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Li<strong>be</strong>rtes!<br />

OCTOBRE 2007 – N°437 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL<br />

MAKE SOME NOISE<br />

YOKO ONO<br />

À LONDRES<br />

BELGIQUE-<br />

BELGIE<br />

PP<br />

1/2345<br />

BXL X<br />

Ne paraît pas aux<br />

mois de juil<strong>le</strong>t-août.<br />

9, rue Berckmans<br />

1060 Bruxel<strong>le</strong>s<br />

BIRMANIE<br />

L’ÉRUPTION<br />

DÉPOT À BRUXELLES X<br />

TUNISIE<br />

SIHEM BENSEDRINE<br />

À BRUXELLES


ÉDITORIAL<br />

CRISE RÉELLE,<br />

MONDE RÉEL<br />

La crise politique que traverse la Belgique depuis maint<strong>en</strong>ant<br />

quatre mois n’est pas sans précéd<strong>en</strong>t dans l’histoire<br />

comp<strong>le</strong>xe de notre pays. Déjà, à l’issue des é<strong>le</strong>ctions législatives<br />

d’octobre 1987, il avait fallu att<strong>en</strong>dre plus de 7 mois avant<br />

qu’un gouvernem<strong>en</strong>t national se mette sur pied, <strong>en</strong> mai 1988. La<br />

difficulté des négociations t<strong>en</strong>ait <strong>en</strong>tre autres à la nécessité de<br />

trouver un compromis <strong>en</strong>tre des partis néerlandophones à ce<br />

mom<strong>en</strong>t peu demandeurs de réformes constitutionnel<strong>le</strong>s et des<br />

partis francophones demandeurs de réformes passant par <strong>le</strong><br />

r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t de l’autonomie des Régions flamande et wallonne,<br />

ainsi que par la création de la Région bilingue et bicommunautaire<br />

de Bruxel<strong>le</strong>s-Capita<strong>le</strong>. Aujourd’hui, certains élabor<strong>en</strong>t des<br />

scénarios plus ou moins radicaux de rupture ou à tout <strong>le</strong> moins<br />

de distanciation accrue <strong>en</strong>tre nos communautés constitutives, <strong>le</strong>s<br />

uns pour <strong>le</strong> regretter, <strong>le</strong>s autres pour s’<strong>en</strong> féliciter.<br />

Dans tout cela, Amnesty n’a a priori pas à interv<strong>en</strong>ir. Personne,<br />

d’ail<strong>le</strong>urs, ne <strong>le</strong> lui demande. Et il est plus que probab<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s<br />

militants ou <strong>le</strong>s simp<strong>le</strong>s membres d’Amnesty n’ont pas un regard<br />

unanime sur la nature et l’amp<strong>le</strong>ur de la crise.<br />

CHANGEMENT D’ADRESSE – ATTESTATION FISCALE –<br />

MODIFICATION, ANNULATION OU NOUVELLE COTISATION DE<br />

MEMBRE/DONATEUR(TRICE)<br />

Madame Miche<strong>le</strong> Ligot : mligot@aibf.<strong>be</strong><br />

❍ je change d’adresse (inscrire uniquem<strong>en</strong>t la nouvel<strong>le</strong> adresse)<br />

Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . N° de membre: . . . . . . .<br />

Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . bte . . . . . . . . . .<br />

Code postal: . . . . . Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

❍ Oui, j'adhère aux objectifs d'Amnesty et souhaite dev<strong>en</strong>ir membre<br />

❍ Je répartis <strong>le</strong> montant de : ❍ ma cotisation ❍ de mon abonnem<strong>en</strong>t sur toute<br />

l’année <strong>en</strong> complétant ce coupon et <strong>en</strong> <strong>le</strong> r<strong>en</strong>voyant à Amnesty International, 9 rue Berckmans<br />

à 1060 Bruxel<strong>le</strong>s. Tout montant qui dépassera 14,87€ (prix de la cotisation ou<br />

de l'abonnem<strong>en</strong>t), sera considéré comme un «don», et par là-même jouira de la déductibilité<br />

fisca<strong>le</strong> pour autant que ce supplém<strong>en</strong>t soit de 30 € ou plus.<br />

Je verse tous <strong>le</strong>s mois, au départ de mon compte n° . . . . . . . . . . – . . . . . . . . . . . . . . la<br />

somme de : ❍ 2,5 € ❍ 5 € ❍ . . . . . . . . € (toute autre somme de mon choix)<br />

au profit du compte 001-2000070-06 de Amnesty International à partir du . . . . . . .<br />

. . . et jusqu’à nouvel ordre. Je conserve <strong>le</strong> droit d’annu<strong>le</strong>r ou de modifier cet ordre<br />

à tout mom<strong>en</strong>t.<br />

ou je verse <strong>en</strong> une fois <strong>le</strong> mandat de . . . . . . . . . . . . . . au compte 001-2000070-06<br />

Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date de naissance: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . . . . bte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Code postal: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Profession: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Date: . . . . . . . . Signature:<br />

Ne ri<strong>en</strong> inscrire dans cette case s.v.p. (réservé à l'organisme bancaire)<br />

Il n’empêche que la durée de la crise politique <strong>be</strong>lge et <strong>le</strong> risque<br />

qu’el<strong>le</strong> se réédite lors d’un prochain round post-é<strong>le</strong>ctoral ont<br />

pour désagréab<strong>le</strong> conséqu<strong>en</strong>ce de laisser pourrir des dossiers qui<br />

devront tôt ou tard être affrontés par <strong>le</strong>s autorités <strong>be</strong>lges, qu’el<strong>le</strong>s<br />

agiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semb<strong>le</strong> ou séparém<strong>en</strong>t, dans un cadre fédéral, confédéral<br />

ou séparé. Des dossiers qui, eux, intéress<strong>en</strong>t Amnesty<br />

International par-delà <strong>le</strong>s frontières linguistiques et régiona<strong>le</strong>s. Des<br />

dossiers à propos desquels Amnesty International Belgique Francophone<br />

(AIBF) et Amnesty International Vlaander<strong>en</strong> (AIVL)<br />

avai<strong>en</strong>t interpellé <strong>le</strong>s partis <strong>en</strong> lice dans <strong>le</strong> cadre d’un mémorandum<br />

commun (voir Li<strong>be</strong>rtés! n°434 de mai 2007).<br />

Quels sont ces dossiers ? On n’<strong>en</strong> citera que quelques-uns, parmi<br />

<strong>le</strong>squels la création d’une Commission des Droits fondam<strong>en</strong>taux,<br />

<strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> du commerce des armes (voir notre dossier <strong>en</strong> page 9),<br />

<strong>le</strong> système pénit<strong>en</strong>tiaire, <strong>le</strong>s viol<strong>en</strong>ces conjuga<strong>le</strong>s ou <strong>en</strong>core l’asi<strong>le</strong><br />

et <strong>le</strong>s migrations. Sur ces deux derniers dossiers, p<strong>en</strong>dant la<br />

crise, «<strong>le</strong>s affaires continu<strong>en</strong>t». Que l’on songe à l’assassinat d’une<br />

jeune femme à Ganshor<strong>en</strong> (Bruxel<strong>le</strong>s) par un mari contre <strong>le</strong>quel<br />

el<strong>le</strong> avait déposé pas moins de 20 plaintes <strong>en</strong>tre 1996 et 2006<br />

pour viol<strong>en</strong>ce et harcè<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t. Et que l’on songe à la saga de la<br />

jeune Angelica Cajamarca ou, plus récemm<strong>en</strong>t, au énième décès<br />

d’un demandeur d’asi<strong>le</strong> dans un c<strong>en</strong>tre fermé (<strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce, <strong>le</strong><br />

29 septembre au 127bis de Ste<strong>en</strong>okkerzeel).e Pascal F<strong>en</strong>aux<br />

http://www.<strong>amnesty</strong>international.<strong>be</strong>/doc/IMG/pdf/memo<br />

randum.pdf<br />

Li<strong>be</strong>rtés! • Rue Berckmans, 9 – 1060 Bruxel<strong>le</strong>s • Tél : 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 • li<strong>be</strong>rtes@aibf.<strong>be</strong> • www.li<strong>be</strong>rtes.<strong>be</strong><br />

• Éditeur responsab<strong>le</strong> : Sv<strong>en</strong> Pitseys • Rédacteur <strong>en</strong> chef : Pascal F<strong>en</strong>aux • Comité de rédaction : Bruno Brioni,<br />

Thandiwe Cattier, Valérie D<strong>en</strong>is, Véronique Druant, Samuel Grumiau, Anne Lowyck, Brian May, Suzanne Wel<strong>le</strong>s • Ont<br />

collaboré à ce numéro : Gil<strong>le</strong>s Bechet, Philippe H<strong>en</strong>smans, Watna Horemans (st.), Tanguy Pinxter<strong>en</strong> • Maquette : RIF<br />

• Mise <strong>en</strong> page : Gherthrude Schiffon • Impression : Remy Roto • Couverture : Des moines bouddhistes défil<strong>en</strong>t dans<br />

l’anci<strong>en</strong>ne capita<strong>le</strong> Yangon (Rangoon), au quatrième jour des manifestations contre <strong>le</strong> régime du SPDC, à proximité de<br />

la Pagode Shwe-Dagon. Yangon, 21 septembre 2007. © REUTERS/Democratic Voice of Burma<br />

SOMMAIRE<br />

ACTUEL<br />

■ ICM : Adiós Morelos<br />

■ Paro<strong>le</strong>s : «Ce régime a davantage fait<br />

pour produire du terrorisme»<br />

■ Insolites-Brèves<br />

DOSSIER<br />

MYANMAR – L’ÉRUPTION<br />

■ La révolte, et puis quoi faire ?<br />

■ Birmanie ou Myanmar ?<br />

■ Que devi<strong>en</strong>t la plainte contre Total?<br />

■ Forçats ou réfugiés<br />

■ Un marché militaire bi<strong>en</strong> saignant<br />

■ La Wallonie <strong>en</strong> ligne de mire<br />

MOUVEMENT<br />

■ Gros plan : «Personne n’est à l’abri<br />

de contradictions»<br />

■ Amnesty recrute des cadres bénévo<strong>le</strong>s<br />

■ Yoko Ono à Amnesty<br />

ACTION<br />

■ Lettres du mois<br />

■ Bonnes nouvel<strong>le</strong>s<br />

CULTURE/AGENDA<br />

■ Mongo<strong>le</strong> à marier<br />

■ Le parfum de la désillusion<br />

■ L’exploration des songes<br />

3<br />

5<br />

10<br />

13<br />

15


ÉTATS-UNIS<br />

DISCRIMINATION RACIALE<br />

À J<strong>en</strong>a, <strong>en</strong> Louisiane, six jeunes noirs ont<br />

été inculpés après une bagarre <strong>en</strong><br />

décembre 2006, au cours de laquel<strong>le</strong> Justin<br />

Baker, un élève blanc, aurait été agressé. Le<br />

Procureur de la vil<strong>le</strong> avait d’abord inculpé<br />

cinq des suspects de complot et de t<strong>en</strong>tative<br />

de meurtre, passib<strong>le</strong>s de la réclusion à<br />

perpétuité, avant de <strong>le</strong>s abandonner <strong>le</strong><br />

premier jour du procès de Mychal Bell,<br />

seul accusé à avoir été jugé à ce jour. Âgé de<br />

16 ans au mom<strong>en</strong>t des faits, Mychal Bell a<br />

été reconnu coupab<strong>le</strong> par un tribunal pour<br />

adultes de «coups et b<strong>le</strong>ssures aggravés», infraction<br />

passib<strong>le</strong> d’une peine de 15 ans<br />

d’emprisonnem<strong>en</strong>t. En fait, la bagarre<br />

s’était déroulée dans un climat de t<strong>en</strong>sion<br />

racia<strong>le</strong> après qu’<strong>en</strong> août 2006, des lycé<strong>en</strong>s<br />

blancs ont accroché trois cordes de p<strong>en</strong>du<br />

à un arbre du lycée de J<strong>en</strong>a, <strong>le</strong> l<strong>en</strong>demain<br />

du jour où des élèves noirs s’étai<strong>en</strong>t assis<br />

sous cet arbre, <strong>en</strong>droit traditionnel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

«réservé aux blancs». e<br />

RUSSIE<br />

L’OSCE EN FLAGRANT DÉLIT<br />

La Société pour l’Amitié russo-tchétchène,<br />

organisation de déf<strong>en</strong>se des droits<br />

humains, s’est vu refuser l’<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t<br />

lors d’une réunion de haut niveau sur <strong>le</strong>s<br />

victimes du terrorisme qui s’est t<strong>en</strong>ue à<br />

Vi<strong>en</strong>ne <strong>le</strong>s 13 et 14 septembre sous l’égide<br />

de l’Organisation pour la Sécurité et la<br />

Coopération <strong>en</strong> Europe (OSCE), actuel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

présidée par l’Espagne. La Fédération<br />

de Russie a protesté contre la prés<strong>en</strong>ce de<br />

cette ONG et m<strong>en</strong>acé de quitter la confér<strong>en</strong>ce<br />

si el<strong>le</strong> était autorisée à y pr<strong>en</strong>dre<br />

part. Selon ses propres règ<strong>le</strong>s, l’OSCE n’exclut<br />

de ses grandes confér<strong>en</strong>ces publiques<br />

que <strong>le</strong>s personnes ou ONG qui us<strong>en</strong>t de la<br />

viol<strong>en</strong>ce ou cautionn<strong>en</strong>t publiquem<strong>en</strong>t <strong>le</strong><br />

terrorisme ou <strong>le</strong> recours à la viol<strong>en</strong>ce.<br />

Déplorant que la présid<strong>en</strong>ce de l’OSCE n’ait<br />

pas appliqué ses propres règ<strong>le</strong>s et principes,<br />

Amnesty International demande à<br />

tous <strong>le</strong>s États membres de respecter p<strong>le</strong>inem<strong>en</strong>t<br />

<strong>le</strong> droit à la li<strong>be</strong>rté d’expression. e<br />

IRAK<br />

4 MILLIONS DE DÉPLACÉS<br />

Dans un rapport implacab<strong>le</strong> publié <strong>le</strong><br />

24 septembre et intitulé Millions in flight: the<br />

Iraqi refugee crisis, Amnesty International<br />

s’inquiète du sort des millions d’Iraki<strong>en</strong>s<br />

qui ont fui <strong>le</strong>urs foyers. Conséqu<strong>en</strong>ce de<br />

cette situation : la Syrie et la Jordanie,<br />

premiers pays d’accueil, r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s<br />

contrô<strong>le</strong>s aux frontières et <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s<br />

voies qui permettai<strong>en</strong>t aux personnes de<br />

fuir <strong>le</strong>s viol<strong>en</strong>ces intercommunautaires et<br />

autres sont fermées. Plus grave, <strong>le</strong> reste du<br />

monde s’est presque tota<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t désintéressé<br />

de la situation désespérée des<br />

déplacés iraki<strong>en</strong>s, qu’ils se soi<strong>en</strong>t réfugiés<br />

à l’étranger ou ail<strong>le</strong>urs dans <strong>le</strong>ur pays. Il y<br />

a aujourd’hui 4 millions de déplacés<br />

iraki<strong>en</strong>s et ce chiffre augm<strong>en</strong>te chaque<br />

jour de 2 000 personnes. La Syrie hé<strong>be</strong>rge<br />

1,4 million de réfugiés iraki<strong>en</strong>s; ils serai<strong>en</strong>t<br />

au nombre de 500 000 <strong>en</strong> Jordanie et<br />

2,2 millions de personnes serai<strong>en</strong>t déplacées<br />

à l’intérieur de l’Irak. e<br />

Philippe H<strong>en</strong>smans, directeur d’AIBF, <strong>en</strong> p<strong>le</strong>ine palabre avec d’autres délégués dans un carrefour «World Café»<br />

lors de l’ICM organisé au Mexique. Cocoyoc, août 2007. © AI<br />

CONSEIL INTERNATIONAL<br />

ADIÓS MORELOS<br />

Réunir p<strong>en</strong>dant plus d’une semaine au Mexique<br />

plus de 400 représ<strong>en</strong>tants d’Amnesty International<br />

v<strong>en</strong>us des quatre coins du monde, cela<br />

a un coût, <strong>le</strong> coût de la démocratie interne, une des<br />

va<strong>le</strong>urs ajoutée du mouvem<strong>en</strong>t par rapport à d’autres<br />

organisations. Encore faut-il qu’el<strong>le</strong> soit efficace,<br />

qu’el<strong>le</strong> permette de vraies décisions et que ces<br />

dernières soi<strong>en</strong>t fina<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t intégrées, acceptées par<br />

tous. C’est <strong>en</strong> large partie de cela qu’il fut question lors<br />

du Conseil International d’août 2007.<br />

Ce qui fait sans doute <strong>le</strong> charme de ce g<strong>en</strong>re de<br />

réunions, c’est qu’on a <strong>be</strong>au s’y être préparé, avoir lu<br />

<strong>le</strong>s kilos(-octets) de docum<strong>en</strong>ts prés<strong>en</strong>tant <strong>le</strong>s résolutions,<br />

on est à chaque fois surpris par ce qui donne <strong>le</strong><br />

ton de ces réunions. Ainsi, Amnesty a-t-el<strong>le</strong> décidé de<br />

changer une dernière fois sa mission ; ce qui avait<br />

suscité deux ans de débats internes <strong>en</strong> 2001 – quand<br />

l’organisation avait abandonné son mandat dev<strong>en</strong>u<br />

indigeste pour une nouvel<strong>le</strong> mission – est passé<br />

comme une <strong>le</strong>ttre à la poste. Dorénavant, AI va<br />

déf<strong>en</strong>dre tous <strong>le</strong>s droits humains et lutter contre <strong>le</strong>s<br />

violations graves de ces droits. Simp<strong>le</strong> et de bon goût<br />

(reste à inscrire cela dans des priorités, puisqu’on ne<br />

pourra pas tout faire à la fois), emballé c’est pesé.<br />

Par contre, et c’était moins att<strong>en</strong>du (ou moins<br />

préparé), <strong>le</strong> gros des débats et des discussions informel<strong>le</strong>s<br />

aura tourné autour de la notion de «One<br />

Amnesty», que votre serviteur traduira rapidem<strong>en</strong>t<br />

ACTUEL<br />

Fin août, Amnesty t<strong>en</strong>ait son ICM dans <strong>le</strong> petit État mexicain du Morelos. En langage moins<br />

barbare, il s’agit tout simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t de l’International Council Meeting, grand mom<strong>en</strong>t démocratique<br />

et international du mouvem<strong>en</strong>t. L’occasion de dresser des bilans et de négocier des virages.<br />

<strong>en</strong> «Vers une Amnesty globa<strong>le</strong>». Car, pour c<strong>en</strong>tralisée<br />

qu’el<strong>le</strong> fut p<strong>en</strong>dant des années, notre organisation a<br />

évolué : <strong>le</strong>s sections nationa<strong>le</strong>s produis<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong><br />

plus de recherches sur <strong>le</strong>ur propre pays, développ<strong>en</strong>t<br />

des Secrétariats nationaux importants, récolt<strong>en</strong>t des<br />

sommes parfois considérab<strong>le</strong>s auprès du public et<br />

<strong>le</strong>urs assemblées généra<strong>le</strong>s propres définiss<strong>en</strong>t des<br />

priorités qui, pour rester généra<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t dans <strong>le</strong> cadre<br />

du plan stratégique du mouvem<strong>en</strong>t international,<br />

manqu<strong>en</strong>t parfois de cohér<strong>en</strong>ce avec ce que font <strong>le</strong>s<br />

voisines.<br />

Bref, dans un monde qui va <strong>en</strong> se globalisant, où <strong>le</strong>s<br />

frontières s’effac<strong>en</strong>t et où la communication transc<strong>en</strong>de<br />

clivages et contrô<strong>le</strong>s traditionnels, comm<strong>en</strong>t<br />

rassemb<strong>le</strong>r nos forces pour avoir un maximum d’impact<br />

et lutter <strong>le</strong> plus efficacem<strong>en</strong>t possib<strong>le</strong> contre <strong>le</strong>s<br />

mêmes violations des droits humains ? Car il y a<br />

urg<strong>en</strong>ce. Alors que nous sortions à peine d’avoir révolutionné<br />

<strong>le</strong> mandat d’Amnesty <strong>en</strong> août 2001, <strong>le</strong> monde<br />

allait connaître un mois plus tard une déflagration<br />

terrib<strong>le</strong> dont <strong>le</strong>s scories vo<strong>le</strong>rai<strong>en</strong>t loin de Ground<br />

Zero, et pour longtemps. Aujourd’hui, <strong>le</strong>s exactions de<br />

groupes terroristes ont am<strong>en</strong>é des gouvernem<strong>en</strong>ts<br />

démocratiques à pr<strong>en</strong>dre des mesures que l’on aurait<br />

crues réservées jadis à des gouvernem<strong>en</strong>ts totalitaires:<br />

usage de la torture, «disparitions», prisons secrètes, etc.,<br />

<strong>le</strong> tout <strong>en</strong>robé dans une justification culturel<strong>le</strong><br />

m<strong>en</strong>ée... 24 heures chrono par Jack Bauer.<br />

Li<strong>be</strong>rtés ! Octobre 2007 3


ACTUEL<br />

MIEUX INVESTIR NOS RESSOURCES<br />

Comm<strong>en</strong>t donc mieux lutter contre cette déferlante, tant<br />

<strong>en</strong>vers des groupes armés imperméab<strong>le</strong>s à la simp<strong>le</strong> <strong>le</strong>ttre des<br />

Conv<strong>en</strong>tions de G<strong>en</strong>ève, que de gouvernem<strong>en</strong>ts champions<br />

de la marche arrière? Comm<strong>en</strong>t rassemb<strong>le</strong>r toutes <strong>le</strong>s forces,<br />

ne pas se disperser ? Comm<strong>en</strong>t ne pas maint<strong>en</strong>ir de vieil<strong>le</strong>s<br />

formes d’actions ou de techniques pour ne pas déplaire aux<br />

militants de base, même si l’on sait que <strong>le</strong>s priorités sont<br />

ail<strong>le</strong>urs et que nous ferions mieux d’investir nos ressources<br />

ail<strong>le</strong>urs ?<br />

La question n’est pas simp<strong>le</strong>, car el<strong>le</strong> met <strong>en</strong> jeu l’autonomie<br />

des sections et partant, <strong>le</strong> jeu démocratique à l’intérieur<br />

des sections. Ce qui est <strong>en</strong> balance, éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, c’est l’obligation<br />

de r<strong>en</strong>dre des comptes : une section dans un pays riche<br />

a l’obligation mora<strong>le</strong> de récolter un maximum de fonds<br />

pour financer <strong>le</strong> mouvem<strong>en</strong>t international. Que faire quand<br />

pour des raisons de débats internes, el<strong>le</strong> s’y refuse? Dans d’autres<br />

organisations, la sanction tom<strong>be</strong> vite: la section perd son<br />

droit de représ<strong>en</strong>ter l’organisation dans <strong>le</strong> pays. Chez<br />

Amnesty, ri<strong>en</strong> pour <strong>le</strong> mom<strong>en</strong>t. De même, comm<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>dre<br />

plus responsab<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s de sections du Sud qui sont<br />

parfois trop dép<strong>en</strong>dantes de l’arg<strong>en</strong>t récolté au Nord ?<br />

Comm<strong>en</strong>t faire <strong>en</strong> sorte que l’imm<strong>en</strong>se majorité des<br />

membres d’Amnesty ne soi<strong>en</strong>t pas uniquem<strong>en</strong>t des habitants<br />

de l’hémisphère Ouest ? On s<strong>en</strong>t tous confusém<strong>en</strong>t<br />

qu’il faut faire quelque chose, mais <strong>le</strong>s solutions n’étai<strong>en</strong>t pas<br />

inscrites <strong>en</strong> <strong>le</strong>ttres de feu dans <strong>le</strong> ciel (b<strong>le</strong>u) de Morelos.<br />

La difficulté majeure de ce débat fut sans doute <strong>le</strong> fait<br />

qu’aucun nouveau modè<strong>le</strong> de coopération ne fut proposé, ne<br />

PAROLES<br />

« Ce<br />

qui nous fait <strong>le</strong> plus mal <strong>en</strong> Tunisie, c’est<br />

l’abs<strong>en</strong>ce manifeste d’intérêt international. C’est<br />

un petit pays, c’est une petite dictature tolérée,<br />

il ne s’y passe apparemm<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong>, etc. Or, ce qui s’y développe<br />

est pot<strong>en</strong>tiel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t dangereux. Nous sommes au cœur d’une<br />

région troublée. La Tunisie avait tous <strong>le</strong>s ingrédi<strong>en</strong>ts pour développer<br />

une démocratie. Mais, depuis deux déc<strong>en</strong>nies et surtout<br />

depuis 2001, la société tunisi<strong>en</strong>ne est prise <strong>en</strong> otage par un<br />

présid<strong>en</strong>t, sa famil<strong>le</strong> élargie et ses proches, au prétexte que <strong>le</strong>s<br />

autorités sont aux avant-postes de la lutte contre <strong>le</strong> terrorisme.<br />

Or, c’est ce pouvoir qui, <strong>en</strong> cad<strong>en</strong>assant l’espace public et <strong>en</strong><br />

provoquant une désertification de l’espace politique, favorise<br />

l’éclosion de mouvances rétrogrades et viol<strong>en</strong>tes, comme l’islamisme<br />

salafiste. En l’abs<strong>en</strong>ce de toute ouverture et dans une<br />

situation absolue de blocage, il y a une t<strong>en</strong>dance croissante<br />

chez <strong>le</strong>s jeunes à se tourner vers des solutions viol<strong>en</strong>tes et<br />

4 Li<strong>be</strong>rtés ! Octobre 2007<br />

fut-ce que pour <strong>le</strong> «casser». Les <strong>be</strong>soins ont été id<strong>en</strong>tifiés, <strong>le</strong>s<br />

moy<strong>en</strong>s d’y arriver sont <strong>en</strong>core à déterminer. Les débats<br />

<strong>en</strong>tre sections, et <strong>en</strong>tre sections importantes et <strong>le</strong> secrétariat<br />

international vont al<strong>le</strong>r bon train. Car se profi<strong>le</strong> déjà à l’horizon<br />

<strong>le</strong> prochain plan stratégique du mouvem<strong>en</strong>t. En<br />

att<strong>en</strong>dant, nous avons pour la première fois harmonisé la<br />

charte graphique du mouvem<strong>en</strong>t. D’ici quelque temps,<br />

toutes <strong>le</strong>s sections arboreront <strong>le</strong>s mêmes cou<strong>le</strong>urs dans <strong>le</strong>ur<br />

communication.<br />

UNE CAMPAGNE EN PERSPECTIVE<br />

Le débat sur «One Amnesty» n’a pas empêché d’avancer sur<br />

une série d’autres questions, qui avai<strong>en</strong>t été plus traditionnel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

débattues au préalab<strong>le</strong>, sous la forme de<br />

résolutions. Ainsi, tout un chapitre fut consacré aux armes.<br />

Nous allons continuer la campagne pour un Traité sur <strong>le</strong>s<br />

Armes légères, nous joindre à cel<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s bom<strong>be</strong>s à sousmunitions<br />

et demander un moratoire sur <strong>le</strong>s armes à<br />

uranium appauvri. La position sur <strong>le</strong>s droits sexuels et reproductifs,<br />

qui vise à protéger et aider <strong>le</strong>s femmes victimes de<br />

viol<strong>en</strong>ces, a été réaffirmée, <strong>en</strong>traînant des réactions parfois<br />

vives de certains milieux extérieurs, après la réunion.<br />

Enfin, et ce n’est pas <strong>le</strong> moindre avantage de ce type de<br />

réunion, ce fut d’abord et avant tout un imm<strong>en</strong>se brassage<br />

d’idées et de savoir-faire, que l’on devrait retrouver au service<br />

d’une très grande campagne qui s’annonce fin 2008. On y<br />

revi<strong>en</strong>dra bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, mais sachez d’ores et déjà que l’on<br />

va par<strong>le</strong>r de ces violations des droits fondam<strong>en</strong>taux qui<br />

cré<strong>en</strong>t et <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la pauvreté. e Philippe H<strong>en</strong>smans<br />

TUNISIE<br />

«CE RÉGIME A DAVANTAGE FAIT POUR<br />

PRODUIRE DU TERRORISME»<br />

Sihem B<strong>en</strong>sedrine, rédactrice <strong>en</strong> chef du<br />

magazine <strong>en</strong> ligne Kalima*, porte-paro<strong>le</strong> du<br />

Conseil national pour <strong>le</strong>s Li<strong>be</strong>rtés <strong>en</strong> Tunisie<br />

(CNLT) est une figure emblématique de la lutte<br />

pour <strong>le</strong>s droits humains <strong>en</strong> Tunisie. El<strong>le</strong> était<br />

de passage à Bruxel<strong>le</strong>s, invitée par l’ONG Front<br />

Line. L’occasion de r<strong>en</strong>contrer quelques<br />

journalistes et de t<strong>en</strong>ter, une fois de plus, de<br />

convaincre <strong>le</strong>s autorités europé<strong>en</strong>nes de la<br />

situation explosive <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ue par <strong>le</strong> régime<br />

tunisi<strong>en</strong>.<br />

La déf<strong>en</strong>seuse tunisi<strong>en</strong>ne Sihem B<strong>en</strong>sedrine, lors<br />

de sa r<strong>en</strong>contre avec <strong>le</strong>s journalistes dans <strong>le</strong>s<br />

locaux de Front Line. Bruxel<strong>le</strong>s, septembre 2007.<br />

© Admon Hej-Szajer<br />

dangereuses, des solutions que <strong>le</strong>urs propres par<strong>en</strong>ts ne<br />

compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t tout simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t pas. Il n’y a absolum<strong>en</strong>t plus<br />

<strong>le</strong> moindre espace de li<strong>be</strong>rté, <strong>le</strong> droit d’association est bafoué<br />

et <strong>le</strong>s g<strong>en</strong>s ne sav<strong>en</strong>t tout simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t plus comm<strong>en</strong>t respirer.<br />

Plutôt que de lutter contre <strong>le</strong> terrorisme, ce régime, par ses<br />

méthodes, a davantage fait pour <strong>le</strong> produire et <strong>le</strong> démultiplier.<br />

«Le drame est que, malgré <strong>le</strong>s promesses du Part<strong>en</strong>ariat euroméditerrané<strong>en</strong><br />

et de l’accord d’association euro-tunisi<strong>en</strong>, la<br />

démocratie et l’État de droit ne sont toujours pas au r<strong>en</strong>dez-<br />

L’INSOLITE<br />

MANDAT D’ARRÊT<br />

CONTRE IRENE KHAN<br />

Le Soudan réclame l’arrestation de<br />

la Secrétaire généra<strong>le</strong> d’Amnesty<br />

International dont un rapport<br />

accuse <strong>le</strong>s autorités de Khartoum<br />

d’avoir fait torturer huit dét<strong>en</strong>us<br />

soupçonnés de complot. Le très officiel<br />

C<strong>en</strong>tre soudanais des Médias a<br />

ainsi annoncé que <strong>le</strong> ministre de la<br />

Justice Mohammed Ali al Mardi<br />

avait demandé à Interpol d’émettre<br />

un mandat d’arrêt international<br />

contre la «directrice» d’Amnesty International,<br />

<strong>en</strong> fait, Ir<strong>en</strong>e Khan,<br />

Secrétaire généra<strong>le</strong> d’AI. Le ministre<br />

soudanais a déclaré qu’il allait<br />

<strong>en</strong>gager des poursuites pour diffamation<br />

contre Amnesty, qu’il<br />

accuse «de répandre des informations<br />

inexactes à propos des suspects de cette<br />

t<strong>en</strong>tative présumée de coup d’État.» Le<br />

Secrétariat international (SI) d’Amnesty<br />

n’a cela dit reçu aucune<br />

notification officiel<strong>le</strong>.<br />

e (D’après Libération)<br />

vous. Au contraire, <strong>en</strong> dépit de certaines initiatives positives<br />

émanant tantôt de la Commission, tantôt du Par<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, on<br />

a l’impression qu’il n’est plus du tout honteux pour de nombreux<br />

responsab<strong>le</strong>s europé<strong>en</strong>s – qui sont de toute évid<strong>en</strong>ce<br />

informés – de s’afficher avec des dirigeants comme Kadhafi<br />

ou B<strong>en</strong> Ali. Cette désertification politique imposée par <strong>le</strong>s autorités<br />

tunisi<strong>en</strong>nes a des effets d’autant plus dévastateurs<br />

qu’el<strong>le</strong> finit peu à peu par convaincre <strong>le</strong>s interlocuteurs étrangers<br />

qu’à part <strong>le</strong> régime <strong>en</strong> place, il n’y a effectivem<strong>en</strong>t ni ri<strong>en</strong><br />

ni personne, ni opposition ni alternative. En quelque sorte,<br />

“vous, déf<strong>en</strong>seurs des droits humains et opposants politiques,<br />

vous ne représ<strong>en</strong>tez ri<strong>en</strong> et vous ne pesez ri<strong>en</strong>”. C’est terrib<strong>le</strong><br />

et nous luttons pour sortir de ce piège infernal. Heureusem<strong>en</strong>t,<br />

outre <strong>le</strong>s partisans de solutions viol<strong>en</strong>tes, il se trouve tout de<br />

même de plus <strong>en</strong> plus de g<strong>en</strong>s courageux dans la fonction<br />

publique et dans <strong>le</strong>s institutions judiciaires – ou ce qui <strong>en</strong> reste<br />

– pour s’insurger contre la situation. Mais ces personnes<br />

sont <strong>en</strong>suite cassées, <strong>le</strong>urs famil<strong>le</strong>s sont harcelées, etc.<br />

«Nous sommes condamnés à nous <strong>en</strong> remettre aux petites bouffées<br />

d’oxygène que <strong>le</strong>s ONG internationa<strong>le</strong>s nous <strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t<br />

pour respirer quelque peu. Et par ail<strong>le</strong>urs, une relativem<strong>en</strong>t<br />

bonne nouvel<strong>le</strong> est <strong>le</strong> fait que la Tunisie est <strong>le</strong> troisième pays<br />

à avoir été tiré au sort par <strong>le</strong> Conseil des Droits de l’Homme<br />

de l’ONU pour être soumis à un “exam<strong>en</strong> périodique<br />

universel”. Nous sommes <strong>en</strong> train de rédiger un rapport<br />

alternatif au rapport qui sera soumis par <strong>le</strong>s autorités tunisi<strong>en</strong>nes<br />

aux experts des Nations unies.» e Propos recueillis<br />

par Pascal F<strong>en</strong>aux<br />

* www.kalimatunisie.org


BIRMANIE<br />

L’ÉRUPTION<br />

Un millier d’arrestations et de<br />

«disparitions» (qui s’ajout<strong>en</strong>t à<br />

près de 1200 prisonniers<br />

d’opinion), des c<strong>en</strong>taines de<br />

b<strong>le</strong>ssés et sans doute des dizaines<br />

de tués.<br />

Tel est <strong>le</strong> bilan provisoire et<br />

officieux de la répression qui a<br />

frappé, à partir du 25 septembre,<br />

<strong>le</strong>s manifestations hosti<strong>le</strong>s à la<br />

junte SDPC qui dirige <strong>le</strong> Myanmar<br />

(Birmanie). Les protestations<br />

s’étai<strong>en</strong>t d’abord dirigées de<br />

façon spontanée contre la<br />

politique de hausse des prix des<br />

carburants, avant de faire l’objet<br />

d’une t<strong>en</strong>tative de structuration<br />

par <strong>le</strong>s anci<strong>en</strong>s responsab<strong>le</strong>s des<br />

manifestations étudiantes<br />

de 1988. Après que plusieurs<br />

d’<strong>en</strong>tre eux ont été victimes des<br />

abus des forces de sécurité, <strong>le</strong>s<br />

plus jeunes parmi <strong>le</strong>s moines<br />

bouddhistes – traditionnel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

«épargnés» par <strong>le</strong> régime –<br />

s’étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite eux aussi joints<br />

aux manifestations, dont<br />

l’amp<strong>le</strong>ur a fina<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t décidé <strong>le</strong>s<br />

autorités du Myanmar à sévir.<br />

Sous nos latitudes, d’aucuns<br />

relèv<strong>en</strong>t, pas forcém<strong>en</strong>t à tort,<br />

que la sollicitude de larges<br />

secteurs des opinions publiques<br />

occid<strong>en</strong>ta<strong>le</strong>s relève d’une<br />

«empathie faci<strong>le</strong> pour un pays<br />

qu’on ne connaît pratiquem<strong>en</strong>t<br />

pas». Pour ce qui nous concerne,<br />

on répondra qu’il serait indéc<strong>en</strong>t<br />

de ne pas profiter de l’ouverture<br />

d’une f<strong>en</strong>être d’opportunité pour<br />

apporter de l’air aux Birmans et<br />

de l’information aux Belges. C’est<br />

l’objet de ce dossier programmé<br />

dans l’urg<strong>en</strong>ce.<br />

DOSSIER<br />

Un manifestant exhi<strong>be</strong> une pancarte lors de la plus grande manifestation organisée à Yangon (Rangoon) contre la<br />

junte du Myanmar et qui a rassemblé plus de 100 000 personnes. Yangon, 24 septembre 2007. © AFP<br />

LA RÉVOLTE, ET PUIS QUOI<br />

FAIRE ?<br />

L’explosion a fina<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t eu lieu. Nul ne sait si el<strong>le</strong> fera long feu ou si, au contraire, l’autoproclamé<br />

Conseil national pour… la Paix et <strong>le</strong> Développem<strong>en</strong>t (SPDC) va tanguer sur ses bases, voire céder à de<br />

très év<strong>en</strong>tuel<strong>le</strong>s pressions de ses part<strong>en</strong>aires commerciaux et militaires chinois et indi<strong>en</strong>s. Mais ce qui<br />

restait de vernis de respectabilité internationa<strong>le</strong> a au moins fini par craquer, tandis que <strong>le</strong>s oppositions<br />

au régime militaire ne sont plus seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t perçues à travers la seu<strong>le</strong> figure du Prix Sakharov et Prix<br />

No<strong>be</strong>l de la Paix de 1991, Aung San Suu Kyi.<br />

Au cœur de l’été, <strong>le</strong>s ag<strong>en</strong>ces de presse annonçai<strong>en</strong>t<br />

que <strong>le</strong>s autorités birmanes avai<strong>en</strong>t décidé<br />

d’augm<strong>en</strong>ter radica<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>le</strong> prix des carburants,<br />

frappant de p<strong>le</strong>in fouet une population déjà bi<strong>en</strong><br />

<strong>en</strong> peine de nouer <strong>le</strong>s deux bouts. Petit à petit, des rassemb<strong>le</strong>m<strong>en</strong>ts<br />

spontanés avai<strong>en</strong>t fini par perco<strong>le</strong>r <strong>en</strong> opérant<br />

une jonction – provisoire ? – avec d’anci<strong>en</strong>s dirigeants<br />

étudiants des manifestations de 1988 (regroupés au sein<br />

de Génération 88) et la jeune génération du c<strong>le</strong>rgé bouddhiste,<br />

dont certains membres v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t d’être victimes<br />

de l’arbitraire militaire. Dès <strong>le</strong> mois d’août, quelque<br />

150 manifestants – pour la plupart issus de Génération<br />

8.8.88 – étai<strong>en</strong>t interpellés par <strong>le</strong>s forces de police ainsi que<br />

par des membres de l’Association de l’Union pour <strong>le</strong><br />

Développem<strong>en</strong>t de la Solidarité (USDA) et des paramilitaires<br />

du Swan Arr Shin («Les Tout-Puissants»).<br />

Peut-être consci<strong>en</strong>t de l’impact désastreux qu’aurait, à<br />

l’heure de l’Internet et du village global, une répression<br />

aussi sanglante que cel<strong>le</strong> de 1988 (on dénombra alors plus<br />

de 3000 morts), <strong>le</strong> SPDC s’est pour l’instant «cont<strong>en</strong>té» de<br />

tuer «quelques» dizaines de manifestants, de frapper ses<br />

opposants (au premier rang, la Ligue nationa<strong>le</strong> pour la<br />

Démocratie – NLD) de façon ciblée et de privilégier une<br />

stratégie de paralysie des c<strong>en</strong>tres urbains et d’arrestations<br />

massives, ce qui fait par contre craindre une ext<strong>en</strong>sion de<br />

l’usage de la torture.<br />

Li<strong>be</strong>rtés ! Octobre 2007 5


DOSSIER<br />

Désormais, <strong>le</strong> roi est nu, <strong>en</strong> dépit du cache-sexe de la «Conv<strong>en</strong>tion nationa<strong>le</strong>»<br />

convoquée <strong>le</strong> 3 septembre par la junte du SPDC pour acquiescer à son<br />

projet de nouvel<strong>le</strong> Constitution. Laborieusem<strong>en</strong>t rédigé p<strong>en</strong>dant 14 ans, ce<br />

projet avait été discuté <strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce des organisations politiques représ<strong>en</strong>tatives<br />

(NLD, organisations kar<strong>en</strong> et chan, syndicats, etc.), tandis qu’une<br />

législation ad hoc exposait à des poursuites judiciaires toute critique de la<br />

Conv<strong>en</strong>tion nationa<strong>le</strong>.<br />

Quoi qu’il <strong>en</strong> soit, <strong>le</strong>s événem<strong>en</strong>ts de septembre sonn<strong>en</strong>t <strong>le</strong> glas de la<br />

«Feuil<strong>le</strong> de Route vers la Démocratie» et des é<strong>le</strong>ctions – sous contrô<strong>le</strong> –<br />

promises par <strong>le</strong> SPDC. Cep<strong>en</strong>dant, si <strong>le</strong> roi est nu, de nombreux observateurs<br />

ne cach<strong>en</strong>t pas <strong>le</strong>urs doutes de voir la junte s’effondrer dans un délai plus<br />

ou moins proche et ne se montr<strong>en</strong>t pas davantage optimistes quant à la possibilité<br />

que des diss<strong>en</strong>sions au sein du SPDC pouss<strong>en</strong>t ce dernier à donner des<br />

gages d’ouverture <strong>en</strong>vers l’opposition, <strong>le</strong>s ONG et la communauté internationa<strong>le</strong>.<br />

Ces mêmes observateurs se montr<strong>en</strong>t tout aussi dubitatifs quant à la viabilité<br />

et la durabilité des oppositions qui se sont manifestées. Ils estim<strong>en</strong>t qu’on<br />

est loin des événem<strong>en</strong>ts de 1988 et de l’écrasante victoire de la NLD aux<br />

(uniques) é<strong>le</strong>ctions de 1990, tout <strong>en</strong> soulignant l’abs<strong>en</strong>ce a priori d’une<br />

plateforme commune au jeune c<strong>le</strong>rgé, aux anci<strong>en</strong>s dirigeants étudiants de<br />

1988, aux minorités ethniques, à la NLD et aux nouveaux manifestants.<br />

D’aucuns espèr<strong>en</strong>t néanmoins que <strong>le</strong>s événem<strong>en</strong>ts réc<strong>en</strong>ts permett<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>trouvrir<br />

une f<strong>en</strong>être d’opportunité. Or, <strong>en</strong> dépit du risque de voir une<br />

répression massive provoquer un nouvel afflux de réfugiés vers la Thaïlande<br />

mais aussi et surtout vers l’Inde et la Chine, la réaction de la «communauté<br />

internationa<strong>le</strong>» reste – à l’heure où ces lignes sont écrites – timorée.<br />

Le Conseil de Sécurité de l’ONU s’est cont<strong>en</strong>té d’<strong>en</strong>voyer au Myanmar <strong>le</strong> Représ<strong>en</strong>tant<br />

<strong>spécial</strong> du Secrétaire général, <strong>le</strong> Nigérian Ibrahim Gambari, tandis<br />

que <strong>le</strong> Rapporteur <strong>spécial</strong> du Conseil des Droits de l’Homme pour <strong>le</strong><br />

Myanmar, Paulo Sergio Pinheiro, y est toujours persona non grata. Ri<strong>en</strong> de trop<br />

étonnant, dès lors qu’<strong>en</strong> février dernier, un projet de résolution du Conseil<br />

de Sécurité avait déjà capoté à cause de l’opposition de la Chine et de la<br />

Russie.<br />

Le Conseil de Sécurité pourrait saisir la Cour péna<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong> (CPI). Bi<strong>en</strong><br />

que la Birmanie n’a pas ratifié <strong>le</strong> Statut de la CPI et <strong>en</strong> dépit de l’opposition<br />

prévisib<strong>le</strong> du Myanmar, une saisine est <strong>en</strong> effet possib<strong>le</strong> selon l’artic<strong>le</strong> 13 B<br />

dudit statut. Ce serait un signal fort <strong>en</strong>voyé aux autorités birmanes quant<br />

à la fin programmée de <strong>le</strong>ur impunité et une façon d’empêcher une réédition<br />

du scénario sanglant de 1988. Mais, vu la «prud<strong>en</strong>ce» de la Chine et de<br />

la Russie, <strong>be</strong>aucoup se veul<strong>en</strong>t plus «réalistes» et espèr<strong>en</strong>t simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t que<br />

la perspective de voir son image trop ternie à l’approche des Jeux olympiques<br />

de Pékin puisse pousser la Chine à s’<strong>en</strong>gager sur la voie de pressions «constructives»<br />

sur son voisin, allié et part<strong>en</strong>aire birman. e Pascal F<strong>en</strong>aux<br />

6 Li<strong>be</strong>rtés ! Octobre 2007<br />

QUE DEVIENT LA PLAINTE<br />

CONTRE TOTAL ?<br />

Le 25 avril 2002, quatre Birmans déposai<strong>en</strong>t devant <strong>le</strong> Tribunal de<br />

Première instance de Bruxel<strong>le</strong>s une plainte contre TotalFinaElf,<br />

accusée de complicité de crimes contre l’humanité. La plainte<br />

était plus précisém<strong>en</strong>t déposée contre l’anci<strong>en</strong> PDG Thierry Desmarets<br />

(à l’époque Directeur de l’exploitation à l’étranger) et Hervé Madéo,<br />

responsab<strong>le</strong> de Total Birmanie <strong>en</strong>tre 1992 et 1999. Cette plainte fut rapidem<strong>en</strong>t<br />

l’occasion d’une foire d’empoigne juridique.<br />

Drastiquem<strong>en</strong>t am<strong>en</strong>dée <strong>en</strong> août 2003, la loi dite de Compét<strong>en</strong>ce universel<strong>le</strong><br />

du 26 juin 2003 conditionne désormais toute poursuite à des<br />

critères de rattachem<strong>en</strong>t stricts <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s plaignants et la Belgique.<br />

Concrètem<strong>en</strong>t, une juridiction <strong>be</strong>lge ne peut poursuivre l’exam<strong>en</strong> des<br />

actions introduites que si un des plaignants a la nationalité <strong>be</strong>lge au<br />

mom<strong>en</strong>t de l’introduction de la plainte. Si aucun des quatre Birmans<br />

ne remplissait cette condition, l’un d’eux avait néanmoins <strong>le</strong> statut de<br />

réfugié. Or, <strong>en</strong> vertu de la Conv<strong>en</strong>tion de G<strong>en</strong>ève, tout réfugié doit<br />

avoir <strong>le</strong>s mêmes droits qu’un justiciab<strong>le</strong> national. Enfin, la Constitution<br />

<strong>be</strong>lge interdit toute discrimination.<br />

En avril 2005, interrogée par la Cour de Cassation, la Cour d’Arbitrage<br />

(rebaptisée Cour constitutionnel<strong>le</strong> depuis mai 2007) avait statué que<br />

dessaisir une juridiction <strong>be</strong>lge de cette affaire serait discriminatoire.<br />

Mais, <strong>en</strong> juin 2005, la Cour de cassation avait malgré cette réponse<br />

dessaisi la juridiction bruxelloise. Les avocats des plaignants birmans<br />

avai<strong>en</strong>t alors demandé l’annulation de l’artic<strong>le</strong> de loi problématique,<br />

ce qui fut accepté par la Cour d’Arbitrage <strong>en</strong> juin 2006. Mais, à nouveau,<br />

la Cour de cassation avait refusé ce scénario. Fina<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, juste avant l’<strong>en</strong>trée<br />

du gouvernem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> «affaires courantes», préalab<strong>le</strong> aux législatives<br />

du 10 juin 2007, ce dernier a fait injonction au Parquet fédéral de<br />

transmettre ce dossier à un juge d’instruction et de repr<strong>en</strong>dre la procédure<br />

là où el<strong>le</strong> avait dû s’arrêter.<br />

Les avocats des Birmans affirm<strong>en</strong>t disposer de preuves suffisantes<br />

d’une aide logistique et militaire (c.à.d. pas seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t mora<strong>le</strong> ou financière)<br />

apportée par Total à la politique de travail forcé imposée par<br />

l’armée à des villageois birmans réquisitionnés pour défricher <strong>le</strong>s<br />

terres par <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s passe <strong>le</strong> gazoduc construit par <strong>le</strong> groupe pétrolier.<br />

e P.F.<br />

BIRMANIE OU<br />

MYANMAR ?<br />

Jusqu’<strong>en</strong> 1989, <strong>le</strong>s substantifs birmans Bama (Birmanie) et Myanma<br />

(Myanmar) étai<strong>en</strong>t utilisés pour désigner un même pays. Myanma<br />

était utilisé dans <strong>le</strong> registre littéraire et savant, tandis que Bama<br />

était utilisé dans <strong>le</strong> registre oral et populaire. Bi<strong>en</strong> évidemm<strong>en</strong>t, ces deux<br />

termes étai<strong>en</strong>t utilisés par <strong>le</strong>s seuls Birmans «ethniques» et non par ceux<br />

qui sont issus des minorités (chan, kar<strong>en</strong>, môn, etc.) des territoires du<br />

Nord, de l’Ouest et de l’Est rattachés à l’anci<strong>en</strong> royaume birman par l’occupant<br />

britannique. L’appellation officiel<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong> anglaise et<br />

française est dev<strong>en</strong>ue Myanmar sur décision de la junte du SPDC. Par réaction,<br />

l’opposition démocratique insiste sur l’anci<strong>en</strong>ne dénomination<br />

internationa<strong>le</strong> de Birmanie/Burma.<br />

Diffici<strong>le</strong> dès lors de démê<strong>le</strong>r cet écheveau linguistique. Disons qu’<strong>en</strong><br />

anglais, lorsqu’il est <strong>en</strong>core question de Birmanie/Burma, <strong>le</strong>s Birmans<br />

«ethniques» (Bamar) sont appelés Burman, tandis que <strong>le</strong>s Birmans toutes<br />

origines confondues sont appelés Burmese. Lorsqu’il est question du<br />

Myanmar officiel, l’anglais appel<strong>le</strong> tous ses habitants Myanma. En français,<br />

que l’on par<strong>le</strong> de Birmanie ou de Myanmar, Birman désigne à la fois<br />

<strong>le</strong>s «citoy<strong>en</strong>s» et <strong>le</strong>s «ethniques». e P.F.


Àl’instar du Rapporteur <strong>spécial</strong> du Conseil des Droits de<br />

l’Homme, <strong>le</strong>s chercheurs d’Amnesty International sont interdits<br />

d’<strong>en</strong>trée sur <strong>le</strong> territoire birman. Ils n’ont dès lors d’autre<br />

choix que de m<strong>en</strong>er ce travail d’<strong>en</strong>quête dans <strong>le</strong>s pays voisins du<br />

Myanmar, ess<strong>en</strong>tiel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t la Thaïlande, où ont migré des c<strong>en</strong>taines de<br />

milliers de déplacés birmans ces dix dernières années. Après avoir<br />

traité et confronté <strong>le</strong>s témoignages recueillis auprès d’une c<strong>en</strong>taine<br />

d’<strong>en</strong>tre eux, Amnesty International a pu exhumer <strong>le</strong>s preuves d’une politique<br />

gouvernem<strong>en</strong>ta<strong>le</strong> qui se traduit par des violations systématiques<br />

des droits humains et dont une des conséqu<strong>en</strong>ces est que, selon des<br />

données publiées par l’ONU, près d’un Birman sur six souffre de<br />

malnutrition et un tiers des <strong>en</strong>fants du Myanmar affich<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s symptomes<br />

d’une malnutrition chronique.<br />

En novembre 2005, Amnesty a r<strong>en</strong>du public un rapport intitulé<br />

Myanmar: Leaving Home (index AI: ASA 16/023/2005). Ce rapport montre<br />

comm<strong>en</strong>t <strong>le</strong> Conseil national pour la Paix et <strong>le</strong> Développem<strong>en</strong>t (State<br />

Peace and Developm<strong>en</strong>t Council – SPDC) exploite <strong>le</strong>s civils, souv<strong>en</strong>t issus des<br />

minorités ethniques. Les militaires du SPDC confisqu<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s terres,<br />

pill<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s récoltes et <strong>le</strong> bétail, extorqu<strong>en</strong>t de l’arg<strong>en</strong>t et contraign<strong>en</strong>t<br />

ces civils (y compris <strong>le</strong>s femmes et <strong>le</strong>s <strong>en</strong>fants) au travail forcé, lorsqu’ils<br />

ne <strong>le</strong>s expuls<strong>en</strong>t tout simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t pas et ce, sans indemnisation. Ces<br />

viol<strong>en</strong>ces sont perpétrées dans <strong>le</strong> cadre d’une démarche dont l’ambition<br />

avouée est de briser <strong>le</strong> souti<strong>en</strong> présumé aux groupes armés d’opposition<br />

DOSSIER<br />

Dans l’État du Chin, à la frontière <strong>en</strong>tre <strong>le</strong> Myanmar et <strong>le</strong> Bangladesh, des villageois sont astreints au travail forcé tandis que d’autres sont contraints de cultiver<br />

<strong>le</strong> riz et de verser 60 % de <strong>le</strong>ur salaire aux militaires birmans. Avril 2005. © Michaël Van Coevord<strong>en</strong><br />

FORÇATS OU RÉFUGIÉS<br />

Depuis de longues années, la junte militaire birmane astreint des dizaines de<br />

milliers de civils au travail forcé, tandis que des dizaines milliers de paysans<br />

voi<strong>en</strong>t <strong>le</strong>urs terres confisquées.<br />

issus des minorités ethniques. La politique d’asservissem<strong>en</strong>t des minorités<br />

est particulièrem<strong>en</strong>t active dans <strong>le</strong>s États «autonomes» de Chan,<br />

Kayah, Kayin, Môn, Rakhaing et Kachin, où el<strong>le</strong> vise <strong>le</strong>s ethnies chan,<br />

kar<strong>en</strong> et môn, ainsi que <strong>le</strong>s tribus tibéto-birmanes de l’ouest et du<br />

nord. La situation s’est aggravée depuis que <strong>le</strong>s autorités ont mis <strong>en</strong><br />

œuvre une politique visant à assurer l’autosuffisance de l’armée.<br />

En octobre 2005, une villageoise du nom de Su Su Nway et un avocat,<br />

U Aye Myint, qui avai<strong>en</strong>t tous deux attiré l’att<strong>en</strong>tion des autorités<br />

birmanes et de l’OIT (Organisation internationa<strong>le</strong> du Travail) sur <strong>le</strong><br />

travail forcé et <strong>le</strong>s confiscations de terres ont été condamnés respectivem<strong>en</strong>t<br />

à 18 mois et 7 années d’emprisonnem<strong>en</strong>t. En juin et juil<strong>le</strong>t 2006,<br />

ces deux personnes ont tout de même été libérées. Trois autres<br />

personnes ont été jugées fin novembre 2005 pour avoir aidé la famil<strong>le</strong><br />

d’une personne décédée, selon certaines informations, alors qu’el<strong>le</strong> effectuait<br />

une période de travail forcé, à demander réparation aux autorités<br />

loca<strong>le</strong>s.<br />

Ess<strong>en</strong>tiel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t implantée dans l’État du Chan (et dans une moindre<br />

mesure dans une partie de la Division du Sagaing), la minorité chan est<br />

particulièrem<strong>en</strong>t visée par cette politique. Fin 2005, plusieurs responsab<strong>le</strong>s<br />

de cette minorité, accusés de trahison, ont été condamnés à des<br />

peines allant de 70 à 106 ans de prison, pour avoir <strong>en</strong> fait participé à<br />

des débats politiques peu avant une réunion de la Conv<strong>en</strong>tion nationa<strong>le</strong><br />

de février 2005.<br />

En juin 2005, <strong>en</strong> dépit des restrictions imposées à l’action de son<br />

chargé de liaison et malgré <strong>le</strong>s m<strong>en</strong>aces de mort reçues par ce dernier,<br />

l’OIT a protesté auprès des autorités birmanes et rappelé qu’<strong>en</strong> recourant<br />

au travail forcé non rémunéré, el<strong>le</strong>s bafou<strong>en</strong>t la Conv<strong>en</strong>tion n°29<br />

de l’OIT, à laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> Myanmar est État partie. e P.F.<br />

Li<strong>be</strong>rtés ! Octobre 2007 7


DOSSIER<br />

CHINE<br />

UN MARCHÉ<br />

MILITAIRE BIEN<br />

SAIGNANT<br />

En matière d’exportations militaires, la Chine est <strong>en</strong> passe de<br />

damer <strong>le</strong> pion aux «pionniers» occid<strong>en</strong>taux et russes. Ainsi, la<br />

Birmanie (Myanmar) représ<strong>en</strong>te un marché militaire<br />

particulièrem<strong>en</strong>t alléchant pour la société Dong F<strong>en</strong>g et<br />

explique pour partie l’att<strong>en</strong>tisme de Pékin à l’égard de<br />

Rangoon.<br />

La Chine est <strong>en</strong> train de dev<strong>en</strong>ir l’un des principaux exportateurs<br />

d’armes de la planète. El<strong>le</strong> est de plus <strong>en</strong> plus prés<strong>en</strong>te et<br />

influ<strong>en</strong>te <strong>en</strong> Asie, <strong>en</strong> Afrique et <strong>en</strong> Amérique latine, et <strong>le</strong>s<br />

v<strong>en</strong>tes d’armes font désormais partie intégrante des relations commercia<strong>le</strong>s<br />

qu’el<strong>le</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t avec ses part<strong>en</strong>aires économiques, dans ces<br />

régions comme ail<strong>le</strong>urs dans <strong>le</strong> monde. Au cours des vingt dernières<br />

années, la Chine a fourni toute une série de matériels militaires, de sécurité<br />

ou de police à des pays dont <strong>le</strong> bilan catastrophique <strong>en</strong> matière de<br />

droits humains était avéré.<br />

Les inquiétudes internationa<strong>le</strong>s sur la manière dont la Chine contrô<strong>le</strong><br />

<strong>le</strong>s exportations d’armes se focalis<strong>en</strong>t sur <strong>le</strong>s transferts de technologie<br />

réalisés dans <strong>le</strong> domaine du nucléaire ou des missi<strong>le</strong>s à longue<br />

portée, au profit de pays comme l’Iran, la Corée du Nord ou <strong>le</strong> Pakistan.<br />

Or, <strong>le</strong> commerce banalisé des armes classiques et de petit calibre<br />

contribue à la multiplication des atteintes aux droits humains, notamm<strong>en</strong>t<br />

dans <strong>le</strong> cadre de conflits armés particulièrem<strong>en</strong>t meurtriers.<br />

La Chine est la seu<strong>le</strong> grande puissance exportatrice d’armes à ne pas<br />

avoir signé d’accord multilatéral, définissant des critères – respect<br />

des droits humains, <strong>en</strong>tre autres – de délivrance des autorisations<br />

d’exporter. Nombre des <strong>en</strong>treprises impliquées dans <strong>le</strong> commerce des<br />

armes dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t de l’Armée populaire de Libération (APL) et de la police<br />

d’État chinoises. Les armes sont souv<strong>en</strong>t destinées à des pays où el<strong>le</strong>s<br />

risqu<strong>en</strong>t fort d’être utilisées pour commettre de graves atteintes aux<br />

droits humains.<br />

Ainsi, outre des armes légères, ainsi que des munitions et pièces de<br />

rechange pour ces armes, la Chine livre éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t au Myanmar<br />

(Birmanie) du matériel militaire basique, ess<strong>en</strong>tiel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t des véhicu<strong>le</strong>s<br />

militaires, dont la société Dong F<strong>en</strong>g propose toute une gamme.<br />

L’<strong>en</strong>treprise exporte sous la marque Dongf<strong>en</strong>g Aeolus. Les camions militaires<br />

de série EQ2081/2100 sont particulièrem<strong>en</strong>t appréciés des forces<br />

armées chinoises, tandis que – on ne s’étonne plus de ri<strong>en</strong> – <strong>le</strong>s<br />

modè<strong>le</strong>s EQ2082E6D et EQ2001E6D sont équipés de moteurs diesel fabriqués<br />

par l’<strong>en</strong>treprise américaine Cummins.<br />

Quatre c<strong>en</strong>ts camions militaires de marque Aeolus ont ainsi été livrés<br />

<strong>en</strong> août 2005 à Shweli, une vil<strong>le</strong> birmane située près de la frontière<br />

chinoise. Depuis 1988, la Chine fournit régulièrem<strong>en</strong>t l’armée du<br />

Myanmar <strong>en</strong> équipem<strong>en</strong>t militaire lourd, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> chars d’assaut,<br />

<strong>en</strong> véhicu<strong>le</strong>s blindés de transport de troupes et <strong>en</strong> pièces d’artil<strong>le</strong>rie<br />

(obusiers, armes antichars et antiaéri<strong>en</strong>nes, etc.). El<strong>le</strong> lui a livré, <strong>en</strong>tre<br />

1988 et 1995, <strong>en</strong>viron un millier de véhicu<strong>le</strong>s, dont des camions Aeolus<br />

6,5 tonnes, des camions Jiefang 5 tonnes, des camionnettes Lan Jian<br />

2 tonnes, des camionnettes Kungi 2 tonnes, et quelque 300 autres<br />

<strong>en</strong>gins tous terrains. Depuis <strong>le</strong>s années 1990, avec la signature d’un<br />

contrat de v<strong>en</strong>te d’armes portant sur une va<strong>le</strong>ur d’un milliard de<br />

dollars US, la Chine est désormais <strong>le</strong> premier part<strong>en</strong>aire commercial<br />

du Myanmar. Les autorités birmanes ont ainsi pu acquérir du matériel<br />

militaire d’importance et obt<strong>en</strong>ir de la Chine qu’el<strong>le</strong> forme de nombreux<br />

officiers birmans.<br />

Selon <strong>le</strong>s informations dont dispose Amnesty, <strong>en</strong>tre autres atteintes aux<br />

droits humains et au droit international humanitaire amp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

docum<strong>en</strong>tées par ail<strong>le</strong>urs, à la fin des années 1990, l’armée birmane<br />

se serait servie des véhicu<strong>le</strong>s militaires livrés par la société d’armem<strong>en</strong>t<br />

chinoise pour procéder au recrutem<strong>en</strong>t forcé d’<strong>en</strong>fants soldats.<br />

8 Li<strong>be</strong>rtés ! Octobre 2007<br />

Dans la nouvel<strong>le</strong> capita<strong>le</strong> – <strong>en</strong> chantier – choisie comme alternative à Yangon (Rangoon),<br />

des soldats birmans défil<strong>en</strong>t durant une parade militaire célébrant la Journée des Forces<br />

armées. Naypyidaw, 27 mars 2007. © AFP/Khin Maung Win<br />

Il est impossib<strong>le</strong> d’affirmer que <strong>le</strong>s camions récemm<strong>en</strong>t livrés au<br />

Myanmar étai<strong>en</strong>t équipés de moteurs diesels Cummins, mais, si l’on se<br />

fonde tout simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t sur <strong>le</strong>s informations fournies par nul<strong>le</strong> autre<br />

que la Hu<strong>be</strong>i Dong F<strong>en</strong>g Motor Industry Import & Export Company, <strong>le</strong><br />

EQ2100E6D est bi<strong>en</strong> proposé avec une motorisation turbo diesel<br />

Cummins6BT5.9. Cummins travail<strong>le</strong> <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec Dong F<strong>en</strong>g<br />

depuis 1986, et Dong F<strong>en</strong>g Motors «produit sous lic<strong>en</strong>ce <strong>le</strong>s moteurs Cummins<br />

de type B depuis 1986. Dong F<strong>en</strong>g utilise <strong>en</strong> outre <strong>le</strong>s moteurs de types B et C sur<br />

ses camions utilitaires, très appréciés par la cli<strong>en</strong>tè<strong>le</strong>.»<br />

Dans son rapport annuel 2002 à la Securities and Exchange Commission<br />

(SEC, organisme américain de contrô<strong>le</strong> des marchés financiers) des États-<br />

Unis, Cummins a ainsi déclaré «avoir conclu un accord de part<strong>en</strong>ariat <strong>en</strong> 1995<br />

avec Dongf<strong>en</strong>g International Ltd, dans <strong>le</strong> but de créer <strong>en</strong> Chine une <strong>en</strong>treprise<br />

conjointe, la Dongf<strong>en</strong>g Cummins Engine Co. Ltd., chargée de produire nos<br />

moteurs de type C. Cette <strong>en</strong>treprise conjointe produit des moteurs pour <strong>le</strong><br />

deuxième constructeur de camions de Chine. Nous avons éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t accordé à la<br />

Dongf<strong>en</strong>g Automotive Corporation une lic<strong>en</strong>ce de fabrication de moteurs<br />

Cummins type B <strong>en</strong> Chine.» Plus récemm<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> octobre 2005, Cummins a<br />

décidé d’investir 300 millions de dollars supplém<strong>en</strong>taires sur <strong>le</strong> marché<br />

chinois d’ici 2010. Et, <strong>le</strong> mois suivant, l’<strong>en</strong>treprise conjointe Dongf<strong>en</strong>g<br />

Cummins Engine Company démarrait un programme de mise au point<br />

d’un moteur 13 litres destiné à un camion tous terrains.<br />

La Charte des Nations unies reconnaît aux États <strong>le</strong> droit de se déf<strong>en</strong>dre,<br />

mais ces derniers ont éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>le</strong> devoir de respecter tous <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s<br />

de ce traité, et notamm<strong>en</strong>t l’artic<strong>le</strong> 1 – devoir de développer et d’<strong>en</strong>courager<br />

<strong>le</strong> respect des droits humains – et l’artic<strong>le</strong> 26 – devoir de favoriser<br />

l’établissem<strong>en</strong>t et <strong>le</strong> mainti<strong>en</strong> de la paix et de la sécurité internationa<strong>le</strong>s<br />

<strong>en</strong> ne détournant vers <strong>le</strong>s armem<strong>en</strong>ts que <strong>le</strong> minimum des ressources<br />

humaines et économiques du monde. Or, la Chine livre des équipem<strong>en</strong>ts<br />

MSP aux forces de sécurité de pays où ces équipem<strong>en</strong>ts serv<strong>en</strong>t à<br />

commettre des atteintes graves et systématiques aux droits fondam<strong>en</strong>taux<br />

de la personne. L’abs<strong>en</strong>ce évid<strong>en</strong>te de tout critère relatif au<br />

respect des droits humains dans <strong>le</strong> mécanisme chinois de prise de décisions<br />

<strong>en</strong> matière d’exportations d’armes ne peut dès lors avoir que de<br />

graves conséqu<strong>en</strong>ces. e AI<br />

CHINE – Conflits et atteintes aux droits humains: un commerce des<br />

armes <strong>en</strong> p<strong>le</strong>ine expansion (Index AI : ASA 17/030/2006)


LA WALLONIE EN LIGNE DE MIRE<br />

En juil<strong>le</strong>t dernier, on appr<strong>en</strong>ait la conclusion d’un contrat prévoyant la v<strong>en</strong>te au<br />

Myanmar (Birmanie) d’un hélicoptère indi<strong>en</strong>. Pas de quoi fouetter un média,<br />

europé<strong>en</strong> du moins. Sauf que des composants et une partie de la technologie de<br />

l’appareil v<strong>en</strong>du à l’Inde sont fournis par 6 pays membres de l’Union europé<strong>en</strong>ne<br />

(UE) et qu’un lance-roquettes wallon risque de r<strong>en</strong>dre tout relatif l’embargo<br />

europé<strong>en</strong> sur <strong>le</strong>s armes à destination du Myanmar. Un risque qu’avai<strong>en</strong>t dès cet<br />

été 2007 souligné plusieurs ONG, parmi <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s Amnesty International et<br />

Saferworld.<br />

Intitulé Indian helicopters for Myanmar: Making a mockery of the EU arms<br />

embargo?, un rapport publié par plusieurs ONG internationa<strong>le</strong>s,<br />

dont Amnesty, cite des sources fiab<strong>le</strong>s (et indi<strong>en</strong>nes) selon<br />

<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t indi<strong>en</strong> prévoit de réexporter plusieurs<br />

exemplaires de l’Advanced Light Helicopter (ALH) vers <strong>le</strong> Myanmar<br />

(Birmanie). Il révè<strong>le</strong> que cet hélicoptère fabriqué <strong>en</strong> Inde n’aurait jamais<br />

pu être opérationnel sans des composants ess<strong>en</strong>tiels fournis par des États<br />

membres de Union europé<strong>en</strong>ne et insiste sur <strong>le</strong> fait que l’UE doit de toute<br />

urg<strong>en</strong>ce instaurer des contrô<strong>le</strong>s plus rigoureux sur <strong>le</strong>s armes.<br />

Le premier risque est que, si la réexportation vers <strong>le</strong> Myanmar a <strong>be</strong>l et<br />

bi<strong>en</strong> lieu, l’Al<strong>le</strong>magne, la Belgique, la France, l’Italie, <strong>le</strong> Royaume-Uni et<br />

la Suède pourrai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>freindre un embargo europé<strong>en</strong> sur <strong>le</strong>s armes à<br />

destination du Myanmar <strong>en</strong> vigueur depuis 1988.<br />

Le second risque réside dans <strong>le</strong> fait que l’Inde assemb<strong>le</strong> plusieurs<br />

modè<strong>le</strong>s de l’ALH. Il n’est dès lors pas impossib<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s hélicoptères d’attaque<br />

ALH livrés par l’Inde au Myanmar conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des roquettes,<br />

des armem<strong>en</strong>ts et des moteurs fabriqués <strong>en</strong> France, des systèmes de freinage<br />

produits <strong>en</strong> Italie, des réservoirs de carburant et des boîtes de<br />

vitesse fabriqués au Royaume-Uni et des matériels de protection person-<br />

l<br />

Après 3 jours de chauffe, plus d’un millier de manifestants se sont rassemblés Place de la<br />

Li<strong>be</strong>rté à Bruxel<strong>le</strong>s pour protester contre la répression exercée par <strong>le</strong>s forces birmanes. À<br />

l’invitation d’Amnesty et d’Actions Birmanie, exilés birmans, représ<strong>en</strong>tants politiques et<br />

manifestants ont demandé l’<strong>en</strong>voi d’une mission spécia<strong>le</strong> de l’ONU, la libération sans<br />

condition des quelque 1200 prisonniers d’opinion rec<strong>en</strong>sés à l’automne ainsi que des<br />

500 manifestants et opposants arrêtés fin septembre, la protection des populations civi<strong>le</strong>s<br />

et une implication pacifique et déterminée des États membres de l’ASEAN, de l’Inde et de<br />

la Chine. Bruxel<strong>le</strong>s, 30 septembre 2007. © Bruno Brioni<br />

DOSSIER<br />

nel<strong>le</strong> fournis par une <strong>en</strong>treprise suédoise. Pis, il est éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t possib<strong>le</strong><br />

que l’ALH soit équipé de lance-roquettes fabriqués <strong>en</strong> Belgique, plus<br />

précisém<strong>en</strong>t par l’<strong>en</strong>treprise wallonne des Forges de Zeebruges.<br />

Pour Hel<strong>en</strong> Hughes, chercheuse sur <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> des armes à Amnesty<br />

International, «il faut accorder une plus grande att<strong>en</strong>tion aux accords sur l’utilisation<br />

fina<strong>le</strong> et à la réexportation de composants acquis auprès d’États membres<br />

de l’UE. Sinon, ces États pourrai<strong>en</strong>t se retrouver à sout<strong>en</strong>ir indirectem<strong>en</strong>t un<br />

régime cruel qu’ils ont eux-mêmes condamné et dont <strong>le</strong>s atteintes aux droits<br />

humains constitu<strong>en</strong>t des crimes contre l’humanité.»<br />

Seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> Inde, aucune restriction nationa<strong>le</strong> n’interdit de transférer<br />

des armes au Myanmar. Interpellé cet été par Amnesty, <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t<br />

wallon a répondu que l’Inde était contractuel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>ue de prév<strong>en</strong>ir<br />

<strong>le</strong>s armuriers europé<strong>en</strong>s de l’id<strong>en</strong>tité de l’<strong>en</strong>d-user <strong>en</strong> cas de réexportation.<br />

De même, <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t wallon a affirmé avoir donné son<br />

accord à la livraison à l’Inde des lance-roquettes des Forges <strong>en</strong> l’assortissant<br />

d’une clause de non-réexportation vers <strong>le</strong> Myanmar.<br />

Hélas, dans <strong>le</strong>s faits, <strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce de moy<strong>en</strong>s humains de vérification suffisants,<br />

<strong>le</strong> risque reste trop é<strong>le</strong>vé que cette clause de non-réexportation ne<br />

soit pas respectée par <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t indi<strong>en</strong>. D’autant que, de la<br />

Flandre, de Bruxel<strong>le</strong>s-Capita<strong>le</strong> et de la Wallonie, la Région wallonne n’est<br />

pas cel<strong>le</strong> qui se distingue <strong>le</strong> plus par sa transpar<strong>en</strong>ce. En Flandre, nous<br />

aurions directem<strong>en</strong>t eu connaissance de cette lic<strong>en</strong>ce d’exportation<br />

vers l’Inde, grâce au rapport public qui y est publié chaque mois (1) .<br />

Malheureusem<strong>en</strong>t, quant il n’est pas soumis à forte pression, <strong>le</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t<br />

wallon garde rigoureusem<strong>en</strong>t confid<strong>en</strong>tiel<strong>le</strong>s toutes <strong>le</strong>s données<br />

concernant <strong>le</strong>s lic<strong>en</strong>ces. e P.F.<br />

(1) Voir <strong>le</strong>s rapports de la Communauté flamande sur la page<br />

http://docs.vlaander<strong>en</strong>.<strong>be</strong>/buit<strong>en</strong>land/deelsites/wap<strong>en</strong>handel/verslag<strong>en</strong>.html<br />

AGISSEZ POUR LES<br />

PRISONNIERS BIRMANS<br />

Au 28 septembre, on estimait à quelque 500 <strong>le</strong> nombre de<br />

personnes arrêtées lors de la répression des manifestations<br />

hosti<strong>le</strong>s à la junte du SPDC dans la soirée du 25 septembre à<br />

Yangon (ex-Rangoon), l’anci<strong>en</strong>ne capita<strong>le</strong>, à Mandalay, deuxième vil<strong>le</strong> du<br />

pays, ainsi qu’à Meiktila, Pakokku et Mogok. Un certain nombre de<br />

personnes se sont réfugiées dans la clandestinité. Certaines personnes<br />

aurai<strong>en</strong>t été arrêtées dans la soirée du 24 septembre, mais la plupart l’ont<br />

été au cours des 36 qui ont suivi, tandis que la répression des forces de<br />

sécurité s’int<strong>en</strong>sifiait. Parmi el<strong>le</strong>s figurai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre 50 et 100 moines de<br />

Yangon. Le par<strong>le</strong>m<strong>en</strong>taire Paik Ko et au moins un autre député du principal<br />

parti d’opposition Ligue nationa<strong>le</strong> pour la Démocratie (NLD)<br />

d’Daw Aung San Suu Kyi, aurai<strong>en</strong>t été appréh<strong>en</strong>dés, ainsi que plusieurs<br />

autres membres de la NLD et autres personnalités publiques, dont<br />

Zargana, un comédi<strong>en</strong> célèbre et anci<strong>en</strong> prisonnier d’opinion. Amnesty<br />

International craint fortem<strong>en</strong>t que <strong>le</strong>s personnes interpellées ne subiss<strong>en</strong>t<br />

des actes de torture ou d’autres formes de mauvais traitem<strong>en</strong>ts. Des<br />

responsab<strong>le</strong>s ont confirmé aux journalistes qu’au moins trois moines<br />

avai<strong>en</strong>t été tués à Yangon, l’un par bal<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s deux autres des suites d’un<br />

passage à tabac. e<br />

POUR AGIR :<br />

Action urg<strong>en</strong>te avec www.isavelives.<strong>be</strong> :<br />

http://www.<strong>amnesty</strong>international.<strong>be</strong>/doc/spip.php?artic<strong>le</strong>11772<br />

Coordination Myanmar :<br />

Jean Nizet (jnizet@aibf.<strong>be</strong>), Dominique Buyse (dbuyse@aibf.<strong>be</strong>) ou<br />

Virginie Deti<strong>en</strong>ne (vdeti<strong>en</strong>ne@aibf.<strong>be</strong>).<br />

Li<strong>be</strong>rtés ! Octobre 2007 9


MOUVEMENT<br />

DEVENEZ FORMATEUR/TRICE<br />

BÉNÉVOLE!<br />

Vous êtes motivé(e) par <strong>le</strong>s<br />

actions d’Amnesty et suivez<br />

régulièrem<strong>en</strong>t nos campagnes<br />

? Vous avez des aptitudes<br />

pédagogiques et/ou une expéri<strong>en</strong>ce<br />

<strong>en</strong> formation d’adultes?<br />

Vous aimez travail<strong>le</strong>r <strong>en</strong><br />

équipe et de manière autonome<br />

? Vous avez des<br />

compét<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> prise de<br />

paro<strong>le</strong> <strong>en</strong> public et faites<br />

preuve d’une grande capacité<br />

d’écoute ?<br />

Rejoignez notre équipe de formateurs bénévo<strong>le</strong>s ! Pour<br />

avoir un aperçu du type de modu<strong>le</strong> que nous proposons,<br />

nous vous suggérons de consulter notre<br />

programme des formations 2007 sur notre site Internet<br />

à l’adresse suivante : http://www.<strong>amnesty</strong>.<strong>be</strong>/formations<br />

Att<strong>en</strong>tion : cette activité demande de la disponibilité <strong>en</strong><br />

soirée et <strong>le</strong> week-<strong>en</strong>d.<br />

Premières dates où votre prés<strong>en</strong>ce serait requise : <strong>le</strong>s 18,<br />

19 et 20 janvier 2008 pour un week-<strong>en</strong>d de formation et<br />

de r<strong>en</strong>contre avec <strong>le</strong> reste de l’équipe. e<br />

Intéressé(e) ? Veuil<strong>le</strong>z nous <strong>en</strong>voyer votre curriculum vitae et une<br />

<strong>le</strong>ttre de motivation pour <strong>le</strong> 15 novembre au plus tard à l’att<strong>en</strong>tion<br />

de Sophie Ypersiel, Amnesty International Belgique francophone,<br />

Service Formations, rue Berckmans 9, 1060 Bruxel<strong>le</strong>s ou par e-mail<br />

à formations@aibf.<strong>be</strong>.<br />

LES FORMATIONS DE<br />

L’AUTOMNE 2007<br />

Voici la liste des modu<strong>le</strong>s de cette fin d’année 2007 :<br />

La protection internationa<strong>le</strong><br />

des droits fondam<strong>en</strong>taux<br />

06/10 de 10h00 à 16h00 Liège<br />

Découvrir Amnesty 06/10 de 09h30 à 12h30 LLN<br />

Découvrir Amnesty 06/10 de 09h30 à 12h30 BXL<br />

Découvrir Amnesty 11/10 de 19h00 à 22h00<br />

Char<strong>le</strong>roi<br />

Combattre la torture 13/10 de 10h00 à 16h30 BXL<br />

Homosexualités et droits humains<br />

20/10 de 10h00 à 16h30 BXL<br />

Découvrir Amnesty 25/10 de 19h00 à 22h00 Namur<br />

Découvrir Amnesty 25/10 de 18h00 à 20h30 Liège<br />

Mission et fonctionnem<strong>en</strong>t d’Amnesty<br />

17/11 de 09h30 à 16h30 BXL<br />

Si vous v<strong>en</strong>ez de dev<strong>en</strong>ir membre d’Amnesty et souhaitez<br />

faire connaissance avec <strong>le</strong> mouvem<strong>en</strong>t, nous vous<br />

conseillons de participer à la formation «Découvrir<br />

Amnesty» dans votre région. Par contre, si vous avez<br />

déjà reçu ces informations et si vous désirez approfondir<br />

votre compréh<strong>en</strong>sion de notre travail et de notre structure,<br />

<strong>le</strong> modu<strong>le</strong> «Mission et fonctionnem<strong>en</strong>t d’Amnesty»<br />

répondra certainem<strong>en</strong>t à vos att<strong>en</strong>tes.<br />

Att<strong>en</strong>tion: pour <strong>le</strong>s autres formations, il reste très peu de<br />

places disponib<strong>le</strong>s. Donc, si vous êtes intéressé(e),<br />

contactez-nous rapidem<strong>en</strong>t. Les premiers qui se manifesteront<br />

seront <strong>le</strong>s premiers servis ! e<br />

Pour vous inscrire et/ou obt<strong>en</strong>ir des détails concernant <strong>le</strong> cont<strong>en</strong>u<br />

des modu<strong>le</strong>s, r<strong>en</strong>dez-vous sur notre site Internet :<br />

http://www.<strong>amnesty</strong>.<strong>be</strong>/formations<br />

Pour tout r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, n’hésitez pas à nous contacter par e-mail<br />

à formations@aibf.<strong>be</strong> ou par téléphone au 02 538 81 77, de préfér<strong>en</strong>ce<br />

<strong>le</strong>s mercredi, jeudi et v<strong>en</strong>dredi.<br />

10 Li<strong>be</strong>rtés ! Octobre 2007<br />

GROS PLAN<br />

«PERSONNE N’EST À<br />

L’ABRI DE<br />

CONTRADICTIONS»<br />

Amnesty International Belgique francophone, ce sont des membres, des donateurs, des<br />

militants, des groupes locaux, des régiona<strong>le</strong>s et des coordinations qui assur<strong>en</strong>t un rô<strong>le</strong><br />

ess<strong>en</strong>tiel dans l’organisation et la diffusion d’informations et d’actions liées à des<br />

thématiques ou à des zones géographiques.<br />

Ce mois-ci, r<strong>en</strong>contre avec Tanguy Pinxter<strong>en</strong>, anci<strong>en</strong> responsab<strong>le</strong> de la Coordination LGBT<br />

et responsab<strong>le</strong> depuis février 2007 de la Coordination régiona<strong>le</strong> de Bruxel<strong>le</strong>s.<br />

Comm<strong>en</strong>t es-tu arrivé à Amnesty ?<br />

Ça date d’une dizaine d’années. Lorsque<br />

j’étais étudiant à Louvain-la-Neuve, j’ai<br />

r<strong>en</strong>contré des g<strong>en</strong>s des deux kots Amnesty et j’ai<br />

été p<strong>en</strong>dant 2 ans membre du Kot Amnesty<br />

Actions, avant de m’occuper d’un autre kot à<br />

projets qui s’occupait, lui, de l’accueil des<br />

étudiants homosexuels. Ensuite, je suis dev<strong>en</strong>u<br />

membre de la toute nouvel<strong>le</strong> coordination<br />

«Homosexualité et droits humains», l’ancêtre de<br />

la LGBT <strong>en</strong> quelque sorte. Cette coordination<br />

avait été créée <strong>en</strong> 1999 par Brian May, qui avait eu<br />

l’idée de faire appel à des membres d’autres associations<br />

et comme je m’occupais du kot à projets<br />

de Louvain-la-Neuve, il m’avait fort logiquem<strong>en</strong>t<br />

contacté. Quand il est dev<strong>en</strong>u perman<strong>en</strong>t d’Amnesty,<br />

<strong>le</strong> cumul est dev<strong>en</strong>u problématique et il m’a<br />

passé <strong>le</strong> flam<strong>be</strong>au. Comme je ne voulais pas être<br />

seul, j’ai partagé mes fonctions avec Patricia<br />

Curzi, ce qui permettait <strong>en</strong> outre d’assurer une<br />

mixité. Patricia a <strong>en</strong>suite quitté la coordination<br />

pour travail<strong>le</strong>r à l’ILGA, l’International Lesbian<br />

and Gay Association. Quant à moi, j’ai quitté mes<br />

fonctions de coordinateur <strong>en</strong> 2006.<br />

Pourquoi ? Par fatigue ? Par peur de rester<br />

<strong>en</strong>fermé dans ce rô<strong>le</strong> par Amnesty ?<br />

Il y a un peu de ça. Il faut dire aussi que, pour<br />

importante qu’el<strong>le</strong> soit, ce n’est pas une thématique<br />

prioritaire pour Amnesty. Pour être précis<br />

et honnête, autant nous avons toujours bénéficié<br />

d’une bonne écoute au sein de la section<br />

<strong>be</strong>lge francophone (ce qui n’est pas <strong>le</strong> cas de<br />

toutes <strong>le</strong>s sections nationa<strong>le</strong>s), autant nous avions<br />

l’impression que <strong>le</strong> Secrétariat international (à<br />

Londres) ne lançait pas suffisamm<strong>en</strong>t d’actions<br />

spécifiques ou que ses interpellations ne bénéficiai<strong>en</strong>t<br />

pas d’un véritab<strong>le</strong> suivi de sa part. Cela dit,<br />

j’avais éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vie de m’occuper d’autre<br />

chose, d’élargir mes horizons. Personnel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t,<br />

je ne trouve pas sain de rester trop longtemps<br />

dans une même coordination, il faut assurer un<br />

rou<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t. Et il n’a pas été diffici<strong>le</strong> de me trouver<br />

un successeur. La coordination fonctionne<br />

toujours très bi<strong>en</strong>.<br />

Quel bilan fais-tu de ces années de coordinateur<br />

LGBT ?<br />

Il faut bi<strong>en</strong> se r<strong>en</strong>dre compte qu’Amnesty, <strong>en</strong><br />

tant que mouvem<strong>en</strong>t de militants, est à maints<br />

égards à l’image de la société et n’est donc pas à<br />

l’abri de contradictions. Nous avons dû nous faire<br />

accepter auprès d’une partie des militants. Ainsi,<br />

quand D<strong>en</strong>is Grégoire et Brian May ont consacré<br />

<strong>le</strong> dossier du Li<strong>be</strong>rtés! de février 2001 à l’homophobie<br />

et mis <strong>en</strong> couverture une photo du<br />

transsexuel israéli<strong>en</strong> Dana International – Yaron<br />

Coh<strong>en</strong>, il y a eu quelques grincem<strong>en</strong>ts de d<strong>en</strong>ts et<br />

des membres ont rompu. Ça nous a poussés à<br />

faire un travail de s<strong>en</strong>sibilisation ori<strong>en</strong>té d’abord<br />

vers l’interne, vers <strong>le</strong>s militants d’Amnesty, vers<br />

<strong>le</strong>s groupes locaux et vers <strong>le</strong>s coordinations, ces<br />

dernières étant am<strong>en</strong>ées à de temps à autre se<br />

confronter à des violations liées à <strong>le</strong>ur préfér<strong>en</strong>ce<br />

sexuel<strong>le</strong>. Pour <strong>le</strong> reste, si Amnesty ne participait<br />

pas à des événem<strong>en</strong>ts comme <strong>le</strong> Festival du Film<br />

Gay et Lesbi<strong>en</strong> ou comme la Gay Pride, je crains<br />

que <strong>le</strong>s rev<strong>en</strong>dications des LGBT ne passerai<strong>en</strong>t au<br />

second plan.<br />

Donc, tu t’es <strong>en</strong>suite retrouvé coordinateur<br />

régional pour Bruxel<strong>le</strong>s.<br />

Quitter la coordination LGBT ne signifiait pas<br />

que je quittais Amnesty et j’étais prêt à poursuivre<br />

mon investissem<strong>en</strong>t militant. Au départ, je<br />

p<strong>en</strong>sais plutôt à une coordination pays mais il se<br />

fait que <strong>le</strong> poste de coordinateur sur Bruxel<strong>le</strong>s<br />

était vacant, que je suis bruxellois et qu’on me l’a<br />

proposé. L’ess<strong>en</strong>tiel pour moi était que ça me<br />

permette de rester <strong>en</strong> contact avec <strong>le</strong>s groupes<br />

locaux. Bruxel<strong>le</strong>s n’est pas une régiona<strong>le</strong> comparab<strong>le</strong><br />

aux 6 régiona<strong>le</strong>s de Wallonie, tout<br />

simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t parce que nous sommes ici dans un<br />

maillage urbain très serré. Ainsi, il n’y a pas<br />

moins de 19 groupes <strong>en</strong> région bruxelloise. Pour<br />

des raisons sociologiques, <strong>le</strong>s communes du Sud<br />

de Bruxel<strong>le</strong>s (Ixel<strong>le</strong>s, Saint-Gil<strong>le</strong>s, Ucc<strong>le</strong>, etc.) sont<br />

très bi<strong>en</strong> couvertes, tandis que <strong>le</strong>s communes du<br />

Nord (Schaer<strong>be</strong>ek et Saint-Josse) et cel<strong>le</strong>s situées<br />

à l’Ouest de la S<strong>en</strong>ne (Ander<strong>le</strong>cht, Mol<strong>en</strong><strong>be</strong>ek,<br />

etc.) <strong>le</strong> sont à peine. Autre différ<strong>en</strong>ce avec la<br />

Wallonie, avec la proximité physique, <strong>le</strong>s g<strong>en</strong>s<br />

ont davantage <strong>le</strong> réf<strong>le</strong>xe de v<strong>en</strong>ir directem<strong>en</strong>t au<br />

SN pour avoir de l’information, du matériel, etc.<br />

Quel<strong>le</strong> a été ton ambition par rapport à la<br />

coordination de Bruxel<strong>le</strong>s ?<br />

Il était pour moi important d’améliorer la<br />

communication <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s groupes, <strong>le</strong>squels ne<br />

se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t que lors de la campagne<br />

de fin d’année. Ça, c’est pour l’interne. Mais je<br />

trouve aussi qu’il est ess<strong>en</strong>tiel de r<strong>en</strong>forcer la<br />

communication externe, c’est-à-dire faire pr<strong>en</strong>dre<br />

consci<strong>en</strong>ce aux milliers de membres résidant à<br />

Bruxel<strong>le</strong>s qu’il existe des groupes. Et puis, réfléchir<br />

aussi à d’autres types d’action.


D’où l’<strong>en</strong>voi d’une <strong>le</strong>ttre é<strong>le</strong>ctronique aux<br />

membres bruxellois, début juil<strong>le</strong>t.<br />

Oui, l’idée est d’<strong>en</strong>voyer une <strong>le</strong>ttre é<strong>le</strong>ctronique<br />

selon un rythme m<strong>en</strong>suel et d’informer <strong>le</strong>s<br />

membres sur <strong>le</strong>s événem<strong>en</strong>ts assurés par <strong>le</strong>s<br />

groupes ou organisés au niveau régional, et pas<br />

seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t sur <strong>le</strong>s événem<strong>en</strong>ts organisés par <strong>le</strong><br />

Secrétariat national à Bruxel<strong>le</strong>s et qui s’adress<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> fait à l’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> de la Belgique francophone.<br />

Outre la <strong>le</strong>ttre, <strong>en</strong>voyée par bxl@inside.<strong>amnesty</strong>international.<strong>be</strong>,<br />

on a aussi <strong>en</strong>vie de créer un<br />

Réseau d’Actions sur Bruxel<strong>le</strong>s. Jadis, il existait <strong>le</strong><br />

GAB (Groupe d’Action bruxellois), qui organisait<br />

par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> marché de Noël ou s’occupait de<br />

confectionner du matériel pour <strong>le</strong>s manifs. Mais<br />

<strong>le</strong> GAB s’est dissous il y a un an. L’idée n’est pas<br />

de recréer un groupe d’action qui se réunirait de<br />

manière m<strong>en</strong>suel<strong>le</strong> mais plutôt d’avoir un réseau<br />

d’actions. À ce jour, une vingtaine de personnes<br />

s’y sont inscrites. Les g<strong>en</strong>s répond<strong>en</strong>t selon <strong>le</strong>ur<br />

disponibilité aux événem<strong>en</strong>ts initiés par <strong>le</strong> SN ou<br />

par nous et auxquels on <strong>le</strong>ur propose de s’associer,<br />

comme bi<strong>en</strong>tôt <strong>le</strong> Festival des Li<strong>be</strong>rtés, la<br />

campagne de fin d’année, <strong>le</strong>s festivals, etc. Mon<br />

souci à moy<strong>en</strong> terme serait aussi d’organiser ne<br />

serait-ce qu’un grand événem<strong>en</strong>t strictem<strong>en</strong>t<br />

régional et pas piloté directem<strong>en</strong>t par <strong>le</strong> Secrétariat<br />

national.<br />

Tanguy Pinxter<strong>en</strong>,<br />

responsab<strong>le</strong> de la<br />

coordination<br />

régiona<strong>le</strong> de<br />

Bruxel<strong>le</strong>s. Bruxel<strong>le</strong>s,<br />

septembre 2007.<br />

© Bruno Brioni<br />

Un de mes objectifs, c’est aussi d’assurer <strong>le</strong> relais<br />

<strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s coordinations thématiques et <strong>le</strong>s<br />

groupes locaux. Il s’agit par ail<strong>le</strong>urs de pouvoir<br />

mobiliser <strong>le</strong>s membres hors groupes, vu que la<br />

société a changé et que <strong>le</strong>s g<strong>en</strong>s ne milit<strong>en</strong>t plus<br />

de la même façon qu’il y a vingt ans. Je suis assez<br />

optimiste, dès lors qu’à ce stade, une c<strong>en</strong>taine de<br />

membres se sont déjà inscrits au Réseau d’Actions.<br />

Enfin, une dernière tâche ess<strong>en</strong>tiel<strong>le</strong> est<br />

d’assurer <strong>le</strong> suivi des groupes, voir comm<strong>en</strong>t ça<br />

fonctionne, aiguil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s nouveaux membres qui<br />

ont <strong>en</strong>vie de rejoindre un groupe et <strong>le</strong>s ori<strong>en</strong>ter<br />

vers <strong>le</strong> groupe <strong>le</strong> plus proche géographiquem<strong>en</strong>t<br />

ou selon <strong>le</strong>s dossiers traités.<br />

As-tu une demande particulière par rapport à<br />

des <strong>le</strong>cteurs qui sont membres d’Amnesty<br />

mais qui ne sont pas pour l’instant intégrés à<br />

un groupe ou une coordination ?<br />

Que <strong>le</strong>s membres bruxellois qui n’ont pas <strong>le</strong><br />

temps de s’<strong>en</strong>gager mais qui ont <strong>en</strong>vie de participer<br />

n’hésit<strong>en</strong>t pas à s’inscrire à ce Réseau<br />

d’Actions. Ils ne sont pas obligés de répondre<br />

positivem<strong>en</strong>t à toutes <strong>le</strong>s sollicitations, mais s’ils<br />

ont l’occasion une fois sur l’année de participer<br />

à un stand, qu’ils n’hésit<strong>en</strong>t pas. Dernière chose,<br />

l’assemblée régiona<strong>le</strong> de Bruxel<strong>le</strong>s se ti<strong>en</strong>dra ce<br />

13 octobre. e Propos recueillis par P.F.<br />

CONTACTER LA RÉGIONALE DE BRUXELLES<br />

Vous êtes membre d’Amnesty et c’est déjà un <strong>be</strong>l <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t ! Vous êtes peut-être déjà membre d’un<br />

groupe local ou d’une coordination et c’est très bi<strong>en</strong> aussi ! Mais savez vous que nous comptons<br />

<strong>en</strong>core sur vous ?<br />

Nous avons parfois - même souv<strong>en</strong>t ! - <strong>be</strong>soin de bénévo<strong>le</strong>s prêt(e)s à donner un coup de main pour un<br />

stand ou pour l’un ou l’autre événem<strong>en</strong>t. Festivals, concerts, débats, confér<strong>en</strong>ces, animations diverses,<br />

une fou<strong>le</strong> d’activités se pass<strong>en</strong>t à Bruxel<strong>le</strong>s et nous essayons dans la mesure du possib<strong>le</strong> d’y assurer une<br />

prés<strong>en</strong>ce visib<strong>le</strong> d’Amnesty International. Avec votre appui, cela se passera <strong>en</strong>core mieux !<br />

CONCRÈTEMENT, VOICI CE QUE NOUS VOUS PROPOSONS :<br />

Si vous souhaitez simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t être t<strong>en</strong>u/e au courant des activités de la Régiona<strong>le</strong> Amnesty de<br />

Bruxel<strong>le</strong>s : http://www.<strong>amnesty</strong>international.<strong>be</strong>/doc/artic<strong>le</strong>11225.html#b<br />

Si vous p<strong>en</strong>sez pouvoir apporter une aide ponctuel<strong>le</strong> à l’occasion d’événem<strong>en</strong>ts à Bruxel<strong>le</strong>s :<br />

http://www.<strong>amnesty</strong>international.<strong>be</strong>/doc/artic<strong>le</strong>11225.html#c<br />

Si vous avez l’int<strong>en</strong>tion de rejoindre prochainem<strong>en</strong>t un groupe local bruxellois :<br />

http://www.<strong>amnesty</strong>international.<strong>be</strong>/doc/artic<strong>le</strong>11225.html#a<br />

POUR TOUT AUTRE CONTACT, IL SUFFIT D’ENVOYER UN MAIL À BXL@AIBF.BE<br />

Une assemblée régiona<strong>le</strong> aura lieu <strong>le</strong> samedi 13 octobre de 10h00 à 16h00 au Secrétariat<br />

national, rue Berckmans 9, 1060 Saint-Gil<strong>le</strong>s. Bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue à vous !<br />

MOUVEMENT<br />

10 OCTOBRE<br />

JOURNÉE INTERNATIONALE CONTRE<br />

LA PEINE DE MORT<br />

MANIFESTATION DEVANT<br />

L’AMBASSADE D’IRAN<br />

L’Iran recourt de plus <strong>en</strong> plus à la peine de mort (voir<br />

Li<strong>be</strong>rtés! n°436 de septembre) et, ri<strong>en</strong> que pour <strong>le</strong> mois de<br />

septembre, ce ne sont pas moins de 21 personnes qui ont<br />

été p<strong>en</strong>dues <strong>en</strong> place publique et ce, <strong>en</strong> une seu<strong>le</strong><br />

journée.<br />

L’Iran use de «méthodes» de mise à mort particulièrem<strong>en</strong>t<br />

cruel<strong>le</strong>s comme la lapidation. De même, <strong>en</strong> violation du<br />

droit international, <strong>le</strong>s autorités continu<strong>en</strong>t d’exécuter<br />

des délinquants qui étai<strong>en</strong>t mineurs au mom<strong>en</strong>t des<br />

faits reprochés. On p<strong>en</strong>se ainsi à Delara Darabi qui,<br />

malgré <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres de souti<strong>en</strong> et <strong>le</strong>s protestations des<br />

militants d’Amnesty, att<strong>en</strong>d toujours dans <strong>le</strong> couloir de<br />

la mort, alors même que sa culpabilité est très fortem<strong>en</strong>t<br />

remise <strong>en</strong> cause.<br />

Enfin, tous <strong>le</strong>s Irani<strong>en</strong>s ne sont pas égaux devant la<br />

peine de mort. Les minorités ethniques comme <strong>le</strong>s<br />

Baloutches sont <strong>le</strong>s premières victimes de ce traitem<strong>en</strong>t<br />

inhumain. C’est ce qui ressort notamm<strong>en</strong>t du rapport<br />

d’Amnesty sorti ce 17 septembre, Iran - Human Rights<br />

Abuses against the Baluchi Minority (Index AI : MDE<br />

13/104/2007).<br />

R<strong>en</strong>dez-vous à 11h00 devant l’ambassade d’Iran,<br />

av<strong>en</strong>ue Franklin Roosevelt 15 (au niveau de l’ULB),<br />

1050 Ixel<strong>le</strong>s.<br />

La manifestation durera une demi-heure. Il est important<br />

que nous soyons nombreux !<br />

Habil<strong>le</strong>z-vous de cou<strong>le</strong>urs sombres, ou même de noir. e<br />

LIÈGE<br />

AMNESTY – 46 ANS D’AFFICHES<br />

La Coordination régiona<strong>le</strong> de Liège d’AIBF et la Ga<strong>le</strong>rie<br />

d’Art Le Parc ont <strong>le</strong> plaisir de vous inviter au vernissage<br />

de l’exposition Amnesty International: 40 ans d’affiches <strong>le</strong><br />

15 novembre 2007 de 18h30 à 21h30, ainsi qu’à la soirée<br />

spécia<strong>le</strong> 10 Décembre au Cinéma Le Parc et au Café Le<br />

Parc. e<br />

Exposition du 15 novembre 2007 au 11 décembre 2007 tous <strong>le</strong>s<br />

jours de 15h00 à 23h00.<br />

Café Le Parc, rue Carpay 16, 4020 Liège (Droixhe).<br />

Contact : Perman<strong>en</strong>ce régiona<strong>le</strong> : 04 223 05 15<br />

BRAINE-L’ALLEUD<br />

BIRMANIE<br />

Le Groupe 97 de Braine-l’Al<strong>le</strong>ud vous propose de participer<br />

à une soirée de solidarité avec <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> birman. Un<br />

film sera projeté et sera suivi du témoignage direct<br />

d’une victime de la répression. e<br />

Le 7 novembre à 20h00 au C<strong>en</strong>tre culturel, rue Ju<strong>le</strong>s Hans 4, à<br />

Braine-l’Al<strong>le</strong>ud.<br />

Contact : Anne Herr<strong>en</strong>t (0473 33 96 14 ou 02 385 03 76).<br />

SUR LA TOILE<br />

AMNESTY EST SUR FACEBOOK<br />

Pour être <strong>en</strong>core plus proche des ses sympathisants,<br />

AIBF a ouvert un groupe sur Facebook. Cet espace nous<br />

permet de communiquer <strong>en</strong> temps réel et de vous inviter<br />

à nos manifestations, mais aussi à vous d’échanger avec<br />

d’autres sympathisants. Pour nous rejoindre, cliquez<br />

ici :<br />

http://www.facebook.com/group.php?gid=7196601118 e<br />

Li<strong>be</strong>rtés ! Octobre 2007 11


MOUVEMENT<br />

Ir<strong>en</strong>e Khan et Yoko Ono prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>le</strong> Disque de Platine obt<strong>en</strong>u <strong>en</strong> Irlande par <strong>le</strong> CD Make<br />

Some Noise / Instant Karma. Londres, septembre 2007.<br />

YOKO ONO À AMNESTY<br />

Le 24 septembre, Yoko Ono a fêté au Secrétariat international d’Amnesty à Londres <strong>le</strong><br />

succès de l’album Make Some Noise, qui a permis de recueillir plus de 700000€ pour l’action<br />

d’Amnesty International, tout <strong>en</strong> contribuant à attirer l’att<strong>en</strong>tion de l’opinion sur<br />

la crise du Darfour.<br />

L’album de reprises de John L<strong>en</strong>non Make Some Noise a pu exister grâce à la générosité de Yoko<br />

Ono, qui a légué à Amnesty International <strong>le</strong>s droits sur tout <strong>le</strong> répertoire solo de John<br />

L<strong>en</strong>non et fait don au projet de tous <strong>le</strong>s droits d’auteur relatifs à l’édition musica<strong>le</strong>.<br />

Certaines des plus grandes pointures internationa<strong>le</strong>s de la musique – comme Gre<strong>en</strong> Day, R.E.M.,<br />

Christina Agui<strong>le</strong>ra, The Cure, Snow Patrol et Youssou N’Dour – se sont retrouvées autour de<br />

cet album, qui aboutira à la sortie d’un coffret numérique <strong>le</strong> 9 octobre, date d’anniversaire<br />

de John L<strong>en</strong>non. Plus de 50 artistes de tous <strong>le</strong>s contin<strong>en</strong>ts ont <strong>en</strong>registré des chansons et bi<strong>en</strong><br />

souv<strong>en</strong>t des vidéos pour ce projet. e<br />

Ce sont aussi 80 groupes locaux qui, sur <strong>le</strong> terrain,<br />

font un travail d’action et de s<strong>en</strong>sibilisation aux<br />

droits humains. Pour vous y joindre, contactez<br />

votre régiona<strong>le</strong>.<br />

SECRÉTARIAT NATIONAL AIBF<br />

Rue Berckmans 9, 1060 Bruxel<strong>le</strong>s<br />

02 538 81 77 – Fax: 02 537 37 29<br />

www.<strong>amnesty</strong>.<strong>be</strong><br />

SECRÉTARIAT INTERNATIONAL<br />

Easton Street 1, London WC1X ODW<br />

United Kingdom – 00 44 207 413 5500<br />

AMNESTY INTERNATIONAL VLAANDEREN<br />

Kerkstraat 156, 2060 Antwerp<strong>en</strong> 6<br />

03 271 16 16<br />

RESPONSABLES RÉGIONAUX D’AMNESTY<br />

BRABANT WALLON<br />

Jean-Philippe CHENU – chemin de la Terre Franche<br />

13, 1470 G<strong>en</strong>appe – 010 61 37 73<br />

jpch<strong>en</strong>u@aibf.<strong>be</strong><br />

BRUXELLES<br />

Tanguy PINXTEREN – Rue de la Flèche 16 A<br />

1000 Bruxel<strong>le</strong>s – 02 513 77 10<br />

tpinxter<strong>en</strong>@aibf.<strong>be</strong><br />

12 Li<strong>be</strong>rtés ! Octobre 2007<br />

HAINAUT OCCIDENTAL<br />

Myriam DELLACHERIE – rue Basse Couture 20, 7500<br />

Tournai – 069 22 76 18<br />

mdellacherie@aibf.<strong>be</strong><br />

HAINAUT ORIENTAL<br />

Nico<strong>le</strong> GROLET – av. Elisa<strong>be</strong>th 6, 6001 Marcinel<strong>le</strong> –<br />

071 43 78 40<br />

ngro<strong>le</strong>t@aibf.<strong>be</strong><br />

LIÈGE<br />

Christiane PIVONT – rue Bel<strong>le</strong>vue 66, 4020 Liège –<br />

christiane.pivont@tiscali.<strong>be</strong><br />

04 343 89 76<br />

Christine BIKA – Responsab<strong>le</strong> de la gestion de la<br />

perman<strong>en</strong>ce – C/O Bureau régional d’AI – rue Souverain<br />

Pont 11, 4000 Liège – du lundi au samedi de<br />

13h00 à 17h30 – 04 223 05 15<br />

LUXEMBOURG<br />

Daniel LIBIOULLE – Av<strong>en</strong>ue de la Toison d’Or 26 –<br />

6900 Marche <strong>en</strong> Fam<strong>en</strong>ne – 084 31 51 31<br />

dlibioul<strong>le</strong>@aibf.<strong>be</strong><br />

NAMUR<br />

Romilly VAN GULCK – Rue Vivier Anon 8, 5140<br />

Sombreffe – 071 88 92 51<br />

rvangulck@aibf.<strong>be</strong><br />

AMNESTY RECRUTE DES<br />

CADRES BÉNÉVOLES<br />

Forte de plus de 45 000 membres et sympathisants <strong>en</strong><br />

Belgique francophone, Amnesty International ne peut fonctionner<br />

que grâce au souti<strong>en</strong> actif de dizaines de cadres<br />

bénévo<strong>le</strong>s qui ont décidé de mettre <strong>le</strong>ur compét<strong>en</strong>ce et<br />

une partie de <strong>le</strong>ur temps libre au service de l’association.<br />

Nous recherchons des cadres bénévo<strong>le</strong>s actifs dans <strong>le</strong>s<br />

domaines suivants :<br />

LES COORDINATION RÉGIONALES<br />

Les groupes locaux bénéfici<strong>en</strong>t dans un certain nombre de<br />

«régions» (Brabant wallon, Bruxel<strong>le</strong>s, Hainaut occid<strong>en</strong>tal, Hainaut<br />

ori<strong>en</strong>tal, Liège, Luxembourg et Namur) du souti<strong>en</strong> de coordinations<br />

régiona<strong>le</strong>s.<br />

Composées d’une ou plusieurs personnes, ces coordinations régiona<strong>le</strong>s<br />

fédèr<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s groupes dans <strong>le</strong>ur région pour des actions<br />

communes, apport<strong>en</strong>t aux groupes un souti<strong>en</strong> méthodologique<br />

et organisationnel et ont souv<strong>en</strong>t un rô<strong>le</strong> de porte-paro<strong>le</strong> pour la<br />

presse loca<strong>le</strong> ou régiona<strong>le</strong>.<br />

Leurs responsab<strong>le</strong>s sont nommés par <strong>le</strong> Conseil d’administration,<br />

et jouiss<strong>en</strong>t d’un souti<strong>en</strong> particulier du Secrétariat national<br />

(réunions de formation, transmission d’information, consultation<br />

sur <strong>le</strong>s stratégies à mettre <strong>en</strong> oeuvre,...).<br />

LES COORDINATIONS PAYS<br />

Les coordinations pays sont constituées d’une ou plusieurs<br />

personnes qui se sont <strong>spécial</strong>isées sur un pays ou une région du<br />

monde. En contact perman<strong>en</strong>t avec nos chercheurs du Secrétariat<br />

international, el<strong>le</strong>s aid<strong>en</strong>t la section et <strong>le</strong>s groupes à compr<strong>en</strong>dre<br />

<strong>le</strong>s situations examinées et à déterminer des stratégies d’action.<br />

LES COORDINATIONS THÉMATIQUES<br />

À l’instar des coordinations pays, ces coordinations sont aussi<br />

composées de plusieurs bénévo<strong>le</strong>s, <strong>spécial</strong>isés sur un sujet ou<br />

une discipline ; <strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong> est aussi de proposer et conseil<strong>le</strong>r des<br />

élém<strong>en</strong>ts de thématiques d’action aux groupes locaux et aux<br />

membres individuels. Très régulièrem<strong>en</strong>t, <strong>le</strong>s membres de ces<br />

coordinations thématiques particip<strong>en</strong>t à des coordinations ou<br />

plates-formes nationa<strong>le</strong>s regroupant d’autres ONG.<br />

LE CONSEIL D’ADMINISTRATION<br />

Élus par l’Assemblée généra<strong>le</strong> de l’association, <strong>le</strong>s membres du<br />

Conseil sont chargés de proposer des plans stratégiques et opérationnels<br />

à l’approbation de l’AG et, <strong>en</strong>suite, de <strong>le</strong>ur mise <strong>en</strong><br />

oeuvre. Le CA r<strong>en</strong>d compte à l’Assemblée généra<strong>le</strong> de la bonne<br />

application des autres décisions qu’el<strong>le</strong> pr<strong>en</strong>d. Il est sout<strong>en</strong>u <strong>en</strong><br />

cela par une équipe perman<strong>en</strong>te de tr<strong>en</strong>te-cinq salariés pilotée par<br />

un directeur dont il approuve <strong>le</strong> programme de travail.<br />

Dotés d’une bonne capacité d’analyse et de réf<strong>le</strong>xion, ils consacr<strong>en</strong>t<br />

plusieurs heures par mois à l’association (<strong>en</strong> dehors des<br />

réunions m<strong>en</strong>suel<strong>le</strong>s du Conseil) <strong>en</strong> <strong>le</strong>ctures et préparation des<br />

discussions <strong>en</strong> cours. Les candidats sont prêts à se former <strong>en</strong><br />

profondeur aux techniques et objectifs d’Amnesty International.<br />

Leur connaissance au moins passive de l’anglais <strong>le</strong>ur permet de<br />

participer aux débats et décisions du mouvem<strong>en</strong>t, et ils/el<strong>le</strong>s<br />

maîtris<strong>en</strong>t aisém<strong>en</strong>t quelques outils informatiques de base (traitem<strong>en</strong>t<br />

de texte, tab<strong>le</strong>ur, internet). Ils et el<strong>le</strong>s veill<strong>en</strong>t à ce que<br />

l’association connaisse une vie démocratique motivante, et sont<br />

à l’écoute de tous <strong>le</strong>s membres, quel que soit <strong>le</strong>ur niveau d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t.<br />

Sans être des as de la bourse, ils et el<strong>le</strong>s gèr<strong>en</strong>t l’association avec<br />

bon s<strong>en</strong>s, et sont à même de compr<strong>en</strong>dre <strong>le</strong>s grandes ori<strong>en</strong>tations<br />

d’un budget (on att<strong>en</strong>d évidemm<strong>en</strong>t du trésorier/ de la trésorière<br />

que cette personne ait des compét<strong>en</strong>ces plus particulières <strong>en</strong> la<br />

matière. e<br />

Une de ces fonctions vous intéresse ? Envoyez-nous votre CV<br />

et une <strong>le</strong>ttre de motivation à Amnesty International Recrutem<strong>en</strong>t<br />

de cadres Rue Berckmans, 9 1060 Bruxel<strong>le</strong>s ou via <strong>le</strong><br />

formulaire <strong>en</strong> ligne : http://www.<strong>amnesty</strong>.<strong>be</strong>/cadres


BONNES NOUVELLES<br />

Dans tous <strong>le</strong>s pays du monde, des g<strong>en</strong>s sont libérés grâce au<br />

travail des membres d’Amnesty. Des témoignages émouvants<br />

nous parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des prisonniers libérés ou de <strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong>. Ils<br />

montr<strong>en</strong>t qu’une action de masse peut avoir des résultats<br />

pour un meil<strong>le</strong>ur respect des droits humains.<br />

PÉROU/CHILI<br />

FUJIMORI SERA JUGÉ<br />

Le v<strong>en</strong>dredi 21 septembre, la Cour suprême du Chili autorisait l’extradition<br />

de l’anci<strong>en</strong> présid<strong>en</strong>t Al<strong>be</strong>rto Fujimori vers <strong>le</strong> Pérou. Il est<br />

passib<strong>le</strong> de 30 ans de prison pour faits de corruption mais surtout pour<br />

atteintes aux droits humains p<strong>en</strong>dant la lutte contre la guérilla maoïste<br />

du S<strong>en</strong>tier lumineux. Après sept ans d’abs<strong>en</strong>ce et une longue batail<strong>le</strong> juridique<br />

perdue au Chili où il avait été arrêté <strong>en</strong> novembre 2005, l’anci<strong>en</strong><br />

homme fort du Pérou a été rattrapé par son passé. e<br />

IRAK<br />

3 TURCS LIBÉRÉS<br />

Metin Demir, membre du conseil d’administration d’Özgür-Der (Association<br />

pour <strong>le</strong>s Droits à l’Éducation et à la Li<strong>be</strong>rté de P<strong>en</strong>sée), Mustafa<br />

Egilli, journaliste et membre du conseil d’administration d’Özgür-Der,<br />

et Hasip Yokus, membre d’Özgür-Der, ont été libérés <strong>le</strong> 12 septembre<br />

et sont r<strong>en</strong>trés <strong>en</strong> Turquie. Ils étai<strong>en</strong>t dét<strong>en</strong>us sans inculpation ni procès<br />

depuis <strong>le</strong>ur arrestation par <strong>le</strong>s autorités kurdes dans <strong>le</strong> nord de l’Irak,<br />

<strong>en</strong> juin 2006. Au cours de son interrogatoire, l’un d’eux a été accusé de<br />

travail<strong>le</strong>r pour <strong>le</strong>s services secrets turcs ainsi que pour un groupe islamiste<br />

turc interdit. Ils ont été torturés. Ils ont t<strong>en</strong>u à remercier Amnesty<br />

International d’être interv<strong>en</strong>ue <strong>en</strong> <strong>le</strong>ur faveur. e<br />

ÉTHIOPIE<br />

ACTION URGENTE EFFICACE<br />

Trois responsab<strong>le</strong>s locaux du Conseil éthiopi<strong>en</strong> des Droits humains<br />

(Fekadu Negeri, Ibsa Wake et Tesfa Burayu), quatre étudiants<br />

(Abraham Likasa, Jeregna Keba, Osman Dawe et Tamrat Tadesse)<br />

et un <strong>en</strong>seignant (Workneh Dinsa) ont été libérés sans condition suite<br />

à une action urg<strong>en</strong>te décl<strong>en</strong>chée par Amnesty. Ces huit hommes, qui affirm<strong>en</strong>t<br />

n’avoir subi aucun mauvais traitem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dét<strong>en</strong>tion, avai<strong>en</strong>t été<br />

arrêtés <strong>le</strong> 23 août car ils étai<strong>en</strong>t soupçonnés d’<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir des li<strong>en</strong>s avec<br />

<strong>le</strong> Front de libération oromo (FLO), un groupe armé d’opposition. e<br />

ARABIE SAOUDITE<br />

8 FEMMES LIBÉRÉES<br />

Le 8 septembre, 8 femmes ont été libérées moins d’une semaine après <strong>le</strong>ur<br />

arrestation. Aucune charge n’a été ret<strong>en</strong>ue contre el<strong>le</strong>s. Lulowa al Diri,<br />

Hila al Husni, Lulowa al Husni, Um Abdel Rahman al Awda,<br />

Zainab al Mikhlif, Khowla al Mikhlif, Hila Ibrahim et Tarfa<br />

Ibrahim avai<strong>en</strong>t été appréh<strong>en</strong>dées <strong>le</strong> 2 septembre, un jour après avoir<br />

manifesté au nord de Riyad contre la dét<strong>en</strong>tion prolongée d’hommes<br />

membres de <strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong> et incarcérés pour <strong>le</strong>ur opposition présumée<br />

au gouvernem<strong>en</strong>t. e<br />

ÉTATS-UNIS<br />

UNE EXÉCUTION REPOUSSÉE<br />

Edward Jerome («E.J.») Harbison devait être exécuté <strong>le</strong> 26 septembre<br />

dans l’État du T<strong>en</strong>nessee mais il a bénéficié d’un sursis et son exécution<br />

est repoussée à janvier 2008. Il a été condamné à mort <strong>en</strong> 1985 pour <strong>le</strong><br />

meurtre d’Edith Russell, commis <strong>en</strong> 1983. Il est dans <strong>le</strong> couloir de la mort<br />

depuis plus de vingt ans. Le 19 septembre 2007, la juge de district A<strong>le</strong>ta<br />

A. Trauger a empêché l’État du T<strong>en</strong>nessee d’exécuter Edward Harbison<br />

selon <strong>le</strong> protoco<strong>le</strong> d’injection léta<strong>le</strong> adopté par cet État au début de<br />

l’année. e<br />

RECEVOIR LES LETTRES DU MOIS<br />

ATTENTION ! CHANGEMENT !<br />

Pour recevoir <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres du mois par e-mail, il ne faut plus <strong>en</strong>voyer de<br />

mail à <strong>le</strong>ttresdumois-on@aibf.<strong>be</strong>.<br />

Il faut désormais al<strong>le</strong>r sur <strong>le</strong> site d’AIBF à l’adresse suivante :<br />

http://www.<strong>amnesty</strong>international.<strong>be</strong>/doc/artic<strong>le</strong>10988.html<br />

Il suffit <strong>en</strong>suite de remplir <strong>le</strong> formulaire ad hoc et de cocher la case<br />

«La Lettre des Actions Amnesty»<br />

S amar<br />

Saad Abdullah et Wassan<br />

Talib sont dét<strong>en</strong>ues dans la prison<br />

pour femmes de Kadhimiya, à<br />

Bagdad. El<strong>le</strong>s risqu<strong>en</strong>t d’être exécutées à<br />

tout mom<strong>en</strong>t depuis que la Cour de cassation<br />

a confirmé <strong>le</strong>ur condamnation à mort,<br />

<strong>en</strong> février 2007. Samar Saad Abdullah a été<br />

condamnée à la peine capita<strong>le</strong> <strong>le</strong><br />

15 août 2005 pour <strong>le</strong> meurtre de son onc<strong>le</strong>,<br />

de la femme de ce dernier et d’un de <strong>le</strong>urs<br />

<strong>en</strong>fants. El<strong>le</strong> a toujours clamé son innoc<strong>en</strong>ce,<br />

affirmant que <strong>le</strong>s meurtres ont été<br />

commis par son fiancé. Selon certaines<br />

informations, celui-ci est accusé de ces<br />

crimes mais il aurait jusqu’à prés<strong>en</strong>t<br />

échappé à toute arrestation. Lors d’une interview<br />

à CNN, Samar Saad Abdullah a déclaré<br />

que ses «aveux» lui avai<strong>en</strong>t été arrachés sous<br />

la torture et qu’el<strong>le</strong> l’avait clairem<strong>en</strong>t dit<br />

au juge. Ses allégations n’ont cep<strong>en</strong>dant pas<br />

été ret<strong>en</strong>ues. Wassan Talib a été condamnée<br />

à la peine capita<strong>le</strong> par <strong>le</strong> Tribunal pénal<br />

c<strong>en</strong>tral iraki<strong>en</strong> <strong>le</strong> 31 août 2006 pour <strong>le</strong><br />

meurtre, <strong>en</strong> 2005, de plusieurs membres<br />

des forces de sécurité iraki<strong>en</strong>nes à Hay al<br />

Furat, un quartier de Bagdad. El<strong>le</strong> nie toute<br />

implication dans ces homicides. Amnesty<br />

International met fortem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> doute<br />

l’équité des procès qui se ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t devant <strong>le</strong><br />

Tribunal pénal c<strong>en</strong>tral iraki<strong>en</strong>, notamm<strong>en</strong>t<br />

parce que <strong>le</strong>s «aveux» apparemm<strong>en</strong>t extorqués<br />

sous la torture sont utilisés et parce que<br />

<strong>le</strong>s accusés ont diffici<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t accès à des<br />

avocats.<br />

ACTION<br />

IRAK<br />

2 FEMMES DANS LE<br />

COULOIR DE LA MORT<br />

MODÈLE DE LETTRE<br />

En août 2004, <strong>le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t iraki<strong>en</strong> a<br />

rétabli la peine de mort pour plusieurs<br />

infractions. Les premières exécutions ont eu<br />

lieu <strong>le</strong> 1 er septembre 2005, et au moins<br />

65 personnes, dont deux femmes, ont été<br />

exécutées <strong>en</strong> 2006. À ce jour, plus de<br />

300 personnes ont été condamnées à mort. e<br />

Monsieur <strong>le</strong> Présid<strong>en</strong>t, Monsieur <strong>le</strong> Premier ministre,<br />

Dét<strong>en</strong>ues à Kadhimiya, Samar Saad Abdullah et Wassan Talib risqu<strong>en</strong>t d’être exécutées<br />

à tout mom<strong>en</strong>t depuis que la Cour de cassation a confirmé <strong>le</strong>ur condamnation à mort, <strong>en</strong><br />

février 2007. La première a été condamnée à mort <strong>le</strong> 15 août 2005 pour <strong>le</strong> meurtre de son onc<strong>le</strong>, de<br />

sa femme et d’un de <strong>le</strong>urs <strong>en</strong>fants, crimes qu’el<strong>le</strong> nie et que, selon el<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> avait avoué sous la<br />

torture. La seconde a été condamnée à mort <strong>le</strong> 31 août 2006 pour <strong>le</strong> meurtre <strong>en</strong> 2005 de plusieurs<br />

membres des forces de sécurité du district de Hay al-Furat de Bagdad. El<strong>le</strong> nie toute implication<br />

dans ces crimes. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International, j’appel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s<br />

autorités à commuer <strong>le</strong>ur peine et à <strong>en</strong>quêter sur <strong>le</strong>s allégations de torture et de procès inéquitab<strong>le</strong>.<br />

Espérant que vous ferez droit à mes requêtes, je vous prie de croire, Monsieur <strong>le</strong> Présid<strong>en</strong>t, Monsieur<br />

<strong>le</strong> premier Ministre, à l’assurance de ma haute considération.<br />

Signature: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

LETTRE À ADRESSER À :<br />

Monsieur <strong>le</strong> Présid<strong>en</strong>t Jalal Talabani<br />

Monsieur <strong>le</strong> Premier ministre Nuri Kamil al-Maliki<br />

Via :<br />

Ambassade d’Irak, Av<strong>en</strong>ue Franklin Roosevelt, 115, 1050 Bruxel<strong>le</strong>s<br />

Fax : 02 374 76 15 – E-mail : ambassade.irak@skynet.<strong>be</strong><br />

Li<strong>be</strong>rtés ! Octobre 2007 13


ACTION<br />

ARABIE SAOUDITE /<br />

NIGÉRIA<br />

RISQUE D’EXÉCUTION<br />

Un ressortissant nigérian,<br />

Suliamon Olyfemi, risque<br />

apparemm<strong>en</strong>t d’être exécuté<br />

à tout mom<strong>en</strong>t. Il aurait été<br />

condamné à mort <strong>en</strong> Arabie saoudite<br />

<strong>en</strong> 2004 à l’issue d’un procès inéquitab<strong>le</strong><br />

après la mort d’un policier<br />

saoudi<strong>en</strong> <strong>en</strong> 2002. Il a toujours clamé<br />

son innoc<strong>en</strong>ce. Selon nos informations,<br />

<strong>le</strong> 28 septembre 2002, plusieurs<br />

hommes, dont un policier, sont<br />

arrivés à un <strong>en</strong>droit où de nombreux<br />

Africains travaill<strong>en</strong>t comme laveurs<br />

de voiture. Une altercation s’est<br />

produite, el<strong>le</strong> a dégénéré <strong>en</strong> bagarre<br />

et <strong>le</strong> policier a été tué. Le l<strong>en</strong>demain,<br />

<strong>le</strong>s forces de sécurité ont procédé à de<br />

nombreuses arrestations dans <strong>le</strong><br />

secteur. Suliamon Olyfemi et<br />

12 autres hommes ont été jugés sans<br />

bénéficier d’une assistance juridique<br />

ni des services d’un interprète alors<br />

que <strong>le</strong> procès s’est déroulé <strong>en</strong> ara<strong>be</strong>,<br />

une langue qu’ils ne parl<strong>en</strong>t pas. Au<br />

T akezawa<br />

Hifumi, Iwamoto<br />

Yoshio et Segawa Kousou,<br />

trois sexagénaires, ont été<br />

exécutés par p<strong>en</strong>daison <strong>le</strong> 23 août.<br />

Ils avai<strong>en</strong>t été reconnus coupab<strong>le</strong>s de<br />

meurtre et condamnés à mort dans<br />

<strong>le</strong>s années 1990. Takezawa Hifumi<br />

avait pourtant été reconnu comme<br />

malade m<strong>en</strong>tal par la déf<strong>en</strong>se et l’accusation.<br />

En appel, son avocat avait<br />

fait valoir qu’à la suite d’une attaque<br />

cérébra<strong>le</strong>, il semblait avoir subi un<br />

changem<strong>en</strong>t radical de la personnalité<br />

et était dev<strong>en</strong>u paranoïaque et<br />

agressif. Le juge avait rejeté son<br />

recours. On ignore si Takezawa<br />

Hifumi a été soigné pour ses troub<strong>le</strong>s<br />

m<strong>en</strong>taux p<strong>en</strong>dant ses neuf<br />

années passées dans <strong>le</strong> quartier des<br />

condamnés à mort. Au Japon, il n’est<br />

pas rare que des prisonniers prés<strong>en</strong>tant<br />

des troub<strong>le</strong>s m<strong>en</strong>taux soi<strong>en</strong>t<br />

14 Li<strong>be</strong>rtés ! Octobre 2007<br />

cours de <strong>le</strong>ur interrogatoire, on <strong>le</strong>ur<br />

a fait apposer <strong>le</strong>urs empreintes digita<strong>le</strong>s<br />

au titre de signature sur des<br />

déclarations rédigées <strong>en</strong> ara<strong>be</strong>. Cel<strong>le</strong>sci<br />

pourrai<strong>en</strong>t avoir été utilisées<br />

comme preuves à charge p<strong>en</strong>dant <strong>le</strong><br />

procès. Plusieurs accusés affirm<strong>en</strong>t<br />

avoir été torturés <strong>en</strong> dét<strong>en</strong>tion. Les<br />

12 hommes arrêtés avec Suliamon<br />

Olyfemi ont été condamnés à des<br />

peines de prison et de flagellation.<br />

Dans <strong>le</strong> cas où <strong>le</strong> policier décédé avait<br />

des <strong>en</strong>fants, Suliamon Olyfemi pourrait<br />

rester <strong>en</strong> prison jusqu’à ce qu’ils<br />

atteign<strong>en</strong>t l’âge de la majorité et puiss<strong>en</strong>t<br />

décider soit de lui accorder <strong>le</strong>ur<br />

pardon sans contrepartie, soit de lui<br />

accorder <strong>le</strong>ur pardon <strong>en</strong> échange de<br />

la diya (prix du sang), soit de<br />

demander son exécution. Si <strong>le</strong> policier<br />

n’avait pas d’<strong>en</strong>fants, Suliamon<br />

Olyfemi risque d’être exécuté à tout<br />

mom<strong>en</strong>t car toutes <strong>le</strong>s voies de<br />

recours ont été épuisées. e<br />

COMMENT AGIR EFFICACEMENT ?<br />

Les cas exposés concern<strong>en</strong>t des victimes de violations des droits humains dont s’occupe Amnesty International. Chaque appel<br />

compte. Un texte (à écrire ou à photocopier) vous est proposé pour chaque cas. Dans l’intérêt des victimes, écrivez <strong>en</strong> termes<br />

mesurés et courtois aux adresses indiquées. Ces lignes sont lues partout dans <strong>le</strong> monde par <strong>le</strong>s quelque 1800000 membres d'Amnesty<br />

International. El<strong>le</strong>s sont reproduites dans de nombreux pays par des dizaines de journaux et constitu<strong>en</strong>t la clé de voûte<br />

de l'action du mouvem<strong>en</strong>t.<br />

JAPON<br />

EXÉCUTÉS DANS LE<br />

PLUS GRAND SECRET<br />

exécutés. Les conditions de dét<strong>en</strong>tion<br />

éprouvantes auxquel<strong>le</strong>s sont soumis<br />

<strong>le</strong>s condamnés à mort conduis<strong>en</strong>t un<br />

grand nombre d’<strong>en</strong>tre eux à développer<br />

des maladies m<strong>en</strong>ta<strong>le</strong>s. En<br />

outre, dans ce pays, l’application de<br />

la peine de mort est <strong>en</strong>tourée de<br />

secret. Les autorités n’inform<strong>en</strong>t<br />

généra<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s<br />

avocats qu’une fois que l’exécution<br />

a eu lieu, et <strong>le</strong>s condamnés euxmêmes<br />

sont souv<strong>en</strong>t avertis à la<br />

dernière minute. Les exécutions se<br />

déroul<strong>en</strong>t <strong>en</strong> général p<strong>en</strong>dant <strong>le</strong>s<br />

vacances par<strong>le</strong>m<strong>en</strong>taires ou <strong>le</strong>s jours<br />

fériés, afin d’éviter que <strong>le</strong>s députés ou<br />

<strong>le</strong>s journalistes n’y accord<strong>en</strong>t trop<br />

d’att<strong>en</strong>tion. On dénombre <strong>en</strong>core<br />

104 condamnés à mort au Japon.<br />

Certains att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t depuis plus de<br />

tr<strong>en</strong>te ans <strong>le</strong>ur exécution, qui peut<br />

avoir lieu à tout mom<strong>en</strong>t. e<br />

MODÈLE DE LETTRE<br />

Votre Majesté,<br />

Monsieur <strong>le</strong> Présid<strong>en</strong>t,<br />

Suliamon Olyfemi, un Nigérian, risque apparemm<strong>en</strong>t d’être exécuté <strong>en</strong> Arabie<br />

saoudite. On p<strong>en</strong>se qu’il a été condamné à mort <strong>en</strong> 2004 suite à un procès inéquitab<strong>le</strong><br />

consécutif à la mort, <strong>en</strong> 2002 d’un policier saoudi<strong>en</strong>. Suliamon Olyfemi a toujours clamé son<br />

innoc<strong>en</strong>ce. Selon nos informations, <strong>le</strong> 28 septembre 2002, plusieurs hommes, dont un policier,<br />

sont arrivés à un <strong>en</strong>droit où de nombreux Africains travaill<strong>en</strong>t comme laveurs de voiture. Au<br />

cours d’une échauffourée, <strong>le</strong> policier a été tué et <strong>le</strong> l<strong>en</strong>demain <strong>le</strong>s forces de sécurité ont arrêté<br />

Suliamon Olyfemi et 12 autres hommes, qui, eux, ont été condamnés à des peines de prison et à<br />

la flagellation. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International, j’appel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s<br />

autorités saoudi<strong>en</strong>nes à commuer sa peine et à <strong>en</strong>quêter sur <strong>le</strong>s allégations de torture. J’appel<strong>le</strong><br />

aussi <strong>le</strong>s autorités nigérianes à soumettre son cas aux autorités saoudi<strong>en</strong>nes. Espérant une<br />

issue favorab<strong>le</strong> à cette affaire, je vous prie de croire à l’assurance de ma haute considération.<br />

Signature: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

LETTRE À ADRESSER À :<br />

Sa Majesté <strong>le</strong> Roi Abdullah bin Abdul Aziz al-Saud, Gardi<strong>en</strong> des Saintes Mosquées,<br />

Bureau de Sa Majesté <strong>le</strong> Roi, Royal Court, Riyadh, Arabie Saoudite<br />

Et à : Son Excell<strong>en</strong>ce Alhaji Umar Yar’Adua, Présid<strong>en</strong>t de la République du Nigeria,<br />

Bureau du Présid<strong>en</strong>t, Aso Rock, Abuja, capita<strong>le</strong> fédéra<strong>le</strong> du territoire, Nigeria<br />

COPIE À ENVOYER À :<br />

Ambassade d’Arabie saoudite, Av<strong>en</strong>ue F.D. Roosevelt, 45, 1050 Bruxel<strong>le</strong>s<br />

Fax : 02 647 24 92 – E-mail : <strong>be</strong>emb@mofa.gov.sa<br />

Et à : Ambassade du Nigeria, Av<strong>en</strong>ue de Tervuer<strong>en</strong>, 288, 1150 Bruxel<strong>le</strong>s<br />

Fax : 02 762 37 63 – E-mail : nigeriabrussels@<strong>be</strong>lgacom.<strong>be</strong><br />

MODÈLE DE LETTRE<br />

TARIFS POSTAUX<br />

Lettres (jusqu’à 50 grammes) Europe :<br />

0,80€ (Prior) ou 0,70€ (Non Prior). Reste du<br />

monde: 0,90€ (Prior) ou 0,75€ (Non Prior)<br />

La surtaxe aéri<strong>en</strong>ne est incluse (étiquette<br />

requise).<br />

Monsieur <strong>le</strong> Premier ministre,<br />

Monsieur <strong>le</strong> ministre de la Justice,<br />

Takezawa Hifumi, Iwamoto Yoshio et Segawa Kousou, trois sexagénaires, ont été<br />

exécutés par p<strong>en</strong>daison <strong>le</strong> 23 août. Ils avai<strong>en</strong>t été reconnus coupab<strong>le</strong>s de meurtre et condamnés<br />

à mort dans <strong>le</strong>s années 1990. Takezawa Hifumi avait pourtant été reconnu comme malade<br />

m<strong>en</strong>tal par la déf<strong>en</strong>se et l’accusation. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty<br />

International, je suis très préoccupé(e) par la recrudesc<strong>en</strong>ce des exécutions depuis <strong>le</strong> mois<br />

d’octobre 2006. Je demande un moratoire immédiat sur toutes <strong>le</strong>s exécutions et prie <strong>le</strong>s<br />

autorités de mettre fin au secret qui <strong>en</strong>toure la peine de mort et d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre un débat<br />

public et par<strong>le</strong>m<strong>en</strong>taire sur l’abolition de la peine de mort. Dans l’espoir d’une réponse<br />

favorab<strong>le</strong> à mes requêtes, je vous prie d’agréer, l’expression de ma considération distinguée.<br />

Signature: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

LETTRE À ADRESSER À :<br />

Monsieur <strong>le</strong> Premier Ministre Yasuo Fukuda, Bureau du Premier Ministre,<br />

2-3-1 Nagata-cho, Chiyoda-ku, Tokyo 100-8977, Japon<br />

Fax : +81 3 3581 3883 – E-mail : jpm@kantei.go.jp<br />

Et à : Monsieur <strong>le</strong> Ministre de la Justice Hatoyama Kunio, Ministère de la Justice,<br />

1-1-1Kasumigaseki, Chiyoda-ku, Tokyo 100-8977, Japon<br />

Fax : +81 3 3592 7088 – E-mail : webmaster@moj.go.jp<br />

COPIE À ENVOYER À :<br />

Ambassade du Japon, Av<strong>en</strong>ue des Arts, 58, 1000 Bruxel<strong>le</strong>s<br />

Fax : 02 513 15 56 – E-mail : info.embjapan@skynet.<strong>be</strong>


AGENDA<br />

THÉÂTRE<br />

VERRE CASSÉ<br />

En offrant un<br />

cahier d’écolier à<br />

«Verre Cassé», son<br />

cli<strong>en</strong>t <strong>le</strong> plus<br />

assidu, L’Escargot<br />

<strong>en</strong>têté <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<br />

«conserver la mémoire»<br />

des piliers<br />

de comptoir du<br />

Crédit a voyagé,<br />

son bar. Sorte de<br />

Bukowski congolais,<br />

«Verre Cassé»<br />

boit comme une<br />

éponge tout <strong>en</strong><br />

livrant une<br />

compilation<br />

trucul<strong>en</strong>te et<br />

fantastique des prouesses et autres voies de fait des<br />

cli<strong>en</strong>ts de son bar préféré. Des récits de vie drolatiques<br />

sous forme de brèves de comptoirs où <strong>le</strong><br />

grotesque côtoie <strong>le</strong> sublime. Autant d’anecdotes<br />

sordides et émouvantes qui font écho au parcours<br />

de «Verre Cassé» lui-même.<br />

Avec une verve satirique aux élans métaphysiques,<br />

Alain Mabanckou dresse un portrait inatt<strong>en</strong>du<br />

d’une mégapo<strong>le</strong> africaine prise <strong>en</strong> étau <strong>en</strong>tre politici<strong>en</strong>s<br />

<strong>en</strong> quête de phrases historiques<br />

immortalisantes et pasteurs-gourous pas très catholiques.<br />

Il s’agit bi<strong>en</strong> ici d’un des récits <strong>le</strong>s plus<br />

savoureux et ironiques sur l’Afrique contemporaine.<br />

Au comptoir du Crédit a Voyagé, vous<br />

trinquerez avec des personnages comme L’Imprimeur,<br />

Robinette, Le Type aux Pampers ou Zéro<br />

Faute.<br />

Alain Mabanckou est né au Congo (Brazzavil<strong>le</strong>) <strong>en</strong><br />

1966. Il a déjà publié six recueils de poésie et quatre<br />

romans, parmi <strong>le</strong>squels B<strong>le</strong>u-Blanc-Rouge, Les Petits-<br />

Fils nègres de Vercingétorix et African Psycho. Il a obt<strong>en</strong>u<br />

<strong>le</strong> Grand Prix littéraire d’Afrique noire <strong>en</strong> 1999. Il<br />

<strong>en</strong>seigne aujourd’hui <strong>le</strong>s littératures francophones<br />

et afro-américaines à l’université du Michigan. Verre<br />

Cassé connaît ici sa 2e reprise <strong>en</strong> un an, ce qui <strong>en</strong> dit<br />

long sur son impact.<br />

Adaptation et mise <strong>en</strong> scène : Roland Mahaud<strong>en</strong>,<br />

assisté d’Arnaud Bourgis<br />

Avec : Gaston Mufunda Koffi Kuaya, Jean-Marie<br />

Ngaki Kosi Basak, Edmond Massambia Nzumbu<br />

Musique & chant : Ne Nkamu Luyindula<br />

Scénographie : Olivier Wiame<br />

Les 2, 5, 6, 11, 13, 16, 20, 23 et 24 octobre 2007 au Théâtre de<br />

Poche, Bois de la Cambre, Chemin du Gymnase 11, 1000<br />

Bruxel<strong>le</strong>s.<br />

Réservations : 02 649 17 27 et reservation@poche.<strong>be</strong><br />

EN TOURNÉE EN BELGIQUE, EN FRANCE ET EN<br />

SUISSE<br />

Mercredi 3 octobre à 20h00 à Verviers à l’Espace Dues<strong>be</strong>rg<br />

Jeudi 4 octobre à 20h00 à Verviers à l’Espace Dues<strong>be</strong>rg<br />

Mardi 9 octobre à Plan-<strong>le</strong>s-Ouates, Canton de G<strong>en</strong>ève (Suisse)<br />

Dimanche 14 octobre à 18h00 à Seraing au C<strong>en</strong>tre culturel<br />

Mercredi 17 octobre à 20h30 à Anvers au Wereldcultur<strong>en</strong>c<strong>en</strong>trum<br />

Jeudi 18 octobre à 20h30 à Anvers au Wereldcultur<strong>en</strong>c<strong>en</strong>trum<br />

V<strong>en</strong>dredi 19 octobre à 20h30 à And<strong>en</strong>ne au C<strong>en</strong>tre culturel<br />

Jeudi 25 octobre à 20h30 à Paris au C<strong>en</strong>tre Wallonie Bruxel<strong>le</strong>s<br />

V<strong>en</strong>dredi 26 octobre à 20h30 à Paris au C<strong>en</strong>tre Wallonie Bruxel<strong>le</strong>s<br />

Samedi 27 octobre à 20h30 à Paris au C<strong>en</strong>tre Wallonie Bruxel<strong>le</strong>s<br />

MONGOLE À<br />

MARIER<br />

La steppe mongo<strong>le</strong> et ses paysages désolés.<br />

Des troupeaux de moutons et une<br />

fermière qui a toute la charge de son<br />

cheptel depuis que son mari s’est brisé <strong>le</strong>s jam<strong>be</strong>s<br />

<strong>en</strong> creusant un puits. À son tour minée par <strong>le</strong>s<br />

rudes conditions de travail, el<strong>le</strong> doit se résoudre<br />

à divorcer et à chercher un nouveau mari, pour<br />

peu que celui-ci accepte de supporter toute sa<br />

famil<strong>le</strong>, y compris son premier époux. Pour <strong>le</strong>s<br />

prét<strong>en</strong>dants qui défil<strong>en</strong>t, il s’agit avant tout de<br />

réaliser un bon placem<strong>en</strong>t. Sauf peut-être pour cet anci<strong>en</strong> camarade de classe qui revi<strong>en</strong>t dans <strong>le</strong>s<br />

steppes, fortune faite dans l’exploitation pétrolière. Entre Tuya et lui, <strong>le</strong> courant passe mal, comme<br />

semb<strong>le</strong> inconciliab<strong>le</strong> la vie libre des nomades avec cel<strong>le</strong> des citadins coincés <strong>en</strong>tre quatre murs. Audelà<br />

du portrait de son farouche personnage féminin, dans la grande tradition du cinéma chinois<br />

<strong>en</strong>gagé, Le mariage de Tuya s’intéresse aux conséqu<strong>en</strong>ces de la diffici<strong>le</strong> séd<strong>en</strong>tarisation des <strong>be</strong>rgers<br />

nomades de Mongolie. Livrés à eux-mêmes dans un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t qui ne <strong>le</strong>ur fait pas de cadeau, <strong>le</strong>s<br />

<strong>be</strong>rgers mongols délaiss<strong>en</strong>t <strong>le</strong>urs pâturages pour rallier <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s, laissant <strong>le</strong> champ libre à l’exploitation<br />

industriel<strong>le</strong> des sols. Joué, <strong>en</strong> dehors de l’actrice principa<strong>le</strong>, par des acteurs non professionnels,<br />

<strong>le</strong> film repose sur un scénario bi<strong>en</strong> écrit qui intègre habi<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s mom<strong>en</strong>ts de comédie dans sa trame<br />

dramatique, convergeant vers la cérémonie de mariage qui clôt <strong>le</strong> film comme <strong>le</strong> chant du cygne d’une<br />

culture <strong>en</strong> voie d’évaporation.e Gil<strong>le</strong>s Bechet<br />

Le mariage de Tuya, de Wang Quan An, Ours d’or au Festival de Berlin 2007, <strong>en</strong> sal<strong>le</strong> depuis <strong>le</strong> 29 octobre<br />

LE PARFUM DE LA<br />

DÉSILLUSION<br />

En r<strong>en</strong>trant au Caire après huit années passées <strong>en</strong> Al<strong>le</strong>magne, Eqbal<br />

trouve une vil<strong>le</strong> plongée dans la grisail<strong>le</strong>. Mais <strong>le</strong> bonheur du retour<br />

la submerge. Il sera de courte durée. C’est pour sortir de l’impasse et<br />

de la dépression où l’ont m<strong>en</strong>ée ses activités au Parti communiste qu’el<strong>le</strong> a<br />

dû fuir son pays. Les anci<strong>en</strong>s camarades croisés furtivem<strong>en</strong>t ne sont plus que<br />

<strong>le</strong>s ombres du passé. Des grandioses rêves internationalistes échafaudés<br />

par <strong>le</strong>s étudiants militants des années 70, il ne reste plus grand-chose. Pour<br />

ses proches aussi, <strong>le</strong>s ambitions ont rétréci avec <strong>le</strong>s illusions. Ossama, son<br />

anci<strong>en</strong> et fougueux soupirant est dev<strong>en</strong>u guide à tout faire pour touristes.<br />

Dans ce roman cotonneux <strong>en</strong> demi-teintes, Mahmoud Wardany, une des voix<br />

majeures de la littérature ara<strong>be</strong> d’aujourd’hui, démê<strong>le</strong> avec fluidité <strong>le</strong>s fils de la mémoire d’Eqbal. Et<br />

il dresse <strong>le</strong> portrait d’une société égypti<strong>en</strong>ne déboussolée et repliée sur el<strong>le</strong>-même. Les pays du Golfe<br />

y ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t lieu d’Eldorado et <strong>le</strong>s sociétés d’investissem<strong>en</strong>t islamiques peuv<strong>en</strong>t aussi cacher des<br />

arnaques. Le livre se termine sur de <strong>be</strong>l<strong>le</strong>s pages où <strong>le</strong>s échos de la première guerre du Golfe <strong>en</strong>velopp<strong>en</strong>t<br />

<strong>le</strong> Caire dans une odeur <strong>en</strong>têtante de fruits pourris. Réunis devant <strong>le</strong>s portes closes du musée où<br />

ils conduisai<strong>en</strong>t <strong>le</strong>urs <strong>en</strong>fants pour un atelier de sculpture, <strong>le</strong>s par<strong>en</strong>ts tourn<strong>en</strong>t <strong>en</strong> rond, désori<strong>en</strong>tés.<br />

Que <strong>le</strong>ur reste-t-il à faire, sinon r<strong>en</strong>trer chez eux voir la guerre à la télévision ? e G.B.<br />

La prairie parfumée, Mahmoud Wardany, Sindbad/Actes Sud, 183 p., 21,00 €.<br />

L’EXPLORATION DES SONGES<br />

CULTURE<br />

Il est né <strong>en</strong> 1948 dans une famil<strong>le</strong> chréti<strong>en</strong>ne du Liban et s’<strong>en</strong>gage très jeune au côté des Pa<strong>le</strong>stini<strong>en</strong>s.<br />

Il l’est toujours comme <strong>en</strong> témoigne son œuvre. Aujourd’hui l’un des meil<strong>le</strong>urs écrivains<br />

ara<strong>be</strong>s, il se partage <strong>en</strong>tre <strong>le</strong> roman et <strong>le</strong> journalisme et <strong>en</strong>seigne la littérature comparée à l’Université<br />

de New York. Elias Khoury est aussi un merveil<strong>le</strong>ux poète ce que nous confirme son dernier<br />

livre Comme si el<strong>le</strong> dormait, sorti chez Actes Sud. Milia, une jeune femme de Beyrouth, a <strong>le</strong> don de voir<br />

<strong>en</strong> rêve ce qui est arrivé dans <strong>le</strong> passé, mais aussi de prévoir l’av<strong>en</strong>ir. Rêve-t-el<strong>le</strong> sa vie ou vit-el<strong>le</strong> <strong>en</strong> rêvant,<br />

comm<strong>en</strong>t savoir où se cache la réalité? Dans l’un de ses grands livres précéd<strong>en</strong>ts La Porte du So<strong>le</strong>il (Actes<br />

Sud 2002 et Ba<strong>be</strong>l) consacré au drame de la Pa<strong>le</strong>stine, <strong>le</strong>s faits familiaux, <strong>le</strong>s personnages, la tragédie,<br />

<strong>le</strong> rire se rejoign<strong>en</strong>t et se chevauch<strong>en</strong>t. C’est <strong>en</strong>core <strong>le</strong> cas ici, une sorte de Mil<strong>le</strong> et une Nuits. «Je suis<br />

marqué par ce modè<strong>le</strong>, dit l’écrivain, <strong>le</strong>s histoires sont des portes, lorsqu’on pénètre dans une pièce, on y découvre<br />

une autre porte». Dans ce livre à tiroirs sont esquissées <strong>le</strong>s transformations politiques et socia<strong>le</strong>s du Proche-<br />

Ori<strong>en</strong>t et l’on ress<strong>en</strong>t tout <strong>le</strong> poids des interdits auxquels la jeune femme t<strong>en</strong>te d’échapper. Car, fait<br />

extraordinaire, el<strong>le</strong> peut contrô<strong>le</strong>r ses rêves. Ce qui permet des r<strong>en</strong>contres insolites, des récits parfois<br />

pittoresques. Aussi des référ<strong>en</strong>ces constantes à la poésie ara<strong>be</strong>, à la lég<strong>en</strong>de dorée des saints de<br />

l’église d’Ori<strong>en</strong>t. Sur tout cela, flotte un parfum de mystère car l’id<strong>en</strong>tité du narrateur restera secrète<br />

jusqu’à la fin du roman. e Suzanne Wel<strong>le</strong>s<br />

Comme si el<strong>le</strong> dormait, Elias Khoury, Actes Sud, 400 p., 23 €<br />

Li<strong>be</strong>rtés ! Octobre 2007 15

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