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Edition de juin 2010 (N°344) - Societe de Lecture Geneve

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Le choix <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />

edito<br />

Chers Membres, nous nous avancerons sans trop <strong>de</strong> risque<br />

à dire qu’une bibliothèque est ce dont vous ne sauriez<br />

vous passer. Elle est elle-même constituée <strong>de</strong> livres dont elle<br />

ne saurait faire l’impasse, livres constitués <strong>de</strong> pages, pages <strong>de</strong><br />

signes, etc. Mais ces liens constitutifs semblent évoluer et ne<br />

plus aller <strong>de</strong> soi. Les bibliothèques numériques arrivent avec leurs<br />

grosses bottes, semant la terreur dans les rangs <strong>de</strong>s papivores.<br />

La Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong> affronte elle aussi ce nouveau défi et se<br />

pose la question <strong>de</strong> son <strong>de</strong>venir. Les collections sont un travail en<br />

perpétuel recommencement. Nos prédécesseurs, nos successeurs<br />

et nous-mêmes, chacun avec ses affinités,<br />

ses objectifs et sa façon <strong>de</strong> voir<br />

la chose travaillons avec cette lour<strong>de</strong><br />

responsabilité <strong>de</strong> faire vivre ce qui est<br />

<strong>de</strong>venu bien plus qu’une bibliothèque :<br />

une chose commune. Nos collections<br />

sont partie intégrante <strong>de</strong> notre i<strong>de</strong>ntité.<br />

Il va falloir engager toutes nos<br />

forces pour gar<strong>de</strong>r cette i<strong>de</strong>ntité sans tailler dans les opportunités<br />

que peuvent offrir les nouvelles technologies. Quelle doit<br />

être la place <strong>de</strong> l’informatique dans nos salons ? Doit-on se lancer<br />

n o 344 <strong>juin</strong> 2o1o<br />

paraît 1o x par an<br />

dans l’acquisition <strong>de</strong> bases <strong>de</strong> données ? Mettre en réseau notre<br />

catalogue ? Demandons-nous aussi ce qu’est une bibliothèque à<br />

nos yeux : une accumulation <strong>de</strong> livres intéressants, ou un choix<br />

draconien <strong>de</strong>s seuls ouvrages voués à la postérité ? Quelle part<br />

accor<strong>de</strong>r aux différentes collections : privilégier certains domaines<br />

<strong>de</strong> compétence – littérature, histoire, théologie – au détriment <strong>de</strong><br />

l’universalité qui faisait jusque-là notre spécificité ? Limiter plus<br />

encore le nombre <strong>de</strong>s nouvelles acquisitions ? Passer au crible<br />

<strong>de</strong>s critères actuels d’achat les collections plus anciennes ?<br />

N’hésitez pas à nous donner votre opinion, pour rendre à notre<br />

Bibliothèque le beau nom <strong>de</strong> Société. Afin <strong>de</strong> conclure, une belle<br />

histoire entendue récemment : la plus ancienne bibliothèque <strong>de</strong><br />

New York, après <strong>de</strong> longues recherches, a trouvé le nom <strong>de</strong> celui<br />

qui emprunta en 1789 <strong>de</strong>ux livres, oubliant <strong>de</strong> les rendre, accumulant<br />

une amen<strong>de</strong> extraordinaire s’élevant à 300 000 dollars. Le<br />

voleur par inadvertance, personnage illustre était pourtant connu<br />

mondialement pour ne jamais avoir menti… Vous avez <strong>de</strong>viné ?...<br />

George Washington himself ! La New York Society Library n’a<br />

évi<strong>de</strong>mment pas exigé le paiement <strong>de</strong> l’amen<strong>de</strong>, mais la simple<br />

restitution <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux volumes. Question bête et cruelle : ces <strong>de</strong>ux<br />

livres avaient-ils manqués à quelqu’un ?... Maxime Canals<br />

JAB<br />

1204 Genève<br />

PP / Journal<br />

www.societe-<strong>de</strong>-lecture.ch<br />

agenda<br />

Pour votre confort, nous tenons désormais<br />

à votre disposition <strong>de</strong>s éventails<br />

Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong> ; vous pouvez les<br />

emprunter lors <strong>de</strong>s conférences ou les<br />

acheter à l’unité au prix <strong>de</strong> CHF 25.–<br />

Solstice en fête<br />

du 18 au Fête <strong>de</strong> la Musique<br />

20 <strong>juin</strong> En collaboration avec le département <strong>de</strong> la<br />

culture / Art musical <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Genève.<br />

Entrée libre<br />

Une visite commentée <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong><br />

<strong>Lecture</strong> ( architecture, bibliothèque,<br />

programmation culturelle ) sera<br />

organisée le samedi 19 <strong>juin</strong> à 13 h.<br />

Parlez-en autour <strong>de</strong> vous…<br />

Places limitées et sur réservation dès<br />

le 7 <strong>juin</strong> auprès du secrétariat.<br />

atelier<br />

4 et Master class sur l’histoire<br />

11 <strong>juin</strong> <strong>de</strong> Genève à travers ses<br />

moments sensibles<br />

par Olivier Fatio<br />

vendredi 12 h 15 - 14 h<br />

cercles <strong>de</strong> lecture<br />

21 <strong>juin</strong> Les pieds dans la page<br />

animé par Pascal Schouwey<br />

lundi 18 h 30 - 20 h 30<br />

Exposition Patrick Chappatte, février <strong>2010</strong><br />

complet<br />

21 <strong>juin</strong> Rome<br />

par Marie-Thérèse Pictet<br />

lundi 14 h -16 h<br />

Grâce au soutien <strong>de</strong> Lenz & Staehelin<br />

Réservations indispensables<br />

à la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />

au 022 311 45 90<br />

Toutes nos conférences sont enregistrées sur CD<br />

et sont disponibles auprès <strong>de</strong> notre secrétariat.


2 romans, littérature<br />

mai 2oo9 – Le choix <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />

romans,<br />

littérature<br />

J.G. BALLARD<br />

Super-Cannes<br />

London, Harper Perennial, 2000<br />

By the time of his <strong>de</strong>ath last year, J.G.<br />

Ballard had achieved cult status for a<br />

generation of rea<strong>de</strong>rs who, growing up in<br />

the 80s and 90s, had become disaffected<br />

with contemporary society in its globalized,<br />

consumerized form. A sign of that<br />

status was the recent homage to Ballard<br />

at one of London’s most stylish art galleries<br />

in the form of an exhibition entitled<br />

Crash, after his third novel. Super-Cannes<br />

represents the best of his recent work,<br />

adapting the amateur-<strong>de</strong>tective genre<br />

to Ballard’s scathing view of the mo<strong>de</strong>rn<br />

world. The novel is set in Europe’s version<br />

of Silicon Valley in the hills above the Côte<br />

d’Azur. Paul Sinclair finds himself there<br />

as the idle companion of his ambitious<br />

wife. She has been hired as staff doctor<br />

to E<strong>de</strong>n-Olympia, a high-security gated<br />

community that houses the headquarters<br />

of several multi-national corporations.<br />

Her pre<strong>de</strong>cessor had gone on a mur<strong>de</strong>r<br />

rampage before taking his own life, and<br />

when Sinclair tries to find out why, life in<br />

the corporate paradise becomes more and<br />

more darkly strange.<br />

Henri BAUCHAU<br />

Déluge<br />

Arles, Actes Sud, <strong>2010</strong>, 169 p.<br />

Après avoir déjà vécu mille vies mystérieuses,<br />

Florian, peintre réputé fou et pyromane,<br />

<strong>de</strong>ssine dans un port du Sud <strong>de</strong> la<br />

France et puis brûle ses <strong>de</strong>ssins dès que<br />

l’on regar<strong>de</strong> ce qu’il a <strong>de</strong>ssiné. L’histoire<br />

démarre sur <strong>de</strong> nouvelles rencontres et<br />

il <strong>de</strong>vient très vite l’instigateur, le catalyseur<br />

et le maître d’une alchimie rendue<br />

visible à travers la création d’une œuvre<br />

picturale aux dimensions multiples et à<br />

la profon<strong>de</strong>ur insondable. Une oeuvre si<br />

vaste et si vivante qu’il ne peut la réaliser<br />

seul. Il sera aidé dans cette folle entreprise<br />

et c’est dans cette participation que<br />

rési<strong>de</strong> le secret <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption et <strong>de</strong> la<br />

transcendance qui sont l’objet véritable<br />

<strong>de</strong> ce Déluge traversé comme l’on traverse<br />

les siècles, en une seule vie, en un seul<br />

tableau. Henri Bauchau nous livre une<br />

fois <strong>de</strong> plus, sous la forme d’un assemblage<br />

d’archétypes dont il a le secret, un<br />

roman-bijou d’une remarquable intensité.<br />

LHA 6228<br />

William BOYD<br />

Orages ordinaires<br />

Traduit <strong>de</strong> l’anglais par Christiane Besse<br />

Paris, Seuil, <strong>2010</strong>, 476 p.<br />

Adam Kindred, jeune climatologue anglais<br />

spécialisé dans la suppression <strong>de</strong> la grêle<br />

dans les orages multicellulaires, est <strong>de</strong><br />

retour à Londres pour un entretien d’embauche<br />

à l’Imperial College, après un long<br />

séjour aux Etats-Unis. Pour se remettre<br />

<strong>de</strong> son entretien, il déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> dîner dans<br />

un restaurant italien où il fait la connaissance<br />

du Dr Philip Wang, allergologue et<br />

immunologue à Oxford, spécialisé dans<br />

les remè<strong>de</strong>s contre l’asthme. Dès cette<br />

rencontre, la vie d’Adam va basculer dans<br />

un tourbillon <strong>de</strong> coïnci<strong>de</strong>nces terribles qui<br />

vont le transformer en suspect principal<br />

du meurtre brutal <strong>de</strong> l’allergologue et le<br />

contraindre à quitter son i<strong>de</strong>ntité pour<br />

pouvoir sauver sa vie. Boyd nous promène<br />

le long <strong>de</strong> la Tamise où Adam Kindred,<br />

dans sa nouvelle condition <strong>de</strong> clochard,<br />

a choisi <strong>de</strong> se réfugier pour survivre. Se<br />

nourrissant <strong>de</strong> victuailles récoltées en faisant<br />

les poubelles et <strong>de</strong> mouette chassée,<br />

le jeune homme va se battre pour mener<br />

sa propre enquête et lutter contre un tueur<br />

lancé à ses trousses, un vétéran <strong>de</strong>s forces<br />

spéciales en Afghanistan transformé en<br />

machine à tuer. De climatologie, il ne sera<br />

malheureusement plus question dans le<br />

roman, car l’auteur en éloignera son protagoniste<br />

impliqué malgré lui dans la spirale<br />

infernale du marché pharmaceutique.<br />

Il détournera le lecteur à plusieurs reprises<br />

dans <strong>de</strong> nombreux méandres allant <strong>de</strong> la<br />

misère <strong>de</strong>s cités londoniennes aux dérives<br />

d’une couche sociale plus aisée et victime<br />

<strong>de</strong> sa propre oisiveté.<br />

William BOYD<br />

The new confessions<br />

London, Penguin, 1988, 571 p.<br />

William Boyd is perhaps the freshest and<br />

most original of contemporary British novelists,<br />

while remaining wholly accessible<br />

as a great story-teller. This novel presents<br />

the autobiography of John James Todd,<br />

who has lived as a neglected genius of<br />

the twentieth century while participating<br />

in all of its most important moments,<br />

from World War I to the Weimar Republic to<br />

the anticommunist McCarthy hearings in<br />

America. Born at the dawn of the century,<br />

Todd becomes a British Army cameraman<br />

on the Western front in the Great War. In a<br />

German prisoner of war camp he discovers<br />

Rousseau’s Confessions, which gives him<br />

a mission in life : to make a film of this<br />

monumental 18 th -century memoir. The story<br />

of Todd’s lifelong attempt to realise the<br />

film becomes his own Confessions. Todd’s<br />

confessions emulate those of the Citizen of<br />

Geneva in their historical sweep and their<br />

soul-baring honesty as he comes to terms<br />

with his fate, late in life, as a director of B<br />

westerns. An engaging and amusing narrative<br />

tour <strong>de</strong> force. LHC 5484 B<br />

T.C. BOYLE<br />

Les Femmes<br />

Traduit <strong>de</strong> l’anglais ( Etats-Unis ) par<br />

Bernard Turle<br />

Paris, Grasset, <strong>2010</strong>, 581 p.<br />

à plusieurs reprises, dans le Wisconsin et<br />

qui sera dupliqué <strong>de</strong>ux décennies plus tard<br />

en Arizona, sous le nom <strong>de</strong> Taliesin West.<br />

T.C. Boyle, résidant d’une maison <strong>de</strong>ssinée<br />

par Wright à Santa Barbara, s’est inspiré<br />

<strong>de</strong> nombreuses biographies pour composer<br />

cette vaste fiction anachronique sur<br />

les relations tumultueuses entre Wright,<br />

ses épouses et ses maîtresses. Un roman<br />

conçu comme un véritable labyrinthe, où<br />

le lecteur se perd dans les méandres <strong>de</strong>s<br />

déboires conjugaux <strong>de</strong> l’architecte. Reste,<br />

heureusement, le récit d’une aventure<br />

humaine guidée par une vision idéaliste et<br />

mo<strong>de</strong>rne. LHC 4793 B<br />

René <strong>de</strong> CECCATY<br />

Alberto Moravia<br />

Paris, Flammarion, <strong>2010</strong>, 678 p.<br />

Quand bien même on n’aurait pas fait <strong>de</strong><br />

Moravia, observateur cynique et pessimiste<br />

<strong>de</strong> la bourgeoisie italienne, sa lecture<br />

<strong>de</strong> chevet, on se laissera captiver par<br />

cette intelligente et à coup sûr exhaustive<br />

biographie qui à la fois présente l’homme<br />

inséré dans son temps ( 1907-1990 ) et<br />

fournit une analyse pertinente <strong>de</strong> son<br />

œuvre. Une tuberculose osseuse aux<br />

séquelles persistantes dans l’âge adulte<br />

assombrit tôt son enfance et entrave sa<br />

scolarité. Il ne <strong>de</strong>vra qu’à lui-même sa<br />

gran<strong>de</strong> culture et à la solitu<strong>de</strong> du sanatorium<br />

peut-être, sa précocité. Il n’a que<br />

22 ans en effet lorsque paraît Les indifférents,<br />

un premier roman qui lui vaut une<br />

célébrité immédiate en attendant que son<br />

anticonformisme et son absence <strong>de</strong> préjugés<br />

le fassent honnir <strong>de</strong> la société bienpensante<br />

et mettre à l’In<strong>de</strong>x par le Vatican.<br />

Il ne sera pas davantage en o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> sainteté<br />

auprès du régime fasciste qu’il exècre<br />

sans le combattre ouvertement ( ce qu’on<br />

lui reprochera ) mais qui le ménage pourtant<br />

en dépit <strong>de</strong> ses origines juives. Une<br />

trentaine <strong>de</strong> romans suivront le premier,<br />

dont certains adaptés au cinéma, ainsi<br />

que <strong>de</strong> nombreuses nouvelles qui assureront<br />

longtemps sa vie matérielle en même<br />

Avec ce roman, T.C. Boyle s’attaque à l’icône<br />

<strong>de</strong> l’architecture mo<strong>de</strong>rne américaine,<br />

Frank Lloyd Wright. Le lecteur pénètre dans<br />

l’univers singulier <strong>de</strong> l’architecte à partir<br />

du récit d’un jeune narrateur japonais,<br />

venu aux Etats-Unis étudier l’architecture<br />

après le succès remporté par la construction<br />

<strong>de</strong> l’hôtel Impérial à Tokyo. Le prologue<br />

nous décrit l’arrivée <strong>de</strong> cet étudiant temps qu’une activité <strong>de</strong> reporter au gré<br />

à Moser:Moser Taliesin, ce célèbre 30.6.2009 phalanstère 10:01 érigé, Page <strong>de</strong> laquelle, 1 curieux <strong>de</strong> tout, il parcourra le<br />

Préparation à la maturié Suisse<br />

et à la maturité mention bilingue<br />

4 Saveurs:4 Enseignement Saveurs dès 30.6.2009 le 3 e <strong>de</strong>gré 9:51 Page 1<br />

Genève<br />

Lausanne<br />

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Le choix <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong> – mai 2oo9 romans, littérature 3<br />

vaste mon<strong>de</strong>. Car Alberto Moravia, d’une<br />

activité confondante, écrit, voyage, noue<br />

<strong>de</strong>s amitiés durables, attire les femmes et<br />

les séduit, se marie avec l’explosive Elsa<br />

Morante dont il juge le talent supérieur au<br />

sien, représente l’Italie au Parlement européen<br />

et avec le recul du temps, domine <strong>de</strong><br />

sa stature la littérature italienne du XX e<br />

siècle. LCC 127<br />

Régis DEBRAY<br />

Dégagements<br />

Paris, Gallimard, <strong>2010</strong>, 288 p.<br />

Ces considérations sont à la base <strong>de</strong>s<br />

articles <strong>de</strong> la Revue Medium sous le titre<br />

Pense-bête. Elles relèvent, dit l’auteur,<br />

d’un mauvais esprit qui consiste quand<br />

un sage montre la lune à regar<strong>de</strong>r son<br />

doigt. Debray considère donc les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

pensée et d’écriture, il aime Marcel Proust<br />

et Julien Gracq ; il déteste les clichés,<br />

les rengaines, les à-peu-près. Il écrase<br />

l’infâme à chaque page et pense comme<br />

Valéry, le mon<strong>de</strong> ne vaut que par les extrêmes<br />

et ne dure que par les moyennes. Il ne<br />

vaut que par les ultras et ne dure que par<br />

les modérés.<br />

Corinne DESARZENS<br />

Le gris du Gabon<br />

Vevey, l’Aire, 2009, 269 p.<br />

Le récit s’organise autour d’une certaine<br />

Ariane, à laquelle Corinne Desarzens a<br />

certainement prêté quelques-uns <strong>de</strong> ses<br />

traits. Elle donne, bénévolement, <strong>de</strong>s<br />

cours <strong>de</strong> français à <strong>de</strong>s requérants d’asile<br />

venus <strong>de</strong> divers pays africains, jeunes<br />

hommes « nés au mauvais moment et du<br />

mauvais côté du mon<strong>de</strong> », qui n’ont « ni le<br />

droit d’être ici, ni celui d’aller ailleurs »,<br />

provisoirement installés, ou pour mieux<br />

dire entreposés, dans un abri anti-atomique,<br />

à Nyon. Ariane mesure le fossé qui<br />

sépare ses sentiments <strong>de</strong>s réalités <strong>de</strong><br />

l’administration, <strong>de</strong>s expulsions musclées,<br />

et <strong>de</strong>s froi<strong>de</strong>s statistiques. Ce roman ne<br />

ménage pas la politique d’immigration<br />

<strong>de</strong> la Suisse, mais il ne se veut ni traité<br />

didactique, ni démonstration ordonnée. On<br />

y croise beaucoup <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>, entre autres<br />

<strong>de</strong>s trafiquants <strong>de</strong> perroquets, tout particulièrement<br />

<strong>de</strong>s remarquables « gris du<br />

Gabon ». Une petite fille a disparu, elle en<br />

avait justement <strong>de</strong>ssiné un ! L’auteur ouvre<br />

à chaque instant <strong>de</strong>s parenthèses quelquefois<br />

déconcertantes, parsème son texte<br />

<strong>de</strong> citations littéraires et philosophiques,<br />

ou d’allusions politiques. Ce livre, fait <strong>de</strong><br />

nombreux fragments qui parfois s’ajustent<br />

mal, ressemble à la vie. 16.2 DESA 5<br />

Jean-Louis EZINE<br />

Les taiseux<br />

Paris, Gallimard, 2009, 225 p.<br />

Un très beau livre, dans lequel l’auteur se<br />

libère peut-être d’un secret qui a dû l’obsé<strong>de</strong>r.<br />

Il ne s’est pas toujours appelé ainsi.<br />

Ezine est le nom du mari <strong>de</strong> sa mère, un<br />

homme alcoolique, grossier et brutal, dont<br />

il ne voudra jamais croiser le regard. A côté<br />

<strong>de</strong> ce beau-père honni, il cherche à percer<br />

le mystère du père absent. La mère n’apporte<br />

pas <strong>de</strong> réponse, mais sème quelques<br />

indices: <strong>de</strong>s photos, une casquette d’aviateur…<br />

Il construit tout un roman au sujet<br />

<strong>de</strong> cet homme invisible. Plus tard, il le rencontre,<br />

une seule fois ; c’était un coureur,<br />

un don Juan du bocage normand, qui semait<br />

les enfants au gré <strong>de</strong> ses caprices. Sept<br />

femmes et onze enfants… Le matin <strong>de</strong> son<br />

entrée en sixième, sa mère étant hospitalisée,<br />

le jeune garçon se retrouve dans un<br />

internat, où pendant plusieurs années, il<br />

ne recevra ni lettre, ni visite. Il se « défendra<br />

» en découvrant les livres, les étu<strong>de</strong>s,<br />

la philosophie, et aussi en excellant dans<br />

les compétitions sportives. Plus tard, il<br />

poursuit sa quête obstinée, mais examine<br />

les choses d’un œil plus serein, cherche à<br />

contacter ses <strong>de</strong>mi-frères et sœurs, interroge<br />

l’histoire et découvre que sa généalogie<br />

est pleine d’incertitu<strong>de</strong>s. Il écoute<br />

les rumeurs du village et fantasme… Le<br />

lecteur gar<strong>de</strong>ra l’image du garçonnet qui<br />

<strong>de</strong>mandant à la boulangère : « un pain <strong>de</strong><br />

fantaisie d’une <strong>de</strong>mi-livre s’il vous plait »,<br />

s’entend répondre : « Vous voulez dire un<br />

bâtard ? » ; et l’auteur commente : « On a<br />

débaptisé la tête-<strong>de</strong>-nègre, mais le bâtard<br />

résiste ». LM 190<br />

Dominique FERNANDEZ<br />

Avec Tolstoï<br />

Paris, Grasset, <strong>2010</strong>, 330 p.<br />

Avec cette passionnante leçon <strong>de</strong> littérature,<br />

Dominique Fernan<strong>de</strong>z, normalien,<br />

écrivain, nous donne très envie <strong>de</strong> nous<br />

replonger dans l’œuvre <strong>de</strong> Tolstoï. Avec<br />

perspicacité et sensibilité il nous conduit<br />

dans la personnalité complexe du grand<br />

romancier <strong>de</strong> l’aventure humaine et loin<br />

d’une biographie classique, nous invite<br />

en fait à sa rencontre très personnelle<br />

avec Tolstoï dont il nous fait visiter à sa<br />

guise tant les lieux <strong>de</strong> vie que les principales<br />

œuvres. Il nous donne à admirer<br />

particulièrement la limpidité <strong>de</strong> son style,<br />

sa « capacité à placer sa confiance dans<br />

la force <strong>de</strong> ce qui est dit plutôt que dans<br />

la façon <strong>de</strong> le dire » se situant ainsi avec<br />

succès dans l’intemporel, loin <strong>de</strong>s excès<br />

et paroxysmes <strong>de</strong> Dostoïevski notamment.<br />

Dans un texte très stimulant, enthousiaste<br />

et personnel, l’auteur qui se révèle autant<br />

qu’il ne cherche à le faire pour Tolstoï, nous<br />

interpelle aussi sur l’ « universalité » <strong>de</strong>s<br />

grands écrivains… LBA 775<br />

Hélène FREDERICK<br />

La poupée <strong>de</strong> Kokoschka<br />

Paris, Verticales, <strong>2010</strong>, 219 p.<br />

Par la vertu singulière <strong>de</strong> ce très remarquable<br />

premier roman, nous voici transportés<br />

à Munich durant les <strong>de</strong>rnières<br />

années <strong>de</strong> la Guerre <strong>de</strong> 1914-1918 dans<br />

l’univers clos <strong>de</strong> l’atelier d’ Hermine Moos,<br />

fabricante <strong>de</strong> marionnettes et dans celui,<br />

plus secret encore, <strong>de</strong> son cahier <strong>de</strong> travail,<br />

<strong>de</strong>venu journal intime au fil <strong>de</strong>s pages.<br />

Elle y consigne les étapes d’une étrange<br />

entreprise : elle doit, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’Oscar<br />

Kokoschka, créer une « poupée » gran<strong>de</strong>ur<br />

nature <strong>de</strong> celle qui fut sa maîtresse et qui<br />

vient <strong>de</strong> le quitter, Alma Mahler. Si le cahier<br />

fait état <strong>de</strong>s difficultés techniques accrues<br />

par les restrictions <strong>de</strong> toutes sortes dues<br />

à la guerre, il laisse entrevoir les drames<br />

personnels et les blessures que ces quatre<br />

années ont infligées à la jeune femme.<br />

Celle-ci, pour mieux entrer dans l’univers <strong>de</strong><br />

Kokoschka, qu’elle nomme mon « Maître »<br />

et pour qui grandit en elle une étrange<br />

fascination, s’est procurée <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong><br />

l’artiste. Dès lors, chaque entrée du journal<br />

s’accompagne <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription à la fois<br />

réaliste et inspirée d’un <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ssins : la<br />

maigreur du jeune saltimbanque du Porträt<br />

<strong>de</strong>s Knochens ( 1908 ) ou la pose torturée<br />

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4 romans, littérature<br />

mai 2oo9 – Le choix <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />

<strong>de</strong> la femme du Liegen<strong>de</strong>r weiblicher<br />

Rückenakt ( 1913 ) communiquent ainsi<br />

leur étrangeté aux pages fiévreuses dans<br />

lesquelles Hermine relate au jour le jour la<br />

création folle <strong>de</strong> cette « femme-murmure »<br />

qui l’envahit peu à peu. Et nous envahit.<br />

LHA 6210<br />

Anne-Marie GARAT<br />

Pense à <strong>de</strong>main<br />

Arles, Actes Sud, <strong>2010</strong>, 714 p.<br />

A-t-on aimé Dans la main du diable et<br />

L’enfant <strong>de</strong>s ténèbres ? Alors on se jettera<br />

fatalement sur le troisième volume<br />

<strong>de</strong> cette fresque brillante qui s’achève<br />

avec les <strong>de</strong>rnières décennies du XX e siècle.<br />

Mais il faut être prêt à réviser son<br />

emploi du temps une fois livré, lecteur<br />

sans défense, à une magicienne qui vous<br />

retiendra captif quelques centaines <strong>de</strong><br />

pages durant, dans les méandres – allers<br />

et retours, passé, présent – d’une narration<br />

généreuse et vivace, suscitant <strong>de</strong>s<br />

personnages nouveaux, jamais indifférents,<br />

en éclairant d’autres, rencontrés<br />

déjà mais <strong>de</strong>meurés obscurs, et disposant<br />

ça et là, sans insister, tel ou tel détail qui<br />

anticipe sur le futur et intrigue au point<br />

que – décidément, non ! – impossible <strong>de</strong><br />

s’interrompe là… Et <strong>de</strong> précipiter l’allure<br />

afin d’en avoir le cœur net, quitte à revenir<br />

sur ses pas pour apprécier mieux le talent<br />

d’une narratrice qu’une docte explication<br />

<strong>de</strong> texte classerait dans la catégorie <strong>de</strong>s<br />

auteurs « omniscients ». Omniscient,<br />

à l’ancienne, démodé ? Quel bonheur !<br />

Succès et infortunes, amours et abandons,<br />

loyautés et trahisons, retrouvailles<br />

et disparitions, les <strong>de</strong>stins individuels<br />

fictifs se nouent et s’entrecroisent dans<br />

une richesse et une profusion maîtrisées<br />

qui sont celles <strong>de</strong> la vie même et s’inscrivent<br />

sur la toile <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> mutations<br />

sociales et d’événements historiques très<br />

exactement documentés. La toile <strong>de</strong> fond<br />

d’un siècle qui, ainsi saisi en raccourci,<br />

apparaît pour ce qu’il a été : calamiteux.<br />

LHA 10879/3<br />

Adrien GOETZ<br />

Le coiffeur <strong>de</strong><br />

Chateaubriand<br />

Paris, Grasset, <strong>2010</strong>, 174 p.<br />

Adrien Goetz, normalien, agrégé d’histoire,<br />

interrompt momentanément sa série<br />

<strong>de</strong> Pénélope dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s musées<br />

( Intrigue à l’anglaise, La dormeuse <strong>de</strong><br />

Naples, prix Arsène Lupin, prix Roger Nimier<br />

et <strong>de</strong>s Deux Magots, respectivement ) pour<br />

revenir à la pério<strong>de</strong> romantique qui lui<br />

est chère avec ce petit roman tout à fait<br />

jubilatoire. Quand Adolphe Pâques ( réel<br />

Figaro <strong>de</strong> Chateaubriand au point d’avoir<br />

composé un tableau exposé à Saint Malo…<br />

fait <strong>de</strong>s cheveux <strong>de</strong> celui-ci ! ) coiffe le<br />

grand homme, il <strong>de</strong>vient sous la plume<br />

<strong>de</strong> Goetz, son confi<strong>de</strong>nt et ami, premier<br />

lecteur –mais aussi pirate- <strong>de</strong>s Mémoires<br />

d’outre-tombe dont l’attente faisait frémir<br />

le Tout-Paris et éveillait bien <strong>de</strong>s intrigues.<br />

Goetz nous les fait revivre avec humour et<br />

brio en insérant notamment avec malice le<br />

personnage d’une jeune métisse, <strong>de</strong>rnier<br />

amour prêté à un Chateaubriand vieillissant<br />

mais encore séducteur… Bravo à ce<br />

bref roman historique plein d’imagination<br />

et <strong>de</strong> trouvailles qui a obtenu le 15 avril le<br />

Grand Prix Palatine du Roman Historique.<br />

LHA 6210<br />

Le Marignac<br />

Avenue Eugène-Lance 32<br />

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Günter GRASS<br />

L’Agfa Box<br />

Traduit <strong>de</strong> l’allemand par<br />

Jean-Pierre Lefebvre<br />

Paris, Seuil, <strong>2010</strong>, 231 p.<br />

Famille recomposée : huit enfants adultes,<br />

<strong>de</strong> quatre mères différentes, ont accepté<br />

l’invitation <strong>de</strong> leur père à venir raconter<br />

leurs souvenirs autour <strong>de</strong> la potée <strong>de</strong> lentilles<br />

qu’il leur a cuisinée, un choix n’impliquant<br />

aucun symbolisme car une belle<br />

complicité que nul droit d’aînesse ne vient<br />

troubler semble sou<strong>de</strong>r la <strong>de</strong>scendance du<br />

patriarche. Très présente aussi la vieille<br />

Mariette, témoin <strong>de</strong> toujours, sous les<br />

espèces immatérielles <strong>de</strong>s innombrables<br />

photos auxquelles on se réfère et qu’elle<br />

aurait captées au moyen d’un vieil Agfa<br />

Box d’avant-guerre, un appareil magique<br />

capable <strong>de</strong> saisir aussi bien le passé que<br />

l’avenir et <strong>de</strong> réaliser les vœux secrètement<br />

formulés par chacun. C’est donc,<br />

semée d’anecdotes et revisitée sur un ton<br />

léger, bon enfant, une nouvelle biographie<br />

<strong>de</strong> l’écrivain qui, contrairement à la précé<strong>de</strong>nte,<br />

( Pelures d’oignon ) ne <strong>de</strong>vrait<br />

pas susciter <strong>de</strong> vagues en Allemagne…<br />

LHB 155<br />

Rahel HUTMACHER<br />

Fille<br />

Coupole:Coupole 30.6.2009 10:25 Page 4<br />

Traduit <strong>de</strong> l’allemand ( Suisse ) par<br />

Fernand Cambon<br />

Paris, José Corti, <strong>2010</strong>, 142 p.<br />

La difficulté d’élever seule une fille, <strong>de</strong> la<br />

voir peu à peu prendre son indépendance,<br />

<strong>de</strong> la laisser faire l’expérience <strong>de</strong> la vie et<br />

<strong>de</strong> l’amour, puis partir, on peut la dire <strong>de</strong> LHA 6200<br />

bien Valartis:Valartis <strong>de</strong>s manières. Rahel Hutmacher, 30.6.2009 qui 11:48 Page 1<br />

est conteuse, et musicienne, a choisi <strong>de</strong><br />

l’exprimer en poète dans <strong>de</strong> courtes proses<br />

où elle emprunte à la nature les images qui<br />

évoquent, mieux que les mots <strong>de</strong>s psychothérapeutes<br />

( c’est également la profession<br />

<strong>de</strong> l’auteur ), la douceur animale <strong>de</strong><br />

la maternité et son cortège d’incertitu<strong>de</strong>s<br />

et d’inquiétu<strong>de</strong>s. De ces poèmes en prose,<br />

Fernand Cambon s’est efforcé <strong>de</strong> rendre la<br />

force <strong>de</strong> suggestion et le rythme. On pense<br />

à <strong>de</strong>s comptines, aussi à ces chansons où,<br />

dans une inspiration proche <strong>de</strong> la nature,<br />

Anne Sylvestre inventait un dialogue entre<br />

une mère et sa « fille folle, amante du<br />

vent ». LFA 45<br />

Régis JAUFFRET<br />

Sévère<br />

Paris, Seuil, <strong>2010</strong>, 160 p.<br />

Jauffret avait habitué son public à une<br />

imagination délirante qui est bridée dans<br />

ce roman par sa référence à un fait divers<br />

qui fut l’objet d’une intense médiatisation.<br />

En choisissant <strong>de</strong> s’insinuer dans<br />

la tête <strong>de</strong> Cécile B., amante, « secrétaire<br />

sexuelle » et meurtrière du banquier<br />

Edouard Stern, l’auteur joue <strong>de</strong> manière<br />

habile sur les rapports complexes <strong>de</strong> la<br />

vérité et <strong>de</strong> la fiction. « Je suis romancier,<br />

je mens comme un meurtrier ». La confession<br />

étrangement calme, détachée, <strong>de</strong> la<br />

narratrice, <strong>de</strong>vient l’histoire d’une cruelle<br />

et troublante manipulation. La justesse du<br />

ton, la savante construction qui juxtapose<br />

et croise les diverses temporalités du récit,<br />

l’étrange fascination que provoquent les<br />

personnages qui inspirent l’auteur, sont<br />

les ingrédients d’un livre très efficace.<br />

<strong>de</strong>puis<br />

1967<br />

Grand-Rue 5 – 1204 Genève<br />

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Les filets <strong>de</strong> perches<br />

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Le choix <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong> – mai 2oo9 histoire, biographies 5<br />

Inaam KACHACHI<br />

Si je t’oublie, Bagdad<br />

Traduit <strong>de</strong> l’arabe ( Irak ) par<br />

Ola Mehanna et Khaled Osman<br />

Paris, Liana Levi, 2009, 221 p.<br />

Ecrivain, journaliste et correspondante<br />

<strong>de</strong> presse irakienne pour <strong>de</strong>s journaux<br />

arabes <strong>de</strong>puis une vingtaine d’années à<br />

Paris, Inaam Kachachi <strong>de</strong>meure très attachée<br />

à ses racines. Son héroïne, Zeina,<br />

a quitté l’Irak avec sa famille pour les<br />

Etats-Unis, son père ayant été accusé <strong>de</strong><br />

conspiration contre le régime <strong>de</strong> Saddam<br />

Hussein. Quinze ans plus tard, elle déci<strong>de</strong><br />

d’y retourner comme interprète <strong>de</strong> l’armée<br />

américaine. Elle rêve <strong>de</strong> serrer dans ses<br />

bras sa grand-mère Rahma, veuve d’un<br />

colonel <strong>de</strong> l’armée irakienne, et restée au<br />

pays. Convaincue au départ <strong>de</strong> participer<br />

à une cause juste, au fil <strong>de</strong>s jours le doute<br />

et le malaise s’installent et elle éprouve<br />

<strong>de</strong> la honte à revenir vêtue <strong>de</strong> l’uniforme<br />

américain. « Je souffrais d’un mal indéfinissable.<br />

Je me posais <strong>de</strong>s questions :<br />

étais-je une hypocrite, une Américaine<br />

à double visage ? Ou bien une Irakienne<br />

temporairement en sommeil, comme ces<br />

espions dormant qu’on infiltre <strong>de</strong>s années<br />

à l’avance en territoire ennemi ? » Inaam<br />

Kachachi nous trace le beau portrait d’une<br />

femme déchirée entre <strong>de</strong>ux i<strong>de</strong>ntités. Jour<br />

après jour, la can<strong>de</strong>ur tombe pour laisser<br />

place à la désillusion. « Je suis rentrée <strong>de</strong><br />

Bagdad en rapportant dans ma besace la<br />

moisson suivante : un chagrin pareil à du<br />

miel raffiné, épais, poisseux et transluci<strong>de</strong><br />

». Ecrit dans une langue percutante,<br />

ce roman illustre le tourment intérieur <strong>de</strong>s<br />

Irakiens expatriés en Amérique et dont<br />

l’attachement fusionnel à leur pays d’origine<br />

reste intact. A la douleur <strong>de</strong>s familles<br />

américaines en<strong>de</strong>uillées aux Etats-Unis<br />

répond le ressentiment <strong>de</strong>s Irakiens à<br />

l’égard <strong>de</strong>s envahisseurs américains.<br />

Charles LEWINSKY<br />

Un village sans histoires<br />

Traduit <strong>de</strong> l’allemand par Léa Marcou<br />

Paris, Grasset, <strong>2010</strong>, 383 p.<br />

Publié en allemand en 2007 sous le titre<br />

<strong>de</strong> Johannistag, ce livre avait déjà obtenu<br />

le Prix <strong>de</strong> la Fondation Schiller en 2000.<br />

Courtillon, hameau situé quelque part<br />

en France, est ce village sans histoires<br />

jusqu’à ce qu’un étranger, un Allemand en<br />

exil forcé, vienne s’y installer pour y retrouver<br />

la paix. Tout commence à la première<br />

personne, lorsque ledit étranger se met à<br />

décrire son quotidien dans une série <strong>de</strong> lettres.<br />

Puis au fil <strong>de</strong>s pages et grâce à l’incroyable<br />

talent <strong>de</strong>scriptif du narrateur, le<br />

lecteur pénètre dans les arcanes <strong>de</strong> l’histoire.<br />

D’une part, ces lettres s’adressent à<br />

la bien aimée du protagoniste, une bien<br />

aimée aux réponses rares, mis à part l’unique<br />

lettre rédigée avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> son mé<strong>de</strong>cin.<br />

On n’en dira pas plus à ce sujet. De<br />

l’autre, les personnages du village <strong>de</strong>viennent<br />

<strong>de</strong> plus en plus réels et l’on constate<br />

rapi<strong>de</strong>ment que tout le mon<strong>de</strong> se connaît<br />

à Courtillon. Comme pour un calendrier<br />

<strong>de</strong> l’Avent, l’auteur nous invite à pénétrer<br />

dans ce mon<strong>de</strong> clos où règne le non-dit, au<br />

fur et à mesure que le narrateur rencontre<br />

un <strong>de</strong>s habitants qui lui dévoilera un pan<br />

<strong>de</strong> l’histoire. Un roman qui ne pourra laisser<br />

le lecteur insensible, l’analyse objective<br />

<strong>de</strong> chaque habitant décrite avec une telle<br />

précision et une fine perspicacité, donnera<br />

vie à ces personnages auxquels il finira par<br />

s’attacher. LHB 156<br />

Eric-Emmanuel SCHMITT<br />

Concerto à la<br />

mémoire d’un ange<br />

Paris, Albin Michel, <strong>2010</strong>, 230 p.<br />

Ce troisième recueil <strong>de</strong> nouvelles <strong>de</strong> E.-E.<br />

LD 385<br />

Schmitt nous présente <strong>de</strong>s héros à qui, un<br />

jour, la ré<strong>de</strong>mption est offerte. Ces quatre<br />

histoires bien rythmées et captivantes n’ont<br />

en apparence aucun point commun, sauf<br />

la présence permanente et mystérieuse <strong>de</strong><br />

Payot:Payot 30.6.2009 11:52 Page Sainte 1 Rita, patronne <strong>de</strong>s causes désespé-<br />

rées qui semble gui<strong>de</strong>r l’existence <strong>de</strong>s différents<br />

personnages. La première nouvelle<br />

abor<strong>de</strong> la perversion criminelle. Absorbée<br />

à dominer la vie et à compenser ses frustrations<br />

« L’empoisonneuse » pourra-telle<br />

participer à cette ré<strong>de</strong>mption ? « Le<br />

retour », titre symbolique, nous décrit un<br />

homme vivant en mer pour échapper à la<br />

terre et à son univers douloureux. Chagrin<br />

d’avoir été un mauvais père, il prend<br />

conscience <strong>de</strong> son être intérieur et <strong>de</strong> ses<br />

sentiments suite à une nouvelle tragique.<br />

« Concerto à la mémoire d’un ange » dont<br />

le titre est tiré <strong>de</strong> l’œuvre pour violon d’Alban<br />

Berg nous parle d’un bourreau qui<br />

<strong>de</strong>vient victime. Le thème n’est pas sans<br />

nous rappeler celui <strong>de</strong> Caïn et Abel. « Un<br />

amour à l’Elysée » nous relate la vie d’un<br />

couple public enferré dans le mensonge<br />

et qui, suite à une cassure, trouve la voie<br />

<strong>de</strong> la lumière. Quatre histoires liées entre<br />

elles par plusieurs questions fondamentales<br />

: Quelle est la part <strong>de</strong> la liberté, du <strong>de</strong>stin<br />

dans l’existence ? Sommes-nous libres<br />

<strong>de</strong> changer et <strong>de</strong>venir le créateur <strong>de</strong> notre<br />

vie ? Quand y a-t-il ré<strong>de</strong>mption ou damnation<br />

? LHA 6187<br />

Prix Goncourt <strong>de</strong> la Nouvelle <strong>2010</strong><br />

histoire,<br />

biographies<br />

François d’AUBERT<br />

Colbert. La vertu usurpée<br />

Paris, Perrin, <strong>2010</strong>, 445 p.<br />

Académie, <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong> peinture et<br />

<strong>de</strong> sculpture, puis l’Académie royale d’architecture.<br />

Toutes ces institutions étaient<br />

uniquement vouées à la gloire du roi par<br />

<strong>de</strong>s œuvres sévèrement contrôlées. Mais ce<br />

Colbert était avant tout un politique, archétype<br />

<strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong> pouvoir, dominé par<br />

<strong>de</strong>ux passions, l’ambition et l’argent et a<br />

utilisé le pouvoir pour accroître sa fortune.<br />

Dénué <strong>de</strong> scrupules, cynique et intéressé,<br />

ses succès dépendaient <strong>de</strong> la faveur royale<br />

qu’il flatta sans vergogne. HF 445<br />

Elizabeth COQUART<br />

La fron<strong>de</strong>use : Marguerite<br />

Durand, patronne <strong>de</strong><br />

presse et féministe<br />

Paris, Payot, <strong>2010</strong>, 346 p.<br />

Marguerite Durand ( 1864-1936 ) a quatorze<br />

ans lorsque s’ouvre à Paris le 1 er<br />

mai 1878 l’Exposition universelle, elle<br />

en a dix-sept lorsque s’ouvrent <strong>de</strong>vant<br />

elle, après <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> Conservatoire, les<br />

portes <strong>de</strong> la Comédie-Française ; qu’elle<br />

quitte cinq ans plus tard par amour pour<br />

un avocat, Georges Laguerre, qui l’initie à<br />

la politique et au journalisme. Fille naturelle<br />

d’une mère artiste qui s’est voulue<br />

libre, Marguerite sera <strong>de</strong> tous les combats,<br />

boulangiste, dreyfusar<strong>de</strong>, elle va fon<strong>de</strong>r en<br />

1897 son propre journal, La Fron<strong>de</strong>, entièrement<br />

écrit et fabriqué par <strong>de</strong>s femmes et<br />

ne cessera <strong>de</strong> soutenir la cause <strong>de</strong>s femmes,<br />

combattant pour voir reconnus leurs<br />

droits et pour faire changer les lois qui<br />

leur refusent l’éligibilité et le droit <strong>de</strong> vote.<br />

Ce livre bien documenté, à qui manquent<br />

pour nous séduire tout à fait, <strong>de</strong>s qualités<br />

littéraires que ne semble pas rechercher<br />

l’auteur journaliste avant tout, fait le portrait<br />

d’une femme d’action, restée femme,<br />

mondaine, séductrice et dépensière, mais<br />

idéaliste et généreuse. Elle fait aussi le<br />

portrait d’une époque mouvementée, où<br />

elle tint un rôle important jusqu’à sa mort<br />

en 1936, dans cette bibliothèque du Ve<br />

arrondissement qu’elle venait <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r,<br />

Etonnant portrait d’un homme assoiffé<br />

d’argent et <strong>de</strong> pouvoir, qui influença <strong>de</strong><br />

manière importante le siècle <strong>de</strong> Louis XIV.<br />

Mo<strong>de</strong>ste intendant privé <strong>de</strong> Mazarin, il<br />

affirma sa puissance <strong>de</strong> superintendant<br />

<strong>de</strong>s finances du roi et contribua à la<br />

gloire royale, après avoir éliminé son rival<br />

Fouquet. Impossible <strong>de</strong> résumer une vie<br />

aussi active sur le plan économique mais<br />

aussi sur l’armée, la marine reconstituée à<br />

Rochefort et un important mécénat d’Etat.<br />

On Galerie doit à Colbert GrandRue:Galerie la création <strong>de</strong> la GrandRue Petite place 30.6.2009 du Panthéon. 10:34 LCG Page 89 1<br />

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Payot Rive Gauche La librairie <strong>de</strong> référence<br />

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6 divers<br />

Jacques KRYNEN<br />

L’Etat <strong>de</strong> justice.<br />

France XIII e - XX e siècle.<br />

I : L’idéologie <strong>de</strong> la<br />

magistrature ancienne<br />

Paris, Gallimard (Bibl. <strong>de</strong>s histoires ),<br />

2009, 326 p.<br />

L’auteur, à travers un très grand nombre<br />

d’écrits laissés par la magistrature<br />

médiévale et d’ancien régime, cherche à<br />

mieux comprendre les conflits qui caractérisèrent<br />

les relations entre la royauté, dite<br />

absolue, et les juges. Il rappelle le principe<br />

selon lequel la première mission du<br />

roi est <strong>de</strong> « rendre » la justice, d’acquitter<br />

cette « <strong>de</strong>tte royale ». A partir <strong>de</strong> la redécouverte<br />

du droit romain dans les universités<br />

médiévales, cette discipline <strong>de</strong>vient<br />

une affaire <strong>de</strong> spécialistes. A l’inverse du<br />

prince, les juges sont instruits <strong>de</strong> ce savoir<br />

et peuvent tirer légitimité <strong>de</strong> leur compétence<br />

pour imposer leur présence à ses<br />

côtés. Ainsi, la fonction <strong>de</strong>s juges <strong>de</strong>vient<br />

aussi sacrée que celle du roi. Les cours <strong>de</strong><br />

parlement se disent souveraines. Bodin l’a<br />

résumé, c’est « la bouche du roi qui parle<br />

dans leurs arrêts ». Le roi est chef <strong>de</strong> la<br />

justice, c’est <strong>de</strong> lui qu’elle provient, mais<br />

il n’est pas le maître <strong>de</strong> son application.<br />

C’est finalement l’histoire d’une prise <strong>de</strong><br />

pouvoir progressive par les juges professionnels<br />

et d’une lente dépossession du<br />

Roi <strong>de</strong> sa souveraineté. Ce livre, extrêmement<br />

érudit, passe en revue les ouvrages<br />

<strong>de</strong> nombreux juristes et parlementaires,<br />

parfois d’accès ardu pour le non spécialiste.<br />

Il sera suivi par un second volume<br />

qui portera sur l’évolution <strong>de</strong> la justice, <strong>de</strong><br />

la Révolution à nos jours. DE 81<br />

DIVERS<br />

Clau<strong>de</strong> ALLEGRE<br />

L’imposture climatique<br />

ou la fausse écologie<br />

Paris, Plon, <strong>2010</strong>, 293 p.<br />

Clau<strong>de</strong> Allègre, géologue et ancien<br />

ministre <strong>de</strong> l’Education Nationale, <strong>de</strong> la<br />

Recherche et <strong>de</strong> la Technologie, conteste<br />

la thèse officielle et alarmiste du GIEC<br />

( Groupement International pour l’Etu<strong>de</strong><br />

du Climat, créé sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’ONU en<br />

1988 ), selon laquelle l’homme serait responsable<br />

du réchauffement climatique.<br />

L’auteur ne nie pas le changement climatique,<br />

ce qu’il conteste c’est l’importance<br />

donnée à l’action <strong>de</strong> l’homme dans ce<br />

dérèglement. La complexité du système<br />

climatique, la multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s facteurs et la<br />

méconnaissance <strong>de</strong>s causes exactes font<br />

qu’il est impossible <strong>de</strong> prédire le climat.<br />

Ce doute n’implique pas pour autant que<br />

l’augmentation du CO 2 dans l’atmosphère<br />

soit sans danger. Entre une confiance souvent<br />

aveugle et une inquiétu<strong>de</strong> parfois<br />

excessive, comment trouver la voie <strong>de</strong> la<br />

raison ? Réagir uniquement par <strong>de</strong>s interdictions<br />

et <strong>de</strong>s taxations ne constitue pas<br />

<strong>de</strong> vraies solutions. Nous <strong>de</strong>vons passer<br />

d’une société <strong>de</strong> consommation linéaire à<br />

une société <strong>de</strong> recyclage généralisé. « La<br />

société cyclique sera une société <strong>de</strong> croissance,<br />

à condition <strong>de</strong> bien intégrer, dans<br />

la nouvelle économie, tous les problèmes<br />

écologiques. L’homme saura s’adapter, et<br />

il sait le faire. Son <strong>de</strong>stin, comme toujours,<br />

repose sur le savoir, l’invention, le progrès.<br />

Pour sauver la planète, tournons le dos<br />

aux tentations réactionnaires, sectaires et<br />

millénaristes, et croyons en nous-mêmes,<br />

en nos capacités, en notre élan». Cet<br />

ouvrage-choc ouvre un débat implacable<br />

et exacerbé, voire virulent, entre la thèse<br />

officielle <strong>de</strong>s modélisateurs ( GIEC ) et celle<br />

<strong>de</strong>s climato-sceptiques. De nombreuses<br />

réactions ont vu le jour dont l’appel signé<br />

<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 400 scientifiques français travaillant<br />

dans le domaine du climat ainsi<br />

que différents articles et interviews dans<br />

Horizon-SDL_110_x_75_nb:Mise en page 1 09.07.09 12:57 Page1<br />

les médias. Ce débat donne accès à une<br />

réflexion vitale pour l’avenir <strong>de</strong> nos sociétés.<br />

Incombe au lecteur la responsabilité<br />

<strong>de</strong> se forger sa propre opinion.<br />

Jan ASSMANN<br />

La mémoire culturelle.<br />

Ecriture, souvenir<br />

et imaginaire<br />

politique dans les<br />

civilisations antiques<br />

Traduit <strong>de</strong> l’allemand par Diane Meur<br />

Paris, Aubier, <strong>2010</strong>, 365 p.<br />

Paru il y a quelque 20 ans en Allemagne<br />

où il a fait date, cet essai substantiel<br />

réclame du lecteur une attention soutenue<br />

que récompensent la richesse et souvent<br />

la nouveauté <strong>de</strong> son contenu. L’auteur,<br />

égyptologue, examine comment procè<strong>de</strong>nt<br />

les sociétés pour se souvenir <strong>de</strong> ce<br />

qui fon<strong>de</strong> leur i<strong>de</strong>ntité et pourquoi certaines<br />

civilisations disparues – la tradition<br />

gréco-romaine, la tradition judaïque –<br />

nourrissent encore notre présent alors que<br />

d’autres, telle la civilisation égyptienne,<br />

<strong>de</strong>meurent comme <strong>de</strong>s monuments que<br />

l’on visite mais dont on ne s’inspire pas. A<br />

la suite <strong>de</strong> Lévi-Strauss, il établit une distinction<br />

entre sociétés « froi<strong>de</strong>s » et sociétés<br />

« chau<strong>de</strong>s », les premières consignant<br />

les faits aux seules fins d’établir <strong>de</strong>s listes<br />

ou <strong>de</strong>s généalogies, tandis que les secon<strong>de</strong>s<br />

se préoccupent <strong>de</strong> donner un sens à<br />

<strong>de</strong>s événements. A une introduction théorique<br />

ardue succè<strong>de</strong>, moins contraignante<br />

et d’un très grand intérêt, une étu<strong>de</strong> comparative<br />

<strong>de</strong> l’Egypte, Israël, la Grèce en<br />

passant par la Mésopotamie et les Hittites,<br />

étu<strong>de</strong> qui abor<strong>de</strong> <strong>de</strong> multiples aspects <strong>de</strong>s<br />

civilisations : rôle <strong>de</strong> l’écriture, fixation <strong>de</strong>s<br />

« canons », importance <strong>de</strong> l’exégèse et<br />

du commentaire qui seraient la condition<br />

du maintien d’une culture vivante, etc.<br />

Parvenu au terme <strong>de</strong> ce parcours foisonnant,<br />

le lecteur peinerait à en tirer <strong>de</strong>s<br />

conclusions claires si l’auteur ne lui venait<br />

en ai<strong>de</strong> dans un <strong>de</strong>rnier chapitre dont l’intitulé,<br />

tentative <strong>de</strong> synthèse, dit bien la<br />

difficulté <strong>de</strong> l’entreprise. LCG 85<br />

Olivier BELLAMY<br />

Martha Argerich.<br />

L’enfant et les sortilèges<br />

Paris, Buchet/Chastel, <strong>2010</strong>, 288 p.<br />

Voici la première biographie <strong>de</strong> la célèbre<br />

pianiste argentine, au travers <strong>de</strong> laquelle<br />

le lecteur va pénétrer dans le mon<strong>de</strong> mystérieux<br />

du piano en croisant quelques-uns<br />

<strong>de</strong>s plus grands musiciens du XX e siècle.<br />

L’auteur, journaliste et animateur à Radio<br />

Classique, s’est lancé dans un long travail<br />

<strong>de</strong> reporter pour retracer la vie tumultueuse<br />

<strong>de</strong> l’imprévisible mais si talentueuse Maria<br />

Martha Argerich. Il va nous faire voyager,<br />

tout comme il l’a fait lui-même, aux quatre<br />

coins du mon<strong>de</strong> en situant chaque chapitre<br />

du livre dans la ville où la pianiste a<br />

séjourné. Tout commence à Buenos Aires<br />

où elle est née, puis Vienne, où elle a étudié<br />

auprès <strong>de</strong> Friedrich Gulda, Bolzano et<br />

Genève où, à seize ans, elle remporte les<br />

<strong>de</strong>ux plus prestigieux concours, ensuite<br />

Hambourg pour ses débuts, Rio <strong>de</strong> Janeiro<br />

où elle se rendra auprès <strong>de</strong> son grand ami<br />

Nelson Freire, New York, où elle finira par<br />

ne pas rencontrer Horowitz, et le Japon où<br />

elle fon<strong>de</strong>ra son propre festival. Une vie<br />

<strong>de</strong> bohême menée par cette éternelle adolescente<br />

dotée d’une légendaire mémoire<br />

surhumaine, et longtemps dirigée par sa<br />

mère, Juanita, qui reconnut l’immense<br />

talent possédé par sa fille alors que celleci<br />

n’avait que trois ans. BD 40<br />

Jean-Jacques FIECHTER<br />

Faussaires d’Egypte<br />

Paris, Flammarion, 2009, 247 p.<br />

Les touristes revenant du tour classique<br />

en Egypte ont toujours dans leurs bagages<br />

une statuette ou un scarabée marchandés<br />

<strong>de</strong>vant les colonnes <strong>de</strong> Karnak et qu’ils<br />

espèrent, qui sait, être authentiques. Or<br />

l’industrie <strong>de</strong>s copies fonctionne <strong>de</strong>puis<br />

toujours, mais le marché s’est développé<br />

au XIX e siècle et s’est organisé en réseaux.<br />

On vit les premiers faux <strong>de</strong> qualité, telle<br />

la reine Tetisheri au British Museum. On<br />

vit Pivoine:Pivoine<br />

surtout <strong>de</strong>s chefs 30.6.2009 d’œuvres super- 11:17 P<br />

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Le choix <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong> – mai 2oo9 divers 7<br />

bes <strong>de</strong> Haute-Egypte et <strong>de</strong> l’époque Tell<br />

Amarna. D’après Jean-Jacques Fiechter,<br />

il y a actuellement <strong>de</strong>s écoles <strong>de</strong> faux<br />

amateurs ou restaurateurs faussaires au<br />

Musée du Caire. On apprend aussi que le<br />

grand maître faussaire était un certain<br />

Oxan Aslanian. Ce luxueux livre d’art a<br />

d’excellentes illustrations, avec souvent<br />

en regard une statue authentique et sa<br />

copie presque parfaite. BC 12<br />

Philippe GINDRAUX<br />

Mes années Gault-Millau<br />

Genève, Slatkine, <strong>2010</strong>, 133 p.<br />

Philippe Gindraux, auteur <strong>de</strong> nombreux<br />

gui<strong>de</strong>s gastronomiques, décrit ses expériences<br />

et ses aventures culinaires aux<br />

côtés <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux chroniqueurs français bien<br />

connus, Christian Gault et Henri Millau.<br />

Plein <strong>de</strong> verve et <strong>de</strong> fantaisie, il commence<br />

son livre <strong>de</strong> façon très enlevée en narrant<br />

sa rencontre avec Gault dans l’aéroport <strong>de</strong><br />

Funchal ( Madère ) dont la piste est « plus<br />

courte que la jupe d’une majorette… ».<br />

Grand connaisseur <strong>de</strong>s meilleures tables<br />

<strong>de</strong> Suisse et <strong>de</strong> Romandie, Philippe<br />

Gindraux nous entraîne à sa suite dans<br />

ses meilleurs et ses moins bons moments<br />

<strong>de</strong> consommateur <strong>de</strong> plats qui se dégagent<br />

lentement <strong>de</strong>s sauces à la crème et<br />

<strong>de</strong>s cuissons grasses à la mo<strong>de</strong> avant les<br />

années 70. Un enchantement pour tous<br />

ceux qui connaissent et se souviennent<br />

<strong>de</strong>s restaurants à la mo<strong>de</strong> à ce momentlà,<br />

ils souriront <strong>de</strong>s mésaventures qu’ils<br />

ont peut-être aussi connues : un mauvais<br />

accueil, un poisson plus frais du tout, une<br />

sala<strong>de</strong> tellement folle qu’elle contenait un<br />

cancrelat… Un excellent moment donc<br />

pour les amateurs <strong>de</strong> bistrots et les collectionneurs<br />

<strong>de</strong> gui<strong>de</strong>s que notre auteur a<br />

eu la bonne idée et le dynamisme <strong>de</strong> lancer<br />

chez nous.<br />

Francis HALLE<br />

La condition tropicale.<br />

Une histoire naturelle,<br />

économique et sociale<br />

<strong>de</strong>s basses latitu<strong>de</strong>s<br />

Arles, Actes Sud, <strong>2010</strong>, 574 p.<br />

Botaniste réputé et biologiste, Francis<br />

Hallé est spécialiste <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong>s<br />

arbres et <strong>de</strong> l’écologie <strong>de</strong>s forêts tropicales<br />

humi<strong>de</strong>s. Son <strong>de</strong>rnier livre est un ar<strong>de</strong>nt<br />

plaidoyer pour les tropiques, ces espaces<br />

situés entre le parallèle du Cancer et<br />

celui du Capricorne. Il brosse un tableau<br />

<strong>de</strong> sciences naturelles, mêlant récits <strong>de</strong><br />

voyages, exposés <strong>de</strong> géologie, <strong>de</strong> géographie,<br />

d’agronomie, <strong>de</strong> biologie, d’analyse<br />

économique et <strong>de</strong> considérations anthropologiques<br />

et morales. Différentes questions<br />

sont posées dont l’inégalité économique<br />

entre les tropiques et les latitu<strong>de</strong>s tempérées,<br />

l’esclavage, la colonisation, le<br />

racisme et l’immigration. Son objectif est<br />

<strong>de</strong> rendre aux tropiques la place qui leur<br />

revient. Tout en montrant que les pays les<br />

plus pauvres sont entre les tropiques, il<br />

analyse le lien mis en évi<strong>de</strong>nce entre latitu<strong>de</strong><br />

tropicale et dénuement économique.<br />

Déterminant quand, pourquoi et comment<br />

la pauvreté a laissé la place à la misère<br />

entre les tropiques tandis qu’aux latitu<strong>de</strong>s<br />

moyennes le développement se poursuivait,<br />

il i<strong>de</strong>ntifie la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’histoire à laquelle<br />

est apparu le contraste entre pays riches et<br />

pays pauvres. Comme il le dit lui-même :<br />

cet ouvrage est un appel à la controverse,<br />

à la discussion sur l’inégalité économique<br />

entre les sociétés humaines. Il est urgent,<br />

face aux réflexes colonisateurs attisés par<br />

la mondialisation, <strong>de</strong> mettre au cœur du<br />

débat cette « condition » <strong>de</strong> l’homme tropical.<br />

Abordant les « vrais problèmes » avec<br />

toute la rigueur scientifique inhérente à sa<br />

profession, il décrit avec passion et poésie<br />

ces tropiques qui lui sont chers. « Il m’est<br />

arrivé d’être traité <strong>de</strong> poète, voire <strong>de</strong> philosophe.<br />

Poètes, vous êtes ici chez vous, la<br />

science sans vous, ne serait que ce qu’elle<br />

est : donnez <strong>de</strong>s ailes à nos concepts ».<br />

Frédéric LENOIR<br />

Socrate, Jésus, Bouddha.<br />

Trois maîtres <strong>de</strong> vie<br />

Paris, Fayard, 2009, 290 p.<br />

Ces trois maîtres <strong>de</strong> vie ont en commun le<br />

fait <strong>de</strong> n’avoir jamais laissé d’écrits. Nous<br />

ne les connaissons que par leurs juges<br />

et leurs disciples. Si nous cherchons <strong>de</strong>s<br />

points communs dans leurs propos, nous<br />

voyons s’imposer la recherche <strong>de</strong> la vérité.<br />

Pour Socrate, la vérité, la connaissance <strong>de</strong><br />

la vraie nature <strong>de</strong>s choses est enfouie au<br />

fond <strong>de</strong> nous. Le Bouddha prononce après<br />

son Eveil, les sermons sur les quatre nobles<br />

vérités et fait <strong>de</strong> la méditation la voie d’accès<br />

à la connaissance <strong>de</strong> la vraie nature <strong>de</strong>s<br />

choses. Jésus affirme <strong>de</strong>vant Ponce Pilate<br />

qu’il est né et n’est venu dans le mon<strong>de</strong> que<br />

pour rendre témoignage à la vérité. Frédéric<br />

Lenoir étudie ce qu’il appelle apprendre à<br />

aimer, <strong>de</strong> l’éros socratique à la compassion<br />

bouddhique et enfin l’agape christique qui<br />

est un amour où dominent la bienveillance<br />

et le don. Si Lenoir appelle ces trois maîtres<br />

<strong>de</strong> vie nos raisons d’être, c’est qu’ils nous<br />

ai<strong>de</strong>nt à vivre, ne proposent pas un bonheur<br />

clés en mains, mais l’aboutissement d’un<br />

travail sur soi, ce sont d’éternels éveilleurs.<br />

TE 234<br />

Greg MORTENSON<br />

Trois tasses <strong>de</strong> thé. La<br />

mission <strong>de</strong> paix d’un<br />

Américain au Pakistan<br />

et en Afghanistan<br />

Traduit <strong>de</strong> l’américain par<br />

Laurence Nerry<br />

Paris, Glénat, 2009, 456 p.<br />

Trois tasses <strong>de</strong> thé est l’épopée d’un<br />

homme qui eut à cœur <strong>de</strong> bâtir <strong>de</strong>s écoles<br />

pour ces enfants <strong>de</strong>s vallées reculées du<br />

Nord du Pakistan oubliés <strong>de</strong> tous y compris<br />

leur propre gouvernement, faute <strong>de</strong><br />

moyens et <strong>de</strong> volonté politique. En 1993,<br />

Greg Mortenson voulait gravir le K2 et<br />

dédier cet exploit à sa jeune sœur trop tôt<br />

décédée. Mais c’était sans compter sur la<br />

main facétieuse du <strong>de</strong>stin. Cet Américain<br />

Banquiers EA 234 Prives:Banquiers Prives 30.6.2009 12:02 Page 1<br />

élevé au Kenya avant <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir alpiniste<br />

et infirmier allait, en se perdant au pied<br />

<strong>de</strong> l’Himalaya, se trouver un nouveau chemin.<br />

Ce livre, vendu à plus <strong>de</strong> trois millions<br />

d’exemplaires dans le mon<strong>de</strong>, est le récit<br />

documentaire d’une vie au service <strong>de</strong>s<br />

plus démunis, dont le principal décor est<br />

cette région entre la Chine, le Tadjikistan,<br />

l’Afghanistan et l’In<strong>de</strong>, le plus souvent coupée<br />

du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> par sa situation géographique,<br />

climatique autant que politique.<br />

Au cours <strong>de</strong>s quinze années que couvre<br />

l’histoire du fondateur du Central Asia<br />

Institute on découvre la montée et la prise<br />

<strong>de</strong> pouvoir <strong>de</strong>s talibans en même temps<br />

que le ru<strong>de</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s populations <strong>de</strong><br />

montagne à la fois pions et victimes <strong>de</strong>s<br />

conflits religieux et territoriaux. Au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> l’aventure humaine et <strong>de</strong>s événements<br />

racontés avec une sincérité et une mo<strong>de</strong>stie<br />

désarmantes, c’est un autre combat<br />

qui se <strong>de</strong>ssine, celui d’un engagement<br />

inconditionnel pour ne pas dire obstiné,<br />

ancré dans la croyance en un mon<strong>de</strong> rendu<br />

meilleur par l’enseignement pour tous et<br />

toutes en ces régions pépinières <strong>de</strong> misère<br />

et d’obscurantisme. GVK 506<br />

Thierry <strong>de</strong> SAUSSURE<br />

L’inconscient,<br />

nos croyances et<br />

la foi chrétienne<br />

Paris, <strong>Edition</strong>s du Cerf, 2009, 313 p.<br />

Théologien et psychanalyste, Thierry<br />

<strong>de</strong> Saussure, professeur honoraire <strong>de</strong>s<br />

Universités <strong>de</strong> Genève, Neuchâtel et<br />

Lausanne réunit dans ce livre le fruit <strong>de</strong><br />

ses trente années d’enseignement sur la<br />

foi et l’inconscient. En exposant tant la<br />

théorie que le fruit personnel <strong>de</strong> sa réflexion<br />

psychanalytique et spirituelle, il conduit le<br />

lecteur à travers <strong>de</strong>s thèmes tels que : « <strong>de</strong><br />

l’idolâtrie au Dieu <strong>de</strong> l’Evangile », « l’accès<br />

à l’altérité », « le fondamentalisme<br />

religieux »… à réfléchir sur sa foi. Avec<br />

culture et respect, il déconstruit le religieux<br />

à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la science psychanalytique pour<br />

mieux accé<strong>de</strong>r au Dieu <strong>de</strong>s Evangiles,<br />

source <strong>de</strong> vie, <strong>de</strong> relation et d’amour en<br />

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8 divers<br />

lequel il pense qu’il vaut la peine <strong>de</strong> croire<br />

( car ce Dieu-là résiste formidablement à<br />

nos projections et attentes ! ). Il éclaire<br />

ainsi sans que ce soit véritablement son<br />

propos sur la crise que subit l’Eglise<br />

dans <strong>de</strong>s environnements où l’apport <strong>de</strong>s<br />

théories <strong>de</strong> Freud a fait chemin et porte<br />

à questionner un pouvoir nécessairement<br />

davantage assis sur le religieux que sur le<br />

message originel. PB 1464<br />

Michel SERRES<br />

Temps <strong>de</strong>s crises<br />

Paris, Le Pommier, 2009, 78 p.<br />

L’académicien, historien <strong>de</strong>s sciences<br />

et philosophe décrypte à sa façon le<br />

séisme économique que nous traversons.<br />

M. Serres entame sa démonstration en<br />

revenant à l’origine du mot « crise », qui<br />

signifie « juger ». Il marque une coupure :<br />

il y a un avant et un après. Il en va <strong>de</strong><br />

et encore<br />

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même avec cet essai brillant et bref : à<br />

contre-courant <strong>de</strong> nombreuses analyses,<br />

il prend <strong>de</strong> la distance et remonte aux six<br />

évènements qui bouleversèrent l’Occi<strong>de</strong>nt<br />

et donnèrent à l’homme un dangereux<br />

sentiment d’omnipotence et <strong>de</strong> détachement<br />

face aux évènements naturels, lui<br />

faisant oublier qu’une crise peut survenir<br />

même <strong>de</strong> ses propres créations : la monnaie<br />

qu’il a créée. L’époque où l’homme<br />

affrontait l’homme est révolue. Le Mon<strong>de</strong><br />

soi-même s’impose comme tiers : « l’Etat<br />

global contemporain ». Il faut entendre ce<br />

que le Mon<strong>de</strong> a à dire, « Notre voix couvrait<br />

le Mon<strong>de</strong>. Il fait entendre la sienne.<br />

Ouvrons les oreilles ». L’auteur compare<br />

finalement ce Mon<strong>de</strong> à un fétiche que<br />

l’homme a façonné au fil <strong>de</strong>s siècles<br />

par sa démographie, son labourage, ses<br />

techniques… et qui maintenant, <strong>de</strong>venu<br />

sujet, le terrifie. Tout comme la monnaie,<br />

elle aussi fétiche, créée par l’homme et<br />

<strong>de</strong>venue incontrôlable. PC 491<br />

Laurent BINET, HHhH, Grasset, <strong>2010</strong>, 440 p. LHA 6233<br />

David BORATAV, Murmures à Beyoğlu, Gallimard, 2009, 355 p.<br />

Robert DARNTON, Le Diable dans un bénitier, Gallimard, <strong>2010</strong>, 695 p. LCG 68<br />

KATHARI et RILLIET, Histoire et gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s cimetières genevois,<br />

Slatkine, 2009, 502 p.<br />

1.1 KAT<br />

Andreï KOURKOV, Laitier <strong>de</strong> nuit, Levi, <strong>2010</strong>, 427 p. LHF 965<br />

Vladimir NABOKOV, Littératures, Bouquins, <strong>2010</strong>, 1211 p. LBA 600<br />

Jeremy PAXMAN, The English. A portrait of a people, Penguin, 1999, 308 p. SFF 90<br />

Jean-Clau<strong>de</strong> SCHMITT, L’invention <strong>de</strong> l’anniversaire, Arkhê, <strong>2010</strong>, 136 p. SF 271<br />

Marielle STAMM, Triangles, L’Age d’homme, 2009, 154 p.<br />

Kim THUY, Ru, Levi, <strong>2010</strong>, 143 p. LHA 6184<br />

Jean-Marie VODOZ ( dir.), Le français, notre maison, Zoé, <strong>2010</strong>, 91 p. LAE 230<br />

XINRAN, Mémoire <strong>de</strong> Chine, Picquier, <strong>2010</strong>, 665 p. PB 1482<br />

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Le coup <strong>de</strong> cœur <strong>de</strong>…<br />

pascal bruckner<br />

Joseph E. STIGLITZ<br />

Le triomphe <strong>de</strong><br />

la cupidité<br />

Paris, Les liens qui libèrent, <strong>2010</strong>, 474 p.<br />

Stiglitz, prix Nobel d’économie et abondant<br />

critique, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années,<br />

du fanatisme du marché est sans doute<br />

la personne la plus autorisée pour décrire<br />

la crise financière qui secoue le mon<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>puis 2007. C’est dans un langage très<br />

accessible qu’il retrace l’enchaînement<br />

<strong>de</strong>s événements qui ont entraîné la faillite<br />

d’un système qui s’était prétendu le seul<br />

possible <strong>de</strong>puis la chute du mur <strong>de</strong> Berlin.<br />

Le titre <strong>de</strong> ce livre, qui se lit à la fois<br />

comme un roman palpitant et l’œuvre d’un<br />

bienvenue<br />

Adhérer à la Société <strong>de</strong> lecture, c’est redécouvrir<br />

le plaisir <strong>de</strong> lire dans un cadre somptueux et profiter <strong>de</strong> :<br />

plus <strong>de</strong> 50 nouveaux livres chaque mois<br />

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Lewis Carroll<br />

Alice au Pays<br />

<strong>de</strong>s Merveilles<br />

Guy <strong>de</strong> Maupassant<br />

Bel Ami<br />

Abbé Prevost<br />

Manon Lescaut<br />

moraliste, exprime bien l’une <strong>de</strong>s convictions<br />

<strong>de</strong> l’auteur, à savoir que les germes<br />

<strong>de</strong> la crise ne peuvent être réduits à <strong>de</strong>s<br />

effets conjoncturels, mais se trouvent<br />

dans le désir pathologique <strong>de</strong>s acteurs<br />

du drame <strong>de</strong> s’enrichir à tout prix, cette<br />

cupidité dont le triomphe a été <strong>de</strong> courte<br />

durée. Les mesures prises en réaction <strong>de</strong><br />

l’effondrement <strong>de</strong>s marchés sont aussi<br />

passées au crible <strong>de</strong> la lucidité <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong>s<br />

rares économistes à avoir prévu l’ampleur<br />

du désastre. Joseph Stiglitz considère<br />

qu’elles n’ont pas pris en compte la profon<strong>de</strong>ur<br />

<strong>de</strong>s dysfonctionnements <strong>de</strong> l’économie<br />

mondiale et suggère pour sa part<br />

<strong>de</strong> penser autrement le mon<strong>de</strong>, rendant à<br />

l’économie sa place réelle, au service <strong>de</strong>s<br />

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