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SSppoorrtt<br />
De Modane à Bonneval<br />
On les voit passer en coup de vent sur les sentiers.<br />
Quand les randonneurs peinent sur les<br />
raidillons, les traileurs avalent la difficulté en<br />
courant. Traileur, un pratiquant du trail, cette<br />
activité sportive en plein développement qui<br />
consiste à courir en pleine nature sur un parcours<br />
balisé avec de forts dénivelés. Il existe<br />
plusieurs catégories : le “Trail court” de 21 à<br />
41 km, le “Trail” qui s’échelonne de 42 à 80 km<br />
et enfin “l’Ultra trail” avec des courses de plus<br />
de 80 km qui durent parfois plusieurs jours.<br />
Des courses se déroulent chaque week-end<br />
partout en France, les magazines spécialisés se<br />
multiplient et les amateurs sont de plus en plus<br />
nombreux. En Haute Maurienne, deux trails<br />
sont programmés en août : le “Trail Cenis Tour”<br />
qui reprend après une année d’interruption<br />
avec 2600 m de dénivelé positif, et le nouveau<br />
“Trail du Thabor” qui partira le 29 août de<br />
Bardonnèche, en Italie, pour 3000 m de dénivelé<br />
positif.<br />
Du jogging au dénivelé<br />
de 3000 m<br />
« Pour beaucoup de participants, le but n’est<br />
pas d’arriver dans les premiers mais simplement<br />
d’arriver au bout » assure Damien<br />
Margueron, ancien organisateur du Trail <strong>Terra</strong><br />
<strong>Modana</strong>. Ces courses attirent souvent des centaines<br />
de personnes, en majorité des hommes,<br />
de tous les niveaux. La plupart des coureurs se<br />
lancent des défis personnels : rejoindre la ligne<br />
d’arrivée, atteindre 30 km, dépasser 2500m de<br />
dénivelé positif... Pour eux, c’est la suite<br />
logique d’un cheminement qui commence souvent<br />
par un peu de jogging “pour faire du<br />
sport” puis par des objectifs de temps ou de<br />
distance et enfin par l’envie de participer à des<br />
courses collectives, si possible dans un cadre<br />
agréable.<br />
Le temps de parcours est pris en compte, le<br />
trail n’est pas un loisir mais bien un sport avec<br />
des limites horaires à ne pas dépasser sous<br />
peine d’élimination, mais ce n’est pas le plus<br />
important. D’ailleurs, dès que la pente se fait<br />
trop raide, les traileurs ne courent plus mais<br />
passent en marche rapide. « C’est l’une des<br />
grandes différences avec le marathon » assure<br />
Damien Margueron, « dans un trail, on ne court<br />
que sur le plat et dans les descentes. Il faut<br />
gérer son effort. Certains maintiennent une<br />
petite foulée dans les montées, mais au final on<br />
s’aperçoit qu’ils ne gagnent pas vraiment de<br />
La montagne à<br />
grandes enjambées<br />
En août, deux trails se déroulent en Haute Maurienne. Ces longues courses en<br />
montagne se multiplient depuis quelques années. Zoom sur un sport en plein boum.<br />
temps sur ceux qui grimpent en marche rapide.<br />
Au marathon, il n’est pas question de marcher :<br />
on regarde constamment sa montre pour vérifier<br />
son temps de passage. »<br />
Courir dans la montagne n’est pas sans risque :<br />
chutes et foulures sont régulières. Des accidents<br />
liés à la pratique d’un sport en plein air.<br />
Les incidents plus sérieux, comme des coureurs<br />
qui se perdent dans la montagne, qui sont pris<br />
par la neige ou qui chutent de barres<br />
rocheuses, peuvent toujours arriver mais ils<br />
tendent à disparaître avec la meilleure organisation<br />
des courses.<br />
Argent, sponsors...<br />
Esprit Trail, es-tu encore là ?<br />
Dans les trails, seule une très petite minorité<br />
participe pour gagner. Des athlètes qui s’entraînent<br />
toute l’année, passant au ski de randonnée<br />
dès que la neige ne permet plus de<br />
franchir les cols ou s’inscrivant sur des “trails<br />
blancs” avec des courses sur neige damnée.<br />
Avec la hausse du nombre de pratiquants,<br />
sponsors et marques de sport ont investi la discipline.<br />
Les meilleurs sont parrainés ou soutenus<br />
par de véritables équipes. L’argent fait peu<br />
à peu son apparition dans certaines courses :<br />
des “prizes money” de quelques centaines<br />
d’euros (ou milliers au maximum) viennent<br />
récompenser les vainqueurs. Des enveloppes<br />
qui peuvent paraître encore bien modestes par<br />
rapport à d’autres sports mais qui provoquent<br />
des remous dans le petit monde du trail qui<br />
revendique encore des valeurs d’amateurisme,<br />
de dépassement de soi et de communion avec<br />
la nature.<br />
Pour certains, l’arrivée de l’argent est logique.<br />
Participer à des courses demande des sacrifices<br />
financiers avec les déplacements et les hébergements,<br />
et un vrai investissement personnel,<br />
l’entraînement empiétant parfois sur l’agenda<br />
familial. Mais les traileurs redoutent aussi que<br />
cette inclinaison vers un sport “professionnel”<br />
n’entraîne des dérives comme le dopage. Les<br />
coureurs s’inquiètent aussi de perdre “l’esprit<br />
trail” si le fait d’arriver avant son voisin devenait<br />
le plus important. Ce n’est pas encore vraiment<br />
le cas : lors du dernier “Tour<br />
des Glaciers de la Vanoise”, les<br />
deux premiers, dont Ludovic<br />
Pommeret un habitant du<br />
Bourget, sont arrivés<br />
main dans la main<br />
après avoir parcouru ensemble les derniers<br />
kilomètres.<br />
En plus d’une certaine fraternité entre coureurs,<br />
les traileurs revendiquent un attachement<br />
à la nature. « Participer au Tour des<br />
Glaciers de la Vanoise ou à l’Ultra trail du Mont<br />
Blanc, c’est découvrir des montagnes grandioses<br />
en empruntant un itinéraire balisé et<br />
sécurisé. On en prend plein les yeux, même en<br />
courant. Et à la montée, en marchant, on a vraiment<br />
le temps d’en profiter. Bien sûr, à la fin de<br />
la course, quand on est au bout du rouleau et<br />
qu’on ne pense qu’à mettre un pied devant<br />
l’autre, le panorama passe au deuxième plan<br />
mais les coureurs sont avant tout des amoureux<br />
de la nature » assure Damien Margueron.<br />
La course côté nature<br />
Un respect de la nature qui se traduit souvent<br />
dans les règlements des trails : si un coureur est<br />
surpris en train de jeter un papier ou une pochette<br />
de gel énergétique, il est automatiquement<br />
disqualifié. Mais le fait même d’envoyer des centaines<br />
de personnes courir en pleine montagne<br />
n’entraîne-t-il pas des dégradations ? Certains le<br />
pensent et les organisateurs eux-mêmes se<br />
posent la question. Par exemple, le Trail des<br />
Templiers, situé dans la zone Natura 2000 de<br />
Millau, a commandé une étude d’impact afin de<br />
déterminer si le passage des coureurs provoque<br />
une nuisance sur l'environnement et si les traileurs<br />
sont susceptibles de gêner un aigle royal<br />
venu nicher dans le secteur…<br />
Un esprit nature, des paysages grandioses et<br />
un défi personnel. Il ne reste plus qu’à se<br />
mettre à courir dans la montagne. Une casquette,<br />
des basquettes solidement cramponnées,<br />
une réserve d’eau et de nourriture, des<br />
bâtons... Du randonneur qui souffre dans les<br />
raidillons, on accède au statut de traileur qui<br />
passe en coup de vent.<br />
Trail Tour du Mont Cenis, le 5 août.<br />
Parcours entre Lanslebourg et le lac du Mont Cenis.<br />
TCT50 de 50 km avec 2600 m de dénivelé positif, pouvant<br />
être couru en individuel ou en équipe relais de 3 sur 4 tronçons<br />
(le dernier devant être parcouru par toute l’équipe).<br />
TCT30 d’environ 30 km avec 1600 m de dénivelé positif.<br />
TCT Rando d’environ 2 a 3 h de marche, non chronométré<br />
mais sur un itinéraire balisé à parcourir avec dossard.<br />
Rens : www.trailcenistour.eu<br />
Trail du Thabor, le 26 août depuis Bardonnèche (Italie).<br />
3 parcours : 40 km pour 3000 m de dénivelé positif ; 22 km<br />
pour 1500 m de dénivelé positif ; 10 km pour 300 m de<br />
dénivelé positif. Rens. : www.sge20.com.<br />
©KCO