Cercle complet avec Olivier Mosset - Galerie Les Filles du Calvaire
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général, c’est une peinture <strong>avec</strong> deux larges bandes horizontales, l’une jaune , l’autre grise et une fine<br />
ligne noire au milieu. Il se peut qu’Arthur Danto ait dit que les titres ne sont pas seulement le nom des<br />
choses, il ne voulait en aucun cas affirmer que les œuvres d’art font partie de ces chosesauxquelles<br />
les titres donnent un nom… Même lorsqu’elles portent des titres, il nous est impossible d’accorder une<br />
signification picturale aux œuvres abstraites de <strong>Mosset</strong> mais les titres permettent, parfois, de s’arrêter<br />
sur un événement ou une situation qui existe dans le monde, mais pas sur la surface de la toile.<br />
<strong>Mosset</strong> reconnaît :<br />
« Un art qui traiterait de l’économie, de l’engagement social et de la conscience de classe pourrait être<br />
quelque chose de fantastique, mais dans la situation présente, je possède suffisamment de respect<br />
de moi-même pour connaître les limites de ce que l’on peut exprimer dans la peinture. Voilà pourquoi<br />
mes tableaux traitent <strong>du</strong> rapport entre les couleurs et de limites formelles . »(12)<br />
Que les titres de <strong>Mosset</strong> atteignent leur objectif ou non, ils confirment malgré tout toujours que la<br />
peinture abstraite peut provenir des faits de la vie quotidienne.<br />
<strong>Les</strong> seules œuvres nouvelles qui ne sont pas peintes sont sans titres, il s’agit des pièces en formica,<br />
commencées en 1987. <strong>Les</strong> premières de cette série, une édition de 50 exemplaires pro<strong>du</strong>ite par John<br />
Armleder, font l’effet de petites peintures monochromes blanches, de 30x30 cm.<br />
Cependant, à cause de leur support en bois, elles se trouvent à 5 cm de la paroi. Il est toujours<br />
surprenant de constater combien les peintures de <strong>Mosset</strong>, surtout les grandes, sont collées à la paroi.<br />
Par comparaison, l’effet d’objet pro<strong>du</strong>it par les pièces en formica s’en trouve prononcé. Malgré tout,<br />
elles donnent le sentiment d’être des peintures et font appel au discours habituel sur la peinture. <strong>Les</strong><br />
toutes dernières pièces en formica(1988) ne sont pas seulement plus grandes et plus proches des<br />
dimensions, mais portent, en plus, des motifs en bandes verticales et diagonales de différentes<br />
couleurs. Tout comme les tableaux abstraits qui ont suivi les toiles monochromes, ces travaux ont<br />
maintenant des éléments de composition et plusieurs couleurs, mais ils restent sans titres. Alors que<br />
les sculpteurs, d’Artschwager jusqu’à Steinbach, dont l’œuvre se prétendait plutôt minimal que pop,<br />
ont fait usage de ce matériau, ce ne fut jamais le cas des peintres. Il est peut être prématuré, à ce<br />
stade <strong>du</strong> travail, d’estimer les incursions de <strong>Mosset</strong> dans le territoire de la peinture-objet, mais si les<br />
toiles pro<strong>du</strong>ites depuis janvier 1986 représentent la période la plus ambivalente de sa carrière, les<br />
pièces en formica sont sans aucun conteste, et jusqu’à cet instant, les plus ambivalentes de ses<br />
œuvres.<br />
Ne jamais dire jamais<br />
On peut dire qu’un cercle, c’est une forme qui est conçue, qui se développe et qui retourne à son point<br />
de départ. Cette définition peut suggérer la résolution d’un problème, un but et même la fatalité :<br />
quelque chose de résolu ou quelque chose d’accepté. En parcourant la carrière de <strong>Mosset</strong>, on tend à<br />
le voir passer sans accrocs(ni chocs) d’une « période » à l’autre. Cela provient probablement de<br />
l’extrême stabilité formelle de son œuvre, ou, tout simplement, de ce que nous confondons la linéarité<br />
<strong>du</strong> temps_ et la relation des « sujets » dans le temps_ <strong>avec</strong> la notion de progrès. <strong>Les</strong> tableaux <strong>avec</strong><br />
cercles ne se sont pas répétés à l’infini, comme <strong>Mosset</strong> l’avait prédit, et n’ont certainement pas abouti<br />
aux toiles <strong>avec</strong> bandes comme s’il avaient été simplement redressés. Et il n’est pas vrai que »les<br />
bandes ton sur ton se confondent pour se rapprocher <strong>du</strong> monochrome »(13), et, inversement, que les<br />
monochromes n’évoluèrent pas d’une à plusieurs couleurs. Dans chaque cas, et séparément, il<br />
semble que <strong>Mosset</strong> découvre un espace dans lequel il pourra travailler sans être dérangé(les tableaux<br />
<strong>avec</strong> cercles et ceux <strong>avec</strong> bandes, cinq ans plus tard, se laissent presque englober dans un « plan<br />
quinquennal »). Bien que l’histoire laisse croire l’inverse, on n’échappe pas à l’envie de se demander<br />
si, aujourd’hui, il a trouvé un tel lieu. Après presque trois ans de travail sur des toiles abstraites,<br />
géométriques, <strong>Mosset</strong> peint à nouveau des peintures <strong>avec</strong> bandes, bien que toutes très différents des<br />
précédentes(en plaisantant, il les a décrites comme des « Bleckner ratés »). Dernièrement, pour une<br />
collaboration <strong>avec</strong> Steven Parrino, il a peint un monochrome, son premier depuis 1985. Malgré cela, la<br />
carrière de <strong>Mosset</strong> ne peut être décrite comme un circuit fermé (full circle). Une peinture <strong>avec</strong> cercle<br />
de 1987 par exemple ne ressemble en rien à une peinture pro<strong>du</strong>ite en 1967. Si Douglasétait, sur une<br />
seule toile, l’inventaire de tous les « cercles » que <strong>Mosset</strong> ait jamais peint, une peinture récente<br />
nommée N.G . (1987) fait référence aux cercles <strong>avec</strong> un seul « anneau ». <strong>Les</strong> toiles <strong>avec</strong> cercles<br />
étaient composées d’un seul anneau, noir, de 31 mm de largeur situé au milieu d’un champ carré<br />
blanc. N.G <strong>avec</strong> un anneau bleu clair de même dimension sur un champ rose vif ressemblait<br />
terriblement à une toile des années 60’ qui aurait été colorée comme on le fait maintenant <strong>avec</strong> les<br />
anciens films noir/blanc afin de les relancer commercialement(en les mettant au goût <strong>du</strong> jour). En<br />
s’appropriant une de ses propres compositions d’il y a vingt ans, le N.G de <strong>Mosset</strong> pouvait être<br />
interprété comme une manière de dire que le « néo-géo » n’était pas nouveau, mais quelque chose