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Lire l'intégralité du témoignage - ALIS

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Mon départ pour Toulouse<br />

Mon état inquiétait tellement les médecins, que je fus transférée sur<br />

Toulouse en hélicoptère. Mais je ne me rappelle pas de ce baptême de<br />

l'air. Là je dormis ce qui me semblait une nuit et je me réveillai avec le<br />

souci d'aller fermer le camping. En effet, nous avons une caravane à<br />

l'année au camping de Pissevaches à Narbonne et il est ouvert <strong>du</strong><br />

dernier week-end de mars à fin septembre. C'est un endroit que j'adore,<br />

là où je me trouve le mieux. Lorsque je suis là bas, je revis. Ma fille<br />

Sonia, me dit que le camping est fermé depuis un moment : en effet<br />

nous étions le 12 octobre 2002, et cela faisait quatorze jours que je<br />

dormais. Là je fus intubée à plusieurs endroits. Un tuyau branché à un<br />

respirateur m'envoyait de l'air (car je ne pouvais pas respirer seule) par<br />

la bouche : je l'ai gardé deux semaines d'après les souvenirs de ma<br />

famille. Un tuyau dans le nez m'envoyait de la nourriture (on me posa<br />

une sonde gastrique quelques jours plus tard). J’avais aussi une<br />

perfusion. Le 3 octobre, on me posa la trachéotomie. Je me rappelle<br />

avoir vu beaucoup de personnes familières, venues pour me voir. C'est<br />

l'hallucination totale. Et tout de suite je pense : il faut bientôt payer le<br />

foncier et la taxe d'habitation. Je n'arrive pas à le dire et je me rends<br />

compte que je n'ai pas dit à mon mari où j'ai l'argent pour pouvoir les<br />

payer. C'est le trou noir, je ne sens plus ni mes jambes ni mes bras.<br />

Quand les infirmières arrivent pour me laver la tête, c'est l'horreur, je ne<br />

supporte pas ça. Etre allongée sur le dos et avoir la tête qui baigne dans<br />

un bac ne me convient aucunement. Le 13 octobre, je suis consciente et<br />

je vois arriver le docteur, mais je ne me rends pas compte de mon état.<br />

Je me souviens d'une infirmière, "momo", très excentrique qui arrive<br />

toujours en parlant fort et en me boulaiguant. Elle est blonde, aux<br />

cheveux courts, avec un maquillage des yeux d'une couleur bleue très<br />

soutenue. Elle me dit de garder espoir et me raconte qu'il y a un jeune<br />

homme d'à peu près mon âge qui a eu la même chose que moi : après<br />

deux mois, il a recommencé à se raser, à con<strong>du</strong>ire, etc…et elle me<br />

répète ça sans arrêt, jour après jour, car en fait, elle ne sait pas si<br />

j'entends. Par chance, oui, j'entends. C'est une des seules choses qu'il<br />

me reste pour le moment, avec la vue. Dans le domaine <strong>du</strong> cerveau, ils<br />

sont assez ignorants. Quand mon mari arrive à voir le professeur, il lui<br />

demande : "elle va se réveiller ?". Monsieur X est très performant, mais<br />

pas <strong>du</strong> tout sympathique avec les familles. Pour toute réponse, il fait un<br />

hochement d'épaules. "Elle va arriver à respirer sans cette machine ?".<br />

Hochement d'épaules. "Elle va reprendre connaissance ?" Hochement<br />

d'épaules. "Elle va pouvoir déglutir toute seule comme avant ?".<br />

Hochement d'épaules. "Est-ce qu'elle m'entend quand je lui parle ?".<br />

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