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La romancière française de l'entre deux guerres (1919-1939)

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Gi<strong>de</strong>, brisent le récit linéaire et chronologique, multiplient les points <strong>de</strong> vue, usent du<br />

monologue intérieur. Une critique <strong>de</strong> l’esthétique se fait jour : elle porte sur l’adéquation entre<br />

la forme et ce qu’elle prétend représenter, et Dada prétend que le réel ne peut être abordé que<br />

par le rêve ou l’écriture automatique… <strong>La</strong> littérature féminine, qui emprunte une autre voie,<br />

donne l’impression <strong>de</strong> n’avoir pu se renouveler, d’être incapable <strong>de</strong> suivre cette remise en<br />

cause <strong>de</strong> la réalité. André Billy estimera qu'à la fin <strong>de</strong> cette décennie, « la littérature<br />

mo<strong>de</strong>rne » est une « littérature d'homme », celle <strong>de</strong> Valéry et <strong>de</strong> Gi<strong>de</strong>, et que « les femmes n'y<br />

ont aucune part » 12 . Jean <strong>La</strong>rnac ne dira pas autre chose lorsqu'il abor<strong>de</strong> cette époque dans<br />

son Histoire <strong>de</strong> la littérature féminine en France :<br />

« Depuis la guerre, tandis que les hommes ont cherché, <strong>de</strong> tous côtés, une voie<br />

nouvelle où s'engager, les femmes se sont laissées porter sur les routes<br />

anciennes » 13 .<br />

L’engouement <strong>de</strong>s critiques pour la littérature féminine est retombé au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong><br />

la guerre. <strong>La</strong> jeune génération masculine offrait un souffle nouveau au roman qui n’avait dès<br />

lors plus besoin <strong>de</strong>s femmes pour se renouveler. D’ailleurs, à cette époque, l’écriture féminine<br />

paraissait s’essouffler : elle donnait l’impression <strong>de</strong> ne pouvoir sortir <strong>de</strong>s thématiques initiées<br />

par la génération <strong>de</strong> la Belle Époque. Aucune femme <strong>de</strong> lettres n’a fondé d’école littéraire ou<br />

<strong>de</strong> mouvement esthétique, mais à leur manière, les <strong>romancière</strong>s <strong>de</strong> l’entre-<strong>de</strong>ux-<strong>guerres</strong> ont<br />

renouvelé leur source d’inspiration. Pour répondre à une société qui veut oublier les horreurs<br />

<strong>de</strong> la guerre, elles ont donné à lire une autre réalité, celle <strong>de</strong>s colonies… On peut s’étonner<br />

que les critiques n’aient pas remarqué ce changement. Il serait intéressant <strong>de</strong> s’interroger sur<br />

ce manque <strong>de</strong> perspicacité qui permettrait <strong>de</strong> découvrir quel regard portait les hommes <strong>de</strong><br />

lettres sur leurs homologues féminins.<br />

12 A. Billy, L'Époque contemporaine, 1905-1930, Taillandier, 1956, p. 263.<br />

13 J. <strong>La</strong>rnac, op. cit., p. 242.<br />

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