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catalogue n° 15 juin 2007 - Librairie Walden

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<strong>catalogue</strong> <strong>n°</strong> <strong>15</strong><br />

<strong>juin</strong> <strong>2007</strong><br />

<strong>Librairie</strong> <strong>Walden</strong><br />

9, rue aux fromages<br />

14000 Caen<br />

téléphone / fax<br />

+33 (0)2 31 85 90 62<br />

+33 (0)2 31 86 20 57<br />

contact@librairie-walden.com<br />

www.librairie-walden.com<br />

“ Read the best books first, or you may<br />

not have a chance to read them at all.”<br />

Henry-David Thoreau.


Exceptionnelle vente aux enchères<br />

Fonds Louis Perceau<br />

bibliothèque d’ouvrages anciens et modernes<br />

Erotiques<br />

Littérature<br />

Illustrés modernes<br />

Vente à Paris, Hôtel Drouot<br />

Mardi 26 <strong>juin</strong> <strong>2007</strong><br />

experts : Christophe d’Astier - Hervé Valentin<br />

<strong>catalogue</strong> sur demande<br />

La librairie est ouverte du mardi ou vendredi, de 10h à 13h et de 14h30 à 19h.<br />

Lundi et samedi sur rendez-vous ; déplacement hebdomadaire à Paris, sur rendez-vous.<br />

Les prix sont indiqués en euros<br />

Conditions de ventes conformes aux usages du Syndicat de la <strong>Librairie</strong> Ancienne et Moderne<br />

Caisse d’Epargne Paris-Ile-de-France<br />

52 Avenue Leclerc, 75014 Paris<br />

iban : FR 76 1751 5900 0004 29873919 525<br />

TVA : FR-67432558294<br />

R.C.S. A 432 558 294.<br />

La quatrième de couverture est la reproduction de la vignette au titre de<br />

<strong>Walden</strong>, or Life in the woods. Boston : Ticknor & Fields, 1854.<br />

Règlements par chèque (France), carte Visa &<br />

Mastercard, American Express, virements.<br />

Les recherches et notices pour ce <strong>catalogue</strong> ont été réalisées par Eva de Lamaze, Mathieu S.et Hervé Valentin


Adhérer au service des “ bonnes feuilles “ !<br />

Avant chaque parution, recevez plusieurs jours avant le reste du fichier client un exemplaire<br />

du <strong>catalogue</strong>.<br />

Si vous disposez d’une adresse de messagerie électronique, une version avant première du<br />

<strong>catalogue</strong> vous sera expédiée au format pdf dès le mois précédent.<br />

De plus, une remise de 10% est sytématiquement accordée aux membres des<br />

“ bonnes feuilles ”, et ce sur chaque ouvrage de la librairie - <strong>catalogue</strong>,<br />

foire & salon, boutique, site internet.<br />

Offre réservée à soixante membres - cotisation annuelle de 90 € la première année,<br />

40 € ensuite.


première partie<br />

livres anciens et<br />

du XIX ème siècle


2<br />

3<br />

1 [Abbé Grégoire]. Motion de l’Abbé Grégoire,... à la séance du 14 juillet 1789.<br />

Paris, chez Baudoin, imprimeur de l’Assemblée Nationale, 1789.<br />

300 €<br />

EDITION ORIGINALE du célèbre discours de l’Abbé Grégoire, tenu pendant les heures<br />

mêmes de la prise de la Bastille :<br />

“ vainement ferait-on couler des fleuves de sang, la Révolution s’achèvera (...)<br />

la raison étend son empire, elle resplendit de toute part... Ah ! S’il fallait de<br />

nouveau nous courber sous le joug, il vaudrait mieux, sans doute, fuir avec un<br />

Ministre chéri au sein de l’Helvétie, ou vers les rivages de Bolton, sur lesquels<br />

d’illustres chevaliers français ont aidé à planter l’étendard de la liberté. Il est<br />

donc vrai que notre roi est obsédé, trompé par ses ennemis et les nôtres... Notre<br />

devoir exige, messieurs , que nous nous rallions autour de lui pour le défendre,<br />

et pour relever avec lui le temple de la patrie.. “<br />

Dehors, les premieèrs piques se dressent sur les rives de la Seine...<br />

l’adoption du veto suspensif : les premiers pas de la démocratie<br />

2 Opinion de M. Grégoire, curé d’Emberménil, député de Nanci (sic), sur la<br />

sanction royale, à la séance du 4 septembre. Paris, Imprimerie nationale, 1789.<br />

Pet. in-12 de 12 pp., sous chemise papier.<br />

250 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Discours fondamental sur une question, simple, mais qui ne l’est pas moins alors :<br />

accordera-t-on au roi un droit de veto? Autrement dit, le monarque pourra-t-il refuser<br />

de contresigner les lois votées par l'Assemblée pour les empêcher d'entrer en vigueur?<br />

Le débat est de brûlante actualité, car Louis XVI hésite encore à approuver les décrets<br />

du 4 et du 11 août. Le veto... le peuple ne comprend même pas ce mot savant.<br />

Qu’importe. En plus d’être mystérieux, le mot inquiète et, tandis qu’on rédigeait la<br />

Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, préoccupait les meilleures têtes.<br />

La question du veto est la première qui divise nettement le parti patriote. A droite, les<br />

modérés, comme Mounier, sont favorables à un système à l'anglaise, c'est-à-dire, au<br />

veto absolu. En revanche, les conciliateurs, tels Pétion ou Barnave, voudraient un<br />

veto suspensif qui permette un recours à de nouvelles élections en cas de désaccord persistant<br />

entre le roi et l'Assemblée. Seuls les démocrates s'élèvent violemment contre<br />

toute forme de prérogative royale. Le veto suspensif, défendu par l’Abbé Grégoire, sera<br />

finalement voté par 673 voix contre 325.<br />

3 Paul Arène. Jean-des-figues. Paris, <strong>Librairie</strong> Internationale, Bruxelles, A.<br />

Lacroix Verboeckhoven et Cie, s.d. [1870]. In-12 de 2 ff., frontispice et 333 pp. ; percaline<br />

moutarde, dos lisse, pièce de titre (Reliure de l’époque).<br />

480 €<br />

EDITION ORIGINALE. Eau-forte d'Emile Benassit, en frontispice.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ à mon cher Victor Azam, souvenir affectueux, Paul Arène “.<br />

Belle lettre autographe (2 pp. in-12, à l’encre) signée, montée en tête du volume : “<br />

monsieur, la façon particulièrement bienveillante dont vous m’aviez reçu (...)<br />

me faisait désirer vous offrir personnellement un petit livre que je viens de<br />

publier - mais je suis toujours aux heures du journal et voci la troisième fois<br />

qu’il m’est imposible de franchir les portes de votre cabinet. Je vous laisse donc<br />

mon livre en guise de carte de visite, etc... Votre bien dévoué, Paul Arène “.<br />

Victor Azam était rédacteur en chef du journal le Hanneton, ou Arène publia<br />

quelques articles.<br />

Monod, 492.


5<br />

5<br />

6<br />

4 Charles Asselineau. Jean de Schelandre. Paris,Thunot, 1854. In-8, broché,<br />

sous étui-chemise de demi-maroquin marine, dos lisse, titre doré.<br />

430 €<br />

EDITION ORIGINALE du premier livre de l’auteur, imprimé à petit nombre.<br />

La vie de Charles Asselineau, dont la notoriété doit beaucoup au nom de Charles<br />

Baudelaire, fut tout entière dévouée aux livres. Outre son amitié pour le poète et le<br />

travail qu'il mena pour honorer son œuvre, il fut un découvreur obstiné des « obscurs<br />

» de la littérature. Pendant de longues heures passées à explorer les collections de<br />

la Bibliothèque nationale, il découvrit le poète et dramaturge français, Daniel<br />

d'Anchères qui signait de l'anagramme de son nom, Jean de Schelandre: cet auteur<br />

du XVIIème siècle donna un premier recueil de poésies, puis une tragi-comédie en<br />

prose et en vers qui le fit quelque peu connaître. De sa vie on sait peu de chose. Il fit<br />

carrière dans l'Armée, participa aux batailles de Hollande et fut mortellement blessé<br />

au combat en 1635.<br />

Après cette édition publiée chez Thunot, Charles Asselineau fit paraître une édition<br />

augmentée d'un choix de poésies d'après l'édition de 1608, chez Poulet-Malassis.<br />

Bel exemplaire broché, petites déchirures à la couverture, doublée. Rare.<br />

Oberlé, 116 (pour l’édition Malassis) ; Cioranesco XVII, 61955 (pour Schelandre).<br />

5 [Honoré de Balzac, imprimeur]. Marquis de Pastoret. Le Duc de Guise à<br />

Naples ou Mémoires sur les Révolutions... Paris, Urbain Canel [imprimerie de<br />

Balzac, rue des Marais], 1828. In-8 de 318 pp., veau flammé, dos lisse orné, tr. marbrées<br />

(Reliure de l’époque).<br />

340 €<br />

DEUXIEME EDITION - l’originale est de 1825, chez Ladvocat.<br />

A partir de 1825, Balzac se lance dans diverses entreprises d'édition, d'imprimerie,<br />

de fonderie de caractères. Ces tentatives de pallier l'insuccès commercial de ses travaux<br />

littéraires se solderont par un échec. En 1828, criblé de dettes, il doit renoncer à<br />

sa carrière de chef d'entreprise. La production de Balzac imprimeur s'élève à plus de<br />

300 documents, du Prospectus pour les pilules antiglaireuses de longue vie aux<br />

Oeuvres complètes de Shakespeare).<br />

Rare en pleine reliure strictement d’époque. Piqûres dans le texte, sinon bon exemplaire.<br />

6 Honoré de Balzac. Peines de cœur d'une chatte anglaise. Paris, Hetzel, 1840.<br />

In-8 de 64 pp., broché, sous couv. ill.<br />

600 €<br />

EDITION ORIGINALE, sous forme de livraison aux Scènes de la vie privée et publique<br />

des animaux.<br />

En 1840, l'éditeur Hetzel demande à des écrivains célèbres une série de fables satiriques<br />

qui seraient illustrées par Grandville puis réunies sous le titre des Scènes de<br />

la vie privée et publique des animaux. Conçu par l'éditeur, l’ouvrage met en scène<br />

des animaux "humanisés" ; les textes sont confiés à des écrivains parmi les plus talentueux<br />

de l'époque : Balzac, Baude, la Bédollière, Janin, Nodier, George Sand...<br />

Cet ouvrage est le premier d'une série où l'éditeur applique la recette des Anglais<br />

peints par eux-mêmes que le libraire Curmer avait inventée vers 1839 : une formule<br />

commercialement rentable où les illustrations et quelques plumes connues permettent<br />

de réaliser de beaux volumes dont le public fortuné sera friand, où "notre pensée, en<br />

publiant ce livre, a été d'ajouter la parole aux merveilleux animaux de Grandville, et<br />

d'associer notre plume à son crayon, pour l'aider à critiquer les travers de notre<br />

époque..." (Hetzel, dans l’avant-propos).


8<br />

9<br />

7<br />

Balzac apporte sa première contribution avec les Peines de cœur d’une chatte<br />

anglaise : l’histoire relate les amours interdites d'une aristocratique féline et d'un<br />

matou sans le sou : on dit que, sous ce masque, Balzac aurait mis en scène sa liaison<br />

secrète avec la comtesse Guidoboni-Visconti.... Quelques dix ans plus tard, se souvenant<br />

du succès de cette nouvelle, Hetzel écrira les Peines de coeur d'une chatte<br />

française sous son pseudonyme de Stahl. Publiées ensemble en 1853, ces Peines de<br />

cœurs anglaises et françaises inaugureront la fameuse Collection Hetzel.<br />

Complet des six gravures h.-textes, volantes, en parfaite condition ; sommaire général<br />

et bulletin de souscription à la dernière couverture. Très rare sous cette forme de<br />

livraison avec les couvertures intactes, la quasi-totalité des livraisons ayant par la<br />

suite été réunies pour former les deux volumes que compte l’édition complète.<br />

Carteret III, 553-558 ; Vicaire VII, 405-408.<br />

7 Honoré de Balzac. Oeuvres complètes. Paris, Alexandre Houssiaux, 1855.<br />

20 volumes grands in-8, demi-chagrin rouge, dos à nerfs ornés de filets et caissons<br />

dorés, têtes dorées, couv. cons. (Reliure de l’époque).<br />

3200 €<br />

PREMIERE COLLECTIVE DEFINITIVE des oeuvres, illustrées de <strong>15</strong>0 magnifiques gravures<br />

h.-texte (dont le portrait de Balzac en tête du tome 1).<br />

L’édition est reprise sur celle publiée à partir de 1842 par Furne, augmentée des tomes<br />

XVIII à XX qui paraissent ici pour la première fois : ils contiennent les Scènes de la<br />

vie parisienne. Scènes de la vie politique. Scènes de la vie de campagne.<br />

Etudes analytiques (et 16 planches) ; le Théâtre (avec 4 planches) et enfin Les<br />

Contes drôlatiques (5 planches).<br />

Bel exemplaire, à la date uniforme de 1855 sur chacun des volumes, dont les couvertures<br />

ont toutes été conservées, condition rare. Quelques dos très légèrement éclaircis.<br />

Le portrait, souvent manquant, est ici présent. Le total de <strong>15</strong>0 gravures est remarquable<br />

(sur un total théorique de <strong>15</strong>3) : les exemplaires avec un nombre de gravures<br />

supérieur à 140 se rencontrent rarement.<br />

Vicaire, I, 248.<br />

8 Jules-Amédée Barbey d’Aurevilly. Les Oeuvres et les hommes. Les Poètes.<br />

Paris, Lemerre, s.d. [1893]. In-8 de 403 pp. et 8 ff., demi-percaline verte à coins, dos<br />

lisse, pièce de titre de maroquin noir, couv. et dos cons. (Capelle).<br />

750 €<br />

EDITION ORIGINALE. Exemplaire offert à Jean Lorrain.<br />

Dédicace autographe [Louise Read], avec cachet à l’encre de l'auteur [nom biffé, mais<br />

reste lisible].<br />

Bel exemplaire, des bibliothèques Paul Muret et Hubert Heilbronn, avec ex-libris.<br />

9 Jules-Amédée Barbey d’Aurevilly. Les Oeuvres et les hommes. Les Poètes.<br />

Paris, Lemerre, s.d. [1893]. In-8 403 pp. et 8 ff., broché.<br />

500 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Dédicace autographe [Louise Read], avec cachet à l’encre de l'auteur :<br />

“ à monsieur Janicot, de la part de Jules Barbey d’Aurevilly “.


10<br />

12<br />

11<br />

12<br />

10 Jules-Amédée Barbey d’Aurevilly. Le Chevalier des Touches. Paris, Michel<br />

Lévy, 1864. In-12, demi-percaline lilas, dos lisse orné de filets dorés, fleuron central,<br />

pièce de titre, date en pied.<br />

750 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Reliée en tête, carte de visite imprimée de l’auteur avec petit mot autographe [à<br />

Armand Hayem]<br />

“ impossible de venir dîner - une première à l’Odéon “.<br />

Le Chevalier des Touches fut publié à Paris en douze feuilletons dans le Nain jaune<br />

du 18 juillet au 2 septembre 1863, puis en volume chez Lévy en 1864. La rédaction<br />

de ce roman historique, maintes fois interrompue en raison du manque de documentation<br />

ou de la préférence accordée par l’auteur à d’autres travaux, dura douze ans.<br />

L’ouvrage s’inscrit à l’origine dans un vaste projet : Barbey d’Aurevilly avait décidé<br />

d’écrire plusieurs romans consacrés à la chouannerie et de les regrouper sous le titre<br />

général Ouest. Il renoncera ensuite à cette entreprise, ne gardant par devers lui que<br />

ce qui devait ensuite constituer l’Ensorcelée et le Chevalier des Touches, désormais<br />

deux ouvrages autonomes.<br />

Bel exempaire en sobre reliure d’époque, dos légèrement passé.<br />

11 Jules-Amédée Barbey d’Aurevilly. Un prêtre marié. Paris, Faure, 1865. 2<br />

vol. in-12, demi-percaline verte clair, dos lisse orné d’un fleuron à froid, pièces de titre,<br />

couv. cons.<br />

900 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Sûrement le plus célèbre roman de l’auteur, « un des écrits les plus saisissants du<br />

XIXème siècle français » (Laffont-Bompiani) que Barbey d’Aurevilly définissait<br />

comme la somme des tous les « sentiments naturels, creusés jusqu'à l'axe, avec le personnage<br />

surnaturel de Calixta, - une mystique catholique, comme il n'y en a pas une<br />

seconde, même dans Balzac».<br />

Bien complet de feuillet avec la griffe de l’auteur au cachet bleu ; sobre reliure du temps, quelques restaurations<br />

angulaires aux couvertures.<br />

12 Jules-Amédée Barbey d’Aurevilly. Les Diaboliques. Paris, Dentu, 1874. In-<br />

12 de 354 pp. et 1 f. de table, demi-maroquin rouge à coins, dos à nerfs, titre doré, tête<br />

dorée. (Reliure signée de Laurenchet).<br />

4600 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

En tête, carte de visite imprimée avec la signature de l’auteur ; au verso, long mot<br />

autographe à l’encre rouge [à Armand Hayem] :<br />

“ je hais tellement d’écrire que je n’ai pas acheté de papier & que j’écris sur cette misérable<br />

carte. Je ne dînerai chez vous lundi, mon cher Armand, si je n’ai pas de première<br />

(voyez le matin aux journaux). Je suis allé chez votre soeur Samedi pour vous, mais<br />

il paraît que les belles-soeurs croisent le fer et leurs invitations ! Vous partez de repartir<br />

! déjà ! ah ! sont lundis sont bien à tous les diables. L’amitié reste, - mais dans l’absence,<br />

et l’absence est le vers dans la rose.... nous n’irons plus au bois les lauriers sont<br />

coupés - et par la serpette du mariage ! Ma carte finit à temps pour n’en pas écrire<br />

plus... à lundi ! “.<br />

Très bel exemplaire.<br />

Vicaire, p. 305 .; Carteret, p. 110.


14<br />

<strong>15</strong><br />

16<br />

13 Jules-Amédée Barbey d’Aurevilly. Rhythmes [sic] oubliés. Paris, Lemerre,<br />

1897. In-8 de 1 f. blanc, 2 ff., 54 pp., 3 ff., 1 f.b blanc, broché, couverture beige imprimée<br />

à rabats.<br />

1200 €<br />

EDITION EN PARTIE ORIGINALE. Tirage unique à 510 exemplaires (500 Hollande et 10<br />

Japon), celui-ci un des 10 exemplaires de tête sur Japon, numéroté et paraphé par<br />

l'éditeur.<br />

Deux Rythmes oubliés avaient d'abord paru à Caen en 1857 chez Trébutien, puis<br />

en 1869, à 36 ex. La présente édition donne huit textes de plus : Quand tu fus partie,<br />

Quand tu me reverras, Niobé, Les Quarantes heures, Sonnet, les<br />

Arabesques d'un tapis, les Bottines bleues et Les trois tasses de thé.<br />

Très bel exemplaire, parfait état.<br />

14 Béranger. Oeuvres complètes. Édition unique revue par l'auteur. Paris,<br />

Perrotin, 1834. 5 vol. in-8, demi-maroquin havane à coins, dos lisse orné d’un riche<br />

décor de filets dorés, tr. marbrées (Reliure signée de Chambolle).<br />

1100 €<br />

DEUXIEME EDITION, en partie originale.<br />

Elle reprend l’édition de 1829, avec le portrait de l’auteur et 103 vignettes en noir. On<br />

a relié dans l’exemplaire, en plus des vignettes, la suite des 120 figures par Fournier<br />

de l’édition de 1836, plus un portrait en pied (au tome 4) et deux fac-similés de lettres<br />

(tomes 1 et 4), lesquelles figurent, imprimées, dans l’édition.<br />

Deux figures de l’édition Perrotin sont en outre en double état, sur Chine appliquée<br />

; le tome V, en supplément est souvent manquant et reprend les chansons et oeuvres<br />

érotiques de Béranger.<br />

Superbe exemplaire en parfaite reliure attribuée à Chambolle, de sa bibliothèque (vente Chambolle, Tours,<br />

1992).<br />

<strong>15</strong> Léon Bloy. Le Révélateur du globe. Préface de Jules Barbey d'Aurevilly.<br />

Paris, Santon, 1884. In-12, percaline bleue à décor, tr. dorées (cartonnage éditeur).<br />

300 €<br />

EDITION ORIGINALE du premier livre de Léon Bloy.<br />

En 1867, venu à Paris, il fit la rencontre – décisive – de l’écrivain Jules Barbey<br />

d’Aurevilly, qui allait devenir son maître et ami. C'est d'ailleurs sous l'influence de<br />

l'auteur des Diaboliques qu'il se convertit au catholicisme en 1869 : alors qu’il habite<br />

24 rue Rousselet à Paris, il fait connaissance à 21 ans avec Barbey d’Aurevilly,<br />

qui réside en face de chez lui, au 25 et réunit chaque dimanche quelques auteurs débutants<br />

: Bloy, Coppée, Bourget, Huysmans, Péladan ou Richepin. La contagion<br />

est rapide : quelques mois plus tard, il écrit à sa mère, pleine de joie (mais son père<br />

l’est moins) :<br />

« Pour moi, il n’y a de vraie foi que celle qui gouverne absolument et despotiquement<br />

la raison».<br />

Bel exemplaire, ici dans une condition rare sous un cartonnage de l'éditeur, très frais.<br />

16 Théodore Botrel. Sonnet autographe signé.<br />

A l’ombre des drapeaux / Comme au pied de la Croix /<br />

Sans crainte et sans repos / J’aime je chante et crois<br />

T. Botrel, souvenir affectueux, 1906.<br />

90 €


17<br />

18<br />

17 [Reliure - économie politique]. Edouard de Boyve. Histoire de la coopération<br />

à Nîmes et son influence sur le mouvement coopératif en France. Paris,<br />

Guillaumin et Cie, 1889. Fort in-8 de 120 pp., veau sombre glacé, plats richement<br />

orné de filets, fleurons, dentelles et roulettes dorées avec titre porté sur le premier plat,<br />

dos à nerfs richement orné de caissons et fleurons dorés, dentelle et filets dorés intérieurs,<br />

tranches dorées, couv. cons. (Reliure signée de Régnier).<br />

780 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ à mon bien cher ami Régnier,<br />

son tout reconnaissant et dévoué,<br />

Ed. de Boyve “.<br />

L’appellation Ecole de Nîmes a été donné à un groupe de théoriciens et de coopérateurs<br />

issus de Nîmes et de sa région, regroupés autour d’Auguste Fabre et Edouard<br />

de Boyve. Ils lancent l’idée d’une fédération des coopératives du pays, et un congrès<br />

se réunit en 1885 à Paris, d’où sortira l’Union coopérative et son journal<br />

l’Emancipation. Le principe de solidarité - soutenu à l’époque par des hommes<br />

comme Henri Marion, Émile Durkheim ou Léon Bourgeois - est présenté comme<br />

la voie entre libéralisme et marxisme.<br />

Un jeune et enthousiaste professeur d’économie, Charles Gide (l’oncle d’André), les<br />

rejoint et formalisera les théories du groupe : les coopératives de consommation en se<br />

développant, aboutiront à la transformation totale de la société en République coopérative.<br />

Cette prééminence des coopératives de consommation n’empêche pas Gide<br />

d’avoir une attitude d’intérêt et de sympathie pour les coopératives ouvrières de production,<br />

de même que de Boyve qui soutient par exemple la création en 1902 à Nîmes<br />

de la célèbre association ouvrière d’imprimerie : La Laborieuse.<br />

Superbe exemplaire en pleine reliure veau glacé à riche décor, parfaitement conservée<br />

l’exemplaire Escoffier<br />

18 Ballanche. Antigone. Paris, Didot l'ainé, 1819. In-8, 328 pp. et 6 gravures h.texte<br />

; plein maroquin à grains longs bordeaux, roulettes à froid et dorées cernant les<br />

plats, dos à nerfs plats fleuronnés dorés et caissons entièrement ornés de fleurons à<br />

froid ou dorés, coins des coupes guillochés dorés, roulette ornée dorée sur les remplis,<br />

gardes de papier vert-gris, tranches dorées (Rel. signée de Simier).<br />

1800 €<br />

L’exemplaire d’Escoffier, décrit dans sa bibliographie.<br />

Comme l'explique l'auteur dans son Avertissement, le texte connut une première<br />

édition à Lyon en 1814 que les événements ont interrompu et qui resta inachevée aux<br />

cinq premiers livres (il n'en subsiste qu'un ou deux exemplaires imparfaits selon<br />

Vicaire (I-169) qui ne mentionne cependant pas notre édition).<br />

Dans une première vie, Ballanche fut imprimeur à Lyon et propriétaire du journal<br />

Le Bulletin de Lyon. Son goût pour les arts et les lettres l'amène à quitter le monde<br />

des affaires, à partir en voyage en Italie et à s'adonner à la littérature. Habitué du<br />

salon de Mme de Récamier fréquenté par Chateaubriand, son oeuvre littéraire a<br />

influencé l'idéologie romantique. Le livre est dédié à Madame, duchesse<br />

d'Angoulême, que Ballanche nomme l'Antigone française. "Ballanche rassemble,<br />

sur les malheurs d'Oedipe, des traditions à peu près entièrement méconnues depus les<br />

poètes grecs." Il imagine le XIXè siècle comme époque de transition pour une rénovation<br />

sociale ; qu'il théorise en sytème dans ses Essais de Palingénésie Sociale<br />

(1827).<br />

Voir Quérard et Bourquelot ; Escoffier 3<strong>15</strong> (cet exemplaire, le sien, décrit comme magnifique) ; Vicaire I-169.


20<br />

19<br />

19 Etienne Cabet. Révolution de 1830, et sa situation présente... Paris,<br />

Auguste Mie, rue Joquelet, et chez tous les marchands de nouveautés, 1832.<br />

In-8 de xiv, 389 et 1 f. d’errata ; demi-veau havane à coins, dos lisse, titre doré, tr.<br />

jaunes (Reliure de l’époque).<br />

350 €<br />

EDITION ORIGINALE du premier livre de l’auteur.<br />

Etienne Cabet avait joué un rôle dans l'état-major dirigeant l'action révolutionnaire<br />

en 1830, et avait été élu dès le 29 juillet membre de la première municipalité insurrectionnelle<br />

dans le quartier du Luxembourg. C'est au cours de la rédaction de cet<br />

ouvrage, où il critique violemment les premiers mois du gouvernement de Louis-<br />

Philippe, que Cabet écrit dans ses grandes lignes un plan d'organisation sociale qui<br />

le conduira droit au communisme icarien et à la rédaction du fameux Voyage en<br />

Icarie.<br />

Ce pamphlet lui vaudra l'exil en Angleterre l'année suivante.<br />

Einaudi, 766.<br />

20 [CALLIGRAPHIE]. Récompaise [sic] d’écriture... Méritées par Melle<br />

Alexandre Savary et données par Gambay Père, professeur d’écriture à Caen.<br />

1er janvier 1816. Manuscrit petit in-8 oblong, bradel vélin rigide, titre manuscrit au<br />

dos (Reliure moderne).<br />

450 €<br />

Elégant manuscrit calligraphié de 7 feuillets joliment illustrés d’ornements en plusieurs<br />

couleurs.<br />

Des collections Monmélien et Jean-Claude Delauney, avec ex-libris.<br />

21 Cham (Amédée de Noé, dit). Les Tâtonnements de Jean Bidoux dans la carrière<br />

militaire. Paris, Martinet, s.d. (c. 1860). Album in-4, titre et 20 pl., cartonnage<br />

vert avec double filet d’encadrement à froid, titre doré en quatre typographies sur<br />

le plat (cartonnage éditeur).<br />

900 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Suite complète, premier tirage, des 18 planches lithographiées (4 sujets par page).<br />

Relate les aventures du jeune engagé Jean Bidoux et ses deboires militaires.Vivifiant.<br />

Splendide état du cartonnage éditeur ; infimes piqûres sur quelques feuillets. Rare.<br />

Fonds Francais 19, p. 248.<br />

22 Cham (Amédée de Noé, dit). Ah quel plaisir de voyager ! Paris, Martinet,<br />

s.d. (c. 1860). Album in-4, titre et 20 pl., cartonnage rouge avec double filet d’encadrement<br />

à froid, titre doré en quatre typographies sur le plat (cartonnage éditeur).<br />

1600 €<br />

EDITION ORIGINALE. Suite complète et premier tirage. Superbe album illustré de 40<br />

scènes (2 par page) sur “ l’art du voyage “.<br />

Un des très rares exemplaires sous cartonnage éditeur avec les planches en couleurs,<br />

gommées à l’époque.<br />

Très belle condition d’un des illustrés de Cham les plus rares.<br />

Manque au Fonds Francais ; pas d’exemplaire à la B.N.F.


24<br />

23 Léon Cladel. Crête-rouge. Avec une lettre de Camille Delthil en préface.<br />

Paris, Alphonse Lemerre, 1880. In-8 de xliii et 248 pp., broché.<br />

600 €<br />

EDITION ORIGINALE , un des très rares exemplaire sur papier de Chine (pas de grand<br />

papier annoncé).<br />

Ce roman sur la guerre de 1870 fut publié précédemment dans La République<br />

Française sous le titre Les Fiancés de Champigny.<br />

Ayant des scruples à publier un roman où "l'éloge de Gambetta s'éléve parfois à des<br />

hauteurs dithyrambiques" Cladel demande conseil à son camarade Delthil qui l'encourage<br />

à la publication de son Crête-rouge. "Ce roman, ou plutôt ce poëme en prose<br />

est beau et bon ; (...) Il nous fait voir un Gambetta grand et un Trochu petit (...) et<br />

nous montre, dans une exception superbe, qu'il semble donner comme un exemple,<br />

l'héroïsme d'une fille de paysan. En l'écrivant, tu as donc fait une oeuvre utile à la<br />

République" ( in Préface).<br />

24 Pierre Corneille. Cinna, ou la clémence d’Auguste. Imprimé à Rouen aux<br />

despens de l’auteur et se vend à Paris chez Toussainct Quinet, 1643. In-4 de 6<br />

ff. et 110 p., frontispice gravé ; veau lisse, double filets dorés sur les plats, dos lisse<br />

orné d’un cartouche doré en long et fleurons (Reliure XVII me ).<br />

6000 €<br />

EDITION ORIGINALE RARISSIME d’un chef-d’euvre de Corneille.<br />

La Conspiration de Cinna, le pardon d'Auguste conseillé par Livie furent racontés<br />

par Sénèque (De clementia). Ici, la clémence d'Auguste est une nouvelle application<br />

par Corneille de la dramaturgie qu'il avait inventée depuis Le Cid : celle de<br />

l'acte exceptionnel, si exceptionnel qu'il court toujours le risque d'être jugé invraisemblable<br />

pour les contemporains, et ce, alors même qu'il est historique.<br />

Il avait trouvé là un moyen d'échapper aux critiques d'invraisemblance : en grâciant<br />

contre toute attente les conjurés, Auguste accomplit un acte extraordinaire qui transgresse<br />

les lois ordinaires de la vraisemblance.<br />

On ne sait rien des circonstances de création de la pièce, si ce n’est qu’elle fut donnée<br />

au théâtre du Marais et jouée par les « comédiens ordinaires du Roi », qui en formait<br />

la troupe. Floridor, le tragédien le plus célèbre de l’époque, a très vraisemblablement<br />

créé le rôle de Cinna.<br />

Corneille prend un privilège à son nom le 1er août 1642 : cette démarche, obligatoire<br />

en théorie pour toute publication imprimée, offrait une protection légale contre les<br />

contrefaçons (sans toutefois parvenir à les empêcher), mais se faisait ordinairement au<br />

nom de l’imprimeur-libraire.<br />

On n’imprimait en effet les pièces qu’après que leur succès était passé, afin d’éviter la<br />

concurrence des autres théâtres, et, c’est effectivement ce qui se passe en 1643, quand<br />

le théâtre de l’Hôtel de Bourgogne reprend la pièce. Achevée d’imprimer le 18 janvier<br />

1643, à Rouen, aux frais de l’auteur, celui-ci peut alors revendre sa pièce avec<br />

bénéfice aux libraires parisiens : autant de coups de force qui font de Corneille le premier<br />

dramaturge à s’imposer comme un professionnel des Lettres, revendiquant son<br />

œuvre et la part des profits qu’elle génère.<br />

Cinna, écrivit un contemporain en septembre 1642, « donne de l'admiration à tout le<br />

monde : c'est la plus belle pièce qui ait été faite en France, les gens de lettres et le<br />

peuple en sont également ravis, elle est aussi belle que celles de Sénèque ».


25<br />

26<br />

On ne saurait trop souligner l'importance de la mention explicite « les gens de lettres<br />

et le peuple» : avec Cinna, Corneille conquit enfin la double approbation qui lui faisait<br />

défaut depuis la querelle du Cid et les critiques formulées contre le dénouement<br />

d'Horace.<br />

De fait, le sujet est historique, mais cette fois le vrai n'entre pas en conflit avec le vraisemblable<br />

: il ne s'agit ni de l'histoire d'une fille qui épouse le meurtrier de son père,<br />

ni de l'histoire d'un frère qui tue sa sœur. La pièce lui apporte la consécration :<br />

Corneille apparaît dès lors comme le plus grand poète dramatique de son temps. On<br />

le qualifie alors de "Sophocle français".<br />

Composée en alexandrins à rimes plates, elle est la première pièce de Corneille à respecter<br />

les règles du théâtre classique, alors en formation : respect de l'unité de temps<br />

- une seule journée ; de l'unité de lieu - le palais romain où se situent les deux appartements<br />

d'Auguste et d'Émilie ; l'unité d'action enfin - puisque la préparation de<br />

la conjuration implique l'ensemble des personnages.<br />

Bel exemplaire en reliure légèrement postérieure. Le dernier feuillet blanc a été remplacé postérieurement.<br />

Pour le reste, bel exemplaire, grand de marge, sans restauration.<br />

Frère, p. 276 ; Tchemezine-Scheler, II, 544.<br />

Sur Japon, tirage inconnu.<br />

25 [Curiosa]. La Joie du pornographe ou nouveau recueil d’amusements. À<br />

Paris, Chez la Mère Godichon, s.d. [Bruxelles, H. Kistemaeckers, 1884]. In-16<br />

de 128 pp., demi-maroquin noir, dos lisse, tire doré.<br />

700 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Titre gravé par Félicien Rops. Recueil limité à <strong>15</strong>0 exemplaires numérotés à la<br />

plume. Un des très rares exemplaires sur papier Japon, tirage non mentioné à la justification<br />

et inconnu des bibliographies consultées.<br />

Impression en quatre couleurs sur papier vélin, avec ornements et encadrements de<br />

filets.<br />

Gay II-724 ; Dutel 418.<br />

exemplaires Frédéric Paulhan<br />

26 Charles Darwin. L’Origine des espèces au moyen de la sélection naturelle...<br />

Paris, Reinwald et Cie, 1876. Fort in-8 de xix, 604 pp. et 24 pp. (<strong>catalogue</strong> éditeur)<br />

; cartonnage éditeur pleine percaline verte, dos lisse.<br />

1000 €<br />

EDITION ORIGINALE du texte définitif, le plus complet, d’après la sixième édition<br />

anglaise, revue par l’auteur.<br />

Traduction et préface par Edmond Barbier, qui précise que cette “ nouvelle traduction<br />

qu nous soumettons aujourd’hui au public a été faite sur la sixième anglaise.<br />

C’est l’édition définitive, nous écrit M. Darwin “. L’ouvrage avait connu précédemment<br />

deux autres traductions, jugées moins fidèles (par Royer en 1862 et Mouliné<br />

en 1873).<br />

Lors de la parution de l'Origine des espèces en 1859, la question de l'origine était<br />

loin d'être résolue. Certes, en 1839, Schleiden et Schwann proposèrent leur théorie<br />

cellulaire selon laquelle tout organisme est formé de cellules et Charles Lyell avança<br />

son idée des causes actuelles d'après laquelle le passé devait être interprété à partir du<br />

présent et sans faire appel au surnaturel. Toutefois, ces scientifiques, bien qu'ils aient<br />

« préparé le terrain» à Darwin, étaient loin d'avoir résolu l'énigme.


26<br />

27<br />

Darwin, lui, en revanche, proposa une solution en développant sa théorie de l'évolution<br />

par la sélection naturelle. Il considérait ainsi que toutes les espèces étaient le fruit<br />

de longues et lentes transformations biologiques. Il imposait l'idée d'une continuité<br />

entre tous les êtres vivants. Cette idée fit scandale dans la sphère non seulement scientifique<br />

où prévalait le créationnisme mais aussi dans le monde philosophique, religieux<br />

et politique du XIXème siècle. Ainsi dès sa parution, le livre fit grand bruit. La<br />

première édition -1250 exemplaires - fut vendue dans la journée, « fait sans précédent<br />

pour un livre scientifique ».<br />

Les chercheurs Hooker, Lubbock et Huxley n'hésitèrent pas à déclarer leur adhésion<br />

au darwinisme tandis que les partisans du créationnisme fustigeaient l'oeuvre de<br />

Darwin. Un pasteur écrivit même qu'il avait cherché sans résultat « des termes assez<br />

bas pour exprimer son mépris de Darwin et des darwinistes». Car ce qui fit avant<br />

tout scandale dans l'Origine des espèces, c'est que subjectivement et sans en écrire<br />

un seul mot, Darwin traitait également de l'origine de l'homme. Et ainsi « un livre<br />

qui conclut, même implicitement, à la descendance animale de l'homme, devait naturellement<br />

dresser contre lui une grande partie de l'opinion et de la presse »<br />

(Rostand). Toutefois, l'idée de Darwin finit peu à peu par s'imposer dans les esprits,<br />

preuve en est, en 1864, ce dernier reçut la médaille de Copley de la Société Royale.<br />

Cartonnage en parfaite condition. Très rare dans cet état, doublé d’une intéressante provenance : Frédéric<br />

Paulhan (père de Jean, ex-libris, cachet à l’encre au faux-titre). Conservateur de la bibliothèque de Nîmes<br />

et auteur d’ouvrages de philosophie, il fut l’un des fondateurs de l’Ecole française de psychologie.<br />

27 Charles Darwin. La Descendance de l’homme. Paris, Reinwald et Cie, 1881.<br />

Fort in-8 de XXVII, 721 pp., 1f. et 20 pp. (<strong>catalogue</strong> de l'éditeur) ; cartonnage éditeur<br />

pleine percaline verte, dos lisse (Engel).<br />

600 €<br />

TROISIEME EDITION FRANÇAISE, EN PARTIE ORIGINALE, d'aprés la seconde édition<br />

anglaise revue et augmentée par l'auteur. Préface par Carl Vogt et traduction<br />

d’Edmond Barbier.<br />

C'est dans cet ouvrage que Darwin utilise pour la première fois le terme "d’évolution"<br />

pour le règne animal. Après la parution de l'Origine des espèces, de nombreux<br />

scientifiques acquis au darwinisme n'hésitèrent pas à avancer publiquement ce que<br />

l'œuvre suggérait, mais que cependant Darwin n'avait osé formuler : l'homme a une<br />

descendance animale. Ainsi, à la suite de ses partisans, Darwin publia en 1871, la<br />

Descendance de l'homme, donnant la conclusion qui s'imposait à l'Origine des<br />

espèces : l'homme n'a aucune raison d'être mis à part, et « l'étude attentive de son<br />

organisation corporelle révèle clairement son étroite affinité avec les autres bêtes ».<br />

(Rostand).<br />

Mais l'œuvre de Darwin ne traite pas seulement de l'origine de l'homme. Dans une<br />

seconde partie, l'auteur étudie ce qu'il nomme la sélection sexuelle. Ainsi, après avoir<br />

étudié la sélection naturelle, Darwin s'est trouvé confronté à un problème. Pourquoi<br />

certains individus développaient des attributs ou comportements dangereux pour leur<br />

survie, comme la queue du paon ou les bois du cerf ? Darwin découvrit alors qu'à côté<br />

de la lutte pour la survie, une lutte plus importante encore existait : le combat pour la<br />

reproduction. Dès lors, chaque espèce avait développé des caractères qui accroissaient<br />

ces chances de reproduction. Ainsi, suivant cette théorie, les races se sont modelées<br />

selon un certain « idéal sexuel ». Or, cette idée fut critiquée par de nombreux naturalistes<br />

qui acceptaient pourtant, dans l'ensemble, les principes darwiniens. Quant à<br />

l'idée principale du livre, la descendance de l'homme, elle déclencha une vague de colère<br />

et de contestation mais, toutefois, l'idée avait déjà été avancée dans l'œuvre de<br />

1859. Le scandale fut donc moindre. L'opinion était désormais prête à accueillir de<br />

nouvelles idées, aussi révolutionnaires fussent-elles.<br />

Cartonnage en parfaite condition. Rare dans cet état de fraîcheur, doublé d’une intéressante provenance :<br />

Frédéric Paulhan (ex-libris manuscrit au titre).


29<br />

28<br />

28<br />

28 Alphonse Daudet. Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon. Paris,<br />

Dentu, 1872. In-12, demi-veau noir, plats de papier marbré, dos lisse, sous étui bordé<br />

moderne.<br />

3 500 €<br />

EDITION ORIGINALE. (Il n'a pas été tiré de grands papiers).<br />

Envoi autographe :<br />

"à ma chère tante Allard /<br />

L'Alphonse de Julia".<br />

Daudet épousa Julia Allard en 1867 et s'entendit toujours à merveille avec sa bellefamille<br />

au point de partager avec elle habitations et vacances. Sa soeur Anna épousera<br />

aussi en 1874 le frère cadet de Julia, Léon.<br />

Chapatin, Barbarin, Tartarin. L'auteur hésita en effet sur le nom de son héros. Il choisit<br />

d'abord celui de son cousin, lequel lui avait servi de modèle, puis, fâché avec lui, il<br />

pensa à « Barbarin », mais une personnalité de Montpellier portant déjà ce nom, il ne<br />

modifia cette fois qu'une consonne : Tartarin fut enfin baptisé.<br />

Restait à décider de la ville natale du héros ; on raconte qu'à peine sorti en librairie,<br />

le livre provoqua la colère des habitants de Tarascon qui attentèrent un procès en diffamation<br />

à l'auteur et la petite histoire ajoute, qu'en promenade dans les rues de la<br />

ville avec son ami Frédéric Mistral, Daudet fut accueilli par des jets de pierres.<br />

Triste époque. Enfin, le roman comme la pièce de l'Arlésienne parue la même année,<br />

se vendit si mal que les finances du ménage Daudet déjà peu brillantes, fondirent littéralement.<br />

La femme de l'auteur, Julia Allard, nièce de la dédicataire, se mit donc à<br />

écrire et publia, anonymement, un livre dont le style, si voisin de celui Daudet, ne<br />

trompa que les néophytes : Un an de troubles, notes d'une Parisienne.<br />

Elle collabora bientôt au Musée universel et à L'Evénement ; elle publia des essais<br />

et des chroniques littéraires, sous la signature de Karl Steen, dans le Journal officiel<br />

et dans d'autres revues. Le 27 janvier 1867, elle épousa Alphonse Daudet, dont elle<br />

fut l'inspiratrice et la conseillère. Il raconta leur collaboration dans Histoire de mes<br />

livres: «Pas une page, écrit-il, qu'elle n'ait revue et retouchée.» Les Allard et Daudet<br />

louèrent à Champrosay, hameau dépendant de Draveil, l’ancien atelier d’Eugène<br />

Delacroix, décédé cinq ans auparavant. Alphonse Daudet installe son cabinet de<br />

travail dans l’atelier du peintre, qui plonge sur la campagne par une grande fenêtre.<br />

Il y écrit Tartarin de Tarascon et Robert Helmont.<br />

Bel exemplaire en reliure strictement d'époque ; très belle provenance familiale.<br />

Carteret I-192 ; Vicaire III-39.<br />

29 Alphonse Daudet. L'Arlésienne. Paris, Blaizot, 1911. Grand in-8, maroquin<br />

rouge, dos à nerfs, tête dorée, couv. cons. (Rel. signée de Blanchetière).<br />

1300 €<br />

PREMIERE EDITION ILLUSTREE du chef-d’oeuvre théâtral d’Alphonse Daudet. La pièce<br />

fut représentée la première fois en 1872, puis reprise à l’Odéon dès 1885.<br />

Très élégante publication tirée à 278 exemplaires numérotés, celui-ci un des 25 exemplaires<br />

sur Japon, avec trois états des eaux-fortes de Guillonnet.<br />

En tête, aquarelle originale en couleurs, sans doute un dessin préparatoire (très achevé)<br />

pour le frontispice.<br />

Très bel exemplaire.<br />

Mahé, I, 631 ; Monod, 3429.


30<br />

31<br />

32<br />

30 Pierre Dupont. Chants et chansons. Paris, Houssiaux, 1855. 4 vol. in-8,<br />

demi-chagrin marine à coins, dos à nefs, titres dorés, dates en pied (Reliure fin<br />

XIXème).<br />

700 €<br />

Nouvelle édition des chansons de Pierre Dupont comportant comme l'edition originale<br />

la Notice sur Pierre Dupont par Charles Baudelaire. Portrait d'après Jean<br />

Gigoux et <strong>15</strong>9 gravures sur acier.<br />

Ce recueil de chansons politiques - mais aussi des pastorales et des chants dits "symboliques"<br />

- forme une détonante vision sur les évènements de 1848, vus par un socialiste.<br />

Ecrivain engagé, il fut avant tout connu pour avoir été le chansonnier de la<br />

Révolution de 1848. Il évoquait dans ses œuvres la vie et le labeur des paysans et<br />

ouvriers. Son travail mêlait à la fois des pastorales, des chants dits « symboliques » et<br />

des chansons politiques. Ses Chants des ouvriers constituèrent un véritable hymne<br />

à la Révolution de 1848 et le Chant des paysans, fortement hostile à Napoléon III,<br />

lui valut d'être condamné à trois années de déportation.<br />

Baudelaire admira beaucoup ce « poète qui se met en communication permanente<br />

avec les hommes de son temps ». Dans sa préface Baudelaire dira alors du chansonnier<br />

Dupont : « Raconter les joies, les douleurs et les dangers de chaque métier, et<br />

éclairer tous ces aspects particuliers et tous ces horizons divers de la souffrance et du<br />

travail humain par une philosophie consolatrice, tel était le devoir qui lui incombait,<br />

et qu'il accomplit patiemment », ou encore « Ce sera l'éternel honneur de Pierre<br />

Dupont d'avoir le premier enfoncé la porte. La hache à la main, il a coupé les chaînes<br />

du pont-levis de la forteresse ; maintenant la poésie populaire peut passer ».<br />

Il est joint un prospectus publicitaire à parution de l’édition illustrée parue chez Lécrivain & Toubon, avec<br />

une longue lettre autographe de Pierre Dupont qui “ autorise monsieur Léon Bard d’organiser à<br />

Libourne, Bordeaux et où il lui conviendra des concerts sous mon nom, en y ajoutant d’autres auteurs, me<br />

confiant à son goût pour savoir choisir... “.<br />

31 [Edit de Nantes - révocation]. Déclaration du Roy portant explication de<br />

quelques aticles de l’Edit de Revocation de celui de Nantes. Toulouse, Jean<br />

Boude, 1686. [suivi de]. Declaration du Roy touchant la certitude du jour du<br />

retour dans le Royaume de ceux de la R.P.R. qui en sont sorts. Toulouse, Jean<br />

Boude, 1685. [suivi de]. Declaration du Roy donnée en faveur des nouveaux<br />

convertis pour rentrer dans la propriété et jouissance des biens vendus...<br />

Toulouse, Jean Boude, 1686. [suivi de]. Declaration du Roy touchant les pelerinages<br />

hors du Royaume. Toulouse, Jean Boude, 1686. Quatre édits de 7, 6, 6 et<br />

6 pp., sous papier marbré.<br />

400 €<br />

Rare réunion des quatre édits royaux touchant les protestants et leur possible “ réintégration “.<br />

32 Barthélemy Faujas de Saint-Fond. Minéralogie des volcans... Paris,<br />

Cuchet, 1784. In-8 de 18 et 511 pp. et 3 pl., demi-veau havane, dos lisse orné de filets<br />

et fleurons dorés, plats de papier marbrés (Reliure de l'époque, légèrement postérieure).<br />

1200 €<br />

EDITION ORIGINALE, illustrée de trois planches gravées en fin, avec le feuillet d'explication.<br />

Entraîné par son goût pour l'étude des sciences, Faujas de Saint Fond, avocat de formation,<br />

s'installa à Paris et se rapprocha de Buffon. D'abord adjoint naturaliste au<br />

Museum, puis commissaire du roi pour les mines, il fut le premier professeur de géologie<br />

nommé en France.<br />

La dernière section de l’ouvrage est entièrement consacré à l'études des roches volcaniques<br />

de l'Etna, d'après des pièces ramenées lors de ses voyages sur place. Ses minutieuses<br />

descriptions font toujours autorité.<br />

Ex-libris manuscrit au premier feuillet, d'époque, " Adolphe de Ladissennière (?) ".


34<br />

33<br />

33 Gustave Flaubert. Madame Bovary. Paris, Michel Lévy, 1857. 2 volumes in-<br />

12, demi -veau bordeaux, dos à nerfs, filets dorés, tr. mouchetées, date en pied.<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

1800 €<br />

Trente-cinq chapitres pour une succession de tableaux décrivant les moments d’une<br />

vie : récit d’un adultère somme toute banal, Madame Bovary est surout le roman de<br />

l’insatisfaction, de la frustration née du désir non réalisé et de l’ennui.<br />

Le "bovarysme" - ce terme fut forgé par le philosphe Jules Gautier - correspond à la<br />

nostalgie d’un idéal inconnu et trompeur, perçu dans un imaginaire construit par les<br />

lectures. Il n'y eut d'articles franchement élogieux que de Barbey d'Aurevilly, de<br />

Sainte-Beuve et de Baudelaire.<br />

Pour le reste, la clique critique de l’époque eut la plume lourde : « L'auteur de<br />

Madame Bovary appartient, on le voit, à une littérature qui se croit nouvelle et qui<br />

n'a rien de nouveau, hélas ! - » (la Revue des Deux Mondes) ; «un des livres les<br />

plus immoraux que l’on connaisse» (La Chronique) ; on se plaint que «les scènes<br />

d'une crudité révoltante abondent dans l'ouvrage» (Journal des Débats) ; «la décadence<br />

lui semble manifeste... c'est l'exaltation maladive des sens et de l'imagination<br />

dans la démocratie mécontente...» (Le Correspondant) ; «signe d'une décadence<br />

rapide et d'une corruption de plus en plus accentuée» (dans l'Univers). On parle de<br />

«gros tas de fumier», d'«amas d'obscénités et d'impertinences», qu'il affronte bravement,<br />

«quitte à se laver les mains au bas de la page». (Le Récueil). Du pain béni pour<br />

l’accusation !<br />

L’avocat général Ernest Pinard voit dans le roman « une peinture admirable sous le<br />

rapport du talent, mais une peinture exécrable au point de vue de la morale.»<br />

L’ouvrage, pourtant, avait déja subi quelques coupes dès les premiers chapitres : en<br />

lisant le numéro du 1er décembre 1856, Flaubert découvre avec colère que la fameuse<br />

scène du fiacre a été supprimée sans son accord, remplacée par cette note : « La<br />

direction s'est vue dans la nécessité de supprimer ici un passage qui ne pouvait convenir<br />

à la Revue de Paris ; nous en donnons acte à l'auteur. » Il sort de ses gonds. Du<br />

Camp tente de l'apaiser. Peine perdue : « Si mon roman exaspère le bourgeois, je m'en<br />

moque ; si l'on nous envoie en police correctionnelle, je m'en moque ; si la Revue de<br />

Paris est supprimée, je m'en moque ! Vous n'aviez pas à accepter la Bovary, vous<br />

l'avez prise, tant pis pour vous, vous la publierez telle quelle ! ».<br />

Exemplaire du premier tirage avec toutes les caratéristiques : la fameuse faute à Sénart, fautes typographiques<br />

etc. Un bon exemplaire en reliure pastiche de bonne facture. On joint : Madame Bovary, la<br />

censure et l’oeuvre (cf. <strong>n°</strong> suivant).<br />

Agréable reliure moderne, à l’imitation.<br />

Vicaire, III 721.<br />

34 Gustave Flaubert. Madame Bovary. Paris, Michel Lévy, 1857 [Rouen,<br />

coédition Alinéa, Lib. Brunet et éd. Point de vues, <strong>2007</strong>]. 3 vol. in-12, brochés,<br />

sous étui papier.<br />

29 €<br />

EDITION EN FAC-SIMILE DE L’EXEMPLAIRE LAURENT-PICHAT (conservé à la B.H.V.P.),<br />

annoté par Flaubert qui y reporta une à une les corrections exigées par la censure et<br />

commente la suppression de quelques scènes clés : la noce, les comices, le fiacre...<br />

L’édition est complétée d’une intéressane plaquette, Madame Bovary, la censure et<br />

l’oeuvre, qui reprend, outre le réquisitoire de Me Pinard et la plaidoirie de Me<br />

Senart, des lettres, certaines inédites, de Flaubert à Michel Lévy, Maxime du<br />

Camp, Louis Bouilhet, Laurent-Pichat..., toutes autour de l’Affaire Bovary.<br />

Préface d’Yvan Leclerc.<br />

Belle réalisation des libraires d’Alinéa, à l’occasion du <strong>15</strong>0 è anniversaire de la parution du roman.<br />

Tirage à 2500 exemplaires sur alfa ; un des <strong>15</strong>0 exemplaires de tête sur Rives également disponible.


35<br />

35<br />

36<br />

35 [Flibusterie - Daniel de Foe]. Alexandre-Olivier Oexmelin. Histoire des<br />

Aventuriers flibustiers qui se sont signalés dans les Indes ; contenant ce qu’ils<br />

y ont fait de remarquable, avec la vie, les moeurs et les coutumes des<br />

Boucaniers, & des habitants de St. Domingue de la Tortue ; une description<br />

exacte de ces lieux, & un état des Offices, tant Ecclésiastiques que Séculiers, &<br />

ce que les grands Princes de l’Empire y possèdent. A Trevoux, Par la compagnie,<br />

1775. 4 vol. in-12 de (12), 394, (2) ; (2), 428 pp. ; 348 ; (2), 60 pp., 356 pp., (2)<br />

pp. ; basane moderne à l’imitation.<br />

1 200 €<br />

Illustrée de 3 planches dépliantes (dont 1 frontispice) et 5 cartes dépliantes : un boucanier,<br />

l’embouchure du lac de Maracaye, le plan de Vera Cruz, une pirogue, la pêche<br />

à la tortue et au lamentin, la carte de l’Isthme de Panama et un plan de Carthagène.<br />

Rares sont les sources fiables sur lesquelles s’appuyer pour reconstituer la vie des<br />

pirates qui écumèrent les Caraïbes au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle. Les témoignages<br />

de leurs contemporains sont encore plus rares et, hormis Alexandre Olivier<br />

Oexmelin qui partagea un temps leur existence, les auteurs se laissèrent souvent aller<br />

à « enjoliver » leurs récits.<br />

L'Histoire des aventuriers est le grand texte classique français sur la flibuste, rédigé<br />

par un chirurgien-dentiste : quand une ordonnance du Roi interdit l'exercice de la<br />

chirurgie aux Protestants, Alexandre Œxmelin s'embarque pour les antilles où il<br />

arrive le 7 juillet 1666 en tant qu'«engagé» sur un navire flibustier comme chirurgien,<br />

un poste très recherché par les capitaines parce que la présence d'un chirurgien<br />

rassure les équipages. Pendant huit ans, il suit des groupes de flibustiers, participe à<br />

de nombreuses expéditions et recueille des témoignages qui forment la base de son<br />

livre. Les deux premiers volumes sont consacrés à ses récits.<br />

Le troisième est celui du Journal de Raveneau de Lussan, qui présente une vision<br />

également très réaliste de la flibusterie. C’est dans ce journal que Daniel de Foe a<br />

puisé ses sources et son inspiration pour la création et la rédaction de Robinson<br />

Crusoé.<br />

Le quatrième volume, enfin, présente L’Histoire des pirates anglais. On y croise les<br />

fameux pirates qui semèrent terreur et imagination, de Barbe-noire et Jean Rackam, en<br />

passant par les célèbres Ann Bonny et Mary Read : ces deux femmes, pirates et flibustières,<br />

déguisées en hommes pendant toutes leurs années de flibusterie, partagèrent<br />

l’une et l’autre les faveurs du célèbre pirate Calico Jack avant de se retrouver avec<br />

tous les autres membres de l’équipage sur les bancs du tribunal. Toujours déguisées en<br />

hommes lors du procès, elles furent les seules à échapper à la potence. À l’annonce de<br />

la sentence, alors que le juge demandait s’il existait une éventuelle objection, les deux<br />

femmes déclarèrent :<br />

« My Lord, we plead our bellies [Nous plaidons notre ventre]. » Légalement, en effet,<br />

la condamnation à mort de femmes enceintes était reportée jusqu’à la naissance de<br />

l’enfant. Mary mourut en prison, emportée par la fièvre en 1721. Ann Bonny, quant<br />

à elle, disparut mystérieusement des rapports officiels après avoir été graciée. Nul ne<br />

sait ce qu’il advint d’elle.<br />

L’ateur de cette Histoire des pirates anglais n’est autre que Daniel de Foe, sous le<br />

nom de plume de Johnson.<br />

Bel exemplaire, un peu court de marges, dans une sobre reliure moderne. Cachets de bibliothèques, annulés.<br />

"Perhaps no book in any language was ever the parent of so many imitations, and the source of so many fictions as<br />

this." (Sabin)<br />

36 Camille Flammarion. Les Merveilles célestes. Paris, Bibliothèque des<br />

Merveilles, Hachette et Cie, 1875. In-12 de 376 pp., percaline marine éditeur de la<br />

collection, avec décor aux fers et plaques dorées.<br />

400 €<br />

Cinquième édition, en partie originale et considérablement augmentée : elle est notam-


36<br />

38<br />

38<br />

ment illustrée de 84 vignettes et 3 planches dépliantes (la première édition de 1865<br />

ne contenait que 30 dessins).<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ à madame Joséphine Perrot, souvenir affectueux de l’auteur,<br />

Camille Flammarion, décembre 1876 “.<br />

A l'automne 1864, Edouard Charton est nommé par la <strong>Librairie</strong> Hachette pour<br />

diriger une collection de vulgarisation des sciences, la « Bibliothèque des merveilles ».<br />

Pour son premier numéro, Charton fait appel à l'auteur d'un livre qui a fait son succès<br />

et qui présentait au public un domaine réservé aux gens de l'Académie, Les<br />

Mondes imaginaires et les Mondes réels. Pour ces « Merveilles », où il s'agit du<br />

même genre d'exercice, Camille Flammarion se trouva tout disposé à satisfaire la<br />

commande. Voici, de l'auteur lui-même, le récit de la genèse de ce livre : « J'étais<br />

enchanté de pouvoir m'amuser à écrire un ouvrage purement littéraire sur un sujet<br />

exquis et je me proposai, dès que les beaux jours seraient venus, d'aller écrire couché<br />

dans l'herbe, au bois de Boulogne. (...) Je choisis à la <strong>Librairie</strong> même des sujets de<br />

superbes gravures et j'y consacrai toutes les belles après-midi des mois de <strong>juin</strong> et de<br />

juillet, composant cette rédaction au crayon et rédigeant le tout définitivement à la<br />

plume le lendemain matin à mon bureau. ». Flammarion fondera dans sa propriété<br />

de Juvisy un observatoire, et décide de faire de Mars l’un de ses chevaux de bataille. Il<br />

embauche rapidement un jeune astronome de talent Eugène Antoniadi qui s’illustre<br />

très vite par ses superbes dessins de la planète rouge. Plus rigoureux que son maître<br />

sur l’interprétation des apparences, Antoniadi se montre prudent : s’il y a des «<br />

canaux » sur Mars, ce sont vraisemblablement des formations naturelles, ravalant<br />

ainsi au rang de légende les « canaux » de Mars. Entre temps, la littérature s’est<br />

emparée du mythe. Mais ceci est une autre histoire.<br />

Bel exemplaire, cartonnage frais.<br />

37 Albert Glatigny. Poésies. Les Vignes folles - Les Flèches d’or - Le Bois.<br />

Paris, Alphonse Lemerre, 1870. In-12 de 2 ff., 250 pp. ; maroquin vert, dos à nerfs<br />

orné de filets, caissons et fleurons dorés, tête dorée, filet à froid sur les plats, étui bordé<br />

(Reliure signée de Huser).<br />

1200 €<br />

EDITION ORIGINALE COLLECTIVE.<br />

Rarissime exemplaire sur papier de Chine, non mentionné au tirage pas plus que dans<br />

les bibliograpies d’usage.<br />

Superbe exemplaire, parfaitement établi par Huser.<br />

38 Goethe. Les Souffrances du jeune Werther. Paris, de l’imprimerie de<br />

Crapelet, 1845. Fort in-8 de XII-[4]-304 pages, maroquin bleu, triple filet d’encadrement<br />

sur les plats, dos à nerfs richement orné de filets, fleurons et caissons, filets sur<br />

les coupes, tranches dorées.<br />

1300 €<br />

Belle édition, imprimée sur vergé fort, dont la traduction est due au Comte Henri de<br />

la Bedoyère. Elle doit être illustrée de 4 planches dessinées par Tony Johannot et<br />

gravées à l’eau-forte par Burdet.<br />

Ces planches sont en premier tirage, avant la lettre, sur papier de Chine avec le nom<br />

de l’artiste à la pointe et à la date de 1844.<br />

Notre exemplaire contient en outre les trois gravures de Moreau, en épreuves avant<br />

la lettre, qui accompagnaient la première édition de cette traduction parue en 1803.<br />

Brivois, 175-176 ; Vicaire III,1012-1013.


39<br />

40<br />

39 Charles Gounod. Mors et vita. A sacred trilogy. London & New-York,<br />

Novello, Ewer & Co, 1885. Percaline éditeur rouge, dos lisse, titre doré et à froid,<br />

filets d’encadrement.<br />

500 €<br />

EDITION ORIGINALE, un des exemplaires du tirage de luxe sous cartonnage éditeur (il<br />

existeune version brochée et une version cartonnée en papier).<br />

Envoi autographe signé :<br />

“à Madame Regnart, par les mains de ma chère Alice,<br />

Ch. Gounod “.<br />

Pendant la guerre de 1870, Gounod est à Londres où il reviendra à plusieurs reprises<br />

: son œuvre y est très appréciée et il y crée alors sa trilogie sacrée Mors et Vita, montée<br />

pour la première fois à Birmingham en présence de la Reine Victoria. Ses<br />

obsèques nationales seront célébrées en l'église de la Madeleine avec Saint-Saëns au<br />

grand orgue et Fauré à la tête de la maîtrise. La messagère est très probablement son<br />

amie la cantatrice Alice Boissonnet de la Touche.<br />

Dos du cartonnage taché.<br />

40 Edmond de Goncourt. Mademoiselle Clairon. D'après ses correspondances<br />

et les rapports de police du temps. Paris, Charpentier, s.d. [1890]. In 12 de viii,<br />

524 pp. et 1 f, demi-maroquin vert à coins, dos à nerfs richement orné de filets, fleurons<br />

et caissons dorés, double filet doré sur les plats, tête dorée (Paul Vié).<br />

4000 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des cinq exemplaires de tête sur Japon (<strong>n°</strong> 2).<br />

Envoi de l’auteur :<br />

" A Madame Alphonse Daudet,<br />

son affectionné,<br />

Edmond de Goncourt ".<br />

Rivale impitoyable de Mlle Dumesnil, “ la Clairon “ débuta à la Comédie-Française<br />

le 19 septembre 1743 dans le rôle de Phèdre. Le succès fut tel qu'elle fut reçue sociétaire<br />

dès le mois suivant. Adulée par un public turbulent, elle fut celle qui aura porté<br />

les pièces de Voltaire à bout de bras. Son paradoxe tient à cette singularité: « avoir<br />

été la grande tragédienne d'un siècle sans tragédie», écrit Jacques Jaubert.<br />

Superbe exemplaire, parfait et de très belle provenance pour ce texte. De la bibliothèque Julia Daudet, avec<br />

ex-libris (cachet à l’encre).<br />

Jacques Jaubert, Clairon, Fayard, 2003 ; Carteret, I, 361 ; Vicaire 3-1067.<br />

41 Eugène Guinot. L'été à Bade. Illustré par Tony Johannot, Eugène Lami,<br />

Français et Jaquemot. Paris, Bourin, s.d. [1850]. Grand in-8 de 300 pp., chagrin<br />

noir, dos à nerfs orné de filets et fers dorés, semis de chiffres et fleurons dorés, tranches<br />

ciselées, filets d’encadrement sur les plats (Reliure signée de Gruel).<br />

1200 €<br />

Deuxième édition revue et corrigée de cet ouvrage inspiré par la mode, par Eugène<br />

Guinot (rédacteur au Siècle et à la Revue de Paris).<br />

L’ouvrage est illustré de 23 hors-texte (Brivois, dont l'ex. ne contenait que 17 h.-t.,<br />

signale que leur nombre varie ; Carteret et Vicaire n’indiquent 20 planches) : un portrait<br />

du Prince régent Frédéric (non annoncé dans les bibliographies) et un autre du


42<br />

41<br />

duc Léopold de Bade, sur Chine appliqué ; une carte de la région de Bade rehaussée ;<br />

6 lithographies de costumes rehaussées de couleurs et <strong>15</strong> vues paysagères gravées en<br />

noir.<br />

Superbe et précieux exemplaire en pleine reliure aux armes du Prince Régent<br />

Frédéric, pour qui la troisième édition [qui paraîtra en 1858] sera dédiée ; les tranches<br />

sont intégralement et finement ciselées.<br />

Exemplaire de choix.<br />

Vicaire III-1169; Carteret III-289 ; Brivois 187.<br />

42 Philip Gilbert Hamerton. Exploration de l’Arroux. Voyage en pirogue.<br />

Eaux-fortes. Paris, Cadart & Luquet, éditeurs, s.d. In-folio, cartonnage bordeaux<br />

de l’éditeur avec liens, 36 eaux-fortes sous chemise de livraison et page de titre gravée<br />

en sanguine.<br />

4000 €<br />

EDITION ORIGINALE ET PREMIER TIRAGE DES EAUX-FORES DE P.G. HAMERTON, dont une<br />

inédite.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ à mon ami Marilier, hommage affectueux,<br />

P. G. Hamerton “.<br />

“ Une société de canotiers s’est récemment formée en Angleterre, & le but de ses<br />

membres est de se faire part mutuellement de leurs voyages. Chaque membre du club<br />

possède une petite embarcation, extrèmement légère, & ne portant qu’une seule personne,<br />

qi ui la gouverne à l’aide d’une pagaye... Dans leurs pirogues, les membres du<br />

Canoe-club ont déjà exploré d’immenses longueurs de rivière. Un cours d’eau parfaitement<br />

inconnu, et offrant des difficultés imprévues, a pour eux un charme particulier.<br />

L’Arroux, qui passe par Autun & se jette dans la Loire à Digoin, possédait, il y a<br />

un an, tout ce qui pouvait attirer un membre du Canoe-Club. Personne ne l’avait<br />

encore descendu en bateau ; ses paysages étaient charmants & ses rives pleines d’un<br />

intérêt historique & légendaire. Descendre l’Arrroux était bien réellement une exploration,<br />

& un aqua-fortiste ne pouvait se dispenserd’ajouter à son mince bagage de<br />

canotier une boîte de cuivre vernis. Le résultat du voyage est aujourd’hui offert au<br />

public, & dédié par l’auteur à ses confrères du Canoe-Club.<br />

Je n’ai pas la prétention de savoir dessiner la figure, & les conseils de mon ami<br />

Marilier ont seuls pu donner quelque valeur à mes personnages. Je tiens à le remercier<br />

ici. P.G.H.” [préface].<br />

La postérité retient de Philip Gilbert Hamerton qu'il fut critique d'art et salue The<br />

Portfolio, an artistical periodical comme étant un ouvrage de vulgarisation et de<br />

référence de la fin du XIXème siècle. Pourtant, Hamerton aura beaucoup entrepris,<br />

et dans bien des domaines. Orphelin de mère à la naissance, élevé par une tante toute<br />

de douceur et d'ambition, il fait des études pas si classiques où le français et les arts<br />

d'agrément trouvent place.<br />

Son début d'âge d'homme le voit errer de Paris à l'Ecosse où il tombe sous le charme<br />

absolu du Loch Awe. Un recueil de poèmes invendu ruinera ses premiers espoirs littéraires,<br />

mais c'est pourtant avec « A painter's camp » (1862) qu'il va acquérir une<br />

notoriété durable dans le monde des arts et lettres britanniques. Il épouse une<br />

Française, fille d'un ancien député bourguignon, et après une tentative difficile de<br />

vivre sur le Loch Awe, le couple décide de venir s'installer en France. C'est près<br />

d'Autun qu'ils s'installeront en 1863.<br />

Trente années en Morvan le verront multiplier les ouvrages d'art dont « Etching and<br />

etchers » en 1868 et sa revue « The Portfolio », mais aussi des romans, des essais, des<br />

critiques, des articles dans les « magazines », des récits de voyage... S'y ajoutent


42<br />

quelques ouvrages sur la vie et les mœurs en Morvan et en France, mis en parallèle<br />

avec la société anglo-saxonne. Son public est probablement plus américain que britannique<br />

; notons, pour l'anecdote, que le Président Woodrow Wilson fut - ultérieurement<br />

- un de ses plus fervents admirateurs. Il entretint avec Robert-Louis<br />

Stevenson une correpondance suivie - on peut d’ailleurs rapprocher les deux auteurs<br />

en mentionnant le merveilleux texte de Stenvenson, Voyage avec un âne dans les<br />

Cévennes, quasi contemporain (1878) de celui d’Hamerton.<br />

Hamerton démultiplia sa vie d'auteur avec celle d'un dessinateur de la nature et<br />

d'un graveur. Mais c'est aussi un amoureux de l'eau et un inventeur. Créer, construire,<br />

naviguer, sont les délassements qui rassurent son psychisme fragile. Il devient un<br />

spécialiste des catamarans, fournissant la revue « Le yacht » de mille informations.<br />

Du Loch Awe à la Saône, il se fait ingénieur maritime et expérimente nombre de voiliers<br />

dont il a conçu les plans. Au fond du jardin de sa maison coule le Ternin, ruisseau<br />

affluent de l'Arroux, rivière se jetant dans la Loire. Et voilà Hamerton constructeur<br />

de « panières » à naviguer. Novateur de la voile, il est aussi pionnier du canoé<br />

d'eau vive. Son esprit fertile fait naître le canot en lanières de papier encollé, très fin,<br />

très plat, qui permet de se faufiler sur le moindre petit cours d'eau et donc le Ternin.<br />

C'est ainsi, après « a river voyage in a basket » que naît le projet de « The Unknown<br />

river » : descendre l'Arroux sur tout son cours, et s'arrêter pour graver quelques-uns<br />

des maillons de « ce long collier aux reflets enchanteurs ».<br />

Il emportera plusieurs dizaines de plaques de cuivre qu'il gravera, à toute heure et par<br />

tout temps. Après la parution d'une première version, « A canoe voyage » dans la «<br />

Fortnightly review » en février 1867, il envisagera de reprendre son périple pour de<br />

nouvelles gravures, plus grandes, plus travaillées.<br />

Aucune illustration n’accompagnait ce qui, plus qu’une véritable relation, est une<br />

somme d’impressions et d’anecdotes. Une sélection de trente-six gravures fut éditée la<br />

même années dans un portfolio, mais Hamerton n’était pas satisfait de sa prose et<br />

pensait que certaines eaux-fortes auraient mérité plus de travail, et le portfolio ne fut<br />

vraisemblablement jamais distribué. Il publia en 1869 la nouvelle version de son récit<br />

dans la revue d’art quil venait de lancer, The Portoflio, ccompagné des 36 illustrations<br />

originales.<br />

Le travail sur les nouvelles gravures fut entamé à l’été 1870, mais aussitôt interrompu<br />

par la guerre. La folie de « l'espionnite » qui envahit la France à la veille de la<br />

guerre contre la Prusse le dissuadera d’aller plus loin. Les gravures originales seront<br />

gardées, telle quelles, en 1871 dans l'édition définitive de « The Unknown river ».<br />

Avec une variante, toutefois : l’une des planches ici présente (la rencontre avec les<br />

enfants) ne fut jamais éditée, ni dans l’édition de 1869, ni dans celle de 1871. Elle permet<br />

surtout de mettre un nom sur “ l’aide dessinateur “ de Hamerton, un certain<br />

Marilier, qui signe chacune des planches, dans l’édition du portfolio ici présenté, où<br />

figure un personnage.<br />

Comme le souligne Hamerton dans la préface des livraisons (cf. supra) : “ Je n’ai pas<br />

la prétention de savoir dessiner la figure, & les conseils de mon ami Marilier<br />

ont seuls pu donner quelque valeur à mes personnages. Je tiens à le remercier<br />

ici. P.G.H.”<br />

Cette préface n’a jamais été reprise dans les éditions de 1869 et 1871 et ce texte restait<br />

tout simplement inconnu.<br />

Notre exemplaire est celui offert par Hamerton à son complice, ce qui renforce la thèse<br />

d’une distribution sinon quasi-confidentielle, du moins très restreinte.<br />

Exemplaire apparemment unique à ce jour ; aucun exemplaire de ce tirage et sous cette<br />

forme n’est recensé, après de longues et vaines recherches, dans les bibliothèques fran-


43<br />

çaises, anglaises ou américaines. Il est plus que probable que la diffusion du recueil<br />

n’eut jamais lieu, sans doute pour des questions de coût ou par le souci de perfection<br />

d’Hamerton, qui souhaitait reprendre ses illustrations.<br />

La première édition française du texte est toute récente : elle est l’oeuvre de Daniel<br />

Margottat (Philip Gilbert Hamerton, La Rivière inconnue, Limoges, éditions<br />

du canotier, 2006).<br />

Tous nos remerciements à monsieur Margottat pour son aide précieuse sur l’historique<br />

et l’approfondissement des connaissances sur Hamerton et son oeuvre. Nous lui<br />

devons, pour la partie historique, la rédaction de cette notice. Ce recueil de 1867 lui<br />

était - outre la citation qu’il en fait - parfaitement inconnu et, à vrai dire, faisait figure<br />

de merle blanc.<br />

Parfait état, eaux-fortes dans leur état original, à toutes marges, complet de toutes les couvertures gravées<br />

de relais et des préfaces. D’une insigne rareté.<br />

Daniel Margottat, op. cit., préface.<br />

43 [drogue - médecine]. (Philippe Hecquet). Reflexions sur l'usage de l'opium,<br />

des calmants, et des narcotiques, pour la guerison des maladies. En forme de<br />

lettre... Paris, Chez Guillaume Cavelier fils, rue Saint Jacques, près la Fontaine,<br />

1726. In-12 de viii, 374 pp, 8 ff.n.ch. (index and errata, le dernier blanc ; veau sombre,<br />

dos à nerfs orné de caissons et filets dorés, titre doré, dentelle sur les coupes (Reliure<br />

de l’époque).<br />

900 €<br />

EDITION ORIGINALE. rare, dans lequel l’auteur raconte “ avoir trouvé dans l'opium la<br />

véritable panacée” . Après un brillant cursus médical, il reçoit le plus haut grade du<br />

doctorat ; appelé à l'ermitage de Port-Royal-des-Champs, afin d'exercer la médecine<br />

auprès de ces femmes illustres, il soigna pendant quatre ans les malades, sur place et<br />

à l'extérieur. Il retourna ensuite à Paris, au service notamment du prince et de la princesse<br />

de Condé, puis des carmélites du faubourg St-Jacques. Il fut élu Doyen de sa<br />

faculté en 1712. Il mangeait très peu , ne buvait que de l'eau et regardait le tabac<br />

comme pernicieux. La saignée à ses yeux reste l'idéal ; Lesage, dans son Gil Blas le<br />

peint sous le nom du docteur "sandrago".<br />

L'Opium (...) enivre, ainsi que le vin, le caffé & chacun à sa manière, & suivant sa<br />

dose. Il rend l'Homme heureux dans un état qui sembleroit devoir être le tombeau du<br />

sentiment, comme il est l'image de la Mort. Quelle douce Léthargie! L'Ame n'en voudroit<br />

jamais sortir. Elle étoit en proie aux plus grandes douleurs; elle ne sent plus que<br />

le seul plaisir de ne plus souffrir, & de joüir de la plus charmante tranquillité (La<br />

Mettrie, l’Homme machine, 1747).<br />

Hirsch III, 112 ; Barbier IV, p. 149 ; Wellcome III, 232.<br />

44 [Victor Hugo]. Abbé Pierre Dubois. Bio-bibliographie de Victor Hugo, de<br />

1802 à 1825. Paris, Honoré Champion, 1913. In-4 de 242 pp. et 1 f., demi-percaline<br />

verte, dos lisse, pièce de titre, fleuron doré, couv. cons. (Reliure de l’époque).<br />

<strong>15</strong>0 €<br />

EDITION ORIGINALE de cette importante thèse, qui recense l’intégralité des publications<br />

de et sur Victor Hugo dans ses premières années. Remarquablement documentée.<br />

Rare.


46<br />

45<br />

45 Victor Hugo. Hernani ou L'Honneur Castillan. Paris, Mame & Delaunay-<br />

Vallée, 1830. In-8 de 2 ff., vii et <strong>15</strong>4 pp., demi-chagrin prune, dos à nerfs, titre doré,<br />

tr. marbrées (Reliure de l’époque).<br />

EDITION ORIGINALE, premier tirage qui fut mis en vente le 8 mars 1830, aux lendemains<br />

de la bataille de la creation au Théâtre Francais.<br />

L’exemplaire a été enrichi à l’époque d’un portrait de Victor Hugo, du frontispice<br />

paru pour la seconde édition (Barba, 1830) et du portrait de M elle de Mars, créatrice<br />

du rôle.<br />

Louis Boulanger travailla dans l'atelier d'Eugène Deveria qui le présenta à Victor<br />

Hugo avec qui il noua une amitié durable, composant une série de dessins et de lithographies<br />

pour l'illustration d’Odes et ballades, des Orientales, du Dernier jour<br />

d'un condamné, des maquettes de costumes pour Hernani, Lucrèce Borgia et Ruy<br />

Blas et exécutant à l'huile des portraits de Léopoldine Hugo enfant (Salon de 1827),<br />

de Victor Hugo (vers 1833) de Mme Hugo (Salon de 1839).<br />

En reconnaissance, Hugo lui dédia plusieurs pièces de vers. Son Triomphe de<br />

Pétrarque (Salon de 1836), acheté par le marquis de Custine inspira un poème de<br />

Théophile Gautier inséré dans la Comédie de la mort.<br />

Carteret I, 399 ; Vicaire, IV, 251 ; En français dans le texte, <strong>n°</strong> 244.<br />

46 Victor Hugo. Etude sur Mirabeau. Paris, Adolphe Guyot et Urbain Canel,<br />

1834. In-8 de 2 ff. et 91 pp., demi-veau havane, dos lisse orné de filets dorés et à froid,<br />

pièce de titre (Reliure moderne à l’imitation).<br />

700 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

L’orateur hugolien, qu’il soit incarné par Mirabeau, Ruy Blas ou le Gwynplaine de<br />

L’Homme qui rit, est toujours un orateur populaire, c’est-à-dire lié au peuple dans<br />

un rapport d’engendrement et d’enrichissement réciproques. Douze ans avant de<br />

monter lui-même à la tribune, Hugo questionne ce rapport et renvoie au peuple la formulation<br />

magnifique et raisonnée de ses aspirations : celui-ci reçoit, reconnaît et ratifie<br />

ce langage. Une conception qu’il mettra en œuvre à partir de <strong>juin</strong> 1849 par sa<br />

propre pratique politique.<br />

Le texte paraît le <strong>15</strong> janvier, en guise de préface aux Mémoires de Mirabeau. Just<br />

Muiron, directeur de L’Impartial, publiera le mois suivant un article consacré à l’Étude...<br />

: « Par la pensée comme par le style, le chef de la jeune littérature a égalé<br />

l’homme dont il traçait le portrait », suivi d’un article de Charles Fourier le 28 du<br />

même mois dans La Réforme industrielle : Les nouveaux quakers, trembleurs<br />

intellectuels, pupilles en génie. Réponse à un écrit de M.Victor Hugo, où<br />

Fourier articule sa lecture et annote comme un professeur : « Hugo a écrit : Tout est<br />

défait rien n’est refait. Début fort juste, on ne saurait dire plus vrai, estima Fourier.<br />

Aux hommes de progrès appartient la culture des principes, la greffe de telle ou telle<br />

idée “.<br />

Hugo à Jersey<br />

Le 5 août 1852, Victor Hugo débarque à Jersey. Sur le quai de Saint-Hillier ceux qui<br />

l'attendent ont subi le même sort : opposants au régime en place, ils ont été chassés de<br />

leur propre patrie. Ces proscrits forment une petite communauté unie dans le malheur,<br />

certes, mais politiquement assez disparate.<br />

Pour certains, Hugo est trop républicain, pour d'autres, son passé de pair de France<br />

le rend suspect. Cependant, sa notoriété, son autorité politique, son ascendant personnel<br />

vont faire de lui le chef de la proscription. Parmi eux qu' Hugo fréquentera<br />

particulièrement, se trouve les frères Jules et Emile Allix, ce dernier deviendra son<br />

médecin personnel, le général Le Flô et sa famille ou encore le colonel hongrois<br />

Téléki.


47<br />

Dès son arrivée, l'écrivain va participer aux réunions des exilés, français ou étrangers.<br />

Solidaire de ses frères en exil, il met en place une caisse de secours où il versera<br />

plus d'un tiers de ses revenus annuels. Mais les querelles internes finirent par le lasser.<br />

En mars 1853, Hugo démissionna de la société des proscrits : « Il faut aimer les<br />

proscrits […] mais il faut se garder des réunions » confie-t-il à sa femme. Conscient<br />

de ses responsabilités, il continuera cependant à agir.<br />

Edités en brochures de petits formats ou placardés sur les murs (cf. Hugo à Louis<br />

Bonaparte), ces Discours deviennent de véritables actes politiques. La société des<br />

proscrits qui s'est dotée d'un organe de presse, L'Homme, et d'une imprimerie, les<br />

publiera tous. Ils gagnent ainsi la France et sont lus par des noyaux de résistants.<br />

L'aventure à Jersey prendra fin en 1855. Le consul de France faisant surveiller<br />

constamment Hugo et redoutant un complot trouvera, le 2 octobre 1855, sous un fallacieux<br />

prétexte, le moyen de son expulsion.<br />

Toutes ces publications, à degré variable, sont très rares ; nombre d’entre elles ne figurait pas<br />

dans la collection Zoumeroff consacrée à Hugo. Elles sont ici présentées dans des conditions<br />

de conservation exceptionnelles.<br />

Rarissime exemplaire en grand papier des Châtiments.<br />

47 Victor Hugo. Chatiments. Pet. in-12 de 2 ff., III, 1 f. et 392 pp., broché, sous<br />

couverture d’attente papier moire.<br />

4700 €<br />

ÉDITION ORIGINALE, UN DES 16 EXEMPLAIRES SUR HOLLANDE, RÉIMPOSÉ.<br />

À la suite du coup d'État du 2 décembre 1851 qui voit l'arrivée au pouvoir du prince<br />

Louis-Napoléon Bonaparte, Hugo s'est exilé. Ces vers sont, pour le poète, une<br />

arme destinée à discréditer et abattre le régime de Napoléon III auquel Hugo voue<br />

une fureur vengeresse et un mépris sans bornes.<br />

Après avoir interrompu Histoire d'un crime qu'il ne fera paraître qu'en 1877 devant<br />

le risque d'un coup d'Etat de Mac-Mahon, au moment où il écrivait son pamphlet<br />

en prose Napoléon-le-Petit, Hugo avait déjà en tête un pendant poétique satirique<br />

qu'il comptait intituler Les Vengeresses, puis Le Chant du Vengeur avant de choisir<br />

le seul mot de Châtiments, qui résonne comme un cri de vengeance. Hugo écrivit<br />

à son éditeur Hetzel : "Ce titre est menaçant et simple, c'est-à-dire beau."<br />

Châtiments connaît une double édition à Bruxelles en novembre 1853 : une version<br />

officielle, auto-censurée par des lignes de points, que Hugo nomme "l'eunuque", et<br />

une version clandestine en petit format, conforme à notre exemplaire, à l’adresse fantaisiste<br />

de “ Genève & New-York “.<br />

Seul Flavien Michaux, expert en la matière, signale dans ses Essais bibliographiques<br />

concernant les oeuvres de Victor Hugo, parues pendant l'exil (Paris, L.<br />

Giraud-Badin, 1930), des grands papiers de l'édition complète :<br />

Sur l'édition complète, tirée deux fois en raison d'une erreur typographique, fut extraits<br />

au second tirage six exemplaires sur papier de Chine et seize sur papier de<br />

Hollande.<br />

Second tirage dont le typographe Samuel se montra très satisfait : « Je regrette, écritil<br />

à Hugo, de vous avoir envoyé les premiers cinq mille : les seconds sont infiniment<br />

mieux… ».<br />

L’adresse change ici pour “ En France “ ; seule variante par rapport au tirage courant.<br />

Aucune trace ni mention d’un exemplaire sur grand papier de ce chef-d’oeuvre dans<br />

les bibliographies d’usage ou spécialisées, pas plus que dans les archives de vente de<br />

ces trente dernières années.<br />

Ra-ris-si-me.<br />

Michaux, op. cit. ; pas dans Carteret, Vicaire, ni Clouzot ; pas d’exemplaires à la vente Zoumeroff, ni à la B.n.F,.<br />

ni à la Maison Victor Hugo...


48<br />

49<br />

48 Victor Hugo. 23ème anniversaire de la Révolution polonaise, (29 novembre<br />

1853) à Jersey. Discours de Victor Hugo. S.l. [Jersey], Imprimerie universelle ,<br />

1853.<br />

700 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Hugo a prononcé trois discours à l'occasion de l'anniversaire de la révolution polonaise,<br />

les 29 novembre 1852, 1853 et 1854. Au-delà de la proscription, de l'exil, de sa<br />

lutte contre Napoléon III, Hugo fut le chantre des défenseurs de la République. Les<br />

victimes de la révolution polonaise, ces hommes et ces femmes dont le pays était occupé<br />

depuis 1932 par la Russie et qui, à Varsovie, organisèrent une rébellion historique,<br />

demeuraient pour lui les « aînés de la persécution ».<br />

Invité pour la seconde fois à commémorer la date anniversaire de cet événement, il<br />

adresse à ce peuple qu'il appelait l'année précédente le « Job des nations », un message<br />

d'espérance au vu des récents événements. Un mois plus tôt en effet, en octobre<br />

1853, la Turquie a déclaré la guerre à la Russie. Le sultan, « prince chétif », bien moins<br />

puissant que le tsar Nicolas Ier, décide de se servir des courants révolutionnaires<br />

pour vaincre son ennemi. « Il ne dépend plus de lui-même à présent de se délivrer de<br />

l'aide redoutable qu'il s'est donnée » prévoit Victor Hugo. « (...) Voici les légions<br />

polonaise, hongroise et italienne qui se forment », comme lui « peuples et rois (...)<br />

savent bien que ce qui brille en ce moment dans la main désespérée de la Turquie (...)<br />

c'est l'éclair splendide des révolutions ». Aux Polonais rebelles comme à tous, Hugo<br />

déclare naissante « l'aube bénie des Etats-Unis d'Europe ». Les frontières, les<br />

douanes, les guerres, la misère, l'ignorance auront disparu ; « la richesse décuplée, le<br />

problème du bien-être résolu par la science (..) la concorde entre les peuples, l'amour<br />

entre les hommes », telle sera l'Europe future, et si « le passé appartient aux princes<br />

» c'est aux peuples, conclut l'orateur, qu'appartient déjà l'avenir.<br />

Repris dans Discours de l'exil sous le titre La Guerre d'Orient puis dans Actes et Paroles avec le titre originel.<br />

49 Victor Hugo. Anniversaire de la Révolution de 1848 ; 24 février 1855. A<br />

Jersey. Discours de Victor Hugo. Jersey : Imprimerie Universelle, s. d. [1855].<br />

In-32 de 14 pp.<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

700 €<br />

« C'est à la Révolution qu'il est réservé de frapper les rois du continent. L'Empire est<br />

le fourreau, la République est l'épée. » Cette nouvelle déclaration du plus célèbre des<br />

exilés de Jersey voulait faire date en annonçant la révolution future, c'est-à-dire, comprendre<br />

la chute du régime bonapartiste. « Que, comme Février, elle relève et place sur<br />

l'autel le sublime trépied Liberté-Egalité-Fraternité, mais que sur ce trépied elle allume,<br />

de façon à en éclairer toute la terre, la grande flamme Humanité ! » Eblouir les<br />

penseurs et aveugler les despotes, selon ses mots, tel est l'espoir de l'écrivain révolutionnaire.<br />

Voilà ce qu'il attend de cette « troisième date », celle qui verra l'Empire jeté<br />

à bas.<br />

D'abord placardé, avec une dédicace à Victor Schoeler, puis publié le 1er mars 1854<br />

dans L'Homme, ce discours sera repris dans Discours de l'exil sous le titre « La<br />

Révolution future », puis dans Actes et Paroles avec le titre « Banquet anniversaire<br />

du 24 février 1854 ».<br />

Très rare, au risque de se répéter.<br />

Un livre de la bibliothèque de Victor Hugo à Jersey :<br />

celui, fondateur, contenant l’ex-libris du poète, dans son épreuve originale<br />

offerte par Aglaüs Bouvenne à Victor Hugo, qui fera sien cet ex-libris.


53 [Victor Hugo]. Aglaüs Bouvenne. Les Monogrammes historiques d’après<br />

les monuments originaux. Paris, Académie des bibliophiles, 1870. In-12 de xxxl<br />

et 166 pp., demi-maroquin havane à coins, dos à nerfs, couv. et dos cons. (Reliure<br />

début XXè).<br />

EDITION ORIGINALE imprimée à 512 exemplaires, celui-ci sur vergé, le <strong>n°</strong> 1.<br />

Envoi signé :<br />

“ à monsieur Victor Hugo,<br />

Hommage et souvenir de son admirateur<br />

sincère, Aglaüs Bouvenne “.<br />

5000 €<br />

Avec cet envoi, inscrit sur une feuillet de papier vergé, est offert par Bouvenne une<br />

épreuve originale gravée du futur, ex-libris de Victor Hugo : les tours de Notre-dame,<br />

avec un entrelac des initiales du poète.<br />

Dessiné et gravé par Aglaüs Bouvenne lui-même, qui lui offre cet ex-libris en même<br />

temps que son livre.<br />

Hugo, touché, lui répondra aussitôt en ces termes :<br />

“ Hauteville-House, 10 juillet [1870].<br />

Monsieur,<br />

j’ai reçu avec un vif intérêt votre excellent et curieux travail. Votre ex-libris fait par<br />

vous pour moi, me charme. J’accepte avec reconnaissance cette jolie petite planche.<br />

Comment vous en remercier ? S’il est un livre de moi que vous désiriez tenir de ma<br />

main, veuillez me le dire, et j’aurai l’honneur de vous l’offrir. Votre ex-libris marquera<br />

tous les livres de la bibliothèque de Hauteville-House. Je vous serre la main avec<br />

une vive cordialité. Victor Hugo. “ ( in Correspondance, ed. 1898, tome III - [coll.<br />

privée]).<br />

Aglaus Bouvenne dessina également l’ex-libris de Théophile Gautier ;<br />

Bracquemond se chargea du sien. Il rédigera quelques années plus tard une étonnante<br />

et passionnante étude sur Hugo, Victor Hugo : ses portraits et ses charges,<br />

1827-1879, <strong>catalogue</strong>s par Aglaus Bouvenne (Paris, J. Baur, 1879).<br />

La bibliothèque de Hauteville-House renferme toujours une grande partie des livres de<br />

Victor Hugo, malgré des disparitions successives au fil du temps. Cet exemplaire<br />

figure dans les deux inventaires dressés par Julie Chenay, en 1870 puis en 1879.<br />

Dans le dernier recensement (Groupe d’étude Jussieu-Paris VII), il figure aujourd’hui<br />

avec la mention [disparu]. Depuis quand ? Nul ne le sait. Sans doute depuis l’époque<br />

où il a été ensuite relié, au tout début du siècle dernier [l’exemplaire figurait broché<br />

dans les inventaires Chenay].<br />

“ Quelques collectionneurs privés possèdent des ouvrages qui figurèrent sur<br />

l'un ou l'autre des inventaires Chenay ou recèlent l'ex-libris de Victor Hugo,<br />

voire pour les plus chanceux une dédicace adressée à l'écrivain. Pour l'heure,<br />

la récolte est maigre (seulement 4 vol., hors vente des livres de Georges<br />

Hugo), mais je ne doute pas qu'en fouillant plus avant les <strong>catalogue</strong>s de ventes<br />

de nouvelles découvertes soient possibles “. (M.J. Chassier, Composition de<br />

la bibliothèque de Hugo à Hauteville-House).<br />

En voilà donc une, à rajouter parmi les rares connues à conjuguer envoi à Hugo, présence<br />

de l’ex-libris et présence dans les inventaires Chenay.<br />

Mais nous sommes ici, surtout, en présence de l’exemplaire “ fondateur “, qui recèle<br />

l’ex-libris originel.<br />

Chenay, inventaire des livres de Victor Hugo à Hauteville House, 1870 et 1879, <strong>n°</strong> M 05 et L 0 ;<br />

Journet, B024 .


55<br />

54 [Victor Hugo]. Maxime Lalanne. Chez Victor Hugo, par un passant. Paris,<br />

Cadart et Luquet, 1864. In-8 de 68 pages, avec 12 eaux-fortes de Lalanne ; maroquin<br />

rouge, dos à nerfs, titre doré, dentelle et roulette intérieures, tête doré, couv. cons.<br />

(Rel. signée de Champs).<br />

1400 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Le passant est tout simplement Charles Hugo, le propre fils du poète, menant ainsi à<br />

terme l’idée du reportage sur l’écrivain à Hauteville House, en exil. Les illustrations<br />

ont été réalisées par Maxime Lalanne (1827-1886) sous forme de 12 eaux-fortes<br />

d’après 10 photographies d’Edmond Bacot.<br />

Il a été ajouté ancienement une intéressante lettre autographe signée de Victor Hugo<br />

adressée au publiciste belge Berardi dans laquelle le poète lui demande de publier une<br />

mise au point dans son journal l’Indépendance à propos de vers attribués à l’auteur<br />

: ils avaient été en fait écrits par Adolphe Mathieu, chef de la section des manuscrits<br />

à la Bibliothèque royale de Bruxelles, pour demander la grâce de condamnés à mort<br />

depuis Jerse puis publiés sous le nom de Hugo dans plusieurs journaux belges. Le<br />

texte figurera dans Actes et Paroles et l’affaire est exposée dans Victor Hugo au<br />

cœur du monde, (par Danièle Gasiglia-Laster et Arnaud Laster, ADPF, 2002.]<br />

“ Hauteville House. 21 janvier. Cher Monsieur Berardi, Je vous envoie<br />

quelques lignes qui pourront, je crois, être utilement publiées par<br />

l’Indépendance. J’ai tâché de les faire acceptables pour tout le monde. La publication<br />

de ces vers qu’on m’attribue me force à prendre la parole. Je voudrais<br />

bien que ce ne fût pas en vain. Je me remets entre vos excellentes mains. Votre<br />

ami. Victor Hugo. Mes hommages aux pieds de votre [épouse ?].”.<br />

Bel exemplaire, malgré les habituelles rousseurs au texte, finement relié par Champs.<br />

55 Victor Hugo. Bug-Jaral. Paris, Quantin, s.d. (c. 1880). In-4, demi-veau blond<br />

à coins, dos lisse orné de filets dorés et fleurons à froid, tête dorée, couv. cons.<br />

400 €<br />

PREMIEERE EDITION ILLUSTREE.<br />

Un des 30 exemplaires de tête sur Chine. Frontispice gravé de Célestin Nantueil et<br />

nombreuses planches h.-texte.<br />

Parvenir à rédiger un roman en une quinzaine de jours … tels étaient les termes du<br />

pari.<br />

Pari - remporté - qui signe véritablement l'acte de naissance, de l’écrivain (c’est son<br />

premier roman) ; avant que ce dernier n'en vienne à signer Hugo. Paru à l’origine<br />

dans la rarissime Conservateur littéraire sous le nom de plume de d’Auvernoy -<br />

nom du héros de Bug-Jargal -, le texte connût sa première édition séparée en 1826.<br />

Considérablement remaniée par la suite, cette œuvre de jeunesse s'inscrit dans la tradition<br />

des Lumières, en sa véhémente dénonciation du colonialisme, et de sa terrible<br />

résultante : l'esclavagisme. Pour la première fois, la littérature se voit dotée d'un<br />

héros de couleur noire.<br />

Sur fond d'amours impossibles, l'intrigue se déroule à Saint-Domingue, alors en proie<br />

à de violents heurts. Première révolte d'esclaves à avoir réussi, elle permît ainsi à l'île<br />

d'accéder à son indépendance.<br />

Laissant entrevoir quelques aspects de la personnalité de l'auteur, ainsi que les préoccupations<br />

de l'adolescent d'alors, cette première œuvre romanesque augure pourtant<br />

du grand œuvre à venir : richesse des descriptions, affirmation de l'équité humaine, et<br />

plus encore, de son unité.<br />

Bel exemplaire.


60<br />

61<br />

Exceptionnel ensemble en reliure uniforme<br />

57 Victor Hugo. Œuvres complètes. Édition définitive d'après les manuscrits<br />

originaux. Paris, J. Hetzel et Cie ; A. Quantin, 1880-1889. - 54 vol. grand in-8,<br />

demi-maroquin rouge à coins, titre doré, caissons d’encadrement à froid, têtes dorées,<br />

dates en pied, couv. et dos cons.<br />

7000 €<br />

LA FAMEUSE EDITION HETZEL - QUANTIN, DITE " NE VARIATUR " ; c’est la première édition<br />

de référence. L'ensemble est divisé en huit sections ayant chacune sa tomaison<br />

particulière.<br />

Un des 100 exemplaires sur Hollande.<br />

La série, complète, comprend : I. Poésie (16 vol.) - II. Philosophie (2 vol.) - III .<br />

Histoire (3 vol.) - IV. Voyage (2 vol.) - V. Drame (5 vol.) - VI. Roman (14 vol.) -<br />

VII. Actes et paroles (4 vol.) - VIII Œuvres diverse (2 vol.) - Œuvres posthumes.<br />

Œuvres inédites (1886-1892 - 9 vol.).<br />

Superbe ensemble, admirablement relié.<br />

60 Jean Lorrain. La Mandragore. Paris, Edourard Pelletan, 1899. Grand in-8 de<br />

6 ff. dont le frontispice, 9-62 pp., 1 f., cartonnage éditeur illustré d’après des dessins<br />

de Marcel Pille.<br />

1200 €<br />

EDITION ORIGINALE imprimée à <strong>15</strong>3 ex., remarquablement illustrée de compositions de<br />

Marcel Pille, gravées sur bois en couleurs par Deloche, Florian, Tinayre et<br />

Froment.<br />

Montée en tête, lettre autographe signée de Jean Lorrain, en rapport avec la parution<br />

de l’ouvrage.<br />

Bel exemplaire, très frais, sous un magnifique cartonnage vélin illustré.<br />

Talvart & Place, 236/27 "cet ouvrage est l'un des plus beaux livres d'Edouard Pelletan et l'un des plus rares".<br />

61 Jean Lorrain. Poussières de Paris. Paris, Fayard, 1896. In-12, broché.<br />

600 €<br />

EDITION ORIGINALE RARE, constituée des chroniques issues du "Pall-Mall" et de<br />

l'Echo de Paris, entre Avril 1894 et Décembre 1895.<br />

Bel envoi autographe signé :<br />

" à mademoiselle Pauline Zeller, en amitié et en souvenir<br />

de celui dont l'âme assome ses confrères ;<br />

son ami, Jean Lorain ".<br />

Cet ouvrage est la première série de la publication des "Pall-Mall", une suite paraîtra<br />

en 1902. Sans doute le meilleur recueil des articles, virulents, de Jean Lorrain.<br />

Pauline Zeller, une des filles du professeur d'histoire en Sorbonne Jules Zeller, fut<br />

une habituée du salon de la princesse Mathilde ; elle fut à deux doigts d'épouser<br />

Edmond de Goncourt.<br />

Très rare en si parfait état et avec envoi.<br />

Talvart XII, 234.


65<br />

64<br />

64 Pierre Loti. Aziyadé. Paris, Calmann-Lévy, 1879. In-12, maroquin rouge, dos<br />

à nerfs, titre doré, filets sur les coupes, tête dorée, couv. cons. (Rel. signée de<br />

Noulhac).<br />

600 €<br />

EDITION ORIGINALE rare du premier de l’auteur, parue sans nom d’auteur.<br />

Reliée en tête, billet autographe signé de Pierre Loti, qui a recopié sur le premier<br />

feuillet un passage de l’article du journaliste Prosper Jeune :<br />

“ et puis, vous savez, vous me dégoûtez dégoutamment “.<br />

Au verso, Loti adresse au même ce mot autographe :<br />

“ le primitif Loti vient de vous lire - et veux tout de suite vous remercier de l’article<br />

du 12 avril malgré l’ironie d’entre les lignes. Bien cordialement, Pierre Loti “.<br />

C’est trois mois auparavant, le 20 janvier 1879, que paraît Aziyadé ; la couverture<br />

mauve est ornée d'un portrait de femme orientale, qui disparaîtra sitôt ce premier tirage<br />

pour être remplacer par une couverture moins exotique et muette de l’éditeur<br />

Calmann-Lévy. L'accueil de la critique est mince, et celui du public réservé.<br />

En séjour à Salonique, Pierre Loti, alors jeune officier de la marine française aperçoit,<br />

derrière les barreaux d'une fenêtre de harem, le visage d'Aziyadé, belle et taciturne<br />

esclave circassienne. De là va suivre une longue histoire d’amour, née au milieu<br />

des parfums et des mystères d’Orient, qui culminera dans le déchirement et le sacrifice<br />

à Istanbul, l’ancienne Constantinople à la frontière des continents et cultures.<br />

“(...) Les sourcils étaient bruns, légèrement froncés, rapprochés jusqu’à se rejoindre<br />

(...) La jeune femme qui avait ces yeux se leva, et montra jusqu’à la ceinture sa taille<br />

enveloppée d’un camail à la turque (féredjé) aux plis longs et rigides. Le camail était<br />

de soie verte, orné de broderies d’argent. Un voile blanc enveloppait soigneusement la<br />

tête, n’en laissant paraître que le front et les grands yeux. Les prunelles étaient bien<br />

vertes, de cette teinte vert de mer d’autrefois chantée par les poètes d’Orient. Cette<br />

jeune femme était Aziyadé.”<br />

Bel exemplaire bien établi par Noulhac. Charnières élimées, dos légèrement passé, tout comme la fragile<br />

couverture.<br />

65 Malebranche. Traité de la nature et de la grâce. Amsterdam, chez Daniel<br />

Elsevier, 1680. In-16 de 268 pp. + supplément de 68 pp., demi-veau blond marbré,<br />

dos à nerfs orné de caissons d'encadrement et fleurons dorés, titre doré, date en pied,<br />

toutes tranches mouchetées. (Reliure de l'époque signée Pierson).<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Fils d'un secrétaire du roi, Nicolas de Malebranche intègre le collège de la Marche<br />

puis la Sorbonne où il reçoit une éducation religieuse et scolastique. Il rentre à<br />

l'Oratoire et est ordonné prêtre en 1664.<br />

Disciple le plus fidèle du cartésianisme, il publie Le Traité de la nature et de la<br />

grâce, aux enjeux scientifiques et polémiques, dans lequel il revient sur le problème<br />

du miracle. Mais contrairement à Descartes, l'oratorien considère que Dieu porte en<br />

lui les idées et qu'il transmet les connaissances sensibles et rationnelles aux âmes<br />

humaines à partir des lois de l'union du corps et de l'âme. Une polémique l'oppose<br />

aussitôt à Arnauld et Bossuet, qui dénoncent un rationnalisme dans lequel Dieu<br />

n'est plus "l'auteur que d'un certain ordre général d'où le reste se développe comme<br />

il peut". Car malgré la religiosité apparente de ses théories, Malebranche s’inscrit à<br />

contre courant de la pensée dogmatique chrétienne et annonce prématurément la<br />

dynamique critique des Lumières.<br />

Bel exemplaire, en reliure pastiche fin XIXème de Pierson.<br />

Brunet, III - 1035 ; Rahir, 1743.


67<br />

68<br />

66<br />

66 Karl Marx. Le Capital. Livre premier. [avec]. Le Capital. Préface de<br />

Friedrich Engels. Les Procès de circulation du capital. Livre II. [avec]. Le procès<br />

d'ensemble de la production capitaliste. Livre III (2 volumes). Paris,<br />

Editeurs Maurice Lachatre et Cie, 1872 ; Paris, Giard & Briere, 1900-1902. Pet.<br />

in-folio de 2 ff. de titres, frontispice, 2 fac-similés et 351 pp. ch. ; 3 vol. forts in-8 de<br />

xxii, 591 pp., xxiv et 520 pp. ; demi-maroquins noirs, dos à nerfs orné de caissons à<br />

froid, titres dorés, couv. et dos cons.<br />

6000 €<br />

EDITION ORIGINALE de la traduction française, donnée par Joseph Roy et revue par<br />

Marx.<br />

Elle fut publiée en livraisons entre août 1872 et mai 1875 [pour le livre I]. Le volume<br />

est complété des Livres II et III, qui ne paraissent qu’entre 1900 et 1902, dans des traductions<br />

de Julian Borchardt et Hippolyte Vanderrydt.<br />

La traduction de Joseph Roy, d’après la première édition allemande, est entièrement<br />

révisée par Marx, qui a participé à l'élaboration du texte français, y introduisant au<br />

jour le jour des remaniements importants, comme en témoigne à plusieurs reprises sa<br />

correspondance.<br />

Très bel ensemble en reliures modernes uniformes des trois livres du Capital.<br />

Petites galeries de vers restaurées sur quelques feuillets en fin du tome 1, infîmes rousseurs.<br />

Rubel, Bibliographie des Oeuvres de Karl Marx, 634 ; Einaudi, 3770 ; Utopie, BnF, 216 ; cf. PMM, 359.<br />

67 [Botanique]. A. Masclef. Atlas des plantes de France, utiles, nuisibles et<br />

ornementales. Paris, Paul Klincksieck, éditeur, 1891. In-8, en feuilles, de 8 ff.n.ch.<br />

(titres, préface et avant-propos) et 367 pp. (textes, commentaires, index et table) ; 400<br />

planches in-8, en couleurs.<br />

1250 €<br />

EDITION ORIGINALE, parue en quatre livraisons de 100 pl. chacune, sous chemises cartonnage<br />

de l’éditeur, illustrées sur le premier plat.<br />

L’ensemble est complet de la préface, textes et tables et des 400 planches en couleurs,<br />

représentant, en grandeur nature et en coloris de toute fraîcheur, 450 plantes communes.<br />

Le texte explicatif et scientifique reprend les propriétés des plantes, leurs<br />

usages et applications en médecine, agriculture, horticulture...<br />

Cette abondante iconographie, très documentée, constitue le Complément de la Nouvelle flore<br />

de Gaston Bonnier et Georges de Layens.<br />

Rare. Une chemise restaurée, sinon très bel ensemble.<br />

68 Guy de Maupassant. Sur l’eau. Paris, Marpon et Flammarion, s.d. (1888).<br />

In-12 de 2 ff., 246 pp. et 1 f., demi maroquin marine, titre doré.<br />

360 €<br />

EDITION ORIGINALE. Ill. de Riou dans le texte.<br />

« Ce journal ne contient aucune histoire et aucune aventure intéressantes. Ayant fait,<br />

au printemps dernier, une petite croisière sur les côtes de la Méditerranée, je me suis<br />

amusé à écrire chaque jour, ce que j’ai vu et ce que j’ai pensé... » C’est à bord de son<br />

yacht « Bel-Ami » que fut écrit ce livre d’impressions de voyages, il s’apparente à plusieurs<br />

autres récits « Au Soleil » et « La Vie errante ». Le texte initial avait paru dans<br />

les Lettres et les Arts en février, mars et avril 1888.<br />

Clouzot, 198 ; Talvart, XIII, 259.


69<br />

70<br />

71<br />

69 Guy de Maupassant. Notre coeur. Paris, Ollendorff, 1890. In-12, demi-percaline<br />

bleue, dos lisse, pièce de titre, couv. cons. (Reliure de l’époque).<br />

3000 €<br />

EDITION ORIGNALE.<br />

Envoi autographe signé :<br />

Bel exemplaire.<br />

“ à José Maria de Hérédia,<br />

son ami, Guy de Maupassant “.<br />

70 Prosper Mérimée. Théâtre de Clara Gazul, comédienne espagnole. Paris, A.<br />

Sautelet et Cie, librairies, 1825. In-8 de 2 ff., ix, 337 pp. et 1 f., demi-veau havane,<br />

dos à nerfs orné de filets et fleurons dorés et à froid, tr. peignes (Reliure moderne à<br />

l’imitation, tr. d’origine).<br />

750 €<br />

EDITION ORIGINALE, parue anonymement.<br />

La notice est signée Jos L’ESTRANGE, nom sous lequel se cachait Mérimée. Premier<br />

ouvrage de Mérimée, d’une grande rareté “ (Carteret).<br />

Très bel exemplaire, sans rousseurs.<br />

Carteret, II, p. 133 ; Clouzot, 200.<br />

frontispice de Félicien Rops sur Chine<br />

71 [Prosper Mérimée]. Par Un des quarante. H.B. [Henri Beyle, dit Stendhal].<br />

Elutheropolis, de l'imposture du Nazareen, 1864. Petit in-8 de 1 f. blanc, 1 fauxtitre,<br />

1 épigraphe, titre, 62 pp. et 1 f., broché, sous couverture muette.<br />

700 €<br />

Troisième édition, imprimée à 140 exemplaires, celui-ci 1/110 sur vergé et illustrée<br />

d’un frontispice de Félicien Rops, imprimé sur papier de Chine.<br />

Après la rarissime originale de 1850 (une quinzaine d'exemplaires) et la tout aussi<br />

recherchée imprimée par Poulet-Malassis (à 36 exemplaires), cette troisième édition,<br />

toujours à petit nombre n'est pas moins élégante que les précédentes. Belle typographie<br />

en rouge et noir, beau papier vergé.<br />

Carteret, II, p. <strong>15</strong>2.<br />

72 Octave Mirbeau. Dingo. Paris, Eugène Fasquelle éditeur, 1913. Grand in-8,<br />

couv. blanche à rabats, broché.<br />

3000 €<br />

EDITION ORIGINALE, un des 25 exemplaires sur Japon (tirage de tête), celui-ci un des<br />

h.-commerce nominatif (non attribué).<br />

L'objet de Dingo, dont le personnage principal est un chien qui joue le rôle de leveur<br />

de masques, est-il sérieux ou excentrique ? Le recours à l'allégorie, caractéristique du<br />

roman réaliste de tradition balzacienne, n'est-il pas totalement détourné par le romancier<br />

? Car il va sans dire que les thèmes de la constance du chien et de sa fidélité à<br />

l’homme, de sa variabilité et de sa différence d’avec l’homme, se retrouvent tous dans<br />

Dingo, son dernier roman. Pourtant, à ces thèmes s’en ajoutent d’autres, notamment


72<br />

73<br />

74<br />

l’anarchisme, la condamnation de la bourgeoisie et la condition de l’artiste. Dingo ressemble<br />

aux autres textes déjà mentionnés, dans lesquels le chien communique un message<br />

philosophique et politique.<br />

A travers les activités de Dingo (même meurtrières), le chien expose “ un microcosme...<br />

dans lequel grouille une humanité larvaire, qu’il regarde s’agiter d’un œil impitoyable.<br />

Mais en reliant la nature primitive du chien (prétendue non-civilisée) à une<br />

vérité anarchique, Mirbeau incarne dans le chien, et dans sa primitivité, une résistance<br />

à toute conformité politique et sociale (...) le chien, lourd de son bagage intertextuel,<br />

porte en lui sa propre sauvagerie honnête et sa primitive sincérité, et se révolte<br />

instinctivement et intuitivement contre ce à quoi le narrateur humain lui-même ne<br />

peut pas se confronter “. (Enda Mac Caffrey, in Le Portrait d’un artiste en jeune<br />

chien, cahiers Mirbeau <strong>n°</strong>7).<br />

Bel exemplaire, à toutes marges.<br />

73 Robert de Montesquiou. Les Hortensias bleus. Paris, Charpentier et<br />

Fasquelle, 1896. In-12 de 420 pp. demi-percaline mauve de l'époque, pièce de titre de<br />

maroquin marron et titre doré, fleuron central doré, filet doré en pied (Reliure de<br />

l'époque).<br />

900 €<br />

EDITION ORIGINALE (pas de grands papiers).<br />

Envoi autographe signé à La Comtesse de Pourtalès.<br />

Un des sonnets du recueil (le 145), lui est dédié, ainsi qu'il le rappelle dans sa dédicace.<br />

Louise Sophie Mélanie Renouard de Bussière, comtesse Edmond de Pourtalès, a<br />

été l'une des « reines de Paris » sous le Second Empire. Impossible donc pour Robert<br />

de Montesquiou de ne pas la cotoyer: ce dandy exubérant, ce mondain doublé – ce<br />

n’est pas négligeable – d’un aristocrate à la conversation étincelante et au verbe centrifuge<br />

avait en partie servi de modèle pour le personage de des Esseintes dans A<br />

Rebours d’Huysmans, et d’une bonne partie du Baron Charlus chez Proust.<br />

“ Avec la moitié des Hortensias bleus, on ferait un tome, encore très dense, qui<br />

serait presque tout entier de fine ou de fière ou de douce poésie (...) M. de<br />

Montesquiou existe : hortensia bleu, rose verte ou pivoine blanche, il est de<br />

ces fleurs qu'on regarde avec curiosité dans un parterre, dont on demande le<br />

nom et dont on garde le souvenir. (Remy de Gourmont, in Le Livre des<br />

Masques).<br />

Bel exemplaire en sobre mais élégante reliure d'époque.<br />

Talvart XIX, 314<br />

74 [échecs]. Alfred de Montigny. Les Stratagèmes des Echecs, ou Collection<br />

des cours d'Echecs les plus brillans et les plus curieux, tant dans la partie<br />

ordinaire que dans les différentes parties composées ; tirés des meilleurs<br />

Auteurs, et dont plusieurs n'ont point encore été publiés. Par un Amateur.<br />

Paris et Strasbourg, Armand Konig, an X (1802). 2 tomes reliés en un volume in-<br />

12 de 93 pp. (texte) -122 (pour les 120 diagrammes) ; demi-percaline verte, dos lisse<br />

(Reliure fin XIX ème ).<br />

2300 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Ce grand classique de l’époque sera traduit en allemand la même année et aura une<br />

traduction anglaise en 1816.


74<br />

75<br />

76<br />

Alfred de Montigny avait, dans la foulée, donné une nouvelle édition de l’Analyse<br />

du jeu des échecs (Strasbourg, 1803) de Philidor.<br />

Reprenant les grands principes de son illustre prédécesseur, Montigny livre ici une<br />

première partie théorique mais surtout, dans le second volume, livre une magnifique<br />

galerie de cas pratiques, en 120 diagrammes : les cases foncées sont imprimées en doré,<br />

les pièces sont représentées par des lettres TCFDRP rouges (pour les blancs) et noires.<br />

Le feuillet de faux-titre du tome II n’a pas été conservé a la reliure ; une planche (diagramme <strong>15</strong>/16) mal<br />

placée en tête, mais tous les diagrammes sont bien présents.<br />

Bibl. Van der Linden-Niermeijeriana 456 ; Cat. Schaakboekerij Niemeijer 1799 ; Coll. Rimington-Wilson 1085.E<br />

75 [Moreau le Jeune]. Gaston Schefer. Moreau le Jeune. 1741 - 1814. Paris,<br />

Goupil & Cie, 19<strong>15</strong>. Fort in-4 de 172 pp., demi-maroquin tête de nègre à coins, dos<br />

à gros nerfs orné de caissons d'encadrement, filets dorés et à froid, titre doré, date en<br />

pied, filets dorés sur les plats, tête dorée, couv. cons. (Reliure de l'époque).<br />

420 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 200 exemplaires sur Hollande.<br />

Conservateur à la Bibliothèque de l'Arsenal, Gaston Schefer était également un spécialiste<br />

de l’oeuvre de Chardin.<br />

83 figures hors-texte, dont 4 en couleurs, illustrent l’ouvrage.<br />

Bonne condition, quelques frottements sur les plats.<br />

76 Jospéhin Péladan. Le Vice suprême. Paris, <strong>Librairie</strong> des Auteurs Modernes,<br />

1884. In-12 de 338 pp. + <strong>catalogue</strong> de l’éditeur, demi-maroquin bordeaux, dos à 5<br />

nerfs, titre doré, date en pied, couv. cons. (Reliure signée de Laurenchet).<br />

EDITION ORIGINALE rare ; exemplaire du premier tirage, sans mention d’édition.<br />

Frontispice gravé de Félicien Rops ; préface de Jules Barbey d’Aurevilly.<br />

750 €<br />

En 1883 est fondé à Bruxelles le « Groupe des XX ». Rops, considéré comme le chef<br />

de file de l’avant-garde belge, est invité à y participer. Joséphin Péladan publie alors<br />

un premier texte sur Rops dans L’Esthétique au Salon de 1883. Il y définit son art<br />

selon une formule devenue célèbre : “ L’Homme possédé de la femme, la Femme possédée<br />

du Diable “. Délaissant la peinture stricte de la vie moderne, Rops poursuit la<br />

réflexion entamée avec Les Sataniques et se tourne vers un art symbolique.<br />

A l’initiative de Péladan, Rops rencontre Barbey d’Aurevilly pour lequel il illustre<br />

Les Diaboliques, une célèbre suite qui procède de la même réflexion esthétique.<br />

Quelques mois plus tard, au milieu de l’année 1884, Péladan part à la conquête de<br />

Paris en publiant Le Vice suprême, premier roman où apparaissent des thèmes<br />

occultistes. L’ouvrage, préfacé par Barbey d’Aurevilly, connaît un succès rapide et<br />

la reconnaissance de Stanislas de Guaita : « Je n'oublierai jamais ceci : que je dois<br />

à votre livre d'avoir entrepris l'étude de la Science hermétique » (lettre, <strong>15</strong> novembre<br />

1884).<br />

Un lien important se crée et désormais Péladan, délaissant l’esthétisme décadent, se tournera<br />

radicalement vers l’occultisme et les salons des Rose-Croix.<br />

Exemplaire de choix, complet du rare <strong>catalogue</strong> in-fine sur papier fin, qui annnonce, entre autres, la parution<br />

prochaine des Vieilles actrices de Barbey d’Aurevilly. Une mouillure angulaire au premier feuillet,<br />

couv. piquée et doublée.


78<br />

77<br />

77 Alexandre Pouchkine. Poèmes dramatiques. Paris, Hachette, 1862.In-12,<br />

demi-maroquin rouge, dos lisse, filets et titre dorés. (Reliure de l’époque).<br />

900 €<br />

EDITION ORIGINALE de la traduction française, donnée par Louis Viardot et Ivan<br />

Tourgunéniev.<br />

Depuis l'enfant qui surprenait sa famille par son aisance à retenir ou composer des<br />

vers, et l'adolescent du Lycée de Tsarskoïe Selo qui lisait ses premiers poèmes, la joie<br />

de vivre et l'espérance du poète devenu homme s'étaient taries.<br />

A Boldino, Pouchkine écrivit ses derniers chefs-d'œuvres, Les Poèmes dramatiques.<br />

Il est désormais marié, ses démêlés avec le pouvoir n'ont plus cours depuis<br />

l'avènement du nouveau tsar Nicolas 1er, mais ce dernier, en le nommant chambellan<br />

lui impose une autre forme de tyrannie. Le poète s'afflige :<br />

« Dépendre d'un monarque, ou de la populace... / L'un vaut l'autre pour moi. Je veux<br />

vivre à ma guise, / Ne servir que moi-même et qu'à moi-même plaire, / ne courber mon<br />

esprit, mon honneur, mon échine, / Devant aucun pouvoir et aucune livrée. »<br />

Bientôt, et pour une histoire d'honneur justement, Pouchkine mourra des suites<br />

d'un duel. « Le plus occidental des romanciers russes », Ivan Tourgueniev rencontra<br />

par deux fois Pouchkine par l'intermédiaire de son professeur Pletnev, grand ami du<br />

poète. Traducteur excellent du russe au français - on lui doit une version russe des<br />

Contes de Flaubert -, et du français au russe, Tourgueniev aura avec Louis<br />

Viardot bien plus qu'un lien d'amitié. En effet, en 1842, le volage Tourgueniev<br />

devient père d'une petite Pélagie, née de ses amours brèves avec une paysanne. Le 28<br />

octobre 1843, il fait la connaissance de Viardot, qui, sept ans plus tard, deviendra le<br />

père adoptif de l'enfant rebaptisée Pauline...<br />

Outre ses considérations quelques peu cancanières, les deux amis travailleront avec<br />

bonheur à plusieurs traductions. Celle du chef- d’oeuvre de l’enfant de Tsarskoïe Selo<br />

est leur première collaboration : coup d’essai transformé en coup de maîtres.<br />

Bel exemplaire en reliure d’époque de grande qualité, condition des plus rares. Des bibliothèques Albert<br />

t'Serstevens et du fonds Rémy Canet, avec ex-libris.<br />

78 Jules Renard. Coquecigrues. Paris, Paul Ollendorf, 1893. In-12 broché de 297<br />

pp., étui-chemise plein papier.<br />

500 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Envoi autographe signé au faux-titre.<br />

Ce « volume de fantaisies cruelles et incisives », comme le nommera un journaliste<br />

de l'Echo de Paris fut si bien accueilli par la critique qu’Ollendorf accepta la publication<br />

d'un nouveau recueil, la Lanterne sourde, moins de quatre mois après celuici<br />

; en 1906, Jules Renard regroupera l'un et l'autre en un seul livre.<br />

Pour l'heure, les nouvelles de Coquecigrues parurent d'abord en revue, entre 1890<br />

et 1892, certaines dans le Mercure de France dont l'auteur participa à la fondation.<br />

Un soir d'hiver 1889, au café François 1er, Louis Dumur, Edouard Dubuset G.-<br />

Albert Aurier projetèrent de ressusciter le très ancien Mercure de France. Alfred<br />

Vallette, auquel ils proposèrent la direction du journal, s'entoura alors d'Albert<br />

Samain et de l'érudit Louis Denise. Quant à Jules Renard, il fut contacté par son<br />

ex-condisciple au lycée Charlemagne, Ernest Raynaud, devenu poète et ardent défenseur<br />

du symbolisme, lui-même amené dans l'aventure par Dumur.<br />

Bel exempaire broché.


81<br />

80<br />

79 [Arthur Rimbaud]. Jean Hubert. Histoire de Charleville depuis son origine,<br />

jusqu’en 1854. Charleville, chez l’auteur ; Reims, Brissart-Binet ; Paris,<br />

Dumoulin, 1854. In-12 de 2 ff., iv, 312 pp. et deux plans dépliants en fin, broché.<br />

EDITION ORIGINALE rare et recherchée.<br />

240 €<br />

Cette histoire de Charleville paraît en 1854 (année de naissance de Rimbaud.) Le rapprochement,<br />

outre cete coïncidence de date, s’impose car l’auteur, alors professeur de<br />

rhétorique à Charleville, deviendra au moment de sa retraite, bibliothécaire de la ville.<br />

Adolescent, Rimbaud fréquenta souvent cette bibliothèque, qui devint son refuge<br />

habituel.<br />

Un jour, le bibliothécaire Hubert, lassé de ses demandes d’ouvrages insolites - vieux<br />

traités de sorcellerie, livrets d’opéras comiques, romans licencieux du XVIIIe siècle -<br />

le mit à la porte. Pour se venger, Rimbaud rima le virulent poème Les Assis, qui<br />

cloue au pilori les fossiles qui tout le jour "tremblent du tremblement douloureux du<br />

crapaud" et que surtout il ne faut jamais faire lever du siège auquel ils sont greffés par<br />

des amours épileptiques".<br />

Bel exemplaire broché.<br />

Album Pléiade, Rimbaud p.78 (qui reproduit une photographie du Père Hubert) ; Verlaine, Les poètes maudits.<br />

80 Paul Verlaine. Femmes. Imprimé sous le manteau et ne se vend nulle part.<br />

S.l.n.d. [publiée par C. Hirsch et probablement imprimé par Renaudie à Paris,<br />

c. 1895]? Pet. in-8 de 69 pp. et 1 f. de table, couverture vert rempliée, titrée or.<br />

700 €<br />

DEUXIEME EDITION, après la rare originale de 1890 imprimée à 175 exemplaires sur<br />

vélin.<br />

Cette seconde édition est elle imprimée à 20 exemplaires sur Japon et 480 exemplaires<br />

sur Hollande (le nôtre un de ceux-là). Jean-Pierre Dutel, dans sa récente bibliographie<br />

des Ouvrages érotiques, répertorie pour ce livre deux tirages, avec des placements<br />

de fleurons différents.<br />

Notre exemplaire est encore différent et constitue un état inconnu du tirage, sans<br />

doute d'essai ou d’épreuve (fleuron différent à la page 19).<br />

Légères piqûres éparses dans le texte, faiblement prononcées ; sinon bel exemplaire.<br />

Dutel, 292** ; Chevrel, Trilogie érotique, préface ; Pia, 464.<br />

81 Jules Verne. Michel Strogoff. Paris, Collection Hetzel, s.d. Cartonnage éditeur<br />

de 370 pp. (relié par Lenègre, plat au portrait collé, dos au phare).<br />

Illustré par Férat de 98 gravures monochromes et 8 hors texte en couleurs.<br />

700 €<br />

Bel état du cartonnage aux coiffes, coins, gardes et tranches, intérieur sans défaut majeur (ex-libris ancien<br />

à l’encre au premier feuillet, infîmes piqûres).


82<br />

83<br />

84<br />

82 Jules Verne. Deux ans de vacances. Paris, Collection Hetzel, s.d. Cartonnage<br />

éditeur de 420 pp. (plat éléphant et éventail, titre au cartouche, dos au phare).<br />

450 €<br />

Illustré par Roux de 5 gravures monochromes, 12 hors texte et 2 cartes en couleurs.<br />

Bel état du cartonnage aux coiffes, coins, gardes, intérieur sans défaut ; dorures légèrement<br />

ternies néanmoins.<br />

83 [Voltaire, (Pierre-Marie Arouet dit)]. Histoire de l’empire de Russie sous<br />

Pierre le Grand. S.l.n.é., 1759. 2 volumes in-12 de 302 et 317 pp. + 2 cartes<br />

dépliantes en fin, demi-veau moderne, dos lisse, titre doré.<br />

EDITION ORIGINALE, premier tirage paru sans nom d’auteur.<br />

700 €<br />

S'il est une figure qui ne cessa de fasciner Voltaire, c'est assurément celle de Pierre<br />

le Grand. En 1731 déjà, l'Histoire de Charles XII laissait percevoir la séduction<br />

exercée par l'empereur de Russie sur le philosophe. Comme souvent pour la rédaction<br />

de ses ouvrages historiques, Voltaire utilisa des documents imprimés et manuscrits<br />

pour la rédaction de l’ouvrage.<br />

Ici, ce furent principalement des sources fournies par le conte Ivan Ivanovitch<br />

Schouvalov, chambellan et favori de l'Impératrice Elisabeth Petrovna, qui avait<br />

commandé l'oeuvre à Voltaire.<br />

Tous les matériaux nécessaires lui furent envoyés par l'Académie des sciences de<br />

Russie ; Voltaire n'eut alors "qu'à plonger à pleines mains au milieu de richesses de<br />

toutes espèces": notes, récits, mémoires, extrait du journal de Pierre-le-Grand, ainsi<br />

"qu'une foule de pièces historiques et critiques". L'ouvrage, bien documenté, comporte<br />

néanmoins un grand nombre d'erreurs et n’évite pas l'écueil de l'idéalisation. Pris<br />

au piège du mirage russe, comme bon nombre de ses contemporains, Voltaire passe<br />

sous silence les méfaits de la dérive autocratique comme l'état de servage dans lequel<br />

sont maintenus les sujets de l'Empire ; fortement critiquée pour ses imprécisions et sa<br />

partialité, l'Histoire de l'Empire de Russie sous Pierre le Grand est souvent considérée<br />

comme la moins bonne des œuvres historiques du patriarche.<br />

84 Emile Zola. La Curée. Paris, Lacroix et Verboeckhoven, 1871. In-12 de 360<br />

pp., demi-maroquin ébène à coins, dos lisse fileté, titre doré, filets dorés sur les plats,<br />

tête dorée , couv. cons. (Reliure signée de Capelle).<br />

1200 €<br />

EDITION ORIGINALE. (pas de grands papiers).<br />

Bel exemplaire, bien relié. Couv. lavée anciennement.<br />

85 Emile Zola. Germinal. Paris, Charpentier 1885. In-8 de 594 pp., demi-maroquin<br />

brun à coins, dos a nerfs, titre doré, tête doréée, couv. et dos cons. (Reliure de<br />

Kauffman).<br />

EDITION ORIGINALE. Un des <strong>15</strong>0 exemplaires sur Hollande.<br />

Jointe, une photographie originale d’Emile Zola.<br />

1900 €


86<br />

« Hâtez-vous d'être justes, autrement, voilà le péril : la terre s'ouvrira et les nations<br />

l'engloutiront dans un des plus effroyables bouleversements de l'histoire ».<br />

Ces mots, tirés de la Correspondance de l'auteur, pourraient servir de préambule à<br />

Germinal. Cette oeuvre est bien le plus puissant réquisitoire contre l'injustice sociale<br />

de la fin du Second Empire, dont l'histoire du mouvement ouvrier, les grèves et leur<br />

corollaires sanglants, les répressions, sont le plus triste exemple. Zola, toujours<br />

attentif à l'actualité politique et sociale de son époque, chroniqueur à la Cloche et au<br />

Sémaphore de Marseille lors de la Commune, tirera de ses expériences son personnage<br />

principal, l'ouvrier rebelle, le révolutionnaire. Au moment où il s'apprête à<br />

réunir les documents de son futur roman, 12 000 mineurs de la région d'Anzin entament<br />

une grève qui fera date dans l'histoire. Or, un ami de Zola, le député Alfred<br />

Giard, lui propose de l'emmener sur place. Se faisant passer pour son secrétaire,<br />

l'écrivain va parcourir pendant plusieurs jours ces corons du nord si admirablement<br />

décrits dans le livre, descendre dans les mines, assister aux réunions syndicales, parler<br />

aux familles des mineurs chez lesquelles il est reçu, fréquenter les mêmes cafés.<br />

Toutes les notes qu'il prend alors sur le vif, constituent ce qu'il nommera lui-même,<br />

« Mes notes sur Anzin ».<br />

Muni de ce document capital, Zola rentre chez lui et commence la rédaction de son<br />

livre le 2 avril 1884. A Anzin, la grève dure encore. Alors qu'il travaille, Zola confie<br />

à son ami Henri Céard :<br />

« (...) un travail de chien comme je n'en ai encore eu pour un roman ; et cela sans<br />

grand espoir d'être récompensé. C'est un de ses livres que l'on fait pour soi, par<br />

conscience ».<br />

L'avenir lui donnera tort sur un point ; cinq ans après la publication de Germinal,<br />

85000 exemplaires étaient sortis des presses, et, à la mort du romancier en 1905, l'éditeur<br />

annonçait le 110ème mille.<br />

Bel exemplaire.<br />

86 Emile Zola. L’Oeuvre. Paris, Bibliothèque Charpentier, 1886. Fort in-12 de<br />

491 pp., demi-maroquin bordeaux à coins, dos à 5 nerfs, titre doré, tête dorée, couv.<br />

cons. (Reliure signée Laurenchet).<br />

1 500 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 175 exemplaire sur Hollande (seul papier).<br />

Bel exemplaire, bien établi en reliure moderne de qualité. A toutes marges.<br />

fin de la première partie<br />

Nous sommes toujours acheteurs de livres rares, en lot,<br />

à l’unité ou bibliothèques complètes.<br />

Expertises & organisation de ventes publiques.<br />

N’hésitez pas à faire circuler le <strong>catalogue</strong>,<br />

votre satisfaction est notre meilleure publicité.


deuxième partie<br />

livres<br />

du XX ème siècle


1<br />

2<br />

3<br />

1 Alain-Fournier. Miracles. Introduction de Jacques Rivière. Paris, Nouvelle<br />

Revue Française, 1924. In-12, broché.<br />

170 €<br />

EDITION ORIGINALE. Exemplaire du service de presse.<br />

Double envoi autographe signé :<br />

Bel exemplaire.<br />

“ à mademoiselle [effacé], en grande amitié,<br />

Jacques Rivière / Isabelle Rivière “.<br />

parfait exemplaire broché.<br />

2 Guillame Apollinaire. Le Poète assassiné. Paris, Bibliothèque des curieux, 1916.<br />

In-12 de 316 pp., broché.<br />

1200 €<br />

EDITION ORIGINALE(pas de grand papier).<br />

Illustré d’un portrait-frontispice par Rouveyre, le recueil, qui regroupe des textes rédigés<br />

entre 1910 et 1913, rassemble des nouvelles et des contes à la fois mythiques et autobiographiques<br />

qui rencontrent un réconfortant succès pour Apollinaire ; ses amis profiteront<br />

de l’événement pour organiser un banquet en son honneur, le 31 décembre 1916. Du<br />

baume au coeur pour Apollinaire, qui avait vécu plusieurs revers difficiles : affecté<br />

comme artilleur le 1 er novembre 19<strong>15</strong>, le sous-lieutenant d’infanterie monte en ligne avec<br />

son unité au Bois-des-Buttes, au nord-ouest de Reims, le 17 mars 1916, six jours après sa<br />

naturalisation officielle : il est blessé à la tête d’un éclat d’obus qui perce son casque :<br />

“ Mon amour. J'ai été blessé hier à la tête par un éclat d'obus de <strong>15</strong>0 qui a percé le<br />

casque et pénétré. Le casque, en l'occurence, m'a sauvé la vie. Je suis admirablement<br />

bien soigné et il paraît que ce ne sera pas grave.. (lettre à Madelein Pagès, 18<br />

mars 1916 ; reprise dans Tendre comme le souvenir, cf. <strong>n°</strong> 4 ).<br />

La couverture de Capiello, qui représente un cavalier au front blessé, semblait bien prémonitoire...<br />

Très bel exemplaire ; rare dans cette condition.<br />

3 [Guillame Apollinaire]. Présence d’Apollinaire. Paris, Galerie Breteau,<br />

décembre 1943 - janvier 1944. Pet. in-4, en ff., sous chemise imprimée.<br />

480 €<br />

Superbe <strong>catalogue</strong>, avec des textes inédits de souvenirs par Roch Grey, André Billy,<br />

Pierre Mac Orlan, Max Jacob, Vincent Muselli, Albert Gleizes, Marie Laurencin,<br />

Jacques Villon...<br />

Une seconde partie, titrée Hommages, présente des poèmes inédits, dont un signé Léo<br />

Malet (Puissance), dont c’est ici l’une des premières publications. Egalement, des textes<br />

de Noël Arnaud, J.-F. Chabrun, Luc Estang, Luc Decaunes.<br />

Cinq bois h.-texte par Le Moal, Gruber, d’après G. de Chirico, Manessier, Toulouse,<br />

Moisset.<br />

L’exposition, quant à elle, proposait un fantastique panel d’oeuvres, livres et revues : portraits<br />

d’Apollinaire par Marie Laurencin, Giorgio de Chirico, Irène Lagut,<br />

Marcoussis, Picasso ; un portrait-charge par Picasso, des manuscrits originaux, des<br />

préfaces, aquarelles, revues, éditions originales. Egalement, des revues de l’époque (La<br />

Plume, La Phalange, Les Marges, Sic, Nord-Sud, Dada 3, Cabaret, etc.).<br />

L’exposition présentait aussi plusieurs oeuvres de Braque, Chirico, Derain, Duchamp<br />

(la Partie d’échecs, 1911), Dufy (Le Château rouge, 1906), Gleizes, Gontcharova,<br />

Juan Gris, Frank Kupka, Irène Lagut, Marcoussis, Metzinger, Modigliani,<br />

Picabia, Picasso, Rouauly, Survage, Utrillo, Vlaminck...<br />

Complet de l’affiche dépliante, imprimée sur le même papier, qui reprend une des illustrations<br />

du <strong>catalogue</strong>.<br />

Rare ; bel objet.


4<br />

5<br />

6<br />

4 Guillame Apollinaire. Tendre comme le souvenir [Lettres à Madeleine Pagès].<br />

Paris, Gallimard, 1952. In-12 de 354 pp., broché.<br />

540 €<br />

EDITION ORIGINALE, un des 61 ex. numérotés sur Hollande, celui-ci 1/11 h.-commerce<br />

(après 2 Japon hors-commerce et 27 sur Madagascar).<br />

C'est le 2 janvier 19<strong>15</strong>, après une brève permission, que Guillaume Apollinaire rencontre<br />

Madeleine Pagès, qui, par hasard, partage son compartiment dans le train Nice-<br />

Marseille. Le poète s'en retourne alors vers Nîmes, au 38è régiment d'artillerie, où il fait<br />

ses classes ; la jeune fille doit prendre le bateau qui la ramènera en Algérie. Ils se parlent,<br />

se plaisent, se troublent, puis se séparent pudiquement. Une folle et sublime correspondance<br />

s'ensuit aussitôt : des centaines de lettres, un festin de vers, du sexe métaphorique<br />

ou explicite, des considérations littéraires et militaires - avec, en épilogue, cet éclat d'obus<br />

qui fracasse la tempe du poète. Les deux amants ne se sont revus qu'une fois, un an plus<br />

tard. De ces Lettres à Madeleine naît un document majeur sur la passion en temps de<br />

guerre ; une archive de première importance sur la façon, toute idéale, dont le poète<br />

consent à l'incendie de son coeur.<br />

Nombreuses reproductions photographiques à pleine-page.<br />

Parfait état, non coupé. De la bibliothèque du relieur J.-P. Miguet (vente, Paris, 2005).<br />

5 Guillame Apollinaire. Le Guetteur mélancolique. Poèmes inédits. Paris,<br />

Gallimard, 1952. In-12 de 149 pp., broché.<br />

450 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 26 exemplaires surMadagascar (<strong>n°</strong>18, tirage de tête).<br />

Frontispice par Picasso ; préface d’André Salmon.<br />

Comme le note Pascal Pia dès 1954, Le Guetteur mélancolique, destiné aux fidèles<br />

du poète, est un "recueil de brouillons", mais de brouillons "captivants" : tout comme le<br />

recueil intitulé Il y a (Paris, Albert Messein, 1925), le Guetteur mélancolique est composé<br />

de poèmes soit inédits, soit éparpillés dans diverses revues. Dans sa Préface, André<br />

Salmon en explique ainsi le titre : « Les éditeurs ont adopté celui qui s'inspire d'un<br />

distique du temps de la guerre: le Guetteur mélancolique. [...] On estimera qu'un tel<br />

choix plairait au Mal-Aimé, au songeur de Landor Road, à celui qui guettait<br />

dimanche sur le pont Mirabeau, au fier garçon vêtu de bleu, [...] guettant au ciel<br />

de ces fusées dont les pauvres soldats transformeraient l'armature en belles et<br />

misérables bagues, si souvent gage de l'impossible espéré. Que ne guettait-il pas<br />

?»<br />

Après un poème de trois vers contenant l'expression qui donne son titre au recueil, vient<br />

la première section, «Stavelot» (1899) qui comprend seize textes, essentiellement écrits<br />

pendant les trois mois d'été qu'Apollinaire passa dans les Ardennes belges. La plupart<br />

des neuf poèmes rassemblés dans la deuxième partie, «Rhénanes» (1901-1902), avaient<br />

été publiés en revue par l'auteur. Les «Poèmes à Yvonne» (1903) se composent de cinq<br />

pièces extraites du «Journal» que tenait à cette époque Apollinaire : elles sont adressées<br />

à une voisine de palier dont les charmes avaient séduit le poète et leurs accents rappellent<br />

parfois ceux des Poèmes à Lou. La dernière section, «Poèmes divers» (1900-1917)<br />

regroupe, sans souci de cohésion manifeste, quarante-trois poèmes.<br />

Petite déchirure restaurée au deuxième plat ; non rogné.<br />

6 [Guillame Apollinaire]. Eugène Monfort. Apollinaire. Liège, Éditions Dynamo,<br />

s.d. (1965). Petit in-8, cousu et non paginé.<br />

200 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Tirage unique à 51 exemplaires (celui-ci, <strong>n°</strong> 19).<br />

Charmant petit texte de Monfort, qui revient sur la biographie d’Apollinaire et sa rencontre<br />

avec le poète. La plaquette est illustrée de 18 reproductions de photographies et<br />

affiches autour d’Apollinaire, dont des portraits du poète par Picasso, Marcoussis...<br />

Parfait état.


7<br />

8<br />

9<br />

10<br />

7 [Guillame Apollinaire]. Apollinaire vivant. Flip-book. S.l.n.d. In-32, broché.<br />

450 €<br />

EDITION PIRATE, du célèbre flip-book d’après l’originale du Point du jour.<br />

Elle reprend à l’identique - si ce n’est que seul Apollinaire apparaît - l’édition de 1944 :<br />

ce sont les deux seules éditions, à notre connaissance, qui reprennent l’ensemble des 50<br />

photographies originales (le fac-similé réalisé par Pierre Faucheux en 1966 pour l’édition<br />

des Oeuvres complètes chez Balland et une autre édition pirate, oblongue, réalisée<br />

dans les années 70, et qui ne comprenaient que 32 photographies).<br />

Bel exemplaire.<br />

8 Louis Aragon. Je vous salue ma France. S.l., éditions F.T.P.F., s.d. [Cahors,<br />

1944]. In-8 de 8 pp., en ff., sur papier de guerre.<br />

480 €<br />

ÉDITION ORIGINALE.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“à Maurice Bridel,<br />

Je vous salue ma France aux yeux de tourterelle<br />

Jamais trop mon tourment, mon amour jamais trop.<br />

Aragon “.<br />

Première édition séparée de ce célèbre poème, qui avait précédemment paru dans le recueil<br />

Musée Grévin, sous le pseudonyme de François la Colère. Aragon a recopié dans l’envoi<br />

les deux fameux vers du poème qui comptent parmi les plus célèbre de ses poèmes de<br />

résistance et maintes fois commentés. Maurice Bridel dirigeait, à Lausanne, une célèbre<br />

librairie. Rare.<br />

Vignes, L’intelligence en guerre, <strong>n°</strong> 666.<br />

9 Louis Aragon. France écoute. Alger, Tunis, les Relais de Fontaine, juillet 1944.<br />

In-12, broché.<br />

120 €<br />

DEUXIÈME ÉDITION ; second titre de la collection. Elégante impression en rouge et noir.<br />

Vignes, L’intelligence en guerre, <strong>n°</strong> 742.<br />

10 Louis Aragon. René Descartes. S.l., pour les amis de l’auteur, s.d. In-4 de 50<br />

pp., broché.<br />

300 €<br />

PREMIERE EDITION ILLUSTREE. Tirage unique à 300 exemplaires sur vélin, num. et signés<br />

par Aragon.<br />

Objet littéraire bizarre, ce texte de 1949 reflète le rapport qu’entrenait Aragon avec la littérature<br />

de l’épouqe où il avait la responsabilité du quotidien communiste Ce Soir. Le<br />

parti avait rassemblé ses intellectuels sous l’égide de la défense de la paix, et Aragon<br />

sacrifiait sa puissance littéraire à l’exigence politique. Avec ce résultat : ce René<br />

Descartes est un bel exemple du genre de bizarreries dont est capable la littérature quand<br />

elle se suborne au politique : “ Célèbrons donc cette naissance / Et remarquons cette<br />

danse / Où la guerre et la paix étalent leur pouvoir / Que Pallas a raison de penser<br />

que la guerre / ôte toujours beaucoup des beautés de la terre “. On l’a connu<br />

moins facile et plus percutant !<br />

11 Louis Aragon. Pour expliquer ce que j’étais. Paris, Gallimard, 1989. In-12 de<br />

70 pp. et 5 ff., broché.<br />

300 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 51 exemplaires sur Hollande (seul grand papier).


13<br />

12<br />

“ Aragon n’a pas laissé beaucoup d’inédits et peu de surprises sont encore à attendre (...)<br />

les pages qui suivent appartiennent à ce domaine qu’Aragon vivant n’a pas voulu donner<br />

à lire. Vingt-cinq pages recto-verso, d’une écriture serrée...” (préface).<br />

Rédigées en grande partie dans l’immédiat après-guerre, ces pages sont surtout précieuses<br />

par le long discours sur Rimbaud et le rimbaldisme, dont Aragon reprendra certains<br />

thèmes dans Chroniques du bel canto (1946) : “ mais il demeurera ce fait que<br />

Rimbaud a été justement ce personnage légendaire où chacun pouvait trouver le<br />

haschisch de sa songerie. Aussi bien Claudel à l’ombre de sa croix, que mes compagnons<br />

et moi superbement athées ; et je ne me souviens pas à quelle date commença à se faire<br />

jour l’interprétation dite communiste de Rimbaud. De celle-ci il faudrait s’expliquer (...)<br />

je l’attends avec curiosité (...). Rimbaud était à la fois un terrain d’entente et un champ<br />

de bataille. Il doit à cela, au-delà de sa grandeur et de son génie, beaucoup de son importance<br />

historique “.<br />

Parfait état, non coupé.<br />

12 Raymond Aron. Espoir et peur du siècle. Essais non partisans. Paris,<br />

Calmann-Lévy, 1957. In-8, broché.<br />

130 €<br />

EDITION ORIGINALE (pas de grands papiers). Exemplaire imprimé du service de presse.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ pour monsieur Dupouey,<br />

en sincère hommage, Raymond Aron “.<br />

La démarche de Raymond Aron est unique en ce qu'elle apporte une perspective nouvelle<br />

à l'étude des relations internationales. Le contexte dans lequel Aron publie ses<br />

articles ainsi que ses travaux les plus importants est celui des années 1950-1960, celui<br />

d'un monde bipolaire marqué par une évolution technologique rapide qui rend possible la<br />

production d'armes de destruction massive. Raymond Aron, dans ses divers écrits et<br />

articles du Figaro, entend présenter de facon rigoureuse une théorie des relations internationales<br />

et la veut détachée de toute idéologie : « la peur n’a pas besoin de définition.<br />

C’est une émotion primaire et, pour ainsi dire, sous-politique ». Bon exemplaire.<br />

13 Antonin Artaud. Le Pèse-nerfs. Suivi de Fragments d’un Journal d’Enfer.<br />

Marseille, les Cahiers du Sud, 1927. In-12, broché.<br />

420 €<br />

EDITION ORIGINALE dans le commerce, imprimée à 553 exemplaires, celui-ci un des 500<br />

exemplaires numérotés sur alfa. L'édition originale hors-commerce de 1925 n'avait été<br />

tirée qu'à 65 exemplaires.<br />

Frontispice d’André Masson.<br />

S'il est difficile de lire Antonin Artaud, c'est sans doute moins à cause des problèmes<br />

d'intelligibilité (dans le sens philosophique du terme) que parce que l'on se trouve<br />

confronté, quel que soit le texte, à une souffrance que l'on sent plus violente que tout ce<br />

que nous sommes en mesure d'imaginer. L'une des causes de « cette douleur plantée en<br />

(lui) comme un coin », thème central ici, est l'inaccessibilité de sa conscience par le langage<br />

: « Je suis celui qui a le mieux senti le désarroi stupéfiant de sa langue dans ses relations<br />

avec la pensée. » Les mots, l'écriture, sont vécus comme un enfermement. « Toute<br />

l'écriture est de la cochonnerie (...) Et je vous l'ai dit : pas d'œuvres, pas de langue, pas<br />

de parole, pas d'esprit, rien. Rien, sinon un beau Pèse-Nerfs. Une sorte de station<br />

incompréhensible et toute droite au milieu de tout dans l'esprit. » Mais ce tout, à rapprocher<br />

vraisemblablement de la « possession de la Totalité de son esprit » qu'Artaud<br />

dira n'avoir jamais atteinte, il refuse de l'analyser de peur de s'y perdre et de se « (mettre)<br />

ainsi sans le savoir à PENSER ».<br />

Suivent les trois « Lettres de Ménage » (à Génica Athanassiou) et les « Fragments<br />

d'un Journal d'Enfer » (dont cette édition est l'originale) dans lequel Artaud revient sur<br />

la rupture entre âme et langage qui « trace dans les plaines des sens comme un vaste<br />

sillon de désespoir et de sang » et termine sur cette profession de foi : « J'ai choisi le<br />

domaine de la douleur et de l'ombre comme d'autres celui du rayonnement et de l'entassement<br />

de la matière (...) Je travaille dans l'unique durée. »<br />

Piqûres éparses.


<strong>15</strong><br />

16<br />

17<br />

18<br />

<strong>15</strong> [Bande dessinée]. Milo Manara. Le Parfum de l’invisible. Paris, Albin Michel<br />

/ L'Echo des Savannes, 1986. In-4, album toile noire éditeur, étui pleine toile noire, dos<br />

lisse.<br />

450 €<br />

EDITION ORIGINALE, un des 950 exemplaires numérotés du tirage de luxe sous reliure toile<br />

et étui, avec une lithographie en couleurs num. et signée par Manara.<br />

Avec Le Parfum de l’invisible (et Le Déclic), Milo Manara s’est gravé un nom au<br />

panthéon de la bande dessinée érotique. Parfait état.<br />

16 Henri Barbusse. Le Feu. (Journal d’une escouade). Paris, Flammarion, 1916.<br />

Grand In-8, en feuilles, sous double couverture, étui-chemise plein papier.<br />

1300 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 20 exemplaires réimposés sur vergé d’Arches (tirage de tête).<br />

Exemplaire signé par l’auteur, dans le tirage h.-commerce pour la Société des XX.<br />

Henri Barbusse avait connu le feu des tranchées dès 19<strong>15</strong>, d’abord comme soldat puis<br />

comme brancardier. C’est principalement des hôpitaux que Barbusse témoigne de la «<br />

fatigue épouvantable, surnaturelle, et l’eau jusqu’au ventre, et la boue, et l’odeur et l’infâme<br />

saleté, surnageant sur la terre vorace. C’est cela, cette monotonie infinie de misère,<br />

interrompue de drames aigus, c’est cela et non pas la baïonnette qui étincelle comme de<br />

l’argent». Barbusse n'est pas Céline et Le Feu n'a pas la violence géniale des premières<br />

pages du Voyage au bout de la nuit. Certes. Mais le roman vaut d'abord pour sa force<br />

documentaire et par la dénonciation de l'insupportable duperie de la propagande patriotique,<br />

qui fut à l'époque le discours officiel et surtout par son acte de témoignage, comme<br />

rarement littérature peut en offrir. Salutaire, non seulement comme déposition devant<br />

l'Histoire, mais comme justice rendue à tous ceux qui donnèrent leur vie. Le Feu fut couronné<br />

par le prix Goncourt, qui a voulu surtout rendre hommage aux Poilus - au sacrifice<br />

des Poilus. N'était-ce pas là une voix digne d'être entendue ?<br />

Bel exemplaire, avec ses couvertures marbrées conservées. Rare dans ce tirage.<br />

17 Georges Bataille. L’Archangélique et autres poèmes. Paris, Mercure de France,<br />

1967. In-8 de 189 pp., broché.<br />

400 €<br />

EDITION ORIGINALE collective. Un des 50 exemplaires sur Arches (<strong>n°</strong> 28, tirage de tête).<br />

Les textes hétéroclites réunis sous ce titre religieux ont été rédigés par Bataille pendant<br />

l’occupation. Alors en pleine crise de mysticisme, il a recours au langage poétique pour<br />

révéler cette expérience. Paradoxal pour un homme qui, depuis longtemps, combattait le<br />

genre poétique et qui signera bientôt (en 1947) Haine de la Poésie, lui qui railla l’évanescence<br />

lyrique des surréalistes, leur “ écoeurante niaiserie sentimentale “, il se met à<br />

écrire des poèmes d’amour : “ un long pied nu sur ma bouche / un long pied contre le<br />

coeur / tu es ma soif / ma fièvre “. Sa rencontre amoureuse avec Diane Kotchoubey, en<br />

1943 à Vézelay, y est sans doute pour beaucoup.<br />

18 [Beat generation - Anthologie]. Tne Doctor generosity poets. Wescoville,<br />

Damascus road Press, s.d. [1971]. In-8 de 222 pp., broché.<br />

350 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Envoi autographe signé à Greg Corso, :<br />

“ Corso, i’m still smoking today even Gaulloises !<br />

... Paris, Feb. 4, 1976, Ginsberg “<br />

Hommage collectif au poète Paul Blackburn, ami de Ginsberg ; musicien d’origine, il<br />

créea de nombreusese performances orales et musicales avec et autour des auteurs de la<br />

Beat generation.


19<br />

20<br />

21<br />

23<br />

19 Samuel Beckett. Cap au Pire. Paris, Les Editions de Minuit, 1991. In-12 de 60<br />

pp. et 1 f., broché.<br />

EDITION ORIGINALE de la traduction française.<br />

Un des 109 exemplaires sur vergé (seul grand papier).<br />

400 €<br />

Une traduction posthume de Samuel Beckett et sans la collaboration de ce phénomène<br />

littéraire bilingue, voilà qui est inhabituel ! C'est que l'auteur jugeait intraduisible<br />

Worstward Ho, « sauf à un coût tel que cela m'est insupportable » et qu'il butait dés<br />

les premiers mots du texte « On. Say on » : « comment le traduire sans l'affaiblir ? »<br />

Pour le sortir de cette phase de stérilité, son éditeur et désormais vieil ami, Jérôme<br />

Lindon, contacte un professeur d'anglais de la Sorbonne qui reculera devant cette tâche<br />

épineuse. C'est donc Édith Fournier, affectueuse amie et éminente angliciste, qui s'en<br />

chargera, non sans avoir eu le temps d'en parler avec Beckett et de lui proposer plusieurs<br />

titres dont Cap au pire, qu'il retiendra..<br />

20 Tahar Ben Jelloun. Jour de silence à Tanger. Paris, Le Seuil, 1990. In-8, broché.<br />

300 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 55 exemplaires sur Vergé Ingres (seul grand papier), celui-ci, le <strong>n°</strong> 2.<br />

Au seuil de la mort, un vieil homme contemple et interprète depuis sa chambre de malade<br />

la vie qui l'entoure. Ce récit est consacré au père de l'auteur qui mourra un an après<br />

la parution du livre. Né à Fès en 1944, Tahar Ben Jelloun quitte son pays au moment<br />

de l'arabisation de l'enseignement en septembre 1971. Commence pour ce jeune professeur<br />

de philosophie une carrière journalistique et littéraire féconde. Devenu collaborateur<br />

régulier du Monde des livres il publiera chez Denöel puis au Seuil des recueils de<br />

poèmes et son premier roman : Harrouda. Après avoir reçu le Goncourt pour La Nuit<br />

sacrée, il écrit Jour de silence, sans conteste son chef-d'œuvre.<br />

Etat de neuf.<br />

21 [Pierre Bettencourt]. La Femme de Ségou. Se trouve à Ségou et en France chez<br />

quelques libraires, s.l. [Saint-Maurice d’Etelan], 1944. In-12, non paginé, [54 pp.],<br />

broché.<br />

300 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Tirage unique à 220 ex. num. sur Arches (<strong>n°</strong> 82). Le texte fut repris fin novembre 1944<br />

dans la revue Confluences publiées à Lyon.<br />

Belle publication de Pierre Bettencourt réalisée sur ses presses de Saint-Maurice<br />

d’Etelan, avec une couverture en relief en lettres jaunes et rouges sur fond noir.<br />

Tiévant, 161 ; Les Désordres de la mémoire, 109.<br />

22 Princesse Bibesco. Portraits d’hommes. Paris, Grasset, s.d. (1929). In-12 de 225<br />

pp., demi-vélin moderne à coins, dos lisse, titre en noir, tête dorée, couv. et dos cons.<br />

220 €<br />

EDITION ORIGINALE. Exemplaire imprimé du service de presse.<br />

Envoi autographe signé de l’auteur au faux-titre :<br />

“ à Monsieur André Maurois / une lectrice, entre tant / d’autres, mais qui a /<br />

la chance de se promener / quelque fois avec lui, entre / Saint-Cloud, Bagatelle / et<br />

Paris. / Princesse Bibesco. “<br />

De la bibliothèque Simone et André Maurois avec leur ex-libris gravés.<br />

23 Izis Bidermanas. Paris des rêves. Genève, Clairefontaine, 1950. In-4, couv. ill.<br />

par la photographie.<br />

EDITION ORIGINALE (pas de grands papiers).<br />

100 €<br />

Textes de Breton, Cendrars, Miller, Cocteau, Paulhan, illustrant les photographies de<br />

Bidermanas.<br />

Bel exemplaire, bien complet des papillons volants des traductions des textes de Miller, souvent manquants.


26<br />

27<br />

24<br />

24 Maurice Blanchot. L’amitié. Paris, Gallimard, 1971. In-8 de 332 pp.,broché.<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 20 ex. sur vélin pur-fil (<strong>n°</strong> 5, seul grand papier).<br />

700 €<br />

Qu'on ne s'y trompe pas, ce livre n'est pas un essai sur l'amitié mais un recueil d'articles<br />

sur des sujets variés ou des auteurs : Lévi-Strauss, des Forêts, Duras, Leiris,<br />

Lévinas, Kafka...<br />

Le dernier chapitre frome un hommage à l'ami disparu, Georges Bataille ; de l'amitié,<br />

qu'il appelle ce « ce rapport sans dépendance », il affirme qu'elle ne peut aller sans discrétion,<br />

celle « qui ne m'autorise jamais à disposer de lui (l'ami), ni de mon savoir de lui<br />

(fût-ce pour le louer) (…) Il n'y a pas de coup de foudre de l'amitié, plutôt un peu à peu,<br />

un lent travail du temps. On était amis et on ne le savait pas. »<br />

Parfait état neuf.<br />

25 Brassaï. Conversation avec Picasso. Paris, Gallimard, 1964. In-8, broché.<br />

340 €<br />

EDITION ORIGINALE. Exemplaire du service de presse.<br />

53 photographies h.-texte sur papier glacé ; envoi signé de Brassaï :<br />

“ à Jacqueline Besnard, son ami, Brassaï (...) 27 oct. 1964 “.<br />

L’aventure débute en 1932, lorsque Brassaï (qui vient de terminer les photos du Paris<br />

de nuit de Morand) est chargé par le critique d'art Tériade d'une commande pour le<br />

premier numéro de la revue Minotaure qu'il prépare avec un jeune éditeur suisse,<br />

Albert Skira : il s'agit de prendre des vues de l'atelier de la rue du 23, rue de la Boétie<br />

et des sculptures qu’il contient : "A peine arrivé, Picasso m'entraîna vers l'écurie qu'il<br />

avait transformée en atelier. Dans la série Atelier de sculpteur, qui fait partie de la<br />

Suite Vollard, sommet de son oeuvre graphique, figuraient de nombreuses têtes monumentales,<br />

presque sphériques. Quelle ne fut pas ma surprise de les retrouver ici, grandeur<br />

nature, dans l'éclatante blancheur de leur plâtre (...) vous aurez fort à faire, Brassaï, me<br />

dit-il. Et la nuit tombera très tôt..." Le lendemain Picasso prenait une loge pour lui et<br />

Brassaï "au Medrano". Début d’une longue amitié...<br />

Bel exemplaire de ce livre capital sur l’histoire picturale, littéraire et photographique du siècle. Dos passé.<br />

26 Georges Brassens. La Tour des miracles. Paris, J.A.R., 1953. In-8, broché.<br />

600 €<br />

EDITION ORIGINALE (pas de grands papiers ; un tirage numéroté sera réalisé postérieurement).<br />

Envoi autographe au faux-titre :<br />

" à Roger Vrigny / amicalement / Geroges Brassens".<br />

En parlant de son ami Bobby Lapointe, Brassens le rejoignait par son goût de l’absurde,<br />

“ que d’une façon unique et magistrale il sût transcrire en chansonnettes qui<br />

resteront sans équivalent. J’aurais très bien pu moi-même oeuvrer dans ce sens puisque<br />

j’ai toujours eu une affinité pour l’irrationnel, l’absurde. Ceux qui ont eu le courage de<br />

lire «La Tour des miracles», roman de jeunesse, savent bien que je peux sans<br />

ambages, naviguer dans ces eaux-là (...) on m’a beaucoup sollicité pour publier La<br />

Tour. Des copains l’appréciaient. Des gens qui m’aiment bien se pourléchaient à l’idée<br />

d’avoir ça un jour dans leur bibliothèque. Alors, pour avoir la paix, j’ai dit oui, comme<br />

d’habitude. Mais il faut prévenir l’amateur : c’est farci de fautes de goût, et même de<br />

fautes de tout “.<br />

Très bon état. Les envois de Brassens sur ce texte sont rares.<br />

27 André Breton. Le Surréalisme et la peinture. New York, Brentano’s, 1945. In-<br />

8 de 203 pp., cartonnage illustré d’une vignette d’après Magritte.<br />

160 €


29<br />

28<br />

Deuxième édition, en partie originale illustrée de 72 reproductions hors-texte dont 6 en<br />

couleurs. Dans l'édition de 1928 qui ne contient que « Le surréalisme et la peinture»<br />

André Breton répondait, sur le ton à la fois vindicatif et lyrique qui lui sied si bien, à un<br />

article paru dans La Révolution Surréaliste. Cette réponse est ici mise en perspective<br />

par de nouveaux textes, dont quleques-uns avaient parus en anglais en préface au <strong>catalogue</strong><br />

de l'exposition Art of this century.<br />

Bel exemplaire sous le fragile cartonnage.<br />

28 André Breton. Nadja. Paris, Gallimard, 1928. In-12 de 213 pp., broché, étui-chemise.<br />

1600 €<br />

EDITION ORIGINALE. Exemplaire imprimé du service de presse. Envoi autographe signé :<br />

“ à André Maurois / André Breton “.<br />

Oeuvre majeure de Breton, le seul de ses ouvrages à ce point repris et augmenté lors de<br />

sa réédition, Nadja est traversé par la figure de deux femmes qui ont, chacune à leur<br />

manière, présidé à sa rédaction.<br />

La première, celle dont le nom à jamais est inscrit au fronton du surréalisme, croisa le<br />

poète dans la rue, un jour d'octobre 1926. Après une dizaine de rencontres presque quotidiennes,<br />

une nuit passée ensemble dans un hôtel de Saint-Germain-en-Laye, passage<br />

gommé dans la seconde édition, et pas moins de vingt-sept lettres échangées, Breton<br />

interrompt ses relations avec la jeune femme qui elle-même lui écrit : « merci André, j'ai<br />

tout reçu (…). Je ne veux pas te faire perdre le temps nécessaire à des choses supérieures<br />

».<br />

Le 21 mars 1924, en proie à des hallucinations, elle est emmenée à Sainte-Anne etest<br />

transférée, trois jours plus tard dans un l'hôpital psychiatrique de la banlieue parisienne.<br />

Ainsi s'achève l'histoire de Léona-Camille-Ghislaine D. qui, selon la critique, avait<br />

emprunté à une danseuse ce surnom de « Nadja ». Cinq mois plus tard, André Breton<br />

commençait son livre sans avoir une seule fois revu la passante de la rue Lafayette, son<br />

égérie future.<br />

La seconde de ces femmes, c'est Lise Deharme alias Lise Meyer, dont l'apparition, deux<br />

ans plus tôt, au Bureau de recherches surréalistes a troublé à ce point le poète qu'il décide,<br />

au moment de commencer son livre, de se rapprocher d'elle. Ainsi part-il pour la<br />

Normandie, en août 1927, et s'installe au manoir d'Ango, près de Varengeville-sur-Mer,<br />

à quelques kilomètres de Pourville où se trouve le manoir de Mordal loué par Lise. On<br />

retrouve dans Nadja le souvenir de leur première entrevue : elle portait des gants bleu<br />

ciel qu'Aragon lui proposa de laisser à la Centrale. Comme Breton refusait, Lise décida<br />

« de revenir poser sur la table (…) un gant de bronze ». De retour à Paris, le 31 août<br />

1927, les deux premières parties de Nadja achevées, il écrit à Deharme : « Je vais publier<br />

l'histoire que vous connaissez en l'accompagnant d'une cinquantaine de photographies<br />

relatives à tous les éléments qu'elle met en jeu » ; il lui demande aussi l'autorisation de<br />

faire photographier le gant de bronze et une reproduction d'un tableau qui se trouve dans<br />

le manoir de Mordal ajoutant que « cela ferait un livre beaucoup plus troublant ». Voici<br />

peut-être la meilleure définition de Nadja par son auteur même. (lettre à Deharme, 16<br />

septembre 1927).<br />

Un seul exemplaire d’un livre d’André Maurois - et encore, Maurois n’y est que préfacier<br />

- était présent dans la bibliothèque André Breton : Léo Magne, l'extraordinaire<br />

aventure d'Antoine de Tounens. Peu de liens nets entre les deux hommes, même si ils<br />

se retrouveront tous deux à New-York à partir de 1942, en exil pendant l’occupation.<br />

Bel exemplaire ; rare en service de presse et envoi.<br />

29 [André Breton]. Ludwig Joachim dit Achim d'Arnim. Contes bizarres. Paris,<br />

Les Editions des Cahiers Libres, 1933. Grand in-8 de 2 ff., 203 pp. et 2 ff., broché sous<br />

couverture illustrée et rempliée.<br />

2000 €


33<br />

31<br />

EDITION ILLUSTRÉE de quatre compositions en couleurs de Valentine Hugo.<br />

Un des cinquante exemplaires de tête sur Japon, comprenant une épreuve supplémentaire<br />

réservée aux seuls exemplaires sur Japon, avec cette mention manuscrite :<br />

“ pour Roger Caillois, avec l’amitié de Valentine Hugo “.<br />

EDITION ORIGINALE de l'importante introduction d'André Breton : cent ans après la<br />

mort d’Arnim, il met en valeur les liens fondamentaux qui rattachent le romantisme allemand<br />

au surréalisme. Ce texte brillant complète la préface originale de Théophile<br />

Gautier, qui avait présenté en France l’oeuvre d’Achim d’Arnim.<br />

Breton présente Arnim comme le maillon d’une chaîne qui aboutit aux surréalistes,<br />

reliant Rimbaud, Lautréamont et Alfred Jarry. “ Toute l’histoire de la poésie depuis<br />

Arnim est celle des libertés prises avec l’idée du “ je suis“.<br />

Bel exemplaire, deux petits accros au dos muet.<br />

31 Jean Bruller (dit Vercors). Un homme coupé en tranches. Paris, Paul<br />

Hartmann, 1929. In-4 de 86 pp., broché, sous couverture rempliée.<br />

1 200 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des <strong>15</strong> ex. num. sur Hollande (après 8 exemplaires sur Japon),<br />

avec une suite en noir des 18 dessins et un dessin original (encre et aquarelle, en couleurs)<br />

signé.<br />

Encouragé par le succès de son premier recueil de dessins, « 21 recettes de mort violente<br />

» Jean Bruller abandonnait en 1926 l'avenir tout tracé par l'obtention de son diplôme<br />

d'ingénieur. Tout en collaborant à divers journaux satiriques, Bruller poursuit une<br />

œuvre personnelle, longue méditation sur l'Homme dont témoigne cet album, comme<br />

deux ans plus tôt, les Hypothèses sur les amateurs de peinture. « C'est seulement<br />

quand je préparais mon deuxième album que j'ai commencé à réfléchir un peu et à me<br />

demander ce que nous faisions sur terre », confiera-t-il plus tard. Or ses Hypothèses...<br />

sont une sorte de préalable à son Homme coupé en tranches : « (…) c'est en découvrant,<br />

dit-il, en amateur de peinture que je suis, combien de ces personnages existent en nous<br />

ignorés de la conscience, que s'est imposé à moi, l'année suivante, mon Homme coupé<br />

en tranches, série de portraits d'un même individu, mais tels que le voient différemment<br />

son père, son fils, son médecin, sa pieuse tante, son patron et ses inférieurs, etc. (…) ».<br />

Bel exemplaire, très rare sur ce papier.<br />

32 Jean Bruller (dit Vercors). Ce que tout rêveur doit savoir de la méthode psychanalytique<br />

d’interprétation des rêves ; suivi d’une nouvelle clé des songes.<br />

Avec 20 aquarelles de l’auteur représentant des rêves typiques. Paris,<br />

Creuzevault, 1934. In-4 non paginé, broché, couv. rempliée.<br />

300 €<br />

EDITION ORIGINALE, imprimée à 1<strong>15</strong>0 ex. num., celui-ci 1/1100 sur vélin Aussédat<br />

(<strong>n°</strong>284).<br />

Dans les années vingt, l'ingénieur électricien Jean Bruller, jeune diplômé, s'oriente<br />

contre toute attente vers le dessin satirico-philosophique et entre à l'atelier de la Grande-<br />

Chaumière. Avant de devenir le célèbre Vercors que l'on sait, il mène avec succès une<br />

carrière de dessinateur et de graveur dans la presse, les éditions précieuses, et crée une<br />

œuvre personnelle où « l'amour, la tendresse (...) évoquent un humanisme désabusé ».<br />

Comme ce livre en témoigne, Bruller s'intéresse à partir des années 1930 aux théories<br />

freudiennes sur le rêve. Une thématique qui inspirera également les 160 estampes de La<br />

Danse des vivants , entreprise à la même époque.<br />

Bel exemplaire.<br />

33 Bernard Buffet. Le Cirque. Paris, Art et Style , 1956. Pet. in-4 de 54 pp., couv.<br />

illustrée, broché.<br />

480 €<br />

ÉDITION ORIGINALE. Belle couverture illustrée d’une composition originale de Bernard<br />

Buffet.<br />

Envoi autographe signé :


34<br />

“ à monsieur Jacob Israël, en hommage, Bernard Buffet, le 27 avril 1956 “.<br />

L’ouvrage comprend également deux reproductions photographiques de Buffet et 29<br />

planches hors-textes et en pleines pages dont 7 en couleurs, toutes sur le thème du cirque.<br />

Lauréat du prix de la Critique d'art, sorte de Goncourt de la peinture, à dix-neuf ans,<br />

Bernard Buffet est déjà largement célèbre quand paraît ce livre. A partir de 1951, il<br />

expose en France, en Europe et aux Etats-Unis à raison de quatre à six fois par an ; ses<br />

oeuvres ont déjà entrées dans les collections de la Tate Gallery de Londres, du Museum<br />

of modern Art de New-York et au musée des Beaux-Arts de Los Angeles.<br />

A la parution de ce livre, l'artiste s'est installé dans sa propriété de Domont, à vingt kilomètres<br />

au nord de Paris ; Manines, ancien relais de chasse, devient le quartier général<br />

du peintre qui en cette année 1956 est au sommet de sa renommée. La revue<br />

Connaissance des arts le place en tête des dix meilleurs peintres de sa génération, les<br />

organisateurs de Biennale de Venise lui consacre une salle particulière dans le pavillon<br />

français et la ville de Genevilliers lui commande une fresque d'un kilomètre sur la façade<br />

d'un immeuble. Cependant les vingt-six toiles du Cirque, loin d'être festives, reflètent<br />

un monde tragique.<br />

34 José Cabanis. Les Jeux de la nuit. La Bataille de Toulouse. Paris, Gallimard,<br />

1964, 1966. Deux vol. in-12 de 112 pp. et 142 pp., brochés.<br />

350 €<br />

EDITIONS ORIGINALES. Un des 135 exemplaires sur vélin (seul grand papier).<br />

Exemplaire signé par Cabanis pour Les Jeux de la nuit.<br />

35 Albert Camus. L’Homme révolté. Paris, Gallimard, 1951. In-12, broché, étui-chemise<br />

de demi-maroquin orangé, dos lisse, titre doré.<br />

1000 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 260 ex. num. sur pur-fil (deuxième papier, <strong>n°</strong> 123).<br />

Texte majeur dans l'œuvre, “ celui auquel je tiens le plus “ dira Camus, L'Homme révolté<br />

est une réflexion sur les clichés de l'intelligentsia de gauche.<br />

Le livre soulève nombre de polémiques dès sa parution, mais la plus importante est lancée<br />

six mois plus tard, par la rédaction des Temps modernes : Jean-Paul Sartre avait<br />

chargé le philosophe Francis Jeanson de rendre compte du livre, ce dont il s'acquitta en<br />

écrivant sept pages d'une insigne virulence parues dans le <strong>n°</strong> de mai 1952 sous le titre “<br />

Albert Camus ou l'âme révoltée “.<br />

Le secrétaire de Sartre, Jean Cau, fait alors savoir à l'auteur qu'une réponse éventuelle<br />

de sa part serait publiée dans la revue. L'écrivain démonte alors point par point la critique<br />

du journaliste. On lui reproche de penser peu mais de bien écrire, “ s'il est vrai,<br />

rétorque-t-il, que mes pensées sont inconsistantes, autant les bien écrire pour limiter les<br />

dégâts. Supposez en effet qu'on ait à lire des pensées confuses en style consternant, voyez<br />

l'exil ! “.<br />

Ailleurs il dénonce l'esprit de parti sous-jacent aux remontrances de Jeanson: “ On ne<br />

décide pas de la vérité d'une pensée selon ce que la droite et la gauche décident d'en faire.<br />

“ Enfin, l'auteur met en cause, sans le nommer, Sartre lui-même. Celui-ci répondra par<br />

dix-neuf pages qui débutent ainsi : “ Mon cher Camus, notre amitié n'était pas facile<br />

mais je la regretterai. “<br />

Bel exemplaire, parfait état.<br />

36 Albert Camus. L’Envers et l’endroit. Paris, Gallimard, 1958. In-12, broché, étuichemise<br />

demi-maroquin orangé, dos lisse, titre doré.<br />

1300 €<br />

ÉDITION EN PARTIE ORIGINALE.<br />

Envoi autographe signé :


37<br />

43<br />

40<br />

“ à Lalanne (Henri), roi du plateau,<br />

son vieil ami, avec fidèle affection,<br />

Albert Camus “.<br />

Le texte princeps avait paru à Alger en 1937, à petit nombre, et constitue la première<br />

publication d’Albert Camus. “ Cette édition est depuis longtemps introuvable et j’ai<br />

toujours refusé la réimpression de l’Envers et l’endroit (...) [mais] un temps vient toujours<br />

dans la vie d’un artiste où il doit faire le point, se rapprocher de son propre centre...<br />

si je ne parviens pas à récrire L’Envers et l’endroit, je ne serai jamais parvenu à rien,<br />

voilà ma conviction obscure...” (in Préface).<br />

De fait, Camus verra dans cette oeuvre de jeunesse la source secrète qui a alimenté ou<br />

aurait dû alimenter tout ce qu'il a écrit. "L'Envers et l'endroit" livre l'expérience, déjà<br />

riche, d'un garçon de vingt-deux ans : le quartier algérois de Belcourt et le misérable<br />

foyer familial dominé par une terrible grand-mère ; un voyage aux Baléares, et Prague,<br />

où le jeune homme se retrouve "la mort dans l'âme" ; et surtout, ce thème essentiel :<br />

"l'admirable silence d'une mère et l'effort d'un homme pour retrouver une justice ou un<br />

amour qui équilibre ce silence".<br />

Bel exemplaire, en premier tirage sans mention.<br />

37 Francis Carco. Jésus-la-caille. Paris, A la Cité des Livres, 1926. In-8 de 2 ff. 205<br />

pp. et f., broché.<br />

500 €<br />

Un des 50 exemplaires sur Hollande van Gelder (tirage de tête après 20 exemplaires sur<br />

Japon).<br />

Envoi signé :<br />

“ à mon vieux Tristan Derème, avec les sourires (et les meilleurs) de<br />

[JÉSUS-LA-CAILLE] et de son fidèle ami,<br />

Francis Carco “<br />

[et un autoportrait à l’encre] .<br />

Bel exemplaire de belle provenance.<br />

38 [Max Ernst]. Lewis Carroll. Wunderhorn. S.l. (Stuttgart), Manus Presse, 1970.<br />

Pet. in-folio de 78 pp., percaline pétrole, dos lisse, titre en long, étui éditeur.<br />

800 €<br />

ÉDITION ORIGINALE ; texte bilingue anglais / allemand. Tirage à 1000 exemplaires.<br />

Les textes de Carroll illustrés de 36 litographies originales en couleurs de Max Ernst.<br />

”Ernst's homage to Lewis Carroll is an ironic investigation of logic filled with<br />

Ernst's spectacular color lithographs which are characteristically ”illogical.”<br />

(Spies).<br />

Hubert, ”Surrealism & The Book”, pp.175-179 ; Spies / Leppien, 135/I.<br />

40 Henri Cartier-Bresson. The decisive moment. New York, Simon & Schuster,<br />

1952. Pet. in-folio, cartonnage et jaquette à l’identique de l’éditeur.<br />

1000 €<br />

PREMIÈRE ÉDITION AMÉRICAINE, parue simultanément à l’édition française, d’Images à la<br />

sauvette.<br />

Elle paraît, comme pour l’édition parisienne, sous un cartonnage illustré d’un dessin de<br />

Matisse doublée, pour l’édition américaine, d’une jaquette à l’identique.<br />

Le plus célèbre des ouvrages de Cartier-Bresson, celui où il définit ses trois principes<br />

dans la fameuse préface : le hasard objectif emprunté à André Breton marque le croisement<br />

du temps et de l’espace ; l’instant décisif emprunté au Cardinal de Retz<br />

désigne le moment précis du déclenchement, du tir ; enfin la géométrie, qui nomme la<br />

forme et la composition, reprend la devise qui fut gravée à la demande de Platon au fronton<br />

de l’Académie : "Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre".<br />

Jaquette soigneusement doublée, petites restaurations aux coiffes, sinon bel exemplaire.


41<br />

44<br />

42<br />

43<br />

41 Henri Cartier-Bresson. Danses à Bali. Paris, Robert Delpire, (1954). In-12 de<br />

122 pp. et 2 ff., cartonnage éditeur, jaquette illustrée à rabats.<br />

300 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Préface inédite d’Antonin Artaud, intitulée “Théâtre balinais”.<br />

Après avoir contribué à la création de l'agence Magnum en 1947, Cartier-Bresson,<br />

armé de son Leica, entreprend un séjour de trois années en Orient… L'Inde, où il photographiera<br />

Gandhi quelques minutes avant son assassinat. La Chine, 12 jours avant l'arrivée<br />

des troupes de Mao. L'Indonésie enfin, qui vient d'accéder à son indépendance.<br />

Marié depuis 1937 à Ratna Mohini (cf. <strong>n°</strong> suivant) - danseuse balinaise - qui réalise ici<br />

la traduction des textes accompagnant les clichés de son époux, cet ouvrage est le second<br />

à paraître en France de celui qui fut surnommé « l'œil du siècle ». Deux ans après<br />

Images à la sauvette paraissent donc en 1954 ces Danses à Bali, prémisse d'une longue<br />

collaboration entre l'éditeur et le photographe.<br />

Outre la volonté de ce dernier d'élever son activité au rang d'art, son souhait premier est<br />

ici de réaliser un reportage à caractère purement ethnographique.<br />

Bel exemplaire.<br />

42 Henri & Ratna Cartier-Bresson. Nos Ombres en Fête. Our Festive Shadows.<br />

S.l.n.é, 1990. Grand in-8, broché, de 33 pp.<br />

450 €<br />

EDITION ORIGINALE, un des 250 ex. sur Ingres d'Arches.<br />

Envoi autographe signé de Henri Cartier-Bresson au faux-titre :<br />

"a Suziel / Henri".<br />

Portrait original de Ratna, en tirage original d’ Henri Cartier-Bresson, signé.<br />

Une note manuscrite de remerciements du dédicataire à Cartier-Bresson est jointe.<br />

Etat de Neuf. Rare.<br />

43 Blaise Cendrars. Le Brésil. 105 photos par Manzon. Monaco, les Documents<br />

d’Art, 1952. In-8 de 1<strong>15</strong> pp., broché, couv. ill. d’une vignette photographique.<br />

400 €<br />

EDITION ORIGINALE (pas de grands papiers).<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ à Daniel Jardot, pour l’inviter aux grands voayges,<br />

Blaise Cendrars “.<br />

Bel exemplaire de ce ravissant ouvrage avec photographies contrecollées, dont une en couverture.<br />

44 Patrick Chamoiseau. Texaco. Paris, Gallimard, (1992). In-8 de 426 pp., broché.<br />

750 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 50 ex. num. sur Vélin pur-chiffon. (seul grand papier, <strong>n°</strong>28).<br />

Troisième roman de Patrick Chamoiseau, Texaco trace la double figure d'une femme<br />

et d'un pays : Marie-Sophie Laborieux (née vers 1913, fille d'un esclave affranchi et<br />

fondatrice du quartier de Texaco à Fort-de-France) et la Martinique. L'auteur de<br />

Chronique des sept misères et de Solibo magnifique a ici une grande ambition : faire<br />

comprendre deux siècles de l'histoire de son pays, à travers la résistance d’occupants illégaux<br />

sur le site du futur quartier du même nom, sur lequel se dresse un dépôt d’essence<br />

qui reste, aujourd’hui encore, dans l’histoire et l’imaginaire de l’île. Une résistance<br />

apprise dès le temps du marronage, où dans les mornes, les anciens esclaves, se rebellant<br />

contre la fatalité, ont du apprendre la débrouillardise.<br />

Texaco, comme tout roman important, c'est une langue, un style, une réflexion sur la<br />

littérature. Chamoiseau se définit clairement comme un " marqueur de paroles ", situé<br />

près d'une frontière au tracé complexe et fragile, celle qui sépare la littérature orale et la<br />

littérature écrite. Mieux que personne, il se promène en équilibre parfait sur cette frontière,<br />

lui qui veut dépasser " la fascination-répulsion qu'exercent sur le vaincu les valeurs


45<br />

46<br />

47<br />

49<br />

du vainqueur ". Il a créé une langue, qui, comme le signale Hector Bianciotti " sans se<br />

départir des lois de la rhétorique française, trouvait ses propres gisements d'or, et ses<br />

métaphores, comme un envol de papillons des tropiques au-dessus d'un jardin de Le<br />

Nôtre". Belle image, assurément.<br />

Ce style, Chamoiseau le place sous le signe de la liberté et du risque. C'est cela particulièrement<br />

qui a séduit Milan Kundera, lorqu'il parle, dans un article de la revue l'Infini,<br />

sur la littérature antillaise, de " la solution de Chamoiseau " : " [qui] n'a pas fait un<br />

compromis entre le français et le créole en les mélangeant. Sa langue, c'est le français,<br />

bien que transformé ; non pas créolisé (aucun Martiniquais ne parle comme ça) mais chamoisisé<br />

". Parfaite lecture, assurément.<br />

Prix Goncourt 1992. Etat de neuf.<br />

45 René Char. Les Matinaux. Paris, Gallimard, 1950. In-12, broché, étui-chemise.<br />

EDITION ORIGINALE, exemplaire imprimé du service de presse.<br />

Envoi signé :<br />

“ à Jean Cayrol, de tout coeur, René Char“.<br />

500 €<br />

Ce recueil réunit des poèmes d'immédiat après-guerre. Beaucoup furent écrits en<br />

Provence, dans la retraite du Rébanqué où Marcelle Mathieu mettait à la disposition<br />

des écrivains “ une petite maison de montagne installée simplement comme un cabanon<br />

de paysan “.<br />

C'est au fils de celle-ci, Henry, que René Char offrira le manuscrit des Matinaux. A la<br />

mort de cette mécène discrète, en janvier 1973, Martin Heidegger envoya au poète un<br />

éloge funèbre ; lui aussi avait appartenu au cercle d'amis de Charconviés dans cette<br />

retraite particulière.<br />

Un des meilleurs recueils de l’auteur, d’une très belle provenance. Bel exemplaire.<br />

46 [René Char]. Georges Braque. Pierre-André Benoît. Salut à René Char. Alès,<br />

P.A.B., 1955. In-12, en ff.<br />

450 €<br />

EDITION ORIGINALE, imprimée à 99 exemplaires, celui-ci 1/95 sur vergé, justifié par<br />

P.A.B.<br />

Illustration de Georges Braque au titre.<br />

47 René Char. Trois coups sous les arbres. Théâtre saisonnier. Paris, Gallimard,<br />

1967. In-8 de 251 pp. et 3 ff., broché.<br />

600 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 25 exemplaires de tête sur Hollande (<strong>n°</strong> 6).<br />

48 Jean Cocteau. Lettres à Jean Marais. S.l., Albin Michel, 1987. Fort in-8 de 496<br />

pp., broché.<br />

400 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 80 exemplaires de tête sur vergé.<br />

Nombreuses reproductions photographiques hors-texte. Préface et notes de Jean<br />

Marais.<br />

Etat de neuf.<br />

49 Jean Cocteau. Poèmes. Léone - Allégories - La Crucifixion - Neiges. Paris,<br />

Gallimard, 1948. In-12 de <strong>15</strong>7 pp., broché.<br />

380 €<br />

EDITION ORIGINALE. Exemplaire du service de presse.<br />

Envoi autographe signé :<br />

" à Albert Béguin<br />

ce souvenir fidèle de Jean Cocteau, 1948."


51<br />

50<br />

Né le 7 juillet 1901 à la Chaux-de-Fond, Albert Béguin obtint sa licence ès-lettres à<br />

l'Université de Genève. Spécialiste du Romantisme allemand auquel il consacre sa thèse,<br />

il fonde la revue franco-suisse des Cahiers du Rhône qui défend et soutient les écrivains<br />

francophones pendant la guerre. Exécuteur testamentaire de l’œuvre de Bernanos, il<br />

vient à Paris à partir de 1947, rencontre Emmanuel Mounier, directeur de la revue<br />

Esprit et lui succèdera après le décès brutal de celui-ci.<br />

l’exemplaire André Maurois, joliment relié par son épouse.<br />

50 Jean Cocteau. La Fin du Potomak. Paris, Gallimard, 1940. In-12, vélin moderne,<br />

dos lisse, titre en noir avec dessin original en couleurs, tête dorée, couv. et dos cons.<br />

(Rel. signée Simone André Maurois).<br />

400 €<br />

EDITION ORIGINALE, exemplaire imprimé du service de presse.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ A André Maurois, souvenir d’une amitié fidèle, Jean “.<br />

Deux mois avant la première des Parents terribles, Cocteau se retire dans un hôtel de<br />

Dax et laisse le théâtre pour la poésie, imaginant une fin à son Potomak écrit vingt-cinq<br />

ans plus tôt.<br />

Il y eut en effet un premier Potomak, né à l'aube de la Grande Guerre comme celui-ci, à<br />

l'aube de la seconde. Le désastre proche avait donc à deux reprises provoqué chez Jean<br />

Cocteau une angoisse qui lui fit imaginer ce monstre exposé dans une cave de la place de<br />

la Madeleine, «Potomak », et auquel le poète rend visite en compagnie de personnages<br />

allégoriques. Dans le second récit, le monstre n'est plus visible mais son ombre plane toujours<br />

: « (…) l'actualité suintait bien de ce second Potomak, note un critique, mais sur<br />

un mode bouffon : Hitler y croise une sorte de Maurice Chevalier et une fée juive, bénéfique<br />

et laide, vaguement inspirée de Marianne Oswald. » A cette époque, Claude<br />

Mauriac qui écrivait un essai sur l'auteur, eut droit à des lectures d'une voix qu'il qualifia<br />

de « sèche, précise, inhumaine ».<br />

« L'amitié fidèle » de Maurois pour l'auteur lui vaudra en partie d'être élu à l'Académie<br />

française où Maurois adressa la réponse traditionnelle au Discours de réception du<br />

nouvel élu.<br />

Bel exemplaire, finement relié et illustré par Simone Maurois.<br />

De la bibliothèque André Maurois, avec son ex-libris dessiné par Henri Mondor.<br />

51 Jean Cocteau [préface de]. Jean Harold [photomontage de]. Claude Francis<br />

[commentaires de]. La Tête des uns dans le corps des autres. Paris, Le Soleil Noir,<br />

1953. In-4, 80 pp. et 1 f. blanc, cartonnage éditeur, dos et plats muets.<br />

400 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Envoi signé :<br />

“ A Charles Trenet, ce modeste témoignage de gratitude pour les poétiques<br />

têtes-à-têtes que je passe en sa compagnie.<br />

De tout coeur, Jean Harold, été 1955 “.<br />

En jouant avec la tête et les jambes de Churchill, de Sartre ou de Claudel, Jean Harold<br />

créa un type neuf de photomontage. « La nouveauté (de son travail), écrit Cocteau, c'est<br />

qu'il ne dépasse pas les limites de la caricature », expression artistique qui se tenait, selon<br />

le poète, « au bord du grand style ».<br />

La créativité de cet artiste séduisait si bien Cocteau qu'il lui confia en 1950 la réalisation<br />

de l'affiche d'Orphée, créée selon le même procédé de photomontage ; ses compositions<br />

photographiques ornaient aussi, paraît-il, la maison de Milly-la-Forêt. A l'époque<br />

de ce livre, Harold était aussi le directeur de la librairie existentialiste, sise rue de<br />

Beaujolais dans le quartier du Palais-Royal, et se trouvait donc être le voisin du Milord<br />

l'Arsouille, cabaret célèbre où débutèrent des artistes dont la liste laisse rêveur (Léo<br />

Ferré, Gainsbourg, Ferrat, etc...) et dont le fondateur n'était autre que Francis<br />

Claude. Entre Cocteau et Claude, ses deux amis, qu'il fit se rencontrer, Harold fut<br />

donc bien entouré pour son premier ouvrage.


52<br />

53<br />

Sorti de la maison d'édition de François Di Dio, dont le <strong>catalogue</strong> ne contiendra que des<br />

livres inouïs, cet exemplaire réunit enfin par sa dédicace deux noms qui bénéficièrent l'un<br />

et l'autre du même parrainage : une préface signée Cocteau. Trenet en effet, demanda au<br />

poète un texte pour son roman, La Bonne Planète, paru en 1949.<br />

Solal, Mangeclous, Mattathias, Ariane, Adrien Deume...<br />

En 1930, Albert Cohen nous présente un héros qui sera le centre de son œuvre, qui donnera<br />

son nom au premier roman de l'auteur : Solal XIV des Solal.<br />

Le titre éponyme fut publié en 1930 chez Gallimard et si, après ce début prometteur,<br />

Cohen se proposa de publier un roman par an, "[l]es aléas de sa vie, conjugués à son tempérament<br />

neurasthénique ne lui permettaient pas de soutenir un tel rythme". Ce fut à<br />

cette époque que Cohen commença le projet d'un vaste roman devenu par la suite Belle<br />

du Seigneur.<br />

Sept ans plus tard, il tira du manuscrit la matière d'un nouveau roman à la demande<br />

insistante de Gaston Gallimard : Mangeclous, publié en 1938 ; "Mangeclous, dont<br />

on dit que c'est un livre très comique, a été écrit pendant la période la plus triste de ma<br />

vie. [...] triste, triste et écrivant un livre pas triste du tout, le dictant plutôt. J'ai toujours<br />

dicté, et toujours à une femme".<br />

On dut attendre 1968 avant que ne paraisse enfin Belle du Seigneur. Les vingt-quatre<br />

chapitres qui s'inséraient entre les chapitres XI et XII du manuscrit original furent<br />

publiés un an plus tard sous le titre Les Valeureux.<br />

52 Albert Cohen. Solal. Paris, Nouvelle Revue Française, 1930. In-12, broché.<br />

900 €<br />

ÉDITION ORIGINALE. Un des 647 exemplaires sur vélin (seul papier avec les réimposés).<br />

Gaston Gallimard découvrit la prose d’Albert Cohen dans un numéro de la Nouvelle<br />

Revue Française qui publiait, en 1922, Après minuit à Genève. L’éditeur est séduit<br />

au point d’envoyer le directeur de la revue, Jacques Rivière, au devant de l’étranger.<br />

Originaire de Corfou, l’inconnu réside à Genève où il fait profession d’avocat. Rencontre<br />

brève mais décisive. Rivière quitte la ville avec un contrat en blanc où Cohen s’est engagé<br />

pour cinq romans auprès de Gallimard, inscrivant le titre fictif d’une œuvre fictive :<br />

Rapides internationaux. Il n’a devant lui aucun projet littéraire mais il a signé.<br />

Aucune ambition au barreau non plus. Or, cet engagement lui vaut un poste à la division<br />

diplomatique du Bureau international du travail à Paris, sur recommandation de<br />

Rivière, et la direction d’une revue, qu’il crée en 1925 avec l’aide financière de<br />

Gallimard : La Revue juive. Que ne ferait pas son protecteur quand il " tient un<br />

auteur" ! Et le roman, les romans promis ? L’éditeur devra attendre huit ans pour que<br />

paraisse, non pas Rapides internationaux, mais Solal.<br />

Début d’une épopée mémorable...<br />

Bel exemplaire<br />

53 Albert Cohen. Mangeclous. Paris, Nouvelle Revue Française, 1938. In-8, broché.<br />

1 700 €<br />

ÉDITION ORIGINALE.<br />

Un des 60 exemplaires sur vélin (seul grand papier).<br />

Mangeclous est l'un des cousins de Solal, lequel est devenu sous-secrétaire général de<br />

la Société des Nations à Genève.<br />

Dans l’île grecque de Célaphonie, les cousins et oncles de Solal, surnommés "les<br />

Valeureux" reçoivent un télégramme mystérieux de Suisse : un message codé qui ressemble<br />

à une chasse au trésor ! Aussitôt, les quatre Valeureux sont d’attaque :<br />

Mangeclous, un épicurien insatiable et mythomane de première qui se racle les dents<br />

avec des clous ; Sartiel, l'oncle de Solal, l'inventeur fou ; Salomon, le timide qui<br />

apprend à faire la brasse dans une bassine et Mathathias, le timoré. Sans oublier<br />

Rachel, la femme de Mangeclous, ogresse hypocondriaque de 120 kilos, qui passe sa vie


54<br />

55<br />

57<br />

à répertorier ses médicaments ! A l’aube de la seconde geurre mondiale, Mangeclous<br />

recèle une grinçante et vivifiante critique envers la Société ds Nations, " dont je comprends<br />

maintenant l'utilité et le rôle humanitaire. Ce n'est pas Société des Nations qu'il<br />

faut dire, mais Satisfaction des Nourris et Satiété du Nombril et Saturation de Nouilles<br />

! Seigneur amphitryon, dispensateur de voluptés alimentaires et de festins gustatifs de la<br />

langue et du gosier, je n'oublierai jamais ce grand jour où j'ai absorbé, résorbé, avalé, croqué,<br />

grignoté, dévoré, goûté, happé, gobé, bâfré, consommé jusqu'à gonflement dangereux<br />

des parois stomacales et dilatation suprême de votre munificence j'ai subsisté, brouté,<br />

ruminé et vécu et me suis rempli à la satisfaction des entrailles et papilles linguales et me<br />

suis réellement et véritablement régalé, restauré, repu, rassasié, assouvi, gorgé, gavé,<br />

empli et sustenté. Oh, je penserais toute ma vie à de telles résorptions et intussusceptions<br />

! Certes, je m'en suis glissé en mon tuyau digestif, et mon estomac en restera farci jusqu'à<br />

la fin de ses jours. ...Au nom de mon estomac adoré, merci ! Et je vais m'asseoir non<br />

sans avoir crié alléluia de tous mes intestins satisfaits !".<br />

Bel exemplaire.<br />

54 Albert Cohen. Belle du seigneur. Paris, Gallimard, 1968. In-8, broché, étui-chemise<br />

de demi-maroquin noir, dos lisse, titre doré.<br />

10 000 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 55 exemplaires sur vélin (seul grand papier).<br />

“ Quel morceau, Quel monstre ! 845 pages, 32 francs et à peu près autant d'heures de<br />

lecture que de francs : on est terrorisé... On tente pourtant l'aventure. On plonge dans<br />

l'énorme histoire : alors le mécanisme joue et l'on est piégé . Des beautés éclatantes , des<br />

torrents de mauvais goût : on est emporté par l'un, ébloui par les autres. On sort de là<br />

un peu stupéfait , la tête vide, mais soyons francs : le jeu en valait la chandelle “.<br />

(François Nourissier, Les Nouvelles Littéraires, Septembre 1968).<br />

Le roman rompt un silence de quatorze ans (Le Livre de ma mère paraît en 1954) “ je<br />

me souviens du jour où nous l’avions porté, fébriles et inquiets. Le directeur littéraire qui<br />

nous reçut alors a été effrayé, et ne voulait pas publier cet ouvrage “ monstrueux “. Nous<br />

somme repartis effondrés. (...). Heureusement, le bon Gaston Gallimard prit les choses<br />

en main. Nous coupâmes les passages trop longs, et ceux-ci furent la matière des<br />

Valeureux, qui parurent en 1969 “ (in Les Nouvelles littéraires, oct. 1981, p. 20).<br />

Exemplaire absolument parfait, non coupé, à l’état de neuf. Rarissime dans cette conditon.<br />

55 Albert Cohen. Les Valeureux. Paris, Gallimard, 1969. In-8, broché, étui-chemise.<br />

1000 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 55 exemplaires sur pur-fil (seul grand papier).<br />

Ce quatrième et dernier roman de l'auteur eut une genèse un peu particulière. En 1967,<br />

Cohen dépose l'imposant manuscrit de Belle du Seigneur chez Gallimard. Le comité<br />

de lecture émet quelques réserves sur la longueur du texte et Cohen reprend son manuscrit<br />

pour y effectuer d'importantes coupes. L'année suivante, le roman paraît tandis que<br />

Cohen reprend les « chutes » de son manuscrit et se met au travail. Un nouveau récit va<br />

naître de celles-ci, Les Valeureux, publié en 1969. Charles Gombault auquel il est<br />

dédié, devint l'ami de Cohen pendant la guerre de 1940 à Londres, où il était rédacteur<br />

en chef du quotidien France. La fille de l'écrivain y travaillait comme correctrice et son<br />

père l'y rejoignait parfois. Après la guerre, Cohen s'installa à Genève et Gombault à<br />

Paris où il devint directeur de France-Soir. Les deux hommes se voient rarement mais il<br />

semble que le journaliste prit part à l'affaire des coupes de Belle du Seigneur.<br />

Parfait état.<br />

57 Albert Cohen. Carnets. Paris, Gallimard, 1969. In-8 de 186 pp., broché, sous étuichemise<br />

de demi-maroquin noir, dos lisse, titre doré.<br />

750 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 65 exemplaires sur pur-fil (seul grand papier).


58<br />

59<br />

Etrange journal que celui tenu par Albert Cohen de janvier à septembre 1978. L'auteur,<br />

qui est alors âgé de 82 ans, se débat entre une grave dépression et une santé chancelante,<br />

et ce journal qu'il a entamé sur les conseils de son médecin nous entraîne d'emblée vers<br />

son enfance et sa "maman morte à qui absurdement [il] aime parler, Maman morte à qui,<br />

stupidement souriant, [il] veu[t] raconter les jours de [son] enfance."<br />

Et l'évocation des jours de l'enfance et de la maman morte cède la place à l'ami de l'adolescence,<br />

Marcel Pagnol qui est mort quatre ans plus tôt, puis à une femme aimée, elle<br />

aussi disparue, Yvonne Imer pour qui Albert Cohen écrivit le premier roman, Solal.<br />

Parfait état, non rogné.<br />

58 Albert Cohen. Ô vous, frères humains. Paris, Gallimard, 1972. In-12 de 213 pp.<br />

et 1 f., broché.<br />

400 €<br />

EDITION ORIGINALE. Exemplaire du service de presse (pas de grand papier).<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ à monsieur Verbaud, en cordial hommage,<br />

Albert Cohen “<br />

59 Colette. Prrou, Poucette, et quelques autres. Paris, <strong>Librairie</strong> des Lettres, s.d.<br />

[1913]. Demi-maroquin brun clair à coins, dos lisse entièrement orné de motifs dorés et<br />

de petites pièces de maroquin mosaïquées, monogramme « L.C. » en pied, tête dorée, couv.<br />

et dos cons., (rel. de l’époque, signée Dervois).<br />

ÉDITION ORIGINALE rare, imprimée à seulement 300 exemplaires, tous sur Hollande.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ (...) hommage des auteurs, Prrou, Poucette, Poum,<br />

La Shâla, Lola et Colette “.<br />

Si les contes animaliers de Colette, livrés au journal Le Matin, n'atteignaient pas toujours<br />

les deux cent vingt lignes réglementaires, ils ne manquaient jamais de charmer ses<br />

collaborateurs. Charles Sauerwein, directeur des informations, s'exclamait à propos de<br />

l'un d'entre eux : « il est épatant ton conte et tu devrais bien en faire quatre par mois ».<br />

Confortée, Colette fit même d'avantage, puisqu'elle décida de regrouper douze de ces<br />

textes en volume. Ainsi parut le 20 mars 1913, à la <strong>Librairie</strong> des Lettres, Prrou,<br />

Poucette et quelques autres.<br />

60 Colette. Julie de Carneilhan. Paris, <strong>Librairie</strong> Arthème Fayard, 1941. In-12 de<br />

218 pp. et 2 ff., broché.<br />

200 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Envoi autographe :<br />

“ à mon confrère Jacques Lemoine,<br />

avec mon sentiment très cordial,<br />

Colette “.<br />

Une aristocrate de la campagne, divorcée après avoir été l'épouse d'un politicien coureur<br />

de jupons se voit proposer par celui-ci une affaire peu honnête. Tel est l'intrigue de ce<br />

texte traité sans complaisance, comme souvent, par son auteur : « Je suis bien fâchée,<br />

écrit-elle à Marguerite Moreno, que tu aies lu ce roman mal léché, mal coupé, sans<br />

blancs, sans astérisques et avec mille fautes. »<br />

Colette composa Julie de Carneilhan au début de l'Occupation, tandis qu'elle donnait<br />

des articles à plusieurs journaux et magazines, évitant soigneusement d'aborder l'actualité<br />

: la dédicace de cet exemplaire est significative de son aversion et de son parti-pris. Le<br />

texte paraît d'abord en feuilleton dans Gringoire pendant l'été 1941 avant sa publication<br />

en volume au mois d'octobre.


65<br />

61<br />

66<br />

63<br />

61 Colette. Le Toutounier. Paris, Ferenczi, 1939. In-12 de 170 pp. et 1 f., broché.<br />

200 €<br />

EDITION ORIGINALE. Exemplaire du service de presse.<br />

Envoi autographe :<br />

“ pour Léo Larguier, un petit roman de sieste,<br />

- car j’espère bien qu’il fait la sieste ? Colette “.<br />

Paru en pré-originale dans Paris-Soir, du 23 <strong>juin</strong> au 8 juillet 1938, le Toutounier fut<br />

publié en volume à la veille de la seconde guerre mondiale. Colette a alors accepté sa collaboration<br />

au journal Marie-Claire où elle tient la rubrique du Courrier ; elle vient<br />

aussi d'emménager au 9, rue de Beaujolais intégrant ces appartements des jardins du<br />

Palais-Royal, sa dernière adresse.<br />

Ce livre, ultime récit de Colette, constitue avec Duo, paru cinq ans plus tôt, une suite<br />

romanesque. Au coeur du récit trône un canapé-lit qui a bercé et consolé l’ enfance : « Elle<br />

s'abandonna enfin au « toutounier natal », vaste canapé d'origine anglaise, indestructible,<br />

défoncé autant qu'une route forestière dans la saison des pluies”.<br />

63 [Colette]. Chats de Colette. Paris, Albin Michel, (1950). In-12 de 195 pp., demimaroquin<br />

noir, dos lisse, titre doré, couv. cons.<br />

200 €<br />

EDITION ORIGINALE. Exemplaire du service de presse.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ cher Léo Larguier, bonne année à vous et, - à moi,<br />

qui sommes souffrants, de tout mon coeur, Colette “.<br />

64 Joseph Conrad. Lord Jim. Paris, Editions de la Nouvelle Revue Française,<br />

1922. Fort in-12 de 356 pp., broché.<br />

110 €<br />

EDITION ORIGINALE de la traduction française.<br />

Un des 800 ex. num. sur vélin pur-fil (seul papier avec les réimposés).<br />

65 Joseph Conrad. Jeunesse. Suvi de Coeur des ténèbres. Paris, Editions de la<br />

Nouvelle Revue Française, 1922. Fort in-12 de 356 pp., broché.<br />

200 €<br />

EDITION ORIGINALE de la traduction française.<br />

Un des 943 ex. num. sur vélin pur-fil (seul papier avec les réimposés).<br />

Ce voyage dans les territoires sauvages de l’Afrique devient une plongée tragique dans<br />

l’inconscient, noyée dans la jungle, la sueur, les bruits, la chaleur et la folie : ce sont ces<br />

ténèbres que tente magnifiquement d’éclairer Joseph Conrad. Son aventurier surdoué,<br />

Kurtz, est un pur produit de l’occident laché dans les profondeurs de la jungle congolaise,<br />

jusqu’à soumettre une entière tribu à son bon vouloir par le seul pouvoir de son éloquence<br />

fastueuse et maléfique. Cet extraordinaire récit fut utilisé par Francis Ford<br />

Coppola pour Apocalypse Now, avec Marlon Brando comme interprète du Kurtz.<br />

Bel exemplaire ; un des rares romans “ non maritime “ de Conrad, mais un chef-d’oeuvre.<br />

66 [René Crevel]. Autobiographie de René Crevel. S.l.n.d. (Paris, Kra, éditions du<br />

Sagittaire, 1926). Impression sur papier vert, agrafé, 8 pp.<br />

200 €<br />

Petite publication sous forme de <strong>catalogue</strong> des éditions Kra, qui débute par deux longues<br />

pages de présentation du jeune auteur René Crevel, par lui-même :<br />

“ né le 10 août 1910 à Paris de parents parisiens (...) N’est allé ni au Tibet, ni au<br />

Groënland, ni même en Amérique, mais les voyages qui n’ont pas eu lieu en surface on a<br />

tenté de les faire en profondeur. (...) Voudrait bien pour des romans futurs retrouver des<br />

personnages aussi nus, aussi vivants que les couteaux et fourchettes qui figuraient les


67<br />

68<br />

hommes et les femmes, dans les histoires destinées à demeurer inédites, qu’il se racontait<br />

enfant. Avait commencé des recherches pour une thèse de doctorat ès-lettres sur Diderot<br />

romanicer quand, avec Marcel Arland, Jacques Baron, Georges Limbour, Max<br />

Morise, Roger Vitrac, il fonda la revue Aventure (...) c’est alors qu’il connut Louis<br />

Aragon, André Breton, Paul Eluard, Philippe Soupault, Tristan Tzara et, un jour,<br />

devant un tableau de Georgio de Chirico, il eut enfin la vision d’un monde nouveau...”.<br />

67 [Dalì]. René Crevel. Dalì ou l’anti-obscurantisme. Paris, éditions surréalistes,<br />

1931. In-8 de 52 pp., broché, couverture rempliée muette, papier toile noir, étiquette<br />

blanche imprimée contrecollée sur le premier plat.<br />

900 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 600 exemplaires sur vélin blanc (seul tirage après <strong>15</strong> exemplaires de tête sur<br />

Japon).<br />

Envoi autographe :<br />

“ à monsieur Prouvost (?),<br />

sincère hommage, René Crevel “.<br />

C’est en novembre 1931 que paraît le livre de René Crevel, Dalì ou l'anti-obscurantisme,<br />

illustré de 10 planches photographiques hors-texte des toiles de Dalì, photographiées<br />

par André Caillet.<br />

Dalì quant à lui a brossé un portrait sensible, spectral, de Crevel, aujourd’hui conservé<br />

à Figueras : c’est un Crevel habité, hanté par ses démons, qui paraît surgir du royaume<br />

des morts, du cercle de l’Enfer, pour témoigner de la fragilité et de la beauté de l’existence.<br />

Longtemps après la disparition de Crevel, Dalì a trouvé les mots et les formules pour<br />

rappeler qui avait été son ami : « Personne n'a été aussi souvent "crevé", personne<br />

n'est autant "rené" à la vie que notre René Crevel. Son existence se passait en de<br />

constantes allées et venues dans les maisons de santé. Il s'y rendait crevé pour réapparaître<br />

renaissant, florissant, neuf, luisant et euphorique comme un bébé. Mais cela durait<br />

peu. La frénésie de l'auto-destruction le reprenait vite et il recommençait à s'angoisser, à<br />

refumer de l'opium, à se battre contre d'insolubles problèmes idéologiques, moraux,<br />

esthétiques et sentimentaux, s'adonnant sans mesure à l'insomnie et aux larmes jusqu'à<br />

en crever” (Le Journal d'un génie, coll. l’Imaginaire, Paris, Gallimard, 1994, pp. 85-<br />

91).<br />

Quelques traces d’usures à la fragile couverutre de moire noire.<br />

68 [Dalì]. Paintings, drawings prints. New-York, MoMa, Editions by The<br />

Museum of Modern Art, 1941. Pet. in-4 de 88 pp., cartonnage éditeur percaline verte<br />

imprimée, dos lisse, jaquette imprimée.<br />

2300 €<br />

EDITION ORIGINALE. Nombreuses illustrations, certaines en couleurs et double-page.<br />

Superbe dessin original de Dalì au premier feuillet, signé et daté, dans sa belle signature<br />

des premières années.<br />

En novembre 1933 a lieu la première exposition individuelle de Dalì aux États-Unis,<br />

dans la galerie Julien Levy de New York.<br />

Il publie le manifeste New York salues me, où il décrit ses impressions au sujet de la<br />

ville, et donne une conférence au Museum of Modern Art sur le thème Peintures surréalistes<br />

et images paranoïaques. Il rencontre à cette occasion Reynolds Morse, un<br />

industriel de Cleveland qui devient un des grands collectionneurs de sa peinture.<br />

En 1941, il fait une nouvelle exposition à la galerie Julien Levy, où il présente son<br />

célèbre Autoportrait mou avec lard grillé : c’est à la suite de cette exposition que le<br />

Moma décide de lui consacrer sa première grande rétropsective.<br />

Légères piqûres aux feuillets liminaires, prononcées également au dessin.


69<br />

71<br />

69 [Dalì]. Benvenuto Cellini. Autobiography translated by John Addington<br />

Symonds. Illustrated by Salvador Dalì. New-York, Doubleday & Company,<br />

1948. In-8, cartonnage éditeur ill., dos lisse.<br />

900 €<br />

Exemplaire signé et daté (1948) par Dalì au titre.<br />

Né en Italie en <strong>15</strong>00, orfèvre et sculpteur émérite, Cellini eut une destinée pour le moins<br />

mouvementée. Criminel patenté, il se voit condamné à mort pour meurtre en <strong>15</strong>40. Dès<br />

lors activement recherché, il ne dût son salut qu'a l'invitation en France de François<br />

Ier, qui, « pour son bon plaisir » commanda plusieurs œuvres à l'artiste florentin ; lequel<br />

jouissait alors déjà d'une solide notoriété.<br />

Quelques années avant sa mort, il avait entrepris la rédaction de son autobiographie.<br />

Seulement publiée au XVIII ème siècle, celle-ci constitue un témoignage important tant<br />

à la fois concernant la pratique de son art - de facture manièriste - que par le tableau qu'il<br />

brosse de la société de son temps. Déjà reconnu antérieurement par la publication de traités<br />

à caractère techniques, il manifeste là une véritable verve d'écrivain. L'on pourrait<br />

parfois reprocher à certains des passages de ses mémoires qu'elles adoptent presque le ton<br />

de l'épopée mais il n'en demeure pas moins que ce récit picaresque connut un immense<br />

succès.<br />

Traduit par Goethe, inspirant à Berlioz un opéra, et figure de proue des romantiques,<br />

Cellini était également profondément admiré par Dalì.<br />

Illustrations de Dalì en noir et couleurs. Bel exemplaire.<br />

70 [Francis Carco]. Maurice Donnay. Le Chat noir. Paris, Bernard Grasset, 1926.<br />

In-12, demi-maroquin noir à coins, dos à nerfs, titre doré, tête doré, couv. et dos cons.<br />

600 €<br />

ÉDITION ORIGINALE. Un des 7 exemplaires de tête sur Chine ; parmi ceux-ci, un des deux<br />

h.-commerce.<br />

Précieux exemplaire de Francis Carco, dans lequel il a été relié une copie manuscrite,<br />

par Maurice Donnay, du poème 14 Juillet : 4 feuillets découpés au format du livre dont<br />

un porte à son dos un envoi signé<br />

“ Au séduisant Francis, à mon jeune et très cher ami Carco,<br />

son dévoué, M. Donnay.''<br />

Témoin et acteur du célèbre cabaret, Maurice Donnay y fit des débuts de poète, chansonnier<br />

et dramaturge avant d'entrer en 1907 à l'Académie française. C'est donc l'académicien<br />

Donnay qui se souviendra de ce lieu mythique et des personnages qui l'animèrent<br />

: son fondateur Rodolphe Salis, Verlaine « vieux et chauve » qui appelait les symbolistes<br />

des « cymbalistes » pour le bruit qu'ils faisaient, et le créateur du théâtre<br />

d'ombres, Henri Rivière, où Donnay fit jouer ses premiers drames. Le poème manuscrit<br />

joint à cet exemplaire est celui qui commença de faire connaître l'auteur. Un jour que le<br />

cabaret recevait quelques critiques célèbres, Salis insista pour que Donnay se produise<br />

devant ce beau monde : « (…) il m'entraîna de la salle François-Villon dans la salle<br />

des Gardes, me poussa devant lui dans l'escalier d'honneur et de l'escalier d'honneur<br />

dans la salle des fêtes. Alors je récitai Quatorze juillet, A ta gorge et, le lendemain,<br />

mon nom était dans les journaux. »<br />

Carco, familier de Montmartre ne participa jamais à l'aventure du Chat Noir qui ferma<br />

ses portes lorsqu'il avait quatorze ans, mais La Bohème et mon coeur dit assez de quel<br />

côté penchait le sien, et on ne peut rêver dédicataire plus adéquat.<br />

71 Charles De Gaulle. La France et son armée. Paris, Plon, 1938. In-12 broché de<br />

277 pp., sous étui-chemise plein papier gris-perle.<br />

600 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Signature autographe de l’auteur, daté du 17 mai 1953.<br />

Tirage original de 1938, la seule édition à posséder la dédicace au Maréchal Pétain, qui<br />

disparaîtra évidemment des rééditions suivante, des clandestines de Beyrouth et Londres<br />

(1943) à celles, officielles, rééditées chez Plon à partir de juillet 1944. Au verso du dernier<br />

feuillet imprimé, <strong>catalogue</strong> publicitaire de l’éditeur, qui annonce le titre à paraître du<br />

Colonel Charles de Gaulle. La promotion ne tardera pas...<br />

Très rare dans ce tirage de 1938. Fausse mention de mille à la couverture, bel exemplaire.


74<br />

75<br />

76<br />

73<br />

77<br />

73 Charles De Gaulle. Mémoires de guerre. L’appel. L’Unité. Le Salut. Paris, Plon,<br />

1954, 1956 & 1959. 3 vol. in-8, brochés.<br />

1800 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des cinquante exemplaires hors-commerce sur vélin Aussedat<br />

(troisième papier après 69 sur Hollande et les ex. sur pur-fil).<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ à monsieur Henri Mainguet,<br />

avec le témoignage de ma haute considération,<br />

C. de Gaulle, 11.11.54 “.<br />

Précieux exemplaire offert par De Gaulle à Henri Mainguet, directeur des éditions<br />

Plon, chez qui De Gaulle avait, à partir de 1938, fait éditer toutes ses oeuvres. Il restera<br />

fidèle à cette maison d’édition toute sa vie. Remarquons la date de l’envoi, à peine un<br />

mois après que livre soit imprimé (5 octobre 1954), dans un jour éminemment stratégique<br />

: 11 novembre. Un 18 <strong>juin</strong> eût été encore plus remarquable !<br />

Bel exemplaire broché, tel que paru, de belle provenance.<br />

74 Albert Dubout. Les Gens du siècle. Paris, Gallimard, 1937. In-8 carré, broché.<br />

200 €<br />

EDITION ORIGINALE (pas de grands papiers), exemplaire imprimé du service de presse.<br />

Exemplaire signé par Dubout au faux-titre.<br />

Second recueil de dessins publiés par Dubout, quelques mois après après le Du bout de<br />

la lorgnette de Dubout, préfacé par Soupault et paru quelques semaines plus tôt.<br />

Petits manques de papiers au dos. Rare.<br />

l’exemplaire de Dubout, reliure illustrée par ses soins à l’encre et à la plume<br />

75 [Albert Dubout]. François Villon. Oeuvres. Paris, Gibert, 1934. Pet. in-4 de 141<br />

pp., plein vélin moderne, dos lisse, couv. et dos cons.<br />

2000 €<br />

Tirage unique numéroté à 3000 exemplaires, celui-signé par Dubout à la justification.<br />

Précieux exemplaire comportant, monté en tête, un dessin original à l’encre de chine, utilisé<br />

pour l’illustration de l’ouvrage (p. 144).<br />

L’exemplaire, anciennement celui d’Albert Dubout [certificat joint], a été relié en vélin<br />

moderne pour ce dernier, qui a illustré à l’encre et à la plume le dos de l’ouvrage.<br />

C’est le seul exemplaire connu d’une reliure directement illustrée par Albert Dubout.<br />

Parfait état.<br />

76 [Albert Dubout]. Raymond Hesse. De Phrynée à Abelard. [Paris, A l’emblème<br />

du secrétaire, 1936]. Suite des six dessins censurés, non diffusés.<br />

450 €<br />

Seuls quelques exemplaires hors-commerce (une vingtaine) possédaient cette suite de six<br />

dessins supplémentaires, censurés et non diffusés dans le tirage de l’édition (soit 500<br />

exemplaires).<br />

Très rare ; parfait état.<br />

77 Albert Dubout. [Pagnol - La Gloire de mon père]. Dessin original signé. S.l.n.d.<br />

(Paris, 1958). encadré.<br />

1700 €<br />

Très beau dessin original pour l’illustration de La Gloire de mon père (repris dans<br />

l’édition en volume).<br />

Au verso du dessin, jolie composition préparatoire au crayon, représentant l’oncle et la<br />

tante de Pagnol, comme ils apparaîtront dans l’édition illustrée. Cachet de l’atelier<br />

Dubout.


78<br />

79<br />

80<br />

81<br />

83<br />

84<br />

78 Albert Dubout. [Pagnol - Le Temps des secrets]. Dessin original signé. S.l.n.d.<br />

(Paris, 1958).<br />

1700 €<br />

Très beau dessin original pour l’illustration du troisième volume de la trilogie de Pagnol.<br />

Le dessin sera repris tel quel dans l’édition dans l’édition en volume.<br />

79 Albert Dubout. Fernandel. Portrait à l’encre de chine et crayon, 190 x 165 mm.,<br />

s.d. [circa 1945].<br />

900 €<br />

Beau dessin préparatoire à l’encre de chine pour l’affiche à venir du film de Marcel<br />

Pagnol, Naïs. Le dessin retenu sera légèrement différent (cf. <strong>n°</strong> suivant).<br />

Adaptant un récit peu connu d'Emile Zola, Pagnol rejoint ici l'inspiration de ses<br />

œuvres d'avant-guerre, notamment Angèle, dans lequel il révélait en 1934 une sensibilité<br />

méconnue dans Angèle, où Fernandel interprète Saturnin, un nigaud au grand<br />

coeur. L'acteur a l'occasion ensuite de confirmer son talent à plusieurs reprises avec le<br />

même Pagnol : Regain (cf. <strong>n°</strong> 125 ) et Le Schpountz (en 1937).),La Fille du puisatier<br />

(1940), puis cet émouvant Bossu pour Naïs (1945).<br />

79 bis Albert Dubout. [Fernandel]. Naïs. Affiche originale du film, d’après un dessin<br />

de Dubout. S.l.n.d. [Paris, Imprimerie de la Cinématographie française, avril<br />

1945]. 78 x 38 cm, sous cadre.<br />

450 €<br />

Très bel état de la célèbre affiche, couleurs bien nettes et prononcées ; discrète marque de<br />

pliure centrale, anciennement encollée.<br />

80 Albert Dubout. Recueil de cinq gravures à l’eau-forte.<br />

1 200 €<br />

Suite des cinq seules gravures d’Albert Dubout qu’il ait jamais composées. Elles n’ont<br />

jamais été éditées et furent composées séparemment, à divers moments de la vie de<br />

Dubout, entre 1935 et 1970.<br />

Tirage unique à 30 exemplaires pour chaque, toutes numérotées au crayon. Les plaques<br />

ont été détruites après le tirage. La série comprend un autoportrait ; une femme nue se<br />

masturbant ; un portrait [en épreuve d’essai] ; un torero ; trois personnages. Splendides<br />

réalisations d’une facette méconnue de l’artiste.<br />

Parfait état. Très très rare.<br />

81 Albert Dubout. [Torro y torero]. Dessin original, encre de chine, aquarelle et<br />

feutre, <strong>15</strong>5 x 125 mm, signé à l’encre et daté au crayon. [1925].<br />

1 200 €<br />

Splendide dessin en couleurs des premières années de Dubout illustrateur, à l’époque de<br />

ses productions de peintre, entre 1924 et 1928. Superbe composition à l’encre noire, aquarelle<br />

(vert, rouge et fonds) et rehauts d’argent pour le costume du torero.<br />

82 [Albert Dubout]. René Lesage. Le Diable boîteux. Monte-Carlo, Editions du<br />

Livre, 1945. In-4, broché, sous étui-chemise éditeur.<br />

300 €<br />

Un des exemplaires sur vélin, celui-ci signé par Dubout. Parfait état.<br />

83-84 Albert Dubout. La Muse Libertine. Paris, Editions du Valois, 1957. In-4,<br />

broché, sous étui-chemise éditeur.<br />

430 €<br />

Un des quelques exemplaires d’auteur, justifié AD par Dubout, avec une suite en noir<br />

des illustrations (réservée aux 500 exemplaires numérotés et aux exemplaires de tête avec<br />

épreuve).<br />

Idem ; exemplaire du tirage normal sans la suite en noir. Signé par Albert Dubout en tête.<br />

230 €


86<br />

85<br />

85 Albert Dubout. Alexandre Dumas. Les Trois mousquetaires. Paris, André<br />

Sauret, 1968. 3 vol. pet. in-4, reliure éditeur chagrin rouge, dos à nerfs ornés, têtes<br />

dorées, coffret éditeur.<br />

1 800 €<br />

Un des quelques exemplaires d’auteur, justifié AD par Dubout, parmi les 200 exemplaires<br />

de tête sur vélin.<br />

Il est joint le dessin original de l’illustration en couleurs de la page 59 du tome 1.<br />

Un des plus belles réalisations de Dubout.<br />

Bel ensemble ; dessin en parfait état, aux couleurs très fraîches.<br />

86 [Marcel Duchamp]. Arturo Schwarz. La mariée mise à nu chez Marcel<br />

Duchamp même. Paris, Georges Fall, 1974. In-4 de 290 pp. sous cartonnage éditeur<br />

illustré par la photographie.<br />

230 €<br />

EDITION ORIGINALE de la traduction française (pas de grands papiers).<br />

Belle iconographie de 40 planches h.-texte et 136 illustrations.<br />

Bel exemplaire ; livre rare, fragile et recherché.<br />

87 Marguerite Duras. Abahn, Sabana, David. Paris, Gallimard, 1970. In-12, broché<br />

de 149 pp.<br />

800 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 65 exemplaires de tête sur vélin pur-fil (<strong>n°</strong> 3, seul grand papier).<br />

En attendant l'aube où leur destin va se jouer Abahn, Sabana et David se livrent à un<br />

huis-clos pathétique. Voici un des livres les plus méconnus de l'auteur sur la Shoa. Un<br />

sujet qui la touche particulièrement : n'a-t-elle pas été l'épouse de Robert Antelme qui<br />

fut interné à Dachau ? Duras pose ici la question : peut-on écrire et créer après<br />

Auschwitz ?<br />

Très bel exemplaire, parfait état.<br />

88 Marguerite Duras. L’Amant. Paris, Les Editions de Minuit, 1984. In-12 de<br />

142 pp., broché.<br />

7000 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 99 exemplaires de tête sur vélin pur-fil (<strong>n°</strong> 30, seul grand papier).<br />

“ Un jour, j'étais âgée déjà, dans le hall d'un lieu public, un homme est venu vers moi.<br />

Il s'est fait connaître et il m'a dit : "Je vous connais depuis toujours. Tout le monde<br />

dit que vous étiez belle lorsque vous étiez jeune, je suis venu vous dire que pour moi<br />

je vous trouve plus belle maintenant que lorsque vous étiez jeune, j'aime moins votre<br />

visage de jeune femme que celui que vous avez maintenant, dévasté."<br />

Ainsi commence l'Amant, le roman qui valut, en 1984, à Marguerite Duras le<br />

Goncourt, un tirage de près de trois millions d'exemplaires, des traductions dans une<br />

quarantaine de langues et un énorme succès mondial, amplifié par le film qu'allait en<br />

tirer Jean-Jacques Annaud. Etonnant visage, en effet, que celui de cette femme, et<br />

étonnant parcours que le sien, de la grâce sensuelle et troublante d'une jeune fille de<br />

l'entre-deux-guerres à la moue goguenarde du monstre sacré contemporain, les yeux<br />

provocants toujours grands ouverts derrière ses grosses lunettes.<br />

Descendre le grand fleuve puissant et lent du Mékong, suivre les méandres de son<br />

delta dans la moiteur des rizières, tels sont les périples de Duras encore enfant,<br />

voyages qui sont ici autant de décors au roman. En écrivant ce livre, elle remontait à<br />

ses sources, à sa jeunesse asiatique, à une histoire dont elle refusera toujours de départager<br />

la vérité de la fiction : vers 1930, sur un bac traversant un bras du fleuve, un<br />

Chinois richissime aborde une petite Blanche. Conseiller, comme il arrive à certains,<br />

de lire L'Amant à haute voix est le meilleur que l'on puisse faire. La voix off du film<br />

de Jean-Jacques Annaud ne fait pas autre chose. On entre ainsi plus avant dans le<br />

rythme intime de cette prose unique qui valut à Duras une renommée mondiale.<br />

Parfait état. Très rare en tirage de tête.


90<br />

93<br />

91<br />

90 Bret Easton Ellis. Moins que zéro. Paris, Christian Bourgois, 1986. In-8 étroit<br />

de 234 pp. et 2 ff., broché.<br />

240 €<br />

EDITION ORIGINALE de la traduction française par Brice Matthieussent.<br />

Exemplaire signé au faux-titre par Ellis.<br />

Roman yuppie et décadentiste, l’auteur peint, en un style minimaliste le cauchemar américain,<br />

au travers de Clay, incarnation désenchantée de cette lost generation. Avec pour<br />

lointain parangon Holden - personnage principal de l'Attrape-coeur - portraits de deux<br />

(anti) héros en proie, en plus d'une grave crise identitaire, au plus profond mal-être.<br />

Plongée dans les abîmes de la vacuité, immersion dans les abysses de la vanité, en un portrait<br />

tout aussi violent, saignant, que nihiliste du mode de vie de la upper-class californienne.<br />

91 Paul Eluard. Les Animaux et leurs hommes. Paris, Au Sans pareil, 1920. In-8<br />

de 43 pp. et 2 ff. ; revorim (Rel. signée Jean de Gonet, 1992).<br />

2200 €<br />

EDITION ORIGINALE imprimée à 575 exemplaires, celui-ci un des 500 sur alfa ( <strong>n°</strong> 303),<br />

offerte :<br />

“ à Guillermo de Torre, bien cordialement,<br />

Paul Eluard “.<br />

Précieuse provenance européano-dadaïste : Guillermo de Torre fonde en effet en 1918<br />

l’Ultraïsme, au confluent de mouvements d'avant-garde décrits dans la publication Un<br />

manifiesto literario, manifeste dans lequel les signataires expriment leur désir de<br />

rompre avec les normes esthétiques jusqu’alors en vigueur, et que le mouvement se propose<br />

de dépasser. Fortement influencé par le Cubisme français (Apollinaire, Reverdy),<br />

par le Créationnisme poétique du chilien Vicente Huidobro, mais aussi par le<br />

Futurisme italien de F. T. Marinetti et bien sûr par Dada, l’Ultraïsme est l’émanation<br />

espagnole d’idées esthétiques éparses cultivées dans les pays européens périphériques.<br />

Dans les années 1920-1923, plusieurs revues, souvent éphémères, propagent l'Ultraïsme<br />

en Espagne (Grecia, Cervantès, Ultra) ou en Argentine (Proa, Prisma, Martín Fierro<br />

; son influence fut décisive ; la "génération de 1927" (F. García Lorca, G. Diego, P.<br />

Salinas...) y trouve, en partie, ses racines ; J. L. Borges y fut associé.<br />

Guillermo de Torre, fervent admirateur de Max Jacob, donnera en 1924 la version<br />

espagnole du Cornet à dés (sous le titre El Cubilete de Dados).<br />

Pierre Bérès présentait dans son imposant <strong>catalogue</strong> Vingtième siècle un exemplaire<br />

du même ouvrage et même provenance (<strong>n°</strong> 473 du <strong>catalogue</strong>) ; cet exemplaire avait ensuite<br />

été offert par de Torre à son épouse [envoi autographe signé], puis à son fils, Miguel<br />

de Torre [ex-libris]. Il est vraisemblable que Guillermo de Torre ait demandé à Eluard<br />

un second exemplaire, qu’il garda cette fois pour lui seul !<br />

Très bel exemplaire, avec l’ex-libris manuscrit de Guillermo de Torre sur la couverture ; belle reliure revorim<br />

de Jean de Gonet.<br />

93 Paul Eluard. Mourir de ne pas mourir. Paris, Gallimard, Une oeuvre, un portrait,<br />

1926. In-12 de 60 pp., broché.<br />

400 €<br />

EDITION ORIGINALE imprimée à 535 exemplaires.<br />

Portrait en frontispice par Max Ernst.<br />

Splendide et émouvant recueil de poésies, marqué d'un désespoir non feint, ne serait-ce<br />

dès la dédicace à André Breton, où l'auteur annonce qu'il s'agit là de son « dernier livre<br />

» : la veille du 25 mars 1924, date de l'achevé d'imprimer de ce livre, Eluard a pris le<br />

train pour Nice avec l'intention de quitter le continent pour des destinations lointaines.<br />

Sa femme Gala, dont la liaison avec Max Ernst n'est pas étrangère à cette décision, n'est<br />

au courant de rien, et encore moins ses amis surréalistes. Seul Eugène Grindel, son père,<br />

a reçu le jour même du départ un pneumatique :<br />

« J'en ai assez. Je pars en voyage. Je te laisse toutes les affaires que tu avais entreprises<br />

(...) Ne lance pas la police, ni publique, ni privée à mes trousses. Le premier qui se fourre<br />

dans mes pattes, je le mets hors d'état de nuire...».


95<br />

96<br />

97<br />

Trois semaines plus tard, Eluard s'embarquait sur l'Antinous, en partance pour Pointeà-Pitre.<br />

Le recueil orphelin paraît, les comptes-rendus sont élogieux et Jean Bernier,<br />

dans la revue Clarté, n'hésite pas à inscrire Eluard dans la lignée de Rimbaud. «<br />

Qu'Eluard revienne ou ne revienne pas écrit-il, (...) il nous laisse un livre inépuisable ».<br />

Le critique ne sait pas encore l'issue de l'escapade moins rimbaldienne qu'il n'y paraît.<br />

Très vite, la colère retombée, Eluard a informé Gala et Ernst de son itinéraire ; ils le<br />

rejoindront à Saigon et le trio terminera ensemble ce tour du monde improvisé.<br />

94 Paul Eluard - Joë Bousquet. Chantiers. Carcassonne, <strong>n°</strong> 6, deuxième année,<br />

s.d. (1929). Pet in-4 agrafé de 35 pp. + <strong>catalogue</strong> publicitaire.<br />

100 €<br />

EDITION ORIGINALE du <strong>n°</strong> 6 de cette fameuse revue animée par Joë Bousquet et Claude<br />

Estève ; elle fusionnera l'année suivante avec celle des Cahiers du Sud. Un inédit<br />

d'Eluard ouvre le numéro ; on trouve également des texte de Fernand Alquié, André de<br />

Richaud...<br />

Bon état. Peu courant. La revue, au total, comptera 9 numéros, parus entre 1928 et 1930.<br />

95 Paul Eluard. Comme deux gouttes d’eau. Paris, Editions surréalistes, chez José<br />

Corti, s.d. (1933). In-12 carré, agr.<br />

400 €<br />

EDITION ORIGINALE. Envoi signé :<br />

" exemplaire de Marcel Fautrad, Paul Eluard ".<br />

Les poèmes de cette plaquette ont été composés durant l'été 1932. Telle des confidences,<br />

chacuns d'eux évoquent un souvenir précis auquel le poète dit adieu : le temps du sanatorium<br />

à Clavadel où il rencontre une jeune fille russe, la future Gala : « On a brisé le<br />

globe alpestre / Où le couple érotique semblait rêver », « Sourires dessinés par des<br />

caresses / Douleurs déchirées par des caresses ». Puis l'époque douloureuse, la fuite,<br />

Eluard s'embarquant pour un tour du monde (cf. <strong>n°</strong> précédent ) vagabond et stérile : «<br />

De tout ce que j'ai dit de moi que reste-t-il / J'ai conservé de faux trésors dans des<br />

armoires vides / Un navire inutile joint à mon enfance à mon ennui / Un départ à mes<br />

chimères », « Oui j'ai tout espéré / Et j'ai désespéré de tout »…<br />

Ces textes seront repris en 1934 dans La Rose publique ; Nusch est alors entrée dans<br />

la vie d'Eluard, « Tout est nouveau, tout est futur » écrira-t-il l'année suivante dans<br />

Facile.<br />

Bel exemplaire.<br />

96 Paul Eluard. Pneumatique autographe signé, à Marcel Herrand. Paris, 54 rue<br />

Legendre, 2 octobre 1937. 1 f. in-8 oblong.<br />

300 €<br />

“ mon cher Herrand, je vous ai téléphoné cet après-midi. Je m’excuse de n’avoir<br />

pas réussi à vous téléphoner avant. J’étais malade et puis cette conférence est une<br />

fatigue de plus. Hugnet doit vous téléphoner. Je voudrais bien que vous puissiez<br />

lire un poème de lui. Fraysse qui est là me dit que vous êtes souffrant. J’espère<br />

que cela ne sera rien. Croyez-moi très amicalement. Vôtre Paul Eluard “.<br />

Venu du théâtre où il dirigeait avec Jean Marchat le « Rideau de Paris », Marcel<br />

Herrand se confond dans notre mémoire avec le rôle de Lacenaire, le dandy assassin du<br />

Boulevard du Crime qu'il incarna avec talent dans Les Enfants du paradis. On le spécialisa<br />

dans les rôles de "méchant" : Fantômas, Don Salluste, le policier Corentin<br />

(des Chouans) ; il incarnera, pour son dernier personnage à l'écran, Louis XV dans<br />

Fanfan la Tulipe. Il noua de nombreuses vraies et grandes amitiés, notamment avec<br />

Paul Eluard et Jean Cocteau.<br />

97 [René Magritte]. Paul Eluard. Moralité du sommeil. Dessins de René<br />

Magritte. S.l. (Anvers), L’Aiguille Aimantée, sans date [1941]. In-12 non paginé,<br />

agrafé.<br />

750 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Envoi autographe :


100<br />

98<br />

99<br />

“ à Marcel Herrand / son admirateur et ami / Paul Eluard “.<br />

Après neuf mois de captivité, Marcel Marien est en 1941 libéré à Anvers, puis gagne<br />

Bruxelles où il rejoint Magritte, Nougé, Scutenaire, Ubac et rencontre Christian<br />

Dotremont. Il fonde alors les éditions "L'Aiguille aimantée" (nom donné par Nougé)<br />

qui publie notamment en à peine quelques semaines Moralité du sommeil, avec trois<br />

dessins de Magritte.<br />

Ce dernier avait déjà signé quatre ans auparavant " Du Temps que les Surréalistes<br />

avaient raison ", à la suite duquel Paul Eluard avait signé un poème intitulé René<br />

Magritte, qui sera publié dans Les Cahiers d'art.<br />

Rare avec envoi sur cette plaquette parue en pleine guerre, Eluard rentrant quelques mois plus tard dans la<br />

clandestinité.<br />

98 Paul Eluard. [Louis Aragon - Robert Desnos - Edith Thomas]. Chants des<br />

francs-tireurs. S.l.n.d.n.é. [Edité par l’Union des Femmes Françaises, 1944].<br />

Plaquette in-16, format carré de 16 pp., en feuilles.<br />

400 €<br />

Recueil clandestin de poèmes inédits pour la plupart, composé de La Chanson des<br />

francs-tireurs, de la Ballade de celui qui chanta dans les suplices (Louis Aragon)<br />

; Ce coeur qui haïsait la guerre (Robert Desnos) ; Lève-toi et marche, un poème<br />

(Edith Thomas) ; Bêtes et méchants, Les Armes de la douleur, (Paul Eluard) ;<br />

Prélude à la Diane française (Louis Aragon).<br />

Rare. Non répertoriée dans L’Intelligence en guerre.<br />

99 Paul Eluard. Les Armes de la douleur. Comité National des écrivains, 1944.<br />

Plaquette in-16, agrafée.<br />

200 €<br />

ÉDITION ORIGINALE.<br />

L’intelligence en guerre, <strong>n°</strong> 718.<br />

100 Paul Eluard. Le Phénix. Paris, G.L.M., 1951. Petit in-4 de 65 pp., broché.<br />

1000 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des exemplaires numérotés sur vélin blanc.<br />

Envoi signé de l’artiste :<br />

“ cher Henri (Sauguet), voici votre livre,<br />

avec la joie, toujours renaissante<br />

elle aussi, d’entendre vos oeuvres ;<br />

avec l’affection de Valentine“.<br />

Il est joint une épreuve originale sur vélin d’Arches tirée et justifée à 10 exemplaires et<br />

signée par Paul Eluard, de l’illustration du poème “Printemps” (page 37), avec épreuve<br />

sur vergé du poème sur feuillet volant.<br />

Au congrès international de la paix à Mexico, quatre ans après la mort de Nusch, Paul<br />

Eluard fait la connaissance de sa dernière muse, Dominique Laure, de 19 ans sa cadette.<br />

Sitôt rentré, le <strong>15</strong> <strong>juin</strong> 1951 il l’épouse en présence de Picasso et de Roland Penrose.<br />

Alors qu'il travaille à sa Première anthologie de la poésie du passé, Eluard compose<br />

ces poèmes, à la lumière de ce nouvel amour : “ Sans toi je ne suis rien qu'une étendue<br />

déserte entre autrefois et aujourd'hui “.<br />

Valentine Hugo, qui illustre le recueil de 18 dessins, fut présentée à Henri Sauguet<br />

dans les années vingt quand ce jeune compositeur arriva à Paris et se lia avec le Groupe<br />

des Six. Elle créa avec son mari Jean Hugo certains des costumes des Ballets russes et<br />

des Ballets montés par le comte de Beaumont, dont le fameux Roméo et Juliette écrit<br />

par Cocteau.<br />

Un des plus beaux recueils de Paul Eluard. Bel exemplaire.


103<br />

101<br />

102<br />

101 Paul Eluard. Lettres à Gala. Paris, Gallimard, 1984. In-8 de 520 pp., broché.<br />

600 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 57 exemplaires sur vergé de Hollande (tirage de tête).<br />

Ces lettres ont été retrouvées par Cécile Eluard, la fille du poète et de sa première femme,<br />

Gala. Si celle-ci est restée célèbre comme compagne et muse de Dalì, on n'oublie souvent<br />

qu'elle fut d'abord le grand amour d'Eluard auquel elle devra ce surnom magique et<br />

royal. Les futurs amants se rencontrèrent en décembre 1912, envoyés, l'un de France,<br />

l'autre de Russie au sanatorium de Clavadel en Suisse. Ils ont dix-sept ans et s'appellent<br />

encore Paul-Eugène Grindel et Helena Dmitrievna Diakonova. La longue histoire<br />

qui les unira, au-delà des quelques années de leur mariage, dévoile dans cette correspondance<br />

son sens et sa portée. Elle s'échelonne de 1924 à 1948, soit quatre ans avant la mort<br />

d'Eluard et retrace autant leur relation que l'aventure artistique et littéraire de leur<br />

époque, il suffit pour s'en convaincre de consulter l'impressionnant index nominum de<br />

l'ouvrage.<br />

Parfait état.<br />

102 Max Ernst. Sept microbes vus à travers un tempérament. Paris, Edition des<br />

Cercles d'Art, 1953. In-12 broché, couv. cartonnée avec une ill. en couleurs de Max<br />

Ernst.<br />

700 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 1000 ex. num. sur Marais.<br />

Premier plat illustré d’une vignette contrecollée ; nombreuses compositions originales de<br />

Max Ernst pareillement reproduites dans le texte.<br />

Très discrète pliure au dos. Excellent état sinon.<br />

103 Georges Feydeau. La Dame de chez Maxim. Paris, <strong>Librairie</strong> Théâtrale<br />

Artistique & littéraire, 1914. Fort in-8 de 382 pp., broché.<br />

950 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 13 exemplaires sur Japon (après 1 exemplaire d’auteur sur<br />

Chine).<br />

Représentée pour la première fois le 17 janvier 1899 au Théâtre des Nouveautés, le<br />

succès et l’avenir de cette pièce lui confèrent une place centrale dans l’oeuvre de Feydeau.<br />

Le motif est simple au possible : entraîné par un ami, un homme peu habitué à l’alcool<br />

passe sa nuit à boire, se préparant un lendemain douloureux où il devra résoudre les problèmes<br />

qu’il s’est lui-même crée. La réception par la critique de l’époque fut élogieuse<br />

d’un bout àl’autre : Catulle-Mendès, qui systématiquement déplorait les farces où il<br />

jugeait que l’auteur gâchait son talent, baisse les armes : “ Pas moyen d’avoir raison<br />

contre quelqu’un qui vous fait pouffer !”.<br />

Surdimensionnée en tout, vingt-neuf personnages en scène pendant trois heures, La<br />

Dame de chez Maxim’s regorge de procédés comiques si variés qu’ils constituent à eux<br />

seuls une somme. La consécration définitive viendra en 1981 avec l’inscription de la pièce<br />

au répertoire de la Comédie Française.<br />

Très rare en grand papier.<br />

104 Georges Feydeau. Mais n’te promène donc pas toute nue ! Paris, <strong>Librairie</strong><br />

Théâtrale Artistique & Littéraire, 1911. In-12 de 78 pp., broché.<br />

1000 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 13 exemplaires sur Japon (après 1 exemplaire d’auteur sur<br />

Chine).<br />

Georges Feydeau n’hésitait pas à écrire les dernières répliques de ses pièces au beau<br />

milieu des répétitions ; on montait donc souvent une oeuvre en cours. C’est ainsi qu’en<br />

septembre 1910, toute la troupe du Théâtre des Nouveautés attendit en vain que l’auteur<br />

mette un point final à son vaudeville : Cent millions qui tombent. Mais celui-ci<br />

commença par abandonner son oeuvre rétive pour composer une farce conjugale en un<br />

acte : Mais n’te promène doc pas toute nue !. Créée le 25 novembre 1911 au Théâtre<br />

Fémina, la pièce connaîtra un véritable triomphe. Dans Coemedia, Léon Blum se montrait<br />

stupéfait par “la quantité d’effets de dialogue” que l’auteur pouvait tirer d’une que-


106<br />

105<br />

relle conjugale et du “nombre d’effets de situation que [pouvait] lui fournir une femme<br />

qui se promène dans un appartement vêtue d’une chemise de nuit et d’un chapeau”. Cette<br />

satire des moeurs parlementaires de la IIIème République (la carrière d’un député mise en<br />

péril par le comportement de son épouse) entrera au répertoire de la Comédie Française<br />

le 29 Aavril 1971. Encore une consécration...<br />

105 Georges Feydeau. La Main passe. Pièce en quatre actes. Avec la mise en scène<br />

complète et conforme à la représentation. Paris, <strong>Librairie</strong> Théâtrale, 1907. In-8,<br />

broché.<br />

950 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 12 exemplaires numérotés sur Japon (après 1 exemplaire<br />

d’auteur sur Chine).<br />

Pièce représentée pour la première fois le 1 er mars 1904 au Théâtre des Nouveautés.<br />

Tout en s’inscrivant dans la lignée des grands vaudevilles comme Le Dindon ou La<br />

Dame de chez Maxim, cette pièce se distingue par la présence d’un quatrième acte et<br />

par une place plus grande donnée à la comédie de moeurs, à l’observation psychologique<br />

et aux éléments humains plutôt qu’aux artifices de la dramaturgie.<br />

Précurseur des comédies courtes et cinglantes de la fin de la vie de l’auteur, La Main<br />

Passe est sans doute la pièce où il se rapproche le plus de son contemporain Tchekhov,<br />

à la fois dans la forme - cette forme un peu hybride en quatre actes - et dans le fond - ce<br />

regard impitoyable mais amusé sur les faiblesses humaines.<br />

106 Sigmund Freud. Totem et Tabou. Interprétation par la psychanalyse de la vie<br />

sociale des peuples primitifs. Paris, Payot, 1925. In-8 broché de 221 pp.<br />

120 €<br />

Sur fond d'inceste et de parricide, Freud tente d'étayer une « hypothèse » (c'est ainsi<br />

qu'il la définira rétrospectivement), partant du postulat que la Culture ne peut voir le<br />

jour que sous les auspices du meurtre et de l'inceste. Illustrant alors son propos par la<br />

représentation d'une scène primitive, originelle, voyant le père tout puissant dévoré par<br />

ses propres fils (et peu après rongés par la culpabilité). Ainsi, Freud entend étendre ses<br />

concepts psychanalytiques à l'aune de l'Humanité toute entière. Ce texte est d'ailleurs<br />

l'un des rares de l’auteur à considérer le collectif. Empruntant à l'anthropologie, à la linguistique<br />

et à l'observation clinique, on peut, a posteriori, considérer cette œuvre comme<br />

fondatrice de l'ethnopsychiatrie ; œuvre au cœur de laquelle s'affronte et s'oppose normalité<br />

et pathologie, individualisme et collectivisme, mythes et fantasmes, attraction et<br />

répulsion. Majeur.<br />

107 Sigmund Freud. Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci. Paris, <strong>Librairie</strong><br />

Gallimard, 1927. In-12, broché.<br />

600 €<br />

EDITION ORIGINALE de la traduction française. Un des 60 exemplaires sur pur-fil (seul<br />

grand papier).<br />

Premier titre traduit par Marie Bonaparte.<br />

Un des textes dont Freud était le plus fier. Cet essai se propose d'élucider quelques unes<br />

des énigmes de la vie et de l'oeuvre du grand créateur (dont le fameux sourire de La<br />

Joconde) et constitue une sorte de prototype de ce qui deviendra au fil des ans la psychobiographie.<br />

Malheureusement, Meyer Shapiro sonna le glas des élaborations de Freud<br />

dans un texte paru au cours des années cinquante dans lequel il relève un certain nombre<br />

d'erreurs fondamentales dans les données utilisées par Freud.<br />

Néanmoins, le texte demeure fondamental pour qui s'intéresse à la question de la sublimation<br />

et de la créativité ; y apparaît aussi pour la première fois le concept de narcissisme<br />

qui sera l'un des principaux leviers précipitant la grande révision théorique des<br />

années vingt.<br />

Dos passé comme toujours pour les titres de cette collection sous la fragile couverture bleue.<br />

108 Serge Gainsbourg. Au pays des malices. Paris, Le Temps Singulier, 1980. In-<br />

12 de 336 pp. et 6 ff., broché.<br />

280 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Envoi autographe signé.


111<br />

112<br />

113<br />

114<br />

111 Federico Garcia Lorca. Ode à Salvador Dalì. Paris, G.L.M., 1938. In-8, broché.<br />

400 €<br />

EDITION ORIGINALE de la traduction française (avec texte espagnol en regard), imprimée<br />

à 5<strong>15</strong> exemplaires.<br />

Ce poème chante bien sûr la peinture de Salvador Dalì. «En prenant ta palette, dont<br />

l'aile est trouée d'un coup de feu, tu demandes la lumière qui anime la coupe renversée<br />

de l'olivier », mais aussi l'amitié qui unissait les deux hommes, « Mais avant tout je<br />

chante une pensée commune qui nous unit aux heures obscures et dorées. L'art, sa lumière<br />

ne gâche pas nos yeux. C'est l'amour, l'amitié, l'escrime qui nous aveuglent ».<br />

Ce que rappelle l'émouvante photographie de 1927 placée en frontispice. « Je ne loue pas<br />

ton imparfait pinceau adolescent » : Dalì, dont la technique a toujours été reconnue,<br />

tiqua-t-il sur la première partie de ce vers ? Le cas échéant, on peut penser que la suite le<br />

rassura : « mais je chante la parfaite direction de tes flèches ». Ce texte est présenté en<br />

version bilingue, celle en français ayant été établie par Paul Eluard et Louis Parrot.<br />

En dépit d'un tirage à 5<strong>15</strong> exemplaires, cette plaquette se rencontre rarement.<br />

Bel exemplaire, parfait état.<br />

112 [Herman, ill. par]. Federico Garcia Lorca. Poèmes sur la nature. Paris, chez<br />

l’auteur, Herman, 1965. In-8 à l'italienne, en feuilles, sous emboitage et chemise plein<br />

veau souple.<br />

600 €<br />

ÉDITION ORIGINALE COLLECTIVE et première édition illustrée.<br />

Tirage limité à 220 exemplaires, celui-ci <strong>n°</strong> 3 sur vélin pur fil Arches (second papier).<br />

Texte en francais et espagnol ; le recueil comprend notamment Este es el prologo, Idilio,<br />

ritmo de otono... Il est illustré de 7 belles eaux-fortes originales de Herman, à toutes<br />

marges, sous serpente.<br />

Parfait état.<br />

113 Romain Gary. Lady L. Paris, Gallimard, 1963. In-12, broché.<br />

230 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 80 exemplaires sur vélin pur-fil (après 20 ex. sur hollande).<br />

Romain Gary savait plusieurs langues : le russe, le français, l'anglais... C'est en<br />

anglais, alors qu'il était consul de France à Los Angeles, qu'il a écrit Lady L, inspiré par<br />

sa première femme anglaise. Rentré en France, en compagnie de sa nouvelle femme, Jean<br />

Seberg, Gary décide de faire traduire Lady L en vue d'une publication de la version<br />

française par la N.R.F.<br />

“ Votre Lady L., c'est très fort ! Au point que certains disent que "vous y allez fort".<br />

Quant à moi, j'y vois, porté par un magnifique talent, un prodige d'humour et de désinvolture.<br />

Quelle chance est la vôtre qu'il y ait les Anglais ! Mais, cette chance, comme<br />

vous la méritez ! “ C’est signé, fichtre, Charles de Gaulle ( in Lettres, notes et carnets).<br />

114 Romain Gary. La Promesse de l’aube. Paris, Gallimard, (1960). In-8 broché de<br />

374 pp.<br />

900 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 80 exemplaires sur vélin pur-fil Lafuma (après 20 ex. sur Hollande).<br />

"C'est fini. La plage de Big Sur est vide, et je demeure couché sur le sable, à l'endroit<br />

même où je suis tombé. La brume matinale adoucit les choses ; àl'horizon, pas un mât ;<br />

sur un rocher devant moi, des milliers d'oiseaux ; sur un autre, une famille de phoques :<br />

le père émerge inlassablement des flots, un poisson dans la gueule, luisant et dévoué."<br />

Un grand roman de Gary, dans un récit (presque) autobiographique d'une double promesse<br />

: celle faite par la vie au narrateur, avec l'immense amour maternel donné au seuil<br />

de l'existence, et celui du narrateur à sa mère, d'être à la hauteur de ses espoirs fous à son<br />

sujet.<br />

Bel exemplaire. Rare.


1<strong>15</strong><br />

116<br />

118<br />

1<strong>15</strong> Romain Gary. Vie et mort d’Emile Ajar. Paris, Gallimard, 1981. In-12 de 42<br />

pp., broché.<br />

500 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 20 exemplaires sur Hollande (tirage de tête).<br />

Dernier livre de Romain Gary, qui paraît posthume, ce livre-testament confesse, si<br />

besoin était, que Gary était aussi Ajar, pourquoi, et comment ; c’est aussi un essai sur<br />

la littérature et son devenir : “ j'ai donc pleinement conscience que ces pages paraîtront<br />

sans doute dérisoires au moment de leur publication, car, que je le veuille<br />

ou non, puisque je m'explique ici devant la postérité, je présume forcément que<br />

celle-ci accordera encore quelque importance à mes oeuvres et, parmi celles-ci,<br />

aux quatre romans que j'ai écrits sous le pseudonyme d'Emile Ajar".<br />

Bel exemplaire, parfait état neuf.<br />

116 André Gide. Les Nourritures terrestres. Paris, Mercure de France, 1897. In-12,<br />

demi-maroquin grenat à coins, plats de papier marbré serti d'un filet doré, dos à nerfs et<br />

caissons fleuronnés dorés avec fleurettes mosaïquées en vert, tête dorée, couv. et dos cons.<br />

(Maylander).<br />

1000 €<br />

EDITION ORIGINALE d'un des chef-d'oeuvres de Gide, sur papier ordinaire (il n'a été tiré<br />

que <strong>15</strong> exemplaires numérotés).<br />

Parce qu'il arrivait à contre-courant, ne relevait d'aucun genre et se passait ouvertement<br />

d'étiquette, ce livre découragea. Seuls à estimer ce lyrique « manuel d'éducation », Paul<br />

Valéry et un jeune homme, chroniqueur à L'Ermitage : Henri Ghéon.<br />

Mais dans le cercle des amis d'André Gide et jusqu'à sa famille, ces Nourritures par<br />

trop terrestres choquèrent ; dans la préface de la seconde édition, l'auteur médite cet<br />

accueil :<br />

« Quand ont paru mes Nourritures, on était en plein Symbolisme ; j'ai cru que l'art courait<br />

de grands risques à se séparer ainsi résolument du naturel et de la vie. » Plus loin<br />

encore, il reprend ceux qui n'y ont vu qu'une « glorification du désir et des instincts : «<br />

Pour moi, lorsque je le rouvre, c'est plus encore une apologie du dénuement, que j'y vois.<br />

» Que l'on se rappelle en effet des formules fameuses comme : "Nathanaël, je t'enseignerai<br />

la ferveur", ou bien: "Que l'importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée",<br />

ou encore: "Non point la sympathie, Nathanaël, -l' amour", et on s'apercevra que<br />

Gide met constamment l'accent sur la nécessité de l' effort personnel, sur le don total de<br />

soi. L' émerveillement panthéistique qui est exalté ici, ne va pas sans, ce dépouillement,<br />

sans cet abandon de tout confort matériel, moral ou intellectuel, qui rappellent les préceptes<br />

du Zarathoustra de Nietzsche.<br />

Enrichi du <strong>catalogue</strong> du Mercure, 4 pp. sur papier saumon (non signalé par Naville). Très bel exemplaire, malgré<br />

un dos légèrement passé. Exemplaire de choix.<br />

118 André Gide. Lettres à Angèle. Paris, Mercure de France, 1900. In-12, demimaroquin<br />

marron à petits coins, dos lisse orné de filets au palladium, couv. cons. (Rel.<br />

signée de Schlissinger).<br />

500 €<br />

EDITION ORIGINALE, imprimée à 300 exemplaires sur Hollande.<br />

Envoi signé :<br />

“ à Charles Lacoste, affectueusement, André Gide “.<br />

Né à Floirac en Gironde, ami d’enfance d’Odilon Redon, le peintre Charles Lacoste<br />

fréquente Francis Jammes au Grand Lycée de Bordeaux. Un télégramme signé à<br />

Florent Schmitt, compositeur lyrique, est relié en fin d’ouvrage : « viendrai causer avec<br />

vous demain matin, André Gide», daté d’Argelès, août 1909, sans doute adressé à<br />

Schmitt dans sa retraite pyrénéenne d'Artiguémy. Florent Schmitt composera, dix ans<br />

plus tard, la musique de scène d’Antoine et Cléopâtre de Shakespeare dans la traduction<br />

de Gide, avec Ida Rubinstein dans le rôle-titre. Personnalité riche aux facettes<br />

multiples, Florent Schmitt fut l'un des fondateurs, en 1909, de la Société musicale indépendante,<br />

avec Maurice Ravel et Gabriel Fauré.<br />

Quelques défauts aux couvertures, sinon bel exemplaire, non rogné.


119<br />

120<br />

121<br />

122<br />

119 André Gide. Les Caves du Vatican. Paris, N.R.F., 1914. 2 vol. in-8, brochés.<br />

1200 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 500 exemplaires de tête sur Arches, avec un portrait-frontispice<br />

de Laurens.<br />

L'un des livres les plus célèbres de Gide fut aussi l'un de ceux qui lui coûta le plus à écrire.<br />

Son projet remontait à 1893, des indications sur les personnages commencent à apparaître<br />

dans le Journal dès 1905 et Gide en commence la rédaction en 1911. Le travail<br />

avance difficilement comme l'atteste le brouillon extrêmement raturé. Enfin, le 24 <strong>juin</strong><br />

1913, l'auteur confie à son Journal : « Achever hier les Caves. Sans doute, il me restera<br />

beaucoup à reprendre encore après que je l'aurai donné à lire à Copeau et sur les<br />

épreuves. Curieux livre ; mais je commence à en avoir plein le dos et par-dessus la tête.<br />

Je ne me persuade pas encore qu'il est fini, et j'ai du mal à m'arrêter d'y songer. » En<br />

effet, après avoir rendu sa copie, il doit s'y atteler à nouveau. Copeau a lu. Lu et corrigé.<br />

Pendant l'été de 1914, Gide se plaint : « Mes heures les meilleures, je les emploie à<br />

mettre au point les passages des Caves dont Copeau ne s'est pas montré satisfait ; j'y ai<br />

beaucoup de mal et n'y parviens qu'avec un énervement sans nom. » Le résultat sera à<br />

la hauteur de l'effort fourni.<br />

Pour la trame de son récit, Gide était parti d'un fait divers sordide, une sombre histoire<br />

d'escroquerie qui en 1892 défraya un temps la chronique. A Lyon, des escrocs avaient fait<br />

croire à des gens trop crédules, et pour leur soutirer quelque argent, que le pape Léon<br />

XIII était retenu prisonnier par des cardinaux francs-maçons dans les caves du Vatican.<br />

De cette invraisemblable aventure, Gide avait gardé dans ses documents des articles de<br />

journaux et des affiches ; il ne lui restait qu'à écrire. On en a surtout retenu le fameux<br />

«acte gratuit» dont Gide a dû se défendre d'avoir voulu faire l'apologie: «Mais non, je<br />

ne crois pas, pas du tout, à un acte gratuit. Même, je tiens celui-ci pour parfaitement<br />

impossible à concevoir, à imaginer».<br />

Très bel exemplaire.<br />

120 André Gide. Le Prométhée mal enchaîné. Paris, Editions de la Nouvelle<br />

Revue Française, 1920. Petit in-4 non paginé, demi-percaline bleue, dos lisse, pièce de<br />

titre havane, titre doré, date en pied, couv. et dos cons. (Rel. signée Stroobants).<br />

300 €<br />

PREMIÈRE ÉDITION ILLUSTRÉE. Un des 750 exemplaires de tête sur vélin (<strong>n°</strong> 249).<br />

Trente compositions de Pierre Bonnard in et hors-texte.<br />

121 André Gide. La Tentative amoureuse ou le traité du Vain désir. Paris,<br />

Editions de la Nouvelle Revue française, 1921. Pet. in-4 de 40 pp., broché.<br />

500 €<br />

PREMIERE EDITION ILLUSTRÉE, imprimée à 412 exemplaires, tous sur papier Lafuma-<br />

Navarre .<br />

Illustré de neuf aquarelles de Marie Laurencin, gravés sur bois en couleurs par Jules<br />

Germain et L. Petitbarat.<br />

Ce livre, annonce Gide, est celui de « nos plaintifs désirs, le souhait d'autres vies à jamais<br />

défendues, de tous les gestes impossibles (...) ». Certains, comme ici l'auteur, ont rejoint<br />

leur désir et par là même s'en sont délesté : « Ici, j'écris un rêve qui dérangeait par trop<br />

ma pensée et réclamait une existence. » Cet exutoire est celui du jeune Gide. Il a vingtquatre<br />

ans lorsqu'il l'écrit. Les Nourritures terrestres sont à venir...<br />

Pour la première édition illustrée de ce livre, Gide demanda le concours de Marie<br />

Laurencin qui rentrait en France après plusieurs années d'exil. Devenue allemande par<br />

son mariage avec le baron Otto von Wätjen en <strong>juin</strong> 1914, elle avait en effet vécue la<br />

période de la guerre en Espagne. De retour à Paris, elle divorça la même année que cette<br />

publication et commença sa collaboration avec les Ballets russes.<br />

Bel exemplaire.<br />

122 André Gide. Les Faux-monnayeurs. Paris, Gallimard, 1925. In-12 de 503 pp.,<br />

broché..<br />

320 €<br />

EDITION ORIGINALE.


123<br />

124<br />

125<br />

Un des exemplaires sur vélin pur-fil (<strong>n°</strong> 87, seul papier avec les réimposés).<br />

« [...] Je devrais à présent m'attaquer aux Faux-Monnayeurs, mais par timidité, par<br />

indolence, par lâcheté, je souris à toutes les distractions qui se proposent et ne sais comment<br />

étreindre mon sujet (...). J'écris, sans presque aucune peine, deux pages du dialogue<br />

par quoi je pense ouvrir mon roman. Mais je ne serai satisfait que si je parviens à m'écarter<br />

du réalisme plus encore. L'important c'est de m'habituer à vivre avec mes personnages.<br />

» (Cuverville, 3 octobre 1921).<br />

Gide met un point final au manuscrit le 8 <strong>juin</strong> 1925. Presque quatre ans de travail pour<br />

son unique roman et l'une des merveilles de la littérature française du XXème siècle. Sur<br />

la forme, les Faux-monnayeurs en appelle au procédé de mise an abyme. L'expression,<br />

avec cette graphie particulière, est inventée par Gide, qui la cite dès 1893. Paludes, en<br />

1895, en donna déjà une première ébauche : ici, le roman dans le roman, "le roman se<br />

regardant en train de se faire" (Sarraute), un roman qui contient toute l'histoire du<br />

roman - roman d'apprentissage, roman-feuilleton ou encore roman policier et roman<br />

d'idées. Attention chef-d'œuvre.<br />

123 André Gide. Journal des Faux-monnayeurs. Paris, Eos 1926. In-8 carré de 143<br />

pp. et 3 ff., broché.<br />

500 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 25 exemplaires sur Hollande (tirage de tête après l’exemplaire <strong>n°</strong>1 sur Japon).<br />

Complément indispensable des Faux-monnayeurs.<br />

C'est à ce Journal que les commentateurs doivent d'avoir pu découvrir l'architecture du<br />

roman des Faux-Monnayeurs, sa genèse et son intention. Gide annexa même à ce document<br />

les coupures de presse qui lui inspirèrent son histoire : un trafic de fausse monnaie<br />

rapporté dans le Journal de Rouen en septembre 1906, une autre affaire de faux-monnayeurs<br />

anarchistes l'année suivante puis, toujours dans le même quotidien, le scandale<br />

des collégiens qui se suicidèrent à Clermont-Ferrand. « On peut considérer ce petit livre,<br />

écrira Albert Thibaudet dans son compte-rendu, comme un dialogue sur le roman, ou<br />

plutôt un monologue où Gide est capable de faire plusieurs personnages. »<br />

Bel exemplaire, rare sur ce papier.<br />

124 Jean Giono. Colline. Paris, Bernard Grasset, 1929. In-12 de 210 pp., broché, sous<br />

double couverture.<br />

1200 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des dix-sept exemplaires sur papier de Hollande (tirage de tête).<br />

Exemplaire signé par Jean Giono au faux-titre.<br />

Ce roman, qui forme avec Un de Baumugnes et Regain la trilogie de Pan, élève le récit<br />

à la hauteur du mythe, en exaltant les forces puissantes, exemptes de manichéisme, de la<br />

Nature, et en décrivant les accords secrets qui s'établissent avec les hommes, ceux d'un<br />

maigre hameau de la Provence sauvage, dans les monts de Lure. Avec ce texte bref, Jean<br />

Giono, inspiré, fait son entrée en littérature avec un chef-d'oeuvre, qui, d'emblée, l'amène<br />

à une reconnaissance bien au-delà des limites «régionalistes.»<br />

Bel exemplaire.<br />

125 Jean Giono. Regain. Paris, Grasset, 1930. In-12 de 240 pp. et 2 ff., broché.<br />

900 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 66 exemplaires sur vélin pur-fil (après 8 exemplaires sur<br />

Japon et 24 sur Arches).<br />

« (...) Comme pour Colline, j'ai les personnages sous les yeux », confie l'auteur à son<br />

ami Louis Brun tandis qu'il travaille à ce livre. Non seulement les hommes mais aussi<br />

les paysages. Redortiers, rebaptisé Aubignane, appartient à ces villages provençaux abandonnés<br />

et à demi en ruine qui le fascinent. Il l'a visité à deux reprises, avant et après la<br />

première guerre mondiale et noté son triste dépeuplement. Il s'en souviendra ici : «<br />

Aubignane est collé contre le tranchant du plateau comme un petit nid de guêpes ; et c'est<br />

vrai, c'est là qu'ils ne sont plus que trois », Panturle, la Mamèche et Gaubert le forgeron,<br />

dont le départ au début du récit finit de rendre le hameau désolé.


130<br />

131<br />

126<br />

Dans sa Présentation de Pan, trilogie où doit s'insérer Regain, Giono prévoyait : « Il<br />

faudra que je parle de celui-là qui était tout seul, au fond du plateau et puis qui a acheté<br />

une femme avec les soixante francs d'un âne et qui, de ça, a fait revivre toute sa terre, et<br />

qu'une herbe nouvelle a poussé et qu'on a pu faucher le regain. » Ce fut chose faite. «<br />

Celui-là » bien sûr c'est Panturle qui achètera la pauvre Arsule au rémouleur<br />

Gédémus...Un des plus beaux romans de Giono.<br />

126 Jean Giraudoux. Amphitryon 38. Paris, Bernard Grasset, 1929. In-12 de 232<br />

pp. et 3 ff., maroquin rouge, dos lisse, titre doré, fer doré reproduisant la signature de<br />

Giraudoux sur le plat, double couv. et dos cons. (Reliure signée de ).<br />

500 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des exemplaires de tête sur Madagascar, celui-ci hors-justification<br />

(62 exemplaires), avec note autographe de Bernard Grasset :<br />

“ exemplaire d’archives 1/3 , Bernard Grasset “.<br />

Louis Jouvet, se chargea en 1929 de la première d'Amphitryon 38, la pièce la plus<br />

célèbre de Giraudoux. Cette pièce de théâtre était loin d'être la première ayant pour objet<br />

le personnage mythologique d'Amphitryon - époux d'Alcmène, qui a avec Zeus une<br />

liaison dont Hercule est le fruit. Des auteurs célèbres tels que Plaute, Molière, Dryden<br />

et Heinrich von Kleist précédèrent Giraudoux, raison pour laquelle il lui accola le<br />

numéro 38...<br />

De la bibliothèque Jacques Lorcey, avec ex-libris.<br />

130 Julien Gracq. André Breton. Paris, <strong>Librairie</strong> José Corti, 1948. In-12, broché.<br />

1800 €<br />

EDITION ORIGINALE, un des 50 exemplaires sur pur-fil (seul papier après 20 exemplaires<br />

sur vélin).<br />

Cet essai que Julien Gracq publie au début de 1948 a été écrit en quelques mois, dans<br />

un élan d’admiration et de sympathie. Il a une pleine valeur d’engagement, au moment<br />

où Breton, très isolé à son retour en France, s’efforce de relancer le mouvement surréaliste.<br />

Le groupe est d’ailleurs évoqué, mais en tant que «milieu», comme un ensemble peu<br />

différencié : pas une ligne pour Aragon et Éluard, Artaud, Desnos ou Max Ernst. Il<br />

néglige les débats internes et externes qui font la trame de l’histoire du surréalisme et<br />

s’attache à « l’action par la plume “, que caractérise selon lui au mieux André Breton.<br />

Juste retour des choses envers celui qui, quelques années auparavant, avait placé Gracq<br />

dans ses malles d’ouvrages d’île déserte :<br />

“ Je ne pouvais faire moins que d'emporter Lautrémont qui depuis vingt ans a été de<br />

tous mes voyages... Puis les deux ouvrages qui consacrent pour moi jusqu'à ce jour l'expression<br />

la plus évoluée en vers ou en prose : Je sublime de Benjamin Péret et Au<br />

Château d'Argol de Julien Gracq (...).» (Réponse au questionnaire sur les écrivains<br />

mobilisés : quels livres avez-vous emportés ?, février 1940).<br />

Célèbre portrait d’André Breton en frontispice, par Hans Bellmer.<br />

Parfait état ; rare.<br />

131 Julien Gracq. Lettrines 2. Paris, <strong>Librairie</strong> José Corti, 1974. In-12, broché.<br />

3000 €<br />

EDITION ORIGINALE, un des 50 exemplaires sur Hollande (<strong>n°</strong> 31, tirage de tête).<br />

Lettrines II paraît en 1974. Un matériau du même genre s’y trouve distribué en<br />

rubriques, discrètement intitulées «Chemins et rues», «Littérature»: c’est l’indice d’une<br />

recomposition de l’œuvre, où bientôt vont émerger des livres d’un type nouveau, comme<br />

Les Eaux étroites (dont les éléments proviennent de ces mêmes cahiers) et La Forme<br />

d’une ville.<br />

La tonalité du livre est donnée par la section centrale, Distances : il y sera question de<br />

proches de l’auteur : une grand-tante, une voisine, préludant à l’évocation du père dans<br />

un texte d’une beauté singulière, où tous les liens affectifs sont recréés par la médiation


132<br />

133<br />

134<br />

naturelle, mais exclusive, de la «poésie qui monte de la Terre». La vieillesse ferme des<br />

portes, mais elle offre le meilleur des points de vue sur les chemins déjà parcourus : cantonnements,<br />

chemins de Basse-Normandie pendant la guerre, route des Landes.<br />

L’éventail des lieux s’ouvre jusqu’à offrir une carte de la France gracquienne, avec ses<br />

points d’attraction (l’Aubrac, le Raz, la vallée du Rhône ou du Roussillon...).<br />

Les pages consacrées à l’Amérique, que Gracq découvre en 1970, frappent par la perméabilité<br />

avec laquelle le texte accueille toutes sortes de mots indigènes, mais elles rendent<br />

un son plus sec parce qu’il leur manque l’accompagnement de livres aimés ; le roman<br />

américain brille par son absence - hormis Lovecraft, qui est encore un ressortissant de<br />

l’Europe gothique, un Edgar Poe mineur. Des notes très variées (on songe à Valéry) sur<br />

la littérature, ressortent celles qui s’apparentent au récit autobiographique : l’apprentissage<br />

de la poésie au lycée, et surtout une histoire d’amour avec un livre, Le Rouge et le<br />

Noir.<br />

On y perçoit nettement la relation que Gracq entretient avec les livres : plus qu’un<br />

simple environnement, c’est un milieu incubateur qu’il y trouve, et ce milieu s’ouvre de<br />

toutes parts sur l’expérience et sur le monde.<br />

Exemplaire parfait.<br />

132 Julien Gracq. La Forme d’une ville. Paris, <strong>Librairie</strong> José Corti, 1985. In-12,<br />

broché, chemise-étui.<br />

2000 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 125 exemplaires de tête sur papier Rhapsodie d'Arjomari.<br />

Paru en 1985, le livre le plus original de la production tardive de Gracq est consacré à<br />

Nantes.<br />

Il commence par une citation de Baudelaire qu’il reprend et détourne: «La Forme d’une<br />

ville, on le sait, change plus vite que le cœur d’un mortel.» Dans cette ville que continuent<br />

de hanter Jacques Vaché et André Breton, et derrière eux Rimbaud, dont<br />

Breton avait éprouvé dans le parc de Procé l’emprise imaginaire, il semble que pour<br />

Gracq rien n’aura eu lieu : pas un souvenir au sens commun du terme, pas une rencontre,<br />

exception faite de circonstances où il déchiffre après coup son propre paysage mental.<br />

La coïncidence met alors le temps en court-circuit dans une attitude convulsive : «Je<br />

suis resté l’enfant collé à la vitre du wagon...».<br />

En dépit de ces multiples prises, la ville demeure un être de fuite, infidèle à soi-même ;<br />

c’est ce qui fait le charme de Nantes : «Ni tout à fait terrestre, ni tout à fait maritime : ni<br />

chair, ni poisson - juste ce qu’il faut pour faire une sirène.» Splendide texte.<br />

Bandeau éditeur à parution conservé ; exemplaire parfait, non coupé.<br />

133 Julien Gracq. Entretiens. S.l., José Corti, 2002. Fort in-12 broché de 303 pp.., broché.<br />

600 €<br />

ÉDITION ORIGINALE. Un des 135 exemplaires sur vergé (seul grand papier).<br />

" Ces entretiens s'échelonnent sur plus de 30 ans puisque le premier avec J.L. de<br />

Rambures date de 1970 et le dernier, avec Bernhild Boie de 2001 (...) Julien<br />

Gracq s'exprime sur les sujets les plus divers :(...) sa façon d'écrire, son esthétique,<br />

sa rencontre avec André Breton et le surréalisme (...) et sur certains des<br />

grands événements du siècle comme sur les paysages, l'histoire, la politique, le<br />

rôle de la critique. Que Julien Gracq se soit très rarement prêté au jeu de l'interview<br />

rend ce choix d'autant plus marquant, d'autant plus significatif. " (avertissement<br />

de l’éditeur).<br />

Parfait état, non coupé.<br />

134 Julien Gracq. Lettre autographe signée [à Ken Ritter et Lydie Lachenal]. 1 p.<br />

in-12, avril 1994, enveloppe conservée.<br />

300 €<br />

Julien Gracq remercie Ken Ritter de l’envoi d’un ouvrage de Philippe Soupault, “ un<br />

poète que j’ai un peu conu (trop peu) à la fin de sa vie, et dont je me réjouit de voir l’intérêt<br />

grandissant qu’il éveille maintenant, à si bon droit.. “.


138<br />

135<br />

136<br />

137<br />

135 Guillevic. Bel ensemble en tirage de tête, tous en état de neuf absolu, non coupés.<br />

L’ensemble : 1000 €<br />

Le volume : 250 €<br />

a Euclidiennes. Paris, Gallimard, 1967. In-12 de 63 pp. et 5 ff.<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 30 exemplaires de tête sur vélin.<br />

Rare en grand papier ; un des textes de poèmes les plus r recherchés de Guillevic.<br />

b Ville. Paris, Gallimard, 1969. In-8 de 145 pp. et 6 ff.<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 30 exemplaires de tête sur vélin.<br />

c Inclus. S.l.n.d., Gallimard, (1973). In-8 broché de 241 pp.<br />

EDITION ORIGINALE. Un des <strong>15</strong> exemplaires de tête sur Lafuma.<br />

d Du Domaine. Poème. Paris, Gallimard, (1977). In-8 broché de <strong>15</strong>3 pp.<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 30 exemplaires de tête sur Arches.<br />

e Requis. Poème. 1977-1982. Paris, Gallimard, (1977). In-8 broché de <strong>15</strong>3 pp.<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 17 exemplaires de tête sur Arches.<br />

136 Sacha Guitry. Quatre ans d’occupation. Soixante jours de prison. Paris,<br />

L’Elan, 1947-1949. Trois vol. in-8, brochés.<br />

350 €<br />

EDITIONS ORIGINALES. Un des 75 exemplaires h.-c. sur Lafuma pour Soixante jours de<br />

prison (tirage de tête avec 75 exemplaires sur Rives signés par l’auteur), augmentée de<br />

la suite à part des dessins du texte, sous chemise .<br />

Le premier volume est en premier tirage, avec un envoi signé :<br />

“ pour le docteur E.R. Wertheimer, avec tous mes voeux de bonheur, Sacha Guitry “.<br />

Egon Ranshofen-Wertheimer était historien, écrivain et diplomate. Il travailla de<br />

longues années au Secrétariat Général de l’O.N.U. à New-York.<br />

Bel exemplaire.<br />

137 Ernest Hemingway. L’Adieu aux armes. Paris, N.R.F. , 1931. In-12 de 382 pp.,<br />

demi-maroquin rouge, dos lisse, titre doré, couv. cons.<br />

300 €<br />

EDITION ORIGINALE de la traduction française. Un des 180 exemplaires h.-commerce sur<br />

alfa de presse (tirage de tête).<br />

Blessé sur le front italien, Ernest Hemingway est transféré à l'hôpital de Milan, où il<br />

tombe amoureux d'une jeune infirmière anglaise, Margaret Jenkinson. C'est de ce point<br />

biographique que naît l'idée de L'adieu aux armes, publié en 1929, et premier roman<br />

d'Hemingway. «Je ne dis rien. J'ai toujours été embarrassé par les mots : sacré, glorieux,<br />

sacrifice, et par l'expression «en vain» (...) Je n'avais rien vu de sacré, et ce qu'on appelait<br />

glorieux n'avait pas de gloire, et les sacrifices ressemblaient aux abattoirs de Chicago<br />

avec cette différence que la viande ne servait qu'à être enterrée».<br />

Admirable préface de Pierre Drieu la Rochelle.<br />

138 Eugène Ionesco. Le Roi se meurt. Paris, Gallimard, “le manteau d’Arlequin”,<br />

1963. In-12, broché.<br />

120 €<br />

EDITION ORIGINALE. Exemplaire du service de presse.<br />

Envoi autographe :<br />

“ pour monsieur Dupouey, avec l’hommage de l’auteur, Eug. Ionesco “.<br />

« Pourquoi suis-je né si ce n'est pour toujours ? » Ionesco le confia plus d'une fois : la<br />

mort hantait sa vie. Quelques mots dans ses Notes sur le théâtre suffisent : « J'écris<br />

pour crier ma peur de mourir, mon humiliation de mourir. »


139<br />

140<br />

141<br />

142<br />

Cette angoisse révoltée se cristallisa dans une pièce en particulier, Le roi se meurt.<br />

L'œuvre fut brève à écrire mais interminable à mûrir. Jacques Mauclair, prêt à diriger<br />

un théâtre dans le seul but de monter la nouvelle oeuvre de Ionesco, attendit sept ans.<br />

L'année où les choses se concrétisent il reçoit, à deux mois de la première, un billet de<br />

l'auteur : « Je ferme le téléphone, je m'enferme et je travaille. Ne m'appelez pas et laissez-moi<br />

faire. (…) C'est la pièce la plus pénible à écrire. J'en viendrai à bout. »<br />

Promesse tenue ; la pièce fut créée le <strong>15</strong> décembre 1962 au théâtre de l'Alliance française,<br />

à Paris.<br />

139 [Jack Kerouac]. Victor-Lévy Beaulieu. Jack Kerouac. S.l. [Paris], Editions de<br />

L'Herne / Coll. “Les Livres Noirs”, s.d. [1973]. In-8 de 235 pp., broché.<br />

120 €<br />

EDITION ORIGINALE du classique et meilleur ouvrage consacré à Kerouac.<br />

Abondante iconographie hors-texte.<br />

140 Joseph Kessel. Les Coeurs Purs. Paris, Editions de la Nouvelle Revue<br />

Française, 1927. In-8, broché.<br />

400 €<br />

EDITION ORIGINALE COLLECTIVE. Un des 110 réimposés in-4 (tirage de tête).<br />

Quatre mois après le retentissant succès des Captifs, la NRF réclamait un nouveau titre<br />

au très sollicité Joseph Kessel. En effet, depuis son entrée dans la maison, l’auteur avait<br />

multiplié les succès et cela chez plusieurs éditeurs. Kessel réunit ici trois nouvelles mises<br />

sous le signe maudit de l’ataman Batka Makhno. Ex-bolchevik devenu bandit et responsable<br />

de pogromes en Ukraine, dénoncé en son temps par Kessel, Makhno était<br />

depuis réfugié à Paris et se répandait en injures sur le compte de l’écrivain. Ce qui donna<br />

à celui-ci l’idée de ce recueil qu’il préface en expliquant la genèse des textes qu’il forme.<br />

141 Joseph Kessel. Des Hommes. Paris, Gallimard, 1972. Fort in-8 de 319 pp. et 3<br />

ff., broché.<br />

780 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 30 exemplaires num. sur Hollande du tirage de tête.<br />

« En réunissant aujourd'hui ses préfaces, notes, portraits qui jalonnent tant d'années j'ai<br />

voulu simplement dire merci à des hommes dont les oeuvres m'ont rendu la vie plus belle<br />

et m'ont aidé à la vivre mieux. »<br />

Kessel décidait donc au soir de sa vie d'offrir au public une sorte de géographie de ses<br />

fabuleuses rencontres : artistes, hommes d'actions, tziganes, révolutionnaires, pionniers<br />

d'Israël soient quarante-sept portraits qu'il reprit, retravailla encore et qui, réunis sous<br />

ce titre, forment un petit chef-d'oeuvre tant par la qualité du style que par le document<br />

qu'ils représentent. Le succès de librairie fut si colossal, que l'auteur, las de travailler,<br />

reprit goût à l'ouvrage et signa avec les éditions Rombaldi un contrat pour la parution<br />

de ses oeuvres complètes en trente volumes.<br />

Parfait état.<br />

142 Joseph Kessel. Les Maudru. Sans lieu, Julliard, (1945). Petit in-12 de 138 pp.,<br />

broché.<br />

250 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 120 exemplaires de tête sur vélin pur-fil ( <strong>n°</strong> 12).<br />

Frontispice de Jean Reschofsky.<br />

Les revirements de l'Occupation et l'aventure des combattants de la France Libre,<br />

Kessel fut le premier a les décrire dans un roman. Quand il y met un point final, le 16<br />

février 1941, il est conscient qu'un livre à la gloire de la résistance pourrait le conduire<br />

en prison. Il enterre donc les deux exemplaires dactylographiés des Maudru dans le jardin<br />

de sa villa d'Anthéor.<br />

Lui-même fait à présent partie du réseau de combat Carte en zone sud que les Allemands<br />

vont envahir en novembre 1942. Le réseau est en danger et l'on presse Kessel de fuir. Il<br />

récupère alors les deux copies des Maudru, en brûle une ainsi que le manuscrit et confie


145<br />

143<br />

144<br />

146<br />

l'autre à sa mère, lui faisant promettre de la détruire après lecture. « Je les avaient<br />

détruits car ils auraient suffi à me perdre. Et par miracle j'en retrouvais un exemplaire.<br />

Ce miracle était dû au courage et à l'amour de ma mère qui l'avait conservé sans me le<br />

dire, courant tous les risques que cela comportait (...) », se souviendra-t-il.<br />

Le texte sera publié sous la bannière d'un jeune éditeur, René Julliard, avec avance et<br />

promesse d'un tirage de luxe, rare en ces temps de l'immédiate après-guerre. De quoi suffire<br />

de combler les attentes de l'auteur.<br />

143 Rudyard Kipling. [Jean Bruller, illustrations de]. Comédie en marge du<br />

monde. Sans lieu, sans éditeur (Paul Hartmann), 1930. In-4 de 23 pp., broché, couverture<br />

rempliée.<br />

500 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Tirage unique hors-commerce strictement limité à 60 exemplaires, celui-ci nominatif<br />

pour Maurice Forlin.<br />

Belles illustrations de Jean Bruller, en bistre et noir, ainsi qu’une lettrine.<br />

144 Rudyard Kipling. The Second jungle book. London, Macmillan & Co, 1918.<br />

In-12 de 5 ff., 299 pp. et 1 f., basane souple de l’éditeur avec fleuron central doré (l’éléphant<br />

et la swastika), dos lisse richement orné de filets dorés, tête dorée.<br />

450 €<br />

Belle édition du Second livre de la Jungle, abondamment illustrée dans le texte.<br />

Exemplaire signé par Rudyard Kipling au faux-titre.<br />

L'écrivain Henry James écrit à son sujet : "Kipling me touche personnellement, comme<br />

l'homme de génie le plus complet que j'ai jamais connu". En 1907, il est le premier<br />

auteur de langue anglaise à recevoir le Prix Nobel de littérature, et le plus jeune à l'avoir<br />

reçu. Les illustrations sont signées du père de l’auteur.<br />

Rudyard Kipling naît le 30 décembre 1865 à Bombay, fils d'Alice Kipling, née<br />

MacDonald, et de John Lockwood Kipling, sculpteur et professeur à la Jejeebhoy<br />

School of Art and Industry de Bombay ; ses parents venaient à peine d'arriver en Inde,<br />

et s'étaient rencontrés en Angleterre, dans le Staffordshire, près du lac Rudyard - dont<br />

ils donnèrent le nom à leur fils.<br />

145 Heinrich von Kleist. Penthilésée. Traduction de Julien Gracq. Paris, Corti,<br />

1954. In-12 de 122 pp., broché.<br />

450 €<br />

EDITION ORIGINALE de la traduction de Julien Gracq.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ à Pierre Castex / en toute sympathie / Julien Gracq “.<br />

146 Abram Krol. La Fiancée du septième jour. Sans lieu, Caractères, 1955. In-4 à<br />

l’italienne non paginé, en feuilles, sous couverture à rabats rempliés.<br />

240 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Exemplaire enrichi d’un envoi autographe de l’auteur:<br />

“ à Jean Cayrol. Cette fiancée / d’un temps révolu, en témoignage /<br />

de mes sentiments d’admiration / et d’estime /<br />

Krol / Paris, le 5 juillet 1957 “.<br />

Ouvrage illustré de nombreux et agréables burins et bois gravés à pleine page. Grand<br />

buriniste français, lauréat en 1951 de la bourse de la Fondation Fénéon, Abram Krol a<br />

gravé des centaines d'estampes et illustré de nombreux livres (dont Les Causes célèbres<br />

de Paulhan) avec une unité et une rigueur de style très caractérisée.<br />

Très bel exemplaire.


148<br />

149<br />

<strong>15</strong>0<br />

147<br />

147 [Xavier de Langlais]. Langleiz. Ene al linennoù ar skeudennoù ivez gantan.<br />

[L' âme des lignes]. Brest, Skridoù Breizh, 1942. In-4 de 79 pp., broché.<br />

900 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 200 exemplaires num. sur Alfax-Navarre (deuxième papier après 50 Lafuma,<br />

celui-ci <strong>n°</strong> 101).<br />

Après des études aux écoles des Beaux-Arts de Nantes (1922) et de Paris (1926-1928),<br />

où il profite de ses moments libres pour apprendre seul le breton dans les livres, Xavier<br />

de Langlais se met à illustrer des livres que celui-ci fait éditer. Entretemps 1924, il avait<br />

pris contact avec l'Unvaniezh Seiz Breur, mouvement d'artistes bretons réunis par<br />

Jeanne Malivel et René-Yves Creston. Loin des modes, il se veut artisan, explorant<br />

toutes les techniques : peinture, typographie, gravure, céramique, illustration...<br />

Ene al linennoù ar skeudennoù ivez gantan est un de ses ouvrages les plus remarquables,<br />

où de superbes compositions en noir illustrent le texte placé dans une composition<br />

et typographie des plus originales.<br />

Cat. "Ar Seiz Breur" 2001, pp. <strong>15</strong>7 & 181 avec couv. reproduite ; Bénézit, VI, 431.<br />

148 Valéry Larbaud. Rues et visages de Paris. Liège, A la lampe d’Aladdin, 1927.<br />

Petit in-4 de 31 pp. et 3 ff.<br />

700 €<br />

EDITION EN PARTIE ORIGINALE. Un des 50 exemplaires de tête sur Arches (après un<br />

unique Japon).<br />

Belle eau-forte originale, en frontispice, de Jean Donnay. Elle représente un immeuble<br />

démoli à l'angle de deux rues que l’artiste situe au début de la rue Dauphine à Paris.<br />

Première édition séparée du texte seul : « Qui sait, s'interroge l'auteur, si même les<br />

dernières terrasses des derniers cafés tiendront devant cette marée toujours plus<br />

rapide et plus monotone, et si cette vie de flânerie et d'observation ne se réfugiera<br />

pas, sous une autre, dans les rues plus calmes ? »<br />

Mais près du bois de Boulogne la question ne se pose plus, là, il observe « la foule élégante<br />

du quartier riche » avec « la dame qui marche, par hygiène, en remuant les bras, le jeune<br />

homme à la longue figure de portrait de grande famille » et « la femme en amazone avec<br />

sa jupe drapée sur ses bottes ». A Montmartre, Larbaud cherche à distinguer la nationalité<br />

du « gros homme à figure ronde et à pardessus court » qui vient d'entrer dans un<br />

café, est-il belge, allemand ? Tandis que celui qu'il aperçoit plus loin, « le petit bourgeois<br />

à barbiche, à lorgnon et à ventre, est indiscutablement français ». Enfin, les dernières<br />

pages du livre sont dédiées à la Parisienne, cette « nymphe sortie de la forêt populaire<br />

(comprendre : des faubourgs) mais assez fine pour s'adapter à bien des circonstances que<br />

le mâle, lui, n'accepterait pas », « partout, ajoute Larbaud, dans la foule je retrouve ses<br />

soeurs, sous l'uniforme de ces années ».<br />

Rare sur ce papier ; parfait état.<br />

149 Valéry Larbaud. Léon-Paul Fargue poète. Ed. Dynamo / P. Aelberts, s.d.<br />

(1964). Pet. in-4 de 20 pp., en feuilles.<br />

300 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 100 exemplaires num. sur vélin Van Gelder (tirage de tête, <strong>n°</strong> 28).<br />

<strong>15</strong>0 [Lautréamont]. Valéry Larbaud. Isidore Ducasse, comte de Lautréamont. Ed.<br />

Dynamo / P. Aelberts, s.d. (1957). In-12 carré de 16 pp., cousu.<br />

300 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 40 exemplaires num. sur vélin blanc (tirage de tête, <strong>n°</strong> 30).


<strong>15</strong>4<br />

<strong>15</strong>5<br />

<strong>15</strong>3 Maurice Leblanc. L’Aiguille creuse. Paris, Lafitte, s.d. [1909]. In-12, demi-veau<br />

havane, dos lisse richement orné de filets et fleurons dorés, titre doré, couv. cons. (Rel.<br />

moderne à l’imitation, signée Laurenchet)<br />

[avec]:<br />

1600 €<br />

Arsène Lupin contre Sherlock Holmes. Arsène Lupin gentelman cambrioleur. Le<br />

Bouchon de cristal.<br />

Les Confidences d’Arsène Lupin. Paris, Lafitte, 1907-1913. 4 vol. in-12. [en reliure<br />

similaire, d’époque].<br />

ÉDITION ORIGINALE pour l’Aiguille creuse, avec un envoi autographe :<br />

“ à monsieur H. Soulat (?), cordial souvenir,<br />

Maurice Leblanc “.<br />

Etretat fut très en vogue à la belle époque, réputée pour son casino, son golf, son air vif,<br />

sa promenade le long du Perrey, mais aussi pour ses résidents occasionnels, les écrivains<br />

Flaubert, Maupassant, Karr, les peintres Monet, Courbet, Corot, Boudin, le compositeur<br />

Offenbach.<br />

Maurice Leblanc s'y est installé et y a campé le décor de son fameux roman.<br />

Le Mystère de l'Aiguille Creuse renferme un secret que les rois de France se transmettent<br />

depuis Jules César…et dont Arsène Lupin s'est rendu maître. La fameuse<br />

aiguille contient le plus fabuleux trésor jamais imaginé, il rassemble les dots des reines,<br />

perles, rubis, saphirs et diamants…la fortune des rois de France. il a tout d'abord été<br />

publié sous forme de feuilleton dans le journal Je sais tout, de novembre 1908 à mai<br />

1909.<br />

Le volume est sorti dès le mois de <strong>juin</strong> 1909 avec, comme c'est l'habitude, quelques modifications.<br />

Arsène Lupin s'oppose cette fois à Isidore Beautrelet, jeune étudiant en rhétorique et<br />

détective amateur génial, qui va donner bien du fil à retordre à Arsène. On pense fortement,<br />

comme source d'inspiration à Joseph Rouletabille, héros de Gaston Leroux.<br />

Bel ensemble. Les autographes de Leblanc sur des textes originaux sont très rares.<br />

<strong>15</strong>4 Jean-Marie-Gustave Le Clézio. La Fièvre. Paris, Gallimard, (1965). In-8 broché<br />

de 230 pp.<br />

450 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 70 exemplaires réservé au “ club de l’édition originale”.<br />

Hommage signé de l'auteur.<br />

Bulletin de souscription conservé ; bel exemplaire.<br />

<strong>15</strong>5 Jean-Marie-Gustave Le Clézio. Terra Amata. Paris, Gallimard, s.d. (1967). In-<br />

8 de 221 pp., broché.<br />

700€<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 36 exemplaires sur Hollande (tirage de tête).<br />

Un des grands textes de Le Clézio des années 70, dans lequel sa réfutation de la société<br />

culmine ; Chancelade y déambule, poussé par le malaise face au monde, et par la fuite des<br />

hommes. Cette thématique sera suivie ensuite dans Le Livre des fuites (en 1969), La<br />

Guerre (1970, cf. <strong>n°</strong> suivant) et Les Géants (1973).<br />

Etat de neuf.<br />

<strong>15</strong>6 Jean-Marie-Gustave Le Clézio. La Guerre. Paris, Gallimard, 1970. In-8 de 207<br />

pp. + 14 ff. en fin de reproductions photographiques à pleine page, broché.<br />

700 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 36 exemplaires sur Hollande (tirage de tête).<br />

Etat de neuf.


<strong>15</strong>8<br />

<strong>15</strong>9<br />

160<br />

<strong>15</strong>7 Michel Leiris. Race et Société : contacts de civilisations en Martinique et en<br />

Guadeloupe. Paris, Unesco, 1955. Petit in-8 étroit de 192 pp. et 2 ff., broché.<br />

130 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

<strong>15</strong>8 Claude Lévi-Strauss. La Voie des masques. Genève, Skira, Les Sentiers de la<br />

Création, 1975. Deux vol. in-8 carré, broché, sous étui double de l'éditeur.<br />

140 €<br />

EDITION ORIGINALE rare, l'un des trois titres doubles de la collection, sous étui cartonnage<br />

illustré.<br />

Bel exemplaire.<br />

<strong>15</strong>9 Serge Lifar. Traité de chorégraphie. S.l., Bordas, 1952. Grand in-8 de 231 pp. +<br />

nombreuses illustrations hors-texte (non paginées), broché.<br />

400 €<br />

EDITION ORIGINALE. Exemplaire enrichi d'un dessin original à l'encre à pleine page de<br />

Lifar au premier feuillet, daté et signé, ainsi que d'un envoi autographe signé au fauxtitre.<br />

Inventeur en 1937 du terme « choréauteur » - en plus de poursuivre une glorieuse carrière<br />

de danseur - ce sont plus de 200 ballets qu'il composera durant sa carrière.<br />

L'exigence plastique, certes indéniable, y transparaît, mais c'est en premier lieu cette perpétuelle<br />

tentative de traduction plastique des sentiments éprouvés qui guide ce « poète du<br />

mouvement » dans chacune de ses créations.<br />

Auteur de plusieurs traités, Lifar théorise ainsi sa démarche ; chantre du néo-clacissisme,<br />

il assure ainsi le profond renouveau de l'Opéra de Paris (au sein duquel il entra en<br />

1929).<br />

Nombreux dessins et lithographies (en noir et couleurs) de Monique Lancelot ; planches<br />

photographiques en noir.<br />

Petit accroc à la quatrième de couv., sinon, excellent état.<br />

160 [Serge Lifar]. Jean Laurent - Julie Sazonova. Rénovateur d’un ballet français.<br />

Paris, Buchet-Chastel, Corrêa, 1960. Grand in-8 de 274 pp. et 2 ff., broché, couverture<br />

illustrée par Picasso.<br />

280 €<br />

EDITION ORIGINALE. Triple envoi autogaphe signé des auteurs et de Serge Lifar.<br />

Né à Kiev en 1904, Lifar se destine en premier lieu à une carrière de pianiste. Alors âgé<br />

de 17 ans, c'est tout à fait par hasard qu'il exécute ses premiers pasen danse. Rapidement<br />

remarqué par Diaghilev, le jeune Lifar est alors animé d'une passion sans borne dans<br />

la pratique de ce nouvel art. A force d'abnégation et de détermination, il devient rapidement<br />

soliste au sein des Ballets russes. Début d’une immense carrière qui remettra en<br />

cause bon nombre des schémas du ballet français moderne.<br />

Bel exemplaire de ce classique, illustré de 16 photos hors-texte.<br />

161 Serge Lifar. La Danse. Paris, Denoël, 1938. In-8, broché.<br />

EDITION ORIGINALE. Bel envoi signé :<br />

“ A René Huyghe, qui sait mieux que personne apprécier le Beau,<br />

ce livre ou j’ai mis le meilleur de moi même. Serge Lifar, Paris, le 5 nbre 1939”.<br />

Nombreuses pl. photographiques dans le texte.<br />

Bel état. Rare avec un bel envoi.<br />

180 €


162<br />

163<br />

164<br />

162 Jean Lorrain. La Jonque dorée. Conte japonais. Paris, Bibliothèque E. Sansot<br />

et cie, 1911. In-12 de <strong>15</strong>2 pp. et 2 ff., broché.<br />

90 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 525 exemplaires num. sur simili-Japon (celui-ci, <strong>n°</strong> 57).<br />

Envoi signé de Georges Normandy :<br />

" à monsieur Alphonse Mellet, à l'administrateur un peu<br />

mais surtout à l'ami, affectueusement, G. Normandy. ”.<br />

163 André Malraux. Royaume farfelu. Paris, Gallimard, 1928. In-4, demi-maroquin<br />

vert, dos lisse, titre en long doré, date en pied, couv. conservées.<br />

600 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 486 exemplaires sur vélin pur fil réimposés, seul avec 13<br />

Japon et 23 Hollande.<br />

Au début des Antimémoires, Malraux rappelle qu'il a, sans le savoir, ressuscité le mot<br />

farfelu, qu'il emprunte à Rabelais.<br />

C'est en effet dans ses Lunes en papier (1921) que ce mot est attesté pour la première<br />

fois au XXè siècle. Admirateur d'Hoffmann, de Max Jacob et de Cendrars, Malraux<br />

affectionnait «ce qu'il y a de bizarre dans les choses quotidiennes», c'est-à-dire leur<br />

aspect farfelu. Lequel définissait une sorte d'humour qu'illustre à sa manière le<br />

Clappique de La Condition humaine, une sensibilité particulière aux situations<br />

cocasses qu’illustreront les «dyables» qu'il dessinait, les chats dont il assortissait parfois<br />

ses dédicaces, -une référence inattendue aux Pieds Nickelés -.<br />

Ce Royaume-farfelu, sous-titré Histoire, est dédié à Louis Chevasson, et forme une<br />

réécriture d’un texte sous pseudonyme (Maurice Sainte-Rose André) que Malraux<br />

avait déjà publié dans L’Indochine: l'Expédition d’Ispahan (août 1925).<br />

Il y narrait le récit d’un groupe d’hommes politiques de Téhéran rejoignant Ispahan par<br />

le désert. Les cavaliers n’y trouvent qu’une ville-fantôme, apparemment vide, mais habitée<br />

de démons. André Malraux poursuit ce voyage imaginaire, ou la ville, bien vivante,<br />

dévore maintenant ses assaillants.<br />

164 André Malraux. La Condition humaine. Paris, Gallimard, 1933. In-12, broché.<br />

2400 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 309 exemplaires in-12 sur pur-fil (seul papier après 1 exemplaire sur Chine et 39<br />

réimposés).<br />

Parmi les 309, celui-ci est l’un des 100 réservés à la Sélection strasbourgeoise.<br />

En 1842, Shanghai fut l'un des cinq ports déclarés ouverts aux bateaux étrangers.<br />

Bientôt, la Chine acceptait la création de concessions étrangères à l'intérieur de la ville.<br />

Dans ces quartiers qui ne relevaient plus de son autorité, on comptait à l'époque de ce<br />

livre, environ quarante mille personnes. Des gens d'affaire comme le marchand d'armes<br />

« Clappique », des intellectuels comme le professeur « Gisors », des ouvriers, des industriels<br />

comme « Ferral », mais aussi des réfugiés politiques de tous pays qui firent de<br />

Shanghai le creuset des agitations politiques de la Chine des années vingt. Malraux<br />

s'inspire ici des événements tragiques du printemps 1927 où les cellules communistes de<br />

Shanghai furent disséminées sur les ordres du général Tchang Kaï-chek, chef du Kouomin-tang,<br />

le parti démocrate.<br />

« J'ai cherché, dira Malraux, des images de la grandeur humaine, je les ai trouvées dans<br />

les rangs des communistes chinois, écrasés, assassinés, jetés vivants dans les chaudières”.<br />

Cependant, la trame historique de ce livre n'est qu'un prétexte à son sujet profond, révélé<br />

par son titre même. Ce qui n'est finalement qu'une longue méditation sur l'Homme a<br />

été, comme l'écrira Jean Guéhenno, mis en scène par le romancier : « On se plaint que<br />

l'auteur ait dû aller chercher jusqu'en Chine les moyens de définir notre condition. C'est<br />

cela même au contraire qui, à mon sens, fait de ce livre un livre exemplaire. » Il explique<br />

alors combien son exotisme fait que « tous nos désordres, toutes nos grandeurs nous y<br />

apparaissent transportées au-delà du monde, éloignées de nous comme pour un spectacle.<br />

» (in Europe, déc. 1933).<br />

Prix Goncourt 1933. Quelques striures au dos, sans gravité. Rare tirage.


165<br />

167<br />

166<br />

165 Andrée Viollis. Indochine S.O.S. Préface d’André Malraux. Paris, librairie<br />

Gallimard, 1935. In-12, broché.<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Précieux exemplaire offert par André Malraux, préfacier de l’ouvrage,<br />

“ pour monsieur Brassaï,<br />

bonne chance !<br />

André Malraux, 1936 “.<br />

Cachet à l’encre rouge de Brassaï au même faux-titre.<br />

1200 €<br />

Malraux a toujours pris soin de se démarquer de la littérature exotique de son temps,<br />

fondée, hormis le Batouala de Maran et le Voyage au Congo de Gide, sur le reportage.<br />

Lorsqu’il écrit en préface aux Chênes qu’on abat... : « ce livre est une interview<br />

comme La Condition humaine était un reportage... », sans doute faut-il comprendre<br />

que ce livre est autant une interview que La Condition humaine un reportage, c’est-àdire<br />

qu’il s’agit là de données superficielles qui ne doivent pas tromper : l’essentiel est<br />

au-delà.<br />

A propos du livre d’Andrée Viollis, il levait ainsi toute ambiguïté : « Un reporter, dans<br />

un art dont la métaphore est l’expression essentielle, ne peut être qu’un manœuvre ; le<br />

poète, le romancier, seront toujours plus grands que lui ». Après son expérience cambodgienne<br />

et le récit qu’il en fit dans La Voix royale, Malraux n'oublie pas ses convictions<br />

anticolonialistes : « L'Indochine est loin : ça permet d'entendre mal les cris qu'on<br />

y pousse » écrit-il, avant de conclure : « Ce livre, lui aussi, est fait pour qu'on sache. Et,<br />

depuis qu'il a été écrit, la danse de mort qu'il montre n'a guère changé que son pas. »<br />

Bel exemplaire. Rare provenance.<br />

166 André Malraux. Oraisons funèbres. Paris, Gallimard, 1971. In-12, broché.<br />

1300 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 80 exemplaires sur Hollande (tirage de tête).<br />

Lire ces oraisons à haute voix fait immanquablement monter l’émotion. Essayer donc<br />

avec ce que voit Malraux au moment où Jeanne d’Arc sent la première flamme : “ de ce<br />

qui avait été la forêt de Brocéliande jusqu’aux cimetières de la Terre Sainte, la vieille cavalerie<br />

morte se leva dans ses tombes. Dans le silence de la nuit funèbre, écartant les mains<br />

jointes de leurs gisants de pierre, les preux de la Table ronde et les compagnos de Saint-<br />

Louis, les premiers combattants tombés à la prise de Jérusalem et les derniers fidèles du<br />

petit roi lépreux, toute l’assemblée des rêves de la chrétienté regardait, de ses yeux<br />

d’ombre, monter les flammes qui allaient traverser les siècles, vers cette forme enfin<br />

immobile, qui devenait le crops brûlé de la chevalerie...”.<br />

Et, si cela ne suffit, il reste encore le texte sur Jean Moulin. Mieux encore, procurez-vous<br />

l’enregistrement original : chair de poule garantie !<br />

Parfait état de neuf.<br />

167 André Malraux. Lazare. Paris, Gallimard, 1974. In-12, broché.<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 120 exemplaires de tête sur Hollande.<br />

480 €<br />

Opéré d’urgence en 1972, Malraux, veillé par Sophie de Vilmorin, la nièce de Louise,<br />

se voit contraint de renoncer au tabac et à l’alcool. De cette expérience, il tire Lazare,<br />

livre testament d’une grande maîtrise, synthèse éclatée de sa vie en réponse à la fameuse<br />

phrase de Perken dans la Voie royale : “ il n’y a pas de mort. Il y a seulement moi. Moi qui vait mourir “.<br />

Parfait état de neuf ; non coupé.


171<br />

168<br />

170<br />

168 Roger Martin du Gard. Jean Barois. Paris, Nouvelle Revue française, 1913.<br />

In-8, percaline verte à décor verticaux, dos lisse, pièce de titre, filets dorés, couv. cons.<br />

(Reliure de l’époque).<br />

300 €<br />

EDITION ORIGINALE, exemplaire du premier tirage, sans mention.<br />

Après un premier roman, Devenir ! et une nouvelle, L'Une de Nous, publiés à compte<br />

d'auteur chez Bernard Grasset, Martin du Gard met la touche finale au futur Jean<br />

Barois, que Grasset s'était engagé à éditer. Mais le roman, dans lequel le héros éponyme<br />

défend la libre-pensée, est pourtant refusé par l'éditeur, choqué par la forme résolument<br />

moderne de ce roman-dialogué qu'il qualifiait de «dossier». Roger Martin du<br />

Gard rencontre alors Gaston Gallimard, un vieux camarade d'études, et lui remet le<br />

manuscrit refusé. En novembre, l'auteur débutant, invité à la N.R.F., voit entrer " un<br />

homme qui se glisse à la façon d'un clochard, avec un chapeau bosselé, comme un vieil<br />

acteur famélique... au masque de Mongol ": André Gide, qui eût le coup de foudre dès<br />

les premières feuilles envoya une lettre dithyrambique à Gallimard : « celui qui a écrit<br />

cela peut n'être pas un artiste, mais c'est un gaillard ! il faut publier cela ». Le gaillard<br />

Martin du Gard entrait donc dans le cercle de la Nouvelle Revue Française où il allait<br />

se lier des amitiés durables, dont Gide, Schlumberger et Copeau formeront le noyau<br />

central.<br />

Vignes, 47 “ les exemplaires sans mention sont rares “.<br />

170 [Henri Matisse]. Charles Vildrac. Elie Faure. Jules Romains. Léon Werth.<br />

HENRI MATISSE. Paris, Crès, 1923. In-4, broché.<br />

1000 €<br />

EDITION ORIGINALE de la première monographie consacrée à Henri Matisse.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ à Gaston Modot, bien cordialement,<br />

Henri Matisse“.<br />

Fils d'un architecte, Gaston Modot suit des cours de dessin et d'architecture. Cela le<br />

mène à Montmartre où il peint et vend ses toiles avec ses amis qui se nomment Picasso<br />

et Modigliani ; ce dernier fera de Modot un célèbre portrait, parmi les plus saisissants<br />

jamais réalisés (aujourd’hui à Beaubourg). En 1909, il est embauché chez Gaumont, ou<br />

il devient cascadeur, puis comédien à part entière. Il tournera notamment sept films avec<br />

Jean Renoir (dont La Règle du jeu et La Grande Illusion) ; notons également sa participation<br />

dans L'Age d'or de Luis Buñuel, ou il gifle les mondaines en quête d'amabilité<br />

!<br />

Très rare envoi de Matisse sur la première monogaphie qui lui soit consacrée ; belle provenance.<br />

171 [RÉSISTANCE]. Jacques Maritain. A travers le désastre. New-York, s.d. [1940].<br />

Version tapuscrite [stencil], sous reliure à spirale, titre manuscrit au crayon bleu.<br />

Très rare version originale tapuscrite, avant sa parution en volume.<br />

800 €<br />

En janvier 1940, Jacques Maritain, parain de Maurice Sachs, quittait son pays pour<br />

une série de cours prévus au Pontifical Institute of Médiaeval Studies de Toronto.<br />

Surpris par la guerre il ne retournera en Europe qu'en 1944, appelé comme ambassadeur<br />

auprès du Vatican.<br />

Ecrites pour le public américain auquel il voulait expliquer la situation de son pays et<br />

pour ces compatriotes piégés par « le désastre » de leur pays, ces pages prémonitoires<br />

affirmaient que « la collaboration franco-allemande pour la reconstruction de la paix en<br />

Europe [serait] un chemin vers l'esclavage. »<br />

Le texte est d’abord imprimé en originale à New-York, aux éditions de la Maison française,<br />

en octobre 1941. Quleques mois plus tard, en août 1942, Yvonne Paraf fait passer<br />

le texte en zone nord dans la doublure de sa trousse de voyage : ce sera le deuxième<br />

titre imprimé des Editions de Minuit, après Le Silence de la mer.<br />

500 exemplaires en seront tirés en novembre 1942.


177<br />

172<br />

175<br />

173<br />

177<br />

176<br />

172 Maurice Merleau-Ponty. Sens et non-sens. Paris, Éditions Nagel, (1948). In-<br />

12 de 377 pp., broché.<br />

400 €<br />

EDITION ORIGINALE. Exemplaire imprimé du service de presse.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ à monsieur Estang, hommage de l’auteur,<br />

Maurice Merleau-Ponty “.<br />

Continuateur d'Husserl, inspiré par la philosophie d'Hegel, Merleau-Ponty s'est toujours<br />

attaché à l'étude du rôle du sensible et du corps dans l'expérience humaine de<br />

connaissance du monde. Par tradition, sa pensée phénoménologique vise à désavouer les<br />

dogmes de la science, en une tentative de description concrète du réel, répudiant de facto<br />

tous points de vue rationaliste et empiriste.<br />

A l'instar de Marx, Merleau-Ponty admet l'idée que l'histoire est intelligible, toutefois,<br />

s'y trouve mêlée sens et non-sens. Précisant sa pensée, « il y a, écrit-il, plutôt qu'un<br />

monde intelligible, des noyaux rayonnants séparés par des pans de nuit ».<br />

173 Maurice Merleau-Ponty. Résumés de cours. Collège de France 1952-1960.<br />

Paris, Gallimard, 1968. In-12, broché.<br />

240 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 51 exemplaires de tête sur Vélin (seul papier, <strong>n°</strong> 2).<br />

175 Henri Michaux. Le Lobe des monstres. Paris, L'Arbalète, 1944. In-12, broché.<br />

350 €<br />

EDITION ORIGINALE. Frontispice de l’auteur.<br />

Poète mal logé recherche local… Une petite annonce qu'Henri Michaux aurait pu placarder<br />

dans Paris au moment de rédiger ce texte ; l'hiver 1943 s'annonce très froid, l'auteur<br />

habite dans un studio mal chauffé en compagnie de sa compagne. Double inconfort<br />

: en effet, il a besoin d'être « absolument seul » pour travailler « Je ne peux écrire qu'en<br />

parlant à haute voix.(…) Il faut que je puisse entendre ma pensée ». Que faire ? Aller<br />

écrire dans un café, par exemple. Expérience peu concluante « Je ne peux tout de même<br />

pas crier ma pensée à haute voix ». Certes !<br />

Des contraintes extérieures qui n'empêcheront pas le courageux poète de mener jusqu'à<br />

son terme la rédaction du Lobe des montres. En juillet, il envoie son manuscrit à René<br />

Tavernier, le passeur de textes des éditions lyonnaises de l'Arbalète ; Tavernier présente<br />

le texte à Marc Barbezat qui le publie dans la foulée du recueil Labyrinthes. Michaux a<br />

la réputation d'être impatient à l'endroit de ses livres…<br />

On joint le prospectus original de pré-publication, livré en tiré à part dans les numéros de la revue L’Arbalète.<br />

176 Henri Michaux. Poteaux d'angles. Paris, Gallimard, 1981. In-8 de 89 pp., broché.<br />

650 €<br />

EDITION ORIGINALE DÉFINITIVE. Un des 35 exemplaires sur Hollande (tirage de tête).<br />

Les Poteaux d'angle d'Henri Michaux apparaissent comme les plus égarants et les<br />

plus réjouissants poteaux indicateurs jamais offerts au balisage de la raison, de la<br />

conscience et de nos comportements grégaires. Ce sont des aphorismes pour vivre à<br />

l'écart, des préceptes pour ne pas se laisser faire, des réflexions à contre-norme, des<br />

conseils qui n'ont pas de conseils à vous donner. Extrêmement vivifiant.<br />

Une édition abrégée avait parue aux Cahiers de l’Herne en 1971. Parfait état de neuf.<br />

177 [Joan Mirò]. Catalogue d’exposition. S.l.n.d, Ministère d’Etat Affaires culturelles.<br />

In-8 de 75 pp. + nombreuses reproductions hors-texte.<br />

100 €<br />

Catalogue du Musée National d’Art Moderne de Paris édité à l’occasion de cette exposition<br />

consacrée à Mirò et qiui s’est tenue de <strong>juin</strong> à novembre 1962.<br />

Jointe : carte illustrée reproduisant une oeuvre de Mirò et adressée par Malraux (alors Ministre de la Culture)<br />

pour une invitation au vernissage.


180<br />

180 / 181<br />

181<br />

183<br />

184<br />

178 [Joan Mirò]. Derrière le miroir. S.l., Maeght, 1971. In-folio de 38 pp., en ff.<br />

350 €<br />

Numéro spécial consacré à Mirò.<br />

Préface de Pierre Alchensky avec 9 reproductions originales dont 3 en double-page ; la<br />

couverture et les pages 2 et 30 sont des lithographies originales tirées par Adrien<br />

Maeght.<br />

180 Paul Morand. Rococo. Paris, Grasset, s.d. (1933). In-12 de 244 pp., broché.<br />

480 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 25 exemplaires num. sur Hollande (troisième papier).<br />

Envoi autographe signé de l’auteur au faux-titre :<br />

“ à monsieur Max Guyon / Morand “.<br />

181 Paul Morand. 1900. Paris, Les Editions de France, 1931. In-12 de 238 pp., broché.<br />

280 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 200 exemplaires num. sur vélin pur-fil.<br />

Envoi autographe signé de l’auteur au faux-titre :<br />

“ à monsieur Max Guyon / Morand “.<br />

182 Paul Morand. Syracuse U.S.A. Paris, Grasset, les 4 M, 1928. In-12 de 55 pp.,<br />

broché.<br />

750 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 36 exemplaires de tête sur Madagascar (<strong>n°</strong>12).<br />

Cette fameuse collection des 4 M étaient exclusivement un produit commercial, lancé par<br />

l’éditeur, Bernard Grasset, en 1924. Selon Paul Morand, c’était Grasset lui-même qui<br />

a trouvé la formule les 4 M et qu’il en était très fier... Pour autant, les quatre auteurs<br />

concernés (Morand, Montherlant, Maurois et Mauriac) n’avaient rien en commun,<br />

sauf cette M initiale. Grasset arrangea un déjeuner des 4 M, couvert par la presse littéraire,<br />

mais, de l’aveu même de Morand, « Ce fut glacial . Il n’y en eut pas d’autres. Mais<br />

la majuscule resta » (Jean Bothorel : Bernard Grasset, 1989, p. 188).<br />

Grasset persista néamoins, et quelques années plus tard, la collection fut créee ; encore<br />

une fois, l’entrpise prit l’eau et il s’agissait bien d’une collection restreinte, puisque seulement<br />

deux titres parurent : Syracuse – U.S.A., de Morand, et Les Iles de la félicité,<br />

de Montherlant.<br />

183 Paul Morand. USA 1927. Paris, Plaisir du bibliophile, 1928. Pet. in-12, broché.<br />

750 €<br />

EDITION ORIGINALE rare, imprimée à 650 exemplaires, dont quelques. h.-commerce signés.<br />

Très belles ill. de Pierre Legrain sur les "compositions lyriques" de Morand, qui font de<br />

ce livre un ouvrage doublement recherché.<br />

Bel exemplaire de ce livre rare ; infîmes piqures éparses.<br />

184 Paul Morand. Ugo Mochi. Le Voyage. New-York, Heron Press, 1930. In-8,<br />

cartonnage toile verte et rhodoïd éditeur.<br />

450 €<br />

EDITION ORIGINALE de la traduction américaine et première édition illustrée, avec des<br />

splendides illustrations d’Ugo Mochi (silhouettes découpées), " le poète des ombres ".<br />

Un des 50 exemplaires de tête sur Bodoni, signé par Paul Morand et Ugo Mochi.<br />

Parfait état. Rare.


185<br />

186<br />

187<br />

185 Robert Musil. L’Homme sans qualité. Paris, le Seuil, 1957. 4 vol. in-8, brochés.<br />

EDITION ORIGINALE DE LA TRADUCTION FRANÇAISE, par Philippe Jacottet.<br />

360 €<br />

Roman inachevé - qui représente canoniquement l'impossibilité du romanesque au<br />

XXème siècle, L'Homme sans qualité porte en filigrane la citation de Pascal, « on<br />

n'aime personne, mais des qualités ».<br />

Son intention était d'y dénoncer certaines erreurs notoires de l'idéologie européenne,<br />

erreurs auxquelles nul remède n'avait de son point de vue été apporté, « en procédant du<br />

principe selon lequel les idées déterminent le cours de l'histoire, certes, mais le problème<br />

est que les gens ne parviennent pas à en concevoir de nouvelles ».<br />

Quand l'époque gaspille l'esprit dont elle dispose dans une gigantesque dépense d'énergie<br />

nerveuse, d'activisme effréné qui essaie de masquer le vide, Musil propose, dans une<br />

trame et un style qui présentent à la fois un caractère onirique et fantastique, un parcours<br />

d'hommes et de femmes « sans qualités », qui ne disposent que de métiers, de statuts,<br />

d'identités, de certitudes, formant un groupe de « gens de la réalité », alors qu'Ulrich -<br />

fasciné par la suprématie de la pensée - se définit comme « homme possible », sorte d'homme<br />

expérimental qui a « la faculté de penser tout ce qui pourrait être (…) et n'accorde<br />

pas plus d'importance à ce qui n'est pas.<br />

Un éclaireur éclairé, en quelque sorte.<br />

186 Pablo Neruda. Las Uvas y el Viento. Santiago de Chile, Nascimento, 1954.<br />

Pet. in-4 de 422 pp., broché.<br />

900 €<br />

ÉDITION ORIGINALE RARE.<br />

Exemplaire signé par le poète au feuillet de titre, au feutre.<br />

187 Pablo Neruda. Les Pierres du ciel. Les Pierres du Chili. Paris, Gallimard,<br />

1972. Petit in-8 de 111 pp. et 3 ff.<br />

700 €<br />

ÉDITION ORIGNALE DE LA TRADUCTION FRANÇAISE. (pas de grands papiers).<br />

Exemplaire du service de presse enrichi d’un envoi autographe :<br />

“ à Dedée et Juan, [André et Jean Marcenac]<br />

1972, Pablo Neruda “.<br />

[petite fleur dessinée].<br />

Précieux exemplaire d’un des proches de Neruda, Jean Marcenac. Ce dernier lui consacra,<br />

outre de nombreuses traductions, le volume de la collection « Poètes d'aujourd'hui<br />

».<br />

Le texte de Jean Marcenac sera d’ailleurs complété dans les rééditions par une étude de<br />

Claude Couffon, ici traducteur des Pierres du Chili.<br />

Bel exemplaire de très belle provenance.<br />

188 [Nijinsky]. Françoise Reiss. La Vie de Nijinsky. Nijinsky ou la grâce. Paris,<br />

Editions d'histoire et d'art, Lib. Plon, s.d. (1957). In-4 broché de 160 pp.<br />

140 €<br />

EDITION ORIGINALE. L'ouvrage de référence sur Nijinsky. Envoi autographe signé de<br />

l'auteur au faux-titre :<br />

" pour Simone Rebous / Bien affectueusement. / Françoise Reiss / Paris, le 10<br />

décembre 1957 ".<br />

Nombreuses reproductions photographiques à pleine-page. Jaquette illustrée. Coiffe très légèrement élimée,<br />

sinon, excellent état. Rare.


189<br />

192<br />

193<br />

194<br />

190<br />

191<br />

189 Roger Nimier. L’Etrangère. Paris, Gallimard, 1968. In-12, broché de 217 pp.<br />

600 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 56 exemplaires de tête sur Vélin (<strong>n°</strong> 2).<br />

Préface de Paul Morand.<br />

190 Jean d’Ormesson. Le Rapport Gabriel. Paris, Gallimard, s.d. (1999). In-8 broché<br />

de 430 pp.<br />

180 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 90 exemplaires sur Vélin (seul papier).<br />

191 Marcel Pagnol. Marius. Fany. César. Topaze. Illustrations d’Albert Dubout.<br />

Lausanne, Henri Kaeser, 1948-1949 et 1952. Quatre volumes in-8, demi-chagrin vert,<br />

dos lisses, titres dorés.<br />

400 €<br />

Première édition illustrée par Dubout, parue un an avant celle de Monte-Carlo ; elle est<br />

ornée pour chaque volume d'un frontispice et de 24 lithographies en couleurs hors-texte<br />

de Dubout. Tirage unique à 5000 et 1000 exemplaires, signé par Dubout à la justification<br />

de Marius et de Topaze.<br />

Bel ensemble.<br />

192 Marcel Pagnol. Pirouettes. Paris, Bibliothèque Charpentier, s.d. (1952). In-12<br />

broché de 188 pp.<br />

200 €<br />

Envoi autographe signé de l'auteur au faux-titre :<br />

" à Jean-Jacques Gautier,<br />

en toute amitié, Marcel Pagnol 1968 ".<br />

Mention de mille à la première de couverture.<br />

193 Marcel Pagnol. Jean de Florette. Manon des Sources. Paris, Editions de<br />

Provence, 1963. 2 vol. in-12, brochés.<br />

400 €<br />

Envois autographes signés sur chacun des volumes :<br />

“ à Jean-Jacques Gautier, son ami, Marcel Pagnol, 18 décembre 1963 “<br />

“ à Gladys Jean-Jacques Gautier, très cordialement, Marcel Pagnol, 18 décembre<br />

1963 “.<br />

194 Jean Paulhan. Le Guerrier appliqué. Paris, Sansot, 1917. In-12, broché.<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Tirage unique à 500 exemplaires, celui-ci 1/470 sur bouffant (après 30 sur pur-fil).<br />

Envoi autographe signé de l'auteur au faux-titre :<br />

" pour Orly Collet / en toute amitié /<br />

Jean Paulhan".<br />

480 €<br />

Ce texte, refusé par de nombreux éditeurs, trouvera refuge chez Sansot. Le titre figurera<br />

sur la liste de sélection du Prix Goncourt en décembre 1917. L'un des membres du<br />

jury, Lucien Descaves défendra ardemment ce livre déconcertant, sans succès puisque<br />

le prix ira finalement à La Flamme au poing d’Henri Malherbe, ouvrage qui ne<br />

semble pas être passé à la postérité (une des constantes de ce prix !)<br />

Olry Collet était un collaborateur du Spectateur (1909-1914), la revue de René<br />

Martin-Guelliot, co-animée par Paulhan (-merci à B.B.).<br />

Bel exemplaire, dépourvu des habituelles rousseurs.


197<br />

198<br />

195<br />

195 Jean Paulhan. Le Pont traversé. Paris, Camille Bloch, 1921. In-12 de 88 pp.,<br />

broché.<br />

<strong>15</strong>0 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Tirage unique à 575 exemplaires sur vergé d’Arches (dont 75 h.-commerce ; celui-ci <strong>n°</strong><br />

426).<br />

Le Pont traversé est le troisième livre publié de Jean Paulhan, un an après son entrée<br />

à La Nouvelle Revue française comme secrétaire de Jacques Rivière. L'ouvrage est<br />

divisé en trois « nuits », la première dédié à Roger Allard et la dernière à Louis de<br />

Gonzague-Frick. Allard, responsable des livres illustrés à la NRF, est un proche de<br />

l'éditeur Camille Bloch. C'est par son intermédiaire que ce dernier publie Jules<br />

Romains et Georges Duhamel puis rencontre Raoul Dufy, auteur de la vignette qui<br />

orne la couverture de ses publications.<br />

196 [Jean Paulhan]. 1884 - 1968. Témoignages - L'oeuvre - Langage et pensée -<br />

Les Arts - Le rôle. Textes inédits - Correspondance - Bibliographie. Paris,<br />

Nouvelle Revue française, 1 er Mai 1969. In-8 broché de 1049 pp.<br />

200 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des exemplaires num. et réimposé sur vélin (tirage non précisé<br />

celui-ci, <strong>n°</strong> 78).<br />

Ce numéro spécial de la rvue contient « Haï-kaï » (p. 938-940), « La Bonne entente » (p.<br />

941-945), « Mort de Groethuysen à Luxembourg » (p. 946-976), « Lettre à un académicien<br />

» (p.977-980), « La méthode critique de la N.R.F. » (p. 981-987) ; tous ces textes sont<br />

inédits et n’ont pas été repris dans les Oeuvres. lettres à Guillaume de Tarde, Félix<br />

Fénéon, Marcel Jouhandeau, André Gide, Charles Maurras, Jean Grenier, René<br />

Daumal, Étiemble, Roger Caillois, André Suarès, Franz Hellens, Édith Thomas,<br />

Yvonne Desvignes, André Dhôtel, Geogres Braque...<br />

Nombreuses reproductions photographiques en hors-texte (en noir) en tête de volume.<br />

Non rogné. A l'état de neuf. Rare.<br />

Lacroix, p. 206 (qui n’indique pas de tirage en grand papier).<br />

197 Jean Paulhan. Choix de lettres. 1917 - 1936. La Littérature est une fête. 1937<br />

- 1945. Traité des jours sombres. Paris, Gallimard, 1986 et 1992. 2 forts volumes in-<br />

8, brochés, de 503 et 537 pp.<br />

500 €<br />

EDITION EN GRANDE PARTIE ORIGINALE. Un des 53 et 38 exemplaires num. sur vélin (num.<br />

29 et 9, seuls grands papiers).<br />

Choix présentés par Dominique Aury et J.-Cl. Zylberstein, revus, augmentés et annotés<br />

par Bernard Leuilliot.<br />

A l'état de neuf.<br />

Lacroix, p. 66 & 76.<br />

198 Jean Paulhan. Fautrier l’enragé. Pais, Gallimard, 1962. Pet. in-4, broché.<br />

900 €<br />

Un des 37 exemplaires sur vélin pur-fil (tirage de tête) ; illustrée de trois planches h.texte<br />

de Fautrier (Les peaux de lapins ; Les boites en fer blanc ; Moana). Envoi<br />

autographe signé :<br />

“ l’Art véritable vient d’ôter, non d’ajouter.<br />

C’est à quoi tient la supériorité du marbre sur le bronze.... (à suivre)<br />

pour André Maurois, tout amicalement, Jean Paulhan“.<br />

A l'occasion de l'exposition Fautrier à la galerie René Drouin en 1943, Jean Paulhan<br />

écrivit une première version de ce texte. Deux ans plus tard, il en donnait une seconde<br />

version dans la revue Variété. C'est celle-ci qui sera reprise pour l'édition en volume


199<br />

201<br />

200<br />

publiée chez Blaizot en 1949, puis pour cette édition augmentée d'un quatrième chapitre<br />

et qui constitue l'édition définitive.<br />

Avec cette « façon de prendre à la légère les choses graves, et au sérieux les choses futiles<br />

- tout au moins en apparence » écrit Jean Grenier la critique d'art selon Paulhan correspond<br />

en tous points à l'art moderne. Les deux criterium classiques en la matière, la<br />

beauté et de la virtuosité, ne sont plus de saison. « Le monde Fautrier, écrit Paulhan,<br />

est, de toute évidence, un monde excessif et monstrueux, violent et comme abusif. (...)<br />

C'est l'excès et la démesure qui donnent le mieux chez lui le sentiment du vrai : de l'inévitable.<br />

»<br />

199 Édouard Peisson. Parti de Liverpool... S.l.n.d., <strong>Librairie</strong> Hachette, (1935). In-<br />

12 de 250 pp. plein maroquin rouge, médaillon doré sur les plats laissant apparaître par<br />

un hublot un navire chahuté, dos lisse, titre doré, tête dorée, couv. et dos cons. (Rel. signée<br />

de René Kieffer).<br />

<strong>15</strong>00 €<br />

Prremière édition illustrée, par E. Dufour.<br />

Toute l'œuvre littéraire d'Edouard Peisson fut marquée par son passé de marin. A 18<br />

ans, il embarqua dans la marine marchande et sillonna la Méditerranée, l'Atlantique et<br />

la mer Blanche. Cependant, en 1923, il fut contraint de rentrer à terre définitivement. Un<br />

décret de la Marine venait de réduire les effectifs de marins de commerce. Peisson devint<br />

alors rédacteur : « Il fallut vivre, dans le sens le plus plat du terme ; manger et avoir un<br />

toit sous lequel s'abriter » (Peisson). Il se mit alors à l'écriture pour tenter de faire<br />

revivre cette vie de marin qui lui manquait tant. Il publia en 1929, sa première nouvelle,<br />

Ballero capitaine.<br />

Toutes ses publications furent presque exclusivement consacrées à la marine marchande,<br />

fait rare pour un écrivain marin. Dans ses livres, l'auteur, souvent comparé à Joseph<br />

Conrad, faisait revire la vie à bord des cargos et navires de commerce : la dureté du travail,<br />

la vie en équipage. Il campait des personnages forts, dans un style très sobre, épuré<br />

: « C'est un maître de la parole sèche, de l'économie, du style dépouillé qui va à l'essentiel<br />

». Mais, Peisson était également passé maître dans l'art de la narration et du suspens,<br />

ce qui lui fallut le surnom de « Simenon de la mer ». Il porta cet art de l'intrigue à<br />

son apogée dans Parti de Liverpool.<br />

[avec] : [Édouard Peisson. Parti de Liverpool]. 23 dessins originaux, signés<br />

Dufour, non datés. In-4 et 23 dessins originaux, sous reliure maroquin rouge à l’identique<br />

du volume de texte, étui (René Kieffer).<br />

23 dessins, esquisses et travaux préparatoires originaux de Dufour pour l’illustration du<br />

texte.<br />

Il est joint une lettre autographe signée de Peisson à Bernard Privat.<br />

Très bel ensemble.<br />

200 Georges Perec. Un homme qui dort. Paris, Denoël 1967. In-12 étroit de 163 pp.,<br />

broché.<br />

350 €<br />

EDITION ORIGINALE Exemplaire du service de presse. Envoi autographe signé :<br />

“ pour Daniel Costelle / Cette histoire en creux / Amicalement / Georges Perec “.<br />

201 Georges Perros. Une Vie ordinaire. Roman poème. Paris, Gallimard, Coll. "Le<br />

chemin", 1967. In-12, broché de 198 pp.<br />

600 €<br />

EDITION ORIGINALE Un des 31 exemplaires de tête sur vélin.<br />

Superbe exemplaire, à l’état de neuf.


202<br />

203<br />

204<br />

202 Edgar Poe. L'ange du bizarre, suivi d'autres contes. Eaux-fortes originales<br />

d'Edouard Goerg. Paris, Marcel Sautier, 1947. In-4 de 95 pp. et 2 ff., en feuilles, sous<br />

couverture beige rempliée, emboîtage avec dos décoré et imprimé et étui de carton grisbleu.<br />

2400 €<br />

Illustré par Edouard Goerg de <strong>15</strong> eaux-fortes originales. Tirage limité à 275 exemplaires,<br />

celui-ci un des <strong>15</strong> premiers sur Malacca blanc (<strong>n°</strong>3), avec une suite en premier<br />

état, deux suites dans l’état définitif (l’une sur Malacca, l’autre en sanguine), un dessin<br />

original et un cuivre original.<br />

Envoi autographe signé de l’éditeur à la justification et envoi autographe enrichi d’un<br />

grand dessin original à l’encre de l’auteur au faux-titre :<br />

“ à monsieur et madame Copin, avec l’expression<br />

de mes sentiments bien sympathiques, Ed. Goerg “.<br />

Né en Australie d’un père champenois et d’une mère britannique, Édouard Goerg<br />

(1893-1969) quitte Sydney dans sa première jeunesse. Loin d’être “ un cosmopolite ou un<br />

déraciné, un de ces peintres nomades qui s’acclimatent aussi bien à Paris qu’à Londres<br />

ou à New-York (...) “ (Waldemar), il prend des cours chez Sérusier et Maurice Denis<br />

avant de devenir l'un des rares (et des plus originaux) représentants de l'expressionnisme<br />

français.<br />

Graveur subtil, Goerg illustrera également Baudelaire, à qui l’on doit la traduction originale<br />

du texte où Edgar Poe se penche sur une incarnation déroutante de l’ange, où un<br />

ivrogne affronte une étrange divinité faite de bouteilles et parlant un langage étrange, à<br />

la limite du compréhensible...<br />

Berl reconnaîtra en Goerg “ un trouble-fête, le fou et le prédicateur qui, hissé sur un tréteau<br />

de fortune,crache son immense dégoût à la face de ses contemporains “.<br />

Très bel exemplaire, l’un des meilleurs qui soit.<br />

George Waldemar, Goerg, pp. 2-13.<br />

203 Jacques Prévert. Paroles. Paris, Editions du Point du Jour / Le Calligraphe,<br />

1945. In-8 de 224 pp., broché.<br />

1200 €<br />

EDITION ORIGINALE. Couverture rempliée. Illustrée par une photographie de Brassaï.<br />

Exemplaire de Jean Follain enrichi d'un envoi autographe signé :<br />

" pour Jean Follain / Amicalement / Jacques Prévert ".<br />

Pliure à la première garde. Bon exemplaire au demeurant, de belle provenance normande<br />

: Follain est né et enterré à Canisy, près de Saint-Lô, trouvant dans son territoire natal<br />

de quoi inspirer sa ferveur poétique ; Prévert avait sa maison (aujourd’hui Musée<br />

Prévert) à Omonville-la-petite, après un “ coup de foudre “ en découvrant la région et le<br />

Cap de la Hague en 1930.<br />

204 Marcel Proust. Les Plaisirs et les jours. Illustrations de Madelaine Lemaire.<br />

Préface d'Anatole France et Quatre Pièces pour Piano de Reynaldo Hahn. Paris,<br />

Calmann-Lévy, 1896. Pet. in-folio de 3 ff., x et 273 pp. (mal ch. 271), demi-chagrin<br />

rouge, dos à nerfs, titre doré, couv. cons.<br />

1200 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Première oeuvre écrite et publiée de Proust, composée entre 1892 et 1895, joliment illustré<br />

par Madeleine Lemaire et préfacé par Anatole France.<br />

Dans sa correspondance, et à maintes reprises, l'auteur affirmera y avoir travaillé lorsqu'il<br />

était encore collégien. Après quelques difficultés, Calmann-Lévy accepte d'éditer le<br />

volume, qui paraît en librairie le 12 <strong>juin</strong> 1896. La critique fut très modérée ou presque<br />

silencieuse, quoique Léon Blum, dans La Revue blanche, nota avec clairvoyance : « j'attends<br />

avec beaucoup d'impatience et de tranquilité son prochain livre ». Mais un autre,


205<br />

206<br />

un certain Paul Duval plus connu sous le nom de plume de Jean Lorrain, signa un article<br />

fiéleux dans Le Journal : «oeuvre surfaite», «au prix d'excessif», où l’auteur est accusé<br />

d’homosexualité avec Lucien Daudet, de profiter de ses connaissances mondaines pour se<br />

faire éditer.... ; toutes allusions qui touchèrent Proust au point qu'il provoqua Lorrain<br />

en duel, le 6 février 1897 dans le bois de Meudon. L'écrivain avait choisi le peintre Jean<br />

Béraud et Gustave de Borda comme témoins, le critique, Paul Adam et Octave<br />

Uzanne : les deux balles échangées, fort heureusement, n’atteignirent aucun des deux<br />

écrivains. Pendant ce temps, Les Plaisirs… se vendirent mal. Proust écrira en 1904 à<br />

Edmond Jaloux : « Je me suis toujours étonné que quelqu'un ait lu Les Plaisirs et les<br />

jours. Mon éditeur m'a assuré que personne n'était jamais venu lui demander cet ouvrage.<br />

Il faut qu'il exagère un peu », se console-t-il joliment.<br />

De fait, il n'y aura pas de réimpression de l'ouvrage avant 1924, bien que du vivant de<br />

l'auteur, Gaston Gallimard, auquel il avait cédé son texte « sans droits », l'ait envisagé.<br />

Notons enfin que l'illustre préfacier, Anatole France, murmura à son secrétaire,<br />

Jean-Jacques Brousson, au moment d'entreprendre ce travail que Proust écrivait des «<br />

phrases interminables à vous rendre pulmonique ».<br />

Bel exemplaire.<br />

205 Marcel Proust. A la recherche du temps perdu : Du côté de chez Swann. À<br />

l’Ombre des Jeunes Filles en Fleurs. Le Côté de Guermantes I. Le Côté de<br />

Guermantes II - Sodome et Gomorrhe I. Sodome et Gomorrhe I. La Prisonnière.<br />

Albertine Disparue. Le Temps Retrouvé. Paris, Grasset [pour Swann], puis<br />

Editions de la Nouvelle Revue Française, 1913 puis 1918-1927. Soit 13 volumes in-<br />

12, demi-maroquin rouge ancien, dos à nerfs orné de caissons à froid, titres dorés, têtes<br />

dorées, date en pied, couv. et dos cons. (Rel. uniforme, signée de Laurenchet).<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

18 000 €<br />

Exemplaires numérotés sur vélin pur-fil pour les volumes parus aux éditions de la<br />

Nouvelle Revue Française ; le volume d’A l’Ombre des jeunes filles en fleurs est<br />

dans le premier tirage des 500 exemplaires sans mention d’édition.<br />

Premier tirage également pour Du côté de chez Swann, avec la faute typographique sur<br />

la page de titre et l’achevé d’imprimer au verso de la page 528.<br />

Contrecollée sur la page de titre de Du côté de chez Swann, rare carte de visite de<br />

l’auteur<br />

Très bel ensemble, parfaitement relié<br />

“ Marcel Proust, 102 boulevard Hausmann “.<br />

206 Raymond Queneau. Odile. Roman. Paris, Gallimard, s.d. (1937). In-12 de 221<br />

pp., broché.<br />

500 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ à Marcel Aymé, en toute sympathie<br />

Raymond Queneau“.<br />

Odile est le portrait d'un entre-deux âges de la vie, celui où, sorti de l'adolescence, l'on<br />

espère une maturité qui ne vient pas. Et c'est à Max Jacob qu'il appartient de l'avoir<br />

saisi d'emblée : « Il y a un âge, écrit-il à Queneau, où les études sont terminées sans<br />

l'être, où les ambitions commencent à être déçues bien qu'elles n'aient pas encore été réellement<br />

désirées, où l'on se trompe sur soi-même, où les autres se trompent sur vous. (...)<br />

On n'est plus un étudiant, on n'est pas encore un bourgeois et on croit qu'on ne sera<br />

jamais l'homme de la rue (...) Cet âge-là ne me semble avoir été étudié que par toi... »<br />

(Max Jacob, Lettre à l'auteur, 31 mai 1937).<br />

Michel Lécureur, éditeur scientifique de l'oeuvre romanesque de Marcel Aymé, biographe<br />

du même ainsi que de Queneau, dira combien leur humour rendait proches ces<br />

deux écrivains, signalant que nombre des livres de Queneau se trouvaient dans la bibliothèque<br />

de Marcel Aymé, « il est probable, écrit-il, que les deux hommes se voyaient chez


209<br />

207<br />

208<br />

Gallimard dont ils devaient fréquenter les "coquetèles". Marcel Aymé disait les détester,<br />

mais il s'y rendait néanmoins... ».<br />

Bel exemplaire.<br />

207 Raymond Queneau. Zazie dans le métro. Paris, Gallimard, 1959. In-12 de 253<br />

pp., broché, étui-chemise.<br />

1400 €<br />

ÉDITION ORIGINALE.<br />

Un des <strong>15</strong>8 exemplaires sur vélin-pur fil (deuxième papier après 40 ex. sur Holande).<br />

«Zazie dans le métro »… Dix-neuvième livre de Queneau, qui, enfin, le fit connaître<br />

auprès d'un plus large public. Cette notoriété nouvelle pour le co-fondateur de l'Oulipo<br />

s'explique peut-être par la totale tout autant que saisissante liberté de ton qui transparaît<br />

au travers de ce roman.<br />

Exception faite de l'héroïne, on peut considérer que le langage est véritablement le personnage<br />

principal de ce récit. Récit se déroulant sur fond de pérégrinations, de déambulations<br />

au travers de la capitale, laquelle finalement, apparaît tel un paysage abstrait,<br />

presque irréel.<br />

Queneau militant pour un renouvellement du language, n'hésite pas à introduire la<br />

langue verte au sein de son œuvre, recourir à de savants néologismes, mais également, et<br />

innovation caractèristique, former des mots calqués sur la manière dont nous nous exprimons<br />

oralement A la fois ludique et expérimental sur la forme, déroutant sur le fond,<br />

Zazie est, selon Nabokov, « une sorte de chef-d'œuvre dans son genre fantasque ».<br />

Louis Malle l'adaptant pour le cinéma l'année même de sa publication…<br />

208 Raymond Queneau. Cent mille milliards de poèmes. Postface de François Le<br />

Lionnais. Paris, Gallimard, 1961. In-4 de 4 ff., 10 pp. et ff. de 17 bandes de textes<br />

oblongues, cartonnage toile blanche imprimé de l’éditeur.<br />

1000 €<br />

EDITION ORIGINALE imprimée à 2750 exemplaires, celui-ci un des 250 exemplaires h.commerce<br />

de tête.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ à Marcel Arland, amicalement, R. Queneau “.<br />

Extraodinaire publication, qui restera comme une des belles aventures typographiques et<br />

créatives du siècle : sur 10 pp. un sonnet (de 14 vers, en 4/3/3) ou chaque vers est écrit<br />

sur une bande amovible de papier que l’on peut lier au vers de son choix parmi les suivans,<br />

ou les précédents. Après un court calcul (10 14) , on arrive donc bel et bien à<br />

100.000.000.000.000 de sonnets possibles, lexicalement et sémantiquement corrects.<br />

Depuis “ le Roi de la Pampa retourne sa chemise “ à “ Toute chose doit pourtant avoir<br />

une fin “, quelques millions de siècles de lecture ! Postface de François le Lionnais, un<br />

des fondateurs avec Queneau de l’Oulipo, crée l’année précédente.<br />

Séduit un temps par le dadaïsme et le surréalisme, il publia en 1923 son premier livre,<br />

Terres étrangères, remarqué par Gide et Larbaud, ce qui lui valut de se voir publié<br />

dans la NRF, dont il devint un collaborateur régulier, prenant la succession de<br />

Thibaudet à la chronique des romans, avant d'assumer la direction de la revue avec Jean<br />

Paulhan, à partir de 1953, puis seul, à la mort de ce dernier en 1968. 1954 : Queneau<br />

accepte la direction de l'"Encyclopédie de la Pléiade".<br />

Exemplaire en parfait état, avec son rodhoïd d’origine conservé.<br />

209 Raymond Queneau. Courir les rues. Battre la campagne. Fendre les flots.<br />

Paris, Gallimard, 1967, 1968, 1969.<br />

1600 €<br />

Un des 40, 35 et 35 exemplaires sur Hollande (tirage de tête).<br />

Au printemps 1966, Queneau notait dans son Memorandum : « commencé promenades<br />

dans Paris ». Ce qui indiquait qu'il suivrait pour ce livre la même méthode que<br />

celle utilisée pour ces rubriques de L'Intransigeant, « Connaissez-vous Paris ? »<br />

publiées en 1938. Il parcourait la capitale et faisaient de petites découvertes qu'il notait


211<br />

minutieusement, comme par exemple le nombre de bancs parisiens. Son prière d'insérer<br />

indique ainsi la teneur de ces nouvelles promenades, « récit d'allées et venues dans un<br />

Paris qui n'est ni le « Paris mystérieux » ni le « Paris inconnu » des spécialistes. Il n'y<br />

est question que de petits faits quotidiens, des pigeons, du nom des rues, de touristes égarés...<br />

»<br />

Courir les rues initiera le triptyque à venir : les poèmes de ces trois recueils, publiés à<br />

un an d'intervalle, ont tous été écrits en vue de la publication. Ils forment ce qu'il est<br />

convenu d'appeler une trilogie, voulue et expliquée par l'auteur dans deux des prières<br />

d'insérer de ces livres. Pour Battre la campagne d'abord : « Ce livre fait suite à Courir<br />

les rues. Les rues, si on les suit jusqu'au bout mènent aux champs ou dans les bois. On<br />

y rencontre des paysans, des plantes, des animaux, mais la ville avance le long des routes<br />

nationales. Y aura-t-il toujours des paysans, des plantes, des animaux ? » ; puis pour le<br />

dernier recueil, Fendre les flots, « La vie est une navigation, on le sait depuis Homère.<br />

L'auteur regarde s'embarquer un enfant dans une ville maritime, il le suit à travers vents<br />

et marées, et donne ainsi un complément à Chêne et chien ainsi qu'une suite à Courir<br />

les rues et Battre la campagne. »<br />

210 [Raymond Queneau, bibliothèque de]. Yves Berger. Le Sud. Paris, Bernard<br />

Grasset, 1962. In-12 broché de 226 pp.<br />

200 €<br />

EDITION ORIGINALE. Exemplaire du service de presse.<br />

Envoi autographe signé de l'auteur au faux-titre :<br />

" pour Monsieur Raymond Queneau, / en très sincère hommage, / et avec toute l'admiration<br />

de / son lecteur attentif / Yves Berger / Paris le 6 Octobre 1962."<br />

211 Charles-Ferdinand Ramuz. Adam et Eve. [Lausanne], Mermor, 1933. In-8,<br />

demi-maroquin mauve à coins, filet doré sur les plats, dos à nerfs, tête dorée, dos cons.,<br />

étui papier (Rel. signée de Weckesser).<br />

1100 €<br />

EDITION ORIGINALE. Exemplaires <strong>n°</strong> 1 sur Hollande, avec un envoi autographe signé de<br />

l’auteur :<br />

“ à monsieur Louis Brun, en très lointain mais très particulier hommmage.<br />

CF Ramuz, févr. 33 “.<br />

A la Croix Blanche, sa maison, Louis Bolomey est accablé par le départ de sa femme. Il<br />

fait alors la connaissance d'un certain Gourdou, vieux rétameur itinérant qui lui<br />

explique que ses malheurs viennent du Péché originel dont il porte en lui l'hérédité fatale.<br />

Effaré, Bolomey ouvre le Livre de la Genèse. Il décide alors de forger un univers<br />

d'avant la Chute et de vivre avec sa maîtresse, Lydie, une sorte de nouvel Eden. Un<br />

thème complexe et délicat qui vaudra à Ferdinand Ramuz sept ans d'ébauches avant la<br />

rédaction finale.<br />

A sa parution, le livre suscita nombre d'articles négatifs : « Dès qu'il veut passer aux<br />

vues synthétiques, son style s'essouffle ; et le pis de tout se produit quand il veut exprimer<br />

quelque chose qui ressemble à des idées » dit un éditorialiste. Mais Albert<br />

Thibaudet signe dans la NRF, où le texte paraît en livraisons au même moment que sa<br />

parution en volume, un article élogieux : « Avec la langue de M. Ramuz, avec la théologie<br />

de M. Ramuz (ou de son rétameur) M. Ramuz a fait de ce petit livre un chefd'œuvre<br />

de poésie, le meilleur qu'il ait écrit depuis longtemps. » Or, ces critiques, et les<br />

préventions du comité de lecture de Gallimard, feront que Ramuz remaniera complètement<br />

son texte et donnera à Grasset pour sa réédition une version assez édulcorée. Il est<br />

donc précieux de lire Adam et Eve dans cette édition originale.<br />

Enfin, les relations de l'auteur avec son éditeur suisse était si privilégiées qu'on ne saurait<br />

trouver exemplaire plus adéquat : « Ma vocation d'éditeur, écrira Henry-Louis<br />

Mermod, est en ce sens singulière qu'elle est née de l'admiration que j'avais pour<br />

Ramuz et du désir de le voir souvent. Notre rencontre date de l'automne 1923.(…) Je lui<br />

dis mon admiration, je lui parlais de son œuvre, ne sachant pas encore que sa pudeur<br />

répugnait à toute conversation sur lui et sur ses livres. » L'éditeur expliquera aussi leur<br />

étroite collaboration lors de la fabrication des ouvrages : « Pendant le temps de la composition<br />

du livre j'évitais de lui poser des questions. (…) Le papier, le caractère, la mise<br />

en page du titre, tout était examiné ensemble, mais je m'en remettais pour tout à son


214<br />

212<br />

213<br />

goût, désireux d'avoir un livre qui, jusque dans sa réalisation matérielle, fût Ramuz. »<br />

(Mermod, in Gazette de Lausanne, 31 mai 1947 cité dans Buchet, Ramuz vu par ses<br />

amis.) Directeur littéraire chez Grasset, Louis Brun fut en correspondance régulière<br />

avec l'auteur pendant qu'il travaillait sur son manuscrit.<br />

Très bel exemplaire.<br />

212 [Arthur Rimbaud - supercherie attribuée à]. La Chasse spirituelle.<br />

Introduction de Pascal Pia.<br />

Paris, Mercure de France, 1949. Petit in-4 de 58 pp. et 2 ff., broché, couv. rempliée sur<br />

papier fort, à rabats.<br />

480 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 60 exemplaires sur vergé d'Arches (<strong>n°</strong> 2, tirage de tête).<br />

Serpent de mer obsédant des rimbaldophiles, le monstre refait surface le 19 mai 1949,<br />

quand le Combat de Maurice Nadeau annonçe qu'on avait récupéré par hasard le<br />

manuscrit légendaire, publié le même jour par le Mercure de France sous la houlette<br />

enthousiaste de Maurice Saillet et de Pascal Pia. Stupeur dans le monde des lettres.<br />

Breton s’y colle, on connaît la suite. Le Loch Ness de Rimbaud dort toujours.<br />

Bel exemplaire.<br />

213 Noële Roubaud. [Sans titre]. S.l.n.d.n.é. In-4 sans pagination, cousu.<br />

600 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 100 exemplaires num. sur Hollande (unique papier). Celuici,<br />

<strong>n°</strong> 74 (justification manuscrite de l’auteur).<br />

Exemplaire enrichi d’un envoi autographe de l’auteur au premier feuillet :<br />

“ à André Salmon, Noële Roubaud “.<br />

Charmant album dénué de texte (hormis l’introduction de Georges Delaw) se composant<br />

de 13 sérigraphies en couleurs. Rare.<br />

un portrait en pied inédit d’Apollinaire ?<br />

214 André Rouveyre. Quelques prisonniers allemands. Préface d’Emile<br />

Verhaeren. Paris, Mercure de France, 19<strong>15</strong>. In-8 étroit sans pagination, broché, contenu<br />

dans une boîte de demi-maroquin bleu, dessin en regard sous plexiglas souple, titre<br />

doré en long, date en pied. (Rel. signée de Laurenchet).<br />

1700 €<br />

EDITION ORIGINALE. Tirage strictement limité à 166 exemplaires. Celui-ci, un des 160 sur<br />

Arches (second papier) après seuleument 6 Japon.<br />

Préface d’Emile Verhaeren.<br />

Dessin original signé par Rouveyre, sur calque et papier, représentant un officier français,<br />

signé par l’auteur. Diverses mentions mannuscrites au crayon rec-verso, dont un<br />

[G.A.] [pour Guillaume Apollinaire ?].<br />

L’édition, quant à elle, comprend 17 dessins en noir d’officiers et soldats allemand.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ au quatrième artillerie lourde Pascal-Siegler (sic),<br />

en amitié, Rouveyre, Saint-Cyr, déc. 19<strong>15</strong> “.<br />

Henri Siegler-Pascal fut également un proche de Guillaume Apollinaire, auquel ce<br />

dernier avait dédié et envoyé quelques mois plus tôt Soleil de la Paix, un des futurs<br />

poèmes de Calligrammes. C’est grâce à lui qu’il rencontre, lors d’ue permission en septembre<br />

1914 à Nice, Lou chez des amis parisiens de Siegler-Pascal.


2<strong>15</strong><br />

216<br />

217<br />

Car le dessin de Rouveyre n’est pas sans évoquer la figure même d’Apollinaire : il ne<br />

s’agit en tout cas pas d’un “ prisonnier allemand “ mais d’un officier français puisque les<br />

insignes portés au col sont ceux de l’armée française [Apollinaire était artilleur et souslieutenant].<br />

La figure est, en tout cas, proche du visage d’Apollinaire, tel qu’il sera représenté par<br />

Picasso dans les contemporains pittoresques.<br />

Très bel ensemble.<br />

Cf. Album Pléiade, pp. 206-207.<br />

2<strong>15</strong> Nathalie Sarraute. Vous les entendez ? Paris, Gallimard, 1972. In-12, broché.<br />

400 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 56 exemplaires sur vélin (seul grand papier).<br />

Avec Vous les entendez ? Sarraute délaisse le champ romanesque pour s’intéresser à<br />

l’art et à sa réception - une sculpture de pierre pré-colombienne provoquant par sa seule<br />

présence conflits et tensions au sein d’une famille : agressivité délibérée, jalousie, ignorance<br />

?<br />

L’œuvre d’art comme objet culturel source d’incompréhension et de tension est cette fois<br />

menacée, non par des paroles, mais par des rires, «énigme illimitée où les rapports<br />

humains se réfléchissent les uns les autres sans jamais s’arrêter en une signification définitive».<br />

Une réflexion qui pose la culture au centre même des rapport humains et qui<br />

annonce -le flamboyant humour de Yasmina Réza en moins - la pièce Arts.<br />

Lisons Sénéque ! Un des grands textes de Sarraute, injustement méconnu.<br />

216 Nathalie Sarraute. Entre la vie et la mort. Paris, Gallimard, 1968. In-12 de<br />

261 pp., broché.<br />

650 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 56 exemplaires sur vélin (seul grand papier).<br />

Le destin des livres de Nathalie Sarraute est assez paradoxal : une écriture difficile,<br />

aïgue, analysée comme telle par Maurice Blanchot, et une des plus aimée et des plus<br />

connues de notre littérature. Dans les années soixante, Sarraute publiera trois romans<br />

autour du même thème, développant une réflexion sur “ l’effort créateur “ : les Fruits<br />

d’or en 1963 ; Vous les entendez ? (cf. <strong>n°</strong> précédent) en 1972 et, intercalé, Entre la<br />

vie et la mort, qui tient une place essentielle pour l’auteur : l’histoire d’un écrivain dont<br />

l’introspection tourne au tragique, qui vivra “ une lutte effroyable entre la sensation<br />

pure, le ressenti et le mot à travers lequel il va devenir visible (...) : lutte acharnée et incertaine<br />

sur un des terrains où la vie et la mort s’affrontent avec le plus de dissimulation,<br />

celui où une oeuvre littéraire prend racine, grandit ou meurt “.<br />

Superbe exemplaire ; parfait état.<br />

217 Jean-Paul Sartre. Esquisse d'une théorie des émotions. Paris, Hermann, «<br />

Actualités scientifiques et industrielles », 1939. Grand in-8 de 53 pp., broché.<br />

200 €<br />

EDITION ORIGINALE. (pas de grand papier).<br />

Staline et Hitler ont plongé une partie du monde dans la terreur, il convient donc de<br />

penser l'Homme et le monde avec de nouveaux outils : ne plus se contenter de constater<br />

les faits mais s'intéresser à la signification des faits humains. C'est la naissance de la phénoménologie<br />

que Sartre embrasse aussitôt et applique ici à l'étude des émotions. L'être<br />

humain est jeté dans le monde, ses émotions traduisent son rapport au monde, signifient<br />

sa réalité d'être affectif. Ainsi est mise à jour une des structures essentielles de la<br />

conscience.<br />

Tel est l'apport de la méthode phénoménologique à la psychologie : les émotions ne sont<br />

plus des faits accidentels, observables par introspection ou empirisme, elles sont des phénomènes<br />

de conscience constitutives de la nature de l'homme.<br />

Bel exemplaire, non coupé, en parfait état.


218<br />

219<br />

220<br />

218 Jean-Paul Sartre. Huis clos. Paris, Gallimard, 1945. In-12 de 122 pp., broché.<br />

250 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 250 exemplaires hors-commerce num. sur châtaignier.<br />

Créée le 27 mai 1944 au théâtre du Vieux-Colombier, nous devons à Robert Kanters de<br />

connaître les prémisses qui permirent à l'auteur de monter cette pièce : « En un jour,<br />

Annet Badel décida de racheter le Vieux-Colombier et de lui rendre son lustre du temps<br />

de Copeau (…). / Et c'est Gaston Gallimard qui apporta le texte manuscrit, ou déjà<br />

publié sous le titre Les Autres par l'Arbalète, d'une pièce d'un auteur dont il avait déjà<br />

publié les premiers livres, dont des articles de la Nouvelle Revue française avaient<br />

ébranlé des idoles en place comme Mauriac ou Giraudoux, et dont Charles Dullin<br />

avait déjà monté une oeuvre, Les Mouches : Jean-Paul Sartre. »<br />

Dans la première distribution, Sartre qui avait écrit sa pièce pour deux jeunes élèves du<br />

Conservatoire, dont l'une était sa maîtresse, confia le rôle titre à Camus ainsi que la mise<br />

en scène. Mais Badel mit en doute les qualités de metteur en scène de l'écrivain et Sartre<br />

proposa le travail à Raymond Rouleau. Camus, privé de mise en scène et déçu, renonça<br />

au rôle et fut remplacé par Michel Vitold.<br />

Outre ces fluctuations, dès sa création la pièce fut un triomphe. Elle est encore aujourd'hui<br />

la plus connue, la plus jouée et la plus rééditée des œuvres dramatiques de Sartre.<br />

219 Jean-Paul Sartre. Les Séquestrés d’Altona. Paris, Gallimard, 1960. In-12 de<br />

222 pp., broché.<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 45 exemplaires de tête sur Hollande.<br />

750 €<br />

Parmi les critiques que souleva la première représentation de cette pièce, donnée le 23 septembre<br />

1959 au théâtre de la Renaissance, celle de Bernard Dort formula nettement<br />

l'intention de l'auteur : « Jamais Sartre n'avait dit comme ici son angoisse devant le<br />

monde d'aujourd'hui, la nécessité de le vivre, de l'assumer pleinement, d'en être non seulement<br />

le témoin, mais un acteur responsable. »<br />

Ce « monde d'aujourd'hui », c'est celui d'Auschwitz, de la guerre d'Algérie ; quinze ans<br />

à peine ont passé pour l'un, et l'autre est contemporaine de la pièce. A la question d'une<br />

journaliste : « Quelle émotion particulière entendez-vous donner par les Séquestrés ? »,<br />

Sartre avait répondu « Le sentiment de l'ambiguïté de notre temps. La morale, la politique,<br />

plus rien n'est simple » et il ajoutait dans une allusion à peine voilée à l'Algérie, «<br />

Il y a cependant des actes inacceptables. » Chacun donc de ces épisodes tragiques appartiennent<br />

à ce XXème siècle « solitaire et difforme », comme le nomme « Frantz », personnage<br />

central de la pièce qui représente un héros contradictoire, qui après avoir sauvé<br />

une vie devient un criminel. Ce renversement des fins par les moyens est ce que l'auteur<br />

appellera dans La Critique de la raison dialectique, écrite en même temps que cette<br />

pièce, « la contre-finalité ».<br />

220 Jean-Paul Sartre. Critique de la raison dialectique (précédé de Question de<br />

méthode). Théorie des ensembles pratiques. Paris, Gallimard, 1960. 2 vol. fort in-8,<br />

brochés.<br />

900 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 20 exemplaires de tête sur Hollande.<br />

Véritable traité où sont analysées les formes contemporaines du mal, ce texte interroge<br />

l'origine, la nature et la possible éviction d'une de ses manifestations les plus courantes<br />

: la violence. Comment éradiquer ce mal ? Une question que seule peut éclairer la raison<br />

appliquée à l'histoire, c'est-à-dire précisément la raison dialectique. Mais attention, celleci<br />

pensée par Sartre prend une résonance très concrète creusant l'écart entre marxisme<br />

et existentialisme. Un écart dont l'auteur lui-même reconnaît la cause profonde, la continuité<br />

du sens de l'Histoire selon la raison dialectique s'oppose à la discontinuité du temps<br />

telle qu'il la pose dans l'Etre et le Néant. Huit cent pages serrées que Sartre mit plusieurs<br />

années à écrire alors même qu'il travaillait sur Les Séquestrés d'Altona (cf. <strong>n°</strong><br />

précédent), autre méditation sur le mal.<br />

Le tome II annoncé n'a jamais paru (sera complété dans une édition collective en 1985 chez Gallimard). Seul<br />

le tirage de tête sur Hollande est en deux volumes, du fait de l'épaisseur du papier : le tirage courant et le purfil<br />

paraissent en 1 vol. in-8 de 755 pp. Parfait état. Très rare.


221<br />

222<br />

222<br />

223<br />

221 Ferdinand de Saussure. Cours de linguistisque générale. Genève, Payot, 1916.<br />

In-8, broché, étui-chemise plein papier, dos lisse à filets d'encadrement.<br />

2400 €<br />

EDITION ORIGINALE (pas de grand papier).<br />

Le Cours de linguistique générale, enseigné par de Saussure entre 1907 à 1911, est<br />

reconstitué en 1916 à partir des notes de travail laissées par Saussure et des cahiers de<br />

Charles Bailly et Albert Sechehaye, deux de ses élèves.<br />

Cet ouvrage capital pose les conditions de la linguistique moderne.<br />

Bel exemplaire broché. Très rare.<br />

222 [Bretagne - prix Goncourt]. André Savignon. Filles de la pluie. (Scènes de la<br />

vie ouessantine). Paris, Bernard Grasset, 1912. In-12 de 303 pp., broché.<br />

1000 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Exemplaire <strong>n°</strong> 1 sur Hollande, nominatif de Louis Brun, directeur des éditions<br />

Grasset.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ à Louis Brun, en cordial souvenir, en remerciement pour son dévouement<br />

et avec l’espoir que nos bons rapports durent longtemps “.<br />

On ne peut pas dire que ce voeux de l'auteur fut tout à fait exaucé... Témoin, la petite histoire<br />

du prix Goncourt qu'il remporta avec ce livre et celle de ses rapports avec Bernard<br />

Grasset. Pendant une campagne menée fermement pour obtenir ce prix, et cela depuis<br />

l'Angleterre où il se rendait souvent pour son travail de journaliste, Savignon n'obtint<br />

pas le soutient total de Grasset.<br />

Au départ l'éditeur croyait si peu à ce livre qu'outre le contrat du 5 décembre 1911 signé<br />

à compte d'auteur, il laissa à d'autres la charge de soutenir Les Filles de la pluie auprès<br />

du jury. Pierre Mille, alors critique au journal Le Temps, mena à sa place certaines<br />

démarches auxquelles il ne fit qu'acquiescer. Cependant Grasset, au dernier moment,<br />

guida son auteur pour qu'un faux pas ne remette pas en jeu ses chances de succès : « Il<br />

me revient de divers côtés, aussi bien du milieu Goncourt que du milieu Vie heureuse<br />

que vous êtes très recommandé. Je viens vous le dire tout de suite, et vous supplie de ne<br />

plus faire aucune démarche d'aucun côté. Tout le monde maintenant connaît votre livre<br />

et une démarche ou une recommandation nouvelle aurait peut-être un effet désastreux.<br />

C'est une chose de pure impression, mais ces impressions-là ne trompent pas (...) Donc<br />

couchez-vous, fiez-vous à ma diplomatie. » Grasset avait raison et sa stratégie porta ses<br />

fruits. Filles de la pluie obtint le Goncourt tandis que Grasset, toujours avisé, avait<br />

entretemps modifié le contrat qui l'unissait à l'écrivain.<br />

Cependant le succès de librairie fut si mitigé que les exemplaires se vendirent lentement<br />

et peu. La critique sévère prévoyait que Sauvignon ne fit pas long feu. Et de fait, après la<br />

guerre, Savignon avait presque disparu de la scène littéraire ; quand son éditeur voulut<br />

le relancer en lui proposant un contrat d'exclusivité, Savignon refusa. Fin de l'histoire.<br />

Ce roman, malgré tout, est aujourd’hui considéré comme un excellent témoignage sur la<br />

vie bretonne et ouessantine du début du XXème siècle.<br />

On joint une lettre autographe, datée du 25 février 1913 : “ Monsieur, c’est avec un vif<br />

plaisir que j’ai lu “ Les Filles de la pluie “ dont vous m’avez fait hommage et qui, dans<br />

mon nouveau poste, vient me rappeler Ouessant. L’auteur rapporte certains faits dont je<br />

peux garantir l’authenticité et sur lesquels il reste encore bien en dessous de la vérité : la<br />

conclusion est nette : “ c’est une île perdue “. Avec mes remerciements, [sign. non identifiée],<br />

ancien juge de paix d’Ouessant ; juge de paix à Tinchebray “.<br />

Exemplaire à grandes marges, en parfaite condition.<br />

223 Léopold Sédar-Senghor. Ethiopiques. Paris, le Seuil, 1956. In-8, broché.<br />

300 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 25 exemplaires de tête sur vélin neige.<br />

Aïthiops, en grec, signifie « ce qui paraît brûlé », d'où noir, couleur de la peau. Le titre du<br />

recueil de Senghor - son troisième recueil de poèmes - est donc révélateur. Il y voit une<br />

revendication de la Négritude - qui consiste en l'affirmation des cultures africaines et en<br />

la revendication de l'identité noire - à travers de poèmes qui ont vocation à être chantés.<br />

Titre très important de l’auteur, qui marque une nouvelle étape de la riche vie de Senghor


224<br />

225<br />

226<br />

: l’enfant prodige de Joal, l’étudiant du lycée Louis-le-Grand, le compagnon d’Aimé<br />

Césaire et de Léon Damas, le premier agrégé de grammaire africain de l’Université de<br />

Paris, le défenseur de la francophonie, l’animateur du Premier Congrès international des<br />

Artistes noirs ou encore Président de la République du Sénégal.<br />

224 Samuel Silvestre de Sacy. Dix légendes en marge du livre. Eaux-fortes de Jean<br />

Bruller. Paris, Chez les frères Creuzevault, s.d. (1930). Fort in-4 de 120 pp. Plein<br />

maroquin tête de nègre, dos lisse, titre doré, tête dorée, couv. et dos cons. (Rel. signée de<br />

Creuzevault).<br />

1700 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 50 exemplaires num. du tirage de tête sur Japon impérial,<br />

celui-ci nominatif pour Jean-Jacques Journet.<br />

Exemplaire enrichi d’un envoi autographe signé de l’auteur :<br />

“ bien cordialement / S. Silvestre de Sacy” ,<br />

ainsi que d’une page du manuscrit [correspondant au texte imprimé page 26], d’un dessin<br />

original en coul. signé de Bruller, d’une suite en premier état + une en noir + une en<br />

couleurs. Envoi autogrraphe signé au crayon de l’illusrateur au faux-titre :<br />

“ à monsieur J.-J. Jourmet / [dessin figurant un moine tonsuré] / bien sympathiquement<br />

/ Jean Bruller “.<br />

Splendde exemplaire, admirablement relié.<br />

225 Georges Simenon. Germaine Krull. La Folle d’Itteville. Phototexte. Paris,<br />

Jacques Haumont, 1931. In-8, broché.<br />

1400 €<br />

EDITION ORIGINALE. Couverture et illustrations photographiques par Germaine Krull.<br />

Rare publication de Simenon, La Folle D'Itteville est présenté le 4 août à bord de sa fidèle<br />

péniche L'Ostrogoth, amarré au quai d'Anjou (pont Marie) à Paris, avec Jacques<br />

Haumont et Germaine Krull. Cette fête arrose le lancement de la collection «<br />

Phototexte » dont -malgré l'annonce en quatrième de couverture d'une nouvelle collaboration<br />

Simenon / Krull pour L'Affaire des 7 »- il ne paraîtra que ce seul volume.<br />

Menguy, p.29, <strong>n°</strong> 8 ; Grisay, p. 98.<br />

les exemplaires de Claude Menguy, le bibliographe de Simenon<br />

226 Georges Simenon. La Guinguette à deux sous. Paris, A. Fayard, 1931. In-12,<br />

broché, couv. illustrée par la photographie.<br />

600 €<br />

EDITION ORIGINALE. (pas de grands papiers).<br />

Envoi autographe signé :<br />

“En souvenir de Morsang, où j’étais jeune,<br />

à Claude Menguy qui connaît les lieux de l’action. 1985 “<br />

Un assassin, dont on a perdu la trace, est retrouvé, par hasard, parmi les clients de la<br />

Guinguette à deux sous, petit établissement sur les bords de la Seine, près de Morsang.<br />

Chaque dimanche, depuis des années, quelques Parisiens ont pris l'habitude de s'y<br />

retrouver. Environnement hautement autobiographiques : depuis 1931 et les premiers<br />

romans parus chez Fayard (ce titre est le 12 ème de la série), Simenon rédige ses Maigret<br />

à bord de l'Ostrogoth, à quai à Morsang-sur-Seine. Il avait fait construire en 1929 ce<br />

cotre de dix mètres, à Fécamp. Premier voyage pour le navire, par la Belgique, la<br />

Hollande, et la Norvège par le bateau régulier.


227<br />

C’est dans ces moments qu’ il aurait rédigé son premier Maigret, à Delfzijl (Pietr le<br />

Letton), puis les titres suivants ; il s’installe fin 1929 à quai à Morsang-sur-Seine, jusqu’à<br />

l’été 1930 : il passe ensuite l'automne et l'hiver en Bretagne et Normandie: c’est là<br />

qui’il rédige en octobre, à Ouistreham (Calvados) La Guinguette à deux sous. Comme<br />

un adieu, il y évoque Morsang, où il ne reviendra plus : en décembre, L’Ostrogoth est<br />

vendu et Simenon s’installe à Antibes. Le même mois, La Guinguette à deux sous est<br />

imprimée et paraît en librairie en janvier 1932.<br />

C’est sur L’Ostrogoth que Fayard avait organisé, le 20 février 1931, un Bal anthropométrique<br />

qui marque la naissance de Maigret et de l’écrivain Simenon, qui signe sous<br />

son nom pour la première fois. On présente les deux premiers titres parus, Monsieur<br />

Galet, décédé et Le pendu de Saint-Pholien, ainsi que l’étonnante Folle d’Iteveille<br />

(cf. <strong>n°</strong> précédent) :<br />

“ Outre l'opération médiatique qui l'accompagne, le lancement des enquêtes du commissaire<br />

Maigret se signale par une innovation considérable pour l'époque en matière d'édition<br />

: des couvertures illustrées sur les deux plats et le dos par la reproduction d'une photographie<br />

en noir et blanc. Le prix des ouvrages est de 6 Fr. et les lettres blanches du titre<br />

sont garnies d'un filet sinusoïdal, ce qui — en principe (car il existe des exceptions !) —<br />

distingue les éditions originales des réimpressions.” (Yves Martina).<br />

Bel exemplaire de très belle provenance.<br />

Menguy, p.32, <strong>n°</strong> 13 ; Grisay, p. 98.<br />

227 Georges Simenon. Maigret. Paris, A. Fayard, (mars) 1934. In-12 de 254 pp.,<br />

broché.<br />

750 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 50 exemplaires de tête sur vélin (seul grand papier, <strong>n°</strong> 20).<br />

Dernier titre des Maigret paru chez Fayard ; ce 19 ème titre devait même clore la série : “<br />

J'ai choisi. Quand, après une vingtaine de romans, je me suis aperçu que je penchais plutôt<br />

du côté de l'œil de Dieu que du côté du quai des Orfèvres, je me suis arrêté et j'ai passé<br />

à d'autres exercices. On m'a envoyé des tas de lettres. On m'en a voulu. « Le Jour » m'a<br />

demandé de faire revivre Maigret pendant quelques semaines. J'ai juré, auparavant, que<br />

c'était la dernière fois ! “ (In « Le Jour » (quotidien), du 19 janvier 1934, pour accompagner<br />

la préoriginale de Maigret).<br />

Car depuis octobre 1933, Simenon est engagé par un contrat qui le lie à Gallimard jusqu'en<br />

1945. Dans son esprit, il en a terminé avec Maigret et la publication, en <strong>juin</strong> de la<br />

même année, de L'écluse <strong>n°</strong> 1 puis, “ pour la dernière fois “ du roman intitulé symboliquement<br />

Maigret, où l'auteur se croit débarrasser définitivement de son personnage,<br />

qu'il envoie en retraite à Meung-sur-Loire.<br />

Mais Simenon est aussitôt sollicité par ses éditeurs et doit se rendre à l'évidence : le destin<br />

de Maigret ne lui appartient plus. En 1936, il fait revivre le commissaire dans une<br />

série de nouvelles-concours commandées par le quotidien « Paris-Soir » puis, l'année suivante,<br />

par la Société Parisienne d'Editions qui lui réclame dix enquêtes (également<br />

sous forme de nouvelles) pour sa collection « Police-Film / Police-Romans »... c’est le<br />

retour du célèbre comissaire , en 1942 et Maigret revient. Suivront 56 romans et 28<br />

nouvelles, auxquels il faut ajouter, après 1942, 82 romans hors-Maigret et à peu près<br />

autant de nouvelles.<br />

Provenance : Claude Menguy (<strong>n°</strong> 36 de la vente de sa bibliothèque).<br />

Menguy, p. 44, <strong>n°</strong> 3 ; Grisay, p. 99.


230<br />

232<br />

233<br />

228 Georges Simenon. Maigret a peur. Paris, Presses de la Cité, 1953. In-12, broché,<br />

jaquette imprimée à rabats.<br />

Un des 100 exemplaires num. sur vélin (seul grand papier). Celui-ci, <strong>n°</strong> 27<br />

450 €<br />

229 Georges Simenon. Le Grand Bob. Paris, Presses de la Cité, 1954. In-12, broché,<br />

couv. illustrée.<br />

600 €<br />

EDITION ORIGINALE, un des 100 exemplaires num. sur pur-fil, enrichi d'un joli envoi<br />

signé à l'encre noire de Simenon :<br />

“ à Jules Gheude, sympathique découvreur<br />

d’éditions originales [signature] / 1986 “.<br />

Parfait état neuf, non coupé, impeccable.<br />

230 Georges Simenon. Pedigree. Paris, Presses de la Cité, 1952. In-8, broché, jaquette<br />

imprimée à rabats.<br />

EDITION ORIGINALE. Jointe, photographie originale de l’auteur.<br />

Bel exemplaire du premier tirage, non expurgé.<br />

450 €<br />

231 Georges Simenon. Chemin sans issue. Paris, Gallimard, 1938. In-12 de 222 pp.,<br />

broché.<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 30 exemplaires sur vélin, celui-ci 1/10 h.-commerce. (<strong>n°</strong> 23).<br />

Bon exemplaire.<br />

1200 €<br />

232 Georges Simenon. Les Témoins. Lakeville, Conn.[ecticut], 1954. In-4 de 231<br />

pp., sur papier jaune, couvertures éditeur de canson noir avec titre imprimé en jaune, dos<br />

à spirales.<br />

4500 €<br />

EDITION ORIGINALE miméographiée à 100 exemplaires, numérotée et signée par l’auteur.<br />

Seuls trois romams de Simenon paraîtront sous cette forme : Maigret chez le Ministre,<br />

Maigret et le corps sans tête et Les Témoins. Ils sont tous trois d’une grande rareté.<br />

La Boule noire, annoncé comme tel, ne paraîtra jamais (mais seulement en éditions française<br />

aux Presses de la Cité).<br />

Menguy, p. 109, <strong>n°</strong> 183.<br />

233 Georges Simenon. Le Roman de l’homme. S.l., 1959. In-12 de 96 pp., en feuilles,<br />

sous chemise de moire crème avec titre doré au dos, étui à l’identique.<br />

600 €<br />

VÉRITABLE EDITION ORIGINALE.<br />

Ce tirage fut entièrement retiré de la vente et jamais diffusé, à la demande de l’auteur :<br />

Simenon y était orthographié Siménon au dos de l’ouvrage ; un nouveau tirage fut réalisé<br />

dans la foulée, sous couverture, tirage et étui différents. Une rareté.<br />

Menguy, p. 1<strong>15</strong>, <strong>n°</strong> 97.


234<br />

234 Siné. Code pénal. Paris, Maurice Gonon, s.d. (1959). Pt in-4 de 229 pp. sous<br />

étui-chemise illustré de l’éditeur.<br />

900 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 500 ex. num. comprenant une suite en noir des h.-texte ainsi que la suite des dessins<br />

non retenus.<br />

Envoi autographe signé par l’auteur au faux-titre :<br />

“ à Dubout, / le jeune / Siné admiratif “.<br />

[dessin au stylo figurant un bagnard, qui, en guise de boulet, traîne sa propre tête].<br />

Très bel exemplaire d’une remarquable association ; Albert Dubout illustrera ensuite le Code des Impôts,<br />

dans la même collection.<br />

235 Philippe Sollers. La Fête à Venise. Paris, Gallimard, (1991). In-8 de 238 pp.,<br />

broché.<br />

700 €<br />

EDITION ORIGINALE.Un des 40 exemplaires num. sur Vélin pur-chiffon. (Seul papier).<br />

“ Si la plupart de mes romans sont marqués par l’art, La Fête à Venise est celui dans<br />

lequel il est le plus central. Mon but était d’examiner l’art dans tous ses états à la fin du<br />

siècle. Le goût était, en fait, le grand sujet de ce roman. Le goût au sens de Lautréamont<br />

aussi, comme nec plus ultra de l’intelligence. En un temps où l’on parle beaucoup de<br />

morale, j’aimerais bien qu’elle soit ramenée à la dimension du goût. (in Beaux Arts, <strong>n°</strong><br />

110, mars 1993, entretien avec Pierre Assouline).<br />

236 Philippe Soupault. Terpsichore. Paris, Emile Hazan, 1928. In-8, broché.<br />

230 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 50 exemplaires h.-commerce sur alfa anglais.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ à Yves Gandon, souvenir très amical, Philippe Soupault “.<br />

À la fois poète, romancier, journaliste et critique littéraire, Yves Gandon publia son premier<br />

recueil de poèmes, Ventres de Guignol, en 1922. Son œuvre romanesque est particulièrement<br />

marquée par Le Pré aux Dames, « chronique romanesque de la sensibilité<br />

française » en douze volumes (1942-1966), qui dresse un vaste panorama à travers le<br />

regard privilégié de personnages féminins.<br />

237 [Anna Staritsky]. Six poètes belges. Paris, Editions Lacouriere, (1963). Inplano<br />

de 38 ff., en feuilles sous chemise illustrée d'une composition originale.<br />

1700 €<br />

ÉDITION ORIGINALE imprimée à 60 exemplaires, tous orné d’une couverture en collage et<br />

aquarelle originale d’Anna Straritsky.<br />

Anna Staritsky, peintre graveur d’origine ukrainienne, travailla à Bruxelles puis à<br />

Paris à partir de 1953 ; elle permet à Butor de s’émanciper complètement des critères<br />

esthétiques traditionnels du livre de bibliophilie avec leur première réalisation, Une<br />

chanson pour Don Juan (imprimé à 50 exemplaires) qui scelle le début d’une longue<br />

histoire de livres illustrés.<br />

Six poètes belges comprend quant à lui des textes originaux de Robert Guiette, Franz<br />

Hellens, Philippe Jones, Marcel Thury, Edmond Vandercammen et Fernand<br />

Verhesen. Chaque poème est illustré d’une gravure originale sur cuivre, en couleurs,<br />

signée par l’artiste.<br />

La couverture, unique pour chaque exemplaire, est un collage original de l’artiste.<br />

Splendide ouvrage, en parfaite condition, complet ; très rare.


254<br />

239<br />

238 [Surréalisme]. Michel Corvin. Ill. de Copi. Petite folie collective. Lausanne,<br />

Tchou, 1966. In-12 étroit de 253 pp. et 1 f., broché.<br />

140 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Envoi autographe signé :<br />

“ à Philippe Soupault, cette [PETITE FOLIE COLLECTIVE],<br />

hommage respectueux de Michel Corvin “.<br />

Joli assemblage d’aphorismes, maximes, sentences, proverbes surréalistes et littéraires,<br />

emprûntées à Aragon, Apollinaire, Breton, Char, Cocteau, Crevel, Dalì, Jarry,<br />

Leiris, Michaux, Picabia, Picasso, Queneau, Reverdy, Rigaut, Rimbaud, Tzara,<br />

Vaché... et évidemment à Philippe Soupault, dont le fameux “ Rira bien qui mourra le<br />

dernier “ (p. 187).<br />

Bel exemplaire.<br />

239 Roger Vailland. Le Colonel Foster plaidera coupable. Pièce en 5 actes. Paris,<br />

Les Éditeurs français réunis, s.d. (1952). In-12 broché de <strong>15</strong>7 pp.<br />

300 €<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Envoi autographe signé de Roger Vailland, Loleh Bellon [compagne de Cl. Roy et<br />

comédienne dans la pièce] et Louis Daquin, metteur en scène de la pièce, qui lui est par<br />

ailleurs dédiée.<br />

En Corée du Sud, pays meurtri par la guerre, se rencontrent des personnages aux aspirations<br />

antagonistes. Jimmy, soldat américain insouciant, mort au combat sans bien<br />

savoir pourquoi il s'était battu, le colonel Foster dont l'âme noble répugne à commettre<br />

ce que l'on appellerait aujourd'hui des « crimes de guerre », le communiste Marsan,<br />

condamné à mort, et qui au dernier moment s'exclame qu' « il faut croire au bonheur ».<br />

La première de cette pièce militant contre le guerre eut lieu le 16 mai 1952 au Théâtre<br />

de l'Ambigu. En pleine guerre de Corée, un tel sujet ne pouvait convenir aux autorités<br />

françaises. Par arrêté préfectoral la pièce fut interdite dès le lendemain.<br />

Le double envoi de cet exemplaire est adressé au metteur en scène et au premier rôle. L'un,<br />

réalisateur, scénariste et acteur, militant communiste introduira Roger Vailland dans le<br />

monde du cinéma à la fin des années 40. Ils signèrent ensemble plusieurs scénarios.<br />

Loleh Bellon, quant à elle, de son vrai nom Marie-Laure Bellon, fut l'épouse de l'écrivain<br />

Claude Roy et la sœur de la réalisatrice Yannick Bellon. D'abord comédienne<br />

pour le théâtre, elle fera carrière au cinéma et à la télévision.<br />

240 Roger Vailland. Ecrits intimes. Paris, Gallimard, (1968). Un fort vol. in-8 de<br />

883 pp., broché.<br />

EDITION ORIGINALE.<br />

Un des 36 exemplaires sur Vergé de Hollande, tirage de tête (<strong>n°</strong>23).<br />

480 €<br />

Emporté par la maladie le 12 mai 1965, Roger Vailland laissait dans ses papiers personnels<br />

plus de deux mille pages inédites. Ordonnées et présentées par Jean Recanati et<br />

la dernière compagne de l'auteur, Elisabeth Vailland, cet ensemble présente des<br />

ébauches de romans, de nouvelles ou de pièces de théâtre, des notes mais aussi, et cela en<br />

constitue la plus grande part, la correspondance et le journal intime. En ayant préféré<br />

l'ordre chronologique à l'ordre thématique, les éditeurs ont ainsi mis en exergue « l'évolution<br />

d'un homme, écrit sa femme, qui disait lui-même s'être fait au cours de saisons<br />

successives ».<br />

Le lecteur verra donc ici le jeune homme « frêle et doux », élève au lycée de Reims qui<br />

commence à écrire devenir l'homme de cinquante-sept ans qui confie à son Journal intime<br />

en date du 18 janvier 1965 « Epilogue aux précédents cahiers : une maladie à virus<br />

mal déterminée... « . Entre ses deux époques, il y aura la brève aventure du Grand Jeu<br />

avec Roger-Gilbert Lecomte, le groupe surréaliste, le journalisme, son engagement<br />

dans la Résistance puis son engagement politique d'après guerre. Et dans toutes ces « saisons<br />

», se formera l'oeuvre romanesque dont, curieusement, il n'est que peu question<br />

dans ce livre.<br />

Etat de neuf.


242<br />

243<br />

244<br />

241 [Jean de la Varende]. Robert Brasillach. Commentaire sur la Varende. Liège,<br />

Ed. Dynamo / P. Aelberts, s.d. (1952). Plaquette in-12 de 13 pp., cousue.<br />

110 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des 11 exemplaires de tête sur vergé de Hollande.<br />

Portraits photographiques de La Varende ainsi que de Brasillach en frontispice.<br />

242 Vercors. Le Silence de la mer. S.l., Editions Charlot, 1944. Pet. in-8 de 55 pp. et<br />

1 f., broché.<br />

200 €<br />

Quatrième édition, chronologiquement, du texte. Transmis à Charlot via la valise diplomatique,<br />

l’éditeur “décide immédiatement de le publier. C’est tout de suite un succès -<br />

une vingtaine de milliers d’exemplaires sont vendus rapidement, mais c’est aussi l’occasion<br />

du vive polémique avec les communistes pour lesquels ce livre est celui d’un fasciste<br />

“ (Michel Pluche, cité par Vignes-Lacroix).<br />

Mention fictive d’édition.<br />

Vignes-Lacroix, L’Intelligence en guerre, <strong>n°</strong> 792.<br />

243 Vercors. Le Silence de la mer. Sans lieu, A la croisée des Chemins, 1947.<br />

500 €<br />

Seconde édition illustrée, avec 16 lithographies en couleurs d’Olga Székely-Kovacs.<br />

Un des 475 exemplaires sur vélin d’un tirage total à 500 exemplaires.<br />

Envoi autographe signé de Vercors au premier feuillet. Rare.<br />

244 Maximilien Vox. Diagnostics Littéraires. Paris, Bernard Grasset, 1926. In-4,<br />

broché, sans pagination.<br />

250 €<br />

ÉDITION ORIGINALE. Un des 350 exemplaires sur papier pur chiffon Lafuma<br />

Tout à la fois peintre, auteur, éditeur et critique d'art, c'est néanmoins en sa qualité de<br />

typographe et illustrateur qu'il fut permis à Maximilien Vox d'accéder à une plus grande<br />

notoriété. Concevant la typographie tel un art à part entière, il fut d'ailleurs l'inventeur<br />

d'une classification des caractères à laquelle il légua son nom, et qui fut adoptée par<br />

les autorités compétentes en 1962.<br />

Dans ces « Diagnostics littéraires », il se livre à un bien curieux hommage... “ plein d'irrévérence,<br />

de dérision, d'humour envers quelques uns de ses contemporains, qui<br />

n'en demeurent cependant pas moins ses amis. Nul fiel, pas plus que d'acrimonie<br />

dans cet exercice de la critique par synthèse plastique “ (P. Reboux in<br />

Préface)... et les croquis valant mieux qu'un long discours»…<br />

Chacun de ces pastiches graphiques vient illustrer une œuvre littéraire. Ramuz,<br />

Cendrars, Cocteau, Claudel, Mac Orlan, Giraudoux sont à dénombrer - entre autres<br />

- parmi les victimes de Vox. On peut apprécier la variété du trait et les différentes techniques<br />

usitées dans l'élaboration de ses compositions. Et se délecter, à tous égards, de leur<br />

impact .<br />

Pour exemples : Kipling apparaisant sous l'écrasant aspect d'un pachyderme flanqué de<br />

l'Union Jack s'adonnant sereinement à la lecture du Times, cela, sur un amas d'animaux<br />

suffocants, Wells découvrant son épouse comettant un irréparable pêché de chair avec la<br />

personne d'un robot, un chirurgien-boucher-cuisinier prélevant sa matière première<br />

directement dans les entrailles d'un malheureux (oui, il n'est pas mort…), deux livres de<br />

Morand n'en formant plus qu'un et s'intitulant « Entrebaillé la Nuit »…<br />

Charmant ouvrage, bel exemplaire.


264<br />

245<br />

245 Andy Warhol. The Philosophy of Andy Warhol (from A to B & back again).<br />

New-York, Brace & Harcourt, 1975. In-8, cartonnage éditeur, jaquette originale en<br />

couleurs à rabats.<br />

1200 €<br />

EDITION ORIGINALE, premier tirage.<br />

Exemplaire signé par Warhol au gros feutre noir en vertical.<br />

246 Andy Warhol. A. A novel. New-York, Grove Press, 1968. In-8, cartonnage éditeur,<br />

jaquette originale en couleurs à rabats.<br />

1000 €<br />

EDITION ORIGINALE, premier tirage.<br />

Exemplaire signé par Warhol, au nom complet.<br />

C’est dans ce titre qu’apparaît pour la première fois la figure de Drella, surnom-pseudo<br />

d'Andy Warhol. Cet astucieux mélange de Dracula et de Cinderella met en évidence<br />

le doublement de personalité de Warhol.<br />

A la fois diabolique et angeline. Et touche à tout. Car A, a novel est l’expérience réussie<br />

d’un mélange de cinéma et d’écriture. La Factory de 1963 à 1968 s’envisage comme lieu<br />

d’avènement et réceptacle d’images (photographies et vidéos) avant même qu’il ne soit<br />

question de support ou de leurs utilisations futures. Plus de 500 oeuvres seront ainsi<br />

créées, plus les films de "performance" qui sont l’enregistrement intégral d’une action<br />

dans la limite du stock de pellicule possible : 2 bobines de 54’ pour le portrait d’Henri<br />

Geldzahler fumant un cigare, 9 bobines de 30' pour Blow Job, 2 bobines de 33’ pour<br />

Beauty number 2, entre autres, seront transcrits, revisités et rédigés par Warhol pour<br />

A, a novel.<br />

Deux traces anciennes de papier collant à la jaquette, sans manque, sinon bon exemplaire.<br />

Rare avec la signature complète (Warhol ne signera, par la suite, exclusivement qu’avec ses initiales).<br />

pour finir, un <strong>n°</strong> 1 !<br />

247 Kikou Yamata. Sur des lèvres japonaises. Paris, Le Divan, 1925. In-12 de <strong>15</strong>8<br />

pp., broché.<br />

450 €<br />

EDITION ORIGINALE. Un des <strong>15</strong> exemplaires de tête sur Japon, celui-ci premier, marqué A.<br />

Lettre-préface de Paul Valéry, qui présente ce recueil de contes japonais et de pièces de<br />

Noh traduites.<br />

Exemplaire enrichi d’un feuillet avec idéogrammes, dessin en couleurs et court poème<br />

signé “ Kikou Yamata, Chrysanthème de rivière de montagne “.<br />

Kikou Yamata est née à Lyon le <strong>15</strong> mars 1897, fruit du coup de foudre entre une femme<br />

Lyonnaise et Yamada Tadazumi, diplomate japonais natif de Nagasaki. Celui-ci, ayant<br />

suivi les cours de français de Léon Dury, fut l'un des collaborateurs d'Emile Guimet<br />

au Japon puis en France, avant d'être nommé par l'empereur Meiji Consul du Japon<br />

dans la capitale française de la soie, et chargé d'y développer les ventes de ce qui était alors<br />

le premier produit d'exportation du Japon.<br />

A la mort de son père en 1923, elle rentre avec sa mère en France, et commence des études<br />

d'histoire de l'art à la Sorbonne. Elle fait peu après, à 26 ans, son entrée dans les salons<br />

littéraires parisiens. Cette jeune fille insouciante portant le kimono devient vite "la"<br />

Japonaise pour la société parisienne de l'époque, d'autant plus qu'elle parle un français<br />

parfait : les habitués des salons de Muhlfeld ou de la duchesse de la Rochefoucauld se<br />

passionnent pour les explications que "Mademoiselle Chrysanthème" (=kikou, en japonais)<br />

donne sur le Japon, pays étrange et exotique surtout connu en France au travers des<br />

romans de Pierre Loti. Elle rencontre les grandes figures du monde littéraire parisien,<br />

André Maurois, Anna de Noailles, Jacques Chardonne, Cocteau, Léon-Paul<br />

Fargue et Paul Valéry, qui écrit la préface du texte.<br />

Parallèlement à sa carrière littéraire, Kikou Yamata continue aussi à faire connaître<br />

l'art du bouquet japonais, l'ikebana, dont elle a été la pionnière en France.<br />

Bel exemplaire.


Ce <strong>catalogue</strong> a été imprimé à 1 500 exemplaires<br />

dont 60 numérotés de 1 à 60<br />

et réservés aux membres des “ Bonnes Feuilles “.<br />

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