MEDITERRANEO - EMI Classics

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Notre enregistrement dans la Salle Byzantine du palais de Béhague à Paris
La musique ne connaît pas de frontières.
Même les frontières du temps semblent se dissoudre.
En juin 2012, nous avons été invités à donner un concert dans la Salle Byzantine, qui se trouve
dans le palais de Béhague à Paris. Bien que je réside à Paris depuis plus de vingt ans, je n’avais
encore jamais entendu parler de ce lieu enchanté, magique.
La Salle Byzantine est un théâtre privé que la comtesse Martine de Béhague fit construire
dans son palais parisien en 1898. Cette riche héritière – une éminente collectionneuse qui navigua
à travers le monde sur son yacht pour rassembler des œuvres d’art – engagea des artistes célèbres
tels qu’Adolphe Appia, Mariano Fortuny, Isadora Duncan, Charles-Marie Widor, Sarah Bernhardt,
Marcel Proust, Auguste Rodin ou Paul Valéry. Elle fit organiser des concerts et des opéras dans
son théâtre privé : Fauré y dirigea son célèbre Requiem, et plusieurs opéras de Wagner ainsi que
Carmen de Bizet y furent donnés.
La comtesse resta sans enfant ; après sa mort, le palais de Béhague fut donc vendu avec son
merveil leux théâtre à l’État roumain, qui y installa son ambassade à Paris. Le théâtre demeura fermé
de 1939 à 2009 ; ce n’est que tout récemment qu’il a rouvert ses portes aux manifestations culturelles,
grâce aux judicieux efforts des employés de l’ambassade.
Lorsque, pour la première fois, nous pûmes visiter ce ravissant théâtre, Simona Radulescu,
de l’ambassade roumaine, nous reçut et nous fit faire une visite guidée exhaustive et fascinante à
travers le palais. J’étais comme ensorcelée par ce lieu merveil leux, qui recèle, outre son acoustique
remarquable et sa magnifique architecture, une énergie et une aura positive presque magiques. Je
demandai à Simona Radulescu si l’ambassade roumaine pouvait envisager d’accorder une résidence
artistique à L’Arpeggiata dans la Salle Byzantine, pour nous permettre d’y enregistrer notre prochain
disque. Elle fut tout à fait conquise par mon idée ; elle la soutint aimablement et put obtenir une
audience avec Madame Yvette Fulicea, Ministre Plénipotentiaire. Madame le Ministre fut enchantée
par l’idée, et on trouva prompte ment une date pour l’enregistrement de Mediterraneo.
La Salle Byzantine est complètement coupée de l’agitation du monde extérieur parisien. Il est
impossible, depuis la rue bourdonnante d’activité, de deviner quel joyau insoupçonné se cache