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10 ans deja - Zenga-Mambu

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<strong>10</strong> ANS DÉJÀ : LE GÉNOCIDE. KOLELAS, L’ALLIÉ DU<br />

BOURREAU SASSOU, SERAIT-IL RESPONSABLE DE LA<br />

DÉPORTATION À L’ORIGINE DU GÉNOCIDE DE SES PARENTS ?<br />

L’inapaisable poids de la mémoire.<br />

Toutes les guerres ont une fin. Elles laissent des souvenirs et des séquelles inépuisables,<br />

inaliénables, inachevées, immortelles, insondables, insoutenables, inconsolables. Après, c’est<br />

la paix. La vie triomphe à nouveau. Mais cette vision rassurante est très contredite par ceux<br />

qui ont vécu le drame, ceux qui ont subi les exactions, la douleur et les blessures.<br />

Non, rien, absolument rien ne s’achève car les comptes ne sont jamais assez épurés,<br />

apurés. Jamais quand on a perdu un parent, un frère, un mari, une épouse, un fils, une fille,<br />

une sœur, un oncle, un ami ou tout simplement une connaissance d<strong>ans</strong> les conditions comme<br />

celles qu’ont vécu les populations du Sud de Brazzaville du 18 décembre 1998 à octobre<br />

1999. On ne pourra jamais parler de fin de guerres ou de conflit parce que d<strong>ans</strong> une guerre, il<br />

n’y a jamais de fin à proprement parler. Car même éclatée, ici la mémoire devient<br />

envahissante, inapaisable. Les générations se succédant en portent en elles une croix<br />

suspendue autour de leur cou comme une présence immortelle. C’est un poids tellement lourd<br />

qu’on se demande comment l’amener s<strong>ans</strong> flancher, s<strong>ans</strong> fléchir, s<strong>ans</strong> tomber et s<strong>ans</strong> se laisser<br />

tenter par l’invasion d’une idée néfaste et contradictoire.<br />

Tant qu’elle n’est pas écrite, on ne peut « tourner la page », « oublier », pire faire<br />

comme si ce qui était fait avait notre bénédiction, notre acquiescement, notre approbation,<br />

notre assentiment, notre consentement. Alors, comment faire ? This is a question ? Big<br />

question !<br />

Né d<strong>ans</strong> les dernières années après la deuxième guerre mondiale, moi Tony Gilbert<br />

MOUDILOU, me suis trouvé comme beaucoup de mes frères de la région du Pool , héritier<br />

d’une masse d’archives mentales douloureuses, d’un désordre d’histoires personnelles ou<br />

collectives, mêlées, intarissables et contradictoires. A l’intérieur, une histoire nullement<br />

révolue. Cette démarche historique qui ne s’arrête nullement, porte le même nom que ma<br />

région, le Pool qui n’est pas destinée à former une somme, à donner le fin mot sur le génocide<br />

Kongo. Mais si ce n’est pas une fresque, ce n’est pas davantage un récit intimiste ou<br />

autobiographique dont le génocide serait l’objet ou le cadre.<br />

Ici les victimes appartiennent soit à la génération de ceux qui ont vécu et subi ce<br />

drame, soit à celle des fils. Mais la question essentielle, encore une fois et la plus importante<br />

étant celle de la tr<strong>ans</strong>mission au profit et surtout à la charge de ceux qui, après le génocide,<br />

feront du « 18 décembre 1998 » « la nouvelle page » de leur histoire.<br />

Les Congolais en général et les Kongos en particulier, en quête d’une vérité historique<br />

interdite- nous détenteurs d’une part de cette vérité, mais qui devons jouer notre propre<br />

partition car nous sommes les principaux acteurs de notre histoire. Il y a aussi ceux de nôtres<br />

qui ont participé comme acteurs principaux, s’étant rangés du côté de l’agresseur, à agresser<br />

leurs propres parents. D<strong>ans</strong> ce paysage de sang et de larmes pourquoi untel aura « rencontré la<br />

chance » et d’avoir survécu ou en sera sorti s<strong>ans</strong> dommage. Mais après des essais nucléaires<br />

français du Sahara entre 1960 et 1968 « la parole de la chance et de la poisse », pourra t-elle<br />

se clore ? D’autres questions traversent les esprits de tous les Kongos. Elles sont toutes<br />

1


urgentes, vitales. Mais l’essentiel est de les faire participer à l’orchestration et au souffle de la<br />

mémoire historique du Pool et du Congo. Sur ce plan, la réussite, nous l’imaginons, est totale.<br />

J’écris ces quelques pages pour la mémoire historique puisque j’ai vu, j’ai vécu et<br />

donc il faut perpétuer pour la mémoire tel qu’on m’a aimé et haï, blessé, saccagé, caressé et<br />

finalement ressuscité. C’est le cri d’un homme blessé, insondable, inconsolable, meurtri.<br />

Mais il faut revenir effectivement à cette date fatale du 18 décembre 1998 où tout s’est joué.<br />

Nous avons beaucoup de défis et des enjeux à relever ensemble. Dix <strong>ans</strong> après les massacres<br />

dus à un acte bien prémédité, lequel acte avait longuement été réfléchi ; un acte qu’on n’avait<br />

vu nulle part d<strong>ans</strong> le monde car quand on interroge l’histoire de par le monde, aucun Chef<br />

d’Etat n’a jamais poussé autant son vice. Même Hitler n’avait osé le faire. Un acte d’une telle<br />

ignominie, répugnante qui a avili son auteur. Une déportation d’une population qui ne pense<br />

pas comme le pouvoir et qu’on déracine de son sol pour l’envoyer d<strong>ans</strong> la nature très hostile.<br />

On la met en quarantaine comme pendant la peste. S<strong>ans</strong> assistance aucune. Un pouvoir et un<br />

homme s<strong>ans</strong> âme l’ont fait au Congo Brazzaville ce 18 décembre 1998. Une déportation de<br />

plus de 500.000 personnes que l’on envoie d<strong>ans</strong> les forêts infestées des bêtes sauvages, de<br />

moustiques, des serpents, complètement démunies, s<strong>ans</strong> assistance médicale etc. Nous nous<br />

rendons compte que nous n’aurons jamais assez de mots pour apurer nos comptes. L’oubli<br />

serait indécent à l’égard de la mémoire des victimes et aux principes moraux. Ce serait<br />

également un affaiblissement face aux défis de l’avenir et surtout face à la mémoire. Jamais<br />

les comptes de cette forfaiture et de l’imposture ne seront assez soldés car la réconciliation en<br />

dépend, elle se joue d<strong>ans</strong> cette part de vérité par une justice tr<strong>ans</strong>parente.<br />

Le 18 décembre 1998 a atteint et dépassé ici le paroxysme de la haine tribale, ethnique<br />

et régionaliste.<br />

I/<br />

COMMENT EN EST-ON ARRIVÉ LÀ ? COMMENT LES CHOSES ONT-ELLES<br />

COMMENCÉ ?<br />

Préalable :<br />

Sassou parle de « bandits armés». Ici nous sommes devant le bossu qui ne voit pas sa<br />

bosse. Et c’est vrai, qu’on ne peut jamais se mirer avec ses propres yeux.<br />

Les « bandits armés »dont ils parlent, où sont-ils d<strong>ans</strong> notre pays ? Et d’où viennentils<br />

? N’est-ce pas Sassou et sa clique qui n’aiment notre pays ; qui ont pris des armes pour<br />

remettre en cause les lois de la République, qui ont mis en cause l’ordre constitutionnel, qui<br />

ont fait envahir notre République par des Forces étrangères de 17 pays afin de venir<br />

provoquer un génocide ? Les « bandits armés ce sont eux et non ceux qui résistent contre leur<br />

oppression, contre l’invasion par des troupes étrangères contre notre pays. Mais Sassou est<br />

intellectuellement trop bête pour ne pas pouvoir comprendre cela. C’est trop savant et<br />

philosophique. Mais la vérité, c’est ça et Sassou n’ose et n’a jamais osé la regarder en face. Il<br />

la fouie puisqu’il a trop peur.<br />

Nous savions que nous devrions en arriver là car nous étions trop encerclés par nos<br />

détracteurs, par un environnement trop hostile à notre égard. Pour être la locomotive du pays,<br />

ça nous a toujours attiré : « sarcasme, jalousie, haine, hostilité, convoitise etc…Jusqu’à ce 18<br />

mars 1998, nous oublions totalement le caractère criminel et barbare de nos compatriotes, qui<br />

étaient jusqu’à ce jour considérés pour nos frères, avec lesquels nous pouvions encore faire<br />

tout ensemble. La négation de l’autre étant érigé comme un système soigneusement entretenu<br />

et ne laissant rien entrevoir. Nous n’avions rien fait pour ménager notre monture. Nous<br />

aurions dû éviter tout ce drame à notre peuple ; malheureusement nous sommes restés naïfs,<br />

trop naïfs même au point de croire que tout autour de nous, les gens étaient aussi civilisés.<br />

2


Peine perdue, notre culture, celle d’avoir montré aux autres comment on se tient à table,<br />

comment on doit s’habiller, se chausser, s’éduquer, finalement n’ont servi à rien. « Le chien<br />

n’a jamais changer l’habitude de se torcher : celle qui consiste à tourner en rond comme s’il<br />

cherchait à vouloir attraper sa queue». Hallucinant !<br />

A/<br />

LE REPLI TACTIQUE DES FORCES DE RÉSISTANCE.<br />

Tout commence et part d’un incident né du côté de Kindamba-Ngouédi, situé d<strong>ans</strong> le District<br />

de Kindamba (Mayama) à environ 120 kilomètres de Brazzaville d<strong>ans</strong> la Région du Pool où<br />

trois prétendus « bandits » que le pouvoir appelle sciemment et malhonnêtement,<br />

ironiquement « bandes armées ». Mais d<strong>ans</strong> ce qui s’est passé au Congo le 5 juin 1997, c'est-<br />

à-dire le « Coup d’Etat » c’est celui qui a renversé les Institutions de la République<br />

le« bandit armé» ? Est-ce celui qui défend ou respecte les règles, c'est-à-dire les lois de la<br />

République ou celui qui les bafoue, les piétine ou pisse dessus. Celui qui concocte des forces<br />

étrangères pour venir distribuer la mort à ses concitoyens. Celui qui fait un coup d’Etat ?<br />

C’est vrai, « le bossu ne voit jamais sa bosse » ou encore qu’ « on ne peut pas se mirer avec<br />

ses propres yeux », les sages du Pool avaient raison. C’est vrai, il peut arriver qu’un malade<br />

refuse de se faire soigner puisqu’il veut mourir. A ce moment là, vaut mieux le laisser mourir.<br />

C’est là aussi la liberté et les droits de l’homme.<br />

Ils sont donc arrêtés pour avoir : au départ, selon les dires des usurpateurs, imposteurs<br />

et putschistes, « rackettaient les paisibles pays<strong>ans</strong> de la contrée ».<br />

Deuxièmement, on nous a racontés, toujours selon les imposteurs locaux, que ces gens<br />

se sont retrouvés d<strong>ans</strong> un problème de règlement de comptes qui tournait autour d’un trafic<br />

de chanvre. Problème qui concernait uniquement les trois jeunes.<br />

En tout cas selon notre enquête et pour la crédibilité de ce document qui lui-même est<br />

une partie de mon livre, nous avions poussé loin, très loin nos recherches pour en savoir<br />

mieux. Depuis le retour par les armes de l’homme des coups d’Etat au Congo, aidé par ses<br />

amis Angolais, gabonais, français, rwandais, zaïrois, tchadiens, centrafricains, marocains,<br />

cubains, maliens, sénégalais, béninois et…, en tout cas nos hommes avaient compté 17<br />

nationalités des mercenaires invités par Sassou pour venir à bout des terribles Ninjas du Pool.<br />

Mais malgré cette addition des mercenaires, le Pasteur reste toujours debout d<strong>ans</strong> son Pool. Et<br />

ces mercenaires s’investirent pour faire main basse sur la richesse du pays en récompense de<br />

leurs efforts de guerre, pour tous les étrangers qui se sont battus. Et pour les nationaux, Sassou<br />

chef des cobras dut les payer sous différentes formes. On a tous vu et entendu qu’il avait<br />

donné des ordres à ses milices de piller comme ils l’entendaient. J’étais encore à Sangolo<br />

quand il ordonna à ses hommes de piller le Quartier de l’OMS. Ils avaient mis 7 jours avant<br />

qu’il ne leur demande d’arrêter car ils avaient assez volé. On sait comment ses généraux ont<br />

volé les voitures de l’Ambassade des Etats-Unis qui, pour revenir au Congo somma le pouvoir<br />

des voleurs de restituer ces dits véhicules qui étaient encore au mains des Généraux. Quelle<br />

honte pour notre armée, truffée uniquement que des voleurs !<br />

Sassou ne pouvait pas les contredire ou même les engueuler car c’était la récompense<br />

de leurs efforts de guerre. C’est une véritable ironie du sort ! C’est sur cette lancée qu’il<br />

commença à placer tous ceux qui l’avaient aidé, les traîtres, les collabos du Pool notamment ;<br />

ainsi que ceux d’autres régions du sud dont ceux de la Bouénza, de la Lékoumou, du Niari.<br />

C’est pour mieux contrôler cette zone trop rebelle qu’il plaça ses éléments bien acquis à son<br />

imposture. Ainsi pour la région du Pool, il va placer ses véritables automates. Ses hommes à<br />

tout faire. Puisque, quand il leur demandait d’assassiner leurs propres parents, ils le faisaient<br />

s<strong>ans</strong> se dégonfler.<br />

Ainsi il plaça, à la tête de la région du Pool, un Instituteur de 3 ème échelon, membre<br />

du PCT, membre du Comité Central de l’UJSC, Ngoma Enoch, Préfet.<br />

3


Le Commandant Khamar Mampolo ma Koubemba, officier de la Police, membre<br />

du PCT, est nommé Directeur Régionale de la Police Nationale, grâce à la confiance que<br />

plaça en lui le nouveau Préfet, l’Instituteur de 3 ème échelon Saboukoulou Albert qui vient<br />

d’être nommé Chef de District de Mindouli.<br />

Sous la protection de ses hôtes, la présence des cobras s’intensifia d<strong>ans</strong> toute la région<br />

et plusieurs actes de malveillance : vol, viols, pillage, etc, furent ainsi constatés. Et l’homme<br />

du Pool commençait à perdre ses valeurs restées intrinsèques et inviolables et qui font d’elle<br />

la région la plus sûre, la plus intègre de la République. .<br />

Quelques jours après la prise de leurs fonctions, les nouvelles « autorités » de la<br />

République instaurent une véritable « charria ». Mais ils obligent aux producteurs de la<br />

drogue appelée « chanvre » à leur en fournir autant qu’elles en voulaient moyennant de<br />

l’argent. Une commande était passée entre les jeunes cultivateurs et les miliciens Cobras.<br />

Alors que la première livraison est faite, les Cobras refusent de payer. C’est alors que<br />

les producteurs s’organisent en groupe pour mieux se faire respecter auprès des « sauvages<br />

cobras » qui les défient. Le D.R.P.N. (Direction Régionale de la Police Nationale) décida de<br />

l’arrestation des six (6) jeunes planteurs de chanvre et les abattent en plein marché de Kinkala<br />

en les ayant alignés contre le mur.<br />

A Matoumbou, un matin de dimanche, le Préfet tint un meeting demandant à<br />

Idouma de libérer la localité. Et d<strong>ans</strong> l’après midi, Khamar débarqua avec son équipe et<br />

l’arrête en lui coupant les tendons à Yokama. Ils l’abandonnèrent au bord de la route où la<br />

victime qui a trop saigné, trouve la mort. Le devoir de frustrer et de tuer devient la passion<br />

d<strong>ans</strong> la tête du D.R.P.N., il se lancera à la conquête de tous les jeunes cultivateurs de chanvre<br />

d<strong>ans</strong> toutes les forêts sous le prétexte fallacieux qu’ils cultivent du stupéfiant.<br />

A Mindouli, le Chef de District ordonne de procéder aux arrestations de la jeunesse<br />

répondant de « Ninja ». Mais comment reconnaître un Ninja, d’un autre jeune qui ne l’est<br />

pas ? C’est trop subjectif comme référence, n’est-ce pas ? Car pense t-il, la présence de ces<br />

désoeuvrés l’empêche de dormir paisiblement et de régner en maître incontestable et<br />

incontesté. Mais il oublie qu’ici, on est au POOL. Et comme le Roi Hérode en apprenant la<br />

naissance de l’enfant Jésus à Béthlem, s’est mis d<strong>ans</strong> tous ses états et ordonna à exécuter tous<br />

les enfants de 1 à 5 <strong>ans</strong> se trouvant d<strong>ans</strong> cette contrée.<br />

En ces temps là, tout Ninja, Cocoye, Zoulou, et autres Mamba étaient devenus des<br />

bêtes de somme, donc à abattre. D<strong>ans</strong> la même période, le nombre d’assassinats politiques et<br />

de meurtres était devenu comme un jeu : incalculable. Beaucoup de jeunes de Mindouli, de<br />

Kindamba sont enlevés et exécutés d<strong>ans</strong> la grande forêt de Bangou et leurs corps jetés d<strong>ans</strong> un<br />

grand ravin. Pour la cause, l’équipe de Maître Tony Gilbert MOUDILOU est allée les<br />

photographier pour un jour les confronter à Khamar, son Préfet, et à tous les collabos. Et si ce<br />

n’est pas à eux-mêmes, parce que morts, leurs enfants, nièces et autres, légataires,<br />

descendants répondront. Nous avions filmé autant des sépulcres, des squelettes éparpillés tous<br />

les longs des routes, des ravins, des forêts, des savanes où nos parents étaient sensés se<br />

retrouver pendant les 12 mois d’errance forcée. Sassou, ses acolytes, ses compagnons, sa<br />

famille, et celles de ses sbires répondront le jour venu. Nous avons filmé autant de tombes à<br />

Brazzaville : à Makélékélé, à Bacongo, à Ndzoko, au Petit Séminaire de Ndzoko où des<br />

populations qui s’y étaient réfugiées, ont été sorties alignées tout le long du mur du Séminaire<br />

et furent toutes massacrées. A Mbanza Ndounga, on trouve des squelettes sur chaque mètre<br />

carré. Nous avons des dossiers et des preuves pour que même d<strong>ans</strong> <strong>10</strong>0 <strong>ans</strong> faire inculper<br />

tous les bandits à la solde de Sassou. Il faut que tous sachent que les crimes de sang sont<br />

imprescriptibles. Déclaration des Droits de l’Homme 1948. Ces voyous avaient certes gagnés<br />

la bataille, mais pas la guerre. Il faut qu’ils sachent que le Congo reviendra un jour aux mains<br />

des vrais citoyens de ce pays et ce jour là, gare, gare, gare !<br />

4


Ainsi, on retrouvera d<strong>ans</strong> ce grand ravin de la Foret de Bangou les corps entre autres<br />

celui du jeune albinos surnommé « Japonais » qui avait trouvé refuge d<strong>ans</strong> son village à «<br />

Nséngo ». Te rappelles-tu de ce nom « collabo Khamar » ? Ne siffle t-il jamais à tes oreilles<br />

quand tu dors, le soir, en pleine journée, partout où tu es où tu seras ?<br />

Cet autre jeune homme, alors qu’il était très malade, tu l’as pris sous l’œil impuissant<br />

de sa famille, puis exécuté au sommet de la montagne « Danger Grummier », au cœur de la<br />

Forêt de Bangou, conduit d<strong>ans</strong> un véhicule Amorti de Marque Hino. Plusieurs milliers<br />

d’ossements humains s’y trouvent encore. Tous ces forfaits, ces actes criminels sont<br />

encouragés par le Préfet, qui est lui aussi fils du Pool qui, lors des entretiens avec les<br />

populations de la région, Chefs des quartiers de Kinkala, avait annoncé les couleurs. On le vit<br />

exécuter une prise de karaté et brandissant la Kalachnikov pour discipliner et mettre au pas la<br />

jeunesse du Pool. Tous ces actes criminels, ce comportement humiliant, impuni devenu une<br />

frustration, étaient devenus pour les fils du Pool un défi, un orgueil, un amour propre, un<br />

enjeu majeur qu’il fallait défendre coûte que coûte jusqu’à leur dernière goutte de sang.<br />

Et si la situation s’était brusquement dégradée d<strong>ans</strong> la région, c’est à cause de<br />

l’humiliation, des frustrations que les hommes de Sassou ont cherché à faire subir aux fils du<br />

Pool. . Alors que depuis que le délinquant putschiste Sassou ait fait envahir « son pays » par<br />

des troupes étrangères sous la bénédiction de son père Jacques Chirac, les vaillants<br />

combattants de la démocratie se replièrent d<strong>ans</strong> leur contrée. Ceci afin d’aller mieux réfléchir,<br />

voila qu’ils sont poursuivis, traqués comme des bêtes de sommes en croyant qu’ils se<br />

laisseraient faire ou se faire marcher par des sauvages à qui on a tout appris. Ce qui reste à un<br />

homme, quand tout lui a été violé, volé, détruit : c’est l’honneur. Et sa défense en vaut tous<br />

les prix. C’est ça que les jeunes du Pool, en se retirant de la capitale ce 13 octobre 1997, ont<br />

cherché à aller défendre<br />

Nous sommes au mois de mars 1998, un groupe de jeunes s’organisent et s’attèlent à<br />

leurs travaux champêtres d<strong>ans</strong> le District de Mindouli Femmes et hommes se regroupent pour<br />

mener à bien leurs travaux. Ils ont élu un chef comme d<strong>ans</strong> toute société qui se veut binaire. Il<br />

s’appelle BINTSANGOU FRÉDÉRIQUE « Tata Ntoumi », Révérend Pasteur de la<br />

Congrégation Chrétienne de Pentecôte Apostolique. Le groupe est composé de 7 hommes et<br />

12 femmes. Ils sont reçus sous un manguier d<strong>ans</strong> le petit village de « Binionia » par le chef de<br />

village au nom de tata Ndouna.<br />

Binionia est bâti sur un mamelon, limité au Nord par le fleuve Niari, au Sud par la<br />

rivière Mampiri, à l’Est par une chaîne montagneuse et à l’ouest par la rivière Mbouni.<br />

Arboré de quelques arbres fruitiers dont une vingtaine de manguiers, sept safoutiers,<br />

deux avocatiers, un corossolier et quelques papayers n’ayant plus longue vie car desséchés par<br />

l’âge et la saison. Ce village devenu historique n’est peuplé que de 37 personnes tous issues<br />

d’une même famille. Ce village a été crée à la suite de la création du ranch de Louila.<br />

L’ÉVANGÉLISATION DU PASTEUR NTOUMI COMME MOYEN DE<br />

RECRUTEMENT?<br />

Sa lutte et son cheminement.<br />

De son vrai nom Frédérique Bintsangou, il est né le 29 août 1965 à Brazzaville. Il fit des<br />

études qui ne l’amèneront pas loin. Il s’arrête en classe de troisième. Il fait tour à tour pour<br />

gagner sa vie, photographe, ensuite, il fréquente le Pasteur Yembo qu’il quitte et fonde sa<br />

propre Congrégation Chrétienne de Pentecôte Apostolique. Il passe Pasteur et se livre à la<br />

guérison des déséquilibrés mentaux.<br />

A la fin de l’année 1997, ayant mesuré l’ampleur de la tension politique et sociale qui<br />

se développe de façon dangereuse d<strong>ans</strong> la capitale, il décide de quitter promptement<br />

5


Brazzaville la capitale en compagnie de toute sa famille pour s’installer à Ntelo (Goma Tsétsé)<br />

à quelques 30 km de Brazzaville. C’est là qu’est son village natal. Profitant de son repli,<br />

il se met à la conquête des âmes égarées en menant une véritable campagne d’évangélisation<br />

d<strong>ans</strong> toute la contrée notamment à Kiboundé, Missafou, Mindouli avant de chercher le chemin<br />

de Binionia où il parachèvera son périple le 17 mars 1998. Il se retrouvera avec un groupe de<br />

19 personnes hommes et femmes compris. C’est pendant ce stade d’évangélisation qu’il fit la<br />

connaissance des grands noms comme Mahon Ndjedra, Babindamana Albert alias<br />

Yagoshi s<strong>ans</strong> oublier le célèbre Pistolet croisé vers Massembo-Loubaki. C’est une véritable<br />

similitude comme d<strong>ans</strong> l’œuvre de Jésus quand il recrutait ses 12 Apôtres. C’est Pistolet qui<br />

aura la lourde tâche de préparer militairement les adeptes d<strong>ans</strong> cette période où les temps sont<br />

durs. Ils ont une seule arme, un malheureux PMAK. Les femmes ici sont surtout vouées aux<br />

travaux champêtres et aux prières pendant que les 14 hommes s’acharnent sur le seul PMAK<br />

qu’ils apprennent à monter et à démonter.<br />

Déjà à cette période le Pool est soumis à un embargo qui commençait à l’asphyxier.<br />

Mais le pouvoir putschiste de Brazzaville oublie que le Pool est une véritable fourmilière et<br />

que d<strong>ans</strong> ses beaux jours, d<strong>ans</strong> les conditions normales, c’est lui qui fait manger Brazzaville.<br />

D<strong>ans</strong> le village le Pasteur commençait à attirer l’attention sur son nom. Il réussit en<br />

même temps à faire de sorte que la sécurité du village soit garantie. Petit à petit, la confiance<br />

commençait à gagner la population. Pendant qu’il préparait la guerre spirituelle, en même<br />

temps, il les préparait militairement. Jusqu’au 24 août 1998, la mer était lisse et calme quand<br />

on a appris que trois jeunes avaient été enlevés à Kindamba et exécutés et pire, ils ont été<br />

enterrés à moitié leurs têtes dehors. La tension était vive. C’en était trop. La coupe venait<br />

d’être débordée et les jeunes ne pouvaient plus tolérer cette nouvelle humiliation.<br />

II LA GUERRE DE RÉSISTANCE ET D’USURE.<br />

Le 27 août 1998 à 17 h 00, les jeunes décident de passer à l’offensive car la coupe venait<br />

d’être trop remplie avec trois morts de plus. Armés de trois armes dont deux de chasse<br />

(calibre 12) et une seule de guerre, ils prirent la décision courageuse et aventureuse de passer<br />

à l’attaque. Ils n’eurent aucun autre moyen logistique ni sanitaire pour faire face à cette<br />

opération. Et il fallait faire 60 km à pieds pour aller au front. Le 28 août, les voici à Mindouli,<br />

ils se réfugient d’abord au bord de la rivière Loukouni, proche de Sadelmi, site occupé par les<br />

troupes gouvernementales. Le commando est composé de 11 personnes. De véritables tit<strong>ans</strong>,<br />

de véritables bulldozers prêts à en découdre et doués d’un courage exceptionnel qui sort du<br />

commun.<br />

C’est Pistolet qui est chargé de diriger les opérations ; il y a entre autres : Yagoshi,<br />

grenadier voltigeur, Matsaï, Djedra, Guy Roger, Dr Gozardio et l’Evangéliste Mfouna<br />

Adolphe (Alordjo), chargé de la prière, de Géraud (cousin du Pasteur) Ninja Romarique, Jean<br />

Blaise, Mandjévo et Djedra qui sont des anciens Ninjas. Ils ont la lourde mission de<br />

s’approvisionner en armes. Nous sommes plongés d<strong>ans</strong> un lourd brouillard en ce mois d’août<br />

d<strong>ans</strong> la sous-région en même temps qu’il fait frais le matin. Et ce 29 août correspond en<br />

même temps à l’anniversaire du Pasteur.<br />

A 6 heures du matin, le commando muni seulement de trois armes, occupe les points<br />

stratégiques de Sadermi où est l’Etat Major des Forces gouvernementales. Le Dr Gozardio<br />

avance les mains vides vers la sentinelle qui garde le camp. Celle-ci somme son intrus à<br />

s’arrêter mais surtout à ne pas bouger. « Halte là ! » Les mains vides de l’intrus sont dressées<br />

en l’air, il balbutie quelques mots inaudibles. Il commence à engager une conversation :<br />

« Mais je cherche le chef du centre qui m’a fait venir ! » … « Comment s’appelle t-il ? » « M.<br />

Nkouka ». « Mais vous êtes trop matinale. Le chef doit encore dormi »r. La sentinelle se sent<br />

6


assuré de la non dangerosité de son invité matinale. Alors, il baisse la garde en baissant le<br />

canon. Le moment devient propice. Et comme in éclair, il donna une belle prise de judo et le<br />

balança en même temps à terre, le mettant ainsi hors d’état de nuire. Les autres militaires qui<br />

dormaient profondément non loin de là, ne se sont rendus compte d’aucun mouvement<br />

dangereux. Eux aussi sont tout de suite neutralisés par l’arrivée des autres membres du<br />

commando. Ainsi, ils viennent de se ravitailler en armes s<strong>ans</strong> avoir tiré un seul coup de feu et<br />

s<strong>ans</strong> avoir dépensé une seule pièce d’argent.<br />

La suite des opérations est fixée pour 8 h 30. Quant au contingent, après avoir perdu<br />

toutes leurs armes, a préféré fuir, s’enfonçant d<strong>ans</strong> la forêt la plus proche. Premier aveu de<br />

lâcheté et première victoire pour la démocratie.<br />

Quant à Pistolet qui conduit l’autre groupe, avance gaillardement vers le domicile du<br />

capitaine Nkouka qui savourait la dernière chaleur de sa couverture. Un récolteur de vin de<br />

palme perché du haut de son palmier, suit attentivement le déroulement des opérations. Il est<br />

exactement 8 h 30 quand le commando frappe à la porte du commissaire qui, grâce à sa<br />

formation militaire, sortira avec son PMAK. En militaire avisé, il se rend compte que derrière<br />

la bananeraie, il y a un inconnu armé. Et en un laps de temps, il rafale sur l’individu qui<br />

s’écroule mortellement atteint au cœur. C’est Jean Blaise, le cadet de Guy. Ce dernier voyant<br />

son frère tomber, il ne put se retenir et se jeta de toute sa fougue et énergie de désespoir sur<br />

le capitaine en lui logeant une balle d<strong>ans</strong> la bouche, faisant éclater ainsi toute la boîte<br />

crânienne. Il lui prit l’arme qui était le seul motif de sa visite matinale. L’homme qui suivait<br />

les opérations du haut de son palmier n’eut pas la vie sauve. Il sera lui aussi abattu de peur<br />

qu’il n’aille colporter la nouvelle au village. C’est la troisième victime de l’opération.<br />

Ses premières détonations d’armes automatiques à Mindouli paniquèrent les<br />

populations qui, s<strong>ans</strong> trop attendre prirent la fuite en escaladant les montagnes qui mènent<br />

vers le Congo Kinshasa voisin. Car vers cette zone, les deux peuples des deux pays se<br />

côtoient comme deux frères siamois.<br />

Le 1er septembre 1998, à 19 heures locales, le mégaphone se met à ronronner. C’est<br />

Gozardio, content du succès que son équipe a remporté à Mindouli qui attire l’attention des<br />

jeunes de les rejoindre pour mettre hors de la région, les envahisseurs à la solde du pouvoir<br />

putschiste de Brazzaville qui utilisent des mercenaires blancs et noirs pour nous faire du mal.<br />

Ce sont des chiens dressés qui n’ont aucun scrupule, morale et aucun instinct humain. Le<br />

pouvoir les envoie pour nous tuer. Nous sommes chez nous et nous devons les arc-bouter.<br />

Nous sommes ici sur notre terre laissées par nos ancêtres. Nous ne devons leur laisser aucun<br />

répit. Après un discours patriotique et nationaliste comme celui là, c’est par vagues<br />

successives que les adhérents accourent pour se faire enregistrer. Gozardio vient d’atteindre là<br />

la fibre patriotique qu’il fallait pour réveiller les esprits.<br />

Kibouéndé est un grand centre d’examens et en ce temps là, il doit accueillir le jury du<br />

Brevet d’Etude Moyenne et Générale (BEMG) sur son sol. C’est le moment choisi pour<br />

mieux se faire entendre auprès des jeunes partis passer leurs épreuves. En écoutant le<br />

discours, tous brûlent d’envie d’aller se faire recenser. Le commissaire de la police qui voit<br />

l’élan patriotique se réveiller, se rappelant de ce qui s’est passé à Mindouli chez son confrère,<br />

préféra prendre la poudre d’escampette. Plus d’autorité de l’Etat putschiste, alors « les souris<br />

d<strong>ans</strong>ent ».<br />

La bravoure de Yogoshi attire toutes les populations et les adeptes se font recruter par<br />

dizaine de cent entre autres Willy Bimbakila alias Makouboula-Kouboula. Anaclet Foro et<br />

beaucoup d’autres encore. Nous nous sommes donnés un objectif à atteindre : Kindamba. Et<br />

c’est Malanda Madzou alias L’As qui Pique qui est chargé d’un petit groupe pour aller<br />

faire le feu de tout bois là-bas. Ce qui est surtout visé, c’est le PSP qu’il faut détruire à tout<br />

prix et ensuite prendre le cap sur Brazzaville où il faut aller faire un « petit coucou » à Sassou<br />

Nguesso.<br />

7


Le 24 septembre 1998 sur notre chemin, il y a le petit commissaire du District de<br />

Goma Tsé-Tsé qui voulait nous résister. Mais nous n’avions pas d’état d’âme pour les traîtres,<br />

les collabos. Car tous ceux qui travaillent avec le pouvoir félon sont considérés pour nous<br />

comme ennemis. C’est d<strong>ans</strong> ces conditions que nous nous sommes débarrassés du<br />

Commissaire de Goma Tsé-Tsé s<strong>ans</strong> autre forme de procès.<br />

A Brazzaville, nos éclaireurs nous apprennent que le pouvoir tremble sur ses petits<br />

membres, le faisant d<strong>ans</strong> son froc.<br />

Cinq jours plus tard c'est-à-dire le 29 septembre, le pouvoir nous envoie un petit<br />

contingent composé de mercenaires bambins blancs et rwandais. C’était certainement leur<br />

premier baptême de l’air. Nous leur avions appris comment se mène une guerre des tranchées,<br />

de maquis et tout de suite nous les avions mis hors de notre itinéraire. Les combats dureront<br />

de <strong>10</strong> heures du matin à 18 h 15. Cependant faisant marche arrière, le 28 septembre, vu nos<br />

succès sur le chemin nous conduisant à Brazzaville sur le sol de nos ancêtres, et vu le nombre<br />

impressionnant des jeunes qui n’arrêtaient de venir nous rejoindre, nous dûmes scinder nos<br />

troupes en trois menant ainsi simultanément sur trois fronts différents afin de mieux harceler<br />

l’ennemi qui ne sait par où commencer et où mettre son nez.<br />

Il est mis en déroute et ne sait plus à quel chien se vouer. Car partout où il est<br />

impliqué, il ne récolte que le fruit de son arrogance. Les petits fils de Mabiala ma Nganga<br />

résistent et obtiennent des résultats probants sur le terrain. Et comme nous ne faisons pas des<br />

prisonniers alors nous les envoyons seulement aller mieux réfléchir auprès de nos aïeux.<br />

Nous plaçons un bouchon à la hauteur de Mikalou près de 15 km de Madibou. ceci<br />

pour stopper l’avancée des traîtres. Pendant que nos hommes sont à pieds d’œuvre pour<br />

mettre hors d’état de nuire les brigands et traîtres du pouvoir, le troisième front a manqué de<br />

faire une grosse prise. En effet les Ministres Loumouamou et Ndala Graille qui traînaient<br />

par là, sur nos terres de prédilection, celle laissée par nos ancêtres, ont failli se faire arakiri.<br />

Sous la supervision du commandant Mahon Djedra, à Kibossi, ces deux collabos, ont eu la vie<br />

sauve grâce à l’inattention de nos hommes.<br />

C’est à Goma Tsé-Tsé que nous livrons notre première bataille rangée contres les<br />

troupes angolaises le 30 septembre 1998. Au même moment la guerre s’intensifia sur les<br />

fronts de Kibouéndé, Kibossi, Matoumbou, Kinkala entre le 3 et le 9 octobre 1998. Khamar<br />

aurait lui aussi subit le sort des mauvaises herbes, mais il doit sa vie sauve grâce à son gilet<br />

pare-balles. Il fuit le front de Kibouéndé et le laisse à nos hommes commandés par Yogoshi<br />

qui reçoit en pleine poitrine une roquette tirée à bout portant à Kinkala. Alors qu’il est affalé,<br />

et quand il se releva, il fit feu contre ses agresseurs qu’il massacra tous. Et lui a continué son<br />

commandement comme s’il venait simplement d’être piqué par un gros moustique. Ceci laissa<br />

s<strong>ans</strong> voix ses tirailleurs qui n’eurent même pas le temps de s’interroger car ils furent tout de<br />

suite rafalés par celui qu’ils crurent mort. Ils en ont vu de toutes les couleurs sur la terre du<br />

Pool : des miracles qui les laissèrent s<strong>ans</strong> voix. C’est quand même la terre de Matswa, mama<br />

Mbiémo et beaucoup d’autres résistants qui en ont fait voir au colonialiste français ce qu’est<br />

ce que l’Afrique.<br />

Khamar essaie de reprendre du poil de la bête. Il essaie de chercher à conquérir<br />

Massembo-Loubaki que ses hommes ont perdu moyennent beaucoup de morts. Mais en vain.<br />

Au village Kikombolo en cherchant à atteindre Mouyami, il arrêté net par nos hommes qui le<br />

pourchasseront pour toujours. Heureusement que son véhicule Hilux était bien conduit par un<br />

expert sinon, il laissait sa peau. Mais sur leur chemin de repli, et d<strong>ans</strong> un esprit de vengeance,<br />

ce même 9 septembre, très tôt d<strong>ans</strong> la matinée, ils atteignent Massemba-Loubaki, ils<br />

frappent à toutes les portes, en sortent tous les jeunes jusqu’à atteindre le nombre 22. Ils les<br />

alignent contre le mur de la pharmacie Nsompi-Mboma et les massacrent. Et là où il y a mort<br />

d’homme, il y a toujours un témoin en dehors de Dieu lui-même. Et malchance pour Khamar<br />

lui qui croyait tuer d<strong>ans</strong> une impunité totale va malheureusement laisser des traces. En effet<br />

8


un jeune cheminot qui figurait parmi les fusillés, n’était pas mort. Il était simplement blessé<br />

comme il y en eut lorsque les hommes de la garde présidentielle de Sassou massacrèrent les<br />

jeunes recueillis au Beach. Il eut des jeunes qui n’étaient morts et qui ont fait le mort. Il eut<br />

également des jeunes qu’ils ont épargné, qu’ils ont laissé partir, leur remettant 60.000 FCFA<br />

et 30.000 surtout pour qu’ils gardent le silence. Ces enfants sont ceux d’une grande dame<br />

aujourd’hui réfugiée à Paris.<br />

Donc ce jeune cheminot fit le mort et seront tous abandonnés là devant la pharmacie.<br />

Et dès que les bourreaux ont disparus, il a pu fuir et aujourd’hui, est avec nous pour témoigner<br />

demain. Après son forfait, Khamar regagna Kinkala par Matoumbou avant de prendre la<br />

fuite lui-même de peur de se faire zigouiller par les résistants. Ainsi il laissa la région aux<br />

seuls initiés, les vrais fils. Ainsi les collabos finissent comme ça avant que le jour venu, ils<br />

rendent compte.<br />

A la même date le Conseiller Pédagogique Nkounkou-Massamba va être assassiné à<br />

Kinkala et les combats intensifient de plus en plus et se localisaient d<strong>ans</strong> la seule zone de<br />

Missafou-Mindouli où trois containers chargés d’armes de guerre, de produit pharmaceutiques<br />

et des vélos Yamaha sont interceptés par nos hommes.<br />

Les tirailleurs cobras n’avaient qu’un objectif quand ils arrivaient sur le terrain. Piller,<br />

voler, violer, incendier, tuer tout homme de 5 à 60 <strong>ans</strong> originaire de la région du Pool. Ils ne<br />

s’attaquèrent pas seulement aux seuls hommes. Même les arbres fruitiers subiront leur furia.<br />

Ils seront systématiquement coupés pour mieux affamer et faire mourir les populations. Mais<br />

voici qu’ils vont recevoir le renfort des Tchadiens, centrafricains et angolais. Avec un tel<br />

renfort, des armées des pays, des hommes de métiers contre des civils nouvellement acquis au<br />

maniement d’armes de guerre. Il a fallu toutes ces armées pour que, pour la première fois, les<br />

Cobras viennent à bout des terribles Ninjas. Ce fut un bel exploit et bientôt, ils vont devenir<br />

maîtres de Mindouli, la ville symbole de résistance. Ils récupéreront ainsi le container d’armes<br />

tandis que les deux autres furent brûlés.<br />

Le 8 novembre 1998, après des durs combats à Kinkémbo, contre les angolais, un des<br />

nôtres fut abattu, c’est Aimé, il est exactement 17 h 30. Vaillant combattant, il trouvera la<br />

mort à cause de certaines règles qu’il avait tr<strong>ans</strong>gressées. Nous étions mercredi et ce jour, il<br />

est interdit à nos combattants de faire ce qui est interdit. Le 29 octobre, à bord de deux Ourals<br />

et sous le commandement de Willy Mantsanga, des violents combats se déroulent à 15 h 00,<br />

sous un soleil de plomb à Ntadi.<br />

Pendant ce temps à Brazzaville, les Etats Majors sont à pieds d’œuvre pour ramener la<br />

paix d<strong>ans</strong> le pays. Ainsi un groupe d’Officiers du Pool et des sages de la région ainsi que des<br />

hommes d’Eglises tentent de dissuader Sassou pour en arriver aux pourparlers. Ils se mettent<br />

en action et se veulent pragmatiques. Divisés en deux groupes, les hommes d’Eglises décident<br />

de partir pour Mindouli encore le fief des Forces d’autodéfense. Et comme Sassou aime bien<br />

jouer au double jeu, voilà que pendant qu’il donne l’ordre aux hommes d’Eglise d’aller<br />

négocier avec les Ninjas, en même temps, il leur flanque un autre commando belliqueux. Ç’a<br />

toujours été comme ça qu’il signe ses crimes. Il avait procédé de la même façon pour aller<br />

assassiner le Président Marien Ngouabi ; il en était ainsi pour assassiner Diawara et ses<br />

hommes. Ç’a s’appelle la duplicité, ou le double commandement. Pendant qu’il dit à un de<br />

« prendre vivant », il nommera un autre à qui il dira ; « il faut tuer ». Et souvent il a toujours<br />

fait partir le commando de la mort. ( Marien Ngouabi et Diawara)<br />

Ainsi ce 29 octobre, il flanque derrière les hommes d’Eglise un commando qui, au lieu<br />

d’aller protéger les hommes d’Eglise ira plutôt les massacrer pour faire porter le chapeau aux<br />

Ninjas. Alors, pendant que les hommes d’Eglise évoluaient vers Mindouli, ils étaient suivis<br />

par un groupe hostile aux négociations, donc à la solution de la crise. Ils sont sur les traces des<br />

missionnaires qui eux, ne se doutent de rien. Ils continuent leur route et même Dieu ne<br />

9


viendra pas les mettre en garde ni les prévenir. Le vicieux, le sadique, le barbare né,<br />

l’incarnation de Hitler quête le moment propice pour frapper s<strong>ans</strong> sourciller.<br />

Les missionnaires sont déjà à Mindouli. Commencent leurs tractations avec les sages<br />

de la ville. Ils sont depuis un moment réunis d<strong>ans</strong> l’Eglise de la Place quand les bandits qu’il a<br />

placés à leur rescousse arrivent au point nommé. Ils savent où se trouvent-ils. C’est alors<br />

qu’ils n’hésiteront pas à aller les abattre comme des poissons pris d<strong>ans</strong> une nasse. La mission<br />

étant accomplie, il ne reste plus qu’à Sassou de crier fort, très fort pour incriminer les Ninjas<br />

d’avoir commis ce forfait et surtout d’avoir tiré sur leurs propres parents. C’était la mission et<br />

l’objet de trac nard, du guet apens. On fit porter le chapeau aux fils du Pool qui, d’après le<br />

bandit Sassou n’étaient pas prêts à faire la paix. Se servant de cet alibi, l’homme n’a plus qu’à<br />

brandir et à crier à qui veut l’entendre devant la communauté internationale, la mauvaise foi et<br />

la mauvaise volonté de l’homme du Pool pour en finir avec la crise.<br />

Enfin le deuxième groupe qui était parti en direction de Mbanza Ngouédi, celui là, sera<br />

sauvé inextrémis car le commando sera désarmé dès le moment qu’on a découvert son<br />

manège. Les Ninjas les obligeront à repartir à pieds d’où ils étaient partis en ayant confisqué<br />

leurs véhicules. Sous l’autel de l’intolérance, ainsi Sassou Nguesso fit massacrer six paisibles<br />

citoyens qui n’avaient fait que leur devoir. Six Martyrs de plus qui étaient les Pasteurs :<br />

Fidèle Loubelo, René Zacharie Kinzonzi, Emile Mabiala, le Major de l’armée du Salut,<br />

que je vis pour la dernière fois à Ndzoko, l’Ecole militaire de l’Armée du Salut où j’allais<br />

prier pendant la guerre de 1997, mon ami et frère avec qui nous prions ensemble au Plateau<br />

des 15 <strong>ans</strong> Eugène Nsingani, Alphonse Bidié et Benjamin Manangou.<br />

Mais il y a des moments qui marquent la vie d’un individu comme d’une collectivité.<br />

Des moments et évènements à symbole qu’on aimerait graver d<strong>ans</strong> la mémoire collective<br />

d’un Etat ou mieux d’une Nation comme une présence immortelle. Pour leur morale, leur<br />

valeur pédagogique, historique ou humaine. C’est une Nation debout comme un seul homme<br />

qui avait dit « Adieu » à ses martyrs. Comme Sassou aime bien les faire chaque fois qu’il<br />

assassine quelqu’un. Il aime des funérailles grandioses et là, il met tous les moyens de l’Etat<br />

pour symboliser l’événement. Ici nos martyrs étaient vraiment tombés au champ d’honneur<br />

comme les Président Alphonse Massamba-Débat et Marien Ngouabi eux aussi assassinés<br />

par le même bandit l’arme d’amour de leur pays d<strong>ans</strong> les mains.<br />

« Ils moururent inutilement pour une cause désespérée » diront les plus pessimistes. Ils<br />

s’étaient égarés et sont tombés lâchement assassinés d<strong>ans</strong> un piège tendu par le félin, le<br />

bourreau. Oui, leur tâche était difficile et dangereuse mais malgré qu’ils le savaient, ils étaient<br />

quant même partis, guidés par l’amour de leur pays et du prochain. Ils n’avaient pas eu peur<br />

pour leur vie. Pourtant certains avaient tenté de les retenir mais en vain. Je me rappelle que<br />

j’avais téléphoné au Major Eugène Nsingani pour qu’il renonce à cette mission ô combien<br />

dangereuse mais, il aimait tellement son pays qu’il m’avait simplement répondu : « nous<br />

laissons tout d<strong>ans</strong> les mains de Dieu. Si telle est sa volonté, qu’elle se fasse » et<br />

nous avions terminé là notre conversation. Malgré ce drame, cela n’a pas suffi. Et comme<br />

pour mieux nous faire comprendre notre égoïste d’homme, et que les pensées de Dieu, ne sont<br />

pas nos pensées, ils ont laissés à certains d’entre nous, des mots prophétiques qui nous font<br />

mieux comprendre aujourd’hui la profondeur, la hauteur et la longueur de leur mission qu’ils<br />

avaient acceptée. Peu importe les calculs macabres de son auteur, les pièges et autres<br />

souricières que l’adepte de la bêtise horrible et le fossoyeur de la paix avait bien voulu<br />

placés sur leur route. Eux au moins sont allés d<strong>ans</strong> les bras de Dieu Tout Puissant.<br />

Pour eux tout était accompli comme dira Jésus devant la croix pendant qu’il était<br />

entrain de rendre son âme. Et Sassou Nguesso où ira-t-il ? On ne s’inquiète pas trop car son<br />

ami Satan l’attend les pieds et les mains liés.<br />

<strong>10</strong>


L’ORGANISATION PARA MILITAIRE POUR RÉPONDRE AUX DÉFIS LANCÉS<br />

PAR SASSOU ET SA COALITION DES ARMÉES MONDIALISÉES.<br />

Le 11 novembre 1998, le Pasteur Ntoumi va cantonner ses troupes sur Binionia. C’est une<br />

véritable cure que vont subir les troupes : sept séances de prières par jour leur étaient<br />

imposées et la famine fit en même temps son apparition. Et pendant que les uns priaient, les<br />

autres se regroupaient en organisation para militaire nécessaire pour faire face au diabolisme<br />

et la barbarie de Sassou. Car si on veut la paix, il faut préparer la guerre.<br />

La Force d’auto-défense « NSILOULOU » venait de naître. Elle a pour responsable<br />

ou Commandant en Chef, Frédérique Bintsangou se veut appeler en même temps<br />

Révérend Pasteur Ntoumi. L’Adjoint s’appelle Yogoshi. Quatre bataillons furent mis en<br />

place ayant chacun à leur tête de véritables meneurs d’hommes. Très engagés, déterminés et<br />

très pragmatiques.<br />

Brazzaville souffle le chaud et le froid. Plusieurs déclarations sont faites chaque jour<br />

pour tenter de montrer à la communauté internationale que Brazzaville veut la paix. Mais<br />

pendant qu’elle parle de « paix », elle prépare, avec les moyens les plus sophistiqués, une<br />

guerre féroce. Des troupes de choc sont en préparation selon nos informations venant de<br />

Brazzaville et données par nos hommes au sein de l’armée acquis à la démocratie. Sassou est<br />

décidé à mettre fin à la résistance. Mais a-t-il vraiment les hommes prêts au sacrifice<br />

suprême ? Car les « Nsiloulou » ne font pas des cadeaux. Et tous ceux qui reviennent des<br />

différents fronts s’en rappellent. Il a surtout préparé un bataillon de choc, bien entraîné avec<br />

un commandant bien préparé mystiquement et militairement pour la circonstance. Le<br />

casernement de ce bataillon a duré jusqu’au 3 décembre 1998.<br />

Ce même 3 décembre, les Forces d’auto défense sont encerclées. Il est 21 heures et les<br />

hostilités commencent. Tout de suite l’information de l’offensive fait le tour de toute la<br />

région. Ainsi les renforts affluent de toute la région. Ils viennent à pied parfois ayant fait des<br />

centaines de km. Mais tous ont un seul objectif : arc-bouter les forces de Sassou.<br />

Le grand lot des troupes partira de Mindouli et la distance est longue. Ils sont presque<br />

s<strong>ans</strong> arme mais ils comptent faire leurs provisions sur les tirailleurs de Sassou. La distance<br />

entre Mindouli et Binionia est grande et les troupes accusent déjà de la fatigue. Mais le moral<br />

est au zénith et veulent tous se faire du cobra et du mercenaire blanc ou noir. Antoine, un des<br />

chefs des troupes reste à Louila tandis que tout le lot progresse vers Kitinou. Trois éléments<br />

ont manqué un peu de discipline et pour avoir voulu progresser en se séparant du groupe, se<br />

sont retrouvés nez à nez avec les cobras qui n’ont pas eu pitié d’eux. Ils seront simplement<br />

massacrés s<strong>ans</strong> retenue. Ce sont les trois premières victimes que les Forces d’Autodéfense<br />

déploreront.<br />

Sur la route conduisant vers Mindouli, un engin blindé (Mamba) n’a pas remarqué<br />

notre arrivée. Mais il est en position d’attaque. Nous l’encerclons et le ravissons de l’ennemi.<br />

En même temps nous faisons là nos premiers prisonniers. Plus en retrait sur le même chemin,<br />

un groupe de cobras ne pensent pas que le « Mamba » a changé de propriétaires. Ils viennent<br />

allègrement vers nous et les accueillons comme des petits poissons. Plus loin, un autre groupe<br />

des mêmes cobras s’acharnent sur une jeune fille qu’ils sont entrain de violer avec avidité, en<br />

véritables animaux sauvages. Pendant ce temps trois autres, chauffés à bloc, en pleine<br />

érection, attendent impatiemment et de façon haletante leur tour.<br />

La malheureuse fille est déjà à bout de ses forces car se faire des gros mâles en<br />

manque certainement depuis un bon moment, est une épreuve insupportable. Notre arrivée les<br />

surprend et nous sommes nez à nez. Et s<strong>ans</strong> sommation aucune, et eux n’eurent pas le réflexe<br />

d’utiliser leurs armes, nous les abattons s<strong>ans</strong> pitié comme eux, non plus, n’ont pas eu pitié de<br />

la jeune fille. C’est le grand soulagement pour la jeune fille qui n’attendait pas mieux. Après<br />

plusieurs heures de marche, nous atteignons enfin Binionia où nous attendent les autres<br />

troupes, impatientes.<br />

11


L’ATTAQUE DU 3 DÉCEMBRE 1998.<br />

Le 3 décembre 1998 à 15 heures, les Forces gouvernementales, sous le commandement du<br />

Colonel Obosso, composées de deux compagnies de la Garde présidentielle et de deux Unités<br />

du Groupement aéroporté (GAP) épaulés par des centaines de mercenaires blancs, chocolats<br />

et noirs lancent l’attaque la plus percutante et décisive de la guerre. C’est le début de<br />

l’offensive. « Les fourmis ne peuvent pas traverser un fleuve s’il n’ y a pas de pont »<br />

(proverbe du Pool).Ici, c’est le sinistre Malonga alias Diable Sec qui va servir de pont. Il<br />

était des nôtres, connaissait notre positionnement et comme tous les traîtres, a couru aller<br />

vendre la mèche à l’ennemi qui pensa nous prendre comme des poissons d<strong>ans</strong> une nasse.<br />

C’est mal connaître les petits fils de Mabiala ma Nganga et de Dieu Tout Puissant qui était de<br />

notre côté. Ils débarquent à Ntadi sous estimant notre force de frappe, notre caractère et notre<br />

détermination.<br />

Les pauvres, il faut qu’ils justifient leurs salaires et surtout montrer à leur commandant<br />

en chef qu’eux aussi sont de vrais combattants, capables de se battre contre les Ninjas. Nous<br />

n’avions qu’un armement rudimentaire. Mais pendant la guerre, ce ne sont pas les armes qui<br />

se battent mais les hommes. Et la première arme, c’est la détermination et le courage. Et en<br />

deuxième position, l’idéal à défendre. Et la sagacité, cette force surnaturelle, la foi sont des<br />

éléments déterminants. Ce sont ces éléments qui avaient habités les Vietnamiens pour<br />

vaincre les armées les plus redoutable de la Planète : les USA. Aujourd’hui l’Irak, les<br />

Talib<strong>ans</strong> le démontrent à suffisance.<br />

Ils étaient venus avec tout : groupe électrogène d’une très grande puissance,<br />

motopompe, congélateur, beaucoup de vivres. Chacun fignolait, articulait pour déloger le<br />

premier. Et c’est d<strong>ans</strong> un véritable effet de surprise que la bataille et les affrontements<br />

commencèrent. Nous sommes sur une plaine. Il n’y a pas de lieu de repli pour se cacher. Tout<br />

se fait au vif, à l’œil nu. Et c’est le moment de prouver qui ont le plus de courage. Une espèce<br />

de mur de fer s’est érigé pour nous car toutes les balles, tous les tirs venaient s’échouer sur ce<br />

mur surnaturel. Et nous, chaque fois qu’on tirait faisions mouche. L’ennemi était bousculé et<br />

ne comprenait plus contre qui il se battait. Devant ce blindage mystique, nous avancions,<br />

poussant l’ennemi d<strong>ans</strong> son dernier sursaut. Notre morale était au zénith. Pourtant ça faisait<br />

plusieurs heures que nous nous battions et nous n’avions pas faim.<br />

Nous n’avions qu’une seule roquette qui mit en déroute un contingent de mercenaires<br />

venus du monde entier et des cobras complètement épuisés par notre harcèlement. Rousseau<br />

était le Maître de la roquette, c’est lui qui avait sa maîtrise. Le blindé qui avait été préparé<br />

pour cette offensive sera mis hors du jeu. Son invulnérabilité avait sauté en éclat et ceci dès<br />

les premières minutes de l’offensive. Ce qui démoralisa le camp ennemi. Le chef des troupes,<br />

le commandant en chef, le colonel Obosso sera lui aussi abattu. Ce qui provoqua une véritable<br />

débandade car c’était l’élément moteur des opérations. Un homme et un arsenal militaire sur<br />

lesquels Sassou avait parié et mis tout son espoir.<br />

Et là aussi pour la partie défenderesse, les résistants ; son Commandant<br />

l’incontestable et formidable YOGOSHI vient de déployer toute son énergie, toute son<br />

intelligence et son savoir faire d<strong>ans</strong> cette bataille déterminante et ça se démontre sur le terrain.<br />

En effet, chose à laquelle ne croyait pas les envahisseurs, peut-être l’inexpérience et l’hostilité<br />

du terrain car n’oublions pas qu’ici, nous sommes sur le sol des grands résistants que furent :<br />

Matswa, Mabiala ma Nganga, Bouéta Mbongo, mama Mbiémo etc. Et leurs petits fils<br />

volent de victoire en victoire. C’est à peine imaginaire. Ils ramassent à la pelle : armes de tous<br />

12


calibres munitions abandonnées par l’ennemi qui, au lieu de se battre, bat l’aile car il ne veut<br />

pas mourir pour une cause dont il n’a pas d’emprise.<br />

Le Colonel OBOSSO, débandé et démystifié, l’arme à la main, vient de tomber<br />

comme un vulgaire soldat de première classe non s<strong>ans</strong> avoir montré sur le terrain ce pourquoi<br />

il était choisi : lui le mystique, le fantastique, le miraculeux le dur à cuir. Il n’a pas pu<br />

dégainer et donner les résultats que Sassou son maître attendait de lui. Et chose incroyable, le<br />

corps de cet homme saignait s<strong>ans</strong> discontinuer. Pendant sept jours, il continuait de saigner<br />

s<strong>ans</strong> se décomposer. Nous avons fini par le brûler, mais même en le brûlant, nous avons eu du<br />

mal à obtenir les résultats qui, naturellement, ne se poseraient pas.<br />

De l’autre côté de la rivière Kimpanzou, « Diable Sec le traître» sur son dernier<br />

sursaut essaie d’envoyer quelques salves de castor sur Jean Claude qui s’est abrité derrière un<br />

manguier. On a remarqué que de Kimpanzou à Ns<strong>ans</strong>akou, tous les corps de nos ennemis<br />

recensés sont pour la plus part de nationalité centrafricaine et Tchadienne. On voit alors<br />

l’importance du conflit car Sassou ne peut pas compter sur ses propres Forces. Il est obligé de<br />

faire le feu de tout bois ; recrutant jusqu’en Asie pour tenter de venir à bout des invincibles<br />

« Nsiloulou ». Quelle humiliation.<br />

La journée du 05 décembre 1998, fut celle du nettoyage de Mindouli, qui nous permit<br />

de récupérer sur l’ennemi des véhicules HILUX sur le chemin menant de Mindouli à<br />

Missafou. Nous avons procédé à la destruction d’un blindé à Missafou et des armes de type<br />

B.<strong>10</strong>, des Mortiers et beaucoup de munitions furent aussi récupérées sur les tirailleurs en<br />

débandade. Progressant toujours, nous dûmes rencontrer une toute petite poche de résistance à<br />

la hauteur de Massembo-Loubaki. Le 06 suivant rebelote, encore une poche qui ne fit aucune<br />

vague. On n’eut pas fourni beaucoup d’efforts pour l’anéantir. C’était une boucherie car<br />

l’ennemi, cherchant à se cacher partout, finalement était visible et il ne restait qu’à les<br />

envoyer rejoindre nos parents qu’ils avaient lâchement massacrés à Brazzaville sur le chemin<br />

de la déportation.<br />

Le même 06 décembre, le Commandant YOGOSHI fera usage pour la première fois<br />

du B.<strong>10</strong>, dont l’obus ira tomber à Kinkala vers l’église Protestante et parce qu’il fallait faire<br />

vider les lieux que les Cobras et la Gendarmerie voulaient utiliser pour faire leur quartier<br />

Général. De Kinkala, le fractionnement devenait possible comme à Massembo-Loubaki, où<br />

Jonas prendra l’axe ferroviaire et Sathu, Yogoshi, prenaient eux l’axe Boko. L’as Qui Pique<br />

prendra la direction de la Nationale N°1 en direction de Brazzaville. Quant à Djedra et Ford,<br />

deviendront les Maîtres incontestés et incontestables de la Direction de la Région : Kinkala.<br />

Pistolet prenait l’axe ferroviaire conduisant à Kinkémbo jusqu’à Loutété. Ainsi en un temps<br />

record, nous bouclions l’axe sud en notre faveur. Nos ancêtres étaient très fiers de nous et<br />

d’ailleurs leur assistance avait été déterminante et remarquée.<br />

Sur le front ouest à Mayama, sous le commandement de Maniania, des violents<br />

combats sont encore signalés. Le caporal Chef Ndouédzi Penzi Prospère du camp du 15<br />

Août qui était touché à l’épaule, il sera conduit à un lieu sûr pour recevoir des soins. C’est<br />

pendant cette même date du 9 décembre à 22 heures que le chef coutumier Yélénguéngué<br />

sera abattu avec quelques uns de ses hommes dont J.P. Mahouahoua. Le Commandant<br />

Camille, d<strong>ans</strong> un règlement de comptes pour des affaires des années 93 à 97 du quartier, sera<br />

abattu lui aussi par les siens. Pendant sa fuite, Joseph Mbizi, cousin de B. Kolélas, évitant de<br />

se faire encore emprisonner à Brazzaville alors qu’il s’est réfugié d<strong>ans</strong> son village natal en fin<br />

décembre, est pris par les forces de Sassou.<br />

Peu de temps avant le Commandant en chef, le Pasteur Ntoumi à bord de la<br />

Le contingent Angolais basée à Loutété, informé de la prise de Mindouli et notre fulgurante<br />

maîtrise du terrain, cherchera à partir de là. C’est d’ailleurs ce qui arriva puisque Brazzaville<br />

manquant d’hommes valides, fera appel au contingent pour le renfort. Mais comment arriver à<br />

Brazzaville puisque tout le Pool est aux mains des résistants ? Il va forcer le passage. C’est à<br />

13


Nganga-Lingolo qu’ils connaîtront les durs affrontements car le Commandant YOGOSHI et<br />

son Adjoint MBANDAKANA les y attendaient de pied ferme. Après des durs combats, les<br />

survivants rejoignirent Brazzaville sérieusement bousculés et jureront qu’ils n’y reviendront<br />

plus ceci quelles que soient les sommes d’argent versées. Ils seront poursuivis jusqu’à<br />

Brazzaville la veille du 18 décembre 1998 où les Forces de résistance feront irruption à<br />

Brazzaville, histoire d’aller faire un petit coucou à Sassou comme ils l’avaient promis et le<br />

mettre en garde que quelles que soient les Forces qu’il aura consenties et mis en place, nous<br />

finirons par le déboulonner. Parole de la Résistance.<br />

A Madibou les populations seront surprises de constater qu’il y a beaucoup de blancs<br />

(des français) aux côtés des troupes gouvernementales. Ils sont là depuis un moment croisant<br />

le fer avec les indomptables Forces de Résistance. Tout juste au marché de Madibou,<br />

YOGOSHI tentera de faire une clé sur un français pour le prendre vivant mais un compagnon<br />

du Commandant qui a vu la scène ne put se retenir et fit feu sur le blanc qui sera touché en<br />

pleine tête éclatée. Les mercenaires seront repoussés jusqu’à Massissia où la Résistance<br />

prendra le PSP et le 18 décembre après les affrontements à Mafouta, les indomptables,<br />

imperceptibles, imprévisibles et insaisissables Nsiloulou réussiront à atteindre Brazzaville où<br />

la panique est totale. Sassou se trouvait coincé au Cameroun de retour du Burkina Faso où il<br />

devrait participer au 34 ème sommet de l’OUA. Mais il dut le faire d<strong>ans</strong> son froc car ses<br />

hommes sur lesquels il comptait, étaient inexistants sur le terrain. Les Résistants occuperont<br />

le Centre Culturel Français pendant 48 heures après quoi, ils décideront de se replier et<br />

rejoindre leur Etat Major sous les ordres du Commandant en chef, le Pasteur NTUMI car il<br />

n’accepta pas que ses hommes soient arrivés jusqu’à Brazzaville s<strong>ans</strong> son consentement. Au<br />

grand soulagement du pouvoir qui eut là un temps de répit et de respirer un peu. L’arrogance<br />

du Pouvoir s’était dégonflée comme un ballon.<br />

Alors on assista à un véritable jeu de passe-passe car le petit chef militaire Sassou,<br />

coincé à l’étranger, avait du mal à rejoindre Brazzaville.<br />

A Massina, Capi Justin est abattu par des hommes dont Jonas et on n’en saura pas<br />

plus. C’est ce qui énerva Sassou, le poussant à prendre finalement la décision fatale d’en finir<br />

avec les Bakongos, en cette date du 18 décembre 1998.<br />

B/ LA GUERRE VUE PAR LA PRESSE INTERNATIONALE.<br />

« Claude Ernest Ndalla Ministre de la jeunesse et des sports et son collègue François<br />

Loumouamou chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique se<br />

trouvaient hier à Goma Tsé-Tsé, lorsqu’un groupe d’hommes armés a donné la mort au sous-<br />

Préfet de la localité, à son épouse ainsi qu’à un notable. Rien n’indique pour l’instant que les<br />

deux Ministres membres du Gouvernement, originaires de cette même région, étaient<br />

particulièrement visés par les assaillants.<br />

Le drame est attribué aux jeunes miliciens très actifs depuis un mois d<strong>ans</strong> cette région.<br />

D<strong>ans</strong> le milieu officiel, on indique qu’il n’y a pas assez de preuves pour conclure que ces<br />

« bandits armés » (nuance ce sont des résistants et non des bandits armés. Les bandits<br />

armés sont ceux qui ont remis en cause les Institutions de la République issues des<br />

élections démocratiques) sont manipulés par des hommes politiques et qui prennent plaisir à<br />

donner la mort à des innocents.<br />

La gare de Goma Tsé-Tsé est située à une vingtaine de kilomètres à l’Ouest de<br />

Brazzaville. Et au même moment, on entendait les bruits assourdissants des kalachnikov, à<br />

14


quelques kilomètres de là, plus précisément à Kibossi où à la même heure et de façon<br />

simultanée un autre groupe des jeunes attaquaient tout ce qui représente le pouvoir, tous<br />

symboles.<br />

Depuis la fin de la guerre civile de juin à octobre 1997 (nuance ce n’est pas une<br />

guerre civile mais un coup d’Etat en bonne et due forme), c’est la seconde fois qu’un sous<br />

Préfet est abattu par les « bandits armés ». Depuis l’attaque de Mindouli qui avait coûté la<br />

vie à trois personnes, dont le commissaire de Police de la ville, son épouse et un journaliste<br />

(Celui-là était un malheureux innocent), le 29 août 1998 dernier, le Pool vit d<strong>ans</strong> un profond<br />

climat d’insécurité, malgré les renforts des troupes de la Force publique dépêchés par le<br />

Gouvernement. C’est également qu’on a remarqué que chaque fois que les troupes des<br />

Forces de l’ordre arrivent d<strong>ans</strong> une localité, elles pillent et assassinent s<strong>ans</strong> retenue.<br />

C’est ce que les originaires de cette région déplorent. Les autres attaques ont été<br />

signalées d<strong>ans</strong> le District de Kindamba d<strong>ans</strong> la même région. Mais ici les autorités ne<br />

donnent pas de détail ».<br />

Propos recueillis par Bienvenu Boudimbou.<br />

Pour avoir voulu sous estimer l’ampleur de la détermination des Forces d’autodéfense, le<br />

pouvoir de Sassou est obligé de constater aujourd’hui son échec social. Que le Congo<br />

d’aujourd’hui, d’après la Conférence Nationale Souveraine n’est plus domestiqué et n’est plus<br />

comme celui de « Marien ». Aujourd’hui, il faut prendre acte des changements fondamentaux<br />

intervenus d<strong>ans</strong> le pays et ces nouvelles données sont incontestables et inamovibles. Que rien<br />

n’est plus et ne sera plus jamais comme avant le 25 février 1992. Et que dès ces moments :<br />

« toute personne secouant un arbre doit s’attendre à ce que les branches d’arbres, les<br />

feuilles mortes ou pas, et même les serpents, lui tombent sur sa tête » proverbe Bakongo »<br />

Que dès lors que les peuples ont goûté aux bienfaits de la démocratie : liberté,<br />

d’opinion, liberté d’écrire, de penser, de parler, de crier, de jouir, de se rassembler, de<br />

rassembler, de choisir, ces mêmes peuples n’entendent plus se faire imposer le diktat d’un<br />

oppresseur d’où qu’il vienne et comment il s’appelle. Le préambule de notre Constitution, la<br />

vraie, celle de 1992 nous donne ce plein pouvoir de nous opposer par tous les moyens (armes,<br />

machettes, barricades, tronc d’arbres, grèves) contre celui qui prendrait le pouvoir par les<br />

armes ou l’exercerait avec tyrannie.<br />

Sassou semble s’étonner, mais c’est là une réalité incontestable et incontestée,<br />

irréfutable et inviolable. Le peuple congolais s’est affranchi au sortir de la Conférence<br />

Nationale et Souveraine de ses dictateurs et oppresseur PCT. Il a retrouvé sa liberté, sa fierté<br />

et sa dignité. Oui LIBERTÉ qui est un mot sacré. Et comme disait ce grand combattant<br />

Cubain : « La liberté, il ne faut jamais lui ouvrir les portes quand vous l’avez gardée en<br />

captivité ; sinon, c’est un fauve courroucé par sa détention qui vous sautera à la gorge et<br />

vous terrassera ».<br />

Sassou croit encore prendre les populations du Pool en otage ou pour un vil peuple<br />

qu’il peut apprivoiser, acheter, dompter, adopter comme il a fait pour certains des fils de la<br />

région : Mvouba, Bikindou, Okolelas, etc, non, il a tiré à terre. Non la conscience du Pool<br />

s’est réveillée, on ne doit plus se laisser marcher sur nos pieds ou se noyer d<strong>ans</strong> n’importe<br />

quel crachat de n’importe quel imbécile, filou, surtout pas celui venu d’Oyo.<br />

Nous devrons résister par tous les moyens, pour sauver nos valeurs intrinsèques, notre<br />

culture comme l’ont fait avant nous, nos vaillants ancêtres dont Matswa, Mabiala Ma Nganga,<br />

Tata Mbiémo etc, et ceux qui ont marqué notre histoire. Et il ne faut plus minimiser cette<br />

effective prise de conscience.<br />

Karim Fall de RFI ce 12 Août 1998.<br />

15


« Selon plusieurs témoins, les tirs à l’arme lourde ont été entendus à une trentaine de<br />

kilomètres du centre de Brazzaville. Des tirs sporadiques, d<strong>ans</strong> les environs de Nganga<br />

Lingolo à proximité de Brazzaville d<strong>ans</strong> le Pool, le fief de l’ancien Premier ministre Bernard<br />

Kolélas. Les habitants de cette zone ont commencé à plier bagages, terrorisés par l’ampleur<br />

des tirs de l’arsenal militaire utilisé sur le terrain (armes lourdes de grande puissance)<br />

(comme le Pouvoir allait tuer du gros gibier, il faut donc de l’armement lourd !). Ils<br />

commencent à partir vers Brazzaville, nous signale notre correspondant à Brazzaville Alain<br />

Shungu.<br />

RFI émettant de Paris.<br />

« Des troupes gouvernementales, vraisemblement appuyées par des troupes étrangères :<br />

angolaises, tchadiennes, rwandaises, marocaines, zaïroises et même gabonaises etc, sont<br />

entrain de mener une importante opération de ratissage ; nous signale t-on de source proche<br />

du pouvoir. Tous les moyens ont été mis en jeu : blindés, chars d’assaut, BM 21 etc. Il s’agit<br />

pour le pouvoir de rétablir l’ordre affirme t-on encore de source gouvernementale à<br />

Brazzaville.<br />

RFI émettant de Paris.<br />

Aussi incroyable que ceci puisse paraître, les Forces d’autodéfense font mal. Très mal au<br />

point de faire venir au Congo toutes les armées du Monde entier. Nous n’en revenons pas.<br />

Mais qu’est ce qu’ils sont terribles les enfants du Pool ? Comment est-ce que cela est-il<br />

possible ?<br />

Donner des leçons de guerre à des Armées du monde entier recrutées par Sassou, ça<br />

sort de tout entendement. Oui, nos enfants n’arrêtent pas d’administrer des déculottées aux<br />

tirailleurs venus d’Oyo et du Monde entier. Le pouvoir n’en revient toujours pas. Comment<br />

des enfants qui au départ n’avaient qu’une arme (calibre 12) ont-ils réussi à s’arracher des<br />

armes à l’ennemi et d<strong>ans</strong> les camps (Brésilien, Ecole militaire d’Etatolo) et sur le terrain ?<br />

Voila une vérité qui fait mal, très mal. Des officiers devraient se suicider car c’est trop<br />

humiliant et dégradant. Comment les Généraux fabriqués par Sassou peuvent-ils encore<br />

avoir le courage de porter leurs gallons de Généraux, Colonels, Commandants, Capitaines,<br />

Lieutenants quand ils se regardent. Aujourd’hui, humiliés par les vont nus pieds recrutés<br />

d<strong>ans</strong> la région du Pool, ils devraient arrêter de bomber leur torse. Comment des enfants qui ne<br />

sont partis qu’avec trois seuls fusils ont-ils réussi à terrasser une telle coalition mondialisée ?<br />

Comme David qui terrassa Goliath, les Forces d’auto-défense ont fait mal.<br />

Tout ce qui était une légende, une virtualité est devenu une réalité suffocante et<br />

difficile à admettre car elle fait mal. Des mercenaires blancs, achetés à prix d’or sont venus<br />

mourir pour rien. Les quelques survivants que nous avions rencontrés à Paris pour nous<br />

éclairer et mieux écrire notre histoire, nous ont simplement dit que plus jamais, ils ne pourront<br />

repartir d<strong>ans</strong> le Pool si jamais une autre guerre éclatait d<strong>ans</strong> cette région. Car ils ont vu des<br />

choses mystiques auxquelles ils se souviendront toute leur vie.<br />

Toutes leurs embuscades se soldaient en défaites cuisantes. Chaque fois et à tous les<br />

coups, les Forces d’autodéfense font mouche, à tous les coups. Et contrairement aux<br />

déclarations dont nous abreuvait le pouvoir de Brazzaville.<br />

On nous signale en outre qu’à cette date précise, que les Nsiloulou se rapprochent de<br />

plus en plus de Brazzaville, la Capitale. Et qu’à Brazzaville, Sassou est entrain de péter du<br />

plomb d<strong>ans</strong> son froc. Qu’il était entrain de préparer une énième équipe, cette fois s-ci<br />

certainement plus sophistiquée, plus aguerrie, plus expérimentée, plus mystérieuse que celle<br />

du Colonel OBOSSO. Que celle-ci ne serait composée que d’éléments venus de son village<br />

natal : Oyo. On attend voir et qui vivra verra.<br />

16


Sassou est sérieusement éprouvé. Il est aux abois. Il fait le feu de tout bois. Il souffle le<br />

chaud et le froid. Il a du mal à imposer un bon rythme de guerre à des enfants dont il ne<br />

comprend plus le talent et le savoir faire. Et les populations de Brazzaville sont partagées<br />

entre la résignation et le désespoir de cause. L’Armée déploie à grand renfort des troupes<br />

fraîchement venues du fin fond du monde, nouvellement recrutées. Mais malgré les armes<br />

utilisées, malgré le nombre impressionnant des pays qui participent à cette mondialisation<br />

pour venir à bout des seuls petits fils des Grandes figures historiques qui ont illustrées notre<br />

parcours : France, Angola, Tchad, Zaïre, Maroc, Gabon, Sénégal, Rwanda, Cuba, Chine,<br />

Libye, etc, ils n’arrivent pas à bout des mystiques « Nsiloulou » qui n’avaient pour arme d<strong>ans</strong><br />

la bouche que les prières, d<strong>ans</strong> le bras droit la bible et de l’autre l’amour pour leur pays et<br />

évidemment le Dieu Tout Puissant qui sait faire la part des choses, qui sait séparer le vrai du<br />

faux ; celui qui sait lire la pensée de tout un chacun. Et ça, ça valait plus que l’arsenal de<br />

Sassou ; une arme fatale. C’est ça la vérité ! « Et quand un peuple prend l’engagement de<br />

défendre son pays, il le défend coûte que coûte jusqu’au bout » Président Alphonse<br />

Massamba-Débat. Ce qui est sûr et certain, c’est que Sassou a perdu la guerre contre les<br />

Forces de résistants, contre le Pool. Puisque le Pasteur Ntumi continu de parader d<strong>ans</strong> sa<br />

basse cour où aucune force n’est capable d’aller le déloger. Il bombe tranquillement son torse<br />

et Sassou sait ce que ça lui a coûté q’aller provoquer, s’attaquer une région restée toujours et<br />

toujours héroïque, qui a toujours su défier toutes les forces hostiles depuis la nuit des temps.<br />

Mabiala Ma Nganga en son temps, et les autres, avaient balisé le chemin. Et Sassou sait qu’on<br />

ne s’attaque pas impunément à un Mukongo s<strong>ans</strong> qu’on ne laisse sa peau.<br />

Si Sassou a négocié l’issue de sortie de cette guerre, c’est qu’il en avait vu de toutes<br />

les couleurs. Il est tellement fanfaron que ce bonhomme ne serait même pas tenté de négocier,<br />

si se troupes remportaient des victoires. Même après avoir négocié, nos hommes gardent leur<br />

autonomie de manœuvre, c’est eux qui dictent, ils occupent tout le Pool, ils sont intouchables,<br />

ils distribuent les cartes, ils vont et viennent à Brazzaville s<strong>ans</strong> qu’on ne touche à un seul de<br />

leur cheveu, c’est eux qui décident. N’est ce pas là une véritable humiliation pour un soit<br />

disant chef d’Etat, pour une armée ou pour une coalition des armées mondialisées ?<br />

Pierre OBA : Ministre de l’Intérieur : « Afin de garantir la sécurité et la tranquillité des<br />

populations et prévenir tout acte de nature à perturber l’ordre publique, en cette veille des<br />

fêtes de fin d’années, les Forces publiques se sont déployées sur toute l’étendue de<br />

l’agglomération de Brazzaville. La mise en œuvre de ce déploiement a crée une confusion et<br />

du désordre, qui ont débouché malheureusement sur des actes de vandalisme que le<br />

Gouvernement ne saurait tolérer.<br />

Dès ce jour toutes les dispositions ont été prises et des décisions fermes ont été<br />

données aux autorités civiles et au commandement de la Force publique afin que les auteurs<br />

de ces actes subissent un châtiment exemplaire ».<br />

Propos recueillis par Alain Shungu RFI, Brazzaville.<br />

Quels aveux de la médiocrité ! Une véritable démonstration avérée. C’est la preuve que le<br />

pouvoir de Sassou est en pleine décomposition et d’une nullité incommensurable. Enfin, ils<br />

reconnaissent qu’ils tuent, assassinent, volent et violent, pillent les paisibles citoyens.<br />

A défaut de mieux s’attaquer aux invincibles « Nsiloulou », qui, semble t-il ont des armes et<br />

qui devraient être leur cible principale, s’en prennent plutôt aux vieillards, aux faibles, aux<br />

femmes enceintes, aux enfants faciles à tuer et on ne peut imaginer une telle lâcheté d’un tel<br />

« général d’armée » pour ne pas dire milicien ou caporal en chef qui ignore tout de la<br />

déontologie militaire en temps de guerre « en temps de guerre toutes les personnes civiles<br />

doivent être protégées et respectées ».<br />

17


Au même moment qu’ils violent, et assassinent impunément, ils volent tout ce qu’ils<br />

trouvent sur leur passage. Véritables kleptomanes et mythomanes ces gens. Toutefois ce<br />

comportement n’étonne personne. Ils sont nés et réputés ainsi. Rien qu’à voir d<strong>ans</strong> quel état,<br />

ils sont mis notre pays, on ne se poserait plus des questions. Aucun sens du code de l’honneur,<br />

aucune élégance d<strong>ans</strong> le vol, le pillage, le détournement, le gaspillage. Un comportement qui<br />

dénote de la qualité de ces individus « individu » pris ici d<strong>ans</strong> le sens le plus ignoble. C’est<br />

une planification concentrée, une préméditation.<br />

Bienvenu Boudimbou de Afrique N°1 : « A l’origine de cette panique se trouve des<br />

éléments de la Force publique qui, à Bacongo et Makélékélé se sont livrés à des pillages s<strong>ans</strong><br />

précédents. Jamais, on aurait pu imaginer une telle chose d’une armée à très grande majorité<br />

nordiste.<br />

Et pour couvrir leur manœuvre fallacieuse, ils tirent des coups de feu en l’air, histoire<br />

de simuler des accrochages avec les Ninjas. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a plus de Ninjas à<br />

Bacongo et à Makélékélé qu’ils assiègent et c’était le fief de l’ancien Premier ministre<br />

Bernard Kolélas. Ces arrondissements situés au Sud de Brazzaville, la Capitale, ne sont<br />

peuplés uniquement que et 98% aux seuls ressortissants du Pool, du même Bernard Kolélas,<br />

opposant en exil à l’étranger.<br />

Ces pauvres populations vivent d<strong>ans</strong> une torpeur depuis que l’Armée y a renforcé sa<br />

présence et sème la terreur et la mort partout d<strong>ans</strong> les populations, s<strong>ans</strong> armes et s<strong>ans</strong><br />

défense.<br />

Depuis lundi dernier 14 décembre 1998, les populations ont alors cru au pire. De<br />

Makélékélé à Ouénzé, en passant par Poto-Poto et Moungali, une forte rumeur s’est répandue<br />

d<strong>ans</strong> la ville annonçant l’infiltration des Ninjas à Bacongo et Makélékélé.<br />

Les boutiques, les écoles et les marchés sont fermés. Les administrations vidées avant<br />

de rouvrir timidement leurs portes, a repris au ralenti au centre ville. Certaines populations<br />

se barricadent même s’il est perceptible que la situation se normalise progressivement. La<br />

force publique, comme l’a annoncé hier soir le Ministre de l’Intérieur Pierre OBA, signale sa<br />

présence d<strong>ans</strong> les rues en uniforme et en tenue civile ».<br />

Comme à son accoutumée Sassou remontre là sa façon de signer ses crimes. « Le<br />

chien n’a jamais changé sa façon de se torcher. Il tourne toujours en rond » dit un adage.<br />

Toujours la même façon. Il lance un murmure, une rumeur, un faux bruit et d<strong>ans</strong> la foulée,<br />

d<strong>ans</strong> le désordre et le fouillis, il attaque, véritable félin. Tous ses crimes depuis l’assassinat du<br />

Président Marien Ngouabi en passant par le Président Alphonse Massamba-Débat, du<br />

Cardinal Emile Biayenda etc, il les a signés de la même façon. Changez un peu quant même<br />

Sassou. Faites un peu semblant, brouillez un peu les pistes, semez un peu de doute. Essayez<br />

de vous faire oublier un peu. Mais par quelle école, êtes vous passé pour ne vous apprendre<br />

qu’un seul procédé ?<br />

Nous connaissons dorénavant tous ses simulacres, ses montages tous ceux qui ont<br />

toujours façonnés ses forfaits. Nous savons qu’après une rumeur de lui, s’annonce un<br />

véritable tsunami, une catastrophe d<strong>ans</strong> les populations du Sud en général et du Pool en<br />

particulier.<br />

Ici, nous sommes entrain d’imaginer qu’il est entrain de préparer un génocide contre<br />

les populations Bakongo. C’est un prélude annonciateur, une véritable œuvre machiavélique.<br />

Vouloir à tout pris s’en prendre à un peuple sous prétexte qu’il ne pense comme le « chef »<br />

qu’on n’est pas de la même région, ethnie, village, famille. C’est ignominieux et lâche. Piller<br />

un peuple, une ville, une région, une partie de son peuple sous le prétexte fallacieux de n’être<br />

pas du même camp politique. C’est inimaginable.<br />

18


Oui Sassou a laissé piller Bacongo et Makélékélé sous prétexte que ces villes n’étaient<br />

pillées pendent son coup de Etat. C’est politiquement triste et inexplicable. On sait cependant<br />

que quand le Ministre de l’Intérieur annonçait les dispositifs à mettre en œuvre, les chiens<br />

dressés, contre l’homme du Pool étaient entrain de travailler, piller déjà. Ils avaient déjà sorti<br />

leurs crocs pourris pour mordre les paisibles populations s<strong>ans</strong> canines.<br />

Toutes les maisons des fourmis travailleuses du Pool avaient été vidées, incendiées en<br />

un temps record. Tandis que les rues se vidaient une à une. Les tirs étaient tellement<br />

perceptibles que l’inquiétude gagnait toutes les familles Bakongo qui ne savaient plus à qui se<br />

confier. Le chef de l’Etat qui était sensé les protéger avait donné l’ordre à ses chiens de piller,<br />

de violer, de voler car ceci était leur récompense de la guerre.<br />

Bernard Nageotte RFI. « Des tirs d’armes lourdes entendus depuis ce matin, se sont<br />

calmés depuis 18 heures locale. Mais ils ont repris d<strong>ans</strong> la soirée, particulièrement d<strong>ans</strong> les<br />

quartiers de Bacongo et Makélékélé et du côté de l’aéroport.<br />

Des canonnades à l’arme lourde nettement audible depuis Kinshasa Brazzaville a<br />

passé la nuit d<strong>ans</strong> le noir, privée d’électricité depuis hier soir. Et ce n’est pas une panne,<br />

contrairement aux dires des autorités politiques du pays. Ce sont les Ninjas qui tiennent la<br />

centrale électrique du Djoué au Sud de Brazzaville, en respect.<br />

De source proche de B. Kolélas, l’ancien Premier ministre, on affirme que ce sont les<br />

Ninjas qui se sont infiltrés d<strong>ans</strong> Brazzaville depuis quelques jours et qui tiennent des points<br />

clefs notamment le Pont du Djoué au Sud de la capitale. De bonne source, on dit aussi qu’ils<br />

se battaient hier soir autour de la Télévision.<br />

Par contre, du côté du pouvoir, on ne parlait que des pillards. D<strong>ans</strong> une déclaration à<br />

l’antenne de « Radio liberté », le Porte parole du Gouvernement Ibovi n’a évoqué que des<br />

éléments armés en appelant la population à collaborer avec la Force publique.<br />

Quoi qu’il en soit et de source officielle, à Kinshasa, on signalait que 8.000 personnes<br />

se sont réfugiées d<strong>ans</strong> la journée en République Démocratique du Congo du côté de Louwozi<br />

au Sud Est du Congo.<br />

Mais qui sont ces assaillants armés, ces fauteurs d’eau trouble, ces coureurs de fortunes et<br />

d’où viennent-ils, se demande un autre journaliste de la même Radio France Internationale<br />

(RFI), certainement Krim Fall qui se trouvait à ses côtés trouvera mieux les questions à lui<br />

poser.<br />

François Ibovi : « ils cherchent coûte que coûte la fortune par la force de leurs<br />

armes. Ils ont des armes et ils croient tout faire avec. Ce que les autres ont gagné à la sueur<br />

de leur front, par leurs efforts, eux veulent obtenir avec beaucoup de facilité, de façon<br />

spontanée. En utilisant les armes en leur possession »<br />

Bravo M. le Ministre, pour une fois, vous dites la vérité, maintenant je peux vous<br />

appeler par M. le Ministre.<br />

Question : Est-ce que vous voulez dire que ce sont les Ninjas de B. Kolélas ?<br />

F. Ibovi : « En tout cas pour nous, d<strong>ans</strong> la mesure où ils se livrent au pillage, pour nous, si ce<br />

sont les Ninjas, ce sont des pilleurs. Ils sont en train de piller des paisibles pays<strong>ans</strong> d<strong>ans</strong> les<br />

quartiers. Les Forces publiques sont intervenues pour empêcher les pillages. Il faut éradiquer<br />

ce fléau trop malsain ».<br />

« Fléau trop malsain ! » dites-vous M. le Ministre, vous avez raison. C’est trop malsain pour<br />

le pouvoir. Merci de nous avoir éclairés par votre témoignage de Ministre.<br />

19


La France n’est pas restée de marbre d<strong>ans</strong> l’affaire du Congo surtout quand on sait que c’est<br />

cette même France qui est à l’origine de tout ce qui s’est passé d<strong>ans</strong> notre pays depuis le 5<br />

juin 1997. Car c’est son Président, M. J. Chirac qui a été le responsable de tous nos morts. Il<br />

est allé s’en venté en Angola le 28 juillet 1998/ Que c’est lui qui a ramené le fou dangereux<br />

de Sassou au pouvoir et avec lui, toutes les conséquences, politiques, sociales qui s’en sont<br />

suivies et nous pensons qu’un jour tout le monde répondra.<br />

Charles Jocelyn Ministre de la Coopération : Au micro de Patrice Biacone de RFI<br />

« En ce qui concerne les ressortissants Français, ceux qui habitent d<strong>ans</strong> les quartiers qui ne<br />

sont pas connus, où il y a des troubles, nous les invitons à rester chez eux. D<strong>ans</strong> les mêmes<br />

temps, bien entendu, nous savons, et ça c’est la responsabilité du dispositif qui a été mis en<br />

place qui regarde le ministre de la Défense, celui des Affaires Etrangères quant aux moyens<br />

qui pourraient être nécessaires à une évacuation. La décision ne pourrait être prise que lors<br />

qu’on aura une appréciation plus exacte de la situation.<br />

Avec Daniel Lefèvre de RFI :<br />

Est-ce que vous jugez suffisamment grave la situation pour parler de l’évacuation ?<br />

CH. Jocelyn : »On ne peut savoir comment la situation va évoluer. Je n’ai aucune idée et<br />

l’Ambassadeur, non plus, n’a pas les moyens d’apprécier, s’il y a des victimes et combien. Il<br />

était de ce point de vue pessimiste car ce sont d<strong>ans</strong> des quartiers peuplés que les échanges<br />

d’artillerie, en particulier auraient lieu »<br />

Pendant ce temps, Sassou se trouvait encore au Cameroun revenant du Burkina Faso<br />

où il devrait effectuer une simple escale technique à Yaoundé. Mais l’escale s’est semble t-il<br />

prolongée pour des consultations avec Paul Biya, le Président du Cameroun.<br />

Et de l’autre côté de l’Opposition, le Premier ministre B. Kolélas déclare :<br />

« Les combats n’ont pas repris du tout. Les forces de M Sassou Nguesso se sont repliées plus<br />

loin derrière Talangaï, le dernier quartier de Brazzaville. Les combats n’ont pas repris. Nos<br />

enfants, les Ninjas sont partout, au centre ville au Nord et au Sud de la capitale. Pour le<br />

moment le calme règne. La sécurité des citoyens Congolais y compris celle des étrangers et<br />

notamment des français vivant au Congo Brazzaville est rigoureusement garantie. »<br />

RFI : Vous êtes prêts à dialoguer, même si vous êtes en position de force ?<br />

B. Kolélas : « Oh oui, bien sûr, moi je suis prêt, même demain. On doit dialoguer. Nous<br />

sommes un petit pays, on ne doit pas continuer à s’entre-tuer comme ça »<br />

Samedi 19 décembre 1998. Propos recueillis par Daniel Lefèvre RFI.<br />

Pendant ce temps, d<strong>ans</strong> la mêlée, le peuple congolais ne sait plus ce qui se passe et ce qui lui<br />

tombe sur la tête. Il végète au grès des vents. C’est une véritable débandade, un départ qui ne<br />

conduit nulle part si ce n’est où le vent vous amène, comme un bateau perdu au milieu de<br />

l’océan.<br />

Les valises, les mousses, les enfants au dos pour ceux qui en ont encore la maîtrise de<br />

leurs progénitures car d<strong>ans</strong> cette mêlée, beaucoup ont perdu leurs enfants. Quant à ceux qui ne<br />

peuvent ni marcher, ni prendre la route de départ, ont simplement choisi de se faire rendre en<br />

bouillie, se faire massacrer. D’autres plus crédules, qui n’ont pas voulu se faire piller, ont<br />

choisi le mauvais sort, les irascibles ont préféré mourir avec leurs biens que de les<br />

abandonner aux pillards.<br />

Pendant que la nationale N°1 grouille de monde, prise d’assaut par des vagues<br />

interminables de foules, d’autres choisissent le chemin adverse, celui du Nord. A tous les<br />

20


isques et péril. Beaucoup prirent s<strong>ans</strong> être sûrs ou la pirogue ou le bateau au cas où on<br />

pouvait le trouver, pour aller vers Kinshasa.<br />

A la Radio Liberté, plus proche du pouvoir, on continue d’haranguer les masses<br />

laborieuses comme à la Radio Mille Collines au Rwanda pendant le génocide. On parle d’aller<br />

chasser les pillards comme si on voulait aller écraser les mouches avec un marteau. Les<br />

officiers militaires confirment l’infiltration des Nin jas d<strong>ans</strong> la capitale. Du côté de Louwozi<br />

au bas Congo, on pale des milliers et des milliers qui sont allés s’y échouer. On compte des<br />

dizaines de morts car là-bas, il manque de tout.<br />

D<strong>ans</strong> les forêts où depuis trois mois s’y sont terrées toutes les populations du Pool, on<br />

ne compte plus les morts tellement qu’on n’a plus la force de le faire. Et à Brazzaville que se<br />

passet-il ?<br />

Alain Shungu correspondant de RFI : « A Poto-Poto qui est le quartier Nord de<br />

Brazzaville, les gens circulent normalement. Ils cherchent à s’approvisionner d<strong>ans</strong> les<br />

magasins. Il y a toujours la même ambiance. Il y a aussi beaucoup de mouvement des<br />

personnes qui quittent Bacongo et Makélékélé ».<br />

Question : Est-ce qu’il y a des gens en armes et la présence des véhicules militaires ou<br />

des Forces de l’ordre ?<br />

A.S. Effectivement il y a beaucoup de gens en armes, surtout les éléments de la force<br />

publique. Mais par rapport à hier, la situation est plus ou moins détendue aujourd’hui. Hier<br />

elle était très tendue et confuse parce qu’on ne savait pas qui tirait sur qui. Aujourd’hui, la<br />

situation est vraiment détendue.<br />

Q : Entend-on de bruit d’explosions de canons ?<br />

A.S. Ce matin il y a beaucoup de bruit d’explosion, des tirs à l’arme lourde à partir de<br />

5 heures du matin jusqu’à heures. Mais maintenant il n’y a plus de bruit de canons, même<br />

des rafales automatiques. C’est vraiment calme. Mais pour combien de temps encore ?<br />

Propos recueillis par Philippe Lemary ; RFI.<br />

Malgré les souffrances qu’endurent ses parents de la région Mvouba le Directeur de Cabinet<br />

de Sassou jubile. Il est ivre de joie.<br />

Isidore Mvouba : Joint au téléphone par Bernard Nageotte RFI.<br />

« On peut dire s<strong>ans</strong> risque de se tromper, même si nous sommes loin de Brazzaville, que la<br />

situation est sous notre contrôle »<br />

Q : Et s’est-il passé, il y a deux jours ?<br />

R : Une infiltration massive des ex-Ninjas à Brazzaville qui avaient des caches<br />

d’armes et qui ont eu à les déterrer et se sont attaqués à la Force publique. Au passage, ont<br />

commis beaucoup d’exactions. Parmi les assaillants, on dénombre une quinzaine de victimes<br />

(Menteur) Nous avons quelques blessés et comptons deux ou trois morts (menteur).<br />

Q : Mais comment on a pu en arriver là ? N’y a-t-il pas une mauvaise estimation du<br />

risque que pourraient présenter les Ninjas ?<br />

R : « Mauvaise estimation, peut-être pas. Nous avons pris notre réalité à tendre la<br />

main aux ex-Ninjas, aux vaincus d’hier ; (vous n’avez vaincu aucun Ninja Mvouba) Mais<br />

nous constatons aujourd’hui que nous avons eu tort à le faire, moyennent quoi, eh bien, ils<br />

sont profité de cette situation de la main tendue pour s’organiser et vouloir nous<br />

surprendre ».<br />

Propos recueillis par Bernard Nageotte, RFI, Paris.<br />

Pendant cette même période, la Direction de la Sécurité publique accuse carrément l’UNITA<br />

de Jonas Savimbi de soutenir les milices de B. Kolélas, une bonne façon de ce pouvoir de<br />

toujours chercher à faire impliquer des plus belles l’Angola qui est très sensible quand elle<br />

21


attend parler de L’UNITA. Chaque fois que la déculottée est trop amère, le pouvoir de Sassou<br />

cherche des poux partout même sur des têtes rasées. Alors que le monde entier sait que les<br />

Ninjas volent et voguent seuls de victoire en victoire, affrontent seuls, frappent seuls, s<strong>ans</strong><br />

assistance aucune de l’extérieur. C’est un gros mensonge que de détourner l’opinion<br />

internationale sur ce qui n’existe pas. Mais ici les Forces d’autodéfense préfèrent « laisser les<br />

choses basses mourir de leur propre poison ».<br />

Cependant alors que la guerre bat son plein, ce qui serait une bonne chose est devenu<br />

depuis le début des hostilités une fatalité. En effet la proximité des capitales les plus<br />

rapprochées du monde : Brazzaville et Kinshasa, font que chaque fois que l’on tire des obus à<br />

l’une ou l’autre capitale, ceux-ci vinrent s’échouer d<strong>ans</strong> une des capitales ; ce qui fait un<br />

problème et à la longue peut provoquer des incidents très sérieux. Et ce qui est arrivé entre les<br />

deux capitales, des obus tirés de Brazzaville et qui sont allés s’échouer à Kinshasa et la riposte<br />

de celle-ci est foudroyante. Des obus tirés de Kinshasa en forme de représailles ont fait<br />

beaucoup de dégâts à Bacongo. Nous savons qu’en 1997, au moment de la débâcle des Forces<br />

de Sassou, celui-ci tirait sciemment des Obus en direction de Kinshasa pour faire impliquer le<br />

Président Laurent Kabila.<br />

A la même période, les parrains de Sassou, ceux qui ont fait allumer le feu : Chirac et<br />

son gouvernement à travers le Premier ministre Lionel Jospin viennent de se rendre compte<br />

que le problème congolais est et devient inextricable et mérite d’être regardé avec beaucoup<br />

d’attention et de doigté. C’est pourquoi, du Canada où il se trouve, Lionel Jospin, Premier<br />

ministre français, qui ne s’était jamais prononcé à ce sujet et qui n’est jamais allé en Afrique<br />

durant ses cinq <strong>ans</strong> de pouvoir, déclare : « La France pourrait jouer un rôle utile d<strong>ans</strong><br />

l’apaisement, d<strong>ans</strong> le respect de l’intégrité et de l’indépendance du Congo ». Comme à<br />

chaque fois que Sassou est mis aux cordes, il accuse, il cherche des boucs émissaires. Après a<br />

voir impliqué l’UNITA<br />

en vain, il accuse cette fois le Congo Kinshasa et plus particulièrement les Bakongos d’en<br />

face, d’aider leurs frères de Brazzaville. Certes, c’est une chose envisageable, mais les Ninjas<br />

sont trop fiers et donc ne préfèrent pas impliquer leurs frères. Pendant que lui-même est<br />

assisté et bénéficie d’un apport très concluant de la part des hommes de Mbemba, de<br />

l’Equateur nordiste comme lui. Sassou pense que tout le monde agit comme lui.<br />

Ça c’est du pur Sassou : menteur, intox, fausse nouvelle et l’UNITA reste son alibi<br />

chéri pour faire impliquer le Gouvernement du MPLA de Dos Santos que nous les Bakongos<br />

avions aidé pour accéder au pouvoir. En effet c’est le premier le Président Alphonse<br />

Massamba Débat qui a fait installer les bases d’entraînement du MPLA d<strong>ans</strong> notre pays. Et la<br />

radio qui se trouvait à Makala le prouve à suffisance. Voilà qu’aujourd’hui, l’Angola nous<br />

remercie en tuant les Bakongos, s<strong>ans</strong> lesquels ils auraient eu beaucoup de difficultés à<br />

atteindre leurs objectifs dont l’indépendance.<br />

C’est d<strong>ans</strong> cette mythomanie de Sassou que l’Angola était rentrée d<strong>ans</strong> le coup d’Etat<br />

du 5 juin 1997 quand Sassou est allé l’apeurer en lui faisant miroiter la présence de l’UNITA<br />

aux côtés du Président Pascal Lissouba. Alors qu’il n’en était jamais question de cela. Et<br />

d’ailleurs quand ils sont rentrés au Congo, à l’allée comme au retour, ont-ils trouvé un seul<br />

élément de l’UNITA, ou même un camp d’entraînement ? Voilà encore un mensonge grossier<br />

dont Sassou a l’habitude et qui a donné ses fruits.<br />

Le Premier ministre B. Kolélas joint au téléphone depuis Washington dément<br />

catégoriquement ce grossier mensonge, cette mythomanie d’un homme malade qui, toute sa<br />

vie durant n’a fait que mentir pour atteindre des objectifs. Il a menti sur lui-même, sur son<br />

âge, sur son cursus militaire, sur tout, sa santé, etc.<br />

Au téléphone avec Chantal Lérot de RFI Bernard Kolélas dénonce la manipulation<br />

de son actuel ami dont dit-il Sassou reste le champion toutes catégories. Oui Sassou est une<br />

22


véritable vipère qui n’a sur sa petite langue que du venin bourré de la manipulation, du<br />

montage, du mensonge éhonté.<br />

Bernard Kolélas : « Ils disent que les Ninjas utilisent une base située en territoire du Congo<br />

Kinshasa mais, c’est archi faux. Pourquoi, alors que le pays est encerclé par des troupes<br />

étrangères, ils n’ont rien vu. Alors que le pays est aux mains des troupes étrangères qui l’ont<br />

verrouillé, barricadé, par où mes hommes seraient-ils passés s<strong>ans</strong> qu’ils n’aient été vus ? Je<br />

sais qu’ils sont invisibles et font des choses qui ressortent de Dieu, mais quand même ! Les<br />

angolais ont envahi tout le pays. Ont-ils vu un seul ressortissant du Congo d’en face avec<br />

nous ? Nous vous connaissons vos mensonges et ça depuis que le PCT est né. Vous êtes né<br />

d<strong>ans</strong> le mensonge, grandi d<strong>ans</strong> le mensonge et moura d<strong>ans</strong> le mensonge.<br />

Où sont les troupes de Sassou quand nos troupes sont passées avec les Congolais d’en<br />

face ? Non c’est trop beau pour être vrai. C’est un énième mensonge qui ne passe plus avec<br />

nous. Après avoir essuyé des multiples revers contre les Ninjas, il ne trouve pas mieux que de<br />

mentir sur ceux qui les tapent. Sassou est à bout de souffle et il n’a pas trouvé mieux que de<br />

servir cette ruse à nos frères angolais. Les Ninjas ne sont pas sortis de là où ils sont depuis<br />

une année. Ils se sont retirés d<strong>ans</strong> les forêts et ils n’en ressortent que chaque fois qu’il s’agit<br />

de défendre et réagir aux exécutions sommaires de leurs parents et familles. Le mensonge,<br />

Sassou en a à revendre !<br />

Christophe Bouabouvier RFI, Paris.<br />

Et puis, tout est allé très vite. En effet Sassou aux abois, n’a pas jugé mieux que de procéder<br />

au bouclage de la ville, plus précisément des Quartiers sud de Brazzaville par son armée,<br />

assistée de toutes la cohorte des troupes mondialisées dont : la France, le Gabon, le Tchad,<br />

l’Angola, le Rwanda, le Zaïre, le Maroc, le Sénégal. Mais malgré cette conjugaison des<br />

armées étrangères, elles n’arrivent pas à bout des petits enfants terribles des héros qui ont<br />

marqué notre histoire nationale et qui ne sont que des Bakongo.<br />

La circulation est interdite d<strong>ans</strong> la zone à chasser du gibier « Mukongo ». Plus rien ne<br />

passe d<strong>ans</strong> le secteur où tout le monde, ceux qui n’avaient pas eu la présence d’esprit de<br />

partir. Ceux qui avaient pensé que Sassou est un humain ; qu’il ne serait pas capable de<br />

l’inimaginable. Eh bien malheureusement, ils se sont trompés et resteront les victimes d’un<br />

massacre bien planifié. Ils avaient voulu rêver mais hélas !<br />

Et les chiens dressés des tchadiens, des assaillants nés barbares, meurtriers et féroces,<br />

les cobras qui ruminent leur haine meurtrière, et cette France qui préfèrent des imbéciles, des<br />

automates pour mieux exécuter leur dictée, les rwandais eux qui sont déjà génocidaires, à qui<br />

on ne peut plus rien apprendre pour égorger, une mixture qui a montré toute son agressivité,<br />

sa férocité et sa barbarie.<br />

Alain Shungu Correspondant de RFI au Congo : « Toutes les voies d’accès conduisant<br />

d<strong>ans</strong> la région du Pool au sud de Brazzaville sont hermétiquement fermées, fortement<br />

surveillées voire bloquées par les Forces de l’ordre, principalement à la frontière avec le<br />

Congo démocratique dont le territoire, semble t-il servirait de base arrière des milices Ninjas<br />

de l’ancien Premier ministre Bernard Kolélas.<br />

Ce déploiement est intervenu quelques jours seulement après l’embuscade tendue par les<br />

Ninjas contre une patrouille des Forces publiques et qui s’est soldée par de lourdes pertes du<br />

côté des Forces publiques plus de 63 morts et 3 du côté des Ninjas.<br />

Au lendemain de cette embuscade, le Porte parole du Gouvernement, François Ibovi<br />

avait annoncé l’envoi des renforts militaires afin de poursuivre, avait-il dit les opérations<br />

militaires de ratissage et de rétablissement de l’ordre là où les « bandits armés » l’ont<br />

perturbé.<br />

23


Le ministre de l’intérieur lui, refuse de considérer le problème du Pool comme un<br />

simple fait de grand banditisme. C’est trop gros et sérieux pour le prendre à la légère. Et<br />

comme tel, il faut le traiter comme tel, avec toute la rigueur et le sérieux.<br />

Pour le Général Pierre Oba, l’importance du matériel utilisé, l’implication de<br />

l’UNITA et de quelques jeunes Congolais d’en face, ainsi que les déclarations de M. Bernard<br />

Kolélas, prouvent que ces événements sont politiques et devraient être traités comme tels »<br />

Ça y est, ces aveugles et sourds muets ont maintenant compris que le problème du<br />

Pool est politique. Mais comment ils ne pouvaient pas ainsi. Le Pool pose des problèmes<br />

politiques qui doivent être traités politiquement. Tant qu’ils n’auront pas compris cela et<br />

qu’ils feigneront de fermer et les oreilles et les yeux, c’est qu’ils n’aiment pas leur pays. Et<br />

comme tels, ils sont des ennemis à combattre.<br />

Bernard Kolélas au micro de Bernard Nageotte de RFI : « Il faut une solution politique<br />

qui doit être recherchée par tous les fils du Congo. Il faut le dialogue. Tout ce qui est arrivé,<br />

c’est la faute d’un ambitieux, un seul homme avec ses lieutenants. Par son refus obstiné de<br />

dialoguer avec les exilés. Il y a des personnes qui sont opprimées partout d<strong>ans</strong> toute la<br />

République : au Nord comme au Sud ; à l’Est comme à l’Ouest ».<br />

Mais malgré la bonne volonté, le langage sérieux de Bernard Kolélas (de l’époque), malgré<br />

sa bonne volonté et sa bonne foi, à aller à une véritable réconciliation, Sassou lui ne voit pas<br />

le problème sur cet angle.<br />

Là où B. Kolélas parle de dialogue, paix et de réconciliation, Sassou lui parle d’armes,<br />

de ratisser, de traquer ; des mots qui ne sont pas synonymes.<br />

LA DÉPORTATION ET L’EXÉCUTION D’UN GÉNOCIDE<br />

PROGRAMMÉ<br />

Jeudi 17 décembre :<br />

Après une sérieuse raclée infligée aux forces du mal, les troupes de coalitions sur les<br />

Terres des résistants, le Gouvernement de Sassou ne trouve pas mieux que de décréter les<br />

quartiers Sud de Brazzaville peuplés à 99% des ressortissants du Pool, zones militaires. Le<br />

Gouvernement demandent à leurs habitants de quitter ces lieux au plus tard vendredi 18<br />

décembre 1998 à midi. Tous ceux qui n’auront pas quitté ces lieux seront considérés comme<br />

ennemis et par conséquent, seront abattus s<strong>ans</strong> autre forme de procès, devant ces menaces qui<br />

pèsent sur une population désarmée. Il y a en face une communauté internationale restée<br />

taciturne.<br />

François IBOVI Porte parole du Gouvernement :<br />

Le ministre de la Communication, Porte parole du Gouvernement, François Ibovi,<br />

harangue, pousse, incite au génocide. Joint au téléphone par Christophe Bouabouvier, il<br />

déverse toute sa haine concentrée, toute sa fureur contre les populations du Pool, victimes de<br />

leur incompréhension.<br />

Il est d<strong>ans</strong> un véritable délire. En effet, alors que des déclarations contradictoires<br />

fusent à la Radio, les autorités accusant leurs propres milices les Cobras pillant Bacongo,<br />

Makélékélé. Alors que toutes les Forces (publiques que neutres) désignent les Cobras d’être<br />

de grands pilleurs qui ne rendent pas service au gouvernement, notamment le Ministre de<br />

l’Intérieur qui leur lance une véritable mise en garde solennelle contre ceux qui se feraient<br />

prendre d<strong>ans</strong> ces quartiers, non Ibovi lui, voit le contraire de ce que voit le monde entier.<br />

24


Et puis comme en 1977 le 18 mars après l’assassinat du Président Marien Ngouabi,<br />

par le même Sassou, qui au départ accusa ses propres parents du Nord (le capitaine Motando<br />

Yves et Pierre Anga) d’être les assassins du Président ; voilà que l’heure d’après, c'est-à-dire<br />

à partir de 16 heures 30, le CMP changea de version. De Motando et Anga, on accusa<br />

Barthélémy Kikadidi le (Mukongo)<br />

Mais comment du Nordiste Mbochi, en est-on passé au Sudiste Mukongo, s’interrogea le<br />

Capitaine Nicolas Okongo, lui-même, ancien membre du CMP ? Comme je l’ai dit plus<br />

haut ; le chien n’a jamais changé sa façon de se torcher. Avec Sassou, c’est la même chose. Il<br />

a toujours signé ses crimes de la même façon, il reproduit toujours et toujours le même<br />

schéma. Il est du schéma comme de l’équipe qui gagne. On ne la change pas.<br />

« Les quartiers Sud de la capitale, Bacongo et Makélékélé sont toujours privés d’eau<br />

et d’électricité depuis 6 jours et où des nouveaux tirs ont été entendus hier en début de<br />

matinée. Les autorités politiques congolaises se targuent à dire qu’il y a des dizaines de morts<br />

du côté des assaillants. D<strong>ans</strong> le camp de l’opposition un accuse le régime actuel de prôner la<br />

violence.<br />

Et depuis ce dimanche matin, les tirs ont cessé et on observe un calme relatif d<strong>ans</strong> les<br />

quartiers Sud de la capitale à Bacongo et Makélékélé qui restent hermétiquement fermés à<br />

toutes personne, autres que les militaires et la circulation est fermée par la Force<br />

du « désordre » à défaut d’une Force de l’Ordre.<br />

Alain Shungu RFI.<br />

Mais suivons plutôt le Porte parole du Gouvernement de Sassou Ibovi François pousser les<br />

cobras et les troupes étrangères aux massacres donc au GÉNOCIDE, à l’irréparable.<br />

François IBOVI au micro de Christophe BOUABOUVIER de RFI : « Il ne peut<br />

pas y avoir de dialogue avec des gens qui prennent des populations en otage,<br />

qui pillent, qui violent, qui tuent s<strong>ans</strong> vergogne.<br />

Les tirs que vous entendez rentrent d<strong>ans</strong> le cadre des opérations de<br />

ratissage. Puisqu’il s’agit des » bandits armés », des gens qui sont disséminés<br />

d’ici et là. Il s’agit de regarder tous les M2 (mètres carrés) par M2 où les gens<br />

se cachent : d<strong>ans</strong> les caniveaux, d<strong>ans</strong> les égouts pour, à tout moment un<br />

certain moment réapparaître et perturber l’ordre publique ».<br />

Le ton et l’accent ont été donnés. Car dès l’instant où il avait prononcé ces mots clés, c’était le<br />

déferlement, c’était l’irréparable. C’était le génocide. Car le cobra, l’homme de la Force<br />

publique, et surtout les éléments des troupes étrangères : ceux qui sont venus uniquement<br />

pour tuer Sassou ne les ayant appelés que pour ça : massacrer à grande échelle, tous ces<br />

« bandits armés ». Mais ils ne savent pas faire la différence des gens qu’il faut aller chercher,<br />

qui sont cachés partout (qui sont d<strong>ans</strong> les égouts, les caniveaux) car toutes les populations<br />

même celles qui n’étaient pas armées, elles aussi pouvaient, pour échapper à la furie, à la<br />

haine du « Mbochi sur le Mukongo » se cacher d<strong>ans</strong> ces égouts, ces caniveaux.<br />

C’est malheureusement le moment qu’ils rêvaient, surtout que le Gouvernement à<br />

travers son Porte parole leur ont expressément, donné l’occasion de se faire un « mukongo<br />

frais ». L’occasion était trop belle pour ne pas la rater. C’était le rêve que les frustrés Mbochis<br />

ruminaient. Maintenant qu’ils ont les armes, qu’ils ont le gouvernement qui le leur permet,<br />

pourquoi donc, faut-il rater ça ? Non jamais.<br />

25


L’acharnement et le guet-apens.<br />

On sait hier jeudi quand le même pouvoir demandait à tous les habitants des quartiers<br />

sud de Brazzaville de les quitter sous peine d’être massacrés, beaucoup se cachaient encore<br />

d<strong>ans</strong> leurs maisons, (d<strong>ans</strong> les égouts, d<strong>ans</strong> les caniveaux) de peur de se trouver nez à nez avec<br />

les grands loups tchadien balafrés. Et Dieu seul sait combien étaient encore d<strong>ans</strong> leurs<br />

maisons attendant une virtuelle accalmie. Beaucoup aussi croyaient que Sassou pourrait<br />

changer d’idées et ne pas s’en prendre aux civils. Car tout le monde ne faisait pas la<br />

politique ; tout le monde n’était pas Ninja.<br />

Et un chien dressé ne sait pas faire cette nuance. Reconnaissant que depuis qu’ils sont<br />

armés par un pouvoir resté partial, tout leur est permis. Mais est-ce que ces gens se rendentils<br />

compte du précédent ? Est-ce que s<strong>ans</strong> leurs armes, ces gens là peuvent-ils se mesurer avec<br />

le « mukongo » ? Mais il faut qu’ils sachent qu’ils ont crée là un précédent, un irréparable<br />

génocide dont ils paieront l’addition. Et si ce n’est pas eux-mêmes, ce seront leurs enfants, ou<br />

arrières petits enfants, (a dit la Fontaine).<br />

-C’était une planification de l’acte, c’était un acte prémédité. Ce n’était pas un<br />

incident ou un acte inopiné. Car tuer, comme ils ont tué. Assassiner, comme ils ont assassiné ;<br />

ce n’était pas un acte gratuit mais une véritable planification.<br />

-Comment peut-on nous expliquer qu’on ait pris le soin méticuleux d’encercler<br />

Bacongo et Makélékélé quelques jours avant leurs massacres ?<br />

Comment peuvent-ils expliquer qu’on ait coupé 6 jours auparavant de l’électricité, de<br />

l’eau d<strong>ans</strong> des villes où sont concentrés plus de 500.000 personnes ?<br />

-Que voulaient-ils obtenir pour avoir fait cela ? Si ce n’est tuer car quand vous<br />

assoiffez des enfants, des vieillards, des femmes enceintes à un tel degré et à une si longue<br />

période, quel résultat obtient-on ?<br />

- Et pourquoi Bacongo et Makélékélé et pas les autres villes de la capitale ? Pourtant<br />

on sait que d<strong>ans</strong> la capitale Brazzaville, le « Mukongo » est majoritaire partout d<strong>ans</strong> tous les<br />

quartiers, jusqu’à Talangaï en passant par Poto-Poto, Ouénzé, Moukondo s<strong>ans</strong> parler de<br />

Moungali, Plateau des 15 <strong>ans</strong> où 8 habitations sur <strong>10</strong> sont pour les Bakongos Alors que<br />

voulez-vous faire avec des chinois comme ceux-là ? Brazzaville, c’est quant même sur leur<br />

terre : c’est le Pool !<br />

Que voulez-vous changer en un temps record : la démographie, le niveau d’instruction,<br />

les cadres, le savoir faire, le courage, le patriotisme le niveau de vie ? Non Sassou ! Quelle<br />

que soit la manière à laquelle tu procéderas, tu auras du mal à t’en sortir ? L’astuce, les crocs<br />

en jambe, le vol, les intrigues, les trucages ; il te sera impossible d’égaler le « mukongo ».<br />

C’est une bananeraie, on ne peut jamais la détruire entièrement.<br />

Donc ce que vous avez fait à Bacongo et Makélékélé le 18 décembre reste un<br />

problème national, un contentieux politique et régional : qui ne sera jamais épuré quel que soit<br />

le temps jusqu’à ce que les comptes soient soldés. Mais comment allez-vous faire pour les<br />

épurer ?<br />

Ici les mots clés et le ton qui préparent, planifient, incitent et tuent ont été utilisés et<br />

prononcés à bon escient. M2 par M2. C’est l’encerclement des populations. C’est comme<br />

IBOVI vient de le déclarer : « ratissage »et c’est un mot clé pour le reste du processus. C’est<br />

encore avec ce mot clé que commença le génocide contre les populations du Pool. Oui le<br />

génocide, car dès cet instant là, ce matin là, après avoir longtemps tergiversé, ils sont passés à<br />

l’attaque, à l’action, aux actes : finalement au commencement du Génocide, sombrant d<strong>ans</strong> la<br />

terreur collective et l’hystérie, ils ont provoqué un génocide.<br />

Ces propos, ô combien tranchés et incitateurs, haineux lancèrent le coup d’envoie<br />

vers un jeu décisif et qui pousseront leur folie jusqu’à la lie. Ils l’ont fait en 1977 après qu’ils<br />

aient assassiné leur propre parent. Ils viennent de récidiver ce 18 décembre. Ça suffie !<br />

26


En outre, après qu’il ait fait massacrer les nôtres, François IBOVI, interrogé par RFI,<br />

reconnaît que le nombre des victimes est tellement impressionnant qu’il ne puisse le donner<br />

au stade des événements.<br />

F. IBOVI : « Qu’il est pour le moment très difficile de faire un bilan exhaustif des<br />

victimes des opérations, du nettoyage après l’infiltration d’hommes en armes de diverses<br />

milices d<strong>ans</strong> les quartiers Sud notamment à Bacongo et Makélékélé, restés fermés au<br />

public »<br />

IBOVI au micro de Christophe Bouabouvier RFI.<br />

Comme on le voit, des populations ont été poussées à la résignation, prises comme des<br />

poissons d<strong>ans</strong> une grosse nasse. Elles étaient encerclées, ne pouvant ni sortir ni faire un<br />

quelconque mouvement pour échapper aux chiens dressés : égorgeurs, dépeceurs,<br />

massacreurs. Tout s’étant déroulé s<strong>ans</strong> témoins. Ils prirent tout leur temps pour le faire des<br />

populations s<strong>ans</strong> défense.<br />

C’est d<strong>ans</strong> les mêmes conditions que les amis de Sassou, égorgèrent les tutsi 4 <strong>ans</strong> plus<br />

tôt au Rwanda. Sassou avait appelé ces barbares à sa rescousse ; pour compléter et mixer leur<br />

barbarie.<br />

Après ces simulacres de combats à Bacongo, Makélékélé, voici venu le temps des<br />

pillages de destructions c’est encore là, une hallucinante hystérie. Le point sur la capitale<br />

congolaise par<br />

Bienvenu BOUDIMBOU de Afrique n° 1 : « Après le ratissage, ainsi pourrait se<br />

résumer la situation qui prévaut à Brazzaville depuis mercredi soir 16 décembre 1998. Les<br />

rares coups de feu anodins que l’on peut entendre sont le fait des pillards qui mettent à sac<br />

les quartiers de Bacongo et Makélékélé vidées de leurs habitants, mais aussi les braqueurs et<br />

les autres agents véreux de la Force de l’ordre (du « désordre) oui ; qui se disputent le<br />

butin de guerre. Les victimes de ce carnage se compte déjà par millier. Le fait est que le<br />

gouvernement et les Forces démocratiques Unies (FDU (quelle ironie du sort que ces gens<br />

là se réclament de démocratiques, c’est invraisemblable !) C’est la famille du Chef de<br />

l’Etat, qui a ordonné la neutralisation des pilleurs. Or ceux-ci sont aussi armés, les<br />

règlements de compte n’étant pas exclus.<br />

Aujourd’hui, Bacongo et Makélékélé ressemblent à un cimetière où on n’entend que le<br />

« bruit des morts ». Hier soir les cadavres jonchaient encore les bords des rues et les maisons<br />

de ces quartiers. Aux dernières nouvelles, rien n’est rétabli d<strong>ans</strong> cette zone restée<br />

comme un long cauchemar dramatique » bonne fin Bienvenu !<br />

Bacongo et Makélékélé sont restées hermétiquement fermées. Que cache le pouvoir ? Il y a<br />

trop de morts. Les Bakongos qui se trouvaient du côté de la milice de Sassou dont nous<br />

taisons encore les noms et qui sont très nombreux, nous ont dit : qu’ils ont eu honte quand ils<br />

se sont regardés après ce carnage. Mais ils étaient tellement drogués qu’ils n’avaient plus de<br />

choix. Et c’est quand ils sont revenus à la raison, qu’ils ont compris la responsabilité qui les<br />

incombait, eux les fils du Pool. Il faut du temps pour effacer toutes les traces. Car il ne faut<br />

pas que la communauté internationale ne nous montre du doigt. C’est mauvais pour la<br />

crédibilité.<br />

Nous démontrerons avec le temps d<strong>ans</strong> les témoignages des acteurs Ninjas de<br />

B.Kolélas qui sont accusés, ils nient n’avoir jamais été à Brazzaville ces jours là et même<br />

s’ils y étaient, ils n’ont rien fait. Mais pourtant, il faut savoir la vérité. Une analyse de :<br />

Christophe BOUABOUVIER de RFI. « C’est très difficile à savoir pourquoi, parce que les<br />

quartiers de Bacongo et Makélékélé où ont eu lieu les combats de la semaine dernière sont<br />

27


totalement vidés de leurs habitants 500.000 à 600.000 habitants comme ça d<strong>ans</strong> la nature.<br />

Ces quartiers sont devenus fantômes. Ils sont aujourd’hui bouclés par les Forces de l’ordre<br />

(désordre) On ne peut y entrer s<strong>ans</strong> autorisation spéciale. Bref, on ne peut pas savoir avec<br />

exactitude combien y a-t-il eu des morts d<strong>ans</strong> ces quartiers.<br />

Cela dit, quelques observateurs ont pu rentrer en début de semaine d<strong>ans</strong> cette zone et<br />

ils ont vu beaucoup de cadavres aux abords des rues, quelque fois des amonts seulement de<br />

corps en d’autres endroits, pas de cadavres visibles mais une forte odeur des corps en<br />

décomposition. Il y a donc eu, à ne pas dire en douter de nombreuses victimes, pas seulement<br />

parmi les combattants.<br />

Le pouvoir accuse les rebelles Ninjas d’avoir exécuté plusieurs civils qu’ils<br />

considéraient comme des traîtres à leur cause (mensonge, mensonge, c’est archifaux).<br />

L’opposition de son côté accuse le pouvoir d’avoir fait bombarder les quartiers d’habitations<br />

à l’arme lourde avec toutes les conséquences qu’on imagine.<br />

Alors combien de morts, on le saura quand la croix rouge aura terminé le ramassage<br />

des corps. Elle devrait commencer le travail très pénible en ce week end de Noël »<br />

Trois jours de dur imposition, trois jours pendant lesquels aucun pouvoir même Satan luimême<br />

s’est détourné de cette position, et qui même s’est demandé comment de simples<br />

personnes l’on dépassé, comment un Gouvernement a-t-il pu prendre une telle décision : celle<br />

de déporter ses concitoyens d<strong>ans</strong> des forêts pas pour un jour, une semaine ou un mois mais 12<br />

mois. 12 mois d’errance à une période où il pleut abondamment au Sud du Congo. On peut<br />

imaginer les souffrances endurées par ces malheureuses populations.<br />

Et pendant ce temps : Bacongo, Makélékélé, Mfilou, Diata, Kinsoundi, Kingouadi,<br />

Massina, Le Djoué Sud ressemblent à des terrains laissés en jachère. L’herbe y a poussé et a<br />

atteint des dimensions incalculables. Plus de vie, c’est une véritable brousse, une forêt<br />

équatoriale.<br />

Du côté du pouvoir, ils n’osent plus parler de bilan. Et d’après IBOVI, il est trop tôt<br />

d’en savoir, et surtout publier le nombre serait trop dangereux. Après les massacres, première<br />

épisode, il fallait passer à la deuxième : le vol, le pillage, la destruction systématique de toutes<br />

les belles maisons convoitées qu’eux au pouvoir depuis 1968 n’ont jamais eues. Leur<br />

problème est celui de savoir pourquoi ces gens là sont-ils si riches et possèdent des belles<br />

maisons alors que nous, vivons d<strong>ans</strong> des hangars. Jalousie et convoitise, haine étaient toutes<br />

les trois passées par là.<br />

A Paris le Ministre socialiste de la Coopération, présentant ses vœux à la Presse,<br />

exercice traditionnel, si l’on veut, occasion tout de même que Christophe BOUABOUVIER<br />

va saisir pour tendre son micro et poser quelques questions. Curieusement et<br />

malheureusement le seule réponse qu’il obtient à l’arrachée d’un membre du gouvernement<br />

de Lionel Jospin le socialiste est : « moins on ne parlera du problème du Congo,<br />

mieux ça vaut » Il prend le soin d’ajouter quant même : « que la situation est tellement<br />

ambiguë, tendue que le gouvernement évite toute déclaration politique de peur qu’elle soit<br />

mal interprétée par les uns et les autres »Toujours à l’arrachée Christophe Bouabouvier<br />

insistant obtient quant même ce qui semble être une révélation, une prémonition. « J’essaie<br />

d’organiser un dialogue, demander au Président Sassou Nguesso d’avoir de relations qui<br />

dépassent en quelque sorte l’organisation d<strong>ans</strong> laquelle il se trouve actuellement. Je ne peux<br />

pas vous en dire davantage actuellement et je formule des vœux de paix bien sûr pour le<br />

Congo »<br />

Mais tout de même je sursaute à la lecture de la première phrase : « moins on ne<br />

parlera pas du problème du Congo, mieux ça vaut ». Comment est-ce possible que le pays qui<br />

est à l’origine de cette crise arrive t-il à ne pas vouloir parler du feu qu’il a allumé ? C’est la<br />

28


même réponse qu’on m’avait donnée quand, excédé par la situation qui prévalait à<br />

Brazzaville, j’avais téléphoné à TF1 pour leur demander pourquoi d<strong>ans</strong> leurs différents<br />

journaux télévisés ils ne parlaient pas du dossier congolais ? La réponse qui m’avait été<br />

donnée par une femme m’avait laissée s<strong>ans</strong> voix. « Pourquoi n’achetiez-vous pas votre<br />

propre télévision pour parler de vos problèmes ». J’avais tout compris.<br />

Ce même Ministre est chopé quelques minutes après par Boniface Vignon toujours<br />

de RFI : Est-ce que ceci signifie que des contacts très distraits sont entrain de se nouer<br />

quelque part entre Congolais du pouvoir et de l’opposition ?<br />

Réponse : « Il est trop tôt pour le dire. Seule certitude, la France souhaite ce<br />

dialogue »<br />

Voici les témoignages qui en disent long.<br />

Des témoignages des rescapés de ce génocide partis s’échouer quelque part d<strong>ans</strong> une<br />

église à Brazzaville :<br />

« Nous n’avons pas de nattes, pas de pagnes. Nous dormons comme ça, à même le sol<br />

(marquant un sourire narquois, comme pour exprimer une situation imposée et qui dépasse<br />

tout entendement) A l’intérieur, tout le monde est debout sauf quelques mam<strong>ans</strong> qui ont pu<br />

avoir quelques places pour endormir les bébés. Et mieux, ni eux, ni personne n’est à l’abri de<br />

la pluie en cette période de grandes pluie.<br />

Les autorités annoncent que les gens pourront repartir chez eux. Mais comment est-ce<br />

possible, alors qu’il n’y a pas d’eau, pas d’électricité d<strong>ans</strong> les quartiers où on ne sent que la<br />

mort partout. Et aussi, il n’y a plus de moyens de subsistance. Tous les magasins ont été<br />

pillés. Il n’y a plus de marché. Mais comment pourront nous repartir là-bas, s’interrogèrent<br />

quelques uns d’entre eux ?<br />

Mais aux dires de tous, ceux qui sont beaucoup à plaindre, sont ceux qui sont partis<br />

d<strong>ans</strong> les forêts. Car d<strong>ans</strong> les forêts, ils n’ont aucune assistance médicale et alimentaire, ni à<br />

boire. Et pendant ce temps, les combats continuent. Commentaire de Jean Hélène RFI<br />

« Toujours à Brazzaville après trois journées d’horreur et sanglantes qui ont rayé de la<br />

population tous les habitants de Bacongo et Makélékélé, Moukoudzi-Ngouaka, Kinsoundi, il<br />

n’y a plus de vie d<strong>ans</strong> ces dits quartiers où n’en sort qu’une odeur suffocante, celle des morts<br />

en pleine putréfaction, en décomposition très avancée.<br />

Le long des grandes avenues, des rues, des ruelles, ce n’est qu’une suite, une<br />

succession de maisons et de magasins éventrés, incendiés, des tables de marché brûlées ou<br />

saccagées, des maisons ouvertes avec ici ou là des matelas, des caisses vides, là, un vieux lit<br />

éventré, plus loin des assiettes cassées. Le plus inquiétant, c’est le silence qui pèse d<strong>ans</strong> ces<br />

quartiers où plus rien ne vit ni ne respire. Un véritable silence de mort, un silence pesant qui<br />

envahit toutes les rues abandonnées aux chiens errant et se gavant des cadavres. Il est<br />

sérieusement bouleversant « je ne peux pas comprendre cette guerre, si c’en est une. Je<br />

n’arrive pas à savoir pourquoi cette violence bestiale et barbare. Je n’arrive pas à<br />

comprendre pourquoi des innocents sont persécutés, pourquoi s’en prendre aux populations<br />

civiles qui ne sont ni Ninjas, ni Cocoye, Zoulou ou Mamba. Pourquoi cet amalgame ?<br />

Déjà nous travaillons d<strong>ans</strong> la misère et à la misère, s’ajoute une autre misère. C’est<br />

affreux !<br />

Témoignage de Jean Hélène envoyé spécial de RFI à Brazzaville.<br />

Bravo Jean Hélène. Où tu es mon ami, j’espère que tu pourras arriver auprès des Présidents<br />

Alphonse Massamba-Débat, Marien Ngouabi et Fulbert Youlou ainsi qu’au Cardinal Emile<br />

Biayenda, et même si par hasard tu croises André Grenard Matwsa, s’il te plaît dis leur de<br />

revenir visiter le Congo devenu méconnaissable. Fais ça pour notre amitié quand tous les<br />

matins tu venais toujours faire le point avec moi, quand nous prenions notre petit déjeuner<br />

29


ensemble à l’Hôtel Ivoire où j’étais logé. Surtout la veille de ton assassinat, nous avions bien<br />

rigolé ensemble comme si tu voulais me dire au revoir à ta façon. Et jamais, je ne t’avais vu<br />

autant rigoler comme ce matin là. J’étais l’invité du Président Laurent Gbagbo et je t’avais<br />

demandé beaucoup de prudence car la période ne s’y prêtait pas, au niveau où étaient les<br />

relations entre la France et la Côte d’Ivoire. Amitiés et reposes toi en paix !<br />

Mais passons à quelques témoignages de ceux qui avaient vécu le<br />

drame et le fureur du pouvoir.<br />

Quarante huit heures (48) de tirs nourris, 48 heures d’angoisse, de cauchemar, de violence<br />

physique, morale et psychologique. Faire ça à une partie de son peuple, c’est inimaginable.<br />

Ça fait déjà 48 heures que les malheureux fils du Pool ont été poussés d<strong>ans</strong> la nature, errer<br />

vers l’inconnu. Et encore si le pouvoir avait épargné leurs villages, le problème ne se poserait<br />

pas. Mais avec le sadisme qui l’a toujours caractérisé habité, ils n’ont pas voulu laisser à ces<br />

pauvres, la moindre chance de rejoindre leurs villages qui eux aussi, ont subi leur furia, la<br />

jalousie des bourreaux.<br />

Et c’est la saison des pluies, il fait beaucoup humide. Il y a beaucoup de moustiques et<br />

les gens sont s<strong>ans</strong> abri. Le témoignage de M. Nkouenzo Jean De Dieu, il a fini par traverser le<br />

fleuve après plusieurs jours d’errance d<strong>ans</strong> les forêts et les savanes du Pool. Plus de 600 km à<br />

pieds et puis la pirogue et nous voilà à Kinshasa, de l’autre côté.<br />

« Nous n’avons pas mal eu des pressions, tous les villages étaient déserts, abandonnés<br />

par leurs habitants partis eux aussi d<strong>ans</strong> les forêts. En premier lieu, nous n’avons eu que des<br />

gens en armes, venir nous demander les contacts des véhicules. Ils avaient constaté que ces<br />

véhicules ne fonctionnaient plus par manque des pièces de rechange.<br />

Ensuite est arrivé un autre groupe le lendemain. Nous ne pouvions savoir si ce sont<br />

des Ninjas ou des Cobras. Nous étions obligés de partir car nous n’avions plus rien à<br />

manger, rien à boire avec des enfants de bas âge. Nous avons marché jusqu’à Linzolo, nous<br />

nous sommes tous sentis en insécurité quand nous avons vu des hommes sortir des forêts, ils<br />

n’étaient pas armés comme on peut l’imaginer ».<br />

Q : RFI. Vous ont-ils menacé ?<br />

Réponse : Directement non, Mais plutôt nous aider à s’éloigner de cette zone jugée très<br />

dangereuse pour nous. C’est là que nous avons compris que c’étaient des Ninjas. Ils étaient<br />

gentils et serviables mais pas brutes comme certains l’ont dit. C’est vrai, il y eut des moments<br />

quand on respectait pas les consignes, alors que nous étions en période de guerre, ils<br />

pouvaient être imprévisibles.<br />

Témoignage d’un fonctionnaire Angolais travaillant à l’OMS, recueilli par :<br />

Kimbambi Chi Ntoua RFI Kinshasa.<br />

Jeudi, d<strong>ans</strong> un message à la Nation, Sassou Nguesso a voulu faire amende honorable. Il a<br />

souhaité restituer tout ce que ses bandits armés ont pillé à leurs propriétaires. On se demande<br />

comment il va s’en prendre. Il a parlé de couloir humanitaire mais qu’est ce que c’était un<br />

couloir humanitaire ? Si ce n’est plus ni moins un traquenard, un guet apens<br />

« Quant au couloir humanitaire, ce n’était qu’un piège qui se refermait sur ceux qui<br />

avaient naïvement pensé l’emprunter. Ce n’était ni plus, ni moins qu’un couloir de la mort où<br />

des gens comme Massengo Tiassé, en gilet pare balles, paradant comme un coq d<strong>ans</strong> la basse<br />

cour était au devant du couloir pour faire sa pluie et le beau temps, en triant selon qu’il<br />

vous aimait ou pas. Il s’offrait le luxe de décider ceux qui il ne voulait pas faire passer. Il<br />

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décidait de la vie ou de la mort de ses frères et sœurs de sa propre région. Et Sassou, c’est<br />

aussi ça, faire confondre ses adversaires et quand c’est ainsi, il suffit que vous ayez eu une<br />

intercation avec lui, pour vous faire chanter ou décider de votre propre mort Car avec lui, on a<br />

toujours joué un mauvais match !<br />

Témoignage fait par Mme…Anne Ntontolo, aujourd’hui réfugiée en France.<br />

D’autres témoignages plus émouvants les uns des autres que j’ai obtenus des acteurs ainsi<br />

que de ceux qui ont vécu le drame dont voici un celui du couple Siassia qui a survécu à cet<br />

enfer. Aujourd’hui réfugiés en France, ils racontent comment ils ont vécu ce calvaire.<br />

RFI : Monsieur et Madame Siassia, bonjour ! Vous êtes partis de Bacongo, vous avez<br />

été évacués vers la France le 29 décembre 1998, après le 18 et le 23 décembre. Je précise que<br />

vous M. Siassia, êtes blessé par balles et grièvement, chez vous. Dites moi comment cela<br />

s’est-il passé ?<br />

M. Siassia : « Ma blessure remonte au lundi 21 décembre quand ils sont venus pour la<br />

énième fois. « Ils », ce sont les militaires. Ils ont envoyé un qui est venu bousculer la porte<br />

comme d’habitude. Quand j’ai ouvert la porte, il a tiré la rafale à bout portant. Je me suis<br />

affalé et je saignais. A ce moment là comme un spasme, comme pour un dernier effort, je lui<br />

ai demandé pourquoi, il tenait à me tuer ?<br />

Au même moment, après la fusillade, ma femme est sortie et lui a reposé la même<br />

question. Un officier a envoyé un autre militaire qui est venu pour nous demander pardon. En<br />

ajoutant : « ce n’est rien doyen, allez à l’hôpital. Nous savons et tout le monde également<br />

qu’il n’ y a plus d’hôpital. Ils sont rentrés d<strong>ans</strong> leur véhicule et ils sont partis.<br />

RFI : Et vous êtes resté blessé chez vous, enfermé s<strong>ans</strong> assistance ?<br />

M. Siassia : « Oui. Ce lundi là, d<strong>ans</strong> l’après midi, ils ne sont pas revenus et enfin mercredi,<br />

c’est un autre groupe qui est venu, tout hargneux, toujours des militaires et ils rentrent en<br />

disant cette fois, c’est fini pour vous. On va vous abattre. Vous avez trop vu et trop entendu. A<br />

côté, il y avait une femme qui était assise et qui ne pouvait pas se mettre debout, une femme<br />

qu’ils avaient amenée. Et au bout d’un moment, le caporal amène un autre groupe de jeunes<br />

zaïrois.<br />

Ace moment là, ils nous demandent de nous mettre contre le mur et nous tirer dessus.<br />

Un mot est venu de la bouche de ma femme qui dit : « je suis française, je n’ai à avoir d<strong>ans</strong><br />

vos affaires, laissez-moi partir ». Et un d’entre eux de répondre : « mais les français sont déjà<br />

partis, qu’est ce que vous foutez ici ? Si vous êtes française faites nous voir vos papiers ? Ils<br />

ont vu les pièces et ils les ont mises d<strong>ans</strong> leurs poches en continuant de nier qu’elle était<br />

française. Et comme un reflet surnaturel, toujours à un moment où la mort ne veut pas vous<br />

épingler, il est arrivé encore une fois sur la bouche de mon épouse la phrase qui nous a<br />

sauvés : « amenez nous chez nos amis (Ambassade de France), eux ils vont vous donner de<br />

l’argent. C’est cette phrase qui nous a sauvés. Et là, ils nous ont amenés à l’Ambassade de<br />

France.<br />

RFI : Avez-vous vu un ou des groupes de Ninjas d<strong>ans</strong> les quartiers<br />

d’affrontement ?<br />

D<strong>ans</strong> notre quartier non ! Il y a eu peut-être d’affrontement ailleurs, mais chez nous,<br />

nous n’avions rien vu.<br />

Mme Siassia : Je vis très longtemps d<strong>ans</strong> ce quartier, je pense que s’il y avait des<br />

Ninjas, on les aurait vus. Il n’y avait qu’eux, ils ne parlaient que lingala. Il n’y avait que ça.<br />

S’il y avait des Ninjas, ils parleraient très mal lingala et on l’aurait compris.<br />

RFI : Le 23 décembre, vous avez pu quitter votre maison d<strong>ans</strong> le quartier de<br />

Bacongo pour regagner l’Ambassade de France. C’est à ces moments là que vous avez<br />

vu l’étendu des dégâts et des scènes choquantes ?<br />

31


Mme Siassia : En sortant de la maison, on est passé par la grande avenue. Je ne<br />

reconnaissais plus ma ville. C’était un désastre insolent et triste mais c’était surtout un grand<br />

désert. On avait l’impression qu’il n’existait plus de vie, que nous étions échoués d<strong>ans</strong> une île<br />

au milieu de la mer. Au fur et à mesure qu’on avançait le spectacle était plus désolent,<br />

dévastant, typhoïque : des maisons presque toutes éventrées, ouvertes, des habits, des<br />

télévisions abandonnées ça et là au coin des rues désertes sauf des hommes en arme qui<br />

paradent, et sème la terreur, font la loi, leur loi ; celle des bandits. On aurait dit qu’ils<br />

avaient tous pris beaucoup d’alcool car ils étaient joyeux. Plus loin, c’était abominable,<br />

c’était quelque chose de bouleversant, difficile à expliquer, tellement que c’est poignant.<br />

RFI : Est-ce, ce 23 décembre en traversant le quartier que vous avez vu des<br />

corps joncher les rues ?<br />

Mme Siassia : Oui sur les côtés, on en a vu des personnes brûlées vives autour de leur<br />

matelas mousse. Des atrocités dont on n’a pas l’idée. C’est quelque chose de choquant. Des<br />

corps, plusieurs, éparpillés de toute part.<br />

RFI : Comment expliquez-vous ces événements aujourd’hui avec le recul alors<br />

que vous êtes en France ?<br />

Mme Siassia : Ce n’est plus ni moins une épuration ethnique car d<strong>ans</strong> cette zone, n’y<br />

vivent que les Bakongos, une ethnie très importante au Congo et plus particulièrement à<br />

Brazzaville Sud, c’est celle de mon mari. Ils ont longtemps ratissé, parcelle par parcelle,<br />

fouillant, « ne laissant nulle place où la main passe et repasse ». Ils tuaient même les enfants.<br />

Des dizaines et des dizaines de corps que nous avons vus sur le chemin de notre départ, m’ont<br />

laissés s<strong>ans</strong> voix.<br />

RFI : Pourquoi témoignez-vous aujourd’hui ?<br />

Mme Siassia : Eh bien, si je témoigne aujourd’hui, c’est parce qu’en écoutant les radios, les<br />

médias, rien n’est dit. On a massacré des bébés, des vieillards, des femmes enceintes, des<br />

enfants et des personnes et on n’en parle pas en France. C’est une honte et je suis choquée en<br />

tant que française. D<strong>ans</strong> quelle France, vivons nous ? Je ne comprends pas pourquoi ce<br />

silence et ce qu’il cache : complicité et culpabilité d<strong>ans</strong> cette barbarie s<strong>ans</strong> visage et<br />

insoupçonnée ? C’est à peine croyable. Tant d’enfants morts, assassinés, je suis sûre que je<br />

ne reconnaîtrais plus mon quartier tellement que le désastre est effrayant, inhumain ?<br />

Merci madame et Monsieur pour votre témoignage.<br />

Oui la France a sciemment choisi la politique de raser le mur. Elle a honte de son image et du<br />

reflet que celle-ci lui renvoie ainsi que le miroir de l’histoire de la honte. Oui la France père<br />

de la nation des Droits de l’homme a encore une fois péché par excès de zèle.<br />

Si au Rwanda, comme l’écrivait le Journal (Midi Libre) de Suisse : « la France a<br />

péché par imprévoyance, au Congo par contre, elle était au faîte même de la conception du<br />

drame ». C’est elle qui de bout en bout a conseillé, c’est chez elle que Sassou Nguesso a<br />

conçu avec les Conseillers français tout le schéma du coup d’Etat. Chez de la France que<br />

l’exécution est partie, c’est la France qui était la base arrière, c’est Jacques Chirac qui est allé<br />

voir l’angolais Dos Santos pour venir donner un bon sacré coup de grâce au pouvoir de<br />

Lissouba, c’est toujours la France qui était le parrain pour demander à Bongo du Gabon à<br />

Déby du Tchad, les autres Congolais et Rwandais hutus, étant réfugiés d<strong>ans</strong> les camps au<br />

Nord du pays, Sassou n’a eu qu’à les faire chanter comme il sait bien le faire et la boucle était<br />

bouclée.<br />

Pire, les militaires français attendaient à Brazzaville après avoir évacué les<br />

ressortissants européens de Kinshasa après la débâcle du pouvoir de Mubutu, alors que toutes<br />

les autres forces européennes : britanniques, portugaises, belges, espagnoles et américaines<br />

qui étaient engagées pour les mêmes opérations à Kinshasa et basées à Brazzaville, étaient<br />

toutes rentrées. Seules les françaises étaient encore restées au Congo.<br />

32


Pourquoi, parce qu’elles attendaient l’exécution du coup d’Etat de Sassou. Et pire dès<br />

ce 5 juin en matinée, les forces françaises étaient déjà sur le terrain d<strong>ans</strong> les points<br />

stratégiques de Brazzaville. J’y étais. A Ouénzé, on les a vus ce matin là, distribuer des armes<br />

neuves au croisement de la rue Itoumbi et l’Avenue de la Tsiémé. Mon neveu qui habite la rue<br />

Mbamou, en passant par chez moi à la Base, m’avait montré l’arme dont il a bénéficiée de ces<br />

Forces françaises.<br />

Qu’attendaient-elles si ce n’est l’exécution du coup d’Etat du 5 juin 1997. Bob Dénard<br />

d’ailleurs l’un des acteurs principaux de ce coup d’Etat était venu de lui-même me voir, m’en<br />

parler très sérieusement. Il croyait qu’il pouvait réaliser ce qu’il avait fait aux Comores où, en<br />

installant le Président Habdala au pouvoir, il le renversa aussitôt quand il s’est aperçu que ce<br />

n’était pas l’homme qu’il fallait. Bob Dénard est venu me voir accompagné d’un ami<br />

congolais du NIBOLEK qui a rejoint aujourd’hui sa case de départ, c'est-à-dire Sassou. Il<br />

souhaitait que mon ancien patron Kolélas débourse 5 millions de dollars pour lui donner le<br />

poste, c'est-à-dire renverser Sassou à son profit. Mais malheureusement, Kolélas n’avait<br />

aucun centime et moi le chien de chasse, quand j’ai réussi à avoir ces 5 millions, Kolélas avait<br />

déjà rejoint Sassou et a refusé le geste sauveur de Bob.<br />

MAIS VENONS-EN A CETTE JOURNÉE DU 18 DÉCEMBRE 1998 OU<br />

LE GUET-APENS ET LA. TRAGÉDIE A HUIS CLOS. LA<br />

DÉPORTATION COMME RÉPONSE A LA RÉSISTANCE.<br />

Ainsi après leur débâcle militaire à la suite des combats que les tirailleurs de Sassou venaient<br />

de livrer contre les fantastiques résistants de la démocratie, après des multiples déculottées qui<br />

ont jalonné tout leur parcourt militaire aventuriste d<strong>ans</strong> la région du Pool surtout d<strong>ans</strong> sa<br />

dernière semaine qui a précédé le 18 décembre, c’est cette gifle amère qui a donné du beau<br />

moqueur, du tourniquet au pouvoir de Sassou et faire ce qu’il a fait, ce que d’aucuns<br />

Présidents de la République n’aient fait sur cette planète.<br />

Quand la veille de la déculottée, l’armée décrète les Quartiers Sud de la capitale<br />

« zone militaire »,<br />

Lors que le Porte parole du Gouvernement le 17 décembre lance les cris de détresse et<br />

officialise la déportation en poussant à la force des armes des populations (soit 500.000 à<br />

600.000 personnes d<strong>ans</strong> les forêts, en criant à tout rompre que celui ou celle qui s’obstinerait à<br />

ne pas partir serait considéré comme ennemi et exposé purement et simplement à la mort.<br />

Le Piège qui se referme sur des malheureux et la tragédie à huis clos.<br />

Le pouvoir militaire avait placé sous le creux en forme de cuvette séparant le quartier Bifouiti<br />

au pont du Djoué, tous les frustrés, les aigris, les humiliés des combats pour mieux se venger<br />

sur des innocents qui sont comme ceux qui les avaient humiliés au front. Pour eux, « qu’on<br />

soit fourmi ou cancrelat, on subit toujours les sort réservé aux bêtes, aux insectes » dit un<br />

proverbe Kongo. Donc pour ces revanchards, il n’ y avait pas de différences à faire entre<br />

Nsiloulou, Ninjas et bakongo. Ils sont considérés comme tels.<br />

Ainsi d<strong>ans</strong> cette cuvette, le pouvoir aux abois a bien voulu prendre le soin minutieux<br />

de ne mettre que des forces très hostiles, belliqueuses et surtout barbares pour mieux « faire<br />

l’affaire ».Les quelques survivants des combats des deux attaques perdues par les tirailleurs<br />

de Sassou, les revanchards qui voulaient à tout prix régler des comptes aux bakongos qui,<br />

comme l’a dit la Fontaine : « si ce n’est pas toi, c’est donc quelqu’un des tiens », étaient là<br />

attendant les pieds fermes, la balle au canon, le doigt sur la gâchette et le poignard à la main.<br />

33


Tous les éléments sont en place pour faire mal, très mal. Tuer à grande échelle, massacrer. Et<br />

le génocide atteint là sa deuxième phase, elle aussi très cruciale et meurtrière.<br />

Le pouvoir a donné le signal du départ et tous doivent et ne peuvent passer que par<br />

cette cuvette, par ce piège qui a la forme d’un guet apens, d’une nasse qui se referment sur<br />

leurs victimes. 500.000 voire 600.000 personnes toutes civiles donc s<strong>ans</strong> armes : vieillards,<br />

bébés, femmes en ceinte, jeunes, vieux, adultes sont poussés par la force des armes vers une<br />

destination inconnue. Ils partent désespérément, s<strong>ans</strong> savoir où le destin les amène. Et ce qui<br />

les attendait. Et voilà qu’ils sont tous pris de cours, ils tombent tous d<strong>ans</strong> un embuscade où ils<br />

ne peuvent reculer, ni feinter l’ennemi pour échapper.<br />

A peine les premiers atteignent la descente, la zone fatale, que s<strong>ans</strong> sommation et s<strong>ans</strong><br />

autre forme de résister, ils sont systématiquement abattus, massacrés. Mais pourtant, ils<br />

doivent continuer le chemin. Ils ne peuvent plus reculer. Car avancer et reculer était devenu<br />

pour eux une espèce de fatalité. Comme on est d<strong>ans</strong> un grand creux, on ne peut rien entendre<br />

notamment pour les populations restées en ville, notamment à Bifouiti. Tous, subissent le<br />

même sort. Ils abattent tout le monde s<strong>ans</strong> exception. Ceux qui sont derrière et qui arrivent en<br />

vagues serrées ne se doutent de rien, jusqu’à ce u’ils se trouvent eux-mêmes devant leurs<br />

bourreaux qui les massacrent systématiquement. C’est un abattoir où les bouchers s’activent<br />

scientifiquement et macabrement.<br />

Bientôt la petite distance de 500 mètres qui séparent la fin de la montagne du Djoué et<br />

le pont ne peut plus suffire, car la superficie devient trop petite. On estimait vers 11 heures du<br />

matin à plus de 30 à 60.000 le nombre des victimes, des petits corps entassés les unes sur les<br />

autres. Quand vers 13 heures le pouvoir donne l’ordre d’arrêter, il y a déjà plus de 50 à 80.000<br />

morts.<br />

Les retardataires sont exemptés. Leur chance, c’est d’être partis un peu plus tard. Les<br />

bourreaux se pourlèchent leurs moustaches sérieusement ensanglantées. Le choc a atteint ici<br />

son paroxysme. Il faut enjamber les corps pour se frôler un petit passage. C’est incroyable ce<br />

que les malheureux voient là. C’est un génocide qui trouve ici toute sa convenance. Tous les<br />

indices sont remplis pour parler du mot qui ne se prononce pas à la légère d’autant plus qu’il<br />

faut remplir toutes les conditions pour en parler le plus juridiquement et scientifiquement tel<br />

l’a défini les Nations unies.<br />

Il y avait d<strong>ans</strong> le lot, ceux qui avaient la deuxième guerre mondiale et ils racontent que<br />

même au pire de la prise de Berlin, il n’y eut pas autant de férocité. C’était effroyable. Des<br />

bébés, des vieillards tous y passèrent. Tous ceux qui avaient pris le chemin pour arriver les<br />

premiers à la destination, tous furent effroyablement massacrés d<strong>ans</strong> une férocité et barbarie<br />

qu’on avues nulle part ailleurs qu’au Congo. Les repentis, ceux qui sont venus se confier à<br />

nous et qui sont devenus de grand prieurs pour se faire pardonner par le Dieu Tout Puissant,<br />

nous disent qu’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient car drogués pour ne pas se rendre compte.<br />

C’était de la perversité, de la névrose, une telle haine que les défroqués déversèrent sur leurs<br />

victimes. Des psychopathes qui n’étaient effrayés par aucun remord, ni par l’image que<br />

pouvait leur renvoyer leur propre image de barbares nés, ni par aucun souci.<br />

Et pendant ce temps que se passe t-il à Bacongo, Makélékélé, Diata, Kinsoundi,<br />

Moukoundzi Ngouaka, Massina, Bifouiti ? C’est la chasse à l’homme. On continue à pousser<br />

les populations à partir vers la mort. On défonce, on brûle, on éventre, on dynamite, on casse :<br />

on tue. C’est le ratissage au peigne fin, au « mètre carré par mètre carré ».<br />

Tous ceux qui croyaient ne pas être concerné par la politique se sont vus rattraper par<br />

leur naïveté. Car ici les critères retenus n’étaient pas être partisan ou pas d’un parti comme le<br />

MCDDI, ou Ninja. Il suffisait d’être du Pool et le sort était scellé, les dés pipés. Car on sait<br />

que « Ma mpessé, qu’il se roule d<strong>ans</strong> de la farine ou s’asperge du kaka, la mère poule le<br />

reconnaît toujours et comme tel, il finit toujours d<strong>ans</strong> sa gorge ». Ont dit mes aïeux du Pool.<br />

34


Tous ceux qui, à un certain moment de leur vie ont pensé que Sassou était le garant de<br />

l’unité nationale et de la sécurité de l’ensemble du peuple congolais, en ont eu pour leur<br />

naïveté. Sassou est et ne reste la garant que du seul peuple mbochi, un point c’est tout. Tous<br />

les autres comme certains bakongos naïfs ont vu leur rêve se fracasser contre le mur de la<br />

barbarie. Tous ceux qui se cramponnèrent et s’agrippèrent d<strong>ans</strong> leurs plafonds en croyant être<br />

sauvés en eurent pour leur compte car ils étaient rattraper et massacrés en les brûlant vifs soit<br />

qu’ils furent égorgés à la baïonnette.<br />

Malgré la chasse féroce, malgré la finesse du guet apens, il y eut quant même quelques<br />

failles du système qui ont fait passer entre les mailles quelques chanceux que Dieu avait bien<br />

voulu épargner pour être les vrais témoins de l’Histoire. Alors, combien étaient-ils ceux qui<br />

ont été protégés par le Dieu Tout Puissant. Combien étaient abattus pour la simple malchance<br />

d’être fils du Pool ? Devant un drame, un génocide, un massacre, un tsunami, le Dieu Tout<br />

Puissant laisse toujours un ou plusieurs pour témoigner. On ne détruit jamais entièrement une<br />

bananeraie. Il y a toujours des repousses. Combien l’autel de l’intolérance et de la différence<br />

a-t-il broyé ? Combien la haine féroce a-t-elle emporté ? <strong>10</strong>, 20, 30, 40 voire 80.000 victimes,<br />

Dieu seul sait et ce jusqu’à ce qu’un jour, nous fassions le porte à porte, de village en village,<br />

la famille en famille, le vrai recensement de ce génocide.<br />

C’est seulement ce jour là que nous connaîtrons combien des nôtres sont partis s<strong>ans</strong><br />

nous dire adieu, tombés avec honneur sur le chemin de la haine tribale et régionaliste. Mais<br />

depuis cet instant que les acteurs de cette forfaiture sachent qu’au lieu de fermer les plaies, ils<br />

les ont largement ouvertes. Et elles ne se refermeront jamais.<br />

Ce vendredi 18 décembre 1998, sera érigé d<strong>ans</strong> chaque conscience, chaque mémoire,<br />

chaque individu, né et à naître, un autel, un mémorial pour ne pas oublier mais plus tôt se<br />

souvenir aussi longtemps que notre société existera. Car le temps n’efface jamais la mémoire,<br />

même en cherchant à la gommer avec le plus grosse gomme du monde.<br />

LES TÉMOIGNAGES DES SURVIVANTS. C’ÉTAIT UN COMPLOT CONTRE LE<br />

POOL : UN GÉNOCIDE EN BONNE ET DUE FORME, NI PLUS NI MOINS.<br />

Je suis à Brazzaville où Sassou empêtré d<strong>ans</strong> une crise inextricable vient de convoquer une<br />

sorte de concertation à sa manière. Le Dialogue national « exclusif » et non « s<strong>ans</strong> exclusif »<br />

car il n’avait rien de « national » mais de partis<strong>ans</strong> mais surtout de non exclusivité. Donc j’ai<br />

voulu mettre à profit de ma présence à Brazzaville faire une pierre deux coups.<br />

J’étais le seul à qui on avait refusé de donner une chambre à l’Hôtel. Mais je m’en<br />

foutais. Car j’avais mes moyens financiers pour faire face à mes impératifs et obligations. En<br />

effet je me suis permis de louer une belle maison en plein centre de Makélékélé où même<br />

Ambroise Noumazalaye, et beaucoup d’autres personnalités politiques, des ministres vinrent<br />

me voir. C’est là que j’ai reçu tous les Ninjas, les Nsiloulous, les Cocoyes, les Mambas, les<br />

Zoulous : ceux qui résistèrent devant l’oppression et la dictature.<br />

Tous ceux qui ont participé, subi les aléas sont donc tous venus s’entretenir avec moi.<br />

J’’ai eu la sublime chance de les écouter un à un et prenant le soin de tout noter. Il y eut des<br />

queues s<strong>ans</strong> discontinuer. Ça prouvait que les gens voulaient en savoir plus. Et moi-même<br />

brûlais d’envie de savoir comment les choses se sont passées pendant ces moments cruciaux<br />

de la résistance.<br />

Ensuite, je suis parti d<strong>ans</strong> la région dévastée voir et toucher de mes propres yeux.<br />

Ainsi accompagné par quatre Nsiloulou et Ninjas, nous sommes partis de village en village,<br />

de diata kolo en diata kolo, de site en site, de forêt en forêt.<br />

35


A Brazzaville, j’ai fait le porte à porte, de quartier en quartier, Bacongo, Makélékélé,<br />

Bifouiti, Moukoundzi Ngouaka, Kinsoundi, Massina, le Djoué Sud, Madibou, Sangolo,<br />

Massissia, le Djoué sudetc…<br />

J’ai ramené plus de 800 témoignages ; utilisé 68 cassettes photos de 36 poses ; 36<br />

cassettes vidéo de caméra. Il faut savoir aussi que c’est moi qui avais proposé et mis en place,<br />

d<strong>ans</strong> le Gouvernement du Premier ministre B. Kolélas une commission chargée de<br />

photographier et filmer tous les corps que la Croix rouge a pus ramassés d<strong>ans</strong> Brazzaville de<br />

juillet à septembre 1997. J’ai fait plus de 4000 photos et filmé autant d<strong>ans</strong> plus de 80 films<br />

vidéo. Voila pour l’histoire ce que j’ai à tr<strong>ans</strong>mettre à notre jeunesse. Comme je suis le seul<br />

certainement à encore avoir toute la Conférence Nationale au grand complet, le Procès du<br />

Président Marien Ngouabi ; filmé tous les documents que pouvait contenir nos archives<br />

nationales en 1997 avant que les fous cobras n’aillent détruire et brûler nos archives. Mais<br />

vous inquiétez pas tout ce trésor est bien gardé d<strong>ans</strong> différentes banques pour ne pas attirer<br />

les appétits de Sassou qui n’aime pas voir la vérité, les yeux d<strong>ans</strong> les yeux.<br />

Voici trié d<strong>ans</strong> le lot quelques témoignages les plus émouvants, poignants, insolites et<br />

consternants. A vous de juger.<br />

Alfred Kinfoussia : « J’ai 34 <strong>ans</strong>. Le ministre de l’Intérieur n’avait pas arrêté de<br />

nous ordonner à partir. Le quartier était presque vidé. J’habite vers le marché de ta Ngoma.<br />

Je ne voulais vraiment pas partir mais devant l’insistance ô combien menaçante du pouvoir,<br />

j’ai du me rendre à l’évidence et finalement décidé de partir.<br />

Il est 12 h 30 à ma montre quand nous quittons le quartier ; mes voisins, mon neveu,<br />

mon oncle et moi-même. Nous avions marché à peine que nous avions atteint le goudron.<br />

Voici qu’une longue file indienne s’était formée, ininterrompue interminable. La poussière<br />

fermait la queue d<strong>ans</strong> un véritable brouhaha.<br />

A peine que nous avions commencé à descendre la montagne du Djoué qu’on<br />

entendait des pleurs de ceux qui étaient devant nous. On marchait et arrivés au bas de la<br />

montagne, qu’on a commencé à voir des corps tout le long des trottoirs, puis des montagnes<br />

et des montagnes de corps d’hommes, des femmes, de bébés, des vieillards inanimés. La rue<br />

était pleine de sang. Ça glissait tellement et ne savions même pas par où poser son pied. Il y<br />

avait à chaque millimètre carré autant de corps que des pieds posés. C’était<br />

invraisemblable, inimaginable. Se demandant au fond de moi ce qui s’était passé par là. Car<br />

à cette heure, il n’y avait plus d’affrontements sur le terrain. Cependant, ça tirait de l’autre<br />

côté du Djoué. Les balles venant de temps en temps s’échouer vers nous. Les gens<br />

continuaient à tomber des balles perdues.<br />

A peine nous commencions à traverser le Djoué qu’un obus est venu s’écraser sur<br />

nous arrachant le bras de la personne qui se trouvait à 5 mètres devant mon oncle. Il faut<br />

dire que nous avions eu la chance. Mais le monsieur criait tellement en disant : « je préfère<br />

mourir, car je ne peux me faire soigner et il finira par se jeter d<strong>ans</strong> le fleuve qui, à cette date<br />

est bien rempli. Nous l’avions tous vu sombrer d<strong>ans</strong> les eaux brouillantes du Djoué où à cette<br />

date est gonflée à bloc. C’était incroyable de voir ce que nous avions vu. Plus de 20 à 50.000<br />

corps d’hommes et des femmes de tous âges.<br />

A Brazzaville le 16 mai 2001. Témoignage recueilli par Maître Tony Gilbert<br />

MOUDILOU.<br />

Vendredi 18 décembre 1998 : « Je m’appelle Claude Massengo. J’ai 26 <strong>ans</strong> j’habite<br />

à Bifouiti vers le bar : « Mon Général ». Dès le communiqué du ministre de l’Intérieur, qui<br />

passait ce matin là sur les antennes de la Radio, mes parents avaient décidé que nous<br />

portâmes s<strong>ans</strong> trop attendre. Car eux, ils savent et connaissent l’homme qui est au pouvoir. Il<br />

n’a pas d’état d’âme. Ils savent comment en un laps de temps, les choses peuvent se<br />

détériorer, dégénérer et se tr<strong>ans</strong>former en guerre mondiale. Et nous sommes partis très tôt à<br />

36


8 heures. On n’avait fait que 400 mètres que nous commencions déjà à entendre les pleurs,<br />

les cris qui nous remontaient du bas de la montagne du Djoué. Et ces cris étaient habillés des<br />

tirs d’armes automatiques mais nous ne pouvions faire marche arrière. Alors nous avions<br />

décidé de continuer, advienne qui pourra. Nous oublions que nous partions vers la mort, vers<br />

un massacre collectif, planifié et bien organisé. Des hommes habillés en tenue militaire et<br />

parlant lingala étaient là très tôt ce matin là. Il y avait des corps partout qui jonchaient le<br />

trottoir.<br />

Et là nous avions compris que nous étions devant un véritable guet apens. Que les<br />

Nordistes étaient venus pour nous faire la peau. Mes deux frères, ma mère, mon père mes<br />

deux cousins, neveux de mon père me devançaient seulement de quelques mètres et juste<br />

quand nous avons fini la descente du Djoué qu’on nous rafalât s<strong>ans</strong> ménagement. Nous<br />

sommes tous tombés. J’entendais comme d<strong>ans</strong> un cauchemar, des cris, des pleurs des enfants<br />

qui étaient à peine blessés. Et tout de suite après, ils achevaient l’œuvre par des coups de<br />

révolver ceux qui bougeaient encore. J’étais atteint à la hanche mais bien légèrement que je<br />

fis le mort et nous étions tellement entassés qu’ils ne pouvaient pas s’apercevoir d<strong>ans</strong> le tas,<br />

qui étaient vraiment morts. C’est pourquoi, quand on tombait, même si on n’était pas atteint,<br />

il fallait faire le mort. Ils ne prenaient pas la peine de vérifier ou nous retourner car ils<br />

n’avaient pas le temps et surtout ils ne voulaient pas se salir.<br />

J’ai dû rester coucher entre les morts jusqu’à 12 heures 45 minutes quand je me suis<br />

rendu compte qu’il n’y avait plus des coups de feu et vu partir les bourreaux, je me suis<br />

relever. C’est comme si je m’étais baigné d<strong>ans</strong> du sang. Mes habits me collaient sur tout mon<br />

corps. C’est alors que j’ai vu mes parents tous morts. Mon frère et mes deux cousins étaient<br />

morts. Mon père avait la tête fracassée comme si en le tuant, ils n’en avaient pas fait assez et<br />

c’est comme s’ils lui reprochaient quelque chose. Ma mère avait eu une balle sur le dos et<br />

elle avait tellement saignée. Mon frère cadet avait les yeux largement ouverts comme s’il<br />

voulait me parler pour la dernière fois. J’ai tenté de refermer ses yeux et je suis parti les<br />

abandonnant là. Ah il n’y a rien de plus humiliant et frustrant que de voir ses parents partir<br />

comme ça, s<strong>ans</strong> avoir pu te laisser un petit mot. Malgré tout, il fallait quant même partir avec<br />

le reste car Dieu a voulu ainsi, que je reste pour témoigner de la violence de l’homme sur la<br />

terre.<br />

Mais en rejoignant la foule, au moment où je me suis relevé, ce que j’ai vu autour de<br />

moi, sortait de tout entendement. Qu’avions-nous fait pour qu’on nous fasse ça ? Des milliers<br />

de corps étendus autour de moi comme si nous avons subi un cataclysme. Pourquoi cet<br />

acharnement contre des gens qui n’ont rien fait, pourquoi ? Que nous reproche Monsieur<br />

Sassou et l’homme du Nord ? Qu’est ce que nous lui avons fait pour nous faire payer un tel<br />

prix ? Et pourtant, il n’y eut aucun affrontement d<strong>ans</strong> cette zone et même ? Et pourquoi une<br />

telle boucherie contre une population civile s<strong>ans</strong> arme ? Et pourtant ils étaient là, seuls, on<br />

les entendait parler leur lingala autant que je puisse me rappeler et au moment où nous avons<br />

commencé la descente du Djoué. Cette extermination ne peut rester impunie et le pouvoir doit<br />

nous rendre compte, en tout cas.<br />

C’est très difficile mais nous devons savoir exactement ce qui s’est passé car on ne<br />

peut pas laisser trop longtemps les choses en l’état ».<br />

Témoignage recueilli à Brazzaville par Maître Tony Gilbert MOUDILOU le 17<br />

mai 2001.<br />

« Je m’appelle Bissembolo Jérôme. J’ai 19 <strong>ans</strong>. J’habite à Bifouiti vers le bar « la Montagne<br />

pelée », pas trop loin de la montagne du Djoué. Nous, nous entendions depuis le Pont du<br />

Djoué, des coups de feu qui nous remontaient. On se demandait ce qui s’y passait. Mais<br />

malgré ces questions, il fallait quant même partir puisque le pouvoir nous le demandait avec<br />

insistance sous peine d’être exécuté s<strong>ans</strong> autre forme de procès. Au départ, mes frères et moi-<br />

37


même avions pris l’initiative de monter au plafond pour tenter d’échapper aux bourreaux qui<br />

sévissaient depuis un certain moment à Bacongo et Makélékélé.<br />

Nous sommes restés au plafond toute la journée de jeudi et c’est le vendredi vers 8 h<br />

30 du matin que finalement, il fallait partir, et ce malgré tout ce qui pouvait arriver. Nous<br />

n’avions pas marché longtemps que nous commencions à entendre des pleurs, des cris<br />

d’angoisse de ceux qui nous devançaient. On ne savait pourquoi ? Et au moment d’atteindre<br />

le bas de la montagne du Djoué, quelle ne fut pas notre stupéfaction, notre offuscation, notre<br />

émotion, un abasourdissement qui nous laissait s<strong>ans</strong> voix.<br />

On nous tirait dessus s<strong>ans</strong> sommation et pour aucune raison aucune. Il y avait déjà<br />

plusieurs milliers de morts, des corps s<strong>ans</strong> vie d’hommes, d’enfants, des femmes, des<br />

vieillards qui, il faut reconnaître, n’étaient pas des combattants. Donc on ne peut pas dire<br />

qu’il y eut des affrontements d<strong>ans</strong> cette zone. Des corps alignés tout le long des trottoirs. Et<br />

s<strong>ans</strong> exagérer, on peut dire qu’il y avait plus de 20.000 morts. Mes frères et moi-même avions<br />

eu la vie sauve tout simplement, nous nous sommes couchés au milieu des morts, nous être<br />

immaculés du sang pour faire semblant. C’est vers 13 heures que les bourreaux sont partis,<br />

nous laissant là à notre propre sort. C’est ni plus ni moins des exécutions. Des meurtres, des<br />

assassinats avec préméditation. Et quel que soit le sens de ce geste, nous restons indignés et<br />

demandons que la lumière soit faite car les auteurs ou les commanditaires de cette ignominie<br />

devraient répondre de leurs actes lâches et qui ne militent pas à l’unité nationale.<br />

Faites tout, vous qui êtes les responsables politiques de ce pays d’obtenir par tous les<br />

moyens, la vérité de ce génocide. Merci Maître !<br />

A Brazzaville le 17 mai 2001.<br />

Samedi 19 décembre 1998. 13 heures : Bernard KOLELAS revendique la<br />

maîtrise de la situation par ses hommes. Serait-il responsable de la<br />

déportation de ses parents d<strong>ans</strong> les forêts ?<br />

Le Premier ministre Bernard Kolélas revendique l’infiltration de ses Forces d<strong>ans</strong> la Zone des<br />

quartiers Sud, ce qui aux dires de ces détracteurs avait poussé le pouvoir de Brazzaville, à<br />

contre attaquer et à déporter les populations du Sud de Brazzaville d<strong>ans</strong> les forêts. Non ! Je<br />

sais que B. Kolélas a fait beaucoup de bêtises en tant que homme politique, pas en tant que<br />

« homme d’Etat » parce qu’il ne l’a jamais été. B. Kolélas avait fait beaucoup de conneries et<br />

il est indéfendable. Je vous en parlerai plus à la fin de cette annonce.<br />

Mais cette fois-ci Kolélas, accordons lui le bénéfice du doute. Il n’est pas responsable<br />

de la déportation de nos parents d<strong>ans</strong> les forêts, je dis bien, pas par rapport à sa déclaration du<br />

19 décembre, sauf si c’eut été une goûte d’eau qui fit déborder le vase de par son<br />

comportement quelque fois iconoclaste.<br />

C’était un prétexte fallacieux. Car ceux qui le disent n’ont pas la chronologie des<br />

événements. En effet, nous sommes le samedi 19 décembre 1998 quand B. Kolélas parle sur<br />

les antennes de la radio RFI quand il fait la déclaration selon laquelle ses Forces contrôlaient<br />

les quartiers sud de Brazzaville, qu’ils avaient mis un bouchon au Centre Culturel Français.<br />

Ce qui est d’ailleurs vrai. Mais tout de suite levons l’équivoque.<br />

Certes des gens étaient rentrés à Bacongo, après que le pouvoir ait déjà chassé par la<br />

force des armes tous les habitants des quartiers sud. Et le carnage, les massacres, le génocide<br />

au niveau du Djoué était déjà fait. Et c’est certainement pour justifier ces massacres que<br />

Sassou qui a toujours le suite sur les idées, rappelez vous quand ses hommes assassinent le<br />

Président Marien Ngouabi ce 18 (finalement il aime la date du 18) et qu’il est appelé pour<br />

venir reconnaître le corps et le travail accompli. Que va-t-il faire, parce qu’il a déjà peur de<br />

porter le chapeau, il n’a pas de « couilles suffisamment suspendues » chaque fois qu’il a<br />

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assassiné, il se débobine toujours. Il ne prend jamais ses responsabilités de reconnaître et de<br />

signer son acte. Il aime envoyer ça à d’autres de porter le chapeau.<br />

C’est ce qu’il fit ce 19 décembre. Vu les massacres, le nombre impressionnant,<br />

comment il faut le justifier, même quand au pont du Djoué, ils voulaient simuler une attaque<br />

en massacrant des civils. Et Bernard Kolélas qui ne réfléchit pas loin sauf quand il faut aligner<br />

ses enfants aux postes et les faire nommer, là il fait montre d’intelligence. Mais quand il se<br />

fait piéger, il est comme un imbécile qui se précipite sur le morceau pour l’engloutir avec<br />

avidité : s<strong>ans</strong> réfléchir.<br />

Alors quand ce 19 décembre, il revendique ce qui n’était qu’un montage, c’est trop<br />

tard, il s’est fait avoir et le malin Sassou ventile cet alibi pour un chèque caution. Ce geste<br />

fatal et malencontreux, « aviditif » devient la pièce maîtresse que Sassou et les détracteurs du<br />

Pool vont présenter comme la faute de Kolélas. Alors qu’il n’y avait plus personne d<strong>ans</strong> cette<br />

zone.<br />

Un des acteurs principaux arrivant à Paris, quelques semaines après ce forfait, me<br />

recevant d<strong>ans</strong> un café de la Gare du Nord, je veux parler de WILLY MANTSANGA m’a<br />

dit : « pourquoi papa a-t-il revendiqué ce qui s’est passé au Centre culturel<br />

Français ? C’est simplement qu’il ne contrôle pas ses hommes. Car s’il les<br />

contrôlait, il n’aurait pas revendiqué ce qui s’est passé ce 19 décembre ».<br />

Qui peut dire mieux que Willy, qui peut contester les propos de Willy. Lui était là, parmi les<br />

acteurs principaux. Et quand il me le dit, il avait les larmes aux yeux tellement qu’il s’est<br />

remémoré le drame tel que ses parents du Pool l’ont vécu. Il sait comment les choses se sont<br />

passées. En fait, il voulait simplement se repentir par rapport à ce qu’ils ont fait en se rangeant<br />

du côté de l’ennemi de sa région. Mais Willy n’est pas le seul qui sait et qui devrait parler.<br />

D’autres devraient rassembler leur courage et parler. Il y a entre autres, le Général Bouissa<br />

Matoko qui m’a laissé des documents très précieux pour faire amande honorable. Mais ils<br />

sont très criards et très parlant. Il y a d’autres officiers qui ont parler et nous donner des<br />

documents, des cassettes vidéos, des films photos car, comme ils me l’ont dit : « on ne sait<br />

jamais, prenez ça, ce sont des éléments, des preuves pour l’Histoire de notre<br />

pays ». Beaucoup des fils de la région ont beaucoup de choses à nous dire. Il y a trop de<br />

contentieux d<strong>ans</strong> la région. Je lance ici un appel solennel à ceux qui ont des choses à dire pour<br />

l’honneur de la région et pour l’unité régionale, c’est l’occasion. Nous nous sommes prêts à<br />

recevoir les repentances de nos parents. Il faut savoir lire l’histoire de notre pays. Les<br />

Mbochis qui ont assassiné le Président Ngouabi sont restés très solidaires et ne se sont jamais<br />

trahis.<br />

On ne vous reproche pas de travailler avec Sassou. On ne vous reproche pas d’avoir<br />

trahi votre région mais sachez revenir à la bifurcation et « zabakeno lukaya lu ba kanguila ka<br />

mungua » « tchiaku tchiaku tchia ngana tchia ngana » On ne vous reproche d’aimer l’argent<br />

mais ne vendez pas votre région à l’ennemi juré de notre région. Réfléchissez et quand vous<br />

aurez compris, vous pouvez nous contacter. Betty Matoumpa l’a fait quand Sassou l’avait<br />

contacté pour charger Kolélas qu’elle avait accusé de « l’avoir violée, enfoncer des bouteilles<br />

d<strong>ans</strong> son vagin, sodomiser, repasser son bras », Mama Betty, se confiant à moi, m’a confié<br />

que toutes ces déclarations n’étaient du montagne dictée par Sassou lequel montage était<br />

organisé par Sassou lui-même, Martin Mbemba, Entcha Ebia et le français car il fallait se<br />

débarrasser de Kolélas moyennent <strong>10</strong>0.000.000 Fcfa. Et après que Sassou ait obtenu ce qu’il<br />

cherchait, c'est-à-dire la condamnation à mort du supplicié, Sassou s’est foutu de la « gueule »<br />

de ces acteurs et curieusement, ils sont tous du Pool. Il ne leur versa aucun centime d’où la<br />

remontrance de Betty Matoumpa qui nous parle de s’être faite avoir. Argent ou pas, vous<br />

devriez vous réconcilier avec votre région : le Général Nkonta, notre seul Général en action<br />

et beaucoup d’autres militaires. Les politiques comme Ndala Graille, Loumouamou et<br />

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eaucoup d’autres acteurs politiques qui ont assisté au Génocide de leurs parents s<strong>ans</strong><br />

s’émouvoir. Pour que demain, vous ne soyez pas rejeté par votre région, pour que vos enfants<br />

ne payent pas votre trahison, c’est le moment de se repentir. Car quelque soit le temps que ça<br />

prendra, les auteurs de ce génocide répondront devant les tribunaux internationaux car nous<br />

sommes en train de nous atteler pour atteindre cet objectif. Il faut bien écrire l’histoire de<br />

notre pays. Et ça, il faut que Sassou sache, qu’il répondra ainsi que ses acteurs, militaires que<br />

politiques. Tous les éléments, les preuves font leur chemin. Il ne nous reste plus qu’à les<br />

rassembler tous et de passer à l’attaque.<br />

Revenons à la déclaration de Kolélas. Les quartiers vidés, resteront sous le seul<br />

contrôle des bourreaux de Sassou, même pas aux Associations Internationales comme<br />

« Médecins s<strong>ans</strong> Frontière ou Caritas etc, ». Où nous avons des amis qui nous ont confirmé<br />

qu’ils n’avaient jamais eu accès d<strong>ans</strong> ces quartiers avant qu’ils n’aient nettoyé, ramassé, tous<br />

les morts. Des amis militaires du Congo Kinshasa qui se sont rapprochés de moi quand je suis<br />

allé voir le Président Kabila en 2004, m’ont fait des révélations à en dormir debout. Car<br />

depuis le Mont Ngalliéma, à la Présidence de la république, ils ont assisté à tout ce qui se<br />

passait du côté congolais, au bord du Fleuve congo. Avec leurs jumelles, ils ont suivi point<br />

par point, les massacres, comment ils venaient déverser les corps de leurs victimes d<strong>ans</strong> le<br />

fleuve, jeter des conteneurs entiers, certainement remplis de cadavres. Ils nous fournis les<br />

films que nous avons achetés à prix d’or. Et Sassou aura du mal à se défaire des fils du Pool et<br />

de s’amuser avec les Congolais.<br />

Les multiples témoignages que j’ai eus à ce sujet auprès des acteurs des deux côtés,<br />

notamment auprès des Ninjas qui avaient rejoint Sassou, pas parce qu’ils l’aiment mais tout<br />

simplement pour bouder B. Kolélas qui avait rejoint P. Lissouba, après que ce dernier nous ait<br />

fait la guerre de 1992 à 1995, c’est le cas de Willy Mantsanga, c’est une chose qu’ils<br />

n’apprécièrent pas, mais alors pas du tout. Ainsi ces jeunes, pas des moindres, mais de grands<br />

acteurs d<strong>ans</strong> tous les scénarios de ces événements, ceux qui ont fait parler d’eux.<br />

Après des investigations et les prenant avec des sentiments régionalistes, ils<br />

m’expliquèrent tous que les gens qui étaient à Bacongo, n’étaient pas des Ninjas de Kolélas<br />

mais des Ninjas déguisés pour faire un bon montage, une belle simulation. Nous étions de<br />

ceux là qui étaient à Bacongo et qui avaient pris part aux massacres dont le commandement<br />

venait d’en Haut. Un autre de dire :<br />

« C’est nous qui passions d<strong>ans</strong> les parcelles, les maisons, les quartiers et demander<br />

aux nôtres de partir car nous étions sur le point de renverser Sassou. Pour qu’on ne s’en<br />

prennent pas à vous, parce que les connaissant, il faut donc partir ».<br />

VOICI LA VÉRITÉ.<br />

Nous voulions impérativement renverser Sassou suite aux massacres qu’il perpétra<br />

contre nos parents ce vendredi 18 décembre. Quand nos parents qu’il a déportés d<strong>ans</strong> les<br />

forêts sont venus nous dire qu’il y avait une véritable hécatombe au pont du Djoué, qu’ils<br />

étaient massacrés s<strong>ans</strong> sommation, lâchement, alors nous avons décidé de le poursuivre à<br />

Brazzaville. Et nous étions de concert avec le Chef d’Etat Major Général de l’Armée Yves<br />

MOTANDO qui n’a pas oublié ce qu’on lui avait fait subir en 1977 lors de l’assassinat du<br />

Président Marien Ngouabi. Il voulait se venger en cherchant à le renverser.<br />

D’ailleurs pourquoi, depuis cette date le Chef d’Etat Major Général des Forces<br />

Armées, le Général YVES MOTANDO fut remplacé ? Pourquoi depuis, n’a-t-il plus eu des<br />

fonctions au sein de l’Armée et mis à la retraite anticipée ? Sassou Nguesso n’a pas osé le<br />

faire arrêté de peur de s’attirer la furia des katangais qui ont fait la guerre et non les<br />

Mbochis qui, eux sont des flémards, et surtout ne pas provoquer une crise aigue au sein du<br />

pouvoir.<br />

40


Et quand le ministre de l’Intérieur parlait d’arrêter les cobras qui pillaient à<br />

Bacongo, qui terrorisaient, les Généraux NDENGUE et autres MOTANDO se passaient de<br />

ses injonctions. Tout simplement parce que les uns et les autres avaient une idée derrière la<br />

tête. Et ça tout le monde le sait à Brazzaville qu’une crise latente et profonde qui ne dit pas<br />

son nom couve. C’est pourquoi d’ailleurs Sassou n’a jamais cherché à remanier son<br />

gouvernement en profondeur situation pour laquelle il est conscient. C’est pourquoi, même<br />

quand les gens volent (les ministres), il fout rien et ne les met pas dehors. D<strong>ans</strong> ce<br />

gouvernement, les ministres se comportent comme au village des ananas ou celui de maïs ou<br />

tout le monde porte une huppe et une barbe. Eh bien d<strong>ans</strong> ces conditions, il est très difficile de<br />

prendre tout risque, de peur de provoquer une explosion aux dommages collatéraux.<br />

Témoignage d’un combattant très important dont le nom est secret<br />

d’Etat.<br />

Et pendant que je suis à Brazzaville pendant le Dialogue National en 2001, Sassou<br />

refuse de me faire loger à l’hôtel parce que j’avais revendiqué l’arrivée imminente de B.<br />

Kolélas à Brazzaville. Donc j’ai du me débrouiller pour me loger. J’étais chez moi et j’avais<br />

mon portefeuille. Pour le reste, je m’en foutais. J’ai pris en location une belle villa en plein<br />

centre de Makélékélé chez moi d<strong>ans</strong> nos terres. Et là je recevais tout le monde (monde<br />

politique que militaire) C’est là, recevant le Secrétaire Général du PCT mon grand frère<br />

Ambroise NOUMAZALAYE, il me dit, sifflant un bon verre de jus que je lui avais offert :<br />

« que de mon vivant, jamais on pourra toucher à un seul cheveu de Bernard Kolélas. Est-ce<br />

que tu sais que nous avons fait l’école ensemble à l’Armée du Salut ? Il faut lui dire qu’il<br />

aime trop forcer les choses. Et si jamais il insiste de rentrer au pays en forçant les portes, je<br />

le ferais mettre en prison ». Il ajouta à la fin : « dis lui que je l’aime quant même malgré nos<br />

divergences ».Mais pour revenir à ce qui s’est passé le 18 décembre 1998, il me dit :<br />

« Mon frère Bernard Kolélas n’avait rien à avoir avec ce qui s’est passé ce jour là.<br />

Sassou se fout un peu trop de tout le monde. Nous avons de très gros problèmes à régler ».<br />

Tout a été dit quand vous avez une telle déclaration, d’une telle personnalité du<br />

pouvoir. Les autres témoignages beaucoup plus compromettants, nous les avons réservés d<strong>ans</strong><br />

notre livre « Pool : Martyr ou Objet des Convoitises ». Et je ne vous révèle pas ici le<br />

contenu des documents remis à nous par le Général BOUISSA MATOKO qui, au retour de<br />

Kinshasa a été abandonné par Sassou et pour se venger, mais surtout pour l’histoire il me<br />

remit des précieux documents. Et quand ce jour là viendra sera confronté à ceux qui nient leur<br />

responsabilité d<strong>ans</strong> différents drames que connut le pays sous Sassou le bourreau depuis 1977.<br />

Mais ne vous inquiétez pas ces précieux documents dorment d<strong>ans</strong> des banques jusqu’à<br />

leur utilisation devant les tribunaux internationaux. Et notre équipe de travail prend<br />

sérieusement soin de ce trésor précieux Donc que Sassou ne cherche pas à en savoir plus. S’il<br />

veut qu’il cherche d’abord à se réconcilier à ceux qu’il a utilisés d<strong>ans</strong> ses différents forfaits<br />

dont Betty Matoumpa.<br />

Bernard Kolélas peut-il être défendu d<strong>ans</strong> ce drame ??<br />

Ce que nous reprochons à Kolélas, en dehors de son incompétence notoire à accéder la dignité<br />

suprême, pour n’avoir pas amené à la Terre promise son peuple qui continue de végéter d<strong>ans</strong><br />

les forêts, c’est son imposture, son escroquerie politique, son mensonge éhonté. Bernard<br />

Kolélas a trompé tout le monde. Il nous a fait croire qu’il était un homme d’Etat, qu’on<br />

pouvait compter sur lui. Finalement il vient de nous démontrer qu’il n’est qu’un vulgaire<br />

escroc qui ne vit qu’aux dépens de ceux qui l’écoutent. Il s’est enrichi au détriment des<br />

milliers d’innocents de morts qui croyaient en lui croyant qu’il incarnait un idéal, des valeurs,<br />

une véritable prise de conscience, une espérance. C’était loin s<strong>ans</strong> faux qu’un petit<br />

41


démagogue, un bourreau qui a fini d’aller se jeter d<strong>ans</strong> les bras de son homonyme bourreau,<br />

hier son ennemi juré, j’ai cité Sassou.<br />

Nous reprochons à Kolélas de n’avoir rien négocié ou s’il l’a fait, d’être parti tout seul,<br />

les bras et les pieds joints. Aucun débat et personne autour pour lui apporter une sens des<br />

débats ou de la discussion. Si mon frère était ressuscité, Yogoshi, Kouboua Koutélama, ils<br />

ne devraient pas le pardonner et les traîtres de sa tranche, avec tous les dégâts qu’il a causés,<br />

méritent une pendaison.<br />

Quand on se rappelle de ce qu’on a fait pour ce type, tous les risques que nous<br />

prenions, chacun à son niveau des compétences, pour toutes ces turpitudes, toutes les<br />

conneries qu’il a faites, il ne devient plus défendable. Il faut que ce dernier solde ses<br />

contentieux auprès de ceux qu’il a trahis et sacrifiés pour son seul égocentrisme.<br />

Kolélas, l’homme des mélodrames.<br />

Bernard Kolélas aimait m’appeler quand il avait faim par « mon chien de chasse » pour que<br />

j’aille lui chercher à manger. J’en conclus finalement que cet homme n’était qu’un escroc, un<br />

opportuniste, un profiteur, un imposteur, un tricheur qui se servait des gens naïfs comme moi,<br />

comme beaucoup d’autres avant moi pour atteindre son apogée. Je n’avais pas compris<br />

pourquoi des gens comme Claude Nsilou, Jean Blaise KOLOLOl, le Colonel Safoula, le<br />

Commandant Ntandou , Senga Bidié, son ancien premier Directeur de cabinet, Lenga<br />

Placide notre grand Magistrat ancien Directeur de Cabinet pendant le mois passé à la<br />

Primature ; son Directeur du Protocole Sabio, ses anciens garde corps, aujourd’hui aux Etats-<br />

Unis pour le dernier, Paulin Makaya qui sacrifia sa famille pour s’occuper de lui à Bamako<br />

comme son propre père et pendant que ses propres enfants l’avaient fui ; Dieudonné<br />

Malanda se sont tous débobinés. Je croyais qu’ils étaient devenus fous ; bien au contraire ce<br />

sont des braves gens qui se sont, comme moi, faits berner. Et finalement ne lui sont restés<br />

fidèles que sa propre fabrication politique qu’il a allaités au biberon comme les Bouétoubassa<br />

et consorts qui sont incapables de voler s<strong>ans</strong> lui.<br />

Il s’est servi de nous pour bien faire le lit de ses enfants. Quelle honte ! En mettant ses<br />

enfants au devant de la scène politique au sein du Parti, il a encore montré que c’est un<br />

analphabète politique. Les enfants, on les protège. Qu’il regarde son ami Sassou. Car au<br />

moment des bourrasques, on paye toujours un lourd tribut surtout quand on fait ça au<br />

détriment de ceux qui ont sacrifié tout leur avenir. C’est un problème, un véritable<br />

contentieux.<br />

Comme il aimait m’appeler « son chien de chasse », d<strong>ans</strong> mes différents<br />

battages, je lui ai servi à table la Fonction de Premier ministre qui à ma propre initiative,<br />

j’avais négociée auprès de ma sœur Munari et acceptée par le Président Pascal Lissouba. C’est<br />

moi et non personne d’autres qui l’avait fait nommer Premier ministre. Haute fonction qu’il<br />

n’aurait jamais pu exercer s<strong>ans</strong> moi. J’étais sur le point de lui servir la Présidence de la<br />

République mais il avait démissionné et a préféré aller recevoir des miettes auprès de son ami.<br />

Il m’a simplement dit : « si vous faites cela, vous trahissez la mémoire de mon<br />

épouse », quand j’ai entendu cela, j’ai compris que l’homme avait perdu son ardeur et<br />

l’envie de manger de bonnes choses. C’est dommage ! Je voulais lui faire profiter de mes<br />

relations, mes très bonnes relations mais hélas, habitué à quémander, il a préféré jeter<br />

fourchettes et couteaux pour manger à terre et non à table. Celle-ci lui étant trop étrangère.<br />

Comme le chien, même quand celui-ci appartient au Président de la République : quand on le<br />

sert d<strong>ans</strong> une belle assiette, à table, il préférera renverser son repas pour manger à terre où il<br />

se sent mieux.<br />

On nous dit qu’il est affaibli, qu’il subi un traumatisme. Mais il n’est pas l seul d<strong>ans</strong><br />

cette situation d’avoir perdu une épouse. D’autres en ont perdu <strong>10</strong> voire 20 membres de leur<br />

famille. Moi j’en ai perdu 17. D’autres parlent de son âge comme une fatalité. le Président<br />

Mandela était plus âgé que lui quand il a compris qu’il ne pouvait plus et qu’il fallait laisser la<br />

42


politique aux jeunes. Donc le problème de l’âge, ne peut pas être une circonstance atténuante<br />

ni aggravante. Il ne peut bénéficier d’aucune excuse.<br />

En un mot, Kolélas n’était pas et Dieu merci heureusement qu’il finit lamentablement<br />

son itinéraire politique en grand lâche allant se jeter pieds et mains liées d<strong>ans</strong> les bras du<br />

bourreau de ses « parents » de la région qu’il croyait défendre. Mais quels parents surtout<br />

qu’il n’avait perdu aucun être d<strong>ans</strong> cette guerre si ce n’est son chien. Kolélas est quelqu’un<br />

qu’il ne fallait et ne faut suivre. Et sur ce, beaucoup de nos sages de la région sont unanimes<br />

pour dire que cet homme n’est plus ni moins qu’un escroc politique. Il a toujours procédé<br />

ainsi depuis qu’aventureusement, il s’est lancé d<strong>ans</strong> sa politique des coups bas. En un mot<br />

Kolélas n’est pas défendable puisqu’il est allé mieux nous assassiner en allant se ranger du<br />

côté de notre bourreau s<strong>ans</strong> contre partie.<br />

Pendant la guerre, j’ai photographié pour plus de 2 millions de Fcfa tous les<br />

documents que contenaient nos archives nationales avant les Cobras ne viennent les piller et<br />

tout brûler ; ceci pour rechercher un seul concernant ce dont on parle tant depuis que Kolélas<br />

fait de l’imposture.<br />

En effet nos anciens que nous avions interrogés à ce sujet sont tous unanimes. Ils<br />

nous disent tous que c’est Kolélas qui aurait signé le document déportant nos parents<br />

matswanistes au « purgatoire » ; d<strong>ans</strong> le Nord de la République. Moi, je n’ai jamais compris<br />

pourquoi chaque fois qu’on veut punir quelqu’un, même pour l’affectation d’un<br />

fonctionnaire, le Nord serait une punition. Finalement, ce n’est pas beau d’y vivre, ça doit<br />

encore être trop sauvage. Il y aurait trop de mouche tsé-tsé. Et lui-même Kolélas, combien de<br />

fois n’a-t-il pas été déporté à Itoumbi pendant ces escapades ? « Qui tue par l’épée périra par<br />

l’épée »<br />

Alors lors de mes enquêtes, j’ai seulement trouvé un texte d<strong>ans</strong> lequel, j’ai appris que<br />

Kolélas serait l’enfant terrible du Youlisme, c'est-à-dire le Blé Goudé ivoirien. C’est lui qui<br />

faisait et défaisait pour le pouvoir de Youlou. C’était le jeune chien dressé du pouvoir qui<br />

galvanisait les foules comme l’est aujourd’hui Blé Goudé en Côte d’Ivoire. Comme hier hier<br />

les Tontons Makouts à Haïti. C’est lui qui terrassait, traquait, parquait, frappait, faisait subir<br />

des humiliations indignes (faire boire de l’urine à l’un ou l’autre partenaire), les mettait nus,<br />

les exposait au soleil, nos parents matswanistes qui réclamaient tout simplement qu’on leur<br />

montre la tombe de Tata Matswa au quel cas, ils refusaient de payer l’impôt et refusaient de<br />

se doter d’une pièce d’identité. C’était pourtant une chose revendicative normale, mais pas<br />

aux bons yeux de Kolélas et de son Chef Youlou qui répondaient aux injonctions du colons<br />

français. C’était là, encore une fois de l’imposture. Et quand par la suite, on se réclame du<br />

Matswanisme, c’est la pire des escroqueries politiques, de l’injure, de l’infamie, du sacrilège,<br />

de la traîtrise, de la moquerie que Kolélas ait pu jeter aux yeux de ses « parents ». Quand je<br />

dis « parents » je mets le mot entre guillemets parce que Kolélas n’a pas de parents au Pool et<br />

n’aime pas le Pool et ses fils qu’il a toujours trahis et traînés par terre pour ses propres<br />

ambitions ainsi que celles de ses enfants.<br />

Il n’a jamais été ni de prêt ni de loin Matswaniste. Bien au contraire, il a fait mal au<br />

Mouvement. C’est lui le profanateur de notre culture, de nos valeurs, de notre identité. C’est<br />

mieux qu’il ait fini si lamentablement comme finissent tous les traîtres de sa tranche : la<br />

queue entre les deux cuisses comme un chien qui ne peut plus se battre. C’est honteux et<br />

pitoyable !<br />

Samedi 19 décembre 1998. <strong>10</strong> h 30.<br />

« Je m’appelle Robert Bouétoukoussa, j’ai 37 <strong>ans</strong>. J’habite à Mpissa. Nous étions encore<br />

chez nous, malgré les multiples appels au départ du Ministre de l’Intérieur. Nous ne savions<br />

comment faire car mon papa est paralysé depuis 12 <strong>ans</strong>. Nous n’avions pas l’argent pour<br />

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faire quoi que ce soit. Les taxis étaient d’ailleurs inexistants puisque tout le monde était<br />

convié à partir.<br />

Nous savons que depuis le 15 décembre personne ne pouvait rentrer ni sortir de<br />

Bacongo plus exactement de la zone sud de Brazzaville puisque le Pont du Djoué était<br />

hermétiquement fermé et strictement interdit de franchir. Prétextant que les cobras allaient<br />

faire trop de pagaye de l’autre côté du Djoué car leur pillage, semble t-il commençait à<br />

harasser les populations.<br />

Entre temps, on nous demandait de libérer la zone, sous le prétexte fallacieux que des<br />

combats devraient se passer d<strong>ans</strong> cette zone. Que le quartier était considéré comme zone<br />

militaire. Le gouvernement, par la voix du Ministre de l’Intérieur demandait aux populations<br />

de partir au plus tard vendredi dernier délai, après quoi, celui qui sera trouvé d<strong>ans</strong> ces lieux<br />

sera considéré comme ennemi.<br />

Nous n’avions pas pu partir ce vendredi et c’est le samedi que finalement, nous avions<br />

pris la décision de partir ; sous entendu à nos risques et périls. Entre temps, nous avions<br />

trouvé une brouette d<strong>ans</strong> laquelle nous avions pu installer notre père et nous sommes partis.<br />

Nous étions 6 personnes : mon père, ma mère, mes trois cadets et moi-même. Nous sommes<br />

sortis de la parcelle et commencions à raser les murs pour éviter d’être vus de loin par les<br />

Forces du désordre.<br />

Mais que des corps, de centaines et des centaines de corps fraîchement abattus,<br />

puisqu’ils n’étaient pas encore décomposés et certains saignaient encore. Maman priait et<br />

pleurait en même temps. Nous étions persuadés que notre sort était scellé et qu’il serait<br />

comme pour les milliers d’hommes et de femmes massacrés impunément, s<strong>ans</strong> avoir commis<br />

de crime, tué quelqu’un mais tout simplement avoir le tort d’être du Pool. Arrivés vers la<br />

Fougère, nous étions nez à nez avec les Cobras qui nous sommèrent de nous arrêter et de<br />

mettre les mains en l’air. Il était presque <strong>10</strong> heures 50. Ils se sont rapprochés de nous les<br />

armes pointées sur nous avec l’intention de faire feu au moindre geste fatal et maladroit.<br />

A une distance de trois mètres, ils nous ont demandés « pourquoi nous n’étions pas<br />

partis comme tout le monde ». Prenant mon courage des deux mains, je leur ai explique que<br />

compte tenu de l’état de santé de mon père, nous ne pourrions pas l’abandonner seul d’autant<br />

plus que nous n’avions pas eu de moyen pour le tr<strong>ans</strong>porter et que pour avoir cette brouette,<br />

je suis allé l’arracher alors qu’il y avait un corps ded<strong>ans</strong>.<br />

Ils nous ont longuement regardés et comme si Dieu leur parlait, ils nous ont demandés<br />

de les suivre. On s’est exécuté car nous n’avions aucun choix. On s’est dit : c’est fini pour<br />

nous, ils nous amènent à la boucherie. Mais partout où on passait, il y avait qu’une seule<br />

image : les centaines de milliers de corps. Ils nous ont escortés jusqu’au bouchon de la<br />

gendarmerie et ils nous ont demandés de suivre les gens qui étaient devant nous, qui eux<br />

aussi, avaient échappé à la boucherie.<br />

En fait, ils avaient tellement tué qu’ils étaient certainement fatigués, et n’avaient plus<br />

de munitions, ou encore ils avaient tout simplement eu pitié de nous, vu l’état de mon père.<br />

Mais je retiendrai seulement l’image, la seule image, celle des massacres à grande échelle.<br />

Hallucinant ! Ils étaient d’une barbarie très épaisse, répugnante, ignoble, choquante et<br />

inhumaine.<br />

Dimanche 20 décembre 1998 : 11 heures 32<br />

« Il est 11 heures 30. Nous sommes la famille Houndou Léonard. J’ai 52 <strong>ans</strong>. Nous<br />

n’étions pas partis comme le demandait le Ministre de l’Intérieur qui avait décrété notre<br />

quartier « zone des combats ». Et pourtant il n’y avait jamais eu des combats,<br />

d’affrontements contre une quelconque force. Nous habitons à Bacongo à la bordure de la<br />

faculté de Droit. Nous croyons à l providence et au bon sens, au discernement, au sens aigu<br />

des hommes politiques au pouvoir.<br />

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C’est vrai, on nous demandait de partir, mais partir où, alors que nous étions chez<br />

nous. Nous étions dubitatifs, et notre famille était aux prises entre deux dualités. Une épreuve<br />

difficile et dure à gérer quand on est chef de famille. Et pendant que notre conscience se<br />

battait entre les deux dualités, le temps passait et la nuit est tout de suite arrivée, ce vendredi.<br />

Ce qui nous empêcha de partir. Nous avons donc dormi chez nous et le samedi arrivé, nous<br />

nous sommes aperçus que nous ne pouvions plus non plus partir. Il y avait des militaires,<br />

des hommes en arme partout.<br />

Nous étions saisis par une peur terrifiante, incontrôlable. Nous sommes finalement<br />

restés terrer chez nous toute la journée jusqu’au dimanche 11 heures quand ils sont arrivés.<br />

« Ils », les militaires. Ils cassaient toutes les portes, cherchant on ne sait qui. Quand ils sont<br />

rentrés chez nous, nous étions tous au salon. Nous prions. C’était tout un bataillon. Ils étaient<br />

surchauffés à bloc et prêts à nous faire la peau. En tout cas, ils ne tergiversaient pas. Et<br />

d’ailleurs, ils n’avaient pas l’air. Ils parlaient tous lingala ce qui veut dire qu’ils étaient<br />

originaires du Nord du pays.<br />

Ils ont défoncé le portail qui était d’ailleurs resté hermétiquement fermé. Ils nous ont<br />

sommés de sortir de la maison, nous ont alignés contre le mur et le chef donna l’ordre de<br />

nous fusiller. Nous étions 17 personnes. A ce moment là, d<strong>ans</strong> un réflexe surnaturel, mon<br />

épousa eut l’intuition comme pour un spasme ; le dernier soupir, l’idée de prier. Elle<br />

demanda au responsable de nous laisser prier. Elle pria en vili car ma femme est vilie.<br />

Comme une providence et comme si Dieu voulait exhausser la prière de mon épouse,<br />

hasard heureux, le chef de peloton était lui aussi vili. A peine qu’on commençait à fermer les<br />

yeux pour prier, que le commandant, aujourd’hui Général, le fantastique Garcia, l’assassin<br />

du Capitaine Kimbouala Nkaya, un des Officiers qui étaient, spontanément se porter<br />

prisonniers pendant le procès des 355 disparus du Beach. Ceci pour faire amande honorable<br />

à Sassou et pour se faire nommer Général par la suite. C’est qui donna l’ordre de ne plus<br />

nous faire exécuter. « Ils ne sont pas des « Tcheks » dira t-il sous entendu, Bakongo mais des<br />

vilis »<br />

Alors il donna l’ordre de nous escorter jusqu’au premier bouchon qui se trouvait vers<br />

la Gendarmerie, tout juste à côté du dispensaire de Bissita. De là on nous a envoyés à<br />

Moungali où nous sommes restés jusqu’à la fin des hostilités.<br />

Mais entre temps que des massacres, que des corps sur chaque trottoir, des milliers<br />

des corps jonchant les quelques trois à quatre mètres qui nous séparaient de chez nous et le<br />

bouchon où nous fûmes conduits. Pour ceux qui connaissent Bacongo, nous sommes voisins à<br />

Maître Aloïse Moudileno-Massengo, ancien Ministre de la Justice, Gardes Sceaux. Face à<br />

Macédo. De là jusqu’à Bissita, nous avons vu plus de 2000 corps. Imaginez de là jusqu’à la<br />

montagne du Djoué et les autres quartiers ? Non la préméditation était trop flagrante et<br />

impensable.<br />

Vous avez tout compris, on ne cherchait que les Bakongos. Cette famille, qui est en<br />

outre ma famille n’eut la vie sauve que parce que mon ami et frère Léonard s’était marié avec<br />

une vilie. Ils ont échappé belle. Et ceci est démonstratif. « Ils ne sont pas des Tcheks » donc<br />

ne les tuer plus.<br />

Nous comprenons que s<strong>ans</strong> ambages et avec préméditation, scientifiquement planifié,<br />

politiquement et socialement organisé et exécuté que « l’ethnie et la région » étaient le<br />

mobile de leur massacre et finalement du Génocide. Parce que là tous les éléments sont<br />

remplis.<br />

- La préméditation était là,<br />

- La cible : « les bakongos »<br />

- Les éléments constitutifs du génocide : tous les corps n’étaient que des Bakongos,<br />

le guet apens tendu au Pont du Djoué pour tuer à grande échelle, la déportation vers les forêts<br />

des civils, tous originaires d’une seule région ; décrêtation d’embargo contre les populations<br />

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déportées. Aucune assistance humanitaire, couper tous les arbres fruitiers pour que les<br />

populations ne se nourrissent pas, empoisonnement des eaux par des produits nocifs ;<br />

destructions de tous les villages. Tous ça sont des éléments constitutifs, des preuves d’avoir<br />

voulu des massacres à grande échelle, donc d’un génocide.<br />

Les boucs émissaires, comme toujours et d’ailleurs où quand les Nordistes ont chaque<br />

fois cherché à régler leurs contentieux au détriment des Sudistes. Tout montre d<strong>ans</strong> notre pays<br />

que chaque fois, que ces salauds sont à bout de souffle, ils cherchent leur souffle douleur qui<br />

sont les Bakongos. Mais jusqu’à quand allons-nous souffrir de leur frustration, de leur<br />

incompétence ? Il faut qu’un jour les choses changent d<strong>ans</strong> ce pays. Mais un jour finalement :<br />

« mbambi mo ka dia nkaba » et ce jour là, gare ! Depuis 1968, depuis la naissance du PCT,<br />

ils ne font régler leurs comptes sur les têtes des Bakongos. Lors du coup d’Etat de Kiganga,<br />

de Diawara où lui Sassou Nguesso était présent. Les témoignages des acteurs de ce coup nous<br />

l’ont bien affirmé. Il était d<strong>ans</strong> le coup. Il venait à Mpila chez le Monsieur qui cousait les<br />

tenues militaires, où ils venaient se réunir, lui Sassou était du lot. Il venait d<strong>ans</strong> une Renault<br />

verte. Il s’est débobiné la veille seulement.<br />

Et quand ils se vengent, c’est seulement contre les Bakongos. En 1977 quand lui<br />

Sassou, Lékoundzou, Anga, Mouassibosso, Assemekang, Okoko, Yhombi assassinent le<br />

Président Marien Ngouabi, alors qu’ils se règlement les comptes, Sassou ne cherchera les<br />

poux que sur les seules têtes des Bakongos, pourtant rasées.<br />

Et là en 1998, alors que c’est lui qui fait le coup d’Etat, alors que ce sont ses propres<br />

parents qui cherchent à se débarrasser de lui, voilà qu’on accuse les Bakongos et s’en prendre<br />

à eux. Pourquoi ? Mais le jour viendra où les poules auront des dents et où « mbambi ka dia<br />

nkaba », où « on se verra avec ses propres yeux », où le frustré d’aujourd’hui prendra sa<br />

revanche. Et ce jour là, qu’on n’appelle pas les Nations unies pour nous dire qu’on est entrain<br />

d’exterminer les minorités.<br />

Parce qu’il nous faudrait d’abord une explication scientifique. Pourquoi Alphonse<br />

Massamba-Débat, le Cardinal Emile Biayenda, Ndoudi Ganga, Kimbouala, Nkaya, Blaise<br />

Kololo, le Ministre Matsiona, Ndoudi Ganga, Mizélé, Kinkonda, Samba dia Nkoumbi,<br />

Nkanza, Kikadidi, etc, sont morts. Qu’est ce qui s’est passé pour qu’ils soient morts ?<br />

Amen !<br />

Dimanche 20 décembre 1998. 11 h 30.<br />

Je suis à Brazzaville à l’occasion de ce que les putschistes ont appelé « Dialogue<br />

National « s<strong>ans</strong> exclusif ». « Une femme n’est jamais étrangère d<strong>ans</strong> une maison ». Je<br />

continue mes investigations après que j’ai fait tous les sites, presque toutes forêts où nos<br />

parents étaient sensés se réfugiés pendant la déportation. Fais des milliers et des milliers de<br />

photos et des films. Je suis à Brazzaville depuis deux mois déjà et je fais le porte à porte ; le<br />

travail de juriste scientifiquement bien fait. Car nos parents ne doivent pas et ne sont pas<br />

morts pour rien. Il faut qu’un jour la vérité se sache. Et MOUDILOU et son équipe feront tout<br />

pour faire éclater celle-ci. Et les responsables traduits devant les grands tribunaux.<br />

Moi j’avais précédé Bernard Kolélas, en tant que « chien de chasse » pour aller baliser<br />

le chemin en vue de l’arrivée du « chef ». La mobilisation était totale si l’homme était arrivé.<br />

La poussière se serait beaucoup soulevée. Mais Sassou avait compris et comme il craint<br />

l’homme des masses, le redoutable, puis imposteur. Il fit tout, lui et ses sbires à l’en<br />

empêcher de venir chez lui. Et l’homme pour qui, nous fîmes ces sacrifices, aujourd’hui, s’est<br />

tourné contre nous et a rejoint celui qui est toujours resté le bourreau de « ses parents », plutôt<br />

ses cobayes car parmi les morts Bernard Kolélas n’avait eu aucun de ses parents, ses fils pour<br />

lesquels il prit le soin de les envoyer à l’étranger. Alors il ne perdit que son chien qui a été<br />

enterré à côté de la morgue de Makélékélé. Je sais où puisque j’ai même photographié sa<br />

tombe.<br />

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C’est d<strong>ans</strong> le cadre de ce séjour que j’ai multiplié les contacts. Entre autres la visite<br />

effectuée chez les Matswanistes (entendez les Corbeaux à Mpissa).<br />

Nous sommes dimanche 11 mai 2001. C’est le jour de prières. J’avais déjà pris rendezvous<br />

auprès des responsables comme quoi, je passerai les rencontrer pour m’entretenir avec<br />

eux au sujet de ce qu’ils avaient vécu d<strong>ans</strong> cette confession le 20 décembre 1998. Le rendezvous<br />

était ferme. Comme on le fait chez nous quand on va voir les parents, j’avais acheté, sel,<br />

sucre, pains, poisson salé, fumé, café, thé, et laissé un bonne petite somme pour leurs besoins<br />

supplémentaires.<br />

Je suis accompagné du Pasteur NKOUNKOU qui, malheureusement est décédé tout<br />

juste quelques jours après cette visite. J’avais cherché à aller vers cette communauté tranquille<br />

et qui n’a jamais fait de mal à quelqu’un. Ce sont des paisibles citoyens parce que depuis<br />

Paris, nous avons appris que ces malheureux et braves gens avaient connu un véritable<br />

massacre lors de cette crise.<br />

Nous sommes arrivés à <strong>10</strong> h 30 tout juste avec l’intention de participer à leur messe.<br />

Mais eux ne l’avaient pas jugé utile. Alors tout s’arrêta simplement à la réception et à<br />

l’entretien. Ils nous installèrent sous un grand baobab, immense comme le drame qu’ils<br />

avaient connu. Un arbre de plus d’une cinquantaine d’année et où, sous son ombre, il règne<br />

une douceur formidable. C’est une femme, la veuve de leur chef assassiné ce 20 décembre,<br />

devenue responsable pour la circonstance qui présida et supervisa l’entretien.<br />

Le Pasteur NKOUNKOU, prenant la parole le premier, me présenta comme l’envoyé<br />

spécial au Dialogue national de Beranrd KOLELAS, interdit par le pouvoir.<br />

Après quoi, il me passa la parole. D<strong>ans</strong> un exposé exhaustif, j’ai loué les valeurs qui<br />

étaient celle de notre Martyr André Grenard Matswa pour lesquelles nous restons très<br />

attachées. Et puis j’ai loué leur nationalisme ambiant qui ne fait aucun mal à la Nation, bien<br />

au contraire. Je leur avais expliqué que quand j’étais jeune, j’ai vu chez moi là où j’ai fait mes<br />

études primaires comment on avait parqué ces matswanistes, qui ne défendaient que leurs<br />

valeurs, leur convictions. Mais mal, interprété par le Pouvoir d’alors, ce qui leur coûta des<br />

réprimandes dégradantes. On leur faisait boire du pipi, on les mettait nus, on les battait et<br />

c’était vraiment humiliant. Et nous quand nous sortions de l’école le soir à 17 heures, on<br />

passait les voir et ne comprenions rien à cette date, pourquoi des humains comme nous étaient<br />

traités de cette façon ? C’était comme des animaux de somme, des personnes qui n’étaient<br />

plus considérées comme nous. C’était comme des marchandises qu’on exposait.<br />

(Et quand je pense que pour ceux qui avaient été déportés d<strong>ans</strong> le Nord du pays, le Blé<br />

Goudé de Youlou à l’époque, était de ces jeunes qui firent beaucoup mal à leurs parents<br />

Quand aujourd’hui, on se réclame de Matswa, il y a un problème. Car on ne peut pas faire son<br />

contraire, en ayant été au devant de ceux qui parquaient les matswanistes, les battaient, les<br />

faisaient subir des monstruosités. On ne se réclame du Matswanisme et faire son contraire en<br />

faisant déporter au purgatoire ses propres parents.<br />

Prenant la parole à son tour Madame la responsable de la Communauté m’expliqua ce<br />

qu’ils ont vécu ce dimanche 20 décembre 1998. Un véritable massacre, un crime bien exécuté<br />

de sang froid avec préméditation. Des gens pourtant pacifiques que même la société a<br />

totalement oubliés. Ils n’ont jamais fait de mal à qui que ce soit ; même pas à une mouche.<br />

« Ils sont venus par de chez le ministre Gérard Bitsindou avec qui, nous avons un mur<br />

mitoyen. C’est par une porte dérobée qu’ils sont rentrés ici. Ils ont cassé le mur et sont venus<br />

vers nous : arrogants et haineux. Nous avons compris qu’ils n’étaient pas là pour prêcher<br />

l’amour. On a eu l’impression qu’ils allaient nous faire rentrer d<strong>ans</strong> l’église. Ils<br />

commençaient à vociférer. Oui c’est vous qui priez pour que Bernard Kolélas revienne, vous<br />

êtes ses féticheurs. On va vous exterminer. Ils nous ont alignés contre le mur de la Chapelle.<br />

Les hommes d’un côté et les femmes de l’autre.<br />

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Ils n’arrêtaient pas de vociférer, prononcer des mots très blessants, qui vomissaient et<br />

sentaient la haine tribale. Ils éjaculaient tellement des monstruosités que nous avions tous été<br />

comme ramenés sur terre, s<strong>ans</strong> illusion. Notre sort était déjà réglé. Ils parlaient tous en<br />

lingala sauf un, leur chef. Maître Massengo Tiassé. Ils ont d’abord fait parler les<br />

femmes, puis les enfants. Ensuite ils ont demandé aux femmes de sortir et de suivre l’Avenue<br />

jusqu’à Poto-Poto. A peine que nous avons tourné le dos, à quelques 300 mètres de là, nous<br />

avons entendu derrière nous des tirs d’armes automatiques. Ils venaient de les abattre. Des<br />

hommes, pour la plus part vieux, très vieux même. Et s<strong>ans</strong> pitié, ils les ont massacrés. Ils<br />

étaient 42 hommes. Seuls deux ont par des moyens mystiques réussi à s’envoler pour se<br />

retrouver au fleuve à quelques mètres (500 à 600 mètres de là. »<br />

Car les Matswanistes, c’est aussi ça, cette force surnaturelle et mystique. J’ai trouvé<br />

l’un des deux survivants qui avait mystiquement pu s’envoler. 45 <strong>ans</strong> pimpants. Il portait une<br />

grosse cicatrice à l’épaule gauche où il était touché. Et Tata Matswa a voulu qu’il y ait ces<br />

deux survivants pour témoigner de la bestialité de notre société.<br />

« Pascal Kintombo né vers 1928, habitant rue Moundongo face au N° 800. Le 18 décembre,<br />

m’expliquent ses enfants, leur papa, M. Kintombo refusa de partir, croyant qu’il serait<br />

épargné par les chiens dressés de Sassou vu son âge avancé. Il sera abattu comme un chien et<br />

nous avons retrouvé son corps le 3 décembre 1999 ici, à l’entrée de la parcelle. »<br />

Témoignage recueilli par Maître MOUDILOU le 28 avril 2001.<br />

« A Makélékélé, au 1333 rue Moundongo, il y a une église qui porte le nom de Charles<br />

Louanga. Lors de l’offensive et du ratissage, plus de 200 familles s’y sont réfugiées. C’était<br />

un site d’hébergement. Les familles avaient cru au sacrilège des lieux qu’on ne pouvait pas<br />

profaner.<br />

Hélas, il n’y a pas une seule église d<strong>ans</strong> le Nord de la république. Donc le sacrilège,<br />

ils s’en battent les pattes. D’ailleurs, si notre pays n’a plus de Cardinal, le seul que le Pape<br />

nous avait ordonné, c’est eux qui l’ont assassiné. Ils ne savent pas ce qu’est ce qu’un<br />

blasphème.<br />

Quand ils sont arrivés ce 23 décembre 1998, ils n’ont pas fait de détail. Ils ont sorti<br />

tout le monde pour les abattre s<strong>ans</strong> autre forme de procès. D<strong>ans</strong> une église, faire ça, c’est<br />

inouï, je ne sais pas ce qu’attend Dieu pour leur rendre fous et leur clouer la langue. Les<br />

tombes de fortune sont encore érigées d<strong>ans</strong> l’enceinte de la paroisse et que j’ai eues le soin de<br />

photographier pour l’histoire et pour le contentieux avec ces salauds.<br />

Un garçon qui avait tenté de fuir avait été abattu à l’angle de la rue, m’expliqua le<br />

Prêtre.<br />

Témoignage recueilli le 28 avril 2001 Maître MOUDILOU.<br />

Des tels témoignages, j’en ai plus de <strong>10</strong> milles recueillis plus principalement à Brazzaville.<br />

Vous lirez tout ça d<strong>ans</strong> mon livre à paraître. Pour le moment, je m’arrête là.<br />

C’ÉTAIT UN GÉNOCIDE CONTRE LE POOL : UN GÉNOCIDE EN BONNE ET<br />

DUE FORME.<br />

Le devoir de ne pas se taire, le devoir de dire, de témoigner. J’ai vu, j’ai vécu beaucoup de<br />

choses d<strong>ans</strong> ma vie, j’ai lu beaucoup de livres qui parlent des sujets de ce genre. J’ai vu des<br />

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peuples s’entre-déchirer, s’entre-tuer. Ce que je vais exprimer par mes propos, ce dont je vais<br />

parler ici, sort du commun. C’est vrai que toutes « les morts sont pareilles, mais par contre,<br />

toutes les morts n’ont pas la même signification »Flanklin BOUKAKA. Surtout quand on<br />

sème la mort s<strong>ans</strong> enjeu.<br />

Pour des raisons personnelles, ayant vécu d<strong>ans</strong> ma chair ce que j’ai vécu, ayant<br />

entendu ce que j’ai entendu, en ayant perdu 26 personnes de ma famille, ayant touché ce que<br />

j’ai touché, ayant filmé et photographié ce que j’ai filmé et photographié, une certaine pudeur<br />

s’impose avant d’écrire ou de parler. J’ai tourné plus de <strong>10</strong>00 fois ma langue, tourné en rond<br />

avant de prononcer ce mot : GÉNOCIDE ô combien bourré des conséquences avant de<br />

prendre l’engagement solennel de me battre pour sa défense. C’est un mot que j’ai épluché,<br />

pesé, effeuillé, jusqu’à atteindre son cœur, le sonder et le dompter.<br />

Je voulais être sûr que mes écrits sont fondés, vifs et surtout ne seront pas morts nés.<br />

Je voulais savoir qu’ils feront jaillir en chacun d’entre nous, une certaine vie, une espérance.<br />

Qu’ils comporteraient une profonde vérité qui aurait pu être celle des victimes, s’il leur était<br />

permis de témoigner.<br />

J’ai écrit, beaucoup écrit même. J’ai cherché, beaucoup cherché les mots justes, ceux<br />

qui font tout de suite comprendre à tout un chacun qui a été victime de cette barbarie, qu’il ne<br />

faut pas désespérer, qu’il faut croire, que nos parents ne sont pas morts pour rien. Que leur<br />

mort, c’est tout un message.<br />

Pourquoi pour ce sujet, j’ai écrit si peu. Tout simplement parce que j’ai peur, peur de<br />

ne pas savoir ou de ne pas être à la hauteur de la tâche. J’ai peur de dire et d’écrire des choses<br />

qui ne seront pas comprises et sur lesquelles on osera dire : « je les ai inventées ». J’ai peur de<br />

dire des choses que personne ne comprendrait. J’ai peur de dire des choses qu’il ne faut pas<br />

dire de peur de me prendre pour un revanchard.<br />

J’ai une peur paralysante, une peur angoissante et une peur d’humilité. Au fond de<br />

moi, seul celui qui n’a pas vécu ce que les populations du Sud de Brazzaville ont vécu peut<br />

encore douter. Le pouvoir toise et méprise avec arrogance, une vérité insondable et<br />

irréversible. Et pourtant l’homme que je suis, le Mukongo que je reste et dont je suis fier et<br />

orgueilleux, le fils du Pool que je demeure, je me dis que si je vis, si je n’ai pas été arraché de<br />

cette putain de vie, alors que plus de <strong>10</strong>0.000 des miens, de ma famille du Pool, ont été<br />

arrachés de cette merde de vie par des bourreaux s<strong>ans</strong> âme et cœur, c’est tout simplement<br />

parce que je devrais être là par hasard pour témoigner, pour parler à leur place, en leur nom.<br />

Parler, non pas pour ceux qui nous ont laissés s<strong>ans</strong> faire trop de vagues, personne n’a le droit<br />

de parler en leur nom, à leur place pour eux. Je m’abstiendrais avec humilité de parler à leur<br />

place car je n’aimerais pas avoir ce monopole que d’aucuns pourraient interpréter comme une<br />

fanfaronnade, vaniteuse, audacieuse et mal placée. Je m’incline et demande pardon<br />

Un jour, ils parleront eux-mêmes à leur façon et j’en suis convaincu que les morts<br />

parlent, elles aussi. Alors et alors, la terre tremblera sur les pieds de leurs auteurs. Pour<br />

l’instant je ne peux faire ce que je suis capable de faire : capter une image par ici, un fragment<br />

d’être par là. Le problème qui se pose aujourd’hui, encore et encore, c’est par où commencer.<br />

A qui raconter cette histoire ?<br />

Mes vieux parents m’avaient enseigné la foi en Dieu, la foi en l’homme, une foi<br />

dangereuse. C’est parce que nous avons eu la foi en un homme que pendant très longtemps,<br />

nous n’avions plus su voir les signes ou capter les signaux de méchanceté, de barbarie qui<br />

peuvent habiter, même les hommes avec qui nous mangions, travaillions, marchions<br />

ensemble.<br />

Les victimes, nos parents, nos oncles, nos frères, nos enfants étaient de douces<br />

personnes qui n’étaient les ennemis de personne, si ce n’est tr<strong>ans</strong>mettre l’amour qui<br />

caractérise l’homme du Pool, un enseignement fait d’humanisme à un monde, à un peuple, à<br />

une frange de peuple qui ne vaut ni d’amour, ni d’humanisme. Vous raconter la vie de ces<br />

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enfants assassinés et qui n’avaient qu’un seul rêve, vivre d<strong>ans</strong> un Congo uni et unitaire, un<br />

Congo où devrait avoir sa place. Aujourd’hui tout ceci semble puéril, utopique, illusoire,<br />

ridicule. Mais à l’époque du Président Youlou et de Jacques Opango, ils voulaient faire<br />

refleurir le Congo d’amour, de joie et de bonheur. Il était inconcevable pour ces deux<br />

personnalités d’en faire autrement que ces deux peuples du Nord et du Sud se soient<br />

massacrés comme ça.<br />

J’ai perdu 26 de mes parents dont mon frère aîné : Thomas BINDIKOU 60 <strong>ans</strong>, était<br />

d’un calme invraisemblable, sûr de lui-même. Il parlait peu si ce n’est pour plaisanter. Il était<br />

quelqu’un qui ne pouvait faire du mal à personne. Il a été massacré. De Jonas Kifoula mon<br />

cadet 39 <strong>ans</strong>, de Aimée Bindikou ma nièce 39 <strong>ans</strong> qui avait su me donner 5 petits neveux et<br />

son mari, furent eux aussi massacrés. De mon autre nièce Yvonne Bahoungoula 38 <strong>ans</strong> ses 4<br />

fils et son mari, furent sortis de leur cachette à Ndzoko et massacrés s<strong>ans</strong> ménagement.<br />

Qu’avaient-ils fait de méchant sur cette terre pour avoir subi une telle réponse ? De mon<br />

cousin Isidore Batantou 51 <strong>ans</strong>, personne handicapée qui ne savait même pas qu’il y avait une<br />

guerre d<strong>ans</strong> le pays. Il était fauché.<br />

Mon oncle Makoumbou 68 <strong>ans</strong>, lui, c’est comme s’il savait qu’il serait fauché<br />

brusquement loin de ma présence. Il eût, les quelques rares moments où j’ai eu la chance<br />

d’être à ses côtés de m’avoir dit l’essentiel qu’un neveu peut attendre d’un oncle en guise<br />

d’héritage. Il est parti nu, s<strong>ans</strong> linceul comme un vulgaire prisonnier alors qu’il méritait toute<br />

ma reconnaissance et tous les égards qu’il pouvait attendre d’un neveu pour avoir fait de moi<br />

ce que je suis. Pire, nous ne savons même pas où gît son petit corps. C’est triste, très triste un<br />

tel sort. Je ne peux pas parler de tout le monde, de mon peuple, de ces petits enfants arrachés à<br />

la fleur de leur âge s<strong>ans</strong> qu’ils aient pu comprendre, ou même cherché à comprendre comment<br />

fonctionne le monde des grands. J’ai peur de pleurer ces vieilles personnes qui n’ont pas pu<br />

se déplacer pour partir comme tout le monde et qui sont mortes allègrement en silence s<strong>ans</strong><br />

faire de vagues. S<strong>ans</strong> pitié pour leur âge, elles ont été massacrées. J’ai peur de pleurer nos<br />

enfants qui se sont farouchement battus pour refuser la tyrannie et la soumission. Ils se sont<br />

battus pour la grandeur l’homme d’abord et du Pool en particulier: je veux parler de<br />

YOGOSHI, Commandant Camille, MOUANA MOUNTOU, KOUFOUA<br />

KOUTELAMA et beaucoup d’autres que je ne peux pas citer parce que je ne connais pas<br />

leurs noms. Je pense à tous ceux là qui n’ont pas pu avoir une sépulture décente, abandonnés<br />

aux chiens, aux chacals, à la nature. Que notre peuple Kongo, vous être reconnaissante. Je<br />

préfère écrire. J’écris en parlant de leur vie qu’ils aimaient à grosses dents. J’essaie de capter<br />

la joie qui était la leur, leur nostalgie, de ceux qui nous ont quittés, ils sont partis nous<br />

abandonnant à nos problèmes quotidiens et laissant le pays d<strong>ans</strong> une situation inextricable, à<br />

la case départ.<br />

Je suis là comme s’ils m’avaient demandé que je témoigne car le rôle du survivant est<br />

toujours de témoigner, au présent comme au passé ; de même que le rôle de témoin est de<br />

maintenir vivante cette vérité du survivant, d<strong>ans</strong> le cadre d’un procès, trouver un silence à la<br />

place d’un mot et une virgule de dire ceci ou cela ou plutôt rien. C’est aussi ça le rôle de<br />

l’écrivain, enfermer d<strong>ans</strong> sa chambre avec ses fantômes. Parce qu’aussi le nom dit est<br />

essentiel, ce que je ne dis pas est essentiel beaucoup plus que les paroles que j’essaie<br />

d’aligner.<br />

Il faut que les morts, que nos victimes sachent qu’elles ne sont pas parties pour rien.<br />

Qu’elles ne sont pas seules d<strong>ans</strong> leur douleur. Il faut qu’elles sachent que nous sommes en<br />

communion harmonieuse avec elles. Notre place est avec elles. Je voudrais entendre leur voix<br />

et elles la mienne. Que nous les aimons de toute notre force et de tout notre cœur.<br />

Les mots nous manquent. Comment raconter les nuits, comment raconter les viols,<br />

comment raconter la douleur muette, car quelque fois, les douleurs sont muettes qui continue<br />

de nous atteindre, de ceux qu’on devrait séparer des leurs qui leur étaient chers ? Comment<br />

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aconter la douleur muette des petits enfants qui ont eu peur de pleurer ? Comment raconter<br />

la douleur de ceux qu’on imposa de marcher vers la mort ? Je n’en sais pas. Comment vous<br />

raconter cette histoire de cette dame qui s’étant déjà cachée avec ses enfants avait pensé<br />

qu’elle ne s’était pas trop bien cachée. Et elle a voulu chercher une autre cachette plus sûre<br />

pour elle. Alors qu’elle marchait, elle fut surprise par les Cobras qui tuèrent le premier fils,<br />

puis le deuxième. Et cette maman de prendre ses deux enfants, les serrer très fort contre elle et<br />

commencé à d<strong>ans</strong>er. Comment raconter cette d<strong>ans</strong>e ? De quelle d<strong>ans</strong>e s’agit-il à cet instant de<br />

la douleur profonde ?<br />

Je ne sais pas, comment vous raconter, vous parler de cette dame qui commençait à<br />

délirer parce qu’on venait de fusiller devant ses yeux de femme largement ouverts, son seul<br />

fils. Je ne sais pas, je ne comprends pas comment un peuple normal peut-il tout d’un coup<br />

chavirer et se tr<strong>ans</strong>former en bourreau ? Comment un Chef d’Etat peut-il ordonner ce genre de<br />

choses contre une autre partie de son peuple ?<br />

Comment ces gens là, quand on sait qu’il y a des universitaires à la tête de leurs<br />

Associations, des militaires aguerris sortis des grandes Ecoles et qui ont appris à épargner la<br />

vie des civils ? Arrivent-ils à dormir aussi paisiblement et normalement s<strong>ans</strong> ne pas faire des<br />

cauchemars ?<br />

J’écris parce que je ne comprends pas chaque fois ce que j’y pense. Je ne comprends<br />

pas et que peut être, je ne comprendrais jamais. J’espère toujours qu’en écrivant, je<br />

comprendrais, comme j’espère aussi allumer la flamme d<strong>ans</strong> certaines mémoires encore<br />

impénétrables et sceptiques. Parce que, toutes les façons, c’est de cela qu’il s’agit en premier.<br />

La mémoire de la justice. J’y crois. Je crois aussi en la culture de mon pays, mais pour moi, la<br />

vérité est plus que cela parce qu’aucune justice n’est plus possible pour les morts. On ne peut<br />

plus les ramener à la vie. Ici, il est question de mémoire parce que le bourreau tue deux fois.<br />

La première fois en tuant et la deuxième fois en tentant d’effacer la mémoire, les traces de ses<br />

monstruosités ; ses meurtres. Sassou veut qu’on en arrive là, à cette perte de mémoire.<br />

Si on n’a pas pu empêcher cette première mort, pour la deuxième, si on le laisse faire,<br />

ce n’est plus sa faute, mais la nôtre. Pire au Congo, d<strong>ans</strong> la partie Nord de notre pays, il y a<br />

des hommes et des femmes qui osent dire qu’il n y a pas eu de génocide. Qui osent dire aux<br />

survivants que tout pouvait justifier leur furie, leur comportement horrible. Mais comment les<br />

peuvent-ils alors que les survivants sont encore debout, alors que les accusés sont encore là,<br />

jamais nous ne leur accorderons la dignité du débat et le moindre bénéfice du doute. C’est<br />

pour cela qu’il faut parler et témoigner pour que les assassins arrêtent de tuer.<br />

Comment a-t-on pu tuer des jeunes de 1 à 20 <strong>ans</strong> et même des fœtus ? Comment a-t-on<br />

pu cohabiter avec des gens de cette espèce ? Comment a-t-on pu s’adapter avec la mort,<br />

connaître son côté mystique ? Parler de la mort, il nous manque la force. On pourra écrire<br />

autant de livres, mais il est difficile de bien la circonscrire. Il faut peut être un livre de silence<br />

ou bien un livre de poésie pour ne pas dire ce qu’il ne faut pas dire.<br />

Le sentiment le plus fort qu’un homme, qu’une femme de notre génération ait connu,<br />

ce n’est pas le sentiment de souffrance qui est atroce, mais la souffrance de voir souffrir. Pour<br />

un enfant de voir souffrir son père ; un père voir souffrir son enfant. Un mari voir souffrir son<br />

épouse. C’est intolérable. On est comme d<strong>ans</strong> un jeu de miroir, voir souffrir son proche par le<br />

reflet du miroir, s<strong>ans</strong> avoir les moyens de la parade, de l’esquiver.<br />

Ici la souffrance est une offrande, c’est quelque chose de noble. Quelque part, il y a eu<br />

comme un sentiment d’abandon. Le Pool s’est senti terriblement seul. Seul devant son drame,<br />

seul devant son génocide. On avait l’impression que le monde nous avait tourné le dos, peut<br />

être que Dieu lui-même avait choisi de tourner son visage. Sinon pourquoi cette solitude, cet<br />

abandon ? Qu’avions nous fait pour mériter tout ça ? On a tenté d’être solidaire les uns, des<br />

autres et c’était extraordinaire que les Bakongos aient été aussi solidaires entre eux. Une<br />

solidarité à l’intérieur de ce monde fou. Le tueur se déshumanisait en essayant de<br />

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déshumaniser les victimes mais, y a-t-il trouvé son compte ? Car les victimes étaient restées<br />

solidaires. Il y avait une telle tendresse et générosité quand au dehors il n’y avait que cruauté<br />

et crimes.<br />

Crimes de guerre car toute guerre est un crime. Les crimes deviennent crimes contre<br />

l’humanité quand ce sont les enfants, les vieillards qui en sont victimes. Il n’y a aucune raison<br />

au monde pour justifier la guerre contre les enfants. Il n’y a aucune raison au monde pour<br />

justifier cette haine contre les enfants. Si nous devons encore vivre 50 <strong>ans</strong> et que je me mette à<br />

compter un à un, je pourrais mourir avant d’atteindre le dernier de ces enfants. Pourquoi cette<br />

haine, pourquoi ces morts, pourquoi pousser la cruauté outre mesure ?<br />

Je ne peux pas être co-descendant en minimisant la mort des autres victimes mais il<br />

faut reconnaître que le plan pour massacrer les Bakongos était un cas à part. Ce n’était pas<br />

une stratégie militaire mais une philosophie, car pour eux, c’est plus important de tuer tous les<br />

Bakongos. Si nous comparons, nous minimisons. Quel regard peut-on porter sur la<br />

collaboration ? Nous avons connu un Pool paternaliste, solidaire. Il faut que le Pool puisse<br />

confronter sa mémoire. Il ne faut pas qu’elle soit étouffée.<br />

Depuis la première guerre contre le Pool, c'est-à-dire en 1992, le passé serait un repère<br />

mais pas une analogie, mais parce qu’on se réfère, qu’on essaie de s’améliorer. Après tant de<br />

guerres, après tant de génocides, qui aurait cru que le Congo sombrerait de nouveau et vivrait<br />

un énième génocide ? Si nous voulons sauver le monde, il nous faut avoir cette porte<br />

commune qu’est celle de la mémoire.<br />

B/ LE POOL SYMBOLE DE RÉSISTANCE CONTRE L’ARBITRAIRE !<br />

D<strong>ans</strong> la conspiration à l’arbitraire, il faut un coup d’arrêt à l’humiliation que Sassou a fait et<br />

continue de faire subir à son peuple notamment contre les fils du Pool. Avec la résistance des<br />

Ninjas, d<strong>ans</strong> le Pool la Démocratie n’a fait que rétablir la légalité constitutionnelle. Elle a dit<br />

halte à Sassou Nguesso car trop, c’est trop. Et ici, elle essaie de reprendre sa revanche sur<br />

l’arbitraire, sur la forfaiture, sur l’imposture enfin sur l’illégalité.<br />

Elle rappelle donc ici que toute justice se doit d’établir la vérité avant de décider des<br />

peines, de forcer le passage en tentant de marcher sur le bien établi. Le PCT et Sassou ont des<br />

très mauvais rapports avec les Congolais de par leur comportement qui froide les cœurs et le<br />

bon sens. C’est un comportement irrégulier. Il y a d<strong>ans</strong> leurs rapports une véritable surenchère<br />

régionaliste, ethnocentrique et partisane. Du coup, le régulateur des consciences doit taper sur<br />

la table. Du coup une réhabilitation du Pool s’impose, elle apparaît comme inconvenante,<br />

mais en même temps elle existe à la vue des choses. Le Pool est la lumière qui singulièrement<br />

éclaire le présent et le futur.<br />

Plus on étudie l’histoire, plus on découvre la méconnaissance de l’histoire réelle<br />

doublée d’un véritable processus de définitions, des mystifications négatives et positives des<br />

enjeux. Quoi qu’on dise, le Pool a subi et continue de subir un calvaire considérable. Cela l’a<br />

rendu sensible aux questions d’injustice ; des injustices fabriquées et inventées par les<br />

machiavels d’Etat : celui du PCT. Même après ce drame, il se fait l’histoire de sa propre<br />

histoire s<strong>ans</strong> se poser en icône des combats présents et futurs. Devant l’émotion et les<br />

mécanismes de la falsification de l’histoire et de la conspiration. Il reste seul leader face à la<br />

dangerosité à la construction de la société future par la raison et le savoir. Il résiste seul face à<br />

l’arbitraire et à ce qui va caractériser l’après Conférence Nationale Souveraine : le viol de la<br />

justice, le sacrifice des innocents. Il est impératif d’indiquer ici pour des générations présentes<br />

et futures que face à des décisions ou à des situations essentielles, l’héroïsme, la résistance<br />

est en chacun d’entre nous. Donner raison au dur combat que mène seul le Pool face à<br />

l’injustice et à la conspiration est une chose essentielle et encourageante. C’est un honneur<br />

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qui est et reste un principe sacré : principe de justice qui rappelle la primauté du droit. On<br />

feint sciemment et de façon avouée d’ignorer volontairement l’héroïsme de la région du Pool,<br />

qui tout le long de notre histoire n’a fourni à elle seule tous les martyrs qui ont inscrit notre<br />

histoire en lettres d’or. 99,9 % de nos héros sont tous originaires du Pool. Qui en dit mieux !<br />

Et qu’on nous les cite.<br />

Aujourd’hui, quand nous visitons notre histoire, nous retenons que nos martyrs<br />

anciens comme contemporains sont originaires du seul courageux Pool : d’où la convoitise, la<br />

jalousie, la haine additionnée d’admiration qui ont marqués toute son existence. Depuis mama<br />

Ndona Béatrice en 1564 à Matswa Grenard André en 1926 ; la suite est fulgurante : Mabiala<br />

Ma Nganga, Bouéta Mbongo, mama Ngounga au point de se poser la question qui nous hante<br />

tous. Où étaient tous les autres ? Etions ou sommes-nous seuls à construire ce pays ? Toutes<br />

les luttes, toutes les résistances ont toutes menées par les seuls ressortissants du Pool comme<br />

si le pays n’étaient peuplés que des seuls fils du Pool. N’ayant pas honte. Des réponses<br />

devraient être apportées à cette question fondamentale et aussi choquante qu’elle puisse<br />

paraître. Le Pool se défend seul devant la vérité de l’histoire contre les préjugés et les<br />

injustices.<br />

Nous sommes devenus comme une tragédie qui constitue un traumatisme profond.<br />

Que des clichés diffus depuis des lustres. L’acharnement contre le Pool n’est pas gratuit, ni<br />

une erreur de parcours ou de jugement mais c’est un « crime politique » Et c’est pourquoi<br />

nous exigeons ici sa réhabilitation historique qui, elle-même est un acte politique. La<br />

République doit gracier et réhabiliter la région du Pool pour tous les maux dont on lui a fait<br />

souffrir. Pour tout l’acharnement. Il s’agit de rendre son honneur injustement compromis. Le<br />

Pool est un moment de la conscience nationale et humaine. Le Pool a toujours été seul, le<br />

témoins vivant victime d’un mensonge d’Etat, de la lâcheté politique, des crimes de l’autorité.<br />

Aujourd’hui, il n’ y a qu’un moyen de prémunir le Congo contre des erreurs nouvelles, contre<br />

des excès de fanatisme dégradant. C’est déraciner tout ce qui du Congo un castre.<br />

POURQUOI QUALIFIE T-ON CES MASSACRES DE GÉNOCIDE ?<br />

Qu’est ce qu’un génocide ?<br />

Le génocide est défini pour la première fois par les Nations Unies d<strong>ans</strong> la résolution<br />

96 de l’Assemblée Générale du 11 décembre 1946 comme « le refus du droit à l’existence à<br />

des groupes humains entiers ». Deux <strong>ans</strong> plus tard, l’Assemblée Générale adopta le 9<br />

décembre 1948 à l’unanimité, une convention pour la prévention et la répression du crime de<br />

génocide. Cette Convention est entrée en vigueur le 12 janvier 1951.<br />

Le Génocide y est défini d<strong>ans</strong> son article II comme :<br />

« l’un quelconque des articles ci-après, commis d<strong>ans</strong> l’intention de détruire, en tout ou en<br />

partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :<br />

a) meurtre de membres du groupe ;<br />

b) atteinte grave à l’intégrité physique ou morale de membres du groupe :<br />

c) soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant<br />

entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;<br />

d) mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;<br />

e) tr<strong>ans</strong>fert forcé d’enfants du groupe à un autre »<br />

Selon les termes de cette définition, qui a du reste été reprise d<strong>ans</strong> la résolution 955 du (mois),<br />

(année) créant trois éléments cumulatifs sont donc nécessaires pour la reconnaissance d’un<br />

génocide :<br />

- un élément matériel, consistant en un ou plusieurs des actes limitativement<br />

énumérés à l’article 11 de la Convention de 1948 :<br />

53


- Un élément moral, résident d<strong>ans</strong> l’intention des criminels de détruire partiellement<br />

ou entièrement un groupe ;<br />

- Une intention spécifique, qui réside d<strong>ans</strong> le choix d’un groupe particulier qui peut<br />

être un groupe national, racial ou religieux. A la différence du crime contre<br />

l’humanité, la définition de génocide comprend l’anéantissement d’une population<br />

pour des motifs politiques.<br />

La qualification de génocide entraîne l’application d’un régime particulier dont les éléments<br />

les plus importants sont l’obligation de traduire les personnes accusées de génocide devant les<br />

tribunaux. L’imprescriptibilité de ce crime, le fait que l’obéissance aux ordres ne peut<br />

exonérer un criminel de sa responsabilité et l’obligation pour les organes compétents des<br />

Nations Unies de prendre les mesures qu’ils jugent appropriées pour la prévention et la<br />

répression des actes de génocide.<br />

EST-CE QUE LE NOMBRE DES VICTIMES ES-IL DÉTERMINENT POUR<br />

QUALIFIER ET PARLER DE GÉNOCIDE ?<br />

Pour parler de génocide, il faut trois éléments constitutifs : l’intention, l’élément<br />

constitutif et l’élément moral.<br />

a) L’intention :<br />

Quant bien même le pouvoir putschiste se soit arrangé pour tenter de cacher le<br />

nombre des victimes parce que le reflet de celles-ci leur faisant peur, peur des remontrances<br />

de la communauté internationale. Peur que ces conséquences causées par cette barbarie et la<br />

mégalomanie ne viennent obscurcir l’imagé déjà très noire et surtout des conséquences qui<br />

pourraient se retourner contre leurs progénitures, leurs petits enfants, alors on préfère garder<br />

le statut quo, garder les population d<strong>ans</strong> une ignorance noire. Mais comme disent mes frères<br />

de la Côte d’Ivoire : « ils ont tiré à terre ». Ils ont oublié et méconnaissent la détermination, la<br />

pugnacité, l’abnégation, la perspicacité et la fougue du fouineur de savoir à tout prix ce qui<br />

s’est exactement passé. Les investigations sulfureuses menées par un homme qui ne veut pas<br />

un seul instant que cette page noire de notre histoire soit abandonnée aux chiens, c’est l’œuvre<br />

exclusive de Maître Tony Gilbert MOUDILOU et son équipe composée des juristes, des<br />

ethnologues, des sociologues, des psychiatres et des psychologues. C’est une force de frappe<br />

autant plus redoutable qu’elle fait trembler déjà parce qu’elle commence, elle ne lâche plus.<br />

C’est un véritable équipe de : DERRICK ET COLOMBO.<br />

Nous connaîtrons jusqu’au fœtus près le nombre des morts que nous a causés le fou et<br />

dangereux Sassou Nguesso et ses sbires appartenant à l’ethnie MBOCHI . C’est sciemment<br />

que nous montrons du doigt cette ethnie. Car elle a été déterminante pour exécuter cette<br />

œuvre macabre. Un génocide ne se fait pas tout seul. C’est tout un groupe d’excités qui sont<br />

aux ordres d’un individu ou d’une idéologie.<br />

Ce qui est sûr et certain, c’est que d<strong>ans</strong> cette œuvre machiavélique, nous estimons à<br />

plus de <strong>10</strong>0.000 à 250.000 victimes causées par la folie d’un homme, le petit frère de Hitler<br />

congolais. Les différents témoignages que nous avons recensés auprès des bandits ou de<br />

certains égarés partis lui donner un sacré coup de main, convergent tous et vont d<strong>ans</strong> le même<br />

sens. Les Willy Mantsanga, les Massengo Tiassé, les Bouissa Matoko et beaucoup d’autres<br />

dont nous taisons les noms pour le moment. Et nous savons que tous ceux-là partis s’échouer<br />

chez notre ennemi, finiront par peler et s’ils ne l’ont pas déjà fait ! Des combattants qui<br />

étaient aux différents fronts nous le confirment chaque jour qui passe en guise de pardon et<br />

de repentir. Plus de 13.765 témoignages recensés vers toutes les couches de notre<br />

communauté sont très explicites. Enfin les centaines de témoignages de tous ceux qui sont<br />

venus se cachés pour ne pas dire (réfugier) en France.<br />

54


J’écoute encore ces 7 personnes terrées comme des rats, traquées et enfouies d<strong>ans</strong> des<br />

cachettes que les chiens dressés n’ont pas pu dénicher; à Makélékélé, à Bacongo et à<br />

Moukoundzi-Ngouaka. Ces gens là qui ont tout entendu, tout vu qui ne sortaient que la nuit et<br />

la journée, étaient terrées d<strong>ans</strong> leurs cachettes. Ils ont suivi tous les mouvements des cobras et<br />

autres bandes armées et enfin le témoignage du plus grand mercenaire français du 20 ème<br />

siècle, j’ai cité BOB DENARD.<br />

En effet, nous sommes en Février 1998, pendant que le Génocide s’exécutait d<strong>ans</strong> le<br />

Pool, Bob Dénard est venu de lui-même comme poussé par un esprit très puissant, celui de<br />

nos morts se confier à moi pour me parler du coup d’Etat du 5 juin 1997 et de ses suites.<br />

Comment, ils se sont retrouvés à l’Ile du Sao Tômé et Principe, jusqu’au moment où ils se<br />

sont retrouvés d<strong>ans</strong> le Nord du Nord la veille du coup d’Etat. Des révélations à en dormir<br />

debout. Et puisque nous les avons enregistrées, le jour venu, nous savons comment les utiliser<br />

contre ceux qui refusent de reconnaître leur responsabilité : pour la reconnaissance du coup<br />

d’Etat et le massacre entretenu et dirigé par la garde présidentielle sur les plus de 352 disparus<br />

du Beach. Ça confirme les films que les militaires de la Présidence du Mont Ngaliéma nous<br />

ont vendus. Ce qu’ils voyaient quand on venait jeter des conteneurs remplis des suppliciés<br />

d<strong>ans</strong> le fleuve.<br />

Les témoignages reçus des victimes, celles qui ont vécu le drame ; l’humiliation, les<br />

frustrations, la malnutrition, la privation toute des médicaments, les épidémies, l’embargo<br />

alimentaire, voulu et imposé par le pouvoir qui abattait tous arbres fruitiers pouvant faire<br />

manger les déportés ; les saccages de tous les champs de plantations trouvés sur leur passage,<br />

l’empoisonnement des eaux des rivières pour pouvoir causer plus de victimes sont autant<br />

d’éléments qui prouvent à suffisance que le génocide était ben et bien planifié, organisé et<br />

exécuté de sang froid par des fanatiques froids et bien décidés. Que le pouvoir voulait faire<br />

beaucoup de victimes. C’était l’objectif avéré et attendu.<br />

Les représentants des Organisations non gouvernementales (ONG), telles que Caritas,<br />

Médecins s<strong>ans</strong> frontière, etc ont fait des témoignages décapants, exhaustifs et circonstanciés.<br />

Ils affirment tous que le mot « GÉNOCIDE » trouve sa place ici au Congo Brazzaville. Il ne<br />

doit en aucun cas ne plus souffrir d’aucun marchandage et d’aucune tractation particulière.<br />

Juridiquement démontré et scientifiquement exécuté, le Génocide tel que défini par les<br />

Nations unies est consommé ici et ne doit plus souffrir d’aucune ambiguïté.<br />

b) Les éléments constitutifs d’un génocide.<br />

Les massacres commis contre les seuls fils du Pool au Pont du Djoué, à Bacongo,<br />

Makélékélé, Bifouiti, Massina, Moukoundzi-Ngouaka, Diata, Mpissa, le Djoué Sud, soit plus<br />

de 50.000 victimes, les morts d<strong>ans</strong> les forêts des enfants, des bébés, des vieillards, des<br />

femmes enceintes, des jeunes, le tri fait au Beach de Brazzaville sur tous ceux qui revenaient<br />

de Kinshasa notamment avec les 352 victimes voire <strong>10</strong>00 selon les dires du Général Bouissa<br />

Matoko et son partenaire, aujourd’hui réfugié en France avec lequel, ils allaient chercher tous<br />

les réfugiés au Congo Kinshasa. D<strong>ans</strong> les documents qu’il nous avait tr<strong>ans</strong>mis, le Général<br />

Bouissa Matoko est clair. « Il y avait plus de <strong>10</strong>00 personnes massacrées au lieu de 352 que<br />

l’équipe du Général Adoua a raflées au Beach »<br />

De l’autre côté, les Cobras et les Forces multinationales recrutées pour la circonstance<br />

afin de venir à bout des seuls fils du Pool, relève d’une autre nature que celle d’un conflit qui<br />

peut arriver entre les fils d’une même société, nation et Etat. Ça existe ou ça déjà existé d<strong>ans</strong><br />

d’autres Etats, mais pour un même malentendu des mêmes fils d’un même pays ; appeler et<br />

recruter des multinationaux, des bourreaux s<strong>ans</strong> âme ni retenue comme Forces pour affliger<br />

plus de morts à une autre partie de la Nation, c’en est trop. Sassou était allé trop loin. Il avait<br />

dépassé les limites de ses prérogatives. Ce récit décapitant écrit avec rage et baigné<br />

d’amertume, je le veux comme tel pour mieux se faire entendre. Il relève d’une autre nature<br />

55


que celle d’un conflit entre concitoyens. Il appartient et l’examen des trois critères rappelés<br />

plus haut va le démontrer, à une logique de génocide.<br />

Les massacres des civils, des citoyens congolais s<strong>ans</strong> arme, ni défense qui devraient<br />

constitutionnellement être protégés par le Chef de l’Etat et de la République qui a juré selon la<br />

Loi le 27 octobre 1997, qu’il était le garant de l’unité nationale et de la sécurité des 3 millions<br />

des Congolais ainsi que de son unité nationale, Sassou a outrepassé ses prérogatives et cédé à<br />

la forfaiture. En choisissant de jouer la carte régionale, Sassou Nguesso montrait son vrai<br />

visage de partisan et de partial, donc tribaliste et régionaliste impénitent.<br />

c) L’élément matériel :<br />

Les témoignages abondent sur ce que l’article 11 de la Convention de 1948 appelle les<br />

meurtres et atteintes graves à l’intégrité corporelle de membres d’un groupe.<br />

Les rapports spécifiques des Organisations non Gouvernementales : Médecins S<strong>ans</strong><br />

Frontière, FIDH, les églises, Caritas, la Croix rouge internationale, les journaux<br />

internationaux rapportèrent tous qu’il se passait un génocide au Congo, quant bien même<br />

que le Pouvoir essayait de boutiquer et de tout cacher. Tous ont appelé la Communauté<br />

internationale à se réveiller.<br />

Les fausses communes trouvées à Mbanza-Ndounga, d<strong>ans</strong> la forêt de Bangou à<br />

Mindouli et au cimetière d’Etatolo ainsi que les milliers des corps vus flotter sur le Fleuve<br />

Congo, les milliers de tombes qui sont encore visibles et toutes filmées et photographiées par<br />

notre équipe d<strong>ans</strong> les rues de Bacongo, Makélékélé, Moukoundzi-Ngouaka, Bifouiti,<br />

Kinsoundi, Ndzoko, Diata, Mpissa, le Djoué sud ; où pourtant il n’eut aucun affrontement<br />

entre les Forces belligérantes prouvent à suffisance la programmation d’une mort préméditée<br />

et une population ciblée.<br />

d) L’élément moral.<br />

La deuxième condition d’un génocide concerne : la volonté objective et délibérée de<br />

détruire, de tuer à grande échelle un groupe particulier, national, ethnique, racial ou<br />

religieux, auquel appartient la victime ou les victimes.<br />

Cette volonté expresse et planifiée a été exprimée contre les fils du Pool et d<strong>ans</strong> les<br />

actes, les faits et les paroles : (les Bokongos) nous allons vous exterminer, nous allons « nous<br />

faire du mukongo ».<br />

Quand le ministre de la Communication, des Informations, Porte Parole du<br />

Gouvernement ainsi que son collègue de l’Intérieur parlent tous deux de « ratisser, mètre<br />

carré par mètre carré »<br />

CONCLUSION :<br />

Il faut comprendre la douleur infinie de toute une région dévastée par l’intolérance, la<br />

diabolisation poussée jusqu’au jeu décisif, jusqu’à la lie, jusqu’au GÉNOCIDE stade<br />

suprême de la mort programmée. Derrière chaque village anéanti, la maison détruite, il y avait<br />

une blessure profonde qui ne s’est jamais refermée. Derrière chaque deuil, d<strong>ans</strong> le cœur et<br />

d<strong>ans</strong> l’âme de chaque fils de la région, chaque orphelin, veuf, veuve, il y avait une douleur<br />

infinie et une souffrance qui ne s’est jamais éteinte.<br />

Ces blessures, ces souffrances, nous ne devons en oublier aucune. La région n’oubliera<br />

jamais ses fils qui se sont battus pour arc-bouter la coalisation mondialisée des Forces du mal.<br />

Nos fils qui se sont battus avec un courage acharné, exemplaire, héroïque et surnaturel. Nos<br />

enfants qui devraient affronter des Forces du mal venues tout simplement assassiner,<br />

massacrer, anéantir à jamais. Nos enfants ont consenti des sacrifices que la région devrait<br />

mémoriser au nom des libertés fondamentales, au refus du diktat d’un homme s<strong>ans</strong> cœur.<br />

56


Aujourd’hui 18 décembre 2008, dix <strong>ans</strong> après ce génocide, alors que les témoins de<br />

cette tragédie sont encore debout, vivants, alors que les plaies sont encore bien saignantes,<br />

alors que les haines ne se sont pas éteintes, que l’esprit est toujours vivace, que le bourreau<br />

n’a jamais reconnu ses forfaits, c’est le temps d’honorer tous nos morts, l’héroïsme qui était le<br />

leur pour affronter l’ennemi avant de sombrer, sur cette terre des grands Héros sur lesquels<br />

furent versées autant des larmes et de sang devant ces milliers de squelettes s<strong>ans</strong> tombes,<br />

semblables les uns des autres, c’est le grand dessein d’une mémoire immortelle.<br />

D<strong>ans</strong> les forêts, sous les pluies, nos combattants poussèrent leur héroïsme jusqu’à<br />

l’extrême limite de leur courage avec pour seule arme décisive, l’amour pour leur région ainsi<br />

que celui de la patrie et la conviction de défendre une juste cause, des valeurs, un idéal. Leur<br />

conscience demeura éveillée. Le miracle fut que nos héros s’étaient lancés d<strong>ans</strong> cette aventure<br />

jusqu’à la fin d’être sensibles à la souffrance. On vit jusqu’au bout des larmes, du sang couler<br />

sur leurs visages farouches quand la mort frappait à côté d’eux. On vit jusqu’au bout nos<br />

enfants qui avaient appris en tirant les grandes leçons de nos ancêtres, à endurer les pires<br />

épreuves. Nos enfants courageux, nos enfants de devoir, mais nos enfants qui souffraient, des<br />

enfants qui affrontèrent une peur meurtrière. Des enfants avec un cœur, une âme, une<br />

conscience. La guerre les a endurcis, mais aussi horrible fut-elle, elle ne tua jamais en eux ce<br />

qu’il y avait de plus profondément humain.<br />

Ils furent grands nos enfants qui endurèrent les pires souffrances. Ils affrontèrent les<br />

plus grands dangers, côtoyèrent la mort tous les jours. Ils consentirent aux plus grands<br />

sacrifices.<br />

Souvenons-nous de leurs souffrances, elle est la clé de notre salut, d’une délivrance.<br />

Nous avons aussi une forte pensée à ceux qui n’ont pas tenu, à ceux qui n’ont pas résisté à la<br />

pression trop forte, à l’horreur trop grande. Nous avons une forte pensée à ceux des nôtres qui<br />

sont morts par l’épuisement, souvent abandonnés au bord de la route d<strong>ans</strong> une marche forcée<br />

dont ils ne pouvaient continuer le rythme imposé et pour les quels l’instinct de survie n’a pas<br />

pu absorber.<br />

Enfin souvenons-nous du souvenir immortel, celui de ne pas oublier à jamais. Dix <strong>ans</strong><br />

après, n’oublions jamais la douleur profonde qui est la nôtre, celle qui est restée muette. C’est<br />

un véritable devoir de mémoire qu’il faut garder allumée, éveillée.<br />

Fait à Paris le 18 décembre 2008.<br />

Maître Tony Gilbert MOUDILOU<br />

Membre du MCDDI, Président de l’A.E.D.R.A.<br />

(Agir pour des Espaces Démocratiques et<br />

Républicains en Afrique)<br />

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