IL EST RESSUSCITÉ ! - La Contre-Réforme catholique au XXIe siècle
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<strong>La</strong> <strong>Contre</strong>-<strong>Réforme</strong> Catholique <strong>au</strong> XXI e <strong>siècle</strong><br />
<strong>IL</strong> <strong>EST</strong> <strong>RESSUSCITÉ</strong> !<br />
N o 128 - Mai 2013 Rédaction : frère Bruno Bonnet-Eymard Mensuel. Abonnement : 30 e<br />
Il est revenu avec son cœur immense, avec son cœur de flamme, son âme de<br />
p<strong>au</strong>vre et son sourire. Il est revenu ! Et le Cœur Immaculé de Marie triomphera !<br />
LE SAINT QUE DIEU NOUS A DONNÉ<br />
Le pape François, à la fin de sa Messe d’intronisation, place Saint-Pierre.<br />
« En ces temps de turbulence spirituelle, le refuge le plus sûr est sous le<br />
mante<strong>au</strong> de la Sainte Vierge. » (pape François) © A. GIULIANI/CPP/CIRIC
MAI 2013 N o 128 - P. 2<br />
Conférence prononcée à Paris, le jeudi 18 avril 2013,<br />
DANS les premières années du vingtième <strong>siècle</strong>, à<br />
Fatima, la petite Jacinthe multipliait prières<br />
et sacrifices « pour le Saint-Père », avec son frère<br />
François et sa cousine Lucie. Le premier geste du pape<br />
François fut de l’imiter en demandant à son peuple<br />
rassemblé le 13 mars <strong>au</strong> soir place Saint-Pierre pour<br />
l’acclamer, non pas de le “ bénir ”, comme l’ont dit<br />
certains journalistes, mais de « prier » pour lui.<br />
Les voyants de Fatima avaient une raison particulière<br />
de prier « pour le Saint-Père » : le grand “ secret ” que leur<br />
avait confié Notre-Dame le 13 juillet 1917 leur montrait<br />
en effet « un évêque vêtu de blanc » correspondant en tout<br />
point à ce que nous voyons depuis trente-cinq jours.<br />
« Nous eûmes le pressentiment que c’était le Saint-<br />
Père », écrit Lucie, sans que cela paraisse explicitement,<br />
car c’était plutôt « un évêque », quoique vêtu de blanc...<br />
L’incertitude est la même pour nous, car François préfère<br />
l’appellation d’ « évêque de Rome » à celle de<br />
« Pape » pour une raison, dans une pensée profonde<br />
qu’il nous f<strong>au</strong>t discerner.<br />
Cette pensée est contenue dans la formule par<br />
Il le fait, depuis son élection, tous les jours, en<br />
chacune de ses homélies, <strong>au</strong>diences, Regina Cæli.<br />
Mais d’abord, l’omission de la « position élevée ». Au<br />
bénéfice de “ Dame p<strong>au</strong>vreté ”. Déjà, à Buenos Aires,<br />
racontent les journalistes, « il n’utilisait pas le bure<strong>au</strong><br />
destiné à l’archevêque, bure<strong>au</strong> spacieux <strong>au</strong> deuxième<br />
étage qui, bien que sobre, pourrait donner une sensation<br />
de pouvoir et même de supériorité. Il utilise cette pièce<br />
comme une sorte de débarras. Son bure<strong>au</strong> à lui est situé<br />
<strong>au</strong> même étage mais dans une pièce très modeste, encore<br />
plus petite que le secrétariat [ tiens ! comme la “ loge de<br />
concierge ” de notre Père] mais ce n’est pas sa secrétaire<br />
qui remplit l’agenda, c’est lui-même qui prend note sur<br />
son carnet de poche. Son petit bure<strong>au</strong> est bien en ordre.<br />
Sous une vitre on peut voir quelques photos de son<br />
activité pastorale dont une, très émouvante, d’un aborigène<br />
p<strong>au</strong>vre du nord de l’Argentine.<br />
« À l’étage <strong>au</strong>-dessus se trouve sa chambre, la même<br />
qu’il occupait comme vicaire général. Extrêmement <strong>au</strong>stère<br />
: un simple lit de bois, le crucifix offert par ses<br />
grands-parents, Rosa et Juan, et un petit ch<strong>au</strong>ffage électrique<br />
car, bien que l’immeuble soit ch<strong>au</strong>ffé, il ne permet<br />
pas qu’on l’allume en l’absence du personnel. <strong>La</strong><br />
pièce est bien ordonnée. “ Une dame vient faire le<br />
ménage chaque mardi ”, nous dit-il. Il va de soi qu’il<br />
fait lui-même son lit chaque matin. Juste en face, séparée<br />
par un petit couloir <strong>au</strong> fond duquel, sur un piédestal<br />
se trouve une très belle statue d’un Christ assis<br />
[ le Christ <strong>au</strong>x outrages], le “ CHRIST DE LA PATIENCE ”<br />
par frère Bruno de Jésus-Marie.<br />
laquelle le cardinal Agostino Vallini, son vicaire général<br />
pour Rome, l’a accueilli le 7 avril dans sa cathédrale<br />
d’évêque de Rome, à Saint-Jean-du-<strong>La</strong>tran, lui rappelant<br />
sa mission de successeur de saint Pierre, « le rocher sur<br />
lequel est fondée l’Église, qui confirme dans la vérité<br />
de la foi tous les frères, préside dans la charité toutes<br />
les Églises, et guide chacun avec une douceur ferme<br />
sur les voies de la sainteté ».<br />
<strong>La</strong> formule présente une différence significative avec<br />
celle qui était usitée jusque-là : « Comme le vigneron<br />
surveille, d’un lieu élevé, la vigne, tu es dans une position<br />
élevée pour gouverner et garder le peuple qui t’est confié.<br />
» <strong>La</strong> différence tient à l’omission de la “ position<br />
élevée ”, et à la définition de sa mission en trois mots :<br />
1 o Confirmer tous les frères dans la vérité de la foi.<br />
2 o Présider dans la charité toutes les Églises.<br />
3 o Guider chacun avec une douceur ferme sur les<br />
voies de la sainteté »... dans l’espérance du Ciel ? Ce<br />
n’est pas précisé, mais c’est sous-entendu.<br />
En trois mots : confirmer, présider, guider. C’est<br />
signé ! FOI, CHARITÉ, ESPÉRANCE.<br />
« CONFIRMER DANS LA VÉRITÉ DE LA FOI<br />
TOUS LES FRÈRES »<br />
[patience à supporter les outrages], vertu qu’il chérit<br />
particulièrement, se trouve sa chapelle privée, dépouillée,<br />
elle <strong>au</strong>ssi. Enfin, dans une pièce attenante, la<br />
bibliothèque remplie de livres et de papiers. Le cardinal<br />
nous dit qu’il met de l’ordre dans ses papiers “ afin de<br />
ne pas laisser du travail après ma mort ”. Il jette la<br />
plupart de ses écrits : “ Je veux quitter ce monde en y<br />
laissant le moins de choses possible. ” Cependant, il a<br />
permis que soit conservé un de ses écrits. Le papier en<br />
est décoloré, c’est une émouvante PROFESSION DE FOI<br />
qu’il a écrite “ dans un moment de grande ardeur spirituelle<br />
”, peu de temps avant son ordination et qu’il<br />
signerait encore <strong>au</strong>jourd’hui. »<br />
LA VÉRITÉ DE LA FOI.<br />
• « “ Je veux croire en Dieu le Père, qui m’aime<br />
comme un fils, et en Jésus, Notre-Seigneur, qui a pénétré<br />
ma vie de son Esprit pour me faire sourire et<br />
m’emmener ainsi jusqu’<strong>au</strong> règne de l’éternelle vie. ” »<br />
Le Ciel, le voilà !<br />
• « “ Je crois en mon histoire qui fut traversée par<br />
le regard d’amour de Dieu qui, un jour de printemps<br />
[dans l’hémisphère Sud les saisons sont inversées], le 21<br />
septembre, est venu à ma rencontre pour m’inviter à le<br />
suivre. ” »<br />
C’était le jour de la fête de saint Matthieu. Avant de<br />
retrouver des amis avec lesquels il avait rendez-vous,<br />
il s’arrêta dans une église, y rencontra un prêtre, se<br />
confessa... et entendit l’appel à la vie religieuse.
MAI 2013 N o 128 - P. 3<br />
« Il se passa quelque chose » : l’expérience de la<br />
miséricorde, en vertu de laquelle il comprit que « Dieu<br />
nous attend le premier ». Il ne rejoignit pas ses amis.<br />
Décida qu’il serait religieux. Pourquoi dans la Compagnie<br />
de Jésus ? Attiré par sa force conquérante <strong>au</strong><br />
sein de l’Église, par le vœu d’obéissance qui donne<br />
pleine efficacité à cet élan missionnaire. Il <strong>au</strong>rait voulu<br />
aller <strong>au</strong> Japon, mais sa faible santé le lui interdit.<br />
Et voici les “ voies de la sainteté ” où l’engage sa<br />
vocation :<br />
• « “ Je crois en ma souffrance, si peu féconde à<br />
c<strong>au</strong>se de mon égoïsme en lequel je me réfugie. ” »<br />
Quelques années après l’événement du 21 septembre,<br />
il se débattit pendant trois jours entre la vie<br />
et la mort. Brûlant de fièvre, il étreignait sa mère et<br />
lui demandait : « Maman ! dis-moi ce qui m’arrive. »<br />
Finalement, les médecins diagnostiquèrent une pneumonie<br />
très grave : trois kystes nécessitèrent l’ablation<br />
d’une partie du poumon droit. Tous les jours, il fallait<br />
injecter du sérum pour nettoyer la plèvre et les cicatrices.<br />
À cette époque, les sondes étaient connectées à un<br />
tuy<strong>au</strong> pour aspirer tout cela. Les douleurs étaient <strong>au</strong>x<br />
limites du supportable.<br />
Le jeune Bergoglio n’appréciait guère les paroles de<br />
circonstance : « Ça va passer ! » « Qu’est-ce que tu vas<br />
être content quand tu vas rentrer à la maison », etc.<br />
Un jour, une certaine visiteuse, échappant <strong>au</strong>x<br />
phrases toutes faites, le réconforta réellement. C’était<br />
une religieuse qui l’avait préparé à la première communion<br />
et qu’il n’avait jamais oubliée : sœur Dolores.<br />
« Elle me dit quelque chose qui demeura gravé dans<br />
mon cœur et qui me rendit une grande paix : “ Tu es en<br />
train d’imiter Jésus ! ” »<br />
« <strong>La</strong> douleur serait donc une bénédiction si on l’assume<br />
chrétiennement ? » demande le journaliste. Et le<br />
cardinal de répondre :<br />
« <strong>La</strong> souffrance n’est pas une vertu en elle-même<br />
mais la manière avec laquelle on l’accepte peut-être<br />
vertueuse. Notre vocation est la plénitude et la félicité<br />
[« non pas en ce monde, disait Notre-Dame de Lourdes à<br />
Bernadette, mais en l’<strong>au</strong>tre » ] et quand nous la poursuivons,<br />
la souffrance est une limite. C’est pourquoi le<br />
sens de la souffrance, on ne le comprend parfaitement<br />
qu’à travers la douleur du Dieu fait homme, Jésus-<br />
Christ. »<br />
• « “ Je crois en l’insignifiance de mon âme qui<br />
cherche à attraper sans donner... sans donner. ” »<br />
Nous sommes très loin du “ JE CROIS EN L’HOMME ”<br />
dont les journalistes ont fait le titre de leur bouquin ! À<br />
moins d’ajouter le mot “ pécheur ”, car cette connaissance<br />
sincère de sa petitesse, de son “ insignifiance ”, nous introduit<br />
<strong>au</strong> mot privilégié de la méditation de toute sa vie : le<br />
mot de “ miséricorde ”. Le thème sur lequel il a introduit la<br />
Semaine sainte dans sa première catéchèse, du mercredi<br />
27 mars, est celui de la miséricorde, dont sa devise<br />
est l’expression : “ MISERANDO ATQUE ELIGENDO ”.<br />
Le cardinal Barbarin a expliqué ce que ça veut dire,<br />
dans la préface du livre signé Jorge Mario Bergoglio,<br />
pape François : “ AMOUR, SERVICE ET HUM<strong>IL</strong>ITÉ ”, qui<br />
rappelle “ HUMBLEMENT VÔTRE ” de Jean-P<strong>au</strong>l I er . Paru le<br />
Vendredi saint :<br />
“ MISERANDO ATQUE ELIGENDO ” : « L’expression est<br />
empruntée à Bède le Vénérable dans son commentaire<br />
de l’appel de saint Matthieu », raconté par saint Matthieu<br />
lui-même...<br />
« Étant sorti, Jésus vit, en passant, un homme assis<br />
<strong>au</strong> bure<strong>au</strong> de la douane, appelé Matthieu (appelé Lévi<br />
par saint Marc et saint Luc), et il lui dit : “ Suis-moi ! ”<br />
Et se levant, il le suivit. » (Mt 9, 9)<br />
Le regard de Jésus sur Matthieu ! Il en a fait l’expérience<br />
le 21 septembre et ne l’oubliera plus jamais.<br />
• « “ Je crois que les <strong>au</strong>tres sont bons et que je dois<br />
les aimer sans crainte et sans les trahir, jamais pour<br />
trouver en eux une sécurité pour moi. ” »<br />
“ Les <strong>au</strong>tres ”, meilleurs que moi. “ Les <strong>au</strong>tres ”,<br />
c’est mon prochain, pas “ l’Homme ”...<br />
Tout le secret de sa sainteté de pasteur désintéressé :<br />
aimant les âmes qui lui sont confiées, sans jamais les<br />
retenir, mais pour leur communiquer les grâces de la<br />
“ miséricorde ” par son ministère, et les tourner vers<br />
Jésus et Marie.<br />
• « “ Je crois en la vie religieuse. ” »<br />
Et non pas en la “ promotion du laïcat ”, c<strong>au</strong>se de la<br />
ruine de toutes les congrégations religieuses depuis le<br />
concile Vatican II. En quoi consiste-t-elle ?<br />
• « “ Je crois que je veux be<strong>au</strong>coup aimer. ” »<br />
Qu’est-ce qu’ “ aimer ” ? C’est donner sa vie pour<br />
ceux qu’on aime :<br />
• « “ Je crois en la mort quotidienne, brûlante et que<br />
je fuis mais qui me sourit m’invitant à l’accepter. ” »<br />
Quotidie morior, parole de saint P<strong>au</strong>l. « J’ai soixantedix<br />
ans passés et il ne reste plus be<strong>au</strong>coup de fil dans<br />
la bobine. Je ne vais pas vivre soixante-dix ans de plus<br />
et je commence à me dire qu’il f<strong>au</strong>t tout abandonner.<br />
Mais je prends ça tout à fait sereinement. Je ne suis<br />
pas triste. On a envie d’être juste avec tout le monde,<br />
dans toutes les situations, de faire – pour ainsi dire –<br />
de la calligraphie anglaise, par exemple. Cela dit, je<br />
n’ai jamais songé à rédiger un testament. Mais la mort<br />
accompagne quotidiennement mes pensées. »<br />
• « “ Je crois en la patience de Dieu, accueillante,<br />
bonne comme une nuit d’été.<br />
• « “ Je crois que Papa est <strong>au</strong> Ciel près du Seigneur. ” »<br />
Et moi, je le crois de l’abbé de Nantes, notre Père.<br />
• « “ Je crois que le Père Duarte [ le confesseur,<br />
ministre de sa grâce du 21 septembre] y est <strong>au</strong>ssi et qu’il<br />
intercède pour mon sacerdoce.<br />
• « “ Je crois en Marie, ma Mère, qui m’aime et qui<br />
ne m’abandonnera jamais. ” »<br />
Promesse de Notre-Dame de Fatima à Lucie le 13<br />
juin 1917 !<br />
• « “ Et j’espère chaque jour la surprise où se manifestera<br />
l’amour, la force, la trahison et le péché qui<br />
m’accompagneront jusqu’à la rencontre définitive avec<br />
ce Visage merveilleux dont j’ignore les traits, car il ne<br />
cesse de nous échapper, mais que je veux connaître et<br />
aimer. Amen. ” » (Extraits de EL JESUITA, chap. 12)
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« <strong>La</strong> trahison » ? Par exemple celle dont il s’accuse<br />
humblement <strong>au</strong>près... de journalistes !<br />
Un jour, il devait aller prêcher une retraite dans un<br />
couvent d’une lointaine banlieue de Buenos Aires. Et il<br />
devait prendre le train. Mais, comme il en avait l’habitude,<br />
il voulut s’arrêter pour prier un moment à la<br />
cathédrale, ne serait-ce que quelques minutes devant le<br />
Saint-Sacrement. À l’intérieur, il se sentit réconforté par<br />
le silence et la fraîcheur contrastant avec la chaleur<br />
torride de cette journée d’été.<br />
Sur le point de sortir, il est abordé par un jeune<br />
homme qui n’avait pas l’air très normal psychiquement<br />
et qui lui demande de se confesser. Il dut faire un effort<br />
pour dissimuler un geste d’ennui à la pensée du retard<br />
que cela impliquait...<br />
« Ce garçon d’à peu près vingt-huit ans parlait<br />
comme s’il était ivre, mais je pressentis qu’il était<br />
sans doute sous l’effet d’un traitement psychiatrique,<br />
alors moi, le témoin de l’Évangile et qui m’en dis<br />
l’apôtre, je lui dis : “ À présent c’est impossible, mais<br />
un prêtre va arriver et tu te confesseras à lui, parce que<br />
j’ai quelque chose à faire. ” Je savais bien que le<br />
prêtre n’arriverait qu’à 4 heures, mais je me disais<br />
que le garçon étant sous l’effet des médicaments, il ne<br />
se rendrait pas compte de la durée... Et je sortis tout<br />
ragaillardi. Mais à peine dehors, je ressentis une<br />
« Toutes les Églises » : l’expression désigne les<br />
Églises de Paris, de Lyon, de Marseille, de Buenos<br />
Aires... toutes les Églises dont Rome est l’Église Mère<br />
et Maîtresse. C’est le sens <strong>catholique</strong> de l’expression.<br />
Mais le pape François lui donne un sens plus large,<br />
plus universel : œcuménique.<br />
D’abord, le sens <strong>catholique</strong>.<br />
« ÉVÊQUE VÊTU DE BLANC » POUR TOUTES LES ÉGLISES.<br />
Qu’est-ce à dire ? Il l’a expliqué <strong>au</strong>x évêques d’Espagne,<br />
en leur prêchant les EXERCICES DE SAINT-IGNACE,<br />
en 2006, <strong>au</strong> cours d’une retraite dont le texte parut en<br />
français, quelques jours après son élection, sous le<br />
titre : “ AMOUR, SERVICE, HUM<strong>IL</strong>ITÉ ”, signé Jorge Mario<br />
Bergoglio, pape François, et sous-titré : “ L’Église selon<br />
le cœur du pape François ”. Préfacé par le cardinal<br />
Barbarin qui ne cache pas son enthousiasme.<br />
Sous ce titre qui rappelle le recueil de fioretti du<br />
er pape Jean-P<strong>au</strong>l I , “ HUMBLEMENT VÔTRE ”, paru en<br />
1978, <strong>au</strong> lendemain de son élection, on peut lire le<br />
portrait idéal de tout évêque, qu’il soit vêtu de violet,<br />
ou de rouge s’il est cardinal... “ de blanc ” s’il est Pape<br />
donc évêque de Rome.<br />
Et d’abord, « l’évêque est celui qui prend soin de<br />
l’espérance en veillant pour son peuple ». Quelle espérance<br />
? Le cardinal ne le précise pas, mais il invite les<br />
évêques d’Espagne à un véritable examen de conscience<br />
car, dit-il, « le Seigneur nous reproche notre incapacité<br />
à veiller avec lui » (p. 45).<br />
honte terrible et je revins sur mes pas pour dire <strong>au</strong><br />
p<strong>au</strong>vre garçon : “ Le Père n’arrive pas tout de suite, je<br />
vais te confesser moi-même. ” »<br />
Puis il l’envoya devant la Sainte Vierge afin qu’il lui<br />
demande de le garder... Pensant en même temps que le<br />
train était parti.<br />
« Cependant, à la gare, je m’avisai que le train avait<br />
du retard et ainsi je pus l’attraper. Au retour, je ne<br />
rentrai pas directement à la maison, mais j’allais trouver<br />
mon confesseur parce que ce que j’avais fait me<br />
pesait sur le cœur : “ Si je ne me confesse pas, demain<br />
je ne pourrai pas célébrer la Messe dans cet état ”. »<br />
Le cardinal continue à s’examiner sévèrement : « À<br />
cette époque, je jouais les Tarzan ! C’était le plein été,<br />
le cardinal Quarracino était parti en voyage et, en tant<br />
que vicaire général, j’étais chargé du diocèse. Le matin,<br />
j’examinai les dossiers à la curie, l’après-midi, je<br />
prenais le train pour donner les Exercices spirituels à<br />
des religieuses. ”<br />
« J’avais un de ces esprits de suffisance ! Je péchai<br />
sans m’en rendre compte. Je me disais : “ Vois comme tu<br />
es bon, important, tout ce que tu arrives à faire. ” L’orgueil<br />
me menaçait ! »<br />
D’où son apprentissage de la “ patience ” envers luimême<br />
et envers les <strong>au</strong>tres en pensant à la “ patience ”<br />
de Dieu.<br />
« PRÉSIDER DANS LA CHARITÉ<br />
TOUTES LES ÉGLISES »<br />
« Quand Pierre recommande à ses presbytres : “ Paissez<br />
le troupe<strong>au</strong> de Dieu qui vous est confié, veillant sur<br />
lui, non par contrainte, mais de bon gré, selon Dieu. ”<br />
(1 P 5, 2), cette charge pastorale qu’il leur confie comprend<br />
différentes attitudes spirituelles : superviser, surveiller<br />
et veiller. » Autant de mots traduisant le verbe grec<br />
episkopein, d’où est dérivé le substantif épiscope, évêque.<br />
Le cardinal continue : « En faisant ces recommandations,<br />
Pierre a certainement à l’esprit le souvenir du<br />
reproche que le Seigneur lui fit la nuit du début de la<br />
Passion : “ Simon, tu dors ? ” (Mc 14, 37-38) Le Seigneur<br />
veut que nous veillions avec Lui. »<br />
Qu’est-ce à dire ?<br />
« Cette veille peut revêtir différents aspects. Superviser<br />
fait plutôt référence à la surveillance de la<br />
doctrine et des rites dans leurs expressions et leur<br />
pratique, alors que veiller renvoie plus <strong>au</strong> soin que<br />
l’on mettrait à s’assurer qu’il y a du sel et de la<br />
lumière dans les cœurs. » (p. 46)<br />
« Du sel » ? Dans le recueil d’entretiens cité plus<br />
h<strong>au</strong>t, paru en Argentine sous le titre EL JESUITA (2010),<br />
et dont la traduction chez Flammarion est intitulée<br />
abusivement, disions-nous, “ JE CROIS EN L’ HOMME ”, les<br />
<strong>au</strong>teurs, journalistes, demandent <strong>au</strong> cardinal de Buenos<br />
Aires, <strong>au</strong> premier chapitre, celui de son “ enfance ” :<br />
« Vos parents jouaient-ils avec vous ?<br />
– Oui, à la “ brisque ” et à d’<strong>au</strong>tres jeux de cartes.<br />
Comme papa faisait partie du club de basket San
MAI 2013 N o 128 - P. 5<br />
Lorenzo, il nous y emmenait quelquefois. Avec maman,<br />
nous écoutions tous les samedis, à 2 heures de l’aprèsmidi,<br />
les opéras qui passaient à la radio d’État. Elle<br />
nous faisait asseoir <strong>au</strong>tour du poste et avant que cela<br />
commence elle nous expliquait de quoi il s’agissait.<br />
Quand un morce<strong>au</strong> important allait commencer, elle<br />
nous disait : “ Écoutez bien, c’est un très be<strong>au</strong> chant<br />
maintenant. ” En vérité, être ainsi tous les trois aînés<br />
avec maman chaque samedi, c’était merveilleux !<br />
– Et vous écoutiez bien ? Ce n’est pas évident pour<br />
un enfant de se tenir attentif pour écouter un opéra...<br />
– Bueno ! C’est vrai. Quelquefois, en plein milieu<br />
nous commencions à nous dissiper mais elle maintenait<br />
notre attention et pendant que la musique se poursuivait,<br />
elle continuait ses explications. Dans Otello, elle nous<br />
prévenait : “ Écoutez bien, maintenant il va la tuer. ”<br />
Voilà des souvenirs d’enfants [...]. C’est vrai que<br />
surtout je me rappelle papa et maman partageant nos<br />
jeux, cuisinant avec nous...<br />
– Cuisinant ?<br />
– Oui, après son cinquième accouchement, maman<br />
fut pendant quelque temps souffrante, mais ensuite elle<br />
se remit. Cependant, durant cette période, lorsque nous<br />
rentrions du collège nous la trouvions assise en train<br />
d’éplucher des pommes de terre et, <strong>au</strong>tour d’elle, toutes<br />
sortes d’ingrédients. Alors elle nous disait comment il<br />
fallait les mélanger puis les cuire, car nous <strong>au</strong>tres nous<br />
n’en avions <strong>au</strong>cune idée : “ Maintenant, tu mets ceci et<br />
cela dans la marmite et encore ceci dans la poêle. ”<br />
Elle nous expliquait les choses et ainsi nous avons<br />
appris à faire la cuisine. Nous savons tous faire <strong>au</strong><br />
moins les pâtes à la milanaise.<br />
– Et maintenant, vous faites encore la cuisine ?<br />
– Non, je n’ai plus le temps. Mais quand j’étais <strong>au</strong><br />
Colegio Maximo de San Miguel, comme le dimanche il<br />
n’y avait pas de cuisinière, c’est moi qui faisais la<br />
cuisine pour les étudiants.<br />
– Et c’était de la bonne cuisine ?<br />
Bueno ! Je n’ai jamais tué personne. »<br />
Voilà comment il a appris son métier d’évêque, qui<br />
consiste à « s’assurer qu’il y a du sel »...<br />
AVEC FRANÇOIS ET THÉRÈSE SUR LES VOIES DE LA SAINTETÉ<br />
UNE religieuse en témoignait en<br />
Argentine : « Et surtout il aime<br />
be<strong>au</strong>coup la petite Thérèse. » Elle<br />
revient sous sa plume, surtout dans<br />
les grands combats spirituels lorsque<br />
l’Esprit du Bien affronte l’esprit du<br />
Mal. Alors il se tourne vers les commun<strong>au</strong>tés<br />
religieuses et leur écrit :<br />
« J’ai recours à vous et vous demande<br />
oraison et sacrifices, les deux armes<br />
invincibles qu’avouait détenir la petite<br />
sainte Thérèse. » (2010)<br />
D’Argentine nous est parvenu ce<br />
petit récit :<br />
Lorsque, encore archevêque de<br />
Buenos Aires, il devait se rendre à<br />
Rome, il avait l’habitude de s’arrêter<br />
pour prier dans la petite église du<br />
Lungotevere, toute proche de Saint-<br />
Pierre, Sainte-Marie de l’Annonciation<br />
du Borgo.<br />
En octobre 2002, les Frères franciscains<br />
de l’Immaculée qui sont en<br />
charge de cette petite église commencèrent<br />
à remarquer la présence<br />
d’un prêtre qui ponctuellement, à<br />
9 heures du matin, priait là dans un<br />
grand recueillement, devant la statue<br />
de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.<br />
Intrigués, tant par sa ponctualité que<br />
par son attitude empreinte à la fois de<br />
simplicité et de dévotion – pour dire :<br />
Et c’est vrai qu’il en met dans toutes ses interventions,<br />
depuis son avènement ! Un sel qui ne semble pas<br />
devoir s’affadir, « et de la lumière dans les cœurs » !<br />
Plein de « sel » est l’encouragement à faire face <strong>au</strong>x<br />
difficultés de la vie, « comme le gardien de but fait face<br />
<strong>au</strong> ballon » ! Invitation adressée à tous les évêques du<br />
monde à imiter l’évêque de Rome, successeur de Pierre,<br />
“ frère ” d’André... C’est le patriarche de Constantinople<br />
qu’il dénomme ainsi, puisque celui-ci se dit successeur<br />
de l’apôtre André, frère de Pierre, et appelé en même<br />
temps que lui sur les bords du lac de Galilée comme le<br />
raconte saint Jean. Et Bartholomeos de se rengorger...<br />
Imiter l’évêque vêtu de blanc, l’évêque de Rome, c’est<br />
d’abord mettre de l’ordre dans les finances. <strong>La</strong> photo du<br />
pape François réglant ses frais d’hospitalité à la Maison<br />
du clergé, le 14 mars, a fait le tour du monde. Et sa<br />
belle réponse à la secrétaire étonnée est pleine de sousentendus<br />
: « Précisément parce que je suis le Pape, je<br />
dois donner l’exemple. » Il a dit « je suis le Pape » !<br />
Père et modèle de son troupe<strong>au</strong>, comme doit être<br />
chaque évêque en son diocèse, il en est <strong>au</strong>ssi le chef, à<br />
la manière ferme et douce, et modeste, de Jean-P<strong>au</strong>l I er ,<br />
en demandant de nouve<strong>au</strong>, lors de sa prise de possession<br />
de la basilique du <strong>La</strong>tran, des prières : « Je vous<br />
demande de prier pour moi. N’oubliez pas, j’en ai<br />
besoin. Allons de l’avant tous ensemble, le peuple et<br />
l’évêque, tous ensemble, dans la joie de la Résurrection<br />
qui nous accompagne toujours. »<br />
Aux évêques d’Espagne, il disait encore ceci :<br />
« Surveiller est lié <strong>au</strong> fait d’être attentif à un<br />
danger imminent » (p. 46-47), comme le gardien de but,<br />
pour bloquer les attaques du démon qui rôde cherchant<br />
qui dévorer (1 P 5, 8), « visant à conduire l’homme à<br />
l’incrédulité, à la désespérance, <strong>au</strong> suicide moral et<br />
physique » (p. 79). Et en enfer, non ? C’est peut-être<br />
sous-entendu, mais il ne le précise pas. Cependant, ce<br />
disant, il énonce tous les m<strong>au</strong>x de notre société en<br />
décomposition : cette « grande ville à moitié en ruine » du<br />
grand “ secret ” de Notre-Dame de Fatima, qu’il a commencé<br />
à reconstruire en paraissant à son balcon chaque<br />
dimanche, pour enseigner la Parole <strong>au</strong>x 80 000 personnes<br />
présentes... et <strong>au</strong> monde entier suspendu <strong>au</strong> net.<br />
à la fin de sa prière, il faisait comme<br />
le font toutes « les petites vieilles » de<br />
nos pays, il touchait la statue et<br />
l’embrassait – notre curiosité <strong>au</strong>gmenta<br />
lorsqu’un de nos frères remarqua les<br />
boutons rouges de sa soutane. Un<br />
cardinal ? Mais qui donc pouvait-il être ?<br />
L’un d’eux, Fra Anselmo se décida à<br />
l’accoster et, depuis, ils devinrent amis.<br />
Et qui sait si, avant le Conclave,<br />
notre pape Francesco ne s’est pas arrêté<br />
une fois encore dans la petite église<br />
pour prier <strong>au</strong>près de sainte Thérèse ?<br />
Et qui sait s’il n’y retournera pas ?<br />
Prions sainte Thérèse de l’Enfant<br />
Jésus pour lui !
MAI 2013 N o 128 - P. 6<br />
« Veiller <strong>au</strong> contraire signifie supporter avec patience<br />
les processus par lesquels le Seigneur gère le<br />
salut de son peuple. »<br />
C’est-à-dire le conduit <strong>au</strong> Ciel, non ? C’est peutêtre<br />
sous-entendu, mais il ne le précise pas davantage.<br />
Il enchaîne :<br />
« Pour surveiller, il suffit d’être réveillé, astucieux et<br />
rapide. Pour veiller, il f<strong>au</strong>t en plus avoir la mansuétude,<br />
la patience et la constance de la charité éprouvée. Pour<br />
superviser, il f<strong>au</strong>t inspecter tout avec soin, sans négliger<br />
les détails. Pour veiller, il f<strong>au</strong>t savoir voir l’essentiel. »<br />
Quel est cet “ essentiel ” ?<br />
<strong>La</strong> première décision majeure du pape François l’indique<br />
peut-être, car elle a consisté à nommer le Père José<br />
Rodriguez Carballo, actuel ministre général de l’ordre<br />
franciscain des frères mineurs, cinquante-neuf ans, secrétaire<br />
de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée.<br />
Priorité à la vie religieuse pour la résurrection de<br />
l’Église ! Il n’oublie pas qu’il a commencé sa carrière<br />
comme maître des novices et provincial des jésuites d’Argentine<br />
de 1973 à 1979, les années les plus difficiles,<br />
celles des fruits amers du pontificat de P<strong>au</strong>l VI. Le<br />
volumineux ouvrage qui vient de paraître, rassemblant les<br />
LETTRES ET ÉCRITS SPIRITUELS de dom Jean-Baptiste<br />
Porion, procureur général de la Chartreuse à Rome de<br />
1946 à 1981, révèle comment le fer a été porté <strong>au</strong> cœur de<br />
l’institution monastique par la “ réforme ” de Vatican II,<br />
jusque dans la Chartreuse qui se glorifiait de n’avoir<br />
jamais été “ réformée ” parce que jamais “ déformée ”.<br />
Le pape François agit donc bien en Souverain Pontife.<br />
LE SOUVERAIN PONTIFE.<br />
LA CROIX ouvre ses colonnes <strong>au</strong>x orthodoxes pour<br />
donner leurs impressions. « Outre la personnalité du<br />
Pape, marquée désormais par le nom François, sa manière<br />
même de se présenter <strong>au</strong>x hommes a un sens théologique.<br />
Surtout pour les orthodoxes. » (Vladimir Zielinsky,<br />
prêtre orthodoxe, dans LA CROIX du mardi 9 avril )<br />
Il ne peut mieux dire. L’abbé de Nantes traçait les<br />
grandes lignes de ce “ sens théologique ” en 1978, à la<br />
veille du pontificat de Jean-P<strong>au</strong>l I er qui l’<strong>au</strong>rait peutêtre<br />
mis en œuvre avec la même simplicité que le pape<br />
François. En effet, écrivait l’abbé de Nantes, « pour<br />
retrouver la grande mystique cosmique d’un saint Irénée,<br />
dans les temps modernes, il f<strong>au</strong>t aller chercher<br />
loin, en Russie, un inconnu : Vladimir Soloviev. Si son<br />
œuvre immense, puissante, avait été mieux reçue et<br />
goûtée en Occident, nous <strong>au</strong>rions évité l’engouement<br />
puéril et stérile d’hier pour les chimères impies de<br />
Teilhard de Chardin et d’<strong>au</strong>jourd’hui pour la Gnose des<br />
savants de Princeton ou de monsieur Brzezinski. En<br />
tombent d’accord Urs von Balthasar, dont le long chapitre<br />
sur Soloviev fut pour be<strong>au</strong>coup une révélation en<br />
1972, et Mgr Rupp <strong>au</strong>quel je dois toute ma connaissance<br />
du génie qu’il s’est donné la mission de faire<br />
connaître dans l’Église de Vatican II par un livre<br />
énorme et magistral, MESSAGE ECCLÉSIAL DE SOLOVIEV<br />
(édit. Lethielleux, 1975, 600 pages).<br />
« <strong>La</strong> sagesse de Soloviev est avant tout une sagesse<br />
surnaturelle, inspirée par la conviction de l’Incarnation<br />
du Verbe et fidèlement développée selon toutes les dimensions<br />
nouvelles, prodigieusement étendues, que les<br />
sciences modernes ont données à notre monde et à son<br />
histoire. » (Georges de Nantes, UNE MYSTIQUE POUR<br />
NOTRE TEMPS, CRC no 131, juillet 1978, p. 6)<br />
Pour sa part, Zielinsky écrit : « Pendant des <strong>siècle</strong>s,<br />
l’Église d’Orient de l’<strong>au</strong>tre bout du grand gouffre issu<br />
du Schisme a fait à peu près le même reproche à sa<br />
sœur perdue d’Occident : nous reconnaissons la prim<strong>au</strong>té<br />
d’honneur de l’évêque de Rome, telle qu’elle<br />
s’est formée <strong>au</strong> début du christianisme, disait-elle, nous<br />
vénérons tous les saints Papes du premier millénaire<br />
qui sont <strong>au</strong>ssi nos saints, mais nous ne pouvons pas<br />
accepter le papisme. »<br />
Qu’entend-il par là ? « Tout d’abord le dogme de<br />
l’infaillibilité pontificale, le Pape comme chef d’État, la<br />
juridiction immédiate de l’évêque de Rome sur tous les<br />
fidèles et les <strong>au</strong>tres choses de ce genre, en premier lieu<br />
le style d’exercice du pouvoir. Or, le style fait l’homme,<br />
comme on sait. Mais l’homme peut <strong>au</strong>ssi changer le<br />
climat à l’intérieur de l’immuable temple romain. »<br />
Notre Père lisait déjà ce réquisitoire sous la plume de<br />
Soloviev « contre l’Occident médiéval et moderne, contre<br />
l’Église latine », et il considérait que « la critique acerbe,<br />
exagérée sans doute, tournera finalement à une extraordinaire<br />
reconnaissance et exaltation de la Sainte Église<br />
romaine, de la prim<strong>au</strong>té de Pierre et de la juste, nécessaire<br />
et providentielle Théocratie qu’elles ont mission<br />
d’étendre <strong>au</strong> monde entier, victorieusement, jusqu’à la<br />
fin des temps. » (CRC no 131, juillet 1978, p. 10)<br />
Comment cela se fera-t-il ? En commençant par<br />
reconnaître les déf<strong>au</strong>ts des uns et des <strong>au</strong>tres : la passivité<br />
de l’Orient et la vanité de l’Occident.<br />
« À Byzance, dit finement Soloviev, il y avait plus de<br />
théologiens que de chrétiens. » Il met en évidence « la<br />
tendance orientale <strong>au</strong> docétisme, qui efface le caractère<br />
pleinement humain, réel et singulier, de Jésus-Christ Fils<br />
de Dieu, dénouant le nœud de l’Incarnation <strong>au</strong> bénéfice<br />
du Dieu inhumain, invisible, inaccessible. Au bout du<br />
chemin de l’Orient, logiquement, viendra l’islam ! »<br />
Tandis que « le péché de l’Occident, pour Soloviev,<br />
est celui d’une Église qui a tellement cru à l’Incarnation<br />
de Dieu dans l’homme qu’elle s’est laissée aller à croire<br />
l’homme tout-puissant en sa raison, son droit, son <strong>au</strong>torité,<br />
sa politique, en lui-même divin, souverain donc et<br />
infaillible. Jusqu’à en venir à cesser de croire effectivement<br />
en Dieu ! C’est la Légende du Grand Inquisiteur,<br />
de son ami Dostoïevski [dont le pape François est un<br />
lecteur assidu, comme était l’abbé de Nantes], dont il fut<br />
lui-même sans doute l’inspirateur. C’est la dernière de<br />
ses Leçons sur la Théandrie : Les trois tentations de<br />
l’Église (d’Occident ! ). Pour le dire en deux mots<br />
péjoratifs, connus de tous, c’est l’<strong>au</strong>toritarisme papiste,<br />
le cléricalisme, la théocratie romaine, que justement<br />
Soloviev critique et réprouve absolument. » (ibid.)<br />
On peut dire que Vatican II, loin d’y porter remède, a<br />
mis le comble à cet “ <strong>au</strong>toritarisme ”, sous les règnes<br />
tyranniques de P<strong>au</strong>l VI, Jean-P<strong>au</strong>l II et Benoît XVI.<br />
Avec ce résultat paradoxal illustré par la crise de la
MAI 2013 N o 128 - P. 7<br />
Curie : non seulement il n’y a plus de « lieu élevé », mais<br />
la Cité sainte qu’a traversée le Pape pour se rendre en sa<br />
cathédrale du <strong>La</strong>tran est « à moitié en ruine », conformément<br />
à la vision prophétique contemplée par Lucie,<br />
François et Jacinthe à la Cova da Iria, le 13 juillet 1917,<br />
il y <strong>au</strong>ra bientôt cent ans. C’est ce qui a contraint le<br />
Pape à prendre ses quartiers à la maison Sainte-Marthe !<br />
Et déjà, il a entrepris la réforme de la Curie, en<br />
nommant huit cardin<strong>au</strong>x chargés de la préparer. Déjà, la<br />
secrétairerie d’État, dont notre Père déplorait l’omnipotence,<br />
n’est plus <strong>au</strong> centre de toute l’information et de<br />
toutes les décisions. Le Pape a choisi des hommes de<br />
confiance. Le seul Italien, le cardinal Giuseppe Bertello,<br />
en charge du gouvernement de l’État de la cité du<br />
Vatican (qui n’est pas la Curie romaine, mais la cité du<br />
Vatican), est connu pour son intégrité. Naguère nonce<br />
<strong>au</strong> Mexique, il s’est élevé contre la Curie pour mettre<br />
fin <strong>au</strong>x multiples vies du Père Maciel, fondateur des<br />
“ légionnaires du Christ ”. Le cardinal O’Malley, un capucin,<br />
archevêque de Boston (États-Unis), a réglé là-bas<br />
la lutte contre la pédophilie. On compte le cardinal<br />
Monsengwo, archevêque de Kinshasa (République démocratique<br />
du Congo), le cardinal Pell, archevêque de<br />
Sydney, en Australie, et, enfin, un cardinal chilien, grand<br />
ami de François, un Indien, un Allemand inquiétant :<br />
l’archevêque de Munich, « Marx », cardinal Reinhard<br />
Marx, ça ne s’invente pas ! Polyglotte, le cardinal<br />
Maradiaga, du Honduras, est chargé de la coordination.<br />
« Dans son homélie, dimanche soir, à Saint-P<strong>au</strong>lhors-les-murs,<br />
le pape François a lancé une chasse <strong>au</strong>x<br />
“ idoles ” qui reflète son état d’esprit pour affronter<br />
cette réforme titanesque. Il a demandé que les <strong>catholique</strong>s<br />
se dépouillent de “ be<strong>au</strong>coup d’idoles petites et<br />
grandes que nous avons, et dans lesquelles nous nous<br />
réfugions, dans lesquelles nous cherchons et plaçons bien<br />
des fois notre sécurité. Ce sont des idoles que nous tenons<br />
souvent cachées ; elles peuvent être l’ambition, le goût du<br />
succès, le fait de se mettre soi-même <strong>au</strong> centre, la tendance<br />
à dominer les <strong>au</strong>tres, la prétention d’être les seuls<br />
maîtres de notre vie. ” ( LE FIGARO du 15 avril 2013)<br />
En un mot comme en cent, François proscrit le<br />
“ culte de l’Homme ” cher à P<strong>au</strong>l VI et à Jean-P<strong>au</strong>l II.<br />
À l’encontre du “ mondialisme ” marxiste ou tolstoïen,<br />
caricature antichrist de l’Église, que l’Esprit de<br />
Satan organise, gouverne et étend de jour en jour sur le<br />
monde, le pape François manifeste la puissance mystérieuse<br />
de l’Église <strong>catholique</strong>.<br />
Notre Père écrivait en septembre 1978, sous le<br />
pontificat de Jean-P<strong>au</strong>l I er :<br />
« <strong>La</strong> renaissance de l’Église sonnera quand elle redeviendra<br />
l’humble servante du Seigneur, et non plus l’orgueilleuse<br />
servante - maîtresse d’un monde apostat [selon<br />
le Concile]. Quand de nouve<strong>au</strong> elle s’acceptera femme,<br />
vierge, fille unique et chérie de Dieu seul, épouse du<br />
Verbe et Temple du Saint-Esprit. Quand elle admirera,<br />
d’Orient et d’Occident, comment la puissance divine de<br />
cet Esprit-Saint qui est son Âme incréée, la fortifie d’un<br />
pouvoir viril, vicaire de celui du Christ, dans le Pape de<br />
Rome et à partir de lui, en communion avec lui, dans la<br />
hiérarchie apostolique. Telle est l’âme créée de l’Église,<br />
qui n’a d’<strong>au</strong>torité que par l’opération de l’Esprit d’Amour<br />
en union vitale avec son Époux Jésus-Christ. Be<strong>au</strong>té<br />
mâle, puissante et constante qui, <strong>au</strong> moindre souffle d’un<br />
esprit contraire, d’orgueil et d’indépendance, se corrompt<br />
en tyrannie et n’engendre que la tiédeur et l’apostasie » à<br />
laquelle nous assistons depuis cinquante ans.<br />
« Le prouve assez l’histoire lamentable de tous les<br />
schismes, comme Soloviev le montre du schisme oriental,<br />
où les églises locales se séparent, où la pensée et la<br />
liturgie stagnent, où l’élan missionnaire s’éteint et la<br />
splendide souveraineté de la religion abdique devant les<br />
pouvoirs temporels. » Sous l’euphémisme de “ sécularisation<br />
” : dont le vrai nom est déchristianisation,<br />
« l’Esprit fort de l’Homme-Dieu leur manquant, ces<br />
églises sont comme veuves et prostituées. L’Église de<br />
Rome <strong>au</strong> contraire possède en elle à jamais cette divine<br />
énergie toujours active qui est la marque de l’Esprit-<br />
Saint. Force de l’Église romaine, preuve de la fidélité<br />
opérant en elle de son Époux Jésus-Christ ! » (CRC<br />
no 133, septembre 1978, p. 14-15) jusqu’<strong>au</strong> Concile exclusivement,<br />
jusqu’en 1962.<br />
Nous la voyons renaître en la personne de François.<br />
« L’Occident a commis la f<strong>au</strong>te d’accaparer la pap<strong>au</strong>té,<br />
et l’Orient celle de la renier. L’égoïsme a joué<br />
dans les deux cas », écrivait Soloviev. Une telle critique<br />
revient à exalter souverainement l’<strong>au</strong>torité romaine,<br />
observe notre Père :<br />
« Pierre est l’individu <strong>au</strong>quel s’est uni le divin de<br />
manière absolument singulière, pour faire de lui et de<br />
ses successeurs, le roc constant sur lequel doit s’édifier<br />
et se conserver l’humanité divinisée. » Ce pouvoir est<br />
de dire infailliblement la vérité, et non pas de proclamer<br />
la liberté religieuse !<br />
Mais « ce pouvoir unique n’est pas seulement de<br />
dire infailliblement la vérité ni d’être la source sacramentelle<br />
de la vie divine. Il consiste enfin à gouverner<br />
le monde. Et non seulement en vue “ d’unir les hommes<br />
avec Dieu, mais encore de créer un ordre social<br />
nouve<strong>au</strong> ” (Rupp, p. 386). »<br />
“ Théocratie ” selon Soloviev, ou “ Chrétienté ” selon<br />
Georges de Nantes, le pape François évoquait cet ordre<br />
social nouve<strong>au</strong> à Saint-P<strong>au</strong>l-hors-les-murs, dimanche<br />
dernier, exhortant chacune des brebis de son troupe<strong>au</strong>,<br />
individuellement, personnellement, en la tutoyant ! à une<br />
conversion radicale pour vivre la sainteté « de tous les<br />
jours », afin de créer une « classe moyenne de la sainteté<br />
», comme disait Joseph Malègue. À ce compte, le<br />
christianisme devient une communion, d’un peuple, et<br />
non pas d’une élite ou d’un parti, communion profonde<br />
de pécheurs et de saints, immense foule où la foi, la<br />
vie, la civilisation se transmettent tout ensemble à<br />
travers la famille, la race, la nation...<br />
C’est cette foule immense de toute race, nation,<br />
langue, mais pas de toute religion ! que nous voyons le<br />
pape François rassembler place Saint-Pierre, à chacune<br />
de ses “ apparitions ”, depuis son avènement, <strong>au</strong> soir du<br />
13 mars, la faisant prier, et écouter la “ Parole de<br />
Dieu ”, et la lui expliquant avec assurance, clarté et<br />
simplicité, et un enthousiasme communicatif.
MAI 2013 N o 128 - P. 8<br />
<strong>La</strong> maman d’un de nos frères lui écrit, après<br />
l’<strong>au</strong>dience générale du mercredi 3 avril où le Pape a<br />
repris le cours des catéchèses sur la foi :<br />
« Nous étions si contents de voir l’enthousiasme du<br />
frère Bruno pour le pape François que cette semaine<br />
j’ai pris le risque d’aller faire un tour sur le NET pour<br />
prendre des nouvelles de sa catéchèse. Je suis tombée<br />
sur un article <strong>au</strong> titre inquiétant : “ L’ HOMMAGE DU PAPE<br />
FRANÇOIS AUX FEMMES ”... et de fait l’article était tendancieux,<br />
exposant dès le chape<strong>au</strong> la question de l’accroissement<br />
de la place des femmes dans l’Église. Mais<br />
quant à la reformulation ou citation des paroles du<br />
Pape, elle était plutôt réjouissante puisqu’en rappelant<br />
que les femmes avaient été les premiers témoins de la<br />
Le cardinal Bergoglio disait naguère <strong>au</strong>x évêques<br />
espagnols, en 2006 :<br />
« Nous sommes nés à la sainteté dans un corps<br />
saint, celui de notre Sainte Mère l’Église, et c’est dans<br />
le fait de nous maintenir avec fermeté à l’intérieur de<br />
ce corps que se joue notre vocation à être “ saints et<br />
irréprochables devant sa face ”, ainsi que notre fécondité<br />
apostolique. » (p. 136)<br />
L’abbé de Nantes s’indignait d’une page de LA FOI<br />
CHRÉTIENNE HIER ET AUJOURD’HUI, du cardinal Ratzinger,<br />
consacrée à “ <strong>La</strong> sainte Église <strong>catholique</strong> ”. « Les guillemets<br />
sont de lui, soulignait notre Père. C’est une citation...<br />
des <strong>au</strong>tres ; c’est la pensée ingénue, la foi naïve<br />
des <strong>au</strong>tres. Non pas de lui. En effet :<br />
« “ Si nous voulons être francs, nous devons bien<br />
reconnaître que nous sommes tentés de dire que l’Église<br />
n’est ni sainte ni <strong>catholique</strong>. Le deuxième concile du Vatican<br />
lui-même en est venu à ne plus parler simplement de<br />
l’Église sainte, mais de l’Église pécheresse ; et si l’on a<br />
critiqué le Concile à ce sujet... ” <strong>La</strong> suite, je vous la<br />
donne en mille ! <strong>La</strong> seule critique que l’on ait pu<br />
formuler, ou entendre à ce sujet, c’est...? c’est ? Non,<br />
vous ne devinerez jamais !<br />
« “ ... cela a été tout <strong>au</strong> plus pour lui reprocher... ”<br />
Tentez encore votre chance : reprocher quoi ? d’avoir<br />
été bien osé d’insulter sa propre Mère, l’Épouse du<br />
Christ ? Non, vous n’y êtes point du tout... “ d’avoir été<br />
trop timide dans son affirmation, tellement est fort <strong>au</strong>jourd’hui<br />
dans notre conscience à tous, le sentiment de la<br />
condition pécheresse de l’Église. Il est fort possible que<br />
joue également ici l’influence d’une théologie luthérienne<br />
du péché, et donc un présupposé dogmatique. ”<br />
« Évidemment, pour toutes ces ignominies où il ose<br />
parler <strong>au</strong> nom de “ tous ”, tous les <strong>catholique</strong>s ! nous<br />
nous désolidarisons totalement de lui. Car cela monte<br />
jusqu’à l’ignominie absolue...<br />
« “ Mais ce qui rend cette dogmatique ( luthérienne), si<br />
convaincante (!), c’est sa correspondance avec notre propre<br />
expérience. Les <strong>siècle</strong>s de l’histoire de l’Église sont telle-<br />
Résurrection du Christ, François en concluait à l’<strong>au</strong>thenticité<br />
des Évangiles. Le témoignage des femmes<br />
n’étant pas recevable chez les juifs, si le récit avait été<br />
inventé, l’inventeur ne leur <strong>au</strong>rait pas donné ce rôle.<br />
Ça alors, un Pape qui plaide pour l’<strong>au</strong>thenticité des<br />
Évangiles, c’est neuf, non ? [et c’est quotidien : chaque<br />
matin, à la Messe de 7 heures à Sainte-Marthe]. Et puis,<br />
en continuant l’article, je vois que le Pape “ préconise<br />
la transmission de la foi par le CŒUR dans la relation<br />
intime mère - enfant ” ; incroyable, pour un peu, il<br />
dirait que la dévotion “ transfuse ”, comme notre Père.<br />
Aurait-il lu les MÉMOIRES ET RÉCITS ? Ou tout simplement,<br />
est-ce la marque d’un retour à la vraie foi et<br />
vraie transmission de la foi ? » Assurément !<br />
« GUIDER CHACUN AVEC UNE DOUCEUR FERME<br />
SUR LES VOIES DE LA SAINTETÉ. »<br />
ment remplis de défaillances humaines, que nous pouvons<br />
comprendre l’effroyable vision de Dante, voyant la prostituée<br />
babylonienne assise dans le char de l’Église, et que<br />
nous trouvons concevables les paroles terribles de l’évêque<br />
de Paris, Guill<strong>au</strong>me d’Auvergne (XIII e <strong>siècle</strong>), qui disait<br />
que tout homme, à la vue de la dépravation de l’Église,<br />
devait se sentir glacé d’horreur : Ce n’est plus une épouse,<br />
mais un monstre effrayant, difforme et s<strong>au</strong>vage... ” (p. 244)<br />
« En note, Ratzinger renvoie <strong>au</strong> « grand article de Hans<br />
Urs von Balthasar, “ CASTA MERETRIX ”, dans (cela ne s’invente<br />
pas ! dans) SPONSA VERBI, Einsiedeln, 1961. » (note 2)<br />
Dans une revue dont le nom est “ ÉPOUSE DU VERBE ”, un<br />
grand article intitulé “ CHASTE PUTAIN ” ! Ils sont impies,<br />
ils sont tous fous. » (CRC no 212, juin 1985, p. 5)<br />
Voici un exemple typique de la façon dont le pape<br />
François nous guérit de cette folie ! Grand lecteur lui<br />
<strong>au</strong>ssi de von Balthasar, il atténue le blasphème en le<br />
traduisant « chaste pécheresse », et tourne <strong>au</strong>ssitôt nos<br />
yeux vers « celle qui est sans péché, pure et sans<br />
tache », l’Immaculée Conception :<br />
« <strong>La</strong> sainteté de l’Église se reflète sur le visage de<br />
Marie. » Ratzinger n’y a pas pensé ! Réparateur...<br />
François ajoute :<br />
« Dans notre jargon clérical, nous plaisantons souvent<br />
avec l’utilisation méticuleuse du terme “ saint ”, et nous<br />
disons, avec un sourire, “ cette sainte maison ”, “ les<br />
saintes coutumes ”. Mais il est vrai <strong>au</strong>ssi que lorsque nous<br />
voulons donner, avec joie, un jugement définitif sur quelqu’un,<br />
et que nous disons : “ Cet homme est un saint ”,<br />
nous le faisons en abandonnant nos nombreuses idoles,<br />
nous agenouillant devant le mystère de Dieu et de sa<br />
bonté infinie qui habitent cet homme. »<br />
Par exemple le pape François...<br />
« L’amour et la dévotion envers notre Mère l’Église,<br />
c’est l’amour et la dévotion envers chacun de ses<br />
enfants en particulier, et nous avons be<strong>au</strong>coup de ces<br />
saints dans notre Église, nous en rencontrons chaque<br />
jour : dans la vie de nos paroisses, <strong>au</strong> confessionnal,<br />
dans la direction spirituelle. Je me demande souvent si<br />
la critique acerbe de l’Église, la peine ressentie face à
MAI 2013 N o 128 - P. 9<br />
ses nombreux péchés, le désespoir qui parfois surgit à<br />
son propos, ne viennent pas du fait que nous ne nous<br />
nourrissons pas suffisamment de cette proximité avec la<br />
sainteté, qui réconcilie, parce qu’elle est la visite de<br />
Dieu à son peuple. » (p. 137)<br />
<strong>La</strong> même pensée vient sous la plume de l’abbé de<br />
Nantes :<br />
« Les plus grands esprits un jour ou l’<strong>au</strong>tre en conviendront.<br />
Avant même d’élaborer une solution technique<br />
<strong>au</strong>x problèmes complexes de la justice sociale, et de<br />
proposer <strong>au</strong>x partis un corporatisme ancien ou un syndicalisme<br />
nouve<strong>au</strong>, il f<strong>au</strong>dra bien d’abord faire appel à<br />
cette vertu du peuple qui, en ses masses profondes, n’est<br />
pas véritablement gagné par les idéologies matérialistes<br />
rivales et demeure chrétien. Le christianisme, ne l’oublions<br />
pas, même le “ christianisme populaire ”, c’est<br />
une foi, une loi, une discipline, un enthousiasme sacré<br />
qui seuls peuvent faire renaître dans nos sociétés disloquées<br />
par les haines sociales, les énergies héroïques<br />
nécessaires <strong>au</strong> rétablissement de la justice vraie, de la<br />
juste vérité, pravda, dans la commun<strong>au</strong>té fraternelle,<br />
sobornost, d’un peuple réconcilié. » (CRC n o 132, p. 10)<br />
Ce texte date d’août 1978. Il fait figure de préface<br />
prémonitoire <strong>au</strong> pontificat de Jean-P<strong>au</strong>l I er in<strong>au</strong>guré dans<br />
la joie universelle le 26 août <strong>au</strong> soir et brutalement<br />
interrompu le soir du 28 septembre. En trente-trois jours,<br />
« ce Pape religieux et ferme dans la foi, si bon, si<br />
gracieux, par sa seule apparition avait refait l’unité<br />
cordiale du peuple chrétien, sur l’essentiel qui est le culte<br />
de Dieu, la foi en lui, la piété personnelle et le labeur des<br />
vertus, surtout l’amour fraternel. Et l’Église s’est sentie<br />
En effet, en réponse à la demande adressée à deux<br />
reprises par le Pape <strong>au</strong> cardinal José Policarpo, patriarche<br />
de Lisbonne, les évêques portugais ont décidé de consacrer<br />
le pontificat du pape François à Notre-Dame de<br />
Fatima le 13 mai prochain, quatre-vingt-seizième anniversaire<br />
de la première apparition de Notre-Dame à Lucie,<br />
François et Jacinthe. Cette consécration sera inscrite <strong>au</strong><br />
programme international que présidera le cardinal Orani<br />
Joao Tempesta, archevêque de Rio de Janeiro.<br />
Qu’est-ce que « Notre-Dame de Fatima » ? sinon un<br />
Cœur, le Cœur Immaculé de Marie, manifesté <strong>au</strong>x<br />
voyants le 13 juin 1917. Le Pape se consacre <strong>au</strong> Cœur<br />
Immaculé de Marie par la bouche des évêques du<br />
Portugal. Il met ainsi en pratique son propre enseignement<br />
<strong>au</strong>x évêques d’Espagne : « Il nous f<strong>au</strong>t aimer le<br />
mystère de fécondité de l’Église comme on aime le<br />
mystère de Marie, Vierge et mère. À la lumière de cet<br />
amour, aimons le mystère de notre état de serviteurs<br />
inutiles, avec l’espérance que le Seigneur nous adresse<br />
cette parole : “ Bon et fidèle serviteur... ” » (p. 140)<br />
« Serviteur inutile », il “ passe la main à l’Immaculée<br />
”, comme fit l’abbé de Nantes en 1997 <strong>au</strong> cours<br />
d’un triduum où fut prise « une décision innocente et<br />
douce comme la Colombe, mais dure et tranchante<br />
revivre, délivrée du carcan des nouve<strong>au</strong>tés postconciliaires,<br />
de la tyrannie des intellectuels réformistes, des<br />
exigences insupportables de l’ouverture <strong>au</strong> monde. Il était<br />
donc si simple d’être <strong>catholique</strong> ? Le sourire du Pape<br />
montrait <strong>au</strong>ssi, prêchait que c’était une joie, un bonheur.<br />
Ainsi s’était ressoudée cette alliance immémoriale que<br />
nous avions oubliée, entre le Pape et le peuple, hors des<br />
incompréhensibles tracasseries du parti réformateur et de<br />
son soviet suprême. Et cela ne passera plus : le Souverain<br />
Pontife de demain s<strong>au</strong>ra de quelle immense popularité<br />
dispose le Pape pour être le Pasteur de son peuple, à<br />
l’encontre de tous les agitateurs et hommes de partis. »<br />
(CRC n o 134, octobre 1978, éditorial )<br />
Après une parenthèse de trente-cinq ans, le pape<br />
François succède à Jean-P<strong>au</strong>l I er pour reprendre cette<br />
œuvre de contre-réforme spontanée, prématurément interrompue<br />
: « L’Église est une mère, elle engendre des<br />
enfants avec la force du dépôt de la foi », enseignait-il<br />
<strong>au</strong>x évêques d’Espagne (p. 139).<br />
Déjà, depuis trente-cinq jours nous nous sentons<br />
tous frères, réconciliés par lui dans la ferveur retrouvée,<br />
la confiance en Dieu, l’obéissance filiale <strong>au</strong> Père<br />
Commun. Déjà, nous constatons dans les paroisses, de<br />
la part des prêtres, dans la presse <strong>catholique</strong>, un retour<br />
non pas contraint mais spontané, mais joyeux, à la religion<br />
toute pure. Sous le signe de la miséricorde et de<br />
l’arc-en-ciel de l’alliance, qui est la Vierge Notre-Dame,<br />
en attente de la consécration de la Russie à son Cœur<br />
Immaculé et de la pratique des premiers samedis du<br />
mois par tous ceux qui lui sont déjà consacrés du seul<br />
fait de leur appartenance à l’Église <strong>catholique</strong> romaine.<br />
CONSÉCRATION AU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE<br />
REINE DE LA MISÉRICORDE<br />
comme l’épée du Seigneur des seigneurs et Roi des<br />
rois : celle de placer dorénavant la Sainte Vierge Marie<br />
absolument <strong>au</strong>-dessus de toutes nos affections de cœur, de<br />
toutes nos convictions et pensées, de toutes nos œuvres<br />
extérieures et de tous nos désirs.<br />
« Qu’on n’objecte pas l’amour de Dieu lui-même qui<br />
devrait de toute manière passer premier et prendre toute la<br />
place. C’est précisément dans le rejet de cette objection<br />
que consiste le caractère nouve<strong>au</strong>, surprenant, bouleversant,<br />
de cette dévotion qu’enfin je ne boude plus, que je<br />
veux faire mienne parce que c’est ce que notre doux<br />
Seigneur et Maître veut et attend de notre génération pour<br />
la s<strong>au</strong>ver ! Oui, depuis Grignion de Montfort, depuis<br />
Notre-Dame de <strong>La</strong> Salette, depuis saint Maximilien-<br />
Marie Kolbe et depuis Fatima... ce Dieu dont l’Amour<br />
infini se porte de toute éternité sur ELLE, veut enfin que<br />
nous commencions par nous consacrer à ELLE si nous<br />
voulons lui plaire à lui en entrant dans ses préférences.<br />
Quel Mystère, infiniment sage et s<strong>au</strong>veur ! »<br />
« Ainsi, je déménage... », confiait-il, comme pour<br />
donner raison à ses adversaires qui le disent méchamment<br />
depuis longtemps, ajoutant : « chez la Sainte Vierge ».<br />
Alors cela change tout. Écoutez, c’est sérieux : « Tous<br />
nos 150 POINTS sont à réviser et à mettre sur cet axe. Et la
MAI 2013 N o 128 - P. 10<br />
rest<strong>au</strong>ration <strong>catholique</strong> de nos espérances ne sera pas<br />
affaire ecclésiastique, ni nationaliste, ni, bien entendu !<br />
sociologique, écologique ou partisane, mais de Croisade<br />
mariale et eucharistique [...]. Ainsi je crois, j’espère et<br />
j’aime par Marie, en Marie, pour Marie, que notre très<br />
chéri Père Céleste remplit de sa Toute-Puissance, se<br />
faisant comme son Enfant, pour mieux nous toucher, nous<br />
vaincre, nous retourner et nous s<strong>au</strong>ver. » (GEORGES DE<br />
NANTES, DOCTEUR MYSTIQUE DE LA FOI CATHOLIQUE, p. 423)<br />
Le pape François a une raison tout à fait impérative de<br />
consacrer son ministère <strong>au</strong> Cœur Immaculé de Marie :<br />
c’est à Elle que Dieu a voulu confier « tout l’ordre de la<br />
miséricorde », inscrite dans sa devise : Miserando atque<br />
eligendo. Il a vraiment été élu comme le ministre de la<br />
miséricorde <strong>au</strong>près des « p<strong>au</strong>vres pécheurs » que nous<br />
sommes, <strong>au</strong>x genoux de Sainte Marie, Mère de Dieu :<br />
« Pour moi, se sentir pécheur est une des plus belles<br />
choses qui puissent arriver à une personne, si cela<br />
l’amène <strong>au</strong>x ultimes conséquences. Je m’explique : saint<br />
Augustin, parlant de la Rédemption, considère le péché<br />
d’Adam et d’Ève puis la Passion et la Résurrection de<br />
Jésus, commente : “ Heureux péché qui nous a valu pareille<br />
Rédemption. ” C’est ce que nous chantons la nuit<br />
de Pâques : Feliz culpa feliz pecado. Quand une personne<br />
prend conscience qu’elle est pécheresse et qu’elle<br />
est s<strong>au</strong>vée par Jésus, elle s’avoue cette vérité à ellemême<br />
et découvre la perle cachée, le trésor enterré. Elle<br />
découvre ce qui est grand dans la vie : quelqu’un qui<br />
l’aime profondément et qui a donné sa vie pour elle.<br />
« Selon vous, la perte du sentiment du péché rend-elle<br />
difficile la rencontre avec Dieu ?<br />
« Il y a des gens qui se croient justes qui, d’une<br />
certaine manière, acceptent l’enseignement, la foi chrétienne,<br />
mais n’ont pas l’expérience d’avoir été s<strong>au</strong>vés.<br />
Une chose est qu’on vous raconte l’histoire d’un enfant<br />
qui se noyait dans la rivière et que quelqu’un a retiré de<br />
l’e<strong>au</strong>, <strong>au</strong>tre chose est de voir la chose, <strong>au</strong>tre chose<br />
encore est être cet enfant qui se noyait et qui a été s<strong>au</strong>vé.<br />
« Il y a des personnes qui ne veulent ni voir ni savoir<br />
rien sur cet enfant qui se noie, ils prennent la tangente,<br />
ils s’échappent et alors ils n’ont pas l’expérience de ce<br />
salut. Je crois que seuls, grands pécheurs, nous avons<br />
cette grâce et je dis souvent que l’unique gloire que nous<br />
ayons est, comme dit saint P<strong>au</strong>l, d’être pécheurs [...].<br />
« Pour moi, le péché n’est pas une tache que je dois<br />
laver. Ce que je dois faire, c’est demander pardon et me<br />
réconcilier et non d’aller à la teinturerie du Japonais <strong>au</strong><br />
coin de ma rue. De toute manière, je dois rencontrer Jésus<br />
qui a donné sa vie pour moi. Autrement dit : le péché<br />
assumé avec droiture est le lieu privilégié de la rencontre<br />
personnelle avec Jésus-Christ S<strong>au</strong>veur, la découverte du<br />
sentiment profond que Lui éprouve envers moi. Enfin,<br />
c’est la possibilité de vivre le choc d’avoir été s<strong>au</strong>vé. »<br />
Sous un tel Pontife, nous allons peut-être guérir du<br />
formidable orgueil de la Personne humaine, libre, <strong>au</strong>tonome,<br />
indépendante ( PHLAI ), fabriquée par le concile<br />
Vatican II et sa “ liberté religieuse ”. Dont le successeur<br />
de Mgr Lefebvre offre un “ cas ” clinique.<br />
Mgr Fellay, qui “ dialogue ” avec Rome depuis plus de<br />
trois ans, d’égal à égal, a annoncé le 16 avril “ URBI ET<br />
ORBI ”, titre de sa LETTRE AUX AMIS ET BIENFAITEURS, que<br />
« la situation de l’Église reste quasi inchangée »... puisque<br />
la normalisation canonique de la Fraternité sacerdotale<br />
Saint-Pie-X (FSSPX) n’est toujours pas réglée !<br />
Il s’est attiré la cinglante réponse du Pape le jour<br />
même, 16 avril, dans l’homélie de la messe qu’il célébrait<br />
en la chapelle de Sainte-Marthe, à l’intention de<br />
Benoît XVI dont c’était le 86<br />
frère Bruno de Jésus-Marie.<br />
e anniversaire. Commentant<br />
la première lecture du jour, où Étienne fustige le<br />
Sanhédrin : « Hommes à la tête dure, depuis toujours vous<br />
résistez à l’Esprit-Saint », le pape François en fait l’application<br />
à ces « entêtés » disciples de Mgr Lefebvre.<br />
« Cela s’appelle être “ sot et lent de cœur ”. » Où se<br />
manifeste la miséricorde de François, car c’est le moins<br />
qu’on puisse dire ! Certes ; Mgr Fellay « se garde de<br />
toute attaque directe contre le nouve<strong>au</strong> pape François<br />
», précise la LETTRE URBI ET ORBI (sic ! ). Mais c’est<br />
pire. Ce chantage équiv<strong>au</strong>t à rompre la communion<br />
avec Rome, c’est-à-dire avec François, évêque de<br />
Rome, évêque vêtu de blanc, évêque du Cœur de Marie.<br />
C’est vraiment le péché contre l’Esprit-Saint !<br />
Du coup, le Pape identifie son œuvre présente avec<br />
celle du Concile, mais c’est bien la première fois.<br />
Depuis un mois, nous n’entendions plus parler que de<br />
culte de Dieu, de la Vierge et des saints, point de culte<br />
de l’homme !<br />
Lorsque les journalistes intitulent leur bouquin “ JE<br />
CROIS EN L’HOMME ”, ils nous trompent. Car, après avoir<br />
dit cela, le cardinal a <strong>au</strong>ssitôt ajouté : « Je ne dis pas<br />
qu’il est bon ou m<strong>au</strong>vais. » <strong>Contre</strong>disant par là le naturalisme<br />
de P<strong>au</strong>l VI : « <strong>La</strong> paix est possible, parce que les<br />
hommes, <strong>au</strong> fond, sont bons. » (1er janvier 1968)<br />
Depuis son avènement, le pape François ne cesse de<br />
marteler : « Sans la grâce, nous ne pouvons rien faire. »<br />
Il n’y a donc pas de “ dialogue ” à inst<strong>au</strong>rer, mais à<br />
entrer joyeusement dans ce grand mouvement de réconciliation<br />
entre frères et sœurs, enfants de l’Église <strong>catholique</strong><br />
romaine, qui ne pourra aboutir sans que se fasse la vérité :<br />
l’abbé de Nantes, notre Père, a accusé le concile Vatican<br />
II et les papes P<strong>au</strong>l VI et Jean-P<strong>au</strong>l II, d’hérésie, de<br />
schisme et de scandale. Il a pu se tromper. Il n’était pas<br />
infaillible. Le Pape seul est infaillible, et tranchera.<br />
Mais François a peut-être d’<strong>au</strong>tres urgences. Sachant<br />
que notre Père avait “ passé la main ” à l’Immaculée, et que<br />
le Pape fait de même en consacrant son pontificat à Notre-<br />
Dame de Fatima. Le 15 avril, la veille du jour où il recevait<br />
l’insolent message de Mgr Fellay : « En ces temps de turbulence<br />
spirituelle, le lieu le plus sûr est sous le mante<strong>au</strong> de la<br />
Vierge », a-t-il déclaré dans son homélie, à Sainte-Marthe.<br />
Si nous avons quelque chose à demander en urgence, sous<br />
forme de supplique respectueuse, c’est l’accomplissement<br />
des deux demandes de la Sainte Vierge, qui sont sûrement<br />
du Saint-Esprit : que le Saint-Père fasse et ordonne <strong>au</strong>x<br />
évêques du monde <strong>catholique</strong> de faire la consécration de<br />
la Russie <strong>au</strong> Cœur Immaculé de Marie, pour obtenir la<br />
paix du monde si menacée, et qu’il approuve et recommande<br />
<strong>au</strong> peuple chrétien la pratique des premiers samedis<br />
du mois, pour le salut éternel de son troupe<strong>au</strong>,<br />
dont nous voulons demeurer les brebis fidèles et obéissantes.<br />
Ainsi soit-il !
MAI 2013 N o 128 - P. 11<br />
PÈLERINAGE CRC EN ANJOU<br />
SUR LES TRACES DES SAINTS MARTYRS VENDÉENS,<br />
UN pèlerinage CRC, ce n’est pas seulement un<br />
exercice de piété ou de charité fraternelle, c’est<br />
<strong>au</strong>ssi une manière de communier intimement <strong>au</strong><br />
dessein de Dieu, à ses manifestations dans l’histoire<br />
de notre pays, cette sainte et douce France avec qui il<br />
est en alliance depuis si longtemps puisqu’il a donné<br />
ce roy<strong>au</strong>me en apanage à son Fils ainsi qu’à sa divine<br />
Mère. C’est dans cette lumière immense de la divine<br />
orthodromie, que nos frères Bruno et Thomas nous ont<br />
fait marcher durant ce pèlerinage en terre sainte d’Anjou<br />
sur les traces de nos saints martyrs vendéens...<br />
Le sanglant holoc<strong>au</strong>ste de ces <strong>catholique</strong>s de toutes<br />
conditions et de tous âges, cruellement immolés par la<br />
République <strong>au</strong> nom de la liberté et des droits de<br />
l’homme, resterait encore <strong>au</strong>jourd’hui caché, sans<br />
fruit ; il se résumerait à un triste mystère de mort,<br />
comme tant d’<strong>au</strong>tres dans l’histoire, sans <strong>au</strong>tre résurrection<br />
que culturelle, froide et sans cœur, si d’<strong>au</strong>tres<br />
témoins ne s’étaient levés pour redonner vie à ces<br />
“ ossements desséchés ” (Ez 37, 2-11), courage à cette<br />
“ grande et immense armée ”, dont nous sommes fiers<br />
d’être les héritiers. Grâce à eux, et même si nous<br />
sommes toujours dans les malheurs de la grande apostasie,<br />
nous ne pouvons plus dire que “ notre espérance<br />
est détruite et que c’en est fait de nous ”.<br />
Pour faire comprendre à nos amis que la résurrection<br />
de la France et de l’Église, partant le salut du<br />
monde entier, était non seulement à l’œuvre depuis<br />
toujours mais qu’elle était en passe de s’accomplir,<br />
nos frères Bruno et Thomas firent appel à trois<br />
témoins : notre bienheureux Père avec, à ses côtés,<br />
son âme sœur ne faisant qu’un avec lui, la bienheureuse<br />
Marie du Divin Cœur ; puis Mgr Freppel son<br />
précurseur et alter ego <strong>au</strong> dix-neuvième <strong>siècle</strong>, sans<br />
oublier, ô merveilleuse surprise dont frère Bruno se<br />
fera le hér<strong>au</strong>t enthousiaste ! celui-là même que notre<br />
bien-aimé Père avait vu briller <strong>au</strong> plus profond de sa<br />
nuit, le salut de l’église et du monde en personne,<br />
notre bon pape François. C’est donc un véritable trésor<br />
de circumincessante charité qui va se dévoiler<br />
peu à peu <strong>au</strong> cœur de nos trois cents amis, tout <strong>au</strong><br />
long des instructions et visites de ce pèlerinage entrepris<br />
avec une allégresse semblable à celle des<br />
p<strong>au</strong>vres de Yahweh se rendant à Jérusalem, ou de<br />
nos pères se rendant à Paray-le-Monial sous la hou-<br />
DE MGR FREPPEL,<br />
DE LA BIENHEUREUSE MARIE DU DIVIN CŒUR,<br />
SOUS LA HOULETTE DU PAPE FRANÇOIS.<br />
lette du général de Sonis, ou encore à Lourdes avec<br />
le Père Marie-Antoine.<br />
<strong>La</strong> douceur angevine était <strong>au</strong> rendez-vous, belle et<br />
accueillante malgré le froid vif, en la riche palette des<br />
verts tendres de ses forêts. C’est que la nature était en<br />
retard cette année, comme l’Église d’ailleurs après<br />
cinquante ans de Concile, mais l’une comme l’<strong>au</strong>tre<br />
n’avaient de cesse de le combler : « l’hiver était<br />
passé » (Ct 2, 11).<br />
Mais était-il bien fini ? Car enfin, si Saint-Florentle-Vieil<br />
a gardé le souvenir de ses martyrs, tourisme<br />
oblige, on voit bien que du côté des pouvoirs publics,<br />
ou de l’Église en son h<strong>au</strong>t clergé, le cœur n’y est pas<br />
ou si peu, l’argent non plus par conséquent. Si le<br />
« pays légal » en fait le moins possible, les efforts<br />
du « pays réel » pour s<strong>au</strong>vegarder la mémoire de<br />
nos martyrs n’en est que plus méritoire, tels ceux de<br />
M. de Dreuzy qui entretient, vaille que vaille, avec si<br />
peu de moyens, le musée des guerres de Vendée.<br />
C’est par sa visite que débuta notre pèlerinage en<br />
milieu d’après-midi, d’une manière un peu informelle,<br />
en attendant l’arrivée de nos pèlerins. C’est un “ bazar<br />
” d’objets de dévotion en tout genre, dont certains<br />
touchants : une veste de Vendéen, avec les boutons<br />
taillés dans l’os, caractéristiques des M<strong>au</strong>ges, et qui<br />
vient de servir à <strong>au</strong>thentifier un charnier <strong>au</strong> Mans,<br />
<strong>au</strong>tre “ champ des martyrs ”. On y a retrouvé quantité<br />
d’ossements d’une population jeune, dit M. de Dreuzy,<br />
de femmes et d’enfants en majorité, certainement de la<br />
“ virée de Galerne ”. Le crâne d’une jeune femme<br />
porte la marque de six coups de sabre... De quoi haïr<br />
un peu plus, s’il était possible ! cette m<strong>au</strong>dite république,<br />
et nous plonger dans la dévotion <strong>au</strong> Sacré-Cœur<br />
que ces “ blancs ” avaient dans le cœur, indéracinable,<br />
“ usque ad mortem ”.<br />
Mais le plus triste est la presque totale absence de<br />
culte public pour ces martyrs, nos saints martyrs de<br />
chez nous ! Sans ce M. de Dreuzy, il n’y <strong>au</strong>rait ni<br />
musée ni champ des martyrs <strong>au</strong> Marillais...<br />
Nous fîmes ensuite une entrée grandiose et solennelle<br />
dans le magnifique chœur surélevé de l’abbatiale<br />
de saint Florent, afin d’entendre notre frère Thomas<br />
ouvrir officiellement le pèlerinage. C’est lui qui devait<br />
nous “ remonter le moral ”, et notre frère Bruno plus<br />
encore à sa suite.<br />
(suite, p. 13)
MAI 2013 N o 128 - P. 12<br />
SAINT-FLORENT-LE-VIE<strong>IL</strong> AUPRÈS DU TOMBEAU DE CATHELINEAU<br />
APRÈS avoir regardé la pièce<br />
sur Catheline<strong>au</strong> que nos<br />
jeunes gens de la Permanence<br />
avaient jouée en son honneur,<br />
pour l’Épiphanie 2002, et dont le<br />
récit que nous venons d’entendre<br />
reprend les grandes lignes, notre<br />
Père nous disait tout ému : « Cette<br />
pièce met en scène ce que nous vivons<br />
tous les jours. Cela nous parle du<br />
passé... mais <strong>au</strong>ssi de l’avenir, peutêtre<br />
? Et nous portons sur la poitrine<br />
le même insigne qu’eux ! Continuons<br />
ainsi, car la France et l’Église se<br />
réveilleront infailliblement : Jésus et<br />
Marie le veulent. Il suffit que nous<br />
n’abandonnions pas en route. Ne soyons<br />
pas des lâches, mais des instruments de<br />
ce triomphe. Après, ce sera le Ciel, la<br />
Vierge Marie l’a dit ! »<br />
Nous sommes ici près du tombe<strong>au</strong><br />
de Catheline<strong>au</strong>, mort à<br />
Saint-Florent-le-Vieil comme un<br />
saint, le 14 juillet 1793, dans la<br />
maison en face de la chapelle,<br />
<strong>au</strong>jourd’hui maison paroissiale.<br />
<strong>La</strong> République ne voulut jamais<br />
lui donner de sépulture officielle,<br />
il fallut le dévouement du comte<br />
de Quatrebarbes, grand ami de<br />
Mgr Freppel, pour lui édifier,<br />
dans cette chapelle privée, un<br />
tombe<strong>au</strong>. On parla d’ouvrir son<br />
procès de béatification à la fin<br />
du dix-neuvième <strong>siècle</strong>, et Mgr<br />
Luçon, le futur cardinal, disait<br />
même en 1896, en comparant les<br />
Vendéens de 1793 <strong>au</strong>x Maccabées<br />
de la Bible, qu’il était urgent<br />
et nécessaire « d’honorer ce<br />
héros-martyr qui a levé l’étendard<br />
de la guerre sainte et en<br />
qui se personnifie la Vendée,<br />
armée pour la défense de ses<br />
<strong>au</strong>tels... <strong>La</strong> voix populaire l’a<br />
proclamé depuis longtemps “ le<br />
saint de l’Anjou ”. Plaise à la divine<br />
Providence de consacrer un jour<br />
en sa personne, par l’oracle de<br />
l’Église, comme elle a fait pour<br />
la libératrice de la France, un<br />
des plus be<strong>au</strong>x modèles de l’hé-<br />
roïsme se dévouant pro aris, rege<br />
et focis. » Mais c’était l’heure du<br />
funeste ralliement, et jamais cette<br />
c<strong>au</strong>se n’aboutit...<br />
Auprès du héros vendéen, repose<br />
son fils, Jacques-Joseph de<br />
Catheline<strong>au</strong>, la famille ayant été<br />
anoblie sous la Rest<strong>au</strong>ration.<br />
Quand le duc d’Angoulême vint<br />
à Saint-Florent, en 1816, Jacques-<br />
Joseph fut remarqué et enrôlé<br />
dans le régiment de la garde<br />
royale, dont il devint le portedrape<strong>au</strong>.<br />
On l’appelait “ le saint<br />
de la Garde ”, tellement ses<br />
mœurs étaient pures. Son nom<br />
était inscrit dans la confrérie<br />
militaire de Notre-Dame des<br />
Victoires, fondée en 1821 avec<br />
l’intention de se sanctifier et de<br />
« refaire une France chrétienne<br />
sous la puissante protection de<br />
Marie ». Chaque année, quand<br />
son temps de service était terminé,<br />
il faisait à pied le trajet de<br />
Paris à Be<strong>au</strong>pré<strong>au</strong>, où vivaient sa<br />
femme et ses cinq enfants, afin<br />
d’économiser les frais de voiture.<br />
En 1827, il assista à l’in<strong>au</strong>guration<br />
du monument en l’honneur<br />
de son père <strong>au</strong> Pin-en-M<strong>au</strong>ges,<br />
et prononça à cette occasion ces<br />
paroles touchantes qu’il adressait<br />
à son père : « C’est de toi que<br />
j’apprendrai à combattre, à succomber<br />
s’il le f<strong>au</strong>t, avec la croix<br />
du martyre et l’épée de la fidélité.<br />
» Paroles prophétiques qui<br />
ne tardèrent pas à se réaliser,<br />
puisque, en 1830, ayant refusé de<br />
prêter serment à Louis-Philippe,<br />
le “ roi des barricades ”, il revint<br />
<strong>au</strong> pays pour participer deux ans<br />
après <strong>au</strong> soulèvement de la duchesse<br />
de Berry.<br />
Le 27 mai 1832, alors qu’il<br />
était caché avec des amis dans la<br />
métairie de la Chaperonnière, ils<br />
furent cernés par une troupe de<br />
soldats. Entendant qu’on torturait<br />
le brave paysan qui le cachait,<br />
il résolut de se rendre. Sortant<br />
de son réduit, il s’écria : « Ne<br />
tirez pas, nous nous rendons.<br />
– Feu ! » commanda le lieutenant<br />
de gendarmerie Régnier. Les<br />
soldats hésitaient. Alors l’officier,<br />
saisissant un fusil des mains d’un<br />
soldat, tira à bout portant. Catheline<strong>au</strong><br />
s’écroula, mort. Mais le<br />
plus be<strong>au</strong>, le plus caractéristique<br />
<strong>au</strong>ssi de l’âme de nos Vendéens,<br />
fut que quelques jours après, les<br />
deux fils de Catheline<strong>au</strong>, Honoré<br />
et Henri, reconnurent le meurtrier<br />
de leur père. Il était à portée de<br />
fusil. Honoré leva <strong>au</strong>ssitôt son<br />
arme, mais Henri l’arrêta : « Au<br />
nom de Dieu, pardonnons-lui. »<br />
Et d’un commun accord, ils le<br />
laissèrent aller.<br />
On retrouvera cet Henri de<br />
Catheline<strong>au</strong> en 1870 à la tête<br />
d’un corps de volontaires pour<br />
se battre et défendre la France<br />
<strong>au</strong>x côtés des anciens zouaves<br />
pontific<strong>au</strong>x, avec la bénédiction<br />
de Mgr Freppel. Ce petit-fils du<br />
“ saint de l’Anjou ” disait, pour<br />
justifier son légitimisme, son attachement<br />
<strong>au</strong> comte de Chambord<br />
: « Ma foi politique est inséparable<br />
de ma foi religieuse. <strong>La</strong><br />
devise de mes aïeux est : Dieu et<br />
le Roi. Mon blason : un étendard<br />
portant le Sacré-Cœur. Je resterai<br />
fidèle à Dieu. Fidèle <strong>au</strong>ssi à<br />
mon Roi : lui seul peut assurer la<br />
liberté dans le bien, lui seul peut<br />
guérir et s<strong>au</strong>ver la France. »<br />
Telle est cette belle lignée de<br />
francs <strong>catholique</strong>s royalistes, dont<br />
notre Père nous a fait les héritiers<br />
heureux et fiers ! et qui<br />
par leur piété et leur générosité,<br />
leur « endurance <strong>au</strong> service des<br />
c<strong>au</strong>ses apparemment perdues »,<br />
leur martyre enfin, ont mérité le<br />
salut de la France, qui adviendra<br />
sûrement à l’heure de Dieu et<br />
du Cœur Immaculé de Marie,<br />
comme la suite obligée et le<br />
complément nécessaire à la résurrection<br />
de l’Église !
MAI 2013 N o 128 - P. 13<br />
LA DÉVOTION AU SACRÉ-CŒUR,<br />
ORTHODROMIE DE DOUCE, SAINTE FRANCE<br />
« Cette belle abbatiale de Saint-Florent-le-Vieil,<br />
avant d’être un h<strong>au</strong>t lieu des guerres de Vendée, fut un<br />
des premiers foyers d’évangélisation de notre douce et<br />
sainte France, quand elle voyait se répandre sur elle<br />
les rayons d’une lumière nouvelle : la foi en Jésus-<br />
Christ Fils de Dieu. Saint Florent, le fondateur de<br />
l’abbaye, était un disciple de saint Martin et, comme<br />
lui, originaire de Pannonie. Son frère Florianus ayant<br />
été martyrisé sous l’empereur arien Constance Auguste,<br />
Florentius quitta l’armée et vint à Ligugé se<br />
mettre à l’école de Martin, le grand convertisseur des<br />
G<strong>au</strong>les. Rejoint par M<strong>au</strong>rille, milanais de naissance et<br />
fils du gouverneur de la G<strong>au</strong>le cisalpine, qui avait tout<br />
quitté pour se faire ermite, saint Martin les envoya<br />
bientôt tous deux évangéliser ces pays de Loire que<br />
nous allons parcourir pendant deux jours. Saint Florent<br />
s’établit ici même, sur le mont Glonne, tandis que<br />
saint M<strong>au</strong>rille construisait son ermitage plus en amont,<br />
à Chalonnes, avant de devenir, par acclamation populaire,<br />
évêque d’Angers.<br />
« Vie de prière et trav<strong>au</strong>x de défrichement, évangélisation<br />
conçue comme une campagne militaire, car les<br />
mystiques sont des réalistes, lutte à coups de miracles<br />
contre le démon et le paganisme des campagnes...<br />
Nous sommes ici <strong>au</strong>x fondations de notre France chrétienne,<br />
quand un grand saint et ses disciples inst<strong>au</strong>raient<br />
la civilisation chrétienne sur les ruines de l’Empire<br />
romain, pour quinze <strong>siècle</strong>s ! »<br />
MGR FREPPEL, ÉVÊQUE DE NOTRE-DAME ANGEVINE.<br />
Si tout ce bien put se faire et se renouveler sans<br />
cesse, de génération en génération pour ainsi dire,<br />
c’est parce que « la Sainte Vierge était là <strong>au</strong>ssi »,<br />
bonne première et perpétuel secours de ses apôtres, de<br />
ses chevaliers, de ses braves paysans et jusqu’<strong>au</strong> roi<br />
en personne, comme l’atteste les nombreux sanctuaires<br />
construits en son honneur. On en compte pas moins de<br />
vingt-sept en Anjou.<br />
Aussi, lorsque Mgr Freppel devint évêque d’Angers<br />
en 1870, il prit tout de suite à cœur de les rest<strong>au</strong>rer<br />
afin d’y raviver et entretenir la ferveur de ses diocésains.<br />
Le 15 septembre 1873, il rassemblait une foule<br />
de cinquante mille personnes <strong>au</strong> Marillais, et il leur<br />
adressait une homélie demeurée célèbre. Écoutons-le<br />
nous raconter quand et comment tout a commencé<br />
entre l’Anjou et la Vierge Marie :<br />
« Un jour de 430, l’évêque saint M<strong>au</strong>rille vint<br />
rendre visite à ses frères, les moines du mont<br />
Glonne. Descendu <strong>au</strong> pied du cote<strong>au</strong> pour prier dans<br />
la solitude, “ il se vit tout à coup entouré d’une lumière<br />
céleste. C’était la Très Sainte Vierge, tenant en<br />
ses bras son divin Enfant, qui daignait lui apparaître<br />
dans un léart ou peuplier. Elle dit à son dévot serviteur<br />
que la volonté de Dieu et le bon plaisir de son Fils<br />
étaient qu’il établît en son diocèse une fête solennelle du<br />
jour de sa sainte naissance, le 8 de septembre. ” C’est<br />
en Anjou que cette fête a commencé à être célébrée<br />
[et c’est ainsi que le lieu où était apparu la beata Maria<br />
de M<strong>au</strong>rillio est devenu le Marillais]. Aussi de tout<br />
temps et maintenant encore, elle est appelée LA FÊTE<br />
ANGEVINE.<br />
« C’est le Marillais qui a été le berce<strong>au</strong> et le point<br />
de départ de cette dévotion singulière des fidèles de<br />
l’Anjou envers Celle qu’ils peuvent appeler, à un titre<br />
spécial, leur souveraine et leur patronne !<br />
« Notre-Dame de Béhuard, Notre-Dame du Ronceray,<br />
Notre-Dame-sous-terre, le Puy Notre-Dame,<br />
Notre-Dame du Chêne, Notre-Dame des Ardilliers,<br />
Notre-Dame des Gardes, tous ces lieux de pèlerinages<br />
antiques et renommés ne sont qu’<strong>au</strong>tant de rayons<br />
émanés du centre merveilleux de lumière et de grâce<br />
que Dieu avait établi sur ce point de la France ! Oui,<br />
c’est du Marillais qu’est parti, <strong>au</strong> cinquième <strong>siècle</strong>, ce<br />
grand rassemblement de foi et de piété [...].<br />
« Avec nos pères, répétons dans un même esprit de<br />
confiance en la Très Sainte Vierge : Maria illic est<br />
[<strong>au</strong>tre origine possible du nom Marillais]. Oui vraiment,<br />
Marie est là. Elle est là dans ce sanctuaire qu’elle<br />
s’est choisi, comme elle y était pendant les invasions<br />
barbares, obtenant de son Fils la conversion de ces<br />
farouches conquérants à la foi évangélique et <strong>au</strong>x vertus<br />
chrétiennes. Elle était là comme elle y était quand<br />
Charlemagne, vainqueur du paganisme, lui élevait un<br />
sanctuaire en témoignage de sa piété et de sa reconnaissance.<br />
Elle est là, comme elle y était, lorsque,<br />
devant les incursions des Normands, vos ancêtres cherchaient<br />
<strong>au</strong> pied de son <strong>au</strong>tel un refuge et une consolation.<br />
Elle est là, Maria illic est, comme elle y était<br />
dans les <strong>siècle</strong>s de foi, quand les Croisés, ces pèlerinssoldats,<br />
venaient s’agenouiller sur le pavé de son temple<br />
pour la prier de bénir leurs armes ; ou bien que<br />
l’on accourait, jusque du fond de l’Allemagne et de<br />
l’Angleterre, implorer la protection de Notre-Dame<br />
l’Angevine. »<br />
Quand les Anglais vinrent lui rendre hommage,<br />
Notre-Dame Angevine n’y trouva rien à redire, mais<br />
quand ils voulurent s’installer dans son pays <strong>au</strong> mépris<br />
du droit et de la volonté de Dieu, cela, elle ne put<br />
l’accepter. Et nous voici <strong>au</strong> <strong>siècle</strong> de la grande geste<br />
de sainte Jeanne d’Arc sur la terre, comme <strong>au</strong> Ciel<br />
d’où monsieur saint Michel et mesdames Catherine et<br />
Marguerite ne lui ménagèrent pas leur aide ; mais tous,<br />
<strong>au</strong> Ciel comme sur la terre, <strong>au</strong>x ordres de Jésus et<br />
Marie, comme le bel étendard de Jeanne le proclamait<br />
fièrement. Si Notre-Dame de Rocamadour fut sollicitée<br />
(cf. <strong>IL</strong> <strong>EST</strong> <strong>RESSUSCITÉ</strong> n o 125, février 2013, p. 35) pour<br />
assurer la reconquête du roy<strong>au</strong>me, c’est sous l’égide<br />
d’une Vierge angevine, Notre-Dame de Béhuard, que<br />
le fils de Charles VII, Louis XI, un de nos meilleurs<br />
rois, rusé comme le serpent mais pur de sa dévotion à<br />
la Sainte Vierge, rattacha définitivement l’Anjou à la<br />
couronne de France.<br />
(suite, p. 15)
MAI 2013 N o 128 - P. 14<br />
NOUS retrouvons ici notre<br />
saint M<strong>au</strong>rille qui, <strong>au</strong> début<br />
du cinquième <strong>siècle</strong>, érigea<br />
sur ce rocher volcanique, surgi<br />
du milieu des flots de la Loire il<br />
y a des millions d’années, un<br />
petit oratoire avec une statue de<br />
la Vierge en l’honneur de sa Nativité,<br />
8 septembre, fête angevine<br />
par excellence ! en remplacement<br />
d’une divinité païenne vouée à la<br />
protection des mariniers. Le concile<br />
d’Éphèse (431) venait de proclamer<br />
Marie « Mère de notre Dieu<br />
et Seigneur Jésus-Christ ». L’île<br />
prit donc le nom d’ “ île Sainte-<br />
Marie ”.<br />
Au onzième <strong>siècle</strong>, un chevalier<br />
breton, du nom de Buhard, reçut<br />
cette île des mains du comte d’Anjou,<br />
en récompense de ses bons<br />
services. Il rest<strong>au</strong>ra l’antique oratoire<br />
et, voulant finir ses jours à<br />
l’abbaye Saint-Nicolas d’Angers,<br />
en fit don <strong>au</strong> Père abbé. C’est<br />
ainsi que les moines conservèrent<br />
la garde et l’entretien du sanctuaire<br />
jusqu’à la Révolution. Pendant<br />
tout le Moyen Âge, riverains<br />
et pèlerins venus de tous les horizons<br />
accoururent pour prier <strong>au</strong><br />
« rocher de la Vierge ». <strong>La</strong> guerre<br />
de Cent Ans ne tarit pas le flot,<br />
l’<strong>au</strong>gmenta même, tant était grande<br />
la pitié du roy<strong>au</strong>me de France.<br />
Un jour de printemps 1429,<br />
plusieurs embarcations quittent la<br />
cité d’Angers. Se dirigeant avec<br />
dévotion, comme jadis celle de<br />
l’évêque M<strong>au</strong>rille, vers l’île de<br />
Béhuard, elles transportent Marie<br />
d’Anjou, l’épouse du d<strong>au</strong>phin<br />
Charles et sœur du roi René, et le<br />
petit d<strong>au</strong>phin Louis, âgé de six<br />
ans, ainsi que leur suite. Après<br />
avoir gravi les quelques marches<br />
creusées dans le roc, ils s’agenouillent<br />
<strong>au</strong>x pieds de la Vierge à<br />
l’Enfant et la supplient pour l’avenir<br />
du roy<strong>au</strong>me des lys. « Gentil<br />
d<strong>au</strong>phin, qu’adviendra-t-il, se tourmente<br />
la future reine, si la Vierge<br />
Marie n’accorde sa protection et<br />
n’obtient de son Fils Jésus, généreuse<br />
bienveillance ? – AVE MARIA,<br />
AVE MARIA. – Jadis, vous avez<br />
NOTRE-DAME DE BÉHUARD, AU PÉR<strong>IL</strong> DES FLOTS<br />
délivré le roy<strong>au</strong>me de la fureur des<br />
Normands. En ce jour, voyez la<br />
grande misère du roy<strong>au</strong>me ! – AVE<br />
MARIA. » Quelques jours plus tard,<br />
à Chinon, Jeanne arrivait des<br />
Marches de Lorraine, apportant le<br />
secours du Ciel...<br />
Quelques années plus tard, le<br />
Vendredi saint de l’an 1443, le<br />
même d<strong>au</strong>phin Louis, fier de ses<br />
vingt ans, prend place dans une<br />
barque sur la rivière de Charente ;<br />
prise dans un remous, elle chavire.<br />
Il se souvient... et s’écrie : « Si<br />
j’en sors sain et s<strong>au</strong>f, je bâtirai<br />
une chapelle, <strong>au</strong> rocher de la<br />
Vierge de Béhuard. » Notre futur<br />
Louis XI mettra quelque temps à<br />
accomplir son vœu, mais devenu<br />
roi, c’est lui qui donnera l’ordre<br />
de reconstruire la chapelle, dans<br />
l’état où elle est parvenue jusqu’à<br />
nous [vous verrez le portrait du roi<br />
à l’intérieur, il porte le collier de<br />
l’ordre de Saint-Michel qu’il avait<br />
créé ]. Il viendra quinze fois en<br />
pèlerinage à Béhuard, descendant<br />
<strong>au</strong> “ logis du Roy ” <strong>au</strong> pied du<br />
sanctuaire.<br />
Comme il eut fort à faire pour<br />
pacifier son roy<strong>au</strong>me et qu’il avait<br />
une grande dévotion pour la Sainte<br />
Vierge, – il parlait d’Elle comme<br />
sa “ Maîtresse et grant amie ”,<br />
assurant : « Elle nous a toujours<br />
imparti, en toutes affaires, son<br />
aide et sa direction. » – c’est ici,<br />
à Béhuard, qu’il ordonna la récitation<br />
de l’Angélus de midi, avec<br />
pour intention principale : la paix.<br />
Une cloche en perpétue le souvenir<br />
dans le chœur du sanctuaire.<br />
Vous remarquerez <strong>au</strong>ssi des chaînes,<br />
ex-voto d’un galérien libéré<br />
des prisons barbaresques <strong>au</strong> dixhuitième<br />
<strong>siècle</strong>. Et bien sûr, c’est<br />
notre Mgr Freppel qui redonna vie<br />
à ce sanctuaire. <strong>La</strong> grandiose fête<br />
qui se déroula ici le 8 septembre<br />
1873 est restée dans toutes les<br />
mémoires (frère Pascal en parle<br />
dans son livre, t. II, p. 128).<br />
Mais nous retiendrons ce soir le<br />
souvenir de cet Angélus de la paix,<br />
sachant que le don divin de la paix<br />
a été confié en nos temps d’apo-<br />
calypse <strong>au</strong> Cœur Immaculé de<br />
Marie. Notre Père écrivait à la<br />
Noël 1967 : « J’ai de fermes<br />
raisons de croire que cette année<br />
de l’apostasie qui va vers sa fin<br />
sera <strong>au</strong>ssi l’an I de la <strong>Contre</strong>-<br />
<strong>Réforme</strong>. Un immense travail nous<br />
attend, <strong>au</strong>-dessus des forces humaines<br />
tandis que des périls imminents<br />
guettent nos patries... Le<br />
rése<strong>au</strong>, vraiment <strong>catholique</strong>, de<br />
notre famille spirituelle doit être<br />
d’abord un rése<strong>au</strong> de prières.<br />
« Eh bien ! je vous propose,<br />
comme nos Pères le firent plus<br />
instamment <strong>au</strong>x temps des grandes<br />
calamités, de réciter le matin, à<br />
midi et le soir, l’ANGELUS DOMINI.<br />
C’est Louis XI déjà qui en fit une<br />
obligation <strong>au</strong>x fidèles de son<br />
roy<strong>au</strong>me, en 1472, pour la paix :<br />
“ On vous fait assavoir que nostre<br />
saint père le pape à la requeste du<br />
roy, nostre sire, a donné et octroié<br />
à tous ceulx et celles qui, par<br />
chacun jour environ heure de<br />
midy, <strong>au</strong> son de la cloche qui lors<br />
sonnera, diront dévotement trois<br />
Ave Maria, en priant Dieu pour la<br />
paix et union du roy<strong>au</strong>lme, trois<br />
cents jours de pardon et indulgence<br />
pour chacun jour, et se<br />
nomme l’Ave Maria de la Paix. ”<br />
« C’est en 1509 que le prieur de<br />
la Grande Chartreuse, François<br />
Dupuy, en fixa la pratique uniforme<br />
et ordonna, pour toutes les<br />
maisons de l’Ordre, les trois sonneries<br />
de cloche du matin, de midi<br />
et du soir. Luther, dans l’ombre,<br />
méditait déjà son triste projet ! Au<br />
temps où l’Antichrist, peut-être,<br />
s’apprête à partir en guerre contre<br />
la Sainte Église, récitons l’ANGÉ-<br />
LUS. » (CRC n o 3, Noël 1967)<br />
Mais notre Père ne se contenta<br />
pas d’inviter sa petite “ famille<br />
spirituelle ” à réciter l’ANGÉLUS<br />
pour rester fidèle <strong>au</strong> milieu des<br />
périls : de son cœur mystique de<br />
Docteur de la foi <strong>catholique</strong> jaillit<br />
une admirable méditation que nous<br />
écouterons <strong>au</strong>x pieds du Saint-<br />
Sacrement et de la Sainte Vierge<br />
quand nous serons parvenus à l’intérieur<br />
du sanctuaire.
MAI 2013 N o 128 - P. 15<br />
Nous étions là à une période charnière de l’orthodromie<br />
de Sainte France car tout cet “ admirable<br />
commerce ” entre Ciel et terre n’avait d’<strong>au</strong>tre but que<br />
de nous faire connaître, en Nom Dieu, une grande et<br />
bonne nouvelle, celle de l’absolue vérité de la religion<br />
royale. Notre frère Thomas s’en fit le hér<strong>au</strong>t<br />
enthousiaste.<br />
LE CHRIST JÉSUS, « VRAI ROI DE FRANCE ».<br />
« Parole du Seigneur ou de sainte Jeanne d’Arc,<br />
c’est tout un, et c’est assez dire qu’il s’agit là d’une<br />
vérité historique :<br />
« Le roy<strong>au</strong>me ne regardait pas le D<strong>au</strong>phin, mais mon<br />
Seigneur. Néanmoins, mon Seigneur veut que le D<strong>au</strong>phin<br />
devienne roi et qu’il ait le roy<strong>au</strong>me en commende. »<br />
« À la veille de la révolte protestante, de ses saccages<br />
et de ses guerres, nous avons ici en Anjou un<br />
témoignage sculptural de cette religion royale dans la<br />
chapelle du châte<strong>au</strong> de la Bourgonnière. C’est un très<br />
be<strong>au</strong> retable datant du début du seizième <strong>siècle</strong> avec<br />
un Christ ceint de la couronne de France, à la fois<br />
crucifié et glorieux. Les bras largement tendus, le visage<br />
royal, d’une sérénité rayonnante. Le fond du retable<br />
est doré et peint. En h<strong>au</strong>t, deux anges apportent du<br />
Ciel l’un la colonne de la flagellation, l’<strong>au</strong>tre la couronne<br />
d’épines. En bas, Charlemagne et Saint Louis<br />
entourent Notre-Seigneur. Comme l’écrit notre Père :<br />
“ Une foi, une loi, un roi ! ” Heureuse France qui jouit<br />
d’une parfaite unité de croyance, de mœurs et de<br />
gouvernement !... Encore f<strong>au</strong>t-il qu’elle demeure fidèle<br />
à l’alliance divine, à ce pacte de Reims que Jeanne<br />
tenait resserré dans son inoubliable et exigeante devise<br />
: “ Dieu premier servi ”. Messire Dieu, qui est<br />
“ Jésus, fils de sainte Marie ” et vrai roi de France. »<br />
(cf. CRC n o 198, p. 31)<br />
AU PÉR<strong>IL</strong> DES DERNIERS TEMPS,<br />
LE SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS PARAÎT<br />
Les derniers temps de l’Église, ceux durant lesquels<br />
il est écrit que l’ennemi du genre humain semblera<br />
l’emporter, notre Père les fait débuter en 1517<br />
par la révolte de Luther et de Calvin. Ces prétendus<br />
réformateurs de l’Église vont répandre, dans les mondes<br />
germanique et anglo-saxon, leur christianisme sécularisé<br />
; desséché et desséchant, il va s’imposer par la<br />
violence et le culte de l’argent. Notre Père décrit très<br />
bien le nouvel ordre mondial qui se met progressivement<br />
en place : « Désormais l’œuvre spirituelle du<br />
Christ qui est l’Église et l’œuvre temporelle de<br />
l’Église qui est la Chrétienté romaine et son bras mort<br />
la Chrétienté orientale, sont, non plus entourées de<br />
peuples barbares et musulmans à conquérir ou à délivrer,<br />
mais serrées de toutes parts de chrétiens devenus<br />
ennemis, qui ne peuvent trouver de repos dans leur<br />
religion et de justification dans leur schisme qu’<strong>au</strong><br />
prix de la totale destruction de l’Église et de la Chrétienté...<br />
» (CRC n o 96, septembre 1975, p. 3)<br />
Au seizième <strong>siècle</strong>, tandis que la France s’enlise<br />
dans de sanglantes guerres de religion, par la f<strong>au</strong>te du<br />
roi François I er puis de Catherine de Médicis, c’est la<br />
<strong>catholique</strong> Espagne et, dans son sillage, le Portugal<br />
qui vont s’opposer victorieusement à l’hérésie et être<br />
le fer de lance de la <strong>Contre</strong>-<strong>Réforme</strong> initiée par le<br />
concile de Trente et le pape saint Pie V. On assiste<br />
alors à une prodigieuse renaissance dont on peut dire,<br />
sans léser les <strong>au</strong>tres ordres religieux, qu’elle s’incarne<br />
dans la Compagnie de Jésus fondée par saint Ignace<br />
de Loyola en 1534.<br />
Les jésuites seront treize mille en 1615, à l’orée du<br />
grand <strong>siècle</strong> de la renaissance <strong>catholique</strong> française,<br />
c’est une phalange dont le Sacré-Cœur va bientôt vouloir<br />
se servir pour répandre son culte. En attendant, le<br />
roi Louis XIII prépare les voies <strong>au</strong> Divin Cœur en<br />
consacrant la France à la Sainte Vierge en 1638, à la<br />
suite de victoires militaires, mais surtout pour remercier<br />
le Ciel de la conception miraculeuse de son fils<br />
premier-né, Louis Dieudonné, le futur Louis XIV.<br />
Tandis que dans le monde, les nations de proie<br />
protestantes montent en puissance, que la religion réformée<br />
fait école chez les <strong>catholique</strong>s par le biais de<br />
l’hérésie janséniste, Dieu va intervenir dans notre histoire<br />
en frappant l’hérésie à la tête. Il va montrer son<br />
CŒUR. Là encore, il choisit son instrument, et ce n’est<br />
pas un hasard si c’est à une religieuse de la Visitation,<br />
l’ordre fondé par saint François de Sales et sainte<br />
Jeanne de Chantal, eux-mêmes étant, selon notre Père,<br />
une incomparable illustration du pur amour qui unit le<br />
Sacré-Cœur de Jésus et le Cœur Immaculé de Marie.<br />
Or, c’est par cet amour passionné mais exigeant et<br />
conquérant que Dieu veut faire triompher ses élus et<br />
régner dans le monde.<br />
L’ALLIANCE DU SACRÉ-CŒUR<br />
C’est donc la dévotion à son Sacré-Cœur que Jésus<br />
va enseigner à sainte Marguerite-Marie de 1673 à<br />
1689. Mais en 1689, cet amour entre en politique, et<br />
la sœur doit faire connaître <strong>au</strong> roi Louis XIV la prodigieuse<br />
alliance que le Sacré-Cœur lui propose.<br />
Notre Père, explique frère Thomas, met le doigt sur<br />
la plaie avec toute son expérience de directeur d’âme.<br />
« À ce Louis Dieudonné, choisi, béni, aimé, Jésus<br />
demandait, avant de lui donner toute gloire, tout son<br />
cœur. Et s’il y consent avec ferveur, sans esprit critique,<br />
sans f<strong>au</strong>x-semblant, en se consacrant, lui et son<br />
roy<strong>au</strong>me, à ce Cœur très sacré, en le plaçant sur ses<br />
drape<strong>au</strong>x et dans ses armes, culte public ! Alors le<br />
Christ s’occupera de ses affaires, y compris de sa<br />
victoire contre les “ têtes orgueilleuses ” des pays<br />
protestants qui sont <strong>au</strong>ssi ses ennemis.<br />
« Cette dévotion <strong>au</strong> Sacré-Cœur est donc d’immense<br />
conséquence. En apparence, ce n’est rien, et les<br />
esprits forts ironisent... Mais, expliquait notre Père, “ il<br />
en va de cela comme de l’oracle donné par le pro-<br />
(suite, p.18)
MAI 2013 N o 128 - P. 16<br />
AUX ABORDS DE NOTRE-DAME DU MAR<strong>IL</strong>LAIS : LE " PRÉ DES MARTYRS "<br />
LORSQUE les Vendéens eurent<br />
passé la Loire, en octobre<br />
1793, les abords du sanctuaire furent<br />
le théâtre d’une abominable tuerie.<br />
Contraste significatif ! Dans l’histoire<br />
de Saint-Florent-le-Vieil, <strong>au</strong><br />
même chapitre, s’opposent la magnanimité<br />
de Bonchamps et la cru<strong>au</strong>té<br />
du général Moulin. Ce dernier, qui<br />
revêtait des pantalons faits de pe<strong>au</strong><br />
humaine et s’en vantait ! arrive à la<br />
mi-<strong>au</strong>tomne. Sans perdre de temps, il<br />
commence sa sinistre besogne de<br />
massacreur. Des battues sont organisées<br />
par ses soins dans tout le voisinage.<br />
Et les suspects d’affluer à<br />
son tribunal, car ses émissaires opèrent<br />
des rafles jusque sur la rive<br />
g<strong>au</strong>che du fleuve. « Le nombre des<br />
personnes qu’ils arrêtèrent et firent<br />
arrêter est incroyable », a écrit<br />
l’abbé Gruget, frère du curé de<br />
Saint-Florent. Parfois les séides du<br />
général ne s’embarrassent pas de<br />
procédure. S’ils viennent de la Boutouchère<br />
(<strong>au</strong> sud de Saint-Florent), ils<br />
descendent en barques le cours de<br />
l’Èvre et abordent <strong>au</strong> Marillais en<br />
face d’un pâturage qui leur a été<br />
désigné. Là, ils livrent directement<br />
leurs proies <strong>au</strong>x bourre<strong>au</strong>x.<br />
Jamais sur le domaine de Notre-<br />
Dame n’avaient été perpétrés d’<strong>au</strong>ssi<br />
horribles carnages, pas même lors<br />
des invasions normandes ! Les 23 et<br />
24 décembre 1793, on fusilla plus<br />
de deux mille proscrits : d’abord les<br />
hommes pris les armes à la main,<br />
puis ceux qui n’avaient pas pu suivre<br />
l’armée vendéenne <strong>au</strong>-delà de la<br />
Loire, enfin les femmes et les enfants.<br />
L’enclos qu’ils ont baigné de<br />
leur sang ne s’appellera plus que le<br />
“ Pré des martyrs ” (l’enclos maintenant<br />
planté de peupliers). Et dans leur<br />
fiévreuse barbarie, les valets de<br />
Moulin recouraient encore <strong>au</strong>x noyades<br />
de Carrier. Une lettre de Félix,<br />
président de la Commission militaire<br />
d’Angers, le laisse entendre : « Fusiller<br />
[les brigands], c’est trop long :<br />
on dépense de la poudre et des<br />
balles. On a pris le parti de les<br />
mettre dans de grands bate<strong>au</strong>x. Au<br />
milieu de la rivière, à une demi-lieue<br />
de la ville, on coule le bate<strong>au</strong> à<br />
fond. Cette opération se fait continuellement.<br />
Angers, Saint-Florent et<br />
<strong>au</strong>tres endroits sont pleins de pri-<br />
sonniers, mais ils n’y restent pas<br />
longtemps : ils <strong>au</strong>ront ainsi le baptême<br />
patriotique. »<br />
Au Marillais, du moins, les infortunées<br />
victimes avaient la consolation<br />
de tomber à proximité du sanctuaire,<br />
entre les bras de Jésus et de<br />
sa Mère. Le vœu était ex<strong>au</strong>cé que<br />
leurs lèvres avaient formulé si souvent<br />
devant la Madone :<br />
Et quand ma dernière heure<br />
Viendra fixer mon sort,<br />
Obtenez que je meure<br />
De la plus sainte mort.<br />
Le départ de Moulin ne mit pas fin<br />
<strong>au</strong>x sanglantes hécatombes. Reprenant<br />
les méthodes de son prédécesseur,<br />
le général Legros laissa libre<br />
cours à sa férocité, en particulier<br />
contre le Marillais, un des villages<br />
martyrs des guerres de Vendée (pour<br />
vous donner un chiffre, ils avaient<br />
été cent trente-trois hommes et jeunes<br />
gens du village à s’enrôler sous les<br />
ordres de Bonchamps, qui les appelait<br />
ses “ gars du Marillais ” ). Les<br />
fusillades avaient donc repris <strong>au</strong><br />
“ Pré des martyrs ” <strong>au</strong> printemps<br />
1794. Nous en avons un témoignage<br />
direct, des plus émouvants, d’un<br />
jeune gars de Soulaines, qui en réchappa<br />
miraculeusement, le mardi<br />
25 mars, en la fête de l’Annonciation<br />
de Notre-Dame.<br />
VALLÉE est âgé alors de vingt<br />
ans. Les républicains l’ont surpris<br />
recrutant des soldats pour <strong>La</strong> Rochejaquelein<br />
et Stofflet qui, après la<br />
Virée de Galerne, ont décidé de<br />
continuer le combat. Conduit à Montglonne<br />
(nom qu’avait repris, sous<br />
la Terreur, Saint-Florent-le-Vieil), le<br />
jeune homme est incarcéré dans la<br />
vieille abbatiale bénédictine, où les<br />
prisonniers crient de faim. C’est une<br />
veille d’exécution. Le directoire du<br />
district ne nourrit pas de bouches<br />
inutiles. L’officier de garde l’a fait<br />
comprendre en ricanant <strong>au</strong>x enfants<br />
et <strong>au</strong>x femmes qui gémissent : « Dans<br />
mon pays, quand un boucher conduit<br />
un bœuf à l’abattoir, il ne le panse<br />
pas, il ne le nourrit pas. » Maintenant,<br />
les ténèbres envahissent le sanctuaire<br />
: naguère, à pareil moment, les<br />
voix graves des moines psalmodiaient<br />
complies. Les détenus ont cessé de<br />
se plaindre. Ils ne dorment pas tous,<br />
cependant. Car, dans l’obscurité, des<br />
prêtres passent qui exhortent <strong>au</strong> sacrifice,<br />
recueillent les confidences<br />
et accordent le pardon. Et la nuit<br />
s’écoule en prières. À l’heure de<br />
matines, les condamnés n’oublient<br />
pas de saluer la Vierge : la fête de<br />
l’Annonciation se finira pour eux <strong>au</strong><br />
Ciel. « Quand l’<strong>au</strong>be parut, raconte<br />
Vallée, la mort n’avait plus rien qui<br />
nous effrayât. »<br />
Legros a tenu à commander luimême<br />
le massacre. De bon matin, ce<br />
5 germinal an II, il a convoqué la<br />
garnison en armes et fait préparer<br />
des cordes. Deux par deux les Vendéens<br />
sont attachés à une solide<br />
chaîne, qui s’allonge indéfiniment<br />
sur la butte : il y a plus d’un millier<br />
de captifs ! Les derniers, f<strong>au</strong>te de<br />
liens, sont laissés les mains libres,<br />
entre deux rangées de baïonnettes.<br />
Et la colonne s’ébranle, <strong>au</strong> grand<br />
jour, dans la direction du Marillais,<br />
derrière le tambour qui bat la charge.<br />
Sur le même chemin, entraînant une<br />
<strong>au</strong>tre théorie, les clochettes des Rogations<br />
tintaient jadis plus gaiement.<br />
Pendant ce temps, <strong>au</strong> lieu du supplice,<br />
des prisonniers creusent près<br />
de la haie, à l’endroit le plus élevé<br />
du terrain, une immense fosse. Elle<br />
n’est pas terminée, lorsque le lugubre<br />
convoi entre dans la prairie.<br />
Debout, le chapelet à la main, entourant<br />
les fossoyeurs qu’ils regardent<br />
travailler, ceux qui vont mourir attendent<br />
que leur tombe soit prête.<br />
Douze jeunes gens, et Vallée est<br />
du nombre, n’ont pas été enchaînés.<br />
L’instant leur semble propice<br />
pour l’évasion. Ils se consultent du<br />
regard : une même espérance les<br />
anime. D’un commun accord ils<br />
s’élancent et, à toute allure, bondissent<br />
à travers champs. Les Bleus<br />
sont tellement stupéfaits qu’ils n’essaient<br />
pas de poursuivre les fuyards.<br />
« À coup sûr, dira vers 1850 l’ancien<br />
capitaine de chasseurs Vallée,<br />
qui prendra part à tous les <strong>au</strong>tres<br />
soulèvements vendéens, n’ayant rien<br />
perdu de son courage et de sa piété,<br />
Notre-Dame du Marillais me fut en<br />
aide et c’est à Elle, après Dieu, que<br />
je dois mon salut. Pendant plus de<br />
quarante ans, je suis venu célébrer<br />
la fête de l’Annonciation dans son<br />
sanctuaire et réciter à genoux mon<br />
chapelet sur la tombe des martyrs. »
MAI 2013 N o 128 - P. 17<br />
L’APPARITION DE LA VIERGE À SAINT MAUR<strong>IL</strong>LE (Ve <strong>siècle</strong>).<br />
« Ce que saint Cyrille d’Alexandrie et deux cent soixante-quatorze Pères avec lui,<br />
allaient affirmer à la face du monde entier, le saint évêque d’Angers était chargé de<br />
l’annoncer par avance, en ajoutant ce nouve<strong>au</strong> rayon à la gloire terrestre de la Mère<br />
de Dieu. Au concile d’Éphèse, la définition du dogme ; <strong>au</strong> Marillais, l’origine de la fête<br />
qui en restera vivante et populaire. » ( Mgr Freppel, sucesseur de saint M<strong>au</strong>rille)<br />
Lorsque les Vendéens eurent passé la Loire, en octobre<br />
1793, les abords du sanctuaire furent le théâtre<br />
d’une abominable tuerie. Les 23 et 24 décembre, plus<br />
de deux mille victimes baignèrent de leur sang le “ Pré<br />
des martyrs ”, où nous sommes rassemblés pour leur<br />
demander de nous obtenir la grâce de tomber comme<br />
eux entre les bras de Jésus et de Marie à l’heure de<br />
notre mort.<br />
Notre pèlerinage est parti de l’abbatiale de Saint-<br />
Florent-le-Vieil, d’où est partie l’évangélisation du<br />
pays de Loire <strong>au</strong> début du cinquième <strong>siècle</strong>... et la<br />
Croisade vendéenne à la fin du dix-huitième !<br />
« Avec nos pères, répétons dans un même esprit de<br />
confiance en la très Sainte Vierge : Maria Illic est.<br />
Oui vraiment, Marie est là. » (Mgr Freppel )
MAI 2013 N o 128 - P. 18<br />
phète Élisée à Naaman le Syrien d’aller se baigner<br />
sept fois dans le Jourdain pour être guéri de sa lèpre.<br />
L’oracle était ridicule et mettait en c<strong>au</strong>se la dignité de<br />
ce grand personnage et le prestige de son pays. Bien<br />
lui en prit cependant de suivre le conseil que lui<br />
donnèrent ses serviteurs, de faire docilement ce qui lui<br />
était dit. Mais cette obéissance contenait en germe<br />
toute une conversion de l’âme. Et il s’en alla guéri<br />
(2 R 5). Ainsi des demandes de Jésus-Christ. Elles ne<br />
sont rien, mais elles supposent une docilité, et elles<br />
conduisent à une conversion que l’on ne s’étonne plus<br />
de voir récompenser par les plus étonnantes bénédictions<br />
de Dieu. Car ce geste implique le renoncement<br />
<strong>au</strong> culte de l’Homme et le retour sincère, sincère<br />
parce que docile, sincère parce que public, <strong>au</strong> culte de<br />
Dieu.” » (CRC n o 75, décembre 1973, p. 8)<br />
1. AU SERVICE DU ROI.<br />
« Louis XIV refusera d’entrer dans les vues de son<br />
Seigneur et ses descendants <strong>au</strong>ssi, c’est grave pour des<br />
“ lieutenants ” du Christ. Satan va donc prendre possession<br />
des élites du Roy<strong>au</strong>me sous la Régence par<br />
l’argent, la luxure et la franc-maçonnerie, s’y incruster<br />
sous Louis XV et pousser à la Révolution sous<br />
Louis XVI. Mais avec ce dernier, l’obstacle n’est pas<br />
la chair, comme pour Louis XV, mais le cœur, l’esprit.<br />
Il crut en sa propre bonté plus qu’en celle du Sacré-<br />
Cœur, et oublia qu’il ne pouvait en <strong>au</strong>cune façon<br />
aliéner son <strong>au</strong>torité, qui était sacrée, ni en céder la<br />
moindre part à une Assemblée prétendument souveraine.<br />
Cette émancipation date du 17 juin 1789, cent<br />
ans, jour pour jour, après la demande du Sacré-Cœur.<br />
Louis XVI en sera terriblement puni dans sa personne,<br />
sa famille et son roy<strong>au</strong>me, tous livrés <strong>au</strong> pouvoir<br />
d’une Révolution satanique. Mais il prononcera dans<br />
la prison du Temple son vœu ou plutôt sa promesse de<br />
consécration, pour le jour où il redeviendrait roi.<br />
« Et cela, nos Vendéens l’ont su, qui accrochèrent<br />
le Sacré-Cœur à leur poitrine et partirent <strong>au</strong> combat<br />
avec cette “ livrée de la catholicité ”, comme disait un<br />
modeste curé angevin, l’abbé Marchais, de la Chapelledu-genêt,<br />
le 15 août 1793, en pleine guerre de Vendée.<br />
Après avoir rappelé à ses paroissiens le vœu du feu roi,<br />
il leur disait :<br />
« À peine ce vœu fut-il connu, ainsi que son intention,<br />
ils furent tous les deux bien reçus et adoptés<br />
avec plaisir par tous les princes et ecclésiastiques<br />
attachés à ce roi et à sa religion, par la noblesse, la<br />
magistrature, le militaire et tous ceux qui se font<br />
honneur du nom de royalistes. Ce que tous <strong>au</strong>ssi, ou<br />
<strong>au</strong> moins la plus grande partie, ont prouvé et démontré<br />
en portant sur eux secrètement d’abord et par<br />
prudence, mais publiquement <strong>au</strong>jourd’hui, une figure<br />
et comme une enseigne du Sacré-Cœur, et telles que<br />
j’ai la consolation d’en voir revêtu le plus grand<br />
nombre d’entre vous, mes très chers frères. Je les en<br />
félicite et engage les <strong>au</strong>tres à les imiter pour les voir<br />
bientôt participer <strong>au</strong>x grâces et <strong>au</strong>x bénédictions nécessairement<br />
attachées à un si bel acte de religion, d’<strong>au</strong>tant<br />
plus louable qu’il est plus libre et qu’il suppose plus de<br />
tendresse et de dévotion. Dans les circonstances présentes,<br />
c’est là comme la livrée et la marque distinctive<br />
de la catholicité, ainsi que l’était ci-devant, de leur<br />
adhésion <strong>au</strong> nouve<strong>au</strong> régime, le ruban tricolore et la<br />
médaille de la fédération pour nos intrus et <strong>au</strong>tres<br />
constitutionnels. »<br />
Et le bon curé de terminer en annonçant qu’il a fait<br />
faire deux table<strong>au</strong>x, un du Sacré-Cœur et un <strong>au</strong>tre du<br />
Cœur de Marie, « dont la dévotion n’est guère moins<br />
salutaire et sanctifiante quand elle est bien prise et<br />
bien dirigée ».<br />
« Entre la révélation du Sacré-Cœur à Paray-le-<br />
Monial et la Croisade vendéenne, il ne f<strong>au</strong>t pas oublier<br />
la présence influente de la Très Sainte Vierge en la<br />
personne de son prophète : saint Louis-Marie Grignion de<br />
Montfort. Ses prédications enflammées ont ravivé la foi<br />
solide, la profonde piété du paysan vendéen. Lorsque<br />
le saint meurt en 1716, des fondations durables sont<br />
établies. Ses successeurs et disciples vont prêcher plusieurs<br />
centaines de missions en Poitou, en Anjou, en<br />
Saintonge, dans le pays nantais, jusqu’en 1789. C’est<br />
<strong>au</strong> feu de ses paroles que s’est mobilisée la Vendée<br />
militaire, et comme le disait Mgr Freppel, notre évêque<br />
de combat : “ L’âme de ce peuple avait été ainsi<br />
comme pétrie de deux sentiments également propres à<br />
engendrer l’héroïsme : la foi religieuse et la fidélité <strong>au</strong><br />
pouvoir légitime. Aussi, lorsque, à la fin du <strong>siècle</strong><br />
dernier, lorsqu’en un jour de haine et d’aveuglement,<br />
l’on en vint à s’attaquer <strong>au</strong>x oints du Seigneur, à tout<br />
ce qui représentait le Christ dans l’État comme dans<br />
l’Église, ce peuple tressaillit dans ses bocages et <strong>au</strong><br />
fond de ses ravins. Il se leva pour défendre ce qu’il<br />
aimait, tout ce qu’il respectait ; et le monde fut témoin<br />
d’une lutte telle qu’il ne s’en était pas vu de plus<br />
émouvante depuis l’ère des Maccabées. Moriamur in<br />
simplicitate nostra, Mourons dans la simplicité de notre<br />
foi, répétaient ces fils de paysans que la foi avait<br />
transformés en héros... ”<br />
« C’est ainsi que nos Vendéens menèrent les bons<br />
combats pour DIEU ET LE ROI ! LE SACRÉ-CŒUR ET SON<br />
LIEUTENANT ! Véritable armée <strong>catholique</strong> et royale, les<br />
chefs en pratiquaient les œuvres, dont la plus belle, la<br />
plus chrétienne était le pardon, tels ces deux enfants<br />
chers à Saint-Florent-le-Vieil, Catheline<strong>au</strong>, le saint de<br />
l’Anjou, et Bonchamps le stratège qui dans un dernier<br />
souffle donna son dernier ordre : « Grâce <strong>au</strong>x prisonniers<br />
! » cinq mille républicains. C’est ainsi que les<br />
soldats du Sacré-Cœur faisaient la guerre.<br />
Sans entrer dans les détails des guerres de Vendée<br />
– notre sœur Lucie-Christine les ayant parfaitement<br />
résumées, explicitées en leur tenants et aboutissants<br />
dans une série d’articles parus dans RÉSURRECTION de<br />
2001 (n os 8, 10, 12 ; et de 2002, n os 13 à 16) – frère<br />
Thomas insista ensuite sur le caractère orthodromique
MAI 2013 N o 128 - P. 19<br />
de la dévotion <strong>au</strong> Sacré-Cœur. Il nous fit voir à la<br />
suite de notre Père, comment sous les apparences de<br />
l’échec, en raison même du sang versé d’une si pure<br />
et héroïque manière par les martyrs, c’est le Sacré-<br />
Cœur vrai roi de France qui se joue des obstacles que<br />
dressent à son encontre les hommes ingrats et rebelles.<br />
C’est donc toujours son dessein qui se réalise, malgré<br />
les apparences contraires.<br />
2. AU SERVICE DE L’ ÉGLISE AVEC L’IMMACULÉE.<br />
Lorsqu’en juillet 1830, <strong>au</strong> moment où Bourmont,<br />
un Vendéen ! conquérait l’Algérie à la France, la révolution<br />
jetait le roi Charles X à bas de son trône. Tout<br />
semblait bien fini. Non ! Sainte Catherine <strong>La</strong>bouré<br />
avait eu dans sa chapelle de la rue du Bac une vision<br />
prémonitoire, et du triomphe de la révolution, et de la<br />
reprise en main par l’Immaculée du dessein divin. <strong>La</strong><br />
première est une vision de religion royale, non pas<br />
glorieuse ni conquérante, mais bafouée :<br />
« Notre-Seigneur m’apparut comme un roi, avec la<br />
Croix sur la poitrine... Il m’a semblé que la Croix coulait<br />
sous les pieds de Notre-Seigneur et que Notre-Seigneur<br />
était dépouillé de tous ses ornements. C’est là que j’ai eu<br />
la pensée que le roi de la terre serait perdu et dépouillé<br />
de tous ses habits roy<strong>au</strong>x. »<br />
À l’image du Cœur royal de Notre-Seigneur, outragé<br />
par cette révolution impie qui l’empêcherait<br />
désormais de régner effectivement en France – sans<br />
qu’il songe, lui, à abdiquer, ne l’oublions pas – répond<br />
une <strong>au</strong>tre vision, celle de la Médaille miraculeuse et<br />
plus encore celle de la Vierge <strong>au</strong> globe, l’une et l’<strong>au</strong>tre<br />
manifestant la puissance royale de l’Immaculée triomphante.<br />
C’est à elle que Dieu a confié tout l’ordre de<br />
la miséricorde ; elle tient le monde, la France et chacune<br />
de nos âmes entre ses mains, c’est un gage<br />
absolu de victoire. C’est bien ainsi que nos Pères ont<br />
compris les grandes apparitions de la Vierge Immaculée<br />
de 1830, de 1846 à <strong>La</strong> Salette, de 1858 à Lourdes,<br />
de 1871 à Pontmain, de 1876 à Pellevoisin. L’Immaculée<br />
va assumer, comme disait notre Père, la « régence<br />
de la France » afin surtout de préserver les âmes de<br />
l’apostasie qui serpente dans l’Église.<br />
« Car ce n’est pas tellement le spectacle des<br />
impies, voltairiens, capitalistes et jouisseurs, qui<br />
s’étaient emparés des rênes du pouvoir en France<br />
depuis 1830 qui faisait le plus souffrir le Sacré-Cœur,<br />
nous expliqua frère Thomas, mais c’était de voir se<br />
lever du sein même de l’Église, fidèle sous les pontificats<br />
militants de Grégoire XVI et de Pie IX, une<br />
génération d’hommes acquis <strong>au</strong>x idées nouvelles.<br />
S’enivrant des grands mots de démocratie, de droits de<br />
l’homme, de liberté, etc., ils rêvent à la suite de<br />
Monsieur Émery, de Félicité de <strong>La</strong>mennais, de “ réconcilier<br />
l’Église avec la Révolution ”. <strong>La</strong>cordaire ira<br />
même jusqu’à proclamer dans un effet de manche<br />
oratoire, cette parole affreuse qui contient le germe de<br />
toutes les apostasies futures : “ <strong>La</strong> première vertu<br />
<strong>au</strong>jourd’hui n’est pas la foi, c’est l’amour sincère de<br />
la liberté. ”<br />
« Voilà mis en retrait le service de Dieu et, jetée<br />
par-devant la vision futuriste du règne sur terre de la<br />
Liberté. <strong>La</strong> “ foi en l’Homme ” a pris le pas sur les<br />
croyances religieuses, devenues des opinions privées. »<br />
(LETTRE À MES AMIS n o 236 du 25 octobre 1966)<br />
3. POUR SAUVER LE PAPE EN GRAND PÉR<strong>IL</strong>.<br />
« Mais ce ne serait encore rien, que la déviance<br />
d’esprits chimériques, si ce libéralisme n’avait atteint<br />
la tête même de l’Église, et pour longtemps, sous le<br />
pontificat de Léon XIII. Il <strong>au</strong>ra la folie de prendre le<br />
contre-pied de son saint prédécesseur Pie IX en prônant<br />
le dialogue plutôt que la controverse, et une politique<br />
d’entente avec les pouvoirs nouve<strong>au</strong>x issus de la<br />
Révolution, laïques et francs-maçons, plutôt que l’intransigeance.<br />
C’est ce mal mystérieux qui se répand<br />
depuis lors dans la Sainte Église de Dieu, et que notre<br />
Père appellera par dérision la “ léontreizine ”.<br />
« Léon XIII trouva sur sa route deux personnes<br />
dont l’esprit était pur de ce funeste libéralisme <strong>catholique</strong>,<br />
et qui vont tenter de l’en guérir. Mgr Freppel, le<br />
plus grand des évêques d’Angers. Nous allons retrouver<br />
à chaque étape de notre pèlerinage celui que<br />
notre Père a donné comme maître de sagesse à notre<br />
école de pensée CRC. Et notre chère et bienheureuse<br />
Marie du Divin Cœur, missionnée par le Sacré-Cœur<br />
<strong>au</strong>près du Pape pour qu’il renonce à ses chimères et<br />
consacre le monde <strong>au</strong> Sacré-Cœur. Ce fut un drame<br />
que mère Marie du Divin Cœur a vécu dans son<br />
corps, son âme jusqu’à en mourir, tellement elle était<br />
d’Église, tout en recevant la promesse de son Époux<br />
et Roi : “ Mon Cœur régnera, mon Cœur triomphera ” !<br />
C’est alors qu’elle a annoncé prophétiquement “ une<br />
année de miséricorde ”. »<br />
L’ULTIME RENOUVELLEMENT DE L’ALLIANCE<br />
Frère Thomas nous a bien montré que si notre Bon<br />
Dieu est à l’œuvre en France depuis 430, c’est<br />
toujours par la grâce de quelque apparition du Ciel, de<br />
la Sainte Vierge ou du Sacré-Cœur, et par le truchement<br />
de quelque médiateur privilégié, instrument docile<br />
des volontés du Ciel. Pour ce qui est de cette<br />
victoire finale tant attendue, nous savons depuis les<br />
apparitions de Notre-Dame de Fatima, que Dieu le<br />
veut, que tous les habitants du Ciel sont mobilisés à<br />
cette intention, et que le sang des martyrs compte pour<br />
be<strong>au</strong>coup dans le comput de cette délivrance.<br />
Encore f<strong>au</strong>t-il que le Pape obéisse à deux petites<br />
demandes du Ciel, deux volontés de Bon Plaisir, deux<br />
conditions sine qua non du triomphe du Cœur Immaculé<br />
de Marie : qu’il recommande la dévotion réparatrice<br />
des premiers samedis du mois, et ordonne <strong>au</strong>ssi<br />
<strong>au</strong>x évêques du monde entier de consacrer, en union<br />
avec lui, « la Russie <strong>au</strong> Cœur Immaculé de Marie ».<br />
(suite, p. 21)
MAI 2013 N o 128 - P. 20<br />
NOTRE-DAME de Charité est<br />
un des plus be<strong>au</strong>x fleurons<br />
du diadème de Notre-Dame Angevine,<br />
non pour la grandeur du<br />
site ou du sanctuaire, mais par<br />
son riche passé. D’abord, nous<br />
sommes à quelques kilomètres<br />
de Chalonnes, que nous traverserons<br />
tout à l’heure, et vous<br />
vous rappelez que c’est là que<br />
saint M<strong>au</strong>rille avait construit son<br />
ermitage, d’où il avait rayonné<br />
sa dévotion mariale, après avoir<br />
eu <strong>au</strong>dience du Ciel <strong>au</strong> Marillais.<br />
C’est sans doute <strong>au</strong> début du<br />
dix-huitième <strong>siècle</strong>, lors d’une<br />
épidémie de peste qui fit de<br />
nombreuses victimes sur la paroisse,<br />
que le vocable de Notre-<br />
Dame de Charité devint familier<br />
<strong>au</strong>x habitants de Saint-<strong>La</strong>urent.<br />
« En cette terre bénie, où grandissaient<br />
de futurs martyrs, écrit<br />
l’abbé Tricoire, Marie qui déjà<br />
les inspirait, ne pouvait mériter<br />
d’<strong>au</strong>tre nom que celui de Notre-<br />
Dame de Charité. » Sous la<br />
Révolution, ce petit sanctuaire<br />
va devenir l’un des lieux de<br />
pèlerinage les plus fréquentés<br />
des M<strong>au</strong>ges. « Ici, mieux que<br />
partout ailleurs, on comprend<br />
pourquoi l’insurrection a éclaté. »<br />
Déjà, les trois prêtres de la<br />
paroisse sont réfractaires et ont<br />
refusé de prêter serment à la<br />
Constitution civile du Clergé.<br />
Chassés de leur église, ils prennent<br />
l’habitude de célébrer leur<br />
messe dans des lieux retirés et,<br />
perdu dans les bois de genêts, le<br />
logis de Notre-Dame devient vite<br />
une sorte de chapelle de secours<br />
où se multiplient les rassemblements.<br />
Les <strong>au</strong>torités de Chalonnes<br />
s’en alarment et, la veille<br />
de la Saint-Louis, 25 août 1791,<br />
un détachement de gendarmes<br />
monte jusqu’ici et découvre un<br />
spectacle féerique : une multitude<br />
de cierges allumés embrase les<br />
ténèbres d’où surgit, ruisselante<br />
de lumière, la rustique chapelle.<br />
Il y a peut-être huit cents personnes<br />
qui sont là pour entendre<br />
la Messe et chanter les litanies<br />
de la Sainte Vierge. <strong>La</strong> réaction<br />
ne se fait pas attendre : dès le<br />
26 août, ordre était donné par le<br />
Directoire de démolir la chapelle,<br />
ce qui fut fait le 29 août. L’émotion<br />
fut à son comble quand on apprit<br />
à Saint-<strong>La</strong>urent la profanation<br />
sacrilège.<br />
Les pèlerinages n’en continuent<br />
pas moins de se succéder, d’<strong>au</strong>tant<br />
que, à partir de la mi-septembre,<br />
la Sainte Vierge elle-même se montra<br />
« dans le creux d’un chêne, à cinq<br />
ou six pieds de l’emplacement de<br />
la chapelle » ( marqué par le<br />
calvaire), pour venir <strong>au</strong> secours<br />
de ses enfants fidèles et traqués.<br />
De nombreux témoins la virent.<br />
On a conservé, entre <strong>au</strong>tres, le<br />
NOTRE-DAME DE CHARITÉ EN SAINT-LAURENT DE LA PLAINE<br />
témoignage d’une Fille de la<br />
Sagesse, venue avec des centaines<br />
de pèlerins depuis Saint-<br />
<strong>La</strong>urent-sur-Sèvre le 18 novembre<br />
1791 :<br />
« Ils arrivèrent (à Saint-<strong>La</strong>urentde-la-Plaine)<br />
à 8 heures du soir ;<br />
et faisant leurs prières sur les<br />
ruines de la Chapelle, ils dirent<br />
tout ce que leur foi leur inspira.<br />
Les habitants du lieu vinrent les<br />
prier de passer la nuit chez eux.<br />
Les femmes y furent, et les<br />
hommes restèrent à passer la<br />
nuit <strong>au</strong> pied du chêne, mais ils<br />
ne virent pas la Sainte Vierge.<br />
Le matin, les femmes s’y rendirent.<br />
Trois processions y étaient arrivées<br />
la nuit. Il y en avait une<br />
de vingt-deux lieues, et ils avaient<br />
été trois jours en marche. Tous<br />
se prosternèrent à terre, pleurant<br />
amèrement, ne voyant pas la<br />
Sainte Vierge, mais seulement<br />
comme une étoile. Enfin, redoublant<br />
leurs prières, cette Sainte<br />
Vierge leur apparut tenant son<br />
divin Fils dans les bras. Elle se<br />
rendit visible à tous. Jugez de la<br />
joie et des transports où ils<br />
furent, croyant être élevés <strong>au</strong><br />
Ciel. Deux de nos domestiques<br />
qui ont été à la procession ne<br />
savent comment s’exprimer pour<br />
prouver la vérité de ce qu’ils ont<br />
vu et la joie où ils sont. Ils<br />
avaient eu le bonheur de communier<br />
ce jour-là. M. Bourel, le<br />
médecin, vient de nous dire que<br />
son épouse y avait été et qu’elle<br />
avait vu sur le chêne une couronne<br />
d’étoiles pareilles à celles du<br />
firmament. Il connaît deux prêtres<br />
qui y sont allés et qui ont vu la<br />
Sainte Vierge, de la grandeur<br />
d’un pied et demi, et brillant<br />
comme le soleil. Et après l’avoir<br />
bien considérée, et remplis de<br />
foi et d’admiration d’un spectacle<br />
si ravissant, on la vit s’élever <strong>au</strong><br />
ciel, dans une nuée qui était<br />
parsemée d’étoiles. Quinze messieurs,<br />
pour s’assurer du fait, s’y<br />
sont rendus ; et ne la voyant<br />
pas se sont mis en prière ; et,<br />
après avoir prié, l’ont vue. Deux<br />
maçons, qui avaient aidé à<br />
démolir la chapelle, avaient suivi<br />
les messieurs pour se moquer<br />
d’eux. Ils leur demandèrent à<br />
quoi ils pensaient. Ces malheureux<br />
devinrent immobiles et près<br />
de s’évanouir. Ils fondirent en<br />
larmes de regret d’avoir démoli<br />
cette chapelle. Dans l’instant ils<br />
virent la Sainte Vierge, et depuis<br />
ils vivent comme des saints. »<br />
Étonnez-vous que Catheline<strong>au</strong><br />
soit venu près de dix-huit fois en<br />
pèlerinage de nuit, par tous les<br />
temps, depuis Pin-en-M<strong>au</strong>ges<br />
jusqu’ici, puisque la Sainte Vierge<br />
y descendait elle-même ! Le district,<br />
une fois de plus, s’alarma,<br />
et une expédition “ punitive ” fut<br />
montée par un homme du Directoire,<br />
qui fera bientôt parler<br />
de lui : <strong>La</strong> Révellière-Lepe<strong>au</strong>x !<br />
Le 25 mars 1792, une troupe de<br />
républicains montent de Chalonnes,<br />
ils s’intitulent “ le Club<br />
ambulant ” et vont prêcher la<br />
bonne parole à Be<strong>au</strong>pré<strong>au</strong> ! Arrivés<br />
à h<strong>au</strong>teur du sanctuaire, ils<br />
trouvent une foule considérable<br />
qui les laissent passer en silence,<br />
mais un silence lourd. <strong>La</strong> Révellière-Lepe<strong>au</strong>x<br />
racontera plus<br />
tard qu’ils furent insultés, qu’on<br />
brandit des bâtons contre eux,<br />
c’est pure légende, on les laissa<br />
passer, mais après leur passage,<br />
un jeune homme dit tout h<strong>au</strong>t ce<br />
que tout le monde pensait tout<br />
bas : « Pourquoi jurent-ils après<br />
le chêne ? Ils ont bien fait de<br />
s’en aller... Quand je prie le Bon<br />
Dieu, je le prie, mais quand je<br />
me bats, je me bats. » Cela<br />
voulait dire : qu’ils n’y reviennent<br />
pas. Eh bien ! ils y revinrent,<br />
deux jours plus tard, après un<br />
lamentable échec à Be<strong>au</strong>pré<strong>au</strong>,<br />
et ils déracinèrent le trône que<br />
s’était choisi la Reine du Ciel,<br />
« misérable petit tronc d’arbre<br />
creux qui n’avait presque plus<br />
d’écorce », comme dit <strong>La</strong> Révellière-Lepe<strong>au</strong>x.<br />
Imaginez la colère<br />
des fidèles, qui continuèrent<br />
néanmoins à venir en pèlerinage,<br />
mais armés de bâtons, et la<br />
colère montait...<br />
Elle monta encore d’un cran,<br />
quand on apprit le sort réservé<br />
<strong>au</strong>x prêtres réfractaires, et quand<br />
on apprit la mort du Roi. Le jour<br />
de la levée de la conscription,<br />
elle éclata. À l’<strong>au</strong>be du 12 mars<br />
1793, le tocsin laisse tomber ses<br />
notes lugubres sur les toits de<br />
Saint-<strong>La</strong>urent. De toutes les métairies<br />
les paysans accourent.<br />
Les conscrits n’iront pas seuls<br />
<strong>au</strong> chef-lieu, Saint-Florent, mais<br />
en compagnie de leurs parents<br />
et de leurs amis. En tête de la<br />
colonne, Sébastien Cady, âgé de<br />
trente-neuf ans. D’une belle intelligence,<br />
le cœur sur la main, ce<br />
maître chirurgien s’est rendu<br />
populaire par une souriante jovialité<br />
qui ne déplaît point <strong>au</strong>x<br />
gars de la campagne. Ceux-ci se<br />
félicitent d’emmener avec eux<br />
quelqu’un qui sait parler. Et la<br />
troupe s’ébranle non sans jeter<br />
l’inquiétude dans les cœurs qui<br />
restent. Car telle fermière a vu<br />
son mari décrocher silencieusement<br />
du mante<strong>au</strong> de la cheminée<br />
un vieux fusil de chasse ou la<br />
f<strong>au</strong>x <strong>au</strong> râtelier de la grange. <strong>La</strong><br />
lenteur du geste soulignait une<br />
résolution farouche... « Notre-<br />
Dame de Charité, ayez pitié de<br />
nous ! »<br />
Heures d’attentes, heures de<br />
fièvre ! Enfin des courriers arrivent<br />
de Saint-Florent-le-Vieil : le tirage<br />
<strong>au</strong> sort n’a pas eu lieu, les<br />
patriotes du district sont en fuite,<br />
on a brûlé les papiers de l’administration.<br />
Mais dans les regards<br />
des jeunes et des vieux qui<br />
racontent l’<strong>au</strong>dacieuse équipée,<br />
brille une flamme nouvelle. Quand<br />
Catheline<strong>au</strong> passera par Saint-<br />
<strong>La</strong>urent de la Plaine, où il fera<br />
jonction avec Stofflet, d’Elbée et<br />
Bonchamps, ils trouvèrent, debout,<br />
prêts à les suivre, tous les hommes<br />
valides sous la direction de<br />
Sébastien Cady promu capitaine<br />
de paroisse.<br />
Mais durant les mois qui suivirent,<br />
les soldats de la République<br />
vont s’acharner contre cette<br />
paroisse qu’ils savent toute ralliée<br />
à la c<strong>au</strong>se vendéenne et qui se<br />
trouve démunie de ses robustes<br />
défenseurs.<br />
Et ce fut un offertoire sanglant...<br />
Toute personne découverte était<br />
soit passée par les armes, le<br />
plus souvent après avoir subi<br />
d’épouvantables tortures, soit<br />
déportée vers les prisons d’Angers.<br />
Dans la chapelle, se trouve la<br />
liste de ce martyrologe. L’admirable<br />
figure du vicaire de la<br />
paroisse couronne ce long cortège<br />
de martyrs. Il s’appelait Joseph<br />
More<strong>au</strong>, et après avoir exercé<br />
pendant plusieurs mois un ministère<br />
clandestin, il fut arrêté et<br />
condamné <strong>au</strong> motif « d’avoir imaginé<br />
des processions miraculeuses,<br />
<strong>au</strong> nom d’une soi-disant<br />
Sainte-Vierge, placée dans un<br />
chêne, près de Saint-<strong>La</strong>urent-dela-Plaine,<br />
qu’il faisait mouvoir à<br />
volonté en la métamorphosant de<br />
toutes les manières et selon les<br />
circonstances du soi-disant miracle<br />
qu’il voulait opérer en son nom »<br />
(sic ! ). Le Vendredi saint 18<br />
avril 1794, « sur les 4 heures<br />
de l’après-midi », il montait à<br />
l’échaf<strong>au</strong>d, pour expier son attachement<br />
inébranlable à Notre-<br />
Dame de Charité.<br />
Le sanctuaire renaîtra après<br />
la Révolution, reconstruit grâce<br />
à de généreux fidèles qui se<br />
firent les frères mendiants de la<br />
Vierge dans toute la région pour<br />
recueillir des dons. Le 8 septembre<br />
1875, un <strong>au</strong>tel en l’honneur du<br />
Sacré-Cœur était béni dans cette<br />
chapelle, <strong>au</strong> même moment où<br />
Mgr Freppel couronnait Notre-<br />
Dame des Gardes non loin de là.<br />
Dans sa chapelle rebâtie, Notre-<br />
Dame de Charité, Reine de Saint-<br />
<strong>La</strong>urent et de tout l’Anjou, entendait<br />
chanter les petits-enfants<br />
de ses martyrs !<br />
Faisons retentir à notre tour<br />
ses louanges pour la résurrection<br />
de l’Église, pour notre Saint Père<br />
le pape François, pour le salut<br />
de notre Patrie que la République<br />
ruine depuis plus de deux cents<br />
ans !
MAI 2013 N o 128 - P. 21<br />
Dieu le veut ainsi, afin que la gloire du Cœur<br />
Immaculé de Marie éclate <strong>au</strong>x yeux, et <strong>au</strong> cœur<br />
surtout, du monde entier. Frère Thomas se tourna alors<br />
vers frère Bruno :<br />
« Mon frère, verrons-nous bientôt la fin de cet affreux<br />
drame de l’apostasie de l’Église, dû <strong>au</strong> libéralisme<br />
papal et conciliaire ? Pouvons-nous dire qu’avec<br />
le pape François une année de miséricorde vient de<br />
s’ouvrir pour l’Église et pour le monde, annoncée par<br />
la bienheureuse Marie du Divin Cœur et par notre<br />
bienheureux Père ? »<br />
<br />
<br />
LE TEMPS DES MARTYRS<br />
LA JOIE DE MARCHER AVEC JÉSUS<br />
par frère Bruno de Jésus-Marie<br />
Ce Pape, <strong>au</strong> nom français de François, ne cesse,<br />
depuis son avènement, par ses homélies quotidiennes,<br />
prononcées dans un langage simple et direct, à la<br />
Messe qu’il célèbre chaque matin à 7 heures, à la<br />
maison Sainte-Marthe pour ses “ paroissiens ” du Vatican,<br />
de s’adresser à leur cœur. C’est un pape qui fait<br />
de sa religion un amour.<br />
Avec lui, la Parole de Dieu devient vivante, à<br />
condition d’être accueillie avec humilité, comme une<br />
parole d’amour. Elle peut ainsi entrer dans les cœurs<br />
et changer leur vie. C’est la voix de Jésus, c’est son<br />
timbre de voix : ce qu’il dit passe par notre intelligence,<br />
mais il va droit <strong>au</strong> cœur !<br />
I. SA RELIGION <strong>EST</strong> UN AMOUR<br />
Par exemple lorsqu’il explique à son service de<br />
sécurité, invité du 18 avril dernier, que notre Dieu<br />
n’est pas un « dieu-aérosol », il est « Père, Fils,<br />
Esprit-Saint », et « quand nous parlons avec Dieu,<br />
nous parlons avec des Personnes ». L’abbé de Nantes,<br />
notre Père, ne disait pas <strong>au</strong>tre chose, <strong>au</strong> point de se<br />
faire traiter de “ polythéiste ” par je ne sais quel scribe<br />
pharisien malintentionné...<br />
« Soit je parle avec le Père, soit je parle avec le<br />
Fils, soit je parle avec l’Esprit-Saint, dit le Pape. C’est<br />
cela, la foi. » On croirait entendre l’abbé de Nantes<br />
prêchant la « circumincessante charité trinitaire ». Et<br />
ajoutant dans un sourire : « Bien sûr le Fils entend ce<br />
que je dis <strong>au</strong> Père, puisqu’ils ne font qu’un ! »<br />
Citant le Christ dans l’Évangile du jour : « Personne<br />
ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire<br />
vers moi » (Jn 6, 44), le Pape a fait observer qu’ « aller<br />
à Jésus, trouver Jésus, connaître Jésus est un don du<br />
Père. <strong>La</strong> foi est un don ».<br />
Aussi, à quiconque se dit “ croyant ”, le Pape demande<br />
: « En quel Dieu crois-tu ? »<br />
« Tant de fois, constate-t-il, la réponse est “ en<br />
Dieu ”. Un dieu diffus, un dieu-aérosol, qui est un peu<br />
partout mais dont on ne sait pas ce qu’il est. » C’est<br />
du “ théisme ”.<br />
Comme cet Éthiopien, intendant de la reine de<br />
Candace, <strong>au</strong>quel Philippe expliqua le sens du poème<br />
du Serviteur que lisait ce païen <strong>au</strong> chapitre 53 du livre<br />
d’Isaïe et qui « poursuivait son chemin tout joyeux »<br />
après avoir entendu « la Bonne Nouvelle de Jésus »<br />
et avoir été baptisé par Philippe (Ac 8, 26-40), nous<br />
allons nous engager dans ce pèlerinage avec la joie<br />
<strong>au</strong> cœur, la joie qui transfuse du cœur de notre Saint-<br />
Père le pape dans celui de ses enfants, fils de l’Église,<br />
<strong>au</strong>xquels il prêche « la joie de la foi, la joie d’avoir<br />
rencontré Jésus, la joie que Jésus seul nous donne, la<br />
joie qui donne la paix : non pas celle que donne le<br />
monde, mais celle que donne Jésus. Voilà notre foi. »<br />
Or, « on ne peut croire en Jésus sans l’Église »,<br />
a-t-il déclaré <strong>au</strong>x cardin<strong>au</strong>x qui l’entouraient pour la<br />
Saint-Georges, sa fête ! en la chapelle P<strong>au</strong>line où il a<br />
célébré la Messe, mardi 23 avril. Et l’Église « hiérarchique<br />
et <strong>catholique</strong> », a-t-il précisé avec un petit<br />
coup d’œil circulaire, comme pour mesurer l’effet<br />
produit...! Dénonçant la tentation de « négocier avec<br />
le monde », il a rappelé que « l’identité chrétienne »<br />
est « appartenance à l’Église ». Autant dire à l’Église<br />
de <strong>Contre</strong>-<strong>Réforme</strong>.<br />
II. LE COMBAT DES MARTYRS<br />
Le 18 avril, à la fin de la Messe, après la prière à<br />
saint Michel archange, patron de ses gardes du corps,<br />
le Pape les a remerciés de leurs bons services, qui<br />
« exigent une droiture d’esprit, une volonté forte, des<br />
sentiments honnêtes, de la sérénité ». Et du courage !<br />
Car la vie est un combat, enseigne ce Pape, et pas<br />
seulement pour ces hommes chargés de le protéger<br />
même <strong>au</strong> prix de leur vie. « Le temps des martyrs<br />
n’est pas terminé », avait-il déclaré le 15 avril, évoquant<br />
les chrétiens persécutés « en haine de la foi ».<br />
« Aujourd’hui encore, a-t-il répété, nous pouvons<br />
dire, en vérité, que l’Église a plus de martyrs qu’<strong>au</strong><br />
temps des premiers <strong>siècle</strong>s. » Or, dans son homélie de<br />
la Saint-Georges, il a souligné que, dans les débuts de<br />
l’Église, c’est « <strong>au</strong> moment où éclate la persécution,<br />
qu’éclate <strong>au</strong>ssi la vocation missionnaire de l’Église »<br />
(Ac 11, 19-26). Parce que c’est la persécution déchaînée<br />
à Jérusalem qui projette Philippe et les <strong>au</strong>tres<br />
jusqu’à Antioche.<br />
Aujourd’hui, le Pape ne cesse de rendre hommage<br />
à « tant d’hommes et de femmes qui sont calomniés,<br />
qui sont persécutés, qui sont tués en haine de Jésus,<br />
en haine de la foi ». Certains parce qu’ils « enseignent<br />
le catéchisme », d’<strong>au</strong>tres parce qu’ils « portent une<br />
croix » sur eux.<br />
« Ce sont nos frères et sœurs qui souffrent <strong>au</strong>jourd’hui,<br />
en ce temps de martyrs. Nous devons<br />
penser à cela », a-t-il insisté.<br />
Au cardinal Tong, archevêque de Hongkong, seul
MAI 2013 N o 128 - P. 22<br />
cardinal électeur chinois présent <strong>au</strong> conclave, le pape<br />
François a dit combien « l’Église en Chine était présente<br />
en son cœur », rapporte “ ÉGLISES D’ASIE ”<br />
(EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris.<br />
Il l’a dit en trois occasions.<br />
<strong>La</strong> première, le 13 mars dans la chapelle Sixtine,<br />
lors des hommages des cardin<strong>au</strong>x <strong>au</strong> Pape qui venait<br />
d’être élu. Le cardinal Tong a remis <strong>au</strong> pape une<br />
petite statue en bronze de Notre-Dame de Sheshan :<br />
« Les <strong>catholique</strong>s en Chine vous aiment et prieront<br />
pour vous. Nous vous demandons <strong>au</strong>ssi votre amour<br />
pour tous les <strong>catholique</strong>s chinois ; s’il vous plaît,<br />
priez pour nous », a-t-il dit <strong>au</strong> Pape, qui a répondu en<br />
souriant : « Les <strong>catholique</strong>s chinois ont rendu de grands<br />
témoignages à l’Église universelle. »<br />
« À ma grande surprise, a raconté le cardinal, il a<br />
pris ma main droite et embrassé mon anne<strong>au</strong> épiscopal.<br />
» Lorsque ce fut le tour de l’archevêque de<br />
Saïgon, le Pape fit de même.<br />
Deux jours plus tard, raconte encore le cardinal<br />
Tong, celui-ci se dirigeait tôt dans la matinée du<br />
15 mars, vers la chapelle de la maison Sainte-Marthe,<br />
il s’est trouvé <strong>au</strong> même moment que le nouve<strong>au</strong> Pape<br />
dans l’ascenseur. « Le pape François m’a à nouve<strong>au</strong><br />
remercié pour la statuette et m’a précisé qu’il l’avait<br />
mise dans sa chambre car elle lui rappelait le jésuite<br />
saint François Xavier, arrivé <strong>au</strong>x portes de la Chine il<br />
y a plus de 460 ans. Il m’a <strong>au</strong>ssi dit qu’il n’oubliait<br />
jamais de prier pour les <strong>catholique</strong>s de Chine. »<br />
Lors de la Messe célébrée ce jour-là en présence<br />
des cardin<strong>au</strong>x, vers la fin de son homélie, le Pape<br />
avait publiquement, « et de manière totalement inattendue<br />
», remercié le cardinal pour la statue de la Vierge.<br />
Enfin, le 20 mars, <strong>au</strong> lendemain de la messe d’installation<br />
du nouve<strong>au</strong> Pape, le cardinal Tong vint faire<br />
ses adieux <strong>au</strong> nouvel évêque de Rome, avant de repartir<br />
pour Hongkong. À sa grande confusion, le Pape lui<br />
saisit la main droite, baisa son anne<strong>au</strong> épiscopal et lui<br />
dit : « L’Église en Chine est dans mon cœur. »<br />
<strong>La</strong> Sainte Vierge est notre grande ressource en ces<br />
temps des martyrs qui sont « tant et tant, dans tant de<br />
pays ». Elle seule est victorieuse du « démon qui sème<br />
la haine en ceux qui accomplissent les persécutions ».<br />
Cette victoire, elle la chante dans son MAGNIFICAT.<br />
III. ONCTION ET SAGESSE<br />
Du temps où il n’était encore que le cardinal<br />
Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, notre Saint-<br />
Père prêchait les EXERCICES DE SAINT-IGNACE <strong>au</strong>x<br />
évêques d’Espagne. C’était en 2006, <strong>au</strong> lendemain de<br />
l’élection de Ratzinger qui l’avait emporté sur lui <strong>au</strong><br />
conclave, mais il avait déjà failli être élu, comme<br />
notre Père le souhaitait !<br />
Ces EXERCICES ont été publiés sous le titre AMOUR,<br />
SERVICE ET HUM<strong>IL</strong>ITÉ, sous-titré : L’Église selon le cœur<br />
du pape François. C’est un titre qui n’est pas trom-<br />
peur ; nous avons commencé à le lire. Où l’on voit<br />
que « le cœur du pape François » et le Cœur Immaculé<br />
de Marie, c’est tout un. Selon lui, le MAGNIFICAT<br />
est le chant de l’espérance, à condition de le chanter<br />
dans la p<strong>au</strong>vreté. « Le Seigneur renvoie les riches les<br />
mains vides. » En effet, dit-il, « très souvent, notre<br />
manque d’espérance est le signe de nos richesses dissimulées,<br />
de notre éloignement de la p<strong>au</strong>vreté évangélique.<br />
« Ainsi, devant la pénurie de vocations, nous faisons<br />
parfois des diagnostics de riches : riches du<br />
savoir des sciences anthropologiques modernes qui,<br />
avec leur masque de suffisance absolue, nous éloignent<br />
de l’humble prière de supplication et de demande<br />
<strong>au</strong> Maître de la moisson. » (p. 15)<br />
Cette pensée a dominé l’homélie que le pape<br />
François a prononcée le Jeudi saint 28 mars, en la<br />
basilique Saint-Pierre, <strong>au</strong> cours de la Messe chrismale.<br />
Ainsi appelée parce que l’évêque de chaque diocèse, <strong>au</strong><br />
cours de cette Messe, bénit les huiles qui serviront <strong>au</strong>x<br />
sacrements de baptême, d’extrême-onction, et le saintchrême<br />
pour la confirmation et le sacrement de l’ordre :<br />
« Les lectures et le ps<strong>au</strong>me nous parlent de ceux<br />
qui ont reçu l’onction : le serviteur de Dieu selon<br />
Isaïe, le roi David et Jésus, Notre-Seigneur. Les trois<br />
ont en commun que l’onction qu’ils reçoivent est pour<br />
les p<strong>au</strong>vres, pour les prisonniers, pour les malades,<br />
pour ceux qui sont tristes et seuls. L’onction n’est pas<br />
destinée à nous parfumer nous-mêmes, ni davantage<br />
pour que nous la conservions dans un vase, parce que<br />
l’huile deviendrait rance et le cœur amer.<br />
« On reconnaît un bon prêtre à sa façon d’oindre<br />
son peuple. Quand nos fidèles reçoivent une huile de<br />
joie, on s’en rend compte : lorsqu’ils sortent de la<br />
Messe, par exemple, avec le visage de ceux qui ont<br />
reçu une bonne nouvelle. »<br />
C’est notre cas depuis que nous avons entendu<br />
le cardinal T<strong>au</strong>ran annoncer l’élection du cardinal<br />
Bergoglio. Nous l’attendions depuis dix ans ! Et notre<br />
joie a gagné le monde entier comme une huile épandue !<br />
« C’est un nouve<strong>au</strong> printemps pour l’Église en ce<br />
moment [qui succède à l’hiver conciliaire...], a déclaré<br />
l’archevêque de Westminster, Mgr Vincent Nichols, et<br />
je pense que cela vient des gestes et des paroles du<br />
Pape qui sont éloquents dans ses homélies comme lors<br />
des <strong>au</strong>diences. Ce qui est frappant <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-Uni,<br />
c’est que tout le monde semble touché par le langage,<br />
par la douceur et par l’humilité du pape François. »<br />
Il accomplit véritablement cette parole du prophète<br />
Isaïe, <strong>au</strong> chapitre 61, que Jésus s’appliquait à luimême<br />
<strong>au</strong> début de sa vie publique, dans la synagogue<br />
de Nazareth :<br />
« Il vint à Nazareth où il avait été élevé, entra,<br />
selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue,<br />
et se leva pour faire la lecture. On lui remit le<br />
livre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouva<br />
le passage où il était écrit :
MAI 2013 N o 128 - P. 23<br />
« “ L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a<br />
consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle <strong>au</strong>x<br />
p<strong>au</strong>vres. Il m’a envoyé annoncer <strong>au</strong>x captifs la délivrance<br />
et <strong>au</strong>x aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les<br />
opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur. ” »<br />
(Lc 4, 16-19)<br />
Nous sommes vraiment dans la condition des “ opprimés<br />
” que vient délivrer notre “ doux Christ en<br />
terre ”. Il nous délivre sans éclat, avec douceur,<br />
comme il est encore dit de lui <strong>au</strong> premier chant du<br />
Serviteur :<br />
« Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu que<br />
préfère mon âme. J’ai mis sur lui mon Esprit, pour<br />
qu’il fasse sortir pour les nations sa religion [<strong>catholique</strong>,<br />
par une contre-réforme].<br />
« Il ne crie pas, il n’élève pas le ton, il ne fait pas<br />
entendre sa voix dans les rues ; il ne rompt pas le<br />
rose<strong>au</strong> broyé, il n’éteint pas la flamme vacillante.<br />
« Fidèlement, il apporte la religion, sans défaillance<br />
et sans hâte jusqu’à ce que la religion soit établie sur<br />
terre, car les îles attendent sa Loi. » (Is 42, 1-4)<br />
Voici comment :<br />
Il cite d’abord saint Ignace invitant son retraitant à<br />
« considérer le discours que le Christ, notre Seigneur,<br />
adresse à tous ses serviteurs et à tous ses amis qu’il<br />
envoie aider les âmes en les amenant premièrement à<br />
la plus grande p<strong>au</strong>vreté spirituelle, et non moins, si sa<br />
divine Majesté devait en être servie et voulait bien les<br />
choisir, à la p<strong>au</strong>vreté effective ; secondement, <strong>au</strong> désir<br />
des opprobres et des mépris, parce que de ces deux<br />
choses résulte l’humilité.<br />
« De sorte qu’il y ait trois échelons : le premier, la<br />
p<strong>au</strong>vreté à l’opposé de la richesse ; le second, les<br />
opprobres et les mépris à l’opposé de l’honneur mondain<br />
; le troisième, l’humilité à l’opposé de l’orgueil.<br />
Et à partir de ces trois échelons, qu’ils les entraînent<br />
à toutes les <strong>au</strong>tres vertus. » (p. 93)<br />
DÉSOLATION.<br />
Le cardinal Bergoglio cite alors, peut-être en guise<br />
de faire-valoir ? le commentaire du cardinal Martini,<br />
s. j., archevêque de Milan : l’horreur. Tout le Concile !<br />
Là, les brebis du Bon Pasteur François ne comprennent<br />
plus...<br />
« Cet envoi missionnaire du Christ est intéressant.<br />
Curieusement, il ne dit pas : Appelez le plus grand<br />
nombre de personnes à l’église, faites-les baptiser,<br />
croire, venir à la Messe, mais : Aidez tous les<br />
hommes, sans exception, à se libérer des richesses qui<br />
encombrent, du désir de reconnaissance, de la réputation<br />
qui est changeante et de l’orgueil qui tue<br />
l’amour », comme si on pouvait faire tout cela sans<br />
“ aller à l’église ”, sans le baptême, sans aller à la<br />
Messe ! SANS LE CHRIST !<br />
Évidemment, le cardinal Martini ne cite pas saint<br />
Marc : « Allez par toute la terre, prêchez l’Évangile<br />
à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé sera<br />
s<strong>au</strong>vé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. »<br />
(Mc 16, 15-16) Non ! Nul ne sera “ condamné ” puisque<br />
« le Seigneur est ami de la Nature humaine... »<br />
« Il nous envoie pour enseigner l’esprit des Béatitudes<br />
qui apporte la liberté de cœur dont nous avons<br />
tous besoin : chrétiens et protestants, juifs, musulmans,<br />
athées, progressistes et conservateurs, et même les indifférents.<br />
» C’est la liberté religieuse selon le concile<br />
Vatican II !<br />
« Il ne s’agit pas de dire à l’<strong>au</strong>tre : “ <strong>La</strong>isse tes<br />
convictions et adopte les miennes qui sont meilleures ”,<br />
mais de lui offrir une aide à partir de l’expérience de<br />
Jésus sans rien demander en échange, sans exiger de<br />
conditions. Tous les hommes sentent la nécessité de la<br />
liberté qu’enseigne Jésus, même quand ils ont déjà<br />
une foi [sic ! ], nous avons tous besoin de nous libérer<br />
de l’angoisse pour rencontrer la paix et le bonheur.<br />
C’est ce chemin de la paix que nous devons proposer<br />
de manière pratique, éthique, ce chemin qui mène<br />
l’homme à se déconditionner de toutes les oppressions<br />
quotidiennes de la vie moderne. » (p. 94-95)<br />
CONSOLATION.<br />
C’est vraiment le cas de dire avec sainte Thérèse<br />
de l’Enfant-Jésus : « Parfois lorsque je lis certains traités<br />
spirituels [ les ACTES de Vatican II ! ] où la perfection est<br />
montrée à travers mille entraves, environnée d’une foule<br />
d’illusions, mon p<strong>au</strong>vre petit esprit se fatigue bien vite, je<br />
ferme le savant livre qui me casse la tête et me dessèche le<br />
cœur et je prends l’Écriture Sainte. » (<strong>au</strong> Père Roulland,<br />
9 mai 1897) C’est précisément ce que fait le cardinal<br />
Bergoglio :<br />
« J’aimerais que nous nous arrêtions un moment<br />
pour méditer deux traits caractéristiques de la manière<br />
dont Jésus évangélise : la joie et le dialogue. Il<br />
désire ardemment que nous les fassions nôtres. » Mais<br />
il commence par dire que « notre joie en Dieu est<br />
missionnaire, elle est ferveur : C’est la joie d’André<br />
annonçant à son frère, Simon : « “ Nous avons trouvé le<br />
Messie. » Bergoglio cite cette parole d’André à Simon<br />
sans se douter que quelques années plus tard il sera<br />
fait lui-même « frère d’André » à qui Jésus dit : « “ Tu<br />
es Simon, le fils de Jean ; tu t’appelleras Céphas ”, ce<br />
qui veut dire Pierre. » (Jn 1, 41-45)<br />
« Tu es Georges, fils de Mario. Tu t’appelleras<br />
François... succédant à Pierre... » C’est le début de<br />
l’Évangile. Et à la fin, c’est la joie de Marie-Madeleine<br />
que Jésus envoie en mission. « Jésus lui dit :<br />
“ Ne me retiens pas, laisse-moi remonter vers le Père.<br />
Mais va trouver mes frères et dis-leur : Je monte vers mon<br />
Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. ” »<br />
Manière, pour Jésus, de se débarrasser de Marie-<br />
Madeleine qui le tient prisonnier, mais <strong>au</strong>ssi de la<br />
consoler :<br />
« Notre joie d’évangéliser est <strong>au</strong>ssi consolation.<br />
C’est le signe de l’harmonie et de l’unité qui se
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réalise dans l’amour. C’est le signe de l’unité du<br />
corps de l’Église, le signe de l’édification. Nous<br />
devons à la fois être fidèles à la joie et ne pas en<br />
“ jouir ” comme d’un bien propre. <strong>La</strong> joie est faite<br />
pour émerveiller en étant partagée. <strong>La</strong> joie nous ouvre<br />
à la liberté des fils de Dieu, elle nous sépare des<br />
choses et des situations qui nous emprisonnent, elle<br />
nous fait grandir en liberté. <strong>La</strong> joie, signe de la<br />
présence du Christ, devrait être l’état habituel d’un<br />
homme ou d’une femme consacrés. Il f<strong>au</strong>t rechercher<br />
la “ consolation ”, non pour elle-même mais parce<br />
qu’elle est le signe de la présence du Seigneur ; la<br />
“ consolation ” dans n’importe lequel de ses états. »<br />
Même dans celui de sa “ présence sous forme d’absence<br />
”, comme disait l’abbé de Nantes. Qu’est-ce, en<br />
effet, que la “ consolation ” ?<br />
Le cardinal Bergoglio cite saint Ignace : « J’appelle<br />
consolation quand se produit dans l’âme quelque motion<br />
intérieure par laquelle l’âme en vient à s’enflammer<br />
dans l’amour de son Créateur et Seigneur, et<br />
ensuite quand elle ne peut plus aimer <strong>au</strong>cune chose<br />
créée sur la face de la terre pour elle-même, mais<br />
seulement dans le Créateur de toutes choses.<br />
« De même, quand elle verse des larmes, qui portent<br />
à l’amour de son Seigneur l’âme touchée, soit à<br />
c<strong>au</strong>se de la douleur pour ses péchés, ou pour la<br />
Passion du Christ, Notre-Seigneur, soit pour d’<strong>au</strong>tres<br />
choses droitement ordonnées à son service et à sa<br />
louange.<br />
« Enfin, j’appelle consolation tout accroissement<br />
d’espérance, de foi et de charité, et toute allégresse<br />
intérieure qui appelle et attire <strong>au</strong>x choses célestes et<br />
<strong>au</strong> salut propre de l’âme, en lui donnant repos et paix,<br />
dans son Créateur et Seigneur. » (E. S., 316)<br />
« Cette ambiance joyeuse, disait encore Bergoglio,<br />
se nourrit de la contemplation du Christ en mission :<br />
comment il marchait, comment il prêchait, comment il<br />
soignait, comment il regardait. »<br />
En pensant à Jésus, « comment il marchait », nous<br />
allons marcher d’un <strong>au</strong>tre cœur ! Et des martyrs vendéens<br />
nous allons apprendre que le chemin où Jésus<br />
nous entraîne, par la voix de son vicaire François, est<br />
un chemin de Croix. Ainsi soit-il !<br />
SAINTE ESPÉRANCE<br />
Ces deux instructions qui se complétaient heureusement<br />
nous redonnèrent la joie de la Sainte Espérance,<br />
celle de notre frère Bruno surtout en nous laissant<br />
bien entrevoir que le cœur religieux et donc docile à<br />
Dieu de notre Saint-Père François était en chemin vers<br />
Fatima. Raison de plus pour prier, davantage et mieux,<br />
afin d’en accélérer le mouvement, et qu’il en arrive<br />
vite à cette obéissance grâce à laquelle de nouve<strong>au</strong>x<br />
apôtres édifieront sur les ruines du monde moderne,<br />
comme jadis leurs anciens sur les ruines de l’Empire<br />
romain, la “ civilisation de l’amour ”, la vraie, pour la<br />
plus grande gloire de Dieu le Père, du Sacré-Cœur de<br />
Jésus et du Cœur Immaculé de Marie. Joie de cette<br />
prochaine nouvelle et ultime évangélisation...<br />
Frère Bruno et frère Thomas nous avaient réch<strong>au</strong>ffé<br />
le cœur, restait maintenant à prendre des forces pour<br />
le lendemain. Nos sœurs y avaient pensé, et elles nous<br />
attendaient dans la salle Catheline<strong>au</strong> pour le repas.<br />
C’est ainsi que tous purent se réch<strong>au</strong>ffer par une<br />
bonne soupe ch<strong>au</strong>de, tout en écoutant un édifiant montage<br />
<strong>au</strong>dio sur la vie de Jacques Catheline<strong>au</strong>, brave et<br />
saint homme, comme nos provinces d’Ancien Régime<br />
savaient en produire, humble et supérieur, chrétien<br />
sans détour, chéri de Jésus. <strong>La</strong> chapelle Saint-Charles<br />
était à quelques pas, nous nous y rendîmes pour entendre<br />
une dernière instruction de frère Bruno et vénérer<br />
ensuite de tout notre cœur le tombe<strong>au</strong> de cet<br />
incomparable généralissime des armées <strong>catholique</strong>s et<br />
royales.<br />
DU MAR<strong>IL</strong>LAIS A BÉHUARD<br />
<strong>La</strong> journée du samedi devait se dérouler sous<br />
l’égide de la Vierge Marie, reine des martyrs et reine<br />
de la paix puisque nous devions partir de Notre-Dame<br />
du Marillais, passer par Notre-Dame de Charité pour<br />
trouver finalement asile <strong>au</strong> creux du rocher de Notre-<br />
Dame de Béhuard.<br />
Mais il nous fallait d’abord apprendre de frère<br />
Thomas que c’était à la Bse Marie du Divin Cœur que<br />
nous devions la grâce de ce pèlerinage. Elle était née<br />
un 8 septembre, comme la Sainte Vierge, <strong>au</strong> jour<br />
même de la « fête angevine ». Cela n’était pas un<br />
hasard car visiblement Notre-Seigneur lui-même y attachait<br />
une certaine importance : « Tu dois garder le<br />
nom de ma bien-aimée Mère, ce nom avec lequel je t’ai<br />
déjà appelée à moi, ce nom dont la douceur fut ce qui<br />
commença à toucher mon Cœur. »<br />
MARIE DU DIVIN CŒUR VENDÉENNE DE CŒUR.<br />
Cette correspondance en cachait bien d’<strong>au</strong>tres que<br />
notre frère Thomas évoqua en nous racontant brièvement<br />
la vie et la mission de notre bienheureuse... <strong>La</strong><br />
première, c’est qu’il nous apparut bien vite que la<br />
comtesse Maria Droste zu Vischering, Westphalienne<br />
de naissance, était une Vendéenne de cœur (vraie fille<br />
de sainte Marie Euphrasie Pelletier, la fondatrice des<br />
sœurs du Bon-Pasteur d’Angers (cf. encart, p. 25).<br />
« N’oublions pas, dira notre frère, que ces <strong>catholique</strong>s<br />
allemands ont été durement persécutés pour leur<br />
foi par la Prusse protestante. Le Kulturkampf de Bismarck<br />
a été comme une sorte de seconde réforme<br />
luthérienne, et c’est dans ce climat de lutte à la fois<br />
religieuse et politique, de prisons ou d’exil pour les<br />
prêtres et les évêques réfractaires, que s’est fortifié le<br />
caractère de Maria. Elle a vécu, grandi, entourée d’une<br />
nuée de témoins, de confesseurs de la foi, et c’est à<br />
leur école qu’elle a appris à « mener le bon combat » :<br />
(suite, p. 26)
MAI 2013 N o 128 - P. 25<br />
NOUS sommes ici devant<br />
la maison-mère du Bon-<br />
Pasteur d’Angers (le nom exact<br />
est Notre-Dame de Charité du<br />
Bon-Pasteur d’Angers), fondée<br />
par sainte Marie de Sainte-<br />
Euphrasie Pelletier, (on dit <strong>au</strong>jourd’hui<br />
sainte Marie-Euphrasie),<br />
une Vendéenne née sur<br />
l’île de Noirmoutier en 1796,<br />
sous la Terreur, et qui restera<br />
Vendéenne toute sa vie par sa<br />
foi intrépide et apostolique, forte<br />
à transporter les montagnes,<br />
par sa fidélité en amitié, son<br />
extrême bonté et sa charité<br />
accueillante, son zèle pour<br />
l’Église, enfin sa dévotion <strong>au</strong>x<br />
Saints Cœurs de Jésus et de<br />
Marie. Dévotion qu’elle tenait<br />
de saint Jean Eudes, puisqu’elle<br />
commença par être religieuse,<br />
puis supérieure <strong>au</strong> Refuge<br />
de Notre-Dame de Charité de<br />
Tours, un de ces “ refuges ” que<br />
le saint fondait <strong>au</strong> cours des<br />
missions populaires qu’il prêchait,<br />
car il avait vu la nécessité<br />
de créer des maisons religieuses<br />
qui reçoivent les femmes et les<br />
jeunes filles ayant fait scandale,<br />
mais résolues à se convertir et<br />
cherchant pour cela un “ refuge ”,<br />
que saint Jean Eudes appelait<br />
l’ “ hôpital des âmes ”.<br />
C’est en l’année 1829 que<br />
mère Marie-Euphrasie arrive ici,<br />
accompagnée de cinq sœurs,<br />
appelée par l’évêque d’Angers,<br />
reçue par le curé de la cathédrale<br />
Saint-M<strong>au</strong>rice et par<br />
le jeune comte de Neuville qui<br />
vient d’hériter de sa mère d’une<br />
fortune considérable, qu’il veut<br />
employer à soutenir son œuvre.<br />
Je ne vais pas vous raconter<br />
cette histoire merveilleuse, héroïque<br />
<strong>au</strong>ssi, et bénie par la<br />
Sainte Vierge (vous apercevez<br />
sa statue <strong>au</strong> milieu du jardin),<br />
à qui mère Marie-Euphrasie voua<br />
sa congrégation. C’était en 1847,<br />
dans un moment de grand péril<br />
où, pour ainsi dire, elle “ passa<br />
la main ” à l’Immaculée ! Elle<br />
avait eu <strong>au</strong>ssi une idée de génie,<br />
en même temps qu’une inspiration<br />
céleste : dès qu’elle fut<br />
sollicitée de fonder d’<strong>au</strong>tres<br />
“ refuges ” en France, afin que<br />
ces fondations restent attachées<br />
les unes <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres et gardent<br />
un esprit commun, si nécessaire<br />
après les bouleversements de<br />
la Révolution, elle sollicita de<br />
Rome la permission d’établir un<br />
généralat.<br />
Le pape Grégoire XVI la<br />
soutint de tout son pouvoir<br />
NOTRE-DAME DE CHARITÉ DU BON-PASTEUR D'ANGERS<br />
contre certains évêques gallicans<br />
remontés contre elle, et<br />
l’Ordre se répandit bientôt, non<br />
seulement en France mais à<br />
Rome, en Allemagne, en Angleterre,<br />
<strong>au</strong>x États-Unis, <strong>au</strong> Canada,<br />
en Algérie, en Égypte.<br />
Incroyable rayonnement d’une<br />
congrégation qui comptera, à<br />
la mort de la fondatrice, cent<br />
dix maisons, réparties sur cinq<br />
continents ! « Pour accomplir la<br />
volonté de Dieu, aimait à dire<br />
mère Marie-Euphrasie, je parcourrais<br />
le monde entier. » Elle<br />
fit <strong>au</strong>ssi marquer sous l’horloge<br />
du couvent, l’inscription : « Mes<br />
jours sont comptés. »<br />
Ici, la maison-mère se développa<br />
<strong>au</strong>ssi, d’une manière stupéfiante<br />
: à la première maison<br />
établie dans une ancienne fabrique<br />
de cotonnade, s’ajouta<br />
une ferme agricole, qui reçut le<br />
nom de “ Maison de Nazareth ”<br />
pour y accueillir de jeunes détenues,<br />
puis ce fut l’ancienne<br />
abbaye Saint-Nicolas, perchée<br />
à flanc de colline ; pour relier<br />
la maison à l’abbaye, mère<br />
Marie-Euphrasie n’hésita pas à<br />
faire creuser un tunnel de 55 m<br />
de long sous la route impériale.<br />
Comme disait le préfet républicain<br />
du Maine-et-Loire à propos<br />
de la “ bonne Mère ” : « Il<br />
n’y a qu’un homme à Angers,<br />
c’est la mère Pelletier ! »<br />
Sous sa direction sage et<br />
prudente, mais <strong>au</strong>ssi animée<br />
d’un grand esprit apostolique,<br />
le monastère devint rapidement<br />
une véritable cité, une ruche<br />
bourdonnante. « Toutes, tant que<br />
vous êtes, disait-elle à ses filles,<br />
vous travaillez <strong>au</strong> salut des<br />
âmes. Celles qui sont employées<br />
<strong>au</strong> jardin ou à la boulangerie, à<br />
la lingerie, ou qui sont occupées<br />
à tout <strong>au</strong>tre chose, n’importe<br />
où, toutes travaillent à s<strong>au</strong>ver<br />
les âmes. » S<strong>au</strong>ver les âmes,<br />
c’est-à-dire prendre part avec<br />
zèle à l’Œuvre rédemptrice de<br />
leur divin Époux, en vraies<br />
« filles de l’Église, gardienne du<br />
trésor de notre foi et de notre<br />
espérance », disait encore sainte<br />
Marie-Euphrasie, et voilà qui<br />
nous ramène à notre Bse Marie<br />
du Divin Cœur.<br />
Entrée <strong>au</strong> Bon-Pasteur de<br />
Münster le 21 novembre 1888,<br />
elle fut envoyée <strong>au</strong> Portugal<br />
cinq ans plus tard ; et c’est à la<br />
fin de janvier 1894 qu’elle s’arrêta<br />
en chemin ici à Angers,<br />
franchit la grande porte d’entrée<br />
qui existe toujours, <strong>au</strong> numéro 3<br />
de la rue Br<strong>au</strong>lt, un peu plus<br />
h<strong>au</strong>t à g<strong>au</strong>che... <strong>La</strong> maisonmère<br />
comptait alors plus de<br />
mille religieuses et pénitentes !<br />
Des novices de toutes nationalités<br />
venaient s’y former. Le<br />
séjour de sœur Marie du Divin<br />
Cœur fut bref, quelques jours à<br />
peine : le 2 février 1894, elle<br />
s’agenouillait de nouve<strong>au</strong> devant<br />
mère Marie de Sainte-Marine<br />
Verger, la supérieure générale,<br />
qui avait été formée elle-même<br />
par la sainte fondatrice, et partait<br />
remplir sa difficile mission <strong>au</strong><br />
Portugal : s<strong>au</strong>ver une maison de<br />
l’ordre, à moitié en ruine.<br />
Devenue supérieure de Porto,<br />
elle reviendra encore une fois<br />
ici, en février 1896, déjà bien<br />
éprouvée mais rayonnant ce<br />
“ culte intérieur ” du Sacré-Cœur<br />
que Jésus lui demandait de vivre<br />
en perfection et de propager,<br />
en attendant d’accomplir sa<br />
“ grande mission apostolique ”.<br />
Nous avons éprouvé <strong>au</strong> cours<br />
de nos méditations du Rosaire<br />
le rayonnement de cette âme<br />
privilégiée du Sacré-Cœur, si<br />
ardente et en même temps si<br />
lucide sur les événements et<br />
les personnes. Comme disait<br />
son Père spirituel, dom Schober<br />
: « Combien de personnes<br />
ont douté de la solidité de sa<br />
vocation et dit ouvertement que<br />
la supérieure du Bon-Pasteur<br />
de Porto n’avait pas l’esprit de<br />
son ordre. Disons-le une fois<br />
pour toutes, elle était extrêmement<br />
franche, ignorant toute<br />
dissimulation et diplomatie. Là<br />
où elle voyait des manquements<br />
ou des f<strong>au</strong>tes chez les personnes,<br />
dans les choses, les<br />
monastères, le sien ou d’<strong>au</strong>tres,<br />
elle le disait ouvertement, non<br />
par esprit de dénigrement, ou<br />
par quelque <strong>au</strong>tre faiblesse mais<br />
par amour de Dieu et des âmes,<br />
amour qui culminait dans le désir<br />
et l’aspiration qu’en toutes choses<br />
resplendisse l’honneur de Dieu. »<br />
Et si c’était le Pape qui<br />
« manquait » à sa charge et<br />
faisait des « f<strong>au</strong>tes » ?... Eh bien,<br />
c’est ce que notre frère Pascal<br />
a découvert, ici même, <strong>au</strong>x<br />
archives du Bon-Pasteur : à<br />
savoir que notre sainte fut envoyée<br />
<strong>au</strong> pape Léon XIII, « de<br />
par le Roy du Ciel », pour lui<br />
faire remontrance, lui dire qu’il<br />
devait réparer « les négligences<br />
et les f<strong>au</strong>tes » de son pontificat,<br />
en consacrant le monde entier<br />
<strong>au</strong> Divin Cœur de Jésus, ce qui<br />
détournerait l’Église de la m<strong>au</strong>-<br />
vaise voie où elle s’engageait ;<br />
mission terrifiante, héroïque,<br />
pour cette fille du comte et de<br />
la comtesse Droste zu Vischering<br />
qui mettaient plus h<strong>au</strong>t<br />
que tout la pap<strong>au</strong>té. C’est là<br />
l’ultime “ SECRET DE MÈRE MARIE<br />
DU DIVIN CŒUR ”, titre de l’ouvrage<br />
que préparent nos sœurs, à<br />
paraître pour le 150 e anniversaire<br />
de sa naissance. Secret<br />
ténébreux et honteux de la<br />
résistance du pape Léon XIII<br />
<strong>au</strong>x volontés de Notre-Seigneur,<br />
de sa trahison ; secret lumineux<br />
et glorieux, de l’épouse docile<br />
du Cœur de son Roi.<br />
Nous avons rappelé l’an passé<br />
le “ secret ” de sainte Jeanne<br />
d’Arc : l’assurance qu’elle n’avait<br />
jamais failli ni renié ses Voix,<br />
sa mission. Le “ secret ” de sœur<br />
Lucie de Fatima est identique :<br />
contredite, calomniée, elle a<br />
accompli jusqu’<strong>au</strong> bout sa mission<br />
qui était de faire savoir<br />
que la paix et le salut du monde<br />
étaient confiés <strong>au</strong> Cœur Immaculé<br />
de Marie. <strong>La</strong> mission de la<br />
Bse Marie du Divin Cœur s’inscrit<br />
dans cette orthodromie divine.<br />
Et nous dicte notre devoir<br />
de rappeler à temps et à contretemps<br />
à notre Saint Père le<br />
pape François les demandes<br />
du Cœur Immaculé de Marie.<br />
Le Bon-Pasteur d’Angers n’a<br />
pas daigné nous ouvrir ses<br />
portes, parce qu’on ne croit<br />
pas ici à cette mission apostolique<br />
de mère Marie du Divin<br />
Cœur, on ne veut pas entendre<br />
parler de son “ secret ”, et rien<br />
ne sera fait à Angers pour le<br />
150 e anniversaire de sa naissance.<br />
Mais à Darfeld, lieu de<br />
sa naissance, et à Porto, où<br />
elle a souffert son martyre, si !<br />
il s’en parlera. Et nos frères en<br />
pèlerinage à Porto, en février,<br />
ont appris qu’<strong>au</strong> Portugal les<br />
évêques avaient demandé que<br />
sa c<strong>au</strong>se de canonisation soit<br />
activée, un miracle ayant été<br />
reconnu l’an passé. Espérons,<br />
prions pour qu’enfin l’Église,<br />
sous la houlette de notre pape<br />
François, se tourne vers le<br />
Sacré-Cœur de Jésus et le Cœur<br />
Immaculé de Marie, afin qu’une<br />
multitude d’âmes, touchées par<br />
les inventions de leur Amour<br />
miséricordieux, reviennent <strong>au</strong><br />
bercail de l’unique et vrai et<br />
bon Pasteur, qui disait à sa<br />
messagère :<br />
« Confie-toi en moi, mon Sacré-<br />
Cœur régnera, mon Sacré-Cœur<br />
triomphera. » Ainsi soit-il !
MAI 2013 N o 128 - P. 26<br />
Son arrière-grand-oncle, Mgr Clement-Auguste Droste<br />
zu Vischering, archevêque de Cologne, surnommé<br />
“ l’Athanase germanique ”, dont la résistance <strong>au</strong> totalitarisme<br />
prussien sonna le réveil de la résistance <strong>catholique</strong><br />
dans les années 1830 ; Mgr Ketteler, son grandoncle<br />
par sa mère, qui dut sa vocation à une vision du<br />
Sacré-Cœur et devint évêque de Mayence, c’était le<br />
“ Freppel ” de la Rhénanie ; l’évêque de Münster,<br />
Mgr Brinkmann, qui confirma Maria, très proche de<br />
son père et persécuté par le gouvernement prussien ;<br />
Windthorst, le chef du Zentrum, grand ami du comte<br />
Droste son père, etc. Mentionnons également le<br />
Père H<strong>au</strong>sherr, son directeur spirituel, un saint jésuite,<br />
disciple de saint Pierre Canisius et ardent apôtre du<br />
Sacré-Cœur en Allemagne. Bref, tout un entour relationnel<br />
de traditions, de convictions, de mœurs qui<br />
faisait de cette Westphalie <strong>catholique</strong> comme une vitrine,<br />
sous l’égide d’une Église de contre-réforme et<br />
contre-révolution. Vitrine de Chrétienté aimable, féconde,<br />
conquérante.<br />
Maria est de la “ génération Pie IX ”, puisque le<br />
SYLLABUS condamnant les erreurs modernes date de<br />
1864, qu’elle est née en 1863 et que sa famille en<br />
était imbue. C’est donc dans cette famille, dans ce<br />
milieu aristocratique très attaché et dévoué à l’Église,<br />
que Jésus a choisi l’épouse de son Cœur, pour en faire<br />
l’image vivante de sa miséricorde. « Je ferai de ton<br />
cœur mon séjour, ma demeure, mon repos dans un monde<br />
qui m’oublie. »<br />
ÉPOUSE DU CHRIST.<br />
Frère Thomas nous fit bien sûr remarquer que si<br />
une telle intimité nous dépasse, elle ne doit pas nous<br />
écraser, car enfin, « combien elle est aimable ! et entraînante<br />
sur la voie de l’amour de Dieu. Si le Sacré-<br />
Cœur l’a voulu telle, c’est pour qu’elle fasse rayonner<br />
son amabilité dans tous les cœurs. »<br />
1o C’est une âme de vérité, par tempérament – il n’y<br />
a qu’à voir son visage, ses yeux magnifiques... – et par<br />
vocation d’épouse du Christ, ne tolérant pas que tout ce<br />
qui touche à son divin Époux, sa Vérité, ses Volontés,<br />
soit le moins du monde trahi, f<strong>au</strong>ssé, contourné.<br />
2o Une âme de combat <strong>au</strong>ssi, que de combats<br />
intérieurs elle a dû mener, que de souffrances ! et cela<br />
nous encourage et nous stimule, quand nous sommes<br />
en butte <strong>au</strong> démon, <strong>au</strong> monde, à nous-mêmes... Tenez,<br />
elle écrivait quelques jours après sa prise d’habit :<br />
« Courage, mon âme ! Entre dans la mêlée pour<br />
Dieu et avec Dieu. Le fer doit être martelé, travaillé ;<br />
tant pis s’il jaillit des étincelles. Il s’agit d’une éternité,<br />
d’un Ciel, il s’agit de gagner un Dieu. Tout doit y être<br />
engagé. Chaque jour un nouve<strong>au</strong> combat, pas une<br />
minute de repos. Je puis tout en Celui qui me fortifie. »<br />
3o Enfin, notre Père admirera en elle « un être tout<br />
brûlant de tendresse et de dévotion », épousant en<br />
toute vérité et sans réserve les volontés signifiées,<br />
jusqu’<strong>au</strong>x désirs les plus intimes du Cœur de Jésus,<br />
son Époux, – avec une compréhension et une expérience<br />
intime de l’amour mystique qui rejoignent et<br />
justifient parfaitement la doctrine de notre Père –,<br />
enfin comprenant dans son intelligence lumineuse les<br />
conditions du Règne de Jésus et Marie pour le salut<br />
des âmes, la mission qui lui était réservée pour le<br />
salut de l’Église et du monde. »<br />
“ LA GRANDE AFFAIRE DE TOUTE SA VIE.”<br />
Elle entre <strong>au</strong> Bon-Pasteur de Münster, le 21<br />
novembre 1888, pour s’occuper de femmes et de<br />
jeunes filles ayant c<strong>au</strong>sé du scandale par leur m<strong>au</strong>vaise<br />
conduite mais résolues à se convertir. Il s’ensuit cinq<br />
années de vie cachée dans une fidélité parfaite à la<br />
Règle, à ses vœux, à ses supérieures, et avec une<br />
générosité incroyable. Notre-Seigneur la forme jour<br />
après jour à être un parfait instrument entre ses mains,<br />
en vue de sa mission à venir : « Que je voie avec tes<br />
yeux, que je travaille avec tes mains, que je parle<br />
avec ta bouche, que je prie par toi, et puisque mon<br />
plus grand désir fut constamment de souffrir, je souffrirai<br />
encore en toi et par toi. Dispose-toi donc et sois<br />
prête à souffrir. Je continue par là ma Passion et je<br />
l’applique <strong>au</strong>x âmes en souffrant dans mes élus. »<br />
Sa première mission sera d’aller à Porto et d’y<br />
s<strong>au</strong>ver une maison du Bon-Pasteur décadente, “ à<br />
moitié en ruine ”. C’était d’<strong>au</strong>tant plus difficile, que<br />
selon une formule saisissante de notre Père : « la société<br />
portugaise était rongée par la franc-maçonnerie<br />
et l’Église y était loin de résister <strong>au</strong>x sollicitations de<br />
Satan ».<br />
C’est mot pour mot la situation de l’Italie, menaçant<br />
l’Église à Rome même. Notre-Seigneur le révèle<br />
à Marie du Divin Cœur et lui demande d’en avertir le<br />
pape Léon XIII, de le mettre en garde <strong>au</strong>ssi, ce sera<br />
en vain ! contre sa politique d’entente criminelle avec<br />
les USA qui va bientôt dépouiller l’Espagne <strong>catholique</strong><br />
de Cuba et des Philippines ; formidable recul de la<br />
Chrétienté...<br />
C’est l’échec, mais Jésus, « le maître de l’impossible<br />
», obtient tout de même, grâce <strong>au</strong>x mérites des<br />
grandes souffrances de son épouse, que le Pape consacre<br />
le monde à son Sacré-Cœur...<br />
L’ÂME SŒUR DE NOTRE PÈRE.<br />
C’est en 1987, l’année de la foi, que notre Père<br />
connut notre sainte et qu’il entra toujours plus avant<br />
dans sa familiarité, d’abord grâce à sa formule de<br />
consécration <strong>au</strong> Sacré-Cœur qu’il aimait be<strong>au</strong>coup. Et<br />
s’il nous la commenta si souvent c’est pour que nous<br />
y puisions « un grand enthousiasme et une grande<br />
ardeur. Pénétrant ainsi à l’intime d’un cœur très fervent,<br />
nous comprenons ce que peut-être l’amour<br />
qu’une âme, et que l’Église, peut avoir pour le divin<br />
Cœur de Jésus. »<br />
Mais, une année ne s’était pas écoulée que notre<br />
Père avait intuitivement compris qu’entre le Sacré-<br />
(suite, p. 28)
MAI 2013 N o 128 - P. 27<br />
De saint Jean Eudes (1601-1680), « le père,<br />
le docteur et l’apôtre du culte liturgique<br />
des Saints Cœurs de Jésus et de Marie »<br />
( saint Pie X ), à Georges de Nantes (1924-<br />
2010), le fondateur des Petits frères et<br />
Petites sœurs du Sacré-Cœur et l’apôtre de<br />
la <strong>Contre</strong>-réforme <strong>catholique</strong> <strong>au</strong> XX e <strong>siècle</strong>,<br />
l’orthodromie de la vraie dévotion <strong>au</strong> Sacré-<br />
Cœur passe par sainte Marie de Sainte-<br />
Euphrasie Pelletier (1796-1868), fondatrice<br />
de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur,<br />
et sa fille la bienheureuse Marie du Divin<br />
Cœur (1863-1899), messagère du Sacré-<br />
Cœur <strong>au</strong>près du pape Léon XIII.<br />
VEX<strong>IL</strong>LA REGIS PRODEUNT.<br />
Les étendards du Roi s’avancent, conduits par le généralissime<br />
Jacques Catheline<strong>au</strong>.<br />
« L’Église est belle. L’Église est attirante pour<br />
les cœurs brisés et pour les âmes heureuses. Il<br />
suffirait d’évoquer les visages et l’exemple des<br />
saints pour que tous s’éprennent d’eux et suivent<br />
leurs traces. » (Georges de Nantes, QUAND<br />
JÉSUS REVIENDRA, octobre 1973 )
MAI 2013 N o 128 - P. 28<br />
Cœur et lui, avec elle entre les deux, et la Sainte<br />
Vierge ! il y <strong>au</strong>rait une sorte de contrat, pour accomplir<br />
jusqu’<strong>au</strong> bout son méritoire service de l’Église, dans<br />
une obéissance absolue <strong>au</strong>x desseins du Sacré-Cœur :<br />
« Pour obtenir de Lui qu’Il fasse le nécessaire, Lui<br />
seul et selon son bon plaisir, il me fallait enfin moimême,<br />
et sans <strong>au</strong>cune procuration ni restriction mentale,<br />
prononcer dans les mêmes termes la consécration de<br />
la bienheureuse Marie du Divin Cœur et inviter le plus<br />
grand nombre d’âmes possible à la faire elles-mêmes ou<br />
du moins s’y associer chacune selon ses forces. »<br />
Tel était <strong>au</strong>ssi le but de notre pèlerinage et des<br />
nombreux chapelets que nous allions offrir ensemble<br />
<strong>au</strong> Sacré-Cœur de Jésus et <strong>au</strong> Cœur Immaculé de<br />
Marie, pour hâter l’heure du salut de l’Église. <strong>La</strong><br />
France n’était pas oubliée du Sacré-Cœur puisqu’il<br />
assura une <strong>au</strong>tre de ses confidentes, Lucie-Christine,<br />
que “ la France ne périra jamais ; je lui réserve une<br />
mission pour les derniers temps ”.<br />
« C’est peut-être la mission qui nous est confiée,<br />
conclura frère Thomas, à nous Phalange d’avant-garde<br />
de l’Immaculée, d’annoncer ce salut miraculeux que le<br />
Divin Cœur de Jésus et le Cœur Immaculé de Marie<br />
préparent, et d’y travailler de toutes nos forces,<br />
d’<strong>au</strong>tant plus et mieux que, sous la houlette du bon<br />
pape François, tout peut aller très vite... »<br />
Il ne nous restait plus qu’à obéir et à remplir<br />
maintenant notre office eucharistique et marial de<br />
Croisés, office si cher à notre Père : « Prie, communie,<br />
sacrifie-toi, sois apôtre. » Nous sortîmes donc en procession,<br />
bannières et drape<strong>au</strong>x en tête, pour nous<br />
rendre en priant le chapelet jusqu’à l’église de Notre-<br />
Dame du Marillais, toute proche, et y assister <strong>au</strong><br />
Saint-Sacrifice de la messe.<br />
CHEZ NOTRE-DAME DU MAR<strong>IL</strong>LAIS<br />
Pour satisfaire <strong>au</strong> désir du bon Père Montfortain<br />
rencontré la veille, nous entrâmes dans son église en<br />
chantant son cantique préféré : “ Je mets ma confiance<br />
Vierge en votre secours... ” Quel bonheur de rencontrer<br />
un homme d’Église, bon, souriant, heureux de nous<br />
parler de ses saints fondateurs, Louis-Marie et Marie-<br />
Louise. Quant à Mgr Freppel, il le chérissait tout<br />
particulièrement, et à un double titre. Tout d’abord<br />
parce que c’était lui qui avait fait reconstruire et donc<br />
agrandir l’église du Marillais afin de remplacer la<br />
précédente, en ruine. Puis, en 1878, il avait confié, en<br />
pasteur avisé et surnaturel, le sanctuaire <strong>au</strong>x Pères<br />
montfortains. L’admiration pour notre évêque de combat,<br />
le bon Père, un Breton bretonnant, la partageait<br />
mais elle allait toute <strong>au</strong> député du Finistère Freppel, et<br />
à sa dévotion pour Notre-Dame du Folgoat qui avait<br />
bercé son enfance...<br />
Son sermon fut si enthousiasmant qu’on <strong>au</strong>rait dit<br />
qu’il était des nôtres et avait assisté à l’instruction de<br />
frère Thomas. Il prit appui sur la parole de l’Évan-<br />
gile du jour, et il nous expliqua en survolant à<br />
grands traits l’histoire de France, que Jésus, de fait,<br />
était toujours parmi nous : grâce à Marie – et de<br />
nous raconter l’origine du sanctuaire – et grâce <strong>au</strong>ssi<br />
à des saints, comme Louis-Marie Grignion de Montfort<br />
[dont il avait accepté de dire la messe anticipée...].<br />
Son homélie s’acheva sur cette dernière parole : « Je<br />
vous souhaite de vivre dans cette présence de Jésus<br />
qui nous est donné par Marie, dans ce lieu particulier<br />
du Marillais. »<br />
C’est donc le cœur en joie que nous sortîmes en<br />
procession pour ensuite, comme de vrais paroissiens,<br />
attendre, deviser ensemble pendant que frère Bruno<br />
remerciait chaleureusement ce cher curé en lui offrant<br />
un exemplaire de l’oratorio de frère Henry sur saint<br />
Louis-Marie Grignion de Montfort. Notre Frère prieur,<br />
très heureux de ce temps de communion fraternelle,<br />
s’exclamera : « C’est vraiment l’expression de ce que<br />
va redevenir l’Église avec notre pape François... »<br />
LE SANG DES MARTYRS CRIE VERS DIEU.<br />
Nous reprîmes ensuite notre ordre de marche, en<br />
quatre groupes, afin de nous rendre en priant jusqu’<strong>au</strong><br />
“ PRÉ DES MARTYRS ”, à quelques centaines de mètres<br />
de l’église. C’est là qu’ont été immolé deux mille de<br />
nos frères en haine de la religion... Massacre impitoyable<br />
perpétré dans le village même de Bonchamps qui,<br />
lui, avait demandé et obtenu la grâce de cinq mille<br />
prisonniers républicains.<br />
MENSONGE ET HOMICIDE RÉPUBLICAINS.<br />
Après le grand pardon de Bonchamps, il devenait<br />
impossible <strong>au</strong>x révolutionnaires de justifier le génocide<br />
des Vendéens. Le Comité de salut public a donc fait<br />
en sorte de l’éradiquer des mémoires. « Les brigands<br />
n’ont pas le temps d’écrire ou de faire des journ<strong>au</strong>x.<br />
Cela s’oubliera comme tant d’<strong>au</strong>tres choses. » pensait<br />
Merlin de Thionville ; Robespierre se montra plus<br />
avisé : « Rendons-les responsables du mal que nous<br />
leur faisons. » Ils ont donc demandé <strong>au</strong>x Bleus libérés<br />
par Bonchamps de mentir, d’exterminer ensuite leurs<br />
libérateurs et leurs familles (<strong>au</strong> Marillais), puis ils ont<br />
inventé l’affaire Barat pour renverser les sorts et grimer<br />
les bourre<strong>au</strong>x en victimes...<br />
Comment peut-on être en même temps <strong>catholique</strong><br />
et républicain après cela ? Comment Léon XIII a-t-il<br />
pu obliger les <strong>catholique</strong>s à se rallier à la République<br />
sans qu’<strong>au</strong>cun évêque ne bronche, le Pape ayant attendu<br />
la mort de Mgr Freppel pour imposer sa politique<br />
de ralliement ? Notre Bon Dieu, lui, est attentif à<br />
la voix du sang de ses enfants martyrs. Il a m<strong>au</strong>dit<br />
Caïn d’avoir tué son frère Abel (Gn 4, 2), il ne peut<br />
donc que m<strong>au</strong>dire, <strong>au</strong>jourd’hui comme hier, la République<br />
française en ses mensonges et homicides. Les<br />
jours de la “ gueuse ” sont donc comptés.<br />
Nos trois cents amis investirent religieusement cette<br />
terre sainte et nous écoutâmes frère Bruno faire mé-
MAI 2013 N o 128 - P. 29<br />
moire de ce carnage horrible, horrible, mais que la foi<br />
et la charité de nos saints martyrs ont transsubstantié,<br />
pour ainsi dire, en sacrifice expiatoire, uni à celui du<br />
petit roi Louis XVII, pour le pardon et la résurrection<br />
de la France.<br />
VERS NOTRE-DAME DE CHARITÉ<br />
De retour à Saint-Florent pour prendre notre piquenique<br />
à la Ferme-des-Cote<strong>au</strong>x, nous nous rendîmes<br />
ensuite en voiture jusqu’à Notre-Dame de Charité, sur<br />
la route de <strong>La</strong>-Pommeraye à Saint-<strong>La</strong>urent-de-la-<br />
Plaine. Carte Michelin pour les uns, GPS pour les<br />
<strong>au</strong>tres, ces quelques kilomètres ne devaient poser<br />
<strong>au</strong>cun problème. Mais voilà qu’un imprévu se mit en<br />
travers de la route, et la barra... Le GPS recalcule la<br />
position, tandis que les <strong>au</strong>tres ouvrent de grands yeux<br />
sur la carte... Mais tous de tourner et retourner tant et<br />
plus avec la peur d’arriver en retard. C’est ainsi que<br />
nous avons mieux réalisé ce que dut être la panique<br />
des Bleus perdus dans ce pays de bocage où les<br />
chemins bordés de haies vous donnent, à la longue, la<br />
fâcheuse impression d’errer dans un labyrinthe, et où<br />
rien ne ressemble plus à un carrefour de chemins<br />
qu’un <strong>au</strong>tre carrefour de chemins...<br />
Finalement après une arrivée en échelons, tous <strong>au</strong><br />
complet, nous avons écouté notre frère Bruno nous<br />
parler des prédications du pape François sur l’Évangile,<br />
ce qui a donné à notre frère bien des idées pour<br />
le prochain camp de la Phalange. Il évoqua ensuite le<br />
souvenir de nos martyrs, sur ce lieu béni où la Vierge<br />
Marie descendit pour défier la haine des révolutionnaires<br />
et surtout pour encourager ses enfants.<br />
BIBARD ET SA MÈRE.<br />
À son fils qui vient lui annoncer la<br />
mort de son père et de son frère, une<br />
paysanne répond : « Ton père et ton<br />
frère ont reçu leur récompense et sont<br />
maintenant avec le Bon Dieu. Toi, mon<br />
gars, retourne à l’armée pendant que<br />
tes sœurs et moi allons prier... Et<br />
n’oublie pas qu’il f<strong>au</strong>dra maintenant te<br />
battre pour trois ! »<br />
Le jeune homme, qui s’appelait<br />
Bibard, se montra digne de sa mère.<br />
Peu de temps après, couvert de vingtsix<br />
blessures, il est jeté en prison par<br />
les Bleus. Son brutal geôlier le maltraite<br />
à plaisir.<br />
Mais la ville ayant été reprise par<br />
les Vendéens, Bibard fut délivré. Quant<br />
<strong>au</strong> geôlier, il ne dut la vie qu’à l’intervention<br />
du jeune homme qui lui déclara<br />
: « Souviens-toi que je t’ai pardonné<br />
pour l’amour de Jésus-Christ ! »<br />
On rapporta la scène <strong>au</strong> général <strong>La</strong><br />
FIORETTI<br />
Rochejaquelein qui se jeta <strong>au</strong> cou de<br />
Bibard et s’écria en l’embrassant :<br />
« Pour un verre de mon sang, je n’<strong>au</strong>rai<br />
pas voulu que tu te sois montré moins<br />
généreux. » Comme l’écrit frère Gérard :<br />
« On juge les c<strong>au</strong>ses <strong>au</strong>x actes qu’elles<br />
inspirent ! »<br />
UN ENFANT DE HUIT ANS.<br />
Un jour, après avoir mis à feu et à<br />
sang une métairie, et massacré toute<br />
la « nichée » les Bleus mettent encore<br />
la main sur un enfant de huit ans :<br />
« Allons, petit brigand, on va te faire<br />
grâce. Mais à une condition : avant de<br />
t’en aller, tu vas jurer une bonne fois<br />
contre ton Bon Dieu.<br />
« Ah ! Pour ça, non, monsieur !<br />
répond l’enfant indigné, ce serait un<br />
péché. » Alors les démons se jetèrent<br />
sur lui et le firent mourir avec tout ce<br />
qu’ils savaient de cru<strong>au</strong>té. En ces<br />
mois de Terreur, la Vierge Marie, Reine<br />
Nous étions assis par terre devant un modeste monument<br />
surmonté d’une Croix, alors que tant de grâces<br />
mériteraient <strong>au</strong> moins une basilique... En attendant ce<br />
temps béni qui ne s<strong>au</strong>rait tarder, c’est sous un soleil<br />
bienfaisant et un ciel “ bleu Sainte Vierge ” que nous<br />
avons prié Notre-Dame de Charité, et repris ensuite<br />
notre marche, la vraie cette fois, car dix-huit kilomètres<br />
nous séparait du prochain sanctuaire.<br />
VERS BÉHUARD<br />
Notre itinéraire de marche avait été si méticuleusement<br />
préparé par un militaire de nos amis, que chacun<br />
de nos quatre groupes avait en main une suite de<br />
cartes où l’itinéraire était fléché, les difficultés si bien<br />
prévues et commentées qu’il était impossible de se<br />
perdre. Nous sommes donc partis, drape<strong>au</strong>x en tête, et<br />
d’un bon pas, en priant le rosaire, à la lumière des<br />
enseignements de la bienheureuse Marie du Divin<br />
Cœur et de notre Père.<br />
<strong>La</strong> campagne angevine est si ravissante qu’on <strong>au</strong>rait<br />
pu se croire <strong>au</strong> paradis ; mais non, car avec le temps<br />
cette marche nous permit de pâtir un peu et d’unir ainsi<br />
la pénitence à la prière... Rien de plus que des ampoules<br />
<strong>au</strong>x pieds et un peu de pluie sur la tête. Mais à<br />
voir le ciel d’encre, on comprenait que les bons anges<br />
responsables des précipitations étaient à l’œuvre et<br />
nous ménageaient merci. Et puis le spectacle des vignes<br />
d’Anjou invitait aimablement à l’acceptation des difficultés<br />
de la vie présente, car pour produire du bon vin,<br />
chaque cep de vigne se devait d’être, et il l’était,<br />
effroyablement émondé. Jésus l’avait bien dit dans<br />
l’Évangile, mais là nous le voyions de nos “ œils ”...<br />
des martyrs, soutenait elle-même le<br />
courage de ses enfants qui ne cessaient<br />
de lui chanter : « Je mets ma confiance,<br />
Vierge, en votre secours... »<br />
UNE JEUNE MAMAN.<br />
(suite, p. 31)<br />
Madame de Rorthays, condamnée à<br />
être fusillée, refuse qu’on la sépare de<br />
ses trois jeunes enfants qui s’accrochent<br />
à sa robe ou qu’elle porte dans ses<br />
bras : « Non ! je préfère qu’ils meurent<br />
avec moi ; car en mourant, ils feront<br />
l’ornement du Ciel, tandis que s’ils<br />
restent avec vous, ils deviendraient<br />
peut-être m<strong>au</strong>vais et impies. »<br />
Oui, c’est vers le Ciel que marchaient<br />
ces cohortes de confesseurs de la foi,<br />
de vierges et de saintes femmes,<br />
chantant des ps<strong>au</strong>mes et des cantiques,<br />
ou égrenant leur Rosaire, dont on<br />
retrouve encore les chaînes rouillées<br />
mêlées à leurs ossements, dans une<br />
terre restée teintée de leur sang.
MAI 2013 N o 128 - P. 30<br />
Pendant ce temps nos cinq sœurs et nos frères<br />
Louis-Joseph, François-Marie et Alexis étaient tout absorbés<br />
par les “ nécessités du service ” et préparaient<br />
l’arrivée des marcheurs qui se ferait sous la pluie et<br />
dans le froid. Les responsables de l’hospitalité et du<br />
sanctuaire nous avaient certes permis d’installer notre<br />
intendance à l’extérieur, mais grâce à frère Louis-<br />
Joseph qui n’a pas son pareil pour négocier, ils ont<br />
bien vu notre embarras. L’affaire est remontée jusqu’<strong>au</strong><br />
recteur qui comprit bien la nature religieuse et familiale<br />
de notre groupe. Il permit à nos sœurs d’utiliser la<br />
cuisine de l’hospitalité, ce qui n’était pas du luxe pour<br />
préparer deux cent trente-sept repas ch<strong>au</strong>ds.<br />
DANS LE CŒUR DE NOTRE-DAME DE BÉHUARD<br />
Après nous être rest<strong>au</strong>rés, et f<strong>au</strong>te de pouvoir faire<br />
une procession <strong>au</strong>x flambe<strong>au</strong>x comme prévu, à c<strong>au</strong>se<br />
de la pluie, nous allâmes nous blottir tous dans la<br />
petite chapelle du sanctuaire. Mgr Freppel conduisait<br />
ses diocésains à Behuard par milliers en les acheminant<br />
par bate<strong>au</strong>x vapeurs, mais gageons tout de même<br />
que c’est la première fois que la Sainte Vierge voyait<br />
entrer tant de monde dans son petit sanctuaire. Nous<br />
étions serrés les uns contre les <strong>au</strong>tres, tout comme les<br />
élus dans certaines fresques de Fra Angelico, partageant<br />
un bonheur semblable d’ailleurs, sous le regard<br />
de cette petite statue de Notre-Dame, fort bien fleurie<br />
pour la circonstance, et qui nous embrassait tous de<br />
son regard maternel et royal.<br />
Frère Bruno nous fit faire plus ample connaissance<br />
avec Elle (cf. encart p. 14) puis il exposa le Saint-<br />
Sacrement. Ensuite, grâce à nos frères <strong>au</strong>dio-vidéo,<br />
nous pûmes écouter notre Père qui de sa voix si chaleureuse,<br />
parlait <strong>au</strong> nom de Jésus – en sa présence et celle<br />
de Notre-Dame ! – véritable cœur à cœur où la prière de<br />
l’Angélus nous apparut dans sa plénitude d’amour, et<br />
tellement réconfortante <strong>au</strong>ssi (encart ci-dessous).<br />
Le lendemain dimanche 28 avril, un froid pluvieux<br />
nous empêcha d’assister à la Messe prévue en plein<br />
« De nouve<strong>au</strong>, paraissant ému, il<br />
(Jésus) se dit comme à lui-même :<br />
Ecce ancilla Domini, fiat mihi secundum<br />
verbum tuum.<br />
« Et c’est avec une indicible douceur<br />
qu’il poursuivit : “ Ma Sainte Mère, en<br />
l’instant béni où elle m’accepta, ne<br />
craignit pas de se déclarer la Servante<br />
du Seigneur. Elle voulait dès ce<br />
moment souffrir tous les tourments,<br />
tous les mépris, toutes les blessures<br />
pour aider à la rédemption du monde.<br />
Elle savait que cette divine parole ne<br />
pourrait gagner les cœurs qu’<strong>au</strong> prix<br />
de mille contradictions, dans la guerre,<br />
ECCE ANC<strong>IL</strong>LA DOMINI<br />
la haine, la persécution. Et elle avait<br />
un ardent désir d’en être, la première,<br />
victime. Dès ce jour, pour me tenir<br />
compagnie, elle se revêtit du Signe de<br />
la Croix et toute sa vie fut dès lors<br />
associée à la mienne, dans le partage<br />
de mon martyre et de mes peines<br />
quotidiennes, si secrètes et si vives !<br />
Il n’y avait pas que du bonheur et des<br />
consolations dans l’étable de Bethléem,<br />
y avez-vous songé (...) ? Cessez de<br />
vous étonner du drame d’apostasie<br />
qui marque votre temps. Voyez là<br />
seulement une ressemblance méritante<br />
de votre vie avec la mienne (...).<br />
air sur le site du sanctuaire. Nos hôtes émus de compassion<br />
prévinrent le recteur, qui accepta volontiers de<br />
la célébrer dans l’église de Savennières, du dixième<br />
<strong>siècle</strong>, distante de deux kilomètres. Là encore, quel<br />
bonheur de communier à la prière de ce prêtre <strong>au</strong><br />
maintien si digne, si modeste, et dont le sermon ressemblait<br />
tellement à ceux du bon pape François.<br />
L’Évangile du jour (Jn 13, 31-35) portait sur le commandement<br />
de la charité fraternelle, et à l’encontre des<br />
philanthropiques commentaires du “ Prions en Église ”,<br />
le curé cibla son sujet et nous exhorta à nous aimer<br />
les uns les <strong>au</strong>tres, mais comme Jésus nous a aimés...<br />
VERS LE BON-PASTEUR D’ANGERS<br />
Nous reprîmes notre ordre de marche vers Angers,<br />
laissant derrière nous les vignobles de l’Anjou pour<br />
emprunter les bords de la Loire, <strong>au</strong>tre vision de<br />
paix... Notre frère Bruno fit toute la marche visitant<br />
tour à tour chaque groupe ce qui lui donnait l’occasion<br />
d’animer le chapelet ou de s’entretenir avec les<br />
uns et les <strong>au</strong>tres... Il a pu donc dire cette méditation<br />
de notre Père lors du troisième mystère glorieux du<br />
dernier chapelet, belle évocation de la résolution à<br />
prendre à la suite de ce pèlerinage, afin de mieux<br />
prier, et mieux aider le Saint-Père :<br />
« Il n’y a qu’une manière, me semble-t-il, d’être<br />
bon chrétien, fidèle à l’Église et à nos engagements,<br />
nos promesses <strong>au</strong> Sacré-Cœur de Jésus et de Marie,<br />
il n’y a qu’une manière, c’est de vouloir de toute<br />
notre force, avec la grâce de Dieu, avec notre intelligence,<br />
notre cœur, notre énergie, vouloir dévoiler à<br />
cette génération qui n’est plus du tout prévenue, les<br />
splendeurs du Cœur de Jésus et de Marie. S’il doit<br />
régner, c’est parce qu’il est excellent, ce Cœur. Il<br />
doit être publié et prêché dans le monde entier, parce<br />
qu’Il est l’Amour, et un amour sans comparaison, et<br />
un amour f<strong>au</strong>te duquel les peuples meurent. »<br />
Et la grâce de cette flamme d’amour nous apprenions<br />
par Jésus lui-même qu’elle nous avait été ac-<br />
Votre louange perdue, votre fidélité<br />
rare sont plus précieuses à mon Père<br />
Céleste et à votre Père que celle des<br />
foules <strong>au</strong> temps heureux (...).<br />
« Et vous avez mon Corps. Connaissez<br />
à ce mystère que c’est toujours<br />
Noël ! Mon Corps, mon Sang, mon<br />
Âme et la plénitude en moi de la<br />
Divinité, tout vous est donné comme<br />
<strong>au</strong> premier jour, à Bethléem, quand je<br />
parus dans le monde. Je ne me suis<br />
point repris. Je ne l’<strong>au</strong>rais pu, tant je<br />
vous aime ! ” »<br />
( G. de Nantes, CONTE DE NOËL,<br />
CRC n o 3 suppl., décembre 1968)
MAI 2013 N o 128 - P. 31<br />
« Les trois Ave Maria dits à la requête du roi<br />
(Louis XI), notre sire, <strong>au</strong>x coups de la cloche qui<br />
lors sonnent, se nomme l’Ave Maria de la Paix. »<br />
« Le rocher de Béhuard était destiné à devenir le trône de Marie, afin que, du h<strong>au</strong>t de<br />
cette tour de David qui commande le cours de la Loire, Notre-Dame l’Angevine pût<br />
étendre sur les deux rives ses mains protectrices. » (Mgr Freppel, 8 septembre 1873)<br />
Mgr Freppel (1827-1892), évêque d’Angers : « C’est en<br />
portant sur leur poitrine l’image du Sacré-Cœur de Jésus<br />
que vos pères volaient <strong>au</strong> combat pour défendre la foi. »
MAI 2013 N o 128 - P. 32<br />
cordée par les mérites de la bienheureuse Marie du<br />
Divin Cœur. À nous, maintenant, de faire fructifier ce<br />
talent :<br />
« Sache, mon enfant, que de la charité de mon<br />
Cœur, je veux faire descendre des torrents de grâces<br />
par ton cœur dans le cœur des <strong>au</strong>tres. C’est la<br />
raison pour laquelle on s’adressera à toi avec confiance.<br />
Ce ne sont pas tes qualités, mais c’est Moi<br />
qui en suis la c<strong>au</strong>se. Jamais quelqu’un qui se rencontrera<br />
avec toi ne s’éloignera sans que son âme<br />
soit, de quelque manière, consolée, soulagée ou sanctifiée,<br />
ou ait reçu quelque grâce, même le pécheur le<br />
plus endurci. S’il veut profiter de la grâce, il ne tient<br />
qu’à lui. » (18 juin 1897)<br />
LE PAPE FRANCOIS EN BORD DE LOIRE.<br />
Nous devions faire halte dans le parc de Bouchemaine,<br />
car c’est là que frère Bruno devait nous<br />
parler une dernière fois de notre pape François. Frère<br />
Louis-Joseph et son équipe prirent donc les devants<br />
afin d’aménager, avec l’accord de la municipalité,<br />
quelques commodités. Dans le même temps nos frères<br />
Sébastien, Benoît-Joseph, Georges et Cl<strong>au</strong>de débarquaient<br />
et installaient tout leur matériel <strong>au</strong>dio-vidéo.<br />
Le temps était magnifique, la prise de vue le serait<br />
donc, et quant <strong>au</strong> son, les petits enfants ne gêneraient<br />
pas puisqu’ils pourraient se divertir sur des agrès prévus<br />
pour eux un peu plus loin.<br />
C’est dans un décor tout à fait évangélique que<br />
nous avons écouté notre Frère prieur. <strong>La</strong> Loire remplaçait<br />
le lac de Galilée, tandis que la bonne sonorisation<br />
de nos frères dispensa frère Bruno de monter<br />
dans une barque. C’est donc avec la Loire dans son<br />
dos, bien installé sous un frêne, et un bon micro<br />
devant lui que notre frère passionna nos amis pendant<br />
plus d’une heure. Textes à l’appui il nous montra<br />
à quel point les réformes que notre pape François<br />
veut entreprendre, car « il f<strong>au</strong>t nous réformer », sont<br />
finalement des contre-réformes, des critiques subtiles<br />
et fort bien ciblées de Vatican II. Le Souverain Pontife<br />
les avance avec une finesse bonhomme, consciente<br />
ou œuvre du Saint-Esprit, sous le couvert de<br />
saint Ignace et de saint François. Toujours est-il que<br />
ses paroles de vérité commencent à faire grincer des<br />
dents... Mais pas chez nous...<br />
CHEZ MONSEIGNEUR FREPPEL.<br />
Nos sœurs nous donnèrent ensuite un bon piquenique,<br />
de quoi refaire nos forces pour l’ultime étape<br />
de notre pèlerinage, Angers, la ville dont chacune des<br />
portes était <strong>au</strong>trefois surmontée d’une effigie de la<br />
Mère de Dieu, et qui se félicitait d’être appelée “ Ville<br />
de Marie ”. C’est bien ce titre de noblesse que ce bon<br />
pasteur de Mgr Freppel s’employa à lui redonner.<br />
Nous devions faire une halte devant la maison de<br />
Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur d’Angers<br />
(cf. encart, p. 25) afin de marcher jusqu’<strong>au</strong> bout sur les<br />
traces de notre bienheureuse, et faire <strong>au</strong>ssi un peu la<br />
connaissance de sa fondatrice, sainte Marie-Euphrasie<br />
Pelletier. Cela ne put se faire, f<strong>au</strong>te de temps, et<br />
intersigne probablement, car que reste-t-il d’une<br />
maison religieuse qui détruit son Calvaire pour le remplacer<br />
par un labyrinthe ? Le troisième secret de<br />
Fatima nous répond : « des cadavres ». C’est donc sans<br />
regret que frère Bruno entraîna tout son monde, plus<br />
de trois cents ce dimanche, dans la maison du seul<br />
vrai Bon Pasteur d’Angers, Mgr Freppel. C’est en<br />
procession <strong>au</strong> chant de “ RAPPELLE-TOI, JEANNE ! ” que<br />
nous avons franchi le seuil de sa cathédrale Saint-<br />
M<strong>au</strong>rice. Permission avait été donnée <strong>au</strong> vicaire d’exposer<br />
le Saint-Sacrement, mais pas à frère Bruno de<br />
conclure, dans la chaire même de Mgr Freppel, ce si<br />
be<strong>au</strong> pèlerinage. « Réaction impulsive et incontrôlée,<br />
<strong>au</strong>ssi bien de couardise que de témérité, si caractéristique<br />
de la peur », diagnostiquerait notre pape<br />
François (cf. AMOUR, SERVICE ET HUM<strong>IL</strong>ITÉ, p. 39).<br />
Mais notre frère ne s’en formalisa pas, et comme<br />
Jésus <strong>au</strong> Saint-Sacrement, il obéit ; mais dans le cœur<br />
de nos amis, pour l’un comme pour l’<strong>au</strong>tre, il n’y<br />
avait que des remerciements, des actions de grâces.<br />
C’est cette effusion, que notre frère Henry qui touchait<br />
l’orgue, et notre frère Thomas qui dirigeait nos chants<br />
les plus exaltants, se sont employés à manifester. <strong>La</strong><br />
puissance et l’harmonie de notre union de charité réveilla<br />
la cathédrale de son silence conciliaire et mit fin<br />
<strong>au</strong> léger brouhaha touristique, pour la plus grande<br />
consolation du bon prêtre qui avait officié : « Vraiment<br />
le Saint Sacrement a été bien honoré. »<br />
Nous sortîmes en procession <strong>au</strong> chant du Père<br />
Marie-Antoine : “ Ô IMMACULÉE ”, et avons ensuite<br />
formé sur le parvis un carré spontané devant frère<br />
Bruno, qui nous adressa, d’abondance du cœur, ces<br />
dernières paroles de conclusion et d’envoi en mission :<br />
« C’est tout à fait merveilleux de finir notre pèlerinage<br />
dans la cathédrale de Mgr Freppel, l’évêque qui<br />
a réveillé tous les souvenirs, tous les pèlerinages que<br />
nous avons faits, tout ce que nous avons visité<br />
pendant ces trois jours. Il fut l’abbé de Nantes de son<br />
époque, c’est pourquoi nous le vénérons et que sa<br />
pensée est vivante, car nous en sommes les héritiers.<br />
Pour nous, et à c<strong>au</strong>se de cela, c’est la plus belle<br />
cathédrale de France !<br />
« Nous pouvons vraiment remercier le Bon Dieu de<br />
nous avoir accueillis dans ces sanctuaires, dans ce<br />
merveilleux diocèse, dans cette cathédrale. Espérons<br />
qu’un jour, ce sera la France tout entière qui revivra<br />
de ces dévotions, du souvenir de ces martyrs et qui en<br />
tirera la leçon pour ressusciter et revivre.<br />
« C’est sûr, absolument, la France ne peut pas<br />
disparaître. Si elle continue comme elle fait maintenant,<br />
elle disparaîtra, donc ça va changer. C’est à<br />
nous d’y travailler de tout notre cœur en priant<br />
surtout la Sainte Vierge, Notre-Dame angevine. »<br />
Ainsi soit-il !<br />
frère Philippe de la Face de Dieu.
LA LIGUE N o 128 - P. 33<br />
CETTE vive exclamation de<br />
l’épouse du CANTIQUE DES<br />
CANTIQUES, de l’Israël pécheresse<br />
à son Dieu toujours fidèle et<br />
miséricordieux, est plus que jamais<br />
celle de l’Église <strong>catholique</strong><br />
romaine pour François, le nouve<strong>au</strong><br />
Vicaire de son Seigneur<br />
Jésus-Christ. Car depuis le 13<br />
mars, c’est la joie et l’allégresse (cf. Ct 1, 4) de la foi et<br />
de la sainte espérance que notre Pape ne cesse de<br />
ranimer, non seulement <strong>au</strong> cœur des heureux pèlerins<br />
de la place Saint-Pierre, toujours <strong>au</strong>ssi nombreux, mais<br />
encore des fidèles par millions, qui comme nous en<br />
commun<strong>au</strong>té, se branchent sur KTO ou <strong>au</strong>tres, afin de<br />
le voir, de prier avec lui et pour lui.<br />
Les enfants de l’Église ne sont donc plus orphelins,<br />
ils ont un Père qui de nouve<strong>au</strong> leur parle simplement<br />
et avec ferveur du salut des âmes, de la joie que Dieu<br />
éprouve à faire miséricorde <strong>au</strong>x pécheurs qui lui<br />
avouent leurs f<strong>au</strong>tes, de la résurrection sans laquelle<br />
notre espérance est vaine. Son discours n’est pas académique<br />
et il n’hésite pas à joindre le geste, le sourire<br />
à la parole : « Tenez bon la corde qui vous relie et<br />
vous ancre à la patrie céleste... Il ne f<strong>au</strong>t pas avoir<br />
peur des difficultés dans la vie. Il f<strong>au</strong>t les affronter<br />
comme le gardien de but face <strong>au</strong> ballon », etc. Chaque<br />
<strong>au</strong>dience apporte son lot de vérités - charités <strong>catholique</strong>s<br />
simplement et aimablement rappelées : Tout le<br />
monde comprend, tout le monde aime !<br />
Et lorsque le pape François nous demande d’avoir<br />
« le courage d’aller à contre-courant », la phalange de<br />
l’Immaculée lui répond à la suite de notre frère Bruno<br />
et avec toute l’Église : Oui vraiment François, « Entraîne-nous<br />
sur tes pas, courons ! » (Ct 1, 4) C’est ainsi<br />
que depuis le 13 mars notre Frère prieur ne cesse, jour<br />
après jour, de nous entraîner, à « contre-courant », sur<br />
les pas du Saint-Père grâce <strong>au</strong> petit livre du cardinal<br />
Bergoglio, “ AMOUR, SERVICE ET HUM<strong>IL</strong>ITÉ ”, ou encore<br />
<strong>au</strong> moyen de textes traduits de l’espagnol par nos<br />
sœurs, et de plus en plus souvent désormais à la<br />
faveur de ses homélies ou <strong>au</strong>diences du mercredi. Cela<br />
fut une grande consolation pour nous, et cela le sera<br />
pour les abonnés <strong>au</strong>x LOGIA, que d’entendre notre frère<br />
nous montrer combien nombreuses et fondées sont les<br />
raisons d’aimer notre bon pape François, et d’<strong>au</strong>tre<br />
part combien il <strong>au</strong>ra besoin de la doctrine totale de<br />
notre bien-aimé Père, docteur mystique de la foi <strong>catholique</strong>,<br />
pour étayer, prolonger ses meilleures intuitions<br />
doctrinales ou pastorales, déceler <strong>au</strong>ssi les illusions et<br />
les f<strong>au</strong>x principes qui les menacent... C’est assez dire<br />
que notre frère Bruno surclasse tous les “ vaticanistes ”<br />
de profession ou “ d’improvisation ” en in<strong>au</strong>gurant, en<br />
« COMME ON A RAISON DE T’AIMER ! » ( Ct 1, 4 )<br />
disciple de notre Père, un filial et très ecclésial soutien<br />
et service du pape François pour la Renaissance de<br />
l’Église.<br />
« Ne boudons pas notre joie ! et avançons courageusement<br />
vers la Croix, à la suite du pape<br />
François », tel est l’ordre de marche que notre frère<br />
Bruno impulse à la Phalange de l’Immaculée. Nos amis<br />
le comprennent bien, certains mieux que d’<strong>au</strong>tres, mais<br />
voici le témoignage de celle qui reçut, bonne première,<br />
la grâce singulière de comprendre et d’aimer, c’est tout<br />
un, le “ don de Dieu ” <strong>au</strong>x enfants de son Église.<br />
Gageons qu’elle ne fut pas la seule de par le monde et<br />
donc ne « boudons pas notre joie » : Merci mon frère...<br />
« UN PÈRE POUR SES ENFANTS ! »<br />
Cher Frère Bruno,<br />
Merci à vous et à tous ceux qui ont contribué à la<br />
rédaction du no 127 d’<strong>IL</strong> <strong>EST</strong> <strong>RESSUSCITÉ</strong>, d’avril 2013.<br />
C’est avec une impatience fébrile que j’attendais<br />
vos premiers témoignages sur notre nouve<strong>au</strong> Pape,<br />
François. Le soir de l’élection pontificale, je regardais<br />
en différé – un peu découragée par avance des résultats<br />
du conclave – l’annonce de notre nouve<strong>au</strong> Pape,<br />
afin de recueillir sa bénédiction urbi et orbi. J’attendais<br />
confortablement assise l’apparition du nouve<strong>au</strong><br />
Pape <strong>au</strong>x fenêtres vaticanes, lorsqu’un incroyable élan<br />
m’a fait me lever en l’apercevant... et puis pleurer.<br />
Agenouillée pour la bénédiction, je n’en revenais pas<br />
de prier en écho avec un Pape les trois prières fondamentales<br />
apprises <strong>au</strong> berce<strong>au</strong>. Ce fut un véritable bouleversement,<br />
une sorte de « révélation » de ce qu’est un<br />
père pour ses enfants. Le nom de « Bergoglio » ne<br />
m’était pas étranger... Votre site internet, admirablement<br />
fait, me l’a effectivement rappelé.<br />
Cet « évêque de Rome » comme n’a cessé de se<br />
définir ce soir-là notre pape François, est empreint<br />
d’une bonté et d’une simplicité magnétiques, mais<br />
surtout évangéliques, capables de toucher à coup sûr<br />
be<strong>au</strong>coup d’âmes, même récalcitrantes et plus encore,<br />
capables de remporter les suffrages de nos cohortes<br />
d’athées ou d’égarés, en quête <strong>au</strong> plus profond d’ellesmêmes<br />
de simplicité, de droiture et de Vérité.<br />
De grâce, ne nous permettons pas, nous laïcs, de<br />
(trop vite) juger notre Saint-Père et reconnaissons<br />
que plus il sera hésitant dans sa démarche totale de<br />
Rénovation de l’Église, plus nous <strong>au</strong>rons à cœur de le<br />
soutenir par la prière confiante et fervente... et moins<br />
vite les forces du mal veilleront à nous priver une nouvelle<br />
fois du Don de Dieu fait homme et pape. Un<br />
Souverain Pontife du vingt et unième <strong>siècle</strong> qui parle<br />
de « Paraclet », de « Croix », et nous défend du<br />
« diable, des démons », et n’omet jamais en fin d’ho-
MAI 2013 N o 128 - P. 34<br />
mélies ( tellement accessibles et addictives) de prier<br />
la Madone, c’est déjà be<strong>au</strong>coup ! C’est pour nous, à<br />
notre petit nive<strong>au</strong>, un immense encouragement dans<br />
notre lot quotidien d’épreuves dues à la christianophobie<br />
ambiante ( blasphèmes, provocations, railleries,<br />
stigmatisation, marginalisation...) : notre foi s’en<br />
trouve confirmée et renouvelée dans un esprit de<br />
p<strong>au</strong>vreté et de simplicité qui nous fait tant déf<strong>au</strong>t.<br />
Voyez comme c’est étonnant : c’est Georges-Marie<br />
Bergoglio qui m’<strong>au</strong>ra fait reprendre contact (par la<br />
lecture et la correspondance) avec la famille et l’œuvre<br />
de Georges-Marie de Nantes... Décidément, notre Pape<br />
est imprévisible !<br />
Avec vous et les commun<strong>au</strong>tés, j’espère de toute<br />
mon âme de la part de notre bien-aimé François une<br />
réponse à votre récente lettre ouverte qui affermisse<br />
vos légitimes et persévérantes espérances, également<br />
nôtres : « <strong>IL</strong> REVIENDRA avec son cœur immense, avec<br />
son cœur de flamme, son âme de p<strong>au</strong>vre et son sourire.<br />
<strong>IL</strong> REVIENDRA ! Et le Cœur Immaculé de Marie<br />
triomphera ! »<br />
En union de prières dans le Cœur Immaculé de<br />
notre Madone très compatissante,<br />
C. S.<br />
JOIES D’AVR<strong>IL</strong><br />
Le premier avril, lundi de Pâques et clôture de la<br />
Retraite de Semaine sainte, notre Père mit tant de<br />
conviction et d’enthousiasme à nous entretenir de la<br />
résurrection de Jésus et du bonheur du Ciel, que nos<br />
amis, si heureux chez nous, tardèrent tant et plus à<br />
s’en retourner dans le monde. Quelques jours plus<br />
tard, un fort contingent de phalangistes prit la relève<br />
pour assister <strong>au</strong>x exercices de la dévotion réparatrice<br />
des premiers samedis du mois et consoler ainsi le<br />
Cœur Immaculé de Marie ; les uns pour se réjouir<br />
<strong>au</strong>ssi de voir leur fille ou leur sœur prendre l’habit de<br />
notre ordre, les <strong>au</strong>tres pour assister à la profession<br />
temporaire de la leur, tous pour savoir ce que notre<br />
frère Bruno pensait du pape François.<br />
LE SAINT-PÈRE FRANÇOIS CHEZ LUI CHEZ NOUS.<br />
Il fut littéralement présent tout <strong>au</strong> long de cette fin<br />
de semaine en la personne de notre frère Bruno qui le<br />
fit prêcher pour ainsi dire matin et soir pour la plus<br />
grande joie de tous. Nos amis étaient venus pour<br />
écouter notre Père leur communiquer « tendresse et<br />
dévotion » par le dévoilement du mystère de la circumincessante<br />
charité divine, eucharistique et mariale.<br />
Et voici que frère Bruno ajoutait à ces deux blancheurs,<br />
celle qui manquait pour opérer le salut de l’Église tel<br />
que l’a entrevu prophétiquement saint Jean Bosco. Oui<br />
vraiment, la circumincessante charité divine en ses<br />
miséricordieux épanchements n’était plus seulement<br />
eucharistique et mariale, désormais elle était <strong>au</strong>ssi papale.<br />
Ceux qui n’osaient le croire ne pouvaient plus en<br />
douter, et la joie se lisaient sur les visages, celui de<br />
notre Frère prieur assurément, ce qui fit dire à l’un de<br />
nos amis : « Frère Bruno a rajeuni de vingt ans ! »<br />
Le sermon de la messe de samedi porta sur la<br />
devise du pape François : “ Miserando atque eligendo<br />
”. À la différence de ses prédécesseurs qui firent<br />
toujours le contraire des obligations de leur devise,<br />
qu’il s’agisse d’être tout à la Sainte Vierge ou tout <strong>au</strong><br />
service de la vérité, nous sommes avec le bon pape<br />
François dans la simplicité cordiale, relationnelle d’une<br />
<strong>au</strong>thentique grâce qui décida de toute sa vie. C’est ce<br />
bonheur profond qu’il veut communiquer à l’Église<br />
tout entière : l’expérience de l’amour miséricordieux du<br />
Bon Dieu. Le jeune Bergoglio en reçut un jour le choc<br />
après l’aveu de ses f<strong>au</strong>tes en confession. « Dieu nous<br />
attend toujours le premier », comme le père de l’enfant<br />
prodigue, et c’est cette bonté qui l’a décidé à suivre le<br />
Seigneur en s’engageant dans la vie religieuse. Il a<br />
donc été « appelé parce que pardonné ».<br />
Frère Bruno nous ravira en nous montrant que le<br />
pape François et notre bien-aimé Père sont non seulement<br />
en communion de pensées, mais qu’ils ont<br />
surtout le même cœur, la même délicatesse d’âme,<br />
radicale, et la même façon drôle de s’accuser de<br />
leurs f<strong>au</strong>tes : « À cette époque, je me prenais pour<br />
Tarzan !... » Si c’est votre cas ou si vous voulez en<br />
savoir plus, abonnez-vous <strong>au</strong>x LOGIA...<br />
Lors du sermon de l’après-midi et pour nourrir le<br />
quart d’heure de méditation demandé par la Sainte<br />
Vierge, frère Bruno nous démontra par tant et tant de<br />
paroles du pape François que celui-ci a une foi sans<br />
peur ni reproche, <strong>au</strong> rebours de tout défaitisme et<br />
repentance conciliaires. « Notre foi est révolutionnaire<br />
», c’est « une action de combat » « Le triomphe<br />
chrétien est toujours une croix, mais une croix dressée<br />
comme une bannière de victoire », etc. « Mais on croirait<br />
entendre l’abbé de Nantes s’exclame frère Bruno,<br />
c’est magnifique : on voit que c’est le Saint-Esprit qui<br />
le meut, et dire que c’est ce qu’il a prêché <strong>au</strong>x<br />
évêques espagnols en 2006 ?! »<br />
Lors de l’oraison du lendemain, frère Bruno nous<br />
montra que le Pape va encore plus loin dans la pastorale<br />
de <strong>Contre</strong>-<strong>Réforme</strong> en brossant le portrait robot de<br />
l’évêque et des obligations qu’il doit satisfaire. Saint<br />
Charles Borromée ne parlait pas <strong>au</strong>trement... Le cardinal<br />
Bergoglio consacre ensuite tout un chapitre à « l’esprit<br />
du monde ou l’anti-règne ». Se rend-il compte qu’il<br />
prend le contre-pied du Concile et de sa pastorale<br />
d’ouverture <strong>au</strong> monde ? Il est radical comme le sont les<br />
saints, et lorsqu’il cite les paroles de saint Jean ou de<br />
saint P<strong>au</strong>l contre le monde, ce n’est pas pour <strong>au</strong>ssitôt les<br />
contredire ou les atténuer selon la conciliaire habitude<br />
de ses prédécesseurs, mais pour abonder dans le sens<br />
obvie de la Parole de Dieu : « N’entrez pas dans les<br />
schémas du monde ! » Le mot est d’<strong>au</strong>tant mieux choisi,<br />
dira frère Bruno, que c’est le fameux “ Schéma treize ”<br />
qui fut à l’origine de GAUDIUM ET SPES...
MAI 2013 N o 128 - P. 35<br />
PRISE D’HABIT ET PROFESSION TEMPORAIRE.<br />
Le 7 avril, lors de la messe solennelle du dimanche<br />
in albis, Isabelle More<strong>au</strong> reçut le bel habit de nos<br />
sœurs, <strong>au</strong> terme d’un “ cheminement ” somme toute<br />
analogue à celui du Saint-Père comme notre frère<br />
Bruno le lui avait fait comprendre à mots couverts,<br />
l’avant-veille, en réponse à sa coulpe. Notre sœur<br />
ayant reçu le très cordial pardon de son Frère prieur :<br />
Miserando, il ne lui restait plus qu’à obtenir de lui<br />
son nom d’éternité, sa vocation : atque Eligendo. Elle<br />
est donc désormais parmi nous SŒUR CÉC<strong>IL</strong>E DE LA<br />
RÉSURRECTION.<br />
Après le chant de l’Évangile ce fut <strong>au</strong> tour de notre<br />
SŒUR JACINTHE MARIE DE FATIMA d’entendre l’exhortation<br />
composée par notre Père, et qui révèle si bien le<br />
sens profond de l’alliance qui se nouait liturgiquement<br />
sous nos yeux par les signes du voile blanc et du<br />
scapulaire frappé du Cœur et de la Croix de Jésus.<br />
Notre frère Bruno, qui avait laissé prêcher notre<br />
Père pour ainsi dire, ne laissa pas passer son tour. Il<br />
nous raconta ensuite brièvement la vie de sainte Cécile,<br />
cette vierge pure et noble romaine du deuxième<br />
<strong>siècle</strong> qui réussit le prodige de « virginiser », dira<br />
sainte Thérèse avec admiration, le cœur de Valérien,<br />
l’époux qui respectera le mystère de son vœu de virginité.<br />
<strong>La</strong> foi et la charité de la vierge Cécile épouse de<br />
son unique Seigneur Jésus, se communiquera si bien à<br />
Valérien qu’il se fit baptiser, entraînant à sa suite son<br />
frère Tiburce, puis ce fut le martyre qui vite, vite les<br />
unira tous trois <strong>au</strong> Ciel pour un cœur à cœur d’infinie<br />
pureté et ardeur... <strong>La</strong> liturgie romaine, d’habitude si<br />
sobre, en délire d’enthousiasme, et notre Père <strong>au</strong>ssi<br />
reconnaissait en sainte Cécile une âme sœur qui vérifiait<br />
si bien son enseignement sur la pureté positive et<br />
la circumincessante charité.<br />
Le chant solennel du MAGNIFICAT clôtura ces magnifiques<br />
cérémonies qui avaient duré très longtemps, les<br />
aiguilles des montres le proclamaient sans s’en plaindre,<br />
comme nous tous d’ailleurs. Le temps avait donc<br />
filé, filé comme il arrive quand se célèbre, se vit, se<br />
goûte la circumincessante charité divine, eucharistique<br />
et mariale, familiale et fraternelle... Celle-ci se donna<br />
une fois encore à admirer pendant la procession de<br />
sortie lorsque nos amis et nos sœurs virent qu’à l’imitation<br />
du Saint-Père, notre cher célébrant ne se privait<br />
pas de tapoter paternellement les têtes enfantines<br />
lorsque celles-ci émergeaient du banc familial, pour<br />
voir... Sainte imposition des mains du Bon Pasteur sur<br />
ses agne<strong>au</strong>x, source de grâce assurément...<br />
Lors du sermon des vêpres, notre frère Bruno s’attacha<br />
à commenter le titre de noblesse de notre sœur :<br />
« Ainsi, rien que par votre nom, vous témoignerez, en<br />
disciple de notre Père, que la Résurrection est bien un<br />
fait historique, car si le Christ n’est pas réellement ressuscité,<br />
notre foi est vaine ! Mais vous <strong>au</strong>rez <strong>au</strong>ssi pour<br />
vocation particulière de rappeler par votre nom avec<br />
quelle foi et quelle espérance notre Père n’a cessé<br />
d’annoncer la résurrection de l’Église alors qu’il n’a<br />
connu que nos temps de désorientation diabolique. En<br />
2003, notre Père disait en admirant la photo du<br />
cardinal Bergoglio, que c’était celle d’un saint. Il a<br />
donc vu, de loin, la résurrection de l’Église. Maintenant,<br />
elle peut s’opérer par ce Pape, s’il est fidèle à<br />
Jésus et s’il remet tout entre les mains de l’Immaculée,<br />
pour triompher des hérésies qui infestent l’Église<br />
et la rest<strong>au</strong>rer dans son antique splendeur.<br />
« Ce sera votre vocation, ma sœur, de prier pour le<br />
Saint-Père, avec notre sœur Jacinthe-Marie, maintenant<br />
revêtue du voile blanc, et du scapulaire marqué du<br />
Cœur et de la Croix, afin de l’aider dans sa lourde<br />
tâche et dans les persécutions qu’il <strong>au</strong>ra certainement à<br />
subir, si les prophéties de Jacinthe de Fatima s’accomplissent,<br />
ainsi que le troisième Secret de Notre-Dame. »<br />
DES ACTUALITÉS ENTHOUSIASMANTES !<br />
Lors de sa conférence d’ACTUALITÉS, frère Bruno<br />
nous communiqua son enthousiasme pour notre pape<br />
François en l’étayant sur des raisons solides. Son analyse<br />
rejoint et complète celle des meilleurs chroniqueurs<br />
religieux pour reconnaître objectivement que<br />
sous l’égide de saint François et de saint Ignace nous<br />
avons un Pape qui réoriente prudemment l’Église dans<br />
les voies d’une salutaire <strong>Contre</strong>-<strong>Réforme</strong> <strong>catholique</strong>.<br />
Quant à sa pensée politique, frère Bruno est le<br />
premier à en démontrer le caractère contre-révolutionnaire,<br />
elle est empreinte d’un nationalisme religieux<br />
proche de celui de notre Père, en vigoureuse<br />
réaction contre le mondialisme anglo-saxon.<br />
Le temps de la réconciliation est donc venu, ce<br />
sera <strong>au</strong>ssi celui de l’espérance surnaturelle, car notre<br />
frère pressent bien que la contre-attaque du démon ne<br />
tardera pas...<br />
LE SAINT QUE DIEU NOUS A DONNÉ<br />
Le 18 avril à Paris, CRS et CRC se côtoyèrent<br />
chacun poursuivant sa mission. Luctus et angor pour<br />
les CRS qui quadrillaient les rues du sixième arrondissement<br />
afin de canaliser les partisans de la “ manif pour<br />
tous ”, avec comme dommage collatéral d’<strong>au</strong>gmenter<br />
les embouteillages : tumultes, impatiences, colères, vaines<br />
agitations d’un monde angoissé. GAUDIUM ET SPES,<br />
en revanche pour les CRC, qui à l’instigation de frère<br />
François se retrouvèrent une bonne centaine dans un<br />
véritable havre de paix pour accueillir notre frère Bruno<br />
et l’entendre parler du seul homme capable de ramener<br />
la joie et l’espérance de l’ordre dans l’Église et dans le<br />
monde entier, notre bon pape François : LE SAINT QUE<br />
DIEU NOUS A DONNÉ (cf. éditorial, p. 1-10).<br />
Au terme de cette conférence, nos amis qui avaient<br />
tout d’abord été très impressionnés par les paroles<br />
cinglantes du Saint-Père <strong>au</strong> sujet de ceux qui résistaient<br />
à Vatican II, comprirent qu’elles avaient été pro-
MAI 2013 N o 128 - P. 36<br />
voquées par ce « sot » de Mgr Fellay, tellement aveuglé<br />
par les intérêts de sa “ boutique ” qu’il ne voit pas<br />
ceux de l’Église, majeurs, que le Christ défend en ce<br />
moment par le truchement de son courageux Vicaire.<br />
Notre frère fut donc chaleureusement appl<strong>au</strong>di et remercié<br />
; puis après une période de questions, et alors<br />
que les conversations s’éternisaient dans le calme de<br />
la nuit, le gardien des lieux nous demanda gentiment<br />
de prendre souci...<br />
DES PÈLERINS HEUREUX<br />
Bien cher frère Bruno,<br />
Sans attendre après notre pèlerinage, toute la famille<br />
vous remercie pour ces belles journées de dévotion,<br />
d’instruction et d’amitié.<br />
Découvrir la concordance entre la doctrine du pape<br />
François et celle de notre Père nous remplit de joie.<br />
Certes, notre appartenance à la CRC a toujours été<br />
une joie, mais qui provenait du soutien et du réconfort<br />
que les enseignements de notre Père nous apportaient<br />
dans notre isolement et notre angoisse. C’est désormais<br />
une jubilation intime d’être les premiers à<br />
deviner, grâce à ces enseignements, l’<strong>au</strong>rore de la<br />
renaissance de l’Église. C’est le cas de dire, comme<br />
Jeanne d’Arc, que notre Père « ne nous a pas<br />
trompés » puisque, sans rien modifier de nos convictions,<br />
nous voici en pleine communion avec le Pape.<br />
Quel soulagement et quelle émotion ! Et que nous<br />
prions volontiers pour ce p<strong>au</strong>vre Saint-Père !<br />
En grande union de prières et avec notre affection,<br />
Famille B.<br />
PREMIER SAMEDI AVEC LE PAPE FRANÇOIS<br />
Ce fut le privilège de nos amis venus voir et entendre<br />
notre bien-aimé Père nous livrer le cœur de son<br />
cœur en ses dernières conférences de retraite sur la<br />
circumincessante charité – nous y reviendrons le mois<br />
prochain –, que de pouvoir faire les pieux exercices<br />
du premier samedi de mois de Marie avec le Saint-<br />
Père en personne pour ainsi dire.<br />
Frère Bruno en exprima le désir, frère Sébastien le<br />
réalisa, et tous nous nous retrouvâmes devant le grand<br />
écran de la bibliothèque, et donc à Rome même, dans<br />
le chœur de la basilique Sainte-Marie-Majeure avec le<br />
bon pape François et ses paroissiens : cardin<strong>au</strong>x,<br />
évêques, prêtres, religieux et religieuses, messieurs et<br />
dames de divers rangs et conditions, priant avec eux,<br />
méditant comme eux devant l’icône de la Salus populi<br />
romani, heureux de voir notre Saint-Père aimer notre<br />
Divine Mère, et le lui manifester par un petit salut de<br />
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PC 75. LA PAROLE DE DIEU.<br />
AVR<strong>IL</strong> 2013<br />
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6. LA COMMUNAUTÉ SAINTE.<br />
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la main tout en tendresse et dévotion. Frère Bruno en<br />
était ravi : « C’est un défi lancé à tous les railleurs. Et<br />
il fait ça en mondiovision, devant les caméras ?! Que<br />
ce soit dans sa personne ou dans sa prédication, notre<br />
Saint-Père n’a <strong>au</strong>cun respect humain. »<br />
Nos frères et sœurs de Fons, de Frébourg et du<br />
Canada, étaient <strong>au</strong>ssi avec nous, devant leurs écrans<br />
respectifs, dans une même union de pensées et de<br />
prières : « Comment ne pas penser, nous écrira frère<br />
Marc, en entendant monter si simplement les AVE de<br />
cette petite foule, <strong>au</strong> grand secret de Fatima et <strong>au</strong><br />
songe de don Bosco ? Nul doute que le retour vers<br />
“ Rome ” est amorcé... »<br />
C’est bien pourquoi, nous expliquera frère Bruno,<br />
nous devons « mettre notre logiciel à jour », passer de<br />
la <strong>Contre</strong>-<strong>Réforme</strong> à la Renaissance <strong>catholique</strong>, pour<br />
être ainsi à l’unisson du cœur fidèle de notre Saint-<br />
Père, et plus que jamais prier pour lui Notre-Dame de<br />
Fatima, d’ici le 13 mai, et en ce jour même, afin<br />
qu’elle le prenne, lui et son pontificat, sous la protection<br />
de son Cœur Immaculé.<br />
frère Philippe de la Face de Dieu.