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LE DÉFENSEUR DU PEUPLE - Defensor del Pueblo

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à toit plat composé d’une triple arcade. L’entrée des voitures se<br />

faisait par le pan coupé de l’angle. Il suffisait alors de traverser le<br />

portique pour accéder au garage situé au sous-sol.<br />

Au bout du portique se trouvait le vestibule qui donnait sur<br />

un escalier court à double volée menant, au-<strong>del</strong>à d’une porte en<br />

bois du XVIIIe siècle, à la cour centrale couverte qui faisait office<br />

de hall moderne, sur laquelle donnait les pièces du palais,<br />

conformément à la typologie des palais de la Renaissance. De<br />

l’un des côtés de cette pièce centrale se dressait, légèrement en<br />

retrait, le magnifique escalier, inspiré de celui de l’Alcazar de<br />

Tolède, menant à l’étage noble. Un ascenseur principal et un<br />

ascenseur de service situés à gauche, outre un escalier en colimaçon,<br />

permettaient d’accéder aux étages supérieurs.<br />

L’édifice comptait trois étages: le rez-de-chaussée, composé<br />

d’un salon, d’un fumoir, d’un bureau, d’un salon de danse<br />

et, dans l’axe de l’entrée principale, d’une salle à manger de<br />

gala qui donnait sur le jardin; l’étage principal, avec les chambres<br />

privées, dont celle du Marquis, qui était située juste audessus<br />

de la salle à manger de gala, ce qui lui permettait de profiter<br />

d’une grande terrasse donnant sur le jardin, à la hauteur de<br />

l’abside de la salle à manger; un second étage où se trouvaient<br />

la cuisine et différentes dépendances réservées aux domestiques,<br />

dont certaines furent ultérieurement occupées par les<br />

petits-enfants et leur préceptrice; et le troisième étage ou attique,<br />

qui abritait une buanderie, une salle de repassage, d’autres<br />

chambres et les terrasses. Au sous-sol, outre le garage, se trouvaient<br />

les chaudières et les pièces de service.<br />

Cela dit, l’élément le plus spectaculaire du palais était<br />

sans aucun doute l’espace occupé par la cour et l’escalier, qui<br />

s’étendait jusqu’à la hauteur de l’étage principal, où il était<br />

surmonté d’un plafond vitré qui divisait la cour en deux niveaux.<br />

Cette couverture séparait la zone noble de la zone de service et<br />

permettait à la lumière de pénétrer à travers la toiture vitrée à<br />

une pente qui couronnait l’édifice, jusque dans la cour. Cet<br />

espace brisé permettait en outre la possibilité d’ouvrir une galerie<br />

à chaque étage, permettant ainsi à l’ensemble de l’édifice et<br />

à la vie du palais de tourner autour de ce noyau central.<br />

Évolution historique<br />

Les travaux de construction du palais durèrent trois ans. Le<br />

3 janvier 1916, Benito Guitart Trulls présenta enfin à la<br />

Municipalité le certificat d’achèvement des travaux et demanda le<br />

“permis d’habitabilité”, étant donné que le palais était d’ores et<br />

déjà en mesure d’être occupé. Mais l’absence de rambardes de<br />

sécurité au bas des pentes de toits, qui étaient obligatoires à cette<br />

époque en vertu des arrêtés municipaux, pour des raisons de sécurité,<br />

déclencha une polémique entre la Municipalité et les propriétaires,<br />

polémique qui ne fut réglée qu’au mois de décembre, ce qui<br />

retarda de près d’un an le déménagement des Marquis au palais.<br />

Le refus des Bermejillo de poser des rambardes de sécurité<br />

sur les toitures, était fondé sur des raisons esthétiques liées au<br />

<strong>LE</strong> LIVRE <strong>DU</strong> <strong>DÉFENSEUR</strong> <strong>DU</strong> PEUP<strong>LE</strong><br />

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langage architectonique utilisé dans le palais. D’après eux, la présence<br />

de telles rambardes constituait “un attentat au bon goût” et<br />

“une note discordante et anti-artistique” qui dénaturait l’ensemble<br />

harmonieux du palais. La solution au problème, à l’issue de la controverse<br />

initiale, fut apportée par le Conseil consultatif municipal,<br />

qui décréta que les propriétaires devaient être dispensés de cette<br />

obligation, estimant que la pose de rambardes en fer au bord des<br />

toits de bois en encorbellement de “l’une des plus curieuses constructions<br />

modernes de la capitale de style Renaissance espagnol”,<br />

constituerait une aberration qui ne ferait que discréditer la<br />

Municipalité si elle venait à être exécutée. De même, le Conseil<br />

consultatif considéra que le problème de sécurité pouvait être réglé<br />

en installant des fixations dûment réparties auxquelles les ouvriers<br />

pourraient s’accrocher à l’aide de cordes et de harnais. Sur la base<br />

de cette résolution, le 18 décembre 1916, le permis d’habitabilité<br />

fut finalement délivré et les Marquis purent enfin emménager.<br />

La décoration du palais fut quant à elle prise en charge par<br />

doña Julia Schmidtlein elle-même. Des magnifiques plafonds en<br />

bois à caissons, à la céramique –de Talavera pour les carrelages<br />

muraux et de Séville pour les sols–, en passant par les portes, les<br />

grilles aux fenêtres et les meubles, tout fut soigneusement choisi et<br />

acheté par la Marquise, qui était une amatrice et connaisseuse de<br />

l’art espagnol. Elle reçut d’ailleurs les meilleurs éloges de Cabello<br />

Lapiedra, qui la décrivait comme “la vive incarnation de l’art, une<br />

amoureuse du XVIe siècle”. Il ira même jusqu’à affirmer, de façon<br />

quelque peu excessive il est vrai, qu’elle était “l’âme et la vie de<br />

l’ouvrage réalisé” et qu’elle avait elle-même tracé “de sa main sûre<br />

les plans de cette demeure seigneuriale”. Le fait est que doña Julia<br />

supervisa jusqu’aux plus petits détails décoratifs, de façon à ce que<br />

tout, à l’intérieur comme à l’extérieur, fût conforme au style espagnol,<br />

le style qui devait selon elle dominer dans sa demeure.<br />

Elle était l’amie personnelle d’artistes et de peintres, et<br />

notamment de José María López Mezquita, qui fut l’auteur,<br />

parmi les nombreuses œuvres réalisées sur commande de la<br />

Marquise, du Portrait de la Famille Bermejillo, un tableau qui<br />

valut à ce peintre la médaille d’or d’une Exposition nationale<br />

organisée à Madrid en 1910. Ce splendide portrait, où posent<br />

le couple et ses quatre enfants, Carmen, Ignacio, Javier et<br />

Carolina, ne laissait nullement présager les dures épreuves auxquelles<br />

ils allaient devoir faire face peu de temps après, à<br />

savoir la mort prématurée de l’un des enfants et de grosses difficultés<br />

économiques qui allaient les contraindre de vendre le<br />

palais. C’est donc une œuvre d’une grande intensité empreinte<br />

de nostalgie pour tous ceux qui eurent l’occasion de la contempler<br />

quelques années plus tard, et qui témoigne de la fragilité<br />

des époques de bonheur. La contemplation de ce tableau<br />

nous invite à remonter le temps jusqu’aux origines de cette<br />

famille qui fut fondée au Mexique, le pays où don Javier et<br />

doña Julia passèrent leur enfance et où ils firent connaissance.<br />

Originaires de Balmaseda, les Bermejillo émigrèrent au<br />

Mexique, où ils firent fortune. C’est une déception amoureuse qui

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