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Galaad et le roi pec..

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d’un golfe, que c’était merveil<strong>le</strong> <strong>et</strong> ils aperçurent une autre nef, mouillée de l’autre côté, dans<br />

une crique si ét<strong>roi</strong>te qu’on n’y pouvait accéder qu’à pied. « Amis, dit la sœur de Perceval, en<br />

c<strong>et</strong>te nef est l’aventure pour laquel<strong>le</strong> Dieu vous a réunis. Il convient donc de la rejoindre. »<br />

Les t<strong>roi</strong>s compagnons sautèrent sur <strong>le</strong> rivage, aidèrent Lawri à descendre, amarrèrent <strong>le</strong>ur<br />

bateau pour que <strong>le</strong> flot ne l’entraînât pas. Quand ils furent sur l’un des rochers, ils <strong>le</strong><br />

contournèrent par un ét<strong>roi</strong>t sentier <strong>et</strong> parvinrent à la crique où se trouvait l’autre navire. Il<br />

était bien plus sp<strong>le</strong>ndide que celui qu’ils venaient de quitter, mais à <strong>le</strong>ur grande surprise, il<br />

semblait désert. S’étant approchés pour mieux voir, ils découvrirent sur <strong>le</strong> plat-bord une<br />

inscription qui disait : « Toi qui prétends monter à mon bord, qui que tu sois, prends garde de<br />

n’être alourdi par aucune faute, car je sombrerais immédiatement. »<br />

Ils se regardèrent <strong>le</strong>s uns <strong>le</strong>s autres, fort perp<strong>le</strong>xes quant à ce qu’il convenait de faire.<br />

Mais la sœur de Perceval prit la paro<strong>le</strong> : « Je vous avais dit que je savais beaucoup de choses<br />

<strong>et</strong> ne vous <strong>le</strong>s révé<strong>le</strong>rais que <strong>le</strong> moment venu. Je vous avertis donc que si vous n’avez pas<br />

déchargé votre âme de toutes <strong>le</strong>s fautes que vous avez pu comm<strong>et</strong>tre, vous ne pouvez pas<br />

monter sur c<strong>et</strong>te nef : vous y péririez immédiatement. Car c<strong>et</strong>te nef est si sainte <strong>et</strong> si sacrée<br />

que nul n’y peut demeurer s’il est entaché d’un quelconque défaut. » Perceval s’écria : « Ma<br />

sœur ! j’y entrerai ! Et sais-tu pourquoi ? Parce que, si je suis pécheur, je veux périr<br />

misérab<strong>le</strong>ment. Mais si je suis allégé de toutes mes fautes, je serai sauvé. – Entre donc dans<br />

la nef, dit Lawri, <strong>et</strong> que Dieu te protège ! »<br />

Il se dirigeait vers <strong>le</strong> navire quand <strong>Galaad</strong>, qui <strong>le</strong>s avait tous hardiment précédés, <strong>le</strong>va la<br />

main, se signa, monta à bord <strong>et</strong> se mit à examiner <strong>le</strong>s entours. Lawri embarqua à son tour,<br />

après s’être signée. Perceval alors rejoignit sa sœur <strong>et</strong> lui prit la main. Quant à Bohort, il<br />

hésita un long moment puis, se décidant, bondit <strong>et</strong> r<strong>et</strong>rouva ses compagnons. Après avoir<br />

visité jusqu’en ses recoins la nef merveil<strong>le</strong>use, ils la déclarèrent unanimement la plus bel<strong>le</strong><br />

qu’ils eussent jamais eu l’occasion de voir. Or, tandis qu’ils la parcouraient, ils découvrirent<br />

un drap magnifique étendu en guise de courtine au-dessus d’un lit d’une extraordinaire<br />

sp<strong>le</strong>ndeur. <strong>Galaad</strong> avança la main, sou<strong>le</strong>va <strong>le</strong> drap <strong>et</strong> aperçut alors la plus bel<strong>le</strong> couche du<br />

monde. À son chev<strong>et</strong> reposait une riche couronne d’or, <strong>et</strong>, à son pied, étincelait une épée<br />

tirée d’un bon demi-pied hors de son fourreau, <strong>et</strong> sur la poignée de laquel<strong>le</strong> tous purent lire<br />

une inscription qui disait : « Je suis merveil<strong>le</strong> à voir <strong>et</strong> à connaître, car jamais nul ne put<br />

m’empoigner, si grande fût sa main, <strong>et</strong> nul ne <strong>le</strong> fera jamais, à l’exception d’un seul. Car<br />

celui-là surpassera tous ceux qui l’auront précédé <strong>et</strong> tous ceux qui lui succéderont. »<br />

« Par Dieu tout-puissant ! s’écria Perceval, j’essaierai d’empoigner c<strong>et</strong>te épée ! » Il y mit<br />

la main, mais ne put étreindre la poignée. « Je c<strong>roi</strong>s bien que ces l<strong>et</strong>tres disent vrai »,<br />

murmura-t-il d’un ton amer. Bohort essaya à son tour <strong>et</strong> n’y réussit pas mieux. Ils se<br />

tournèrent alors vers <strong>Galaad</strong> : « Ce ne peut être que toi, dirent-ils, car tu es <strong>le</strong> Bon<br />

Chevalier. » Mais <strong>Galaad</strong> refusa. Il contemplait l’épée avec une grande attention <strong>et</strong> finit par<br />

dire : « Regardez, une autre inscription figure sur la lame de c<strong>et</strong>te épée. » Ils se penchèrent<br />

<strong>et</strong> lurent ceci : « Nul ne pourra me tirer hors du fourreau tant que <strong>le</strong> baudrier auquel je pends<br />

ne sera pas changé. Or ce baudrier ne peut être changé que par la main d’une femme très<br />

pure <strong>et</strong> issue de <strong>roi</strong> <strong>et</strong> de reine. El<strong>le</strong> seu<strong>le</strong> substituera au baudrier présent un autre baudrier,<br />

fait de la chose qu’el<strong>le</strong> préfère en toutes cel<strong>le</strong>s qu’el<strong>le</strong> porte sur el<strong>le</strong>. Il convient aussi que<br />

c<strong>et</strong>te femme soit vierge, de volonté comme de fait. S’il advient qu’el<strong>le</strong> enfreigne sa virginité,<br />

nul doute qu’el<strong>le</strong> mourra de la plus vi<strong>le</strong> mort qui soit. Et que jamais nul ne s’avise de me tirer<br />

hors du fourreau tant que ce baudrier fait de vil chanvre n’aura pas été remplacé par celui

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