créer et animer des réseaux en arts plastiques « territoires urbains
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CRÉER ET ANIMER DES RÉSEAUX<br />
EN ARTS PLASTIQUES<br />
Bassin d’Éducation <strong>et</strong> de Formation Rou<strong>en</strong> gauche<br />
<strong>«</strong> TERRITOIRES URBAINS »<br />
Pistes pédagogiques<br />
Natacha P<strong>et</strong>it<br />
natachacecile.p<strong>et</strong>it@orange.fr ou natacha-cecile.p<strong>et</strong>it@ac-rou<strong>en</strong>.fr
Introduction<br />
Définitions<br />
Pistes pédagogiques<br />
1 Foule <strong>et</strong> multiplicité<br />
2 Lumières artificielles<br />
3 Espaces verts<br />
4 Usines <strong>et</strong> zones industrielles<br />
5 Photographies urbaines<br />
6 Apocalypse<br />
7 Mutations<br />
8 Cartographie <strong>et</strong> plan<br />
9 Itinérances<br />
10 Voyage <strong>en</strong> ville<br />
11 Architecture de fortune<br />
12 Comman<strong>des</strong> publiques<br />
13 In situ<br />
14 Ville écran<br />
Propositions sollicitations<br />
Citations<br />
Cahier <strong>des</strong> charges du catalogue<br />
Ressources locales<br />
Arts de la rue <strong>et</strong> du spectacle<br />
Réseau communication locale<br />
Arts Plastiques<br />
Le coin <strong>des</strong> curieux<br />
Bibliographie<br />
SOMMAIRE
Introduction<br />
L'Europe est aujourd’hui triomphalem<strong>en</strong>t urbaine. L’espace rural <strong>et</strong> les populations rurales<br />
s’am<strong>en</strong>uis<strong>en</strong>t alors que se multipli<strong>en</strong>t les villes, mégalopoles, communautés urbaines <strong>et</strong> technopoles.<br />
La ville pr<strong>en</strong>d forme par <strong>des</strong> urbanistes, architectes, aménageurs, sociologues, paysagistes. La<br />
situation urbaine est l’aboutissem<strong>en</strong>t d’une transformation qui a lieu au fil du temps. Pour saisir la<br />
nature <strong>et</strong> l’histoire de c<strong>et</strong>te mutation qui s'accomplit, il suffit dans notre <strong>«</strong> civilisation de l’image »<br />
d’<strong>en</strong> montrer les séqu<strong>en</strong>ces.<br />
La ville <strong>et</strong> la rue mèn<strong>en</strong>t un double jeu : elles montr<strong>en</strong>t <strong>et</strong> cach<strong>en</strong>t. Dehors, on affiche <strong>et</strong> on s'affiche.<br />
Dedans, on mène ses affaires, on vit privé. L'intime habite le v<strong>en</strong>tre de l'architecture <strong>et</strong> les lieux<br />
collectifs comme les gares, cinémas, collèges, s'activ<strong>en</strong>t. La rue est un théâtre où les individus, mais<br />
aussi, la société toute <strong>en</strong>tière, se donne <strong>en</strong> représ<strong>en</strong>tation.<br />
Pour la plupart de nos élèves du Bassin d’Éducation <strong>et</strong> de Formation Rou<strong>en</strong> gauche, la ville est la<br />
toile de fond de leurs vies. Les rues, les immeubles, les bâtim<strong>en</strong>ts sont familiers mais aussi parfois<br />
m<strong>en</strong>açants. Ils constitu<strong>en</strong>t le cadre non seulem<strong>en</strong>t de leurs interactions sociales mais aussi de quelque<br />
chose de plus sombre, plus viol<strong>en</strong>t. Les cités s'ét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t <strong>et</strong> devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus semblables au<br />
point d'être une <strong>en</strong>tité t<strong>en</strong>taculaire. Quelles sont les conséqu<strong>en</strong>ces de ce phénomène sur la manière<br />
dont ils appréh<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t l’univers urbain <strong>et</strong> leur rapport au monde ? Quelle vision port<strong>en</strong>t-ils de ces<br />
lieux si familiers que sont leur quartier, leur immeuble ou leur établissem<strong>en</strong>t ? Comm<strong>en</strong>t exprim<strong>en</strong>tils<br />
leur relation à la ville ? La ville-accumulation est-elle un <strong>en</strong>semble de souv<strong>en</strong>irs collectifs ? Se<br />
s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t-ils étranger à c<strong>et</strong> <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ?<br />
Nous proposons alors de travailler à partir de c<strong>et</strong>te réflexion commune portée sur les <strong>«</strong> Territoires<br />
<strong>urbains</strong>» <strong>et</strong> d’am<strong>en</strong>er les élèves à proposer une réalisation plastique personnelle à partir de ces<br />
questionnem<strong>en</strong>ts. Que ce soit au collège ou au lycée, nous favorisons de plus <strong>en</strong> plus la pratique <strong>des</strong><br />
élèves du côté de la recherche, de l'exploration. Les élèves, <strong>en</strong> situation de problématiser un concept,<br />
t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>des</strong> réponses qui m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> œuvre d'autres procédés que <strong>des</strong> réalisations bidim<strong>en</strong>sionnelles.<br />
L'espace de la ville, du collège ou du lycée, de la classe peut alors dev<strong>en</strong>ir le lieu de réflexion <strong>et</strong> de<br />
création, composantes ess<strong>en</strong>tielle de leur questionnem<strong>en</strong>t.<br />
Le travail autour du proj<strong>et</strong> personnel de l'élève l'oblige donc à t<strong>en</strong>ir compte de ces nouveaux<br />
paramètres <strong>et</strong> de ces interrogations. Il leur faut trouver une cohér<strong>en</strong>ce dans l'<strong>en</strong>semble de leurs<br />
recherches <strong>et</strong> leur proposer <strong>des</strong> pratiques diversifiées : l'installation, les formes provisoires <strong>et</strong><br />
éphémères, la déambulation, la construction à partir d’obj<strong>et</strong>s de récupération, le ready made, l'action,<br />
le happ<strong>en</strong>ing,... c'est avec les élèves une manière d'interroger l'espace urbain <strong>et</strong> décloisonner les<br />
champs d'activité.
Définitions<br />
Dictionnaire historique de la langue française. Éd. Le Robert.<br />
TERRITOIRE n.m est emprunté au latin classique territorium <strong>«</strong> ét<strong>en</strong>due sur laquelle vit un groupe humain »<br />
<strong>et</strong> <strong>en</strong> latin chréti<strong>en</strong>, <strong>«</strong> pays, paysage », dérivé de terra, terre dont une forme altérée à donner terroir.<br />
Le mot, avec ses variantes, terr<strong>et</strong>oire, terratoire, teritore, territoire, est rare avant le XVIIIe siècle <strong>et</strong> se<br />
répand au XVIIIe s. (Montesquieu, Rousseau). Il désigne d’abord une ét<strong>en</strong>due de terrain sur laquelle est<br />
établie une collectivité, spécialem<strong>en</strong>t qui relève d’une juridiction (1680), de l’autorité d’un État (1756).<br />
Aujourd’hui, il est employé <strong>en</strong> éthologie (XXe s.) à propos de l’espace qu’un animal se délimite <strong>et</strong> dont il<br />
interdit l’accès à certains animaux, s<strong>en</strong>s employé par analogie <strong>en</strong> parlant <strong>des</strong> humains. Par métaphore, il<br />
correspond aussi à domaine, <strong>en</strong> parlant de ce qu’une personne considère comme si<strong>en</strong>, égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> sci<strong>en</strong>ces <strong>et</strong><br />
<strong>en</strong> philosophie.<br />
PAYS n.m est issu du latin médiéval pag<strong>en</strong>sis, qui signifie proprem<strong>en</strong>t <strong>«</strong> habitant du canton ». Par la suite, le<br />
mot a pris le s<strong>en</strong>s de <strong>«</strong> compatriote » <strong>et</strong> celui de <strong>«</strong> campagnard ».<br />
En français le mot s’est longtemps écrit païs, il désigne une région géographique habitée, plus ou moins<br />
n<strong>et</strong>tem<strong>en</strong>t délimitée, <strong>et</strong>, selon <strong>des</strong> critères plus rigoureux, une division territoriale considérée <strong>des</strong> points de vue<br />
géographique <strong>et</strong> humain : dès La chanson de Roland (1080), il est employé pour désigner l’Espagne, la<br />
Barbarie (le Maghreb), la France. Dans une acceptation restreinte, pays recouvre la contrée, le territoire auquel<br />
on apparti<strong>en</strong>t, dont on est originaire, dont on a la charge, la partie, <strong>en</strong> particulier dans <strong>des</strong> expressions <strong>et</strong><br />
locutions dont être bi<strong>en</strong> de son pays (1611), péjorativem<strong>en</strong>t <strong>«</strong> être simple, naïf », sortie d’usage, du pays<br />
(1671) <strong>«</strong> du terroir dont on parle », avoir la maladie du pays (1718) étant remplacée par avoir le mal du pays.<br />
Par ext<strong>en</strong>sion, le mot s’applique au domaine attribué à diverses réalités ou abstractions : <strong>en</strong> anci<strong>en</strong> français, il<br />
désigne ainsi l’<strong>en</strong>fer, dans doloros païs <strong>«</strong> pays de douleur » (1140) <strong>et</strong>, au XVIIIe siècle, il donne lieu à<br />
quelques emplois métaphoriques <strong>et</strong> allégoriques, comme le Pays du T<strong>en</strong>dre de Mlle de Scudéry, dont la carte<br />
est célèbre.<br />
ESPACE n .m . Est un emprunt du XII s. Au latin spacium <strong>«</strong> champs de course, arène », puis <strong>«</strong> espace libre,<br />
ét<strong>en</strong>due, distance » <strong>et</strong> aussi <strong>«</strong> laps de temps, durée ». Le mot est d'origine obscure.<br />
-Espace, indifféremm<strong>en</strong>t masculin ou féminin <strong>en</strong> anci<strong>en</strong> <strong>et</strong> <strong>en</strong> moy<strong>en</strong> français, s'est introduit avec une valeur<br />
temporelle, la plus fréqu<strong>en</strong>te avant le XVIIIe s. (dans, l'espace d'un mois).<br />
-Espace repr<strong>en</strong>d <strong>en</strong>suite (v.1200) le s<strong>en</strong>s de <strong>«</strong> surface déterminée, ét<strong>en</strong>due » puis, <strong>en</strong> ne considérant qu'une<br />
seule dim<strong>en</strong>sion (1314), celui de <strong>«</strong> distance, intervalle », d'où l'allocution d'espace <strong>en</strong> espace de <strong>«</strong> distance <strong>en</strong><br />
distance » <strong>et</strong> <strong>des</strong> emplois spéciaux <strong>en</strong> imprimerie (1680), où le féminin est conservée s'est conservé (une<br />
espace), puis <strong>en</strong> musique (1755) <strong>et</strong> récemm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> journalisme (espace d'annonces). -Espace a eu aussi un s<strong>en</strong>s<br />
figuré, <strong>«</strong> écart, différ<strong>en</strong>ce ».<br />
Le mot se dit <strong>en</strong>suite (milieu du XVIIIe s, Du Bellay) pour <strong>«</strong> ét<strong>en</strong>due <strong>des</strong> airs » <strong>et</strong> pour <strong>«</strong> volume déterminé ».<br />
-C'est au XVIIe s. qu'il devi<strong>en</strong>t un terme sci<strong>en</strong>tifique (1647, Descartes) avec la valeur de <strong>«</strong> milieu dans lequel<br />
ont lieu les phénomènes observés », désignant <strong>en</strong> géométrie le milieu abstrait <strong>des</strong> phénomènes étudiés (1691).<br />
-Par ext<strong>en</strong>sion du s<strong>en</strong>s <strong>«</strong> ét<strong>en</strong>dues <strong>des</strong> airs », il est employé pour désigner l'espace céleste (1662, Pascal),<br />
acception sortie d'usage au pluriel (Les espaces), d'où au figuré (XVIIIe s.) espaces imaginaires <strong>«</strong> rêve,<br />
utopie » <strong>et</strong> l'expression se perdre dans les espaces imaginaires <strong>«</strong> se <strong>créer</strong> <strong>des</strong> idées chimériques » (av.1778).<br />
-Une valeur réc<strong>en</strong>te correspond à <strong>«</strong> mom<strong>en</strong>t, cadre» (une espace de dialogue).<br />
-Espace <strong>«</strong> ét<strong>en</strong>due» est employé dans quelques expressions du XXe s : espace vital <strong>«</strong> territoire rev<strong>en</strong>diqué<br />
comme indisp<strong>en</strong>sable », espace aéri<strong>en</strong> (v.1960), espace vert, <strong>«</strong> lieu planté (parc, jardin) dans une ville ». Le<br />
mot est à la mode pour <strong>«</strong> lieu aménagé » (pour <strong>des</strong> manifestations spectacles, ...)<br />
Par ext<strong>en</strong>sion du s<strong>en</strong>s d ' <strong>«</strong> espace céleste », il désigne aussi au XXe s. le milieu extra-terrestre (la conquête de<br />
l'espace).<br />
-En physique, dans la théorie de la relativité, espace-temps (XXe s) se dit du milieu à quatre dim<strong>en</strong>sions où<br />
quatre variables sont considérées comme nécessaires pour déterminer un phénomène.
LIEU n. m. attesté <strong>en</strong> anci<strong>en</strong> français sous les formes loc. (Xe s . ) , leu (1050) puis lieu ( vers 1120) est issu<br />
du latin locus <strong>«</strong> lieu, place, <strong>en</strong>droit » qui sert à traduire le grec topos (topo; isotope, topique, utopie) <strong>et</strong> <strong>en</strong> a<br />
repris les s<strong>en</strong>s techniques (médecine, littérature) <strong>et</strong> rhétorique. Locus a égalem<strong>en</strong>t reçu le s<strong>en</strong>s figuré de <strong>«</strong><br />
situation, rang ». Son étymologie n'est pas claire.<br />
Lieu, apparu avec son s<strong>en</strong>s général de <strong>«</strong> portion déterminée d'espace », est aussi pris spécialem<strong>en</strong>t dans lieu<br />
saint (v.1150) <strong>«</strong> temple, église » dont le pluriel les lieux saints est attesté ultérieurem<strong>en</strong>t pour désigner les<br />
lieux de la vie de Jésus <strong>en</strong> Palestine.<br />
La plupart <strong>des</strong> s<strong>en</strong>s du mot sont apparus au XVIe s. <strong>et</strong> <strong>en</strong> langue classique: il <strong>en</strong>tre dans lieu public (v.1538)<br />
employé <strong>en</strong> géométrie.<br />
SITE n. m. attesté vers 1303, est issu du latin situs <strong>«</strong> position, situation », spécialem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> parlant d'une ville,<br />
<strong>et</strong> <strong>«</strong> situation prolongée », d'où <strong>«</strong> état d'abandon, jachère », aussi <strong>«</strong> moisissure, rouille », <strong>«</strong>sal<strong>et</strong>é corporelle ».<br />
Site est d'abord dit pour <strong>«</strong> place, emplacem<strong>en</strong>t ». Il n'est ré attesté qu'<strong>en</strong> 1347, puis <strong>en</strong> 1512, spécialisé depuis<br />
le XVIIe s. (1660, d’Aubigné, texte posthume ; site d'une place de guerre) au s<strong>en</strong>s de <strong>«</strong> configuration d'un<br />
lieu, du terrain, où s'élève une ville, manière dont elle est située au point de vue de son utilisation par<br />
l'homme ».<br />
Par ailleurs, le français de la R<strong>en</strong>aissance a emprunté à l'itali<strong>en</strong> sito le s<strong>en</strong>s de <strong>«</strong> partie de pays considéré du<br />
point de vue pittoresque, de l'esthétique », valeur employée depuis le XVIe s. (1580, Montaigne) pour parler<br />
de la disposition générale <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts d'un paysage.<br />
Au XXe s. le s<strong>en</strong>s classique de <strong>«</strong> disposition esthétique d'un paysage » a été réactivé, par exemple dans<br />
protection <strong>des</strong> sites, site classé. Par ailleurs, site archéologique désigne tout lieu où s'effectu<strong>en</strong>t <strong>des</strong> fouilles.<br />
Site propre (1965) <strong>«</strong> <strong>en</strong>droit réservé à la circulation <strong>des</strong> véhicules de transport <strong>en</strong> commun » un terme<br />
administratif.<br />
Par calque de l'anglo-américain site, le mot s'applique aux adresses du réseau Intern<strong>et</strong> où l'on peut obt<strong>en</strong>ir <strong>des</strong><br />
informations.<br />
En <strong>arts</strong> <strong>plastiques</strong> : Comm<strong>en</strong>t savoir si c'est de l'art? Ed. BELIN<br />
ESPACE Il existe plusieurs types d'espaces:<br />
Espace <strong>en</strong> deux dim<strong>en</strong>sions ou bidim<strong>en</strong>sionnel. Sur un support <strong>en</strong> deux dim<strong>en</strong>sions (espace littéral), il est<br />
possible de représ<strong>en</strong>ter la profondeur <strong>et</strong> l'espace (espace suggéré). L'artiste peut donner l'illusion que ce qu'il<br />
représ<strong>en</strong>te est <strong>en</strong> volume. Il peut égalem<strong>en</strong>t donner l'illusion que <strong>des</strong> volumes (<strong>des</strong> corps ou <strong>des</strong> obj<strong>et</strong>s) se<br />
trouv<strong>en</strong>t à différ<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>droits dans c<strong>et</strong> espace suggéré, <strong>et</strong> cela sur une feuille de papier ou tout autre support.<br />
L'espace littéral est, quant à lui, l'espace physique (réel) offert par le support brut. On parle de l'espace littéral<br />
de la feuille de papier ou de d'espace plan. C<strong>et</strong> espace limité possède <strong>des</strong> dim<strong>en</strong>sions <strong>et</strong> une matérialité propre<br />
qui dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t totalem<strong>en</strong>t du support.<br />
Espace <strong>en</strong> trois dim<strong>en</strong>sions ou tridim<strong>en</strong>sionnel. L'espace <strong>en</strong> trois dim<strong>en</strong>sions est physiquem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> réel <strong>et</strong> les<br />
sculpteurs sont confrontés aux rapports de leurs œuvres avec c<strong>et</strong> espace. Il <strong>en</strong> est de même pour les<br />
architectes. L'espace suggéré est la profondeur représ<strong>en</strong>tée sur un support (papier, carton, toile, ...) par<br />
différ<strong>en</strong>ts moy<strong>en</strong>s comme la perspective, la succession <strong>des</strong> plans)<br />
Au s<strong>en</strong>s général, l'espace est une ét<strong>en</strong>due indéfinie, un milieu sans borne qui conti<strong>en</strong>t <strong>des</strong> ét<strong>en</strong>dues finies,<br />
superficielles ou limitées. C'est <strong>en</strong> <strong>arts</strong> <strong>plastiques</strong> le lieu d'investigation de l'artiste.
P<strong>et</strong>it Lexique de l’Art Contemporain, Robert Atkins, ABBEVILLE PRESS<br />
In situ : une œuvre in situ est exécutée <strong>en</strong> fonction du lieu où elle est montrée, pour y jouer un rôle actif. Elle<br />
revêt souv<strong>en</strong>t la forme de l’installation, mais peut se limiter à une interv<strong>en</strong>tion plus discrète de l’artiste, telle<br />
que l’apposition d’une plaque sur un mur, voire de quelques coups de pinceau seulem<strong>en</strong>t. La notion de<br />
dialogue <strong>en</strong>tre l’acte artistique <strong>et</strong> son site, développé comme un artiste tel que Daniel Bur<strong>en</strong>, a pris une<br />
ext<strong>en</strong>sion particulière avec le Land Art.<br />
Installation : dans l’art contemporain, le mot installation désigne <strong>des</strong> œuvres conçues pour un lieu donné, ou<br />
du moins adapté à ce lieu. Ses divers élém<strong>en</strong>ts constitu<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t qui sollicite une participation<br />
plus active du spectateur. Pour éviter les connotations statiques, certains artistes préfèr<strong>en</strong>t parler de dispositifs.<br />
En règle générale, l’installation échappe au marché de l’art, même si on peut <strong>en</strong> avoir quelques unes exposées<br />
<strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce dans certaines collections de musées. Elles sont prés<strong>en</strong>tées p<strong>en</strong>dant une courte période, puis<br />
démontées <strong>et</strong> ne subsist<strong>en</strong>t plus que par <strong>des</strong> docum<strong>en</strong>ts photographiques<br />
Land-art : le terme anglais de land-art s’est implanté dans le vocabulaire français alors même que les<br />
Américains le troquai<strong>en</strong>t contre earth art. Il recouvre une t<strong>en</strong>dance qui s’est <strong>des</strong>sinée dans la seconde moitié<br />
<strong>des</strong> années 1960 autour de deux préoccupations : le refus opposé à l’aspect de plus <strong>en</strong> plus commercial de<br />
l’art, <strong>et</strong> l’intérêt pour le tout nouveau mouvem<strong>en</strong>t écologique. Tous ces artistes intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>t sur<br />
le paysage <strong>et</strong> affront<strong>en</strong>t les élém<strong>en</strong>ts naturels.<br />
De manière générale, les représ<strong>en</strong>tants du Land-art expos<strong>en</strong>t les photographies qui témoign<strong>en</strong>t de leur travail<br />
intransportable par définition.
Foule <strong>et</strong> multiplicité<br />
La ville est le lieu de l’innombrable <strong>et</strong> de la multiplicité. Les gran<strong>des</strong> cités d’aujourd’hui compt<strong>en</strong>t plusieurs<br />
millions d’habitants, liés à l’afflux de population rurale attirée au XIXe siècle par la révolution industrielle <strong>et</strong><br />
les <strong>«</strong> lumières » de la ville. Ce fleuve humain qui s’écoule dans les rues <strong>et</strong> ce phénomène de saturation est une<br />
source d’inspiration pour un grand nombre d’artistes à comm<strong>en</strong>cer par Gustave Doré qui publia <strong>en</strong> 1872 ses<br />
gravures londoni<strong>en</strong>nes. La ville comme un creus<strong>et</strong> diabolique, dissout toute individualité. Les visages sont<br />
innombrables, la masse indistincte. La ville est l’œuvre <strong>des</strong> foules <strong>et</strong> <strong>des</strong> solitaires. Comm<strong>en</strong>t les élèves<br />
perçoiv<strong>en</strong>t-ils l’autre, les autres ? Dans sa quête de définition, sa comparaison à l’autre peut-elle être un<br />
révélateur ?<br />
Albert Birkle,<br />
Leipzigerstrasse, toile<br />
1923<br />
Edith Tudor Hart, Demonstration,<br />
South Wales, photographie 1935<br />
Sabine Delcour, photographie<br />
Théophile Steinlein, La Manifestation,<br />
toile, 1905<br />
Frans Masereel, Planche<br />
extraite de La Ville,<br />
gravure, Paris, 1925<br />
Gordon Crocker,<br />
Couple <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ue de soirée,<br />
Picadilly Circus, London,<br />
photographie, 1936<br />
L<strong>en</strong>z, Prom<strong>en</strong>ade sur le ring,<br />
Toile, 1900<br />
Gustave Doré,<br />
Asile pour les déshérités à East End, toile, 1870<br />
Gustave Doré,<br />
Traversée de Londres <strong>en</strong> train, 1872,<br />
esquisse<br />
Otto Dix,<br />
Rue de Prague, toile<br />
1920<br />
James Ensor,<br />
La Mort pourchassant<br />
les citoy<strong>en</strong>s, ou le<br />
Triomphe, 1892<br />
Gary Winogrand, New York,<br />
photographie<br />
Gary Winogrand, New York,<br />
photographie<br />
Robert Doisneau,<br />
Les Deux Frères, 1934, photographie
Lumières artificielles<br />
Les lanternes à huile, les torches, les chandelles, les bougies, la pyrotechnie, les lampadaires, la fée électricité… La<br />
maîtrise de la lumière est le signe de l’originalité technique du monde urbain <strong>et</strong> peut être, son <strong>«</strong> artificialité ». C<strong>et</strong>te<br />
diffusion de la lumière artificielle, liée à l’industrialisation, vi<strong>en</strong>t se mêler aux changem<strong>en</strong>ts du mode de vie, du pouvoir<br />
<strong>et</strong> de la technique. Et avec la lumière, c’est le panorama urbain qui change. L’éclairage public multiplie les jeux<br />
d’ombres <strong>et</strong> de lumières, les sources de clarté. Il créé une nébuleuse d’étoiles, alignées ou distribuées de manière plus ou<br />
moins cohér<strong>en</strong>te. C<strong>et</strong>te nouvelle réalité r<strong>en</strong>contre <strong>des</strong> courants artistiques : Fauvisme <strong>et</strong> Futurisme qui exprim<strong>en</strong>t un<br />
même intérêt au mouvem<strong>en</strong>t, à la d<strong>en</strong>sité <strong>des</strong> couleurs <strong>et</strong> <strong>des</strong> figures. Puis, sous un prétexte urbain, c’est la<br />
décomposition <strong>des</strong> rayons, le prisme <strong>des</strong> couleurs qui séduis<strong>en</strong>t Robert <strong>et</strong> Sonia Delaunay. Avec les tubes <strong>et</strong> luminaires<br />
fluoresc<strong>en</strong>ts, le Bauhaus rêve d’une autre architecture à travers l’éclairage. Grâce à la lumière <strong>des</strong> buildings, la séparation<br />
du dehors <strong>et</strong> du dedans s’efface <strong>et</strong> l’aspect formel du bâtim<strong>en</strong>t trouve une nouvelle expression. La vision nocturne se<br />
substitue à celle du jour <strong>et</strong> redéfinit le paysage urbain. Comm<strong>en</strong>t les élèves perçoiv<strong>en</strong>t-ils l’espace urbain la nuit<br />
v<strong>en</strong>ue. Quel autre regarde porte-t-il sur lui ?<br />
Alain BUBLEX, Plan voisin de Paris<br />
(V2 circulaire secteur 20), 2008<br />
Charles Lacoste, Café, la<br />
nuit à Bordeaux, 1896<br />
Franz Radziwill, La Rue, 1928<br />
Jacob Steinhardt, La Ville,<br />
1913<br />
Atkinson Grimshaw,<br />
Refl<strong>et</strong>s sur la Tamise, toile, 1880<br />
Lionel Feininger, Ville au<br />
clair de lune, 1916<br />
André Devambez, La Charge,<br />
toile, 1902<br />
Lewis Baltz,, Piazza Sigmund<br />
Freud, 1989<br />
Pierre Jahan, Luna-park la<br />
nuit, Paris, Porte Maillot, 1933<br />
Carel Willink, Vue de ville, toile,<br />
1934<br />
Sonia Delaunay, Etude de la<br />
lumière, Boulevard Saint Michel,<br />
1913<br />
Louis Hay<strong>et</strong>, Fête foraine la nuit,<br />
toile, 1888<br />
Christian Schud, Rue <strong>en</strong><br />
été, 1916<br />
Alvin Coburn, Les quais de la<br />
Tamise, la nuit, gravure, 1905<br />
Carl Saltzmann, Premier<br />
éclairage électrique de rue à<br />
Berlin, 1884<br />
Robert Doisneau, Arcueil la nuit,<br />
photographie, 1946<br />
Sonia Delaunay, Prismes<br />
électriques, toile, 1914
Espaces verts<br />
La végétation a toujours fait partie intégrante de l’espace urbain : les maraîchers, les jardins monastiques,<br />
royaux ou patrici<strong>en</strong>s, les parcs paysagers, les squares… Mais la fréqu<strong>en</strong>tation <strong>des</strong> espaces verts au XIXe siècle<br />
était l’apanage de la haute société <strong>et</strong> aux plus populaires étai<strong>en</strong>t les lieux de plaisirs jardinés. Les bois péri<br />
<strong>urbains</strong>, comme les jardins <strong>et</strong> squares, sont les lieux de prom<strong>en</strong>a<strong>des</strong> où se confront<strong>en</strong>t dans l’anonymat toutes<br />
les classes de la société, se rassembl<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>tes générations <strong>et</strong> se socialis<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>fants. Si les élèves ont<br />
joués <strong>en</strong>fants dans ces squares, comm<strong>en</strong>t perçoiv<strong>en</strong>t-ils aujourd’hui ce poumon de verdure de l’espace<br />
urbain ?<br />
Arman, Long Term Parking,<br />
1982, accumulation Fondation<br />
Cartier, Jouy-<strong>en</strong>-Josas<br />
Bernard Leitner, Le Cylindre<br />
sonore, 1987, jardin <strong>des</strong> Bambous,<br />
parc de la Vill<strong>et</strong>te<br />
Charles Lacoste, Prom<strong>en</strong>eurs dans<br />
un jardin public, toile, 1899<br />
Claes Old<strong>en</strong>burg, La Bicycl<strong>et</strong>te <strong>en</strong>sevelie, 1990, Parc de la Vill<strong>et</strong>te, Paris<br />
Jean-Pierre Raynaud, 1000 pots<br />
bétonnés <strong>et</strong> peints pour une serre<br />
anci<strong>en</strong>ne, 1986, FRAC Br<strong>et</strong>agne.<br />
Jean Dubuff<strong>et</strong>, L'arbre aux<br />
figures, 1988, Parc d'Issy les<br />
Moulineaux<br />
Malcom Drummond, Au parc Saint<br />
James, toile, 1912<br />
William Degouve de Nuncques,<br />
Nocturne au Parc Royal de<br />
Bruxelles, toile, 1897<br />
Charles Marville, le Bois de<br />
Boulogne à Paris, photographie,<br />
1858<br />
Guiseppe P<strong>en</strong>one, Arbres <strong>des</strong><br />
Voyelles, 1999, Paris, Jardins <strong>des</strong><br />
Tuileries<br />
Robert Irwin, Nine spaces, nine<br />
trees, 1983, Publics Sav<strong>et</strong>y<br />
Building Plaza, Seattle<br />
Giono Severini, Printemps à<br />
Montmartre, 1908<br />
Félix Vallotton, Jardins du<br />
Luxembourg, toile, 1895<br />
James Macintosh Patrick,<br />
The City Gard<strong>en</strong>, 1940<br />
Robert Irwin, The C<strong>en</strong>tral Gard<strong>en</strong>,<br />
1997, Photographie du jardin du<br />
J.Paul G<strong>et</strong>ty Museum
Usines <strong>et</strong> zones industrielles<br />
Les peintres fascinés par la ville s’intéress<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t à l’animation <strong>des</strong> faubourgs <strong>et</strong> <strong>des</strong> périphéries. Les<br />
toiles sont ponctuées de cheminées d’usines symbolisant le travail <strong>et</strong> non la pollution. La ville-champignon<br />
s’inscrit dans ce nouveau paysage qui a tant fasciné Van Gogh. Comm<strong>en</strong>t repérer les limites de la cité, c<strong>et</strong>te<br />
clôture qui détermine les zones industrielles ? L’intrusion de l’usine, nouveau château fort hérissé de<br />
cheminées comme autant d’oriflammes, symbolise la modernité, la fièvre économique <strong>et</strong> la production.<br />
L’économie a investi le paysage. Comm<strong>en</strong>t l’élève perçoit-il c<strong>et</strong> autre visage de la ville ?<br />
Albert R<strong>en</strong>ger-Patzsch, Paysage<br />
industriel de la Ruhr,<br />
photographie, 1930<br />
Bert Hardy, En <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dant vers la rivière<br />
Tyne, Newcastle, photographie, 1950<br />
Christopher Nevinson, Le Chemin de<br />
Halage à Camdem Town, la nuit,<br />
1912, toile<br />
Bernd <strong>et</strong> Hilla Becher, Fours à chaux,<br />
photographies, 1984-1994<br />
Fernand Léger, Les disques dans la ville,<br />
toile, 1920<br />
Claude Lévêque, Down the Stre<strong>et</strong>, 2008, 10ans du FRAC de Sotteville<br />
Juan Gris, Maisons à Paris,<br />
toile, 1911<br />
Gino Severini, Le Train de banlieue<br />
arrivant à Paris, 1915<br />
Frans Masereel, Planche<br />
extraite de l'ouvrage La Ville,<br />
Paris, 1925
Léopold Survage, Les Usines,<br />
huile sur toile, 1914<br />
Maximili<strong>en</strong> Luce, Le Faubourg à<br />
Montmartre, 1887<br />
Otto Möller, Les vacarme de la rue,<br />
Huile sur toile, 1920<br />
Mario Sironi, Paysage urbain,<br />
1922<br />
Melvin Charney, Fragm<strong>en</strong>ts de la ville<br />
oubliée, N6, 1984<br />
Lyonel Feininger, Gasom<strong>et</strong>er in Berlin<br />
Schöneberg, 1912<br />
Théophile Steinlein, Paysages d'usines,<br />
Huile sur toile, 1895<br />
Wassily Kandinsky, Ville<br />
industrielle, huile sur<br />
toile, 1912<br />
Marianne Werefkin, Ville<br />
industrielle, huile sur toile1912<br />
Yves Tanguy, Rue de la Santé, 1925
Photographies urbaines<br />
Depuis son inv<strong>en</strong>tion, la photographie a changé notre perception au monde <strong>et</strong> a été l’instrum<strong>en</strong>t d’expression<br />
visuelle rapidem<strong>en</strong>t investi d’une mission sci<strong>en</strong>tifique, docum<strong>en</strong>taire, archéologique <strong>et</strong> historique. La ville,<br />
modèle statique qui autorise <strong>des</strong> longs temps de pause, est dev<strong>en</strong>ue un <strong>des</strong> suj<strong>et</strong>s de prédilections <strong>des</strong><br />
photographes. Une <strong>des</strong> premières photographies de Daguerre <strong>en</strong> 1839 représ<strong>en</strong>te le boulevard du Temple à<br />
Paris. Grâce au négatif papier, la diffusion de l’image a lieu <strong>et</strong> la photographie apparait seule capable de<br />
suivre le rythme <strong>des</strong> transformations de la ville. Elle est la mémoire de tout ce qui donne un nouveau visage à<br />
la cité, <strong>et</strong> ainsi garde le souv<strong>en</strong>ir <strong>des</strong> constructions éphémères, <strong>des</strong> manifestations. Dans la conquête du<br />
mouvem<strong>en</strong>t, la photographie est relayée, dès 1895, par le cinéma <strong>des</strong> frères Lumière : Tramways place <strong>des</strong><br />
Cordeliers à Lyon, Arrivée d’un train <strong>en</strong> gare de La Ciotat qui traduis<strong>en</strong>t l’effervesc<strong>en</strong>ce de la ville. Entre les<br />
années tr<strong>en</strong>te <strong>et</strong> cinquante la place de la photographie urbaine est mo<strong>des</strong>te avec la <strong>«</strong> photographie humaniste ».<br />
Puis, elle est tirée <strong>en</strong>tre 2 pôles, le surréalisme avec Boiffard pour Nadja d’André Br<strong>et</strong>on, <strong>et</strong> le cubisme qui<br />
exalte les structures métalliques de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t moderne. En 1933, Brassaï publie Paris la nuit, sa vision<br />
poétique de la ville comme décor magique pour piéton rêveur. En 1956, Roland Barthes écrit Mythologies,<br />
Robert Franck photographie les États-Unis, William Klein publie New-York, un livre qui frappe avec la<br />
brutalité <strong>des</strong> mégalopoles, lui-même inspiré par Bill Brandt, pénétré de surréalisme <strong>et</strong> fasciné par la<br />
monum<strong>en</strong>talité <strong>des</strong> docks noirs de Londres. Dans les années 70, la vision insol<strong>en</strong>te de Lee Friedlander <strong>et</strong> de<br />
Gary Winogrand montre l’anarchie <strong>des</strong> banlieues. C<strong>et</strong>te influ<strong>en</strong>ce rejoint H<strong>en</strong>ri Cartier Bresson Moscou,<br />
1955. Devant la croissance expon<strong>en</strong>tielle <strong>des</strong> mégalopoles modernes, la photographie interroge la société <strong>et</strong><br />
nombreux sont ceux pour qui la ville devi<strong>en</strong>t l’occasion de constructions visuelles : Bernard Plossu, Gabriele<br />
Basilico, Jean-Philippe Charbonnier, … Proposer aux élèves de photographier leur ville, c’est leur perm<strong>et</strong>tre<br />
d’exprimer leur perception de l’espace urbain <strong>et</strong> donc leur perception au monde. Comm<strong>en</strong>t peut-il le<br />
questionner, le comm<strong>en</strong>ter <strong>et</strong> s’inscrire dans c<strong>et</strong> espace ?<br />
Alex Jordan, Sans-abris à Belleville,<br />
rue Juli<strong>en</strong> Lacroix, 1987<br />
Anonyme, La Cité de la Mu<strong>et</strong>te<br />
à Drancy, 1936<br />
Charles Marville, Les Halles<br />
c<strong>en</strong>trales à Paris, 1868<br />
Alfred Stieglitz, Instantané à<br />
Paris, 1911<br />
Bernard Plossu, Banlieue de<br />
Gr<strong>en</strong>oble, 1970<br />
Charles Marville, Percem<strong>en</strong>t de<br />
l'av<strong>en</strong>ue de l'Opéra à Paris, 1877<br />
Anonyme, Barricade, chaussée<br />
Ménilmontant p<strong>en</strong>dant la<br />
Commune de paris, 1871<br />
Bill Brandt, Novembre <strong>en</strong><br />
banlieue, 1935<br />
Charles Marville, Place de<br />
Vintimille à Paris, 1874<br />
Anonyme, Chantier du<br />
métropolitain, place Saint<br />
Michel, Paris, 1907<br />
Charles Marville, Boulevard<br />
Hausmann à Paris, 1876<br />
Charles Marville, Vespasi<strong>en</strong>ne<br />
devant le théâtre de l'Ambigu à<br />
Paris, 1874
Elisab<strong>et</strong>h L<strong>en</strong>nard, Le mur de<br />
Berlin vus de l'Ouest, 1980<br />
Leonard Freed, La Cité de nudistes<br />
au Cap d'Agde, 1980<br />
Gabriel Basiloco, Le Havre, les<br />
abords de la Maison de la culture,<br />
1984<br />
John Davies, La Ville de Virgo,<br />
Espagne, 1992<br />
Waldemar Titz<strong>en</strong>thaler,<br />
Reichskanzlerplatz, Berlin, 1909<br />
Werner Mantz, Siedlung Köln-<br />
Kalkerfeld, 1930<br />
Joachim Bonnemaison, Le Très Grand<br />
Chantier de la ville, Cosmomorphose,<br />
1993<br />
Robert Demachy, Péniches sur le<br />
canal Saint Martin, Paris, 1916<br />
Eugène Atg<strong>et</strong>, La Zone extramuros,<br />
Porte d'Ivry, 1910<br />
Francis Frith, Blackpool, la ville<br />
balnéaire, 1897<br />
H<strong>en</strong>ri Cartier Bresson, Bidonville à<br />
Nanterre, 1968<br />
R<strong>en</strong>é-Jacques, Zone d'habitat<br />
pavillonnaire à Forbach, 1950<br />
Walter B<strong>en</strong>ington, Sur les toits,<br />
1903
Apocalypse<br />
Lors de la Première guerre mondiale, l’imagerie urbaine <strong>des</strong> artistes d’avant-garde témoigne de la corrélation<br />
<strong>en</strong>tre la scène urbaine <strong>et</strong> les représ<strong>en</strong>tations d'apocalypse : Ludwig Meidner, Otto Dix, Georges Grosz … Les<br />
forces de <strong>des</strong>truction <strong>et</strong> les détails architecturaux s’y confront<strong>en</strong>t. La Seconde Guerre mondiale ajoute à la<br />
toponymie <strong>des</strong> lieux de guerre les noms de sites <strong>urbains</strong>. Guernica de Picasso ouvre c<strong>et</strong>te liste <strong>en</strong> avril 1937,<br />
bouclée par Oradour-sur-Glane de Fautrier. L’allégorie, comme Rotterdam de Zadkine, ne s’impose pas pour<br />
les artistes qui évoqu<strong>en</strong>t les villes détruites <strong>et</strong> massacres perpétrés sur les populations urbaines, les noms <strong>des</strong><br />
lieux absorb<strong>en</strong>t à eux seuls le s<strong>en</strong>s <strong>et</strong> le nom <strong>des</strong> œuvres. 2 164 pierres, monum<strong>en</strong>t contre le racisme, de<br />
Joch<strong>en</strong> Gerz, 1993, est une installation, à Sarrebruck, qui se réduit aux noms <strong>des</strong> localités alleman<strong>des</strong> où se<br />
trouvai<strong>en</strong>t un cim<strong>et</strong>ière juif, noms gravés sous la face <strong>en</strong>fouie <strong>des</strong> pavés. C<strong>et</strong>te démarche marque une étape<br />
dans la consci<strong>en</strong>ce collective <strong>et</strong> l’expression de l’indicible. Comm<strong>en</strong>t l’élève peut se saisir de l’évènem<strong>en</strong>t<br />
historique lié à la toponymie ? En quoi le nom de la ville induit-il l’œuvre ?<br />
Felix Nüssbaum, Les damnés,<br />
toile, 1944<br />
Ludwig Meidner, Paysage<br />
Apocalyptique, 1913<br />
Tullio Crali, En piqué sur la ville, toile,<br />
1939<br />
Reggie Speller, Livraison du lait<br />
p<strong>en</strong>dant les bombardem<strong>en</strong>ts de<br />
Londres, 1940<br />
Jacques Monory, Hommage à Caspar<br />
David Friedrich, 1975<br />
Pablo Picasso, Mère avec <strong>en</strong>fant mort,<br />
étude préparatoire pour Guernica, 1937<br />
Otto Dix, Crépuscule à<br />
Ypres, toile, 1918<br />
Willi Beulter, Vue prise de l'Eglise<br />
de la Réconciliation, 1947<br />
Natalia Gontcharova, La<br />
Ville damnée, lithographie,<br />
1914<br />
Heinrich<br />
M.Davringhaus<strong>en</strong>, La<br />
Guerre, toile, 1914<br />
Ossip Zadkine, La Ville<br />
détruite, bronze, 1947<br />
Ludwig Meidner, Rue,<br />
<strong>en</strong>cre, 1913<br />
Léa Grundig, La Bombe<br />
atomique, <strong>des</strong>sin, 1948<br />
George Grosz, Explosion,<br />
<strong>en</strong>cre, 1917
Mutation<br />
A travers ses mutations, ses transformations <strong>et</strong> ses bouleversem<strong>en</strong>ts, passages à <strong>des</strong> états successifs, la ville se<br />
redéfinit. Tiraillée <strong>en</strong>tre la bureaucratisation <strong>et</strong> la commercialisation à outrance, l’amoncellem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> grands<br />
<strong>en</strong>sembles de tours <strong>et</strong> de barres <strong>et</strong> l’individualisme pavillonnaire <strong>des</strong> lotissem<strong>en</strong>ts, vouée au culte du<br />
gigantisme <strong>et</strong> de la planification, la ville s’écartèle <strong>en</strong>tre son c<strong>en</strong>tre <strong>et</strong> sa périphérie <strong>et</strong> développe ses propres<br />
pollutions. Un dialogue <strong>en</strong>tre la ville <strong>et</strong> les artistes s’instaure. C<strong>et</strong> échange <strong>en</strong>tre créativité <strong>et</strong> ville apparait<br />
dans <strong>des</strong> œuvres <strong>et</strong> <strong>des</strong> interv<strong>en</strong>tions d’artistes qui se pos<strong>en</strong>t davantage comme témoins <strong>et</strong> acteurs que comme<br />
simples visionnaires : ils perçoiv<strong>en</strong>t <strong>et</strong> représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t la situation urbaine dans ses fonctionnem<strong>en</strong>ts <strong>et</strong><br />
dysfonctionnem<strong>en</strong>ts, du rêve au réel.<br />
H.A. Schult, Laboratoire bio<br />
cinétique, collage, tech mixtes, 1972<br />
Michel Down, Chemical Suns<strong>et</strong>,<br />
collage obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> peinture, 1986<br />
Robert Combas, La Tour de Babel,<br />
1990<br />
Schulz-Neudamm,<br />
Affiche pour Métropolis<br />
de Fritz Lang, 1926<br />
Miquel Navarro, La Ville, terre<br />
cuite <strong>et</strong> zinc, <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, 1984<br />
Umberto Boccioni, La ville qui monte,<br />
peinture, 1910<br />
Horst Von Harbou, maqu<strong>et</strong>te<br />
simulant l'espace urbain de<br />
M<strong>et</strong>ropolis, 1926<br />
Maryvonne Arnaud,<br />
Tchernobyl, assemblage de<br />
tirages cibachrome, 1993<br />
Patrick Tosani, Hauteville, Cibachrome 1983<br />
Wolf Vostel, Basel in B<strong>et</strong>on, photographie<br />
aéri<strong>en</strong>ne de Bâle, crayon <strong>et</strong> plâtre 1970
Alain Blondel <strong>et</strong> Laur<strong>en</strong>t Sully-Jaulmes,<br />
Photos constat triple ; l'image du temps<br />
dans le paysage urbain 1905<br />
Giacomo Balla, Profondeurs<br />
dynamiques, fusain, 1912<br />
François Schuit<strong>en</strong>, Panorama de la ville de<br />
Calvani; archéologie d'une cité imaginaire<br />
du cycle <strong>des</strong> Cités obscures. 1989<br />
Gilbert Fats<strong>en</strong>aek<strong>en</strong>s, Essai pour une<br />
archéologie imaginaire, photo, 1984<br />
Jean Dubuff<strong>et</strong>, Rues <strong>et</strong> immeubles de la<br />
ville, époxy peint au polyuréthane, 1969<br />
Idem, Place Victor Hugo, 1972 Idem, Place Victor Hugo, 1993<br />
Gilbert <strong>et</strong> Georges, Flat Man, 1991, extrait<br />
Guergui Lakoulov, Métropole, huile,<br />
1912<br />
Anne <strong>et</strong> Patrick Poirier, Mnémosyme, la ville<br />
introuvable du sil<strong>en</strong>ce, de la mémoire <strong>et</strong> de l'oubli,<br />
Bois collé, 1991<br />
François Kollar, Saint Eti<strong>en</strong>ne,<br />
photomontage, 1930<br />
Gerhard Richter, Paysage urbain,<br />
toile, 1969<br />
Jurg Krei<strong>en</strong>bühl, Les HLM de<br />
Nanterre, acrylique, 1968<br />
Coop Himmelblau, Cities that beat like a<br />
heart, maqu<strong>et</strong>te plastique, bois, 1967
Cartographie <strong>et</strong> plan<br />
La dim<strong>en</strong>sion politique du lieu est r<strong>en</strong>due manifeste par les rev<strong>en</strong>dications territoriales. Des guerres éclat<strong>en</strong>t<br />
au nom de la préservation ou de l'élimination de telle ou telle frontière. Frontières qui ne sont que <strong>des</strong> traces<br />
idéologiques laissées sur la terre. Certains artistes se consacr<strong>en</strong>t à l'observation <strong>des</strong> conflits, d'autres<br />
s'interrog<strong>en</strong>t sur ces limitations spatiales. D'autres <strong>en</strong>core s'intéress<strong>en</strong>t à la cartographie (représ<strong>en</strong>tation<br />
codifiée d'un lieu) dans un espace représ<strong>en</strong>té. Les cartes ont un impact visuel <strong>et</strong> une multitude d’aspects :<br />
panoramas avec hauteurs de montagnes <strong>et</strong> longueurs de fleuves, cartes marines ou du ciel, carte routière ou<br />
plan de métro, plans de cité médiévale ou cartes <strong>des</strong> époques préhistoriques… A travers la cartographie, c’est<br />
égalem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> illustrations <strong>des</strong> perceptions du monde que l’on découvre. Am<strong>en</strong>er les élèves à se questionner<br />
sur la notion de territoire <strong>et</strong> à la cartographie, c'est les am<strong>en</strong>er à porter un regard sur tous les lieux du monde<br />
dont chaque nom est lié à une émotion, un évènem<strong>en</strong>t historique, l'inconnu, l'autre. Comm<strong>en</strong>t les élèves<br />
peuv<strong>en</strong>t-ils questionner <strong>et</strong> se saisir de la carte ?<br />
Anci<strong>en</strong>ne Cité Mexicaine,<br />
Germany 1865<br />
Base africaine d'une carte du<br />
XVème s. Allemagne, 1895<br />
Carte maritime de Constance,<br />
Roumanie, Grande Br<strong>et</strong>agne 1968<br />
Australian tree bark<br />
drawing, Germany, 1923<br />
Carte Japonaise<br />
Carte de Chine, Chine<br />
1984<br />
Carte Japonaise<br />
Anci<strong>en</strong> Plan de Shanghai, Chine,<br />
France, 1888<br />
Carte de Paris Guillermo Kuitca, Torino,<br />
Acrylique sur toile, 1991
Carte de la Lune, Allemagne, 1881<br />
Mme de Scudéry, La Carte du t<strong>en</strong>dre,<br />
XVIIème<br />
Jasper Johns, Carte, huile sur toile,<br />
1961<br />
Plan du Parc Monceau, France, 1878 Pictographs by North of American<br />
Indians, USA<br />
Paul <strong>et</strong> Jean de Limbourg,<br />
Homme zodiacal, Les Très<br />
Riches Heures du Duc de<br />
Berry, 1410-1416<br />
Pierre Cordier, Topogramme<br />
d'une grande ville, 1992,<br />
chimigramme sur papier photo<br />
Richard Long, Two walks, Dartmoor,<br />
carte <strong>et</strong> photographie, 1972<br />
Richard Texier, Eclipse de<br />
lune, 2006, acrylique sur toile<br />
Plan d'une ville Tartare <strong>et</strong> chinoise,<br />
France 1884<br />
Plan d'une ville japonaise<br />
Plan de Jérusalem d'un<br />
manuscrit du XIVème siècle,<br />
France 1884
Itinérances<br />
Si l’on regarde l’histoire de l’art - l’histoire <strong>des</strong> œuvres - sur une longue durée, l’on s’aperçoit que la question<br />
de la mobilité a été ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t traitée par les artistes à travers la figure de l’homme qui marche, de<br />
l’arp<strong>en</strong>teur. C<strong>et</strong>te figure peut pr<strong>en</strong>dre plusieurs visages : le piéton, le pèlerin, le manifestant, le flâneur, le<br />
pénit<strong>en</strong>t…. Dès les années 1960 un certain nombre d’artistes ont fait du déplacem<strong>en</strong>t le moy<strong>en</strong> privilégié voire<br />
quasi exclusif de leur création. L’artiste britannique Richard Long se déplace dans les paysages de la planète<br />
<strong>en</strong> laissant <strong>des</strong> traces de ses marches. Hamish Fulton considère qu’il ne peut pas y avoir de travail artistique<br />
sans marche : <strong>«</strong> no walk, no work » proclame-t-il <strong>et</strong> fait de la mobilité le seul ferm<strong>en</strong>t de son œuvre qui peut<br />
pr<strong>en</strong>dre la forme de photos. A chaque fois c’est bi<strong>en</strong> marcher qui devi<strong>en</strong>t un synonyme de <strong>créer</strong>. Mais si ces<br />
artistes investiss<strong>en</strong>t la nature, le paysage, les marcheurs plus contemporains font de la ville le théâtre exclusif<br />
de leurs périples. A la fin <strong>des</strong> années 1980 <strong>et</strong> au début <strong>des</strong> années 1990 sont apparus <strong>des</strong> marcheurs, <strong>des</strong><br />
piétons, qui ont développé dans <strong>des</strong> <strong>territoires</strong> <strong>urbains</strong> <strong>des</strong> dérives, <strong>des</strong> flâneries, <strong>des</strong> déplacem<strong>en</strong>ts à partir<br />
<strong>des</strong>quels ils ont élaboré un <strong>en</strong>semble d’œuvres. On peut citer Francis Alÿs, de Gabriel Orozco ou du groupe<br />
d’architectes romains Stalker. Chez eux, marcher est un moy<strong>en</strong> artistique, politique d’interroger le monde tel<br />
qu’il va, de s’y insérer, de le transformer à partir d’actes, de gestes frappants. Ainsi la circulation devi<strong>en</strong>t ici<br />
l’autre nom d’une condition contemporaine dont ils sont poétiquem<strong>en</strong>t les explorateurs. Si l’on devait trouver<br />
<strong>des</strong> antécéd<strong>en</strong>ts pour caractériser ces démarches - mot à utiliser dans tous ses s<strong>en</strong>s - l’on pourrait citer la figure<br />
du flâneur baudelairi<strong>en</strong> analysée par Walter B<strong>en</strong>jamin mais égalem<strong>en</strong>t la pratique de la dérive telle que les<br />
situationnistes l’ont mise <strong>en</strong> valeur. Comm<strong>en</strong>t les élèves peuv<strong>en</strong>t-ils <strong>créer</strong> un parcours de flâneries ou une<br />
excursion artistique ? Comm<strong>en</strong>t, à travers ce cheminem<strong>en</strong>t, peuv<strong>en</strong>t-ils montrer l’invisible ?<br />
Jiangxi Zhong Lu, Shangai,<br />
Thomas Struth, 1996<br />
Umberto Boccioni,<br />
Forces d'une rue, huile<br />
sur toile, 1911<br />
Laur<strong>en</strong>t Tixador <strong>et</strong> Abraham<br />
Poincheval, L'inconnu <strong>des</strong><br />
grands horizons, 2002<br />
Lost in Translation,<br />
Sophia Coppola, 2004<br />
Royal de Luxe, Le Havre, 2006<br />
Controleman, Collecteur Ranelagh,<br />
Londres, 2008<br />
Bojan Sarcevic, Sans titre, Bangkok, 2002<br />
Stanley Cursiter, Ce qu'on<br />
éprouve <strong>en</strong> traversant la rue,<br />
huile sur toile, 1913
Voyage <strong>en</strong> ville<br />
La ville, lieu d’échange, lieu de communication : information, culture, consommation, dynamisme, mouvem<strong>en</strong>t, sont les<br />
fondem<strong>en</strong>ts de la ville d’aujourd’hui. La mobilité caractérise les relations <strong>en</strong>tre les villes, les quartiers, <strong>et</strong> devi<strong>en</strong>t la<br />
nature même de l’urbain. La multiplicité <strong>des</strong> moy<strong>en</strong>s de transport perm<strong>et</strong> l’ext<strong>en</strong>sion de la cité <strong>et</strong> <strong>en</strong>traîne, par voie de<br />
conséqu<strong>en</strong>ce, la division <strong>en</strong>tre les c<strong>en</strong>tres <strong>et</strong> les périphéries. Le paysage urbain est de plus <strong>en</strong> plus marqué par tout ce qui<br />
concerne le déplacem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> personnes. Les transports <strong>en</strong> commun perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t le nécessaire fonctionnem<strong>en</strong>t de la ville à<br />
travers ses quartiers <strong>et</strong> jusqu’aux banlieues t<strong>en</strong>taculaires, mais ils pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une place importante dans l’espace <strong>et</strong><br />
rythm<strong>en</strong>t la vie quotidi<strong>en</strong>ne par un incessant va <strong>et</strong> vi<strong>en</strong>t. Le mouvem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> citadins, les rangés de véhicules, la vitesse<br />
du métro, la mécanisation sollicit<strong>en</strong>t le regard <strong>des</strong> artistes qu’ils s’agiss<strong>en</strong>t <strong>des</strong> futuristes, <strong>des</strong> expressionnistes. Comm<strong>en</strong>t<br />
les élèves peuv<strong>en</strong>t-ils caractériser ces <strong>«</strong> temps modernes » ? Quel regard porter sur ces axes de circulation <strong>et</strong> moy<strong>en</strong>s de<br />
communication ?<br />
Aleksandra MIR, First<br />
woman on the moon, 1999<br />
Captain Alfred Buckham, Le<br />
cœur de l'Empire, photo 1926<br />
Carlo Carrà, Piazza Del Duomo,<br />
huile, 1910<br />
Fortunato Depero, Subway, la<br />
Foule aux trains souterrains,<br />
<strong>en</strong>cre sur carton1930<br />
Aleksandra MIR, Plane landing # 07,<br />
2008.<br />
Charles Ginner, Piccadilly<br />
Circus, huile, 1912<br />
Germaine Krull, trafic parisi<strong>en</strong>,<br />
place de l'Etoile, photo, 1926<br />
Ernst Ludwig Kirchner, La Porte<br />
de Brandebourg, huile, 1929<br />
Ergy Landau, Gare Saint-Lazare,<br />
1934<br />
André Derain, Pont de Charing<br />
Cross, huile, 1906<br />
Gerardo Dottori, En vol au-<strong>des</strong>sus du pays à<br />
trois c<strong>en</strong>ts kilomètres à l'heure, 1930<br />
Ernst Ludwig Kirchner,<br />
Nol<strong>en</strong>dorfplatz, Berlin,<br />
1912<br />
Félix Nadar, Premiers essais de<br />
photographies aérostatiques de la Place de<br />
l'Etoile, 1858<br />
Léonard Misonne, Le Trottoir<br />
mouillé, Bruxelles, photo, 1932
Les Frères Lumière, Tramway<br />
place <strong>des</strong> Cordeliers à Lyon,<br />
photogramme, 1897<br />
Raoul Hausmann, Berlin,<br />
photographie, 1931<br />
Victor Brauner, La Ville qui rêve, huile sur<br />
bois, 1937<br />
Yves Tanguy, Rue de la Santé, huile sur<br />
toile, 1925<br />
Mario Sironi, Avion jaune<br />
avec paysage urbain,<br />
gouache, collage, 1915<br />
Edvard Munch, Rue de Rivoli,<br />
huile, 1891<br />
Nikolaus Braun, Scène de rue à<br />
Berlin, huile, 1921<br />
Fortunato Depero, Simultanéités<br />
métropolitaines, huile sur toile, 1946<br />
Alexandre Bogomazov,<br />
Tram, 1914<br />
Mario Sironi, Synthèse de<br />
paysage urbain, huile, 1919<br />
Wassily Kandinsky, La Place<br />
Rouge, huile sur toile, 1917<br />
Paul Géniaux, Grands boulevards<br />
sous la neige, photo 1900<br />
Youri Pim<strong>en</strong>ov, Le Nouveau Moscou, huile<br />
sur toile, 1937<br />
Sante Monachesi,<br />
Desc<strong>en</strong>te <strong>en</strong> feuille<br />
morte sur Rome, 1940
Architectures de fortune<br />
Le Grand Architecte de l’univers <strong>et</strong> créateur de toutes choses est une image qui est dev<strong>en</strong>ue réalité : le monde<br />
est un grand bâtim<strong>en</strong>t. Les avant-gar<strong>des</strong> ont rêvé sur ce thème, les constructivistes comme les artistes du<br />
Bauhaus, lieu d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> de conjugaison <strong>en</strong>tre art <strong>et</strong> architecture dans l’Allemagne <strong>des</strong> années 20.<br />
Notre univers est construit, <strong>en</strong>vahi par l’expansion d’une architecture ininterrompue. Notre paysage de la ville<br />
est une grande source d’inspiration pour les peintres, artistes <strong>et</strong> plastici<strong>en</strong>s. Les artistes qui ont pour démarche<br />
le bâti comme mode de développem<strong>en</strong>t de la forme dans l’espace, se nourriss<strong>en</strong>t de l’architecture : modèle de<br />
travail <strong>et</strong> <strong>en</strong>jeu par rapport au réel. La sculpture abstraite a ouvert la voie aux réalisations actuelles qui sont à<br />
l’échelle de la ville. Elles sont libres de toutes contraintes : matériaux, échelles, économies, durées… Ces<br />
réalisations architecturales <strong>«</strong> attir<strong>en</strong>t l’att<strong>en</strong>tion sur les failles » selon Dan Graham, devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t hybri<strong>des</strong> <strong>en</strong>tre<br />
manteau <strong>et</strong> maison comme Les Demeures d'Éti<strong>en</strong>ne Martin ou <strong>des</strong> architectures de fortune de Tadashi<br />
Kawamata. De manière ludique, re<strong>créer</strong> sa cabane ou châteaux précaires est pour l’élève le moy<strong>en</strong><br />
d’interroger l’espace <strong>et</strong> la représ<strong>en</strong>tation d’une architecture improbable.<br />
Jordi COLOMER, Anarchitekton<br />
(Brasilia), 2004<br />
Jordi COLOMER, Anarchitekton<br />
(Osaka), 2004<br />
Melvin Charney, Les Maisons de<br />
la rue Sherbooke, 1979<br />
Dan Graham, Proj<strong>et</strong> de parc urbain,<br />
Cylindre <strong>en</strong> miroir n double-face dans<br />
un cube, installation sur le toit du Dia<br />
C<strong>en</strong>ter for the Arts, NY, 1981-1991<br />
Tadashi Kawamata, Travaux <strong>des</strong><br />
champs, Hanovre, 1997<br />
Gordon Matta-Clark, Clivage,<br />
1974<br />
Tadashi Kawamata, L'Eglise détruite,<br />
à l'occasion de la Docum<strong>en</strong>ta 8 de<br />
Kassel, Allemagne, 1987
Comman<strong>des</strong> publiques<br />
En 1936, Jean Zay <strong>et</strong> Mario Roustan déf<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t leur proj<strong>et</strong> de consacrer une partie du coût <strong>des</strong> constructions<br />
publiques à la <strong>«</strong> décoration monum<strong>en</strong>tale ». L’idée aboutit avec l’arrêté du 18 mai 1951 qui r<strong>en</strong>d obligatoire<br />
un programme de réalisation d’une œuvre d’art s’élevant au maximum à 1% du coût de la construction d’un<br />
ouvrage public financé par l’État. Ainsi <strong>«</strong> les communes, les départem<strong>en</strong>ts <strong>et</strong> les régions doiv<strong>en</strong>t consacrés 1%<br />
du montant de l’investissem<strong>en</strong>t à l’insertion d’œuvres d’art dans toutes les constructions qui font l’obj<strong>et</strong> de la<br />
même obligation à la charge de l’État » (loi du 22 juill<strong>et</strong> 1983). Réactualisée <strong>en</strong> 1993, c<strong>et</strong>te loi est ét<strong>en</strong>due à<br />
une quinzaine de ministères. Outre les expressions artistiques académiques (monum<strong>en</strong>ts aux morts), le <strong>des</strong>ign,<br />
le graphisme <strong>et</strong> le paysagisme sont désormais pris <strong>en</strong> compte par ce <strong>«</strong> 1% ». Ainsi, par ces biais, c<strong>et</strong>te loi<br />
répond au triple objectif artistique (avec une étroite relation <strong>en</strong>tre art <strong>et</strong> architecture), pédagogique <strong>et</strong><br />
économique avec le souti<strong>en</strong> à la création. La culture est offerte à tous <strong>et</strong> le spectateur, dans sa déambulation<br />
quotidi<strong>en</strong>ne, n’a plus qu’à lever les yeux pour r<strong>en</strong>contrer l’œuvre. La ville est le lieu où l’œuvre se dévoile <strong>et</strong><br />
s’expose. Comm<strong>en</strong>t faire connaître <strong>et</strong> découvrir aux spectateurs ces nouvelles formes d’art <strong>et</strong> comm<strong>en</strong>t l’élève<br />
appréh<strong>en</strong>de-t-il c<strong>et</strong>te r<strong>en</strong>contre ? Demander aux élèves d’interv<strong>en</strong>ir dans un espace public revi<strong>en</strong>t à les<br />
interroger sur l’exposition, la monstration.<br />
Alain Séchas, Triplechaton, 1999, parvis du<br />
C<strong>en</strong>tre culturel municipal du Safran, Ami<strong>en</strong>s<br />
Arman, Consigne à<br />
vie, 1985, cour du<br />
Havre, gare Saint<br />
Lazare, Paris<br />
Arman, L'Heure de<br />
tous, 1985, bronze<br />
patiné, cour de Rome,<br />
gare Saint Lazare,<br />
Paris<br />
Alexandre Calder, Les Trois Pics, 1968,<br />
Gr<strong>en</strong>oble, quartier de la gare<br />
Christo, Le Pont Neuf<br />
empaqu<strong>et</strong>é, 1985, Paris<br />
B<strong>en</strong>, Le Mur <strong>des</strong> mots, 1995, façade du Conservatoire<br />
national de musique de Blois.
Daniel Bur<strong>en</strong>, Les Deux<br />
Plateaux, 1986, Paris, Palais-<br />
Royal<br />
Jules Dechin, Monum<strong>en</strong>ts aux<br />
morts à Lézardrieux.<br />
Jean Dubuff<strong>et</strong>, La Tour aux<br />
Figures, installée <strong>en</strong> 1988, 24m,<br />
Issy-les-Moulineaux<br />
. Barbara Kruger, Picture this, 1998, béton <strong>et</strong> matériaux de<br />
construction, North Carolina Muséum of Art, Raleigh, Caroline<br />
du Nord<br />
Hans Haacke, Et pourtant vous étiez les<br />
vainqueurs, 1988, Obélisque de Graz <strong>en</strong><br />
Autriche.<br />
Niki de St Phalle <strong>et</strong> J.Tinguely, La Fontaine Stravinsky,<br />
Paris, 1983<br />
Jean-Luc Vilmouth, Cage de Lumière,<br />
1985-1988, lycée professionnel Léon<br />
Blum, place de P<strong>en</strong>tacle Saint-Fons<br />
César, Le Pouce, 1988, bronze, 6m, Marseille<br />
Joseph Kosuth, Ex Libris,<br />
Champollion, 1989-1990,<br />
Figeac<br />
. Ousmane Show, La Bataille de<br />
Little Big Horn, 1998, Paris, la<br />
Passerelle <strong>des</strong> Arts.<br />
Miro, Sans titre, 1980<br />
esplanade de la Déf<strong>en</strong>se<br />
Paris
In situ<br />
Le paysage du coin de la rue, celui qu’on ne regarde plus, ni lui, ni les g<strong>en</strong>s qui l’habit<strong>en</strong>t. Utiliser la rue<br />
comme suj<strong>et</strong> de l’image <strong>et</strong> comme lieu de la représ<strong>en</strong>tation est la démarche d’un grand nombre d’artistes issus<br />
de la scène alternative <strong>et</strong> de l’art du graffiti dans les rues. Les murs devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t alors les lieux de l’art <strong>et</strong><br />
l’œuvre est <strong>en</strong> communion avec l’espace de la ville. Pour Bur<strong>en</strong>, la rue, avec ses t<strong>en</strong>tations de consommation<br />
qui s’affich<strong>en</strong>t, est un <strong>en</strong>droit de travail <strong>«</strong> favori, libre <strong>et</strong> gratuit ». L’artiste y voit un espace privilégié<br />
d’interv<strong>en</strong>tion, de travail in situ. C’est-à-dire à la fois dans le lieu <strong>et</strong> adapté au lieu, <strong>en</strong> réaction à lui. Ainsi,<br />
nous pouvons interroger l’élève sur la notion de lisibilité, de visibilité de l’œuvre, <strong>des</strong> œuvres qui devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
lieux publics. Il s’agit alors d’am<strong>en</strong>er l’élève à prêter att<strong>en</strong>tion non tant à ce qu’il regarde mais à la manière<br />
dont il regarde. Interv<strong>en</strong>ir dans l’espace public c’est am<strong>en</strong>er l’élève à jouer avec les capacités de perceptions<br />
<strong>des</strong> spectateurs, c’est l’interroger sur la place de l’œuvre dans l’espace public. Et comm<strong>en</strong>t les artistes<br />
transgress<strong>en</strong>t-ils le cadre de leur discipline ?<br />
Christo, Reichstag<br />
empaqu<strong>et</strong>é, proj<strong>et</strong> pour<br />
Berlin, 1994<br />
Daniel Bur<strong>en</strong>, Les Couleurs<br />
Sculptures, 1977, in situ<br />
drapeau sur 15 mâts, ici sur le<br />
magasin de la Samaritaine<br />
Joël Hubaut, CLOM 2, La<br />
Place Rouge à Deauville,<br />
1996, Manœuvre courant<br />
d'art<br />
Ernest Pignon<br />
Ernest, Rimbaud<br />
dans Paris, 1978,<br />
photocollage<br />
Neil Dawson, Globe, 1984,<br />
photographie prise p<strong>en</strong>dant<br />
l'exposition les Magici<strong>en</strong>s de la<br />
Terre au C<strong>en</strong>tre Pompidou<br />
Georges Rousse,<br />
Archigraphies, Seoul, 2000<br />
Gabriel Orozco, île<br />
dans une île, 1993,<br />
photo cibachrome<br />
Jace, Gouzou, La<br />
Réunion, 2008<br />
Invader, New York, 2009 JR, 28mm, Wom<strong>en</strong> are<br />
Heroes, Action dans le<br />
bidonville de Kibera,<br />
Nairobi, K<strong>en</strong>ya, janvier<br />
2009<br />
Jérôme Mesnager à<br />
Ars-e n-Ré, île de Ré<br />
JR, 28mm, Wom<strong>en</strong> are Heroes,<br />
Action dans la favela Morro da<br />
Providência, Rio, Brésil, août<br />
2008
Ville écran<br />
La rue est comme un théâtre où la société toute <strong>en</strong>tière se donne <strong>en</strong> spectacle sous <strong>des</strong> aspects variés. Déjà,<br />
Mon<strong>et</strong> s’intéressait à ce regard de la rue pavoisée, La rue Montorgueil ou Le Balcon, les visions <strong>des</strong> futuristes<br />
itali<strong>en</strong>s représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t la ville peuplée de formes, de sons <strong>et</strong> d’images. Car la rue est un espace <strong>«</strong> miroirique » <strong>et</strong><br />
de projection. On y décèle les symboles de pouvoir, les images de la société de consommation, la société<br />
marchande, <strong>des</strong> idéogrammes routiers. L’espace, comme un écran, est le réceptacle <strong>des</strong> images, <strong>et</strong> la ville<br />
nourrit sa propre image <strong>des</strong> flux emmagasinés <strong>et</strong> diffusés pour alim<strong>en</strong>ter la machine médiatique. Le monde<br />
urbain est tapissé, habillé d’images <strong>et</strong> se filme. Les caméras de surveillance fabriqu<strong>en</strong>t la mémoire perman<strong>en</strong>te<br />
de la ville <strong>et</strong> la sédim<strong>en</strong>tation <strong>des</strong> signes du quotidi<strong>en</strong>. Ainsi, <strong>des</strong> affiches, graffitis <strong>«</strong> idéogrammes politicoéconomiques<br />
<strong>des</strong> bas-fonds <strong>urbains</strong>, écriture emblématique de nos préoccupations sociales, s’inscriv<strong>en</strong>t dans<br />
les pages blanches de l’histoire », selon Jacques Villeglé, qui travaille sur les affiches qu’il récupère,<br />
lambeaux de la peau imprimée de la ville. Les élèves, au cœur de la ville, sont stimulés <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce par les<br />
images, co<strong>des</strong> <strong>et</strong> représ<strong>en</strong>tations publicitaires. Comm<strong>en</strong>t peuv<strong>en</strong>t-ils se saisir de ces <strong>«</strong> lambeaux de peau » afin<br />
d’exprimer leurs visions <strong>et</strong> perceptions de c<strong>et</strong> <strong>en</strong>semble visuel ?<br />
Alain BUBLEX, Plan voisin de Paris<br />
(V2 circulaire secteur 13) - détail,<br />
2008<br />
Antonio Gallego, Les<br />
Demeures premières-La<br />
Borie, Affichage Pigalle,<br />
1998<br />
Ange Leccia, Arrangem<strong>en</strong>t Stroom HCBK,<br />
La Haye, 1994, Montage numérique<br />
photographie d'écran.<br />
Boyle Family, Etude de trottoir à bord<br />
métallique, 1985<br />
Jacques de La Villeglé, Tapis Maillot, 1959,<br />
affiches lacérées sur toile<br />
François Morell<strong>et</strong>, S<strong>en</strong>s<br />
<strong>des</strong>sus-<strong>des</strong>sous, New York,<br />
1986, peinture murale<br />
Jacques de La Villeglé, L'Alphab<strong>et</strong> de<br />
la Guérilla, 1983, peinture à la bombe<br />
sur toile<br />
Arman, Paysage urbain,<br />
1968, accumulation de<br />
culasses de moteurs auto
Krysztof Wodiczko, City Hall<br />
Tower, projection sur la tour<br />
de la mairie, Cracovie, 1996<br />
Krysztof Wodiczko,<br />
Projection Hirschom<br />
Museum and Sculpture<br />
Gard<strong>en</strong>, Washington, 1988<br />
Citations<br />
Krystof Wodiczko, Projection les sansabri<br />
sur le Mémorial aux soldats <strong>et</strong> aux<br />
marins de la Guerre civile à Boston<br />
USA, 1986<br />
Kurt Schwitters, Prikk<strong>en</strong> Paa I En, 1939,<br />
collage de papiers divers <strong>et</strong> tick<strong>et</strong>s de<br />
métro<br />
Raymond Hains, La<br />
Palissade à la Soto,<br />
1973<br />
<strong>«</strong> Je ne suis pas un artiste de la lumière. Je suis plutôt quelqu'un qui utilise la lumière comme matériau afin de travailler<br />
le médium de la perception ». James Turell<br />
<strong>«</strong> L’illumination d’un édifice public, <strong>en</strong> particulier d’une institution située au cœur de la ville, est un acte de parole qui<br />
doit <strong>en</strong>courager <strong>et</strong> aider une large majorité d’individus à participer au discours social de la cité. Idéalem<strong>en</strong>t, ces actes<br />
publics d’illumination aiderai<strong>en</strong>t les citoy<strong>en</strong>s à se parler, <strong>et</strong> à rester s<strong>en</strong>sibles aux vibrations de la ville ».<br />
Krzysztof Wodiczko<br />
<strong>«</strong> Les idéogrammes politico-économiques <strong>des</strong> bas-fonds <strong>urbains</strong>, écriture emblématique de nos préoccupations sociales<br />
s’inscriv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> filigrane dans les pages blanches de l’histoire ». Jacques Villeglé<br />
<strong>«</strong> Une ville ressemble à une animal. Elle possède un système nerveux, une tête, <strong>des</strong> épaules <strong>et</strong> <strong>des</strong> pieds. Chaque ville<br />
diffère de toutes les autres : il n’y <strong>en</strong> a pas deux semblables. Et une ville a <strong>des</strong> émotions d’<strong>en</strong>semble ». John Steinbeck<br />
Extrait de La Perle.<br />
<strong>«</strong> L'homme aime tant l'homme que, quand il fuit la ville, c'est <strong>en</strong>core pour chercher la foule, c'est à dire pour refaire la<br />
ville à la campagne ». Charles Baudelaire, extrait de Journaux intimes<br />
<strong>«</strong> Dieu a fait la campagne <strong>et</strong> l'homme a fait la ville ». William Cowper Extrait de La Tâche.<br />
<strong>«</strong> C'est dans les villes les plus peuplées que l'on peut trouver la plus grande solitude » Jean Racine.<br />
Paul Citroën, M<strong>et</strong>ropolis,<br />
photomontage, 1923<br />
Pierre Huygue, Chantier Barbès -<br />
Rochechouart, Série <strong>des</strong> Posters, Paris,<br />
1994<br />
<strong>«</strong> Cité-dortoir, cité poubelle, Nuit <strong>et</strong> brouillard, lumières artificielles, Dans nos intérieurs d'infinie solitude, On rêve<br />
d'ailleurs sous d'autres latitu<strong>des</strong>. » Louis Chédid Paroles de la chanson Mégalopolis
Sollicitations<br />
Signer la rue<br />
Habiter le décor de la rue<br />
Il y a quelque chose dans la carte<br />
Cartographie de mon collège/lycée<br />
Paysage du coin de la rue<br />
Marquer son territoire<br />
Illuminer un édifice<br />
Les murs ont la parole<br />
La peau <strong>des</strong> murs<br />
La sédim<strong>en</strong>tation de l’architecture<br />
Masquer le mur<br />
La ville écran<br />
Châteaux précaires<br />
Architecture de fortune<br />
Voyage <strong>en</strong> ville<br />
Prom<strong>en</strong>eur solitaire<br />
Regard photographique de mon quartier<br />
Plongée / Contre-plongée<br />
Ville du futur<br />
Apocalypse urbaine<br />
Ville de lumière<br />
Décor magique pour piéton rêveur<br />
Fleuve humain<br />
Carte d’un quartier imaginaire<br />
Au cœur de la foule<br />
Voyage au c<strong>en</strong>tre du métro<br />
Périphérie-c<strong>en</strong>tre<br />
Limite-Hors limite<br />
Transfigurations nocturnes<br />
Regard sur la banlieue<br />
F<strong>en</strong>être sur cour<br />
Musée imaginaire pour la ville<br />
L’empire <strong>des</strong> lumières<br />
Tour de Babel<br />
Ville fantôme<br />
Trace ta route<br />
Parcours <strong>en</strong> bus<br />
Territoire inconnu<br />
Voyage dans mon quotidi<strong>en</strong><br />
Un labyrinthe de chemins<br />
Relique d’un parcours urbain<br />
L’observateur du marché<br />
Espion du monde <strong>des</strong> consommateurs<br />
Dessiner son territoire<br />
Nouveau monde<br />
Habiller de ma demeure<br />
Un musée dans la ville<br />
Coin de verdure dans la cité<br />
Rou<strong>en</strong> by night (Sotteville, Elbeuf …)<br />
Cité-jardin<br />
Création de la nouvelle capitale<br />
Le règne de la circulation<br />
Plan de mon traj<strong>et</strong><br />
L’éloge de la banlieue<br />
Les acteurs de la théâtralité urbaine<br />
Ville inquiète<br />
Constructions <strong>en</strong> hauteur<br />
Photomontage d’une construction habitée<br />
Métamorphoses de mon collège/lycée<br />
La rue <strong>en</strong> mutation<br />
P<strong>et</strong>it théâtre de ma rue<br />
Urbanisme de papier<br />
Vœux d’une société nouvelle<br />
La beauté nait de la rue<br />
Mutations urbaines<br />
Du proj<strong>et</strong> au traj<strong>et</strong><br />
Territoire culturel<br />
Concert industriel<br />
Lumière, son, couleurs : les instrum<strong>en</strong>ts de l’art<br />
territorial<br />
Voyager sur place<br />
Vue à vol d’oiseau /Vue aéri<strong>en</strong>ne<br />
Travailler dans un lieu urbain <strong>en</strong> y laissant sa<br />
trace<br />
S’approprier intimem<strong>en</strong>t un lieu public<br />
Paysage urbain<br />
Montrer par <strong>des</strong> prélèvem<strong>en</strong>ts, <strong>des</strong><br />
<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>ts<br />
ou autres dispositifs votre parcours urbain<br />
Architecture utopique<br />
L’<strong>en</strong>vers du décor<br />
Derrière les murs<br />
Montrer un morceau de ville / de rue<br />
Espace urbain ; lieu de l’art<br />
Construire un appareil de locomotion urbaine<br />
Inv<strong>en</strong>ter un nouveau monde<br />
Une figure surgit du mur<br />
Le récit d’une trajectoire<br />
L’univers sonore de la ville<br />
Passe muraille<br />
Id<strong>en</strong>tité territoriale<br />
Réalisez une architecture avec <strong>des</strong> matériaux de<br />
récupération<br />
Un geste qui marque<br />
Parcours dans la ville<br />
Potager urbain
CAHIER DES CHARGES POUR LE CATALOGUE<br />
Itinéraires pédagogiques <strong>et</strong> réalisations d'élèves<br />
<strong>«</strong> Territoires <strong>urbains</strong> »<br />
Les Éditions d’à côté<br />
Pour réaliser c<strong>et</strong> ouvrage, quelques conditions sine qua non sont à respecter :<br />
- le texte de l’<strong>en</strong>seignant, qui explique la démarche qu’il a mise <strong>en</strong> place avec ses élèves, avec <strong>des</strong> comm<strong>en</strong>taires<br />
d’élèves doit cont<strong>en</strong>ir 2000 caractères <strong>en</strong>viron, tout compris.<br />
- 10 à 20 photos <strong>des</strong> réalisations d’élèves de bonne qualité.<br />
L’objectif est d’obt<strong>en</strong>ir un ouvrage homogène <strong>et</strong> facile à m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> page. Nous att<strong>en</strong>dons de votre part un texte cohér<strong>en</strong>t,<br />
traduisant votre itinéraire pédagogique avec vos élèves, sans coquille. Songez à le faire relire par une tierce personne<br />
avisée.<br />
Faites parv<strong>en</strong>ir par mail, vos textes <strong>et</strong> photos à Estelle Bréhault <strong>et</strong> Karl Moro. Date limite : 1 er mai 2010<br />
Ressources locales<br />
Arts de la rue, <strong>arts</strong> du cirque<br />
Royal de Luxe www.zonelibre44.free.fr/royal_de_luxe.htm<br />
En septembre 93, au Havre, invité par Le Volcan, le Royal crée Le Géant tombé du ciel. Pour la première fois, raconter une histoire à une<br />
ville <strong>en</strong>tière devi<strong>en</strong>t une réalité. Durant 1994, le spectacle sera <strong>en</strong> tournée à Calais pour l'ouverture du tunnel sous La Manche, à Nîmes,<br />
à Nantes, à Bayonne pour terminer par un adieu au Havre avec une histoire remaniée Le Géant tombé du ciel : dernier voyage<br />
Royal de Luxe a prés<strong>en</strong>té son fabuleux nouveau spectacle La visite du Sultan <strong>des</strong> In<strong>des</strong> sur son éléphant à voyager dans le temps dans<br />
le cadre de la célébration du c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire de la mort de Jules Verne <strong>en</strong> 2005 par les villes de Nantes <strong>et</strong> d'Ami<strong>en</strong>s. En 2006, le Sultan a<br />
poursuivi son voyage <strong>en</strong> France <strong>et</strong> <strong>en</strong> Europe <strong>en</strong> passant par Londres, Anvers, Calais <strong>et</strong> Le Havre<br />
VIVACITÉ Sotteville les Rou<strong>en</strong> www.vivacite.com/.../Le_Festival_Viva_Cite.php<br />
Né <strong>en</strong> 1990 pour r<strong>en</strong>ouer avec la tradition d'une culture sottevillaise populaire <strong>et</strong> riche,<br />
le festival <strong>des</strong> Arts de la Rue est un élém<strong>en</strong>t à part <strong>en</strong>tière de l'id<strong>en</strong>tité de la ville, un temps fort particulièrem<strong>en</strong>t fédérateur.<br />
Viva Cité constitue une prés<strong>en</strong>ce artistique riche, onirique <strong>et</strong> insolite pour les Hauts-Normands.<br />
Au carrefour du théâtre de rue, <strong>des</strong> <strong>arts</strong> <strong>plastiques</strong>, de la musique, de la danse <strong>et</strong> de la pyrotechnie, <strong>des</strong> déambulations rocambolesques<br />
<strong>et</strong> <strong>des</strong> <strong>arts</strong> forains ; <strong>des</strong> artistes v<strong>en</strong>us du monde <strong>en</strong>tier m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t la ville <strong>en</strong> effervesc<strong>en</strong>ce p<strong>en</strong>dant trois jours <strong>et</strong> deux nuits... L'occasion de<br />
questionner au delà <strong>des</strong> frontières physiques <strong>et</strong> culturelles une création contemporaine toujours plus innovante <strong>et</strong> festive<br />
Cirque Théâtre d’Elbeuf www.cirqu<strong>et</strong>heatre-elbeuf.com<br />
2, Rue Augustin H<strong>en</strong>ry 76500 Elbeuf 02 32 13 10 49<br />
La réouverture du Cirque-Théâtre d’Elbeuf marque la r<strong>en</strong>aissance d’un patrimoine d’exception : un lieu unique <strong>en</strong> France. Sans<br />
équival<strong>en</strong>t dans l’univers du spectacle, le Cirque-Théâtre d’Elbeuf, construit <strong>en</strong> 1892, reste l’un <strong>des</strong> huit derniers cirques <strong>«</strong> <strong>en</strong> dur »<br />
visibles <strong>en</strong> France <strong>et</strong> le seul à posséder un espace scénique composé d’une piste circulaire <strong>et</strong> d’une scène de théâtre à l’itali<strong>en</strong>ne.<br />
Réseau communication local<br />
Station de tramway Saint-Juli<strong>en</strong><br />
Station tramway<br />
Boulevard Charles de Gaulle, 76140 Le P<strong>et</strong>it-Quevilly<br />
Un tramway nommé métro<br />
Le tramway de Rou<strong>en</strong>, appelé localem<strong>en</strong>t métro de Rou<strong>en</strong>, est un réseau de tramway circulant intégralem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> site propre. Mis <strong>en</strong><br />
œuvre par l'agglomération de Rou<strong>en</strong>, il <strong>des</strong>sert la ville de Rou<strong>en</strong> <strong>et</strong> quatre autres communes aux al<strong>en</strong>tours (P<strong>et</strong>it-Quevilly, Grand-<br />
Quevilly, Sotteville-Lès-Rou<strong>en</strong> <strong>et</strong> Saint-Eti<strong>en</strong>ne-du-Rouvray). Il s'agit donc de l'une <strong>des</strong> plus p<strong>et</strong>ites agglomérations françaises à être<br />
équipée d'un transport <strong>en</strong> commun urbain <strong>en</strong> partie souterrain.
Arts Plastiques<br />
Musée de Louviers www.ville-louviers.fr/ville/musee/progr_expos.htm<br />
"GEORGES ROUSSE : ARCHIGRAPHIES"<br />
Du 03 octobre 2009 au 31 janvier 2010<br />
Musée de Louviers<br />
Place Ernest-Thorel<br />
27400 Louviers<br />
Tél. : 02 32 09 58 55<br />
Photographies <strong>et</strong> Installations<br />
Vingt-six photographies, dont deux réalisées au musée de Louviers, donneront une lecture particulière de la relation de l’artiste avec<br />
l’architecture.<br />
Invité par le Musée de Louviers, Georges Rousse a choisi pour son travail d’investir deux salles désaffectées, situées au cœur de la<br />
structure : <strong>«</strong> la rotonde », anci<strong>en</strong>ne bibliothèque du musée <strong>et</strong> le salon d’honneur. Ces deux créations qui jou<strong>en</strong>t de l’anamorphose, un<br />
cercle <strong>et</strong> un carré, figures géométriques parfaites, ne sont visibles que du seul point de vue du photographe. Le spectateur qui pourra<br />
v<strong>en</strong>ir découvrir ces installations devra se placer à l’<strong>en</strong>droit précis où Georges Rousse a placé l’objectif de son appareil photographique<br />
pour appréh<strong>en</strong>der les formes visibles sur ses tirages.<br />
FRAC de Haute Normandie www.frachaut<strong>en</strong>ormandie.org<br />
IDENTITÉ(S) / TERRITORIALITÉ(S)<br />
Du 12 décembre 2009 au 28 février 2010<br />
Roy Ard<strong>en</strong>, Lewis Baltz, Jean-Claude Bélégou, Didier B<strong>en</strong> Loulou, Jean-Marc Bustamante,<br />
Dino Dinco, Georges Dupin, Anne-Marie Filaire, Andrea Ke<strong>en</strong>, Guillaume Lemarchal, Zoe Leonard, Sophie Ristelhueber, Allan Sekula<br />
Le Fonds Régional d’Art Contemporain de Haute-Normandie s’est particulièrem<strong>en</strong>t attaché aux pratiques artistiques, notamm<strong>en</strong>t<br />
photographiques, qui port<strong>en</strong>t un regard analytique ou critique sur les notions de territoire ou de géographie. Celles-ci nous montr<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
eff<strong>et</strong> que le paysage aujourd’hui, aussi naturel soit-il, n’est pas un espace neutre, mais un lieu de dépôts d’histoires culturelles ou<br />
individuelles, de mémoires sociales <strong>et</strong> collectives, ainsi que de savoirs constitués sur la s<strong>en</strong>sation comme sur l’expéri<strong>en</strong>ce directe <strong>et</strong><br />
partagée <strong>des</strong> êtres, <strong>des</strong> choses <strong>et</strong> <strong>des</strong> sites. Aussi la collection du Frac Haute-Normandie s’<strong>en</strong> est-elle fait l’écho à travers l’acquisition<br />
d’œuvres de Jean-Claude Bélégou, Dino Dinco, Anne-Marie Filaire, Guillaume Lemarchal, Andrea Ke<strong>en</strong>, Zoe Leonard <strong>et</strong> Sophie<br />
Ristelhueber.<br />
Dans ces photographies, le territoire y est le plus souv<strong>en</strong>t vide, structuré seulem<strong>en</strong>t par <strong>des</strong> lignes d’horizon, <strong>des</strong> traces de frontières, <strong>des</strong><br />
marques de passages, <strong>et</strong> quelques empreintes d’emprises ou de mémoires humaines. Il n’y a pas ici de lectures obligées, de<br />
reconnaissances immédiates, mais l’expression d’un doute, d’un trouble de la vision quant à notre capacité à décrypter notre réalité<br />
contemporaine <strong>et</strong>, au delà, à la compr<strong>en</strong>dre. On y perçoit la prés<strong>en</strong>ce du quotidi<strong>en</strong> <strong>et</strong> celle <strong>des</strong> individus qui le traverse, l’impact <strong>des</strong><br />
décisions collectives <strong>et</strong> leur abs<strong>en</strong>ce. Et le paysage y est le plus souv<strong>en</strong>t considéré comme un corps <strong>en</strong> mutation, comme un corps <strong>en</strong><br />
souffrance dont l’artiste s’applique à <strong>en</strong> saisir les signes ou les blessures.<br />
Des œuvres de la collection du Frac Basse-Normandie (Didier B<strong>en</strong> Loulou, Georges Dupin, Sophie Ristelhueber, Allan Sekula) <strong>et</strong> du<br />
Fonds National d’Art Contemporain (Roy Ard<strong>en</strong>, Lewis Baltz, Jean-Marc Bustamante, Zoe Leonard, Anne-Marie Filaire, Sophie<br />
Ristelhueber) vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t compléter ce propos <strong>et</strong> <strong>en</strong>richir celles de la collection du Frac Haute-Normandie.<br />
Visite comm<strong>en</strong>tée de l'exposition <strong>et</strong> r<strong>en</strong>contre avec les artistes le samedi 12 décembre à 14h
Maison <strong>des</strong> Arts de Grand Quevilly www.ville-grand-quevilly.fr/.../maison-<strong>des</strong>-<strong>arts</strong>/12/<br />
Maison <strong>des</strong> Arts<br />
FILANATURE - Brankica ZILOVIC-CHAUVAIN<br />
La nature <strong>en</strong> fils, c’est la vision que propose c<strong>et</strong>te anci<strong>en</strong>ne <strong>des</strong> Beaux Arts de Paris <strong>et</strong> Belgrade.<br />
Jeune artiste parisi<strong>en</strong>ne diplômée <strong>des</strong> écoles <strong>des</strong> Beaux-<strong>arts</strong> de Paris <strong>et</strong> de Belgrade, Brankica Zilovic a le fil pour substance de<br />
prédilection. Avec, elle tisse, trace <strong>et</strong> <strong>des</strong>sine <strong>des</strong> paysages énigmatiques. Avec une légèr<strong>et</strong>é extrême, <strong>des</strong> nuages floconneux tout<br />
recouverts de neige répand<strong>en</strong>t leurs pluies grisâtres dans un ciel translucide. Une exposition dont il faut suivre le fil...<br />
Du 24 octobre au 6 décembre à la Maison <strong>des</strong> Arts, de 15h à 18h<br />
Vernissage le mardi 3 novembre à 18h30 R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts : Maison <strong>des</strong> Arts au 02 32 11 09 78<br />
La Chapelle Saint-Juli<strong>en</strong> du P<strong>et</strong>it-Quevilly www.p<strong>et</strong>itquevilly.fr/sortirdecouvrir/.../chapelle.html<br />
La Chapelle Saint-Juli<strong>en</strong> du P<strong>et</strong>it-Quevilly<br />
La chapelle Saint-Juli<strong>en</strong> du P<strong>et</strong>it-Quevilly, construite vers 1160 au<br />
manoir royal d'H<strong>en</strong>ri II Plantag<strong>en</strong>êt, a conservé l'<strong>en</strong>semble de<br />
peintures murales du 12ème siècle le plus significatif de Normandie.<br />
Ces peintures qui témoign<strong>en</strong>t de la maîtrise <strong>des</strong> <strong>arts</strong> graphiques du<br />
monde anglo-normand à c<strong>et</strong>te époque étai<strong>en</strong>t, il y a 25 ans dans un<br />
état de péril grave. La municipalité du P<strong>et</strong>it-Quevilly, le Service <strong>des</strong><br />
Monum<strong>en</strong>ts historiques <strong>et</strong> l'Etat vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de restaurer <strong>et</strong> r<strong>en</strong>dre<br />
accessible au public c<strong>et</strong> <strong>en</strong>semble exceptionnel.<br />
La Chapelle Saint-Juli<strong>en</strong> du P<strong>et</strong>it-Quevilly / Direction régionale<br />
<strong>des</strong> affaires culturelles de Haute-Normandie. Service régional de<br />
l'Inv<strong>en</strong>taire ; réd. Claire Eti<strong>en</strong>ne-Steiner ; photogr. D<strong>en</strong>is Couchaux,<br />
Christophe Kollmann, Yvon Miossec. - Rou<strong>en</strong> : Connaissance du<br />
Patrimoine de Haute-Normandie, 1991. - 16 p. : ill. <strong>en</strong> coul. ; 30 cm.- (Images du Patrimoine, ISSN 0299-1020 ;<br />
96). - ISBN : 2-9506014-0-5.- 5.34 €.<br />
Le coin <strong>des</strong> curieux<br />
Site d’artistes<br />
www.christojeanneclaude.n<strong>et</strong><br />
www.niki<strong>des</strong>aintphalle.com Le Jardin <strong>des</strong> Tarots<br />
www.villegle.free.fr<br />
www.pierrehuyghe.com/<br />
www.edouardsautai.com/<br />
www.claudeleveque.com/<br />
www.nogovoyages.com<br />
www.missticinparis.com/<br />
www.pignon-ernest.com/<br />
www.laur<strong>en</strong>tmalone.com/<br />
www.georgesrousse.com/<br />
www.jr-art.n<strong>et</strong><br />
www.wom<strong>en</strong>areheroes-paris.n<strong>et</strong><br />
www.gouzou.n<strong>et</strong><br />
www.controlman.ca<br />
Site de villes <strong>et</strong> jardins<br />
www.ville-lehavre.fr<br />
www.ville-lehavre-tourisme.com/Le_Havre_jardins_susp<strong>en</strong>dus_bassedef.pdf<br />
www.musagora.education.fr/ (Jardins de Babylone)<br />
www.rou<strong>en</strong>.fr › <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t › parcs, jardins<br />
Sites artistiques<br />
www.art-espace-public.c.la/<br />
http://www.face2faceproject.com
NOGO VOYAGES<br />
ABOUT / REPERAGES / PROJECTS<br />
POSTCARDS FROM THE PARIS SUBURBS<br />
Stéphane Degoutin, Alex Knapp, Gw<strong>en</strong>ola Wagon, 2005-2009<br />
Postcards for Paris Suburbs prés<strong>en</strong>te une vision de la région parisi<strong>en</strong>ne à rebours <strong>des</strong> images<br />
d'une ville spectaculaire. Elles esquiss<strong>en</strong>t une forme de pittoresque contemporain à travers les<br />
séries sur les c<strong>en</strong>tre commerciaux, l'habitat résid<strong>en</strong>tiel, les <strong>en</strong>semble de bureaux, les moy<strong>en</strong>s de<br />
transports collectifs, la vie quotidi<strong>en</strong>ne, <strong>et</strong>c.<br />
Edition de 32 cartes postales, Nogo Voyages 2009.<br />
Pour commander la série de cartes postales, il vous suffit d'<strong>en</strong>voyer un chèque à l'ordre de<br />
"Stéphane Degoutin" de<br />
- 15 € si vous habitez <strong>en</strong> Union europé<strong>en</strong>ne <strong>et</strong> Suisse<br />
- 16,50 € pour le reste du monde<br />
à l'adresse suivante:<br />
Stéphane Degoutin, 38 rue Dunois, 75013 Paris, France.<br />
Disparition <strong>des</strong> cartes postales de banlieue<br />
On estime à cinq milliards le nombre de cartes postales représ<strong>en</strong>tant la Tour Eiffel, soit presque<br />
une pour chaque habitant de la planète. Par contre, il est presque impossible de trouver une carte<br />
postale réc<strong>en</strong>te représ<strong>en</strong>tant un lieu de la périphérie parisi<strong>en</strong>ne. Ces <strong>territoires</strong> sont aujourd’hui<br />
sans images. Les seules qui circul<strong>en</strong>t sont, dans la presse, alternativem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> barres HLM qui<br />
implos<strong>en</strong>t <strong>et</strong> <strong>des</strong> voitures qui brûl<strong>en</strong>t.<br />
Même au Val d’Europe, l’une <strong>des</strong> périphéries ayant le plus de succès actuellem<strong>en</strong>t, il est<br />
impossible de trouver la moindre carte postale de la ville. Nous inspectons systématiquem<strong>en</strong>t tous<br />
les commerces susceptibles d’<strong>en</strong> v<strong>en</strong>dre, <strong>en</strong> vain. Les seules cartes proposées sont génériques :<br />
animaux, anniversaires, <strong>en</strong>fants… La v<strong>en</strong>deuse du tabac "Nuage <strong>et</strong> Plumes" du c<strong>en</strong>tre<br />
commercial nous explique pourquoi : "C’est une région virtuelle. Personne n’achèterait <strong>des</strong> cartes<br />
postales d’ici".<br />
Les seules que nous trouverons sont, au Disney Store, deux vues de Disneyland.
Nostalgie du banal<br />
Les cartes actuelles ne montr<strong>en</strong>t que <strong>des</strong> attractions spectaculaires: Disneyland, le Stade de<br />
France, la Déf<strong>en</strong>se… La disparition <strong>des</strong> lieux banals <strong>des</strong> cartes postales de banlieue est assez<br />
réc<strong>en</strong>te: dix ou vingt ans tout au plus. Les cartes anci<strong>en</strong>nes, bi<strong>en</strong> plus nombreuses, montrai<strong>en</strong>t<br />
souv<strong>en</strong>t ces coins de rue ordinaires, qui n’étai<strong>en</strong>t pas nécessairem<strong>en</strong>t beaux ou attrayants: une<br />
rue pavillonnaire, un café-tabac... Comme n’importe quelle carte postale, elles servai<strong>en</strong>t à dire:<br />
"Je suis ici" <strong>et</strong> "Wish you were here".<br />
Aujourd’hui, le visiteur d’Arg<strong>en</strong>teuil ou de Champs-sur-Marne n’est plus submergé par le désir<br />
d’<strong>en</strong>voyer à ses amis une trace de son passage.<br />
Il faudrait inv<strong>en</strong>ter une carte postale susceptible de transm<strong>et</strong>tre un nouveau message, plus<br />
adapté au vécu contemporain ("Almost what you’d expect"?…).<br />
Par définition (<strong>et</strong> à l’exception notable de Beverly Hills, Los Angeles) les banlieues résid<strong>en</strong>tielles<br />
ne se visit<strong>en</strong>t pas. Elles ne se photographi<strong>en</strong>t pas non plus. Elles n’impressionn<strong>en</strong>t pas la<br />
pellicule. Lorsqu’ils s’attaqu<strong>en</strong>t au suj<strong>et</strong>, les photographes professionnels oscill<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre deux<br />
g<strong>en</strong>res tout aussi complaisants: le "pittoresque forcé" ou le "neutre terne".<br />
La photographie est peut-être inadaptée pour montrer la ville diffuse, car ses formes – les<br />
configurations physiques qu’elle pr<strong>en</strong>d – ont beaucoup moins d’importance que dans les c<strong>en</strong>tresvilles.<br />
La raison d’être <strong>des</strong> espaces périphériques n’est pas à chercher dans les monum<strong>en</strong>ts, les<br />
bâtim<strong>en</strong>ts ou l’esthétique <strong>des</strong> espaces publics. Elle relève d’un mode de vie où les espaces privés<br />
(l’habitat <strong>en</strong> premier lieu) ont plus d’importance (une série à v<strong>en</strong>ir de Postcards for Paris Suburbs<br />
pourrait ne montrer que <strong>des</strong> intérieurs).<br />
Le format de la carte postale perm<strong>et</strong> de diriger le regard. La carte postale est toujours partielle.<br />
Elle montre <strong>des</strong> stéréotypes. Elle <strong>en</strong> fabrique: c’est sa fonction. Elle "stéréotypifie" ce qu’elle<br />
montre, <strong>en</strong> faisant passer la partie pour le tout. C’est une manière extrêmem<strong>en</strong>t efficace de<br />
pointer du doigt quelque chose, de le désigner à l’att<strong>en</strong>tion d’autrui.<br />
Les Postcards for Paris Suburbs ne montr<strong>en</strong>t pas les curiosités cachées, beautés secrètes ou<br />
élém<strong>en</strong>ts anecdotiques, mais t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t d’attraper au vol ce qui fait la périphérie, les principes sur<br />
lesquels elle repose: les transports <strong>en</strong> commun, les embouteillages, les intérieurs, les cafés, les<br />
systèmes de surveillance...: le banal <strong>et</strong> l’ordinaire d'aujourd'hui.<br />
© Nogo Voyages Stéphane Degoutin Alex Knapp Gw<strong>en</strong>ola Wagon. Contact<br />
Les autres proj<strong>et</strong>s de NOGO VOYAGE :<br />
ATTRACTIONS PÉRIPHÉRIQUES<br />
Stéphane Degoutin, Gw<strong>en</strong>ola Wagon, 2008-2009<br />
P<strong>et</strong>it train tuning<br />
VOYAGE IMMOBILE AU FORUM DES HALLES (MOTIONLESS TRAVEL)<br />
VOYAGE IMMOBILE<br />
2008-2009<br />
Stéphane Degoutin, Gw<strong>en</strong>ola Wagon, 2008<br />
RANDOM GPS<br />
Stéphane Degoutin, 2008
Francis ALŸS<br />
Né <strong>en</strong> 1959 - Anvers Belgique<br />
La pratique artistique de Francis Alÿs trouve son inspiration dans le flux de la vie urbaine. Durant près de deux<br />
déc<strong>en</strong>nies, Alÿs a sillonné les rues de Mexico <strong>et</strong> d’autres villes pour réaliser <strong>des</strong> œuvres d’art directem<strong>en</strong>t<br />
connectées à la complexité du quotidi<strong>en</strong>. L’artiste se sert de vecteurs aussi variés que la performance, le film, la<br />
photographie, la vidéo <strong>et</strong> la peinture, pour <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer <strong>des</strong> œuvres qui vont de l’intime au monum<strong>en</strong>tal. En<br />
activant une large pal<strong>et</strong>te de stratégies esthétiques, allant du minimalisme au baroque, <strong>en</strong> passant par le<br />
surréalisme <strong>et</strong> le conceptualisme, Alÿs m<strong>et</strong> <strong>en</strong> scène <strong>des</strong> scénarios poétiques <strong>et</strong> politiques, toujours caractérisés<br />
par une impression de cyclicité <strong>et</strong> d’irrésolution. C’est à travers ce flux constant que le s<strong>en</strong>s se dévoile, par<br />
strates, au spectateur.<br />
<br />
L’installation Untitled (New York, September 2000), 2001, prés<strong>en</strong>te un plan fixe <strong>et</strong> serré, filmé <strong>en</strong> vidéo, de<br />
gratte-ciels du Midtown Manhattan, depuis le World Trade C<strong>en</strong>ter. La vidéo est proj<strong>et</strong>ée dans un espace à<br />
l’éclairage tamisé, associée à un canapé, une table couverte de vieux disques de jazz, une lampe <strong>et</strong> un tournedisque<br />
jouant <strong>des</strong> morceaux de boogie-woogie. Le spectateur est invité à s’asseoir dans ce décor domestique,<br />
pour admirer c<strong>et</strong>te vue urbaine, comme depuis une f<strong>en</strong>être. Alors que le regard est hypnotisé par les fins détails<br />
architecturaux <strong>et</strong> l’alternance délicate de nuages <strong>et</strong> de lumière sur la surface <strong>des</strong> gratte-ciels proj<strong>et</strong>és, la musique<br />
transporte le spectateur vers une époque plus anci<strong>en</strong>ne de l’histoire de la ville. En eff<strong>et</strong>, le jazz <strong>et</strong> l’architecture<br />
fur<strong>en</strong>t parmi les forces fondatrices de la modernité aux États-Unis. C’est pourtant Pi<strong>et</strong> Mondrian, son voisin<br />
hollandais, qui les a réunis pour la postérité dans ses célèbres peintures Broadway Boogie Woogie, 1942-1943,<br />
<strong>et</strong> Victory Boogie Woogie, 1943-1944.<br />
<br />
Il est cep<strong>en</strong>dant peu probable que l’œuvre d’Alÿs soit un hommage direct à la peinture de Mondrian ou à la<br />
nature de la modernité américaine, même si les deux sont sans doute <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts auxquels il s’intéresse. Ayant<br />
étudié l’architecture <strong>et</strong> l’espace urbain, Alÿs a rapidem<strong>en</strong>t compris la fiction inhér<strong>en</strong>te à la peinture. Celle-ci est<br />
plutôt dev<strong>en</strong>ue, pour lui, un exercice conceptuel pour élaborer les récits d’un corps <strong>en</strong> plein mouvem<strong>en</strong>t dans le<br />
temps <strong>et</strong> dans l’espace.<br />
<br />
De ce point de vue, Untitled (New York, September 2000) accepte les dim<strong>en</strong>sions idéologique <strong>et</strong> politique de<br />
l’architecture, <strong>en</strong> <strong>en</strong>courageant une impression inatt<strong>en</strong>due de nostalgie, de fragilité <strong>et</strong> d’intimité. Philip Johnson<br />
(1906-2005), l’un <strong>des</strong> architectes déterminants de la skyline new-yorkaise, a fait remarquer qu’on devait<br />
considérer ses créations comme <strong>«</strong> l’espace perçu <strong>en</strong> tant que mouvem<strong>en</strong>t ». Si l’on considère Untitled comme<br />
une évocation de la mutabilité inhér<strong>en</strong>te de la forme <strong>en</strong> tant que force de vie universelle, alors la t<strong>en</strong>dance<br />
d’Alÿs à réfléchir de manière cyclique <strong>et</strong> non définitive pr<strong>en</strong>d un autre relief. Dans la démarche d’Alÿs, chaque<br />
chose mène à une autre, il n’y a ni début, ni fin. Il n’y a pas de conclusions, ses proj<strong>et</strong>s nous laiss<strong>en</strong>t toujours<br />
dans l’expectative. Cela n’est pas sans rappeler les ambitions ratées <strong>et</strong> pourtant grandioses de la p<strong>en</strong>sée<br />
moderniste, qui préféra la raison <strong>et</strong> la connaissance à la tradition <strong>et</strong> à l’ignorance, avec la ferme int<strong>en</strong>tion<br />
d’améliorer la société, pour finir, aujourd’hui, dans un flottem<strong>en</strong>t incertain, sans direction claire.<br />
Untitled réunit la chance <strong>et</strong> la connaissance, le monum<strong>en</strong>tal <strong>et</strong> l’intime, le poétique <strong>et</strong> le politique. Si la vidéo fut<br />
filmée une année exactem<strong>en</strong>t avant la <strong>des</strong>truction <strong>des</strong> tours jumelles, qui a bouleversé le pays tout <strong>en</strong>tier, Alÿs<br />
l’a transformée <strong>en</strong> installation <strong>en</strong> 2001, montrant qu’elle fut très probablem<strong>en</strong>t conçue avec ce mom<strong>en</strong>t<br />
historique à l’esprit. Untitled (New York. September 2000) est aussi une réflexion sur la vulnérabilité <strong>et</strong> le<br />
caractère inachevé <strong>des</strong> grands récits de pouvoir <strong>et</strong> de modernité. Peut-être pour rappeler qu’<strong>en</strong> fin de compte,<br />
tout est éphémère.<br />
Katya García-Antón
Laur<strong>en</strong>t MALONE<br />
Transects 2001<br />
Trois marches collectives docum<strong>en</strong>tées à travers Marseille, Photographies Laur<strong>en</strong>t Malone<br />
En 1992, dans le cadre de l’Observatoire, Laur<strong>en</strong>t Malone avai<strong>en</strong>t invité D<strong>en</strong>nis<br />
Adams à réaliser dans l’espace de la ville de Marseille, un proj<strong>et</strong> intitulé <strong>«</strong> Port of<br />
view ». Position singulière pour un artiste, Laur<strong>en</strong>t Malone jouait le rôle de simple<br />
intermédiaire <strong>en</strong>tre la ville <strong>et</strong> son hôte. Il guidait D<strong>en</strong>nis Adams, l’emm<strong>en</strong>ait sur<br />
différ<strong>en</strong>ts sites que ce dernier photographiait. À partir de c<strong>et</strong>te expéri<strong>en</strong>ce, D<strong>en</strong>nis<br />
Adams <strong>et</strong> Laur<strong>en</strong>t Malone ont comm<strong>en</strong>cé à s’interroger sur c<strong>et</strong>te position de<br />
médiateur qu’ils n’avai<strong>en</strong>t pas alors rev<strong>en</strong>diquée comme part intégrante du<br />
processus de travail. Selon un tout autre principe, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te fois-ci à New York, ils<br />
r<strong>en</strong>ouvèl<strong>en</strong>t leur collaboration <strong>en</strong> 1997 avec JFK. Partis de Manhattan, les deux<br />
hommes rejoign<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 11 heures de marche l’aéroport de JFK. Ils suiv<strong>en</strong>t<br />
l’itinéraire le plus direct possible <strong>et</strong> photographi<strong>en</strong>t les zones qu’ils travers<strong>en</strong>t,<br />
partageant un seul appareil qu’ils se pass<strong>en</strong>t alternativem<strong>en</strong>t, opposant à chaque<br />
cliché de l’un, une photo prise par l’autre, sans réglages, dans la direction<br />
opposée. Définir un tel processus sur un tracé devait perm<strong>et</strong>tre de dépasser les<br />
clivages imposés de l’espace urbain, <strong>et</strong> de r<strong>en</strong>dre possible une analyse objective de<br />
c<strong>et</strong> espace, tout <strong>en</strong> laissant une place à l’expression du photographe.<br />
En mars 2001, dans le cadre de LMX étape 2 qu’il prés<strong>en</strong>te avec Claire Dehove au<br />
Frac Paca, Laur<strong>en</strong>t Malone invite Christine Br<strong>et</strong>on (conservatrice), Elisab<strong>et</strong>h Dorier<br />
Apprill (géographe) <strong>et</strong> H<strong>en</strong>rik Sturm (artiste) à organiser dans Marseille trois<br />
marches collectives sur un itinéraire <strong>et</strong> selon une problématique de leur choix.<br />
Dans la continuité <strong>des</strong> deux proj<strong>et</strong>s réalisés avec D<strong>en</strong>nis Adams, ces marches,<br />
intitulées transects, ont pour objectif d’initier les participants à une lecture<br />
réflexive de l’espace urbain. Initiateur du proj<strong>et</strong>, Laur<strong>en</strong>t Malone repr<strong>en</strong>d<br />
délibérém<strong>en</strong>t la position discrète de médiateur. Il est simplem<strong>en</strong>t celui qui invite à<br />
marcher <strong>en</strong>semble <strong>et</strong> à poser un regard sur la ville. Le terme de transect,<br />
emprunté à la géographie, désigne une méthode qui consiste à analyser une<br />
surface selon un tracé <strong>en</strong> ligne droite. Parce qu’il lui est apparu que c<strong>et</strong>te méthode<br />
s’appar<strong>en</strong>tait instinctivem<strong>en</strong>t à sa propre pratique, notamm<strong>en</strong>t au principe mis <strong>en</strong><br />
œuvre dans sa traversée de New York, Laur<strong>en</strong>t Malone a voulu faire se r<strong>en</strong>contrer<br />
approches artistiques <strong>et</strong> outils sci<strong>en</strong>tifiques. À la photographie, se substitu<strong>en</strong>t<br />
d’autres mo<strong>des</strong> de <strong>des</strong>cription <strong>et</strong> d’interrogation mis <strong>en</strong> jeu par <strong>des</strong> discours <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />
savoirs <strong>en</strong> prise directe avec les <strong>territoires</strong> traversés. Sur fond de proj<strong>et</strong> euroméditerrané,<br />
Christine Br<strong>et</strong>on a choisi d’évoquer les <strong>en</strong>jeux de l’interface ville-port<br />
<strong>et</strong> de montrer, tout <strong>en</strong> parcourant l’espace portuaire <strong>en</strong> direction <strong>des</strong> quartiers<br />
nord, comm<strong>en</strong>t c<strong>et</strong>te relation s’illustre dans l’histoire <strong>et</strong> la situation actuelle de ces<br />
quartiers, <strong>et</strong> comm<strong>en</strong>t le port détermine l’id<strong>en</strong>tité de la ville <strong>et</strong> le <strong>des</strong>tin de ses<br />
habitants. Elisab<strong>et</strong>h Dorier Apprill <strong>et</strong> H<strong>en</strong>rik Sturm ont proposé, dans une première<br />
marche, d’explorer les quartiers sud. Il s’agissait pour eux, d’une part, de révéler<br />
l’hétérogénéité cachée derrière l’image de quartiers <strong>«</strong> chics », d’autre part, de<br />
m<strong>en</strong>er une réflexion sur la fonctionnalité de l’habitat collectif <strong>et</strong> sur les pratiques<br />
qu’elle induit. Pour la dernière marche, Elisab<strong>et</strong>h Dorier Apprill <strong>et</strong> H<strong>en</strong>rik Sturm ont<br />
choisi de remonter le cours de l’Huveaune, p<strong>et</strong>it fleuve traversant ces mêmes<br />
quartiers, pour s’interroger sur la gestion de l’eau par la ville de Marseille. Chacune<br />
<strong>des</strong> marches a rassemblé <strong>en</strong>viron une vingtaine de personnes.<br />
En tant qu’élém<strong>en</strong>t du dispositif de LMX étape 2, dont ils marqu<strong>en</strong>t la<br />
contextualisation dans la ville qui l’accueille, les transects sont soumis à un<br />
principe d’archivage. Les repérages tournés par Laur<strong>en</strong>t Malone <strong>en</strong> mini dv<br />
constitu<strong>en</strong>t la première pièce de l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> docum<strong>en</strong>ts qui <strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t les<br />
transects. Empruntant seul chacun <strong>des</strong> itinéraires, Laur<strong>en</strong>t Malone expérim<strong>en</strong>te de<br />
nouveaux moy<strong>en</strong>s de représ<strong>en</strong>ter la marche <strong>et</strong> l’évolution dans l’espace urbain.<br />
Jouant avec le programme 5’’ de sa caméra, il <strong>en</strong>chaîne une succession de plans<br />
fixes, proche de la photographie, étapes contemplatives avec pour seul<br />
mouvem<strong>en</strong>t le léger tremblem<strong>en</strong>t de l’image saisie à main levée. Sur les deux<br />
autres parcours, il donne à sa déambulation un point fixe, où décompose <strong>en</strong> 5’’ le<br />
temps de la marche <strong>et</strong> celui de la visée. Lors <strong>des</strong> transects, il filme <strong>et</strong><br />
photographie, att<strong>en</strong>tif aux relations <strong>des</strong> protagonistes <strong>en</strong>tre eux <strong>et</strong> au monde qui<br />
les <strong>en</strong>toure.
Beaux-<strong>arts</strong> Magasine n°306<br />
Décembre 2009<br />
Destination : Art<br />
200 Lieux insolites à travers le<br />
monde, Amy Demsey<br />
Thames <strong>et</strong> Udson<br />
Carton d’invitation<br />
FRAC,<br />
IDENTITE(S)<br />
TERRITORIALE(S)<br />
Du12 décembre 2009 au<br />
28 février 2010<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
Bern <strong>et</strong> Hilla BECHER<br />
C<strong>en</strong>tre Georges Pompidou,<br />
2004<br />
Georges Rousse, Archigraphies,<br />
Musée de Louviers<br />
2009<br />
L’Ombre de la ville,<br />
Essai sur la photographie<br />
contemporaine, Alain<br />
Mons, Les Editions de la<br />
Vill<strong>et</strong>te 1994<br />
La ville,<br />
Art <strong>et</strong> architecture <strong>en</strong> Europe<br />
1870-1993<br />
C<strong>en</strong>tre Georges Pompidou<br />
1994<br />
Lieu,<br />
Tacita Dean <strong>et</strong> Jeremy<br />
MillarThames <strong>et</strong> Hudson<br />
Paysage d’images,<br />
Essai sur les formes<br />
diffuses du contemporain,<br />
Alain Mons, L’Harmattan<br />
2002<br />
Corps, art video <strong>et</strong><br />
numérique,<br />
Scer<strong>en</strong>, CNDP, 2005<br />
Lost in Translation,<br />
Sophia Coppola, 2003<br />
The agile rabbit book of<br />
historical and curious<br />
MAPS,<br />
The pepin press 2005
A ciel ouvert, L’art<br />
contemporain à l’échelle du<br />
paysage<br />
Christophe Domino, SCALA,<br />
2005<br />
Œuvre <strong>et</strong> Lieu,<br />
Essais <strong>et</strong> docum<strong>en</strong>ts,<br />
Anne-Marie Charbonneaux <strong>et</strong> Norbert<br />
Hillaire<br />
FLAMMARION 2002<br />
Beaux-<strong>arts</strong> Edition, Richard<br />
Texier, Œuvres réc<strong>en</strong>tes<br />
La Fontaine Stravinsky, Niki<br />
de Saint Phalle <strong>et</strong> Jean<br />
Tinguely, SCEREN, CNDP,<br />
2006<br />
L’art contemporain,<br />
Christophe Domino, SCALA,<br />
C<strong>en</strong>tre G.Pompidou 2005<br />
GRAFFITIART, n°8,<br />
Oct, Nov, Déc, 2009<br />
Long Term Parking,<br />
Armand, SCEREN, CNDP,<br />
2006<br />
Mythologie personnelles<br />
L’art contemporain <strong>et</strong> l’intime<br />
Isabelle de Maison Rouge,<br />
SCALA, 2004<br />
Nature, Art, Paysage<br />
Gilles A. Tiberghi<strong>en</strong><br />
Actes Sud, 2001<br />
TDC La sculpture dans<br />
la ville au XXème siècle<br />
CNDP, 2001