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Cercle complet avec Olivier Mosset - Galerie Les Filles du Calvaire

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englobe aussi l’atelier de l’artiste)pourrait avoir provoqué une telle réaction. L’utilisation d’un titre<br />

précis ne sert pas à dissimuler mais bien plutôt, à mettre en évidence le fait que l’acte créatif<br />

s’effectue dans le monde des objets et qu’il est ancré dans leur histoire. Ceci a déjà été dit et redit,<br />

mais il est bon de le souligner et même si on le répète uniquement pour se demander si, par<br />

extension, les peintures appartiennent, elles aussi, à ce monde-là.<br />

Lorsque l’on a prié <strong>Mosset</strong> de s’exprimer sur la rétrospective de ses œuvres de 1965-1985(qui eut lieu<br />

la même année que l’exposition de Genève), il répondit :<br />

« Je n’ai pas de problèmes <strong>avec</strong> mes anciens travaux. Mieux, et c’est plus amusant, je n’ai plus<br />

vraiment de relations <strong>avec</strong> eux. Je les considère comme quelque chose qui est là, qui existe, et qui<br />

aurait très bien pu être fait par un autre.(Je pense particulièrement aux peintures <strong>avec</strong> les cercles.)<br />

»(2) A l’époque à laquelle <strong>Mosset</strong> peignait les cercles, il ne croyait pas seulement que ce travail se<br />

poursuivrait à l’infini mais que n’importe qui aurait pu le faire. La désinvolture de cette affirmation<br />

reflète aussi bien une sensibilité pop que les nouvelles stratégies qui questionnent la notion d’auteur.<br />

Alors qu’interrogé sur le concept de répétition, <strong>Mosset</strong> déclarait que les « cercles » provenaient »d’une<br />

mauvaise interprétation d’Andy Warhol », on peut, rétrospectivement, apprécier le résultat comme<br />

anticipant de nombreux courants actuels qui vont des »signes de peinture »des « Surrogates »d’Alan<br />

McCollum jusqu’à la position extrême de fin de partie(endgame) adoptée par des artistes comme<br />

Philip Taaffe ou Sherrie Levine entre autres.<br />

Et c’est exactement à ce point entre la sensibilité pop et les stratégies de l’appropriation que nous<br />

rencontrons un groupe de jeunes artistes, que <strong>Mosset</strong> a vaguement décrit comme la « génération<br />

post-pop », et qui a, au début des années 80’, posé une série de questions qui nous préoccupent<br />

encore aujourd’hui : la dévaluation de l’originalité(appropriation), l’usage et la mauvais usage des<br />

conventions de la peinture(« néo-géo » et peinture objets), la présentation et l’exposition (ready<br />

mades et objets quotidiens) ainsi que ce qui se trouve entre deux(photographie critique et langage de<br />

publicité).<br />

A New York ces thématiques ont aussi été traitées par les organisateurs des expositions qui se sont<br />

multipliées depuis 1984. Expositions comme Sex à la Cable Gallery, Final Lovechez Cash/Newhouse,<br />

Paravision chez Postmasters, The Art of Memory/The Loss of History au New Museum, Red, à<br />

la Massimo Audiello Gallery et When Attitudes become Form à la Bess Cutler Gallery. Toutes<br />

présentaient <strong>Mosset</strong> dans un contexte différent de celui des peintres <strong>du</strong> monochrome auxquels on<br />

l’avait associé. <strong>Les</strong> peintures qu’il montrait dans ces expositions étaient, pourtant, encore des<br />

monochromes. Selon le contexte, le thème de l’exposition ou leur emplacement, les monochromes de<br />

<strong>Mosset</strong> paraissaient sobres ou surprenants ; différents dans chaque situation. A côté d’un tableau à<br />

lignes de Ross Bleckner(L’Op-art comme programme manqué)ou d’un monochrome mal ten<strong>du</strong> de<br />

Steven Parrino (la toile « violée »), les toiles de <strong>Mosset</strong> semblaient très loin de la question de la «<br />

peinture pour la peinture ». Bien qu’il n’ait jamais réalisé ses peintures à bandes ou ses monochromes<br />

dans cet esprit, la confrontation ouvrait indéniablement un espace actif entre ces œuvres. Par<br />

exemple, un monochrome noir accroché très haut dans un coin, comme un haut-parleur, pouvait<br />

refléter une attitude semblable à celle <strong>du</strong> « guerilla formalism »(3) de Wallace & Donohue. <strong>Les</strong><br />

peintres <strong>du</strong> monochrome, qui n’avaient jamais été au clair sur l’engagement de <strong>Mosset</strong>, voyaient leurs<br />

soupçons se confirmer dans ses nouvelles associations <strong>avec</strong> des artistes jouant en toute liberté <strong>avec</strong><br />

les conventions de la peinture, et qui osaient même s’en moquer. En prenant une position légèrement<br />

« ambivalente » mais qui pouvait être simultanément considérée comme positive, <strong>Mosset</strong> s’est ainsi,<br />

et le plus nettement de tous, rapproché de cette nouvelle génération d’artistes. On constate donc que,<br />

bien avant son exposition genevoise de 1986, les conditions d’une nouvelle interprétation de son<br />

œuvre existaient déjà et qu’il se trouvait, une fois de plus, dans le rôle de membre fondateur d’un<br />

nouveau mouvement, celui qui se formait autour de ce que l’on nommera bientôt le « néo-géo ».<br />

Question : quand est-ce qu’un tableau est terminé ? Réponse : quand il est ven<strong>du</strong>.<br />

>BR> Dans les années précédant de peu la naissance <strong>du</strong> phénomène(ou tendance) de la « nouvelle<br />

géométrie », le marché de l’art avait réussi, après une longue période de stagnation, à lancer un<br />

nouveau mouvement : le néo-expressionnisme. Le retour à la figuration, à des images<br />

reconnaissables et surtout auxsentiments de l’art, fit sortir les anciens collectionneurs de leur réserve<br />

et attira de nouveaux amateurs. <strong>Les</strong> gains réalisés par un marché jusque là en baisse furent<br />

considérables. <strong>Les</strong> prix des stars_ les artistes devenaient des célébrités_ grimpèrent bien au-delà <strong>du</strong><br />

niveau des bourses de moyennes. Bien que l’art ait été de tout temps un excellent placement, aussi<br />

bien sur le plan social que sur le plan financier, une double et monumentale difficulté se posa aux<br />

marchands : d’abord et afin de soutenir l’intérêt des collectionneurs, il s’agissait d’assurer une<br />

pro<strong>du</strong>ction suivie suffisante à un prix abordable, ensuite, de partir à la recherche de quelque chose de<br />

nouveau, parce qu’il est prouvé que la <strong>du</strong>rée de l’intérêt pour la nouveauté est aussi brève que forte

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