You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
membres et à me mettre au fauteuil roulant, chaque jour un peu plus. Et<br />
les premières fois étaient très <strong>du</strong>res. J'avais mal partout, au dos, aux<br />
épaules, aux fesses, ma tête ne tenait pas droite, mon père avait<br />
toujours l'impresion qu'elle allait tomber. La séance ne <strong>du</strong>rait qu'un quart<br />
d'heure mais c'était une éternité pour moi. Je souffrais tellement que je<br />
ne voulais plus monter sur le fauteuil. Les séances d'ergothérapie ne<br />
présentaient rien de particulier. En revanche, les séances d'orthophonie<br />
étaient assez rigolotes. G., une grande blonde, style allemande,<br />
m'apprenait à prononcer les ta la sa etc… et je n'arrivais pas à dire les<br />
pa ga za ba etc… Elle m'apprenait aussi à tirer la langue, chose que je<br />
n'arrivais plus à faire. Après trois ou quatre jours j'y arrivais enfin, et<br />
après je prenais un malin plaisir à tirer la langue à tout le monde. Dés<br />
que quelqu'un rentrait dans ma chambre, il y avait droit. Elle m'apprit<br />
aussi à ouvrir la bouche en grand, ce qui m'était aussi impossible.<br />
Pourtant, à cause de la maladie, je baillais énormément, mais à la<br />
demande, je n'arrivais pas à ouvrir la bouche entièrement. Par la suite<br />
mon père s'aperçut que je ne savais plus respirer par la bouche. Alors<br />
commencèrent les leçons de « boucher le nez pour respirer par la<br />
bouche ». Les premières fois, je crus bien m'étouffer, mais après trois ou<br />
quatre jours, ce fut acquis. Bonne chose de faite !!!<br />
Je commençais à retrouver les petits plaisirs de la vie quotidienne, dont<br />
j'avais été privée <strong>du</strong>rant un bon moment. Je recommençais à peine à<br />
manger de la nourriture (le goût des aliments me manquait un peu quand<br />
même).<br />
Entre temps, je fis la connaissance <strong>du</strong> médecin qui allait me suivre en<br />
neurologie, le docteur F. A.. C'est vraiment une femme formidable. Elle<br />
me prit sous son aile, je ne sais pas pourquoi, mais elle s'intéressait<br />
beaucoup à moi. Sûrement car elle aussi à une famille. Elle venait me<br />
voir tous les jours, et comme je pleurais beaucoup de façon<br />
neurologique, elle me disait : "Je passerais l'après-midi dans la chambre<br />
! Mais il est hors de question que je parte sans savoir pouquoi tu<br />
pleures". En effet, je pleurais à tout bout de champ, quand j'étais<br />
contente comme quand j'étais triste. C'est ce qu'on appelle des spasmes<br />
neurologiques. Un jour, elle arriva dans ma chambre avec une tasse de<br />
café et me dit : "Tu veux que je te fasse boire <strong>du</strong> café ?" Moi qui adore<br />
ça, je répondis : "Oui !". Et elle m'amena un bol qu'elle me fit boire à la<br />
petite cuillère. Quel régal !!! Je me rappelle aussi, que les dimanches et<br />
mercredis, c'étaient des matinées "bain". On me prenait sur un brancard<br />
qui va dans l'eau avec une housse en plastique dessus. Et direction le<br />
bain et le shampooing. J'étais frigorifiée, malgré le chauffage. Cette<br />
opération devait <strong>du</strong>rer une bonne vingtaine de minutes. Je me rappelle<br />
d’un aide-soignant qui me chargeait sur le brancard en disant : "Un,<br />
8