PLV 319 - Societe de Lecture Geneve
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plume au<br />
LE CHOIX DE LA SOCIÉTÉ DE LECTURE<br />
ent<br />
Les meilleurs livres du mois<br />
choisis et commentés<br />
par la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />
N o 324 Juin 2008<br />
Paraît 10 fois par an<br />
Editorial<br />
Madame, Monsieur,<br />
Je préparais mon dîner familial,<br />
pilant le romarin, le sel, l’huile d’olive<br />
et l’ail nouveau, tout en cogitant<br />
sur le sujet <strong>de</strong> ce présent éditorial,<br />
quand je me suis prise à rêver d’analogies.<br />
Mon esprit, tout en commandant<br />
mes gestes, s’aventurait en <strong>de</strong>s<br />
territoires <strong>de</strong> réputation moins culinaire,<br />
quoique, songez-y: en écriture<br />
comme en cuisine, tout commence<br />
par le choix <strong>de</strong> la recette (ou du<br />
sujet), vient ensuite la quête <strong>de</strong>s ingrédients<br />
(les thèmes à abor<strong>de</strong>r, les<br />
saveurs à accor<strong>de</strong>r).<br />
Une fois réunis les acteurs principaux<br />
<strong>de</strong> la future musique <strong>de</strong>s sens,<br />
pour peu que l’on ait un brin d’exigence<br />
et <strong>de</strong> savoir-faire, et puis<br />
quelques tours <strong>de</strong> moulin d’inspiration,<br />
vous aurez une heure ou<br />
quelque <strong>de</strong>ux mille signes plus tard,<br />
un plat fumant et savoureux ou l’air<br />
du temps servi tout chaud pour vous,<br />
chers convives lecteurs.<br />
Dans la petite cuisine <strong>de</strong>s mots, un<br />
<strong>de</strong>s ingrédients capitaux est la ponctuation,<br />
or c’est d’elle que je prévoyais<br />
<strong>de</strong> vous entretenir, non pas du fait<br />
qu’elle soit un élément, qui s’il est mal<br />
utilisé, a le pouvoir <strong>de</strong> faire basculer<br />
la meilleure <strong>de</strong>s recettes dans l’immangeable,<br />
ni du fait que le point virgule<br />
soit une espèce en voie d’extinction,<br />
cela nous éloignerait bien trop<br />
<strong>de</strong> notre marmite.<br />
Notre vrai sujet en ce début d’été<br />
est un passage <strong>de</strong> plume, un point<br />
final ou trois petits points… un<br />
moment <strong>de</strong> respiration pour clore<br />
une longue et belle série <strong>de</strong> mots.<br />
Anne Turrettini, votre dévouée et fidèle<br />
éditorialiste <strong>de</strong> ces six <strong>de</strong>rnières<br />
années a décidé <strong>de</strong> rendre son tablier.<br />
Qu’elle soit ici honorée en toutes<br />
lettres pour le travail aussi remarquable<br />
que discret, tant par ses choix<br />
que dans l’habileté d’exécution. Pas<br />
une idée, pas une virgule qui ne soit à<br />
sa place; un tel chef, qui mena <strong>de</strong><br />
main <strong>de</strong> maître sa briga<strong>de</strong> en commission<br />
d’achat ne se remplace pas.<br />
Mais soyez rassurés, la cuisinière a<br />
transmis son livre <strong>de</strong> recettes. Un passage<br />
<strong>de</strong> toque ou <strong>de</strong> plume tout en<br />
douceur donc, afin que les vents propices<br />
vous apportent dans ces pages<br />
les parfums très attendus <strong>de</strong>s idées<br />
nouvelles. Car dans Plume au Vent,<br />
nous ne rêvons en vérité que <strong>de</strong> vous<br />
servir, sinon <strong>de</strong>s festins <strong>de</strong> rois, du<br />
moins la meilleure cuisine du coin…<br />
Diane Lingjaer<strong>de</strong>-Bourgeois<br />
Changements d'adresse :<br />
Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />
11, Grand-Rue<br />
CH-1204 Genève<br />
Tél. 022 311 45 90<br />
JAB<br />
1200 Genève 2<br />
Agenda<br />
Ateliers<br />
Atelier d’écriture ou le plaisir d’écrire<br />
Par Geoffroy et Sabine <strong>de</strong> Clavière<br />
Le mardi <strong>de</strong> 18h30 à 21h<br />
Dernières séances les 10 et 17 juin 2008<br />
Cercles <strong>de</strong> lecture<br />
Les pieds dans la page<br />
Animé par Pascal Schouwey, journaliste et formateur<br />
en communication<br />
Le mardi <strong>de</strong> 18h30 à 20h,<br />
<strong>de</strong>rnière séance le 10 juin 2008.<br />
A la redécouverte du XVIII e<br />
Animé par Marie-Thérèse Pictet, psychologue et animatrice<br />
d’ateliers <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> la mémoire<br />
Le lundi <strong>de</strong> 14h à 16h,<br />
<strong>de</strong>rnière séance le 9 juin 2008.<br />
Ces ateliers sont organisés grâce au généreux<br />
soutien <strong>de</strong> Lenz & Staehelin<br />
Du 20 au 22 juin<br />
Solstice en fête<br />
Fête <strong>de</strong> la Musique<br />
Pour fêter l’arrivée <strong>de</strong> l’été, la cour d’honneur <strong>de</strong> la<br />
Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong> se transformera en haut lieu <strong>de</strong> la<br />
musique <strong>de</strong> chambre: élèves, professeurs et artistes<br />
confirmés se relayeront dans un compagnonnage<br />
musical pour le plus grand plaisir du public amateur et<br />
mélomane.<br />
Deux visites commentées <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />
(architecture, bibliothèque, programmation culturelle)<br />
seront organisées le samedi 21 juin à 13h et le<br />
dimanche 22 juin à 13h. Parlez-en autour <strong>de</strong> vous…<br />
Places limitées et sur réservation dès le 6 juin auprès<br />
du secrétariat.<br />
Pour mémoire :<br />
Enregistrement <strong>de</strong>s conférences<br />
Nous vous rappelons que vous avez la possibilité d’emprunter<br />
<strong>de</strong>s enregistrements (cassettes ou CD) <strong>de</strong> nos<br />
<strong>de</strong>rnières conférences. Renseignement auprès <strong>de</strong><br />
notre secrétariat<br />
Beaux livres à vendre (doublons)<br />
Nous vendons <strong>de</strong> beaux ouvrages <strong>de</strong>s XVIII e et<br />
XIX e siècles, réservés à nos membres à <strong>de</strong>s prix préférentiels.<br />
Vous pouvez vous adresser au bibliothécaire<br />
pour <strong>de</strong> plus amples renseignements.<br />
Boîte à livres<br />
Pour les retours <strong>de</strong> livres, vous pouvez utiliser la boîte<br />
à livres située dans la porte cochère afin <strong>de</strong> vous éviter<br />
<strong>de</strong> gravir les marches <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong>…<br />
Vacances d’été<br />
Information importante :<br />
Nous vous prions <strong>de</strong> bien vouloir<br />
communiquer à notre secrétariat<br />
(nathalie.bouffartigue@societe-<strong>de</strong>-lecture.ch)<br />
votre adresse e-mail car nous enverrons,<br />
par souci d’économie, <strong>de</strong> plus en plus d’infor-<br />
En collaboration avec le département <strong>de</strong> la culture/Art<br />
musical <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Genève.<br />
Entrée libre<br />
mations par ce biais. Nous vous remercions <strong>de</strong><br />
votre collaboration.<br />
La Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong> sera fermée du lundi<br />
28 juillet au dimanche 10 août 2008.<br />
Pour assister à nos manifestations culturelles, réservation indispensable à la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong> au 022 311 45 90.<br />
1
Les meilleurs<br />
livres du mois<br />
choisis et<br />
commentés<br />
par la Société<br />
<strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />
Romans,<br />
littérature<br />
ABATE, Carmine<br />
La mosaïque <strong>de</strong><br />
la gran<strong>de</strong> époque (LHE 639)<br />
Traduit <strong>de</strong> l’italien par Nathalie Bauer<br />
Paris, Seuil, 2008, 293 p.<br />
L’auteur, dont nous avons aimé La<br />
moto <strong>de</strong> Skan<strong>de</strong>nberg et Entre <strong>de</strong>ux<br />
mers, revient ici à son cadre <strong>de</strong> prédilection:<br />
un village <strong>de</strong> Calabre<br />
habité par les <strong>de</strong>scendants <strong>de</strong>s<br />
« Arbëresh », ces Albanais chassés<br />
par les Ottomans qui se réfugièrent<br />
en Italie du sud au XV e siècle. Dans<br />
ce roman habilement mené, il<br />
mêle <strong>de</strong> façon convaincante à<br />
l’épopée d’autrefois <strong>de</strong>s victimes<br />
<strong>de</strong> l’histoire contemporaine, une<br />
histoire d’amour et même la quête<br />
d’un trésor disparu. Un crime<br />
aussi, et la surprise inattendue,<br />
c’est qu’il n’est pas l’œuvre <strong>de</strong> la<br />
mafia. Quel dommage que la<br />
traductrice ait jugé bon <strong>de</strong> rendre<br />
le parler <strong>de</strong>s Calabrais par <strong>de</strong>s<br />
vocables français massacrés…<br />
ALI, Tariq<br />
Le Livre <strong>de</strong> Saladin<br />
(LHC 5293)<br />
Traduit <strong>de</strong> l’anglais par Diane Meur<br />
Paris, Sabine Wespieser, 2008, 545 p.<br />
Voici un roman, une reconstitution<br />
fictionnelle <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> Saladin, qui<br />
plonge le lecteur dans une pério<strong>de</strong><br />
difficile à cerner. Le récit débute<br />
par une froi<strong>de</strong> nuit <strong>de</strong> l’hiver cairote,<br />
en l’an 1181 du calendrier chrétien,<br />
où le narrateur, Ibn Yakoub,<br />
érudit <strong>de</strong> confession juive, est désigné<br />
dans <strong>de</strong>s circonstances romanesques<br />
comme scribe du sultan<br />
Saladin. Il va donc consigner jour<br />
après jour les événements qui<br />
jalonnent la vie <strong>de</strong> ce sultan ayyûbi<strong>de</strong><br />
légendaire, d’origine kur<strong>de</strong>,<br />
qui régnait alors du Nil à<br />
l’Euphrate. Par la plume du narrateur,<br />
un personnage imaginé par<br />
l’auteur, le lecteur découvre un<br />
Saladin complexe et ambigu et une<br />
multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> détails sur <strong>de</strong>s faits<br />
historiques, comme par exemple la<br />
reprise <strong>de</strong> la guerre sainte contre<br />
les Francs qui lui a permis <strong>de</strong> récupérer<br />
Jérusalem en 1187, après<br />
90 ans d’occupation par les Francs.<br />
Un ouvrage dans la veine <strong>de</strong>s récits<br />
<strong>de</strong>s Mille et Une Nuits, qui malgré<br />
un nombre <strong>de</strong> pages considérable<br />
se lit facilement et permet <strong>de</strong><br />
connaître un peu mieux la pério<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s Croisa<strong>de</strong>s. Néanmoins, la question<br />
qui se pose à propos <strong>de</strong> tout<br />
roman historique est : a-t-on le<br />
droit d’imaginer <strong>de</strong>s petites histoires<br />
en les incluant dans<br />
l’Histoire officielle En tout cas,<br />
Tariq Ali, intellectuel anglo-pakistanais,<br />
par ailleurs lea<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l’extrême-gauche<br />
au Royaume-Uni, en<br />
est conscient et assume totalement<br />
la responsabilité <strong>de</strong> ce qui est le<br />
fruit <strong>de</strong> son imagination.<br />
ANDERSON, James<br />
The Affair of the<br />
Bloodstained Egg Cosy<br />
(LHC 5291)<br />
London, Allison & Busby, 2007, 366 p.<br />
Sometime in the 1930’s a curious<br />
assortment of guests has been invited<br />
for the weekend to Al<strong>de</strong>rley,<br />
magnificent English country house<br />
in the West Country. The gathering<br />
inclu<strong>de</strong>s the host and hostess, Lord<br />
and Lady Burford, a Texas millionaire<br />
and his wife, a foreign agent<br />
in disguise, a French Baroness and<br />
lovely young Jane Clifton. When a<br />
fabulous diamond necklace disappears,<br />
a pair of antique pistols goes<br />
missing, and a body is found in the<br />
lake, they summon Inspector<br />
Wilkens. “ Don’t expect me to solve<br />
anything. ” he announces solemnly.<br />
What does Lord Buford’s butler<br />
know A highly entertaining mur<strong>de</strong>r<br />
mystery full of period <strong>de</strong>tail<br />
and won<strong>de</strong>rful dialogue.<br />
BENACQUISTA,<br />
Tonino<br />
Malavita encore (LHA 4608)<br />
Paris, Gallimard, 2008, 344 p.<br />
Dans ce roman policier <strong>de</strong> la collection<br />
blanche <strong>de</strong> Gallimard, on<br />
retrouve Fred Manzoni, alias<br />
Fre<strong>de</strong>rick Wayne, repenti <strong>de</strong> la<br />
mafia new-yorkaise, condamné,<br />
tout comme sa femme et leurs<br />
<strong>de</strong>ux enfants, à vivre sous l’étroite<br />
surveillance du FBI.<br />
Fred et sa femme ont été assignés à<br />
rési<strong>de</strong>nce en France dans un petit<br />
village et leurs enfants viennent <strong>de</strong><br />
quitter le nid familial. Fred, qui<br />
connaît un certain succès avec ses<br />
romans policiers scabreux,<br />
construits à partir <strong>de</strong> ses souvenirs,<br />
est en panne d’inspiration. Ses<br />
enfants, qui assument mal un père<br />
indigne, vont bouleverser tout<br />
l’univers <strong>de</strong>s Manzoni et pousseront<br />
Fred à reprendre du service…<br />
En dépit <strong>de</strong> la multiplicité <strong>de</strong>s<br />
intrigues, on ne lâche pas ce roman<br />
policier habilement construit et<br />
plein <strong>de</strong> vie qui séduira aussi par<br />
<strong>de</strong>s pages consacrées à la lecture et<br />
à Moby Dick.<br />
BIASION, Renzo<br />
S’agapo (LHE 641)<br />
Traduit <strong>de</strong> l’italien par François Maspero<br />
Lyon, La Fosse aux Ours, 2007, 264 p.<br />
Ainsi dit-on « je t’aime » en grec<br />
mo<strong>de</strong>rne et la formule servait d’entrée<br />
en matière aux soldats italiens<br />
en quête <strong>de</strong> bonne fortune lorsqu’ils<br />
occupèrent la Grèce. Sous ce<br />
titre, Renzo Biasion, un peintre <strong>de</strong><br />
renom, critique d’art et auteur <strong>de</strong><br />
cet unique ouvrage, a choisi <strong>de</strong><br />
raconter <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s mettant en<br />
scène <strong>de</strong>s troufions, pour la plupart<br />
analphabètes et primitifs, incapables<br />
<strong>de</strong> voir voler un héron sans<br />
l’abattre ou un aigle en cage sans<br />
lui lancer <strong>de</strong>s pierres, et qui meublent<br />
leur désœuvrement <strong>de</strong> jeux<br />
<strong>de</strong> plage et <strong>de</strong> rencontres avec <strong>de</strong><br />
désolantes prostituées. Aimer ou<br />
non le genre est affaire <strong>de</strong> subjectivité<br />
mais l’honnêteté oblige à préciser<br />
que S’agapo bénéficie d’une<br />
réputation <strong>de</strong> livre « culte » en Italie<br />
où il a inspiré le film Mediterraneo.<br />
Pour qui aurait une autre conception<br />
et du culte, et du livre, celui-là<br />
est sauvé par la magique puissance<br />
d’évocation <strong>de</strong> l’écrivain qui rend<br />
tangible la beauté immuable <strong>de</strong> ces<br />
îles grecques; un décor qu’on souhaiterait<br />
purgé <strong>de</strong> ses acteurs.<br />
Dessine-t-il en peu <strong>de</strong> mots une<br />
ville italienne nocturne et c’est<br />
aussitôt une toile <strong>de</strong> Chirico qui<br />
s’offre à vos yeux.<br />
CORNWELL, Patricia<br />
Book of the <strong>de</strong>ad (LHC 5279)<br />
London, Little, Brown, 2007, 387 p.<br />
Chief Medical Examiner, Dr. Kay<br />
Scarpetta, has moved to<br />
Charleston, South Carolina and<br />
opened a private practice. Not long<br />
thereafter, a sixteen year old tennis<br />
star, Drew Martin is mur<strong>de</strong>red and<br />
her body is found mutilated near<br />
the Piazza Navona in Rome.<br />
Scarpetta together with her boyfriend,<br />
the forensic psychologist<br />
Benton Welsley, fly to Italy and try<br />
and help the Italian police. When<br />
they return home, a wealthy<br />
woman is mur<strong>de</strong>red in her beach<br />
home and the body of a young boy<br />
is found in a marsh. Are there<br />
connections to the mur<strong>de</strong>r of Drew<br />
Martin Scarpetta fans will be<br />
impressed with her exceptional<br />
forensic skills and will remain in<br />
suspense until the last page.<br />
COUTAZ, Philippe<br />
La traversée <strong>de</strong> Soi<br />
(LM 2916)<br />
Paris, Le Manuscrit, 2004, 92 p.<br />
Converger vers ce que l’on est et<br />
non pas vers ce que l’on veut<br />
paraître n’est pas une tâche facile.<br />
Au départ, il faut une direction, ce<br />
que l’auteur appelle dans son livre<br />
sa cor<strong>de</strong>, que personne ne voit sauf<br />
2
Les meilleurs<br />
livres du mois<br />
choisis et<br />
commentés<br />
par la Société<br />
<strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />
lui. Cette cor<strong>de</strong>, c’est-à-dire son<br />
passage dans la vie, ressemble à un<br />
câble d’équilibriste, qui disparaît<br />
au loin au <strong>de</strong>ssus d’un vi<strong>de</strong><br />
effrayant. Pourquoi s’engager sur<br />
cette cor<strong>de</strong> plutôt que <strong>de</strong> suivre les<br />
autres, qui <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt toutes<br />
ensemble dans le grand canyon<br />
tout tracé <strong>de</strong>s écoles, <strong>de</strong>s carrières,<br />
<strong>de</strong> l’argent, <strong>de</strong>s femmes et, in fine,<br />
<strong>de</strong> la légion d’honneur La réponse<br />
s’impose dans ce récit jubilatoire<br />
qui dévoile avec humour et pu<strong>de</strong>ur<br />
le parcours d’un économiste farouchement<br />
indépendant, moniteur <strong>de</strong><br />
ski et gui<strong>de</strong> à Chamonix à ses<br />
heures, cycliste et amoureux <strong>de</strong> la<br />
vie, qui a su reconstruire un soi<br />
blessé, sans concession, d’une<br />
manière profondément originale.<br />
Une petite merveille <strong>de</strong> justesse <strong>de</strong><br />
ton et d’humanité qui va bien au<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> l’autobiographie.<br />
FERNANDEZ,<br />
Dominique<br />
Place Rouge (LHA 4770)<br />
Paris, Grasset, 2008, 380 p.<br />
Le Goum <strong>de</strong> la Place Rouge transformé<br />
en galerie marchan<strong>de</strong> branchée,<br />
la Place aux Foins où<br />
Raskolnikov se prosternait pour<br />
baiser le sol <strong>de</strong>venu « une antenne<br />
avancée du commerce occi<strong>de</strong>ntal »,<br />
c’est dans la Russie d’aujourd’hui<br />
- Moscou puis Saint-Petersbourg -<br />
que Fernan<strong>de</strong>z promène ses personnages,<br />
trois Français venus là<br />
pour <strong>de</strong>s motifs divers. Frédéric,<br />
un enseignant, veut faire <strong>de</strong>s<br />
recherches sur la mort suspecte <strong>de</strong><br />
Gorki ; Raoul, peintre homosexuel<br />
a ren<strong>de</strong>z-vous avec une galeriste<br />
moscovite, Irina, chez qui il expose<br />
une « installation » <strong>de</strong>rnier cri <strong>de</strong><br />
tubes électriques ; Julie sa soeur<br />
l’accompagne. Le frère et la soeur<br />
vont s’éprendre <strong>de</strong> Iermolaï, <strong>de</strong>mifrère<br />
d’Irina, un jeune éphèbe au<br />
charme ambigu, artiste idéaliste et<br />
intransigeant. Entre celui-ci et<br />
Raoul, une passion fatale va naître.<br />
Ce n’est pas tant l’intrigue amoureuse<br />
assez convenue et sa fin prévisible<br />
qui intéressent ici que la<br />
visite guidée <strong>de</strong>s hauts lieux du<br />
patrimoine culturel <strong>de</strong> la Russie, <strong>de</strong><br />
ses villes occi<strong>de</strong>ntalisées, <strong>de</strong> ses<br />
îles intactes, <strong>de</strong> la lumière <strong>de</strong> ses<br />
lacs.<br />
FUENTES, Carlos<br />
En inquiétante<br />
compagnie (LHD 504)<br />
Traduit <strong>de</strong> l’espagnol (Mexique) par<br />
Céline Zins<br />
Paris, Gallimard, 2007, 310 p.<br />
Le vieux monsieur Carlos Fuentes<br />
a beaucoup voyagé comme diplomate,<br />
beaucoup vécu et beaucoup<br />
écrit.<br />
Il s’est amusé à écrire cette fois-ci<br />
quelques contes cruels à ne pas lire<br />
la nuit. Ces nouvelles commencent<br />
banalement, un jeune homme visite<br />
ses tantes à Mexico, un employé<br />
londonien aime le théâtre <strong>de</strong><br />
Shakespeare, un avocat loue une<br />
maison qui sera en fait celle d’un<br />
Dracula. Tous les évènements évoluent<br />
avec une extrême habileté,<br />
mais l’auteur est mexicain, ce<br />
Mexique où le jour <strong>de</strong>s morts, les<br />
gens croquent <strong>de</strong>s crânes et <strong>de</strong>s<br />
cercueils <strong>de</strong> sucre pilé…<br />
GAIGNAULT, Fabrice<br />
Dictionnaire <strong>de</strong> la<br />
littérature à l’usage <strong>de</strong>s<br />
snobs et surtout <strong>de</strong> ceux<br />
qui ne le sont pas (LCA 101)<br />
Paris, Scali, 2007, 216 p.<br />
Délectable lecture <strong>de</strong> gens, d’événements<br />
ou revues adorés <strong>de</strong>s<br />
snobs littéraires, ceux qui aiment<br />
citer le cercle <strong>de</strong> Bloomsbury ou<br />
Bernard Frank à ceux qui n’en<br />
n’ont jamais entendu parler. On<br />
apprend en passant <strong>de</strong>s choses surprenantes,<br />
que Michel Foucault<br />
aimait bien les cravaches, que le<br />
Club <strong>de</strong>s Longues Moustaches était<br />
spirituel, que la poétesse Anna <strong>de</strong><br />
Noailles avait dit : « Si Dieu existait,<br />
j’en serais la première informée ».<br />
Tous ces joyeux alcooliques, drogués<br />
ou suicidaires ont montré<br />
bien du talent et quelquefois du<br />
génie. Les adorés <strong>de</strong>s snobs: Zelda<br />
Fitzgerald ou Annemarie<br />
Schwarzenbach. Les plus haïs :<br />
Jack Kerouac, Albert Cohen ou<br />
Marguerite Duras.<br />
HEIDELBERGER-<br />
LEONARD, Irene<br />
Jean Améry (LCB 613)<br />
Traduit <strong>de</strong> l’allemand par Sacha<br />
Zilberfarb<br />
Arles, Actes Sud, 2007, 361 p.<br />
Ce que son nom d’écrivain, définitivement<br />
choisi en 1955, ne dit pas,<br />
c’est que Jean Améry, né Hans<br />
Mayer en 1912 à Vienne, était autrichien<br />
et juif. Chassé d’Autriche par<br />
l’Anschluss, il s’était établi à<br />
Bruxelles. Engagé dans la résistance<br />
contre l’occupant allemand, il y<br />
fut arrêté, torturé, déporté à<br />
Auschwitz: traumatisme définitif et<br />
indélébile évoqué dès 1945 dans un<br />
roman autobiographique jamais<br />
publié <strong>de</strong> son vivant, et qui s’exprimera<br />
tardivement dans une suite<br />
d’essais groupés en 1966 sous le<br />
titre Par <strong>de</strong>là le crime et le châtiment<br />
(HM 65) : essai pour surmonter<br />
l’insurmontable. Livre qui lui vaut<br />
une reconnaissance tardive, après<br />
<strong>de</strong>s années <strong>de</strong> galère comme journaliste...<br />
Et pourtant, la biographie<br />
très complète et documentée <strong>de</strong><br />
Irene Hei<strong>de</strong>lberger-Leonard, riche<br />
en analyses et citations <strong>de</strong>s nombreux<br />
écrits <strong>de</strong> Jean Améry<br />
(articles, essais, lettres) révèle un<br />
écrivain important par la lucidité<br />
<strong>de</strong> son regard sur son temps et<br />
l’originalité <strong>de</strong> son esprit et <strong>de</strong> son<br />
style.<br />
JARDIN, Alexandre<br />
Chaque femme est un<br />
roman (LHA 4696)<br />
Paris, Grasset, 2008, 300 p.<br />
Alexandre Jardin fait métier <strong>de</strong><br />
non-conformisme et tout métier,<br />
l’eût-on choisi, comporte son lot <strong>de</strong><br />
tâches répétitives, il faut s’y<br />
attendre. On tiendrait là le <strong>de</strong>rnier<br />
volume d’une « trilogie autobiographique<br />
» qui fait défiler – un chapitre<br />
pour chacune – une série <strong>de</strong><br />
brefs portraits <strong>de</strong> femmes d’un<br />
modèle peu courant dont on espère<br />
pour elles que la plupart sont fantasmées.<br />
Ayant croisé une fois ou<br />
l’autre la vie <strong>de</strong> l’auteur, elles lui<br />
ont laissé un enseignement qu’il<br />
résume souvent, telle la morale<br />
d’une fable sulfureuse, en italique<br />
dans le texte. Une chose distrayante,<br />
joyeuse, désinvolte, habile aussi<br />
mais qui ne vole pas aussi haut que<br />
sa légèreté le laisserait espérer.<br />
KENNEDY, A.L.<br />
Day (LHC 5289)<br />
London, Vintage, 2008, 280 p.<br />
Before the war, Alfred Day had<br />
little self-esteem and lived in<br />
Staffordshire together with an abusive<br />
father and an adoring mother.<br />
When he became a tail gunner in a<br />
Lancaster bomber during World<br />
War ll, his life took on a purpose<br />
and he enjoyed the camara<strong>de</strong>rie of<br />
his RAF friends. He met Joyce in an<br />
air raid shelter and for the first<br />
time fell <strong>de</strong>eply in love. After the<br />
war, all of this disappeared and<br />
Day accepts a role in war film in<br />
the hope of reliving what perhaps<br />
he would rather forget. In this<br />
remarkable and original novel,<br />
Kennedy explores one man’s search<br />
for i<strong>de</strong>ntity. Beautifully written and<br />
closely observed, this book won the<br />
2007 Costa Book Award.<br />
LEON, Donna<br />
De sang et d’ébène<br />
(LHC 5288)<br />
Traduit <strong>de</strong> l’anglais (Etats-Unis) par<br />
William Olivier Desmond<br />
Paris, Calmann-Lévy, 2008, 310 p.<br />
Un petit marchand sénégalais, ven<strong>de</strong>ur<br />
<strong>de</strong> sacs et <strong>de</strong> ceintures à la<br />
sauvette, est assassiné sur le<br />
campo San Stefano à Venise, par un<br />
soir glacé <strong>de</strong> décembre.<br />
C’ESTAIDER LA RECHERCHE<br />
DIABÈTE: 300 000<br />
PERSONNES ATTEINTES<br />
EN SUISSE.<br />
A VAINCRE LE DIABETE !CCP 12-144-1<br />
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3
Les meilleurs<br />
livres du mois<br />
choisis et<br />
commentés<br />
par la Société<br />
<strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />
Le commissaire Brunetti est évi<strong>de</strong>mment<br />
informé, mais se heurte<br />
au silence et à la peur <strong>de</strong>s compatriotes<br />
<strong>de</strong> la victime. Le mystère<br />
s’épaissit, Brunetti découvre dans<br />
un logement sordi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s poignées<br />
<strong>de</strong> diamants bruts mêlés à du gros<br />
sel. Tout finira assez tristement,<br />
bien que Paola réussisse <strong>de</strong>s risottos<br />
ai funghis et <strong>de</strong>s linguine con<br />
scampi.<br />
NAKHJAVANI,<br />
Bahiyyih<br />
La femme qui lisait trop<br />
(LHC 5276)<br />
Traduit <strong>de</strong> l’anglais par Christine Le Bœuf<br />
Arles, Actes Sud, 2007, 410 p.<br />
L’une <strong>de</strong>s figures féminines, sinon<br />
la seule, qui a été représentée sur<br />
une pierre tombale, sans avoir<br />
jamais eu l’honneur d’une épitaphe,<br />
la poétesse <strong>de</strong> Qazvin a été<br />
sans doute une femme beaucoup<br />
trop en avance sur son temps. En<br />
fait, sur le plan historique, on<br />
sait peu <strong>de</strong> choses <strong>de</strong> Tadirih<br />
Qurrat’l Ayn, puisque c’est d’elle<br />
qu’il s’agit. Née en 1817 dans la<br />
province <strong>de</strong> Qazvin (Iran), fille<br />
d’un religieux musulman, elle était<br />
dotée d’une gran<strong>de</strong> intelligence et,<br />
contrairement à la majorité <strong>de</strong> ses<br />
congénères, a pu acquérir une<br />
gran<strong>de</strong> érudition. Ses connaissances,<br />
dans le domaine <strong>de</strong> la jurispru<strong>de</strong>nce<br />
islamique notamment,<br />
lui permettaient d’affronter le clergé<br />
et <strong>de</strong> débattre avec <strong>de</strong>s savants<br />
religieux <strong>de</strong> son époque. Il est difficile<br />
<strong>de</strong> distinguer le faux et le vrai à<br />
propos <strong>de</strong> cette femme extraordinaire<br />
qui a rejeté le voile il y a cent<br />
cinquante ans. Cependant, ce qui<br />
est certain, c’est qu’elle fut accusée<br />
du meurtre <strong>de</strong> son oncle puis<br />
condamnée pour hérésie.<br />
Finalement, après un attentat manqué<br />
contre le Shah en 1852, elle fut<br />
étranglée et jetée dans un puits.<br />
La Femme qui lisait trop est après<br />
La Sacoche et Les cinq rêves du scribe,<br />
le troisième roman <strong>de</strong> Bahiyyih<br />
Nakhjavani. Elle y décrit le <strong>de</strong>stin<br />
tragique <strong>de</strong> la poétesse <strong>de</strong> Qazvin<br />
et rend hommage à une femme<br />
libre et érudite, qualités qui ont<br />
contribué à sa renommée mais<br />
aussi à son impopularité auprès<br />
<strong>de</strong>s pouvoirs politiques et religieux<br />
et à une mort tragique à 35 ans.<br />
NOURISSIER,<br />
François<br />
Eau-<strong>de</strong>-feu (LHA 4611)<br />
Paris, Gallimard, 2008, 185 p.<br />
Elle dissimulait dans les lieux les<br />
plus inattendus <strong>de</strong> la maison les<br />
alcools proscrits, qu’elle absorbait<br />
furtivement ; lui dissimulait ses<br />
courtes notes écrites en cachette<br />
qui enregistraient les phases d’une<br />
tragédie amorcée sous le signe<br />
d’innocentes libations, mondaines<br />
et partagées. Les amis remarquèrent<br />
bientôt que Reine, décidément,<br />
avait un problème. Lui, qui<br />
se désigne ici du pseudonyme <strong>de</strong><br />
Burgon<strong>de</strong>, comme dans L’empire<br />
<strong>de</strong>s nuages, crut d’abord que cela<br />
passerait, simple affaire <strong>de</strong> volonté.<br />
Il lui fallut longtemps, cure <strong>de</strong><br />
désintoxication aidant, pour<br />
admettre que l’alcoolisme <strong>de</strong> sa<br />
femme était une maladie et pour<br />
s’interroger sur sa part <strong>de</strong> responsabilité<br />
dans ce désastre. La culpabilité<br />
trouve toujours où se loger. Il<br />
comprit qu’un couple, même heureux,<br />
exige une attention constante<br />
et qu’ « il avait laissé Reine s’appauvrir<br />
». L’enfer a duré cinq ans,<br />
jalonné <strong>de</strong> scènes, <strong>de</strong> promesses,<br />
<strong>de</strong> rechutes, <strong>de</strong> monologues cuisants<br />
car l’alcool désinhibe autant<br />
qu’il dégra<strong>de</strong>. Reine n’est plus.<br />
Resté seul, mala<strong>de</strong> et âgé, François<br />
Nourissier offre à notre admiration<br />
ce texte profond d’humanité et<br />
d’une écriture éblouissante.<br />
RONG, Jiang<br />
Le totem du loup (LD 364)<br />
Traduit du chinois par Yan Hansheng et<br />
Lisa Carducci<br />
Paris, Bourin, 2007, 369 p.<br />
Envie d’évasion Déjà élu livre <strong>de</strong><br />
chevet par excellence auprès <strong>de</strong><br />
nombreux hommes d’affaires en<br />
Chine voici un livre qui fait beaucoup<br />
parler <strong>de</strong> lui ces <strong>de</strong>rniers<br />
temps. Son auteur, professeur<br />
d’économie et <strong>de</strong> sciences politiques<br />
dans une université <strong>de</strong><br />
Pékin, a choisi d’écrire sous le<br />
pseudonyme inspiré du nom d’un<br />
ancien empereur noma<strong>de</strong>. Il relate<br />
l’histoire <strong>de</strong>s noma<strong>de</strong>s mongols au<br />
tournant <strong>de</strong> la révolution culturelle.<br />
Un livre fascinant qui nous<br />
raconte l’épopée d’un jeune étudiant<br />
<strong>de</strong> Pékin venu vivre auprès<br />
<strong>de</strong>s noma<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la steppe Olong<br />
Bulag <strong>de</strong> la Mongolie intérieure. Le<br />
lecteur accompagne les aventures<br />
du jeune Chen Zhen étalées sur le<br />
cycle d’une année, d’un hiver à<br />
l’autre. Il y découvre la vie <strong>de</strong> la<br />
steppe, ses règles et ses <strong>de</strong>voirs<br />
répartis entre le pouvoir du loup et<br />
celui <strong>de</strong> l’homme. Un respect<br />
mutuel qui permit à ce peuple <strong>de</strong><br />
noma<strong>de</strong>s <strong>de</strong> puiser sa force et <strong>de</strong><br />
conquérir le mon<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntal. Les<br />
révolutions du XX e siècle bouleverseront<br />
malheureusement cet équilibre<br />
séculaire et transformeront<br />
cet espace sacré en un désert régi<br />
par le pouvoir économique. Ce<br />
best-seller a obtenu le prix Man <strong>de</strong><br />
littérature asiatique en novembre<br />
2007.<br />
SAMPEDRO,<br />
José Luis<br />
Le sourire étrusque<br />
(LHD 505)<br />
Traduit <strong>de</strong> l’espagnol par Françoise<br />
Duscha-Calandre<br />
Paris, Métailié, 1999, 318 p.<br />
Parce qu’il ne veut pas donner à<br />
son ennemi personnel la satisfaction<br />
d’assister à son enterrement,<br />
un vieux paysan calabrais atteint<br />
d’un mal inexorable accepte d’aller<br />
se faire soigner à Milan où vit son<br />
fils. Milan ne lui plaît guère et sa<br />
belle-fille pas davantage, une intellectuelle<br />
si différente <strong>de</strong>s femmes<br />
<strong>de</strong> chez lui. Mais le couple a un<br />
tout petit garçon qui le fait fondre.<br />
Le vieil homme, macho accompli,<br />
découvre un sentiment inconnu, la<br />
tendresse, aidé en cela par une<br />
amitié féminine, car promener <strong>de</strong>s<br />
bébés ou <strong>de</strong>s chiens favorise les<br />
rencontres. Ainsi celle d’un étudiant,<br />
élagueur d’arbres à ses<br />
heures, par l’entremise <strong>de</strong> qui il<br />
ira, dans un département universitaire<br />
d’ethnologie, enregistrer le<br />
folklore du massif <strong>de</strong> la Sila et<br />
s’étonner <strong>de</strong> ce à quoi ces drôles <strong>de</strong><br />
Milanais peuvent bien s’intéresser !<br />
Lui finit par confondre un peu le<br />
présent avec son passé <strong>de</strong> valeureux<br />
résistant mais aussi par pressentir<br />
la relation sereine du couple<br />
étrusque vu au musée, côte à côte<br />
sur son sarcophage, dont le sourire<br />
est placé en exergue <strong>de</strong> ce roman à<br />
la simplicité rafraîchissante. Si<br />
l’antagonisme nord-sud y semble<br />
un peu convenu alors même que<br />
l’auteur est très au fait <strong>de</strong>s particularités<br />
calabraises, la progression<br />
<strong>de</strong>s (bons) sentiments est finement<br />
analysée.<br />
4
Les meilleurs<br />
livres du mois<br />
choisis et<br />
commentés<br />
par la Société<br />
<strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />
SONNAY,<br />
Jean-François<br />
Un Prince perdu (LHA 4565)<br />
Orbe, Bernard Campiche, 1999, 235 p.<br />
Jahan (ou s’appelle-t-il Faroz ou le<br />
petit Dad ) raconte son histoire. Il<br />
est un prince, rescapé encore<br />
nourrisson du massacre <strong>de</strong> la<br />
famille royale, puis caché dans une<br />
haute vallée reculée que personne<br />
ne visite. C’est ce que lui a expliqué<br />
son seul ami, un vieux sage qui<br />
l’éduque avec soin, Raja. Quand ce<br />
<strong>de</strong>rnier meurt, l’adolescent, qui ne<br />
se sent pas <strong>de</strong>stiné à vivre la vie <strong>de</strong>s<br />
villageois, part vers la ville, vers<br />
son <strong>de</strong>stin, vers sa famille peutêtre.<br />
Il espère trouver Jorge, un<br />
étranger qui lui avait témoigné <strong>de</strong><br />
la sympathie. Le pays est la proie<br />
<strong>de</strong>s seigneurs <strong>de</strong> guerre, <strong>de</strong> la<br />
ruine, <strong>de</strong> la corruption. Jahan, qui<br />
n’a que sa parole pour tenter <strong>de</strong><br />
prouver son i<strong>de</strong>ntité, fait <strong>de</strong>s rencontres<br />
et découvre le mon<strong>de</strong>.<br />
Ce livre, original et tout à fait<br />
remarquable, écrit avec une gran<strong>de</strong><br />
et savante simplicité, tient à la<br />
fois du conte traditionnel et <strong>de</strong><br />
l’évocation très actuelle d’un pays<br />
en butte aux luttes intestines.<br />
UPDIKE, John<br />
Terroriste (LHC 5273)<br />
Traduit <strong>de</strong> l’anglais par Michèle Hechter<br />
Paris, Seuil, 2008, 317 p.<br />
Avec ce roman, John Updike brosse<br />
le portrait désolant qu’offrent les<br />
Etats-Unis <strong>de</strong> l’après 11 septembre.<br />
L’histoire a pour cadre la ville <strong>de</strong><br />
New Prospect <strong>de</strong> l’Etat du New<br />
Jersey, au nom si porteur <strong>de</strong> nombreux<br />
idéaux. Les protagonistes<br />
sont chacun à leur tour les représentants<br />
d’anciennes minorités qui<br />
constituent aujourd’hui la majorité<br />
<strong>de</strong> la population américaine. Jack<br />
Levy, conseiller d’orientation d’un<br />
collège, juif athée au seuil <strong>de</strong> la<br />
retraite, marié avec Beth, bibliothécaire<br />
germano-américaine, originaire<br />
<strong>de</strong> Pennsylvanie, dont le<br />
physique a perdu <strong>de</strong> son élégance<br />
au fil <strong>de</strong>s années. Ahmad Mulloy,<br />
jeune collégien, musulman et<br />
avi<strong>de</strong> <strong>de</strong> religion, né <strong>de</strong> l’union<br />
entre une mère américano-irlandaise<br />
et un père égyptien, qui a<br />
malheureusement choisi d’abandonner<br />
sa famille à défaut d’avoir<br />
pu s’installer dans ce pays si prometteur.<br />
Joryleen, une jeune fille<br />
noire aux courbes alléchantes et<br />
qui chante dans la chorale <strong>de</strong><br />
l’église ; elle se trouve être la protégée<br />
d’un trouble-fête répondant au<br />
nom fantastique <strong>de</strong> Tylenol, sa<br />
mère s’étant inspirée d’une publicité<br />
pour analgésiques au moment<br />
<strong>de</strong> sa naissance. Ce livre est la caricature<br />
acerbe et féroce d’une<br />
société à la dérive, démunie<br />
<strong>de</strong> valeurs soli<strong>de</strong>s, auxquelles<br />
croyaient si fort ses fondateurs.<br />
Avec ses <strong>de</strong>scriptions minutieuses<br />
<strong>de</strong> chaque ménage et <strong>de</strong> chaque<br />
communauté, l’auteur utilise ce<br />
récit comme le miroir qui reflète<br />
l’image <strong>de</strong> la société américaine<br />
d’aujourd’hui.<br />
VAN CAUWELAERT,<br />
Didier<br />
La nuit <strong>de</strong>rnière<br />
au XV e siècle (LHA 4659)<br />
Paris, Albin Michel, 2008, 281 p.<br />
Jean-Luc Talbot, contrôleur <strong>de</strong>s<br />
impôts à Châteauroux, procè<strong>de</strong> à<br />
l’examen <strong>de</strong>s comptes <strong>de</strong> l’entreprise<br />
Green War, installée dans le<br />
château <strong>de</strong> Grénant. On le persua<strong>de</strong><br />
peu à peu qu’il est le fier chevalier<br />
Guillaume que la belle Isabeau<br />
aime toujours et recherche pour<br />
poursuivre leur histoire d’amour…<br />
au XV e siècle ! Déraison, sciences<br />
occultes toujours séduisantes ou<br />
canular monté par <strong>de</strong>s contribuables<br />
originaux Prix Goncourt<br />
1994 avec Un aller simple, auteur<br />
d’une œuvre abondante, Didier van<br />
Cauwelaert promène avec humour<br />
et sens du suspens son lecteur dans<br />
un roman drôle, tendre et divertissant,<br />
auquel sa maîtrise d’écriture<br />
évite à tout instant un excès <strong>de</strong><br />
facilité avec un thème pourtant<br />
rocambolesque.<br />
XINRAN<br />
Baguettes chinoises (LD 360)<br />
Traduit du chinois par Prune Cornet<br />
Arles, Picquier, 2008, 341 p.<br />
C’est dans la Chine <strong>de</strong>s années<br />
2000, une Chine en pleine mutation<br />
économique que Sœurs Trois,<br />
Cinq et Six déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> quitter leur<br />
campagne pour chercher du travail<br />
à Nankin et prouver ainsi à leur<br />
père mais aussi aux autres villageois<br />
qu’une femme peut être plus<br />
qu’une baguette, utilitaire et<br />
jetable, et que, comme un homme,<br />
elle peut être une poutre qui soutient<br />
la maison. Les trois sœurs<br />
auront chacune la chance <strong>de</strong> trouver<br />
un travail dans leur domaine<br />
<strong>de</strong> compétence auprès <strong>de</strong> personnes<br />
qui sauront les stimuler<br />
intellectuellement, elles qui n’ont<br />
pas ou peu fait d’étu<strong>de</strong>s. L’auteure,<br />
Xinran, épargne à ses personnages<br />
les mauvaises rencontres et la <strong>de</strong>scente<br />
aux enfers qui accompagnent<br />
parfois le <strong>de</strong>stin <strong>de</strong> ces campagnar<strong>de</strong>s<br />
cherchant une<br />
meilleure vie en ville. Elle dresse<br />
avec tendresse le portrait d’une<br />
Chine multiculturelle, laissant<br />
apparaître <strong>de</strong> profonds contrastes<br />
entre la campagne et la ville, entre<br />
provinces et même parfois au sein<br />
d’une même province, ce qui vaut<br />
aux trois sœurs quelques moments<br />
<strong>de</strong> solitu<strong>de</strong> assez cocasses.<br />
Cependant, Xinran n’est pas dupe<br />
et son épilogue nous remet un peu<br />
les pieds sur terre.<br />
Histoire,<br />
biographie<br />
BERTIERE, Simone<br />
Mazarin.<br />
Le maître du jeu (HF 604)<br />
Paris, <strong>de</strong> Fallois, 2007, 697 p.<br />
Mazarin s’est fait par lui-même.<br />
Avec pragmatisme et opiniâtreté, il<br />
a triomphé <strong>de</strong> tous les obstacles<br />
pour <strong>de</strong>venir l’un <strong>de</strong>s hommes les<br />
plus puissants et les plus riches <strong>de</strong><br />
son époque. Simone Bertière<br />
montre que la vie <strong>de</strong> Mazarin reste<br />
méconnue, parce que « l’historiographie<br />
qui lui est consacrée est<br />
majoritairement nationaliste et<br />
que la France l’a rejeté ». Si l’histoire<br />
s’écrivait à l’échelle européenne,<br />
le successeur <strong>de</strong> Richelieu<br />
serait beaucoup plus illustre. Cette<br />
biographie <strong>de</strong> Mazarin, écrite dans<br />
un style alerte et reposant sur les<br />
meilleures sources, apporte un<br />
éclairage nouveau sur ce personnage<br />
singulier, d’une intelligence<br />
hors pair et d’une habileté exceptionnelle,<br />
qui sut brillamment<br />
réussir dans une monarchie déchirée<br />
par les querelles d’influence<br />
entre la haute noblesse, la famille<br />
royale et l’Eglise.<br />
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5
Les meilleurs<br />
livres du mois<br />
choisis et<br />
commentés<br />
par la Société<br />
<strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />
FIGES, Orlando<br />
Natasha’s dance (HK 12)<br />
London, Penguin Books 2003, 729 p.<br />
Orlando Figes is an historian who<br />
has written a masterful cultural<br />
history of Russia. He explores three<br />
centuries of Russia’s history and<br />
provi<strong>de</strong>s colorful portraits of painters,<br />
writers, and musicians as well<br />
as aristocrats and monks and examines<br />
the relationships between<br />
them. Natasha of the title is a character<br />
from War and Peace who<br />
<strong>de</strong>spite her aristocratic upbringing<br />
instinctively picks up the rhythm of<br />
a folk dance. This beautifully written<br />
book is both highly entertaining<br />
and extremely informative.<br />
Figes succeeds in providing keen<br />
insight into a complex civilization.<br />
FRIEDLÄNDER, Saul<br />
L’Allemagne nazie et les<br />
Juifs. Les années d’extermination,<br />
1939-1945 (HE 534)<br />
Traduit <strong>de</strong> l’anglais par Pierre-Emmanuel<br />
Dauzat<br />
Paris, Seuil, 2008, 1028 p.<br />
Cet épais volume fait suite à celui<br />
paru en 1997 et intitulé Les années<br />
<strong>de</strong> persécution, 1933-1939, décrivant<br />
la montée <strong>de</strong> l’antisémitisme<br />
en Allemagne. Procédant par<br />
tranches chronologiques, l’auteur<br />
retrace, successivement dans chacun<br />
<strong>de</strong>s pays d’Europe au fur et à<br />
mesure <strong>de</strong> l’occupation nazie, la<br />
formidable entreprise d’anéantissement<br />
qui a abouti à l’extermination<br />
systématique <strong>de</strong> millions <strong>de</strong><br />
Juifs. Les chiffres accumulés prendraient<br />
un caractère répétitif et<br />
abstrait si ne résonnaient <strong>de</strong> loin<br />
en loin « <strong>de</strong>s voix individuelles »,<br />
fragments <strong>de</strong> journaux, <strong>de</strong> lettres,<br />
<strong>de</strong> mémoires, etc. <strong>de</strong> disparus ou<br />
<strong>de</strong> survivants connus ou inconnus.<br />
Ce sinistre parcours est jalonné<br />
d’extraits <strong>de</strong>s discours d’un Hitler<br />
véritablement obsédé jusqu’à la<br />
démence par la question juive et sa<br />
vindicte s’exercera encore aux<br />
jours ultimes du désastre, alors<br />
que les villes alleman<strong>de</strong>s sont<br />
bombardées et le pays vaincu. Saul<br />
Friedlän<strong>de</strong>r rappelle également les<br />
complicités qui, partout, ont facilité<br />
l’Holocauste et les silences qui<br />
l’ont couvert, dont celui, retentissant,<br />
d’un pape parfaitement informé<br />
mais sourd aux protestations <strong>de</strong><br />
son entourage.<br />
GOUGUENHEIM,<br />
Sylvain<br />
Aristote au<br />
Mont Saint-Michel (HC 306)<br />
Paris, Seuil, 2008, 277 p.<br />
Le livre qui suscite une tonitruante<br />
polémique ! Ce médiéviste, professeur<br />
à l’Ecole normale supérieure<br />
<strong>de</strong> Lyon, défend en effet la thèse<br />
selon laquelle les racines <strong>de</strong><br />
l’Europe chrétienne seraient<br />
grecques uniquement, que les traductions<br />
arabo-musulmanes n’auraient<br />
joué qu’un rôle dérisoire<br />
dans la transmissions <strong>de</strong>s écrits <strong>de</strong><br />
l’Antiquité, que plusieurs foyers <strong>de</strong><br />
peuplement grecs en auraient<br />
assuré la continuité en Europe, et<br />
surtout que les moines du Mont<br />
Saint-Michel, dont un certain<br />
Jacques <strong>de</strong> Venise, auraient, les<br />
premiers, traduit directement du<br />
grec ancien au latin, évitant aux<br />
textes le détour tortueux, sujet à<br />
bévues, qui emprunte le syriaque<br />
et l’arabe entre les <strong>de</strong>ux langues.<br />
Aussitôt les médiévistes <strong>de</strong> France<br />
et <strong>de</strong> Navarre <strong>de</strong> monter au créneau,<br />
et les « islamovigilants » <strong>de</strong><br />
pavoiser en instrumentalisant ce<br />
malheureux essai. En attendant<br />
que le comité ad hoc créé par<br />
l’Ecole Normale (et réclamé par<br />
quelque <strong>de</strong>ux cents signataires !)<br />
examine cette affaire dans une<br />
démarche qui vous a <strong>de</strong>s relents<br />
d’Inquisition, on peut lire par<br />
curiosité un ouvrage dont certains<br />
aspects surprennent même le lecteur<br />
non prévenu.<br />
JOUANNA, Arlette<br />
La Saint-Barthélemy.<br />
Les mystères d’un crime<br />
d’Etat (HF 605)<br />
Paris, Gallimard, 2007, 407 p.<br />
Femmes éventrées, vieillards égorgés,<br />
enfants précipités dans le fleuve…<br />
tel est le récit du massacre<br />
<strong>de</strong>s protestants perpétré à partir<br />
du 24 août 1572. C’est que la<br />
Saint-Barthélemy, « le plus grand<br />
exemple <strong>de</strong> fanatisme » selon<br />
Voltaire, reste d’autant plus inexplicable<br />
qu’elle intervient seulement<br />
quelques jours après le<br />
mariage <strong>de</strong> Marguerite <strong>de</strong> Valois<br />
avec Henri <strong>de</strong> Navarre (futur<br />
Henri IV) qui eut lieu le 18 août<br />
1572 et était censé sceller la réconciliation<br />
entre catholiques et<br />
réformés. Quelles furent donc les<br />
causes et les conséquences <strong>de</strong> ce<br />
revirement Avec une gran<strong>de</strong> clarté<br />
<strong>de</strong> style, Arlette Jouanna, professeur<br />
émérite à l’Université <strong>de</strong><br />
D<br />
N O U V E L L E<br />
L I B R A I R I E D E S C O M B E S<br />
Montpellier, décrit la situation religieuse<br />
et politique avant, pendant<br />
et après cette tragédie et propose<br />
une lecture nouvelle <strong>de</strong> ce carnage<br />
qui fit 10’000 morts et provoqua <strong>de</strong><br />
nombreux départs en exil et d’abjurations<br />
dans toute la France.<br />
Selon l’auteur, une certaine France<br />
voltairienne, anticléricale et laïque<br />
est sans doute l’héritière <strong>de</strong> cet<br />
événement dans lequel l’Eglise<br />
catholique a reconnu sa part <strong>de</strong><br />
responsabilité 400 ans plus tard.<br />
OSSIPOW, William<br />
(Sous la direction <strong>de</strong>)<br />
Israël et l’autre (HL 90)<br />
Genève, Labor et Fi<strong>de</strong>s, 2005, 243 p.<br />
Quatre contributions sur divers<br />
aspects <strong>de</strong> la question israélienne<br />
par <strong>de</strong>s universitaires basés à<br />
Genève ou à Tel-Aviv, qui sont souvent<br />
confrontés aux questions très<br />
complexes telles que : pourquoi ce<br />
conflit Pourquoi ne parvient-on<br />
pas à y mettre fin Ou encore : qui<br />
a tort et qui a raison Que peut<br />
faire la communauté internationale<br />
Afin d’apporter, sinon <strong>de</strong>s<br />
réponses, au moins <strong>de</strong>s réflexions<br />
<strong>de</strong> spécialistes à ce genre <strong>de</strong> questions,<br />
les auteurs <strong>de</strong>s divers textes<br />
<strong>de</strong> cet ouvrage décrivent le parcours<br />
du peuple juif, <strong>de</strong> l’exil jusqu’au<br />
retour en Palestine amorcé à<br />
la fin du XIX e siècle, la Déclaration<br />
Balfour en 1917, les <strong>de</strong>ux guerres<br />
et finalement la création <strong>de</strong> l’Etat<br />
d’Israël il y a tout juste 60 ans. En<br />
restituant la genèse <strong>de</strong>s conflits et<br />
<strong>de</strong>s diverses résolutions qui ont<br />
jalonné le <strong>de</strong>stin d’Israël, les intervenants<br />
permettent <strong>de</strong> mieux faire<br />
comprendre que, comme l’écrit<br />
Venez redécouvrir cette librairie.<br />
6 , R U E D U V I E U X C O L L È G E 1 2 0 4 G E N È V E<br />
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6
Les meilleurs<br />
livres du mois<br />
choisis et<br />
commentés<br />
par la Société<br />
<strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />
William Ossipow: « La défense et la<br />
protection du peuple juif ne peuvent<br />
reposer que sur un environnement<br />
extérieur pacifié où l’autre<br />
sera reconnu dans ses droits et sa<br />
dignité. Là sera la plus sûre <strong>de</strong>s<br />
frontières ».<br />
VERDON, Jean<br />
Les superstitions<br />
au Moyen Age (HC 343)<br />
Paris, Perrin, 2008, 318 p.<br />
Les hommes ont toujours désiré<br />
favoriser les récoltes, conserver la<br />
santé, comman<strong>de</strong>r l’amour, tenter<br />
<strong>de</strong> connaître l’avenir, établir un<br />
lien avec l’au-<strong>de</strong>là… J. Verdon s’appuie<br />
sur une documentation<br />
importante et variée pour relater<br />
un grand nombre d’exemples <strong>de</strong><br />
comportements superstitieux. Il<br />
tente d’analyser comment ils<br />
furent acceptés, justifiés, dénigrés<br />
ou condamnés, quel fut le rôle <strong>de</strong><br />
l’Église, et comment tout cela évolua<br />
au cours <strong>de</strong>s siècles. D’abord,<br />
soit du V e au XI e siècle, il fallait lutter<br />
contre les anciennes religions,<br />
tenter <strong>de</strong> les extirper ou, à défaut,<br />
<strong>de</strong> les accommo<strong>de</strong>r. Puis le problème<br />
s’est déplacé, la magie s’est<br />
apparentée à l’hérésie, le diable est<br />
« apparu », l’erreur lui a été imputée,<br />
les convictions et les pratiques<br />
déviantes ont fait l’objet <strong>de</strong> procès ;<br />
la chasse aux sorcières s’est<br />
déchaînée, appuyée par <strong>de</strong>s traités<br />
et par les institutions ecclésiastiques<br />
et civiles. Voilà un ouvrage<br />
intéressant et agréable à lire.<br />
Divers<br />
AUGUSTIN<br />
Les Aveux (TK 262)<br />
Nouvelle traduction <strong>de</strong>s Confessions par<br />
Frédéric Boyer<br />
Paris, P.O.L., 2008, 402 p.<br />
C’est toujours une heureuse surprise<br />
qu’une nouvelle traduction.<br />
En suscitant la curiosité, elle permet<br />
<strong>de</strong> redécouvrir, ou simplement<br />
<strong>de</strong> découvrir, un texte aussi souvent<br />
cité et réputé connu que Les<br />
Confessions <strong>de</strong> St Augustin. Ce sera<br />
sans doute le cas du texte que propose<br />
aujourd’hui Frédéric Boyer,<br />
sous ce nouveau titre Aveux, qui<br />
peut surprendre. Comme si, voulant<br />
dépoussiérer les traductions<br />
classiques, voulant alléger le poids<br />
d’expressions <strong>de</strong>venues trop<br />
conventionnelles pour dire l’élan<br />
contrarié <strong>de</strong> l’homme vers son<br />
Dieu et pour analyser les allées et<br />
venues du converti entre foi et raison,<br />
Boyer voulait retrouver l’originalité<br />
<strong>de</strong> la démarche d’Augustin et<br />
la saveur <strong>de</strong> son style. C’est bien le<br />
sens <strong>de</strong> l’avant-propos où le traducteur<br />
définit ainsi son entreprise:<br />
« J’aimerais ne jamais avoir lu<br />
<strong>de</strong> livres. J’aimerais que tout soit<br />
neuf. Ouvrir un livre pour la première<br />
fois. J’aimerais que les<br />
œuvres naissent sous mes yeux et<br />
entre mes mains ici et maintenant.<br />
Rapi<strong>de</strong>ment. »<br />
DEBRAY, Régis<br />
Un candi<strong>de</strong><br />
en Terre sainte (GVH 348)<br />
Paris, Gallimard, 2008, 453 p.<br />
Il y a une enquête que j’aurais bien<br />
aimé écrire, lui avait dit un jour<br />
François Maspero, aller sur les pas<br />
<strong>de</strong> Jésus et voir ce qui en résulte,<br />
quel goût a sur place l’Evangile<br />
aujourd’hui. Voilà chose faite !<br />
Dans la veine <strong>de</strong>s Voyages en<br />
Orient <strong>de</strong> ses prédécesseurs du<br />
XIX e siècle, dont Nerval et<br />
Flaubert, l’auteur dans ce récit<br />
éblouissant parcourt ce Proche-<br />
Orient qui ne se livre pas facilement.<br />
Il conduit le lecteur sur les<br />
traces du Christ : <strong>de</strong> Nazareth,<br />
Bethléem et Gaza, lieux <strong>de</strong> l’enfance<br />
<strong>de</strong> Jésus, à Jérusalem, la Syrie et<br />
la Phénicie, puis à travers la<br />
Galilée, la Judée et la Samarie et<br />
finalement retour à Jérusalem, lieu<br />
<strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière Pâque. Mais Régis<br />
Debray ne se contente pas d’une<br />
simple narration. En homme épris<br />
et grand connaisseur <strong>de</strong> culture<br />
religieuse, il fait découvrir au lecteur<br />
les paysages évoqués dans les<br />
Saintes Ecritures, sans oublier<br />
pour autant le présent. Dans son<br />
attachement à Israël et son amitié<br />
pour la Palestine, il ne cache pas<br />
ses déceptions et ne se prive pas,<br />
notamment dans ses multiples<br />
digressions, d’exprimer la révolte<br />
ou l’ironie, quitte à être irritant ou<br />
provocateur. Un texte qui se lit,<br />
d’un bout à l’autre ou par petits<br />
bouts, avec un grand plaisir. Du<br />
très bon Régis Debray !<br />
KAHN, Axel<br />
Raisonnable et humain <br />
Paris, NiL éditions, 2004, 316 p.<br />
(SF 263)<br />
La question <strong>de</strong> la spécificité <strong>de</strong><br />
l’homme a été souvent débattue<br />
par les philosophes, mais aussi par<br />
les biologistes. Evolutionniste<br />
convaincu, Axel Kahn, mé<strong>de</strong>cin,<br />
généticien et… laïque évoque dans<br />
Raisonnable et humain son expérience<br />
d’homme et <strong>de</strong> scientifique.<br />
Il rappelle brièvement les circonstances<br />
<strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> son père, qui<br />
s’est suicidé il y a plus <strong>de</strong> trente<br />
ans, et qui a laissé dans son testament<br />
cette ultime recommandation<br />
à son fils : « Sois raisonnable et<br />
humain ». Mais que veulent dire<br />
ces termes L’homme, écrit Axel<br />
Kahn, est issu d’une évolution<br />
continue. Néanmoins, l’apparition<br />
<strong>de</strong> son humanité implique une discontinuité.<br />
Ce saut qualitatif, en<br />
rien paradoxal avec la théorie <strong>de</strong><br />
Darwin, fait la spécificité <strong>de</strong> l’homme.<br />
Comment évoquer l’évolution <strong>de</strong> la<br />
vie sans évoquer la mort et toutes<br />
les questions qu’elle soulève Il<br />
faut relever que l’homme est le<br />
seul être vivant conscient <strong>de</strong> sa<br />
finitu<strong>de</strong>. Dans quelle mesure, en<br />
admettant que cela soit possible,<br />
l’homme peut-il être maître <strong>de</strong> sa<br />
vie et <strong>de</strong> sa mort Et finalement<br />
l’auteur analyse une question primordiale<br />
: la neurobiologie<br />
conduit-elle au déterminisme <br />
Un ouvrage passionnant qui livre<br />
<strong>de</strong> nombreuses pistes <strong>de</strong> réflexion.<br />
MARTIN, Laurent<br />
Le Canard enchaîné.<br />
Histoire d’un journal<br />
satirique (1915-2005)<br />
(LCG 324)<br />
Paris, Nouveau Mon<strong>de</strong>, 2005, 767 p.<br />
Après un lancement raté en 1915,<br />
Le Canard enchaîné démarra en<br />
juillet 1916, en riposte à la censure<br />
et au « bourrage <strong>de</strong> crâne » <strong>de</strong> la<br />
propagan<strong>de</strong> officielle. D’emblée, il<br />
s’attaqua à « la guerre, aux politiciens,<br />
aux affairistes, aux curés, au<br />
pouvoir, à la guillotine », avec pour<br />
arme le rire, « seul à même <strong>de</strong> traduire<br />
(au double sens <strong>de</strong> rendre<br />
compte et <strong>de</strong> convoquer <strong>de</strong>vant un<br />
tribunal) l’absurdité sanglante du<br />
mon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne ». L’occupation<br />
alleman<strong>de</strong> interrompit sa parution<br />
<strong>de</strong> 1940 à 1944. Il est aujourd’hui<br />
un <strong>de</strong>s rares titres <strong>de</strong> la presse à<br />
vivre sans publicité, confortablement.<br />
Autogéré, il appartient à son<br />
personnel et a échappé à la puissance<br />
<strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> presse. C’est<br />
donc 90 ans d’histoire du journal,<br />
et aussi d’histoire tout court, que<br />
raconte ce livre, issu d’une thèse,<br />
avec tout ce que cela comporte <strong>de</strong><br />
poids, <strong>de</strong> sérieux, <strong>de</strong> rigueur et <strong>de</strong><br />
notes ! Cela manque peut-être un<br />
peu d’impertinence, dont Le<br />
Canard ne saurait se passer !<br />
MAATHAI, Wangari<br />
Celle qui plante les<br />
arbres (SB 58)<br />
Traduit <strong>de</strong> l’anglais (Kenya) par Isabelle<br />
Taudière<br />
Paris, Héloïse d’Ormesson, 2007, 380 p.<br />
C’est l’autobiographie d’une<br />
femme étonnante : fille <strong>de</strong> petits<br />
paysans Kikuyus et prix Nobel <strong>de</strong> la<br />
Paix, Wangari est née dans un village<br />
près du Mont Kenya, à côté<br />
d’une école <strong>de</strong> religieuses catholiques<br />
où elle a passé plusieurs<br />
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7
Les meilleurs<br />
livres du mois<br />
choisis et<br />
commentés<br />
par la Société<br />
<strong>de</strong> <strong>Lecture</strong><br />
années. Diplômée ensuite<br />
<strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Nairobi, elle<br />
a profité d’un programme <strong>de</strong><br />
J-F. Kennedy pour réussir <strong>de</strong>s<br />
diplômes dans une université américaine,<br />
puis en Europe. Nommée à<br />
un poste d’enseignante à l’Institut<br />
vétérinaire <strong>de</strong> Nairobi, c’est en<br />
contrôlant la santé du cheptel<br />
qu’elle a remarqué l’érosion du sol<br />
et la déforestation du Kenya.<br />
Avec une immense énergie, elle<br />
fon<strong>de</strong> la GBM, le Mouvement<br />
Ceinture Verte qui organise<br />
<strong>de</strong>s pépinières partout, malgré la<br />
résistance du gouvernement et du<br />
prési<strong>de</strong>nt Arap Moi. Nommée prési<strong>de</strong>nte<br />
du Conseil <strong>de</strong>s Femmes<br />
kenyanes, puis attachée aux programmes<br />
du PNUD <strong>de</strong>s Nations<br />
Unies et <strong>de</strong>s problèmes environnementaux,<br />
elle est soumise à mille<br />
vexations, elle est emprisonnée<br />
plusieurs fois et réussit chaque fois<br />
à imposer sa volonté.<br />
Wangari Maathai est célèbre dans<br />
les pays en développement où les<br />
ceintures vertes croissent un peu<br />
partout. La lutte pour l’autonomie<br />
et l’éducation <strong>de</strong>s femmes est aussi<br />
parmi ses priorités.<br />
MEDDEB, Ab<strong>de</strong>lwahab<br />
Sortir <strong>de</strong> la malédiction.<br />
L’islam entre civilisation<br />
et barbarie (TA 499)<br />
Paris, Seuil, 2008, 277 p.<br />
Animateur et producteur <strong>de</strong> l’émission<br />
hebdomadaire Cultures d’islam<br />
sur FranceCulture, professeur<br />
<strong>de</strong> littérature comparée à<br />
l’Université Paris X, Ab<strong>de</strong>lwahab<br />
Med<strong>de</strong>b présente dans cet ouvrage<br />
un vibrant plaidoyer pour un islam<br />
<strong>de</strong>s Lumières. Dans un précé<strong>de</strong>nt<br />
ouvrage intitulé La maladie <strong>de</strong> l’islam,<br />
publié suite aux attentats du<br />
11 septembre 2001, il avait déjà<br />
dénoncé l’islamisme comme une<br />
maladie. Dans ce livre-ci, il préconise<br />
la recette <strong>de</strong> guérison, à<br />
savoir ; « un cheminement en<br />
quatre étapes dont chacune propose<br />
une station invitant à un effort<br />
<strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> travail sur soi ».<br />
En suivant pas à pas l’actualité,<br />
l’auteur réfute, preuves à l’appui,<br />
la consubstantialité <strong>de</strong> la religion<br />
et <strong>de</strong> la politique sur laquelle serait<br />
basé l’islam puis éclaire le lecteur<br />
Nous vous conseillons aussi...<br />
ARNOTHY, Christine, Les années cannibales : autobiographie, Fayard, 2008, 344 p.<br />
(LHA 4720)<br />
BOISSARD, Janine, Un amour <strong>de</strong> déraison, Le Rocher, 2008, 256 p. (LHA 4708)<br />
CHAPSAL, Ma<strong>de</strong>leine, Il vint m’ouvrir la porte, Fayard, 2008, 336 p. (LHA 4648)<br />
CHESSEX, Jacques, Le simple préserve l’énigme, Gallimard, 2008, 84 p. (LM 2922)<br />
DOMMEN & BRATT, John Calvin rediscovered, Westminster J. Knox Press, 2007,<br />
161 p. (8.11 DOM)<br />
HERMARY-VIEILLE, Catherine, Le roman d’Alia, A. Michel, 2008, 314 p. (LHA 4645)<br />
JEVAKHOFF, Alexandre, Les Russes blancs, Tallandier, 2007, 605 p. (HK 13)<br />
KLEINBERG, Aviad, Péchés capitaux, Seuil, 2008, 215 p. (TD 199)<br />
LUDLUM, Robert, La trahison Tristan, Grasset, 2007, 505 p. (LHC 5284)<br />
MALLET-JORIS, Françoise, Ni vous sans moi, ni moi sans vous, Grasset, 2008, 280 p.<br />
(LHA 7301)<br />
RENDELL, Ruth, Promenons-nous dans les bois, Calmann-Lévy, 2005, 381 p. (LHC 5283)<br />
SERRES, Michel, Le mal propre, Le Pommier, 2008, 91 p. (SF 262)<br />
VARGAS, Fred, Coule la Seine, J’ai lu, 2004, 122 p. (LHA 4707)<br />
VELLAS, Christian, Légen<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Genève et du Genevois, Slatkine, 2007, 175 p. (10.2 VEL)<br />
Denis <strong>de</strong> Rougemont, aujourd’hui, L’Age d’Homme, 2007, 106 p. (LCD 197)<br />
www.fassbindhotels.com<br />
sur le statut « incréé et éternel » du<br />
texte coranique. De plus, il apporte<br />
une étu<strong>de</strong> critique sur les problèmes<br />
aussi actuels que le djihad<br />
ou encore le statut <strong>de</strong> la femme en<br />
islam.<br />
Une voix libre, comme jadis celle<br />
<strong>de</strong> Hafez <strong>de</strong> Chiraz, cité abondamment<br />
par l’auteur, qui permet <strong>de</strong><br />
découvrir un autre islam que celui<br />
que le terrorisme met en exergue.<br />
ROBIN, Marie-<br />
Monique<br />
Le mon<strong>de</strong> selon<br />
Monsanto (SEB 119)<br />
Paris, La Découverte, 2008, 370 p.<br />
Fondée en 1901, Monsanto est une<br />
entreprise américaine aujourd’hui<br />
spécialisée dans la biotechnologie<br />
végétale. Originellement entreprise<br />
<strong>de</strong> produits chimiques, son nom<br />
est associé à celui <strong>de</strong> l’agent orange<br />
massivement utilisé par l’armée<br />
<strong>de</strong>s États-Unis lors <strong>de</strong> la guerre du<br />
Viêt Nam. Lea<strong>de</strong>r sur le marché <strong>de</strong><br />
la production du glyphosate, herbici<strong>de</strong><br />
total qu’elle commercialise<br />
sous le nom <strong>de</strong> Roundup,<br />
Monsanto est également un <strong>de</strong>s<br />
principaux producteurs <strong>de</strong> plantes<br />
génétiquement modifiées. Elle fait<br />
l’objet <strong>de</strong> nombreuses enquêtes et<br />
actions en justice concernant à la<br />
fois les produits chimiques ou issus<br />
du génie génétique qu’elle met sur<br />
le marché et ses métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> lobbying.<br />
Elle est généralement accusée<br />
<strong>de</strong> promouvoir <strong>de</strong>s produits<br />
nocifs pour la santé et l’écosystème<br />
et <strong>de</strong> falsifier les résultats d’enquêtes<br />
scientifiques.<br />
Bienvenue...<br />
Ces questions rentrent dans le<br />
cadre plus général <strong>de</strong>s débats<br />
autour <strong>de</strong> la brevetabilité du<br />
vivant. C’est une enquête fouillée<br />
et documentée. On espère <strong>de</strong> tout<br />
cœur que l’auteur exagère les faits<br />
tant ils démontrent un cynisme<br />
mercantile qu’on aimerait d’un<br />
autre âge…<br />
SALMON, Christian<br />
Storytelling, la machine<br />
à fabriquer <strong>de</strong>s histoires<br />
et à formater les esprits<br />
(LBD 18)<br />
Paris, La Découverte (Cahiers libres),<br />
2007, 239 p.<br />
Cet ouvrage, parfaitement au fait<br />
<strong>de</strong> la réalité américaine, montre<br />
comment on est passé <strong>de</strong>s marques<br />
et <strong>de</strong>s logos aux fictions, petites histoires<br />
fondées sur les ragots courant<br />
dans les entreprises et<br />
réécrites sous forme <strong>de</strong> récits sommaires<br />
par <strong>de</strong>s professionnels en<br />
vue <strong>de</strong> nourrir l’imaginaire tant <strong>de</strong>s<br />
employés que <strong>de</strong>s consommateurs.<br />
Il s’agit en somme d’une forme <strong>de</strong><br />
publicité non tant mensongère que<br />
fictionnelle, qui produit une valeur<br />
ajoutée : les légen<strong>de</strong>s familiales<br />
d’autrefois sont <strong>de</strong>venues dans<br />
notre mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s histoires attachées<br />
à <strong>de</strong>s images ou à <strong>de</strong>s<br />
concepts commerciaux. En Europe,<br />
il y a quelques années, un certain<br />
Goebbels déjà…<br />
Ce livre est à lire <strong>de</strong> toute urgence:<br />
il nous ouvre les yeux sur les<br />
formes actuelles <strong>de</strong> la manipulation<br />
<strong>de</strong>s masses et nous permettra peutêtre<br />
d’être moins faciles à gruger...<br />
A la Société <strong>de</strong> <strong>Lecture</strong>, retrouvez une équipe à votre écoute,<br />
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