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L'ALGERIE DE LE CORBUSIER LES VOYAGES DE 1931 - EPFL

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<strong>L'ALGERIE</strong> <strong>DE</strong> <strong>LE</strong> <strong>CORBUSIER</strong><br />

<strong>LE</strong>S <strong>VOYAGES</strong> <strong>DE</strong> <strong>1931</strong><br />

THESE No 1077 (1 992)<br />

PRESENTEE AU <strong>DE</strong>PARTEMENT D'ARCHITECTURE<br />

ECO<strong>LE</strong> POLYTECHNIQUE FE<strong>DE</strong>RA<strong>LE</strong> <strong>DE</strong> LAUSANNE<br />

POUR L'OBTENTION DU GRA<strong>DE</strong> <strong>DE</strong> DOCTEUR ES SCIENCES<br />

A<strong>LE</strong>X GERBER<br />

Architecte diplornt2 <strong>EPFL</strong><br />

originaire de Oberlangenegg (BE)<br />

acceptée sur proposition du jury:<br />

Prof. J. Gubler, rapporteur<br />

Prof. P. Mastelan. corapporteur<br />

Dr J.-L. Planche, corapporteur<br />

Prof. A. Ravillard<br />

Lausanne, <strong>EPFL</strong><br />

1993


Remerciements<br />

Le Corbusier, de passage à Berne en 1954, m'avait personnellement souhaité "beaucoup<br />

de succès". Jeune étudiant en architecture, je ne pouvais deviner que je serai, un jour, le<br />

chroniqueur de ses deux premiers voyages en Algérie.<br />

Grâce à l'aide désintéressée de quelques-uns de ses compagnons, celà fut finalement<br />

possible. Par leur conseils bienveillants et l'évocation de leurs souvenirs personnels,<br />

auxquels s'est ajouté la fourniture de documents inédits, ils m'ont aidé à surmonter le<br />

sentiment de mes lacunes et de mes incertitudes. Le résultat, va-t-il satisfaire Jean de<br />

Maisonseul, Jean Petii et Samir Rafi; peuvent-ils admettre que l'on doit essayer de jeter<br />

un regard neutre sur celui qui avait été leur ami?<br />

M'adressant cette fois à l'historien Jean-Louis Planche, de nouveaux doutes<br />

m'envahissent. L'ayant rencontré lorsque ma thèse avait déjà pris sa forme définitive, il<br />

n'était plus possible de tout remettre en cause. Je n'ai, pourtant, pas hésité de profiter<br />

amplement de sa compétence professionnelle et de ses nombreux conseils d'ordre<br />

pratique. Je le remercie du vif intérêt porté à mes recherches empiétant sur le domaine de<br />

l'histoire. II va, peut-être, utiliser ses connaissances pour situer les tribulations algériennes<br />

de Le Corbusier dans le contexte politique d'alors, poursuivant ainsi mon travail; sous une<br />

autre forme.<br />

Le nombre de personnes qui m'ont aidé, est considérable. Je pense d'abord, avec tristesse<br />

et regret, à celles qui ne sont plus et qui ne verront pas le résultat de mon travail. Leur<br />

contribution s'est transformé en un message définitif et amical, alors que j'aurais voulu leur<br />

poser tant de nouvelles quenstions. Ma gratitude va à Louis Bénisti, Hans Brechbühler,<br />

Eugène Claudius-Petii, Léon Claro, Louis Lataillade, Louis Miquel. et Edo Rafnikar.<br />

Comment vouloir différencier l'importance qu'a pu constituer, pour moi l'apport spécifique<br />

de chacun de mes correspondants? Néanmoins, après celles que je viens de citer,<br />

plusieurs personnes méritent, tout particulièrement, de figurer en tête de liste. Ma<br />

reconnaissance va d'abord à l'architecte JeanJacques Deluz qui a bien voulu corriger un<br />

texte comportant beaucoup de germanismes, tout en attirant mon attention sur les<br />

passages critiquables, peut-être même incompréhensibles. Deluz est l'auteur du seul<br />

ouvrage consacré à l'urbanisme et l'architecture d'Alger, ses avis en la matière - comme ce<br />

fut le cas chez Jean-Louis Planche qui connaît particulièrement bien la situation historique<br />

d'alors - sont donc ceux d'une autorité compétente.<br />

Un autre apport extérieur, concernant cette fois la documentation iconographique de ma<br />

thèse, émane de deux sources.<br />

Le professeur M. Delhoum de I'Ecole Polytechnique d'Architecture et d'urbanisme d'Alger à<br />

eu la gentillesse de me transmettre des relevés inédits d'un lot actuel de la Casbah et de<br />

quelques-unes de ses maisons; il sâgit d'un travail effectué par ses élèves au niveau du<br />

diplôme. De tels documents sont rares; celà provient du fait que l'on ne peut pas<br />

photographier et dessiner, à Alger comme ailleurs, sans autorisaton préfectorale.<br />

Au M'Zab, ce type d'activité est encore plus difficile. Les non-musulmans ne peuvent visiter<br />

l'intérieur des mosquées urbaines; pour cette simple raison, les nombreux relevés de<br />

l'architecture vernaculaire - ils ont été l'objet d'un ouvrage mentionné dans la bibliographie<br />

sommaire - ne présentent pas ces édifices occupant le sommet des villes. Comme Le<br />

Corbusier avait apprécié la cour de la mosquée de Ghardaïa - accessible aux touristes à


certaines heures - ce fut pour moi une agréable surprise, lorsque j'ai pu découvrir les<br />

relevés effectués par Yves Bonète avant l'indépendance de I'Algérie. Aussi, a-t-il bien<br />

voulu me permettre la publication de ces plans restés inédits; en effet, l'ouvrage sur le<br />

M'Zab, auquel ils avaient été destinés, n'a pas vu le jour.<br />

II me reste à saluer toutes les personnes qui m'ont écrit et qui m'ont aidé, peut-être même à<br />

leur insu. Les uns ont fait de vastes recherches, les autres se sont contentés de me faire<br />

savoir qu'ils ne pouvaient pas m'aider. Ainsi - me trouvant devant une documentation<br />

accumulée au fil du temps, sans avoir procédé à un classement ordonné - je tiens à<br />

m'excuser auprès de ceux estimant que leur participation n'ait pas été estimée à sa juste<br />

valeur ou - ce qui est pire - dont le nom n'a pas été mentionné.<br />

Ma gratitude s'adresse tout d'abord à ceux qui gèrent ou ont gèré le patrimoine de Le<br />

Corbusier, en particulier à Evelyne Tréhin et Jacques Augarde, mais aussi à Françoise<br />

Frey-Béguin qui a classé toute la documentation corbuséenne de la Bibliothèque de La<br />

Chaux-de-Fonds.<br />

Cette même gratitude, je tiens à I'exprimer face à Léonardo Benevolo, H. Bengana, Tim<br />

Benton, Anne Berthet, Willy Boesiger, Jean-Lucien Bonillo, Jos Bosman, Jean-Michel<br />

Bossu, Mme J. Bnia, Jean Brua, Ertan Çakilar, Mme Paul Cassa, Edmonde Charles-<br />

Roux, André Cosso, Naomi Clapham, William J.R CurCis, ThMse Delmer-Peyrissac, A.<br />

Peyrissac, Philippe Duboy, Francisque Durafour, Jean Durafour, Marc Emery, Bruno<br />

Etiinne, Jean-Pierre Faure, Paule Faugère, Françoise de Franclieu, Claude Gibour,<br />

Jean-Pierre Giordani, Lucien Golvin, Ursula Haberlin, Robert Hansberger, Pierre<br />

Jamge, Renée Keller, Stéphanie Keller, S. Kocheida, Enis Kortan, Anne Léonardon,<br />

José Lenzini, Jacqueline Levi-Valensi, Helene Lichti, J.Fr. Maurel, Mary McLeod,<br />

Marius Michaud, Gérard Monnier, Prof. Dr. Stanislaus von Moos, Jennifer Morfey,<br />

Catherine Peyre, Jean-Marie Pilet, Yves Pleven, Charles Poncet, A. Ravéreau , Michel<br />

Riquelme, Roger et Michèle Roche, Jules Roy, Roland Simounet, Benjamin Stora,<br />

Jean Subrenat, Henriette Trouin-Gibassier, Jacqueline Vauthier-Jeanneret, Marie-<br />

Cécile Vene, Prof. Dr. Adolf-Max Vogt, Verena Woker-Klipstein et Barbara Wright.<br />

Les photos de Manuelle Roche m'ont été d'un grand secours; celles des pages2571258<br />

sont inédites et complètent utilement la documentation au sujet du plan Obus de Le<br />

Corbusier.<br />

Mes remerciements chaleureux vont finalement à celles et à ceux qui se sont chargés<br />

d'écrire au propre ma thèse et d'avoir procédé ensuite à d'inteminables remaniements et<br />

corrections, un travail effectué principalement par Brida Hediger-Gerber, puis par Aneîte<br />

Finberg et Gian Gadiint.


TAB<strong>LE</strong> <strong>DE</strong>S MATIERES<br />

Résumé en français : ...................................................................................... 3<br />

Résumé en anglais : ...................................................................................... 7<br />

Préambule .................................................................................... 11<br />

Chapitre 1<br />

Chapitre 2<br />

Chapitre 3<br />

Chapitre 4<br />

Chapitre 5<br />

Conclusion<br />

IV<br />

: Pourquoi il fallait tout quitter pour aller là-bas ... ......... 23<br />

: Jeanneret 1 Le Corbusier et l'Orient ............................ 33<br />

: Le premier voyage ...................................................... 59<br />

: Le deuxième voyage et<br />

la découverte du M'Zab ........................ .................... 149<br />

Modèles architecturaux,<br />

discussion sur les références<br />

La Casbah d'Alger .................................................... 197<br />

Le M'Zab . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269<br />

Epilogue au sujet d'un "véritable monde",<br />

selon Le Corbusier, "qui se révèle à qui<br />

de droit, ce qui veut dire: à qui le mérite",<br />

ce monde qui fut, peutdtre, son jardin<br />

secret. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 1 7


Notes : ................................................................................. 335<br />

Annexe 1 : Le Palais du Gouvernement Général à Alger ........ 439<br />

Annexe 2 : Calendrier du 1 er voyage ....................................... 443<br />

Annexe 3 : Calendrier du 2e voyage ........................................ 445<br />

Annexe 4 : Bibliographie raisonnée faisant office d'index<br />

des noms de personnes ......................................... 447<br />

Note explicative ...................................................... 447<br />

1 . Ecrits de Le Corbusier: les ouvrages ................. 449<br />

2 . Ecrits de Le Corbusier: les articles ..................... 453<br />

3 . Ouvrages, revues et journaux ayant publiés<br />

des textes de Le Corbusier ................................ 455<br />

4 . Ecrits sur l'Algérie et autres textes ayant un<br />

rapport avec notre thèse .................................... 463<br />

5 . Sources ............................................................ 483<br />

6 . Lettres adressées à l'auteur ............................... 489<br />

Annexe 5 C.V. ....................................................................... 491


<strong>L'ALGERIE</strong> <strong>DE</strong> <strong>LE</strong> <strong>CORBUSIER</strong><br />

<strong>LE</strong>S <strong>VOYAGES</strong> <strong>DE</strong> <strong>1931</strong><br />

R6sumé en français<br />

*Un jour, les relations de Le Corbusier avec l'Afrique du Nord devront être<br />

examinées séparément', écrit Stanislaus von Moos en 1968, un souhait qui<br />

disparaît dans les traductions remaniées de sa biographie. II nous encouragera,<br />

après notre retour d'Algérie, d'essayer de combler cette lacune.<br />

Si comme le dit David Lowenthal avec perspicacité, 'The Past is a Foreign<br />

Country", cette tâche d'historiographe est doublement difficile. Elle n'aurait pas pu<br />

être menée à bien sans le concours de personnes ayant reçu Le Corbusier à<br />

Alger; nous pensons, en particulier, à Jean de Maisonseul, ce peintre dont les<br />

expositions en France et ailleurs témoignent de son choix, celui de peindre plutôt<br />

que de vouloir rédiger des souvenirs personnels particulièrement riches.<br />

Au premier et au deuxieme cha~itre nous faisons un vaste retour en arrière,<br />

remontant dans la vie de Le Corbusier jusqu'à son enfance, et nous essayons<br />

ensuite de comprendre le pourquoi d'une affinité éléctive avec l'orient, celle que<br />

l'on rencontre chez de nombreux peintres de sa génération.<br />

Le Corbusier avait écrit, à l'époque de 'L'Esprit Nouveau', que la peinture était l'art<br />

le plus important. Une correspondance continue avec le peintre égyptien Samir<br />

Rafi, avec lequel il s'était entretenu à plusieurs reprises - en particulier au sujet du<br />

Purisme - nous a permis d'apprendre des détails importants sur les relations du<br />

célébre architecte avec le monde arabo-islamique; pour lui une source d'inspiration<br />

continue.<br />

Au troisième cha~itre nous suivons les pas de Le Corbusier lors de sa découverte<br />

de la Casbah d'Alger. Son séjour à Mustapha-Supérieur nous rappelle que<br />

d'autres illustres Européens l'avaient précédé; nous pensons, surtout, à Eugène<br />

Fromentin (1820-1876), ce témoin lucide et sensible observant un pays qui vient<br />

de subir la conquête coloniale.<br />

Le Corbusier donne deux conférences abordant lors de la seconde le problème<br />

spécifique que pose la ville à Alger. Si nous nous référons aux deux quotidiens<br />

principaux, alors politiquement assez proches du centre, leurs articles font preuve<br />

d'une curiosité amusée, mais critique. Les comptes-rendus les plus détaillés<br />

paraîtront dans 'Chantiers nord-africains', une revue du bâtiment qui sera dirigée,<br />

plus tard, par Camille Lopez, 'éditeur connu pour ses opinions communistes qu'il<br />

ne manifeste pas ouvertement" selon la police. II faut encore ajouter un fait


important, l'accueil favorable de la jeunesse estudiantine, qui d'ailleurs, ne se<br />

démentira pas, ainsi que celui d'une intelligentsia libérale et internationaliste.<br />

Le Corbusier tiendra sa promesse, celle de proposer des solutions urbanistiques.<br />

Lorsqu'il exposera ses projets pour Alger, deux ans plus tard, et ceci dans le cadre<br />

d'une exposition d'architecture et d'urbanisme, la réaction du grand public, face au<br />

plan Obus, sera celle de l'indifférence.<br />

Au auatrième cha~itre nous refaisons avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret le<br />

fameux voyage en voiture à travers l'Espagne, le Maroc et l'Algérie, ce voyage qui<br />

a été appelé 'un secondo viaggio d'Orientem. Ils découvrent, au M'Zab, à 650 km<br />

au sud d'Alger, ce qu'ils appellent 'une véritable civilisation, vieille de mille ans'.<br />

Au cinauième chaoitre nous quittons le domaine de l'histoire pour aborder celui de<br />

I'architecture; il s'agit d'ouvrir une discussion sur l'influence qu'a pu exercer sur Le<br />

Corbusier la fascination ressentie lors de ses visites de la Casbah et, surtout,<br />

après avoir vu les formes éblouissantes de I'architecture des hommes du désert.<br />

Nous commençons par évoquer la médina d'Alger où le patio de la maison-type<br />

est un élément reconnu de l'appartement de luxe du plan Obus, celui du Redent<br />

de Fort-I'Empéreur. Nous avons superposé ce plan au fond de plan utilisé en<br />

<strong>1931</strong>. On constate ainsi ce que l'on savait déjà: seule la version 'A' respecte le<br />

maintien du périmètre de la Casbah, toutefois en courant le risque de ne pas<br />

pouvoir prévoir I'influence qu'elle aurait exercé à la longue sur la ville ancienne. Le<br />

Corbusier ne tient pas à maintenir la plus belle place d'Alger, celle qui s'appelle,<br />

aujourd'hui, la 'Place des Martyrs'. Quant aux palais et mosquées de la Basse-<br />

Casbah et du quartier de la Marine, ils sont préservés comme des bibelots<br />

précieux rangés dans une vitrine. En effet, ils sont maintenus dans un<br />

environnement artificiel, composé d'espaces verts implantés sur le terrain naturel:<br />

ils deviennent la mémoire ou - selon la formule utilisée par Pierre Sady - 'le passé<br />

à réaction poétique'.<br />

Lorsque Le Corbusier ira trouver Edouard Trouin pour discuter avec lui au sujet de<br />

la forme qu'il fallait donner aux futurs logements des pélerins visitant la Ste.<br />

Baume, ils se souviendront tous les deux de la Casbah d'Alger. Elle fut alors<br />

considérée comme un modèle, au même titre que Venise. Dans un texte publié<br />

par Trouin dans la presse locale, les deux variantes proposées seront donc<br />

appelées, soit 'La Casbah', soit 'Venise'. Cette cité ne se réalisera pas, mais son<br />

projet inspirera de nombreux architectes.<br />

En ce qui concerne le M'Zab, toujours au sujet de la question de savoir si son<br />

architecture a servi de modèle, Le Corbusier s'est gardé de se prononcer. II se<br />

contentera de publier le récit de ses voyages ou fera la comparaison entre<br />

I'architecture des soi-disant 'Barbares' et celle des Européens, si désatreuse<br />

selon-lui.<br />

Nous nous sommes contentés de décrire ses croquis faits sur place, en particulier<br />

celui qui représente la cour de la mosquée de Ghardaïa, encore aujourd'hui la<br />

seule mosquée urbaine accessible aux non-musulmans. II subsiste un relevé de


l'état primitif de la mosquée, inédit d'Yves Bonète, qui a bien voulu nous en<br />

autoriser la publication.<br />

II s'agissait pour Le Corbusier, lors de ses projets de l'après-guerre, de vouloir<br />

retrouver ce qu'il a alors appelé 'architecture éternelle de la Méditerranée'; il dira,<br />

au sujet de la chapelle de Ronchamp, qu'elle lui avait permis le retour aux origines.<br />

Quelques illustrations, jointes au texte, permettent aux lecteurs de cette thèse de<br />

se faire une opinion au sujet de ce que I'on pourrait appeler une citation, au sens<br />

littéraire, de I'architecture du M'Zab.<br />

Le Corbusier avait tenu à ce que I'on organise un congrès des ClAM à Alger,<br />

d'abord en 1933, puis dans les années cinquante. La guerre de libération a<br />

probablement anéanti cette seconde tentaive. Selon lui, elle aurait été une<br />

occasion permettant aux participants de visiter "Ghardaïa et son oasis" et,<br />

évidemment, la Casbah.<br />

Beaucoup d'indices prouvent, en effet, l'attachement de Le Corbusier à l'Algérie.<br />

On peut supposer que ce pays a été son jardin secret. Au mois de juillet 1965, au<br />

moment où il sera occupé à relire ses textes qui seront publiés à titre posthume - il<br />

s'agit de son "Voyage d'Orientm - Le Corbusier fit appeler Manuelle Roche qui avait<br />

déposé chez lui son dossier de photos du M'Zab. Elle pouvait ainsi observer un<br />

homme qui lui semblait usé et fatigué. Comme d'habitude, quand on lui montrait<br />

quelque chose, il parlait peu; finalement, son attention fut accaparée par des vues<br />

intérieures de la mosquée d1Ammi Said et elle l'entendait s'écrier: 'C'est<br />

admirable'. Grâce à ses photos - elles seront publiées - on s'imagine mieux ce<br />

qu'il a pu voir là-bas et elles nous font regretter la démolition de plusieurs<br />

bâtiments et ponts dont les origines datent de plusieurs siécles, vaincus par le<br />

monde soi-disant moderne.<br />

Jean de Maisonseul - nous l'avons évoqué au début - de par sa formation<br />

d'architecte et d'urbaniste, a bien voulu nous communiquer ce que, d'après-lui,<br />

l'Algérie a pu apporter à Le Corbusier; ce témoignage, venant de la part de celui<br />

qui a été son guide dans la médina d'Alger, avant de devenir son ami, ce<br />

témoignage nous sert de conclusion:<br />

"II me parait que la synthèse de l'aventure de Le Corbusier en Algérie est d'y avoir<br />

retrouvé la plastique de la Méditerranée découverte dans son périple de jeunesse,<br />

la retrouvant dans l'échelle humaine de ses architectures. II se libéra du Purisme<br />

en dessinant les corps nus des filles dans les mêmes maisons qu'il mesurait. Une<br />

lente maturation le conduisit ainsi de I'architecture moderne de structures<br />

transparentes à une plastique pleine, classique, du volume sous la lumière ..."


THE ALGERIA OF <strong>LE</strong> <strong>CORBUSIER</strong><br />

THE JOURNEYS IN THE YEAR <strong>1931</strong><br />

Summary of contents in English<br />

'Some day, the traffic of ideas between North Africa and Le Corbusier should form<br />

the subject of a separate study".<br />

Quote from 'Le Corbusier - Elemente einer Synthese' by Stanislaus von Moos.<br />

Frauenfeld. Verlag Huber, 1968.<br />

Cha~ter 1<br />

The motivations behind a young man's ovenvhelming desire to visit the Orient are<br />

presented. In Le Corbusier's case, it was the idea of the "Grand Tour' which at that<br />

time was a normal way of completing one's education, and this long journey brought<br />

him to a fundamental conclusion: In Architecture, everything has continually to be<br />

started afresh. And this belief opened a door which led Le Corbusier to become "The<br />

Architect of the Century" (title of an exhibition of his work in London 1987).<br />

Chaoter 2<br />

The demonstable empathy between Le Corbusier and the Orient was already<br />

apparent in the early years at La Chaux-de-Fonds. This was later to be of great<br />

influence on the part taken by his education and development.<br />

The most important facts of his voyages of discovery of the Orient are as follows:<br />

191 1 : Bulgarie, Turkey and Greece<br />

<strong>1931</strong> : Morocco and above al1 Algeria<br />

1951 : India, in particular the Pundjab<br />

Chader 3 and 4<br />

Le Corbusier's first joumeys to North Africa left the strongest impressions. In spring<br />

<strong>1931</strong>, he visited Algiers, both the modern city and the old part of the town, the<br />

famous Casbah. He gave two lectures. In the following summer, he visited the oasis<br />

in the valley of M'Zab. For the already famous architect, the meeting with a 1000<br />

year old civilisation became the highlight of the so called "Second Journey to the<br />

Orient' (Francesco Tentori).<br />

60th these chapters describe historical events. The problem with this is summed up<br />

by David Lowenthal's metaphor "The past is a foreign Country". Thus the author's<br />

task is doubly difficult, since the past, already a foreign country metaphorally<br />

speaking, is to be described in one that is so literally aswell. However, the French<br />

Louis Miquel, Edmond Charlot and Jean de Maisonseul, who have lived in Algeria,<br />

were friends of Le Corbusier and thus able to provide useful insights, for which the<br />

author is grateful.


Le Corbusier's view of Algeria from the inside with, - his "Eyes that see', - was<br />

greatly helped by his knowledge of lslamic culture. If one overlays the impressions of<br />

earlier travellers with those of Le Corbusier and also of his successors, a rough<br />

outline of contours emerges, which can provide a farely accurate picture of his true<br />

relationship with that country. This country, for which he elaborated many major<br />

projects - unfortunately never built, - yet gave him much.<br />

Cha~ter 5<br />

The main subject in the last part of the thesis is Le Corbusier's admiration of<br />

traditional architecture.<br />

The construction plans of the Casbah surveyed by students from the school of<br />

Architecture in Algiers reveal the historic area of the city on the edge of ruin. The<br />

houses are quite unknown. Grateful thanks are due Professor Delhoum for his<br />

cooperation.<br />

Concerning the M'Zab, his architecture is well known. Our thesis refers to books<br />

giving an excellent documentation; oneof them had been studied by Le Corbusier<br />

with great attention ('La Civilisation urbaine au M'Zabu by Marcel Mercier. Algiers,<br />

1 922).<br />

5.1 and 5.2<br />

Le Corbusier's relations to the Casbah of Algiers and the valley of M'Zab are<br />

analysed. They create the basis of a discussion: To what extent was this architecture<br />

a stimulation reflected in the buildings and the projects? Did he ever quote the<br />

architecture or even copy it? However, to have done this would have been<br />

incompatible with the idea of architecture.<br />

Le Corbusier would never be interested in such or similar accusations. He wrote over<br />

and over again of the importance of restoring the timeless and eternal architecture of<br />

the Mediterranean with modern tools. This task took place in his subconcious, since<br />

he recognized himself as a human being from the Mediterranean area, an area with<br />

an endless horizon.<br />

5.3<br />

Le Corbusier left Algeria in 1942 for good and he never explicitly referred this country<br />

again ('Poésie sur Alger', published in 1951, had been written at this moment). His<br />

reason for this silence may be explained by himself: 'The true world is unveiled to<br />

those who are committed to it, to those who serve it'. His frustrations relating to his<br />

unbuilt projects were probably increased during the 50's and the construction boom<br />

surrounding them.<br />

According to Le Corbusier, the Mozabites, those Puritans of the desert, were the<br />

'Islamic Huguenots'; their intelligence, their diligence, their frugal way of life within a<br />

political system based on social justice due to stringent religious roles made it<br />

possible.


Le Corbusier designated the "Holy City" of M'Zab, Beni-lsguen, as "Ville Radieuse",<br />

as "Sparkling City". All his Me, this name signified the city which he had dreamt of<br />

building.<br />

However, for many architects, the valley of M'Zab with its five towns was and still is<br />

an 'inexhaustible source" (Jean Bossu) or even a "Lesson" (Pierre-André Emery and<br />

André Ravéreau).<br />

Conclusion<br />

Jean de Maisonseul, Le Corbusier's guide during his visits to the Casbah, has<br />

attempted to distill the essence of the experience of Algeria upon his friend:<br />

"It seems to me that Le Corbusier found the expression of the 'World of Design"<br />

which belonged to the Mediterranean, parallel to those he had discovered as a<br />

young man in his travels to the Orient: A soft architecture without ornaments, a white<br />

architecture on the human scale ... harrnony.<br />

Drawing nude women in the same Casbah which he had surveyed in every detail,<br />

liberated him from Purism.<br />

During the course of a long period of maturation, Le Corbusier liberated Modern<br />

Architecture of the 30's from its transparent structures as he chose more to use full<br />

volumes as classical architecture had done'.

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