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Cercle complet avec Olivier Mosset - Galerie Les Filles du Calvaire

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est la demande. Même s’il existait toujours des collectionneurs pouvant acquérir à prix fort des figures<br />

bâtons ou des têtes sans corps, il était facile de prévoir que sous peu ils désireraient posséder<br />

quelque chose d’autre.<br />

Alors que le East Village se laissait définir géographiquement comme le lieu des graffiti et d’un art de<br />

bandes dessinées(cartoons), montrés dans des boutiques comme Fun Gallery et Civilian Warfare, il y<br />

avait, parallèlement, des galeries qui présentaient un travail différent. Tout comme la figuration<br />

européenne « sauvage » était qualifiée de « néo-expressionnisme », l’art plus intellectuel, plus « froid<br />

», que l’on pouvait trouver dans des galeries dirigées par des artistes, comme Nature Morte ou<br />

International With Monument, fut bientôt dénommé « néo-conceptualisme » et « née-minimalisme ».<br />

Même si ces dénominations étaient absolument inutiles aux artistes, elles servirent au moins à poser<br />

deux points de repères sur trois(le troisième étant le pop)et, surtout, des points de départ . En 1985,<br />

des artistes comme Halley, Koons, Lawler, Levine, McCollum, Parrino et Taaffe, avaient tous exposés<br />

dans le East Village.<br />

Et c’est dans ce contexte que fit son entrée le mouvement pictural, géométrique, le plus ré<strong>du</strong>cteur qui<br />

avait déjà vu par les collectionneurs américains, les critiques et les marchands en Europe. Petit à<br />

petit, les mêmes galeries qui proposaient auparavant des peintures violentes et sauvages,<br />

commencèrent à se remplir de toiles et d’objets aussi nets que les murs blancs qui les entouraient.<br />

Alors que la narration de ces événements est, par nécessité, forcément brève, elle reflète pourtant<br />

bien la rapidité <strong>avec</strong> laquelle ces changements eurent lieu. Ils annonçaient le lancement de nouveaux<br />

mouvements qui n’étaient pas encore précisés dans l’esprit des créateurs eux-même.<br />

<strong>Les</strong> membres ont des privilèges<br />

Pour des artistes comme John Armleder et <strong>Olivier</strong> Moset, la dite « nouvelle géométrie » ne<br />

représentait rien de vraiment nouveau. <strong>Les</strong> deux s’y activaient déjà depuis quelques temps, bien que<br />

leur travail tout comme celui d’Helmut Federle, Imi Knoebel, Gerhard Merz et Gerwald Rockenschaub,<br />

n’ait été que peu connu hors des frontières de l’Europe. En 1980 déjà, <strong>Olivier</strong> <strong>Mosset</strong> organisa une<br />

exposition au C Space à New York, où se trouvaient accrochées des œuvres d’Armleder et de<br />

Federle. En 1984, Armleder monta l’exposition Peinture Abstraite dans sa galerie Ecart à Genève. En<br />

présentant ses propres tableaux, ceux de Federle, Merz, <strong>Mosset</strong> et Rockenschaub à côté de ceux de<br />

Fontana, LeWitt, Mangold, Motherwell, Palermo et Ryman, il proposait « une sorte de manifeste »(4).<br />

Pourtant cette première déclaration de principes n’a pu empêcher une fausse compréhension de ce<br />

travail qui fut considéré comme une réaction directe à ce qui précédait. Ces artistes avaient travaillé<br />

pendant près de dix ou même vingt ans avant d’être si « soudainement »découverts. Mais <strong>avec</strong> des<br />

galeries qui changent leurs expositions toutes les quatre semaines et des revues d’art qui sortent à un<br />

rythme tout aussi rapide le temps se voit comprimé dans un « maintenant » perpétuellement actuel.<br />

Voilà pourquoi, quand un large public commence à s’intéresser à un travail, il ne peut voir que ce qui<br />

est face à lui, sur le moment, et ne peut se souvenir que de ce qui vient juste de se passer.<br />

Uniquement conscient de son apparition et de sa présence, il n’a aucunes données lui permettant de<br />

savoir d’où vient l’œuvre. Ce même public ne peut saisir les intentions de l’artistes, qui ne sont pas<br />

forcément subversives., mais plutôt modestes et rarement dépourvues de doutes. Au cours d’un<br />

entretien <strong>avec</strong> John Armleder, dans lequel ils traitaient de leur appartenance et de leur intégration à la<br />

« néo-géo », <strong>Mosset</strong> suggérait que :<br />

« Ces nouvelles œuvres étaient peut être liées au fait que le retour de la figuration m’a fait réaliser<br />

combien l’idée d’une peinture non figurative avait été une idée formidable. J’ai voulu savoir s’il était<br />

encore possible, aujourd’hui, de peindre des toiles non figuratives. (5)<br />

<strong>Mosset</strong> avoua se trouver dans la situation »où il n’avait plus rien à exprimer <strong>avec</strong> de grandes toiles<br />

monochromes » et effectivement »ne savait plus quoi faire ». Il était bien sûr tout à fait conscient de ce<br />

qui se passait autour de lui, aussi bien en Europe qu’à New York . Il vit qu’il était à nouveau possible<br />

de peindre des toiles abstraites mettant en question « les illusions certaines ou les utopies de<br />

l’abstraction classique »(6). Il reconnut aussi les stratégies d’appropriation de Taafe et Levine, comme<br />

quelque chose qui avait également fait partie de ses préoccupations(les toiles <strong>avec</strong> bandes<br />

empruntées à Buren) et cela tout en sachant parfaitement qu’il n’y reviendrait plus jamais. Vers fin<br />

1985, <strong>Olivier</strong> <strong>Mosset</strong> avait commencé à approfondir, « par la pratique concrète dans son atelier », s’il<br />

était encore possible de faire de la peinture abstraite, et, si oui, de pro<strong>du</strong>ire des œuvres qui seraient<br />

engagées dans l’histoire, le marché, le mode de réception de cette dernière.<br />

Trois traits caractéristiques distinguent les peintures réalisées et montrées à Genève, ainsi que celles<br />

qu’il fit juste après à New York : elles étaient composées de bandes de plusieurs couleurs, elles<br />

portaient des titres, et, manifestement, elles étaient peintes à la main. Repro<strong>du</strong>ites, elles paraissaient<br />

extrêmement précises, mais, au naturel, leurs arêtes légèrement floues témoignaient d’un travail

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