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IL EST RESSUSCITÉ ! - La Contre-Réforme catholique au XXIe siècle

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<strong>La</strong> <strong>Contre</strong>-<strong>Réforme</strong> Catholique <strong>au</strong> XXI e <strong>siècle</strong><br />

<strong>IL</strong> <strong>EST</strong> <strong>RESSUSCITÉ</strong> !<br />

N o 128 - Mai 2013 Rédaction : frère Bruno Bonnet-Eymard Mensuel. Abonnement : 30 e<br />

Il est revenu avec son cœur immense, avec son cœur de flamme, son âme de<br />

p<strong>au</strong>vre et son sourire. Il est revenu ! Et le Cœur Immaculé de Marie triomphera !<br />

LE SAINT QUE DIEU NOUS A DONNÉ<br />

Le pape François, à la fin de sa Messe d’intronisation, place Saint-Pierre.<br />

« En ces temps de turbulence spirituelle, le refuge le plus sûr est sous le<br />

mante<strong>au</strong> de la Sainte Vierge. » (pape François) © A. GIULIANI/CPP/CIRIC


MAI 2013 N o 128 - P. 2<br />

Conférence prononcée à Paris, le jeudi 18 avril 2013,<br />

DANS les premières années du vingtième <strong>siècle</strong>, à<br />

Fatima, la petite Jacinthe multipliait prières<br />

et sacrifices « pour le Saint-Père », avec son frère<br />

François et sa cousine Lucie. Le premier geste du pape<br />

François fut de l’imiter en demandant à son peuple<br />

rassemblé le 13 mars <strong>au</strong> soir place Saint-Pierre pour<br />

l’acclamer, non pas de le “ bénir ”, comme l’ont dit<br />

certains journalistes, mais de « prier » pour lui.<br />

Les voyants de Fatima avaient une raison particulière<br />

de prier « pour le Saint-Père » : le grand “ secret ” que leur<br />

avait confié Notre-Dame le 13 juillet 1917 leur montrait<br />

en effet « un évêque vêtu de blanc » correspondant en tout<br />

point à ce que nous voyons depuis trente-cinq jours.<br />

« Nous eûmes le pressentiment que c’était le Saint-<br />

Père », écrit Lucie, sans que cela paraisse explicitement,<br />

car c’était plutôt « un évêque », quoique vêtu de blanc...<br />

L’incertitude est la même pour nous, car François préfère<br />

l’appellation d’ « évêque de Rome » à celle de<br />

« Pape » pour une raison, dans une pensée profonde<br />

qu’il nous f<strong>au</strong>t discerner.<br />

Cette pensée est contenue dans la formule par<br />

Il le fait, depuis son élection, tous les jours, en<br />

chacune de ses homélies, <strong>au</strong>diences, Regina Cæli.<br />

Mais d’abord, l’omission de la « position élevée ». Au<br />

bénéfice de “ Dame p<strong>au</strong>vreté ”. Déjà, à Buenos Aires,<br />

racontent les journalistes, « il n’utilisait pas le bure<strong>au</strong><br />

destiné à l’archevêque, bure<strong>au</strong> spacieux <strong>au</strong> deuxième<br />

étage qui, bien que sobre, pourrait donner une sensation<br />

de pouvoir et même de supériorité. Il utilise cette pièce<br />

comme une sorte de débarras. Son bure<strong>au</strong> à lui est situé<br />

<strong>au</strong> même étage mais dans une pièce très modeste, encore<br />

plus petite que le secrétariat [ tiens ! comme la “ loge de<br />

concierge ” de notre Père] mais ce n’est pas sa secrétaire<br />

qui remplit l’agenda, c’est lui-même qui prend note sur<br />

son carnet de poche. Son petit bure<strong>au</strong> est bien en ordre.<br />

Sous une vitre on peut voir quelques photos de son<br />

activité pastorale dont une, très émouvante, d’un aborigène<br />

p<strong>au</strong>vre du nord de l’Argentine.<br />

« À l’étage <strong>au</strong>-dessus se trouve sa chambre, la même<br />

qu’il occupait comme vicaire général. Extrêmement <strong>au</strong>stère<br />

: un simple lit de bois, le crucifix offert par ses<br />

grands-parents, Rosa et Juan, et un petit ch<strong>au</strong>ffage électrique<br />

car, bien que l’immeuble soit ch<strong>au</strong>ffé, il ne permet<br />

pas qu’on l’allume en l’absence du personnel. <strong>La</strong><br />

pièce est bien ordonnée. “ Une dame vient faire le<br />

ménage chaque mardi ”, nous dit-il. Il va de soi qu’il<br />

fait lui-même son lit chaque matin. Juste en face, séparée<br />

par un petit couloir <strong>au</strong> fond duquel, sur un piédestal<br />

se trouve une très belle statue d’un Christ assis<br />

[ le Christ <strong>au</strong>x outrages], le “ CHRIST DE LA PATIENCE ”<br />

par frère Bruno de Jésus-Marie.<br />

laquelle le cardinal Agostino Vallini, son vicaire général<br />

pour Rome, l’a accueilli le 7 avril dans sa cathédrale<br />

d’évêque de Rome, à Saint-Jean-du-<strong>La</strong>tran, lui rappelant<br />

sa mission de successeur de saint Pierre, « le rocher sur<br />

lequel est fondée l’Église, qui confirme dans la vérité<br />

de la foi tous les frères, préside dans la charité toutes<br />

les Églises, et guide chacun avec une douceur ferme<br />

sur les voies de la sainteté ».<br />

<strong>La</strong> formule présente une différence significative avec<br />

celle qui était usitée jusque-là : « Comme le vigneron<br />

surveille, d’un lieu élevé, la vigne, tu es dans une position<br />

élevée pour gouverner et garder le peuple qui t’est confié.<br />

» <strong>La</strong> différence tient à l’omission de la “ position<br />

élevée ”, et à la définition de sa mission en trois mots :<br />

1 o Confirmer tous les frères dans la vérité de la foi.<br />

2 o Présider dans la charité toutes les Églises.<br />

3 o Guider chacun avec une douceur ferme sur les<br />

voies de la sainteté »... dans l’espérance du Ciel ? Ce<br />

n’est pas précisé, mais c’est sous-entendu.<br />

En trois mots : confirmer, présider, guider. C’est<br />

signé ! FOI, CHARITÉ, ESPÉRANCE.<br />

« CONFIRMER DANS LA VÉRITÉ DE LA FOI<br />

TOUS LES FRÈRES »<br />

[patience à supporter les outrages], vertu qu’il chérit<br />

particulièrement, se trouve sa chapelle privée, dépouillée,<br />

elle <strong>au</strong>ssi. Enfin, dans une pièce attenante, la<br />

bibliothèque remplie de livres et de papiers. Le cardinal<br />

nous dit qu’il met de l’ordre dans ses papiers “ afin de<br />

ne pas laisser du travail après ma mort ”. Il jette la<br />

plupart de ses écrits : “ Je veux quitter ce monde en y<br />

laissant le moins de choses possible. ” Cependant, il a<br />

permis que soit conservé un de ses écrits. Le papier en<br />

est décoloré, c’est une émouvante PROFESSION DE FOI<br />

qu’il a écrite “ dans un moment de grande ardeur spirituelle<br />

”, peu de temps avant son ordination et qu’il<br />

signerait encore <strong>au</strong>jourd’hui. »<br />

LA VÉRITÉ DE LA FOI.<br />

• « “ Je veux croire en Dieu le Père, qui m’aime<br />

comme un fils, et en Jésus, Notre-Seigneur, qui a pénétré<br />

ma vie de son Esprit pour me faire sourire et<br />

m’emmener ainsi jusqu’<strong>au</strong> règne de l’éternelle vie. ” »<br />

Le Ciel, le voilà !<br />

• « “ Je crois en mon histoire qui fut traversée par<br />

le regard d’amour de Dieu qui, un jour de printemps<br />

[dans l’hémisphère Sud les saisons sont inversées], le 21<br />

septembre, est venu à ma rencontre pour m’inviter à le<br />

suivre. ” »<br />

C’était le jour de la fête de saint Matthieu. Avant de<br />

retrouver des amis avec lesquels il avait rendez-vous,<br />

il s’arrêta dans une église, y rencontra un prêtre, se<br />

confessa... et entendit l’appel à la vie religieuse.


MAI 2013 N o 128 - P. 3<br />

« Il se passa quelque chose » : l’expérience de la<br />

miséricorde, en vertu de laquelle il comprit que « Dieu<br />

nous attend le premier ». Il ne rejoignit pas ses amis.<br />

Décida qu’il serait religieux. Pourquoi dans la Compagnie<br />

de Jésus ? Attiré par sa force conquérante <strong>au</strong><br />

sein de l’Église, par le vœu d’obéissance qui donne<br />

pleine efficacité à cet élan missionnaire. Il <strong>au</strong>rait voulu<br />

aller <strong>au</strong> Japon, mais sa faible santé le lui interdit.<br />

Et voici les “ voies de la sainteté ” où l’engage sa<br />

vocation :<br />

• « “ Je crois en ma souffrance, si peu féconde à<br />

c<strong>au</strong>se de mon égoïsme en lequel je me réfugie. ” »<br />

Quelques années après l’événement du 21 septembre,<br />

il se débattit pendant trois jours entre la vie<br />

et la mort. Brûlant de fièvre, il étreignait sa mère et<br />

lui demandait : « Maman ! dis-moi ce qui m’arrive. »<br />

Finalement, les médecins diagnostiquèrent une pneumonie<br />

très grave : trois kystes nécessitèrent l’ablation<br />

d’une partie du poumon droit. Tous les jours, il fallait<br />

injecter du sérum pour nettoyer la plèvre et les cicatrices.<br />

À cette époque, les sondes étaient connectées à un<br />

tuy<strong>au</strong> pour aspirer tout cela. Les douleurs étaient <strong>au</strong>x<br />

limites du supportable.<br />

Le jeune Bergoglio n’appréciait guère les paroles de<br />

circonstance : « Ça va passer ! » « Qu’est-ce que tu vas<br />

être content quand tu vas rentrer à la maison », etc.<br />

Un jour, une certaine visiteuse, échappant <strong>au</strong>x<br />

phrases toutes faites, le réconforta réellement. C’était<br />

une religieuse qui l’avait préparé à la première communion<br />

et qu’il n’avait jamais oubliée : sœur Dolores.<br />

« Elle me dit quelque chose qui demeura gravé dans<br />

mon cœur et qui me rendit une grande paix : “ Tu es en<br />

train d’imiter Jésus ! ” »<br />

« <strong>La</strong> douleur serait donc une bénédiction si on l’assume<br />

chrétiennement ? » demande le journaliste. Et le<br />

cardinal de répondre :<br />

« <strong>La</strong> souffrance n’est pas une vertu en elle-même<br />

mais la manière avec laquelle on l’accepte peut-être<br />

vertueuse. Notre vocation est la plénitude et la félicité<br />

[« non pas en ce monde, disait Notre-Dame de Lourdes à<br />

Bernadette, mais en l’<strong>au</strong>tre » ] et quand nous la poursuivons,<br />

la souffrance est une limite. C’est pourquoi le<br />

sens de la souffrance, on ne le comprend parfaitement<br />

qu’à travers la douleur du Dieu fait homme, Jésus-<br />

Christ. »<br />

• « “ Je crois en l’insignifiance de mon âme qui<br />

cherche à attraper sans donner... sans donner. ” »<br />

Nous sommes très loin du “ JE CROIS EN L’HOMME ”<br />

dont les journalistes ont fait le titre de leur bouquin ! À<br />

moins d’ajouter le mot “ pécheur ”, car cette connaissance<br />

sincère de sa petitesse, de son “ insignifiance ”, nous introduit<br />

<strong>au</strong> mot privilégié de la méditation de toute sa vie : le<br />

mot de “ miséricorde ”. Le thème sur lequel il a introduit la<br />

Semaine sainte dans sa première catéchèse, du mercredi<br />

27 mars, est celui de la miséricorde, dont sa devise<br />

est l’expression : “ MISERANDO ATQUE ELIGENDO ”.<br />

Le cardinal Barbarin a expliqué ce que ça veut dire,<br />

dans la préface du livre signé Jorge Mario Bergoglio,<br />

pape François : “ AMOUR, SERVICE ET HUM<strong>IL</strong>ITÉ ”, qui<br />

rappelle “ HUMBLEMENT VÔTRE ” de Jean-P<strong>au</strong>l I er . Paru le<br />

Vendredi saint :<br />

“ MISERANDO ATQUE ELIGENDO ” : « L’expression est<br />

empruntée à Bède le Vénérable dans son commentaire<br />

de l’appel de saint Matthieu », raconté par saint Matthieu<br />

lui-même...<br />

« Étant sorti, Jésus vit, en passant, un homme assis<br />

<strong>au</strong> bure<strong>au</strong> de la douane, appelé Matthieu (appelé Lévi<br />

par saint Marc et saint Luc), et il lui dit : “ Suis-moi ! ”<br />

Et se levant, il le suivit. » (Mt 9, 9)<br />

Le regard de Jésus sur Matthieu ! Il en a fait l’expérience<br />

le 21 septembre et ne l’oubliera plus jamais.<br />

• « “ Je crois que les <strong>au</strong>tres sont bons et que je dois<br />

les aimer sans crainte et sans les trahir, jamais pour<br />

trouver en eux une sécurité pour moi. ” »<br />

“ Les <strong>au</strong>tres ”, meilleurs que moi. “ Les <strong>au</strong>tres ”,<br />

c’est mon prochain, pas “ l’Homme ”...<br />

Tout le secret de sa sainteté de pasteur désintéressé :<br />

aimant les âmes qui lui sont confiées, sans jamais les<br />

retenir, mais pour leur communiquer les grâces de la<br />

“ miséricorde ” par son ministère, et les tourner vers<br />

Jésus et Marie.<br />

• « “ Je crois en la vie religieuse. ” »<br />

Et non pas en la “ promotion du laïcat ”, c<strong>au</strong>se de la<br />

ruine de toutes les congrégations religieuses depuis le<br />

concile Vatican II. En quoi consiste-t-elle ?<br />

• « “ Je crois que je veux be<strong>au</strong>coup aimer. ” »<br />

Qu’est-ce qu’ “ aimer ” ? C’est donner sa vie pour<br />

ceux qu’on aime :<br />

• « “ Je crois en la mort quotidienne, brûlante et que<br />

je fuis mais qui me sourit m’invitant à l’accepter. ” »<br />

Quotidie morior, parole de saint P<strong>au</strong>l. « J’ai soixantedix<br />

ans passés et il ne reste plus be<strong>au</strong>coup de fil dans<br />

la bobine. Je ne vais pas vivre soixante-dix ans de plus<br />

et je commence à me dire qu’il f<strong>au</strong>t tout abandonner.<br />

Mais je prends ça tout à fait sereinement. Je ne suis<br />

pas triste. On a envie d’être juste avec tout le monde,<br />

dans toutes les situations, de faire – pour ainsi dire –<br />

de la calligraphie anglaise, par exemple. Cela dit, je<br />

n’ai jamais songé à rédiger un testament. Mais la mort<br />

accompagne quotidiennement mes pensées. »<br />

• « “ Je crois en la patience de Dieu, accueillante,<br />

bonne comme une nuit d’été.<br />

• « “ Je crois que Papa est <strong>au</strong> Ciel près du Seigneur. ” »<br />

Et moi, je le crois de l’abbé de Nantes, notre Père.<br />

• « “ Je crois que le Père Duarte [ le confesseur,<br />

ministre de sa grâce du 21 septembre] y est <strong>au</strong>ssi et qu’il<br />

intercède pour mon sacerdoce.<br />

• « “ Je crois en Marie, ma Mère, qui m’aime et qui<br />

ne m’abandonnera jamais. ” »<br />

Promesse de Notre-Dame de Fatima à Lucie le 13<br />

juin 1917 !<br />

• « “ Et j’espère chaque jour la surprise où se manifestera<br />

l’amour, la force, la trahison et le péché qui<br />

m’accompagneront jusqu’à la rencontre définitive avec<br />

ce Visage merveilleux dont j’ignore les traits, car il ne<br />

cesse de nous échapper, mais que je veux connaître et<br />

aimer. Amen. ” » (Extraits de EL JESUITA, chap. 12)


MAI 2013 N o 128 - P. 4<br />

« <strong>La</strong> trahison » ? Par exemple celle dont il s’accuse<br />

humblement <strong>au</strong>près... de journalistes !<br />

Un jour, il devait aller prêcher une retraite dans un<br />

couvent d’une lointaine banlieue de Buenos Aires. Et il<br />

devait prendre le train. Mais, comme il en avait l’habitude,<br />

il voulut s’arrêter pour prier un moment à la<br />

cathédrale, ne serait-ce que quelques minutes devant le<br />

Saint-Sacrement. À l’intérieur, il se sentit réconforté par<br />

le silence et la fraîcheur contrastant avec la chaleur<br />

torride de cette journée d’été.<br />

Sur le point de sortir, il est abordé par un jeune<br />

homme qui n’avait pas l’air très normal psychiquement<br />

et qui lui demande de se confesser. Il dut faire un effort<br />

pour dissimuler un geste d’ennui à la pensée du retard<br />

que cela impliquait...<br />

« Ce garçon d’à peu près vingt-huit ans parlait<br />

comme s’il était ivre, mais je pressentis qu’il était<br />

sans doute sous l’effet d’un traitement psychiatrique,<br />

alors moi, le témoin de l’Évangile et qui m’en dis<br />

l’apôtre, je lui dis : “ À présent c’est impossible, mais<br />

un prêtre va arriver et tu te confesseras à lui, parce que<br />

j’ai quelque chose à faire. ” Je savais bien que le<br />

prêtre n’arriverait qu’à 4 heures, mais je me disais<br />

que le garçon étant sous l’effet des médicaments, il ne<br />

se rendrait pas compte de la durée... Et je sortis tout<br />

ragaillardi. Mais à peine dehors, je ressentis une<br />

« Toutes les Églises » : l’expression désigne les<br />

Églises de Paris, de Lyon, de Marseille, de Buenos<br />

Aires... toutes les Églises dont Rome est l’Église Mère<br />

et Maîtresse. C’est le sens <strong>catholique</strong> de l’expression.<br />

Mais le pape François lui donne un sens plus large,<br />

plus universel : œcuménique.<br />

D’abord, le sens <strong>catholique</strong>.<br />

« ÉVÊQUE VÊTU DE BLANC » POUR TOUTES LES ÉGLISES.<br />

Qu’est-ce à dire ? Il l’a expliqué <strong>au</strong>x évêques d’Espagne,<br />

en leur prêchant les EXERCICES DE SAINT-IGNACE,<br />

en 2006, <strong>au</strong> cours d’une retraite dont le texte parut en<br />

français, quelques jours après son élection, sous le<br />

titre : “ AMOUR, SERVICE, HUM<strong>IL</strong>ITÉ ”, signé Jorge Mario<br />

Bergoglio, pape François, et sous-titré : “ L’Église selon<br />

le cœur du pape François ”. Préfacé par le cardinal<br />

Barbarin qui ne cache pas son enthousiasme.<br />

Sous ce titre qui rappelle le recueil de fioretti du<br />

er pape Jean-P<strong>au</strong>l I , “ HUMBLEMENT VÔTRE ”, paru en<br />

1978, <strong>au</strong> lendemain de son élection, on peut lire le<br />

portrait idéal de tout évêque, qu’il soit vêtu de violet,<br />

ou de rouge s’il est cardinal... “ de blanc ” s’il est Pape<br />

donc évêque de Rome.<br />

Et d’abord, « l’évêque est celui qui prend soin de<br />

l’espérance en veillant pour son peuple ». Quelle espérance<br />

? Le cardinal ne le précise pas, mais il invite les<br />

évêques d’Espagne à un véritable examen de conscience<br />

car, dit-il, « le Seigneur nous reproche notre incapacité<br />

à veiller avec lui » (p. 45).<br />

honte terrible et je revins sur mes pas pour dire <strong>au</strong><br />

p<strong>au</strong>vre garçon : “ Le Père n’arrive pas tout de suite, je<br />

vais te confesser moi-même. ” »<br />

Puis il l’envoya devant la Sainte Vierge afin qu’il lui<br />

demande de le garder... Pensant en même temps que le<br />

train était parti.<br />

« Cependant, à la gare, je m’avisai que le train avait<br />

du retard et ainsi je pus l’attraper. Au retour, je ne<br />

rentrai pas directement à la maison, mais j’allais trouver<br />

mon confesseur parce que ce que j’avais fait me<br />

pesait sur le cœur : “ Si je ne me confesse pas, demain<br />

je ne pourrai pas célébrer la Messe dans cet état ”. »<br />

Le cardinal continue à s’examiner sévèrement : « À<br />

cette époque, je jouais les Tarzan ! C’était le plein été,<br />

le cardinal Quarracino était parti en voyage et, en tant<br />

que vicaire général, j’étais chargé du diocèse. Le matin,<br />

j’examinai les dossiers à la curie, l’après-midi, je<br />

prenais le train pour donner les Exercices spirituels à<br />

des religieuses. ”<br />

« J’avais un de ces esprits de suffisance ! Je péchai<br />

sans m’en rendre compte. Je me disais : “ Vois comme tu<br />

es bon, important, tout ce que tu arrives à faire. ” L’orgueil<br />

me menaçait ! »<br />

D’où son apprentissage de la “ patience ” envers luimême<br />

et envers les <strong>au</strong>tres en pensant à la “ patience ”<br />

de Dieu.<br />

« PRÉSIDER DANS LA CHARITÉ<br />

TOUTES LES ÉGLISES »<br />

« Quand Pierre recommande à ses presbytres : “ Paissez<br />

le troupe<strong>au</strong> de Dieu qui vous est confié, veillant sur<br />

lui, non par contrainte, mais de bon gré, selon Dieu. ”<br />

(1 P 5, 2), cette charge pastorale qu’il leur confie comprend<br />

différentes attitudes spirituelles : superviser, surveiller<br />

et veiller. » Autant de mots traduisant le verbe grec<br />

episkopein, d’où est dérivé le substantif épiscope, évêque.<br />

Le cardinal continue : « En faisant ces recommandations,<br />

Pierre a certainement à l’esprit le souvenir du<br />

reproche que le Seigneur lui fit la nuit du début de la<br />

Passion : “ Simon, tu dors ? ” (Mc 14, 37-38) Le Seigneur<br />

veut que nous veillions avec Lui. »<br />

Qu’est-ce à dire ?<br />

« Cette veille peut revêtir différents aspects. Superviser<br />

fait plutôt référence à la surveillance de la<br />

doctrine et des rites dans leurs expressions et leur<br />

pratique, alors que veiller renvoie plus <strong>au</strong> soin que<br />

l’on mettrait à s’assurer qu’il y a du sel et de la<br />

lumière dans les cœurs. » (p. 46)<br />

« Du sel » ? Dans le recueil d’entretiens cité plus<br />

h<strong>au</strong>t, paru en Argentine sous le titre EL JESUITA (2010),<br />

et dont la traduction chez Flammarion est intitulée<br />

abusivement, disions-nous, “ JE CROIS EN L’ HOMME ”, les<br />

<strong>au</strong>teurs, journalistes, demandent <strong>au</strong> cardinal de Buenos<br />

Aires, <strong>au</strong> premier chapitre, celui de son “ enfance ” :<br />

« Vos parents jouaient-ils avec vous ?<br />

– Oui, à la “ brisque ” et à d’<strong>au</strong>tres jeux de cartes.<br />

Comme papa faisait partie du club de basket San


MAI 2013 N o 128 - P. 5<br />

Lorenzo, il nous y emmenait quelquefois. Avec maman,<br />

nous écoutions tous les samedis, à 2 heures de l’aprèsmidi,<br />

les opéras qui passaient à la radio d’État. Elle<br />

nous faisait asseoir <strong>au</strong>tour du poste et avant que cela<br />

commence elle nous expliquait de quoi il s’agissait.<br />

Quand un morce<strong>au</strong> important allait commencer, elle<br />

nous disait : “ Écoutez bien, c’est un très be<strong>au</strong> chant<br />

maintenant. ” En vérité, être ainsi tous les trois aînés<br />

avec maman chaque samedi, c’était merveilleux !<br />

– Et vous écoutiez bien ? Ce n’est pas évident pour<br />

un enfant de se tenir attentif pour écouter un opéra...<br />

– Bueno ! C’est vrai. Quelquefois, en plein milieu<br />

nous commencions à nous dissiper mais elle maintenait<br />

notre attention et pendant que la musique se poursuivait,<br />

elle continuait ses explications. Dans Otello, elle nous<br />

prévenait : “ Écoutez bien, maintenant il va la tuer. ”<br />

Voilà des souvenirs d’enfants [...]. C’est vrai que<br />

surtout je me rappelle papa et maman partageant nos<br />

jeux, cuisinant avec nous...<br />

– Cuisinant ?<br />

– Oui, après son cinquième accouchement, maman<br />

fut pendant quelque temps souffrante, mais ensuite elle<br />

se remit. Cependant, durant cette période, lorsque nous<br />

rentrions du collège nous la trouvions assise en train<br />

d’éplucher des pommes de terre et, <strong>au</strong>tour d’elle, toutes<br />

sortes d’ingrédients. Alors elle nous disait comment il<br />

fallait les mélanger puis les cuire, car nous <strong>au</strong>tres nous<br />

n’en avions <strong>au</strong>cune idée : “ Maintenant, tu mets ceci et<br />

cela dans la marmite et encore ceci dans la poêle. ”<br />

Elle nous expliquait les choses et ainsi nous avons<br />

appris à faire la cuisine. Nous savons tous faire <strong>au</strong><br />

moins les pâtes à la milanaise.<br />

– Et maintenant, vous faites encore la cuisine ?<br />

– Non, je n’ai plus le temps. Mais quand j’étais <strong>au</strong><br />

Colegio Maximo de San Miguel, comme le dimanche il<br />

n’y avait pas de cuisinière, c’est moi qui faisais la<br />

cuisine pour les étudiants.<br />

– Et c’était de la bonne cuisine ?<br />

Bueno ! Je n’ai jamais tué personne. »<br />

Voilà comment il a appris son métier d’évêque, qui<br />

consiste à « s’assurer qu’il y a du sel »...<br />

AVEC FRANÇOIS ET THÉRÈSE SUR LES VOIES DE LA SAINTETÉ<br />

UNE religieuse en témoignait en<br />

Argentine : « Et surtout il aime<br />

be<strong>au</strong>coup la petite Thérèse. » Elle<br />

revient sous sa plume, surtout dans<br />

les grands combats spirituels lorsque<br />

l’Esprit du Bien affronte l’esprit du<br />

Mal. Alors il se tourne vers les commun<strong>au</strong>tés<br />

religieuses et leur écrit :<br />

« J’ai recours à vous et vous demande<br />

oraison et sacrifices, les deux armes<br />

invincibles qu’avouait détenir la petite<br />

sainte Thérèse. » (2010)<br />

D’Argentine nous est parvenu ce<br />

petit récit :<br />

Lorsque, encore archevêque de<br />

Buenos Aires, il devait se rendre à<br />

Rome, il avait l’habitude de s’arrêter<br />

pour prier dans la petite église du<br />

Lungotevere, toute proche de Saint-<br />

Pierre, Sainte-Marie de l’Annonciation<br />

du Borgo.<br />

En octobre 2002, les Frères franciscains<br />

de l’Immaculée qui sont en<br />

charge de cette petite église commencèrent<br />

à remarquer la présence<br />

d’un prêtre qui ponctuellement, à<br />

9 heures du matin, priait là dans un<br />

grand recueillement, devant la statue<br />

de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.<br />

Intrigués, tant par sa ponctualité que<br />

par son attitude empreinte à la fois de<br />

simplicité et de dévotion – pour dire :<br />

Et c’est vrai qu’il en met dans toutes ses interventions,<br />

depuis son avènement ! Un sel qui ne semble pas<br />

devoir s’affadir, « et de la lumière dans les cœurs » !<br />

Plein de « sel » est l’encouragement à faire face <strong>au</strong>x<br />

difficultés de la vie, « comme le gardien de but fait face<br />

<strong>au</strong> ballon » ! Invitation adressée à tous les évêques du<br />

monde à imiter l’évêque de Rome, successeur de Pierre,<br />

“ frère ” d’André... C’est le patriarche de Constantinople<br />

qu’il dénomme ainsi, puisque celui-ci se dit successeur<br />

de l’apôtre André, frère de Pierre, et appelé en même<br />

temps que lui sur les bords du lac de Galilée comme le<br />

raconte saint Jean. Et Bartholomeos de se rengorger...<br />

Imiter l’évêque vêtu de blanc, l’évêque de Rome, c’est<br />

d’abord mettre de l’ordre dans les finances. <strong>La</strong> photo du<br />

pape François réglant ses frais d’hospitalité à la Maison<br />

du clergé, le 14 mars, a fait le tour du monde. Et sa<br />

belle réponse à la secrétaire étonnée est pleine de sousentendus<br />

: « Précisément parce que je suis le Pape, je<br />

dois donner l’exemple. » Il a dit « je suis le Pape » !<br />

Père et modèle de son troupe<strong>au</strong>, comme doit être<br />

chaque évêque en son diocèse, il en est <strong>au</strong>ssi le chef, à<br />

la manière ferme et douce, et modeste, de Jean-P<strong>au</strong>l I er ,<br />

en demandant de nouve<strong>au</strong>, lors de sa prise de possession<br />

de la basilique du <strong>La</strong>tran, des prières : « Je vous<br />

demande de prier pour moi. N’oubliez pas, j’en ai<br />

besoin. Allons de l’avant tous ensemble, le peuple et<br />

l’évêque, tous ensemble, dans la joie de la Résurrection<br />

qui nous accompagne toujours. »<br />

Aux évêques d’Espagne, il disait encore ceci :<br />

« Surveiller est lié <strong>au</strong> fait d’être attentif à un<br />

danger imminent » (p. 46-47), comme le gardien de but,<br />

pour bloquer les attaques du démon qui rôde cherchant<br />

qui dévorer (1 P 5, 8), « visant à conduire l’homme à<br />

l’incrédulité, à la désespérance, <strong>au</strong> suicide moral et<br />

physique » (p. 79). Et en enfer, non ? C’est peut-être<br />

sous-entendu, mais il ne le précise pas. Cependant, ce<br />

disant, il énonce tous les m<strong>au</strong>x de notre société en<br />

décomposition : cette « grande ville à moitié en ruine » du<br />

grand “ secret ” de Notre-Dame de Fatima, qu’il a commencé<br />

à reconstruire en paraissant à son balcon chaque<br />

dimanche, pour enseigner la Parole <strong>au</strong>x 80 000 personnes<br />

présentes... et <strong>au</strong> monde entier suspendu <strong>au</strong> net.<br />

à la fin de sa prière, il faisait comme<br />

le font toutes « les petites vieilles » de<br />

nos pays, il touchait la statue et<br />

l’embrassait – notre curiosité <strong>au</strong>gmenta<br />

lorsqu’un de nos frères remarqua les<br />

boutons rouges de sa soutane. Un<br />

cardinal ? Mais qui donc pouvait-il être ?<br />

L’un d’eux, Fra Anselmo se décida à<br />

l’accoster et, depuis, ils devinrent amis.<br />

Et qui sait si, avant le Conclave,<br />

notre pape Francesco ne s’est pas arrêté<br />

une fois encore dans la petite église<br />

pour prier <strong>au</strong>près de sainte Thérèse ?<br />

Et qui sait s’il n’y retournera pas ?<br />

Prions sainte Thérèse de l’Enfant<br />

Jésus pour lui !


MAI 2013 N o 128 - P. 6<br />

« Veiller <strong>au</strong> contraire signifie supporter avec patience<br />

les processus par lesquels le Seigneur gère le<br />

salut de son peuple. »<br />

C’est-à-dire le conduit <strong>au</strong> Ciel, non ? C’est peutêtre<br />

sous-entendu, mais il ne le précise pas davantage.<br />

Il enchaîne :<br />

« Pour surveiller, il suffit d’être réveillé, astucieux et<br />

rapide. Pour veiller, il f<strong>au</strong>t en plus avoir la mansuétude,<br />

la patience et la constance de la charité éprouvée. Pour<br />

superviser, il f<strong>au</strong>t inspecter tout avec soin, sans négliger<br />

les détails. Pour veiller, il f<strong>au</strong>t savoir voir l’essentiel. »<br />

Quel est cet “ essentiel ” ?<br />

<strong>La</strong> première décision majeure du pape François l’indique<br />

peut-être, car elle a consisté à nommer le Père José<br />

Rodriguez Carballo, actuel ministre général de l’ordre<br />

franciscain des frères mineurs, cinquante-neuf ans, secrétaire<br />

de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée.<br />

Priorité à la vie religieuse pour la résurrection de<br />

l’Église ! Il n’oublie pas qu’il a commencé sa carrière<br />

comme maître des novices et provincial des jésuites d’Argentine<br />

de 1973 à 1979, les années les plus difficiles,<br />

celles des fruits amers du pontificat de P<strong>au</strong>l VI. Le<br />

volumineux ouvrage qui vient de paraître, rassemblant les<br />

LETTRES ET ÉCRITS SPIRITUELS de dom Jean-Baptiste<br />

Porion, procureur général de la Chartreuse à Rome de<br />

1946 à 1981, révèle comment le fer a été porté <strong>au</strong> cœur de<br />

l’institution monastique par la “ réforme ” de Vatican II,<br />

jusque dans la Chartreuse qui se glorifiait de n’avoir<br />

jamais été “ réformée ” parce que jamais “ déformée ”.<br />

Le pape François agit donc bien en Souverain Pontife.<br />

LE SOUVERAIN PONTIFE.<br />

LA CROIX ouvre ses colonnes <strong>au</strong>x orthodoxes pour<br />

donner leurs impressions. « Outre la personnalité du<br />

Pape, marquée désormais par le nom François, sa manière<br />

même de se présenter <strong>au</strong>x hommes a un sens théologique.<br />

Surtout pour les orthodoxes. » (Vladimir Zielinsky,<br />

prêtre orthodoxe, dans LA CROIX du mardi 9 avril )<br />

Il ne peut mieux dire. L’abbé de Nantes traçait les<br />

grandes lignes de ce “ sens théologique ” en 1978, à la<br />

veille du pontificat de Jean-P<strong>au</strong>l I er qui l’<strong>au</strong>rait peutêtre<br />

mis en œuvre avec la même simplicité que le pape<br />

François. En effet, écrivait l’abbé de Nantes, « pour<br />

retrouver la grande mystique cosmique d’un saint Irénée,<br />

dans les temps modernes, il f<strong>au</strong>t aller chercher<br />

loin, en Russie, un inconnu : Vladimir Soloviev. Si son<br />

œuvre immense, puissante, avait été mieux reçue et<br />

goûtée en Occident, nous <strong>au</strong>rions évité l’engouement<br />

puéril et stérile d’hier pour les chimères impies de<br />

Teilhard de Chardin et d’<strong>au</strong>jourd’hui pour la Gnose des<br />

savants de Princeton ou de monsieur Brzezinski. En<br />

tombent d’accord Urs von Balthasar, dont le long chapitre<br />

sur Soloviev fut pour be<strong>au</strong>coup une révélation en<br />

1972, et Mgr Rupp <strong>au</strong>quel je dois toute ma connaissance<br />

du génie qu’il s’est donné la mission de faire<br />

connaître dans l’Église de Vatican II par un livre<br />

énorme et magistral, MESSAGE ECCLÉSIAL DE SOLOVIEV<br />

(édit. Lethielleux, 1975, 600 pages).<br />

« <strong>La</strong> sagesse de Soloviev est avant tout une sagesse<br />

surnaturelle, inspirée par la conviction de l’Incarnation<br />

du Verbe et fidèlement développée selon toutes les dimensions<br />

nouvelles, prodigieusement étendues, que les<br />

sciences modernes ont données à notre monde et à son<br />

histoire. » (Georges de Nantes, UNE MYSTIQUE POUR<br />

NOTRE TEMPS, CRC no 131, juillet 1978, p. 6)<br />

Pour sa part, Zielinsky écrit : « Pendant des <strong>siècle</strong>s,<br />

l’Église d’Orient de l’<strong>au</strong>tre bout du grand gouffre issu<br />

du Schisme a fait à peu près le même reproche à sa<br />

sœur perdue d’Occident : nous reconnaissons la prim<strong>au</strong>té<br />

d’honneur de l’évêque de Rome, telle qu’elle<br />

s’est formée <strong>au</strong> début du christianisme, disait-elle, nous<br />

vénérons tous les saints Papes du premier millénaire<br />

qui sont <strong>au</strong>ssi nos saints, mais nous ne pouvons pas<br />

accepter le papisme. »<br />

Qu’entend-il par là ? « Tout d’abord le dogme de<br />

l’infaillibilité pontificale, le Pape comme chef d’État, la<br />

juridiction immédiate de l’évêque de Rome sur tous les<br />

fidèles et les <strong>au</strong>tres choses de ce genre, en premier lieu<br />

le style d’exercice du pouvoir. Or, le style fait l’homme,<br />

comme on sait. Mais l’homme peut <strong>au</strong>ssi changer le<br />

climat à l’intérieur de l’immuable temple romain. »<br />

Notre Père lisait déjà ce réquisitoire sous la plume de<br />

Soloviev « contre l’Occident médiéval et moderne, contre<br />

l’Église latine », et il considérait que « la critique acerbe,<br />

exagérée sans doute, tournera finalement à une extraordinaire<br />

reconnaissance et exaltation de la Sainte Église<br />

romaine, de la prim<strong>au</strong>té de Pierre et de la juste, nécessaire<br />

et providentielle Théocratie qu’elles ont mission<br />

d’étendre <strong>au</strong> monde entier, victorieusement, jusqu’à la<br />

fin des temps. » (CRC no 131, juillet 1978, p. 10)<br />

Comment cela se fera-t-il ? En commençant par<br />

reconnaître les déf<strong>au</strong>ts des uns et des <strong>au</strong>tres : la passivité<br />

de l’Orient et la vanité de l’Occident.<br />

« À Byzance, dit finement Soloviev, il y avait plus de<br />

théologiens que de chrétiens. » Il met en évidence « la<br />

tendance orientale <strong>au</strong> docétisme, qui efface le caractère<br />

pleinement humain, réel et singulier, de Jésus-Christ Fils<br />

de Dieu, dénouant le nœud de l’Incarnation <strong>au</strong> bénéfice<br />

du Dieu inhumain, invisible, inaccessible. Au bout du<br />

chemin de l’Orient, logiquement, viendra l’islam ! »<br />

Tandis que « le péché de l’Occident, pour Soloviev,<br />

est celui d’une Église qui a tellement cru à l’Incarnation<br />

de Dieu dans l’homme qu’elle s’est laissée aller à croire<br />

l’homme tout-puissant en sa raison, son droit, son <strong>au</strong>torité,<br />

sa politique, en lui-même divin, souverain donc et<br />

infaillible. Jusqu’à en venir à cesser de croire effectivement<br />

en Dieu ! C’est la Légende du Grand Inquisiteur,<br />

de son ami Dostoïevski [dont le pape François est un<br />

lecteur assidu, comme était l’abbé de Nantes], dont il fut<br />

lui-même sans doute l’inspirateur. C’est la dernière de<br />

ses Leçons sur la Théandrie : Les trois tentations de<br />

l’Église (d’Occident ! ). Pour le dire en deux mots<br />

péjoratifs, connus de tous, c’est l’<strong>au</strong>toritarisme papiste,<br />

le cléricalisme, la théocratie romaine, que justement<br />

Soloviev critique et réprouve absolument. » (ibid.)<br />

On peut dire que Vatican II, loin d’y porter remède, a<br />

mis le comble à cet “ <strong>au</strong>toritarisme ”, sous les règnes<br />

tyranniques de P<strong>au</strong>l VI, Jean-P<strong>au</strong>l II et Benoît XVI.<br />

Avec ce résultat paradoxal illustré par la crise de la


MAI 2013 N o 128 - P. 7<br />

Curie : non seulement il n’y a plus de « lieu élevé », mais<br />

la Cité sainte qu’a traversée le Pape pour se rendre en sa<br />

cathédrale du <strong>La</strong>tran est « à moitié en ruine », conformément<br />

à la vision prophétique contemplée par Lucie,<br />

François et Jacinthe à la Cova da Iria, le 13 juillet 1917,<br />

il y <strong>au</strong>ra bientôt cent ans. C’est ce qui a contraint le<br />

Pape à prendre ses quartiers à la maison Sainte-Marthe !<br />

Et déjà, il a entrepris la réforme de la Curie, en<br />

nommant huit cardin<strong>au</strong>x chargés de la préparer. Déjà, la<br />

secrétairerie d’État, dont notre Père déplorait l’omnipotence,<br />

n’est plus <strong>au</strong> centre de toute l’information et de<br />

toutes les décisions. Le Pape a choisi des hommes de<br />

confiance. Le seul Italien, le cardinal Giuseppe Bertello,<br />

en charge du gouvernement de l’État de la cité du<br />

Vatican (qui n’est pas la Curie romaine, mais la cité du<br />

Vatican), est connu pour son intégrité. Naguère nonce<br />

<strong>au</strong> Mexique, il s’est élevé contre la Curie pour mettre<br />

fin <strong>au</strong>x multiples vies du Père Maciel, fondateur des<br />

“ légionnaires du Christ ”. Le cardinal O’Malley, un capucin,<br />

archevêque de Boston (États-Unis), a réglé là-bas<br />

la lutte contre la pédophilie. On compte le cardinal<br />

Monsengwo, archevêque de Kinshasa (République démocratique<br />

du Congo), le cardinal Pell, archevêque de<br />

Sydney, en Australie, et, enfin, un cardinal chilien, grand<br />

ami de François, un Indien, un Allemand inquiétant :<br />

l’archevêque de Munich, « Marx », cardinal Reinhard<br />

Marx, ça ne s’invente pas ! Polyglotte, le cardinal<br />

Maradiaga, du Honduras, est chargé de la coordination.<br />

« Dans son homélie, dimanche soir, à Saint-P<strong>au</strong>lhors-les-murs,<br />

le pape François a lancé une chasse <strong>au</strong>x<br />

“ idoles ” qui reflète son état d’esprit pour affronter<br />

cette réforme titanesque. Il a demandé que les <strong>catholique</strong>s<br />

se dépouillent de “ be<strong>au</strong>coup d’idoles petites et<br />

grandes que nous avons, et dans lesquelles nous nous<br />

réfugions, dans lesquelles nous cherchons et plaçons bien<br />

des fois notre sécurité. Ce sont des idoles que nous tenons<br />

souvent cachées ; elles peuvent être l’ambition, le goût du<br />

succès, le fait de se mettre soi-même <strong>au</strong> centre, la tendance<br />

à dominer les <strong>au</strong>tres, la prétention d’être les seuls<br />

maîtres de notre vie. ” ( LE FIGARO du 15 avril 2013)<br />

En un mot comme en cent, François proscrit le<br />

“ culte de l’Homme ” cher à P<strong>au</strong>l VI et à Jean-P<strong>au</strong>l II.<br />

À l’encontre du “ mondialisme ” marxiste ou tolstoïen,<br />

caricature antichrist de l’Église, que l’Esprit de<br />

Satan organise, gouverne et étend de jour en jour sur le<br />

monde, le pape François manifeste la puissance mystérieuse<br />

de l’Église <strong>catholique</strong>.<br />

Notre Père écrivait en septembre 1978, sous le<br />

pontificat de Jean-P<strong>au</strong>l I er :<br />

« <strong>La</strong> renaissance de l’Église sonnera quand elle redeviendra<br />

l’humble servante du Seigneur, et non plus l’orgueilleuse<br />

servante - maîtresse d’un monde apostat [selon<br />

le Concile]. Quand de nouve<strong>au</strong> elle s’acceptera femme,<br />

vierge, fille unique et chérie de Dieu seul, épouse du<br />

Verbe et Temple du Saint-Esprit. Quand elle admirera,<br />

d’Orient et d’Occident, comment la puissance divine de<br />

cet Esprit-Saint qui est son Âme incréée, la fortifie d’un<br />

pouvoir viril, vicaire de celui du Christ, dans le Pape de<br />

Rome et à partir de lui, en communion avec lui, dans la<br />

hiérarchie apostolique. Telle est l’âme créée de l’Église,<br />

qui n’a d’<strong>au</strong>torité que par l’opération de l’Esprit d’Amour<br />

en union vitale avec son Époux Jésus-Christ. Be<strong>au</strong>té<br />

mâle, puissante et constante qui, <strong>au</strong> moindre souffle d’un<br />

esprit contraire, d’orgueil et d’indépendance, se corrompt<br />

en tyrannie et n’engendre que la tiédeur et l’apostasie » à<br />

laquelle nous assistons depuis cinquante ans.<br />

« Le prouve assez l’histoire lamentable de tous les<br />

schismes, comme Soloviev le montre du schisme oriental,<br />

où les églises locales se séparent, où la pensée et la<br />

liturgie stagnent, où l’élan missionnaire s’éteint et la<br />

splendide souveraineté de la religion abdique devant les<br />

pouvoirs temporels. » Sous l’euphémisme de “ sécularisation<br />

” : dont le vrai nom est déchristianisation,<br />

« l’Esprit fort de l’Homme-Dieu leur manquant, ces<br />

églises sont comme veuves et prostituées. L’Église de<br />

Rome <strong>au</strong> contraire possède en elle à jamais cette divine<br />

énergie toujours active qui est la marque de l’Esprit-<br />

Saint. Force de l’Église romaine, preuve de la fidélité<br />

opérant en elle de son Époux Jésus-Christ ! » (CRC<br />

no 133, septembre 1978, p. 14-15) jusqu’<strong>au</strong> Concile exclusivement,<br />

jusqu’en 1962.<br />

Nous la voyons renaître en la personne de François.<br />

« L’Occident a commis la f<strong>au</strong>te d’accaparer la pap<strong>au</strong>té,<br />

et l’Orient celle de la renier. L’égoïsme a joué<br />

dans les deux cas », écrivait Soloviev. Une telle critique<br />

revient à exalter souverainement l’<strong>au</strong>torité romaine,<br />

observe notre Père :<br />

« Pierre est l’individu <strong>au</strong>quel s’est uni le divin de<br />

manière absolument singulière, pour faire de lui et de<br />

ses successeurs, le roc constant sur lequel doit s’édifier<br />

et se conserver l’humanité divinisée. » Ce pouvoir est<br />

de dire infailliblement la vérité, et non pas de proclamer<br />

la liberté religieuse !<br />

Mais « ce pouvoir unique n’est pas seulement de<br />

dire infailliblement la vérité ni d’être la source sacramentelle<br />

de la vie divine. Il consiste enfin à gouverner<br />

le monde. Et non seulement en vue “ d’unir les hommes<br />

avec Dieu, mais encore de créer un ordre social<br />

nouve<strong>au</strong> ” (Rupp, p. 386). »<br />

“ Théocratie ” selon Soloviev, ou “ Chrétienté ” selon<br />

Georges de Nantes, le pape François évoquait cet ordre<br />

social nouve<strong>au</strong> à Saint-P<strong>au</strong>l-hors-les-murs, dimanche<br />

dernier, exhortant chacune des brebis de son troupe<strong>au</strong>,<br />

individuellement, personnellement, en la tutoyant ! à une<br />

conversion radicale pour vivre la sainteté « de tous les<br />

jours », afin de créer une « classe moyenne de la sainteté<br />

», comme disait Joseph Malègue. À ce compte, le<br />

christianisme devient une communion, d’un peuple, et<br />

non pas d’une élite ou d’un parti, communion profonde<br />

de pécheurs et de saints, immense foule où la foi, la<br />

vie, la civilisation se transmettent tout ensemble à<br />

travers la famille, la race, la nation...<br />

C’est cette foule immense de toute race, nation,<br />

langue, mais pas de toute religion ! que nous voyons le<br />

pape François rassembler place Saint-Pierre, à chacune<br />

de ses “ apparitions ”, depuis son avènement, <strong>au</strong> soir du<br />

13 mars, la faisant prier, et écouter la “ Parole de<br />

Dieu ”, et la lui expliquant avec assurance, clarté et<br />

simplicité, et un enthousiasme communicatif.


MAI 2013 N o 128 - P. 8<br />

<strong>La</strong> maman d’un de nos frères lui écrit, après<br />

l’<strong>au</strong>dience générale du mercredi 3 avril où le Pape a<br />

repris le cours des catéchèses sur la foi :<br />

« Nous étions si contents de voir l’enthousiasme du<br />

frère Bruno pour le pape François que cette semaine<br />

j’ai pris le risque d’aller faire un tour sur le NET pour<br />

prendre des nouvelles de sa catéchèse. Je suis tombée<br />

sur un article <strong>au</strong> titre inquiétant : “ L’ HOMMAGE DU PAPE<br />

FRANÇOIS AUX FEMMES ”... et de fait l’article était tendancieux,<br />

exposant dès le chape<strong>au</strong> la question de l’accroissement<br />

de la place des femmes dans l’Église. Mais<br />

quant à la reformulation ou citation des paroles du<br />

Pape, elle était plutôt réjouissante puisqu’en rappelant<br />

que les femmes avaient été les premiers témoins de la<br />

Le cardinal Bergoglio disait naguère <strong>au</strong>x évêques<br />

espagnols, en 2006 :<br />

« Nous sommes nés à la sainteté dans un corps<br />

saint, celui de notre Sainte Mère l’Église, et c’est dans<br />

le fait de nous maintenir avec fermeté à l’intérieur de<br />

ce corps que se joue notre vocation à être “ saints et<br />

irréprochables devant sa face ”, ainsi que notre fécondité<br />

apostolique. » (p. 136)<br />

L’abbé de Nantes s’indignait d’une page de LA FOI<br />

CHRÉTIENNE HIER ET AUJOURD’HUI, du cardinal Ratzinger,<br />

consacrée à “ <strong>La</strong> sainte Église <strong>catholique</strong> ”. « Les guillemets<br />

sont de lui, soulignait notre Père. C’est une citation...<br />

des <strong>au</strong>tres ; c’est la pensée ingénue, la foi naïve<br />

des <strong>au</strong>tres. Non pas de lui. En effet :<br />

« “ Si nous voulons être francs, nous devons bien<br />

reconnaître que nous sommes tentés de dire que l’Église<br />

n’est ni sainte ni <strong>catholique</strong>. Le deuxième concile du Vatican<br />

lui-même en est venu à ne plus parler simplement de<br />

l’Église sainte, mais de l’Église pécheresse ; et si l’on a<br />

critiqué le Concile à ce sujet... ” <strong>La</strong> suite, je vous la<br />

donne en mille ! <strong>La</strong> seule critique que l’on ait pu<br />

formuler, ou entendre à ce sujet, c’est...? c’est ? Non,<br />

vous ne devinerez jamais !<br />

« “ ... cela a été tout <strong>au</strong> plus pour lui reprocher... ”<br />

Tentez encore votre chance : reprocher quoi ? d’avoir<br />

été bien osé d’insulter sa propre Mère, l’Épouse du<br />

Christ ? Non, vous n’y êtes point du tout... “ d’avoir été<br />

trop timide dans son affirmation, tellement est fort <strong>au</strong>jourd’hui<br />

dans notre conscience à tous, le sentiment de la<br />

condition pécheresse de l’Église. Il est fort possible que<br />

joue également ici l’influence d’une théologie luthérienne<br />

du péché, et donc un présupposé dogmatique. ”<br />

« Évidemment, pour toutes ces ignominies où il ose<br />

parler <strong>au</strong> nom de “ tous ”, tous les <strong>catholique</strong>s ! nous<br />

nous désolidarisons totalement de lui. Car cela monte<br />

jusqu’à l’ignominie absolue...<br />

« “ Mais ce qui rend cette dogmatique ( luthérienne), si<br />

convaincante (!), c’est sa correspondance avec notre propre<br />

expérience. Les <strong>siècle</strong>s de l’histoire de l’Église sont telle-<br />

Résurrection du Christ, François en concluait à l’<strong>au</strong>thenticité<br />

des Évangiles. Le témoignage des femmes<br />

n’étant pas recevable chez les juifs, si le récit avait été<br />

inventé, l’inventeur ne leur <strong>au</strong>rait pas donné ce rôle.<br />

Ça alors, un Pape qui plaide pour l’<strong>au</strong>thenticité des<br />

Évangiles, c’est neuf, non ? [et c’est quotidien : chaque<br />

matin, à la Messe de 7 heures à Sainte-Marthe]. Et puis,<br />

en continuant l’article, je vois que le Pape “ préconise<br />

la transmission de la foi par le CŒUR dans la relation<br />

intime mère - enfant ” ; incroyable, pour un peu, il<br />

dirait que la dévotion “ transfuse ”, comme notre Père.<br />

Aurait-il lu les MÉMOIRES ET RÉCITS ? Ou tout simplement,<br />

est-ce la marque d’un retour à la vraie foi et<br />

vraie transmission de la foi ? » Assurément !<br />

« GUIDER CHACUN AVEC UNE DOUCEUR FERME<br />

SUR LES VOIES DE LA SAINTETÉ. »<br />

ment remplis de défaillances humaines, que nous pouvons<br />

comprendre l’effroyable vision de Dante, voyant la prostituée<br />

babylonienne assise dans le char de l’Église, et que<br />

nous trouvons concevables les paroles terribles de l’évêque<br />

de Paris, Guill<strong>au</strong>me d’Auvergne (XIII e <strong>siècle</strong>), qui disait<br />

que tout homme, à la vue de la dépravation de l’Église,<br />

devait se sentir glacé d’horreur : Ce n’est plus une épouse,<br />

mais un monstre effrayant, difforme et s<strong>au</strong>vage... ” (p. 244)<br />

« En note, Ratzinger renvoie <strong>au</strong> « grand article de Hans<br />

Urs von Balthasar, “ CASTA MERETRIX ”, dans (cela ne s’invente<br />

pas ! dans) SPONSA VERBI, Einsiedeln, 1961. » (note 2)<br />

Dans une revue dont le nom est “ ÉPOUSE DU VERBE ”, un<br />

grand article intitulé “ CHASTE PUTAIN ” ! Ils sont impies,<br />

ils sont tous fous. » (CRC no 212, juin 1985, p. 5)<br />

Voici un exemple typique de la façon dont le pape<br />

François nous guérit de cette folie ! Grand lecteur lui<br />

<strong>au</strong>ssi de von Balthasar, il atténue le blasphème en le<br />

traduisant « chaste pécheresse », et tourne <strong>au</strong>ssitôt nos<br />

yeux vers « celle qui est sans péché, pure et sans<br />

tache », l’Immaculée Conception :<br />

« <strong>La</strong> sainteté de l’Église se reflète sur le visage de<br />

Marie. » Ratzinger n’y a pas pensé ! Réparateur...<br />

François ajoute :<br />

« Dans notre jargon clérical, nous plaisantons souvent<br />

avec l’utilisation méticuleuse du terme “ saint ”, et nous<br />

disons, avec un sourire, “ cette sainte maison ”, “ les<br />

saintes coutumes ”. Mais il est vrai <strong>au</strong>ssi que lorsque nous<br />

voulons donner, avec joie, un jugement définitif sur quelqu’un,<br />

et que nous disons : “ Cet homme est un saint ”,<br />

nous le faisons en abandonnant nos nombreuses idoles,<br />

nous agenouillant devant le mystère de Dieu et de sa<br />

bonté infinie qui habitent cet homme. »<br />

Par exemple le pape François...<br />

« L’amour et la dévotion envers notre Mère l’Église,<br />

c’est l’amour et la dévotion envers chacun de ses<br />

enfants en particulier, et nous avons be<strong>au</strong>coup de ces<br />

saints dans notre Église, nous en rencontrons chaque<br />

jour : dans la vie de nos paroisses, <strong>au</strong> confessionnal,<br />

dans la direction spirituelle. Je me demande souvent si<br />

la critique acerbe de l’Église, la peine ressentie face à


MAI 2013 N o 128 - P. 9<br />

ses nombreux péchés, le désespoir qui parfois surgit à<br />

son propos, ne viennent pas du fait que nous ne nous<br />

nourrissons pas suffisamment de cette proximité avec la<br />

sainteté, qui réconcilie, parce qu’elle est la visite de<br />

Dieu à son peuple. » (p. 137)<br />

<strong>La</strong> même pensée vient sous la plume de l’abbé de<br />

Nantes :<br />

« Les plus grands esprits un jour ou l’<strong>au</strong>tre en conviendront.<br />

Avant même d’élaborer une solution technique<br />

<strong>au</strong>x problèmes complexes de la justice sociale, et de<br />

proposer <strong>au</strong>x partis un corporatisme ancien ou un syndicalisme<br />

nouve<strong>au</strong>, il f<strong>au</strong>dra bien d’abord faire appel à<br />

cette vertu du peuple qui, en ses masses profondes, n’est<br />

pas véritablement gagné par les idéologies matérialistes<br />

rivales et demeure chrétien. Le christianisme, ne l’oublions<br />

pas, même le “ christianisme populaire ”, c’est<br />

une foi, une loi, une discipline, un enthousiasme sacré<br />

qui seuls peuvent faire renaître dans nos sociétés disloquées<br />

par les haines sociales, les énergies héroïques<br />

nécessaires <strong>au</strong> rétablissement de la justice vraie, de la<br />

juste vérité, pravda, dans la commun<strong>au</strong>té fraternelle,<br />

sobornost, d’un peuple réconcilié. » (CRC n o 132, p. 10)<br />

Ce texte date d’août 1978. Il fait figure de préface<br />

prémonitoire <strong>au</strong> pontificat de Jean-P<strong>au</strong>l I er in<strong>au</strong>guré dans<br />

la joie universelle le 26 août <strong>au</strong> soir et brutalement<br />

interrompu le soir du 28 septembre. En trente-trois jours,<br />

« ce Pape religieux et ferme dans la foi, si bon, si<br />

gracieux, par sa seule apparition avait refait l’unité<br />

cordiale du peuple chrétien, sur l’essentiel qui est le culte<br />

de Dieu, la foi en lui, la piété personnelle et le labeur des<br />

vertus, surtout l’amour fraternel. Et l’Église s’est sentie<br />

En effet, en réponse à la demande adressée à deux<br />

reprises par le Pape <strong>au</strong> cardinal José Policarpo, patriarche<br />

de Lisbonne, les évêques portugais ont décidé de consacrer<br />

le pontificat du pape François à Notre-Dame de<br />

Fatima le 13 mai prochain, quatre-vingt-seizième anniversaire<br />

de la première apparition de Notre-Dame à Lucie,<br />

François et Jacinthe. Cette consécration sera inscrite <strong>au</strong><br />

programme international que présidera le cardinal Orani<br />

Joao Tempesta, archevêque de Rio de Janeiro.<br />

Qu’est-ce que « Notre-Dame de Fatima » ? sinon un<br />

Cœur, le Cœur Immaculé de Marie, manifesté <strong>au</strong>x<br />

voyants le 13 juin 1917. Le Pape se consacre <strong>au</strong> Cœur<br />

Immaculé de Marie par la bouche des évêques du<br />

Portugal. Il met ainsi en pratique son propre enseignement<br />

<strong>au</strong>x évêques d’Espagne : « Il nous f<strong>au</strong>t aimer le<br />

mystère de fécondité de l’Église comme on aime le<br />

mystère de Marie, Vierge et mère. À la lumière de cet<br />

amour, aimons le mystère de notre état de serviteurs<br />

inutiles, avec l’espérance que le Seigneur nous adresse<br />

cette parole : “ Bon et fidèle serviteur... ” » (p. 140)<br />

« Serviteur inutile », il “ passe la main à l’Immaculée<br />

”, comme fit l’abbé de Nantes en 1997 <strong>au</strong> cours<br />

d’un triduum où fut prise « une décision innocente et<br />

douce comme la Colombe, mais dure et tranchante<br />

revivre, délivrée du carcan des nouve<strong>au</strong>tés postconciliaires,<br />

de la tyrannie des intellectuels réformistes, des<br />

exigences insupportables de l’ouverture <strong>au</strong> monde. Il était<br />

donc si simple d’être <strong>catholique</strong> ? Le sourire du Pape<br />

montrait <strong>au</strong>ssi, prêchait que c’était une joie, un bonheur.<br />

Ainsi s’était ressoudée cette alliance immémoriale que<br />

nous avions oubliée, entre le Pape et le peuple, hors des<br />

incompréhensibles tracasseries du parti réformateur et de<br />

son soviet suprême. Et cela ne passera plus : le Souverain<br />

Pontife de demain s<strong>au</strong>ra de quelle immense popularité<br />

dispose le Pape pour être le Pasteur de son peuple, à<br />

l’encontre de tous les agitateurs et hommes de partis. »<br />

(CRC n o 134, octobre 1978, éditorial )<br />

Après une parenthèse de trente-cinq ans, le pape<br />

François succède à Jean-P<strong>au</strong>l I er pour reprendre cette<br />

œuvre de contre-réforme spontanée, prématurément interrompue<br />

: « L’Église est une mère, elle engendre des<br />

enfants avec la force du dépôt de la foi », enseignait-il<br />

<strong>au</strong>x évêques d’Espagne (p. 139).<br />

Déjà, depuis trente-cinq jours nous nous sentons<br />

tous frères, réconciliés par lui dans la ferveur retrouvée,<br />

la confiance en Dieu, l’obéissance filiale <strong>au</strong> Père<br />

Commun. Déjà, nous constatons dans les paroisses, de<br />

la part des prêtres, dans la presse <strong>catholique</strong>, un retour<br />

non pas contraint mais spontané, mais joyeux, à la religion<br />

toute pure. Sous le signe de la miséricorde et de<br />

l’arc-en-ciel de l’alliance, qui est la Vierge Notre-Dame,<br />

en attente de la consécration de la Russie à son Cœur<br />

Immaculé et de la pratique des premiers samedis du<br />

mois par tous ceux qui lui sont déjà consacrés du seul<br />

fait de leur appartenance à l’Église <strong>catholique</strong> romaine.<br />

CONSÉCRATION AU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE<br />

REINE DE LA MISÉRICORDE<br />

comme l’épée du Seigneur des seigneurs et Roi des<br />

rois : celle de placer dorénavant la Sainte Vierge Marie<br />

absolument <strong>au</strong>-dessus de toutes nos affections de cœur, de<br />

toutes nos convictions et pensées, de toutes nos œuvres<br />

extérieures et de tous nos désirs.<br />

« Qu’on n’objecte pas l’amour de Dieu lui-même qui<br />

devrait de toute manière passer premier et prendre toute la<br />

place. C’est précisément dans le rejet de cette objection<br />

que consiste le caractère nouve<strong>au</strong>, surprenant, bouleversant,<br />

de cette dévotion qu’enfin je ne boude plus, que je<br />

veux faire mienne parce que c’est ce que notre doux<br />

Seigneur et Maître veut et attend de notre génération pour<br />

la s<strong>au</strong>ver ! Oui, depuis Grignion de Montfort, depuis<br />

Notre-Dame de <strong>La</strong> Salette, depuis saint Maximilien-<br />

Marie Kolbe et depuis Fatima... ce Dieu dont l’Amour<br />

infini se porte de toute éternité sur ELLE, veut enfin que<br />

nous commencions par nous consacrer à ELLE si nous<br />

voulons lui plaire à lui en entrant dans ses préférences.<br />

Quel Mystère, infiniment sage et s<strong>au</strong>veur ! »<br />

« Ainsi, je déménage... », confiait-il, comme pour<br />

donner raison à ses adversaires qui le disent méchamment<br />

depuis longtemps, ajoutant : « chez la Sainte Vierge ».<br />

Alors cela change tout. Écoutez, c’est sérieux : « Tous<br />

nos 150 POINTS sont à réviser et à mettre sur cet axe. Et la


MAI 2013 N o 128 - P. 10<br />

rest<strong>au</strong>ration <strong>catholique</strong> de nos espérances ne sera pas<br />

affaire ecclésiastique, ni nationaliste, ni, bien entendu !<br />

sociologique, écologique ou partisane, mais de Croisade<br />

mariale et eucharistique [...]. Ainsi je crois, j’espère et<br />

j’aime par Marie, en Marie, pour Marie, que notre très<br />

chéri Père Céleste remplit de sa Toute-Puissance, se<br />

faisant comme son Enfant, pour mieux nous toucher, nous<br />

vaincre, nous retourner et nous s<strong>au</strong>ver. » (GEORGES DE<br />

NANTES, DOCTEUR MYSTIQUE DE LA FOI CATHOLIQUE, p. 423)<br />

Le pape François a une raison tout à fait impérative de<br />

consacrer son ministère <strong>au</strong> Cœur Immaculé de Marie :<br />

c’est à Elle que Dieu a voulu confier « tout l’ordre de la<br />

miséricorde », inscrite dans sa devise : Miserando atque<br />

eligendo. Il a vraiment été élu comme le ministre de la<br />

miséricorde <strong>au</strong>près des « p<strong>au</strong>vres pécheurs » que nous<br />

sommes, <strong>au</strong>x genoux de Sainte Marie, Mère de Dieu :<br />

« Pour moi, se sentir pécheur est une des plus belles<br />

choses qui puissent arriver à une personne, si cela<br />

l’amène <strong>au</strong>x ultimes conséquences. Je m’explique : saint<br />

Augustin, parlant de la Rédemption, considère le péché<br />

d’Adam et d’Ève puis la Passion et la Résurrection de<br />

Jésus, commente : “ Heureux péché qui nous a valu pareille<br />

Rédemption. ” C’est ce que nous chantons la nuit<br />

de Pâques : Feliz culpa feliz pecado. Quand une personne<br />

prend conscience qu’elle est pécheresse et qu’elle<br />

est s<strong>au</strong>vée par Jésus, elle s’avoue cette vérité à ellemême<br />

et découvre la perle cachée, le trésor enterré. Elle<br />

découvre ce qui est grand dans la vie : quelqu’un qui<br />

l’aime profondément et qui a donné sa vie pour elle.<br />

« Selon vous, la perte du sentiment du péché rend-elle<br />

difficile la rencontre avec Dieu ?<br />

« Il y a des gens qui se croient justes qui, d’une<br />

certaine manière, acceptent l’enseignement, la foi chrétienne,<br />

mais n’ont pas l’expérience d’avoir été s<strong>au</strong>vés.<br />

Une chose est qu’on vous raconte l’histoire d’un enfant<br />

qui se noyait dans la rivière et que quelqu’un a retiré de<br />

l’e<strong>au</strong>, <strong>au</strong>tre chose est de voir la chose, <strong>au</strong>tre chose<br />

encore est être cet enfant qui se noyait et qui a été s<strong>au</strong>vé.<br />

« Il y a des personnes qui ne veulent ni voir ni savoir<br />

rien sur cet enfant qui se noie, ils prennent la tangente,<br />

ils s’échappent et alors ils n’ont pas l’expérience de ce<br />

salut. Je crois que seuls, grands pécheurs, nous avons<br />

cette grâce et je dis souvent que l’unique gloire que nous<br />

ayons est, comme dit saint P<strong>au</strong>l, d’être pécheurs [...].<br />

« Pour moi, le péché n’est pas une tache que je dois<br />

laver. Ce que je dois faire, c’est demander pardon et me<br />

réconcilier et non d’aller à la teinturerie du Japonais <strong>au</strong><br />

coin de ma rue. De toute manière, je dois rencontrer Jésus<br />

qui a donné sa vie pour moi. Autrement dit : le péché<br />

assumé avec droiture est le lieu privilégié de la rencontre<br />

personnelle avec Jésus-Christ S<strong>au</strong>veur, la découverte du<br />

sentiment profond que Lui éprouve envers moi. Enfin,<br />

c’est la possibilité de vivre le choc d’avoir été s<strong>au</strong>vé. »<br />

Sous un tel Pontife, nous allons peut-être guérir du<br />

formidable orgueil de la Personne humaine, libre, <strong>au</strong>tonome,<br />

indépendante ( PHLAI ), fabriquée par le concile<br />

Vatican II et sa “ liberté religieuse ”. Dont le successeur<br />

de Mgr Lefebvre offre un “ cas ” clinique.<br />

Mgr Fellay, qui “ dialogue ” avec Rome depuis plus de<br />

trois ans, d’égal à égal, a annoncé le 16 avril “ URBI ET<br />

ORBI ”, titre de sa LETTRE AUX AMIS ET BIENFAITEURS, que<br />

« la situation de l’Église reste quasi inchangée »... puisque<br />

la normalisation canonique de la Fraternité sacerdotale<br />

Saint-Pie-X (FSSPX) n’est toujours pas réglée !<br />

Il s’est attiré la cinglante réponse du Pape le jour<br />

même, 16 avril, dans l’homélie de la messe qu’il célébrait<br />

en la chapelle de Sainte-Marthe, à l’intention de<br />

Benoît XVI dont c’était le 86<br />

frère Bruno de Jésus-Marie.<br />

e anniversaire. Commentant<br />

la première lecture du jour, où Étienne fustige le<br />

Sanhédrin : « Hommes à la tête dure, depuis toujours vous<br />

résistez à l’Esprit-Saint », le pape François en fait l’application<br />

à ces « entêtés » disciples de Mgr Lefebvre.<br />

« Cela s’appelle être “ sot et lent de cœur ”. » Où se<br />

manifeste la miséricorde de François, car c’est le moins<br />

qu’on puisse dire ! Certes ; Mgr Fellay « se garde de<br />

toute attaque directe contre le nouve<strong>au</strong> pape François<br />

», précise la LETTRE URBI ET ORBI (sic ! ). Mais c’est<br />

pire. Ce chantage équiv<strong>au</strong>t à rompre la communion<br />

avec Rome, c’est-à-dire avec François, évêque de<br />

Rome, évêque vêtu de blanc, évêque du Cœur de Marie.<br />

C’est vraiment le péché contre l’Esprit-Saint !<br />

Du coup, le Pape identifie son œuvre présente avec<br />

celle du Concile, mais c’est bien la première fois.<br />

Depuis un mois, nous n’entendions plus parler que de<br />

culte de Dieu, de la Vierge et des saints, point de culte<br />

de l’homme !<br />

Lorsque les journalistes intitulent leur bouquin “ JE<br />

CROIS EN L’HOMME ”, ils nous trompent. Car, après avoir<br />

dit cela, le cardinal a <strong>au</strong>ssitôt ajouté : « Je ne dis pas<br />

qu’il est bon ou m<strong>au</strong>vais. » <strong>Contre</strong>disant par là le naturalisme<br />

de P<strong>au</strong>l VI : « <strong>La</strong> paix est possible, parce que les<br />

hommes, <strong>au</strong> fond, sont bons. » (1er janvier 1968)<br />

Depuis son avènement, le pape François ne cesse de<br />

marteler : « Sans la grâce, nous ne pouvons rien faire. »<br />

Il n’y a donc pas de “ dialogue ” à inst<strong>au</strong>rer, mais à<br />

entrer joyeusement dans ce grand mouvement de réconciliation<br />

entre frères et sœurs, enfants de l’Église <strong>catholique</strong><br />

romaine, qui ne pourra aboutir sans que se fasse la vérité :<br />

l’abbé de Nantes, notre Père, a accusé le concile Vatican<br />

II et les papes P<strong>au</strong>l VI et Jean-P<strong>au</strong>l II, d’hérésie, de<br />

schisme et de scandale. Il a pu se tromper. Il n’était pas<br />

infaillible. Le Pape seul est infaillible, et tranchera.<br />

Mais François a peut-être d’<strong>au</strong>tres urgences. Sachant<br />

que notre Père avait “ passé la main ” à l’Immaculée, et que<br />

le Pape fait de même en consacrant son pontificat à Notre-<br />

Dame de Fatima. Le 15 avril, la veille du jour où il recevait<br />

l’insolent message de Mgr Fellay : « En ces temps de turbulence<br />

spirituelle, le lieu le plus sûr est sous le mante<strong>au</strong> de la<br />

Vierge », a-t-il déclaré dans son homélie, à Sainte-Marthe.<br />

Si nous avons quelque chose à demander en urgence, sous<br />

forme de supplique respectueuse, c’est l’accomplissement<br />

des deux demandes de la Sainte Vierge, qui sont sûrement<br />

du Saint-Esprit : que le Saint-Père fasse et ordonne <strong>au</strong>x<br />

évêques du monde <strong>catholique</strong> de faire la consécration de<br />

la Russie <strong>au</strong> Cœur Immaculé de Marie, pour obtenir la<br />

paix du monde si menacée, et qu’il approuve et recommande<br />

<strong>au</strong> peuple chrétien la pratique des premiers samedis<br />

du mois, pour le salut éternel de son troupe<strong>au</strong>,<br />

dont nous voulons demeurer les brebis fidèles et obéissantes.<br />

Ainsi soit-il !


MAI 2013 N o 128 - P. 11<br />

PÈLERINAGE CRC EN ANJOU<br />

SUR LES TRACES DES SAINTS MARTYRS VENDÉENS,<br />

UN pèlerinage CRC, ce n’est pas seulement un<br />

exercice de piété ou de charité fraternelle, c’est<br />

<strong>au</strong>ssi une manière de communier intimement <strong>au</strong><br />

dessein de Dieu, à ses manifestations dans l’histoire<br />

de notre pays, cette sainte et douce France avec qui il<br />

est en alliance depuis si longtemps puisqu’il a donné<br />

ce roy<strong>au</strong>me en apanage à son Fils ainsi qu’à sa divine<br />

Mère. C’est dans cette lumière immense de la divine<br />

orthodromie, que nos frères Bruno et Thomas nous ont<br />

fait marcher durant ce pèlerinage en terre sainte d’Anjou<br />

sur les traces de nos saints martyrs vendéens...<br />

Le sanglant holoc<strong>au</strong>ste de ces <strong>catholique</strong>s de toutes<br />

conditions et de tous âges, cruellement immolés par la<br />

République <strong>au</strong> nom de la liberté et des droits de<br />

l’homme, resterait encore <strong>au</strong>jourd’hui caché, sans<br />

fruit ; il se résumerait à un triste mystère de mort,<br />

comme tant d’<strong>au</strong>tres dans l’histoire, sans <strong>au</strong>tre résurrection<br />

que culturelle, froide et sans cœur, si d’<strong>au</strong>tres<br />

témoins ne s’étaient levés pour redonner vie à ces<br />

“ ossements desséchés ” (Ez 37, 2-11), courage à cette<br />

“ grande et immense armée ”, dont nous sommes fiers<br />

d’être les héritiers. Grâce à eux, et même si nous<br />

sommes toujours dans les malheurs de la grande apostasie,<br />

nous ne pouvons plus dire que “ notre espérance<br />

est détruite et que c’en est fait de nous ”.<br />

Pour faire comprendre à nos amis que la résurrection<br />

de la France et de l’Église, partant le salut du<br />

monde entier, était non seulement à l’œuvre depuis<br />

toujours mais qu’elle était en passe de s’accomplir,<br />

nos frères Bruno et Thomas firent appel à trois<br />

témoins : notre bienheureux Père avec, à ses côtés,<br />

son âme sœur ne faisant qu’un avec lui, la bienheureuse<br />

Marie du Divin Cœur ; puis Mgr Freppel son<br />

précurseur et alter ego <strong>au</strong> dix-neuvième <strong>siècle</strong>, sans<br />

oublier, ô merveilleuse surprise dont frère Bruno se<br />

fera le hér<strong>au</strong>t enthousiaste ! celui-là même que notre<br />

bien-aimé Père avait vu briller <strong>au</strong> plus profond de sa<br />

nuit, le salut de l’église et du monde en personne,<br />

notre bon pape François. C’est donc un véritable trésor<br />

de circumincessante charité qui va se dévoiler<br />

peu à peu <strong>au</strong> cœur de nos trois cents amis, tout <strong>au</strong><br />

long des instructions et visites de ce pèlerinage entrepris<br />

avec une allégresse semblable à celle des<br />

p<strong>au</strong>vres de Yahweh se rendant à Jérusalem, ou de<br />

nos pères se rendant à Paray-le-Monial sous la hou-<br />

DE MGR FREPPEL,<br />

DE LA BIENHEUREUSE MARIE DU DIVIN CŒUR,<br />

SOUS LA HOULETTE DU PAPE FRANÇOIS.<br />

lette du général de Sonis, ou encore à Lourdes avec<br />

le Père Marie-Antoine.<br />

<strong>La</strong> douceur angevine était <strong>au</strong> rendez-vous, belle et<br />

accueillante malgré le froid vif, en la riche palette des<br />

verts tendres de ses forêts. C’est que la nature était en<br />

retard cette année, comme l’Église d’ailleurs après<br />

cinquante ans de Concile, mais l’une comme l’<strong>au</strong>tre<br />

n’avaient de cesse de le combler : « l’hiver était<br />

passé » (Ct 2, 11).<br />

Mais était-il bien fini ? Car enfin, si Saint-Florentle-Vieil<br />

a gardé le souvenir de ses martyrs, tourisme<br />

oblige, on voit bien que du côté des pouvoirs publics,<br />

ou de l’Église en son h<strong>au</strong>t clergé, le cœur n’y est pas<br />

ou si peu, l’argent non plus par conséquent. Si le<br />

« pays légal » en fait le moins possible, les efforts<br />

du « pays réel » pour s<strong>au</strong>vegarder la mémoire de<br />

nos martyrs n’en est que plus méritoire, tels ceux de<br />

M. de Dreuzy qui entretient, vaille que vaille, avec si<br />

peu de moyens, le musée des guerres de Vendée.<br />

C’est par sa visite que débuta notre pèlerinage en<br />

milieu d’après-midi, d’une manière un peu informelle,<br />

en attendant l’arrivée de nos pèlerins. C’est un “ bazar<br />

” d’objets de dévotion en tout genre, dont certains<br />

touchants : une veste de Vendéen, avec les boutons<br />

taillés dans l’os, caractéristiques des M<strong>au</strong>ges, et qui<br />

vient de servir à <strong>au</strong>thentifier un charnier <strong>au</strong> Mans,<br />

<strong>au</strong>tre “ champ des martyrs ”. On y a retrouvé quantité<br />

d’ossements d’une population jeune, dit M. de Dreuzy,<br />

de femmes et d’enfants en majorité, certainement de la<br />

“ virée de Galerne ”. Le crâne d’une jeune femme<br />

porte la marque de six coups de sabre... De quoi haïr<br />

un peu plus, s’il était possible ! cette m<strong>au</strong>dite république,<br />

et nous plonger dans la dévotion <strong>au</strong> Sacré-Cœur<br />

que ces “ blancs ” avaient dans le cœur, indéracinable,<br />

“ usque ad mortem ”.<br />

Mais le plus triste est la presque totale absence de<br />

culte public pour ces martyrs, nos saints martyrs de<br />

chez nous ! Sans ce M. de Dreuzy, il n’y <strong>au</strong>rait ni<br />

musée ni champ des martyrs <strong>au</strong> Marillais...<br />

Nous fîmes ensuite une entrée grandiose et solennelle<br />

dans le magnifique chœur surélevé de l’abbatiale<br />

de saint Florent, afin d’entendre notre frère Thomas<br />

ouvrir officiellement le pèlerinage. C’est lui qui devait<br />

nous “ remonter le moral ”, et notre frère Bruno plus<br />

encore à sa suite.<br />

(suite, p. 13)


MAI 2013 N o 128 - P. 12<br />

SAINT-FLORENT-LE-VIE<strong>IL</strong> AUPRÈS DU TOMBEAU DE CATHELINEAU<br />

APRÈS avoir regardé la pièce<br />

sur Catheline<strong>au</strong> que nos<br />

jeunes gens de la Permanence<br />

avaient jouée en son honneur,<br />

pour l’Épiphanie 2002, et dont le<br />

récit que nous venons d’entendre<br />

reprend les grandes lignes, notre<br />

Père nous disait tout ému : « Cette<br />

pièce met en scène ce que nous vivons<br />

tous les jours. Cela nous parle du<br />

passé... mais <strong>au</strong>ssi de l’avenir, peutêtre<br />

? Et nous portons sur la poitrine<br />

le même insigne qu’eux ! Continuons<br />

ainsi, car la France et l’Église se<br />

réveilleront infailliblement : Jésus et<br />

Marie le veulent. Il suffit que nous<br />

n’abandonnions pas en route. Ne soyons<br />

pas des lâches, mais des instruments de<br />

ce triomphe. Après, ce sera le Ciel, la<br />

Vierge Marie l’a dit ! »<br />

Nous sommes ici près du tombe<strong>au</strong><br />

de Catheline<strong>au</strong>, mort à<br />

Saint-Florent-le-Vieil comme un<br />

saint, le 14 juillet 1793, dans la<br />

maison en face de la chapelle,<br />

<strong>au</strong>jourd’hui maison paroissiale.<br />

<strong>La</strong> République ne voulut jamais<br />

lui donner de sépulture officielle,<br />

il fallut le dévouement du comte<br />

de Quatrebarbes, grand ami de<br />

Mgr Freppel, pour lui édifier,<br />

dans cette chapelle privée, un<br />

tombe<strong>au</strong>. On parla d’ouvrir son<br />

procès de béatification à la fin<br />

du dix-neuvième <strong>siècle</strong>, et Mgr<br />

Luçon, le futur cardinal, disait<br />

même en 1896, en comparant les<br />

Vendéens de 1793 <strong>au</strong>x Maccabées<br />

de la Bible, qu’il était urgent<br />

et nécessaire « d’honorer ce<br />

héros-martyr qui a levé l’étendard<br />

de la guerre sainte et en<br />

qui se personnifie la Vendée,<br />

armée pour la défense de ses<br />

<strong>au</strong>tels... <strong>La</strong> voix populaire l’a<br />

proclamé depuis longtemps “ le<br />

saint de l’Anjou ”. Plaise à la divine<br />

Providence de consacrer un jour<br />

en sa personne, par l’oracle de<br />

l’Église, comme elle a fait pour<br />

la libératrice de la France, un<br />

des plus be<strong>au</strong>x modèles de l’hé-<br />

roïsme se dévouant pro aris, rege<br />

et focis. » Mais c’était l’heure du<br />

funeste ralliement, et jamais cette<br />

c<strong>au</strong>se n’aboutit...<br />

Auprès du héros vendéen, repose<br />

son fils, Jacques-Joseph de<br />

Catheline<strong>au</strong>, la famille ayant été<br />

anoblie sous la Rest<strong>au</strong>ration.<br />

Quand le duc d’Angoulême vint<br />

à Saint-Florent, en 1816, Jacques-<br />

Joseph fut remarqué et enrôlé<br />

dans le régiment de la garde<br />

royale, dont il devint le portedrape<strong>au</strong>.<br />

On l’appelait “ le saint<br />

de la Garde ”, tellement ses<br />

mœurs étaient pures. Son nom<br />

était inscrit dans la confrérie<br />

militaire de Notre-Dame des<br />

Victoires, fondée en 1821 avec<br />

l’intention de se sanctifier et de<br />

« refaire une France chrétienne<br />

sous la puissante protection de<br />

Marie ». Chaque année, quand<br />

son temps de service était terminé,<br />

il faisait à pied le trajet de<br />

Paris à Be<strong>au</strong>pré<strong>au</strong>, où vivaient sa<br />

femme et ses cinq enfants, afin<br />

d’économiser les frais de voiture.<br />

En 1827, il assista à l’in<strong>au</strong>guration<br />

du monument en l’honneur<br />

de son père <strong>au</strong> Pin-en-M<strong>au</strong>ges,<br />

et prononça à cette occasion ces<br />

paroles touchantes qu’il adressait<br />

à son père : « C’est de toi que<br />

j’apprendrai à combattre, à succomber<br />

s’il le f<strong>au</strong>t, avec la croix<br />

du martyre et l’épée de la fidélité.<br />

» Paroles prophétiques qui<br />

ne tardèrent pas à se réaliser,<br />

puisque, en 1830, ayant refusé de<br />

prêter serment à Louis-Philippe,<br />

le “ roi des barricades ”, il revint<br />

<strong>au</strong> pays pour participer deux ans<br />

après <strong>au</strong> soulèvement de la duchesse<br />

de Berry.<br />

Le 27 mai 1832, alors qu’il<br />

était caché avec des amis dans la<br />

métairie de la Chaperonnière, ils<br />

furent cernés par une troupe de<br />

soldats. Entendant qu’on torturait<br />

le brave paysan qui le cachait,<br />

il résolut de se rendre. Sortant<br />

de son réduit, il s’écria : « Ne<br />

tirez pas, nous nous rendons.<br />

– Feu ! » commanda le lieutenant<br />

de gendarmerie Régnier. Les<br />

soldats hésitaient. Alors l’officier,<br />

saisissant un fusil des mains d’un<br />

soldat, tira à bout portant. Catheline<strong>au</strong><br />

s’écroula, mort. Mais le<br />

plus be<strong>au</strong>, le plus caractéristique<br />

<strong>au</strong>ssi de l’âme de nos Vendéens,<br />

fut que quelques jours après, les<br />

deux fils de Catheline<strong>au</strong>, Honoré<br />

et Henri, reconnurent le meurtrier<br />

de leur père. Il était à portée de<br />

fusil. Honoré leva <strong>au</strong>ssitôt son<br />

arme, mais Henri l’arrêta : « Au<br />

nom de Dieu, pardonnons-lui. »<br />

Et d’un commun accord, ils le<br />

laissèrent aller.<br />

On retrouvera cet Henri de<br />

Catheline<strong>au</strong> en 1870 à la tête<br />

d’un corps de volontaires pour<br />

se battre et défendre la France<br />

<strong>au</strong>x côtés des anciens zouaves<br />

pontific<strong>au</strong>x, avec la bénédiction<br />

de Mgr Freppel. Ce petit-fils du<br />

“ saint de l’Anjou ” disait, pour<br />

justifier son légitimisme, son attachement<br />

<strong>au</strong> comte de Chambord<br />

: « Ma foi politique est inséparable<br />

de ma foi religieuse. <strong>La</strong><br />

devise de mes aïeux est : Dieu et<br />

le Roi. Mon blason : un étendard<br />

portant le Sacré-Cœur. Je resterai<br />

fidèle à Dieu. Fidèle <strong>au</strong>ssi à<br />

mon Roi : lui seul peut assurer la<br />

liberté dans le bien, lui seul peut<br />

guérir et s<strong>au</strong>ver la France. »<br />

Telle est cette belle lignée de<br />

francs <strong>catholique</strong>s royalistes, dont<br />

notre Père nous a fait les héritiers<br />

heureux et fiers ! et qui<br />

par leur piété et leur générosité,<br />

leur « endurance <strong>au</strong> service des<br />

c<strong>au</strong>ses apparemment perdues »,<br />

leur martyre enfin, ont mérité le<br />

salut de la France, qui adviendra<br />

sûrement à l’heure de Dieu et<br />

du Cœur Immaculé de Marie,<br />

comme la suite obligée et le<br />

complément nécessaire à la résurrection<br />

de l’Église !


MAI 2013 N o 128 - P. 13<br />

LA DÉVOTION AU SACRÉ-CŒUR,<br />

ORTHODROMIE DE DOUCE, SAINTE FRANCE<br />

« Cette belle abbatiale de Saint-Florent-le-Vieil,<br />

avant d’être un h<strong>au</strong>t lieu des guerres de Vendée, fut un<br />

des premiers foyers d’évangélisation de notre douce et<br />

sainte France, quand elle voyait se répandre sur elle<br />

les rayons d’une lumière nouvelle : la foi en Jésus-<br />

Christ Fils de Dieu. Saint Florent, le fondateur de<br />

l’abbaye, était un disciple de saint Martin et, comme<br />

lui, originaire de Pannonie. Son frère Florianus ayant<br />

été martyrisé sous l’empereur arien Constance Auguste,<br />

Florentius quitta l’armée et vint à Ligugé se<br />

mettre à l’école de Martin, le grand convertisseur des<br />

G<strong>au</strong>les. Rejoint par M<strong>au</strong>rille, milanais de naissance et<br />

fils du gouverneur de la G<strong>au</strong>le cisalpine, qui avait tout<br />

quitté pour se faire ermite, saint Martin les envoya<br />

bientôt tous deux évangéliser ces pays de Loire que<br />

nous allons parcourir pendant deux jours. Saint Florent<br />

s’établit ici même, sur le mont Glonne, tandis que<br />

saint M<strong>au</strong>rille construisait son ermitage plus en amont,<br />

à Chalonnes, avant de devenir, par acclamation populaire,<br />

évêque d’Angers.<br />

« Vie de prière et trav<strong>au</strong>x de défrichement, évangélisation<br />

conçue comme une campagne militaire, car les<br />

mystiques sont des réalistes, lutte à coups de miracles<br />

contre le démon et le paganisme des campagnes...<br />

Nous sommes ici <strong>au</strong>x fondations de notre France chrétienne,<br />

quand un grand saint et ses disciples inst<strong>au</strong>raient<br />

la civilisation chrétienne sur les ruines de l’Empire<br />

romain, pour quinze <strong>siècle</strong>s ! »<br />

MGR FREPPEL, ÉVÊQUE DE NOTRE-DAME ANGEVINE.<br />

Si tout ce bien put se faire et se renouveler sans<br />

cesse, de génération en génération pour ainsi dire,<br />

c’est parce que « la Sainte Vierge était là <strong>au</strong>ssi »,<br />

bonne première et perpétuel secours de ses apôtres, de<br />

ses chevaliers, de ses braves paysans et jusqu’<strong>au</strong> roi<br />

en personne, comme l’atteste les nombreux sanctuaires<br />

construits en son honneur. On en compte pas moins de<br />

vingt-sept en Anjou.<br />

Aussi, lorsque Mgr Freppel devint évêque d’Angers<br />

en 1870, il prit tout de suite à cœur de les rest<strong>au</strong>rer<br />

afin d’y raviver et entretenir la ferveur de ses diocésains.<br />

Le 15 septembre 1873, il rassemblait une foule<br />

de cinquante mille personnes <strong>au</strong> Marillais, et il leur<br />

adressait une homélie demeurée célèbre. Écoutons-le<br />

nous raconter quand et comment tout a commencé<br />

entre l’Anjou et la Vierge Marie :<br />

« Un jour de 430, l’évêque saint M<strong>au</strong>rille vint<br />

rendre visite à ses frères, les moines du mont<br />

Glonne. Descendu <strong>au</strong> pied du cote<strong>au</strong> pour prier dans<br />

la solitude, “ il se vit tout à coup entouré d’une lumière<br />

céleste. C’était la Très Sainte Vierge, tenant en<br />

ses bras son divin Enfant, qui daignait lui apparaître<br />

dans un léart ou peuplier. Elle dit à son dévot serviteur<br />

que la volonté de Dieu et le bon plaisir de son Fils<br />

étaient qu’il établît en son diocèse une fête solennelle du<br />

jour de sa sainte naissance, le 8 de septembre. ” C’est<br />

en Anjou que cette fête a commencé à être célébrée<br />

[et c’est ainsi que le lieu où était apparu la beata Maria<br />

de M<strong>au</strong>rillio est devenu le Marillais]. Aussi de tout<br />

temps et maintenant encore, elle est appelée LA FÊTE<br />

ANGEVINE.<br />

« C’est le Marillais qui a été le berce<strong>au</strong> et le point<br />

de départ de cette dévotion singulière des fidèles de<br />

l’Anjou envers Celle qu’ils peuvent appeler, à un titre<br />

spécial, leur souveraine et leur patronne !<br />

« Notre-Dame de Béhuard, Notre-Dame du Ronceray,<br />

Notre-Dame-sous-terre, le Puy Notre-Dame,<br />

Notre-Dame du Chêne, Notre-Dame des Ardilliers,<br />

Notre-Dame des Gardes, tous ces lieux de pèlerinages<br />

antiques et renommés ne sont qu’<strong>au</strong>tant de rayons<br />

émanés du centre merveilleux de lumière et de grâce<br />

que Dieu avait établi sur ce point de la France ! Oui,<br />

c’est du Marillais qu’est parti, <strong>au</strong> cinquième <strong>siècle</strong>, ce<br />

grand rassemblement de foi et de piété [...].<br />

« Avec nos pères, répétons dans un même esprit de<br />

confiance en la Très Sainte Vierge : Maria illic est<br />

[<strong>au</strong>tre origine possible du nom Marillais]. Oui vraiment,<br />

Marie est là. Elle est là dans ce sanctuaire qu’elle<br />

s’est choisi, comme elle y était pendant les invasions<br />

barbares, obtenant de son Fils la conversion de ces<br />

farouches conquérants à la foi évangélique et <strong>au</strong>x vertus<br />

chrétiennes. Elle était là comme elle y était quand<br />

Charlemagne, vainqueur du paganisme, lui élevait un<br />

sanctuaire en témoignage de sa piété et de sa reconnaissance.<br />

Elle est là, comme elle y était, lorsque,<br />

devant les incursions des Normands, vos ancêtres cherchaient<br />

<strong>au</strong> pied de son <strong>au</strong>tel un refuge et une consolation.<br />

Elle est là, Maria illic est, comme elle y était<br />

dans les <strong>siècle</strong>s de foi, quand les Croisés, ces pèlerinssoldats,<br />

venaient s’agenouiller sur le pavé de son temple<br />

pour la prier de bénir leurs armes ; ou bien que<br />

l’on accourait, jusque du fond de l’Allemagne et de<br />

l’Angleterre, implorer la protection de Notre-Dame<br />

l’Angevine. »<br />

Quand les Anglais vinrent lui rendre hommage,<br />

Notre-Dame Angevine n’y trouva rien à redire, mais<br />

quand ils voulurent s’installer dans son pays <strong>au</strong> mépris<br />

du droit et de la volonté de Dieu, cela, elle ne put<br />

l’accepter. Et nous voici <strong>au</strong> <strong>siècle</strong> de la grande geste<br />

de sainte Jeanne d’Arc sur la terre, comme <strong>au</strong> Ciel<br />

d’où monsieur saint Michel et mesdames Catherine et<br />

Marguerite ne lui ménagèrent pas leur aide ; mais tous,<br />

<strong>au</strong> Ciel comme sur la terre, <strong>au</strong>x ordres de Jésus et<br />

Marie, comme le bel étendard de Jeanne le proclamait<br />

fièrement. Si Notre-Dame de Rocamadour fut sollicitée<br />

(cf. <strong>IL</strong> <strong>EST</strong> <strong>RESSUSCITÉ</strong> n o 125, février 2013, p. 35) pour<br />

assurer la reconquête du roy<strong>au</strong>me, c’est sous l’égide<br />

d’une Vierge angevine, Notre-Dame de Béhuard, que<br />

le fils de Charles VII, Louis XI, un de nos meilleurs<br />

rois, rusé comme le serpent mais pur de sa dévotion à<br />

la Sainte Vierge, rattacha définitivement l’Anjou à la<br />

couronne de France.<br />

(suite, p. 15)


MAI 2013 N o 128 - P. 14<br />

NOUS retrouvons ici notre<br />

saint M<strong>au</strong>rille qui, <strong>au</strong> début<br />

du cinquième <strong>siècle</strong>, érigea<br />

sur ce rocher volcanique, surgi<br />

du milieu des flots de la Loire il<br />

y a des millions d’années, un<br />

petit oratoire avec une statue de<br />

la Vierge en l’honneur de sa Nativité,<br />

8 septembre, fête angevine<br />

par excellence ! en remplacement<br />

d’une divinité païenne vouée à la<br />

protection des mariniers. Le concile<br />

d’Éphèse (431) venait de proclamer<br />

Marie « Mère de notre Dieu<br />

et Seigneur Jésus-Christ ». L’île<br />

prit donc le nom d’ “ île Sainte-<br />

Marie ”.<br />

Au onzième <strong>siècle</strong>, un chevalier<br />

breton, du nom de Buhard, reçut<br />

cette île des mains du comte d’Anjou,<br />

en récompense de ses bons<br />

services. Il rest<strong>au</strong>ra l’antique oratoire<br />

et, voulant finir ses jours à<br />

l’abbaye Saint-Nicolas d’Angers,<br />

en fit don <strong>au</strong> Père abbé. C’est<br />

ainsi que les moines conservèrent<br />

la garde et l’entretien du sanctuaire<br />

jusqu’à la Révolution. Pendant<br />

tout le Moyen Âge, riverains<br />

et pèlerins venus de tous les horizons<br />

accoururent pour prier <strong>au</strong><br />

« rocher de la Vierge ». <strong>La</strong> guerre<br />

de Cent Ans ne tarit pas le flot,<br />

l’<strong>au</strong>gmenta même, tant était grande<br />

la pitié du roy<strong>au</strong>me de France.<br />

Un jour de printemps 1429,<br />

plusieurs embarcations quittent la<br />

cité d’Angers. Se dirigeant avec<br />

dévotion, comme jadis celle de<br />

l’évêque M<strong>au</strong>rille, vers l’île de<br />

Béhuard, elles transportent Marie<br />

d’Anjou, l’épouse du d<strong>au</strong>phin<br />

Charles et sœur du roi René, et le<br />

petit d<strong>au</strong>phin Louis, âgé de six<br />

ans, ainsi que leur suite. Après<br />

avoir gravi les quelques marches<br />

creusées dans le roc, ils s’agenouillent<br />

<strong>au</strong>x pieds de la Vierge à<br />

l’Enfant et la supplient pour l’avenir<br />

du roy<strong>au</strong>me des lys. « Gentil<br />

d<strong>au</strong>phin, qu’adviendra-t-il, se tourmente<br />

la future reine, si la Vierge<br />

Marie n’accorde sa protection et<br />

n’obtient de son Fils Jésus, généreuse<br />

bienveillance ? – AVE MARIA,<br />

AVE MARIA. – Jadis, vous avez<br />

NOTRE-DAME DE BÉHUARD, AU PÉR<strong>IL</strong> DES FLOTS<br />

délivré le roy<strong>au</strong>me de la fureur des<br />

Normands. En ce jour, voyez la<br />

grande misère du roy<strong>au</strong>me ! – AVE<br />

MARIA. » Quelques jours plus tard,<br />

à Chinon, Jeanne arrivait des<br />

Marches de Lorraine, apportant le<br />

secours du Ciel...<br />

Quelques années plus tard, le<br />

Vendredi saint de l’an 1443, le<br />

même d<strong>au</strong>phin Louis, fier de ses<br />

vingt ans, prend place dans une<br />

barque sur la rivière de Charente ;<br />

prise dans un remous, elle chavire.<br />

Il se souvient... et s’écrie : « Si<br />

j’en sors sain et s<strong>au</strong>f, je bâtirai<br />

une chapelle, <strong>au</strong> rocher de la<br />

Vierge de Béhuard. » Notre futur<br />

Louis XI mettra quelque temps à<br />

accomplir son vœu, mais devenu<br />

roi, c’est lui qui donnera l’ordre<br />

de reconstruire la chapelle, dans<br />

l’état où elle est parvenue jusqu’à<br />

nous [vous verrez le portrait du roi<br />

à l’intérieur, il porte le collier de<br />

l’ordre de Saint-Michel qu’il avait<br />

créé ]. Il viendra quinze fois en<br />

pèlerinage à Béhuard, descendant<br />

<strong>au</strong> “ logis du Roy ” <strong>au</strong> pied du<br />

sanctuaire.<br />

Comme il eut fort à faire pour<br />

pacifier son roy<strong>au</strong>me et qu’il avait<br />

une grande dévotion pour la Sainte<br />

Vierge, – il parlait d’Elle comme<br />

sa “ Maîtresse et grant amie ”,<br />

assurant : « Elle nous a toujours<br />

imparti, en toutes affaires, son<br />

aide et sa direction. » – c’est ici,<br />

à Béhuard, qu’il ordonna la récitation<br />

de l’Angélus de midi, avec<br />

pour intention principale : la paix.<br />

Une cloche en perpétue le souvenir<br />

dans le chœur du sanctuaire.<br />

Vous remarquerez <strong>au</strong>ssi des chaînes,<br />

ex-voto d’un galérien libéré<br />

des prisons barbaresques <strong>au</strong> dixhuitième<br />

<strong>siècle</strong>. Et bien sûr, c’est<br />

notre Mgr Freppel qui redonna vie<br />

à ce sanctuaire. <strong>La</strong> grandiose fête<br />

qui se déroula ici le 8 septembre<br />

1873 est restée dans toutes les<br />

mémoires (frère Pascal en parle<br />

dans son livre, t. II, p. 128).<br />

Mais nous retiendrons ce soir le<br />

souvenir de cet Angélus de la paix,<br />

sachant que le don divin de la paix<br />

a été confié en nos temps d’apo-<br />

calypse <strong>au</strong> Cœur Immaculé de<br />

Marie. Notre Père écrivait à la<br />

Noël 1967 : « J’ai de fermes<br />

raisons de croire que cette année<br />

de l’apostasie qui va vers sa fin<br />

sera <strong>au</strong>ssi l’an I de la <strong>Contre</strong>-<br />

<strong>Réforme</strong>. Un immense travail nous<br />

attend, <strong>au</strong>-dessus des forces humaines<br />

tandis que des périls imminents<br />

guettent nos patries... Le<br />

rése<strong>au</strong>, vraiment <strong>catholique</strong>, de<br />

notre famille spirituelle doit être<br />

d’abord un rése<strong>au</strong> de prières.<br />

« Eh bien ! je vous propose,<br />

comme nos Pères le firent plus<br />

instamment <strong>au</strong>x temps des grandes<br />

calamités, de réciter le matin, à<br />

midi et le soir, l’ANGELUS DOMINI.<br />

C’est Louis XI déjà qui en fit une<br />

obligation <strong>au</strong>x fidèles de son<br />

roy<strong>au</strong>me, en 1472, pour la paix :<br />

“ On vous fait assavoir que nostre<br />

saint père le pape à la requeste du<br />

roy, nostre sire, a donné et octroié<br />

à tous ceulx et celles qui, par<br />

chacun jour environ heure de<br />

midy, <strong>au</strong> son de la cloche qui lors<br />

sonnera, diront dévotement trois<br />

Ave Maria, en priant Dieu pour la<br />

paix et union du roy<strong>au</strong>lme, trois<br />

cents jours de pardon et indulgence<br />

pour chacun jour, et se<br />

nomme l’Ave Maria de la Paix. ”<br />

« C’est en 1509 que le prieur de<br />

la Grande Chartreuse, François<br />

Dupuy, en fixa la pratique uniforme<br />

et ordonna, pour toutes les<br />

maisons de l’Ordre, les trois sonneries<br />

de cloche du matin, de midi<br />

et du soir. Luther, dans l’ombre,<br />

méditait déjà son triste projet ! Au<br />

temps où l’Antichrist, peut-être,<br />

s’apprête à partir en guerre contre<br />

la Sainte Église, récitons l’ANGÉ-<br />

LUS. » (CRC n o 3, Noël 1967)<br />

Mais notre Père ne se contenta<br />

pas d’inviter sa petite “ famille<br />

spirituelle ” à réciter l’ANGÉLUS<br />

pour rester fidèle <strong>au</strong> milieu des<br />

périls : de son cœur mystique de<br />

Docteur de la foi <strong>catholique</strong> jaillit<br />

une admirable méditation que nous<br />

écouterons <strong>au</strong>x pieds du Saint-<br />

Sacrement et de la Sainte Vierge<br />

quand nous serons parvenus à l’intérieur<br />

du sanctuaire.


MAI 2013 N o 128 - P. 15<br />

Nous étions là à une période charnière de l’orthodromie<br />

de Sainte France car tout cet “ admirable<br />

commerce ” entre Ciel et terre n’avait d’<strong>au</strong>tre but que<br />

de nous faire connaître, en Nom Dieu, une grande et<br />

bonne nouvelle, celle de l’absolue vérité de la religion<br />

royale. Notre frère Thomas s’en fit le hér<strong>au</strong>t<br />

enthousiaste.<br />

LE CHRIST JÉSUS, « VRAI ROI DE FRANCE ».<br />

« Parole du Seigneur ou de sainte Jeanne d’Arc,<br />

c’est tout un, et c’est assez dire qu’il s’agit là d’une<br />

vérité historique :<br />

« Le roy<strong>au</strong>me ne regardait pas le D<strong>au</strong>phin, mais mon<br />

Seigneur. Néanmoins, mon Seigneur veut que le D<strong>au</strong>phin<br />

devienne roi et qu’il ait le roy<strong>au</strong>me en commende. »<br />

« À la veille de la révolte protestante, de ses saccages<br />

et de ses guerres, nous avons ici en Anjou un<br />

témoignage sculptural de cette religion royale dans la<br />

chapelle du châte<strong>au</strong> de la Bourgonnière. C’est un très<br />

be<strong>au</strong> retable datant du début du seizième <strong>siècle</strong> avec<br />

un Christ ceint de la couronne de France, à la fois<br />

crucifié et glorieux. Les bras largement tendus, le visage<br />

royal, d’une sérénité rayonnante. Le fond du retable<br />

est doré et peint. En h<strong>au</strong>t, deux anges apportent du<br />

Ciel l’un la colonne de la flagellation, l’<strong>au</strong>tre la couronne<br />

d’épines. En bas, Charlemagne et Saint Louis<br />

entourent Notre-Seigneur. Comme l’écrit notre Père :<br />

“ Une foi, une loi, un roi ! ” Heureuse France qui jouit<br />

d’une parfaite unité de croyance, de mœurs et de<br />

gouvernement !... Encore f<strong>au</strong>t-il qu’elle demeure fidèle<br />

à l’alliance divine, à ce pacte de Reims que Jeanne<br />

tenait resserré dans son inoubliable et exigeante devise<br />

: “ Dieu premier servi ”. Messire Dieu, qui est<br />

“ Jésus, fils de sainte Marie ” et vrai roi de France. »<br />

(cf. CRC n o 198, p. 31)<br />

AU PÉR<strong>IL</strong> DES DERNIERS TEMPS,<br />

LE SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS PARAÎT<br />

Les derniers temps de l’Église, ceux durant lesquels<br />

il est écrit que l’ennemi du genre humain semblera<br />

l’emporter, notre Père les fait débuter en 1517<br />

par la révolte de Luther et de Calvin. Ces prétendus<br />

réformateurs de l’Église vont répandre, dans les mondes<br />

germanique et anglo-saxon, leur christianisme sécularisé<br />

; desséché et desséchant, il va s’imposer par la<br />

violence et le culte de l’argent. Notre Père décrit très<br />

bien le nouvel ordre mondial qui se met progressivement<br />

en place : « Désormais l’œuvre spirituelle du<br />

Christ qui est l’Église et l’œuvre temporelle de<br />

l’Église qui est la Chrétienté romaine et son bras mort<br />

la Chrétienté orientale, sont, non plus entourées de<br />

peuples barbares et musulmans à conquérir ou à délivrer,<br />

mais serrées de toutes parts de chrétiens devenus<br />

ennemis, qui ne peuvent trouver de repos dans leur<br />

religion et de justification dans leur schisme qu’<strong>au</strong><br />

prix de la totale destruction de l’Église et de la Chrétienté...<br />

» (CRC n o 96, septembre 1975, p. 3)<br />

Au seizième <strong>siècle</strong>, tandis que la France s’enlise<br />

dans de sanglantes guerres de religion, par la f<strong>au</strong>te du<br />

roi François I er puis de Catherine de Médicis, c’est la<br />

<strong>catholique</strong> Espagne et, dans son sillage, le Portugal<br />

qui vont s’opposer victorieusement à l’hérésie et être<br />

le fer de lance de la <strong>Contre</strong>-<strong>Réforme</strong> initiée par le<br />

concile de Trente et le pape saint Pie V. On assiste<br />

alors à une prodigieuse renaissance dont on peut dire,<br />

sans léser les <strong>au</strong>tres ordres religieux, qu’elle s’incarne<br />

dans la Compagnie de Jésus fondée par saint Ignace<br />

de Loyola en 1534.<br />

Les jésuites seront treize mille en 1615, à l’orée du<br />

grand <strong>siècle</strong> de la renaissance <strong>catholique</strong> française,<br />

c’est une phalange dont le Sacré-Cœur va bientôt vouloir<br />

se servir pour répandre son culte. En attendant, le<br />

roi Louis XIII prépare les voies <strong>au</strong> Divin Cœur en<br />

consacrant la France à la Sainte Vierge en 1638, à la<br />

suite de victoires militaires, mais surtout pour remercier<br />

le Ciel de la conception miraculeuse de son fils<br />

premier-né, Louis Dieudonné, le futur Louis XIV.<br />

Tandis que dans le monde, les nations de proie<br />

protestantes montent en puissance, que la religion réformée<br />

fait école chez les <strong>catholique</strong>s par le biais de<br />

l’hérésie janséniste, Dieu va intervenir dans notre histoire<br />

en frappant l’hérésie à la tête. Il va montrer son<br />

CŒUR. Là encore, il choisit son instrument, et ce n’est<br />

pas un hasard si c’est à une religieuse de la Visitation,<br />

l’ordre fondé par saint François de Sales et sainte<br />

Jeanne de Chantal, eux-mêmes étant, selon notre Père,<br />

une incomparable illustration du pur amour qui unit le<br />

Sacré-Cœur de Jésus et le Cœur Immaculé de Marie.<br />

Or, c’est par cet amour passionné mais exigeant et<br />

conquérant que Dieu veut faire triompher ses élus et<br />

régner dans le monde.<br />

L’ALLIANCE DU SACRÉ-CŒUR<br />

C’est donc la dévotion à son Sacré-Cœur que Jésus<br />

va enseigner à sainte Marguerite-Marie de 1673 à<br />

1689. Mais en 1689, cet amour entre en politique, et<br />

la sœur doit faire connaître <strong>au</strong> roi Louis XIV la prodigieuse<br />

alliance que le Sacré-Cœur lui propose.<br />

Notre Père, explique frère Thomas, met le doigt sur<br />

la plaie avec toute son expérience de directeur d’âme.<br />

« À ce Louis Dieudonné, choisi, béni, aimé, Jésus<br />

demandait, avant de lui donner toute gloire, tout son<br />

cœur. Et s’il y consent avec ferveur, sans esprit critique,<br />

sans f<strong>au</strong>x-semblant, en se consacrant, lui et son<br />

roy<strong>au</strong>me, à ce Cœur très sacré, en le plaçant sur ses<br />

drape<strong>au</strong>x et dans ses armes, culte public ! Alors le<br />

Christ s’occupera de ses affaires, y compris de sa<br />

victoire contre les “ têtes orgueilleuses ” des pays<br />

protestants qui sont <strong>au</strong>ssi ses ennemis.<br />

« Cette dévotion <strong>au</strong> Sacré-Cœur est donc d’immense<br />

conséquence. En apparence, ce n’est rien, et les<br />

esprits forts ironisent... Mais, expliquait notre Père, “ il<br />

en va de cela comme de l’oracle donné par le pro-<br />

(suite, p.18)


MAI 2013 N o 128 - P. 16<br />

AUX ABORDS DE NOTRE-DAME DU MAR<strong>IL</strong>LAIS : LE " PRÉ DES MARTYRS "<br />

LORSQUE les Vendéens eurent<br />

passé la Loire, en octobre<br />

1793, les abords du sanctuaire furent<br />

le théâtre d’une abominable tuerie.<br />

Contraste significatif ! Dans l’histoire<br />

de Saint-Florent-le-Vieil, <strong>au</strong><br />

même chapitre, s’opposent la magnanimité<br />

de Bonchamps et la cru<strong>au</strong>té<br />

du général Moulin. Ce dernier, qui<br />

revêtait des pantalons faits de pe<strong>au</strong><br />

humaine et s’en vantait ! arrive à la<br />

mi-<strong>au</strong>tomne. Sans perdre de temps, il<br />

commence sa sinistre besogne de<br />

massacreur. Des battues sont organisées<br />

par ses soins dans tout le voisinage.<br />

Et les suspects d’affluer à<br />

son tribunal, car ses émissaires opèrent<br />

des rafles jusque sur la rive<br />

g<strong>au</strong>che du fleuve. « Le nombre des<br />

personnes qu’ils arrêtèrent et firent<br />

arrêter est incroyable », a écrit<br />

l’abbé Gruget, frère du curé de<br />

Saint-Florent. Parfois les séides du<br />

général ne s’embarrassent pas de<br />

procédure. S’ils viennent de la Boutouchère<br />

(<strong>au</strong> sud de Saint-Florent), ils<br />

descendent en barques le cours de<br />

l’Èvre et abordent <strong>au</strong> Marillais en<br />

face d’un pâturage qui leur a été<br />

désigné. Là, ils livrent directement<br />

leurs proies <strong>au</strong>x bourre<strong>au</strong>x.<br />

Jamais sur le domaine de Notre-<br />

Dame n’avaient été perpétrés d’<strong>au</strong>ssi<br />

horribles carnages, pas même lors<br />

des invasions normandes ! Les 23 et<br />

24 décembre 1793, on fusilla plus<br />

de deux mille proscrits : d’abord les<br />

hommes pris les armes à la main,<br />

puis ceux qui n’avaient pas pu suivre<br />

l’armée vendéenne <strong>au</strong>-delà de la<br />

Loire, enfin les femmes et les enfants.<br />

L’enclos qu’ils ont baigné de<br />

leur sang ne s’appellera plus que le<br />

“ Pré des martyrs ” (l’enclos maintenant<br />

planté de peupliers). Et dans leur<br />

fiévreuse barbarie, les valets de<br />

Moulin recouraient encore <strong>au</strong>x noyades<br />

de Carrier. Une lettre de Félix,<br />

président de la Commission militaire<br />

d’Angers, le laisse entendre : « Fusiller<br />

[les brigands], c’est trop long :<br />

on dépense de la poudre et des<br />

balles. On a pris le parti de les<br />

mettre dans de grands bate<strong>au</strong>x. Au<br />

milieu de la rivière, à une demi-lieue<br />

de la ville, on coule le bate<strong>au</strong> à<br />

fond. Cette opération se fait continuellement.<br />

Angers, Saint-Florent et<br />

<strong>au</strong>tres endroits sont pleins de pri-<br />

sonniers, mais ils n’y restent pas<br />

longtemps : ils <strong>au</strong>ront ainsi le baptême<br />

patriotique. »<br />

Au Marillais, du moins, les infortunées<br />

victimes avaient la consolation<br />

de tomber à proximité du sanctuaire,<br />

entre les bras de Jésus et de<br />

sa Mère. Le vœu était ex<strong>au</strong>cé que<br />

leurs lèvres avaient formulé si souvent<br />

devant la Madone :<br />

Et quand ma dernière heure<br />

Viendra fixer mon sort,<br />

Obtenez que je meure<br />

De la plus sainte mort.<br />

Le départ de Moulin ne mit pas fin<br />

<strong>au</strong>x sanglantes hécatombes. Reprenant<br />

les méthodes de son prédécesseur,<br />

le général Legros laissa libre<br />

cours à sa férocité, en particulier<br />

contre le Marillais, un des villages<br />

martyrs des guerres de Vendée (pour<br />

vous donner un chiffre, ils avaient<br />

été cent trente-trois hommes et jeunes<br />

gens du village à s’enrôler sous les<br />

ordres de Bonchamps, qui les appelait<br />

ses “ gars du Marillais ” ). Les<br />

fusillades avaient donc repris <strong>au</strong><br />

“ Pré des martyrs ” <strong>au</strong> printemps<br />

1794. Nous en avons un témoignage<br />

direct, des plus émouvants, d’un<br />

jeune gars de Soulaines, qui en réchappa<br />

miraculeusement, le mardi<br />

25 mars, en la fête de l’Annonciation<br />

de Notre-Dame.<br />

VALLÉE est âgé alors de vingt<br />

ans. Les républicains l’ont surpris<br />

recrutant des soldats pour <strong>La</strong> Rochejaquelein<br />

et Stofflet qui, après la<br />

Virée de Galerne, ont décidé de<br />

continuer le combat. Conduit à Montglonne<br />

(nom qu’avait repris, sous<br />

la Terreur, Saint-Florent-le-Vieil), le<br />

jeune homme est incarcéré dans la<br />

vieille abbatiale bénédictine, où les<br />

prisonniers crient de faim. C’est une<br />

veille d’exécution. Le directoire du<br />

district ne nourrit pas de bouches<br />

inutiles. L’officier de garde l’a fait<br />

comprendre en ricanant <strong>au</strong>x enfants<br />

et <strong>au</strong>x femmes qui gémissent : « Dans<br />

mon pays, quand un boucher conduit<br />

un bœuf à l’abattoir, il ne le panse<br />

pas, il ne le nourrit pas. » Maintenant,<br />

les ténèbres envahissent le sanctuaire<br />

: naguère, à pareil moment, les<br />

voix graves des moines psalmodiaient<br />

complies. Les détenus ont cessé de<br />

se plaindre. Ils ne dorment pas tous,<br />

cependant. Car, dans l’obscurité, des<br />

prêtres passent qui exhortent <strong>au</strong> sacrifice,<br />

recueillent les confidences<br />

et accordent le pardon. Et la nuit<br />

s’écoule en prières. À l’heure de<br />

matines, les condamnés n’oublient<br />

pas de saluer la Vierge : la fête de<br />

l’Annonciation se finira pour eux <strong>au</strong><br />

Ciel. « Quand l’<strong>au</strong>be parut, raconte<br />

Vallée, la mort n’avait plus rien qui<br />

nous effrayât. »<br />

Legros a tenu à commander luimême<br />

le massacre. De bon matin, ce<br />

5 germinal an II, il a convoqué la<br />

garnison en armes et fait préparer<br />

des cordes. Deux par deux les Vendéens<br />

sont attachés à une solide<br />

chaîne, qui s’allonge indéfiniment<br />

sur la butte : il y a plus d’un millier<br />

de captifs ! Les derniers, f<strong>au</strong>te de<br />

liens, sont laissés les mains libres,<br />

entre deux rangées de baïonnettes.<br />

Et la colonne s’ébranle, <strong>au</strong> grand<br />

jour, dans la direction du Marillais,<br />

derrière le tambour qui bat la charge.<br />

Sur le même chemin, entraînant une<br />

<strong>au</strong>tre théorie, les clochettes des Rogations<br />

tintaient jadis plus gaiement.<br />

Pendant ce temps, <strong>au</strong> lieu du supplice,<br />

des prisonniers creusent près<br />

de la haie, à l’endroit le plus élevé<br />

du terrain, une immense fosse. Elle<br />

n’est pas terminée, lorsque le lugubre<br />

convoi entre dans la prairie.<br />

Debout, le chapelet à la main, entourant<br />

les fossoyeurs qu’ils regardent<br />

travailler, ceux qui vont mourir attendent<br />

que leur tombe soit prête.<br />

Douze jeunes gens, et Vallée est<br />

du nombre, n’ont pas été enchaînés.<br />

L’instant leur semble propice<br />

pour l’évasion. Ils se consultent du<br />

regard : une même espérance les<br />

anime. D’un commun accord ils<br />

s’élancent et, à toute allure, bondissent<br />

à travers champs. Les Bleus<br />

sont tellement stupéfaits qu’ils n’essaient<br />

pas de poursuivre les fuyards.<br />

« À coup sûr, dira vers 1850 l’ancien<br />

capitaine de chasseurs Vallée,<br />

qui prendra part à tous les <strong>au</strong>tres<br />

soulèvements vendéens, n’ayant rien<br />

perdu de son courage et de sa piété,<br />

Notre-Dame du Marillais me fut en<br />

aide et c’est à Elle, après Dieu, que<br />

je dois mon salut. Pendant plus de<br />

quarante ans, je suis venu célébrer<br />

la fête de l’Annonciation dans son<br />

sanctuaire et réciter à genoux mon<br />

chapelet sur la tombe des martyrs. »


MAI 2013 N o 128 - P. 17<br />

L’APPARITION DE LA VIERGE À SAINT MAUR<strong>IL</strong>LE (Ve <strong>siècle</strong>).<br />

« Ce que saint Cyrille d’Alexandrie et deux cent soixante-quatorze Pères avec lui,<br />

allaient affirmer à la face du monde entier, le saint évêque d’Angers était chargé de<br />

l’annoncer par avance, en ajoutant ce nouve<strong>au</strong> rayon à la gloire terrestre de la Mère<br />

de Dieu. Au concile d’Éphèse, la définition du dogme ; <strong>au</strong> Marillais, l’origine de la fête<br />

qui en restera vivante et populaire. » ( Mgr Freppel, sucesseur de saint M<strong>au</strong>rille)<br />

Lorsque les Vendéens eurent passé la Loire, en octobre<br />

1793, les abords du sanctuaire furent le théâtre<br />

d’une abominable tuerie. Les 23 et 24 décembre, plus<br />

de deux mille victimes baignèrent de leur sang le “ Pré<br />

des martyrs ”, où nous sommes rassemblés pour leur<br />

demander de nous obtenir la grâce de tomber comme<br />

eux entre les bras de Jésus et de Marie à l’heure de<br />

notre mort.<br />

Notre pèlerinage est parti de l’abbatiale de Saint-<br />

Florent-le-Vieil, d’où est partie l’évangélisation du<br />

pays de Loire <strong>au</strong> début du cinquième <strong>siècle</strong>... et la<br />

Croisade vendéenne à la fin du dix-huitième !<br />

« Avec nos pères, répétons dans un même esprit de<br />

confiance en la très Sainte Vierge : Maria Illic est.<br />

Oui vraiment, Marie est là. » (Mgr Freppel )


MAI 2013 N o 128 - P. 18<br />

phète Élisée à Naaman le Syrien d’aller se baigner<br />

sept fois dans le Jourdain pour être guéri de sa lèpre.<br />

L’oracle était ridicule et mettait en c<strong>au</strong>se la dignité de<br />

ce grand personnage et le prestige de son pays. Bien<br />

lui en prit cependant de suivre le conseil que lui<br />

donnèrent ses serviteurs, de faire docilement ce qui lui<br />

était dit. Mais cette obéissance contenait en germe<br />

toute une conversion de l’âme. Et il s’en alla guéri<br />

(2 R 5). Ainsi des demandes de Jésus-Christ. Elles ne<br />

sont rien, mais elles supposent une docilité, et elles<br />

conduisent à une conversion que l’on ne s’étonne plus<br />

de voir récompenser par les plus étonnantes bénédictions<br />

de Dieu. Car ce geste implique le renoncement<br />

<strong>au</strong> culte de l’Homme et le retour sincère, sincère<br />

parce que docile, sincère parce que public, <strong>au</strong> culte de<br />

Dieu.” » (CRC n o 75, décembre 1973, p. 8)<br />

1. AU SERVICE DU ROI.<br />

« Louis XIV refusera d’entrer dans les vues de son<br />

Seigneur et ses descendants <strong>au</strong>ssi, c’est grave pour des<br />

“ lieutenants ” du Christ. Satan va donc prendre possession<br />

des élites du Roy<strong>au</strong>me sous la Régence par<br />

l’argent, la luxure et la franc-maçonnerie, s’y incruster<br />

sous Louis XV et pousser à la Révolution sous<br />

Louis XVI. Mais avec ce dernier, l’obstacle n’est pas<br />

la chair, comme pour Louis XV, mais le cœur, l’esprit.<br />

Il crut en sa propre bonté plus qu’en celle du Sacré-<br />

Cœur, et oublia qu’il ne pouvait en <strong>au</strong>cune façon<br />

aliéner son <strong>au</strong>torité, qui était sacrée, ni en céder la<br />

moindre part à une Assemblée prétendument souveraine.<br />

Cette émancipation date du 17 juin 1789, cent<br />

ans, jour pour jour, après la demande du Sacré-Cœur.<br />

Louis XVI en sera terriblement puni dans sa personne,<br />

sa famille et son roy<strong>au</strong>me, tous livrés <strong>au</strong> pouvoir<br />

d’une Révolution satanique. Mais il prononcera dans<br />

la prison du Temple son vœu ou plutôt sa promesse de<br />

consécration, pour le jour où il redeviendrait roi.<br />

« Et cela, nos Vendéens l’ont su, qui accrochèrent<br />

le Sacré-Cœur à leur poitrine et partirent <strong>au</strong> combat<br />

avec cette “ livrée de la catholicité ”, comme disait un<br />

modeste curé angevin, l’abbé Marchais, de la Chapelledu-genêt,<br />

le 15 août 1793, en pleine guerre de Vendée.<br />

Après avoir rappelé à ses paroissiens le vœu du feu roi,<br />

il leur disait :<br />

« À peine ce vœu fut-il connu, ainsi que son intention,<br />

ils furent tous les deux bien reçus et adoptés<br />

avec plaisir par tous les princes et ecclésiastiques<br />

attachés à ce roi et à sa religion, par la noblesse, la<br />

magistrature, le militaire et tous ceux qui se font<br />

honneur du nom de royalistes. Ce que tous <strong>au</strong>ssi, ou<br />

<strong>au</strong> moins la plus grande partie, ont prouvé et démontré<br />

en portant sur eux secrètement d’abord et par<br />

prudence, mais publiquement <strong>au</strong>jourd’hui, une figure<br />

et comme une enseigne du Sacré-Cœur, et telles que<br />

j’ai la consolation d’en voir revêtu le plus grand<br />

nombre d’entre vous, mes très chers frères. Je les en<br />

félicite et engage les <strong>au</strong>tres à les imiter pour les voir<br />

bientôt participer <strong>au</strong>x grâces et <strong>au</strong>x bénédictions nécessairement<br />

attachées à un si bel acte de religion, d’<strong>au</strong>tant<br />

plus louable qu’il est plus libre et qu’il suppose plus de<br />

tendresse et de dévotion. Dans les circonstances présentes,<br />

c’est là comme la livrée et la marque distinctive<br />

de la catholicité, ainsi que l’était ci-devant, de leur<br />

adhésion <strong>au</strong> nouve<strong>au</strong> régime, le ruban tricolore et la<br />

médaille de la fédération pour nos intrus et <strong>au</strong>tres<br />

constitutionnels. »<br />

Et le bon curé de terminer en annonçant qu’il a fait<br />

faire deux table<strong>au</strong>x, un du Sacré-Cœur et un <strong>au</strong>tre du<br />

Cœur de Marie, « dont la dévotion n’est guère moins<br />

salutaire et sanctifiante quand elle est bien prise et<br />

bien dirigée ».<br />

« Entre la révélation du Sacré-Cœur à Paray-le-<br />

Monial et la Croisade vendéenne, il ne f<strong>au</strong>t pas oublier<br />

la présence influente de la Très Sainte Vierge en la<br />

personne de son prophète : saint Louis-Marie Grignion de<br />

Montfort. Ses prédications enflammées ont ravivé la foi<br />

solide, la profonde piété du paysan vendéen. Lorsque<br />

le saint meurt en 1716, des fondations durables sont<br />

établies. Ses successeurs et disciples vont prêcher plusieurs<br />

centaines de missions en Poitou, en Anjou, en<br />

Saintonge, dans le pays nantais, jusqu’en 1789. C’est<br />

<strong>au</strong> feu de ses paroles que s’est mobilisée la Vendée<br />

militaire, et comme le disait Mgr Freppel, notre évêque<br />

de combat : “ L’âme de ce peuple avait été ainsi<br />

comme pétrie de deux sentiments également propres à<br />

engendrer l’héroïsme : la foi religieuse et la fidélité <strong>au</strong><br />

pouvoir légitime. Aussi, lorsque, à la fin du <strong>siècle</strong><br />

dernier, lorsqu’en un jour de haine et d’aveuglement,<br />

l’on en vint à s’attaquer <strong>au</strong>x oints du Seigneur, à tout<br />

ce qui représentait le Christ dans l’État comme dans<br />

l’Église, ce peuple tressaillit dans ses bocages et <strong>au</strong><br />

fond de ses ravins. Il se leva pour défendre ce qu’il<br />

aimait, tout ce qu’il respectait ; et le monde fut témoin<br />

d’une lutte telle qu’il ne s’en était pas vu de plus<br />

émouvante depuis l’ère des Maccabées. Moriamur in<br />

simplicitate nostra, Mourons dans la simplicité de notre<br />

foi, répétaient ces fils de paysans que la foi avait<br />

transformés en héros... ”<br />

« C’est ainsi que nos Vendéens menèrent les bons<br />

combats pour DIEU ET LE ROI ! LE SACRÉ-CŒUR ET SON<br />

LIEUTENANT ! Véritable armée <strong>catholique</strong> et royale, les<br />

chefs en pratiquaient les œuvres, dont la plus belle, la<br />

plus chrétienne était le pardon, tels ces deux enfants<br />

chers à Saint-Florent-le-Vieil, Catheline<strong>au</strong>, le saint de<br />

l’Anjou, et Bonchamps le stratège qui dans un dernier<br />

souffle donna son dernier ordre : « Grâce <strong>au</strong>x prisonniers<br />

! » cinq mille républicains. C’est ainsi que les<br />

soldats du Sacré-Cœur faisaient la guerre.<br />

Sans entrer dans les détails des guerres de Vendée<br />

– notre sœur Lucie-Christine les ayant parfaitement<br />

résumées, explicitées en leur tenants et aboutissants<br />

dans une série d’articles parus dans RÉSURRECTION de<br />

2001 (n os 8, 10, 12 ; et de 2002, n os 13 à 16) – frère<br />

Thomas insista ensuite sur le caractère orthodromique


MAI 2013 N o 128 - P. 19<br />

de la dévotion <strong>au</strong> Sacré-Cœur. Il nous fit voir à la<br />

suite de notre Père, comment sous les apparences de<br />

l’échec, en raison même du sang versé d’une si pure<br />

et héroïque manière par les martyrs, c’est le Sacré-<br />

Cœur vrai roi de France qui se joue des obstacles que<br />

dressent à son encontre les hommes ingrats et rebelles.<br />

C’est donc toujours son dessein qui se réalise, malgré<br />

les apparences contraires.<br />

2. AU SERVICE DE L’ ÉGLISE AVEC L’IMMACULÉE.<br />

Lorsqu’en juillet 1830, <strong>au</strong> moment où Bourmont,<br />

un Vendéen ! conquérait l’Algérie à la France, la révolution<br />

jetait le roi Charles X à bas de son trône. Tout<br />

semblait bien fini. Non ! Sainte Catherine <strong>La</strong>bouré<br />

avait eu dans sa chapelle de la rue du Bac une vision<br />

prémonitoire, et du triomphe de la révolution, et de la<br />

reprise en main par l’Immaculée du dessein divin. <strong>La</strong><br />

première est une vision de religion royale, non pas<br />

glorieuse ni conquérante, mais bafouée :<br />

« Notre-Seigneur m’apparut comme un roi, avec la<br />

Croix sur la poitrine... Il m’a semblé que la Croix coulait<br />

sous les pieds de Notre-Seigneur et que Notre-Seigneur<br />

était dépouillé de tous ses ornements. C’est là que j’ai eu<br />

la pensée que le roi de la terre serait perdu et dépouillé<br />

de tous ses habits roy<strong>au</strong>x. »<br />

À l’image du Cœur royal de Notre-Seigneur, outragé<br />

par cette révolution impie qui l’empêcherait<br />

désormais de régner effectivement en France – sans<br />

qu’il songe, lui, à abdiquer, ne l’oublions pas – répond<br />

une <strong>au</strong>tre vision, celle de la Médaille miraculeuse et<br />

plus encore celle de la Vierge <strong>au</strong> globe, l’une et l’<strong>au</strong>tre<br />

manifestant la puissance royale de l’Immaculée triomphante.<br />

C’est à elle que Dieu a confié tout l’ordre de<br />

la miséricorde ; elle tient le monde, la France et chacune<br />

de nos âmes entre ses mains, c’est un gage<br />

absolu de victoire. C’est bien ainsi que nos Pères ont<br />

compris les grandes apparitions de la Vierge Immaculée<br />

de 1830, de 1846 à <strong>La</strong> Salette, de 1858 à Lourdes,<br />

de 1871 à Pontmain, de 1876 à Pellevoisin. L’Immaculée<br />

va assumer, comme disait notre Père, la « régence<br />

de la France » afin surtout de préserver les âmes de<br />

l’apostasie qui serpente dans l’Église.<br />

« Car ce n’est pas tellement le spectacle des<br />

impies, voltairiens, capitalistes et jouisseurs, qui<br />

s’étaient emparés des rênes du pouvoir en France<br />

depuis 1830 qui faisait le plus souffrir le Sacré-Cœur,<br />

nous expliqua frère Thomas, mais c’était de voir se<br />

lever du sein même de l’Église, fidèle sous les pontificats<br />

militants de Grégoire XVI et de Pie IX, une<br />

génération d’hommes acquis <strong>au</strong>x idées nouvelles.<br />

S’enivrant des grands mots de démocratie, de droits de<br />

l’homme, de liberté, etc., ils rêvent à la suite de<br />

Monsieur Émery, de Félicité de <strong>La</strong>mennais, de “ réconcilier<br />

l’Église avec la Révolution ”. <strong>La</strong>cordaire ira<br />

même jusqu’à proclamer dans un effet de manche<br />

oratoire, cette parole affreuse qui contient le germe de<br />

toutes les apostasies futures : “ <strong>La</strong> première vertu<br />

<strong>au</strong>jourd’hui n’est pas la foi, c’est l’amour sincère de<br />

la liberté. ”<br />

« Voilà mis en retrait le service de Dieu et, jetée<br />

par-devant la vision futuriste du règne sur terre de la<br />

Liberté. <strong>La</strong> “ foi en l’Homme ” a pris le pas sur les<br />

croyances religieuses, devenues des opinions privées. »<br />

(LETTRE À MES AMIS n o 236 du 25 octobre 1966)<br />

3. POUR SAUVER LE PAPE EN GRAND PÉR<strong>IL</strong>.<br />

« Mais ce ne serait encore rien, que la déviance<br />

d’esprits chimériques, si ce libéralisme n’avait atteint<br />

la tête même de l’Église, et pour longtemps, sous le<br />

pontificat de Léon XIII. Il <strong>au</strong>ra la folie de prendre le<br />

contre-pied de son saint prédécesseur Pie IX en prônant<br />

le dialogue plutôt que la controverse, et une politique<br />

d’entente avec les pouvoirs nouve<strong>au</strong>x issus de la<br />

Révolution, laïques et francs-maçons, plutôt que l’intransigeance.<br />

C’est ce mal mystérieux qui se répand<br />

depuis lors dans la Sainte Église de Dieu, et que notre<br />

Père appellera par dérision la “ léontreizine ”.<br />

« Léon XIII trouva sur sa route deux personnes<br />

dont l’esprit était pur de ce funeste libéralisme <strong>catholique</strong>,<br />

et qui vont tenter de l’en guérir. Mgr Freppel, le<br />

plus grand des évêques d’Angers. Nous allons retrouver<br />

à chaque étape de notre pèlerinage celui que<br />

notre Père a donné comme maître de sagesse à notre<br />

école de pensée CRC. Et notre chère et bienheureuse<br />

Marie du Divin Cœur, missionnée par le Sacré-Cœur<br />

<strong>au</strong>près du Pape pour qu’il renonce à ses chimères et<br />

consacre le monde <strong>au</strong> Sacré-Cœur. Ce fut un drame<br />

que mère Marie du Divin Cœur a vécu dans son<br />

corps, son âme jusqu’à en mourir, tellement elle était<br />

d’Église, tout en recevant la promesse de son Époux<br />

et Roi : “ Mon Cœur régnera, mon Cœur triomphera ” !<br />

C’est alors qu’elle a annoncé prophétiquement “ une<br />

année de miséricorde ”. »<br />

L’ULTIME RENOUVELLEMENT DE L’ALLIANCE<br />

Frère Thomas nous a bien montré que si notre Bon<br />

Dieu est à l’œuvre en France depuis 430, c’est<br />

toujours par la grâce de quelque apparition du Ciel, de<br />

la Sainte Vierge ou du Sacré-Cœur, et par le truchement<br />

de quelque médiateur privilégié, instrument docile<br />

des volontés du Ciel. Pour ce qui est de cette<br />

victoire finale tant attendue, nous savons depuis les<br />

apparitions de Notre-Dame de Fatima, que Dieu le<br />

veut, que tous les habitants du Ciel sont mobilisés à<br />

cette intention, et que le sang des martyrs compte pour<br />

be<strong>au</strong>coup dans le comput de cette délivrance.<br />

Encore f<strong>au</strong>t-il que le Pape obéisse à deux petites<br />

demandes du Ciel, deux volontés de Bon Plaisir, deux<br />

conditions sine qua non du triomphe du Cœur Immaculé<br />

de Marie : qu’il recommande la dévotion réparatrice<br />

des premiers samedis du mois, et ordonne <strong>au</strong>ssi<br />

<strong>au</strong>x évêques du monde entier de consacrer, en union<br />

avec lui, « la Russie <strong>au</strong> Cœur Immaculé de Marie ».<br />

(suite, p. 21)


MAI 2013 N o 128 - P. 20<br />

NOTRE-DAME de Charité est<br />

un des plus be<strong>au</strong>x fleurons<br />

du diadème de Notre-Dame Angevine,<br />

non pour la grandeur du<br />

site ou du sanctuaire, mais par<br />

son riche passé. D’abord, nous<br />

sommes à quelques kilomètres<br />

de Chalonnes, que nous traverserons<br />

tout à l’heure, et vous<br />

vous rappelez que c’est là que<br />

saint M<strong>au</strong>rille avait construit son<br />

ermitage, d’où il avait rayonné<br />

sa dévotion mariale, après avoir<br />

eu <strong>au</strong>dience du Ciel <strong>au</strong> Marillais.<br />

C’est sans doute <strong>au</strong> début du<br />

dix-huitième <strong>siècle</strong>, lors d’une<br />

épidémie de peste qui fit de<br />

nombreuses victimes sur la paroisse,<br />

que le vocable de Notre-<br />

Dame de Charité devint familier<br />

<strong>au</strong>x habitants de Saint-<strong>La</strong>urent.<br />

« En cette terre bénie, où grandissaient<br />

de futurs martyrs, écrit<br />

l’abbé Tricoire, Marie qui déjà<br />

les inspirait, ne pouvait mériter<br />

d’<strong>au</strong>tre nom que celui de Notre-<br />

Dame de Charité. » Sous la<br />

Révolution, ce petit sanctuaire<br />

va devenir l’un des lieux de<br />

pèlerinage les plus fréquentés<br />

des M<strong>au</strong>ges. « Ici, mieux que<br />

partout ailleurs, on comprend<br />

pourquoi l’insurrection a éclaté. »<br />

Déjà, les trois prêtres de la<br />

paroisse sont réfractaires et ont<br />

refusé de prêter serment à la<br />

Constitution civile du Clergé.<br />

Chassés de leur église, ils prennent<br />

l’habitude de célébrer leur<br />

messe dans des lieux retirés et,<br />

perdu dans les bois de genêts, le<br />

logis de Notre-Dame devient vite<br />

une sorte de chapelle de secours<br />

où se multiplient les rassemblements.<br />

Les <strong>au</strong>torités de Chalonnes<br />

s’en alarment et, la veille<br />

de la Saint-Louis, 25 août 1791,<br />

un détachement de gendarmes<br />

monte jusqu’ici et découvre un<br />

spectacle féerique : une multitude<br />

de cierges allumés embrase les<br />

ténèbres d’où surgit, ruisselante<br />

de lumière, la rustique chapelle.<br />

Il y a peut-être huit cents personnes<br />

qui sont là pour entendre<br />

la Messe et chanter les litanies<br />

de la Sainte Vierge. <strong>La</strong> réaction<br />

ne se fait pas attendre : dès le<br />

26 août, ordre était donné par le<br />

Directoire de démolir la chapelle,<br />

ce qui fut fait le 29 août. L’émotion<br />

fut à son comble quand on apprit<br />

à Saint-<strong>La</strong>urent la profanation<br />

sacrilège.<br />

Les pèlerinages n’en continuent<br />

pas moins de se succéder, d’<strong>au</strong>tant<br />

que, à partir de la mi-septembre,<br />

la Sainte Vierge elle-même se montra<br />

« dans le creux d’un chêne, à cinq<br />

ou six pieds de l’emplacement de<br />

la chapelle » ( marqué par le<br />

calvaire), pour venir <strong>au</strong> secours<br />

de ses enfants fidèles et traqués.<br />

De nombreux témoins la virent.<br />

On a conservé, entre <strong>au</strong>tres, le<br />

NOTRE-DAME DE CHARITÉ EN SAINT-LAURENT DE LA PLAINE<br />

témoignage d’une Fille de la<br />

Sagesse, venue avec des centaines<br />

de pèlerins depuis Saint-<br />

<strong>La</strong>urent-sur-Sèvre le 18 novembre<br />

1791 :<br />

« Ils arrivèrent (à Saint-<strong>La</strong>urentde-la-Plaine)<br />

à 8 heures du soir ;<br />

et faisant leurs prières sur les<br />

ruines de la Chapelle, ils dirent<br />

tout ce que leur foi leur inspira.<br />

Les habitants du lieu vinrent les<br />

prier de passer la nuit chez eux.<br />

Les femmes y furent, et les<br />

hommes restèrent à passer la<br />

nuit <strong>au</strong> pied du chêne, mais ils<br />

ne virent pas la Sainte Vierge.<br />

Le matin, les femmes s’y rendirent.<br />

Trois processions y étaient arrivées<br />

la nuit. Il y en avait une<br />

de vingt-deux lieues, et ils avaient<br />

été trois jours en marche. Tous<br />

se prosternèrent à terre, pleurant<br />

amèrement, ne voyant pas la<br />

Sainte Vierge, mais seulement<br />

comme une étoile. Enfin, redoublant<br />

leurs prières, cette Sainte<br />

Vierge leur apparut tenant son<br />

divin Fils dans les bras. Elle se<br />

rendit visible à tous. Jugez de la<br />

joie et des transports où ils<br />

furent, croyant être élevés <strong>au</strong><br />

Ciel. Deux de nos domestiques<br />

qui ont été à la procession ne<br />

savent comment s’exprimer pour<br />

prouver la vérité de ce qu’ils ont<br />

vu et la joie où ils sont. Ils<br />

avaient eu le bonheur de communier<br />

ce jour-là. M. Bourel, le<br />

médecin, vient de nous dire que<br />

son épouse y avait été et qu’elle<br />

avait vu sur le chêne une couronne<br />

d’étoiles pareilles à celles du<br />

firmament. Il connaît deux prêtres<br />

qui y sont allés et qui ont vu la<br />

Sainte Vierge, de la grandeur<br />

d’un pied et demi, et brillant<br />

comme le soleil. Et après l’avoir<br />

bien considérée, et remplis de<br />

foi et d’admiration d’un spectacle<br />

si ravissant, on la vit s’élever <strong>au</strong><br />

ciel, dans une nuée qui était<br />

parsemée d’étoiles. Quinze messieurs,<br />

pour s’assurer du fait, s’y<br />

sont rendus ; et ne la voyant<br />

pas se sont mis en prière ; et,<br />

après avoir prié, l’ont vue. Deux<br />

maçons, qui avaient aidé à<br />

démolir la chapelle, avaient suivi<br />

les messieurs pour se moquer<br />

d’eux. Ils leur demandèrent à<br />

quoi ils pensaient. Ces malheureux<br />

devinrent immobiles et près<br />

de s’évanouir. Ils fondirent en<br />

larmes de regret d’avoir démoli<br />

cette chapelle. Dans l’instant ils<br />

virent la Sainte Vierge, et depuis<br />

ils vivent comme des saints. »<br />

Étonnez-vous que Catheline<strong>au</strong><br />

soit venu près de dix-huit fois en<br />

pèlerinage de nuit, par tous les<br />

temps, depuis Pin-en-M<strong>au</strong>ges<br />

jusqu’ici, puisque la Sainte Vierge<br />

y descendait elle-même ! Le district,<br />

une fois de plus, s’alarma,<br />

et une expédition “ punitive ” fut<br />

montée par un homme du Directoire,<br />

qui fera bientôt parler<br />

de lui : <strong>La</strong> Révellière-Lepe<strong>au</strong>x !<br />

Le 25 mars 1792, une troupe de<br />

républicains montent de Chalonnes,<br />

ils s’intitulent “ le Club<br />

ambulant ” et vont prêcher la<br />

bonne parole à Be<strong>au</strong>pré<strong>au</strong> ! Arrivés<br />

à h<strong>au</strong>teur du sanctuaire, ils<br />

trouvent une foule considérable<br />

qui les laissent passer en silence,<br />

mais un silence lourd. <strong>La</strong> Révellière-Lepe<strong>au</strong>x<br />

racontera plus<br />

tard qu’ils furent insultés, qu’on<br />

brandit des bâtons contre eux,<br />

c’est pure légende, on les laissa<br />

passer, mais après leur passage,<br />

un jeune homme dit tout h<strong>au</strong>t ce<br />

que tout le monde pensait tout<br />

bas : « Pourquoi jurent-ils après<br />

le chêne ? Ils ont bien fait de<br />

s’en aller... Quand je prie le Bon<br />

Dieu, je le prie, mais quand je<br />

me bats, je me bats. » Cela<br />

voulait dire : qu’ils n’y reviennent<br />

pas. Eh bien ! ils y revinrent,<br />

deux jours plus tard, après un<br />

lamentable échec à Be<strong>au</strong>pré<strong>au</strong>,<br />

et ils déracinèrent le trône que<br />

s’était choisi la Reine du Ciel,<br />

« misérable petit tronc d’arbre<br />

creux qui n’avait presque plus<br />

d’écorce », comme dit <strong>La</strong> Révellière-Lepe<strong>au</strong>x.<br />

Imaginez la colère<br />

des fidèles, qui continuèrent<br />

néanmoins à venir en pèlerinage,<br />

mais armés de bâtons, et la<br />

colère montait...<br />

Elle monta encore d’un cran,<br />

quand on apprit le sort réservé<br />

<strong>au</strong>x prêtres réfractaires, et quand<br />

on apprit la mort du Roi. Le jour<br />

de la levée de la conscription,<br />

elle éclata. À l’<strong>au</strong>be du 12 mars<br />

1793, le tocsin laisse tomber ses<br />

notes lugubres sur les toits de<br />

Saint-<strong>La</strong>urent. De toutes les métairies<br />

les paysans accourent.<br />

Les conscrits n’iront pas seuls<br />

<strong>au</strong> chef-lieu, Saint-Florent, mais<br />

en compagnie de leurs parents<br />

et de leurs amis. En tête de la<br />

colonne, Sébastien Cady, âgé de<br />

trente-neuf ans. D’une belle intelligence,<br />

le cœur sur la main, ce<br />

maître chirurgien s’est rendu<br />

populaire par une souriante jovialité<br />

qui ne déplaît point <strong>au</strong>x<br />

gars de la campagne. Ceux-ci se<br />

félicitent d’emmener avec eux<br />

quelqu’un qui sait parler. Et la<br />

troupe s’ébranle non sans jeter<br />

l’inquiétude dans les cœurs qui<br />

restent. Car telle fermière a vu<br />

son mari décrocher silencieusement<br />

du mante<strong>au</strong> de la cheminée<br />

un vieux fusil de chasse ou la<br />

f<strong>au</strong>x <strong>au</strong> râtelier de la grange. <strong>La</strong><br />

lenteur du geste soulignait une<br />

résolution farouche... « Notre-<br />

Dame de Charité, ayez pitié de<br />

nous ! »<br />

Heures d’attentes, heures de<br />

fièvre ! Enfin des courriers arrivent<br />

de Saint-Florent-le-Vieil : le tirage<br />

<strong>au</strong> sort n’a pas eu lieu, les<br />

patriotes du district sont en fuite,<br />

on a brûlé les papiers de l’administration.<br />

Mais dans les regards<br />

des jeunes et des vieux qui<br />

racontent l’<strong>au</strong>dacieuse équipée,<br />

brille une flamme nouvelle. Quand<br />

Catheline<strong>au</strong> passera par Saint-<br />

<strong>La</strong>urent de la Plaine, où il fera<br />

jonction avec Stofflet, d’Elbée et<br />

Bonchamps, ils trouvèrent, debout,<br />

prêts à les suivre, tous les hommes<br />

valides sous la direction de<br />

Sébastien Cady promu capitaine<br />

de paroisse.<br />

Mais durant les mois qui suivirent,<br />

les soldats de la République<br />

vont s’acharner contre cette<br />

paroisse qu’ils savent toute ralliée<br />

à la c<strong>au</strong>se vendéenne et qui se<br />

trouve démunie de ses robustes<br />

défenseurs.<br />

Et ce fut un offertoire sanglant...<br />

Toute personne découverte était<br />

soit passée par les armes, le<br />

plus souvent après avoir subi<br />

d’épouvantables tortures, soit<br />

déportée vers les prisons d’Angers.<br />

Dans la chapelle, se trouve la<br />

liste de ce martyrologe. L’admirable<br />

figure du vicaire de la<br />

paroisse couronne ce long cortège<br />

de martyrs. Il s’appelait Joseph<br />

More<strong>au</strong>, et après avoir exercé<br />

pendant plusieurs mois un ministère<br />

clandestin, il fut arrêté et<br />

condamné <strong>au</strong> motif « d’avoir imaginé<br />

des processions miraculeuses,<br />

<strong>au</strong> nom d’une soi-disant<br />

Sainte-Vierge, placée dans un<br />

chêne, près de Saint-<strong>La</strong>urent-dela-Plaine,<br />

qu’il faisait mouvoir à<br />

volonté en la métamorphosant de<br />

toutes les manières et selon les<br />

circonstances du soi-disant miracle<br />

qu’il voulait opérer en son nom »<br />

(sic ! ). Le Vendredi saint 18<br />

avril 1794, « sur les 4 heures<br />

de l’après-midi », il montait à<br />

l’échaf<strong>au</strong>d, pour expier son attachement<br />

inébranlable à Notre-<br />

Dame de Charité.<br />

Le sanctuaire renaîtra après<br />

la Révolution, reconstruit grâce<br />

à de généreux fidèles qui se<br />

firent les frères mendiants de la<br />

Vierge dans toute la région pour<br />

recueillir des dons. Le 8 septembre<br />

1875, un <strong>au</strong>tel en l’honneur du<br />

Sacré-Cœur était béni dans cette<br />

chapelle, <strong>au</strong> même moment où<br />

Mgr Freppel couronnait Notre-<br />

Dame des Gardes non loin de là.<br />

Dans sa chapelle rebâtie, Notre-<br />

Dame de Charité, Reine de Saint-<br />

<strong>La</strong>urent et de tout l’Anjou, entendait<br />

chanter les petits-enfants<br />

de ses martyrs !<br />

Faisons retentir à notre tour<br />

ses louanges pour la résurrection<br />

de l’Église, pour notre Saint Père<br />

le pape François, pour le salut<br />

de notre Patrie que la République<br />

ruine depuis plus de deux cents<br />

ans !


MAI 2013 N o 128 - P. 21<br />

Dieu le veut ainsi, afin que la gloire du Cœur<br />

Immaculé de Marie éclate <strong>au</strong>x yeux, et <strong>au</strong> cœur<br />

surtout, du monde entier. Frère Thomas se tourna alors<br />

vers frère Bruno :<br />

« Mon frère, verrons-nous bientôt la fin de cet affreux<br />

drame de l’apostasie de l’Église, dû <strong>au</strong> libéralisme<br />

papal et conciliaire ? Pouvons-nous dire qu’avec<br />

le pape François une année de miséricorde vient de<br />

s’ouvrir pour l’Église et pour le monde, annoncée par<br />

la bienheureuse Marie du Divin Cœur et par notre<br />

bienheureux Père ? »<br />

<br />

<br />

LE TEMPS DES MARTYRS<br />

LA JOIE DE MARCHER AVEC JÉSUS<br />

par frère Bruno de Jésus-Marie<br />

Ce Pape, <strong>au</strong> nom français de François, ne cesse,<br />

depuis son avènement, par ses homélies quotidiennes,<br />

prononcées dans un langage simple et direct, à la<br />

Messe qu’il célèbre chaque matin à 7 heures, à la<br />

maison Sainte-Marthe pour ses “ paroissiens ” du Vatican,<br />

de s’adresser à leur cœur. C’est un pape qui fait<br />

de sa religion un amour.<br />

Avec lui, la Parole de Dieu devient vivante, à<br />

condition d’être accueillie avec humilité, comme une<br />

parole d’amour. Elle peut ainsi entrer dans les cœurs<br />

et changer leur vie. C’est la voix de Jésus, c’est son<br />

timbre de voix : ce qu’il dit passe par notre intelligence,<br />

mais il va droit <strong>au</strong> cœur !<br />

I. SA RELIGION <strong>EST</strong> UN AMOUR<br />

Par exemple lorsqu’il explique à son service de<br />

sécurité, invité du 18 avril dernier, que notre Dieu<br />

n’est pas un « dieu-aérosol », il est « Père, Fils,<br />

Esprit-Saint », et « quand nous parlons avec Dieu,<br />

nous parlons avec des Personnes ». L’abbé de Nantes,<br />

notre Père, ne disait pas <strong>au</strong>tre chose, <strong>au</strong> point de se<br />

faire traiter de “ polythéiste ” par je ne sais quel scribe<br />

pharisien malintentionné...<br />

« Soit je parle avec le Père, soit je parle avec le<br />

Fils, soit je parle avec l’Esprit-Saint, dit le Pape. C’est<br />

cela, la foi. » On croirait entendre l’abbé de Nantes<br />

prêchant la « circumincessante charité trinitaire ». Et<br />

ajoutant dans un sourire : « Bien sûr le Fils entend ce<br />

que je dis <strong>au</strong> Père, puisqu’ils ne font qu’un ! »<br />

Citant le Christ dans l’Évangile du jour : « Personne<br />

ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire<br />

vers moi » (Jn 6, 44), le Pape a fait observer qu’ « aller<br />

à Jésus, trouver Jésus, connaître Jésus est un don du<br />

Père. <strong>La</strong> foi est un don ».<br />

Aussi, à quiconque se dit “ croyant ”, le Pape demande<br />

: « En quel Dieu crois-tu ? »<br />

« Tant de fois, constate-t-il, la réponse est “ en<br />

Dieu ”. Un dieu diffus, un dieu-aérosol, qui est un peu<br />

partout mais dont on ne sait pas ce qu’il est. » C’est<br />

du “ théisme ”.<br />

Comme cet Éthiopien, intendant de la reine de<br />

Candace, <strong>au</strong>quel Philippe expliqua le sens du poème<br />

du Serviteur que lisait ce païen <strong>au</strong> chapitre 53 du livre<br />

d’Isaïe et qui « poursuivait son chemin tout joyeux »<br />

après avoir entendu « la Bonne Nouvelle de Jésus »<br />

et avoir été baptisé par Philippe (Ac 8, 26-40), nous<br />

allons nous engager dans ce pèlerinage avec la joie<br />

<strong>au</strong> cœur, la joie qui transfuse du cœur de notre Saint-<br />

Père le pape dans celui de ses enfants, fils de l’Église,<br />

<strong>au</strong>xquels il prêche « la joie de la foi, la joie d’avoir<br />

rencontré Jésus, la joie que Jésus seul nous donne, la<br />

joie qui donne la paix : non pas celle que donne le<br />

monde, mais celle que donne Jésus. Voilà notre foi. »<br />

Or, « on ne peut croire en Jésus sans l’Église »,<br />

a-t-il déclaré <strong>au</strong>x cardin<strong>au</strong>x qui l’entouraient pour la<br />

Saint-Georges, sa fête ! en la chapelle P<strong>au</strong>line où il a<br />

célébré la Messe, mardi 23 avril. Et l’Église « hiérarchique<br />

et <strong>catholique</strong> », a-t-il précisé avec un petit<br />

coup d’œil circulaire, comme pour mesurer l’effet<br />

produit...! Dénonçant la tentation de « négocier avec<br />

le monde », il a rappelé que « l’identité chrétienne »<br />

est « appartenance à l’Église ». Autant dire à l’Église<br />

de <strong>Contre</strong>-<strong>Réforme</strong>.<br />

II. LE COMBAT DES MARTYRS<br />

Le 18 avril, à la fin de la Messe, après la prière à<br />

saint Michel archange, patron de ses gardes du corps,<br />

le Pape les a remerciés de leurs bons services, qui<br />

« exigent une droiture d’esprit, une volonté forte, des<br />

sentiments honnêtes, de la sérénité ». Et du courage !<br />

Car la vie est un combat, enseigne ce Pape, et pas<br />

seulement pour ces hommes chargés de le protéger<br />

même <strong>au</strong> prix de leur vie. « Le temps des martyrs<br />

n’est pas terminé », avait-il déclaré le 15 avril, évoquant<br />

les chrétiens persécutés « en haine de la foi ».<br />

« Aujourd’hui encore, a-t-il répété, nous pouvons<br />

dire, en vérité, que l’Église a plus de martyrs qu’<strong>au</strong><br />

temps des premiers <strong>siècle</strong>s. » Or, dans son homélie de<br />

la Saint-Georges, il a souligné que, dans les débuts de<br />

l’Église, c’est « <strong>au</strong> moment où éclate la persécution,<br />

qu’éclate <strong>au</strong>ssi la vocation missionnaire de l’Église »<br />

(Ac 11, 19-26). Parce que c’est la persécution déchaînée<br />

à Jérusalem qui projette Philippe et les <strong>au</strong>tres<br />

jusqu’à Antioche.<br />

Aujourd’hui, le Pape ne cesse de rendre hommage<br />

à « tant d’hommes et de femmes qui sont calomniés,<br />

qui sont persécutés, qui sont tués en haine de Jésus,<br />

en haine de la foi ». Certains parce qu’ils « enseignent<br />

le catéchisme », d’<strong>au</strong>tres parce qu’ils « portent une<br />

croix » sur eux.<br />

« Ce sont nos frères et sœurs qui souffrent <strong>au</strong>jourd’hui,<br />

en ce temps de martyrs. Nous devons<br />

penser à cela », a-t-il insisté.<br />

Au cardinal Tong, archevêque de Hongkong, seul


MAI 2013 N o 128 - P. 22<br />

cardinal électeur chinois présent <strong>au</strong> conclave, le pape<br />

François a dit combien « l’Église en Chine était présente<br />

en son cœur », rapporte “ ÉGLISES D’ASIE ”<br />

(EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris.<br />

Il l’a dit en trois occasions.<br />

<strong>La</strong> première, le 13 mars dans la chapelle Sixtine,<br />

lors des hommages des cardin<strong>au</strong>x <strong>au</strong> Pape qui venait<br />

d’être élu. Le cardinal Tong a remis <strong>au</strong> pape une<br />

petite statue en bronze de Notre-Dame de Sheshan :<br />

« Les <strong>catholique</strong>s en Chine vous aiment et prieront<br />

pour vous. Nous vous demandons <strong>au</strong>ssi votre amour<br />

pour tous les <strong>catholique</strong>s chinois ; s’il vous plaît,<br />

priez pour nous », a-t-il dit <strong>au</strong> Pape, qui a répondu en<br />

souriant : « Les <strong>catholique</strong>s chinois ont rendu de grands<br />

témoignages à l’Église universelle. »<br />

« À ma grande surprise, a raconté le cardinal, il a<br />

pris ma main droite et embrassé mon anne<strong>au</strong> épiscopal.<br />

» Lorsque ce fut le tour de l’archevêque de<br />

Saïgon, le Pape fit de même.<br />

Deux jours plus tard, raconte encore le cardinal<br />

Tong, celui-ci se dirigeait tôt dans la matinée du<br />

15 mars, vers la chapelle de la maison Sainte-Marthe,<br />

il s’est trouvé <strong>au</strong> même moment que le nouve<strong>au</strong> Pape<br />

dans l’ascenseur. « Le pape François m’a à nouve<strong>au</strong><br />

remercié pour la statuette et m’a précisé qu’il l’avait<br />

mise dans sa chambre car elle lui rappelait le jésuite<br />

saint François Xavier, arrivé <strong>au</strong>x portes de la Chine il<br />

y a plus de 460 ans. Il m’a <strong>au</strong>ssi dit qu’il n’oubliait<br />

jamais de prier pour les <strong>catholique</strong>s de Chine. »<br />

Lors de la Messe célébrée ce jour-là en présence<br />

des cardin<strong>au</strong>x, vers la fin de son homélie, le Pape<br />

avait publiquement, « et de manière totalement inattendue<br />

», remercié le cardinal pour la statue de la Vierge.<br />

Enfin, le 20 mars, <strong>au</strong> lendemain de la messe d’installation<br />

du nouve<strong>au</strong> Pape, le cardinal Tong vint faire<br />

ses adieux <strong>au</strong> nouvel évêque de Rome, avant de repartir<br />

pour Hongkong. À sa grande confusion, le Pape lui<br />

saisit la main droite, baisa son anne<strong>au</strong> épiscopal et lui<br />

dit : « L’Église en Chine est dans mon cœur. »<br />

<strong>La</strong> Sainte Vierge est notre grande ressource en ces<br />

temps des martyrs qui sont « tant et tant, dans tant de<br />

pays ». Elle seule est victorieuse du « démon qui sème<br />

la haine en ceux qui accomplissent les persécutions ».<br />

Cette victoire, elle la chante dans son MAGNIFICAT.<br />

III. ONCTION ET SAGESSE<br />

Du temps où il n’était encore que le cardinal<br />

Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, notre Saint-<br />

Père prêchait les EXERCICES DE SAINT-IGNACE <strong>au</strong>x<br />

évêques d’Espagne. C’était en 2006, <strong>au</strong> lendemain de<br />

l’élection de Ratzinger qui l’avait emporté sur lui <strong>au</strong><br />

conclave, mais il avait déjà failli être élu, comme<br />

notre Père le souhaitait !<br />

Ces EXERCICES ont été publiés sous le titre AMOUR,<br />

SERVICE ET HUM<strong>IL</strong>ITÉ, sous-titré : L’Église selon le cœur<br />

du pape François. C’est un titre qui n’est pas trom-<br />

peur ; nous avons commencé à le lire. Où l’on voit<br />

que « le cœur du pape François » et le Cœur Immaculé<br />

de Marie, c’est tout un. Selon lui, le MAGNIFICAT<br />

est le chant de l’espérance, à condition de le chanter<br />

dans la p<strong>au</strong>vreté. « Le Seigneur renvoie les riches les<br />

mains vides. » En effet, dit-il, « très souvent, notre<br />

manque d’espérance est le signe de nos richesses dissimulées,<br />

de notre éloignement de la p<strong>au</strong>vreté évangélique.<br />

« Ainsi, devant la pénurie de vocations, nous faisons<br />

parfois des diagnostics de riches : riches du<br />

savoir des sciences anthropologiques modernes qui,<br />

avec leur masque de suffisance absolue, nous éloignent<br />

de l’humble prière de supplication et de demande<br />

<strong>au</strong> Maître de la moisson. » (p. 15)<br />

Cette pensée a dominé l’homélie que le pape<br />

François a prononcée le Jeudi saint 28 mars, en la<br />

basilique Saint-Pierre, <strong>au</strong> cours de la Messe chrismale.<br />

Ainsi appelée parce que l’évêque de chaque diocèse, <strong>au</strong><br />

cours de cette Messe, bénit les huiles qui serviront <strong>au</strong>x<br />

sacrements de baptême, d’extrême-onction, et le saintchrême<br />

pour la confirmation et le sacrement de l’ordre :<br />

« Les lectures et le ps<strong>au</strong>me nous parlent de ceux<br />

qui ont reçu l’onction : le serviteur de Dieu selon<br />

Isaïe, le roi David et Jésus, Notre-Seigneur. Les trois<br />

ont en commun que l’onction qu’ils reçoivent est pour<br />

les p<strong>au</strong>vres, pour les prisonniers, pour les malades,<br />

pour ceux qui sont tristes et seuls. L’onction n’est pas<br />

destinée à nous parfumer nous-mêmes, ni davantage<br />

pour que nous la conservions dans un vase, parce que<br />

l’huile deviendrait rance et le cœur amer.<br />

« On reconnaît un bon prêtre à sa façon d’oindre<br />

son peuple. Quand nos fidèles reçoivent une huile de<br />

joie, on s’en rend compte : lorsqu’ils sortent de la<br />

Messe, par exemple, avec le visage de ceux qui ont<br />

reçu une bonne nouvelle. »<br />

C’est notre cas depuis que nous avons entendu<br />

le cardinal T<strong>au</strong>ran annoncer l’élection du cardinal<br />

Bergoglio. Nous l’attendions depuis dix ans ! Et notre<br />

joie a gagné le monde entier comme une huile épandue !<br />

« C’est un nouve<strong>au</strong> printemps pour l’Église en ce<br />

moment [qui succède à l’hiver conciliaire...], a déclaré<br />

l’archevêque de Westminster, Mgr Vincent Nichols, et<br />

je pense que cela vient des gestes et des paroles du<br />

Pape qui sont éloquents dans ses homélies comme lors<br />

des <strong>au</strong>diences. Ce qui est frappant <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-Uni,<br />

c’est que tout le monde semble touché par le langage,<br />

par la douceur et par l’humilité du pape François. »<br />

Il accomplit véritablement cette parole du prophète<br />

Isaïe, <strong>au</strong> chapitre 61, que Jésus s’appliquait à luimême<br />

<strong>au</strong> début de sa vie publique, dans la synagogue<br />

de Nazareth :<br />

« Il vint à Nazareth où il avait été élevé, entra,<br />

selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue,<br />

et se leva pour faire la lecture. On lui remit le<br />

livre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouva<br />

le passage où il était écrit :


MAI 2013 N o 128 - P. 23<br />

« “ L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a<br />

consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle <strong>au</strong>x<br />

p<strong>au</strong>vres. Il m’a envoyé annoncer <strong>au</strong>x captifs la délivrance<br />

et <strong>au</strong>x aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les<br />

opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur. ” »<br />

(Lc 4, 16-19)<br />

Nous sommes vraiment dans la condition des “ opprimés<br />

” que vient délivrer notre “ doux Christ en<br />

terre ”. Il nous délivre sans éclat, avec douceur,<br />

comme il est encore dit de lui <strong>au</strong> premier chant du<br />

Serviteur :<br />

« Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu que<br />

préfère mon âme. J’ai mis sur lui mon Esprit, pour<br />

qu’il fasse sortir pour les nations sa religion [<strong>catholique</strong>,<br />

par une contre-réforme].<br />

« Il ne crie pas, il n’élève pas le ton, il ne fait pas<br />

entendre sa voix dans les rues ; il ne rompt pas le<br />

rose<strong>au</strong> broyé, il n’éteint pas la flamme vacillante.<br />

« Fidèlement, il apporte la religion, sans défaillance<br />

et sans hâte jusqu’à ce que la religion soit établie sur<br />

terre, car les îles attendent sa Loi. » (Is 42, 1-4)<br />

Voici comment :<br />

Il cite d’abord saint Ignace invitant son retraitant à<br />

« considérer le discours que le Christ, notre Seigneur,<br />

adresse à tous ses serviteurs et à tous ses amis qu’il<br />

envoie aider les âmes en les amenant premièrement à<br />

la plus grande p<strong>au</strong>vreté spirituelle, et non moins, si sa<br />

divine Majesté devait en être servie et voulait bien les<br />

choisir, à la p<strong>au</strong>vreté effective ; secondement, <strong>au</strong> désir<br />

des opprobres et des mépris, parce que de ces deux<br />

choses résulte l’humilité.<br />

« De sorte qu’il y ait trois échelons : le premier, la<br />

p<strong>au</strong>vreté à l’opposé de la richesse ; le second, les<br />

opprobres et les mépris à l’opposé de l’honneur mondain<br />

; le troisième, l’humilité à l’opposé de l’orgueil.<br />

Et à partir de ces trois échelons, qu’ils les entraînent<br />

à toutes les <strong>au</strong>tres vertus. » (p. 93)<br />

DÉSOLATION.<br />

Le cardinal Bergoglio cite alors, peut-être en guise<br />

de faire-valoir ? le commentaire du cardinal Martini,<br />

s. j., archevêque de Milan : l’horreur. Tout le Concile !<br />

Là, les brebis du Bon Pasteur François ne comprennent<br />

plus...<br />

« Cet envoi missionnaire du Christ est intéressant.<br />

Curieusement, il ne dit pas : Appelez le plus grand<br />

nombre de personnes à l’église, faites-les baptiser,<br />

croire, venir à la Messe, mais : Aidez tous les<br />

hommes, sans exception, à se libérer des richesses qui<br />

encombrent, du désir de reconnaissance, de la réputation<br />

qui est changeante et de l’orgueil qui tue<br />

l’amour », comme si on pouvait faire tout cela sans<br />

“ aller à l’église ”, sans le baptême, sans aller à la<br />

Messe ! SANS LE CHRIST !<br />

Évidemment, le cardinal Martini ne cite pas saint<br />

Marc : « Allez par toute la terre, prêchez l’Évangile<br />

à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé sera<br />

s<strong>au</strong>vé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. »<br />

(Mc 16, 15-16) Non ! Nul ne sera “ condamné ” puisque<br />

« le Seigneur est ami de la Nature humaine... »<br />

« Il nous envoie pour enseigner l’esprit des Béatitudes<br />

qui apporte la liberté de cœur dont nous avons<br />

tous besoin : chrétiens et protestants, juifs, musulmans,<br />

athées, progressistes et conservateurs, et même les indifférents.<br />

» C’est la liberté religieuse selon le concile<br />

Vatican II !<br />

« Il ne s’agit pas de dire à l’<strong>au</strong>tre : “ <strong>La</strong>isse tes<br />

convictions et adopte les miennes qui sont meilleures ”,<br />

mais de lui offrir une aide à partir de l’expérience de<br />

Jésus sans rien demander en échange, sans exiger de<br />

conditions. Tous les hommes sentent la nécessité de la<br />

liberté qu’enseigne Jésus, même quand ils ont déjà<br />

une foi [sic ! ], nous avons tous besoin de nous libérer<br />

de l’angoisse pour rencontrer la paix et le bonheur.<br />

C’est ce chemin de la paix que nous devons proposer<br />

de manière pratique, éthique, ce chemin qui mène<br />

l’homme à se déconditionner de toutes les oppressions<br />

quotidiennes de la vie moderne. » (p. 94-95)<br />

CONSOLATION.<br />

C’est vraiment le cas de dire avec sainte Thérèse<br />

de l’Enfant-Jésus : « Parfois lorsque je lis certains traités<br />

spirituels [ les ACTES de Vatican II ! ] où la perfection est<br />

montrée à travers mille entraves, environnée d’une foule<br />

d’illusions, mon p<strong>au</strong>vre petit esprit se fatigue bien vite, je<br />

ferme le savant livre qui me casse la tête et me dessèche le<br />

cœur et je prends l’Écriture Sainte. » (<strong>au</strong> Père Roulland,<br />

9 mai 1897) C’est précisément ce que fait le cardinal<br />

Bergoglio :<br />

« J’aimerais que nous nous arrêtions un moment<br />

pour méditer deux traits caractéristiques de la manière<br />

dont Jésus évangélise : la joie et le dialogue. Il<br />

désire ardemment que nous les fassions nôtres. » Mais<br />

il commence par dire que « notre joie en Dieu est<br />

missionnaire, elle est ferveur : C’est la joie d’André<br />

annonçant à son frère, Simon : « “ Nous avons trouvé le<br />

Messie. » Bergoglio cite cette parole d’André à Simon<br />

sans se douter que quelques années plus tard il sera<br />

fait lui-même « frère d’André » à qui Jésus dit : « “ Tu<br />

es Simon, le fils de Jean ; tu t’appelleras Céphas ”, ce<br />

qui veut dire Pierre. » (Jn 1, 41-45)<br />

« Tu es Georges, fils de Mario. Tu t’appelleras<br />

François... succédant à Pierre... » C’est le début de<br />

l’Évangile. Et à la fin, c’est la joie de Marie-Madeleine<br />

que Jésus envoie en mission. « Jésus lui dit :<br />

“ Ne me retiens pas, laisse-moi remonter vers le Père.<br />

Mais va trouver mes frères et dis-leur : Je monte vers mon<br />

Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. ” »<br />

Manière, pour Jésus, de se débarrasser de Marie-<br />

Madeleine qui le tient prisonnier, mais <strong>au</strong>ssi de la<br />

consoler :<br />

« Notre joie d’évangéliser est <strong>au</strong>ssi consolation.<br />

C’est le signe de l’harmonie et de l’unité qui se


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réalise dans l’amour. C’est le signe de l’unité du<br />

corps de l’Église, le signe de l’édification. Nous<br />

devons à la fois être fidèles à la joie et ne pas en<br />

“ jouir ” comme d’un bien propre. <strong>La</strong> joie est faite<br />

pour émerveiller en étant partagée. <strong>La</strong> joie nous ouvre<br />

à la liberté des fils de Dieu, elle nous sépare des<br />

choses et des situations qui nous emprisonnent, elle<br />

nous fait grandir en liberté. <strong>La</strong> joie, signe de la<br />

présence du Christ, devrait être l’état habituel d’un<br />

homme ou d’une femme consacrés. Il f<strong>au</strong>t rechercher<br />

la “ consolation ”, non pour elle-même mais parce<br />

qu’elle est le signe de la présence du Seigneur ; la<br />

“ consolation ” dans n’importe lequel de ses états. »<br />

Même dans celui de sa “ présence sous forme d’absence<br />

”, comme disait l’abbé de Nantes. Qu’est-ce, en<br />

effet, que la “ consolation ” ?<br />

Le cardinal Bergoglio cite saint Ignace : « J’appelle<br />

consolation quand se produit dans l’âme quelque motion<br />

intérieure par laquelle l’âme en vient à s’enflammer<br />

dans l’amour de son Créateur et Seigneur, et<br />

ensuite quand elle ne peut plus aimer <strong>au</strong>cune chose<br />

créée sur la face de la terre pour elle-même, mais<br />

seulement dans le Créateur de toutes choses.<br />

« De même, quand elle verse des larmes, qui portent<br />

à l’amour de son Seigneur l’âme touchée, soit à<br />

c<strong>au</strong>se de la douleur pour ses péchés, ou pour la<br />

Passion du Christ, Notre-Seigneur, soit pour d’<strong>au</strong>tres<br />

choses droitement ordonnées à son service et à sa<br />

louange.<br />

« Enfin, j’appelle consolation tout accroissement<br />

d’espérance, de foi et de charité, et toute allégresse<br />

intérieure qui appelle et attire <strong>au</strong>x choses célestes et<br />

<strong>au</strong> salut propre de l’âme, en lui donnant repos et paix,<br />

dans son Créateur et Seigneur. » (E. S., 316)<br />

« Cette ambiance joyeuse, disait encore Bergoglio,<br />

se nourrit de la contemplation du Christ en mission :<br />

comment il marchait, comment il prêchait, comment il<br />

soignait, comment il regardait. »<br />

En pensant à Jésus, « comment il marchait », nous<br />

allons marcher d’un <strong>au</strong>tre cœur ! Et des martyrs vendéens<br />

nous allons apprendre que le chemin où Jésus<br />

nous entraîne, par la voix de son vicaire François, est<br />

un chemin de Croix. Ainsi soit-il !<br />

SAINTE ESPÉRANCE<br />

Ces deux instructions qui se complétaient heureusement<br />

nous redonnèrent la joie de la Sainte Espérance,<br />

celle de notre frère Bruno surtout en nous laissant<br />

bien entrevoir que le cœur religieux et donc docile à<br />

Dieu de notre Saint-Père François était en chemin vers<br />

Fatima. Raison de plus pour prier, davantage et mieux,<br />

afin d’en accélérer le mouvement, et qu’il en arrive<br />

vite à cette obéissance grâce à laquelle de nouve<strong>au</strong>x<br />

apôtres édifieront sur les ruines du monde moderne,<br />

comme jadis leurs anciens sur les ruines de l’Empire<br />

romain, la “ civilisation de l’amour ”, la vraie, pour la<br />

plus grande gloire de Dieu le Père, du Sacré-Cœur de<br />

Jésus et du Cœur Immaculé de Marie. Joie de cette<br />

prochaine nouvelle et ultime évangélisation...<br />

Frère Bruno et frère Thomas nous avaient réch<strong>au</strong>ffé<br />

le cœur, restait maintenant à prendre des forces pour<br />

le lendemain. Nos sœurs y avaient pensé, et elles nous<br />

attendaient dans la salle Catheline<strong>au</strong> pour le repas.<br />

C’est ainsi que tous purent se réch<strong>au</strong>ffer par une<br />

bonne soupe ch<strong>au</strong>de, tout en écoutant un édifiant montage<br />

<strong>au</strong>dio sur la vie de Jacques Catheline<strong>au</strong>, brave et<br />

saint homme, comme nos provinces d’Ancien Régime<br />

savaient en produire, humble et supérieur, chrétien<br />

sans détour, chéri de Jésus. <strong>La</strong> chapelle Saint-Charles<br />

était à quelques pas, nous nous y rendîmes pour entendre<br />

une dernière instruction de frère Bruno et vénérer<br />

ensuite de tout notre cœur le tombe<strong>au</strong> de cet<br />

incomparable généralissime des armées <strong>catholique</strong>s et<br />

royales.<br />

DU MAR<strong>IL</strong>LAIS A BÉHUARD<br />

<strong>La</strong> journée du samedi devait se dérouler sous<br />

l’égide de la Vierge Marie, reine des martyrs et reine<br />

de la paix puisque nous devions partir de Notre-Dame<br />

du Marillais, passer par Notre-Dame de Charité pour<br />

trouver finalement asile <strong>au</strong> creux du rocher de Notre-<br />

Dame de Béhuard.<br />

Mais il nous fallait d’abord apprendre de frère<br />

Thomas que c’était à la Bse Marie du Divin Cœur que<br />

nous devions la grâce de ce pèlerinage. Elle était née<br />

un 8 septembre, comme la Sainte Vierge, <strong>au</strong> jour<br />

même de la « fête angevine ». Cela n’était pas un<br />

hasard car visiblement Notre-Seigneur lui-même y attachait<br />

une certaine importance : « Tu dois garder le<br />

nom de ma bien-aimée Mère, ce nom avec lequel je t’ai<br />

déjà appelée à moi, ce nom dont la douceur fut ce qui<br />

commença à toucher mon Cœur. »<br />

MARIE DU DIVIN CŒUR VENDÉENNE DE CŒUR.<br />

Cette correspondance en cachait bien d’<strong>au</strong>tres que<br />

notre frère Thomas évoqua en nous racontant brièvement<br />

la vie et la mission de notre bienheureuse... <strong>La</strong><br />

première, c’est qu’il nous apparut bien vite que la<br />

comtesse Maria Droste zu Vischering, Westphalienne<br />

de naissance, était une Vendéenne de cœur (vraie fille<br />

de sainte Marie Euphrasie Pelletier, la fondatrice des<br />

sœurs du Bon-Pasteur d’Angers (cf. encart, p. 25).<br />

« N’oublions pas, dira notre frère, que ces <strong>catholique</strong>s<br />

allemands ont été durement persécutés pour leur<br />

foi par la Prusse protestante. Le Kulturkampf de Bismarck<br />

a été comme une sorte de seconde réforme<br />

luthérienne, et c’est dans ce climat de lutte à la fois<br />

religieuse et politique, de prisons ou d’exil pour les<br />

prêtres et les évêques réfractaires, que s’est fortifié le<br />

caractère de Maria. Elle a vécu, grandi, entourée d’une<br />

nuée de témoins, de confesseurs de la foi, et c’est à<br />

leur école qu’elle a appris à « mener le bon combat » :<br />

(suite, p. 26)


MAI 2013 N o 128 - P. 25<br />

NOUS sommes ici devant<br />

la maison-mère du Bon-<br />

Pasteur d’Angers (le nom exact<br />

est Notre-Dame de Charité du<br />

Bon-Pasteur d’Angers), fondée<br />

par sainte Marie de Sainte-<br />

Euphrasie Pelletier, (on dit <strong>au</strong>jourd’hui<br />

sainte Marie-Euphrasie),<br />

une Vendéenne née sur<br />

l’île de Noirmoutier en 1796,<br />

sous la Terreur, et qui restera<br />

Vendéenne toute sa vie par sa<br />

foi intrépide et apostolique, forte<br />

à transporter les montagnes,<br />

par sa fidélité en amitié, son<br />

extrême bonté et sa charité<br />

accueillante, son zèle pour<br />

l’Église, enfin sa dévotion <strong>au</strong>x<br />

Saints Cœurs de Jésus et de<br />

Marie. Dévotion qu’elle tenait<br />

de saint Jean Eudes, puisqu’elle<br />

commença par être religieuse,<br />

puis supérieure <strong>au</strong> Refuge<br />

de Notre-Dame de Charité de<br />

Tours, un de ces “ refuges ” que<br />

le saint fondait <strong>au</strong> cours des<br />

missions populaires qu’il prêchait,<br />

car il avait vu la nécessité<br />

de créer des maisons religieuses<br />

qui reçoivent les femmes et les<br />

jeunes filles ayant fait scandale,<br />

mais résolues à se convertir et<br />

cherchant pour cela un “ refuge ”,<br />

que saint Jean Eudes appelait<br />

l’ “ hôpital des âmes ”.<br />

C’est en l’année 1829 que<br />

mère Marie-Euphrasie arrive ici,<br />

accompagnée de cinq sœurs,<br />

appelée par l’évêque d’Angers,<br />

reçue par le curé de la cathédrale<br />

Saint-M<strong>au</strong>rice et par<br />

le jeune comte de Neuville qui<br />

vient d’hériter de sa mère d’une<br />

fortune considérable, qu’il veut<br />

employer à soutenir son œuvre.<br />

Je ne vais pas vous raconter<br />

cette histoire merveilleuse, héroïque<br />

<strong>au</strong>ssi, et bénie par la<br />

Sainte Vierge (vous apercevez<br />

sa statue <strong>au</strong> milieu du jardin),<br />

à qui mère Marie-Euphrasie voua<br />

sa congrégation. C’était en 1847,<br />

dans un moment de grand péril<br />

où, pour ainsi dire, elle “ passa<br />

la main ” à l’Immaculée ! Elle<br />

avait eu <strong>au</strong>ssi une idée de génie,<br />

en même temps qu’une inspiration<br />

céleste : dès qu’elle fut<br />

sollicitée de fonder d’<strong>au</strong>tres<br />

“ refuges ” en France, afin que<br />

ces fondations restent attachées<br />

les unes <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres et gardent<br />

un esprit commun, si nécessaire<br />

après les bouleversements de<br />

la Révolution, elle sollicita de<br />

Rome la permission d’établir un<br />

généralat.<br />

Le pape Grégoire XVI la<br />

soutint de tout son pouvoir<br />

NOTRE-DAME DE CHARITÉ DU BON-PASTEUR D'ANGERS<br />

contre certains évêques gallicans<br />

remontés contre elle, et<br />

l’Ordre se répandit bientôt, non<br />

seulement en France mais à<br />

Rome, en Allemagne, en Angleterre,<br />

<strong>au</strong>x États-Unis, <strong>au</strong> Canada,<br />

en Algérie, en Égypte.<br />

Incroyable rayonnement d’une<br />

congrégation qui comptera, à<br />

la mort de la fondatrice, cent<br />

dix maisons, réparties sur cinq<br />

continents ! « Pour accomplir la<br />

volonté de Dieu, aimait à dire<br />

mère Marie-Euphrasie, je parcourrais<br />

le monde entier. » Elle<br />

fit <strong>au</strong>ssi marquer sous l’horloge<br />

du couvent, l’inscription : « Mes<br />

jours sont comptés. »<br />

Ici, la maison-mère se développa<br />

<strong>au</strong>ssi, d’une manière stupéfiante<br />

: à la première maison<br />

établie dans une ancienne fabrique<br />

de cotonnade, s’ajouta<br />

une ferme agricole, qui reçut le<br />

nom de “ Maison de Nazareth ”<br />

pour y accueillir de jeunes détenues,<br />

puis ce fut l’ancienne<br />

abbaye Saint-Nicolas, perchée<br />

à flanc de colline ; pour relier<br />

la maison à l’abbaye, mère<br />

Marie-Euphrasie n’hésita pas à<br />

faire creuser un tunnel de 55 m<br />

de long sous la route impériale.<br />

Comme disait le préfet républicain<br />

du Maine-et-Loire à propos<br />

de la “ bonne Mère ” : « Il<br />

n’y a qu’un homme à Angers,<br />

c’est la mère Pelletier ! »<br />

Sous sa direction sage et<br />

prudente, mais <strong>au</strong>ssi animée<br />

d’un grand esprit apostolique,<br />

le monastère devint rapidement<br />

une véritable cité, une ruche<br />

bourdonnante. « Toutes, tant que<br />

vous êtes, disait-elle à ses filles,<br />

vous travaillez <strong>au</strong> salut des<br />

âmes. Celles qui sont employées<br />

<strong>au</strong> jardin ou à la boulangerie, à<br />

la lingerie, ou qui sont occupées<br />

à tout <strong>au</strong>tre chose, n’importe<br />

où, toutes travaillent à s<strong>au</strong>ver<br />

les âmes. » S<strong>au</strong>ver les âmes,<br />

c’est-à-dire prendre part avec<br />

zèle à l’Œuvre rédemptrice de<br />

leur divin Époux, en vraies<br />

« filles de l’Église, gardienne du<br />

trésor de notre foi et de notre<br />

espérance », disait encore sainte<br />

Marie-Euphrasie, et voilà qui<br />

nous ramène à notre Bse Marie<br />

du Divin Cœur.<br />

Entrée <strong>au</strong> Bon-Pasteur de<br />

Münster le 21 novembre 1888,<br />

elle fut envoyée <strong>au</strong> Portugal<br />

cinq ans plus tard ; et c’est à la<br />

fin de janvier 1894 qu’elle s’arrêta<br />

en chemin ici à Angers,<br />

franchit la grande porte d’entrée<br />

qui existe toujours, <strong>au</strong> numéro 3<br />

de la rue Br<strong>au</strong>lt, un peu plus<br />

h<strong>au</strong>t à g<strong>au</strong>che... <strong>La</strong> maisonmère<br />

comptait alors plus de<br />

mille religieuses et pénitentes !<br />

Des novices de toutes nationalités<br />

venaient s’y former. Le<br />

séjour de sœur Marie du Divin<br />

Cœur fut bref, quelques jours à<br />

peine : le 2 février 1894, elle<br />

s’agenouillait de nouve<strong>au</strong> devant<br />

mère Marie de Sainte-Marine<br />

Verger, la supérieure générale,<br />

qui avait été formée elle-même<br />

par la sainte fondatrice, et partait<br />

remplir sa difficile mission <strong>au</strong><br />

Portugal : s<strong>au</strong>ver une maison de<br />

l’ordre, à moitié en ruine.<br />

Devenue supérieure de Porto,<br />

elle reviendra encore une fois<br />

ici, en février 1896, déjà bien<br />

éprouvée mais rayonnant ce<br />

“ culte intérieur ” du Sacré-Cœur<br />

que Jésus lui demandait de vivre<br />

en perfection et de propager,<br />

en attendant d’accomplir sa<br />

“ grande mission apostolique ”.<br />

Nous avons éprouvé <strong>au</strong> cours<br />

de nos méditations du Rosaire<br />

le rayonnement de cette âme<br />

privilégiée du Sacré-Cœur, si<br />

ardente et en même temps si<br />

lucide sur les événements et<br />

les personnes. Comme disait<br />

son Père spirituel, dom Schober<br />

: « Combien de personnes<br />

ont douté de la solidité de sa<br />

vocation et dit ouvertement que<br />

la supérieure du Bon-Pasteur<br />

de Porto n’avait pas l’esprit de<br />

son ordre. Disons-le une fois<br />

pour toutes, elle était extrêmement<br />

franche, ignorant toute<br />

dissimulation et diplomatie. Là<br />

où elle voyait des manquements<br />

ou des f<strong>au</strong>tes chez les personnes,<br />

dans les choses, les<br />

monastères, le sien ou d’<strong>au</strong>tres,<br />

elle le disait ouvertement, non<br />

par esprit de dénigrement, ou<br />

par quelque <strong>au</strong>tre faiblesse mais<br />

par amour de Dieu et des âmes,<br />

amour qui culminait dans le désir<br />

et l’aspiration qu’en toutes choses<br />

resplendisse l’honneur de Dieu. »<br />

Et si c’était le Pape qui<br />

« manquait » à sa charge et<br />

faisait des « f<strong>au</strong>tes » ?... Eh bien,<br />

c’est ce que notre frère Pascal<br />

a découvert, ici même, <strong>au</strong>x<br />

archives du Bon-Pasteur : à<br />

savoir que notre sainte fut envoyée<br />

<strong>au</strong> pape Léon XIII, « de<br />

par le Roy du Ciel », pour lui<br />

faire remontrance, lui dire qu’il<br />

devait réparer « les négligences<br />

et les f<strong>au</strong>tes » de son pontificat,<br />

en consacrant le monde entier<br />

<strong>au</strong> Divin Cœur de Jésus, ce qui<br />

détournerait l’Église de la m<strong>au</strong>-<br />

vaise voie où elle s’engageait ;<br />

mission terrifiante, héroïque,<br />

pour cette fille du comte et de<br />

la comtesse Droste zu Vischering<br />

qui mettaient plus h<strong>au</strong>t<br />

que tout la pap<strong>au</strong>té. C’est là<br />

l’ultime “ SECRET DE MÈRE MARIE<br />

DU DIVIN CŒUR ”, titre de l’ouvrage<br />

que préparent nos sœurs, à<br />

paraître pour le 150 e anniversaire<br />

de sa naissance. Secret<br />

ténébreux et honteux de la<br />

résistance du pape Léon XIII<br />

<strong>au</strong>x volontés de Notre-Seigneur,<br />

de sa trahison ; secret lumineux<br />

et glorieux, de l’épouse docile<br />

du Cœur de son Roi.<br />

Nous avons rappelé l’an passé<br />

le “ secret ” de sainte Jeanne<br />

d’Arc : l’assurance qu’elle n’avait<br />

jamais failli ni renié ses Voix,<br />

sa mission. Le “ secret ” de sœur<br />

Lucie de Fatima est identique :<br />

contredite, calomniée, elle a<br />

accompli jusqu’<strong>au</strong> bout sa mission<br />

qui était de faire savoir<br />

que la paix et le salut du monde<br />

étaient confiés <strong>au</strong> Cœur Immaculé<br />

de Marie. <strong>La</strong> mission de la<br />

Bse Marie du Divin Cœur s’inscrit<br />

dans cette orthodromie divine.<br />

Et nous dicte notre devoir<br />

de rappeler à temps et à contretemps<br />

à notre Saint Père le<br />

pape François les demandes<br />

du Cœur Immaculé de Marie.<br />

Le Bon-Pasteur d’Angers n’a<br />

pas daigné nous ouvrir ses<br />

portes, parce qu’on ne croit<br />

pas ici à cette mission apostolique<br />

de mère Marie du Divin<br />

Cœur, on ne veut pas entendre<br />

parler de son “ secret ”, et rien<br />

ne sera fait à Angers pour le<br />

150 e anniversaire de sa naissance.<br />

Mais à Darfeld, lieu de<br />

sa naissance, et à Porto, où<br />

elle a souffert son martyre, si !<br />

il s’en parlera. Et nos frères en<br />

pèlerinage à Porto, en février,<br />

ont appris qu’<strong>au</strong> Portugal les<br />

évêques avaient demandé que<br />

sa c<strong>au</strong>se de canonisation soit<br />

activée, un miracle ayant été<br />

reconnu l’an passé. Espérons,<br />

prions pour qu’enfin l’Église,<br />

sous la houlette de notre pape<br />

François, se tourne vers le<br />

Sacré-Cœur de Jésus et le Cœur<br />

Immaculé de Marie, afin qu’une<br />

multitude d’âmes, touchées par<br />

les inventions de leur Amour<br />

miséricordieux, reviennent <strong>au</strong><br />

bercail de l’unique et vrai et<br />

bon Pasteur, qui disait à sa<br />

messagère :<br />

« Confie-toi en moi, mon Sacré-<br />

Cœur régnera, mon Sacré-Cœur<br />

triomphera. » Ainsi soit-il !


MAI 2013 N o 128 - P. 26<br />

Son arrière-grand-oncle, Mgr Clement-Auguste Droste<br />

zu Vischering, archevêque de Cologne, surnommé<br />

“ l’Athanase germanique ”, dont la résistance <strong>au</strong> totalitarisme<br />

prussien sonna le réveil de la résistance <strong>catholique</strong><br />

dans les années 1830 ; Mgr Ketteler, son grandoncle<br />

par sa mère, qui dut sa vocation à une vision du<br />

Sacré-Cœur et devint évêque de Mayence, c’était le<br />

“ Freppel ” de la Rhénanie ; l’évêque de Münster,<br />

Mgr Brinkmann, qui confirma Maria, très proche de<br />

son père et persécuté par le gouvernement prussien ;<br />

Windthorst, le chef du Zentrum, grand ami du comte<br />

Droste son père, etc. Mentionnons également le<br />

Père H<strong>au</strong>sherr, son directeur spirituel, un saint jésuite,<br />

disciple de saint Pierre Canisius et ardent apôtre du<br />

Sacré-Cœur en Allemagne. Bref, tout un entour relationnel<br />

de traditions, de convictions, de mœurs qui<br />

faisait de cette Westphalie <strong>catholique</strong> comme une vitrine,<br />

sous l’égide d’une Église de contre-réforme et<br />

contre-révolution. Vitrine de Chrétienté aimable, féconde,<br />

conquérante.<br />

Maria est de la “ génération Pie IX ”, puisque le<br />

SYLLABUS condamnant les erreurs modernes date de<br />

1864, qu’elle est née en 1863 et que sa famille en<br />

était imbue. C’est donc dans cette famille, dans ce<br />

milieu aristocratique très attaché et dévoué à l’Église,<br />

que Jésus a choisi l’épouse de son Cœur, pour en faire<br />

l’image vivante de sa miséricorde. « Je ferai de ton<br />

cœur mon séjour, ma demeure, mon repos dans un monde<br />

qui m’oublie. »<br />

ÉPOUSE DU CHRIST.<br />

Frère Thomas nous fit bien sûr remarquer que si<br />

une telle intimité nous dépasse, elle ne doit pas nous<br />

écraser, car enfin, « combien elle est aimable ! et entraînante<br />

sur la voie de l’amour de Dieu. Si le Sacré-<br />

Cœur l’a voulu telle, c’est pour qu’elle fasse rayonner<br />

son amabilité dans tous les cœurs. »<br />

1o C’est une âme de vérité, par tempérament – il n’y<br />

a qu’à voir son visage, ses yeux magnifiques... – et par<br />

vocation d’épouse du Christ, ne tolérant pas que tout ce<br />

qui touche à son divin Époux, sa Vérité, ses Volontés,<br />

soit le moins du monde trahi, f<strong>au</strong>ssé, contourné.<br />

2o Une âme de combat <strong>au</strong>ssi, que de combats<br />

intérieurs elle a dû mener, que de souffrances ! et cela<br />

nous encourage et nous stimule, quand nous sommes<br />

en butte <strong>au</strong> démon, <strong>au</strong> monde, à nous-mêmes... Tenez,<br />

elle écrivait quelques jours après sa prise d’habit :<br />

« Courage, mon âme ! Entre dans la mêlée pour<br />

Dieu et avec Dieu. Le fer doit être martelé, travaillé ;<br />

tant pis s’il jaillit des étincelles. Il s’agit d’une éternité,<br />

d’un Ciel, il s’agit de gagner un Dieu. Tout doit y être<br />

engagé. Chaque jour un nouve<strong>au</strong> combat, pas une<br />

minute de repos. Je puis tout en Celui qui me fortifie. »<br />

3o Enfin, notre Père admirera en elle « un être tout<br />

brûlant de tendresse et de dévotion », épousant en<br />

toute vérité et sans réserve les volontés signifiées,<br />

jusqu’<strong>au</strong>x désirs les plus intimes du Cœur de Jésus,<br />

son Époux, – avec une compréhension et une expérience<br />

intime de l’amour mystique qui rejoignent et<br />

justifient parfaitement la doctrine de notre Père –,<br />

enfin comprenant dans son intelligence lumineuse les<br />

conditions du Règne de Jésus et Marie pour le salut<br />

des âmes, la mission qui lui était réservée pour le<br />

salut de l’Église et du monde. »<br />

“ LA GRANDE AFFAIRE DE TOUTE SA VIE.”<br />

Elle entre <strong>au</strong> Bon-Pasteur de Münster, le 21<br />

novembre 1888, pour s’occuper de femmes et de<br />

jeunes filles ayant c<strong>au</strong>sé du scandale par leur m<strong>au</strong>vaise<br />

conduite mais résolues à se convertir. Il s’ensuit cinq<br />

années de vie cachée dans une fidélité parfaite à la<br />

Règle, à ses vœux, à ses supérieures, et avec une<br />

générosité incroyable. Notre-Seigneur la forme jour<br />

après jour à être un parfait instrument entre ses mains,<br />

en vue de sa mission à venir : « Que je voie avec tes<br />

yeux, que je travaille avec tes mains, que je parle<br />

avec ta bouche, que je prie par toi, et puisque mon<br />

plus grand désir fut constamment de souffrir, je souffrirai<br />

encore en toi et par toi. Dispose-toi donc et sois<br />

prête à souffrir. Je continue par là ma Passion et je<br />

l’applique <strong>au</strong>x âmes en souffrant dans mes élus. »<br />

Sa première mission sera d’aller à Porto et d’y<br />

s<strong>au</strong>ver une maison du Bon-Pasteur décadente, “ à<br />

moitié en ruine ”. C’était d’<strong>au</strong>tant plus difficile, que<br />

selon une formule saisissante de notre Père : « la société<br />

portugaise était rongée par la franc-maçonnerie<br />

et l’Église y était loin de résister <strong>au</strong>x sollicitations de<br />

Satan ».<br />

C’est mot pour mot la situation de l’Italie, menaçant<br />

l’Église à Rome même. Notre-Seigneur le révèle<br />

à Marie du Divin Cœur et lui demande d’en avertir le<br />

pape Léon XIII, de le mettre en garde <strong>au</strong>ssi, ce sera<br />

en vain ! contre sa politique d’entente criminelle avec<br />

les USA qui va bientôt dépouiller l’Espagne <strong>catholique</strong><br />

de Cuba et des Philippines ; formidable recul de la<br />

Chrétienté...<br />

C’est l’échec, mais Jésus, « le maître de l’impossible<br />

», obtient tout de même, grâce <strong>au</strong>x mérites des<br />

grandes souffrances de son épouse, que le Pape consacre<br />

le monde à son Sacré-Cœur...<br />

L’ÂME SŒUR DE NOTRE PÈRE.<br />

C’est en 1987, l’année de la foi, que notre Père<br />

connut notre sainte et qu’il entra toujours plus avant<br />

dans sa familiarité, d’abord grâce à sa formule de<br />

consécration <strong>au</strong> Sacré-Cœur qu’il aimait be<strong>au</strong>coup. Et<br />

s’il nous la commenta si souvent c’est pour que nous<br />

y puisions « un grand enthousiasme et une grande<br />

ardeur. Pénétrant ainsi à l’intime d’un cœur très fervent,<br />

nous comprenons ce que peut-être l’amour<br />

qu’une âme, et que l’Église, peut avoir pour le divin<br />

Cœur de Jésus. »<br />

Mais, une année ne s’était pas écoulée que notre<br />

Père avait intuitivement compris qu’entre le Sacré-<br />

(suite, p. 28)


MAI 2013 N o 128 - P. 27<br />

De saint Jean Eudes (1601-1680), « le père,<br />

le docteur et l’apôtre du culte liturgique<br />

des Saints Cœurs de Jésus et de Marie »<br />

( saint Pie X ), à Georges de Nantes (1924-<br />

2010), le fondateur des Petits frères et<br />

Petites sœurs du Sacré-Cœur et l’apôtre de<br />

la <strong>Contre</strong>-réforme <strong>catholique</strong> <strong>au</strong> XX e <strong>siècle</strong>,<br />

l’orthodromie de la vraie dévotion <strong>au</strong> Sacré-<br />

Cœur passe par sainte Marie de Sainte-<br />

Euphrasie Pelletier (1796-1868), fondatrice<br />

de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur,<br />

et sa fille la bienheureuse Marie du Divin<br />

Cœur (1863-1899), messagère du Sacré-<br />

Cœur <strong>au</strong>près du pape Léon XIII.<br />

VEX<strong>IL</strong>LA REGIS PRODEUNT.<br />

Les étendards du Roi s’avancent, conduits par le généralissime<br />

Jacques Catheline<strong>au</strong>.<br />

« L’Église est belle. L’Église est attirante pour<br />

les cœurs brisés et pour les âmes heureuses. Il<br />

suffirait d’évoquer les visages et l’exemple des<br />

saints pour que tous s’éprennent d’eux et suivent<br />

leurs traces. » (Georges de Nantes, QUAND<br />

JÉSUS REVIENDRA, octobre 1973 )


MAI 2013 N o 128 - P. 28<br />

Cœur et lui, avec elle entre les deux, et la Sainte<br />

Vierge ! il y <strong>au</strong>rait une sorte de contrat, pour accomplir<br />

jusqu’<strong>au</strong> bout son méritoire service de l’Église, dans<br />

une obéissance absolue <strong>au</strong>x desseins du Sacré-Cœur :<br />

« Pour obtenir de Lui qu’Il fasse le nécessaire, Lui<br />

seul et selon son bon plaisir, il me fallait enfin moimême,<br />

et sans <strong>au</strong>cune procuration ni restriction mentale,<br />

prononcer dans les mêmes termes la consécration de<br />

la bienheureuse Marie du Divin Cœur et inviter le plus<br />

grand nombre d’âmes possible à la faire elles-mêmes ou<br />

du moins s’y associer chacune selon ses forces. »<br />

Tel était <strong>au</strong>ssi le but de notre pèlerinage et des<br />

nombreux chapelets que nous allions offrir ensemble<br />

<strong>au</strong> Sacré-Cœur de Jésus et <strong>au</strong> Cœur Immaculé de<br />

Marie, pour hâter l’heure du salut de l’Église. <strong>La</strong><br />

France n’était pas oubliée du Sacré-Cœur puisqu’il<br />

assura une <strong>au</strong>tre de ses confidentes, Lucie-Christine,<br />

que “ la France ne périra jamais ; je lui réserve une<br />

mission pour les derniers temps ”.<br />

« C’est peut-être la mission qui nous est confiée,<br />

conclura frère Thomas, à nous Phalange d’avant-garde<br />

de l’Immaculée, d’annoncer ce salut miraculeux que le<br />

Divin Cœur de Jésus et le Cœur Immaculé de Marie<br />

préparent, et d’y travailler de toutes nos forces,<br />

d’<strong>au</strong>tant plus et mieux que, sous la houlette du bon<br />

pape François, tout peut aller très vite... »<br />

Il ne nous restait plus qu’à obéir et à remplir<br />

maintenant notre office eucharistique et marial de<br />

Croisés, office si cher à notre Père : « Prie, communie,<br />

sacrifie-toi, sois apôtre. » Nous sortîmes donc en procession,<br />

bannières et drape<strong>au</strong>x en tête, pour nous<br />

rendre en priant le chapelet jusqu’à l’église de Notre-<br />

Dame du Marillais, toute proche, et y assister <strong>au</strong><br />

Saint-Sacrifice de la messe.<br />

CHEZ NOTRE-DAME DU MAR<strong>IL</strong>LAIS<br />

Pour satisfaire <strong>au</strong> désir du bon Père Montfortain<br />

rencontré la veille, nous entrâmes dans son église en<br />

chantant son cantique préféré : “ Je mets ma confiance<br />

Vierge en votre secours... ” Quel bonheur de rencontrer<br />

un homme d’Église, bon, souriant, heureux de nous<br />

parler de ses saints fondateurs, Louis-Marie et Marie-<br />

Louise. Quant à Mgr Freppel, il le chérissait tout<br />

particulièrement, et à un double titre. Tout d’abord<br />

parce que c’était lui qui avait fait reconstruire et donc<br />

agrandir l’église du Marillais afin de remplacer la<br />

précédente, en ruine. Puis, en 1878, il avait confié, en<br />

pasteur avisé et surnaturel, le sanctuaire <strong>au</strong>x Pères<br />

montfortains. L’admiration pour notre évêque de combat,<br />

le bon Père, un Breton bretonnant, la partageait<br />

mais elle allait toute <strong>au</strong> député du Finistère Freppel, et<br />

à sa dévotion pour Notre-Dame du Folgoat qui avait<br />

bercé son enfance...<br />

Son sermon fut si enthousiasmant qu’on <strong>au</strong>rait dit<br />

qu’il était des nôtres et avait assisté à l’instruction de<br />

frère Thomas. Il prit appui sur la parole de l’Évan-<br />

gile du jour, et il nous expliqua en survolant à<br />

grands traits l’histoire de France, que Jésus, de fait,<br />

était toujours parmi nous : grâce à Marie – et de<br />

nous raconter l’origine du sanctuaire – et grâce <strong>au</strong>ssi<br />

à des saints, comme Louis-Marie Grignion de Montfort<br />

[dont il avait accepté de dire la messe anticipée...].<br />

Son homélie s’acheva sur cette dernière parole : « Je<br />

vous souhaite de vivre dans cette présence de Jésus<br />

qui nous est donné par Marie, dans ce lieu particulier<br />

du Marillais. »<br />

C’est donc le cœur en joie que nous sortîmes en<br />

procession pour ensuite, comme de vrais paroissiens,<br />

attendre, deviser ensemble pendant que frère Bruno<br />

remerciait chaleureusement ce cher curé en lui offrant<br />

un exemplaire de l’oratorio de frère Henry sur saint<br />

Louis-Marie Grignion de Montfort. Notre Frère prieur,<br />

très heureux de ce temps de communion fraternelle,<br />

s’exclamera : « C’est vraiment l’expression de ce que<br />

va redevenir l’Église avec notre pape François... »<br />

LE SANG DES MARTYRS CRIE VERS DIEU.<br />

Nous reprîmes ensuite notre ordre de marche, en<br />

quatre groupes, afin de nous rendre en priant jusqu’<strong>au</strong><br />

“ PRÉ DES MARTYRS ”, à quelques centaines de mètres<br />

de l’église. C’est là qu’ont été immolé deux mille de<br />

nos frères en haine de la religion... Massacre impitoyable<br />

perpétré dans le village même de Bonchamps qui,<br />

lui, avait demandé et obtenu la grâce de cinq mille<br />

prisonniers républicains.<br />

MENSONGE ET HOMICIDE RÉPUBLICAINS.<br />

Après le grand pardon de Bonchamps, il devenait<br />

impossible <strong>au</strong>x révolutionnaires de justifier le génocide<br />

des Vendéens. Le Comité de salut public a donc fait<br />

en sorte de l’éradiquer des mémoires. « Les brigands<br />

n’ont pas le temps d’écrire ou de faire des journ<strong>au</strong>x.<br />

Cela s’oubliera comme tant d’<strong>au</strong>tres choses. » pensait<br />

Merlin de Thionville ; Robespierre se montra plus<br />

avisé : « Rendons-les responsables du mal que nous<br />

leur faisons. » Ils ont donc demandé <strong>au</strong>x Bleus libérés<br />

par Bonchamps de mentir, d’exterminer ensuite leurs<br />

libérateurs et leurs familles (<strong>au</strong> Marillais), puis ils ont<br />

inventé l’affaire Barat pour renverser les sorts et grimer<br />

les bourre<strong>au</strong>x en victimes...<br />

Comment peut-on être en même temps <strong>catholique</strong><br />

et républicain après cela ? Comment Léon XIII a-t-il<br />

pu obliger les <strong>catholique</strong>s à se rallier à la République<br />

sans qu’<strong>au</strong>cun évêque ne bronche, le Pape ayant attendu<br />

la mort de Mgr Freppel pour imposer sa politique<br />

de ralliement ? Notre Bon Dieu, lui, est attentif à<br />

la voix du sang de ses enfants martyrs. Il a m<strong>au</strong>dit<br />

Caïn d’avoir tué son frère Abel (Gn 4, 2), il ne peut<br />

donc que m<strong>au</strong>dire, <strong>au</strong>jourd’hui comme hier, la République<br />

française en ses mensonges et homicides. Les<br />

jours de la “ gueuse ” sont donc comptés.<br />

Nos trois cents amis investirent religieusement cette<br />

terre sainte et nous écoutâmes frère Bruno faire mé-


MAI 2013 N o 128 - P. 29<br />

moire de ce carnage horrible, horrible, mais que la foi<br />

et la charité de nos saints martyrs ont transsubstantié,<br />

pour ainsi dire, en sacrifice expiatoire, uni à celui du<br />

petit roi Louis XVII, pour le pardon et la résurrection<br />

de la France.<br />

VERS NOTRE-DAME DE CHARITÉ<br />

De retour à Saint-Florent pour prendre notre piquenique<br />

à la Ferme-des-Cote<strong>au</strong>x, nous nous rendîmes<br />

ensuite en voiture jusqu’à Notre-Dame de Charité, sur<br />

la route de <strong>La</strong>-Pommeraye à Saint-<strong>La</strong>urent-de-la-<br />

Plaine. Carte Michelin pour les uns, GPS pour les<br />

<strong>au</strong>tres, ces quelques kilomètres ne devaient poser<br />

<strong>au</strong>cun problème. Mais voilà qu’un imprévu se mit en<br />

travers de la route, et la barra... Le GPS recalcule la<br />

position, tandis que les <strong>au</strong>tres ouvrent de grands yeux<br />

sur la carte... Mais tous de tourner et retourner tant et<br />

plus avec la peur d’arriver en retard. C’est ainsi que<br />

nous avons mieux réalisé ce que dut être la panique<br />

des Bleus perdus dans ce pays de bocage où les<br />

chemins bordés de haies vous donnent, à la longue, la<br />

fâcheuse impression d’errer dans un labyrinthe, et où<br />

rien ne ressemble plus à un carrefour de chemins<br />

qu’un <strong>au</strong>tre carrefour de chemins...<br />

Finalement après une arrivée en échelons, tous <strong>au</strong><br />

complet, nous avons écouté notre frère Bruno nous<br />

parler des prédications du pape François sur l’Évangile,<br />

ce qui a donné à notre frère bien des idées pour<br />

le prochain camp de la Phalange. Il évoqua ensuite le<br />

souvenir de nos martyrs, sur ce lieu béni où la Vierge<br />

Marie descendit pour défier la haine des révolutionnaires<br />

et surtout pour encourager ses enfants.<br />

BIBARD ET SA MÈRE.<br />

À son fils qui vient lui annoncer la<br />

mort de son père et de son frère, une<br />

paysanne répond : « Ton père et ton<br />

frère ont reçu leur récompense et sont<br />

maintenant avec le Bon Dieu. Toi, mon<br />

gars, retourne à l’armée pendant que<br />

tes sœurs et moi allons prier... Et<br />

n’oublie pas qu’il f<strong>au</strong>dra maintenant te<br />

battre pour trois ! »<br />

Le jeune homme, qui s’appelait<br />

Bibard, se montra digne de sa mère.<br />

Peu de temps après, couvert de vingtsix<br />

blessures, il est jeté en prison par<br />

les Bleus. Son brutal geôlier le maltraite<br />

à plaisir.<br />

Mais la ville ayant été reprise par<br />

les Vendéens, Bibard fut délivré. Quant<br />

<strong>au</strong> geôlier, il ne dut la vie qu’à l’intervention<br />

du jeune homme qui lui déclara<br />

: « Souviens-toi que je t’ai pardonné<br />

pour l’amour de Jésus-Christ ! »<br />

On rapporta la scène <strong>au</strong> général <strong>La</strong><br />

FIORETTI<br />

Rochejaquelein qui se jeta <strong>au</strong> cou de<br />

Bibard et s’écria en l’embrassant :<br />

« Pour un verre de mon sang, je n’<strong>au</strong>rai<br />

pas voulu que tu te sois montré moins<br />

généreux. » Comme l’écrit frère Gérard :<br />

« On juge les c<strong>au</strong>ses <strong>au</strong>x actes qu’elles<br />

inspirent ! »<br />

UN ENFANT DE HUIT ANS.<br />

Un jour, après avoir mis à feu et à<br />

sang une métairie, et massacré toute<br />

la « nichée » les Bleus mettent encore<br />

la main sur un enfant de huit ans :<br />

« Allons, petit brigand, on va te faire<br />

grâce. Mais à une condition : avant de<br />

t’en aller, tu vas jurer une bonne fois<br />

contre ton Bon Dieu.<br />

« Ah ! Pour ça, non, monsieur !<br />

répond l’enfant indigné, ce serait un<br />

péché. » Alors les démons se jetèrent<br />

sur lui et le firent mourir avec tout ce<br />

qu’ils savaient de cru<strong>au</strong>té. En ces<br />

mois de Terreur, la Vierge Marie, Reine<br />

Nous étions assis par terre devant un modeste monument<br />

surmonté d’une Croix, alors que tant de grâces<br />

mériteraient <strong>au</strong> moins une basilique... En attendant ce<br />

temps béni qui ne s<strong>au</strong>rait tarder, c’est sous un soleil<br />

bienfaisant et un ciel “ bleu Sainte Vierge ” que nous<br />

avons prié Notre-Dame de Charité, et repris ensuite<br />

notre marche, la vraie cette fois, car dix-huit kilomètres<br />

nous séparait du prochain sanctuaire.<br />

VERS BÉHUARD<br />

Notre itinéraire de marche avait été si méticuleusement<br />

préparé par un militaire de nos amis, que chacun<br />

de nos quatre groupes avait en main une suite de<br />

cartes où l’itinéraire était fléché, les difficultés si bien<br />

prévues et commentées qu’il était impossible de se<br />

perdre. Nous sommes donc partis, drape<strong>au</strong>x en tête, et<br />

d’un bon pas, en priant le rosaire, à la lumière des<br />

enseignements de la bienheureuse Marie du Divin<br />

Cœur et de notre Père.<br />

<strong>La</strong> campagne angevine est si ravissante qu’on <strong>au</strong>rait<br />

pu se croire <strong>au</strong> paradis ; mais non, car avec le temps<br />

cette marche nous permit de pâtir un peu et d’unir ainsi<br />

la pénitence à la prière... Rien de plus que des ampoules<br />

<strong>au</strong>x pieds et un peu de pluie sur la tête. Mais à<br />

voir le ciel d’encre, on comprenait que les bons anges<br />

responsables des précipitations étaient à l’œuvre et<br />

nous ménageaient merci. Et puis le spectacle des vignes<br />

d’Anjou invitait aimablement à l’acceptation des difficultés<br />

de la vie présente, car pour produire du bon vin,<br />

chaque cep de vigne se devait d’être, et il l’était,<br />

effroyablement émondé. Jésus l’avait bien dit dans<br />

l’Évangile, mais là nous le voyions de nos “ œils ”...<br />

des martyrs, soutenait elle-même le<br />

courage de ses enfants qui ne cessaient<br />

de lui chanter : « Je mets ma confiance,<br />

Vierge, en votre secours... »<br />

UNE JEUNE MAMAN.<br />

(suite, p. 31)<br />

Madame de Rorthays, condamnée à<br />

être fusillée, refuse qu’on la sépare de<br />

ses trois jeunes enfants qui s’accrochent<br />

à sa robe ou qu’elle porte dans ses<br />

bras : « Non ! je préfère qu’ils meurent<br />

avec moi ; car en mourant, ils feront<br />

l’ornement du Ciel, tandis que s’ils<br />

restent avec vous, ils deviendraient<br />

peut-être m<strong>au</strong>vais et impies. »<br />

Oui, c’est vers le Ciel que marchaient<br />

ces cohortes de confesseurs de la foi,<br />

de vierges et de saintes femmes,<br />

chantant des ps<strong>au</strong>mes et des cantiques,<br />

ou égrenant leur Rosaire, dont on<br />

retrouve encore les chaînes rouillées<br />

mêlées à leurs ossements, dans une<br />

terre restée teintée de leur sang.


MAI 2013 N o 128 - P. 30<br />

Pendant ce temps nos cinq sœurs et nos frères<br />

Louis-Joseph, François-Marie et Alexis étaient tout absorbés<br />

par les “ nécessités du service ” et préparaient<br />

l’arrivée des marcheurs qui se ferait sous la pluie et<br />

dans le froid. Les responsables de l’hospitalité et du<br />

sanctuaire nous avaient certes permis d’installer notre<br />

intendance à l’extérieur, mais grâce à frère Louis-<br />

Joseph qui n’a pas son pareil pour négocier, ils ont<br />

bien vu notre embarras. L’affaire est remontée jusqu’<strong>au</strong><br />

recteur qui comprit bien la nature religieuse et familiale<br />

de notre groupe. Il permit à nos sœurs d’utiliser la<br />

cuisine de l’hospitalité, ce qui n’était pas du luxe pour<br />

préparer deux cent trente-sept repas ch<strong>au</strong>ds.<br />

DANS LE CŒUR DE NOTRE-DAME DE BÉHUARD<br />

Après nous être rest<strong>au</strong>rés, et f<strong>au</strong>te de pouvoir faire<br />

une procession <strong>au</strong>x flambe<strong>au</strong>x comme prévu, à c<strong>au</strong>se<br />

de la pluie, nous allâmes nous blottir tous dans la<br />

petite chapelle du sanctuaire. Mgr Freppel conduisait<br />

ses diocésains à Behuard par milliers en les acheminant<br />

par bate<strong>au</strong>x vapeurs, mais gageons tout de même<br />

que c’est la première fois que la Sainte Vierge voyait<br />

entrer tant de monde dans son petit sanctuaire. Nous<br />

étions serrés les uns contre les <strong>au</strong>tres, tout comme les<br />

élus dans certaines fresques de Fra Angelico, partageant<br />

un bonheur semblable d’ailleurs, sous le regard<br />

de cette petite statue de Notre-Dame, fort bien fleurie<br />

pour la circonstance, et qui nous embrassait tous de<br />

son regard maternel et royal.<br />

Frère Bruno nous fit faire plus ample connaissance<br />

avec Elle (cf. encart p. 14) puis il exposa le Saint-<br />

Sacrement. Ensuite, grâce à nos frères <strong>au</strong>dio-vidéo,<br />

nous pûmes écouter notre Père qui de sa voix si chaleureuse,<br />

parlait <strong>au</strong> nom de Jésus – en sa présence et celle<br />

de Notre-Dame ! – véritable cœur à cœur où la prière de<br />

l’Angélus nous apparut dans sa plénitude d’amour, et<br />

tellement réconfortante <strong>au</strong>ssi (encart ci-dessous).<br />

Le lendemain dimanche 28 avril, un froid pluvieux<br />

nous empêcha d’assister à la Messe prévue en plein<br />

« De nouve<strong>au</strong>, paraissant ému, il<br />

(Jésus) se dit comme à lui-même :<br />

Ecce ancilla Domini, fiat mihi secundum<br />

verbum tuum.<br />

« Et c’est avec une indicible douceur<br />

qu’il poursuivit : “ Ma Sainte Mère, en<br />

l’instant béni où elle m’accepta, ne<br />

craignit pas de se déclarer la Servante<br />

du Seigneur. Elle voulait dès ce<br />

moment souffrir tous les tourments,<br />

tous les mépris, toutes les blessures<br />

pour aider à la rédemption du monde.<br />

Elle savait que cette divine parole ne<br />

pourrait gagner les cœurs qu’<strong>au</strong> prix<br />

de mille contradictions, dans la guerre,<br />

ECCE ANC<strong>IL</strong>LA DOMINI<br />

la haine, la persécution. Et elle avait<br />

un ardent désir d’en être, la première,<br />

victime. Dès ce jour, pour me tenir<br />

compagnie, elle se revêtit du Signe de<br />

la Croix et toute sa vie fut dès lors<br />

associée à la mienne, dans le partage<br />

de mon martyre et de mes peines<br />

quotidiennes, si secrètes et si vives !<br />

Il n’y avait pas que du bonheur et des<br />

consolations dans l’étable de Bethléem,<br />

y avez-vous songé (...) ? Cessez de<br />

vous étonner du drame d’apostasie<br />

qui marque votre temps. Voyez là<br />

seulement une ressemblance méritante<br />

de votre vie avec la mienne (...).<br />

air sur le site du sanctuaire. Nos hôtes émus de compassion<br />

prévinrent le recteur, qui accepta volontiers de<br />

la célébrer dans l’église de Savennières, du dixième<br />

<strong>siècle</strong>, distante de deux kilomètres. Là encore, quel<br />

bonheur de communier à la prière de ce prêtre <strong>au</strong><br />

maintien si digne, si modeste, et dont le sermon ressemblait<br />

tellement à ceux du bon pape François.<br />

L’Évangile du jour (Jn 13, 31-35) portait sur le commandement<br />

de la charité fraternelle, et à l’encontre des<br />

philanthropiques commentaires du “ Prions en Église ”,<br />

le curé cibla son sujet et nous exhorta à nous aimer<br />

les uns les <strong>au</strong>tres, mais comme Jésus nous a aimés...<br />

VERS LE BON-PASTEUR D’ANGERS<br />

Nous reprîmes notre ordre de marche vers Angers,<br />

laissant derrière nous les vignobles de l’Anjou pour<br />

emprunter les bords de la Loire, <strong>au</strong>tre vision de<br />

paix... Notre frère Bruno fit toute la marche visitant<br />

tour à tour chaque groupe ce qui lui donnait l’occasion<br />

d’animer le chapelet ou de s’entretenir avec les<br />

uns et les <strong>au</strong>tres... Il a pu donc dire cette méditation<br />

de notre Père lors du troisième mystère glorieux du<br />

dernier chapelet, belle évocation de la résolution à<br />

prendre à la suite de ce pèlerinage, afin de mieux<br />

prier, et mieux aider le Saint-Père :<br />

« Il n’y a qu’une manière, me semble-t-il, d’être<br />

bon chrétien, fidèle à l’Église et à nos engagements,<br />

nos promesses <strong>au</strong> Sacré-Cœur de Jésus et de Marie,<br />

il n’y a qu’une manière, c’est de vouloir de toute<br />

notre force, avec la grâce de Dieu, avec notre intelligence,<br />

notre cœur, notre énergie, vouloir dévoiler à<br />

cette génération qui n’est plus du tout prévenue, les<br />

splendeurs du Cœur de Jésus et de Marie. S’il doit<br />

régner, c’est parce qu’il est excellent, ce Cœur. Il<br />

doit être publié et prêché dans le monde entier, parce<br />

qu’Il est l’Amour, et un amour sans comparaison, et<br />

un amour f<strong>au</strong>te duquel les peuples meurent. »<br />

Et la grâce de cette flamme d’amour nous apprenions<br />

par Jésus lui-même qu’elle nous avait été ac-<br />

Votre louange perdue, votre fidélité<br />

rare sont plus précieuses à mon Père<br />

Céleste et à votre Père que celle des<br />

foules <strong>au</strong> temps heureux (...).<br />

« Et vous avez mon Corps. Connaissez<br />

à ce mystère que c’est toujours<br />

Noël ! Mon Corps, mon Sang, mon<br />

Âme et la plénitude en moi de la<br />

Divinité, tout vous est donné comme<br />

<strong>au</strong> premier jour, à Bethléem, quand je<br />

parus dans le monde. Je ne me suis<br />

point repris. Je ne l’<strong>au</strong>rais pu, tant je<br />

vous aime ! ” »<br />

( G. de Nantes, CONTE DE NOËL,<br />

CRC n o 3 suppl., décembre 1968)


MAI 2013 N o 128 - P. 31<br />

« Les trois Ave Maria dits à la requête du roi<br />

(Louis XI), notre sire, <strong>au</strong>x coups de la cloche qui<br />

lors sonnent, se nomme l’Ave Maria de la Paix. »<br />

« Le rocher de Béhuard était destiné à devenir le trône de Marie, afin que, du h<strong>au</strong>t de<br />

cette tour de David qui commande le cours de la Loire, Notre-Dame l’Angevine pût<br />

étendre sur les deux rives ses mains protectrices. » (Mgr Freppel, 8 septembre 1873)<br />

Mgr Freppel (1827-1892), évêque d’Angers : « C’est en<br />

portant sur leur poitrine l’image du Sacré-Cœur de Jésus<br />

que vos pères volaient <strong>au</strong> combat pour défendre la foi. »


MAI 2013 N o 128 - P. 32<br />

cordée par les mérites de la bienheureuse Marie du<br />

Divin Cœur. À nous, maintenant, de faire fructifier ce<br />

talent :<br />

« Sache, mon enfant, que de la charité de mon<br />

Cœur, je veux faire descendre des torrents de grâces<br />

par ton cœur dans le cœur des <strong>au</strong>tres. C’est la<br />

raison pour laquelle on s’adressera à toi avec confiance.<br />

Ce ne sont pas tes qualités, mais c’est Moi<br />

qui en suis la c<strong>au</strong>se. Jamais quelqu’un qui se rencontrera<br />

avec toi ne s’éloignera sans que son âme<br />

soit, de quelque manière, consolée, soulagée ou sanctifiée,<br />

ou ait reçu quelque grâce, même le pécheur le<br />

plus endurci. S’il veut profiter de la grâce, il ne tient<br />

qu’à lui. » (18 juin 1897)<br />

LE PAPE FRANCOIS EN BORD DE LOIRE.<br />

Nous devions faire halte dans le parc de Bouchemaine,<br />

car c’est là que frère Bruno devait nous<br />

parler une dernière fois de notre pape François. Frère<br />

Louis-Joseph et son équipe prirent donc les devants<br />

afin d’aménager, avec l’accord de la municipalité,<br />

quelques commodités. Dans le même temps nos frères<br />

Sébastien, Benoît-Joseph, Georges et Cl<strong>au</strong>de débarquaient<br />

et installaient tout leur matériel <strong>au</strong>dio-vidéo.<br />

Le temps était magnifique, la prise de vue le serait<br />

donc, et quant <strong>au</strong> son, les petits enfants ne gêneraient<br />

pas puisqu’ils pourraient se divertir sur des agrès prévus<br />

pour eux un peu plus loin.<br />

C’est dans un décor tout à fait évangélique que<br />

nous avons écouté notre Frère prieur. <strong>La</strong> Loire remplaçait<br />

le lac de Galilée, tandis que la bonne sonorisation<br />

de nos frères dispensa frère Bruno de monter<br />

dans une barque. C’est donc avec la Loire dans son<br />

dos, bien installé sous un frêne, et un bon micro<br />

devant lui que notre frère passionna nos amis pendant<br />

plus d’une heure. Textes à l’appui il nous montra<br />

à quel point les réformes que notre pape François<br />

veut entreprendre, car « il f<strong>au</strong>t nous réformer », sont<br />

finalement des contre-réformes, des critiques subtiles<br />

et fort bien ciblées de Vatican II. Le Souverain Pontife<br />

les avance avec une finesse bonhomme, consciente<br />

ou œuvre du Saint-Esprit, sous le couvert de<br />

saint Ignace et de saint François. Toujours est-il que<br />

ses paroles de vérité commencent à faire grincer des<br />

dents... Mais pas chez nous...<br />

CHEZ MONSEIGNEUR FREPPEL.<br />

Nos sœurs nous donnèrent ensuite un bon piquenique,<br />

de quoi refaire nos forces pour l’ultime étape<br />

de notre pèlerinage, Angers, la ville dont chacune des<br />

portes était <strong>au</strong>trefois surmontée d’une effigie de la<br />

Mère de Dieu, et qui se félicitait d’être appelée “ Ville<br />

de Marie ”. C’est bien ce titre de noblesse que ce bon<br />

pasteur de Mgr Freppel s’employa à lui redonner.<br />

Nous devions faire une halte devant la maison de<br />

Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur d’Angers<br />

(cf. encart, p. 25) afin de marcher jusqu’<strong>au</strong> bout sur les<br />

traces de notre bienheureuse, et faire <strong>au</strong>ssi un peu la<br />

connaissance de sa fondatrice, sainte Marie-Euphrasie<br />

Pelletier. Cela ne put se faire, f<strong>au</strong>te de temps, et<br />

intersigne probablement, car que reste-t-il d’une<br />

maison religieuse qui détruit son Calvaire pour le remplacer<br />

par un labyrinthe ? Le troisième secret de<br />

Fatima nous répond : « des cadavres ». C’est donc sans<br />

regret que frère Bruno entraîna tout son monde, plus<br />

de trois cents ce dimanche, dans la maison du seul<br />

vrai Bon Pasteur d’Angers, Mgr Freppel. C’est en<br />

procession <strong>au</strong> chant de “ RAPPELLE-TOI, JEANNE ! ” que<br />

nous avons franchi le seuil de sa cathédrale Saint-<br />

M<strong>au</strong>rice. Permission avait été donnée <strong>au</strong> vicaire d’exposer<br />

le Saint-Sacrement, mais pas à frère Bruno de<br />

conclure, dans la chaire même de Mgr Freppel, ce si<br />

be<strong>au</strong> pèlerinage. « Réaction impulsive et incontrôlée,<br />

<strong>au</strong>ssi bien de couardise que de témérité, si caractéristique<br />

de la peur », diagnostiquerait notre pape<br />

François (cf. AMOUR, SERVICE ET HUM<strong>IL</strong>ITÉ, p. 39).<br />

Mais notre frère ne s’en formalisa pas, et comme<br />

Jésus <strong>au</strong> Saint-Sacrement, il obéit ; mais dans le cœur<br />

de nos amis, pour l’un comme pour l’<strong>au</strong>tre, il n’y<br />

avait que des remerciements, des actions de grâces.<br />

C’est cette effusion, que notre frère Henry qui touchait<br />

l’orgue, et notre frère Thomas qui dirigeait nos chants<br />

les plus exaltants, se sont employés à manifester. <strong>La</strong><br />

puissance et l’harmonie de notre union de charité réveilla<br />

la cathédrale de son silence conciliaire et mit fin<br />

<strong>au</strong> léger brouhaha touristique, pour la plus grande<br />

consolation du bon prêtre qui avait officié : « Vraiment<br />

le Saint Sacrement a été bien honoré. »<br />

Nous sortîmes en procession <strong>au</strong> chant du Père<br />

Marie-Antoine : “ Ô IMMACULÉE ”, et avons ensuite<br />

formé sur le parvis un carré spontané devant frère<br />

Bruno, qui nous adressa, d’abondance du cœur, ces<br />

dernières paroles de conclusion et d’envoi en mission :<br />

« C’est tout à fait merveilleux de finir notre pèlerinage<br />

dans la cathédrale de Mgr Freppel, l’évêque qui<br />

a réveillé tous les souvenirs, tous les pèlerinages que<br />

nous avons faits, tout ce que nous avons visité<br />

pendant ces trois jours. Il fut l’abbé de Nantes de son<br />

époque, c’est pourquoi nous le vénérons et que sa<br />

pensée est vivante, car nous en sommes les héritiers.<br />

Pour nous, et à c<strong>au</strong>se de cela, c’est la plus belle<br />

cathédrale de France !<br />

« Nous pouvons vraiment remercier le Bon Dieu de<br />

nous avoir accueillis dans ces sanctuaires, dans ce<br />

merveilleux diocèse, dans cette cathédrale. Espérons<br />

qu’un jour, ce sera la France tout entière qui revivra<br />

de ces dévotions, du souvenir de ces martyrs et qui en<br />

tirera la leçon pour ressusciter et revivre.<br />

« C’est sûr, absolument, la France ne peut pas<br />

disparaître. Si elle continue comme elle fait maintenant,<br />

elle disparaîtra, donc ça va changer. C’est à<br />

nous d’y travailler de tout notre cœur en priant<br />

surtout la Sainte Vierge, Notre-Dame angevine. »<br />

Ainsi soit-il !<br />

frère Philippe de la Face de Dieu.


LA LIGUE N o 128 - P. 33<br />

CETTE vive exclamation de<br />

l’épouse du CANTIQUE DES<br />

CANTIQUES, de l’Israël pécheresse<br />

à son Dieu toujours fidèle et<br />

miséricordieux, est plus que jamais<br />

celle de l’Église <strong>catholique</strong><br />

romaine pour François, le nouve<strong>au</strong><br />

Vicaire de son Seigneur<br />

Jésus-Christ. Car depuis le 13<br />

mars, c’est la joie et l’allégresse (cf. Ct 1, 4) de la foi et<br />

de la sainte espérance que notre Pape ne cesse de<br />

ranimer, non seulement <strong>au</strong> cœur des heureux pèlerins<br />

de la place Saint-Pierre, toujours <strong>au</strong>ssi nombreux, mais<br />

encore des fidèles par millions, qui comme nous en<br />

commun<strong>au</strong>té, se branchent sur KTO ou <strong>au</strong>tres, afin de<br />

le voir, de prier avec lui et pour lui.<br />

Les enfants de l’Église ne sont donc plus orphelins,<br />

ils ont un Père qui de nouve<strong>au</strong> leur parle simplement<br />

et avec ferveur du salut des âmes, de la joie que Dieu<br />

éprouve à faire miséricorde <strong>au</strong>x pécheurs qui lui<br />

avouent leurs f<strong>au</strong>tes, de la résurrection sans laquelle<br />

notre espérance est vaine. Son discours n’est pas académique<br />

et il n’hésite pas à joindre le geste, le sourire<br />

à la parole : « Tenez bon la corde qui vous relie et<br />

vous ancre à la patrie céleste... Il ne f<strong>au</strong>t pas avoir<br />

peur des difficultés dans la vie. Il f<strong>au</strong>t les affronter<br />

comme le gardien de but face <strong>au</strong> ballon », etc. Chaque<br />

<strong>au</strong>dience apporte son lot de vérités - charités <strong>catholique</strong>s<br />

simplement et aimablement rappelées : Tout le<br />

monde comprend, tout le monde aime !<br />

Et lorsque le pape François nous demande d’avoir<br />

« le courage d’aller à contre-courant », la phalange de<br />

l’Immaculée lui répond à la suite de notre frère Bruno<br />

et avec toute l’Église : Oui vraiment François, « Entraîne-nous<br />

sur tes pas, courons ! » (Ct 1, 4) C’est ainsi<br />

que depuis le 13 mars notre Frère prieur ne cesse, jour<br />

après jour, de nous entraîner, à « contre-courant », sur<br />

les pas du Saint-Père grâce <strong>au</strong> petit livre du cardinal<br />

Bergoglio, “ AMOUR, SERVICE ET HUM<strong>IL</strong>ITÉ ”, ou encore<br />

<strong>au</strong> moyen de textes traduits de l’espagnol par nos<br />

sœurs, et de plus en plus souvent désormais à la<br />

faveur de ses homélies ou <strong>au</strong>diences du mercredi. Cela<br />

fut une grande consolation pour nous, et cela le sera<br />

pour les abonnés <strong>au</strong>x LOGIA, que d’entendre notre frère<br />

nous montrer combien nombreuses et fondées sont les<br />

raisons d’aimer notre bon pape François, et d’<strong>au</strong>tre<br />

part combien il <strong>au</strong>ra besoin de la doctrine totale de<br />

notre bien-aimé Père, docteur mystique de la foi <strong>catholique</strong>,<br />

pour étayer, prolonger ses meilleures intuitions<br />

doctrinales ou pastorales, déceler <strong>au</strong>ssi les illusions et<br />

les f<strong>au</strong>x principes qui les menacent... C’est assez dire<br />

que notre frère Bruno surclasse tous les “ vaticanistes ”<br />

de profession ou “ d’improvisation ” en in<strong>au</strong>gurant, en<br />

« COMME ON A RAISON DE T’AIMER ! » ( Ct 1, 4 )<br />

disciple de notre Père, un filial et très ecclésial soutien<br />

et service du pape François pour la Renaissance de<br />

l’Église.<br />

« Ne boudons pas notre joie ! et avançons courageusement<br />

vers la Croix, à la suite du pape<br />

François », tel est l’ordre de marche que notre frère<br />

Bruno impulse à la Phalange de l’Immaculée. Nos amis<br />

le comprennent bien, certains mieux que d’<strong>au</strong>tres, mais<br />

voici le témoignage de celle qui reçut, bonne première,<br />

la grâce singulière de comprendre et d’aimer, c’est tout<br />

un, le “ don de Dieu ” <strong>au</strong>x enfants de son Église.<br />

Gageons qu’elle ne fut pas la seule de par le monde et<br />

donc ne « boudons pas notre joie » : Merci mon frère...<br />

« UN PÈRE POUR SES ENFANTS ! »<br />

Cher Frère Bruno,<br />

Merci à vous et à tous ceux qui ont contribué à la<br />

rédaction du no 127 d’<strong>IL</strong> <strong>EST</strong> <strong>RESSUSCITÉ</strong>, d’avril 2013.<br />

C’est avec une impatience fébrile que j’attendais<br />

vos premiers témoignages sur notre nouve<strong>au</strong> Pape,<br />

François. Le soir de l’élection pontificale, je regardais<br />

en différé – un peu découragée par avance des résultats<br />

du conclave – l’annonce de notre nouve<strong>au</strong> Pape,<br />

afin de recueillir sa bénédiction urbi et orbi. J’attendais<br />

confortablement assise l’apparition du nouve<strong>au</strong><br />

Pape <strong>au</strong>x fenêtres vaticanes, lorsqu’un incroyable élan<br />

m’a fait me lever en l’apercevant... et puis pleurer.<br />

Agenouillée pour la bénédiction, je n’en revenais pas<br />

de prier en écho avec un Pape les trois prières fondamentales<br />

apprises <strong>au</strong> berce<strong>au</strong>. Ce fut un véritable bouleversement,<br />

une sorte de « révélation » de ce qu’est un<br />

père pour ses enfants. Le nom de « Bergoglio » ne<br />

m’était pas étranger... Votre site internet, admirablement<br />

fait, me l’a effectivement rappelé.<br />

Cet « évêque de Rome » comme n’a cessé de se<br />

définir ce soir-là notre pape François, est empreint<br />

d’une bonté et d’une simplicité magnétiques, mais<br />

surtout évangéliques, capables de toucher à coup sûr<br />

be<strong>au</strong>coup d’âmes, même récalcitrantes et plus encore,<br />

capables de remporter les suffrages de nos cohortes<br />

d’athées ou d’égarés, en quête <strong>au</strong> plus profond d’ellesmêmes<br />

de simplicité, de droiture et de Vérité.<br />

De grâce, ne nous permettons pas, nous laïcs, de<br />

(trop vite) juger notre Saint-Père et reconnaissons<br />

que plus il sera hésitant dans sa démarche totale de<br />

Rénovation de l’Église, plus nous <strong>au</strong>rons à cœur de le<br />

soutenir par la prière confiante et fervente... et moins<br />

vite les forces du mal veilleront à nous priver une nouvelle<br />

fois du Don de Dieu fait homme et pape. Un<br />

Souverain Pontife du vingt et unième <strong>siècle</strong> qui parle<br />

de « Paraclet », de « Croix », et nous défend du<br />

« diable, des démons », et n’omet jamais en fin d’ho-


MAI 2013 N o 128 - P. 34<br />

mélies ( tellement accessibles et addictives) de prier<br />

la Madone, c’est déjà be<strong>au</strong>coup ! C’est pour nous, à<br />

notre petit nive<strong>au</strong>, un immense encouragement dans<br />

notre lot quotidien d’épreuves dues à la christianophobie<br />

ambiante ( blasphèmes, provocations, railleries,<br />

stigmatisation, marginalisation...) : notre foi s’en<br />

trouve confirmée et renouvelée dans un esprit de<br />

p<strong>au</strong>vreté et de simplicité qui nous fait tant déf<strong>au</strong>t.<br />

Voyez comme c’est étonnant : c’est Georges-Marie<br />

Bergoglio qui m’<strong>au</strong>ra fait reprendre contact (par la<br />

lecture et la correspondance) avec la famille et l’œuvre<br />

de Georges-Marie de Nantes... Décidément, notre Pape<br />

est imprévisible !<br />

Avec vous et les commun<strong>au</strong>tés, j’espère de toute<br />

mon âme de la part de notre bien-aimé François une<br />

réponse à votre récente lettre ouverte qui affermisse<br />

vos légitimes et persévérantes espérances, également<br />

nôtres : « <strong>IL</strong> REVIENDRA avec son cœur immense, avec<br />

son cœur de flamme, son âme de p<strong>au</strong>vre et son sourire.<br />

<strong>IL</strong> REVIENDRA ! Et le Cœur Immaculé de Marie<br />

triomphera ! »<br />

En union de prières dans le Cœur Immaculé de<br />

notre Madone très compatissante,<br />

C. S.<br />

JOIES D’AVR<strong>IL</strong><br />

Le premier avril, lundi de Pâques et clôture de la<br />

Retraite de Semaine sainte, notre Père mit tant de<br />

conviction et d’enthousiasme à nous entretenir de la<br />

résurrection de Jésus et du bonheur du Ciel, que nos<br />

amis, si heureux chez nous, tardèrent tant et plus à<br />

s’en retourner dans le monde. Quelques jours plus<br />

tard, un fort contingent de phalangistes prit la relève<br />

pour assister <strong>au</strong>x exercices de la dévotion réparatrice<br />

des premiers samedis du mois et consoler ainsi le<br />

Cœur Immaculé de Marie ; les uns pour se réjouir<br />

<strong>au</strong>ssi de voir leur fille ou leur sœur prendre l’habit de<br />

notre ordre, les <strong>au</strong>tres pour assister à la profession<br />

temporaire de la leur, tous pour savoir ce que notre<br />

frère Bruno pensait du pape François.<br />

LE SAINT-PÈRE FRANÇOIS CHEZ LUI CHEZ NOUS.<br />

Il fut littéralement présent tout <strong>au</strong> long de cette fin<br />

de semaine en la personne de notre frère Bruno qui le<br />

fit prêcher pour ainsi dire matin et soir pour la plus<br />

grande joie de tous. Nos amis étaient venus pour<br />

écouter notre Père leur communiquer « tendresse et<br />

dévotion » par le dévoilement du mystère de la circumincessante<br />

charité divine, eucharistique et mariale.<br />

Et voici que frère Bruno ajoutait à ces deux blancheurs,<br />

celle qui manquait pour opérer le salut de l’Église tel<br />

que l’a entrevu prophétiquement saint Jean Bosco. Oui<br />

vraiment, la circumincessante charité divine en ses<br />

miséricordieux épanchements n’était plus seulement<br />

eucharistique et mariale, désormais elle était <strong>au</strong>ssi papale.<br />

Ceux qui n’osaient le croire ne pouvaient plus en<br />

douter, et la joie se lisaient sur les visages, celui de<br />

notre Frère prieur assurément, ce qui fit dire à l’un de<br />

nos amis : « Frère Bruno a rajeuni de vingt ans ! »<br />

Le sermon de la messe de samedi porta sur la<br />

devise du pape François : “ Miserando atque eligendo<br />

”. À la différence de ses prédécesseurs qui firent<br />

toujours le contraire des obligations de leur devise,<br />

qu’il s’agisse d’être tout à la Sainte Vierge ou tout <strong>au</strong><br />

service de la vérité, nous sommes avec le bon pape<br />

François dans la simplicité cordiale, relationnelle d’une<br />

<strong>au</strong>thentique grâce qui décida de toute sa vie. C’est ce<br />

bonheur profond qu’il veut communiquer à l’Église<br />

tout entière : l’expérience de l’amour miséricordieux du<br />

Bon Dieu. Le jeune Bergoglio en reçut un jour le choc<br />

après l’aveu de ses f<strong>au</strong>tes en confession. « Dieu nous<br />

attend toujours le premier », comme le père de l’enfant<br />

prodigue, et c’est cette bonté qui l’a décidé à suivre le<br />

Seigneur en s’engageant dans la vie religieuse. Il a<br />

donc été « appelé parce que pardonné ».<br />

Frère Bruno nous ravira en nous montrant que le<br />

pape François et notre bien-aimé Père sont non seulement<br />

en communion de pensées, mais qu’ils ont<br />

surtout le même cœur, la même délicatesse d’âme,<br />

radicale, et la même façon drôle de s’accuser de<br />

leurs f<strong>au</strong>tes : « À cette époque, je me prenais pour<br />

Tarzan !... » Si c’est votre cas ou si vous voulez en<br />

savoir plus, abonnez-vous <strong>au</strong>x LOGIA...<br />

Lors du sermon de l’après-midi et pour nourrir le<br />

quart d’heure de méditation demandé par la Sainte<br />

Vierge, frère Bruno nous démontra par tant et tant de<br />

paroles du pape François que celui-ci a une foi sans<br />

peur ni reproche, <strong>au</strong> rebours de tout défaitisme et<br />

repentance conciliaires. « Notre foi est révolutionnaire<br />

», c’est « une action de combat » « Le triomphe<br />

chrétien est toujours une croix, mais une croix dressée<br />

comme une bannière de victoire », etc. « Mais on croirait<br />

entendre l’abbé de Nantes s’exclame frère Bruno,<br />

c’est magnifique : on voit que c’est le Saint-Esprit qui<br />

le meut, et dire que c’est ce qu’il a prêché <strong>au</strong>x<br />

évêques espagnols en 2006 ?! »<br />

Lors de l’oraison du lendemain, frère Bruno nous<br />

montra que le Pape va encore plus loin dans la pastorale<br />

de <strong>Contre</strong>-<strong>Réforme</strong> en brossant le portrait robot de<br />

l’évêque et des obligations qu’il doit satisfaire. Saint<br />

Charles Borromée ne parlait pas <strong>au</strong>trement... Le cardinal<br />

Bergoglio consacre ensuite tout un chapitre à « l’esprit<br />

du monde ou l’anti-règne ». Se rend-il compte qu’il<br />

prend le contre-pied du Concile et de sa pastorale<br />

d’ouverture <strong>au</strong> monde ? Il est radical comme le sont les<br />

saints, et lorsqu’il cite les paroles de saint Jean ou de<br />

saint P<strong>au</strong>l contre le monde, ce n’est pas pour <strong>au</strong>ssitôt les<br />

contredire ou les atténuer selon la conciliaire habitude<br />

de ses prédécesseurs, mais pour abonder dans le sens<br />

obvie de la Parole de Dieu : « N’entrez pas dans les<br />

schémas du monde ! » Le mot est d’<strong>au</strong>tant mieux choisi,<br />

dira frère Bruno, que c’est le fameux “ Schéma treize ”<br />

qui fut à l’origine de GAUDIUM ET SPES...


MAI 2013 N o 128 - P. 35<br />

PRISE D’HABIT ET PROFESSION TEMPORAIRE.<br />

Le 7 avril, lors de la messe solennelle du dimanche<br />

in albis, Isabelle More<strong>au</strong> reçut le bel habit de nos<br />

sœurs, <strong>au</strong> terme d’un “ cheminement ” somme toute<br />

analogue à celui du Saint-Père comme notre frère<br />

Bruno le lui avait fait comprendre à mots couverts,<br />

l’avant-veille, en réponse à sa coulpe. Notre sœur<br />

ayant reçu le très cordial pardon de son Frère prieur :<br />

Miserando, il ne lui restait plus qu’à obtenir de lui<br />

son nom d’éternité, sa vocation : atque Eligendo. Elle<br />

est donc désormais parmi nous SŒUR CÉC<strong>IL</strong>E DE LA<br />

RÉSURRECTION.<br />

Après le chant de l’Évangile ce fut <strong>au</strong> tour de notre<br />

SŒUR JACINTHE MARIE DE FATIMA d’entendre l’exhortation<br />

composée par notre Père, et qui révèle si bien le<br />

sens profond de l’alliance qui se nouait liturgiquement<br />

sous nos yeux par les signes du voile blanc et du<br />

scapulaire frappé du Cœur et de la Croix de Jésus.<br />

Notre frère Bruno, qui avait laissé prêcher notre<br />

Père pour ainsi dire, ne laissa pas passer son tour. Il<br />

nous raconta ensuite brièvement la vie de sainte Cécile,<br />

cette vierge pure et noble romaine du deuxième<br />

<strong>siècle</strong> qui réussit le prodige de « virginiser », dira<br />

sainte Thérèse avec admiration, le cœur de Valérien,<br />

l’époux qui respectera le mystère de son vœu de virginité.<br />

<strong>La</strong> foi et la charité de la vierge Cécile épouse de<br />

son unique Seigneur Jésus, se communiquera si bien à<br />

Valérien qu’il se fit baptiser, entraînant à sa suite son<br />

frère Tiburce, puis ce fut le martyre qui vite, vite les<br />

unira tous trois <strong>au</strong> Ciel pour un cœur à cœur d’infinie<br />

pureté et ardeur... <strong>La</strong> liturgie romaine, d’habitude si<br />

sobre, en délire d’enthousiasme, et notre Père <strong>au</strong>ssi<br />

reconnaissait en sainte Cécile une âme sœur qui vérifiait<br />

si bien son enseignement sur la pureté positive et<br />

la circumincessante charité.<br />

Le chant solennel du MAGNIFICAT clôtura ces magnifiques<br />

cérémonies qui avaient duré très longtemps, les<br />

aiguilles des montres le proclamaient sans s’en plaindre,<br />

comme nous tous d’ailleurs. Le temps avait donc<br />

filé, filé comme il arrive quand se célèbre, se vit, se<br />

goûte la circumincessante charité divine, eucharistique<br />

et mariale, familiale et fraternelle... Celle-ci se donna<br />

une fois encore à admirer pendant la procession de<br />

sortie lorsque nos amis et nos sœurs virent qu’à l’imitation<br />

du Saint-Père, notre cher célébrant ne se privait<br />

pas de tapoter paternellement les têtes enfantines<br />

lorsque celles-ci émergeaient du banc familial, pour<br />

voir... Sainte imposition des mains du Bon Pasteur sur<br />

ses agne<strong>au</strong>x, source de grâce assurément...<br />

Lors du sermon des vêpres, notre frère Bruno s’attacha<br />

à commenter le titre de noblesse de notre sœur :<br />

« Ainsi, rien que par votre nom, vous témoignerez, en<br />

disciple de notre Père, que la Résurrection est bien un<br />

fait historique, car si le Christ n’est pas réellement ressuscité,<br />

notre foi est vaine ! Mais vous <strong>au</strong>rez <strong>au</strong>ssi pour<br />

vocation particulière de rappeler par votre nom avec<br />

quelle foi et quelle espérance notre Père n’a cessé<br />

d’annoncer la résurrection de l’Église alors qu’il n’a<br />

connu que nos temps de désorientation diabolique. En<br />

2003, notre Père disait en admirant la photo du<br />

cardinal Bergoglio, que c’était celle d’un saint. Il a<br />

donc vu, de loin, la résurrection de l’Église. Maintenant,<br />

elle peut s’opérer par ce Pape, s’il est fidèle à<br />

Jésus et s’il remet tout entre les mains de l’Immaculée,<br />

pour triompher des hérésies qui infestent l’Église<br />

et la rest<strong>au</strong>rer dans son antique splendeur.<br />

« Ce sera votre vocation, ma sœur, de prier pour le<br />

Saint-Père, avec notre sœur Jacinthe-Marie, maintenant<br />

revêtue du voile blanc, et du scapulaire marqué du<br />

Cœur et de la Croix, afin de l’aider dans sa lourde<br />

tâche et dans les persécutions qu’il <strong>au</strong>ra certainement à<br />

subir, si les prophéties de Jacinthe de Fatima s’accomplissent,<br />

ainsi que le troisième Secret de Notre-Dame. »<br />

DES ACTUALITÉS ENTHOUSIASMANTES !<br />

Lors de sa conférence d’ACTUALITÉS, frère Bruno<br />

nous communiqua son enthousiasme pour notre pape<br />

François en l’étayant sur des raisons solides. Son analyse<br />

rejoint et complète celle des meilleurs chroniqueurs<br />

religieux pour reconnaître objectivement que<br />

sous l’égide de saint François et de saint Ignace nous<br />

avons un Pape qui réoriente prudemment l’Église dans<br />

les voies d’une salutaire <strong>Contre</strong>-<strong>Réforme</strong> <strong>catholique</strong>.<br />

Quant à sa pensée politique, frère Bruno est le<br />

premier à en démontrer le caractère contre-révolutionnaire,<br />

elle est empreinte d’un nationalisme religieux<br />

proche de celui de notre Père, en vigoureuse<br />

réaction contre le mondialisme anglo-saxon.<br />

Le temps de la réconciliation est donc venu, ce<br />

sera <strong>au</strong>ssi celui de l’espérance surnaturelle, car notre<br />

frère pressent bien que la contre-attaque du démon ne<br />

tardera pas...<br />

LE SAINT QUE DIEU NOUS A DONNÉ<br />

Le 18 avril à Paris, CRS et CRC se côtoyèrent<br />

chacun poursuivant sa mission. Luctus et angor pour<br />

les CRS qui quadrillaient les rues du sixième arrondissement<br />

afin de canaliser les partisans de la “ manif pour<br />

tous ”, avec comme dommage collatéral d’<strong>au</strong>gmenter<br />

les embouteillages : tumultes, impatiences, colères, vaines<br />

agitations d’un monde angoissé. GAUDIUM ET SPES,<br />

en revanche pour les CRC, qui à l’instigation de frère<br />

François se retrouvèrent une bonne centaine dans un<br />

véritable havre de paix pour accueillir notre frère Bruno<br />

et l’entendre parler du seul homme capable de ramener<br />

la joie et l’espérance de l’ordre dans l’Église et dans le<br />

monde entier, notre bon pape François : LE SAINT QUE<br />

DIEU NOUS A DONNÉ (cf. éditorial, p. 1-10).<br />

Au terme de cette conférence, nos amis qui avaient<br />

tout d’abord été très impressionnés par les paroles<br />

cinglantes du Saint-Père <strong>au</strong> sujet de ceux qui résistaient<br />

à Vatican II, comprirent qu’elles avaient été pro-


MAI 2013 N o 128 - P. 36<br />

voquées par ce « sot » de Mgr Fellay, tellement aveuglé<br />

par les intérêts de sa “ boutique ” qu’il ne voit pas<br />

ceux de l’Église, majeurs, que le Christ défend en ce<br />

moment par le truchement de son courageux Vicaire.<br />

Notre frère fut donc chaleureusement appl<strong>au</strong>di et remercié<br />

; puis après une période de questions, et alors<br />

que les conversations s’éternisaient dans le calme de<br />

la nuit, le gardien des lieux nous demanda gentiment<br />

de prendre souci...<br />

DES PÈLERINS HEUREUX<br />

Bien cher frère Bruno,<br />

Sans attendre après notre pèlerinage, toute la famille<br />

vous remercie pour ces belles journées de dévotion,<br />

d’instruction et d’amitié.<br />

Découvrir la concordance entre la doctrine du pape<br />

François et celle de notre Père nous remplit de joie.<br />

Certes, notre appartenance à la CRC a toujours été<br />

une joie, mais qui provenait du soutien et du réconfort<br />

que les enseignements de notre Père nous apportaient<br />

dans notre isolement et notre angoisse. C’est désormais<br />

une jubilation intime d’être les premiers à<br />

deviner, grâce à ces enseignements, l’<strong>au</strong>rore de la<br />

renaissance de l’Église. C’est le cas de dire, comme<br />

Jeanne d’Arc, que notre Père « ne nous a pas<br />

trompés » puisque, sans rien modifier de nos convictions,<br />

nous voici en pleine communion avec le Pape.<br />

Quel soulagement et quelle émotion ! Et que nous<br />

prions volontiers pour ce p<strong>au</strong>vre Saint-Père !<br />

En grande union de prières et avec notre affection,<br />

Famille B.<br />

PREMIER SAMEDI AVEC LE PAPE FRANÇOIS<br />

Ce fut le privilège de nos amis venus voir et entendre<br />

notre bien-aimé Père nous livrer le cœur de son<br />

cœur en ses dernières conférences de retraite sur la<br />

circumincessante charité – nous y reviendrons le mois<br />

prochain –, que de pouvoir faire les pieux exercices<br />

du premier samedi de mois de Marie avec le Saint-<br />

Père en personne pour ainsi dire.<br />

Frère Bruno en exprima le désir, frère Sébastien le<br />

réalisa, et tous nous nous retrouvâmes devant le grand<br />

écran de la bibliothèque, et donc à Rome même, dans<br />

le chœur de la basilique Sainte-Marie-Majeure avec le<br />

bon pape François et ses paroissiens : cardin<strong>au</strong>x,<br />

évêques, prêtres, religieux et religieuses, messieurs et<br />

dames de divers rangs et conditions, priant avec eux,<br />

méditant comme eux devant l’icône de la Salus populi<br />

romani, heureux de voir notre Saint-Père aimer notre<br />

Divine Mère, et le lui manifester par un petit salut de<br />

LES NOUVEAUTÉS DU MOIS<br />

1 VIDÉO (2 heures) : achat 12 e, location 4 e .<br />

1 VIDÉO (3 heures) : achat 18 e, location 6 e .<br />

DVD : achat 7.50 e.<br />

AUDIO – CASSETTES : location (uniquement) 1.50 e .<br />

CD : achat 5 e.<br />

Ajouter le prix du port. <strong>La</strong> durée de la location est de deux mois.<br />

CONFÉRENCES MENSUELLES À LA MAISON SAINT-JOSEPH.<br />

AVR<strong>IL</strong> 2013<br />

ACT. LE PAPE FRANÇOIS.<br />

B 68. LES FRUITS ARTISTIQUES<br />

Directeur de la publication : Frère Gérard Cousin. Commission paritaire 0313 G 80889.<br />

Impression : Association <strong>La</strong> <strong>Contre</strong>-<strong>Réforme</strong> Catholique.<br />

F - 10 260 Saint-Parres-lès-V<strong>au</strong>des. – http://www.site-crc.com<br />

ABONNEMENT 30 e, étudiants 18 e, soutien 60 e.<br />

POUR LES PAYS D’EUROPE 36 e, AUTRES PAYS 60 e, par avion 70 e.<br />

1 DVD – 1 cassette – 1 CD.<br />

D’UNE RENAISSANCE CATHOLIQUE.<br />

ACT – B 68 : 1 vidéo, 2 heures.<br />

1 DVD – 1 cassette – 1 CD.<br />

CAMP -RETRAITE DE LA COMMUNION PHALANGISTE 2012<br />

PC 75. LA PAROLE DE DIEU.<br />

AVR<strong>IL</strong> 2013<br />

5. LA MISSION PROPHÉTIQUE.<br />

6. LA COMMUNAUTÉ SAINTE.<br />

7. LE CANTIQUE DES CANTIQUES.<br />

1 vidéo, 3 heures – 3 DVD – 3 cassettes – 3 CD.<br />

la main tout en tendresse et dévotion. Frère Bruno en<br />

était ravi : « C’est un défi lancé à tous les railleurs. Et<br />

il fait ça en mondiovision, devant les caméras ?! Que<br />

ce soit dans sa personne ou dans sa prédication, notre<br />

Saint-Père n’a <strong>au</strong>cun respect humain. »<br />

Nos frères et sœurs de Fons, de Frébourg et du<br />

Canada, étaient <strong>au</strong>ssi avec nous, devant leurs écrans<br />

respectifs, dans une même union de pensées et de<br />

prières : « Comment ne pas penser, nous écrira frère<br />

Marc, en entendant monter si simplement les AVE de<br />

cette petite foule, <strong>au</strong> grand secret de Fatima et <strong>au</strong><br />

songe de don Bosco ? Nul doute que le retour vers<br />

“ Rome ” est amorcé... »<br />

C’est bien pourquoi, nous expliquera frère Bruno,<br />

nous devons « mettre notre logiciel à jour », passer de<br />

la <strong>Contre</strong>-<strong>Réforme</strong> à la Renaissance <strong>catholique</strong>, pour<br />

être ainsi à l’unisson du cœur fidèle de notre Saint-<br />

Père, et plus que jamais prier pour lui Notre-Dame de<br />

Fatima, d’ici le 13 mai, et en ce jour même, afin<br />

qu’elle le prenne, lui et son pontificat, sous la protection<br />

de son Cœur Immaculé.<br />

frère Philippe de la Face de Dieu.

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