Edition de juin 2010 (N°344) - Societe de Lecture Geneve
Edition de juin 2010 (N°344) - Societe de Lecture Geneve
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Le choix <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />
edito<br />
Chers Membres, nous nous avancerons sans trop <strong>de</strong> risque<br />
à dire qu’une bibliothèque est ce dont vous ne sauriez<br />
vous passer. Elle est elle-même constituée <strong>de</strong> livres dont elle<br />
ne saurait faire l’impasse, livres constitués <strong>de</strong> pages, pages <strong>de</strong><br />
signes, etc. Mais ces liens constitutifs semblent évoluer et ne<br />
plus aller <strong>de</strong> soi. Les bibliothèques numériques arrivent avec leurs<br />
grosses bottes, semant la terreur dans les rangs <strong>de</strong>s papivores.<br />
La Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong> affronte elle aussi ce nouveau défi et se<br />
pose la question <strong>de</strong> son <strong>de</strong>venir. Les collections sont un travail en<br />
perpétuel recommencement. Nos prédécesseurs, nos successeurs<br />
et nous-mêmes, chacun avec ses affinités,<br />
ses objectifs et sa façon <strong>de</strong> voir<br />
la chose travaillons avec cette lour<strong>de</strong><br />
responsabilité <strong>de</strong> faire vivre ce qui est<br />
<strong>de</strong>venu bien plus qu’une bibliothèque :<br />
une chose commune. Nos collections<br />
sont partie intégrante <strong>de</strong> notre i<strong>de</strong>ntité.<br />
Il va falloir engager toutes nos<br />
forces pour gar<strong>de</strong>r cette i<strong>de</strong>ntité sans tailler dans les opportunités<br />
que peuvent offrir les nouvelles technologies. Quelle doit<br />
être la place <strong>de</strong> l’informatique dans nos salons ? Doit-on se lancer<br />
n o 344 <strong>juin</strong> 2o1o<br />
paraît 1o x par an<br />
dans l’acquisition <strong>de</strong> bases <strong>de</strong> données ? Mettre en réseau notre<br />
catalogue ? Demandons-nous aussi ce qu’est une bibliothèque à<br />
nos yeux : une accumulation <strong>de</strong> livres intéressants, ou un choix<br />
draconien <strong>de</strong>s seuls ouvrages voués à la postérité ? Quelle part<br />
accor<strong>de</strong>r aux différentes collections : privilégier certains domaines<br />
<strong>de</strong> compétence – littérature, histoire, théologie – au détriment <strong>de</strong><br />
l’universalité qui faisait jusque-là notre spécificité ? Limiter plus<br />
encore le nombre <strong>de</strong>s nouvelles acquisitions ? Passer au crible<br />
<strong>de</strong>s critères actuels d’achat les collections plus anciennes ?<br />
N’hésitez pas à nous donner votre opinion, pour rendre à notre<br />
Bibliothèque le beau nom <strong>de</strong> Société. Afin <strong>de</strong> conclure, une belle<br />
histoire entendue récemment : la plus ancienne bibliothèque <strong>de</strong><br />
New York, après <strong>de</strong> longues recherches, a trouvé le nom <strong>de</strong> celui<br />
qui emprunta en 1789 <strong>de</strong>ux livres, oubliant <strong>de</strong> les rendre, accumulant<br />
une amen<strong>de</strong> extraordinaire s’élevant à 300 000 dollars. Le<br />
voleur par inadvertance, personnage illustre était pourtant connu<br />
mondialement pour ne jamais avoir menti… Vous avez <strong>de</strong>viné ?...<br />
George Washington himself ! La New York Society Library n’a<br />
évi<strong>de</strong>mment pas exigé le paiement <strong>de</strong> l’amen<strong>de</strong>, mais la simple<br />
restitution <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux volumes. Question bête et cruelle : ces <strong>de</strong>ux<br />
livres avaient-ils manqués à quelqu’un ?... Maxime Canals<br />
JAB<br />
1204 Genève<br />
PP / Journal<br />
www.societe-<strong>de</strong>-lecture.ch<br />
agenda<br />
Pour votre confort, nous tenons désormais<br />
à votre disposition <strong>de</strong>s éventails<br />
Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong> ; vous pouvez les<br />
emprunter lors <strong>de</strong>s conférences ou les<br />
acheter à l’unité au prix <strong>de</strong> CHF 25.–<br />
Solstice en fête<br />
du 18 au Fête <strong>de</strong> la Musique<br />
20 <strong>juin</strong> En collaboration avec le département <strong>de</strong> la<br />
culture / Art musical <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Genève.<br />
Entrée libre<br />
Une visite commentée <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong><br />
<strong>Lecture</strong> ( architecture, bibliothèque,<br />
programmation culturelle ) sera<br />
organisée le samedi 19 <strong>juin</strong> à 13 h.<br />
Parlez-en autour <strong>de</strong> vous…<br />
Places limitées et sur réservation dès<br />
le 7 <strong>juin</strong> auprès du secrétariat.<br />
atelier<br />
4 et Master class sur l’histoire<br />
11 <strong>juin</strong> <strong>de</strong> Genève à travers ses<br />
moments sensibles<br />
par Olivier Fatio<br />
vendredi 12 h 15 - 14 h<br />
cercles <strong>de</strong> lecture<br />
21 <strong>juin</strong> Les pieds dans la page<br />
animé par Pascal Schouwey<br />
lundi 18 h 30 - 20 h 30<br />
Exposition Patrick Chappatte, février <strong>2010</strong><br />
complet<br />
21 <strong>juin</strong> Rome<br />
par Marie-Thérèse Pictet<br />
lundi 14 h -16 h<br />
Grâce au soutien <strong>de</strong> Lenz & Staehelin<br />
Réservations indispensables<br />
à la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />
au 022 311 45 90<br />
Toutes nos conférences sont enregistrées sur CD<br />
et sont disponibles auprès <strong>de</strong> notre secrétariat.
2 romans, littérature<br />
mai 2oo9 – Le choix <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />
romans,<br />
littérature<br />
J.G. BALLARD<br />
Super-Cannes<br />
London, Harper Perennial, 2000<br />
By the time of his <strong>de</strong>ath last year, J.G.<br />
Ballard had achieved cult status for a<br />
generation of rea<strong>de</strong>rs who, growing up in<br />
the 80s and 90s, had become disaffected<br />
with contemporary society in its globalized,<br />
consumerized form. A sign of that<br />
status was the recent homage to Ballard<br />
at one of London’s most stylish art galleries<br />
in the form of an exhibition entitled<br />
Crash, after his third novel. Super-Cannes<br />
represents the best of his recent work,<br />
adapting the amateur-<strong>de</strong>tective genre<br />
to Ballard’s scathing view of the mo<strong>de</strong>rn<br />
world. The novel is set in Europe’s version<br />
of Silicon Valley in the hills above the Côte<br />
d’Azur. Paul Sinclair finds himself there<br />
as the idle companion of his ambitious<br />
wife. She has been hired as staff doctor<br />
to E<strong>de</strong>n-Olympia, a high-security gated<br />
community that houses the headquarters<br />
of several multi-national corporations.<br />
Her pre<strong>de</strong>cessor had gone on a mur<strong>de</strong>r<br />
rampage before taking his own life, and<br />
when Sinclair tries to find out why, life in<br />
the corporate paradise becomes more and<br />
more darkly strange.<br />
Henri BAUCHAU<br />
Déluge<br />
Arles, Actes Sud, <strong>2010</strong>, 169 p.<br />
Après avoir déjà vécu mille vies mystérieuses,<br />
Florian, peintre réputé fou et pyromane,<br />
<strong>de</strong>ssine dans un port du Sud <strong>de</strong> la<br />
France et puis brûle ses <strong>de</strong>ssins dès que<br />
l’on regar<strong>de</strong> ce qu’il a <strong>de</strong>ssiné. L’histoire<br />
démarre sur <strong>de</strong> nouvelles rencontres et<br />
il <strong>de</strong>vient très vite l’instigateur, le catalyseur<br />
et le maître d’une alchimie rendue<br />
visible à travers la création d’une œuvre<br />
picturale aux dimensions multiples et à<br />
la profon<strong>de</strong>ur insondable. Une oeuvre si<br />
vaste et si vivante qu’il ne peut la réaliser<br />
seul. Il sera aidé dans cette folle entreprise<br />
et c’est dans cette participation que<br />
rési<strong>de</strong> le secret <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption et <strong>de</strong> la<br />
transcendance qui sont l’objet véritable<br />
<strong>de</strong> ce Déluge traversé comme l’on traverse<br />
les siècles, en une seule vie, en un seul<br />
tableau. Henri Bauchau nous livre une<br />
fois <strong>de</strong> plus, sous la forme d’un assemblage<br />
d’archétypes dont il a le secret, un<br />
roman-bijou d’une remarquable intensité.<br />
LHA 6228<br />
William BOYD<br />
Orages ordinaires<br />
Traduit <strong>de</strong> l’anglais par Christiane Besse<br />
Paris, Seuil, <strong>2010</strong>, 476 p.<br />
Adam Kindred, jeune climatologue anglais<br />
spécialisé dans la suppression <strong>de</strong> la grêle<br />
dans les orages multicellulaires, est <strong>de</strong><br />
retour à Londres pour un entretien d’embauche<br />
à l’Imperial College, après un long<br />
séjour aux Etats-Unis. Pour se remettre<br />
<strong>de</strong> son entretien, il déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> dîner dans<br />
un restaurant italien où il fait la connaissance<br />
du Dr Philip Wang, allergologue et<br />
immunologue à Oxford, spécialisé dans<br />
les remè<strong>de</strong>s contre l’asthme. Dès cette<br />
rencontre, la vie d’Adam va basculer dans<br />
un tourbillon <strong>de</strong> coïnci<strong>de</strong>nces terribles qui<br />
vont le transformer en suspect principal<br />
du meurtre brutal <strong>de</strong> l’allergologue et le<br />
contraindre à quitter son i<strong>de</strong>ntité pour<br />
pouvoir sauver sa vie. Boyd nous promène<br />
le long <strong>de</strong> la Tamise où Adam Kindred,<br />
dans sa nouvelle condition <strong>de</strong> clochard,<br />
a choisi <strong>de</strong> se réfugier pour survivre. Se<br />
nourrissant <strong>de</strong> victuailles récoltées en faisant<br />
les poubelles et <strong>de</strong> mouette chassée,<br />
le jeune homme va se battre pour mener<br />
sa propre enquête et lutter contre un tueur<br />
lancé à ses trousses, un vétéran <strong>de</strong>s forces<br />
spéciales en Afghanistan transformé en<br />
machine à tuer. De climatologie, il ne sera<br />
malheureusement plus question dans le<br />
roman, car l’auteur en éloignera son protagoniste<br />
impliqué malgré lui dans la spirale<br />
infernale du marché pharmaceutique.<br />
Il détournera le lecteur à plusieurs reprises<br />
dans <strong>de</strong> nombreux méandres allant <strong>de</strong> la<br />
misère <strong>de</strong>s cités londoniennes aux dérives<br />
d’une couche sociale plus aisée et victime<br />
<strong>de</strong> sa propre oisiveté.<br />
William BOYD<br />
The new confessions<br />
London, Penguin, 1988, 571 p.<br />
William Boyd is perhaps the freshest and<br />
most original of contemporary British novelists,<br />
while remaining wholly accessible<br />
as a great story-teller. This novel presents<br />
the autobiography of John James Todd,<br />
who has lived as a neglected genius of<br />
the twentieth century while participating<br />
in all of its most important moments,<br />
from World War I to the Weimar Republic to<br />
the anticommunist McCarthy hearings in<br />
America. Born at the dawn of the century,<br />
Todd becomes a British Army cameraman<br />
on the Western front in the Great War. In a<br />
German prisoner of war camp he discovers<br />
Rousseau’s Confessions, which gives him<br />
a mission in life : to make a film of this<br />
monumental 18 th -century memoir. The story<br />
of Todd’s lifelong attempt to realise the<br />
film becomes his own Confessions. Todd’s<br />
confessions emulate those of the Citizen of<br />
Geneva in their historical sweep and their<br />
soul-baring honesty as he comes to terms<br />
with his fate, late in life, as a director of B<br />
westerns. An engaging and amusing narrative<br />
tour <strong>de</strong> force. LHC 5484 B<br />
T.C. BOYLE<br />
Les Femmes<br />
Traduit <strong>de</strong> l’anglais ( Etats-Unis ) par<br />
Bernard Turle<br />
Paris, Grasset, <strong>2010</strong>, 581 p.<br />
à plusieurs reprises, dans le Wisconsin et<br />
qui sera dupliqué <strong>de</strong>ux décennies plus tard<br />
en Arizona, sous le nom <strong>de</strong> Taliesin West.<br />
T.C. Boyle, résidant d’une maison <strong>de</strong>ssinée<br />
par Wright à Santa Barbara, s’est inspiré<br />
<strong>de</strong> nombreuses biographies pour composer<br />
cette vaste fiction anachronique sur<br />
les relations tumultueuses entre Wright,<br />
ses épouses et ses maîtresses. Un roman<br />
conçu comme un véritable labyrinthe, où<br />
le lecteur se perd dans les méandres <strong>de</strong>s<br />
déboires conjugaux <strong>de</strong> l’architecte. Reste,<br />
heureusement, le récit d’une aventure<br />
humaine guidée par une vision idéaliste et<br />
mo<strong>de</strong>rne. LHC 4793 B<br />
René <strong>de</strong> CECCATY<br />
Alberto Moravia<br />
Paris, Flammarion, <strong>2010</strong>, 678 p.<br />
Quand bien même on n’aurait pas fait <strong>de</strong><br />
Moravia, observateur cynique et pessimiste<br />
<strong>de</strong> la bourgeoisie italienne, sa lecture<br />
<strong>de</strong> chevet, on se laissera captiver par<br />
cette intelligente et à coup sûr exhaustive<br />
biographie qui à la fois présente l’homme<br />
inséré dans son temps ( 1907-1990 ) et<br />
fournit une analyse pertinente <strong>de</strong> son<br />
œuvre. Une tuberculose osseuse aux<br />
séquelles persistantes dans l’âge adulte<br />
assombrit tôt son enfance et entrave sa<br />
scolarité. Il ne <strong>de</strong>vra qu’à lui-même sa<br />
gran<strong>de</strong> culture et à la solitu<strong>de</strong> du sanatorium<br />
peut-être, sa précocité. Il n’a que<br />
22 ans en effet lorsque paraît Les indifférents,<br />
un premier roman qui lui vaut une<br />
célébrité immédiate en attendant que son<br />
anticonformisme et son absence <strong>de</strong> préjugés<br />
le fassent honnir <strong>de</strong> la société bienpensante<br />
et mettre à l’In<strong>de</strong>x par le Vatican.<br />
Il ne sera pas davantage en o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> sainteté<br />
auprès du régime fasciste qu’il exècre<br />
sans le combattre ouvertement ( ce qu’on<br />
lui reprochera ) mais qui le ménage pourtant<br />
en dépit <strong>de</strong> ses origines juives. Une<br />
trentaine <strong>de</strong> romans suivront le premier,<br />
dont certains adaptés au cinéma, ainsi<br />
que <strong>de</strong> nombreuses nouvelles qui assureront<br />
longtemps sa vie matérielle en même<br />
Avec ce roman, T.C. Boyle s’attaque à l’icône<br />
<strong>de</strong> l’architecture mo<strong>de</strong>rne américaine,<br />
Frank Lloyd Wright. Le lecteur pénètre dans<br />
l’univers singulier <strong>de</strong> l’architecte à partir<br />
du récit d’un jeune narrateur japonais,<br />
venu aux Etats-Unis étudier l’architecture<br />
après le succès remporté par la construction<br />
<strong>de</strong> l’hôtel Impérial à Tokyo. Le prologue<br />
nous décrit l’arrivée <strong>de</strong> cet étudiant temps qu’une activité <strong>de</strong> reporter au gré<br />
à Moser:Moser Taliesin, ce célèbre 30.6.2009 phalanstère 10:01 érigé, Page <strong>de</strong> laquelle, 1 curieux <strong>de</strong> tout, il parcourra le<br />
Préparation à la maturié Suisse<br />
et à la maturité mention bilingue<br />
4 Saveurs:4 Enseignement Saveurs dès 30.6.2009 le 3 e <strong>de</strong>gré 9:51 Page 1<br />
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Le choix <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong> – mai 2oo9 romans, littérature 3<br />
vaste mon<strong>de</strong>. Car Alberto Moravia, d’une<br />
activité confondante, écrit, voyage, noue<br />
<strong>de</strong>s amitiés durables, attire les femmes et<br />
les séduit, se marie avec l’explosive Elsa<br />
Morante dont il juge le talent supérieur au<br />
sien, représente l’Italie au Parlement européen<br />
et avec le recul du temps, domine <strong>de</strong><br />
sa stature la littérature italienne du XX e<br />
siècle. LCC 127<br />
Régis DEBRAY<br />
Dégagements<br />
Paris, Gallimard, <strong>2010</strong>, 288 p.<br />
Ces considérations sont à la base <strong>de</strong>s<br />
articles <strong>de</strong> la Revue Medium sous le titre<br />
Pense-bête. Elles relèvent, dit l’auteur,<br />
d’un mauvais esprit qui consiste quand<br />
un sage montre la lune à regar<strong>de</strong>r son<br />
doigt. Debray considère donc les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
pensée et d’écriture, il aime Marcel Proust<br />
et Julien Gracq ; il déteste les clichés,<br />
les rengaines, les à-peu-près. Il écrase<br />
l’infâme à chaque page et pense comme<br />
Valéry, le mon<strong>de</strong> ne vaut que par les extrêmes<br />
et ne dure que par les moyennes. Il ne<br />
vaut que par les ultras et ne dure que par<br />
les modérés.<br />
Corinne DESARZENS<br />
Le gris du Gabon<br />
Vevey, l’Aire, 2009, 269 p.<br />
Le récit s’organise autour d’une certaine<br />
Ariane, à laquelle Corinne Desarzens a<br />
certainement prêté quelques-uns <strong>de</strong> ses<br />
traits. Elle donne, bénévolement, <strong>de</strong>s<br />
cours <strong>de</strong> français à <strong>de</strong>s requérants d’asile<br />
venus <strong>de</strong> divers pays africains, jeunes<br />
hommes « nés au mauvais moment et du<br />
mauvais côté du mon<strong>de</strong> », qui n’ont « ni le<br />
droit d’être ici, ni celui d’aller ailleurs »,<br />
provisoirement installés, ou pour mieux<br />
dire entreposés, dans un abri anti-atomique,<br />
à Nyon. Ariane mesure le fossé qui<br />
sépare ses sentiments <strong>de</strong>s réalités <strong>de</strong><br />
l’administration, <strong>de</strong>s expulsions musclées,<br />
et <strong>de</strong>s froi<strong>de</strong>s statistiques. Ce roman ne<br />
ménage pas la politique d’immigration<br />
<strong>de</strong> la Suisse, mais il ne se veut ni traité<br />
didactique, ni démonstration ordonnée. On<br />
y croise beaucoup <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>, entre autres<br />
<strong>de</strong>s trafiquants <strong>de</strong> perroquets, tout particulièrement<br />
<strong>de</strong>s remarquables « gris du<br />
Gabon ». Une petite fille a disparu, elle en<br />
avait justement <strong>de</strong>ssiné un ! L’auteur ouvre<br />
à chaque instant <strong>de</strong>s parenthèses quelquefois<br />
déconcertantes, parsème son texte<br />
<strong>de</strong> citations littéraires et philosophiques,<br />
ou d’allusions politiques. Ce livre, fait <strong>de</strong><br />
nombreux fragments qui parfois s’ajustent<br />
mal, ressemble à la vie. 16.2 DESA 5<br />
Jean-Louis EZINE<br />
Les taiseux<br />
Paris, Gallimard, 2009, 225 p.<br />
Un très beau livre, dans lequel l’auteur se<br />
libère peut-être d’un secret qui a dû l’obsé<strong>de</strong>r.<br />
Il ne s’est pas toujours appelé ainsi.<br />
Ezine est le nom du mari <strong>de</strong> sa mère, un<br />
homme alcoolique, grossier et brutal, dont<br />
il ne voudra jamais croiser le regard. A côté<br />
<strong>de</strong> ce beau-père honni, il cherche à percer<br />
le mystère du père absent. La mère n’apporte<br />
pas <strong>de</strong> réponse, mais sème quelques<br />
indices: <strong>de</strong>s photos, une casquette d’aviateur…<br />
Il construit tout un roman au sujet<br />
<strong>de</strong> cet homme invisible. Plus tard, il le rencontre,<br />
une seule fois ; c’était un coureur,<br />
un don Juan du bocage normand, qui semait<br />
les enfants au gré <strong>de</strong> ses caprices. Sept<br />
femmes et onze enfants… Le matin <strong>de</strong> son<br />
entrée en sixième, sa mère étant hospitalisée,<br />
le jeune garçon se retrouve dans un<br />
internat, où pendant plusieurs années, il<br />
ne recevra ni lettre, ni visite. Il se « défendra<br />
» en découvrant les livres, les étu<strong>de</strong>s,<br />
la philosophie, et aussi en excellant dans<br />
les compétitions sportives. Plus tard, il<br />
poursuit sa quête obstinée, mais examine<br />
les choses d’un œil plus serein, cherche à<br />
contacter ses <strong>de</strong>mi-frères et sœurs, interroge<br />
l’histoire et découvre que sa généalogie<br />
est pleine d’incertitu<strong>de</strong>s. Il écoute<br />
les rumeurs du village et fantasme… Le<br />
lecteur gar<strong>de</strong>ra l’image du garçonnet qui<br />
<strong>de</strong>mandant à la boulangère : « un pain <strong>de</strong><br />
fantaisie d’une <strong>de</strong>mi-livre s’il vous plait »,<br />
s’entend répondre : « Vous voulez dire un<br />
bâtard ? » ; et l’auteur commente : « On a<br />
débaptisé la tête-<strong>de</strong>-nègre, mais le bâtard<br />
résiste ». LM 190<br />
Dominique FERNANDEZ<br />
Avec Tolstoï<br />
Paris, Grasset, <strong>2010</strong>, 330 p.<br />
Avec cette passionnante leçon <strong>de</strong> littérature,<br />
Dominique Fernan<strong>de</strong>z, normalien,<br />
écrivain, nous donne très envie <strong>de</strong> nous<br />
replonger dans l’œuvre <strong>de</strong> Tolstoï. Avec<br />
perspicacité et sensibilité il nous conduit<br />
dans la personnalité complexe du grand<br />
romancier <strong>de</strong> l’aventure humaine et loin<br />
d’une biographie classique, nous invite<br />
en fait à sa rencontre très personnelle<br />
avec Tolstoï dont il nous fait visiter à sa<br />
guise tant les lieux <strong>de</strong> vie que les principales<br />
œuvres. Il nous donne à admirer<br />
particulièrement la limpidité <strong>de</strong> son style,<br />
sa « capacité à placer sa confiance dans<br />
la force <strong>de</strong> ce qui est dit plutôt que dans<br />
la façon <strong>de</strong> le dire » se situant ainsi avec<br />
succès dans l’intemporel, loin <strong>de</strong>s excès<br />
et paroxysmes <strong>de</strong> Dostoïevski notamment.<br />
Dans un texte très stimulant, enthousiaste<br />
et personnel, l’auteur qui se révèle autant<br />
qu’il ne cherche à le faire pour Tolstoï, nous<br />
interpelle aussi sur l’ « universalité » <strong>de</strong>s<br />
grands écrivains… LBA 775<br />
Hélène FREDERICK<br />
La poupée <strong>de</strong> Kokoschka<br />
Paris, Verticales, <strong>2010</strong>, 219 p.<br />
Par la vertu singulière <strong>de</strong> ce très remarquable<br />
premier roman, nous voici transportés<br />
à Munich durant les <strong>de</strong>rnières<br />
années <strong>de</strong> la Guerre <strong>de</strong> 1914-1918 dans<br />
l’univers clos <strong>de</strong> l’atelier d’ Hermine Moos,<br />
fabricante <strong>de</strong> marionnettes et dans celui,<br />
plus secret encore, <strong>de</strong> son cahier <strong>de</strong> travail,<br />
<strong>de</strong>venu journal intime au fil <strong>de</strong>s pages.<br />
Elle y consigne les étapes d’une étrange<br />
entreprise : elle doit, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’Oscar<br />
Kokoschka, créer une « poupée » gran<strong>de</strong>ur<br />
nature <strong>de</strong> celle qui fut sa maîtresse et qui<br />
vient <strong>de</strong> le quitter, Alma Mahler. Si le cahier<br />
fait état <strong>de</strong>s difficultés techniques accrues<br />
par les restrictions <strong>de</strong> toutes sortes dues<br />
à la guerre, il laisse entrevoir les drames<br />
personnels et les blessures que ces quatre<br />
années ont infligées à la jeune femme.<br />
Celle-ci, pour mieux entrer dans l’univers <strong>de</strong><br />
Kokoschka, qu’elle nomme mon « Maître »<br />
et pour qui grandit en elle une étrange<br />
fascination, s’est procurée <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong><br />
l’artiste. Dès lors, chaque entrée du journal<br />
s’accompagne <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription à la fois<br />
réaliste et inspirée d’un <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ssins : la<br />
maigreur du jeune saltimbanque du Porträt<br />
<strong>de</strong>s Knochens ( 1908 ) ou la pose torturée<br />
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4 romans, littérature<br />
mai 2oo9 – Le choix <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />
<strong>de</strong> la femme du Liegen<strong>de</strong>r weiblicher<br />
Rückenakt ( 1913 ) communiquent ainsi<br />
leur étrangeté aux pages fiévreuses dans<br />
lesquelles Hermine relate au jour le jour la<br />
création folle <strong>de</strong> cette « femme-murmure »<br />
qui l’envahit peu à peu. Et nous envahit.<br />
LHA 6210<br />
Anne-Marie GARAT<br />
Pense à <strong>de</strong>main<br />
Arles, Actes Sud, <strong>2010</strong>, 714 p.<br />
A-t-on aimé Dans la main du diable et<br />
L’enfant <strong>de</strong>s ténèbres ? Alors on se jettera<br />
fatalement sur le troisième volume<br />
<strong>de</strong> cette fresque brillante qui s’achève<br />
avec les <strong>de</strong>rnières décennies du XX e siècle.<br />
Mais il faut être prêt à réviser son<br />
emploi du temps une fois livré, lecteur<br />
sans défense, à une magicienne qui vous<br />
retiendra captif quelques centaines <strong>de</strong><br />
pages durant, dans les méandres – allers<br />
et retours, passé, présent – d’une narration<br />
généreuse et vivace, suscitant <strong>de</strong>s<br />
personnages nouveaux, jamais indifférents,<br />
en éclairant d’autres, rencontrés<br />
déjà mais <strong>de</strong>meurés obscurs, et disposant<br />
ça et là, sans insister, tel ou tel détail qui<br />
anticipe sur le futur et intrigue au point<br />
que – décidément, non ! – impossible <strong>de</strong><br />
s’interrompe là… Et <strong>de</strong> précipiter l’allure<br />
afin d’en avoir le cœur net, quitte à revenir<br />
sur ses pas pour apprécier mieux le talent<br />
d’une narratrice qu’une docte explication<br />
<strong>de</strong> texte classerait dans la catégorie <strong>de</strong>s<br />
auteurs « omniscients ». Omniscient,<br />
à l’ancienne, démodé ? Quel bonheur !<br />
Succès et infortunes, amours et abandons,<br />
loyautés et trahisons, retrouvailles<br />
et disparitions, les <strong>de</strong>stins individuels<br />
fictifs se nouent et s’entrecroisent dans<br />
une richesse et une profusion maîtrisées<br />
qui sont celles <strong>de</strong> la vie même et s’inscrivent<br />
sur la toile <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> mutations<br />
sociales et d’événements historiques très<br />
exactement documentés. La toile <strong>de</strong> fond<br />
d’un siècle qui, ainsi saisi en raccourci,<br />
apparaît pour ce qu’il a été : calamiteux.<br />
LHA 10879/3<br />
Adrien GOETZ<br />
Le coiffeur <strong>de</strong><br />
Chateaubriand<br />
Paris, Grasset, <strong>2010</strong>, 174 p.<br />
Adrien Goetz, normalien, agrégé d’histoire,<br />
interrompt momentanément sa série<br />
<strong>de</strong> Pénélope dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s musées<br />
( Intrigue à l’anglaise, La dormeuse <strong>de</strong><br />
Naples, prix Arsène Lupin, prix Roger Nimier<br />
et <strong>de</strong>s Deux Magots, respectivement ) pour<br />
revenir à la pério<strong>de</strong> romantique qui lui<br />
est chère avec ce petit roman tout à fait<br />
jubilatoire. Quand Adolphe Pâques ( réel<br />
Figaro <strong>de</strong> Chateaubriand au point d’avoir<br />
composé un tableau exposé à Saint Malo…<br />
fait <strong>de</strong>s cheveux <strong>de</strong> celui-ci ! ) coiffe le<br />
grand homme, il <strong>de</strong>vient sous la plume<br />
<strong>de</strong> Goetz, son confi<strong>de</strong>nt et ami, premier<br />
lecteur –mais aussi pirate- <strong>de</strong>s Mémoires<br />
d’outre-tombe dont l’attente faisait frémir<br />
le Tout-Paris et éveillait bien <strong>de</strong>s intrigues.<br />
Goetz nous les fait revivre avec humour et<br />
brio en insérant notamment avec malice le<br />
personnage d’une jeune métisse, <strong>de</strong>rnier<br />
amour prêté à un Chateaubriand vieillissant<br />
mais encore séducteur… Bravo à ce<br />
bref roman historique plein d’imagination<br />
et <strong>de</strong> trouvailles qui a obtenu le 15 avril le<br />
Grand Prix Palatine du Roman Historique.<br />
LHA 6210<br />
Le Marignac<br />
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Günter GRASS<br />
L’Agfa Box<br />
Traduit <strong>de</strong> l’allemand par<br />
Jean-Pierre Lefebvre<br />
Paris, Seuil, <strong>2010</strong>, 231 p.<br />
Famille recomposée : huit enfants adultes,<br />
<strong>de</strong> quatre mères différentes, ont accepté<br />
l’invitation <strong>de</strong> leur père à venir raconter<br />
leurs souvenirs autour <strong>de</strong> la potée <strong>de</strong> lentilles<br />
qu’il leur a cuisinée, un choix n’impliquant<br />
aucun symbolisme car une belle<br />
complicité que nul droit d’aînesse ne vient<br />
troubler semble sou<strong>de</strong>r la <strong>de</strong>scendance du<br />
patriarche. Très présente aussi la vieille<br />
Mariette, témoin <strong>de</strong> toujours, sous les<br />
espèces immatérielles <strong>de</strong>s innombrables<br />
photos auxquelles on se réfère et qu’elle<br />
aurait captées au moyen d’un vieil Agfa<br />
Box d’avant-guerre, un appareil magique<br />
capable <strong>de</strong> saisir aussi bien le passé que<br />
l’avenir et <strong>de</strong> réaliser les vœux secrètement<br />
formulés par chacun. C’est donc,<br />
semée d’anecdotes et revisitée sur un ton<br />
léger, bon enfant, une nouvelle biographie<br />
<strong>de</strong> l’écrivain qui, contrairement à la précé<strong>de</strong>nte,<br />
( Pelures d’oignon ) ne <strong>de</strong>vrait<br />
pas susciter <strong>de</strong> vagues en Allemagne…<br />
LHB 155<br />
Rahel HUTMACHER<br />
Fille<br />
Coupole:Coupole 30.6.2009 10:25 Page 4<br />
Traduit <strong>de</strong> l’allemand ( Suisse ) par<br />
Fernand Cambon<br />
Paris, José Corti, <strong>2010</strong>, 142 p.<br />
La difficulté d’élever seule une fille, <strong>de</strong> la<br />
voir peu à peu prendre son indépendance,<br />
<strong>de</strong> la laisser faire l’expérience <strong>de</strong> la vie et<br />
<strong>de</strong> l’amour, puis partir, on peut la dire <strong>de</strong> LHA 6200<br />
bien Valartis:Valartis <strong>de</strong>s manières. Rahel Hutmacher, 30.6.2009 qui 11:48 Page 1<br />
est conteuse, et musicienne, a choisi <strong>de</strong><br />
l’exprimer en poète dans <strong>de</strong> courtes proses<br />
où elle emprunte à la nature les images qui<br />
évoquent, mieux que les mots <strong>de</strong>s psychothérapeutes<br />
( c’est également la profession<br />
<strong>de</strong> l’auteur ), la douceur animale <strong>de</strong><br />
la maternité et son cortège d’incertitu<strong>de</strong>s<br />
et d’inquiétu<strong>de</strong>s. De ces poèmes en prose,<br />
Fernand Cambon s’est efforcé <strong>de</strong> rendre la<br />
force <strong>de</strong> suggestion et le rythme. On pense<br />
à <strong>de</strong>s comptines, aussi à ces chansons où,<br />
dans une inspiration proche <strong>de</strong> la nature,<br />
Anne Sylvestre inventait un dialogue entre<br />
une mère et sa « fille folle, amante du<br />
vent ». LFA 45<br />
Régis JAUFFRET<br />
Sévère<br />
Paris, Seuil, <strong>2010</strong>, 160 p.<br />
Jauffret avait habitué son public à une<br />
imagination délirante qui est bridée dans<br />
ce roman par sa référence à un fait divers<br />
qui fut l’objet d’une intense médiatisation.<br />
En choisissant <strong>de</strong> s’insinuer dans<br />
la tête <strong>de</strong> Cécile B., amante, « secrétaire<br />
sexuelle » et meurtrière du banquier<br />
Edouard Stern, l’auteur joue <strong>de</strong> manière<br />
habile sur les rapports complexes <strong>de</strong> la<br />
vérité et <strong>de</strong> la fiction. « Je suis romancier,<br />
je mens comme un meurtrier ». La confession<br />
étrangement calme, détachée, <strong>de</strong> la<br />
narratrice, <strong>de</strong>vient l’histoire d’une cruelle<br />
et troublante manipulation. La justesse du<br />
ton, la savante construction qui juxtapose<br />
et croise les diverses temporalités du récit,<br />
l’étrange fascination que provoquent les<br />
personnages qui inspirent l’auteur, sont<br />
les ingrédients d’un livre très efficace.<br />
<strong>de</strong>puis<br />
1967<br />
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Les filets <strong>de</strong> perches<br />
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Le choix <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong> – mai 2oo9 histoire, biographies 5<br />
Inaam KACHACHI<br />
Si je t’oublie, Bagdad<br />
Traduit <strong>de</strong> l’arabe ( Irak ) par<br />
Ola Mehanna et Khaled Osman<br />
Paris, Liana Levi, 2009, 221 p.<br />
Ecrivain, journaliste et correspondante<br />
<strong>de</strong> presse irakienne pour <strong>de</strong>s journaux<br />
arabes <strong>de</strong>puis une vingtaine d’années à<br />
Paris, Inaam Kachachi <strong>de</strong>meure très attachée<br />
à ses racines. Son héroïne, Zeina,<br />
a quitté l’Irak avec sa famille pour les<br />
Etats-Unis, son père ayant été accusé <strong>de</strong><br />
conspiration contre le régime <strong>de</strong> Saddam<br />
Hussein. Quinze ans plus tard, elle déci<strong>de</strong><br />
d’y retourner comme interprète <strong>de</strong> l’armée<br />
américaine. Elle rêve <strong>de</strong> serrer dans ses<br />
bras sa grand-mère Rahma, veuve d’un<br />
colonel <strong>de</strong> l’armée irakienne, et restée au<br />
pays. Convaincue au départ <strong>de</strong> participer<br />
à une cause juste, au fil <strong>de</strong>s jours le doute<br />
et le malaise s’installent et elle éprouve<br />
<strong>de</strong> la honte à revenir vêtue <strong>de</strong> l’uniforme<br />
américain. « Je souffrais d’un mal indéfinissable.<br />
Je me posais <strong>de</strong>s questions :<br />
étais-je une hypocrite, une Américaine<br />
à double visage ? Ou bien une Irakienne<br />
temporairement en sommeil, comme ces<br />
espions dormant qu’on infiltre <strong>de</strong>s années<br />
à l’avance en territoire ennemi ? » Inaam<br />
Kachachi nous trace le beau portrait d’une<br />
femme déchirée entre <strong>de</strong>ux i<strong>de</strong>ntités. Jour<br />
après jour, la can<strong>de</strong>ur tombe pour laisser<br />
place à la désillusion. « Je suis rentrée <strong>de</strong><br />
Bagdad en rapportant dans ma besace la<br />
moisson suivante : un chagrin pareil à du<br />
miel raffiné, épais, poisseux et transluci<strong>de</strong><br />
». Ecrit dans une langue percutante,<br />
ce roman illustre le tourment intérieur <strong>de</strong>s<br />
Irakiens expatriés en Amérique et dont<br />
l’attachement fusionnel à leur pays d’origine<br />
reste intact. A la douleur <strong>de</strong>s familles<br />
américaines en<strong>de</strong>uillées aux Etats-Unis<br />
répond le ressentiment <strong>de</strong>s Irakiens à<br />
l’égard <strong>de</strong>s envahisseurs américains.<br />
Charles LEWINSKY<br />
Un village sans histoires<br />
Traduit <strong>de</strong> l’allemand par Léa Marcou<br />
Paris, Grasset, <strong>2010</strong>, 383 p.<br />
Publié en allemand en 2007 sous le titre<br />
<strong>de</strong> Johannistag, ce livre avait déjà obtenu<br />
le Prix <strong>de</strong> la Fondation Schiller en 2000.<br />
Courtillon, hameau situé quelque part<br />
en France, est ce village sans histoires<br />
jusqu’à ce qu’un étranger, un Allemand en<br />
exil forcé, vienne s’y installer pour y retrouver<br />
la paix. Tout commence à la première<br />
personne, lorsque ledit étranger se met à<br />
décrire son quotidien dans une série <strong>de</strong> lettres.<br />
Puis au fil <strong>de</strong>s pages et grâce à l’incroyable<br />
talent <strong>de</strong>scriptif du narrateur, le<br />
lecteur pénètre dans les arcanes <strong>de</strong> l’histoire.<br />
D’une part, ces lettres s’adressent à<br />
la bien aimée du protagoniste, une bien<br />
aimée aux réponses rares, mis à part l’unique<br />
lettre rédigée avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> son mé<strong>de</strong>cin.<br />
On n’en dira pas plus à ce sujet. De<br />
l’autre, les personnages du village <strong>de</strong>viennent<br />
<strong>de</strong> plus en plus réels et l’on constate<br />
rapi<strong>de</strong>ment que tout le mon<strong>de</strong> se connaît<br />
à Courtillon. Comme pour un calendrier<br />
<strong>de</strong> l’Avent, l’auteur nous invite à pénétrer<br />
dans ce mon<strong>de</strong> clos où règne le non-dit, au<br />
fur et à mesure que le narrateur rencontre<br />
un <strong>de</strong>s habitants qui lui dévoilera un pan<br />
<strong>de</strong> l’histoire. Un roman qui ne pourra laisser<br />
le lecteur insensible, l’analyse objective<br />
<strong>de</strong> chaque habitant décrite avec une telle<br />
précision et une fine perspicacité, donnera<br />
vie à ces personnages auxquels il finira par<br />
s’attacher. LHB 156<br />
Eric-Emmanuel SCHMITT<br />
Concerto à la<br />
mémoire d’un ange<br />
Paris, Albin Michel, <strong>2010</strong>, 230 p.<br />
Ce troisième recueil <strong>de</strong> nouvelles <strong>de</strong> E.-E.<br />
LD 385<br />
Schmitt nous présente <strong>de</strong>s héros à qui, un<br />
jour, la ré<strong>de</strong>mption est offerte. Ces quatre<br />
histoires bien rythmées et captivantes n’ont<br />
en apparence aucun point commun, sauf<br />
la présence permanente et mystérieuse <strong>de</strong><br />
Payot:Payot 30.6.2009 11:52 Page Sainte 1 Rita, patronne <strong>de</strong>s causes désespé-<br />
rées qui semble gui<strong>de</strong>r l’existence <strong>de</strong>s différents<br />
personnages. La première nouvelle<br />
abor<strong>de</strong> la perversion criminelle. Absorbée<br />
à dominer la vie et à compenser ses frustrations<br />
« L’empoisonneuse » pourra-telle<br />
participer à cette ré<strong>de</strong>mption ? « Le<br />
retour », titre symbolique, nous décrit un<br />
homme vivant en mer pour échapper à la<br />
terre et à son univers douloureux. Chagrin<br />
d’avoir été un mauvais père, il prend<br />
conscience <strong>de</strong> son être intérieur et <strong>de</strong> ses<br />
sentiments suite à une nouvelle tragique.<br />
« Concerto à la mémoire d’un ange » dont<br />
le titre est tiré <strong>de</strong> l’œuvre pour violon d’Alban<br />
Berg nous parle d’un bourreau qui<br />
<strong>de</strong>vient victime. Le thème n’est pas sans<br />
nous rappeler celui <strong>de</strong> Caïn et Abel. « Un<br />
amour à l’Elysée » nous relate la vie d’un<br />
couple public enferré dans le mensonge<br />
et qui, suite à une cassure, trouve la voie<br />
<strong>de</strong> la lumière. Quatre histoires liées entre<br />
elles par plusieurs questions fondamentales<br />
: Quelle est la part <strong>de</strong> la liberté, du <strong>de</strong>stin<br />
dans l’existence ? Sommes-nous libres<br />
<strong>de</strong> changer et <strong>de</strong>venir le créateur <strong>de</strong> notre<br />
vie ? Quand y a-t-il ré<strong>de</strong>mption ou damnation<br />
? LHA 6187<br />
Prix Goncourt <strong>de</strong> la Nouvelle <strong>2010</strong><br />
histoire,<br />
biographies<br />
François d’AUBERT<br />
Colbert. La vertu usurpée<br />
Paris, Perrin, <strong>2010</strong>, 445 p.<br />
Académie, <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong> peinture et<br />
<strong>de</strong> sculpture, puis l’Académie royale d’architecture.<br />
Toutes ces institutions étaient<br />
uniquement vouées à la gloire du roi par<br />
<strong>de</strong>s œuvres sévèrement contrôlées. Mais ce<br />
Colbert était avant tout un politique, archétype<br />
<strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong> pouvoir, dominé par<br />
<strong>de</strong>ux passions, l’ambition et l’argent et a<br />
utilisé le pouvoir pour accroître sa fortune.<br />
Dénué <strong>de</strong> scrupules, cynique et intéressé,<br />
ses succès dépendaient <strong>de</strong> la faveur royale<br />
qu’il flatta sans vergogne. HF 445<br />
Elizabeth COQUART<br />
La fron<strong>de</strong>use : Marguerite<br />
Durand, patronne <strong>de</strong><br />
presse et féministe<br />
Paris, Payot, <strong>2010</strong>, 346 p.<br />
Marguerite Durand ( 1864-1936 ) a quatorze<br />
ans lorsque s’ouvre à Paris le 1 er<br />
mai 1878 l’Exposition universelle, elle<br />
en a dix-sept lorsque s’ouvrent <strong>de</strong>vant<br />
elle, après <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> Conservatoire, les<br />
portes <strong>de</strong> la Comédie-Française ; qu’elle<br />
quitte cinq ans plus tard par amour pour<br />
un avocat, Georges Laguerre, qui l’initie à<br />
la politique et au journalisme. Fille naturelle<br />
d’une mère artiste qui s’est voulue<br />
libre, Marguerite sera <strong>de</strong> tous les combats,<br />
boulangiste, dreyfusar<strong>de</strong>, elle va fon<strong>de</strong>r en<br />
1897 son propre journal, La Fron<strong>de</strong>, entièrement<br />
écrit et fabriqué par <strong>de</strong>s femmes et<br />
ne cessera <strong>de</strong> soutenir la cause <strong>de</strong>s femmes,<br />
combattant pour voir reconnus leurs<br />
droits et pour faire changer les lois qui<br />
leur refusent l’éligibilité et le droit <strong>de</strong> vote.<br />
Ce livre bien documenté, à qui manquent<br />
pour nous séduire tout à fait, <strong>de</strong>s qualités<br />
littéraires que ne semble pas rechercher<br />
l’auteur journaliste avant tout, fait le portrait<br />
d’une femme d’action, restée femme,<br />
mondaine, séductrice et dépensière, mais<br />
idéaliste et généreuse. Elle fait aussi le<br />
portrait d’une époque mouvementée, où<br />
elle tint un rôle important jusqu’à sa mort<br />
en 1936, dans cette bibliothèque du Ve<br />
arrondissement qu’elle venait <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r,<br />
Etonnant portrait d’un homme assoiffé<br />
d’argent et <strong>de</strong> pouvoir, qui influença <strong>de</strong><br />
manière importante le siècle <strong>de</strong> Louis XIV.<br />
Mo<strong>de</strong>ste intendant privé <strong>de</strong> Mazarin, il<br />
affirma sa puissance <strong>de</strong> superintendant<br />
<strong>de</strong>s finances du roi et contribua à la<br />
gloire royale, après avoir éliminé son rival<br />
Fouquet. Impossible <strong>de</strong> résumer une vie<br />
aussi active sur le plan économique mais<br />
aussi sur l’armée, la marine reconstituée à<br />
Rochefort et un important mécénat d’Etat.<br />
On Galerie doit à Colbert GrandRue:Galerie la création <strong>de</strong> la GrandRue Petite place 30.6.2009 du Panthéon. 10:34 LCG Page 89 1<br />
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Payot Rive Gauche La librairie <strong>de</strong> référence<br />
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Jacques KRYNEN<br />
L’Etat <strong>de</strong> justice.<br />
France XIII e - XX e siècle.<br />
I : L’idéologie <strong>de</strong> la<br />
magistrature ancienne<br />
Paris, Gallimard (Bibl. <strong>de</strong>s histoires ),<br />
2009, 326 p.<br />
L’auteur, à travers un très grand nombre<br />
d’écrits laissés par la magistrature<br />
médiévale et d’ancien régime, cherche à<br />
mieux comprendre les conflits qui caractérisèrent<br />
les relations entre la royauté, dite<br />
absolue, et les juges. Il rappelle le principe<br />
selon lequel la première mission du<br />
roi est <strong>de</strong> « rendre » la justice, d’acquitter<br />
cette « <strong>de</strong>tte royale ». A partir <strong>de</strong> la redécouverte<br />
du droit romain dans les universités<br />
médiévales, cette discipline <strong>de</strong>vient<br />
une affaire <strong>de</strong> spécialistes. A l’inverse du<br />
prince, les juges sont instruits <strong>de</strong> ce savoir<br />
et peuvent tirer légitimité <strong>de</strong> leur compétence<br />
pour imposer leur présence à ses<br />
côtés. Ainsi, la fonction <strong>de</strong>s juges <strong>de</strong>vient<br />
aussi sacrée que celle du roi. Les cours <strong>de</strong><br />
parlement se disent souveraines. Bodin l’a<br />
résumé, c’est « la bouche du roi qui parle<br />
dans leurs arrêts ». Le roi est chef <strong>de</strong> la<br />
justice, c’est <strong>de</strong> lui qu’elle provient, mais<br />
il n’est pas le maître <strong>de</strong> son application.<br />
C’est finalement l’histoire d’une prise <strong>de</strong><br />
pouvoir progressive par les juges professionnels<br />
et d’une lente dépossession du<br />
Roi <strong>de</strong> sa souveraineté. Ce livre, extrêmement<br />
érudit, passe en revue les ouvrages<br />
<strong>de</strong> nombreux juristes et parlementaires,<br />
parfois d’accès ardu pour le non spécialiste.<br />
Il sera suivi par un second volume<br />
qui portera sur l’évolution <strong>de</strong> la justice, <strong>de</strong><br />
la Révolution à nos jours. DE 81<br />
DIVERS<br />
Clau<strong>de</strong> ALLEGRE<br />
L’imposture climatique<br />
ou la fausse écologie<br />
Paris, Plon, <strong>2010</strong>, 293 p.<br />
Clau<strong>de</strong> Allègre, géologue et ancien<br />
ministre <strong>de</strong> l’Education Nationale, <strong>de</strong> la<br />
Recherche et <strong>de</strong> la Technologie, conteste<br />
la thèse officielle et alarmiste du GIEC<br />
( Groupement International pour l’Etu<strong>de</strong><br />
du Climat, créé sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’ONU en<br />
1988 ), selon laquelle l’homme serait responsable<br />
du réchauffement climatique.<br />
L’auteur ne nie pas le changement climatique,<br />
ce qu’il conteste c’est l’importance<br />
donnée à l’action <strong>de</strong> l’homme dans ce<br />
dérèglement. La complexité du système<br />
climatique, la multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s facteurs et la<br />
méconnaissance <strong>de</strong>s causes exactes font<br />
qu’il est impossible <strong>de</strong> prédire le climat.<br />
Ce doute n’implique pas pour autant que<br />
l’augmentation du CO 2 dans l’atmosphère<br />
soit sans danger. Entre une confiance souvent<br />
aveugle et une inquiétu<strong>de</strong> parfois<br />
excessive, comment trouver la voie <strong>de</strong> la<br />
raison ? Réagir uniquement par <strong>de</strong>s interdictions<br />
et <strong>de</strong>s taxations ne constitue pas<br />
<strong>de</strong> vraies solutions. Nous <strong>de</strong>vons passer<br />
d’une société <strong>de</strong> consommation linéaire à<br />
une société <strong>de</strong> recyclage généralisé. « La<br />
société cyclique sera une société <strong>de</strong> croissance,<br />
à condition <strong>de</strong> bien intégrer, dans<br />
la nouvelle économie, tous les problèmes<br />
écologiques. L’homme saura s’adapter, et<br />
il sait le faire. Son <strong>de</strong>stin, comme toujours,<br />
repose sur le savoir, l’invention, le progrès.<br />
Pour sauver la planète, tournons le dos<br />
aux tentations réactionnaires, sectaires et<br />
millénaristes, et croyons en nous-mêmes,<br />
en nos capacités, en notre élan». Cet<br />
ouvrage-choc ouvre un débat implacable<br />
et exacerbé, voire virulent, entre la thèse<br />
officielle <strong>de</strong>s modélisateurs ( GIEC ) et celle<br />
<strong>de</strong>s climato-sceptiques. De nombreuses<br />
réactions ont vu le jour dont l’appel signé<br />
<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 400 scientifiques français travaillant<br />
dans le domaine du climat ainsi<br />
que différents articles et interviews dans<br />
Horizon-SDL_110_x_75_nb:Mise en page 1 09.07.09 12:57 Page1<br />
les médias. Ce débat donne accès à une<br />
réflexion vitale pour l’avenir <strong>de</strong> nos sociétés.<br />
Incombe au lecteur la responsabilité<br />
<strong>de</strong> se forger sa propre opinion.<br />
Jan ASSMANN<br />
La mémoire culturelle.<br />
Ecriture, souvenir<br />
et imaginaire<br />
politique dans les<br />
civilisations antiques<br />
Traduit <strong>de</strong> l’allemand par Diane Meur<br />
Paris, Aubier, <strong>2010</strong>, 365 p.<br />
Paru il y a quelque 20 ans en Allemagne<br />
où il a fait date, cet essai substantiel<br />
réclame du lecteur une attention soutenue<br />
que récompensent la richesse et souvent<br />
la nouveauté <strong>de</strong> son contenu. L’auteur,<br />
égyptologue, examine comment procè<strong>de</strong>nt<br />
les sociétés pour se souvenir <strong>de</strong> ce<br />
qui fon<strong>de</strong> leur i<strong>de</strong>ntité et pourquoi certaines<br />
civilisations disparues – la tradition<br />
gréco-romaine, la tradition judaïque –<br />
nourrissent encore notre présent alors que<br />
d’autres, telle la civilisation égyptienne,<br />
<strong>de</strong>meurent comme <strong>de</strong>s monuments que<br />
l’on visite mais dont on ne s’inspire pas. A<br />
la suite <strong>de</strong> Lévi-Strauss, il établit une distinction<br />
entre sociétés « froi<strong>de</strong>s » et sociétés<br />
« chau<strong>de</strong>s », les premières consignant<br />
les faits aux seules fins d’établir <strong>de</strong>s listes<br />
ou <strong>de</strong>s généalogies, tandis que les secon<strong>de</strong>s<br />
se préoccupent <strong>de</strong> donner un sens à<br />
<strong>de</strong>s événements. A une introduction théorique<br />
ardue succè<strong>de</strong>, moins contraignante<br />
et d’un très grand intérêt, une étu<strong>de</strong> comparative<br />
<strong>de</strong> l’Egypte, Israël, la Grèce en<br />
passant par la Mésopotamie et les Hittites,<br />
étu<strong>de</strong> qui abor<strong>de</strong> <strong>de</strong> multiples aspects <strong>de</strong>s<br />
civilisations : rôle <strong>de</strong> l’écriture, fixation <strong>de</strong>s<br />
« canons », importance <strong>de</strong> l’exégèse et<br />
du commentaire qui seraient la condition<br />
du maintien d’une culture vivante, etc.<br />
Parvenu au terme <strong>de</strong> ce parcours foisonnant,<br />
le lecteur peinerait à en tirer <strong>de</strong>s<br />
conclusions claires si l’auteur ne lui venait<br />
en ai<strong>de</strong> dans un <strong>de</strong>rnier chapitre dont l’intitulé,<br />
tentative <strong>de</strong> synthèse, dit bien la<br />
difficulté <strong>de</strong> l’entreprise. LCG 85<br />
Olivier BELLAMY<br />
Martha Argerich.<br />
L’enfant et les sortilèges<br />
Paris, Buchet/Chastel, <strong>2010</strong>, 288 p.<br />
Voici la première biographie <strong>de</strong> la célèbre<br />
pianiste argentine, au travers <strong>de</strong> laquelle<br />
le lecteur va pénétrer dans le mon<strong>de</strong> mystérieux<br />
du piano en croisant quelques-uns<br />
<strong>de</strong>s plus grands musiciens du XX e siècle.<br />
L’auteur, journaliste et animateur à Radio<br />
Classique, s’est lancé dans un long travail<br />
<strong>de</strong> reporter pour retracer la vie tumultueuse<br />
<strong>de</strong> l’imprévisible mais si talentueuse Maria<br />
Martha Argerich. Il va nous faire voyager,<br />
tout comme il l’a fait lui-même, aux quatre<br />
coins du mon<strong>de</strong> en situant chaque chapitre<br />
du livre dans la ville où la pianiste a<br />
séjourné. Tout commence à Buenos Aires<br />
où elle est née, puis Vienne, où elle a étudié<br />
auprès <strong>de</strong> Friedrich Gulda, Bolzano et<br />
Genève où, à seize ans, elle remporte les<br />
<strong>de</strong>ux plus prestigieux concours, ensuite<br />
Hambourg pour ses débuts, Rio <strong>de</strong> Janeiro<br />
où elle se rendra auprès <strong>de</strong> son grand ami<br />
Nelson Freire, New York, où elle finira par<br />
ne pas rencontrer Horowitz, et le Japon où<br />
elle fon<strong>de</strong>ra son propre festival. Une vie<br />
<strong>de</strong> bohême menée par cette éternelle adolescente<br />
dotée d’une légendaire mémoire<br />
surhumaine, et longtemps dirigée par sa<br />
mère, Juanita, qui reconnut l’immense<br />
talent possédé par sa fille alors que celleci<br />
n’avait que trois ans. BD 40<br />
Jean-Jacques FIECHTER<br />
Faussaires d’Egypte<br />
Paris, Flammarion, 2009, 247 p.<br />
Les touristes revenant du tour classique<br />
en Egypte ont toujours dans leurs bagages<br />
une statuette ou un scarabée marchandés<br />
<strong>de</strong>vant les colonnes <strong>de</strong> Karnak et qu’ils<br />
espèrent, qui sait, être authentiques. Or<br />
l’industrie <strong>de</strong>s copies fonctionne <strong>de</strong>puis<br />
toujours, mais le marché s’est développé<br />
au XIX e siècle et s’est organisé en réseaux.<br />
On vit les premiers faux <strong>de</strong> qualité, telle<br />
la reine Tetisheri au British Museum. On<br />
vit Pivoine:Pivoine<br />
surtout <strong>de</strong>s chefs 30.6.2009 d’œuvres super- 11:17 P<br />
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Le choix <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong> – mai 2oo9 divers 7<br />
bes <strong>de</strong> Haute-Egypte et <strong>de</strong> l’époque Tell<br />
Amarna. D’après Jean-Jacques Fiechter,<br />
il y a actuellement <strong>de</strong>s écoles <strong>de</strong> faux<br />
amateurs ou restaurateurs faussaires au<br />
Musée du Caire. On apprend aussi que le<br />
grand maître faussaire était un certain<br />
Oxan Aslanian. Ce luxueux livre d’art a<br />
d’excellentes illustrations, avec souvent<br />
en regard une statue authentique et sa<br />
copie presque parfaite. BC 12<br />
Philippe GINDRAUX<br />
Mes années Gault-Millau<br />
Genève, Slatkine, <strong>2010</strong>, 133 p.<br />
Philippe Gindraux, auteur <strong>de</strong> nombreux<br />
gui<strong>de</strong>s gastronomiques, décrit ses expériences<br />
et ses aventures culinaires aux<br />
côtés <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux chroniqueurs français bien<br />
connus, Christian Gault et Henri Millau.<br />
Plein <strong>de</strong> verve et <strong>de</strong> fantaisie, il commence<br />
son livre <strong>de</strong> façon très enlevée en narrant<br />
sa rencontre avec Gault dans l’aéroport <strong>de</strong><br />
Funchal ( Madère ) dont la piste est « plus<br />
courte que la jupe d’une majorette… ».<br />
Grand connaisseur <strong>de</strong>s meilleures tables<br />
<strong>de</strong> Suisse et <strong>de</strong> Romandie, Philippe<br />
Gindraux nous entraîne à sa suite dans<br />
ses meilleurs et ses moins bons moments<br />
<strong>de</strong> consommateur <strong>de</strong> plats qui se dégagent<br />
lentement <strong>de</strong>s sauces à la crème et<br />
<strong>de</strong>s cuissons grasses à la mo<strong>de</strong> avant les<br />
années 70. Un enchantement pour tous<br />
ceux qui connaissent et se souviennent<br />
<strong>de</strong>s restaurants à la mo<strong>de</strong> à ce momentlà,<br />
ils souriront <strong>de</strong>s mésaventures qu’ils<br />
ont peut-être aussi connues : un mauvais<br />
accueil, un poisson plus frais du tout, une<br />
sala<strong>de</strong> tellement folle qu’elle contenait un<br />
cancrelat… Un excellent moment donc<br />
pour les amateurs <strong>de</strong> bistrots et les collectionneurs<br />
<strong>de</strong> gui<strong>de</strong>s que notre auteur a<br />
eu la bonne idée et le dynamisme <strong>de</strong> lancer<br />
chez nous.<br />
Francis HALLE<br />
La condition tropicale.<br />
Une histoire naturelle,<br />
économique et sociale<br />
<strong>de</strong>s basses latitu<strong>de</strong>s<br />
Arles, Actes Sud, <strong>2010</strong>, 574 p.<br />
Botaniste réputé et biologiste, Francis<br />
Hallé est spécialiste <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong>s<br />
arbres et <strong>de</strong> l’écologie <strong>de</strong>s forêts tropicales<br />
humi<strong>de</strong>s. Son <strong>de</strong>rnier livre est un ar<strong>de</strong>nt<br />
plaidoyer pour les tropiques, ces espaces<br />
situés entre le parallèle du Cancer et<br />
celui du Capricorne. Il brosse un tableau<br />
<strong>de</strong> sciences naturelles, mêlant récits <strong>de</strong><br />
voyages, exposés <strong>de</strong> géologie, <strong>de</strong> géographie,<br />
d’agronomie, <strong>de</strong> biologie, d’analyse<br />
économique et <strong>de</strong> considérations anthropologiques<br />
et morales. Différentes questions<br />
sont posées dont l’inégalité économique<br />
entre les tropiques et les latitu<strong>de</strong>s tempérées,<br />
l’esclavage, la colonisation, le<br />
racisme et l’immigration. Son objectif est<br />
<strong>de</strong> rendre aux tropiques la place qui leur<br />
revient. Tout en montrant que les pays les<br />
plus pauvres sont entre les tropiques, il<br />
analyse le lien mis en évi<strong>de</strong>nce entre latitu<strong>de</strong><br />
tropicale et dénuement économique.<br />
Déterminant quand, pourquoi et comment<br />
la pauvreté a laissé la place à la misère<br />
entre les tropiques tandis qu’aux latitu<strong>de</strong>s<br />
moyennes le développement se poursuivait,<br />
il i<strong>de</strong>ntifie la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’histoire à laquelle<br />
est apparu le contraste entre pays riches et<br />
pays pauvres. Comme il le dit lui-même :<br />
cet ouvrage est un appel à la controverse,<br />
à la discussion sur l’inégalité économique<br />
entre les sociétés humaines. Il est urgent,<br />
face aux réflexes colonisateurs attisés par<br />
la mondialisation, <strong>de</strong> mettre au cœur du<br />
débat cette « condition » <strong>de</strong> l’homme tropical.<br />
Abordant les « vrais problèmes » avec<br />
toute la rigueur scientifique inhérente à sa<br />
profession, il décrit avec passion et poésie<br />
ces tropiques qui lui sont chers. « Il m’est<br />
arrivé d’être traité <strong>de</strong> poète, voire <strong>de</strong> philosophe.<br />
Poètes, vous êtes ici chez vous, la<br />
science sans vous, ne serait que ce qu’elle<br />
est : donnez <strong>de</strong>s ailes à nos concepts ».<br />
Frédéric LENOIR<br />
Socrate, Jésus, Bouddha.<br />
Trois maîtres <strong>de</strong> vie<br />
Paris, Fayard, 2009, 290 p.<br />
Ces trois maîtres <strong>de</strong> vie ont en commun le<br />
fait <strong>de</strong> n’avoir jamais laissé d’écrits. Nous<br />
ne les connaissons que par leurs juges<br />
et leurs disciples. Si nous cherchons <strong>de</strong>s<br />
points communs dans leurs propos, nous<br />
voyons s’imposer la recherche <strong>de</strong> la vérité.<br />
Pour Socrate, la vérité, la connaissance <strong>de</strong><br />
la vraie nature <strong>de</strong>s choses est enfouie au<br />
fond <strong>de</strong> nous. Le Bouddha prononce après<br />
son Eveil, les sermons sur les quatre nobles<br />
vérités et fait <strong>de</strong> la méditation la voie d’accès<br />
à la connaissance <strong>de</strong> la vraie nature <strong>de</strong>s<br />
choses. Jésus affirme <strong>de</strong>vant Ponce Pilate<br />
qu’il est né et n’est venu dans le mon<strong>de</strong> que<br />
pour rendre témoignage à la vérité. Frédéric<br />
Lenoir étudie ce qu’il appelle apprendre à<br />
aimer, <strong>de</strong> l’éros socratique à la compassion<br />
bouddhique et enfin l’agape christique qui<br />
est un amour où dominent la bienveillance<br />
et le don. Si Lenoir appelle ces trois maîtres<br />
<strong>de</strong> vie nos raisons d’être, c’est qu’ils nous<br />
ai<strong>de</strong>nt à vivre, ne proposent pas un bonheur<br />
clés en mains, mais l’aboutissement d’un<br />
travail sur soi, ce sont d’éternels éveilleurs.<br />
TE 234<br />
Greg MORTENSON<br />
Trois tasses <strong>de</strong> thé. La<br />
mission <strong>de</strong> paix d’un<br />
Américain au Pakistan<br />
et en Afghanistan<br />
Traduit <strong>de</strong> l’américain par<br />
Laurence Nerry<br />
Paris, Glénat, 2009, 456 p.<br />
Trois tasses <strong>de</strong> thé est l’épopée d’un<br />
homme qui eut à cœur <strong>de</strong> bâtir <strong>de</strong>s écoles<br />
pour ces enfants <strong>de</strong>s vallées reculées du<br />
Nord du Pakistan oubliés <strong>de</strong> tous y compris<br />
leur propre gouvernement, faute <strong>de</strong><br />
moyens et <strong>de</strong> volonté politique. En 1993,<br />
Greg Mortenson voulait gravir le K2 et<br />
dédier cet exploit à sa jeune sœur trop tôt<br />
décédée. Mais c’était sans compter sur la<br />
main facétieuse du <strong>de</strong>stin. Cet Américain<br />
Banquiers EA 234 Prives:Banquiers Prives 30.6.2009 12:02 Page 1<br />
élevé au Kenya avant <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir alpiniste<br />
et infirmier allait, en se perdant au pied<br />
<strong>de</strong> l’Himalaya, se trouver un nouveau chemin.<br />
Ce livre, vendu à plus <strong>de</strong> trois millions<br />
d’exemplaires dans le mon<strong>de</strong>, est le récit<br />
documentaire d’une vie au service <strong>de</strong>s<br />
plus démunis, dont le principal décor est<br />
cette région entre la Chine, le Tadjikistan,<br />
l’Afghanistan et l’In<strong>de</strong>, le plus souvent coupée<br />
du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> par sa situation géographique,<br />
climatique autant que politique.<br />
Au cours <strong>de</strong>s quinze années que couvre<br />
l’histoire du fondateur du Central Asia<br />
Institute on découvre la montée et la prise<br />
<strong>de</strong> pouvoir <strong>de</strong>s talibans en même temps<br />
que le ru<strong>de</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s populations <strong>de</strong><br />
montagne à la fois pions et victimes <strong>de</strong>s<br />
conflits religieux et territoriaux. Au-<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> l’aventure humaine et <strong>de</strong>s événements<br />
racontés avec une sincérité et une mo<strong>de</strong>stie<br />
désarmantes, c’est un autre combat<br />
qui se <strong>de</strong>ssine, celui d’un engagement<br />
inconditionnel pour ne pas dire obstiné,<br />
ancré dans la croyance en un mon<strong>de</strong> rendu<br />
meilleur par l’enseignement pour tous et<br />
toutes en ces régions pépinières <strong>de</strong> misère<br />
et d’obscurantisme. GVK 506<br />
Thierry <strong>de</strong> SAUSSURE<br />
L’inconscient,<br />
nos croyances et<br />
la foi chrétienne<br />
Paris, <strong>Edition</strong>s du Cerf, 2009, 313 p.<br />
Théologien et psychanalyste, Thierry<br />
<strong>de</strong> Saussure, professeur honoraire <strong>de</strong>s<br />
Universités <strong>de</strong> Genève, Neuchâtel et<br />
Lausanne réunit dans ce livre le fruit <strong>de</strong><br />
ses trente années d’enseignement sur la<br />
foi et l’inconscient. En exposant tant la<br />
théorie que le fruit personnel <strong>de</strong> sa réflexion<br />
psychanalytique et spirituelle, il conduit le<br />
lecteur à travers <strong>de</strong>s thèmes tels que : « <strong>de</strong><br />
l’idolâtrie au Dieu <strong>de</strong> l’Evangile », « l’accès<br />
à l’altérité », « le fondamentalisme<br />
religieux »… à réfléchir sur sa foi. Avec<br />
culture et respect, il déconstruit le religieux<br />
à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la science psychanalytique pour<br />
mieux accé<strong>de</strong>r au Dieu <strong>de</strong>s Evangiles,<br />
source <strong>de</strong> vie, <strong>de</strong> relation et d’amour en<br />
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8 divers<br />
lequel il pense qu’il vaut la peine <strong>de</strong> croire<br />
( car ce Dieu-là résiste formidablement à<br />
nos projections et attentes ! ). Il éclaire<br />
ainsi sans que ce soit véritablement son<br />
propos sur la crise que subit l’Eglise<br />
dans <strong>de</strong>s environnements où l’apport <strong>de</strong>s<br />
théories <strong>de</strong> Freud a fait chemin et porte<br />
à questionner un pouvoir nécessairement<br />
davantage assis sur le religieux que sur le<br />
message originel. PB 1464<br />
Michel SERRES<br />
Temps <strong>de</strong>s crises<br />
Paris, Le Pommier, 2009, 78 p.<br />
L’académicien, historien <strong>de</strong>s sciences<br />
et philosophe décrypte à sa façon le<br />
séisme économique que nous traversons.<br />
M. Serres entame sa démonstration en<br />
revenant à l’origine du mot « crise », qui<br />
signifie « juger ». Il marque une coupure :<br />
il y a un avant et un après. Il en va <strong>de</strong><br />
et encore<br />
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même avec cet essai brillant et bref : à<br />
contre-courant <strong>de</strong> nombreuses analyses,<br />
il prend <strong>de</strong> la distance et remonte aux six<br />
évènements qui bouleversèrent l’Occi<strong>de</strong>nt<br />
et donnèrent à l’homme un dangereux<br />
sentiment d’omnipotence et <strong>de</strong> détachement<br />
face aux évènements naturels, lui<br />
faisant oublier qu’une crise peut survenir<br />
même <strong>de</strong> ses propres créations : la monnaie<br />
qu’il a créée. L’époque où l’homme<br />
affrontait l’homme est révolue. Le Mon<strong>de</strong><br />
soi-même s’impose comme tiers : « l’Etat<br />
global contemporain ». Il faut entendre ce<br />
que le Mon<strong>de</strong> a à dire, « Notre voix couvrait<br />
le Mon<strong>de</strong>. Il fait entendre la sienne.<br />
Ouvrons les oreilles ». L’auteur compare<br />
finalement ce Mon<strong>de</strong> à un fétiche que<br />
l’homme a façonné au fil <strong>de</strong>s siècles<br />
par sa démographie, son labourage, ses<br />
techniques… et qui maintenant, <strong>de</strong>venu<br />
sujet, le terrifie. Tout comme la monnaie,<br />
elle aussi fétiche, créée par l’homme et<br />
<strong>de</strong>venue incontrôlable. PC 491<br />
Laurent BINET, HHhH, Grasset, <strong>2010</strong>, 440 p. LHA 6233<br />
David BORATAV, Murmures à Beyoğlu, Gallimard, 2009, 355 p.<br />
Robert DARNTON, Le Diable dans un bénitier, Gallimard, <strong>2010</strong>, 695 p. LCG 68<br />
KATHARI et RILLIET, Histoire et gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s cimetières genevois,<br />
Slatkine, 2009, 502 p.<br />
1.1 KAT<br />
Andreï KOURKOV, Laitier <strong>de</strong> nuit, Levi, <strong>2010</strong>, 427 p. LHF 965<br />
Vladimir NABOKOV, Littératures, Bouquins, <strong>2010</strong>, 1211 p. LBA 600<br />
Jeremy PAXMAN, The English. A portrait of a people, Penguin, 1999, 308 p. SFF 90<br />
Jean-Clau<strong>de</strong> SCHMITT, L’invention <strong>de</strong> l’anniversaire, Arkhê, <strong>2010</strong>, 136 p. SF 271<br />
Marielle STAMM, Triangles, L’Age d’homme, 2009, 154 p.<br />
Kim THUY, Ru, Levi, <strong>2010</strong>, 143 p. LHA 6184<br />
Jean-Marie VODOZ ( dir.), Le français, notre maison, Zoé, <strong>2010</strong>, 91 p. LAE 230<br />
XINRAN, Mémoire <strong>de</strong> Chine, Picquier, <strong>2010</strong>, 665 p. PB 1482<br />
www.fassbindhotels.com<br />
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Le coup <strong>de</strong> cœur <strong>de</strong>…<br />
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Joseph E. STIGLITZ<br />
Le triomphe <strong>de</strong><br />
la cupidité<br />
Paris, Les liens qui libèrent, <strong>2010</strong>, 474 p.<br />
Stiglitz, prix Nobel d’économie et abondant<br />
critique, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années,<br />
du fanatisme du marché est sans doute<br />
la personne la plus autorisée pour décrire<br />
la crise financière qui secoue le mon<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>puis 2007. C’est dans un langage très<br />
accessible qu’il retrace l’enchaînement<br />
<strong>de</strong>s événements qui ont entraîné la faillite<br />
d’un système qui s’était prétendu le seul<br />
possible <strong>de</strong>puis la chute du mur <strong>de</strong> Berlin.<br />
Le titre <strong>de</strong> ce livre, qui se lit à la fois<br />
comme un roman palpitant et l’œuvre d’un<br />
bienvenue<br />
Adhérer à la Société <strong>de</strong> lecture, c’est redécouvrir<br />
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moraliste, exprime bien l’une <strong>de</strong>s convictions<br />
<strong>de</strong> l’auteur, à savoir que les germes<br />
<strong>de</strong> la crise ne peuvent être réduits à <strong>de</strong>s<br />
effets conjoncturels, mais se trouvent<br />
dans le désir pathologique <strong>de</strong>s acteurs<br />
du drame <strong>de</strong> s’enrichir à tout prix, cette<br />
cupidité dont le triomphe a été <strong>de</strong> courte<br />
durée. Les mesures prises en réaction <strong>de</strong><br />
l’effondrement <strong>de</strong>s marchés sont aussi<br />
passées au crible <strong>de</strong> la lucidité <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong>s<br />
rares économistes à avoir prévu l’ampleur<br />
du désastre. Joseph Stiglitz considère<br />
qu’elles n’ont pas pris en compte la profon<strong>de</strong>ur<br />
<strong>de</strong>s dysfonctionnements <strong>de</strong> l’économie<br />
mondiale et suggère pour sa part<br />
<strong>de</strong> penser autrement le mon<strong>de</strong>, rendant à<br />
l’économie sa place réelle, au service <strong>de</strong>s<br />
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