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Galaad et le roi pec..

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voit souvent son navire errer sur la mer. Mais nul ne connaît son nom, nul ne connaît ses<br />

intentions. » Gauvain n’insista pas <strong>et</strong> continua à manger en parlant de choses <strong>et</strong> d’autres.<br />

Quand <strong>le</strong> repas fut terminé, la dame emmena ses hôtes un instant prendre l’air près de la<br />

fenêtre, d’où l’on voyait de grandes landes <strong>et</strong>, beaucoup plus loin, <strong>le</strong> rivage de la mer. Et, une<br />

fois venue l’heure d’al<strong>le</strong>r se coucher, on emmena Gauvain <strong>et</strong> Hector dans une bel<strong>le</strong> chambre<br />

richement décorée où se dressaient deux lits recouverts de blanches fourrures. Les deux<br />

chevaliers étaient si las qu’ils s’y allongèrent <strong>et</strong> s’endormirent immédiatement.<br />

C’est <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il qui <strong>le</strong>s réveilla. Or, se m<strong>et</strong>tant sur <strong>le</strong>ur séant, ils se virent avec stupéfaction<br />

installés sous un grand arbre feuillu, au milieu d’une vaste prairie qu’émaillaient des f<strong>le</strong>urs<br />

innombrab<strong>le</strong>s <strong>et</strong> multicolores. Leurs armes se trouvaient bien rangées près d’eux <strong>et</strong> <strong>le</strong>urs<br />

chevaux, tout sellés <strong>et</strong> harnachés, broutaient tranquil<strong>le</strong>ment l’herbe fraîche. « Quel est ce<br />

prodige ? s’écria Hector. N’étions-nous pas couchés dans <strong>le</strong>s bons lits d’un manoir magnifique<br />

où vivaient des femmes bel<strong>le</strong>s à ravir ? – Si fait, répondit Gauvain, mais j’ai surtout<br />

l’impression que nous avons rêvé. Nous étions si fatigués, hier soir, que nous avons dû nous<br />

arrêter ici <strong>et</strong> nous endormir sans trop savoir où nous nous trouvions. » [34]<br />

Ils se remirent en sel<strong>le</strong> <strong>et</strong> allaient en direction du rivage lorsqu’ils aperçurent un chevalier<br />

qui galopait à si vive allure qu’on l’eût dit poursuivi par des assassins. Quand il fut à portée<br />

de voix, Hector lui cria : « Seigneur ! que t’arrive-t-il ? Pourquoi vas-tu comme <strong>le</strong> vent ? » Le<br />

chevalier brisa n<strong>et</strong> l’élan de son cheval. « Seigneur, répondit-il, je fuis devant un chevalier qui<br />

tue tous ceux qu’il rencontre. – Qui est donc ce chevalier ? – Je l’ignore. Je sais seu<strong>le</strong>ment<br />

qu’il habite une î<strong>le</strong>. » Gauvain <strong>et</strong> Hector se regardèrent : la mystérieuse <strong>et</strong> bel<strong>le</strong> dame qu’ils<br />

avaient cru voir <strong>le</strong> soir précédent ne <strong>le</strong>ur avait-el<strong>le</strong> pas parlé d’un chevalier qui avait chassé<br />

ou tué tous <strong>le</strong>s autres <strong>et</strong> vivait à présent dans une î<strong>le</strong> ? Gauvain posa encore au chevalier<br />

quelques questions à propos de ceux qu’ils recherchaient en vain, mais l’autre fut incapab<strong>le</strong><br />

de lui fournir la moindre réponse, <strong>et</strong> ils allaient se séparer quand Gauvain lui dit : « Il me<br />

semb<strong>le</strong>, seigneur, t’avoir déjà vu quelque part. – C’est exact, seigneur, je suis <strong>le</strong> Chevalier<br />

Couard que tu rencontras dans la forêt lors de ta victoire sur <strong>le</strong> chevalier au bouclier mi-parti<br />

blanc mi-parti noir. Je suis <strong>le</strong> vassal de la Demoisel<strong>le</strong> au Char [35] . Mais, pour l’amour de<br />

Dieu, ne me r<strong>et</strong>ardez pas, car <strong>le</strong> chevalier que vous al<strong>le</strong>z rencontrer de ce côté-là a un regard<br />

si féroce que je me croyais déjà mort ! » Gauvain se mit à rire. « Par Dieu tout-puissant !<br />

s’exclama-t-il, du moins n’as-tu rien à craindre de notre part, <strong>et</strong> je puis t’affirmer que j’aime<br />

beaucoup ta Demoisel<strong>le</strong>. Je serais bien heureux de la revoir un jour. – Qui sait répondit <strong>le</strong><br />

Chevalier Couard. Ah ! comme j’aimerais que tous <strong>le</strong>s autres chevaliers fussent dans <strong>le</strong>s<br />

mêmes dispositions que vous, seigneurs ! Mais, hélas, je n’ai peur de personne autant que de<br />

moi-même. » Et, là-dessus, il piqua des deux <strong>et</strong> repartit au grand galop.<br />

Les deux compagnons reprirent <strong>le</strong>ur chemin vers la mer <strong>et</strong> allaient l’atteindre quand ils<br />

virent un chevalier armé qui, monté sur un grand destrier, arborait à son col un bouclier doré<br />

happé d’une c<strong>roi</strong>x verte. « Par Dieu, dit Gauvain à Hector, voici <strong>le</strong> fameux chevalier dont on<br />

nous a parlé. Peut-être sait-il quelque chose sur ce que nous cherchons. » Ils se dirigèrent<br />

vers lui à vive allure <strong>et</strong> <strong>le</strong> saluèrent aimab<strong>le</strong>ment. Le chevalier <strong>le</strong>ur rendit <strong>le</strong>ur salut.<br />

« Seigneur, dit Gauvain, pourrais-tu me renseigner sur un chevalier dont <strong>le</strong> bouclier porte une<br />

c<strong>roi</strong>x vermeil<strong>le</strong> ? – Certainement, répondit l’autre. Si vous <strong>le</strong> cherchez, vous <strong>le</strong> trouverez

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