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mes enfants, mon mari et mes parents qui venaient déjà tous les jours à<br />
Toulouse. Je ressentais un bonheur total, toujours sans être vraiment<br />
consciente de mon état. Pour moi, je pouvais m'exprimer normalement :<br />
je parlais probablement dans ma tête et de fait, je pensais qu'on<br />
m'entendait. Mais non, personne ne m'entendait. Je dois noter que<br />
jamais je n'ai pris un repas de l'hôpital. Ma mère me faisait le diner et me<br />
le faisait manger tous les jours, espérant que je pourrais manger ses<br />
mêts et ses desserts jusqu'au bout. Mon arrivée est accompagnée <strong>du</strong><br />
diagnostic, en provenance de Toulouse : locked-in-syndrome. Les<br />
caractéristiques <strong>du</strong> locked-in-syndrome sont les suivants :<br />
• Paralysie des quatres membres avec une conscience normale,<br />
(rien ne bouge sauf les yeux),<br />
• Perte de la parole (on ne sait plus parler),<br />
• Perte de la déglutition (on ne sait plus avaler). Il faut réé<strong>du</strong>quer le<br />
déglutition, la glotte ne fonctionnant pas naturellement. Il faut<br />
réapprendre à manger, à boire, c'est très difficile.<br />
• Perte <strong>du</strong> savoir respirer (d'où la nécessité d'être branchée à un<br />
respirateur)<br />
Vers le 22 octobre, on me pose une canule à clapet (lorsque j'inspirai, le<br />
clapet s'ouvrait et lorsque j'expirais, il se refermait). A la suite de quoi, je<br />
fus prise d'un cafard monstre, me rendant compte que le 12 novembre<br />
Lionel, le plus jeune de mes enfants, fêtait ses 7 ans. Pour la première<br />
fois, je fus consciente que mon état n'était pas normal. Je ne pourrais<br />
pas fêter son anniversaire avec lui, ça me déchirait le cœur. Alors, mes<br />
parents et mon mari décidèrent de m'amener Lionel (première fois<br />
depuis environ un mois et demi). Pour l'occasion, on m'avait maquillée.<br />
Mais l'entrevue fut courte, car en me voyant mon fils partit en pleurant,<br />
pendant que moi aussi j'étais en pleurs. L'entrevue ne <strong>du</strong>ra que deux<br />
secondes. Quatre jours après, mon fils revint et passa un moment dans<br />
ma chambre,où tout se passa bien, il était comme chez lui. Encore une<br />
fois grâce à mes parents, mon mari et mes filles, il était hors de<br />
questions que je ne fête pas son anniversaire avec mon fils. Ils<br />
emmenèrent les cadeaux à l'hopital, avec des tartes aux pommes,<br />
certaines pour les infirmières et les aide-soignants <strong>du</strong> service neurologie<br />
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