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L'École de femmes - Cndp

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Un film écrit et réalisé par Jean-Noël Roy<br />

en collaboration avec Jean-Clau<strong>de</strong> Lallias<br />

Production : AGAT Films & Cie<br />

Coproduction : France 3 / SCÉRÉN-CNDP /<br />

INA Entreprise<br />

Durée : 49 minutes<br />

Livret rédigé par Jean-Louis Cabet<br />

Assistante d’édition : Séverine Blon<strong>de</strong>au<br />

© SCÉRÉN-CNDP, 2002<br />

2


En résonance avec le cinquantenaire<br />

<strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> Louis Jouvet survenue<br />

le 16 août 1951 au théâtre <strong>de</strong><br />

l’Athénée, le film Louis Jouvet ou<br />

l’amour du théâtre est à la fois un<br />

hommage rendu à la mémoire et à<br />

la passion <strong>de</strong> Louis Jouvet – homme<br />

<strong>de</strong> tous les métiers du théâtre – mais<br />

aussi un témoignage <strong>de</strong> comédiens,<br />

metteurs en scène ou régisseurs<br />

contemporains sur l’impact toujours<br />

actuel et vivant <strong>de</strong> sa parole et <strong>de</strong> ses<br />

propos sur le théâtre.<br />

Louis Jouvet s’est rendu célèbre aux<br />

yeux d’un large public grâce au<br />

cinéma, point <strong>de</strong> sa carrière abordé<br />

dans <strong>de</strong> nombreux documents. Sans<br />

pour autant nier l’importance <strong>de</strong><br />

cette facette du personnage, l’émission<br />

se consacre toute entière à la<br />

force <strong>de</strong> cette « attirance du dramatique<br />

», <strong>de</strong> ce goût et <strong>de</strong> cette<br />

«énigme du théâtre » qui ont animé<br />

toute la vie <strong>de</strong> Louis Jouvet dont le<br />

métier <strong>de</strong> comédien était une «façon<br />

<strong>de</strong> vivre ».<br />

L’émission évite les pièges d’une<br />

célébration didactique ou d’une<br />

évocation trop chronologique et se<br />

déploie par touches et trames,<br />

sensibles, multiples, superposées et<br />

enchevêtrées :<br />

– Tressage <strong>de</strong>s paroles et témoignages<br />

<strong>de</strong> comédiens, metteurs en<br />

Louis Jouvet<br />

ou l’amour du théâtre<br />

scène, jeunes ou moins jeunes dont<br />

il fut le « patron » le directeur d’acteur,<br />

le compagnon intime et proche<br />

et <strong>de</strong> ceux qui, sans l’avoir connu, se<br />

sentent en proximité avec les<br />

réflexions <strong>de</strong> Louis Jouvet sur la<br />

pratique du théâtre et le métier <strong>de</strong><br />

comédien…<br />

– Parcours <strong>de</strong> la caméra dans les<br />

lieux théâtraux que Jouvet anima,<br />

comme le théâtre <strong>de</strong> l’Athénée dont<br />

il fut le directeur : <strong>de</strong> la salle d’accueil<br />

à la salle vi<strong>de</strong> ou pleine en<br />

passant par les couloirs ; <strong>de</strong>s coulisses<br />

à la scène ; <strong>de</strong>s loges à la<br />

machinerie ; <strong>de</strong>s esquisses <strong>de</strong><br />

maquettes ou <strong>de</strong> costumes <strong>de</strong><br />

Christian Bérard aux décors, notamment<br />

ceux <strong>de</strong> L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong>.<br />

– Apparitions <strong>de</strong> photos d’archives<br />

en noir et blanc <strong>de</strong> Louis Jouvet, <strong>de</strong><br />

ses costumes <strong>de</strong> personnages, <strong>de</strong><br />

séquences <strong>de</strong> Jouvet comédien.<br />

– Citations en voix off <strong>de</strong> ses propos<br />

et <strong>de</strong> ses déclarations sur la célébration<br />

du théâtre.<br />

La présence absente <strong>de</strong> Louis Jouvet<br />

qui hante ces lieux <strong>de</strong> théâtre prend<br />

les allées d’une évocation spectrale<br />

par les gros plans et les fondus<br />

enchaînés. L’impact émotionnel<br />

et professionnel va s’amplifiant<br />

jusqu’au point d’orgue <strong>de</strong> la commémoration<br />

<strong>de</strong> sa disparition et <strong>de</strong> ses<br />

3


Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

funérailles mais aussi <strong>de</strong> la proclamation<br />

<strong>de</strong> la spiritualité du théâtre :<br />

« Condamnés à expliquer le mystère<br />

<strong>de</strong> leur vie, les hommes ont inventé<br />

le théâtre qui pour un instant<br />

semble nous promettre le secret du<br />

mon<strong>de</strong> ; il abolit le temps et l’espace<br />

il peut enfermer l’éternité dans une<br />

heure ou étendre une heure jusqu’à<br />

l’éternité. »<br />

4


00 min 00 s<br />

Une invitation au théâtre<br />

La caméra nous fait entrer dans le<br />

théâtre <strong>de</strong> l’Athénée jusqu’à la salle.<br />

Exhortation en voix off <strong>de</strong> Louis<br />

Jouvet à propos du Dom Juan <strong>de</strong><br />

Molière monté en décembre 1947 au<br />

théâtre <strong>de</strong> l’Athénée. * Gros plan sur<br />

une photo <strong>de</strong> Jouvet-Dom Juan.<br />

En surimposition défilent les<br />

costumes <strong>de</strong> Dom Juan portés par<br />

Jouvet, et créés par le décorateur<br />

Christian Bérard. La séquence<br />

s’achève sur une photo <strong>de</strong> Louis<br />

Jouvet portant le costume noir.<br />

01 min 16 s<br />

Tension intérieure d’un acteur<br />

Le visage <strong>de</strong> Juliette Binoche est en<br />

gros plan. Pour elle qui n’a pas connu<br />

Jouvet, sa fréquentation avec lui est<br />

d’abord liée au cinéma ; elle évoque<br />

la résistance, la tension intérieure<br />

qu’il porte en lui dont il ne révèle<br />

qu’une petite parcelle.<br />

01 min 46 s<br />

Une jeune actrice<br />

fait une audition <strong>de</strong>vant Jouvet<br />

Photo <strong>de</strong> Monique Mélinand, alors<br />

âgée <strong>de</strong> dix-huit ans, en surimpres-<br />

Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

Séquençage<br />

sion sur les fauteuils <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong><br />

L’Athénée.<br />

Interview <strong>de</strong> Monique Mélinand en<br />

plan américain puis photos en noir<br />

et blanc <strong>de</strong> Jouvet et <strong>de</strong> la jeune<br />

actrice en gros plan. Elle évoque sa<br />

première rencontre avec Jouvet alors<br />

qu’elle passe, <strong>de</strong>vant lui, une audition<br />

d’Henriette <strong>de</strong>s Femmes<br />

savantes. Il avait dit : « charmante à<br />

suivre ».<br />

03 min 35 s<br />

La première classe d’un acteur :<br />

la présence extraordinaire<br />

du maître<br />

Daniel Gélin se souvient : « C’est un<br />

homme qui avait une présence extraordinaire…»<br />

Il rappelle un propos<br />

<strong>de</strong> Louis Jouvet le jour <strong>de</strong> sa<br />

première classe : «Je ne vais pas faire<br />

<strong>de</strong> vous <strong>de</strong>s comédiens […]. » Photo<br />

en noir et blanc : intensité du regard<br />

<strong>de</strong> Louis Jouvet.<br />

04 min 20 s<br />

Avant d’entrer en scène…<br />

De dos, <strong>de</strong>s coulisses au plateau,<br />

avancée du comédien, Philippe<br />

Torreton jusqu’à l’avant-scène.Voix<br />

off <strong>de</strong> Jouvet évoquant le public « en<br />

* C’est une reprise <strong>de</strong> celle que débitait le comédien Sallé en 1790 pour encourager les spectateurs à<br />

venir entendre la pièce du Festin <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Thomas Corneille qu’il donnait au Théâtre <strong>de</strong>s associés.<br />

5


Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

appétit ». Plongée <strong>de</strong> la caméra vers<br />

le haut <strong>de</strong> la salle, image <strong>de</strong>s<br />

cordages, <strong>de</strong>s cintres, <strong>de</strong> la machinerie,<br />

<strong>de</strong>s lumières. Image <strong>de</strong> Jouvet<br />

dans sa loge se préparant à entrer<br />

en scène pour jouer Arnolphe <strong>de</strong><br />

L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong>.<br />

05 min 20 s<br />

L’étonnante écoute<br />

d’un grand acteur<br />

Évocation par Monique Mélinand<br />

<strong>de</strong> la formidable écoute <strong>de</strong> Jouvet<br />

acteur : « Quand il jouait il avait un<br />

œil sur tout. […] Il savait tout. […]<br />

Il est mort d’épuisement, au fond. »<br />

Photos <strong>de</strong> Jouvet vers la fin <strong>de</strong> sa vie,<br />

voix off : « Je n’aime ni les souvenirs,<br />

ni les commentaires en matière <strong>de</strong><br />

théâtre […]. »<br />

06 min 15 s<br />

Premiers « départs »<br />

vers le théâtre<br />

Philippe Torreton : extérieur allée,<br />

rivière puis intérieur <strong>de</strong> la mairie <strong>de</strong><br />

Rethel. Ville où Jouvet passe son<br />

enfance. Retour aux lieux <strong>de</strong> départ.<br />

Résonance intime avec ceux <strong>de</strong><br />

Jouvet. Évocation <strong>de</strong> son enfance et<br />

d’un parcours qui n’annonçait pas<br />

grand chose d’une fabuleuse aventure<br />

théâtrale. Rien ne semblait<br />

présager que ce serait la passion <strong>de</strong><br />

sa vie.<br />

Tableaux <strong>de</strong> la mairie <strong>de</strong> Rethel :<br />

scènes <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> tous les jours.<br />

6<br />

07 min 51 s<br />

Le théâtre comme miroir<br />

Extérieur <strong>de</strong> la mairie, photo. Voix<br />

off <strong>de</strong> Jouvet (extrait <strong>de</strong> L’Échange<br />

<strong>de</strong> Paul Clau<strong>de</strong>l) : « L’homme se<br />

regar<strong>de</strong> lui-même […]. » Contreplongée<br />

sur le décor <strong>de</strong> L’École <strong>de</strong>s<br />

<strong>femmes</strong>.<br />

08 min 28 s<br />

Le formidable potentiel<br />

<strong>de</strong> métamorphose du comédien<br />

Questionnement en écho <strong>de</strong> Juliette<br />

Binoche sur le métier <strong>de</strong> comédien et<br />

<strong>de</strong> son formidable potentiel <strong>de</strong> transformation<br />

: « C’est une recherche<br />

constante […] on <strong>de</strong>vient soi-même<br />

un instrument <strong>de</strong> musique…»<br />

09 min 12 s<br />

La dépossession <strong>de</strong> soi<br />

Mairie <strong>de</strong> Rethel. Témoignage <strong>de</strong><br />

Philippe Torreton sur la sensualité<br />

et la bizarrerie du métier <strong>de</strong> comédien<br />

: « Les coulisses d’un spectacle<br />

c’est quelque chose d’intime, <strong>de</strong><br />

sexuel. […] Bizarre d’aller dévoiler<br />

<strong>de</strong>s choses intimes <strong>de</strong> soi, d’un<br />

auteur […]. »<br />

Voix off <strong>de</strong> Jouvet : « En sympathisant<br />

avec ce personnage qui est<br />

<strong>de</strong>vant lui dont il éprouve à l’unisson<br />

les sentiments et les sensations, il se<br />

dépossè<strong>de</strong> lentement <strong>de</strong> luimême…»<br />

Fondu enchaîné ombrerivière.


11 min 16 s<br />

Jeu <strong>de</strong> scène Elmire-Mélinand /<br />

Tartuffe-Jouvet<br />

Manipulation par Monique<br />

Mélinand <strong>de</strong> vieilles photos<br />

souvenir : évocation. « Tu aimes ton<br />

métier. […] »<br />

Photos <strong>de</strong> scène du Tartuffe (acte III,<br />

scène III) avec Monique Mélinand.<br />

Voix en play-back.<br />

Reprise <strong>de</strong> l’évocation : «Il fallait que<br />

chacun ait sa passion. La vocation<br />

c’est une chose dont on est sûr que<br />

tout à fait à la fin <strong>de</strong> sa vie. » Reprise<br />

<strong>de</strong>s photos gros plan sur le visage.<br />

Escalier et chambre <strong>de</strong> travail.<br />

13 min 10 s<br />

Le trac <strong>de</strong> l’acteur<br />

avant son entrée en scène<br />

Évocation par Daniel Gélin du trac<br />

fou qui s’emparait <strong>de</strong> Louis Jouvet<br />

à chaque entrée en scène. Photo <strong>de</strong><br />

Jouvet se maquillant. Photos <strong>de</strong><br />

scène <strong>de</strong> La Folle <strong>de</strong> Chaillot <strong>de</strong> Jean<br />

Giraudoux : Jouvet en clochard, à la<br />

terrasse <strong>de</strong> chez Francis.<br />

14 min 57 s<br />

Un metteur en scène rencontre<br />

<strong>de</strong>s auteurs et un décorateur<br />

Voix du narrateur : Louis Jouvet<br />

<strong>de</strong>vient directeur en 1923 <strong>de</strong> la<br />

Comédie <strong>de</strong>s Champs-Élysées. Il y<br />

fera la mise en scène <strong>de</strong> nombreux<br />

auteurs contemporains : Jules<br />

Romain, Marcel Achard, Jean<br />

Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

Giraudoux… Pierre Bergé rappelle<br />

que pour la mise en scène <strong>de</strong> La<br />

Machine infernale, dont la première<br />

représentation eut lieu en 1934, Jean<br />

Cocteau lui imposera Christian<br />

Bérard comme décorateur. Ils<br />

<strong>de</strong>viendront collaborateurs et amis.<br />

Photo <strong>de</strong> Bérard avec son petit chien.<br />

16 min 25 s<br />

Le comédien doit être pleinement<br />

conscient <strong>de</strong> ses effets<br />

Jean-Pierre Aumont, alors jeune<br />

comédien, évoque avec émotion la<br />

réponse que lui fit Jouvet sur la question<br />

<strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> son jeu, le soir<br />

<strong>de</strong> la générale <strong>de</strong> La Machine infernale<br />

: « Alors mon petit gars, tâche<br />

<strong>de</strong> faire tous les soirs consciemment<br />

ce que tu as fait ce soir inconsciemment.<br />

»<br />

17 min 25 s<br />

Le patron<br />

Ouverture <strong>de</strong>s coulisses et plan sur la<br />

salle <strong>de</strong> l’Athénée.Voix off <strong>de</strong> Jouvet :<br />

« Est-ce que je n’existe que lorsque<br />

je suis cet autre qui n’est pas moi et<br />

<strong>de</strong> combien d’heure par jour est faite<br />

ce sommeil ou cette absence…»<br />

Robin Renucci se présente comme<br />

un comédien en quête <strong>de</strong> souvenir<br />

<strong>de</strong> l’homme qu’on appelait « le<br />

patron ».<br />

Machines, <strong>de</strong>s cintres au plancher.<br />

Camille Demangeat, chef machiniste,<br />

rappelle l’étonnante puissance <strong>de</strong><br />

7


Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

travail <strong>de</strong> Louis Jouvet et sa passion<br />

pour la machinerie.<br />

18 min 35 s<br />

Le théâtre miroir <strong>de</strong>s faits<br />

et gestes <strong>de</strong> l’humanité<br />

Robin Renucci porte le regard sur<br />

une affiche <strong>de</strong> Knock dans le couloir :<br />

voix <strong>de</strong> Jouvet interprétant Knock<br />

(acte III, scène VI).<br />

Entrée <strong>de</strong> Robin Renucci dans la<br />

salle, regard sur le plateau, photo<br />

d’archives du décor <strong>de</strong> L’École <strong>de</strong>s<br />

<strong>femmes</strong> 1951, New York. Séquence<br />

<strong>de</strong> captation <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> la scène V,<br />

acte II, <strong>de</strong> L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong> :Jouvet<br />

interprète Arnolphe.<br />

Voix off et profession <strong>de</strong> foi sur le<br />

théâtre : «À chaque époque les faits<br />

et gestes <strong>de</strong> l’humanité se traduisent<br />

par les faits et gestes du théâtre. Le<br />

théâtre est le miroir du mon<strong>de</strong>. »<br />

Tableau <strong>de</strong> Molière. Intervention en<br />

écho <strong>de</strong> Robin Renucci sur la signification<br />

historique et dramaturgique<br />

<strong>de</strong> L’École <strong>de</strong> <strong>femmes</strong> : « Quand le<br />

mot cocu est prononcé chez Molière<br />

ça a une autre signification au<br />

moment où il l’écrit ; il sait qu’il va<br />

choquer. […]. »<br />

21 min 55 s<br />

Le Cartel<br />

Robin Renucci : «À l’époque où<br />

Jouvet existe, c’était un grand foutoir,<br />

le théâtre. […] » Narrateur : « Dans<br />

les combles <strong>de</strong> l’Athénée on peut<br />

8<br />

encore découvrir les décorations <strong>de</strong><br />

l’E<strong>de</strong>n Théâtre, symbole <strong>de</strong> ces spectacles<br />

dévoyés contre lesquels<br />

Copeau, Dullin, Jouvet, Pitoëff et Baty<br />

se révoltèrent ar<strong>de</strong>mment. » Voix <strong>de</strong><br />

Jouvet disant Le Manifeste <strong>de</strong> Copeau<br />

où ce <strong>de</strong>rnier exprime toute son<br />

indignation.<br />

Affiche <strong>de</strong> l’Appel à la jeunesse,<br />

photo <strong>de</strong> Jacques Copeau et du<br />

théâtre du Vieux-Colombier. Il<br />

engage Jouvet comme régisseur<br />

en 1913.<br />

23 min 23 s<br />

Homme <strong>de</strong> tous les métiers<br />

du théâtre<br />

Lecture, par Philippe Torreton, d’un<br />

extrait du Métier <strong>de</strong> régisseur dans<br />

lequel Jouvet rappelle ses débuts au<br />

théâtre, qu’il a été l’homme <strong>de</strong> tous<br />

les métiers. Passage par les coulisses<br />

jusqu’au plateau, regard vers la salle<br />

même mouvement <strong>de</strong> camera,<br />

plongée vers le plafond retour dans<br />

la salle avec, dans un coin, le décor <strong>de</strong><br />

L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong>.Philippe Torreton<br />

fait l’éloge <strong>de</strong> l’aspect artisanal et<br />

pragmatique du théâtre ainsi que<br />

l’énigme <strong>de</strong> la création théâtrale.<br />

Voix off <strong>de</strong> Jouvet : « Le théâtre est<br />

un langage, peut-être faut-il du<br />

métier pour le parler naturellement<br />

comme l’ont fait Shakespeare et<br />

Molière. » Photos <strong>de</strong> scène <strong>de</strong> Jouvet<br />

et <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>leine Ozeray, dans L’École<br />

<strong>de</strong>s <strong>femmes</strong>, Dom Juan.


25 min 05 s<br />

Le don <strong>de</strong> soi du comédien<br />

En écho, Juliette Binoche fait part <strong>de</strong><br />

sa profession <strong>de</strong> foi sur la générosité<br />

du comédien et du don <strong>de</strong> soi.<br />

25 min 43 s<br />

La générosité d’un maître<br />

Monique Mélinand : « C’est quelqu’un<br />

qui savait écouter […]. »<br />

Photo <strong>de</strong> Jouvet comme aux aguets.<br />

Séquence <strong>de</strong> Jouvet avec son équipe<br />

dans le square du Luxembourg.<br />

Daniel Gélin : « Je n’ai jamais pu le<br />

tutoyer […] et en même temps il était<br />

tellement facile d’accès […]. »<br />

Cadrage sur le théâtre Antoine à Paris.<br />

Évocation par André Thorent, comédien,<br />

d’une anecdote à propos <strong>de</strong>s<br />

basses tensions, au Grenier <strong>de</strong><br />

Toulouse.<br />

Retour à l’Athénée : Laurent Terzieff,<br />

comédien, remet en question l’image<br />

d’un Jouvet cassant et rappelle<br />

notamment qu’il n’entrait jamais <strong>de</strong><br />

plain-pied dans un rôle.<br />

Giogio Strehler, metteur en scène,<br />

était étonné qu’on enten<strong>de</strong>nt les voix<br />

<strong>de</strong> jeunes comédiens qui répètent<br />

leur rôle partout dans le théâtre.<br />

Séquence du repas du Dom Juan joué<br />

et mis en scène par Jouvet.<br />

30 min 56 s<br />

La salle Christian Bérard<br />

Pierre Bergé rachète le théâtre <strong>de</strong><br />

l’Athénée en 1977 et le dirige<br />

Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

pendant plusieurs années ; il a<br />

construit dans une salle <strong>de</strong> répétition<br />

une petite scène qu’il a baptisé :<br />

Christian Bérard.<br />

Entrée <strong>de</strong> Pierre Bergé, dont on<br />

entend la voix off, nous expliquer<br />

comment, au cours d’une classe où<br />

les élèves jouaient costumés, il a<br />

reconnu les costumes <strong>de</strong> L’École <strong>de</strong>s<br />

<strong>femmes</strong>. Inventaire <strong>de</strong> tous les<br />

costumes du théâtre puis cadrage<br />

sur le musée du costume Yves Saint-<br />

Laurent à Paris : présentation <strong>de</strong>s<br />

costumes avec les voix off <strong>de</strong>s<br />

répliques ; costume <strong>de</strong> Tartuffe par<br />

Braque, <strong>de</strong> Dorante <strong>de</strong> La Folle <strong>de</strong><br />

Chaillot par Bérard, costumes <strong>de</strong><br />

Dom Juan, etc.<br />

33 min 10 s<br />

Dom Juan : « La plus gran<strong>de</strong> pièce<br />

<strong>de</strong> Molière »<br />

Enchaînement avec <strong>de</strong>s photos d’archives<br />

<strong>de</strong> Jouvet en Dom Juan : « De<br />

quelle délivrance est faite Dom Juan?<br />

quelle libération nous apporte la<br />

pièce ? que nous délivre-t-elle à nous<br />

spectateurs ou comédiens ? […] »<br />

33 min 42 s<br />

« Le théâtre n’existe<br />

que dans l’acte du théâtre »<br />

Levée du ri<strong>de</strong>au, cadrage <strong>de</strong>s<br />

coulisses sur la salle vi<strong>de</strong>. «Le théâtre<br />

n’existe que dans l’acte du théâtre à<br />

ce moment unique où,les éléments,<br />

les participants […]. »<br />

9


Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

La salle est remplie <strong>de</strong> spectateurs.<br />

Fondu enchaîné sur une photo <strong>de</strong><br />

L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong>. Gros plan sur les<br />

visages Ozeray-Agnès et Jouvet-<br />

Arnolphe.<br />

34 min 33 s<br />

Invention du concept<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux décors en un seul<br />

Photo <strong>de</strong> Jouvet scrutateur. Voix <strong>de</strong><br />

Monique Mélinand : « Il a vécu avec<br />

L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong> et Dom Juan toute<br />

sa vie. »<br />

Voix du narrateur. Photos en noir et<br />

blanc du décor <strong>de</strong> L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong>,<br />

<strong>de</strong> l’interprétation d’Arnolphe<br />

par Louis Jouvet et d’Agnès par<br />

Dominique Blanchar.<br />

Marthe Herlin-Besson, en gros plan,<br />

directrice <strong>de</strong> scène <strong>de</strong> Jouvet : « On<br />

ne peut pas dire qu’il avait <strong>de</strong>s idées<br />

préconçues quand il attaquait une<br />

pièce […]. »<br />

Photos <strong>de</strong>s esquisses du décor.<br />

Enchaînement avec <strong>de</strong>s photos et les<br />

voix off <strong>de</strong>s répliques <strong>de</strong> L’École <strong>de</strong>s<br />

<strong>femmes</strong>, acte II, scène V.<br />

36 min 00 s<br />

La résonance au présent<br />

<strong>de</strong> L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong><br />

Voix <strong>de</strong> Jacques Lassalle, metteur en<br />

scène. Il rappelle qu’il n’a pas vu cette<br />

mise en scène <strong>de</strong> 1936 qui a<br />

parcouru le mon<strong>de</strong> ; certains ont fait<br />

la naissance <strong>de</strong> leur travail notamment<br />

Strehler disant : « Je suis né au<br />

10<br />

théâtre avec L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong>. »<br />

Appel <strong>de</strong>s acteurs salle vi<strong>de</strong>, fondu<br />

enchaîné avec les photos <strong>de</strong> Dom<br />

Juan, évocation du comman<strong>de</strong>ur.<br />

Retour sur le décor <strong>de</strong> L’École <strong>de</strong>s<br />

<strong>femmes</strong> vu <strong>de</strong> la salle.<br />

Jacques Lassalle explique qu’il a<br />

voulu rendre hommage à Jouvet sans<br />

se glisser dans ses pas mais en<br />

essayant d’en découvrir, sa « résonance<br />

au présent » : cadrage sur le<br />

maquillage <strong>de</strong> Caroline Piette, Pascal<br />

Réneric, Bernard Spiegel et Olivier<br />

Perrier.<br />

Voix <strong>de</strong> Jouvet : « Bau<strong>de</strong>laire écrira :<br />

“Il y a pour moi un petit nombre<br />

d’œuvres qui dépassent toute mo<strong>de</strong><br />

et toute époque et qui suffirait à<br />

porter, ou à restaurer une civilisation<br />

toute entière. […] C’est à ces<br />

œuvres-là sans aucun doute que<br />

Bau<strong>de</strong>laire pensait.”»<br />

Séquence <strong>de</strong> jeu <strong>de</strong> L’École <strong>de</strong>s<br />

<strong>femmes</strong> mis en scène par Jacques<br />

Lassalle, acte III, scène II. «Votre sexe<br />

n’est là que pour la dépendance<br />

[…]. » jusqu’aux <strong>de</strong>ux battants du<br />

jardin qui se referment sur Agnès.<br />

Évocation par Jacques Lassalle <strong>de</strong><br />

l’intérêt que Jouvet portait à la régie<br />

<strong>de</strong> scène : « La lumière, le plateau,<br />

cette importance donnée à tous les<br />

métiers du théâtre, est au service<br />

d’une vision. […]. »<br />

Salut <strong>de</strong>s comédiens, applaudissements<br />

du public.


38 min 44 s<br />

Interrogations sur l’acte théâtral<br />

Voix <strong>de</strong> Jouvet : « L’acte du théâtre<br />

est, en vérité, un acte étrange c’est<br />

un <strong>de</strong>s phénomènes les plus insensés<br />

que l’on puisse imaginer ; une <strong>de</strong>s<br />

actions les plus saugrenues <strong>de</strong> notre<br />

vie d’homme. Qu’est-ce qui engendre<br />

cet acte ? l’ordre qui nous porte à ce<br />

divertissement, à ce jeu, à cette<br />

action ? »<br />

Voix <strong>de</strong> Juliette Binoche, tuilage sur<br />

le visage en gros plan: « L’essentiel<br />

ne se révèle pas avec les mots, bizarrement.<br />

On peut se servir <strong>de</strong>s mots<br />

pour dire <strong>de</strong>s choses mais je crois<br />

que c’est ce qu’on émane, c’est ce<br />

qu’on ne dit pas, c’est ce qu’on<br />

retient, qui fait que les gens connectent.<br />

[…]» Photo <strong>de</strong> Jouvet souriant.<br />

Voix <strong>de</strong> Giorgio Strehler qui fait part<br />

<strong>de</strong> son admiration pour la profon<strong>de</strong>ur<br />

<strong>de</strong>s réflexions <strong>de</strong> Louis Jouvet<br />

sur le théâtre dont il se sent proche.<br />

Il a été « le plus grand théoricien du<br />

théâtre dans le sens du métier <strong>de</strong><br />

l’acteur, que nous avons eu. […] ».<br />

Photo <strong>de</strong> Jouvet à sa table <strong>de</strong> travail.<br />

Question posée à Monique Mélinand<br />

sur le rapport du travail et <strong>de</strong><br />

l’amour.<br />

42 min 46 s<br />

La mort <strong>de</strong> Louis Jouvet<br />

Monique Mélinand évoque la<br />

<strong>de</strong>rnière pièce jouée avec lui : la<br />

mort <strong>de</strong> Hans au <strong>de</strong>rnier acte<br />

Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

d’Ondine jouée au festival <strong>de</strong><br />

Giraudoux le 2 juillet 1951, six<br />

semaines avant sa mort.Voix off <strong>de</strong><br />

Jouvet interprétant le rôle <strong>de</strong> Hans<br />

en gros plan sur son visage et sur<br />

ses yeux clos : « Les amants qui se<br />

disent adieu d’habitu<strong>de</strong>, au seuil <strong>de</strong><br />

la mort, sont <strong>de</strong>stinés à se revoir<br />

sans arrêt, à se heurter sans fin dans<br />

la vie future […]. »<br />

Évocation <strong>de</strong> l’agonie <strong>de</strong> Louis<br />

Jouvet : « Je ne l’ai pas quitté une<br />

secon<strong>de</strong>. […] »<br />

Salle d’accueil <strong>de</strong> l’Athénée plaque<br />

commémorative puis entrée dans la<br />

salle <strong>de</strong> travail. Voix off <strong>de</strong> Jouvet<br />

interprétant Hans : « Il s’agit bien <strong>de</strong><br />

moi dans cette histoire. J’ai aimé<br />

Ondine parce qu’elle le voulait je l’ai<br />

trompé parce qu’il le fallait […]. »<br />

44 min 50 s<br />

La vocation spirituelle du théâtre<br />

Photo <strong>de</strong> Louis Jouvet, regard acéré.<br />

Voix <strong>de</strong> Laurent Terzieff qui fait allusion<br />

à la vie spirituelle du théâtre :<br />

« Le mon<strong>de</strong> visible n’était qu’une<br />

partie <strong>de</strong> la réalité […]. »<br />

45 min 38 s<br />

L’enterrement <strong>de</strong> Louis Jouvet<br />

Foule immense et cosmopolite<br />

réunie sur la place <strong>de</strong>vant l’église<br />

Saint-Sulpice. Discours <strong>de</strong> Jean-Louis<br />

Barrault.<br />

Interview <strong>de</strong> Lisa Jouvet, comédienne,<br />

fille <strong>de</strong> Jouvet, rappelant que<br />

11


Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

son père n’avait pas envie <strong>de</strong> mourir,<br />

qu’il avait tellement <strong>de</strong> projets à<br />

faire : « J’aime la vie que c’en est<br />

dégoûtant. »<br />

Évocation <strong>de</strong> la foule présente aux<br />

obsèques <strong>de</strong> Louis Jouvet : « C’était<br />

<strong>de</strong> l’admiration mais c’était aussi <strong>de</strong><br />

l’amour. »<br />

Séquence <strong>de</strong> Jouvet en Arnolphe se<br />

préparant à entrer sur scène jusqu’au<br />

visage en gros plan les yeux clos <strong>de</strong><br />

Jouvet interprétant Hans la tête reposant<br />

sur celle d’Ondine.<br />

« Condamnés à expliquer le mystère<br />

<strong>de</strong> leur vie, les hommes ont inventé<br />

le théâtre qui pour un instant<br />

semble nous promettre le secret du<br />

mon<strong>de</strong> ; il abolit le temps et l’espace<br />

il peut enfermer l’éternité dans une<br />

heure ou étendre une heure jusqu’à<br />

l’éternité. »<br />

12


La cérémonie théâtrale<br />

En partant du manifeste <strong>de</strong> Jacques<br />

Copeau lu par Louis Jouvet ainsi<br />

que <strong>de</strong> l’affiche qui s’élèvent contre<br />

un théâtre facile, complaisant,<br />

mercantile et <strong>de</strong> basse qualité, on<br />

invitera les élèves à se documenter<br />

sur ce moment important <strong>de</strong> l’histoire<br />

du théâtre français où Louis<br />

Jouvet (à l’initiative du projet),<br />

Gaston Baty, Charles Dullin et<br />

Georges Pitoëff, quatre metteurs en<br />

scène, vont fon<strong>de</strong>r Le Cartel, le<br />

6 juillet 1927 : cette association est<br />

« basée sur l’estime professionnelle<br />

et le respect réciproque qu’ils ont<br />

les uns pour les autres ».<br />

On leur conseillera utilement <strong>de</strong> se<br />

reporter aux articles <strong>de</strong> Jacqueline<br />

<strong>de</strong> Jomaron parus dans Le Théâtre<br />

en France : du Moyen Âge à nos jours,<br />

et notamment les chapitres Louis<br />

Jouvet ou l’exigence et Ils étaient<br />

quatre… ainsi qu’à l’ouvrage <strong>de</strong> Jean-<br />

François Dusigne, Le Théâtre d’art :<br />

aventure européenne du XX e siècle<br />

(cf. Ressources documentaires).<br />

Pour Louis Jouvet il n’y a pas <strong>de</strong><br />

théorie ni <strong>de</strong> science du théâtre ;<br />

toutes les formulations que l’on<br />

peut émettre sur lui ne sont que les<br />

résultats d’une pratique. Le théâtre<br />

est une énigme ; aux questions qu’il<br />

Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

Pistes à suivre<br />

pose, les réponses ne peuvent se<br />

constituer en système : « Il n’y a pas<br />

<strong>de</strong> définition du théâtre. Il n’y a pas<br />

d’explication <strong>de</strong> cet acte étrange<br />

qu’est une représentation. »<br />

Mais Louis Jouvet a une haute estime<br />

<strong>de</strong>s valeurs et <strong>de</strong>s fonctions portées<br />

par le théâtre.<br />

Fonction anthropologique<br />

du théâtre<br />

On partira <strong>de</strong> cette citation extraite<br />

<strong>de</strong> Molière à Giraudoux chapitre<br />

inclus dans Témoignages sur le<br />

théâtre. Commentant un passage <strong>de</strong><br />

L’Échange <strong>de</strong> Paul Clau<strong>de</strong>l, dans<br />

lequel ce <strong>de</strong>rnier décrit l’étrange<br />

cérémonie <strong>de</strong> l’acte théâtral et <strong>de</strong> ce<br />

que vient y chercher le spectateur,<br />

Jouvet pointe cette idée que l’homme<br />

va au théâtre non pas simplement<br />

pour contempler son reflet mais tout<br />

autant pour éprouver un trouble<br />

<strong>de</strong>vant le vertige d’une effigie :<br />

«– par un étrange goût dont on n’a<br />

pas encore trouvé et dont on ne trouvera<br />

sans doute jamais toutes les<br />

raisons – dans ce refuge, dans ce faux<br />

paradis, dans ce lieu que <strong>de</strong>s métamorphoses<br />

dérisoires, <strong>de</strong>s supercheries<br />

puériles, une magie enfantine<br />

ren<strong>de</strong>nt le plus vain, le plus fallacieux,<br />

le plus inutile <strong>de</strong> tous les lieux<br />

humains, mais où l’homme apporte<br />

13


Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

cependant ce qu’il y a <strong>de</strong> plus pur, <strong>de</strong><br />

plus désintéressé, <strong>de</strong> plus sincère au<br />

moment où il y pénètre… “L’homme<br />

se regar<strong>de</strong> lui-même… L’homme<br />

vient au théâtre pour se contempler à<br />

travers ses semblables, pour se refléter<br />

dans l’acteur qui est sur la scène…<br />

Il <strong>de</strong>vient son propre miroir… Il croit<br />

qu’il se voit.” Il vit <strong>de</strong> cette autre<br />

présence, <strong>de</strong> cette vision. Ce n’est<br />

qu’un vertige. En fait, on peut dire<br />

aussi bien qu’il cesse d’exister. »<br />

En écho, il serait intéressant <strong>de</strong><br />

relever dans les interviews <strong>de</strong>s comédiens,<br />

et notamment ceux <strong>de</strong> Juliette<br />

Binoche, les résonances avec cette<br />

vision du théâtre.<br />

Fonction culturelle,<br />

sociale et historique du théâtre<br />

On mettra l’accent sur :<br />

– Cette citation <strong>de</strong> Jouvet: «À chaque<br />

époque les faits et gestes <strong>de</strong> l’humanité<br />

se traduisent par les faits et<br />

gestes du théâtre. Le théâtre est le<br />

miroir du mon<strong>de</strong>. »<br />

– L’analyse dramaturgique <strong>de</strong> L’École<br />

<strong>de</strong>s <strong>femmes</strong> proposée par Robin<br />

Renucci et comment le théâtre en<br />

portant sur scène un mon<strong>de</strong> violent<br />

où les valeurs fondatrices <strong>de</strong> l’humanité<br />

se trouvent comme inversées<br />

(pédophilie, cocuage, enfermement<br />

<strong>de</strong>s <strong>femmes</strong>, maintien dans l’ignorance…)<br />

permet sous une forme<br />

comique ou tragique « d’être “l’exutoire”<br />

<strong>de</strong> tous les grands thèmes <strong>de</strong><br />

14<br />

l’humanité pour éviter son chaos ».<br />

– La reprise <strong>de</strong> la mise en scène <strong>de</strong><br />

L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong> par Jacques<br />

Lassalle dans le décor initial proposé<br />

par Louis Jouvet et réalisé par<br />

Christian Bérard : « Il ne s’agit pas<br />

d’emboîter les pas <strong>de</strong> Louis Jouvet<br />

mais <strong>de</strong> revisiter cette pièce et <strong>de</strong><br />

découvrir sa résonance au présent. »<br />

Fonction spirituelle<br />

et quasi mystique du théâtre<br />

«Pour moi, le théâtre est chose spirituelle<br />

; un culte <strong>de</strong> l’esprit ou <strong>de</strong>s<br />

esprits. »<br />

Il faut promouvoir un théâtre d’art :<br />

– Lutter contre un théâtre dévoyé ou<br />

abâtardi.<br />

– Le théâtre est investi d’une<br />

mission, ses gestes prennent une<br />

ampleur <strong>de</strong> symbole et sa fonction<br />

une mystique.<br />

On se reportera au commentaire <strong>de</strong><br />

Laurent Terzieff sur la face cachée<br />

du théâtre : «De même que l’homme<br />

est le moyen par lequel les choses<br />

du mon<strong>de</strong> se manifestent à travers<br />

sa conscience, <strong>de</strong> même le théâtre<br />

peut être un outil donné à l’homme<br />

pour aller au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> sa perception<br />

du mon<strong>de</strong> et le faire visionnaire <strong>de</strong> sa<br />

conception humaine. » Ces propos<br />

font écho à l’interrogation <strong>de</strong> Jouvet :<br />

« Le théâtre est une <strong>de</strong> ses ruches où<br />

l’on transforme le miel du visible<br />

pour en faire <strong>de</strong> l’invisible. »<br />

Interrogations sur le théâtre.


– Restaurer la convention théâtrale.<br />

Dans Réflexions du comédien,Jouvet<br />

fait un véritable réquisitoire contre le<br />

théâtre réaliste, voire naturaliste,<br />

contre un théâtre « tranche <strong>de</strong> vie ».<br />

Il dénonce l’amoindrissement du<br />

spirituel, la mort <strong>de</strong> l’imagination et<br />

du merveilleux, l’avilissement et la<br />

vulgarité du langage : « Abandonnée<br />

par la poésie, dépouillée <strong>de</strong> sa magie,<br />

cette merveilleuse convention théâtrale<br />

que nous avaient léguée les classiques<br />

semble à jamais perdue et son<br />

caractère spirituel est remplacé par<br />

une convention nouvelle… l’invention<br />

du “quatrième mur” ;Il s’agit<br />

donc <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> “retourner”à la<br />

vraie tradition du théâtre : si le<br />

théâtre d’aujourd’hui tend vers<br />

quelque chose, c’est vers une vie où<br />

le spirituel paraît avoir reconquis ses<br />

droits sur le matériel, le verbe sur le<br />

jeu, le texte sur le spectacle. »<br />

Il s’agit <strong>de</strong> regagner l’intimité avec<br />

le public, lutter contre la débauche<br />

<strong>de</strong>s décors ou <strong>de</strong>s scènes majestueusement<br />

machinées et truquées.<br />

Il s’agit d’en revenir à un plateau<br />

épuré, à un décor cherchant au plus<br />

juste à manifester « l’état d’esprit »<br />

<strong>de</strong> la pièce.<br />

On cherchera à saisir comment à<br />

partir <strong>de</strong>s photos <strong>de</strong>s décors et <strong>de</strong>s<br />

costumes <strong>de</strong> L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong> et<br />

<strong>de</strong> Dom Juan Jouvet entendait reconquérir<br />

cette intimité théâtrale avec<br />

le public.<br />

Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

Primat du texte<br />

« L’art <strong>de</strong> plaire au théâtre, c’est l’art<br />

d’écrire <strong>de</strong>s pièces, c’est ensuite et<br />

bien en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> ce sommet, l’art<br />

<strong>de</strong> les monter et <strong>de</strong> les jouer. »<br />

Si Jouvet débute avec les auteurs <strong>de</strong><br />

son époque, Jules Romains, Marcel<br />

Achard, Bernard Zimmer, Jean<br />

Sarment, Jean Cocteau, c’est dès 1928<br />

avec le théâtre <strong>de</strong> Jean Giraudoux<br />

(Siegfried, Intermezzo, Amphytrion<br />

38, La guerre <strong>de</strong> Troie n’aura pas lieu,<br />

Électre, L’Impromptu <strong>de</strong> Paris,<br />

Ondine, Tessa, La Folle <strong>de</strong> Chaillot…)<br />

qu’il se sentira le plus proche et en<br />

forte intimité dramatique. Après la<br />

mort <strong>de</strong> l’écrivain en 1944, troublé<br />

et désemparé – s’il s’intéresse<br />

toujours aux auteurs contemporains<br />

avec Les Bonnes <strong>de</strong> Jean Genet, Le<br />

Diable et le Bon Dieu <strong>de</strong> Jean-Paul<br />

Sartre, L’Annonce faite à Marie <strong>de</strong><br />

Paul Clau<strong>de</strong>l – Jouvet reviendra à<br />

Molière (dont il avait déjà monté<br />

L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong> dès 1936) avec<br />

Tartuffe et Dom Juan. Il a le sentiment<br />

que <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> tels chefsd’œuvre<br />

la seule attitu<strong>de</strong> possible<br />

est celle <strong>de</strong> l’effacement <strong>de</strong> soi, <strong>de</strong> la<br />

mo<strong>de</strong>stie, du travail inlassable et<br />

soumis.<br />

On conseillera <strong>de</strong> faire lire aux élèves<br />

certains passages <strong>de</strong>s ouvrages <strong>de</strong><br />

Louis Jouvet : Molière et la comédie<br />

classique et les chapitres Pourquoi<br />

j’ai monté Dom Juan et Pourquoi j’ai<br />

monté Tartuffe dans Témoignages<br />

15


Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

sur le théâtre (cf. Ressources documentaires).<br />

On ne pourra que conseiller également<br />

la lecture d’Ondine <strong>de</strong> Jean<br />

Giraudoux, pièce considérée comme<br />

l’une <strong>de</strong>s œuvres supérieures du<br />

poète par le philosophe Gabriel<br />

Marcel ainsi que l’excellente notice<br />

sur le texte et sa création par Jouvet,<br />

établie par Colette Weill avec la collaboration<br />

<strong>de</strong> Marthe Herlin-Besson :<br />

Théâtre complet <strong>de</strong> Jean Giraudoux,<br />

Gallimard, coll. « Bibliothèque <strong>de</strong> la<br />

Pléia<strong>de</strong> ».<br />

Le métier <strong>de</strong> comédien<br />

et <strong>de</strong> directeur d’acteur<br />

On s’appuiera sur les citations <strong>de</strong><br />

Louis Jouvet et les témoignages <strong>de</strong>s<br />

comédiens présents dans l’émission<br />

et on incitera, en prolongement, à<br />

lire les écrits <strong>de</strong> Jouvet, notamment<br />

le recueil Le Comédien désincarné<br />

mais aussi Molière et la comédie classique<br />

ainsi que Le Paradoxe sur le<br />

comédien <strong>de</strong> Denis Di<strong>de</strong>rot.<br />

« En sympathisant avec ce personnage<br />

qui est <strong>de</strong>vant lui dont il<br />

éprouve à l’unisson les sentiments<br />

et les sensations, il se dépossè<strong>de</strong><br />

lentement <strong>de</strong> lui-même. Ainsi, c’est<br />

en perdant conscience et la maîtrise<br />

<strong>de</strong> lui-même qu’il a le sentiment<br />

d’exister. »<br />

« Est-ce que je n’existe que lorsque<br />

je suis cet autre qui n’est pas moi et<br />

16<br />

<strong>de</strong> combien d’heure par jour est faite<br />

ce sommeil ou cette absence. Quelle<br />

est la part <strong>de</strong> ma vie qui est vraie et<br />

réelle et la part où je rêve. Le théâtre<br />

serait-il comme le rêve ou comme<br />

l’espérance, le sommeil <strong>de</strong> ceux qui<br />

sont éveillés. »<br />

Louis Jouvet a toujours eu le sentiment<br />

que le métier <strong>de</strong> comédien était<br />

réfractaire à l’analyse ; néanmoins<br />

il passera toute sa vie à poursuivre<br />

une quête acharnée sur ce métier<br />

très étonnant.<br />

Possession-dépossession <strong>de</strong> soi,<br />

dédoublement-disponiblité<br />

Di<strong>de</strong>rot avait déjà pointé l’inévitable<br />

et paradoxal dédoublement propre<br />

au métier du comédien : « S’il est lui<br />

quand il joue, comment cessera-t-il<br />

d’être lui ? S’il veut cesser d’être lui,<br />

comment saisira-t-il le point juste<br />

qu’il faut qu’il se place et s’arrête ? »<br />

Mais Jouvet se méfie <strong>de</strong> toute systématisation,<br />

à la notion <strong>de</strong> dédoublement<br />

il préfère celle <strong>de</strong> disponibilité<br />

du comédien, <strong>de</strong> la personnalité du<br />

comédien à l’intérieur du jeu, dans<br />

l’exécution d’un rôle.<br />

Il faut évi<strong>de</strong>mment avoir un goût<br />

pour la métamorphose, ne plus avoir<br />

une vie mais <strong>de</strong>s vies multiples, se<br />

composer chaque jour une individualité<br />

nouvelle, satisfaire un besoin<br />

permanent d’évasion et d’incarnation.<br />

De ce point <strong>de</strong> vue Jouvet avait<br />

établi une distinction profession


nelle entre acteur et comédien :<br />

« L’acteur ne peut jouer que certains<br />

rôles ; il déforme les autres selon sa<br />

personnalité. Le comédien lui, peut<br />

jouer tous les rôles. L’acteur habite<br />

un personnage, le comédien est<br />

habité par lui. » Réflexions du comédien,<br />

1938. Il s’agit donc pour le<br />

comédien <strong>de</strong> se désincarner <strong>de</strong> soimême<br />

pour approcher par travail et<br />

discipline, imagination vive et sensibilité,<br />

une présentation du personnage<br />

et témoigner pour lui auprès<br />

du public.<br />

Dans son Propos sur le comédien,<br />

Témoignages sur le théâtre,Jouvet<br />

avait pointé trois phases par<br />

lesquelles passe le comédien :<br />

– La phase <strong>de</strong> la vocation, <strong>de</strong> la<br />

sincérité ;l’illusion d’être autre<br />

qui trouble sa personnalité et son<br />

existence.<br />

– La phase du désillusionnement :<br />

lorsque le comédien commence à<br />

se rendre compte que la possession<br />

du personnage est illusoire, il<br />

découvre alors la simulation,<br />

la convention théâtrale et les<br />

contraintes, ce que Di<strong>de</strong>rot reconnaissait<br />

déjà : les personnages sont<br />

« <strong>de</strong>s fantômes imaginaires <strong>de</strong> la<br />

poésie : ce sont <strong>de</strong>s spectres <strong>de</strong> la<br />

façon particulière <strong>de</strong> tel ou tel<br />

poète… ils y sont <strong>de</strong> convention ».<br />

La vérité du théâtre n’est pas une<br />

vérité réelle, le spectateur et l’acteur<br />

le savent tous les <strong>de</strong>ux.<br />

Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

– La phase intuitive rarement<br />

atteinte, celle où la sensibilité du<br />

comédien s’égale au sentiment :<br />

« Blotti, logé dans l’œuvre, l’acteur<br />

vit au sein <strong>de</strong> cette œuvre une<br />

histoire qui s’accomplit avec lui. Il<br />

comprend que la création du poète<br />

dramatique est un état intérieur, une<br />

sympathie révélatrice… ceci ne peut<br />

s’accomplir par la pensée, mais<br />

seulement par un état sensible, une<br />

pratique secrète du texte par quoi le<br />

personnage est délivré… Jusqu’ici<br />

l’acteur avait voulu jouer pour être<br />

autre ou plus que lui-même. Il joue<br />

maintenant pour être mieux. »<br />

Propos sur le comédien.<br />

Ces considérations sont à l’œuvre<br />

dans les cours que Jouvet a donnés<br />

au Conservatoire national d’art<br />

dramatique <strong>de</strong> novembre 1939 à<br />

décembre 1940, et consignés notamment<br />

dans les <strong>de</strong>ux ouvrages cités<br />

ci-<strong>de</strong>ssus.<br />

On invitera les élèves à poursuivre<br />

la thématique du personnage et à<br />

l’abor<strong>de</strong>r à partir <strong>de</strong>s conseils et indications<br />

que Louis Jouvet proposait<br />

dans ses cours.<br />

Le personnage <strong>de</strong> théâtre<br />

« On ne sera jamais Alceste – Alceste<br />

est un personnage qui existe avant<br />

nous, et qui existera après nous. »<br />

« Le personnage classique est quelqu’un<br />

qui existe beaucoup plus que<br />

nous. »<br />

17


Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

Le personnage <strong>de</strong> théâtre est donc<br />

un au-<strong>de</strong>là.<br />

Pour l’approcher, il ne faut pas venir<br />

avec une conception, une intention<br />

<strong>de</strong> jouer ou une prétention toute<br />

faite. Il faut partir à l’encontre <strong>de</strong><br />

certaines idées reçues, ne pas partir<br />

d’une rationalisation a priori,ne pas<br />

vouloir imposer un sentiment préalable,<br />

le travail du comédien procè<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la sensation jusqu’au moment où<br />

le sentiment juste apparaît.<br />

Le théâtre est d’abord un exercice<br />

<strong>de</strong> diction qui est équivalent au<br />

pétrissage. « Jouer une scène c’est<br />

d’abord la dire. » Jouvet est très<br />

sensible à ce côté artisanal du<br />

travail : « En le disant simplement<br />

dans la clarté <strong>de</strong> la diction tu te<br />

sentiras atteint par ce qu’il y a à l’intérieur<br />

du texte. »<br />

En même temps, il s’agit <strong>de</strong> jouer<br />

l’enjeu <strong>de</strong>s situations dramatiques,<br />

chercher l’état, l’humeur dans<br />

lequel le personnage peut se trouver<br />

et quelle action il se propose d’accomplir.<br />

Enfin le comédien doit être en<br />

constante écoute <strong>de</strong> soi-même, <strong>de</strong><br />

son personnage mais aussi celui <strong>de</strong>s<br />

autres, et du public.<br />

Homme <strong>de</strong> tous<br />

les métiers du théâtre<br />

« Pour parler du théâtre, il faut<br />

commencer par parler <strong>de</strong> la machi-<br />

18<br />

nerie. » Témoignages sur le théâtre.<br />

On invitera les élèves à faire le relevé<br />

dans l’émission <strong>de</strong> différentes interventions<br />

qui manifestent le goût <strong>de</strong><br />

Jouvet pour le lieu théâtral et la<br />

diversité <strong>de</strong>s opérations nécessaires<br />

à la préparation <strong>de</strong> la cérémonie<br />

théâtral :<br />

– Rappel <strong>de</strong> son engagement comme<br />

régisseur auprès <strong>de</strong> Jacques Copeau<br />

en 1913 au théâtre du Vieux-<br />

Colombier dont il tiendra le Livre <strong>de</strong><br />

bord.<br />

– Lecture par le comédien Philippe<br />

Torreton d’un extrait du Métier <strong>de</strong><br />

régisseur: «C’est ainsi que j’ai débuté<br />

au théâtre et que j’ai été contraint<br />

d’oublier les préoccupations par trop<br />

intellectuelles dont s’embarrassait<br />

ma vocation première. J’ai été ensuite<br />

successivement et à la fois électricien,<br />

accessoiriste, menuisier, peintre<br />

et puis décorateur. Plus tard j’ai eu<br />

la joie et l’orgueil <strong>de</strong> construire trois<br />

scènes, <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s maçons<br />

et les charpentiers et même l’architecte.<br />

En faisant j’ai appris à jouer la<br />

comédie. »<br />

– Interview <strong>de</strong> Lassalle rappelant<br />

l’intérêt <strong>de</strong> Jouvet pour la régie, l’invention<br />

du concept <strong>de</strong> double décor<br />

pour jouer L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong>.<br />

– Intérêt pour la costumation : les<br />

différents costumes portés par Louis<br />

Jouvet.<br />

– Remarque du machiniste Camille<br />

Demangeat sur les compétences <strong>de</strong>


Jouvet. De ce point <strong>de</strong> vue il serait<br />

intéressant d’organiser une visite<br />

dans un théâtre et <strong>de</strong> s’interroger<br />

sur la complexité <strong>de</strong>s moyens matériels<br />

nécessaires à la préparation <strong>de</strong><br />

la « cérémonie théâtrale ».<br />

– Évocation <strong>de</strong> l’anecdote sur les<br />

basses tensions. On peut rappeler<br />

que Jouvet est à l’initiative <strong>de</strong>s éclairages<br />

tournants qui portent son<br />

nom : les jouvets.<br />

– L’intérêt <strong>de</strong> Louis Jouvet pour les<br />

décors et la scénographie et notamment<br />

l’invention du concept <strong>de</strong><br />

double décor utilisé pour L’École <strong>de</strong>s<br />

<strong>femmes</strong>. En rebond, on pourra inciter<br />

les élèves à lire ou étudier les<br />

réflexions d’un scénographe contemporain,<br />

par exemple Yannis Kokkos<br />

qui écrit : « Dans une œuvre on doit<br />

trouver la géométrie secrète, celle<br />

<strong>de</strong>s sens autant que <strong>de</strong>s déplacements.<br />

» Le Scénographe et le Héron<br />

(cf. Ressources documentaires).<br />

Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

19


Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

20<br />

Biographie <strong>de</strong> Louis Jouvet<br />

L’enfance et l’adolescence<br />

1887. Benjamin <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux autres frères<br />

Edmond et Gustave, Jules Eugène<br />

Louis Jouvet est né à Crozon, dans<br />

le Finistère, le 24 décembre 1887 au<br />

sein d’une famille très catholique.<br />

Limousin par son père qui est<br />

conducteur <strong>de</strong> travaux et Ar<strong>de</strong>nnais<br />

par sa mère, le petit Louis fera <strong>de</strong><br />

longs séjours chez ses grandsparents<br />

maternels qui tiennent une<br />

auberge à Belleville-sur-Bar. Sa<br />

« chère grand-mère » lui raconte<br />

inlassablement « ses contes <strong>de</strong> fées,<br />

ses histoires <strong>de</strong> brigands, ses<br />

légen<strong>de</strong>s ». Il sera élève en alternance<br />

chez les Frères <strong>de</strong>s écoles chrétiennes<br />

et à l’école communale.<br />

1898. Les Jouvet placent leurs trois<br />

fils pensionnaires chez les Lazaristes,<br />

un internat <strong>de</strong> Lyon. Il y restera<br />

quatre ans.<br />

1902. Mort acci<strong>de</strong>ntelle du père sur<br />

un chantier. Leur mère s’installe à<br />

Rethel dans les Ar<strong>de</strong>nnes où l’un <strong>de</strong>s<br />

oncles <strong>de</strong> Jouvet est pharmacien.<br />

Puis elle fera l’acquisition en 1903<br />

d’un dépôt <strong>de</strong> pain et <strong>de</strong> pâtisserie à<br />

Paris près <strong>de</strong> la place Clichy.<br />

Louis <strong>de</strong>vient pensionnaire du<br />

collège Notre-Dame où le chanoine<br />

Morigny, passionné <strong>de</strong> théâtre,<br />

anime la troupe du collège. Louis est<br />

<strong>de</strong>s plus ar<strong>de</strong>nts participants <strong>de</strong> la<br />

troupe. Quand il commence à manifester<br />

son désir <strong>de</strong> faire du théâtre<br />

on lui rétorque que « le théâtre est<br />

un métier honteux ».<br />

Les étu<strong>de</strong>s et les débuts<br />

1905. Bachelier, section mo<strong>de</strong>rne,<br />

lettres et philosophie, Jouvet accepte<br />

d’entreprendre <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s à l’école<br />

<strong>de</strong> pharmacie <strong>de</strong> Paris. Il est amoureux<br />

d’Aline Bordas mais leur liaison<br />

restera platonique.<br />

1907. Il est décidé à ne plus retourner<br />

à Rethel. Il modifiera l’orthographe<br />

<strong>de</strong> son nom en remplaçant le T final<br />

par un Y. Il réussit avec succès son<br />

<strong>de</strong>rnier stage <strong>de</strong> validation <strong>de</strong>s<br />

étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pharmacie. Il est introduit<br />

au Groupe d’action d’art et participe<br />

à leurs spectacles : rôle <strong>de</strong> Danton<br />

dans Charlotte Corday <strong>de</strong> François<br />

Ponsard, <strong>de</strong> Don quichotte dans une<br />

pièce <strong>de</strong> Bernard Marcotte. Il joue à<br />

titre personnel au théâtre municipal<br />

<strong>de</strong> Saint-Dizier le coryphée d’Œdipe-<br />

Roi <strong>de</strong> Sophocle ; Il se présentera et<br />

échouera trois fois au Conservatoire<br />

d’art dramatique. Néanmoins Leloir<br />

qui l’a remarqué,l’admettra dans sa<br />

classe en qualité d’auditeur.<br />

1909. Le Groupe d’action d’art fon<strong>de</strong><br />

le Théâtre d’action d’art dont Jouvet<br />

en assure la direction. À l’exposition<br />

<strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s artistes indépen-


dants, dans le jardin <strong>de</strong>s Tuileries,<br />

une causerie sur les poèmes <strong>de</strong><br />

l’année est faite par Guillaume<br />

Apollinaire : l’un <strong>de</strong>s diseurs s’appelle<br />

Charles Dullin avec lequel<br />

Jouvet nouera <strong>de</strong>s liens fraternels. Il<br />

joue Arnolphe <strong>de</strong> L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong>.<br />

Il est <strong>de</strong>venu l’élève <strong>de</strong> Léon Noël,<br />

disciple <strong>de</strong> Frédéric Lemaître et sera<br />

engagé dans sa troupe.<br />

1910. C’est dans la salle paroissiale<br />

où Jacques Copeau établira le théâtre<br />

du Vieux-Colombier que Jouvet joue<br />

Le Colonel Chabert. Il interprète <strong>de</strong><br />

nombreux rôles et joue les pères<br />

nobles et les grands prêtres, au<br />

Châtelet.<br />

1911. Il se lie avec Else Collin une<br />

jeune Danoise amie <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong><br />

Jacques Copeau ; Il est engagé par<br />

Jacques Rouché au théâtre <strong>de</strong>s Arts<br />

pour jouer le père Zossima dans Les<br />

Frères Karamazov <strong>de</strong> Dostoïevski,<br />

adapté par Jacques Copeau et Jean<br />

Croué. Charles Dullin est l’interprète<br />

<strong>de</strong> Smerdiakov.<br />

1912. Louis et Else se marient au<br />

Danemark. Il achève sa <strong>de</strong>rnière<br />

année <strong>de</strong> pharmacie et obtiendra<br />

son diplôme en 1913. Le<br />

23 décembre, Lugné-Poe crée, à<br />

l’œuvre la première pièce jouée <strong>de</strong><br />

Paul Clau<strong>de</strong>l, L’Annonce faite à<br />

Marie ; Jouvet y tient le rôle <strong>de</strong><br />

l’homme. Il consigne sur un cahier<br />

ses premières notes pour une mise<br />

en scène <strong>de</strong> L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong>.<br />

Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

Régisseur au Vieux-Colombier<br />

1913. Charles Dullin, agissant au<br />

nom <strong>de</strong> Jacques Copeau, lui propose<br />

le poste <strong>de</strong> régisseur au théâtre du<br />

Vieux-Colombier. Le 4 octobre, à<br />

l’Université populaire du faubourg<br />

Saint-Germain, Copeau tient une<br />

conférence : « Un essai <strong>de</strong> rénovation<br />

théâtrale » suivie d’une<br />

« poétique » ; Jouvet dit Solo <strong>de</strong> lune<br />

<strong>de</strong> Jules Laforgue. Il crée la première<br />

du Vieux-Colombier avec Une femme<br />

tuée par la douceur <strong>de</strong> Thomas<br />

Heywood et L’Amour mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong><br />

Molière.<br />

Infirmier pendant la guerre<br />

1914. Rythme créateur trépidant,<br />

entrecoupé par une tournée en<br />

Angleterre avec Barberine <strong>de</strong> Musset,<br />

Le Pain <strong>de</strong> ménage <strong>de</strong> Jules Renard et<br />

La Jalousie du Barbouillé <strong>de</strong> Molière.<br />

Le 3 août, l’Allemagne déclare la<br />

guerre à la France. Jouvet s’engage<br />

comme infirmier; il continuera d’entretenir<br />

une correspondance avec<br />

Copeau. Else mettra au mon<strong>de</strong> une<br />

fille Anne-Marie, le 3 octobre.<br />

La tournée du Vieux-Colombier<br />

à New York<br />

1917. Copeau part pour New York<br />

sur proposition du ministère <strong>de</strong>s<br />

Beaux-Arts. Mala<strong>de</strong>, déclaré inapte,<br />

Jouvet est envoyé pendant trois mois<br />

à Saint-Cyr. Il a repris le T <strong>de</strong> son<br />

nom, étudie <strong>de</strong>s propositions <strong>de</strong><br />

21


Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

transformations scéniques du<br />

théâtre, Le Garrick Theater. Un<br />

garçon naît chez les Jouvet : Jean-<br />

Paul.<br />

Le 12 novembre Jouvet arrive à New<br />

York. Le 27 novembre, le public newyorkais<br />

découvre un théâtre rénové<br />

pour Les Fourberies <strong>de</strong> Scapin précédées<br />

<strong>de</strong> L’Impromptu du Vieux-<br />

Colombier et suivies du Couronnement<br />

<strong>de</strong> Molière. Mais le succès<br />

escompté n’arrive pas.<br />

Copeau opère <strong>de</strong>s changements au<br />

répertoire qui ne plaisent guère ni à<br />

Jouvet ni à Dullin. Les relations se<br />

ten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> plus en plus entre Copeau<br />

et Jouvet.<br />

Jouvet aura tenu une vingtaine <strong>de</strong><br />

rôles, affermi son talent <strong>de</strong> comédien<br />

et approfondi ses recherches<br />

scéniques : mise au point et fabrication<br />

du mo<strong>de</strong> d’éclairage tournant,<br />

les jouvets.<br />

1920. Réouverture du Vieux-<br />

Colombier où Jouvet, qui secon<strong>de</strong><br />

toujours Copeau, crée et <strong>de</strong>ssine les<br />

plans <strong>de</strong>s dispositifs scénique et<br />

d’éclairage, et confectionne la plupart<br />

<strong>de</strong>s décors ; mais la mésentente sur<br />

<strong>de</strong>s questions artistiques s’est<br />

aggravée et Jouvet manifeste le désir<br />

<strong>de</strong> partir.<br />

Directeur <strong>de</strong> scène à la Comédie<br />

<strong>de</strong>s Champs-Élysées<br />

1922. Jouvet est engagé par Jacques<br />

Hébertot à la fois comme directeur<br />

22<br />

<strong>de</strong> scène <strong>de</strong> la Comédie <strong>de</strong>s Champs-<br />

Élysées et comme metteur en scène<br />

avec Georges Pitoëff.<br />

1923. Il met en scène :<br />

– Monsieur Le Trouha<strong>de</strong>c saisi par<br />

la débauche <strong>de</strong> Jules Romains ;<br />

– La Journée <strong>de</strong>s aveux <strong>de</strong> Georges<br />

Duhamel ;<br />

– Knock <strong>de</strong> Jules Romains qui fera<br />

un véritable triomphe ;<br />

– Amédée et les Messieurs du rang <strong>de</strong><br />

Jules Romains.<br />

1924. Voulez-vous jouer avec moâ ?<br />

<strong>de</strong> Marcel Achard est un succès.<br />

En octobre Else met au mon<strong>de</strong> une<br />

fille, Lisa.<br />

Il reprendra trois pièces du Vieux-<br />

Colombier : La Folle Journée,d’Émile<br />

Mazaud, Le Pain <strong>de</strong> Ménage <strong>de</strong> Jules<br />

Renard, Le Testament du père Leleu,<br />

<strong>de</strong> Roger Martin du Gard. Malgré <strong>de</strong><br />

nombreuses créations, Jouvet<br />

éprouve <strong>de</strong>s difficultés à obtenir <strong>de</strong>s<br />

succès et il connaît <strong>de</strong>s difficultés<br />

financières.<br />

1927. Il s’adjoint Léon Chancerel l’un<br />

<strong>de</strong>s «copiaux » et futur pionnier <strong>de</strong> la<br />

décentralisation théâtrale comme<br />

codirecteur. Le 6 juillet, Charles<br />

Dullin, Gaston Baty, Georges Pitoëff<br />

et Louis Jouvet signent à la Comédie<br />

<strong>de</strong>s Champs-Élysées l’acte <strong>de</strong> fondation<br />

du Cartel.<br />

La rencontre avec Jean Giraudoux<br />

Giraudoux présente à Jouvet un<br />

volumineux manuscrit tiré <strong>de</strong> son


oman Siegfried et le Limousin.<br />

L’entente entre les <strong>de</strong>ux hommes est<br />

immédiate.<br />

1928. 29 mars : premières répétitions<br />

<strong>de</strong> Siegfried après élagage d’une<br />

vingtaine <strong>de</strong> personnages secondaires.<br />

La pièce sera jouée du 3 mai<br />

au 27 janvier suivant.<br />

1929. Grand succès <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> la<br />

Lune <strong>de</strong> Marcel Achard, malgré les<br />

relations tendues avec l’acteur principal<br />

Michel Simon.<br />

Giraudoux écrit Amphitryon 38.<br />

Créée le 8 novembre, la pièce est un<br />

triomphe et connaîtra une longue<br />

carrière. Nombreuses créations mais<br />

Jouvet est très affectée par la mort<br />

<strong>de</strong> sa mère et par la rupture avec sa<br />

maîtresse Lisa Duncan. Avant <strong>de</strong><br />

partir pour une tournée européenne,<br />

il monte Donogoo-Tonka <strong>de</strong> Jules<br />

Romains au théâtre Pigalle puis<br />

Judith <strong>de</strong> Giraudoux à son retour à<br />

Paris.<br />

1932. Il fait son entrée au cinéma<br />

dans le Topaze <strong>de</strong> Marcel Pagnol. Il<br />

fait la connaissance d’une jeune<br />

comédienne Ma<strong>de</strong>leine Ozeray avec<br />

laquelle il connaîtra une aventure<br />

théâtrale et amoureuse qui durera<br />

une dizaine d’année.<br />

À Londres, en juillet, il étudie les<br />

croquis d’un dispositif pour L’École<br />

<strong>de</strong>s <strong>femmes</strong>.<br />

1933. Il monte Intermezzo et reprend<br />

Knock dont il réalisera une mise en<br />

film. Le projet <strong>de</strong> L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong><br />

Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

est toujours au travail et il pense<br />

fortement à Ma<strong>de</strong>leine Ozeray pour<br />

le personnage d’Agnès.<br />

1934. Pour La Machine infernale <strong>de</strong><br />

Jean Cocteau, il rencontre le décorateur<br />

Christian Bérard avec lequel il<br />

collaborera jusqu’à la mort <strong>de</strong> ce<br />

<strong>de</strong>rnier, survenue en 1949.<br />

Le théâtre <strong>de</strong> l’Athénée<br />

Les difficultés <strong>de</strong> location <strong>de</strong> la<br />

Comédie <strong>de</strong>s Champs-Élysées le<br />

déterminent à sous-louer à Abel<br />

Deval le théâtre <strong>de</strong> l’Athénée dont il<br />

<strong>de</strong>viendra le seul locataire pendant<br />

la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale.<br />

Le 12 octobre, Jouvet est nommé<br />

professeur au Conservatoire d’art<br />

dramatique.<br />

Deux nouvelles créations <strong>de</strong><br />

Giraudoux, Tessa association <strong>de</strong><br />

Jouvet et <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>leine Ozeray et La<br />

guerre <strong>de</strong> Troie n’aura pas lieu,en<br />

1935. Création cinématographique,<br />

La Kermesse héroïque,avec Jacques<br />

Fey<strong>de</strong>r.<br />

L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong><br />

1936. Le 9 mai, Jouvet réalise la mise<br />

en scène avec les décors et les<br />

costumes <strong>de</strong> Christian Bérard, la<br />

musique <strong>de</strong> Vittorio Rieti et la<br />

machinerie <strong>de</strong> Camille Demangeat ;<br />

Ma<strong>de</strong>leine Ozeray-Agnès, Julien<br />

Berteau-Horace, Jouvet-Arnolphe.<br />

675 représentations en France et<br />

dans le mon<strong>de</strong>. La Scintillante <strong>de</strong><br />

23


Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

Jules Romains est donnée en levée<br />

<strong>de</strong> ri<strong>de</strong>au. Jean Zay, alors ministre<br />

<strong>de</strong> l’Éducation nationale, propose à<br />

Jouvet d’administrer la Comédie-<br />

Française, ce qu’il refusera.<br />

1937. Jouvet prési<strong>de</strong> la Société d’histoire<br />

du théâtre.<br />

Il crée Le Château <strong>de</strong> cartes <strong>de</strong> Stève<br />

Passeur, Électre et L’Impromptu <strong>de</strong><br />

Paris <strong>de</strong> Giraudoux où il joue son<br />

propre personnage.<br />

Au cinéma, il joue dans Ma<strong>de</strong>moiselle<br />

Docteur <strong>de</strong> W. H. Pabst,<br />

Carnet <strong>de</strong> Bal <strong>de</strong> Julien Duvivier,<br />

Ramuntcho <strong>de</strong> Georges Barbéris,<br />

Drôle <strong>de</strong> Drame <strong>de</strong> Marcel Carné,<br />

Alibi <strong>de</strong> Pierre Chenal. À la Comédie-<br />

Française il met en scène un spectacle<br />

composé du Cantique <strong>de</strong>s<br />

Cantiques <strong>de</strong> Giraudoux et Tricolore<br />

<strong>de</strong> Pierre Lestringuez.<br />

1938. Il crée à L’Athénée Le Corsaire<br />

<strong>de</strong> Marcel Achard et joue à nouveau<br />

pour le cinéma : La Marseillaise <strong>de</strong><br />

Jean Renoir, La Maison du Maltais<br />

<strong>de</strong> Pierre Chenal, L’Éducation <strong>de</strong><br />

Prince <strong>de</strong> Marc allégret, La Dame <strong>de</strong><br />

Shangaï <strong>de</strong> Pabst, Hôtel du Nord <strong>de</strong><br />

Marcel Carné et Entrée <strong>de</strong>s Artistes<br />

<strong>de</strong> Marc Allégret.<br />

1939. Création d’Ondine <strong>de</strong><br />

Giraudoux, qui connaîtra un succès<br />

exceptionnel ; décor <strong>de</strong> Tchelichew,<br />

Jouvet-Hans, Ozeray-Ondine,<br />

Romain Bouquet et Raymone les<br />

parents terrestres d’Ondine,Auguste<br />

Boverio, le roi <strong>de</strong>s Ondins, Jean<br />

24<br />

Parédès, le poète et le bourreau ;<br />

musique d’Henri Sauguet. Deux<br />

films : La Fin du jour et La Charrette<br />

fantôme <strong>de</strong> Julien Duvivier.<br />

La Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale<br />

et la tournée en Amérique du Sud<br />

1940. Jouvet ferme l’Athénée le<br />

15 mai et quitte paris, il réalise à<br />

Radio-Marseille <strong>de</strong>s émissions<br />

hebdomadaires. Quand il revient à<br />

paris, il se heurte aux autorités <strong>de</strong><br />

l’occupation. Il jouera malgré tout<br />

dans trois films : Séréna<strong>de</strong> <strong>de</strong> Jean<br />

Boyer, Volpone <strong>de</strong> Maurice Tourneur<br />

et Tel Père, Tel Fils <strong>de</strong> Julien Duvivier.<br />

1941. De janvier à mai il organise<br />

une tournée en Suisse et en France<br />

non occupée <strong>de</strong> L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong> et<br />

Knock.<br />

Jouvet aidé par Marcel Karsenty<br />

parvient à établir les accords pour<br />

une tournée au Brésil. Le 27 mai la<br />

troupe s’embarque à Lisbonne pour<br />

Rio <strong>de</strong> Janeiro. Jouvet emporte un<br />

répertoire <strong>de</strong> plusieurs pièces dont<br />

L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong>, Knock, Monsieur<br />

Le Trouha<strong>de</strong>c saisi par la débauche,<br />

La guerre <strong>de</strong> Troie n’aura pas lieu,<br />

Électre, Ondine, La Jalousie du<br />

Barbouillé, La Coupe enchantée et<br />

La Folle Journée.<br />

Les relations entre Jouvet et<br />

Ma<strong>de</strong>leine Ozeray se ten<strong>de</strong>nt.<br />

1942. Lors <strong>de</strong> la tournée à Buenos<br />

Aires, une partie du matériel est<br />

détruite par un incendie au théâtre


Ateneo. Des <strong>de</strong>ttes s’accumulent. Il<br />

jouera à Santiago du Chili. Jouvet<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M lles Maria et Renée<br />

Carnvaggia <strong>de</strong> traduire La Pratique<br />

pour fabriquer scènes et machines <strong>de</strong><br />

théâtre <strong>de</strong> Nicolas Sabbatini dont il<br />

écrira une préface.<br />

1943. Publications <strong>de</strong>s Réflexions du<br />

Comédien. La troupe fait une tournée<br />

à Callao, port <strong>de</strong> Lima, puis se rend<br />

à Bogota, en Colombie, au Vénézuela,<br />

puis au Mexique en passant par<br />

La Havane, et les Antilles. Pendant<br />

son séjour au Mexique, Jouvet<br />

apprend la mort <strong>de</strong> Giraudoux qui<br />

l’affecte profondément.<br />

1945. 18 février, retour <strong>de</strong> Louis<br />

Jouvet en France. Il crée à l’Athénée<br />

La Folle <strong>de</strong> Chaillot sur une musique<br />

d’Henri Sauguet et <strong>de</strong>s décors <strong>de</strong><br />

Christian Bérard. Une subvention<br />

lui sera accordée par le ministre <strong>de</strong><br />

l’Éducation nationale, René Capitant.<br />

1946. En septembre il joue à Genève<br />

L’Annonce faite à Marie <strong>de</strong> Paul<br />

Clau<strong>de</strong>l et dans <strong>de</strong>ux films : Un revenant<br />

<strong>de</strong> Christian-Jaque et Copie<br />

conforme <strong>de</strong> Jean Dreville.<br />

1947. À l’Athénée il présente Les<br />

Bonnes <strong>de</strong> Jean Genêt. Au festival<br />

d’Édimbourg il représente la France<br />

avec L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong> et Ondine.<br />

Il fait découvrir Dom Juan qu’il<br />

estime être l’œuvre maîtresse <strong>de</strong><br />

Molière : Andrée Clément-Elvire,<br />

Fernand René-Sganarelle, Jouvet-<br />

Dom Juan ; musique d’Henri<br />

Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

Sauguet, décors et costumes <strong>de</strong><br />

Christian Bérard.<br />

1948. Tournée officielle au Caire, puis<br />

à Alexandrie : L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong>,<br />

Dom Juan, Ondine, Knock, L’Apollon<br />

<strong>de</strong> Marsac <strong>de</strong> Jean Giraudoux,<br />

La Folle Journée d’Émile Mazaud,<br />

La Coupe enchantée <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong><br />

La Fontaine et Champmeslé.Puis<br />

tournée en Italie, Pologne, Tchécoslovaquie,<br />

Autriche, Allemagne<br />

avec L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong>.<br />

1949. Films : Entre onze heures et<br />

minuit d’Henri Decoin, Retour à la<br />

vie, Miquette et sa mère <strong>de</strong> Georges<br />

Clouzot, Lady Paname d’Henri<br />

Jeanson.<br />

Reprise d’Ondine et mise en scène<br />

<strong>de</strong>s Fourberies <strong>de</strong> Scapin au théâtre<br />

Marigny. Mort <strong>de</strong> Christian Bérard<br />

terrassé par une crise cardiaque.<br />

Mort <strong>de</strong> Copeau puis <strong>de</strong> Dullin.<br />

1950. Jouvet monte Le Tartuffe dans<br />

les décors et costumes <strong>de</strong> Georges<br />

Braque ; Pierre Renoir-Orgon,<br />

Mélinand-Elmire, Jouvet-Tartuffe.<br />

De mars à juillet : tournée en<br />

Hollan<strong>de</strong>, Belgique, Espagne,<br />

Portugal, Afrique du nord et Suisse<br />

avec L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong> et Knock.<br />

1951. Mars-avril, tournée au Canada<br />

(à Montréal et à Québec) et aux<br />

États-Unis (à Boston et à New York)<br />

avec L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong>.<br />

Le 3 avril à Lanta Theater <strong>de</strong> New<br />

York, i l joue Ar nolphe p our la<br />

<strong>de</strong>rnière fois.<br />

25


Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

De retour à Paris, il met en scène<br />

Le Diable et le Bon Dieu <strong>de</strong> Jean-Paul<br />

Sartre au théâtre Antoine.<br />

En juillet il tourne Histoire d’amour<br />

d’Henri Jeanson.<br />

Le 10 août, à l’Athénée, première<br />

répétition <strong>de</strong> La Puissance et la Gloire<br />

<strong>de</strong> Graham Greene.<br />

Le 14, le Journal officiel publie sa<br />

nomination comme conseiller<br />

auprès <strong>de</strong> la direction générale <strong>de</strong>s<br />

Arts et <strong>de</strong>s Lettres pour les questions<br />

relatives à la décentralisation<br />

dramatique.<br />

Le 15 août, une hémiplégie gauche<br />

se déclare suivie du 15 au 16 par <strong>de</strong>s<br />

complications pulmonaires.<br />

Louis Jouvet meurt dans son bureau,<br />

le 16 août à 20 h 15.<br />

26


Usage pédagogique en relation avec<br />

les programmes<br />

1. Classes enseignement <strong>de</strong> spécialité<br />

:théâtre.<br />

Histoire du théâtre et esthétique :<br />

Louis Jouvet, une <strong>de</strong>s figures du<br />

Cartel. Les métiers du théâtre.<br />

2. 1 re et T le : enseignement général<br />

<strong>de</strong>s lycées.<br />

– Français : le texte et sa représentation.<br />

Liens avec Molière (L’École <strong>de</strong>s<br />

<strong>femmes</strong>, Dom Juan, Tartuffe).<br />

Liens avec Giraudoux (Ondine).<br />

Liens avec Jean Cocteau (La Machine<br />

infernale).<br />

– L’art <strong>de</strong> l’acteur : réflexions anthropologiques<br />

et historiques sur les<br />

fonctions du théâtre.<br />

– Arts : les liens entre le théâtre et<br />

l’invention plastique (L’œuvre <strong>de</strong><br />

Christian Bérard).<br />

3. D’une façon plus générale : une<br />

personnalité <strong>de</strong> référence.<br />

In<strong>de</strong>xation Motbis<br />

Métier : image et son, metteur en<br />

scène, salle <strong>de</strong> spectacle, théâtre.<br />

Ressources documentaires<br />

Œuvres <strong>de</strong> Louis Jouvet<br />

– JOUVET Louis, Réflexions du comédien,<br />

Librairie théâtrale, 1986.<br />

– JOUVET Louis, Écoute mon ami,<br />

Pour en savoir plus<br />

Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

Flammarion, 2001. Illustration<br />

Christian Bérard.<br />

Extraits <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> Louis Jouvet<br />

au Conservatoire <strong>de</strong> 1939 à 1940<br />

– JOUVET Louis, Molière et la comédie<br />

classique,Gallimard,coll.« Pratique<br />

du théâtre », 1986.<br />

– JOUVET Louis, Tragédie classique et<br />

théâtre au XIX e siècle,Gallimard,coll.<br />

« Pratique du théâtre », 1968.<br />

Extraits <strong>de</strong> textes écrits entre 1939<br />

et 1950<br />

– JOUVET Louis, Le Comédien désincarné,<br />

Flammarion, 2002.<br />

Textes <strong>de</strong>stinés par Louis Jouvet à la<br />

Bibliothèque d’Esthétique<br />

– JOUVET Louis, Témoignages sur le<br />

théâtre, Flammarion, 2002.<br />

Biographie <strong>de</strong> Louis Jouvet<br />

– MIGNON Paul-Louis, Louis Jouvet,<br />

Manufacture, 1988.<br />

Ouvrages généraux<br />

– JOMARON Jacqueline <strong>de</strong> (dir.), Le<br />

Théâtre en France : du Moyen Âge à<br />

nos jours,LGF,coll.« La Pochotèque.<br />

Encyclopédies d’aujourd’hui »,<br />

n° 3108, 1993.<br />

– DUSIGNE Jean-François, Le Théâtre<br />

d’art : aventure européenne du<br />

27


Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />

XX e siècle,éditions Théâtrales, 1997.<br />

Notamment la cinquième partie : À<br />

Paris, le défi <strong>de</strong>s Années folles.<br />

Ouvrage spécifique<br />

– Le Scénographe et le Héron,Actes<br />

Sud, coll. « Papiers », 2000.<br />

Vidéo<br />

– Elvire Jouvet 40, <strong>de</strong> Benoît Jacquot<br />

d’après le spectacle <strong>de</strong> Brigitte Jaque,<br />

INA, 1986.<br />

Internet<br />

– www.cndp.fr/college/francais/<br />

theatre/ : Une sélection commentée<br />

<strong>de</strong> documents, <strong>de</strong> lieux, <strong>de</strong> sites pour<br />

ai<strong>de</strong>r enseignants et éducateurs à<br />

faire entrer le « Théâtre au collège ».<br />

28

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