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Galaad et le roi pec..

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courage <strong>et</strong> décupla sa rage. Le poing raffermi sur son épée, il frappa l’un des oiseaux <strong>le</strong>s plus<br />

proches <strong>et</strong> l’atteignit au beau milieu du corps, en faisant jaillir <strong>le</strong>s entrail<strong>le</strong>s. L’oiseau tomba à<br />

terre mais, durant sa chute, il se transforma en femme – en cadavre de femme – <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te<br />

morte avait un corps superbe, <strong>le</strong> plus beau corps de femme que Perceval eût jamais vu [13] .<br />

Or, tandis que ce s<strong>pec</strong>tac<strong>le</strong> <strong>le</strong> plongeait au comb<strong>le</strong> de l’affliction, <strong>le</strong>s oiseaux qui <strong>le</strong><br />

pressaient reculèrent <strong>et</strong>, se précipitant vers <strong>le</strong> cadavre, l’emportèrent en un clin d’œil dans<br />

<strong>le</strong>s airs. Alors, Perceval, se voyant débarrassé d’eux, se précipita sur <strong>le</strong> chevalier qui <strong>le</strong><br />

supplia, au nom de Dieu, de l’épargner. « À condition que tu m’expliques <strong>le</strong>s prodiges que je<br />

viens de voir ! répliqua Perceval. – Bien volontiers, seigneur, dit Urvoen. Le prodigieux fracas<br />

que tu as entendu provient, sache-<strong>le</strong>, du château de mon amie. El<strong>le</strong> l’a anéanti pour l’amour<br />

de moi. La voix que tu as entendue est la sienne, el<strong>le</strong> m’appelait. Quand el<strong>le</strong> a compris que<br />

je ne pourrais t’échapper, el<strong>le</strong> a changé d’as<strong>pec</strong>t, ainsi que ses suivantes, <strong>et</strong> a volé ici pour te<br />

combattre <strong>et</strong> me porter secours. En <strong>le</strong>s voyant, je n’ai pu m’empêcher d’accourir à <strong>le</strong>ur aide<br />

<strong>et</strong>, norma<strong>le</strong>ment, nous aurions dû te tuer. Mais, je <strong>le</strong> vois trop, personne, eût-il des pouvoirs<br />

magiques, ne peut rien contre toi. J’ai la certitude que tu es un fidè<strong>le</strong> serviteur de Dieu <strong>et</strong> l’un<br />

des meil<strong>le</strong>urs chevaliers du monde ! Sache éga<strong>le</strong>ment que cel<strong>le</strong> que tu as tuée ne risque<br />

rien : en ce moment, el<strong>le</strong> se trouve déjà dans l’î<strong>le</strong> d’Avalon où la mort est inconnue. Mais, au<br />

nom de Dieu, je te prie maintenant de me laisser r<strong>et</strong>ourner vers mon amie. El<strong>le</strong> m’attend. »<br />

À ces mots, Perceval se mit à rire <strong>et</strong> lui accorda la permission de partir. Urvoen en<br />

éprouva une tel<strong>le</strong> joie qu’il en oublia son cheval <strong>et</strong> s’en fut à pied. Mais il n’avait pas fait deux<br />

arpents que Perceval vit des jeunes femmes l’emporter au milieu de tumultueuses<br />

manifestations d’allégresse. Alors, Perceval se remit en sel<strong>le</strong>, dans l’espoir de rattraper tout<br />

<strong>le</strong> groupe <strong>et</strong> de satisfaire sa curiosité quant à l’amie du chevalier. Mais à peine eut-il<br />

enfourché son cheval que tout s’était évaporé, jeunes femmes, chevalier, tout – même, à ses<br />

côtés, <strong>le</strong> cheval du vaincu. P<strong>le</strong>in de stupeur, il revint sur ses pas, tout pensif. N’avait-il pas<br />

rêvé ? [14]<br />

Il repartit donc <strong>et</strong>, fort préoccupé de son entreprise, il poursuivait sa route, encore étonné<br />

de son extraordinaire aventure, quand, parvenu à l’orée d’un bois, il vit s’approcher un<br />

vieillard barbu qui, avec la faux qui lui pendait au col, avait tout l’as<strong>pec</strong>t d’un faucheur. En<br />

abordant Perceval, l’homme lui saisit son cheval au mors <strong>et</strong> dit : « Étourdi ! tu t’égares dans<br />

des aventures qui ne te rapportent que des ennuis ! Quel besoin as-tu de franchir des gués<br />

qui te sont peut-être interdits ? »<br />

Très étonné de ces paro<strong>le</strong>s, Perceval répliqua : « Vieil homme, en quoi cela te concerne-til<br />

? – Cela me concerne, rétorqua <strong>le</strong> vieux, cela nous concerne, moi <strong>et</strong> <strong>le</strong>s autres, <strong>et</strong> cela nous<br />

concerne, sache-<strong>le</strong>, toi <strong>et</strong> moi plus encore que <strong>le</strong>s autres ! – Mais, s’exclama Perceval de plus<br />

en plus étonné, qui es-tu donc ? » Le vieil homme éclata d’abord de rire. « Quelqu’un que tu<br />

connais très mal, dit-il enfin, mais qui, en revanche, te connaît très bien. Sache en tout cas<br />

que ceux qui me connaissent en éprouvent souvent du chagrin, car ce que je <strong>le</strong>ur dis ne <strong>le</strong>ur<br />

fait pas forcément plaisir. – Je comprends de moins en moins, dit Perceval. Qui donc es-tu ? –<br />

Un faucheur, comme tu peux t’en rendre compte. – Cependant, qui t’a si bien renseigné sur<br />

moi ? – Je savais ton nom dès avant que tu ne fusses venu au monde. »<br />

Aussi intrigué qu’agacé par ces propos pour <strong>le</strong> moins sibyllins, Perceval finit par s’écrier :<br />

« Au nom de Dieu, je te conjure de me dire ce que tu sais de moi <strong>et</strong> ce qu’il en est de toi.

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