N°20- Beltane 2013 - Assemblée Druidique du Chêne et du Sanglier

chantement. Chaque jour, chaque acte de création
que je fais, chaque coup de pinceau, chaque
coup de gouge sur le bois est ainsi révélation
de mon chemin, dit la responsabilité de mes
choix spirituels. Chaque jour m’offre la liberté
de chanter quand je le veux pour me connecter,
méditer dans une pièce dédiée au druidisme 2 , de
m’imprégner de l’Awen pour me laisser œuvrer,
le plus en paix possible, dans la Lumière des
Trois Rayons. Ce qui n’est pas toujours chose
facile à accomplir car le monde de la matière,
qui suit une logique productiviste outrancière,
exige des résultats et aussi car la « raison », l’ego,
le mental, les programmations familiales, se
sentant en danger veulent souvent qu’il en soit
autrement.
Pour autant, je ne peux plus faire demi-tour,
ni me détourner. L’attraction est forte, totale
même. Elle bouleverse parfois et amplifie ma
vie, ce souffle qui étreint corps, âme et cœur.
C’est un voyage en conscience qui s’est enclenché,
une conscience qui s’imprègne du sacré
qui suinte de la roche, de la pluie et du vent,
une réalité abreuvée de lumière et qui toujours
anime mon feu intérieur, lui-même alimenté
par un souffle propulseur, créateur qui fait descendre
l’Awen dans mon existence.
Vivre le druidisme,
chaque jour,
à chaque respiration,
dans la montée
comme dans la descente.
C’est voir
et relier.
Écouter
et relier.
Arpenter, traverser,
explorer,
pour relier encore.
Créer,
centré avec Soi.
Chanter pour accorder
et s’accorder :
du temps...
soi-même...
aux autres...
aux Dieux et aux Déesses...
C’est libérer la parole
qui fait sens,
au nom du bro,
au nom des Ancêtres
en notre nom à tous,
mes frères, mes sœurs.
C’est tout simplement
être et vibrer
dans l’ouverture du cœur.
Notes :
1. « pays » en breton.
2. Que j’appelle « la Grotte ».
Yavanna
Pour un druidisme
vivant
Dans ma vie, le druidisme est
reliance, entre les dieux et les
hommes, entre les hommes et la
nature, entre les hommes et les hommes,
entre chacun et soi-même. Et cette reliance
ne peut être autrement que vivante. Parce que
nourrie de sens dans une quête sans cesse renouvelée.
Mais aussi parce que vécue dans le quotidien
d’une vie d’homme, avec ses rythmes et
son incarnation dans la matière. Ainsi le druidisme
vivant, c’est pour moi un choix de vie qui
colore tous les autres.
Vivre le druidisme, c’est intégrer
l’espace sacré au cœur du foyer.
Dédier une pièce à la pratique
de la méditation et au stockage
des livres, bois, bougies et
autres, avec les autels principaux
de travail.
Placer un autel domestique
dans la pièce de vie, pour partager
les offrandes aux ancêtres
et gardiens du foyer avec les
enfants.
Vivre le druidisme, c’est suivre
le chemin de parents, dans le
perpétuel questionnement de la
transmission de la tradition. Dans le regard des
enfants qui nous mettent en face de nos engagements,
face auxquels on se doit de faire coïncider
au mieux les valeurs et les actes. C’est cultiver
le respect et l’amour des siens au quotidien.
Vivre le druidisme, c’est être en connexion permanente
avec la nature.
Cultiver l’espace intermédiaire du jardin.
Cheminer dans l’espace sauvage de la forêt pour
se perdre et se retrouver.
Être à l’écoute des rythmes, de la lune, des
marées, saisir les basculements de saison, les
nappes de brouillard et les rayons de soleil.
Vivre le druidisme, c’est pratiquer des artisanats
qui ancrent dans la matière, et qui relient aux
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ancêtres. Magie de la fibre et du filage, du fil et
du tissage.
Pour le plaisir de la créativité, des couleurs, de
l’aventure sans cesse renouvelée du mariage des
matières, mais aussi pour la portée symbolique
de ces gestes ancestraux. Ainsi le voile est ténu
qui sépare travail sacré et profane, et la spiritualité
et le sens s’insinuent partout.
Ainsi un autel se camoufle discrètement dans
mon atelier : j’y allume une bougie quand j’y suis
à l’œuvre, que ce soit pour une création sacrée
ou pour alimenter le stock de la boutique. J’y
fais régulièrement offrandes de fleurs, de danse
ou de liqueur, j’y laisse infuser les créations en
cours.
Filer et tisser, tresser la laine
pour une offrande, un talisman,
un cadeau, me permet d’ancrer
le spirituel dans une matière
chaude et douce, vivante, d’incarner
les visions que je reçois
et de féconder mes gestes
d’amour et d’intentions parfois
très précises. Ce sont des
moments précieux, intenses,
emplis de vie et de sens.
Vivre le druidisme, c’est protéger
et nourrir l’esprit de la tribu.
Être responsable de l’entretien
du feu de mon foyer de sable et
d’Océan, y accueillir les invités,
accompagner les marcassins, honorer les esprits
du lieu, les ancêtres, les gardiens, les dieux et les
déesses. Plonger ses racines dans la terre du bro.
Tendre les branches de ma clairière vers les
autres, pour animer la grande forêt qui nous rassemble
et s’enrichir de nos différences. Échanger,
boire, rire et pleurer avec mes frères et sœurs.
Vivre le druidisme, c’est de graine devenir arbre,
avec grâce et persévérance, avec l’eau des larmes,
le terreau du sens, la lumière de l’amour, dans
la beauté de l’inspiration et la force de la vérité.
Vivre le druidisme, c’est tendre l’épée et le
miroir, c’est protéger et voir.
Vivre le druidisme, c’est vivre. Intensément.