A GEND A - Societe de Lecture Geneve

edito
l y a deux ans, la Société de Lecture mettait sur pied le cycle
de conférences Penser le XXe siècle, entrevoir le XXIe I
pour
permettre d’explorer cette transition importante ainsi que les
défis prioritaires de notre temps. La première décennie de ce
nouveau siècle s’est achevée et tandis qu’une autre se dessine,
le Comité et la Direction vous présentent leurs meilleurs vœux de
Bonne Année accompagnés d’un nouveau cycle de conférences,
intitulé La nouvelle Amérique est-elle arrivée ? Composé d’une
riche brochette de spécialistes, ce cycle vous propose également
une section visuelle, grâce à l’exposition des dessins de Patrick
Chappatte, dont l’humour et le
regard pointus ne cessent d’épicer
les grands moments de l’actualité.
Pour ma part, je souhaite mettre
en exergue une caractéristique
propre à cette première décennie.
Il s’agit d’un phénomène universel
qui m’interpelle quotidiennement
et que Philip Roth, grand connaisseur de cette Amérique que
nous vous invitons à analyser, a merveilleusement décrit dans
son dernier livre Exit le fantôme ( LHC 5376B ). J’aimerais
partager avec vous, en le citant, la description du retour à New
agenda
le choix de la société de lecture
les livres
ont la parole
Conférences et entretiens
21 jan Rencontre avec Claudie Gallay
12 h : buffet 12 h 30-14 h : conférence
28 jan Après Darwin
par Dominique Caillat
12 h : buffet 12 h 30-14 h : conférence
cycle de
conférences
19 et La nouvelle Amérique
26 jan est-elle arrivée ?
mardi 12 h 30 - 14 h
puis 2.2 soir, 9.2,16.2, 2.3, 6.3 et 16.3
Grâce au soutien de Mirabaud & Cie, banquiers
privés, et le Mandarin Oriental
contes
kaléidoscopes
27 jan Poucette
par Jocelyne Queloz, 3-5 ans
mercredi 15 h 30 -17 h, goûter offert
Grâce au soutien de Valartisbank
York de l’alter ego de l’auteur, après dix années d’exil volontaire :
« Qu’est-ce qui m’étonna le plus pendant ces premiers jours
passés à arpenter la ville ? La chose la plus évidente : les téléphones
portables (…). Je me rappelais un New York où les seules
personnes qu’on voyait remonter Broadway en se parlant toutes
seules étaient les fous. Qu’est-ce qui s’est passé depuis dix ans
pour qu’il y ait soudain tant à dire – à dire de si urgent que ça ne
pouvait pas attendre ? (...). Vous savez que vous pouvez joindre
l’autre à tout moment, et si vous n’y arrivez pas, vous vous impatientez,
vous vous mettez en colère comme un petit jeu stupide
(…) que l’immense sentiment de solitude des êtres humains
produise ce désir lancinant, inépuisable, de se faire entendre,
en se moquant totalement que les autres puissent surprendre
vos conversations – moi qui avais surtout connu l’époque de la
cabine téléphonique, dont on pouvait refermer hermétiquement
les solides portes accordéon – tout cela me frappait par son
étalage au grand jour. Et je me retrouvai à jouer avec l’idée d’une
nouvelle dans laquelle Manhattan serait devenu une collectivité
sinistre où tout le monde épie tout le monde (…) même si les
gens qui téléphonent (…) croient faire l’expérience de la plus
grande liberté. ». Hélène Leibkutsch, vice-présidente
Gilbert Sinoué, octobre 2008
ateliers
19 jan Atelier d’écriture
par Geoffroy et Sabine de Clavière
mardi 19 h - 21 h 30
puis 9.2, 16.2, 2.3, 16.3,
30.3, 13.4 et 27.4
18 jan Prise de parole en public complet
animé par Pascal Schouwey
lundi 18 h 30 - 20 h 30
puis 1.2, 15.2 et 1.3
cercles de lecture
11 jan Les pieds dans la page
animé par Pascal Schouwey
lundi 18 h 30 - 20 h 30
puis 8.2, 22.3, 19.4, 17.5 et 21.6
n o 339 janvier 2o1o paraît 1o x par an
www.societe-de-lecture.ch
25 jan Rome complet
animé par Marie-Thérèse Pictet
lundi 14 h -16 h
puis 15.2, 29.3, 26.4, 31.5 et 21.6
Grâce au soutien de Lenz & Staehelin
JAB
1200 Genève 2
Réservations indispensables
à la Société de Lecture
au 022 311 45 90 dès le 18 décembre
pour les membres et le 12 janvier
pour les non-membres
Pour le prix des places, merci de vous référer
à notre site Internet ou auprès de notre secrétariat.
Toutes nos conférences sont enregistrées sur CD
et sont disponibles auprès de notre secrétariat.

2 RoMANS, LITTéRATuRE
RoMANS,
LITTéRATuRE
Giovanni ARPINO
Une âme perdue
Traduit de l’italien par Nathalie Bauer
Paris, Belfond, 2009, 135 p.
Le jeune narrateur, à la veille de fêter ses
dix-sept ans, est un orphelin réservé et
studieux, qui a grandi jusqu’alors dans un
pensionnat de province, piloté de loin par
un oncle et une tante demeurant à Turin.
Pour se présenter aux examens d’entrée à
l’université, il est prévu qu’il s’installera
chez eux et il se réjouit d’un changement
de cadre qui va, croit-il, lui ouvrir le monde
excitant des adultes dans l’animation
d’une grande ville et lui donner accès à une
forme de liberté autorisée par la fortune
que lui ont laissée ses parents. Mais le
Turin des années 60, écrasé par un été torride,
se révèle plutôt morne et si l’accueil
de l’ingeniere et de la tante Galla, secondée
par la vieille Annetta, est plutôt chaleureux,
il règne dans leur antique maison
bourgeoise une atmosphère oppressante et
maléfique, lourde d’un secret qu’il percera
au bout de quelques jours, découvrant en
même temps que son héritage s’est évaporé
et que la vraie vie est une pièce de
théâtre dont les acteurs jouent masqués.
un roman d’apprentissage évoluant dans
des circonstances insolites, sinon peu
vraisemblables, mais dans une atmosphère
italianissime que la traduction a su
adroitement préserver. LHE 654
Nadeem ASLAM
La vaine attente
Traduit de l’anglais par Claude
Demanuelli | Paris, Seuil, 2009, 381 p.
recherche le petit fils qu’il n’a jamais vu ;
un ancien espion américain désespère de
retrouver ce même garçon qu’il avait informellement
adopté quand il était tombé
amoureux de sa mère – fille du médecin – ;
une veuve russe recherche son frère,
déserteur de l’armée soviétique et un jeune
homme endoctriné par les talibans prépare
un attentat… A travers ces personnages
enfermés dans une attente emblématique,
N. Aslam, jeune auteur pakistanais, met
son écriture subtile au service de l’Afghanistan
meurtri et nous fait sentir les parfums
dignes des Mille et une nuits d’un
pays de culture ancienne désormais voué
au chaos… un roman bien construit et
d’intérêt historique. LHC 4762
Gwenaëlle AUBRY
Personne
Paris, Mercure de France, 2009, 158 p.
Le récit poignant, en vingt-quatre chapitres,
autant que de lettres dans l’alphabet,
d’une maladie, celle du père, atteint dès sa
jeunesse de troubles maniaco-dépressifs.
C’est aussi une belle histoire de fidélité,
car la fille, qui est ici narratrice, ne se lasse
jamais, malgré la carrière engloutie, la
famille saccagée, l’enfance instable pour
elle et sa soeur, d’admirer, de comprendre,
de secourir, ce père-enfant qui, pour n’avoir
pas pu ou su se construire, a mené et fait
mener aux autres une existence éclatée et
dangereuse. un texte exigeant, une prose
parfaite, couronnés cet automne par les
dames du Fémina. LHA 6656
Sebastian BARRY
Le testament caché
Traduit de l’anglais ( Irlande ) par
Florence Lévy-Paoloni
Paris, Losfeld, 2009, 328 p.
Dans l’Afghanistan d’aujourd’hui, des des-
C’est en 1921 que la partition de l’Irlande
et la naissance de l’Etat libre du sud provoque
une guerre civile qui devait durer
tins se croisent dans une maison ornée de jusqu’à nos jours sous diverses formes.
fresques, aux plafonds recouverts de livres on ne peut pas être plus irlandais que ce
cloués où l’on distillait autrefois de sub- récit mélancolique et violent, où dominent
tils Bonparfums Génie:Bon : un vieux Génie médecin 30.6.2009 anglais 9:46 la pluie Page et le brouillard. 1 L’intrigue est com-
pliquée : une vieille femme internée dans
un asile psychiatrique sordide se rappelle
une jeunesse inquiète dans un climat de
meurtres et de dénonciations. La pauvreté
des petites villes du sud dans les années
vingt à trente est très bien décrite dans les
brumes des feux de tourbe et de pluie sur
les pavés glissants. LHC 5156 B
Henri BAUCHAU
Les années difficiles,
Journal 1972-1983
Arles, Actes Sud, 2009, 463 p.
on ne présente plus Henri Bauchau, cet
auteur aux plusieurs vies, tour à tour poète,
écrivain et dramaturge aujourd’hui primé,
lu et reconnu, dont nous avions acquis un
premier volume de son journal, qui couvrait
les années 2002-2005 ( LM2888 ). Celui-ci
nous fait remonter plus loin dans le temps,
en des années où il travaillait à tant de
choses sans en avoir de satisfaction ou de
reconnaissance. Taraudé par le doute, par
la fatigue et les soucis d’argent, il nous
fait traverser ses tunnels au bout desquels
se dessine une lumière qui lui est propre et
qu’il développera et affinera sans cesse.
Nous pénétrons dans son univers, où tout
devient subtil et très travaillé, ses lectures,
son travail d’écriture, ses rencontres,
ses cours, ses patients, ses difficultés,
tout est ingrédient à jeter à la marmite
du grand œuvre alchimique. une sorte
d’odyssée de l’intime, dont l’on sort tour
à tour étonné, bouleversé, toujours ébloui
par tant d’humanité et de digne lucidité.
LM 2769
Préparation à la maturié Suisse
et à la maturité mention bilingue
4 Saveurs:4 Enseignement Saveurs dès 30.6.2009 le 3 9:51 Page 1
e degré
mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture
who is covered with tattoos. Set within the
hidden chambers of some of Washington’s
most famous monuments, Dan Brown’s
latest thriller is complete with codes,
arcane symbols and Masonic secrets.
LHC 4755
V.V. GANESHANANTHAN
Le sari rouge
Traduit de l’anglais ( USA ) par Sylvie
Schneiter | Paris, Lattès, 2009, 406 p.
C’est une jeune fille qui raconte : dans
cette famille sri lankaise dispersée dans le
monde, on n’y parle que de deux sortes de
mariage : le mariage arrangé et le mariage
d’amour. Elle est Tamoule, née à New York,
et parle de son immense famille émigrée,
et du chaos qui règne dans son pays. on
savait que dans les années 80, une terrible
guerre civile avait éclaté au Sri Lanka entre
Tamouls et Cinghalais gouvernementaux.
Mais une autre guerre avait surgi entre
Tamouls, les fameux Tigres de la libération
tamoule, et ceux qui voulaient rester neutres.
Des dizaines de milliers de ces derniers
se virent forcés de fuir, voyant leurs
maisons brûlées et leurs proches assassinés,
et un noyau tamoul se créa à Toronto
au Canada, où ils tentèrent de réconcilier
vie moderne et traditions. LHC 4739
Henri GOUGAUD
Le livre des chemins,
contes de bon conseil
pour questions secrètes
Paris, Albin Michel, 2009, 480 p.
Dan BROWN
Henri Gougaud nous dit : « on sait bien
dans la confrérie des conteurs, que l’on
The lost symbol
London, Bantam Press, 2009, 509 p.
peut trouver un conte adéquat pour chaque
question posée. Ils sont des miroirs de
nos attentes les plus intimes ». Il a ainsi
once again Robert Langdon must save puisé dans son très vaste répertoire qui
the world from an evil force. This time touche au monde entier 120 contes arché-
the Harvard symbologist is summoned to typiques, de une à trois pages chacun, qui
Washington, D.C. to rescue his mentor Peter explorent une belle palette de thèmes. Son
Solomon, the renowned philanthropist and idée est très simple, au lieu de les lire l’un
Freemason. Solomon has been kidnapped après l’autre, pourquoi ne pas se poser une
by Moser:Moser someone mysteriously 30.6.2009 named 10:01 Mal’akh Page question 1 et ouvrir le livre en confiant au

Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9 RoMANS, LITTéRATuRE 3
hasard qui fait si bien les choses de nous
aiguiller sur celui qui nous apportera quelques
éléments de réponse. Pour renforcer
l’aspect ludique et corser l’information,
trois signets à choisir nous conduisent à
un aphorisme en fin de conte susceptible
de nous apporter un éclairage supplémentaire.
Retombez gaiement en enfance en
plongeant allègrement dans ces contes qui
n’ont rien d’enfantin et jouez avec les sens
d’une histoire en l’accordant à la vôtre.
LHA 6658
Takiji KOBAYASHI
Le bateau usine
Traduit du japonais et présenté par
E. Lesigne-Andoly
Paris, Ed. Yago, 2009, 137 p.
Ce petit livre est un manifeste prolétarien en
même temps qu’un récit littéraire brutal et
remarquable. Des hommes sont embarqués
sur un bateau usine organisé pour pêcher
le crabe en mer d’okhotsk, ( entre l’île
d’Hokkaido, la péninsule du Kamtchatka et
la côte de Sibérie ), et ensuite le mettre en
boîtes. Paysans sans terre, ouvriers sans
travail, étudiants sans ressources, ils ont
échoué là par excès de misère. La première
phrase du livre « C’est parti ! En route pour
l’enfer! » donne le ton. L’intendant, qui
représente les propriétaires, ne connaît
que le profit, en regard duquel ne compte
pas la vie des hommes. Les conditions sont
inhumaines, cadences infernales, cruauté,
vermine, nourriture avariée, tempête, froid,
mépris. Ils supportent d’abord tout. Mais,
à la mort de l’un d’eux, imperceptiblement,
ils ralentissent le rythme, ils parlent, ils
comprennent que l’union est nécessaire et
se révoltent. Comme c’était prévisible, cela
finit mal. on apprend, dans une postface
très intéressante de la traductrice, que ce
texte paru en 1929, fut rapidement interdit,
mais connut un succès international.
Takiji Kobayashi, son auteur, mourut dans
un commissariat de la police impériale en
1933, à l’âge de 29 ans. Presque quatrevingts
ans plus tard, ce livre a connu un
rebond surprenant, avec plus d’un million
d’exemplaires vendus en 2008, ainsi que
la publication de mangas et le lancement
d’un film. LD 381
Laurent MAUVIGNIER
Des hommes
Paris, Minuit, 2009, 281 p.
Il n’est pas facile d’entrer dans une
existence dévastée. La rude prose de
Mauvignier nous empoigne et ne nous
lâche plus. on est dans cette salle des
fêtes d’un village perdu de la France
profonde, où une fratrie réunie célèbre
l’anniversaire d’une des sœurs. Pourquoi
faut-il que le plus désargenté, le plus
lamentable des frères suscite les soupçons
par le cadeau coûteux qu’il sort de
sa poche, une broche apparemment hors
de prix pour ce marginal revenu se terrer
au village, près d’une mère et d’une
famille qui ne l’aiment pas ? Peu à peu,
se reconstruit dans la mémoire de Rabut,
cousin proche et narrateur, la jeunesse
écorchée, les échecs successifs de celui
que tous nomment maintenant Feu-debois
et qui s’appelait Bernard. Autrefois.
Avant la guerre d’Algérie où il est parti,
jeune appelé, avec son cousin Rabut justement.
Le récit de ces deux années, la
découverte d’une violence injuste sous
l’implacable chaleur, est sobre, efficace.
M A Î T R E I M P R I M E U R 1 8 9 6
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genève - t + 41 22 719 13 13 - atar@atar.ch - atar.ch
atar est au bénéfice des certifications
régulièrement renouvelées et complétées: FSC, PEFC, PSO-UGRA.
Celui d’une guerre vécue comme une
injustice et que le père de l’auteur n’a
jamais voulu raconter. LHA 6643
David MITCHELL
Le fond des forêts
Trad. de l’anglais par Manuel Berri
Paris, L’Olivier, 2009, 473 p.
Dans le Worcestershire de 1982, Black Swan
Green est une petite ville engoncée dans
le provincialisme étroit de ses habitants.
Jason Taylor, 13 ans, apprend à grandir
entre les disputes familiales et les rites de
l’école : se faire une place entre caïds et
ringards est encore moins facile lorsqu’on
souffre de bégaiement. En quatorze chapitres
proches de la nouvelle, Jason égrène
son quotidien, sa vie secrète peuplée
de poésie et de personnages étranges.
L’auteur en plaisante, le roman est autobiographique
« à 41,5 % », et les multiples
références du livre ( marques, films, musique
) furent les siennes ; né en 1969, vivant
en Irlande après avoir enseigné l’anglais
au Japon, David Mitchell a grandi dans ces
collines qui ont inspiré Tolkien. Chronique
familiale, roman social à l’arrière-plan
politique ( les années Thatcher, la guerre
des Malouines ), roman d’apprentissage à
la lisière du fantastique, Le fond des forêts
est une variation attachante sur l’adolescence
et ses multiples facettes ; son style
tour à tour poétique, cruel et drôle révèle un
sens de l’observation d’une éblouissante
justesse. LHC 4760
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Adrienne MONNIER
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LIBRAIRIEDESCOMBES
Nouvelle édition
Paris, Albin Michel, 2009, 258 p.
Adrienne Monnier, timide jeune fille, fonde
en novembre 1915 la Maison des amis des
livres et sa bibliothèque de prêt. Elle ne
connaît rien au métier, à part ses amis du
Mercure de France. Mais Léon-Paul Fargue
entre un jour dans la boutique, est séduit,
entraîne des amis très « nouvelle vague »,
qui vont y fonder un petit cénacle, rue de
l’odéon. Ils témoignent dans cet ouvrage de
l’importance des moments qu’ils y ont passés
: Paul Valéry, Rilke, Beckett, Apollinaire,
Cendrars, Pierre Reverdy ou Cocteau.
Adrienne Monnier domine son petit monde
d’un œil perspicace. Elle dit de Cocteau : « il
a un style bien à lui, avec une fausse virginité
capiteuse, et ses artifices sont portés
à un point entêtant ». L’enthousiasme et la
sûreté de jugement de la libraire ont créé
une atmosphère inoubliable d’émulation et
d’amour des livres. LCD 235
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Traduit du norvégien par Alex Fouillet
Paris, Gallimard ( Série noire ),
2009, 309 p.
Roger Brown est un chasseur de têtes, le
champion des chasseurs de tête. Il habite
une superbe maison, sa femme est intelligente
et très belle, peut-être trop pour
lui, et cela l’inquiète ; il lui a offert une
galerie d’art extrêmement coûteuse, s’est
vite trouvé dans l’obligation d’arrondir ses
revenus et a habilement manigancé, couplé
avec ses activités professionnelles, un
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4 RoMANS, LITTéRATuRE
commerce très lucratif et très peu honnête.
Tout se passe parfaitement jusqu’au jour où
un candidat bien trop parfait se présente :
Clas Greve, spécialiste de la technologie
GPS, ancien militaire. Tout dérape alors ; on
ne sait plus qui est gibier ni qui est chasseur.
Les rebondissements se succèdent,
des scènes grinçantes, dantesques, burlesques,
énigmatiques ou nauséabondes
défilent ; tout le monde se fourvoie, lutte
pour sa vie. Cette histoire haletante, écrite
avec précision, aux personnages cyniques
et peu sympathiques, est savamment
construite, en un agencement compliqué,
mais si bien ficelé que le lecteur après
avoir cru déchiffrer la façon dont les choses
se sont passées, prendra connaissance
de la version adoptée par l’opinion et la
police, pour découvrir finalement qu’il s’est
mépris et s’est laissé mener par le bout du
nez. LHF 963
Joseph O’NEILL
Netherland
Traduit de l’anglais ( Etats-Unis ) par Anne
Wicke | Paris, L’Olivier, 2009, 296 p.
Hans est analyste financier. D’origine hollandaise,
il vit à New York avec sa femme
Rachel, anglaise, et leur jeune fils. Le 11
septembre 2001 va ébranler leur couple de
façon insidieuse : Rachel décide de rentrer
à Londres et Hans apprend malgré lui
à composer avec l’existence. Taciturne, il
découvre un autre New York, se remet au
cricket en compagnie d’immigrés indiens ou
caribéens, et rencontre Chuck Ramkissoon.
Ce personnage énigmatique, idéaliste et
beau parleur, mélange affaires et amitié
et son destin se forgera à mesure que
Hans reprendra sa vie en main. Comparé
au Great Gatsby de Fitzgerald, plébiscité
par Barack obama, Netherland est le troisième
roman ( le premier traduit en français
) d’un auteur lui-même multiple : né
en Irlande, ayant vécu au Mozambique, en
Turquie où il a des origines, et en Hollande,
Joseph o’Neil ne laisse de côté son métier
d’avocat londonien pour la littérature qu’à
24 ans. Finement entrelacé de flash-back
par association d’idées, ce récit livre avec
Grand-Rue 5 – 1204 Genève
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une pénétration aiguë tout un monde de
sensations et déroule l’infini regret du rêve
américain qui vacille en ces années Bush.
LHC 5067 B
Jean-Marc PARISIS
Les aimants
Paris, Stock, 2009, 100 p.
Du coup de foudre sur les bancs de l’université,
au premier café, en passant par le
studio qui marque les premiers pas d’indépendance
hors du refuge familial, Parisis
signe une touchante histoire d’amour,
d’amitié puis de complicité. Sur cent
pages, un jeune homme retrace l’évolution
de sa relation avec Ada, cette femme qui
côtoya les différentes étapes de sa vie, pas
forcément comme cela aurait pu être écrit.
Simple et donc beau, un roman qui dissèque
étape par étape la métamorphose des
sentiments. LHA 6626
Xiaolong QIU
The Mao Case
London, Sceptre, 2009, 289 p.
Comrade Chen has been asked by high
ranking Communist party officials to investigate
a sensitive case. How does Jiao, the
Le Marignac
Avenue Eugène-Lance 32
1212 Grand-Lancy
Tél 022 884 92 00
Fax 022 884 92 01
bureau@theillard-traiteur.com
granddaughter of one of Chairman Mao’s
mistresses maintain such an extravagant
lifestyle? Inspector Chen has hardly begun
his investigation when one of Jiao’s friends
is found murdered and Jiao fears that
she may be the next victim. Best selling
Chinese author Qiu Xiaolong has written an
intriguing thriller about China in transition
and dedicated his book to “the people who
suffered under Mao”. LHC 4727
Aki SHIMAZAKI
Mitsuba
Coupole:Coupole 30.6.2009 10:25 Page 4
depuis
1967
Parmi nos menus-spécialité
Les filets de perches
du Léman
Restaurant Wine & Cocktail Bar
15, rue Pierre Fatio / 116, rue du Rhône
+41 22 787 50 10/11
Parking de Rive gratuit pour les dîneurs
Montréal, Lemeac/Actes Sud, 2006, 155 p.
mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture
peu attendue, mais néanmoins joliment
brodée dans un écrin de phrases courtes,
ponctuées de mots japonais. LD 379
Aki SHIMAZAKI
Zakuro
Montréal, Lemeac/Actes Sud, 2008, 150 p.
Atteinte de la maladie d’Alzheimer, la mère
de Tsuyoshi Toda, le narrateur, attend le
retour de son mari, qui a été déporté en
Sibérie pendant la Deuxième Guerre mondiale
et dont elle n’a jamais eu de nouvelles.
Vingt-cinq ans après sa disparition, elle
est la seule à croire qu’il est encore vivant.
un jour, Tsuyoshi apprend que son père vit
à quelques kilomètres du domicile familial
sous un nom d’emprunt. Pour quelle raison
cet homme très attaché à sa femme et à ses
enfants a-t-il renié les siens ? Ecrit en français,
ce roman surprend d’abord par ses
phrases courtes. Puis, on se laisse prendre
par l’intrigue. un texte qui, en dépit de
l’évocation de pages sombres de l’Histoire
japonaise, paraîtra superficiel à certains,
léger à d’autres… LD 380
Takashi Aoki est shôsha-man, c’est-à-dire
homme de commerce, comme l’était son
père avant lui dans la même entreprise,
une compagnie d’import-export appelée
Goshima. Au Japon, cela implique un
engagement total de l’employé qui doit se
consacrer entièrement à l’entreprise dans
laquelle il travaille, les jours de semaine
comme le dimanche, aux heures ouvrables
comme à la nuit tombée, lorsque l’heure a
sonné d’aller boire des verres. Jusqu’ici,
cela n’a jamais posé de problème à Takashi,
employé modèle, auquel est promis un bel Villy SØRENSEN
avenir. Mais lorsqu’il tombe amoureux de
Yûko Tanase, réceptionniste chez Goshima, Histoires étranges
il devient difficile pour Takashi de concilier Traduit du danois par Sophie Grimal et
vie professionnelle et vie privée. Dans une Frédéric Gervais
Paris, Ginkgo, 2005, 234 p.
société alors largement dominée par l’idéal
du travail et le pouvoir de l’argent, que une série de nouvelles pour se laisser sur-
peut-il advenir de l’amour d’une femme prendre et, à l’occasion frissonner, en fai-
et d’un homme modelés par une tradition sant connaissance avec l’un des écrivains
qui laisse peu de place à la liberté de l’in- contemporains les plus importants du
dividu ? Aki Shimazaki dresse un portrait Danemark. Etranges, ces histoires le sont
subtil de la société japonaise avec en toile assurément, plongeant leur inspiration
de Valartis:Valartis fond une histoire d’amour 30.6.2009 parfois un 11:48 dans Page les registres 1 les plus variés : ludique,

Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9 HISToIRE, BIoGRAPHIES 5
avec une invasion de tigres, kafkaïen sur la
piste d’un meurtrier, poétique avec le vieil
homme devenu jardinier du roi parce qu’il
connaît le nom latin de toutes les plantes,
sauf une, la plus belle, l’arbor incognita.
Mais, pour les amateurs de sensations
fortes, dans un registre morbide aussi
avec l’atroce « bonne partie de rigolade »
où deux garnements scient la jambe d’un
enfant… LHF 959
Yannick STIASSNY
Isaac Mercier
ou l’éromaque
Genève, Slatkine, 2008, 77 p.
Ainsi qu’il l’indique dans sa « préface prosaïque
», c’est pour satisfaire à son travail
de Maturité que l’auteur s’est trouvé à
rassembler deux éléments fondamentaux.
D’une part, le personnage d’Isaac Mercier,
sauveur méconnu de Genève lors de la nuit
de l’Escalade, héros mal défini et mal aimé
puisque absent de toute reconnaissance
de la part de la ville, lui sembla le sujet
idéal aux ressources de son imagination.
D’autre part, le besoin d’un retour aux origines
le fit s’attacher aux règles de la tragédie
grecque, via la Poétique d’Aristote,
si l’on excepte l’usage de l’alexandrin qu’il
emprunte au Grand Siècle. Il en résulte ce
plaisant opuscule où rien ne manque : ni
la rigueur formelle propre à toute tragédie,
ni la base historique dûment référencée, ni
la tragédie de l’histoire d’amour contrariée
qui emprunte même un balcon à Juliette,
ni la tirade du héros. Ce n’est pas pour sa
trame qu’on lira ce mince ouvrage, elle est
connue et fait partie de l’Histoire ; c’est
pour son expression actuelle, subtilement
humoristique, magistralement modeste
dans son authenticité. 16.2 STI
early 1960’s. Social activist Skeeter Phelan
has graduated from university and aspires
to be a novelist. She decides to write about
the black maids who work in white families
like her own. When she enlists the help of
Aibileen and Minny to tell their stories, she
does not realize the risk her project entails.
A poignant story told with compassion and
humor. LHC 4734
Vikas SWARUP
Les fabuleuses
aventures d’un Indien
malchanceux qui
devint milliardaire
Trad. de l’anglais ( Inde ) par Roxane
Azimi | Paris, Belfond, 2009, 363 p.
C’est l’étonnante histoire d’un enfant de
la rue qui gagne un concours à la télé et,
après mille aventures, sera riche et satisfait.
on a adapté de ses malheurs le film
Slumdog millionaire qui est toujours un
grand succès. L’auteur du livre connaît
bien l’Inde du Nord, Bombay et New-Dehli,
il nous fait visiter Bollywood, la cité du
cinéma indien, ses acteurs célèbres et ses
films qui font sangloter les foules. Il nous
montre aussi les bidonvilles sordides, les
mendiants infirmes, les riches bourgeois,
les voleurs et les escrocs, les touristes
naïfs et les tueurs à gages. Swarup étudie
cette Inde grouillante d’un œil indulgent et
perspicace, et nous fait un peu comprendre
cette population colorée, musulmane, hindi
ou brahmane. LHC 4749
Lucy VINCENT
La formule du désir
Paris, Albin Michel, 2009, 197 p.
Kathryn STOCKETT
Lisa, neuropsychologue américaine ouvre
un cabinet de consultation pour couples en
crise à Paris. Elle se lance dans d’étranges
The Help
expérimentations à base de phéromones et
de testostérone… Lucy Vincent, chercheuse
London, Penguin, 2009, 451 p.
au CNRS, docteur en neurosciences, nous
Stockett explores the troubled relationship sert un roman original d’aspect léger-léger
between blacks and whites in this moving mais qui peut tout autant se lire comme un
debut Payot:Payot novel set in Jackson, 30.6.2009 Missippi 11:52 in the Page traité 1 de sexologie versant neurobiologi-
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que, scientifiquement correct. Finalement
l’intrigue à deux sous n’est qu’un prétexte
pour présenter de nombreuses théories
sur les aspects les plus scientifiques du
phénomène amoureux. Ce qui donne un
air cocasse à de nombreuses situations
et ramène les protagonistes à un rôle de
rats de laboratoire. on peut s’en amuser
et apprendre deux ou trois choses…
LHA 6701
HISToIRE,
BIoGRAPHIES
Elizabeth ANTEBI
Edmond de Rothschild
Monaco, Eds. Du Rocher, 2003, 583 p.
Fils du fondateur de la lignée française
de la célèbre famille, le baron Edmond de
Rothschild ( 1845-1934 ) fut un Européen
avant la lettre et un collectionneur d’art
avisé. Pourtant, à l’âge de trente-sept ans,
il se détourna de ses Watteau et de ses
Rembrandt pour se consacrer au soutien et
à la fondation des premières colonies juives
en Palestine ottomane. En 1900, le baron
de Rothschild a déjà dépensé l’équivalent
du budget d’un Etat pour aider les victimes
des pogroms à s’installer en Terre sainte.
Mais quel est le sens de ce « rachat » de
la Terre, aux deux sens du mot : achat de
terrains aux riches propriétaires du Liban,
mais aussi rédemption ? Critiquée au
début du siècle par les émigrants russes,
puis célébrée en 1914 par les juifs comme
par les Arabes, l’administration Rothschild
va jouer un rôle majeur. Il inaugure à l’Exposition
coloniale de 1931 un pavillon de
Palestine qui n’aurait pas existé sans lui.
Idéaliste, il déclare en 1934 à un correspondant
de la Société des Nations qu’il souhaite
ne pas avoir mis fin au juif errant pour
créer l’Arabe errant... Cette passionnante
biographie, qui a obtenu le prix Zadoc-
Kahn 2000, réévalue pour la première fois
l’action occultée d’Edmond de Rothschild
dans la genèse de l’Etat d’Israël. Malgré un
style parfois négligé, ce livre offre des clés
indispensables pour comprendre les enjeux
historiques de cette région. HM 109
Antony BEEVOR
D-Day et la bataille
de Normandie
Paris, Calmann-Lévy, 2009, 638 p.
Militaire de formation, Antony Beevor
est un des historiens les plus réputés de
la Seconde Guerre mondiale. Ses livres,
Stalingrad ( HK 612 ), La Chute de Berlin
( HE 563 ) et La Guerre d’Espagne se sont
vendus à des millions d’exemplaires. Le
Débarquement allié en Normandie passe à
juste titre pour un des grands tournants de
la Seconde Guerre mondiale – à tel point
que dans l’esprit de beaucoup de Français
le reste de la guerre ne fut qu’une formalité.
or, il n’en est rien. Si le Débarquement
fut un de ces moments où se forgent les
légendes, la bataille qui s’ensuivit, connue
sous le nom de bataille de Normandie, fut
autrement plus longue, difficile, émaillée
d’atrocités – et décisive. En effet, une
défaite alliée aurait eu des conséquences
géopolitiques majeures pour l’Europe, car
rien alors n’aurait pu empêcher l’Armée
rouge de pousser jusqu’à l’Atlantique. or,
A. Beevor explique à quel point le désordre,
l’improvisation, les erreurs stratégiques et
tactiques, l’impréparation de leurs troupes
faillirent coûter leur victoire aux Alliés.
Seule leur écrasante supériorité aérienne
leur permit de l’emporter – mais à quel
prix, notamment en vies civiles françaises
et en morts accidentelles dans leurs propres
rangs! Antony Beevor a pu bénéficier
des archives rendues publiques aux Etats–
unis et en Angleterre en vertu des délais
de prescription, mais aussi des documents
inédits allemands, français et canadiens,
et retrouver nombre d’enregistrements
originaux, dont les « débriefings » des soldats
américains enregistrés à chaud par le
service d’information des armées, ce qui
lui a permis de croiser les témoignages et
d’approcher au plus près le vécu des com-
Galerie GrandRue:Galerie GrandRue 30.6.2009 10:34 Page 1
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6 HISToIRE, BIoGRAPHIES
battants sur le terrain. C’est à une reconstitution
entièrement nouvelle et à rebours
des mythes dominants. HC 711
Sarah KAMINSKY
Adolfo Kaminsky, une
vie de faussaire
Paris, Calmann-Lévy, 2009, 258 p.
La vie d’Adolfo Kaminsky a changé en
été 1943, lorsque les Allemands l’ont
embarqué et enfermé à Drancy. Il avait
17 ans. Il était juif, mais de nationalité
argentine, ce qui lui a permis de quitter
le camp et de rejoindre la Résistance.
Très vite, on lui a demandé d’aider à truquer
des papiers d’identité pour sauver
des enfants envoyés en Allemagne. un
laboratoire clandestin a permis de sauver
des centaines de personnes, et la paix
retrouvée, de continuer à aider des gens
de divers pays, divers groupes révolutionnaires,
d’Algérie, d’Amérique du Sud
et d’uRSS. Son laboratoire très professionnel
restait clandestin, il était devenu
un artiste en faux papiers et tampons. Il
explique d’ailleurs que sa principale difficulté
était de fabriquer le papier cartonné
des passeports suisses. Après trente ans
de ce métier de faussaire, Kaminsky a
pris sa retraite et sa fille Sarah a décrit
l’existence dangereuse d’un homme en
dehors des lois. HM 107
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Claude LUTZELSCHWAB
La Compagnie
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suisses de Sétif
Berne, Lang, 2006, 412 p.
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Pourquoi l’installation d’une « démocratie
rurale de petits propriétaires » européens
a-t-elle été un échec dans l’Algérie coloniale
? Quels liens établir entre peuplement
indigène et installation de colons
agriculteurs ? Comment expliquer la réussite
d’une entreprise de colonisation ?
Quel rôle l’Etat a-t-il joué ? La Suisse n’a
que rarement été associée au fait colonial.
Et pourtant, dans les années 1850, la
Compagnie genevoise des Colonies suisses
de Sétif a acquis un vaste domaine
agricole, dans les hautes plaines de l’est
algérien, en échange de la réalisation d’un
ambitieux projet de colonisation. Tout près
de là se dressent les ruines romaines de
Djemila, classées au patrimoine mondial
de l’uNESCo. un nom qui sera repris pour
sa société par le Genevois Henry Dunant,
arrivé à Sétif, à l’âge de 25 ans, comme
employé de la colonie suisse. Le père de
la Croix-Rouge est l’auteur d’annonces
parues dans le Journal de Genève pour
recruter des colons, promettant une main
d’œuvre arabe bon marché. A partir du
dépouillement minutieux des archives de
l’entreprise et de celles de l’administration
française, l’auteur, docteur en Sciences
sociales et en Histoire aux universités de
Lausanne et Paris, retrace l’histoire de
la Compagnie genevoise, de sa conception
jusqu’à son départ d’Algérie, et se
penche sur les conditions d’implantation
d’un colonat agricole dans ce territoire aux
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XIX e et XX e siècles. La trajectoire de cette
société suisse en fait un véritable laboratoire
des modalités de colonisation et des
changements qui se sont produits dans la
céréaliculture coloniale. 6.1 LUT
Eric TEYSSIER
Oscar FOREL,
Pensées égrenées
Neuchâtel : A la Baconnière, 1979, 130 p.
La mort en face, le
dossier des gladiateurs
Arles, Actes Sud, 2009, 479 p.
on peut n’éprouver qu’un intérêt très mince
pour ces protagonistes de spectacles que la
morale chrétienne n’a eu cesse de réprouver
et que gauchissent au surplus nombre
d’idées reçues, nourries par des images
aussi trompeuses que sont populaires les
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mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture
oscar Forel appartient à une dynastie vaudoise dont l’action
et la mémoire s’inscrivent dans le patrimoine historique et
culturel de la Suisse ; scientifiques, humanistes, et curieux
de tout, leurs talents se sont exprimés bien au-delà de la
médecine. Fils d’Auguste Forel, psychiatre, entomologiste,
dont le travail sur les fourmis lui valut de figurer en 1976 sur
les billets de mille francs, et père d’Armand Forel, médecin et
homme politique communiste, oscar Forel ( 1891-1982 ), psychiatre
et disciple de Freud, fut sans doute le premier à diagnostiquer
la schizophrénie de Zelda S. Fitzgerald, l’épouse de
F. Scott Fitzgerald. Ami des arts, il ouvre sa maison de Saint–
Prex à de nombreux musiciens ; passionné par le monde des
forêts, il crée une superbe collection de macrophotographies
d’écorces, qu’il appelle ses «synchromies» : l’une d’elle orne
la couverture du présent ouvrage. C’est dire si les aphorismes
qui composent ces Pensées égrenées, classés par thème,
sont l’expression d’une observation continue et minutieuse du
monde qui l’entoure et de son évolution. Alliant le charme de
la concision à la force de l’évidence, elles savent frapper notre
curiosité du sceau du bon sens et formulent avec esprit ces
réflexions que chacun a faites un jour à part soi. PA 760
succès des péplums qui les répandent.
Pourtant ce savant ouvrage solidement
documenté, prodigue en illustrations et certainement
exhaustif, surprendra le lecteur
en retenant son attention, pour peu qu’il
l’aborde par le biais d’un « lexique de la
gladiature » en fin de volume où abondent
détails et anecdotes propres à stimuler la
curiosité. Ce n’est que vers la fin du IV e s.,
c’est-à-dire à l’aube de sa disparition,
que la gladiature est devenue le spectacle
sanglant et vulgaire à quoi sa réputation
la réduit. Jusque là et dès la fin de la
République, tirant ses lettres de noblesse
de l’Iliade où est décrit le combat opposant
Ajax à Diomède lors des jeux organisés en
l’honneur Pivoine:Pivoine des funérailles 30.6.2009 de Patrocle, il 11:17 P
Pharmacie Bertrand:Pharmacie Bertrand 30.6.2009 11:12 Page 1

Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9 DIVERS 7
s’agit d’un sport-spectacle extrêmement
codifié dont l’archéologie expérimentale
a révélé les finesses et qui aurait joué le
rôle de conservatoire des vertus guerrières
romaines en un temps où régnait la pax
romana. Avec ses promoteurs et ses entraîneurs,
ses vedettes et ses fans, ses médecins
du sport dont Galien est l’exemple le
plus célèbre, ses excès et ses enjeux économiques
et sociaux, la gladiature et les
rassemblements de foules qu’elle provoque
offre un parallèle troublant avec le football
de notre époque. HB 411
DIVERS
Simon BLACKBURN
Eloge du désir sexuel
Traduit de l’anglais par Nicolas
Tavaglione | Genève, Markus Haller,
2009, 166 p.
Professeur de philosophie à Cambridge,
Simon Blackburn fait preuve aussi bien
de rigueur intellectuelle que d’un humour
très anglais pour traiter du thème de la
luxure en général et plus particulièrement
de sa condamnation quasi unanime en
occident, des Grecs à Freud, en passant
par Saint Augustin et toute la chrétienté
qui l’associe à la souillure, aux ténèbres
et à l’animalité. L’auteur, pour sa part, ne
craint pas de prendre le contre-pied des
puritains et considère que la recherche du
plaisir sexuel est parfaitement légitime
et souhaitable. Il se promène sur un ton
badin parmi les textes philosophiques, des
origines à nos jours, dont il se moque gentiment,
pour tomber finalement d’accord
avec Hobbes, qui défend une conception de
la luxure comme communion. En prenant
plaisir à donner du plaisir, il y a mutualité
pure, ajustement réciproque, naissance
d’un véritable « nous ». Il faut saluer au
passage la naissance d’un nouvel éditeur
genevois, spécialisé dans les sciences
sociales et la philosophie, qui s’est fixé
avenue de Miremont 5 – 1206 Genève
tél et fax 022 347 58 47
ozonedesign@bluewin.ch
pour mission de faire connaître aux lecteurs
francophones des textes étrangers
exigeants. PB 1644
Jean-Claude CARRIèRE et
Umberto ECO
N’espérez pas vous
débarrasser des livres
Paris, Grasset, 2009, 330 p.
La disparition du livre est annoncée depuis
déjà quelques années. Les supports numériques
de l’information sont censés apporter
un plus qui éclipserait notre bon vieux livre
et résoudrait tous les problèmes inhérents
au papier : fragilité, problème de place, de
poids, danger du feu, etc. Les deux monstres
culturels que sont J.C. Carrière et u. Eco
débattent de cette question avec brio, intelligence
et un étalage de connaissance qui
laissera plus d’un béat… ou écoeuré. « Le
livre, comme la roue est une invention parfaite
» dit l’un. Mais, en cas de sauvetage
d’urgence, la première chose que l’autre
sauverait des flammes serait son disque dur
externe sur lequel est stocké l’ensemble de
ses écrits des trente dernières années ! Ce
dialogue nous apprend beaucoup de choses
sans céder à la facilité ni à une bibliomanie
aveugle et technophobe. un livre absolument
passionnant ! LCG 51
Jacques CHIRAC
Chaque pas
doit être un but
Paris, Editions NiL, 2009, 403 p.
Les mémoires très attendues de Jacques
Chirac nous présentent dans ce premier
volume les 63 premières années de sa vie,
de sa naissance en 1932 à son accession à
la présidence de la France en 1995. A travers
le portrait très « po-lissé »que l’auteur
livre de lui-même, vraies – fausses – inédites
confidences laissent cependant deviner
le brillant animal politique qu’il a été,
doté d’une puissante nature, d’un charisme
époustouflant et d’une combativité infati-
nous fait revivre les 50 dernières années
de la vie politique française et nous donne
à réfléchir sur les qualités qu’il faut réunir
pour devenir un serviteur au plus haut
niveau de son pays. HN 112
Annie COHEN-SOLAL
Leo Castelli et les siens
Paris, Gallimard ( Témoins de l’art ),
2009, 556 p.
Derrière tout grand artiste se cache aussi un
grand marchand, et celui dont il est question
dans cette remarquable biographie aura
marqué l’histoire de l’art du XX e siècle. Leo
Castelli est né en 1907 à Trieste, d’un père
banquier, juif et originaire de Hongrie, qui
épouse la fille de riches commerçants émigrés
de Toscane. Sous la pression fasciste,
le jeune Leo Krausz italianisera son nom en
choisissant celui de sa famille maternelle,
Castelli. Après des études de droit et grâce
aux recommandations de son père, il deviendra
courtier d’assurances à Bucarest où il
rencontrera celle qui deviendra son épouse,
Ileana Shapira. C’est avec le soutien de sa
belle famille, de puissants industriels juifs
de Roumanie, que le jeune couple se rendra
à Paris pour mener la belle vie, puis à New
York où ils finiront par se séparer. Ileana
épousera Michael Sonnabend. Grands amateurs
d’art, ils arpenteront tous les trois la
scène avant-garde new-yorkaise et découvriront
ainsi les jeunes talents qui marqueront
l’histoire de l’art américaine. Stella,
de Kooning, Pollock, Johns, Rauschenberg,
Rosenquist, Lichtenstein, Kline, Judd parmi
d’autres doivent à Castelli le succès et la
reconnaissance de leur carrière. C’est en
1989, à son arrivée à New York comme
conseiller culturel à l’Ambassade de France,
qu’Annie Cohen-Solal fait la rencontre de ce
singulier personnage et qu’elle fréquentera
durant la dernière décennie de sa vie. Elle
signe avec cette magnifique biographie un
livre d’une richesse en références historiques
d’une grande qualité. BC 421
gable. En nous ouvrant tant son tiroir de
souvenirs Banquiers professionnels Prives:Banquiers que personnels Prives il 30.6.2009 12:02 Page 1
Anna POLITKOVSKAÏA
Qu’ai-je fait ?
Traduit du russe et annoté par Ada et
Galia Ackerman.
Paris, Gallimard/Folio, 2008, 304 p.
Ce petit livre est un hommage à Anna
Politkovskaïa, journaliste russe à la Novaïa
Gazeta. Elle enquêtait depuis plusieurs
années sur la situation en Tchétchénie et
en Ingouchie, et dénonçait dans ses articles
les crimes et les exactions dont elle était
témoin. Elle a été assassinée le 7 octobre
2006 à Moscou. L’ouvrage s’ouvre avec des
textes inachevés retrouvés dans son ordinateur
; l’un d’eux pose la question qui donne
son titre au recueil « Qu’ai-je fait, vilaine ? »,
et la réponse « J’ai seulement écrit ce dont
j’ai été moi-même témoin. Rien de plus ».
Le livre se poursuit, en effet, en rapportant
ses derniers articles, publiés de mars 2000
à septembre 2006. Ses enquêtes sont précises
et sans concession : « J’ai vu cela » ;
« je pose cette question » ; « Mon enfant n’a
pas été soigné ; mon frère a été tué… ». Elle
refuse l’injustice et la lâcheté ; elle se veut
la voix des plus faibles. En fin de volume,
on lira avec intérêt les portraits très vivants
tracés par une amie d’enfance, par une
collègue de travail à Novaïa Gazeta et par
son ex mari, ainsi qu’un dernier texte dans
lequel Anna parle avec tendresse et agacement
de son chien névrosé. Ils permettent
au lecteur de se représenter un peu mieux la
personnalité qu’elle fut. HK 25
Collectif, réuni par Gabriel AUBERT
Regards sur l’Université
de Genève, 1559-2009
Genève, Slatkine, 2009, 237 p.
Ces contributions, publiées à l’occasion
du 450e anniversaire de l’Académie de
Genève, sont extrêmement diverses par les
sujets, l’intérêt, le point de vue ou le ton.
Elles se répartissent en trois sections. La
première, intitulée « Professeurs » réunit
des réflexions sur le métier, les contenus,
les étudiants, les objectifs… ; certains
ont des requêtes à formuler, d’autres sont
heureux de leur sort, plusieurs parlent avec
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et encore
8 DIVERS
chaleur des spécificités de leur domaine.
La deuxième : « Facultés en perspective »
met l’accent sur l’évolution récente de
quelques unes d’entre elles, en particulier
celle de psychologie et des sciences
de l’éducation. La troisième, sous le titre
de « Gouvernance » aborde des questions
plus générales liées à la bonne marche de
l’université. Plusieurs des intervenants
partagent des préoccupations que l’un
d’eux exprime ainsi : «En sus de l’offensive
de Bologne contre l’esprit joyeux et inventif
des universitaires humanistes, l’offensive
de la rentabilité économique contre les
valeurs ancestrales de l’université, fidèle
à la gratuité intellectuelle, frappe impitoyablement
». A côté d’analyses sérieuses
ou de polémiques un peu acerbes, le
lecteur trouve avec plaisir deux textes plus
humoristiques : Mon papa est professeur
et Conversation drolatique entre Calvin et
Th. De Bèze, qui, pourtant, tous deux, utilisent
ce biais pour planter adroitement
quelques banderilles. 11.0 REG
Daniel MARGUERAT
Paul de Tarse
Paris, Editions du Moulin, 2008, 104 p.
Daniel Marguerat, théologien suisse, professeur
émérite à l’université de Lausanne
est un des plus grands spécialistes mondiaux
des origines du christianisme et de
la mission paulienne. Beaucoup le connaissent
pour sa contribution aux célèbres films
documentaires Corpus Christi et L’origine
du Christianisme. Dans cet ouvrage synthétique
il insiste sur le tournant que la
«rencontre»de Paul avec un Dieu qui nous
accueille indépendamment de nos qualités
a fait prendre à une religion qui sans sa
formulation géniale serait peut-être restée
Donatella BERNARDI ( Dir. ) Post tenebras luxe : le luxe à Genève de la Réforme
à nos jours, Labor et Fides, 2009, 142 p. 14.0 LUXE
William BOYD Bambou, Seuil, 2009, 264 p. LCA 106
Gyles BRANDRETH Oscar Wilde et le jeu de la mort, 10/18, 2009, 460 p. LHC 4758
Andrea CAMILLERI Le tailleur gris, Gallimard, 2009, 611 p. LCG 56
Alban CERISIER Une histoire de la NRF, Gallimard, 2009, 611 p. LCG 56
Alain Robert COULON Le sherpa et l’homme blanc, Gallimard, 2009, 191 p. LM 49
Michel DEON Journal, 1947-1983, L’Herne, 2009, 139 p. LM 22
DOMINICE et WALDVOGEL Dialogue sur la médecine de demain, PUF,
2009, 207 p. SED 390
Raphaël ENTHOVEN Kant, Perrin, 2009, 200 p. PA 39
Claudie GALLAY Les déferlantes, Eds du Rouergue, 2008, 524 p. LHA 6681
Béatrice GUELPA Gaza debout face à la mer, Zoé, 2009, 122 p. HM 101
Radclyffe HALL Sous influences, Autrement, 2009, 390 p. LLB 324/6
Eduardo LAGO Appelle-moi Brooklyn, Stock, 2009, 428 p. LHD 526
Robert LITTELL L’hirondelle avant l’orage, Bakerstreet, 2009, 332 p. LHC 4744
Alain PERROUX Grand Théâtre de Genève, 2001-2009, La Baconnière,
2009, 525 p. 14.9 PER
Catherine REY-SCHYRR Histoire du Comité International de la Croix-Rouge :
de Yalta à Dien Bien Phu, Georg, 2009, 745 p. 2.2 REY
Françoise ROUBAUDI Les enfants des rues m’ont appris à écouter les oiseaux,
Encre fraîche, 2008, 127 p. 2.2 ROU
Henri Fassbind:Fassbind TROYAT Le pas du juge, 30.6.2009 De Fallois, 13:18 2009, 201 Pagep. 1 LHA 6678
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une secte. Il donne ainsi envie de se plonger
dans les épîtres et de redécouvrir leur
formidable impact sur la formation des
valeurs de notre société occidentale. un
grand moment de plaisir intellectuel, spirituel
et moral que la lecture de ce livre.
TE 193
Daniel de ROULET
Un glacier dans le cœur.
Vingt-six manières
d’aimer un pays et d’en
prendre congé
Genève, Editions Metropolis, 2009, 219 p.
De même que les glaciers fondent sous
l’effet du réchauffement climatique, ceux
qui symbolisaient l’identité particulière
de la Suisse se liquéfient dans la mondialité.
Le « démontage consciencieux des
mythes nationaux » qui a lieu actuellement
a été pressenti depuis longtemps
par des artistes souvent dissidents,
questionneurs d’avant l’heure. C’est leur
portrait, brossé de manière très subjective,
que réunit dans cet essai éclaté
Daniel de Roulet, écrivain attachant par
sa fidélité à ses engagements et parfois
agaçant par une position très « politiquement
correcte ». Ces textes constituent 26
variations sur l’étrange statut de l’artiste
suisse, d’Annemarie Schwarzenbach à
Thomas Hirschorn, en passant pas Jean
Tinguely, Robert Walser ou encore P.M.,
auteur alémanique et anonyme de l’essai
écologiste Bolo’bolo. Les articles, de for-
mes variées, sont écrits d’une plume sûre
qui joue volontiers de l’ironie grâce à des
raccourcis percutants. 16.2 ROUL 6
Airy ROUTIER
Le Phénix : le retour
de Bernard Tapie
Paris, Grasset, 2008, 395 p.
Airy Routier est rédacteur en chef au Nouvel
Observateur, et auteur d’une dizaine
d’ouvrages d’investigation. Il nous propose
une très bonne biographie. on y découvre
les épreuves par lesquelles est passé
Bernard Tapie. Homme politique, homme
d’affaires, acteur, chanteur, il occupe le
paysage médiatique français depuis plus
de trente ans. Son parcours d’autodidacte,
ses affaires retentissantes, sa gouaille et
ses frasques en font une figure de premier
plan en France. on se rend compte des
efforts qu’il a fournis, des combines aussi :
« Pourquoi acheter un journal quand on
peut acheter un journaliste ? »... L’auteur
reste heureusement loin de l’hagiographie,
et ce parcours étonnant est une grande
leçon de vie malgré les aspects les plus
sombres de sa vie. HM 108
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