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LE DÉFENSEUR DU PEUPLE - Defensor del Pueblo

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l’Espagne et la France, fut contraint par celui-ci de promulguer<br />

en contrepartie la Pétition de droit, qui établissait, entre<br />

autres, l’obligation de soumettre le vote de tout nouvel impôt<br />

à l’accord préalable du Parlement, ainsi que l’annulation des<br />

détentions arbitraires des tribunaux d’exception, et la garantie<br />

pour les accusés de faire l’objet d’une procédure judiciaire<br />

régulière, respectant à tout moment les droits et libertés établis<br />

par les lois du royaume et acceptés par le roi lui-même.<br />

L’application de cette pétition dura deux ans, soit pendant<br />

toute la durée du conflit avec la France et l’Espagne, après<br />

quoi le roi s’adonna à nouveau à l’absolutisme et passa outre<br />

les décisions du Parlement jusqu’à sa mort, en 1649. C’est de<br />

là que nous vient cet antécédent.<br />

Dans le cadre de son fonctionnement actuel, la Commission<br />

de Pétitions exerce au sein du Parlement une fonction partiellement<br />

similaire à celle de l’ombudsman, dans la mesure où<br />

elle est habilitée à recevoir des pétitions des citoyens. Dans certains<br />

pays, l’ombudsman et la commission de Pétitions coexistent,<br />

auquel cas cette dernière est relativement inactive. En<br />

revanche, dans certains pays où le modèle de l’ombudsman<br />

national n’a pas été développé, comme c’est le cas de l’Allemagne,<br />

comme nous l’avons vu auparavant, cette commission<br />

parlementaire a été renforcée.<br />

Tout comme l’ombudsman, cette commission n’est investie<br />

d’aucun pouvoir de décision. Elle exerce auprès du Parlement<br />

une action d’ordre informatif et lui soumet des suggestions concernant<br />

les cas de mauvaise administration. Sa principale différence<br />

avec l’institution de l’ombudsman est qu’elle est présidée<br />

par un sénateur et composée de sénateurs issus de plusieurs<br />

groupes parlementaires.<br />

L’Espagne est l’un des pays dans lesquels coexistent<br />

l’ombudsman national et le droit de pétition régie par la<br />

Constitution, et plus précisément par ses articles 29.1 (“Tous<br />

les espagnols jouissent du droit de pétition individuelle et<br />

collective, par écrit, sous la forme et avec les effets que la loi<br />

déterminera”) et 77 (“1. Les chambres parlementaires peuvent<br />

recevoir des pétitions individuelles ou collectives, toujours sous<br />

forme écrite. Leur présentation directe par des manifestations<br />

de citoyens est interdite. 2. Les chambres parlementaires peuvent<br />

remettre au Gouvernement les pétitions qu’elles reçoivent.<br />

Le Gouvernement sera tenu de s’expliquer sur leur contenu<br />

chaque fois que les chambres l’exigeront”). La loi organique de<br />

2001 régissant le droit de pétition, établit le fonctionnement<br />

ordinaire des pétitions.<br />

Au fil des années, on a constaté l’existence d’un contraste<br />

évident entre les pétitions adressées aux chambres parlementaires<br />

et les plaintes présentées au Défenseur du peuple<br />

: entre 1982 et 1989 (législatures 1982-1986 et 1986­<br />

1989), les deux chambres parlementaires accusèrent réception<br />

de 4 566 pétitions, alors que sur la même période,<br />

132 795 plaintes au total furent déposées auprès du<br />

Défenseur du peuple.<br />

<strong>LE</strong> LIVRE <strong>DU</strong> <strong>DÉFENSEUR</strong> <strong>DU</strong> PEUP<strong>LE</strong><br />

248<br />

Les commissions nationales des droits de l’homme<br />

S’il est clair que les commissions parlementaires des pétitions<br />

ne sont pas des médiateurs, même si elles leur ressemblent<br />

sous divers aspects et que certains pays affirment qu’elles exercent<br />

leurs fonctions, on peut en dire de même, si ce n’est que<br />

plus catégoriquement et dans un autre ordre d’idée, en ce qui<br />

concerne les commissions nationales des droits de l’homme: ce<br />

ne sont pas des ombudsmans, même si certaines de leurs missions<br />

sont étroitement liées à celles de ces derniers, notamment<br />

dans le domaine de la protection des droits susmentionnés.<br />

Comme nous l’avons vu auparavant (chapitre 1.3), ces<br />

commissions sont directement animées par les Nations Unies,<br />

même si elles ne dépendent pas nécessairement, en dernier ressort,<br />

de cette organisation internationale. Leur mission est axée<br />

sur la défense et la promotion des droits de l’homme et leur<br />

composition dépend de la législation adoptée dans ce domaine<br />

dans chaque pays. Ce modèle n’existe pas en Espagne. La raison<br />

qui est souvent donnée à cela est qu’il existe déjà un défenseur<br />

du peuple qui exerce de telles fonctions, outre un certain<br />

nombre d’autres missions.<br />

Les limites de ce qu’est un ombudsman<br />

Le succès de cette institution est tout à fait évident dans<br />

ce contexte de double généralisation de modèles et d’essor à<br />

travers le monde. Certains estiment cependant que cette généralisation<br />

est devenue excessive. L’appellation d’ombudsman a<br />

été donnée à des institutions et surtout à des organismes qui<br />

ne le sont pas à proprement parler ou qui ne le sont pas du<br />

tout. Lorsqu’on attribue le nom d’ombudsman ou défenseur du<br />

peuple, ou tout autre similaire, à un bureau de réclamations,<br />

cela signifie en quelque sorte que la roue a tourné et que l’on<br />

est revenu à ce qui n’était qu’un antécédent. On a donc perdu<br />

en route la principale caractéristique qui définit l’ombudsman,<br />

à savoir l’indépendance et l’autonomie réelles, outre son caractère<br />

externe à l’Administration.<br />

On assiste également à l’heure actuelle à un certain glissement<br />

d’un domaine à un autre, ce qui prouve bien le succès de<br />

ces institutions mais témoigne également de l’utilisation qui en a<br />

été faite, que certains jugent immodérée: certaines entreprises<br />

privées du monde entier ont créé des organismes répondant au<br />

nom d’ombudsman et présentant certaines des caractéristiques<br />

de ce type d’institution sans s’y conformer pleinement (dans la<br />

mesure où ils ne font pas partie du Parlement, ni même de<br />

l’Administration publique). Ce phénomène s’est notamment développé<br />

dans bon nombre de médias, et plus particulièrement dans<br />

la presse quotidienne, qui s’est dotée d’un “ombudsman ou<br />

défenseur du lecteur” (certaines chaînes de télévision disposent<br />

d’un “défenseur du téléspectateur”). De nombreuses universités<br />

disposent elles aussi d’une figure analogue, sous ce même nom<br />

ou sous un nom similaire. C’est même le cas de l’Église catholique,<br />

qui a abordé à plusieurs reprises, dans le cadre de débats, la

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