.<br />

(2) Variante du mot pastégères. Ici le tabellion applique ces distinctions non plus aux écuelles mais<br />

aux grasalles.<br />

Fr. MARSAN. - Une vieille industrie à Laborde dans la haute vallée de l’Arros au XVIe siècle. -<br />

R.H.P., 1929. - P 175-178.


DOCUMENT 5<br />

LE MOULIN DE LABASTIDE DU XVIIe AU XIXe SIECLE<br />

Et ayant esté représenté aud. seigneur par les susdits Me Jean Forgue n(otai)re et<br />

Jean Cazaubon consuls et conseils dud. lieu de Labastide qu’il y a pour l’ordinaire<br />

une si petite abondance d’eau dans led. lieu pour pouvoir faire moudre le moulin<br />

que led. seigneur y a que la plus part du temps ils sont contraints d’aller moudre<br />

leurs grains ailleurs à leur grand préjudice et incommodité, partant ils l’auraient<br />

supplié tant en leur nom que de tous les habitans dud. lieu de vouloir faire en sorte<br />

par l’industrie de quelque homme qu’il pourrait employer à cet effet, de mestre led.<br />

moulin en autre estat ou en y bastir un autre pour qu’ils ne soient obligés d’aller<br />

hors le lieu pour moudre leurs grains, si mieux n’aimait led. seigneur leur bailler<br />

led. moulin à fief raisonnable avec pouvoir de le transporter en autre part ou en y<br />

bastir un de nouveau à l’endroit qui sera trouvé le plus commode.<br />

Et désirant led. seigneur s ‘accomoder au désir des habitans dud. Labastide, après<br />

diverses demandes, avances et propositions faictes entre led. seigneur et lesd.<br />

habitans, enfin led. seigneur se serait porté à bailler comme il l’a baillé par la<br />

teneur du présent acte auxd. habitans, le moulin qu’il a aud. lieu de Labastide parsan<br />

de l’Espugue en l’estat qu’il est, pour d’iceluy lesd. habitants et leurs successeurs<br />

faire et dysposer a’ l’advenir comme de chose à eux appartenante en toute propriété,<br />

bannier noble, franc et quitte ledit moulin de toute charge, taille et subside<br />

quelconque, et ce bail à fief a été faict par led. seigneur en faveur des habitans de<br />

Labastide présens et acceptant moyennant le fief de vingt sacs grains, que lesd.<br />

habitans seront tenus de payer au seigneur ou à ses fermiers aud. lieu de Labastide<br />

annuellement et perpétuellement à chaque feste de tous Saints scavoir quatre sacs<br />

froment, huict de carrou et huict de millet bon et marchand, mesure de Baignères ;<br />

leur donnant au moyen dud. fief plein pouvoir de bastir autre moulin a farine dans<br />

led. lieu de Labastide et en l’endroit que lesd. habitans trouveront le plus propre et<br />

commode.<br />

Extrait de la transaction entre le seigneur d’Esparros et<br />

les habitants des Baronnies 1664, A.V.H.P. E 84~ bis


Commentaire de Me Montagut avoué de M. le Maire de la commune de Labastide<br />

requérant contre les successeurs du seigneur de la baronnie d’Esparros, 27 août<br />

1B27.<br />

En vertu de cet acte, les habitans de Labastide se mirent en possession du moulin<br />

concédé ; ce moulin étant dans le plus mauvais état, ils l’abatirent et en construisirent<br />

un nouveau dans le même quartier pour remplacer l’ancien qui était d’une valeur<br />

bien inférieure et ce nouveau moulin la communauté l’a possédé entretenu à titre de<br />

maître pendant cent cinquante ans sans essuyer la moindre interruption dans cette<br />

jouissance. Cependant les habitans de Labastide voulant jouir du privilège des lois<br />

abolitives de la féodalité qui les dispensaient de continuer à desservir le fief pour la<br />

concession du moulin cessèrent de payer cette redevance et le sieur Cardaillac<br />

représentant des anciens seigneurs persuadé qu’on était fondé à la lui refuser<br />

puisqu’elle était essentiellement féodale n’osa intenter aucune action à cet égard<br />

seulement il 1 ‘assigna la communauté douze ans après au payement des arrérages<br />

de cette rente ; et cette contestation qui se débattit (?) entre le comte de Lomné et le<br />

maire l’adjoint et plusieurs membres du conseil municipal de Labastide fut transigée.<br />

Par cette transaction qui eut lieu devant Lay notaire à Lortet le 13 brumaire an II la<br />

communauté se soumit à payer à M. Cardaillac les arrérages de la rente qui furent<br />

fait en y comprenant les trois années suivantes à deux cent cinquante six sacs de<br />

grains qui devait être payé aux termes de l’acte en huit termes et dans l’espace de<br />

huit ans. Mais la transaction n’embrasse que les arrérages et il n’est fait absolument<br />

aucun traitté sur la rente en elle même, les habitans de Labastide se réservent au<br />

contraire d’une manière expresse tous les droits à cet égard. Il est encore convenu<br />

qu’a l’expiration de trois années les parties rentreront suivant les termes même de<br />

l’acte dans leurs droits respectifs quelles feront valoir comme elles laviseront... ainsi<br />

su exista une contestation sur les arrérages, il est toujours constant que les droits<br />

des parties sont restées intactes à légard de la redevance en elle même il est toujours<br />

constant que les habitants de Labastide n’essuyront jamais le moindre trouble dans<br />

la jouissance du moulin qui leur avait été concédé en plaine propriété par la<br />

transaction du 18 mars 1664 qui se trouve confirmée par celle du 13 brumaire an II.<br />

C’est en vertu de ce double titre d’acquisition légitime et d’une possession paisible<br />

d’un siècle et demi que les habitants de Labastide jouissaient le moulin dont il s’agit


lorsqu’en 1816 les acquéreurs de la terre de Lomné sieurs Perrin vinrent s ‘en emparer<br />

sans titre et sans pudeur. Le maire ou 1’adjoint qui en remplit les fonctions étonné<br />

d’une conduite aussi arbitraire et dont les effets s ‘étaient déjà prolongé pendant<br />

plus de quatre ans assigna les Srs Perrin devant vous pour obtenir le délaissement<br />

de ce moulin avec la restitution des fruits depuis leur usurpation et encore avec<br />

dépens et domages intérets cette assignation porte la date. du 8 avril 1820.<br />

A.D.H.P. E 845 bis


BIBLIOGRAPHIE<br />

- Les Baronnies des Pyrénées : anthropologie et histoire, permanences et changements / sous la<br />

dir° de I Chiva et J. Goy. Paris Ecole des hautes études en sciences sociales, 1981 . 24 cm (Les<br />

Hommes et la terre).<br />

1. Maisons, mode de vie, société / par G. Augustins, R. Bonnain, J. Chiva .- 1981.<br />

2. Maisons, espace, famille / par G. Augustins, R. Bonnain, Y. Pérou, G. Sautter .- 1985 .-<br />

215 p. grap. , tabl. ; cartes (Les Hommes et la terre ; 18). - Bibliographie en fin de chapitre.<br />

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Société Ramond, 1985. - 22 cm pp. 115-164. (Supplément au Bulletin de la Société<br />

Ramond ; 120e année).<br />

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Travail d’Etude et de Recherche d’histoire moderne. - Pau Faculté des lettres et des sciences<br />

humaines, 1985.<br />

- LASSERRE (A.) - Le seigneur et la communauté de Beaudéan au XVIIIe siècle. - Bulletin de la<br />

Société Ramond, 1982 pp. 51-66.<br />

- MANDAGARAN (M.) - Esparros évolution du système agraire de 1772 à nos jours. - 82 p + XII.<br />

Diplôme d’agronomie approfondie. - Paris-Grignan I.N.A., 1978.<br />

- MANSAS (J.) - Les Communautés de Barousse et la foret du XVIIe au XIXe siècle •- Revue du<br />

Comminges, 1985-1966.<br />

- PONDEBAT-MARCARO (J.M.). - Les Ordonnances de police de la ville de Tarbes 1754-1789. -<br />

Dactylographié.<br />

Travail d’Etude et de Recherche. - Pau : Faculté des lettres et des sciences humaines de Pau,<br />

1985.<br />

- VERLEY (J.) - Mendiants et bourgeois à l’hôpital de Vic-en-Bigorre, 1568-1861. (1985). - 344 P.<br />

- VIÉ (R.) - Une crise démographique à Lourdes en 1774. - Lavedan et Pays Toy, 1986-87.

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